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THEME VI : LE CONTRAT DE VENTE COMMERCIALE

Le contrat de vente commerciale est une convention entre un vendeur commerçant qui s'oblige à
livrer et à transférer la propriété d'un bien à un acheteur commerçant moyennant le paiement du prix
pour les besoins de son commerce.

Il se distingue du contrat de vente classique par la qualité des parties (le vendeur et l’acheteur sont des
professionnels du commerce) et par son objet1 (la notion de vente commerciale vise les contrats de vente de
marchandises entre commerçants et les contrats de fourniture de marchandises destinées à des activités de
fabrication ou de production)

Le commerçant ici est différencié du consommateur qui achète à des fins personnelles n’entrant pas dans le
cadre de son activité.

I- La formation du contrat de vente commerciale

La formation de la vente commerciale est soumise à des conditions de fond et de forme.

A- Les conditions de fond du contrat de vente commerciale

La formation de la vente commerciale repose sur la rencontre des volontés ou de consentements de


l’offrant et de l’acceptant.

1- L’offre

C’est une proposition de conclure le contrat adressé à une ou plusieurs personnes déterminées.

Il y a offre susceptible d’engager son auteur, non seulement parce qu’il y a prédisposition précise quant à
son contenu, mais surtout parce que le pollicitant manifeste sa volonté d’être lié par toute acceptation.

L'offre de vente doit remplir certaines conditions pour pouvoir produire des effets juridiques:

- Elle doit être faite à une ou plusieurs personnes déterminées2


- Elle doit être extériorisée3
- Elle doit être suffisamment précise4.
- Elle doit être ferme5

L'effet principal de l'offre réside dans son aptitude à permettre la formation du contrat de vente en cas
d'acceptation par son destinataire.

L'Acte uniforme relatif au droit commercial général dispose à cet égard que l'offre produit ses effets
lorsqu'elle parvient à son destinataire. Il s'agit de l'application de la théorie de la réception.

Il en résulte que l'offre peut être révoquée aussi longtemps que le destinataire n'a pas exprimé son
acceptation. L'offre n'acquiert donc force obligatoire qu'à compter de l'émission de l'acceptation.

L'offre peut toutefois être stipulée irrévocable. Dans ce cas, l'offre doit expressément mentionner qu'elle
est irrévocable mais également fixer un délai déterminé pour son acceptation.

Par ailleurs, dans certaines hypothèses, l'offre peut devenir caduque et ne plus produire d'effets
juridiques. La caducité peut survenir dans plusieurs hypothèses.

1
L’article 234 de l'Acte uniforme relatif au droit commercial général
2
Par conséquent, la proposition adressée à des personnes indéterminées est considérée comme une simple invitation à entrer
en pourparlers, à moins que la personne qui a fait la proposition n'ait clairement indiqué le contraire.
3
Ce qui signifie qu’elle doit être adressée à son destinataire. Aucune forme spéciale n'est exigée par l'Acte uniforme relatif au droit
commercial général pour l'extériorisation de l'offre. Celle-ci peut donc revêtir n'importe quelle forme (écrite, verbale, voire tacite et
résulter d'une attitude de l'offrant) pour autant qu'on puisse y déduire l'intention de l'offrant de faire connaître à autrui sa
proposition de contracter un contrat de vente commerciale.
4
Cela veut dire que l’offre doit désigner les marchandises et, expressément ou implicitement, fixer la quantité et le prix ou donner
les indications permettant de les déterminer.
5
C’est-à-dire indiquer la volonté de son auteur d'être lié en cas d'acceptation.
Si ces conditions sont remplies, l'offre sera en principe irrévocable sauf certaines exceptions.

1
Premièrement, l'offre devient caduque lorsque son rejet parvient à l'offrant et ce, même si l'offre était
irrévocable.

En second lieu, lorsque l'offre est assortie d'un délai déterminé pour son acceptation, l'expiration de ce
délai rend l'offre caduque.

Enfin, l'offre peut devenir caduque à la suite d'un évènement affectant l'offrant lui-même : décès,
incapacité, faillite

Pour que le contrat soit conclu, encore faut-il que le destinataire de l'offre accepte celle-ci.

2- L’acceptation

C’est une déclaration ou tout autre comportement du destinataire indiquant qu’il accepte l’offre.

Le silence ou l’inaction du destinataire d’une offre n’est pas constitutive d’une acceptation.

L’acception peut être expresse ou tacite, fondée sur une attitude non équivoque.

Elle peut aussi se manifester par tout acte d’exécution, intervenant dans le délai prévu par l’offre ou, à
défaut, on tient compte des éléments contenus dans l’offre, des habitudes et usages établis entre les parties (article
213 de l’Acte uniforme).

L’acceptation doit être pure et simple c'est-à -dire qu'elle ne doit contenir aucune réserve, condition ou
ambigü ité sur les éléments essentiels du contrat de vente commercial. Ainsi, si le désaccord ne porte que sur
un élément accessoire du contrat, tel que les modalités de paiement, le contrat est, en principe, formé 6.

Si au contraire, la réponse à l'offre qui contient des additions, des limitations ou


d'autres modifications portant sur des éléments essentiels, il ne s’agit pas d’une acceptation de l'offre mais une
« contre-proposition ».

L'émission d'une contre-proposition ne permet pas au contrat de vente de se former. En effet, la contre-
proposition doit s'analyser contre une nouvelle offre. Le contrat ne pourra donc se former que par l'acceptation de
cette contre-proposition.

L'acceptation de l'offre a pour effet principal de former le contrat de vente commerciale.

Mais la conclusion du contrat n’a lieu qu'au moment où l'offrant a pris connaissance de cette acceptation.
C’est la théorie de la réception, laquelle prévoit que la conclusion du contrat est retardée jusqu'au moment où
l'offrant a pu prendre connaissance de l'acceptation de l'offre.

Par ailleurs l'acceptation une fois exprimée peut-être révoquée pour autant que la révocation parvienne à
l'auteur de l'offre au plus tard au moment où l'acceptation aurait pris effet, c'est-à -dire au plus tard au moment où
l'offrant a pris connaissance de l'acceptation.

Précisons également que le consentement doit non seulement exister mais également être exempt de tout
vice.

Enfin, le consentement doit porter sur la chose vendue et sur le prix.

B- Les conditions de forme du contrat de vente commerciale

Le contrat de vente commerciale est un contrat consensuel ; il peut être écrit ou verbal. Il n’est donc
soumis à aucune condition de forme. En l’absence d’un écrit, il peut être prouvé par tout moyen.

II- Les obligations des parties à un du contrat de vente commerciale

La vente commerciale fait naître des obligations à la charge du vendeur (A), l’acheteur (B) et par rapport
aux marchandises.

A- L’obligations du vendeur

Le vendeur assume les obligations suivantes : la livraison de la marchandise, la conformité et la garantie de


celle-ci.
6
L’article 245 de l'Acte uniforme relatif au droit commercial
2
- La livraison de la marchandise Le vendeur des marchandises doit les mettre à la disposition de
l’acheteur au lieu prévu, à la date fixée et remettre les documents qui s’y rapportent (titre de propriété par
exemple).
- L’obligation de conformité de la marchandise Le vendeur doit livrer la marchandise dans la quantité,
qualité, la spécification, le conditionnement et l’emballage correspondant à celles prévus au contrat.
- L’obligation de garantie Elle consiste pour le vendeur de livrer les marchandises libres de tout droit ou
prétention d’un tiers à moins que l’acheteur accepte de prendre les marchandises dans ces conditions.

B- L’obligations de l’acheteur

L’acheteur doit

- Payer le prix à la date fixée au contrat (le paiement du prix des marchandises, l’acheteur doit payer le prix
convenu dans le contrat de vente au lieu de livraison de la marchandise si le paiement doit être fait contre
livraison ; au lieu de remise des documents : l’acheteur doit payer le prix à la date fixée au contrat).
- Prendre livraison des marchandises : il s’agit pour l’acheteur d’accomplir tout acte qu’on peut
raisonnablement attendre de lui pour permettre au vendeur d’effectuer la livraison, et à retirer les
marchandises.

III- Les effets à l’égard des marchandises

La vente a pour effet principal de transférer la propriété des marchandises et de transférer les risques.

A- Le transfert de propriété

Le transfert de propriété s’opère dès la prise de livraison de la marchandise par l’acheteur. Les parties
peuvent cependant reporter ce transfert jusqu’au complet paiement du prix à travers la clause de réserve de
propriété.
B- Le transfert des risques

Le transfert de propriété entraîne un transfert de risques. Il résulte que toute détérioration des
marchandises survenue après ce moment ne dispense pas l’acheteur de payer le prix.
IV- Les sanctions de l’inexécution des obligations

On distingue l’exception d’inexécution, la résolution ; dans certains cas, les parties peuvent être exonérées
de leur responsabilité.

A- L’exception d’inexécution

C’est un moyen de défense de l’une des parties qui consiste à ne pas exécuter son obligation tant que
l’autre contractant n’a pas effectué sa prestation.
B- La demande en résolution du contrat

Elle peut être unilatérale ou judiciaire. La résolution est unilatérale lorsque la gravité du comportement
d’une partie a empêché l’autre d’exécuter son obligation.
C- L’exonération des parties

Les parties peuvent être exonérées de leur responsabilité en cas de :


- La force majeure : évènement imprévisible, irrésistible et extérieur à la volonté des parties qui rend
impossible l’exécution d’un contrat. (Tremblement de terre, guerre, incendie…)
- Le fait d’un tiers : lorsqu’une personne étrangère entre le vendeur et l’acheteur est à l’origine d’une
faute qui vient mettre en péril l’une des obligations dans le contrat de vente.
- La faute du créancier

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