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THEME III : L’ORGANISATION JUDICIAIRE

LEÇON III : LES JURIDICTIONS CIVILES


Les relations entre les personnes physiques et ou morales sont souvent entachées1 de désaccords2, de
différends3, de conflits. Les sociétés humaines ont décidé de confier la résolution de ces conflits à des
institutions4 appelées juridictions.

Une juridiction est un organe de l’Etat ou d’un ensemble d’Etats, composé d’un ou plusieurs magistrats5
chargés de trancher les litiges en appliquant les règles de droit.

Au Cameroun, en matière civile, on distingue les juridictions d’instance des juridictions d’appel et
de celle de cassation.

Remarque : La compétence d’une juridiction est l’aptitude de celle-ci à connaitre d’un litige ou d’une
situation. Elle s’apprécie à la fois du point de vue de sa compétence matérielle ou compétence d’attribution et
du point de vue de la compétence territoriale ou géographique.

La compétence matérielle désigne le type de litige particulier dont peut se saisir une juridiction

La compétence territoriale est l’aptitude d’une juridiction à connaitre d’un litige en fonction de sa
situation géographique.

I- Les juridictions de premier degré ou d’instance

Ce sont toutes les juridictions qui examinent les litiges soumis au juge pour la première fois.

On y trouve des juridictions de droit traditionnel et des juridictions de droit moderne ou écrit.

A- Les juridictions de droit traditionnel


Ces juridictions jugent selon la coutume des parties conformément au principe selon lequel l’option de
juridiction entraine option de législation; sauf si la coutume est obscure ou inexistante ou contraire au droit
écrit. Dans ce cas, c’est le droit écrit qui est appliqué.

Par ailleurs, ces juridictions ne peuvent juger une affaire que si toutes les parties au procès l’acceptent.
Ainsi si une personne qu’on a traduite devant une juridiction de droit traditionnel et qui ne veut pas être jugée
par cette dernière, doit signifier son désaccord au juge in limine litis, c’est-à -dire avant tout débat au fond; dès
le premier jour où elle est convoquée, pour que le juge se déclare incompétent au profit des juridictions de droit
moderne que nous allons étudier maintenant

Les juridictions de droit traditionnel comprennent :

- Les tribunaux coutumiers


- Les tribunaux de premier degré

1- Le tribunal coutumier

Le TC est compétent pour juger les litiges d’ordre patrimonial à savoir : c’est-à -dire des litiges
concernant les biens ou le patrimoine notamment les demandes en recouvrement des sommes d’argent ou
des créances civiles et commerciales comme les demandes en réparation des dommages matériels ou
corporels et les dommages relatifs aux contrats.

En ce qui concerne sa compétence territoriale, les TC sont compétents dans les villages et les cantons.

2- Le tribunal de premier degré

1
Porter une atteinte morale à quelque chose
2
Différence sensible entre deux choses. Syn: divergence
3
Mésentente résultant d’une divergence d’opinions ou d’intérêts Syn: désaccord, conflit, litige
4
Organisme officiel affecté à une tâche précise
5
Fonctionnaire exerçant au sein de l’ordre judiciaire, personne chargée de rendre les décisions de justice et de les faire appliquer
1
Il est compétent en matière de litiges entre les personnes, en matière d’état civil et de droit réel
immobilier.

Le ressort territorial du tribunal de premier degré est l’arrondissement.

Remarque : Dans la partie anglophone du Cameroun, existe 02 types de juridictions traditionnelles.

 Les Customary court pour les non musulmans


 Les alkali court pour les musulmans

A- Les juridictions de droit moderne


Ce sont des juridictions qui tranchent les litiges qui leurs sont soumis conformément au droit écrit.

Il s’agit:

- Des tribunaux de première instance


- Des tribunaux de grande instance

1- Le tribunal de première instance

Implanté dans les arrondissements, le TPI est compétent en matière de demande dont le montant est
inférieur ou égal à 10 000 000 Fcfa, pour statuer sur les procédures en référé et ordonnance sur requête et pour
le recouvrement des créances commerciales par des procédures simplifiées

2- Le tribunal de grande instance

Le tribunal de grande instance est compétent en matière de droit civil lorsque le montant de la
demande est supérieur à 10 000 000 Fcfa. Il est également compétent pour connaître des actions et procédures
relatives à l'état des personnes, à l'état-civil, au mariage, au divorce, à la filiation sous réserve des compétences
reconnues aux juridictions traditionnelles.

S’agissant de la compétence territoriale, il est implanté dans les chefs-lieux de département.

II- Les juridictions d’appel : les cours d’appel

La Cour d'appel est matériellement compétente en matière civil pour statuer:

- Sur les appels à l'encontre des décisions rendues par les juridictions de premier degré

- La Cour d’appel est également compétente pour statuer, par renvoi de la Cour suprême sur les
arrêts ayant fait l'objet de cassation. Ces arrêts peuvent porter sur des litiges de droit moderne ou
de droit traditionnel

- Le président de la cour d’appel est compétent pour connaitre, en premier ressort, du contentieux de
l’exécution des décisions de la cour d’appel.

Les décisions rendues par les Cours d’appel peuvent faire l’objet d’un pourvoi devant les juridictions de
cassation compétentes.

La cour d’appel est implantée dans les chefs-lieux des régions.

III- La juridiction de cassation : la Cour Suprême

Elle recouvre toute l’étendue du territoire national.

La Cour Suprême a pour rô le de réaliser l’unification dans l’interprétation des règles de droit.

Elle juge en droit et en fait, c’est-à -dire qu’elle ne cherche pas seulement à savoir si la loi a été
correctement appliquée, mais examiner aussi les faits qui ont opposés les parties.

Ainsi, elle statue sur des pourvois formés à l’encontre des décisions émanant des Cours d’appel et
éventuellement des tribunaux d'instance lorsque ceux-ci statuent en premier et dernier ressort.

Ce peut être pour:

2
- Dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure
- Défaut, de la contradiction ou de l'insuffisance des motifs
- Vice de forme, de la violation de la loi, de la non réponse aux conclusions des parties ou aux
réquisitions du ministère public
- Détournement de pouvoir
- Violation d'un principe général de droit et du non-respect de la jurisprudence de la Cour suprême
ayant statué en Sections Réunies d'une Chambre ou en Chambres Réunies

IV- Les voies de recours

Ce sont des moyens mis à la disposition des justiciables afin de leur permettre d’obtenir un nouvel
examen d’une décision de justice.

On classe les voies de recours en 02 catégories :

- Les voies de recours ordinaires


- Les voies de recours extraordinaires

A- Les voies de recours ordinaires


Il s’agit de l’opposition et de l’appel.

1- L’opposition

C’est un recours permettant à une personne contre laquelle a été rendu un jugement par défaut, c’est-à -
dire qu’elle n’a pas comparu devant le tribunal, de saisir à nouveau le même tribunal pour faire rejuger l’affaire.

Elle ne peut être exercée 02 fois pour la même affaire.

2- L’appel

C’est un recours permettant à une partie mécontente de la décision rendue contre elle par une
juridiction d’instance, de soumettre l’affaire à une cour d’appel pour la faire rejuger.

Les décisions des cours (Cour Suprême, cour d’appel) sont appelées des arrêts.

On parle d’arrêt confirmatif lorsque la décision de la cour d’appel est en accord avec celle du tribunal
d’instance et d’arrêt infirmatif dans le cas contraire.

B- Les voies de recours extraordinaires


Il s’agit de la tierce opposition, le recours en cassation et la requête civile.

1- La tierce opposition

C’est un recours permettant à une personne qui n’a été ni parties, ni représentée dans un procès,
d’attaquer un jugement qui lui porte préjudice.

2- Le pourvoi en cassation

C’est un recours permettant de contester une décision rendue en dernier ressort et qu’on estime
contraire à la loi ou n’ayant pas respectez la procédure.

Elle juge en droit en en fait, c’est-à -dire qu’elle ne cherche pas seulement à savoir si la loi a été
appliquée, mais aussi à examiner les faits qui ont opposés ces personnes.

3- Le recours en révision (requête civile)

C’est un recours par lequel on revient devant les juges qui ont déjà statué pour les prier de modifier leur
décision que l’on prétend avoir été rendue par erreur. C’est la seule voie de recours contre les décisions
devenues définitives.

Il ne peut être exercé que dans des cas limitativement prévus par la loi, à savoir :

3
- S’il est révélé que le jugement a été obtenu par la fraude de la partie au profit de laquelle il a été
rendu
- Si depuis la décision, il a été découvert des pièces décisives pour la solution du procès qui avaient
été retenues par le fait de la partie gagnante et non de la faute du requérant
- Si depuis la décision, des pièces décisives pour la solution du procès sont reconnues ou déclarées
fausses
- Si depuis la décision, des attestations, des témoignages ou des serments décisifs pour la solution du
procès sont déclarés faux

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