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Partie 2 : Composantes et acteurs de l’organisation juridictionnelle

Titre 1 : Les juridictions


Les juridictions sont différentes selon qu’elles appartiennent à l’OJ, à l’OA ou à aucun ordre. Cette
distinction est essentielle, car elle décline, en matière de justice, l’opposition entre droit privé et droit
public. Ces deux branches du droit étant profondément différentes, il est logique que chacune dispose
de ses propres tribunaux, répondant à des règles différentes, tant sur la forme que sur le fond.

Sous-Titre 1 : Les juridictions de l’ordre judiciaire

Chapitre 1 : Les juridictions de première instance


On les distingue selon qu’elles sont civiles ou pénales.

Section 1 : Les juridictions civiles de première instance


Certaines de ces juridictions sont dites ordinaires, car elles sont compétentes pour les matières civiles
générales, comme le droit des biens, de la famille ou des contraintes. D’autres sont dites spécialisées,
car elles statuent sur un domaine particulier de compétence, par exemple le droit du travail, ou le droit
commercial.

I) Les juridictions civiles ordinaires.


Certains les appellent à tord « juridictions civiles de droit commun ». Cela est erroné, car si elles
interviennent dans des matières civiles générales, leur compétence peut être de droit commun (TGI)
mais elle peut être aussi d’exception (TI)

Il y en a trois : le TGI, le TI et le juge de proximité

A) Le tribunal de grande instance

Le TGI est la juridiction civile de droit commun en première instance. Il connaît des litiges civils qui ne
sont pas spécialement attribués à une autre juridiction en raison de leur nature, ou du montant de la
demande. Plus précisément, sa compétence matérielle porte sur les litiges en matière d’action
personnelle ou d’action mobilière dont le montant de l’action est supérieur à 10000€.

Cela signifie qu’un litige dans le même domaine mais pour une valeur inférieure ou égale à 10000€ ne
relèvera pas de sa compétence. Il sera alors de la compétence du Tribunal d’instance si le montant est
compris entre 4000 et 10000€ ou de la compétence du juge de proximité si il est inférieur à 4000€.

En complément de ces compétences générales, le TGI a aussi des compétences exclusives pour de
nombreuses affaires, quelque soit le montant de la demande. C’est le cas de l’état des personnes (état
civil, filiation, changement de nom, nationalité…), de la famille (divorce, autorité parentale, adoption,
successions, régimes matrimoniaux…) ou encore du droit immobilier (propriété immobilière, saisies
immobilières…), et encore des brevets d’invention et du droit des marques (propriété intellectuelle).
Selon les domaines, le TGI statue en formations générales ou spécialisées. Les formations spécialisées
sont le JAF, le juge de la mise en état (JME) qui veille au bon déroulement de la procédure et fait en
sorte que les affaires soient en état d’être jugées dans un délai raisonnable. Le Juge de l’Exécution
tranche les difficultés nées de l’exécution des décisions de justice, et enfin le Juge des enfants intervient
pour protéger les mineurs en danger et les jeunes majeurs.

Dans tous ces cas, c’est un juge unique qui se prononce, alors qu’habituellement le TGI statue en
formation collégiale. Ce juge unique est parfois le président de la juridiction, et a des compétences
juridictionnelles en plus de ses compétences administratives. C’est le Juge des référés qui préside le
TGI.

La compétence territoriale du TGI varie selon les matières. De manière générale, le TGI compétent est
celui du lieu du domicile du défendeur à l’action. Cependant, il y a des règles spéciales : par exemple,
dans les procès immobiliers, le TGI compétent est celui du lieu de situation de l’immeuble. Dans les
procès relatifs à un contrat, c’est le lieu d’exécution du contrat qui sera pris en compte. Si ce contrat est
un contrat de vente, c’est le TGI du lieu de livraison qui est compétent.

Lorsque le TGI statue en formation collégiale, les décisions qu’il rend sont des jugements. Ces décisions
sont susceptibles d’appel, en tout cas si l’affaire porte sur des sommes égales ou supérieures à 4OOO€.

Par principe, il y a au mins un TGI dans le ressort de chaque cour d’appel. Au premier janvier 2009, il
existait 175 TGI en métropole, mais en 2011, la réforme a baissé ce chiffre à 158.

B) Le tribunal d’instance

C’est le juge civil de première instance compétente le plus souvent pour les petits litiges du quotidien.
C’est une juridiction d’exception car elle est compétente uniquement pour les matières qui lui sont
attribuées par la loi ou le règlement. La compétence matérielle du TI est très variée : il a une
compétence générale pour les actions personnelles ou mobilières d’un montant compris entre 4000€
inclus et 10000€ inclus.

Il a ensuite une compétence exclusive pour certains litiges spécialisés : dans ce cas, il statue quelque
soit le montant de la demande. Il est compétent pour les contentieux de la vie rurale (bornage…), les
contestations en matière d’élections politiques ou professionnelles au sein des entreprises, pour
l’établissement des listes électorales. Il est aussi compétent pour les litiges entre propriétaires et
locataires relatifs au logement d’habitation, comme le paiement des loyers... Il est aussi parfois
compétent en matière de nationalité française, mais pas de manière générale : il est compétent
seulement pour recevoir les déclarations d’acquisition de la nationalité française ou en matière de
certificats de nationalité. Le TI est également juge des tutelles. Il statue alors sur les demandes
d’ouverture d’un régime de protection, pour différents types de public. C’est le cas pour les mineurs,
avec la gestion et l’administration des biens, la représentation du mineur pour les actes de la vie civile,
et c’est aussi le cas de certains majeurs qui ont besoin d’êtres assistés ou représentés afin d’accomplir
les œuvres de la vie courante. Le TI est aussi compétent pour les demandes d’émancipation des mineurs
de plus de seize ans.

Le TI comprend un ou plusieurs juges professionnels, mais les affaires sont toujours jugées par un seul
juge qui préside les audiences et prend seul sa décision. Avant la réforme de la carte judiciaire, il y avait
au moins un TI dans le ressort de chaque cour d’appel (473). Après cette réforme il y en avait 297, et
aujourd’hui environ 310.

C) Le juge de proximité

La juridiction de proximité est une institution récente puisqu’elle n’a été créée qu’en 2002. Le but était
de mettre en place un maillon de proximité entre les justiciables et l’organisation judiciaire. L’objectif
était aussi de soulager les TI d’un nombre d’affaires important. Dans le même esprit que le TI, la
juridiction de proximité statue sur les petits litiges de la vie quotidienne. Elle a une compétence
générale par laquelle elle statue en premier et dernier ressort dont les litiges personnels et mobiliers
n’excèdent pas 4000€. Elle a également une compétence exclusive pour tout litige relatif à l’action en
restitution d’un dépôt de garantie d’un montant maximum de 4000€. Elle est par ailleurs chargée de
l’exécution de deux types de procédure : l’injonction de payer et l’injonction de faire. Dans certains cas
juridiques complexes, la juridiction de proximité peut renvoyer l’affaire devant le tribunal d’instance
qui statue alors en tant que jue de proximité. En matière civile, il est possible de se défendre soi-même
ou de se faire assister par un avocat. Il est aussi possible de se faire assister ou représenter par des tiers
qui ne sont pas avocats, même si la liste de ces personnes est limitative : conjoint, parent…. De manière
théorique pour le moment, la juridiction de proximité a été supprimée par une loi de 2011, ses
attributions étant confiées au TI et au juge de proximité, lequel est désormais rattaché au TGI ou au TI,
selon les domaines. Cette réforme vise à faire des économies. Cette réforme devait entrer e vigueur le 1er
janvier 2013, mais la loi du 24 décembre 2012 a reporté cette échéance au premier janvier 2015.
Actuellement, la suppression est prévue pour janvier 2017. Les juridictions de proximité existent
toujours, mais plus pour longtemps…

II) Les juridictions civiles spécialisées

Elles se différencient des juridictions civiles ordinaires car elles n’ont pas de compétence générale. Elles
interviennent au contraire dans un domaine très particulier qui nécessite un juge spécifique afin
d’appliquer des règles spéciales.

A) Le Conseil des Prud’hommes

C’est la juridiction spécialisée compétente en droit du travail. Ce droit est un droit spécial, c’est-à-dire
qu’il ne concerne que certains individus (en l’occurrence, ceux qui travaillent), et qu’il protège chacun
en fonction de sa situation dans un rapport de force (employés/employeurs…).

Il est compétent pour connaître les litiges individuels nés à l’occasion d’un contrat de travail de droit
privé.

Le CP n’est pas la seule juridiction compétente en matière de droit du travail. D’autres juridictions le
sont également : le TGI (litiges collectifs de travail : grève, convention collective…), le TI (contentieux
des élections professionnelles), le TA (lorsque l’autorité publique intervient dans la relation de travail :
affaire des chemises… Dans ce cas, la sanction peut être plus sévère), et enfin la juridiction pénale,
lorsque la violation de la règle de droit du travail est constitutive du droit pénal.
En matière de compétence territoriale, le TP compétent est celui dans le ressort duquel se trouve
l’établissement où est effectué le travail. Si le travail est réalisé en-dehors de tout établissement, la
demande est portée devant le CP du domicile du salarié. Cependant, quelque soit le lieu de travail, le
salarié peut toujours saisir le CP du lieu d’embauche où celui du siège social de l’entreprise qui
l’emploie. Le CP est composé de juges non professionnels. Jusqu’à une ordonnance du 31 mars 2016, ils
étaient élus par les employeurs et les salariés. Dorénavant, ils sont nommés conjointement par le garde
des sceaux et par le ministre du travail, le tout pour quatre ans. Peuvent être nommés les salariés et
employeurs, mais aussi les demandeurs d’emploi ou encore les personnes ayant cessé d’exercer toute
activité professionnelle, toutes ces personnes devant remplir certaines conditions : il faut être français
et avoir au moins 21 ans. Cette réforme entrera en vigueur en 2017. Quoi qu’il en soit, la composition de
ces juridictions est dite paritaire car les représentants des salariés sont aussi nombreux que les
représentants des employeurs. Au sein de ces juridictions, il y a une phase obligatoire de conciliation
des parties, afin de tenter de régler le litige à l’amiable une dernière fois. Si cette conciliation est
refusée où a échouée, la phase de jugement peut avoir lieu. Ce jugement peut être rendu parfois sous la
forme d’un référé, pour certaines situations urgentes. De manière générale, le jugement est pris à la
majorité absolue des conseillers prud’homaux. En cas de partage des voix, l’affaire est renvoyée devant
le même bureau de jugement, mais présidée cette fois-ci par un juge du tribunal d’instance. Au cours
du procès, les parties sont tenues de comparaître en personne mais le ministère d’avocat n’est pas
obligatoire. Cela signifie donc qu’une partie peut se défendre elle-même ou être représentée par un
tiers qui n’est pas avocat, si la partie lui a donné mandat.

B) Le tribunal de commerce (TC)

Ces tribunaux sont aussi appelés juridictions consulaires ou juges consulaires car ils étaient composés
auparavant de juges que l’on appelait consuls. Ce sont des juridictions d’exception, présentes dans
toute la France, sauf en Alsace et en Moselle, qui connaissent une particularité historique puisque les
litiges qui relèveraient du TC relèvent en fait de la chambre commerciale du TGI. Globalement, le TC
est compétent pour le règlement des litiges qui opposent des commerçants à l’occasion de leurs
relations professionnelles. Il est par exemple compétent pour les défaillances d’entreprises
commerciales ou artisanales comme le redressement ou la liquidation judiciaire. Cependant, un
demandeur non-commerçant peut aussi saisir cette juridiction si le différend l’oppose à un
commerçant. En plus de cette compétence juridictionnelle, le tribunal de commerce, ou plus
précisément son grief, a des missions administratives comme la tenue des registres des sociétés.

Ces tribunaux sont composés de juges non-professionnels qui sont des commerçants bénévoles élus par
d’autre commerçant. Peuvent être élues les personnes vieilles d’au moins 30 ans et justifiant d’au
moins 5 ans d’expérience commerciale et n’ayant pas fat l’objet d’une procédure de redressement
judiciaire.

C) Le Tribunal des Affaires de la Sécurité Sociale

C’est la juridiction spécialisée compétente en matière de règlement des litiges relatifs à la Sécurité
sociale. Il tranche les différends entre d’une part les assurés et d’autre part les caisses de la sécurité
sociale.. Il est donc compétent en cas de contestation de contentieux général, c’est-à-dire portant sur
l’assujettissement, le calcul et le recouvrement des cotisations et prestation sociales, ou le
remboursement des frais médicaux. En revanche, le TASS n’est pas compétent pour fixer le taux
d’incapacité dont peut être atteint un salarié victime d’un accident du travail, ce type de procédure
relevant du contentieux technique, par opposition au contentieux général.

Ce contentieux technique relève du tribunal du contentieux de l’incapacité en première instance, et en


appel de la cour nationale de l’incapacité et de la tarification de l’assurance des accidents de travail.

La procédure devant le TASS est un peu particulière, car toute réclamation dirigée contre la décision
d’un organisme de sécurité sociale ne peut faire l’objet d’un recours devant ce tribunal qu’après avoir
été soumise à l’appréciation d’une commission de recours amiable, et c’est seulement après le rejet de
la réclamation par cette commission que l’affaire peut être portée devant le TASS. Ce tribunal bénéficie
d’une composition spécifique : elle est paritaire, car siègent deux juges non-professionnels représentant
l’un les salariés, et l’autre les employeurs et les travailleurs indépendants, le tout sous la présidence
d’un juge du TGI. Les juges non-professionnels sont désignés par ordonnance du premier président de
la cour d’appel, sur proposition des syndicats les plus représentatifs : ils ne sont donc pas élus, à la
différence des juges du tribunal de commerce. Cette composition connaît le système de l’échevinage,
c’est-à-dire que ce tribunal comprend des magistrats professionnels et et des juges non-professionnels.
Elle est également paritaire puisque les salariés et les employeurs sont représentés à part égale.

Devant cette juridiction, le recours à un avocat n’est pas obligatoire.

D) Le Tribunal paritaire des baux ruraux

Il est compétent pour les litiges relatifs à l’exploitation agricole. Il connaît ainsi des contestations entre
le propriétaire de terres et de bâtiments agricoles et leur exploitant. C’est le cas par exemple d’un litige
portant sur l’existence d’un bail rural.

Quant à sa compétence territoriale, le tribunal compétent est celui du lieu où se trouve le domaine
agricole. Le TPBR est composé d’un juge d’instance qui préside le tribunal et quatre juges non-
professionnels : deux représentants des propriétaires et deux représentants des locataires. Cette
composition est donc paritaire et échevinal. Ces juges non-professionnels sont élus parmi des
personnes justifiant de leur qualité de bailleur ou de preneur et qui ont fait acte de leur candidature à
la préfecture. Ils sont élus par un corps électoral formé de l’ensemble des bailleurs et des preneurs de la
circonscription.
Section 2 : Les juridictions pénales de première instance
Ces juridictions sont compétentes pour statuer en premier ressort en matière de répression des
infractions que sont les contraventions, les délits et es crimes. Ces juridictions peuvent être distinguées
sur la base de plusieurs critères, et notamment selon leur compétence matérielle. Il y a alors des
juridictions pénales de droit commun qui jugent de manière générale tous les auteurs de toutes les
infractions, c’est-à-dire tant qu’un texte n’a pas confié ce type d’infraction à une juridiction pénale
d’infraction. Celles-ci ne peuvent juger que les personnes et les faits pour lesquelles un texte leur a
donné spécialement la compétence.

I) Les juridictions pénales de droit commun


Qu’elles soient de droit commun ou d’exception, les juridictions pénales se caractérisent par une
distinction essentielle pendant la phase du procès : l’instruction (qui correspond à l’enquête judiciaire)
et le jugement, qui correspond au procès et à l’issue duquel une décision est rendue. Les magistrats
compétents pour instruire l’affaire ne sont pas les mêmes que ceux qui jugent cette même affaire. Cette
distinction est utilisée afin de garantir un procès équitable. Une troisième phase doit cependant être
mentionnée : l’application des peines. Si l’instruction correspond à l’avant-procès, l’application des
peines intervient après le procès. Elle correspond au suivi de l’exécution des peines. Cette question
relève du Juge d’Application des Peines

A) Les juridictions pénales d’instruction

En première instance, il y en a deux : le juge d’instruction et le Juge des Libertés et de la Détention.

1) Le juge d’instruction

C’est un juge que tout citoyen connaît. Il n’est pas sollicité dans le cadre de toutes les infractions. En
effet, l’instruction est obligatoire pour les crimes, facultative pour les délits et exceptionnelle pour les
contraventions. C’est un magistrat du siège dont la mission est de mener les enquêtes judiciaires et de
réaliser tout acte utile à la manifestation de la vérité dans une affaire pénale. Il doit chercher tant les
éléments qui permettent de retenir la responsabilité de l’auteur présumé de l’infraction que ceux en
faveur de leur innocence : on dit qu’il instruit à charge et à décharge.

Aussi importante que soit sa mission, le JI ne décide pas lui-même de mener cette enquête : il ne s’auto-
saisit pas. Il est saisi par le parquet ou par une victime qui se constitue partie civile. Cela signifie qu’on
porte plainte pour les dommages et intérêts. La victime d’une infraction pénale n’est pas forcément
partie au procès pénal, car on considère que la victime est la société.

Afin de mener à bien sa mission, le JI dispose de pouvoirs d’enquête très élargis. Il peut procéder à
l’audition de toute personne, il peut délivrer des mandats, il peut aussi procéder à des perquisitions et à
des saisies. En pratique, il délègue souvent certains de ses pouvoirs aux Officiers de Police Judiciaire,
par le mécanisme de ce qu’on appelle la commission rogatoire. Cette délégation n’est pas possible pour
tout : par exemple il doit auditionner lui-même les personnes mises en examen.

Si son enquête aboutit à des charges suffisantes, il rend une ordonnance de renvoi devant la juridiction
pénale. Si elles sont insuffisantes, il rend une ordonnance de non-lieu (il n’y a pas lieu de poursuites).
Cela signifie que le magistrat ne se prononce pas sur la culpabilité, mais simplement sur le caractère
suffisant des charges.

C’est un maillon essentiel du système pénal, même si Sarkozy a proposé sa suppression au profit d’un
Juge de l’instruction, qui vérifieraient simplement que l’instruction a été bien menée (il juge
l’instruction mais ne la dirigerait pas). Dans ce cas-là ce serait le parquet qui aurait instruit, alors que
le parquet à un lien hiérarchique avec le ministère de la justice… Cette idée n’a pas abouti.

Les décisions du JI peuvent faire l’objet d’un appel devant une chambre de l’instruction (formation de
la Cour d’Appel), qu’on appelait jusqu’en 2001 la chambre d’accusation. Outre cette mission d’appel, la
chambre de l’instruction a aussi des compétences spécifiques : elle intervient par exemple en cas
d’extradition.

2) Le Juge des Libertés et de la détention

Ce juge a été créé en 2000. Il est investi de deux types de mission : il est compétent pour ordonner
pendant la phase d’instruction le placement en détention provisoire ou sa prolongation. Pour cela, il est
saisi en principe par une ordonnance motivée par le JI, mais pour les crimes graves il peut également
être saisi par le PR (Procureur).

Le JLD est aussi compétent en matière de protection des libertés individuelles dans un cadre plus
général que celui de l’instruction. Il intervient par exemple en cas de rétention des étrangers, ou en cas
d’hospitalisation sous contrainte.

B) Les juridictions pénales de jugement

Les juridictions pénales de jugement de premier ressort varient en fonction des infractions :

1) Le Tribunal de Police et la juridiction de proximité


Il est courant de dire que le TP est compétent en matière de contraventions, c’est-à-dire pour les
infractions les moins graves. Ce tribunal statue en réalité sur deux types d’infractions : de manière
générale, il juge les contraventions de cinquième classe (les plus graves), et n’est pas compétent pour
toutes les autre contraventions ni pour juger les mineurs. Le JP (Juge de proximité) connaît donc des
contraventions des quatre premières classes (les moins graves), même si l’auteur est mineur.

De manière spécifique, le TP est compétent pour les contraventions dites « de presse » de première et
quatrième classe, c’est-à-dire des infractions de diffamations et d’injures non-publiques, qu’elles soient
simples ou aggravées.

Les contraventions sont toutes les infractions passibles d’une amende de 1500€ ou moins (3000€ en cas
de récidive). Les règles de compétence territoriale sont les mêmes pour le TP et pur le JP. Cela signifie
que le tribunal compétent est celui du lieu de commission, ou de constatation de l’infraction, ou celui
de résidence du prévenu.

Le TP et la JP siègent au TI. Ils statuent toujours à juge unique.


2) Le Tribunal Correctionnel (TC)
Ce tribunal est la formation pénale du TGI. Il connaît des délits, lesquels sont toutes les infractions que
la loi punit d’une peine d’emprisonnement de 10 ans au plus et/ou d’une peine d’amende supérieure ou
égale à 3750€. En théorie il n’y a jamais d’amende entre 1500 ou 3750€, sauf récidive d’une
contravention.

La compétence du TC s’étend aux contraventions si elles forment avec le délit jugé un ensemble
indivisible.

Le TC compétent est celui du lieu de commission de l’infraction, de résidence du prévenu ou lieu


d’arrestation du prévenu. Il est composé de trois professionnels.

Par exception pour certains délits, le TC est composé d’un seul de ces magistrats, qui exercent les
pouvoirs conférés au Président (délit les moins graves). Le juge unique est donc l’exception, au TC.

3) La cour d’assises
Il est compétent pour les infractions majeures : les crimes. Ils sont passibles d’une peine de réclusion
(crime politique) ou de détention criminelle (tous les autres crimes) allant de dix ans à la perpétuité.

La cour d’assise est aussi compétente pour statuer sur les délits et contraventions commis à l’occasion
d’un crime. Cette juridiction peut également se réunir en formation d’appel. Certains crimes échappent
à la compétence de la cour d’assises et sont jugés par une cour d’assises spéciale : c’est le cas des
crimes commis par les mineurs de plus de seize ans, jugés par la cour d’assises des mineurs. C’est
également le cas des crimes terroristes, des crimes relatifs aux stupéfiants ou encore des crimes commis
par des militaires. Dans ces cas-là il n’y a pas de jurés.

La compétence territoriale de la CA est déterminée par le lieu de commission du crime, de résidence de


l’accusé ou du lieu de son arrestation.

Cette juridiction est particulière car elle n’est pas permanente. La tenue des assises à lieu tous les trois
mois sous la forme de sessions. Cependant, une ou plusieurs sessions supplémentaires peuvent avoir
lieu si les besoins le justifient. La CA est composée de manière originale : il y a trois juges
professionnels qui forment la cour proprement dite, un jury composé de six jurés en première instance
et neuf en appel, qui sont tirés au sort. A ces juges, il faut ajouter l’avocat général (il représente la
société et défend ses intérêts) et le greffier. Le jury populaire est composé de jurés qui sont des
citoyens, inscrits sur les listes électorales, âgés de plus de vingt-trois ans, sachant lire et écrire en
français et jouissant des droits politiques, civils et familiaux. Il ne faut se trouver dans aucun état
d’incapacité ou d’incompatibilité prévue (policier, gendarme, avocat, majeur sous tutelle, condamné
dans le passé…).

Les jurés sont tirés au sort sur les listes du jury criminel, qui sont établies tous les ans dans chaque
département à partir des listes électorales. Une fois qu’on a tiré au sort le jury criminel, les jurés
peuvent être récusés par l’accusé ou par le ministère public, sans qu’on ait besoin de donner des motifs.
Les jurés ne peuvent pas être dispensés, sauf à disposer d’un motif grave reconnu valable, comme un
problème de santé ou un âge supérieur à 70 ans. Si le juré ne se présente pas à la cour sans motif
valable, il peut être condamné à une forte amende, et en cas de présence il reçoit des indemnités de
comparutions, de déplacement, de salaire… Une personne ne peut être juré si elle l’a déjà été dans ce
département dans les cinq dernières années.

Le jury et la cour délibèrent ensemble de manière secrète. Ils se prononcent d’abord sur la culpabilité,
et en cas de culpabilité on se prononce sur la peine à appliquer. Une décision défavorable à l’accusé
nécessite une majorité qualifiée de six voix sur neuf en première instance. Une décision défavorable à
l’accusé en termes de peine nécessite également un majorité qualifiée. La décision de la cour est
prononcée en audience publique. La cour peut donc prononcer, outre les peines de prison déjà citées,
des peines d’amende ou des peines d’interdiction de l’activité professionnelle.

Récemment, le ministère de la justice a proposé de supprimer le jury car il n’est pas compétent et est
influencé par des considérations émotionnelles non-juridiques. Cela ne s’est finalement pas fait.

II) Les juridictions pénales d’exception

A) Les juridictions d’instruction

Ces juridictions s’opposent à celles compétentes en droit commun du fait de la personne mise en cause
au cours de l’enquête judiciaire. Deux catégories existent : certains publics sont traités à part parce
qu’ils méritent une protection particulière (mineurs…). Le deuxième groupe est dans une situation très
spécifique : les militaires et les membres du gouvernement.

Pour ce qui est des mineurs, le juge compétent pour instruire les faits est différent selon le type
d’infraction. C’est le juge pour enfant qui est compétent pour les contraventions de cinquième classe
(les plus graves) et le juge d’instruction pour les délits plus importants et les crimes.

Les infractions commises par les militaires sont instruites et jugées par des juridictions spécifiques.
L’instruction est réalisée par des magistrats affectés sur décision du ministère de la défense.

Les membres du gouvernement peuvent voir leur responsabilité pénale engagée pour des faits commis
dans l’exercice de leur fonction. Une enquête est réalisée par une commission d’instruction qui dépend
de la Cour de Justice de la République et qui est composée de trois magistrats du siège.

Indépendamment de la catégorie de public, il existe une situation particulière pour laquelle ce n’est pas
le type de personne visée mais le domaine en cause qui permet une compétence juridictionnelle
spécifique. C’est le cas des affaires pénales relatives à la navigation, qui relèvent des tribunaux
maritimes commerciaux, et l’instruction se fait par un officier de marine.

B) Les juridictions pénales de jugement

1) Les juridictions pour mineurs


Il existe quatre juridictions pénales d’instruction pour juger des mineurs en première instance :

- le juge des enfants : il connaît les délits les moins graves et certaines contraventions de cinquième
classe commises par les mineurs. Sa compétence est très proche de celle du tribunal des enfants
puisque ce dernier partage sa compétence pour les contraventions de cinquièmes classes.
- le tribunal des enfants : il connaît des délits commis par tous les mineurs et les crimes commis par les
mineurs de moins de seize ans.

- le tribunal correctionnel pour mineurs : il est compétent pour juger les délits qui ne peuvent pas être
jugés par le tribunal pour enfant, si ce délit est d’une peine de moins de trois ans.

- la cour d’assises des mineurs : elle statue sur ls crimes commis par les mineurs de seize à dix-huit ans
au moment des faits. Elle est composée de trois magistrats dont deux juges des enfants ainsi que d’un
jury populaire.

2) Les juridictions militaires


Elles varient selon que l’on est en temps de paix ou en temps de guerre.

Pour ce qui est des temps de paix, il faut distinguer selon que les infractions sont commises sur le
territoire français ou non. Si les faits ont lieu sur le territoire, ce sont les juridictions de droit commun
qui sont compétentes. S’ils ont lieu hors du territoire, ce sont les juridictions spécialisées qui
interviennent. Il y en a deux : le tribunal aux armées de Paris qui est compétent pour les crimes, les
délits et certaines contraventions, et pour les autres contraventions ce sont les tribunaux prévôtaux qui
sont compétents.

En ce qui concerne les temps de guerre, il existe des juridictions d’exception. Certaines sont sur le
territoire de la République, d’autres non. La première est le tribunal territorial des forces armées , qui
est compétent pour les infractions commises par les membres des forces armées, y compris le personnel
de logistique. La seconde juridiction est le haut tribunal des forces armées, qui ne juge que certains
officiers supérieurs.

Une autre juridiction militaire existe en-dehors du territoire : le tribunal militaire aux armées. Il dispose
de la même compétence que les tribunaux territoriaux des forces armées qui existent sur le territoire.

3) La cour de justice de la République


Elle a été créée en 1993, suite à l’affaire du sang contaminé notamment. Cette cour de justice connaît
des actes accomplis par les membres du gouvernement dans l’exercice de leur fonction, qui peuvent
êtres qualifiés de crimes ou de délits au moment ou ils ont été accomplis. Toute personne qui se
prétend lésée par cet acte peut porter plainte. La commission des requêtes examine les faits, et ordonne
soit le classement de la procédure (pas de procès), soit la transmission du procès au procureur de la
République près (auprès de ) la Cour de Cassation afin de saisir la cour de justice de la République.

Cette cour comprend quinze juges. Ils sont élus en leur sein et en nombre égal par l’Assemblée
Nationale et par le Sénat (six députés élus par les députés et six sénateurs élus par les sénateurs), et il y
a également trois magistrats professionnels. Sarkozy a proposé de supprimer cette cour pour que les
ministres soient jugés comme tous les citoyens.

4) Les tribunaux maritimes commerciaux


Ils jugent les infractions maritimes : ce sont les infractions commises par le personnel engagé sur un
bateau : les fautes de plaisanciers ou les délits liés à la profession de marin. Le tribunal territorialement
compétent est celui du lieu de débarquement de la personne fautive. Le tribunal est composé par un
président issu du TGI et quatre assesseurs spécialistes des questions maritimes (marins, capitaines…).
Cette composition entend donc respecter un équilibre entre magistrats professionnels et représentants
de la marine marchande qui sont donc des juges non-professionnels.

Chapitre 2 : Les juridictions d’appel

Section 1) Les cours d’appel


En termes de compétence matérielle, la cour d’appel dispose d’une mission de deux types : d’abord, elle
a une compétence générale par laquelle elle connaît des décisions judiciaires civiles et pénales rendues
en premier ressort.

En tant que juge d’appel, la cour exerce un contrôle en fait et en droit sur les jugements qui lui sont
soumis. Elle peut donc confirmer ou infirmer ce jugement. Sa décision peut porter sur tout ou partie du
jugement.

Si la décision de première instance est annulée, la cour tranche à nouveau le débat en droit et en fait.
Les arrêts rendus par les cours d’appel peuvent être ensuite frappés d’un pourvoi en cassation formée
devant la Cour de Cassation.

La Cour d’appel a également des compétences spécifiques dans certains domaines particuliers. Elle
connaît par exemple des contestations relatives à l’élection du président du Tribunal de Commerce, ou
encore beaucoup de questions concernant les professions de justice pour les contestations portant sur
les décisions ordinales notamment. En plus de ces compétences spécifiques dont disposent toutes les
cours d’appel, certaine d’entre elles ont des missions particulières.

Par exemple, la Cour d’appel de Paris constitue la seule juridiction d’appel compétente pour statuer sur
les décisions rendues en premier ressort par l’autorité de la concurrence.

La Cour d’appel statue en formation collégiale. Sa formation se compose d’un Président et de plusieurs
conseillers, tous étant des magistrats professionnels. Chaque Cour comprend des chambres
spécialisées. Ces chambres spécialisées sont composée de trois magistrats professionnels : un président
de chambre et deux conseillers. Toutefois, pour les affaires qui doivent être portées en audience
solennelle, les arrêts sont rendues par cinq magistrats et non trois.

Les audiences solennelles concernent notamment les affaires renvoyés à la Cour d’appel par la Cour de
cassation. Le ministère public est représenté aux audiences par un magistrat professionnel qui est le
procureur général ou l’un de ses substituts.

Section 2) Les Cours d’assises d’appel


Le système d’appel en matière criminelle est particulier. Il y a plus de dix ans, aucun appel ne pouvait
être interjeté d’une décision rendue en première instance par une cour d’assise. Le seul recours possible
était le pourvoi en cassation. Les parties ne disposaient donc que d’une seule voie de recours. Ce
système était justifié à l’époque par la volonté de respecter la souveraineté populaire : la justice étant
ici rendue par le peuple, il n’était pas concevable que les magistrats professionnels qui siègent à la Cour
d’appel puissent remettre en cause ce que le peuple avait décidé de manière souveraine.
Intellectuellement, cette idée était intéressante car elle insistait sur l’importance de la voix du peuple,
mais elle aboutissait à une injustice puisque paradoxalement, la personne condamnée pour crime
disposait d’une seule voie de recours, contrairement aux individus condamnés pour délit qui
disposaient de l’appel et du pourvoi. Le principe de double-degré de juridiction était donc gravement
atteint. La loi du 15 juin 2000 relative à la présomption d’innocence a décidé de réformer ce système :
dorénavant, la Cour d’assises peut aussi connaître des appels formés contre la décision d’une autre
Cour d’assises statuée en premier ressort.

Une exception existe cependant : lorsque l’appel formé par une partie ne porte que sur l’action civile
(dommages et intérêts) et non pas sur l’action publique (matière pénale), ce n’est pas une autre Cour
d’assises qui est compétente mais la Cour d’appel.

Lorsque la seconde Cour d’assises statue, elle procède au nouvel examen de l’affaire sur les faits et le
droit. Elle est composée de magistrats professionnels et de jurés, qui ne sont évidemment pas les
mêmes que lors du procès de première instance, et qui ne sont pas au même nombre qu’en première
instance, puisque les jurés ne sont plus six mais neuf.

Il arrive que la Cour statue sans la présence des jurés. C’est le cas notamment lorsque l’appel concerne
uniquement non pas le crime, mais le délit lié au crime.

L’appel peut être interjeté dans un délai de dix jours à compter du prononcé de l’arrêt. La faculté
d’appel appartient à plusieurs types de personne : l’accusé (s’il est seul à interjeter appel, la deuxième
décision ne peut aggraver son sort), le ministère public, la personne civilement responsable (qui peut
être l’accusé ou pas) qui peut faire appel pour la matière civile, et enfin la partie civile qui peut faire
appel pour la même raison.

En pratique, il semble que le taux d’appel soit assez faible au pénal (environ un quart).

Chapitre 3 : La Cour de cassation

Section 1 : Les compétences


La Cour de cassation a des compétences variées. De manière générale, elle statue sur les pourvois en
cassation formés contre les arrêts et les jugements en premier et dernier ressort rendues par les
juridictions de fond de l’ordre judiciaire.

C’est un rôle essentiel car il permet une première ou une seconde voie de recours contre les décisions
rendues. Plus précisément, le pourvoi est le derniers recours ordinaire en droit français, la décision de
la Cour de cassation ne pouvant plus être remise en cause, sauf dans deux cas : la CEDH et la
procédure de révision d’un procès.

Lorsque la Cour est saisie d’un pourvoi, elle ne connaît pas (ne juge pas) les faits de l’affaire, elle n’a
pas le pouvoir de les apprécier, mais elle les prend en compte. Elle intervient seulement pour contrôler
la bonne application des règles de droit. Pour cette raison, elle ne constitue pas une troisième instance
ou un dernier ressort.

Après examen du dossier il y a donc deux possibilités :

- Elle peut rejeter le pourvoi, confirmant la décision rendue en dernier ressort.

- Elle peut casser tout ou partie de la décision rendue en dernier ressort, mais dispose alors d’un choix.

Soit la cassation n’implique pas qu’il soit à nouveau statué sur les faits, alors ne renvoie pas vers un
autre juge du fond : cela arrive lorsqu’il n’y a plus rien à juger sur les faits, par exemple lorsque l’action
est prescrite. Soit la cassation justifie que l’affaire soit envisagée à nouveau sur les faits, et dans ce cas
la cour renvoie l’affaire devant un autre juge du fond.

Outre cette compétence générale, la Cour de cassation a aussi des missions spécifiques :

- elle est la juridiction de révision des condamnations pénales, et uniquement pénales, devenues
définitives et qui se révèlent par la suite être d’éventuelles erreurs judiciaires.

- elle peut être sollicitée par les juridictions de l’ordre judiciaire qui souhaitent connaître son avis avant
de statuer sur une question de droit nouvelle, présentant une difficulté sérieuse et se posant dans de
nombreux litiges. La Cour rendra un avis, qui n’est pas une décision susceptible de recours, et qui ne lie
pas la juridiction qui a formulé la demande.

- Elle connaît également des actions en responsabilité civile professionnelle engagée à l’encontre des
avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation, ou des recours formés contre les décisions
disciplinaires à leur encontre. Elle est aussi compétente en matière de contestation des décisions
d’établissement des listes d’experts judiciaires.

- Enfin, un certain nombre de commissions à caractère juridictionnel sont rattachées à la Cour de


cassation, celle-ci leur fournissant les magistrats, l’infrastructure administrative et les locaux
nécessaires à leur fonctionnement. C’est par exemple le cas de la Commission Nationales des
Réparations des Détentions qui intervient pour réparer les conséquences préjudiciables des détentions
provisoires lorsque la procédure se finit par un non-lieu (le juge d’instruction dispose de trop peu
d’éléments à charge, il n’y a pas lieu de poursuivre l’affaire : on s’arrête à la phase d’instruction), une
relaxe (acquittement devant le Tribunal correctionnel) ou un acquittement (la personne est jugée
innocente pendant la phase de jugement. Un acquittement se fait toujours devant la Cour d’assises).

Section 2 : Organisation
La Cour de cassation comprend cinq chambres civiles et une chambre criminelle. En réalité, les
chambres civiles sont nommées différemment selon le domaine. Il y a trois chambres civiles au sens
strict, une chambre commerciale et une chambre sociale. La chambre criminelle, quant à elle, concerne
le droit pénal de manière générale, pas seulement les crimes.

Les avis de la Cour de cassation sont rendus soit par une de ces chambres, soit par une chambre mixte,
soit par Assemblée Plénière. Une ancienne formation était appelée Chambre des Requêtes, mais elle
n’existe plus depuis 1947.

Une chambre mixte intervient lorsque l’affaire pose une question relevant normalement des
attributions de plusieurs chambres, ou si la question a reçu ou est susceptible de recevoir devant les
chambres des solutions divergentes. Cette chambre mixte est composée de magistrats appartenant à
trois chambres au moins de la Cour de cassation.

L’Assemblée Plénière statue lorsque l’affaire pose une question de principe, notamment si il existe des
solutions divergentes entre les juges du fond ou entre les juges du fond et la Cour de cassation. Elle
intervient obligatoirement lorsque, après cassation d’un premier arrêt ou jugement, la décision rendue
par la juridiction de renvoi s’oppose à la position de la Cour de cassation. Elle est présidée par le
Premier Président de la Cour de cassation. Elle comprend aussi les présidents et les doyens de chaque
chambre.

Depuis un décret du 8 décembre 3014, une possibilité similaire existe en première instance et en appel
au sein des juridictions judiciaires, c’est la « formations de chambres réunies. »

C’est au Président de la CA ou pour le premier président du TI de faire juger une affaire d’une
particulière complexité, ou susceptible de recevoir dans les chambres des solutions divergentes. Cette
formation peut alors juger cette affaire et est présidée le chef de la juridiction.

Section 3 : le mécanisme du pourvoi.


Lorsque la cour de cassation confirme ou casse une décision des juges du fond, elle assure un rôle
essentiel, puisqu’elle permet l’unité d’interprétation des règles de droit privé, favorisant ainsi
l’élaboration de a jurisprudence. Cependant, l’unification du contentieux est parfois un peu plus
compliquée. Lorsque la Cour de cassation casse une décision et renvoie l’affaire devant une autre Cour
d’appel ou un autre juge de premier degré statuant en premier et dernier ressort, le plus souvent les
juges du fond s’alignent sur la position de la Cour de cassation et l’affaire se termine alors. Il arrive
parfois que les juges du fond résistent face à la décision de la Cour de cassation, en maintenant la
position pourtant désavouée par la Cour de cassation. Un second pourvoi est alors logiquement formé,
et c’est l’Assemblée plénière qui se prononce alors, afin d’affirmer sa position.

A ce stade du contentieux, deux voies sont possibles ;

- La Cour de cassation peut rejeter le pourvoi : cela signifie qu’elle change de position et admet que les
juges du fond avaient raison. Elle opère alors un revirement de jurisprudence sous l’impulsion des juges
du fond.

- La Cour de cassation peut maintenir sa position en cassant la décision qui lui est soumise et en
renvoyant l’affaire devant une troisième et dernière Cour d’appel, qui cette-fois ci n’aura pas de liberté
sur le droit et devra s’incliner devant la décision de la Cour de cassation. Son intervention est tout de
même nécessaire pour se prononcer sur les faits.

Dans les phases de ce mécanisme de pourvoi, les cours d’appel de renvoi sont des cours de ressort
géographique différent, ou bien les mêmes cours mais avec des magistrats différents.
Sous-Titre 2 : Les juridictions de l’ordre administratif

L’existence distincte des juridictions administratives se fonde sur le principe selon lequel
l’administration ne peut pas être jugée par les mêmes organes et selon les mêmes règles que les
particuliers, car elle agit au nom de l’intérêt général. Chaque ordre juridictionnel dispose donc de
juridictions spécifiques qui appliquent des règles propres, tant des règles de fond que des règles de
procédure.

Cependant, comme les juridictions judiciaires, les juridictions administratives appliquent le principe de
hiérarchie. Les affaires sont jugées généralement par le tribunal administratif avant de faire l’objet d’un
appel éventuel devant la Cour administrative d’appel, la décision rendue en appel pouvant faire l’objet
d’un recours devant le Conseil d’État. Outre ces juridictions, certains tribunaux spécialisés existent.
C’est le cas par exemple des juridictions chargées de contrôler et de juger les comptes de l’État, des
collectivités territoriales, des établissements publics et des groupements subventionnés. Ces
juridictions sont la Cour des comptes, les chambres régionales des comptes, et la Cour de discipline
budgétaire et financière.

Chapitre 1 : Les Tribunaux administratifs

En terme de compétence matérielle, le TA est le juge de droit commun du contentieux administratif en


premier ressort. Cette juridiction statue donc sur toutes les contestations dirigées contre les actes et
décisions de l’administration, tant qu’un texte spécial n’a pas attribué la compétence à une autre
juridiction, comme c’est le cas parfois pour le Conseil d’État qui intervient aussi comme juge de
première instance.

Le TA examine notamment les recours contre les actes de l’administration , par exemple les actes de
l’État ou les actes d’une commune. Sur ce point, ce n’est pas la seule juridiction compétente puisque le
Conseil d’État intervient également. Le TA est aussi compétent pour les actions en responsabilité
dirigées contre les services publics administratifs, les dommages causés par l’activité des services
publics, ou les contestations portant sur un contrat administratif.

Ce tribunal est également le juge du contentieux des impôts directs, des élections municipales et
cantonales, du contentieux de la fonction publique, et de la police des étrangers (régulation,
encadrement juridique de leur séjour). Outre ces attributions juridictionnelles, le TA peut être appelé a
titre consultatif à donner son avis sur les questions qui lui sont soumises par les préfets de leur ressort
géographique.

En matière juridictionnelle, la compétence territoriale de ces juridictions est un peu particulière : les
règles de procédure civile ne peuvent pas être appliquées, car elles ne sont pas ici pertinentes. En effet,
le plus souvent, c’est l’administration qui est le défendeur au procès, on ne peut donc pas donner la
compétence au tribunal du domicile du défendeur, sous peine de concentrer le contentieux à Paris,
siège de l’administration centrale, dont dépendent toutes les autres administrations. De même, il n’a
pas été retenu de rendre territorialement compétent le tribunal du domicile du requérant, pour lutter
contre le risque de dispersion des affaires sur le territoire, du fait de la diversité de localisation des
administrés. En réalité, le TA territorialement compétent est celui dans le ressort duquel l’autorité qui a
pris la décision attaquée ou signé le contrat administratif litigieux, a légalement son siège. La
compétence ne sera donc pas centralisée à Paris, mais sera souvent en lien avec l’administration locale
qui décline les missions de l’administration nationale.

En ce qui concerne sa composition, chaque TA comprend plusieurs chambres, et statuent en formation


collégiale impaire. Par exception, un juge unique peut statuer, si le type de litige le justifie. Ce juge
unique est parfois le président du TA , lorsqu’il statue comme juge des référés. Le Conseil d’État peut
aussi statuer en référé. Il existe aujourd’hui 42 TA en France, 31 en métropole et 11 en outre-mer.

Chapitre 2 : Les cours administratives d’appel

Ces juridictions sont récentes puisqu’elles n’ont été instituées qu’en 1987. Elles examinent les recours
en appel contre les jugements rendus en premier ressort par les TA.

Ces cours ne sont pas les seules juges d’appel. D’autre juridictions ont également des compétences
d’appel, comme c’est le cas du Conseil d’État. Indépendamment de la compétence d’appel d’autres
juridictions, ces cours ne peuvent pas intervenir dans certains domaines, pour lesquelles aucun appel
n’est possible, du fait de leur importance relative. C’est le cas des litiges relatifs aux élections
municipales et cantonales, ou des recours pour excès de pouvoir. Ces cours ne statuent pas sur toutes
les décisions de justice administrative rendues en premier ressort. Ainsi, les arrêts rendus par le Conseil
d’État, en tant que formation de premier degré, ne sont pas concernés, car ce conseil statue en premier
et dernier ressort, ses décisions étant donc in-susceptibles d’appel.

En plus de cette compétence générale, les CAA ont une mission spécifique : elles connaissent des appels
formés contre les jugements rendus par les commissions du contentieux de l’indemnisation des
rapatriés. Comme les jugements administratifs, les arrêts des CAA sont rendus par des formations
collégiales, sauf exception. Lorsque la formation de jugement est collégiale, les juges délibèrent en
nombre impair. Il existe aujourd’hui 8 CAA.

Chapitre 3 : le Conseil d’État

Le CE est la juridiction suprême de l’ordre administratif. A ce titre, il assure l’unité de la jurisprudence


administrative, mais à la différence de la Cour de cassation pour l’ordre judiciaire, il a également une
mission essentielle de conseil de certains pouvoirs publics. Par sa double fonction juridictionnelle et
consultative, le CE veille au respect du droit par l’administration.

Section 1 : Les compétences juridictionnelles


Le CE est le juge hiérarchiquement le plus important de l’ordre administratif. A ce titre, il est juge de
cassation. Cependant, il est aussi compétent parfois comme juge d’appel, voire comme juge de premier
et dernier ressort. Il a donc une compétence très variée, à la différence de la Cour de cassation. De
manière générale, le CE est avant tout juge de cassation. Il statue sur les pourvois formés contre les
arrêts rendus par les cours administratives d’appel, contre les décisions des juridictions administratives
spécialisées, et contre les jugements rendus dans certaines matières par les TA statuant en premier et
dernier ressort. Cette activité représente les deux tiers de ces décisions.

En tant que juge d’appel, il connaît essentiellement des appels formés contre les jugements des TA
rendus en matière d’élections municipales et cantonales, mais aussi des appels formés contre les
décisions disciplinaires de certains ordres professionnels.

Comme juge de premier et dernier ressort, le CE statue sur les requêtes formées notamment contre les
décrets, les actes réglementaires des ministres, les décisions prises par les organismes collégiaux à
compétence nationale, ou pour le contentieux des élections régionales ou européennes. En outre,
depuis une loi de 2000, le CE est aussi juge des référés.

Section 2) Les compétences consultatives


Le CE est le conseiller de deux types d’organes : d’abord, il est le conseiller du gouvernement. Il
examine alors différents types de textes pour lesquels il est important de savoir s’ils respectent les
normes qui leur sont supérieurs. C’est ainsi qu’il se prononce sur les projets de lois et ordonnances
avant leur adoption par le Conseil des Ministres. Il se prononce aussi sur les décrets au CE (les plus
importants). A chaque fois, il émet un avis sur la régularité juridique du texte, mais aussi sur sa forme
et son opportunité administrative.

Pour tous ces textes, la consultation est obligatoire. Pour autant, même s’il est obligé de demander son
avis au CE , le gouvernement n’est pas tenu de suivre cet avis, sauf pour les décrets. En plus de cela,le
CE peut être consulté par le gouvernement pur toute question ou difficulté d’ordre juridique ou
administratif afin qu’il l’éclaire. Par le passé, cela a été le cas en 1989 au sujet de la compatibilité du
port du foulard islamique avec le principe de laïcité de l’école publique. C’est également arrivé en 1996
sur l’existence d’un droit à régularisation de certaines catégories d’étrangers à la situation particulière.

Par ailleurs, il conseille également le Parlement sur les propositions de lois que celui-ci veut lui
soumettre. Ici, la consultation est facultative.

Indépendamment de ces fonctions de conseil, le CE adresse chaque année au Président de la


République un rapport public qui énonce notamment les réformes d’ordre législatif réglementaire ou
administratif qu’il propose aux pouvoirs publics compétents.

Chapitre 4 : Les juridictions financières

Section 1 : La cour des comptes


Cet organe joue un rôle essentiel, notamment parce que son existence et ses missions sont prévues par
la Constitution. Il a deux types de fonctions : en ce qui concerne les fonctions juridictionnelles, elle est
juge de droit commun des comptes publics et statue sur la responsabilité des comptables publics. Ce
sont des fonctionnaires qui assurent le paiement des dépenses et le recouvrement des dépenses de
l’État, et d’un grand nombre d’organismes publics. Ils sont responsables de la régularité de certaines
opérations. Par ailleurs, cette cour est juge d’appel des jugements rendus par les chambres régionales
des comptes, un pourvoi pouvant ensuite être formé à l’encontre des décisions qu’elle rend.

En plus de ces attributions juridictionnelles, la Cour des comptes exerce des missions de contrôle : elle
contrôle la gestion de toutes les administrations, de tous les organismes publics/parapublics nationaux.
Elle peut également vérifier l’emploi des fonds publics attribués à des organismes privés. Le contrôle
porte sur la qualité et la régularité de la gestion. Il porte aussi sur l’efficacité des actions menées au
regard des objectifs fixés. C’est en réalité une mission d’audit, de vérification des résultats.

La Cour contrôle également, plus spécifiquement, l’exécution des lois de finance et de financement de
la sécurité sociale.

Depuis 1936, la Cour rend publique ses observations les plus significatives dans un rapport annuel
remis au Parlement et au Président de la République. C’est une manière d’assurer sa mission
d’information à l’égard des citoyens.

Section 2 : Les chambres régionales des comptes


Elles exercent trois missions :

- juger les comptes des comptables publics, des CT et de leurs établissements publics.

- Examiner la gestion de ces collectivités et des organismes qui en dépendent ou qui en reçoivent des
concours financiers

- Contrôler le budget des CT et de leurs établissements publics.

Ces chambres régionales sont compétentes pour les CT, mais elles le sont également pour les
établissements publics qui leur sont attachés.

Les CT les plus petites (moins de 3500 habitants) ne sont pas contrôlées par ce chambres mais par ce
que l’on appelle des trésoriers-payeurs généraux qui relèvent du ministère du budget. Les jugements
que ces chambres rendent peuvent faire l’objet d’un appel auprès de la Cour des comptes

Section 3 : La Cour de discipline budgétaire et financière


Cette cour a pour fonction de réprimer les infractions en matière de finances publiques. Bien que liées à
la cour des comptes, elle est distincte et indépendante de celle-ci. Plus précisément, elle doit
sanctionner certains types de fautes personnelles commises à l’occasion de leur fonction par les
fonctionnaires, les agents publics et les personnes assimilées, fautes qui ont été commises au préjudice
de l’État.

Parmi les infractions sanctionnées, le contentieux principal porte sur la violation des règles d’exécution
des recettes, des dépenses, ou de gestion des biens. Sont également poursuivis les comportements des
personnes qui, sciemment, ont omis de souscrire les déclarations obligatoire auprès des administrations
fiscales, ou ont remis des déclarations inexactes ou incomplètes.

Les membres du gouvernement ne sont pas justiciables de cette cour. Elle peut être saisie par
l’intermédiaire du ministère public, par le Président de l’AN, le Président du Sénat, le Premier Ministre,
ou le ministre chargé des finances. Cette cour peut aussi être saisie par les autres membres du
gouvernement pour des faits qui relèvent de leur champ de compétence, et elle peut aussi être saisie
par la Cour des comptes ou la chambre régionale des comptes. Cette Cour prononce des sanctions qui
consistent en des amendes, et les arrêts qu’elle a rendu peuvent faire l’objet d’un recours en cassation
devant le CE.

Sous-Titre 3 : Les autres juridictions


Certaines juridictions ne peuvent être rattachées à aucune des catégories étudiées précédemment, soit
parce qu’elles n’appartiennent ni à l’ordre judiciaire, ni à l’ordre administratif, soit parce qu’elles ne
relèvent pas du droit national français.

Chapitre 1 : Les juridictions sans ordre de rattachement

Section 1 : Le Tribunal des conflits

A) Compétences

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