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CADRE JURIDIQUE DE LA VIE PRIVEE

L1 AES (Groupe 1)
Cours de Mme Alcover / Résumé

TITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE A L’ETUDE DU DROIT

Présentation générale : l’utilité du droit et notion de droit

Utilité : - le droit est un phénomène social / le droit a vocation à organiser la vie en société en
fixant des règles de conduite / autres règles / présence des règles de droit dans des domaines
divers et variés

Notion de droit : deux sens du mot droit


- ensemble des règles destinées à organiser la vie en société, rapports des individus
entre eux, règles formulées de façon générale et impersonnelle = droit objectif
- prérogatives individuelles que le droit objectif attribue aux personnes (sujets de
droit) = droits subjectifs.

CHAPITRE 1 : L'ORGANISATION JUDICIAIRE

Une des missions de l’Etat : rendre la justice / différentes institutions judiciaires


(tribunaux) / personnel particulier en charge de la fonction judiciaire
Réformes récentes : loi du 23 mars 2019 (loi de programmation 2018-2022 et de
réforme pour la justice), loi du 22 décembre 2021 pour la confiance dans l’institution
judiciaire.

Section I : Les principes fondamentaux de l’organisation de la justice

§ 1 : Le principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire


Principe de la séparation des pouvoirs / indépendance du pouvoir judiciaire

§ 2 : Le principe de collégialité
= une décision de justice est normalement rendue par plusieurs magistrats
Exception : litige tranché par un juge unique (tendance à la multiplication des
formations à juge unique / recul du principe de collégialité)

§ 3 : Le principe de compétence
= aptitude d’une juridiction à connaître d’un procès
Compétence territoriale (en fonction de critères géographiques) / principe :
compétence du tribunal du lieu du domicile du défendeur / exceptions
Compétence matérielle ou d’attribution (en fonction de la matière, de la nature du
litige)
Distinction : juridictions de droit commun (compétence générale pour tous les litiges
non réservés par la loi à une autre juridiction) / juridictions d’exception (compétence
spéciale, pour les matières qui leur sont attribuées par un texte)

§ 4 : Le principe du double degré de juridiction


Juridictions hiérarchisées, organisées en 2 degrés
Juridictions du 1er degré(1 er instance) : sollicitées en premier pour trancher les litiges

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Juridictions du second degré : sollicitées en second lieu quand une partie n’est pas
satisfaite de la décision rendue par la juridiction du 1er degré
Double degré de juridiction : garantie d’une bonne justice
Jugements rendus en premier ressort : appel possible
Jugements rendus en premier et dernier ressort : appel exclu / pourvoi en cassation
possible
Seuil pour faire appel (taux de ressort) : généralement fixé au-delà de 5000 € (litiges
d’une valeur supérieure à 5000 €)
En matière pénale, l’appel est plus largement admis.

Remarque : autres principes, objectifs figurant dans les dernière réformes de la justice /
recours à des modes alternatifs de règlement des différends (MARD) / recours aux MARD
parfois obligatoires avant de pouvoir saisir la justice (tentative de conciliation, médiation ou
procédure participative obligatoire pour les demandes n’excédant pas 5000 €, pour les
demandes relatives à un trouble anormal du voisinage, pour certaines actions / dispenses de
cette obligation dans certains cas)

Précisions de vocabulaire : jugements (décision des tribunaux du 1er degré) / arrêts


(décisions des juridictions supérieures) / ordonnances (parfois pour les décisions rendues par
un seul juge)

Section II : Les différentes juridictions

Deux ordres du juridictions : ordre judiciaire / ordre administratif


Ordre judiciaire : juridictions judiciaires (juridictions civiles / juridictions pénales)
Ordre administratif : juridictions administratives
Remarque : tribunal des conflits : juge les conflits de compétence pouvant se poser
entre l’ordre judiciaire et l’ordre administratif (ne tranche pas de procès).

§ 1 : Les juridictions de l'ordre administratif


Compétentes pour les litiges opposant les particuliers à l’Etat ou à l’administration.

A. Les tribunaux administratifs


= juridictions de droit commun du 1er degré

B. Les cours administratives d'appel


= juridictions de droit commun du second degré

C. Le Conseil d'état
= la plus haute juridiction de l’ordre administratif (attributions administratives /
attributions judiciaires)

Remarque : existence de juridictions administratives spécialisées

§ 2 : Les juridictions de l’ordre judiciaire


Compétentes pour trancher les litiges entre particuliers (litiges relevant du droit privé)
et pour sanctionner les personnes commettant des infractions.
Juridictions hiérarchisées (juridictions du 1er degré / juridictions du second degré /
Cour de cassation)

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A. Les juridictions du premier degré ou de première instance
= juridictions civiles (tranchent les litiges relevant du droit privé, litiges entre
particuliers) + juridictions répressives ou pénales (chargées d’appliquer le droit pénal aux
auteurs d’infractions)

1. Les juridictions civiles


= juridictions du fond (apprécient les faits à l’origine du litige et leur appliquent la
règle de droit)

a) Le tribunal judiciaire (TJ)


A remplacé les tribunaux de grande instance et les tribunaux d’instance (loi 23 mars
2019, applicable depuis le 1er janvier 2020)

Compétence du TJ : = juridiction de droit commun du 1er degré, il a une compétence


générale : il est compétent pour toutes les affaires civiles et commerciales qui ne sont pas
attribuées par la loi à une autre juridiction et ce quelle que soit la valeur du litige.
Il statue en premier et dernier ressort lorsque le montant de la demande est inférieur ou
égal à 5 000 €. Au-delà, il statue à charge d’appel.
Il a une compétence exclusive pour certaines matières (état des personnes, propriété
immobilière...), avec seuil de 5000 € pour l’appel.

Remarques : - recours préalable aux MARD obligatoire dans certains cas sous peine
d’irrecevabilité de la demande (art. 750-1 Code procédure civile : demandes tendant au
paiement d’une somme d’argent n’excédant pas 5000 €, conflits de voisinage... : la saisine du
TJ doit être précédée d’une tentative de règlement amiable, tentative de conciliation, de
médiation ou de procédure participative). Les parties sont dispensées de cette obligation dans
certaines hypothèses.
- le TJ possède des compétences en matière pénale

Organisation et fonctionnement du TJ :
Composé de chambres / magistrats du siège / magistrats du parquet ou ministère public
Rend des jugements (formation collégiale ou à juge unique). Comprend des magistrats
spécialisés (juge aux affaires familiales, juge des contentieux de la protection, juge des
enfants...)
Statue en audience publique (parfois en chambre du conseil)
Représentation par avocat obligatoire pour les parties (sauf disposition contraire)
Le président du TJ possède des compétences propres : peut prendre des mesures provisoires
en cas d’urgence (juge des référés).

Remarque : le juge des contentieux de la protection (compétent pour les problèmes liés à la
vulnérabilité économique et sociale des personnes / compétent notamment pour les mesures
de protection des majeurs vulnérables en tant que juge des tutelles..., contentieux du
surendettement des particuliers, contentieux des expulsions locatives...).
Statue à juge unique sauf renvoi à la formation collégiale du TJ.

b) Le tribunal de proximité

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Chaque TJ peut avoir en dehors de son siège (ville où il est situé) une ou plusieurs
chambres de proximité dénommées tribunaux de proximité.
Compétent pour les litiges dont le montant n’excède pas 10 000 €.
Remarque (rappel) : dans certains cas, la demande doit être précédée d’une tentative
de règlement amiable sous peine d’irrecevabilité (demande n’excédant pas 5000€, conflits de
voisinage...)

c) Le tribunal de commerce
= juridiction d’exception (compétent pour les litiges entre commerçants ou relatifs à
des actes de commerce, pour les conflits entre associés des sociétés commerciales, pour les
procédures de redressement judiciaire et liquidation des biens des entreprises en difficultés)
Composé de commerçants ou chefs d’entreprise, élus par les commerçants
Seuil pour faire appel des décisions : 5000 €

d) Le conseil de prud’hommes
= juridiction d’exception (compétent pour les litiges nés entre salariés et employeurs à
l’occasion du contrat de travail ou contrat d’apprentissage)
Composé de juges non professionnels représentant pour moitié les employeurs et pour
moitié les salariés / juridiction paritaire
Phase préalable de conciliation
Seuil pour faire appel des décisions : 5000 €

e) Le tribunal paritaire des baux ruraux


= juridiction d’exception (litiges nés d’un bail rural, entre propriétaires et exploitants
de terres ou de bâtiments agricoles)
Composé de juges non professionnels / se réunit par sessions
Tentative de conciliation obligatoire
Seuil pour faire appel des décision : 5000 €

2. Les juridictions répressives ou pénales


Rôle : la recherche et la poursuite des infractions et la condamnation des auteurs à des
peines.
Procès pénal : deux phases (phase d’instruction et phase de jugement).

a) Les juridictions d’instruction


Rôle : rechercher les preuves / décider ou non de renvoyer la personne poursuivie
devant une juridiction de jugement.
Deux magistrats : le juge d’instruction (juridiction d’instruction du 1 er degré ;
magistrat du TJ) / le juge des libertés et de la détention (contentieux de la détention
provisoire ; magistrat du TJ).
Les ordonnances rendues par ces deux magistrats sont susceptibles d’appel (chambre
d’instruction de la cour d’appel)

b) Les juridictions de jugement


Rôle : se prononcent sur la culpabilité et sur la peine / organisées en fonction de la
gravité des infractions
Contraventions = compétence du tribunal de police
Délits = compétence du tribunal correctionnel

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Crimes = compétence de la cour d’assises ou de la cour criminelle pour certains
crimes
Ces juridictions = juridictions de droit commun (compétence de principe pour
chacune des infractions considérées).
Il existe des juridictions pénales d’exception (juridictions pénales pour les mineurs /
juridictions pénales pour les hommes politiques...)

Tribunal de police : compétent pour les contraventions / siège au TJ (statue à juge


unique) / appel possible sauf exception
Tribunal correctionnel : compétent pour juges les auteurs de délits / chambre du TJ
(formation collégiale) / appel possible
Cour d’assises : compétente pour juges les auteurs de crimes les plus graves /
juridiction originale (siège par session, composition comprenant des magistrats et des jurés) /
appel possible devant une autre cour d’assises
Cour criminelle départementale : compétente pour juger les auteurs de crimes punis de
15 ou 20 ans de réclusion (sans état de récidive) / 5 magistrats professionnels, pas de jurés.

B. Les juridictions du second degré ou cours d'appel

= juridictions de droit commun du 2nd degré (vocation à recevoir les appels formés
contre des jugements rendus en 1er ressort par les juridictions du 1er degré)

1. Organisation et fonctionnement
Composition : magistrats appelés conseillers / ministère public
Comprend plusieurs chambres (certaines spécialisées : chambre des appels
correctionnels, chambre d’instruction, chambre sociale...)
Rend des arrêts en formation collégiale (arrêts confirmatifs ou arrêts infirmatifs)

2. Le mécanisme de l'appel
Définition : voie de recours qui permet de faire réformer un jugement rendu par une
juridiction du 1er degré en vertu du double degré de juridiction.
Effets de l’appel : effet dévolutif (nouvel examen de l’affaire sur certains points
critiqués ou totalité ; cours d’appel = juridictions du fond) / pas d’effet suspensif sauf
exception (depuis 1er janvier 2020). Donc malgré l’appel, la décision de première instance est
exécutée (art. 514 Code procédure civile).
Délai pour faire appel : en matière civile, un mois (délai parfois réduit ou allongé)

C. La Cour de cassation
= la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire
Juge du droit / veille à la correcte application de la règle de droit

1. Organisation et fonctionnement
Composition : magistrats du siège et représentants du ministère public
Comprend 6 chambres : 3 chambres civiles / une chambre commerciale financière et
économique / une chambre sociale / une chambre criminelle
Formations de jugement pour une décision : formation ordinaire (5 magistrats) /
formation restreinte (3 magistrats) / formations solennelles (chambre mixte en cas de partage
de voix ou d’affaires relevant de plusieurs chambres et assemblée plénière de façon

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facultative pour les questions de principe et de façon obligatoire en cas de second pourvoi
dans une même affaire).

2. La compétence de la Cour de cassation


= contrôler les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions de l’ordre
judiciaire / ne constitue pas un 3ème degré de juridiction (vérifie que les juges du fond ont bien
appliqué la règle de droit).
Saisie au moyen d’un pourvoi en cassation

3. Le mécanisme du pourvoi en cassation


Délai du pourvoi : 2 mois à compter de la signification de la décision attaquée
Arrêt de rejet (du pourvoi) : la cour considère que les juges du fond ont correctement
appliqué la règle de droit / pourvoi mal fondé / procès terminé
Arrêt de cassation : la cour considère que la règle de droit n’a pas été bien appliqué par les
juges du fond / renvoi de l’affaire devant une juridiction de même nature et de même degré
que celle ayant rendu la décision cassée

Section III : Le personnel judiciaire

§1 : Les magistrats

A. Les magistrats du siège


Composent les différentes juridictions (TJ /cours d’appel / Cour de cassation)
Fonction : juger en apportant une solution aux litiges qui leur sont soumis (Impartialité
/ indépendance).

B. Les magistrats du parquet ou ministère public.


= agents du pouvoir exécutif auprès des différentes juridictions (leur nom : procureurs
de la république, procureurs généraux, substituts...)
Fonction : représenter l’Etat et défendre les intérêts de la société. Requièrent
l’application de la loi (magistrats hiérarchisés / subordonnés au ministre de la Justice).
Rôle important en matière pénale

§ 2 : Les auxiliaires de justice


Participent au service public de la justice en assistant soit les magistrats soit les
justiciables.

A. Les greffiers
Rôle : assister les magistrats (préparation et participation aux audiences..., tenue de
certains registres)

B. Les avocats
Trois fonctions distinctes : fonction de représentation (représentation des parties pour
tous les actes de la procédure) / fonction d’assistance (assister leur client et plaider pour eux) /
donnent des consultations juridiques

C. Les officiers ministériels

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= catégorie particulière d’auxiliaire de justice (titulaires d’une charge, d’un office)
On trouve notamment : les avocats au conseil (avocats à la Cour de cassation et au
Conseil d’état : monopole de la représentation et de la plaidoirie devant ces juridictions) / les
commissaires de justice (fusion des huissiers et commissaires-priseurs depuis le 1er juillet
2022) (exécution forcée des décisions de justice ; dresser des constats ; signifier aux parties
les actes de procédure et jugements...)

Conclusion sur l’organisation judiciaire : précisions de vocabulaire lié au procès

L’action en justice : droit pour l’auteur d’une prétention d’être entendu sur le fond de
celle -ci pour que le juge la dise bien ou mal fondée / demande en justice introduit l’instance
Les parties au procès : demandeur (prend l’initiative du procès) /défendeur (le
défenseur = l’avocat)
Décision de justice (contenu) : objet de la demande / moyens (arguments des parties) /
motifs (raisonnement des magistrats) / dispositif (décision elle-même)
Voies de recours

CHAPITRE 2 : LA REGLE DE DROIT

Définition : « règle de conduite dans les rapports sociaux, générale, abstraite et


obligatoire dont la sanction est assurée par la puissant publique ».

Section I : Les caractères non spécifiques de la règle de droit

§1 : Le caractère général et impersonnel de la règle de droit


= s’applique à un nombre indéterminé de personnes se trouvant dans une situation
donnée, sans les viser individuellement / exemples

§ 2 : La finalité sociale de la règle de droit


Rôle du droit : organiser la vie en société, les relations des individus entre eux / autres
règles ayant la même vocation

Section II : les caractères spécifiques à la règle de droit

§ 1 : La règle de droit est obligatoire


= elle s’impose à tous les citoyens
Elle peut dicter un comportement déterminé, l’accomplissement d’un acte, édicter un
ordre ou formuler une interdiction / exemples
Deux degrés dans la force obligatoire de la règle de droit : règles de droit
impératives ou d’ordre public (s’imposent de façon absolue aux sujets de droit) / règles de
droit supplétives (règles qui sont proposées par la loi mais qui peuvent être écartées par les
particuliers en manifestant une volonté contraire)

§ 2 : La règle de droit est assortie d’une sanction


La règle de droit est sanctionnée par l’Etat (rôle de l’autorité publique : assurer le
respect des règles de droit et d’appliquer les sanctions en cas de violation de ces règles).
Notion de sanction : diversité des sanctions (nature et gravité)

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Deux types de sanctions : sanctions pénales (hypothèse où l’acte commis est une
violation de la loi pénale ; sanction d’ordre pécuniaire ou amendes ; peine portant sur la
personne du coupable ou peines de prison ; peines accessoires ou complémentaires /
sanctions civiles (paiement de dommages et intérêts ; nullité d’un acte ; exécution forcée
d’une obligation...)

CHAPITRE 3 : LES SOURCES DU DROIT

Droit français : pluralité des sources / système de droit écrit

Section I : Les sources écrites

§ 1 : Présentation des différentes sources écrites

A. La loi
La loi au sens large : ensemble de dispositions générales, impersonnelles et
obligatoires émanant d’autorités différentes (loi parlementaire, textes pris par le
gouvernement, ordonnances...)
La loi au sens strict : la loi est l’œuvre du pouvoir législatif (parlement)

1. La distinction loi / règlement dans la constitution de 1958

a) Exposé de la distinction
La loi : définition à partir de deux critères
Critère formel (référence à l’autorité qui édicte la loi : parlement) / critère
matériel (référence au domaine de la loi).
Constitution de 1958 : a limité le domaine de la loi à certaines matières, les
autres relevant du domaine du règlement, du pouvoir exécutif
Distinction loi / règlement : article 34 (matières relevant exclusivement du
domaines de la loi / matières dans lesquelles la loi se contente de fixer les principes
fondamentaux) et 37 de la Constitution (domaine du règlement : tout ce qui n’est pas
expressément du domaine de la loi)

Les règlements : ensemble des actes à portée générale et impersonnelle


émanant du pouvoir exécutif et des autorités administratives / hiérarchie des règlements
(décrets ou règlements autonomes ; décrets ou règlements d’application des lois ; arrêtés
ministériels ; arrêtés préfectoraux ; arrêtés municipaux ; circulaires)

b) Les conséquences de la distinction


La loi et le règlement ont des domaines propres / interdiction au législateur
d’édicter les lois dans des matières autres que celles figurant à l’article 34....
Les exceptions : les ordonnances de l’article 38 (délégation du pouvoir
législatif au pouvoir exécutif) / l’article 16 de la Constitution (pouvoirs exceptionnels du
président de la République dans des circonstances d’exceptionnelle gravité).

2. L'élaboration de la loi
Différentes étapes
Initiative de la loi : projet de loi ou proposition de loi

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Parcours devant les deux assemblées (Assemblée nationale et Sénat) /
possibilités d’amendements / promulgation / publication

3. Les différents types de lois


Existence de lois particulières : lois organiques (fixent les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics / complètent la Constitution /
autorité supérieure à celle des lois ordinaires) ; lois de finances ; lois de programme.
B. Les autres sources écrites

1. Les sources écrites supérieures à la loi

a) La Constitution de 1958
Située au sommet de la hiérarchie établie entre les différents textes
Son objet : réglementer l’organisation des pouvoirs de l’Etat.

b) Les traités internationaux ou conventions internationales


= accords négociés et conclus entre les états / négociés par le pouvoir exécutif /
signés et ratifiés par le président / dans la hiérarchie des normes, situés en dessous de la
Constitution.
Remarque : la Convention européenne des droits de l’homme (cour européenne
des droits de l’homme / saisine)

c) Le droit de l’Union européenne


Distinction droit originaire (traités fondateurs et traités postérieurs) / droit
dérivé (règles de droit élaborées par les organes communautaires : règlements et directives)

2. Les sources écrites inférieures à la loi


= essentiellement les règlements d’application des lois (objet : assurer
l’exécution et l’application des lois / décrets ; arrêtés)
Série de normes dans des domaines variés (règles émises par des autorités
administratives indépendantes).

§ 2 : La hiérarchie des textes et leur contrôle

A. L'ordre hiérarchique : la pyramide des normes (Kelsen)


Etablissement d’une hiérarchie entre les normes
Chaque norme inférieure doit respecter les dispositions des normes supérieures.
Schéma de la pyramide des normes

B. L'existence de contrôles de la régularité des sources écrites

1) Le contrôle de constitutionnalité par le Conseil constitutionnel


Compétence exclusive pour contrôler la constitutionnalité des lois (conformité
des lois à la Constitution).
Composition (9 membres) et fonctionnement (2 types de contrôles : avant la
publication et donc l’entrée en vigueur de la loi / contrôle a posteriori, une fois la loi entrée en
vigueur : question prioritaire de constitutionnalité QPC)

2) Le contrôle de conventionnalité par les juridictions ordinaires

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Contrôle visant à vérifier la conformité d’une règle de droit (loi, règlement...)
aux engagements internationaux (traités, conventions)
§ 3 : L’application de la loi

A. La naissance et la disparition de la loi

1. L'entrée en vigueur de la loi (2 formalités)


a) La promulgation de la loi
= décision du pouvoir exécutif / décret du président de la République (les lois
votées par le parlement ne sont pas exécutoires du seul fait de leur vote)
Délai : dans les 15 jours suivant la transmission de la loi définitivement
adoptée au gouvernement (pendant ce délai le Conseil constitutionnel peut être saisi)
Effet : la promulgation rend la loi exécutoire (mais pas encore obligatoire).

b) La publication de la loi
Objet : porter la loi à la connaissance des citoyens
Effet : rendre la loi obligatoire (présomption de connaissance de la loi)
Lieu : journal officiel sous forme électronique
Conditions d’entrée en vigueur (article 1er du Code civil) : date d’entrée en
vigueur fixée par le texte / à défaut, entrée en vigueur le lendemain de la publication
Remarque : entrée en vigueur potentiellement retardée

2. L'abrogation de la loi
= procédé permettant la suppression d’une loi (l’autorité qui a créé le droit peut
le supprimer) / aucun formalisme
Effet : supprimer le texte pour l’avenir
Deux situations : abrogation expresse (la loi nouvelle précise les dispositions
de la loi antérieure qui doivent être abrogées) / abrogation tacite (disposition de la loi nouvelle
incompatible avec celles de la loi ancienne.

B. L'application de la loi dans le temps et dans l'espace

1. Les conflits de lois dans le temps


Position du problème : une même situation juridique est susceptible d’être
soumise à deux ou plusieurs lois se succédant dans le temps. L’intervention d’une loi nouvelle
crée un conflit de lois dans le temps.
Arguments en faveur d’une application large de la loi nouvelle / de
l’application de la loi ancienne
Solution à ce conflit : déterminer le champs d’application respectif des deux
textes dans le temps (dispositions transitoires ou application de l’article 2 du Code civil)
Art. 2 Code civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet
rétroactif ».

a) Le principe de non-rétroactivité de la loi nouvelle


Exposé du principe : la loi nouvelle ne s’applique pas aux situations juridiques
passées
Deux significations : la loi nouvelle ne s’applique pas aux situations juridiques
nées et entièrement réalisées avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle / la loi nouvelle ne

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s’applique pas aux effets passés des situations juridiques en cours d’exécution (effets
échelonnés dans le temps).
Justification du principe : sécurité juridique
Principales exceptions au principe de non-rétroactivité : lois expressément
rétroactives / lois interprétatives / lois pénales plus douces (lois qui s’applique rétroactivement
à l’auteur de l’infraction même si elle a été commise avant son entrée en vigueur, à condition
que le procès n’ait pas été définitivement jugé)

b) Le principe de l’application immédiate de la loi nouvelle


Exposé du principe : la loi nouvelle s’applique dès son entrée en vigueur
L’effet immédiat se traduit par deux règles :
- application de la loi nouvelle aux situations juridiques qui vont se
créer après son entrée en vigueur
- pour les situations en cours d’exécution, distinction entre les
situations légales et les situations contractuelles (la loi nouvelle s’applique aux effets futurs
des situations juridiques légales / Exception pour les situations contractuelles (effets futurs) :
principe de survie de la loi ancienne (loi en vigueur au jour de la conclusion du contrat) /
exception à l’exception : le principe de survie de la loi ancienne peut être écarté au profit de
l’effet immédiat de la loi nouvelle (raisons d’ordre public ou loi présentant un intérêt social
impérieux).

2. Les conflits de lois dans l'espace


Les lois et les règlements ont vocation à l’appliquer sur l’ensemble du territoire
français
Deux tempéraments : certaines parties du territoire sont soumises à des
législations spéciales, à des droit locaux (pour certaines matières, dans certains départements
d’Alsace et de Lorraine) / particularités concernant les départements, régions et collectivités
d’Outre-mer.
Remarque : situations juridiques faisant intervenir un élément international (loi
française écartée au profit d’une loi étrangère ou application de la loi française à l’extérieur de
territoire national)

Section II : Les sources non écrites

§ 1 : La coutume

A. La notion de coutume
1. Définition
= règle de droit issue des faits et de la pratique en dehors de toute intervention
du législateur
Deux éléments : élément matériel (pratique suivie, répétition d’un
comportement par un milieu social...) / élément psychologique (croyance générale chez les
membres du corps social... que la règle est obligatoire)

2. Coutume et usage
Pas exactement synonymes
Usage : règle de conduite dans certaines circonstances, pratique dans un milieu
professionnel déterminé, pratique qui peut ne pas avoir de portée juridique.

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B. Le rôle de la coutume : les rapports entre la coutume et la loi
1. La coutume secundum legem (coutume obligatoire en vertu de la loi)
Hypothèse où la loi renvoie à la coutume
2. La coutume praeter legem (coutume obligatoire dans le silence de la loi)
Hypothèse où la coutume a pour rôle de combler une lacune de la loi
3. La coutume contra legem (coutume contraire à la loi)
Hypothèse où une coutume vient s’opposer à la loi en édictant une règle
contraire à la règle légale (tout dépend alors de savoir si la loi est impérative et c’est alors la
loi qui prime ou si la loi est supplétive et la coutume pourra alors s’appliquer selon la volonté
des intéressés.

§ 2 : La doctrine

A. Définition
Ensemble des travaux, études, opinions émises par les spécialistes du droit (praticiens,
universitaires...) / auteurs de ces travaux

B. Rôle et valeur de la doctrine


Deux rôles complémentaires :
- rôle d’examen et d’interprétation du droit (à partir des textes et des décisions de
justice)
- mise en évidence des imperfections du droit et propositions de modifications
Valeur de la doctrine : aucune force obligatoire (ne crée pas de règles de droit
obligatoires)

§ 3 : La jurisprudence

A. La notion de jurisprudence
Plusieurs significations :
- habitude des tribunaux de trancher un type de litige d’une certaine manière (plusieurs
décisions ont statué dans le même sens sur une question donnée / revirement de
jurisprudence)
- ensemble des décisions rendues par les tribunaux dans les différents litiges qui leur
sont présentés.
- ensemble des décisions rendues par une juridiction donnée (par exemple :
jurisprudence de la cour d’appel de Toulouse, jurisprudence de la Cour de cassation...)

B. Les fonctions de la jurisprudence


Trois fonctions principales :
- fonction d’interprétation : le plus souvent les magistrats doivent interpréter, définir le
sens et la portée de la règle de droit avant de l’appliquer
- fonction de suppléance de la loi (article 4 du Code civil qui fait obligation au juge de
statuer) / le juge dispose d’un pouvoir créateur de droit pour suppléer l’absence de loi
- fonction d’adaptation de la loi : hypothèse où la loi paraît dépassée par rapport à
l’évolution des faits, de la société / peut inciter le législateur à intervenir pour réformer
certaines règles.

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