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LES CONDITIONS DE FORMATION DU CONTRAT :

Quel que soit le contrat, sa formation exige la réunion de plusieurs conditions qu’il faut
d’abord étudier. La conclusion du contrat répond à des conditions de fond et à des
conditions de forme. Mais il faut également s’interroger sur le sort du contrat lorsque
l’une des conditions fait défaut, ce qui nous conduira à envisager la nullité du contrat.

I- Les conditions de fond :

Pour qu’il y ait contrat, il faut d’abord que les parties expriment leur consentement mais
encore faut –il qu’elles aient la capacité de conclure. Il importe également que les
contrats répondent à un objet et à une cause.

A- Le consentement :

Le consentement est le résultat d’une manifestation de la volonté qui elle-même procède


d’un processus psychologique. Allant d’une phase de maturation intellectuelle et de
réflexions à la prise de décision. Mais de qu’elle volonté s’agit- il. La volonté peut être
définie tantôt comme la volonté interne (volonté psychologique), tantôt comme
l’extériorisation de celle-ci (déclaration de la volonté).

Ce qui importe, c’est que la volonté soit exprimée de telle sorte qu’elle soit connue au
moins des contractants.

a- Les modes d’expression de la volonté :

La liberté de l’individu a un corollaire en matière contractuelle : en principe, nul ne peut


être tenu de contracter. Mais ce principe reçoit des atténuations. Ainsi dans le domaine
des assurances, il existe des contrats obligatoires, pour l’assurance automobile et
l’assurance incendie.

L’on peut donc distinguer des manifestations de volonté qui sont expresses et d’autres qui
sont tacites.

1- La volonté expresse :

La volonté ne doit pas se manifester dans une forme particulière, ce qui résulte de
l’option consensualiste du droit algérien, d’ailleurs conforme à l’ancien droit applicable
et au droit musulman.

-La volonté peut être exprimée par la parole. L’expression verbale de la volonté se
rencontre pratiquement dans tous les actes juridiques de la vie quotidienne, notamment à
l’occasion des ventes les plus courantes. Mais il faut remarquer que la fonction juridique
de la parole tend à décliner de plus en plus en faveur de l’écrit. Ce mouvement est
d’autant plus sensible que d’une part, les contrats peuvent véhiculer des valeurs
financières importantes. Pour des questions de preuve, de comptabilité mais aussi de
fiscalité, l’écrit qui d’ailleurs peut être une simple facture s’impose chaque jour
d’avantage.
-l’écrit et la parole ne sont pas les seules modes d’expression de la volonté. Le code civil
consacre également « les signes généralement en usage ou encore par une conduite telle
qu’elle ne laisse aucun doute sur la véritable intention de son auteur ». dans cette
catégorie par exemple les signes qui permettent de héler un taxi, ce qui traduit la volonté
de conclure un contrat de transport. Quant à la conduite non équivoque, elle peut être
illustrée par le fait de prendre place dans un autobus.

2-la volonté tacite :

La volonté est tacite lorsque l’attitude de la personne est telle qu’on peut dire qu’elle
n’est pas spécialement adoptée en vue de manifester cette volonté. En pratique, c’est
l’exécution du contrat qui procurera l’existence de la volonté tacite. Par exemple, si un
entrepreneur construit un mur, on déduira du fait de construire, la volonté de construire
un contrat d’entreprise. De même, l’utilisation continue des services d’un établissement
malgré la notification d’une augmentation de ses tarifs, constitue une acceptation tacite
du nouveau prix de ce service.

Reste à se demander alors si le silence peut valoir consentement. Logiquement, on doit


s’attendre à ce que le silence ne puisse constituer une manifestation de volonté dans un
système ayant consacré la déclaration de volonté puisque, précisément le silence est la
négation de l’extériorisation de la volonté. En effet, selon le code civil « lorsque l’auteur
d’une offre ne devait pas en raison soit de la nature de l’affaire, soit des usages de
commerce, soit d’autres circonstances s’attendre à une acceptation expresse, le contrat est
réputé conclu si l’offre n’a pas été refusée dans un délai convenable. L’absence de
réponse vaut acceptation lorsque l’offre se rapporte à des relations d’affaires déjà
existantes ou lorsqu’elle est seulement dans l’intérêt de son destinataire ».

Il résulte de cette disposition que le principe est bien celui selon lequel le silence
n’exprime pas un consentement. S’il est difficile d’admettre qu’un contrat puisse se
former par simple silence, il reste que trois atténuations existent qui justifient à elles
seules cette disposition du code civil.

- Une réponse à l’offre ne s’impose pas :

Il existe un usage commercial en vertu duquel l’absence de protestation à une lettre de


confirmation vaut acceptation.

- L’existence de relations d’affaires :

Il arrive souvent que des relations d’affaires soient continues. Pour des raisons de
confiance, ou parce qu’il existe un monopole, on s’adressera toujours aux mêmes
fournisseurs, selon une périodicité préétablie. Dans pareils cas on peut admettre que le
silence constitue l’expression d’une volonté.

- L’offre dans l’intérêt du destinataire :

C’est le cas d’une remise de loyer par un bailleur ou d’une offre de réduction de prix dans
le cadre d’un contrat de transport.
a-LA RENCONTRE DES VOLONTES :

Quelque soit le mode d’expression d’une volonté, le contrat est le résultat de la rencontre
de volontés qui s’expriment par le jeu d’une offre et d’une acceptation.

1-l’offre :

En droit civil, l’offre est un acte exprimant la proposition de conclure un contrat à des
conditions déterminées. L’offre indique au moins les conditions essentielles de la
transaction de telle sorte qu’il puisse y avoir, le cas échéant, acceptation pure et simple.

L’offre peut être faite à personne déterminée : il s’agit alors d’une offre faite compte tenu
des qualités particulières de son destinataire, ce que l’on rencontre surtout pour des
prestations de service (architecture, études, décorations…). A l’opposé, l’offre peut être
faite au public, par exemple par des affiches. Cette offre peut poser un problème lorsque
le bien ou le service offert est en quantité insuffisante, de sorte que plusieurs acceptations
peuvent être en concours pour un même objet. Pour sortir de cette impasse, on considère,
en jurisprudence française, que l’offre faite au public engage le pollicitant à l’égard du
premier acceptant, dans les mêmes conditions que l’offre faite à une personne
déterminée. L’offre exprime une volonté, et donc elle peut être expresse (commande) ou
tacite (marchandise exposée en vitrine).

S’agissant de la valeur juridique de l’offre, la question est de savoir si l’offre est


révocable. Le droit algérien invite à distinguer trois situations selon que l’offre est faite
en séance contractuelle, qu’elle est ou qu’elle n’est pas assortie d’un délai de
réponse.

- Offre faite en séance contractuelle :

Dans le cadre d’une séance contractuelle, l’offre doit faire l’objet d’une acceptation
immédiate, à peine d’être frappée de caducité. Le droit algérien assimile aux offres faites
en séances contractuelle celles qui ont lieu par téléphone ou par télex.

- Offre assortie d’un délai de réponse :

Lorsque l’auteur de l’offre donne un délai d’acceptation au destinataire, le pollicitant


reste tenu par son offre pendant tout ce délai, que l’offre soit faite à personne déterminée
ou à personne indéterminé. Dès lors, sa rétractation expose l’auteur de l’offre à une
sanction spécialement à l’octroi d’une réparation civile pour abus de droit.

- Offre non assortie de délai :

L’offre qui n’est pas assortie de délai est elle révocable si l’acceptation n’est pas
immédiate ? l’on peut déduire de l’art … du code civil une réticence à l’acceptation
immédiate puisqu’il est écrit que la fixation du délai peut résulter implicitement des
circonstances ou de la nature de l’affaire. Ceci signifie qu’en présence d’une offre sans
délai de réponse le juge peut se prononcer sur l’existence d’un délai tacite, ce qui parait
être une solution de bon sens.

2-acceptation :
L’acceptation est la manifestation de volonté en vertu de laquelle le destinataire de l’offre
répond favorablement aux conditions précisées à l’offre de contracter. Elle exprime donc
le consentement de son auteur en même temps qu’elle fait de l’offre l’élément de
consentement de l’autre partie. Il est possible d’affirmer que l’acceptation existe si elle
porte sur les éléments essentiels de l’offre et à condition qu’elle n’ajoute pas à l’offre des
éléments essentiels.

L’acceptation peut être tacite lorsque l’auteur de l’offre ne devait pas s’attendre à une
réponse expresse compte tenu des circonstances. Ainsi la non dénonciation d’un contrat
renouvelable par tacite reconduction vaut acceptation d’un nouveau contrat. De même
l’acceptation peut être implicite lorsque l’offre est faite dans l’intérêt de son destinataire.

b-LES CONSEQUENCES DE LA RENCONTRE DES VOLONTES :

1- Les modalités de l’accord :

On passe en revue trois schémas possibles de modalités d’un accord : le contrat de gré à
gré, le contrat d’adhésion et l’avant contrat.

- Le contrat de gré à gré :

Le contrat de gré à gré est celui où la marge de négociation est la plus grande. Les
pourparlers y ont une signification singulière puisque c’est eux qui conduisent à la
conclusion de l’accord.

- Le contrat d’adhésion :

Est un contrat dans lequel la marge de négociation est extrêmement réduite ; compte tenu
des forces économiques que chacune des parties représente, la partie la plus puissante
imprime au contrat un cachet particulier. Le particularisme de ces contrats et les abus
qu’ils peuvent engendrer conduit généralement à des réactions tendant à assurer une plus
grande protection de l’adhérent.

Le contrat d’adhésion obéit à deux règles particulières : d’une part, les clauses léonines
d’un contrat peuvent être modifiées ou annulées par le juge ; d’autre part, les clauses
obscures doivent toujours être interprétées au profit de l’adhérent.

- L’avant contrat :

Il faut ranger dans la catégorie des avants contrats les accords cadre, les accords de
principe, les promesses de contrat. L’accord de base existe mais il reste à en fixer les
modalités.

- L’accord partiel et la théorie la punctation :

Par hypothèse, le contrat peut porter sur une opération complexe, où les obligations sont
multiples et s’enchevêtrent, ce qui explique parfois que l’on ait des contrats gigantesques.
D’un autre côté, il faut admettre que la prévision des parties connaît des limites : on ne
peut tout prévoir et il arrive souvent que l’on constate des lacunes dans le contrat. Bien
entendu, les parties auront toujours la latitude de compléter le contrat, et l’on peut même
concevoir qu’elles s’en remettent à un tiers pour combler les lacunes.

Mais que faire lorsqu’on ne parvient pas à un accord sur les clauses complémentaires qui
sont nécessaires à l’exécution du contrat ? le législateur algérien admet qu’un contrat soit
réputé conclu s’il existe un accord sur les points essentiels du contrat, ce qui est la
consécration de la théorie d’origine germanique de la punctation.

En principe, un accord sur les points essentiels permet de conclure que le contrat est
formé. Encore faut-il donner un sens à la notion de points essentiels du contrat, consacré
par le code civil.

- Lieu et moment de la formation du contrat :

Quand intervient la formation du contrat et, en quel lieu ? Ces questions sont importantes.
La formation du contrat marque non seulement le point de départ des obligations dont
sont tenus. Les parties mais aussi présente de nombreux intérêts juridiques.

C’est, en effet, au moment où se forme le contrat que se détermine le droit qui lui est
applicable, l’existence d’une lésion etc.…quant au lieu de conclusion du contrat, sa
connaissance présente un double intérêt : d’une part, elle permet de déterminer le tribunal
compétent en cas de litige, puisque le code civil permet, au choix du demandeur, de saisir
la juridiction du lieu d’exécution ou celle du lieu de conclusion ; d’autre part, c’est ce
même lieu de conclusion du contrat qui permet de désigner la loi applicable à un contrat
international, du moins lorsque les contractants n’ont pas eux même procédé à cette
obligation.

La détermination du lieu et du moment de conclusion de contrat ne pose de réelles


difficultés que dans l’hypothèse de contrats entre absents, par exemple pour des contrats
conclus par simple échange de correspondance. Dans ce cas, il existe obligatoirement
entre l’offre et l’acceptation un écart de temps et un écart d’ordre spatial, écarts qui sont
attentatoires à la sécurité juridique. Pour y remédier le législateur algérien a opté en
faveur de la réception, ce qui résulte du code civil qui dispose dans son article… « Sauf
convention ou disposition contraire, le contrat entre absents est réputé conclu dans
le lieu et au moment où l’auteur de l’offre a pris connaissance de l’acceptation.
L’auteur de l’offre est réputé avoir eu connaissance de l’offre dans le lieu et au
moment où l’acceptation lui est parvenue ».

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