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BA3 Droit Université Saint-Louis Bruxelles Ilona Verly

Droit judiciaire
Support de cours :
û Deux volumes de syllabus. Le tome 1 : La compétence, tome 2 : procédure. Le syllabus
est trop complet mais ne contient pas exemples, liens.
û Code judiciaire.
Examen écrit : vrai/faux sans point négatif, justifier la réponse avec la ou les bases légales
appropriées, certaines à connotation plus pratique.
Selon l’article 2 Code judiciaire, le Code judiciaire est le père de toutes les procédures. Il n’y a
rien dans le Titre préliminaire du Code de procédure pénale qui ne vient déroger au Code
judiciaire, devant le Conseil d'État et le Cour constitutionnelle, on prévoit d’appliquer les
procédures d’intervention de tiers. C’est la matrice de toutes les procédures.

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Droit judiciaire. La procédure.
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PARTIE I. LA PROCÉDURE
TITRE IER. THÉORIE GÉNÉRALE DE L’ACTION ET DE LA DEMANDE EN JUSTICE
L’action en justice n’est pas un droit subjectif comme un autre : c’est le droit sur le pied de
guerre, c’est le droit subjectif qui est armé devant les tribunaux, certains disent que c’est le
droit des droits, « c’est le droit qui donne accès aux autres droits »
Le droit d’action en justice n’est pas un droit dans l’abstrait, il a besoin d’être concrétisé.
Le défendeur a quant à lui aussi au sens large le droit d’agir c'est-à-dire le droit d’être présent
aux cours et tribunaux et de faire valoir ses prétentions de défendeur dans la stricte égalité
des armes.
CHAPITRE IER. LE DROIT D’ACTION
Section 1. Définitions et caractères
§1er. Définition
Le Code judiciaire ne donne aucune définition de l’action en justice, il y a peut-être çà et là des
articles qui concernent les conditions mais pas un mot sur le droit d’action. C’est un parti pris
de l’auteur du Code judiciaire belge écrit au même moment ; en 1962, le Roi Baudouin confie
au bâtonnier Van Reepinghen, désigné commissaire royal, la charge de la réforme judiciaire,
car jusque-là on utilise le Code de procédure civil français. Le parti pris par Van Reepinghen,
qui est aussi professeur de droit judiciaire à Louvain, est d’écrire un Code judiciaire et le dit :
« il n’appartient pas au législateur de formuler des théories et un code n’est point une œuvre
pédagogique » alors que les Français vont justement prendre une trentaine d’articles de
définitions très pédagogiques, chez nous, il y a très peu de définition, Van Reepinghen étant
un praticien il avait l’intuition que les grandes théories se feraient dans la pratique.
Le droit d’action peut se définir comme le droit subjectif d’en appeler au juge
aux fins d’obtenir de lui.elle qu’iel prononce, par application des règles de droit,
sur la prétention qui lui est soumise.
« Sur la prétention qui lui est soumise » concerne le principe du dispositif : en droit belge, en
raison du principe du dispositif, ce sont les parties qui lancent les actions en justice, sauf des
exceptions très rares, le juge ne s’autosaisit jamais.
« Un juge doit se prononcer par application des règles de droit » : ce n’est pas universaliste,
dans d’autres systèmes juridiques il est offert aux juges si les parties le souhaite et si l’ordre
public n’est pas en jeu, de statuer en amiable composition ; il y a une volonté des parties de
confier aux juges de statuer en équité, en écartant le contrat. Dans le Code civil, le juge belge
ne peut pas, le législateur a choisi de confier au juge que des missions juridictionnelles. Cela
existe en France.
Il y a deux éléments seyants : le droit et la saisine par une partie et l’application du droit et rien
que le droit
§2. Caractères
A. L’action est l’objet d’un droit subjectif
Le droit d’action est un droit subjectif au même titre que tous les autres droits subjectifs. C’est
un droit et il a fallu qu’il soit garanti : le droit d’action conféré par la loi, l’État de droit c’est la
victoire contre tous les systèmes féodaux, banal de justice. Si on veut obtenir du citoyen qu’iel
renonce de se faire justice à soi.elle-même, il a fallu lui garantir le droit d’accès à la justice
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comme tout autre citoyen. C’est tellement évident que ce n’est inscrit nulle part. L’article 6 de
la Convention européenne des droits de l’Homme constitue le noyau dur des droits humains
en procès, c’est les droits fondamentaux en matières de droits humains du procès, il n’y pas
un mot sur ce qui devrait être le premier des droits : ai-je le droit d’accès à un juge ? Oui finira
par dire la Cour européenne des droits de l'Homme mais il aura fallu attendre 20 ans pour que
la Cour européenne des droits de l'Homme le consacre dans un arrêt Airey c. Irlande : la Cour
européenne des droits de l'Homme consacre un droit fondamental d’accès au juge, un droit
d’action.
Ce droit est important on peut même dire qu’il est fondamental dans l’État de droit, il est à la
charge de la puissance publique, de l’État, l’État n’a pas le monopole de l’administration de la
justice – par exemple, l’arbitrage – mais le législateur reprend la main en réglementant
l’arbitrage, le droit d’accès à l’arbitre et d’ailleurs les tribunaux étatiques reprennent très
souvent la main.
Il est à ce point fondamental qu’à la suite des arrêts Anca et Ferrera, la Cour de cassation va
jusqu’à engager la responsabilité de l‘État législateur ; ce droit d’action est somptuarisé, il est
censé être au cours des préoccupations de l’État et quand ce n’est pas le cas, l’État est
condamné.
B. L’action est l’objet d’un droit subjectif autonome
C’est un droit subjectif, certes, mais il n’est pas comme les autres et surtout le droit d’agir en
justice se détache de deux choses :
û De la demande en justice : l’action en justice c’est le droit tandis que la demande c’est
l’acte de procédure concret qui exprime cette action. Ce n’est pas la même chose : par
exemple, on introduit une demande en justice, la demande véhicule une action, or il
apparait que cette demande en justice introduite par une citation est affectée d’une
nullité de forme, la demande est rejetée, déclarée nulle, cela ne prive pas du droit d’agir
en justice, on peut réintroduire une demande purgée du vice. Parmi les multiples
incidents du procès, il y a les désistement – article 820 du Code judiciaire – il s’agit de
renoncer or les désistements sont d’intensité variable : on peut se désister de l’instance
– on se contente de retirer la demande que l’on a soumis au juge – ou de l’action –
c’est plus solennel, non seulement on se désiste de la demande mais en outre on
promet de ne plus jamais réitérer l’action sous quelques formes que ce soit. L’autorité
de la chose jugée – article 23 du Code judiciaire – si la demande est déclarée
irrecevable ou non fondée pour tel ou tel motif, cela n’empêche pas de retenter le coup,
d’introduire la même action sur la base d’une autre demande, il n’y a autorité de chose
jugée que s’il s’agit des mêmes parties, du même objet et de la même cause. Par
contre, rien n’empêche si on découvre d’autres faits, d’autres pièces, on pourrait
échapper à l’autorité de la chose jugée
û Du droit subjectif matériel qui est transmis par l’action : il y a des droits d’action qui
n’ont pas pour corollaire un droit subjectif : le droit de recourir au Conseil d'État par
hypothèse, il n’y a pas de droit subjectif derrière – articles 144 et 145 de la Constitution
– un droit d’action existe sans droit subjectif. L’action naturelle, « les exceptions ne
périssent pas » : les actions en justice se prescrivent, le droit d’action en justice se
prescrit – articles 2262 et s. de l’ancien Code civil – par contre l’exception ne périt pas,
le droit subjectif ne périme pas s’il est introduit comme une exception. L’action en
annulation d’une convention parce que celle-ci est affecté d’un dol, d’une erreur, etc.
le délai de prescription est de 10 ans à partir de la conclusion du contrat. Dans le cas
d’un contrat affecté d’un dol il y a 15 ans, on ne peut plus demander l’annulation mais
en tant que demandeur, on peut soulever l’exception de nullité. Un jugement qui
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déboute signifie que l’action en justice, le droit d’action en justice a mené à la


déclaration que notre droit subjectif matériel n’existe pas. Ce n’est pas pour cela que
l’on a un droit absolu, il y a l’abus de droit : la Cour de cassation considère depuis une
vingtaine d’années qu’il y a abus du droit d’agir lorsque soit l’action ou la défense traduit
une intention méchante et dolosive, soit une faute que n’aurait pas commis le justiciable
normalement prudent et diligent, l’erreur manifeste. En ce qui concerne les sanctions,
une qui va de soi est que l’action abusive est déboutée. Les deux autres sanctions sont
d’ordre financier : celui qui se rend coupable d’un abus procédural devra indemniser la
victime c'est-à-dire le défendeur, et l’essentiel de l’indemnité sera indemnité de
procédure, et une amande civile – article 780bis du Code judiciaire, le juge peut
indépendamment des dommages et intérêts à la partie adverse, il peut infliger une
amende pour procès téméraire et vexatoire.
C’est vrai qu’il y a des influences du droit matériel sur le droit d’action :
û La prescription : la nature du droit matériel détient sur le régime de prescription de
l’action.
û La disponibilité des droits : l’action en justice sera le plus souvent indisponible,
incessible
Section 2. Les conditions de l’action
Il y a trois conditions cumulatives : deux prévues par le Code et une qui fut dégagée et
incontestée par le droit vivant. Les deux conditions requises par le Code sont prévues aux
articles 17 et 18 du Code judiciaire, il s’agit de la qualité et intérêt. La jurisprudence a ajouté
la capacité.
§1er. La capacité
Van Reepinghen n’en dit pas un mot, la capacité est une condition de jouissance du droit et
une capacité à exercer l’action en justice.
A. La capacité comme condition d’existence du droit d’action
Pour disposer de ses droits subjectifs, il faut être doté de la personnalité juridique, il faut être
né.e vivant et viable, si on est une personne physique. Si on est un groupement, il faut être
doté par ou en vertu de la loi de la personnalité juridique.
Le fait d’être né.e vivant et viable est repris à l’article 326 de l’ancien Code civil ; l’enfant
conçu.e est présumé.e existé.e quand il en va de son intérêt, on considère qu’iel est conçu.e
180 et 300 jours avant sa naissance quand il en va de son intérêt.
Arrêt Perruche : en France, cette affaire concernait la problématique des naissances
irrégulières non désirées : il s’agissait d’un cas extrême car le plaignant se plaint du
fait de sa naissance, il saisit le tribunal de grande instance de Paris de sa vie : la Cour
de cassation de France a entendu des philosophes et des processualistes : l’objet était
le fait d’exister, s’il n’existait pas, il n’aurait pas eu de personnalité juridique, donc il n’y
aurait pas eu d’action, il se plaint de l’action qu’il exerce. La Cour de cassation en 2006
a rendu un arrêt qui permet d’indemniser, le législateur prend le lendemain une loi qui
dit qu’on ne peut se prendre du fait de sa naissance.
Pour les personnes morales, il faut être doté de la personnalité juridique. Quid des associations
de fait ? La grande question politique est faut-il favoriser ou non les mouvements associatifs
des personnes qui se regroupent entre elles, faut-il les doter de l’action en justice ? Le droit
belge veut que si on n’a pas de personnalité juridique, on ne peut pas faire d’action en justice.

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Il y a une exception qui concerne les syndicats ; par la loi du 5 décembre 1968, le législateur
avait reconnu aux syndicats le droit d’agir en justice pour le travailleur ou à titre collectif alors
que les syndicats n’ont pas la personnalité juridique, on leur a conféré un droit d’agir tout en
les épargnant des problèmes liés à la personnalité juridique. La Cour de cassation d’ailleurs
se montre très prudent : les exceptions doivent être interprétées très restrictivement. Le
Conseil d'État se montre un peu plus clément avec les associations de fait. La seule exception
concerne les syndicats et les partis politiques.
Selon l’article 703 §2 du Code judiciaire, lorsqu’un groupement de fait se dote d’un nom veut
agir en justice, il peut s’identifier à travers son seul nom mais ce n’est pas parce que on reçoit
cette facilité formelle que l’on déroge à cette équation, si on perd, on va voir qui est derrière et
ces personnes paieront les dépens. L’alinéa 2 dit que si le groupement de fait devient une
entreprise, on pourrait donner un mandat général à une personne, mais cela ne déroge pas à
l’équation personnalité = action, c’est uniquement une facilité formelle.
Qu’arrive-t’il s’il apparait que le demandeur n’a pas la capacité juridique ? La réponse de la
Cour de cassation, de jurisprudence constante, est de dire que l’action se heurte à une fin de
non-recevoir, il manque une condition. Tout de suite, on doit se poser la question de la portée
de cette fin de non-recevoir ? Est-ce d’ordre public ou pas ? La Cour de cassation et la doctrine
considèrent que la fin de non-recevoir est d’ordre privée ce qui signifie que seul le défendeur
peut la soulever, si défendeur est absent, gentil ou négligent, il ne verra pas la fin de non-
recevoir, le juge ne pourra pas la soulever d’office, sinon il commettrait un excès de pouvoir.
Dans d’autres pays, c’est d’ordre public et le juge doit la soulever d’office.
C. La capacité comme condition d’exercice du droit d’action
On nait tous titulaire du droit d’agir en justice par contre on n’est pas tous full équipé pour agir
soi-même c’est la théorie des incapacités, c’est la théorie de la représentation : si on est frappé
d’une incapacité, on n’a pas capacité à exercer nous-même l’action dont on est le titulaire, il
faudra procéder par le.a représentant.e légal.e.
Une personne morale ne peut agir en justice que par leur organe – c’est la théorie de la
représentation des personnes morales.
Pour les personnes physiques, un incapable qui prend l’initiative d’agir en justice par lui.elle-
même, quid ? Une doctrine et une jurisprudence majoritaire considère qu’il ne s’agit pas d’une
fin de non-recevoir mais d’une exception dilatoire, c'est-à-dire un moyen de défense que l’on
soulève et qui n’amène pas au rejet de l’action mais au retardement du procès jusqu’à ce que
le.a représentant.e légal.e qui a qualité pour représenter l’incapable reprend le procès à son
compte ratifie l’initiative, l’exception dilatoire n’ est pas d’ordre public, ce qui signifie que seul
le défendeur peut soulever l’exception, le juge devrait se taire si le défendeur ne le soulève
pas.
Par ailleurs, tout ceci est sujet à exceptions : il y a des cas dans lesquels l’incapable pourra
agir en justice valablement alors pourtant qu’il se heurterait normalement à une exception
dilatoire. Les articles 1148 et 1150 du Code judiciaire concernent la procédure d’apposition
des scellés et la procédure d’inventaire des biens en indivision : le mineur ou l’incapable
majeur compte tenu du caractère inventaire de la mesure peut agir en justice pour demander
en justice. Un autre cas concerne la filiation : si un mineur est l’objet d’une action en matière
de filiation, c’est sa filiation paternelle ou coparenté est contestée, il ne peut pas agir en justice,
par contre, s’il s’agit d’un mineur qui a un enfant, il peut agir pour sa paternité ou sa
comaternité. De même, en cas de péril en la demeure, référé, on admet assez généralement
qu’un mineur puisse agir.

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Pour les personnes morales, elles ont la capacité de jouissance, elles exercent mais ce droit
d’action est limité que pour son objet social. Sinon, ce sera une fin de non-recevoir.
§2. La qualité
On retrouve cela dans le Code judiciaire, à l’article 17 qui n’a pas changé depuis 1967. Le
Code ne donne pas de définition de la qualité, on voit dans la littérature française la définition.
La qualité serait le pouvoir en vertu duquel une personne exerce l’action en
justice.
Cette définition est exacte en ce qu’elle prévoit que l’action en justice puisse être exercée par
quelqu'un qui a le pouvoir de représenter quelqu'un d’autre qui est titulaire. Mais il manque
quelque chose à cette définition : elle ne parle pas de cas récents dans lesquels la qualité est
une condition d’existence même de l’action.
A. La qualité comme condition d’existence du droit d’action
La théorie de base est que l’action en justice est banale, c'est-à-dire qu’en général l’action en
justice peut être exercée par toute personne qui a intérêt à la former.
À côté des actions banales qui constituent l’immense majoritaire il y a le cas des actions
attitrées : qui sont réservé à certaines personnes en monopole il ne suffit pas d’exister et
d’avoir intérêt, il faut être parmi les heureux élus sélectionnés par la loi. Par exemple, toutes
les actions en matière d’état des personnes, en matière de filiation, les articles 318, 332 et s.
de l’ancien Code civil sont des actions attitrées, la Cour de cassation considère même qu’il
peut y avoir fraude à la loi.
Un autre exemple est les actions en cessation, les actions introduites devant le pouvoir
judiciaire comme en référé qui ont pour objet de faire constater l’illégalité d’un acte et de le
faire cesser, il y en a de plus en plus, une quarantaine, c’est un mouvement né dans les années
70. Par exemple en matière d’environnement, d’anti-discrimination, de protection du
consommateur, les actions en cessation dans leur grande majorité sont des actions attitrées.
D. La qualité comme condition d’exercice du droit d’action
L’idée est de reprendre la théorie de la représentation : il y a des cas moraux dans lesquels le
titulaire de l’action en justice ne peut pas exercer lui-même son action en justice – pour les
personnes morales, il faut que les organes exercent les actions des personnes morales – il ne
faut pas confondre trois choses :
û L’article 17 du Code judiciaire qui est une condition de recevabilité de l’action, c’est une
condition de fond et d’existence de l’action.
û L’existence de forme, reprise à l’article 43 du Code judiciaire, dans une citation en
justice, on doit indiquer formellement en quelle qualité on intervient.
û L’avocat : quand un avocat est consulté par des parents dont l’enfant a été victime d’un
préjudice : il y a trois choses : l’enfant, qui a été victime, ses parents qui ont la qualité
pour agir en justice, l’avocat n’a pas qualité pour agir, il est le représentant en justice,
il assiste en justice des gens qui ont qualité – article 440 Code judiciaire.
Est-ce d’ordre public ou non ? La Cour de cassation est constante, elle maintient que la qualité
débouche sur une fin de non-recevoir d’ordre privé, seul le défendeur peut soulever.
La qualité doit être vérifiée et exister, être valable au moment de l’intentement du procès, le
juge se prononce au moment où il juge s’agissant de sa compétence et de la recevabilité, il
doit exercer un regard rétroactif sur le jour de sa saisine (possiblement des années

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auparavant). La Cour de cassation est assez sévère, le rafistolage n’est pas possible, il faut
tout recommencer toute de suite, et faire attention à la prescription. Il se peut aussi, que l’on
perde la qualité pour agir, la qualité initiale disparait.
D’où vient cette qualité ?
û De la loi : les représentants légaux sont ainsi spécialement investis du droit d’engager
la demande en justice. Cette représentation de droit fait par exemple que le tuteur ou
le parent pourra agir au nom du mineur – par exemple : l’administrateur provisoire de
l’incapable majeur. Mais il aura à établir qu’il détient valablement le pouvoir dont il
s’autorise.
û D’une convention : contrairement à certaines idées reçues, on peut par un contrat
transférer à une autre personne – physique ou moral – l’exercice du droit d’agir. Par
exemple, l’article 703 §2, les associations de fait donnent mandat à leur d’entre eux,
ils restent tous titulaires mais ils donnent mandat. Le contrat de prête-nom est un
contrat par lequel une personne donne mandat à un mandataire d’exercer une action,
le prête-nom procédural peut être un mandat occulte. Par exemple, lors d’un crash en
voiture alors que l’on a un omnium, on sera subrogé dans nos droit, l’assureur va aller
au procès, il a qualité.
û D’un statut : les personnes morales identifient dans les statuts les organes qui ont la
qualité.
Il ne faut pas confondre des représentations processuelles avec un mécanisme de substitution
processuelle.
Ce qui vaut pour le demandeur vaut aussi pour le défendeur. La qualité doit se vérifier dans le
champ du demandeur mais aussi dans le chef du défendeur.
D’origine plus récente, la Cour de cassation est venue au secours des personnes morales qui
agissent en justice un peu dans la précipitation : la règle du rétroviseur s’applique ; on n’a pas
qualité à l’origine, on ne peut pas avoir recours à la réparation, il faut réenclencher l’action. En
2014, la Cour de cassation rend un arrêt important qui fait application du mécanisme du
mandat, la ratification avant l’expiration des délais. « L'article 703 du Code judiciaire énonce que
les personnes morales agissent en justice à l'intervention de leurs organes compétents. Le défaut de
pouvoir de l'organe qui intervient pour la personne morale affecte la recevabilité de l'action en raison de
l'absence de qualité de cet organe. Il découle toutefois des articles 1998, alinéa 2, du Code civil et 848,
alinéas 1er et 3, du Code judiciaire que la personne morale peut, avant l'expiration du délai préfix ou du
délai de prescription auquel est sujette l'action, ratifier l'initiative prise par son organe incompétent. Sous
réserve de ne pas préjudicier aux droits acquis par les tiers, la ratification rétroagit au moment de
l'introduction de l'action, qu'elle rend recevable »

§3. L’intérêt
C’est sans doute la condition la plus importante, la plus mouvante, elle n’est pas exclusivement
attachée à la procédure judiciaire. Cette condition est reprise aux articles 17 et 18 du Code
judiciaire – l’article 18 dit quelques mots sur les caractéristiques de l’intérêt. L’article 17 al 2
ne parle que de l’intérêt, l’article 18 continue et traite de l’intérêt,
Il n’y a pas définition de l’intérêt, l’auteur du Code judiciaire ne définit pas l’intérêt dans les
articles 17 et 18. Van Reepinghen donne dans son rapport une définition.
L’intérêt est tout avantage matériel ou moral effectif et non théorique que le
demandeur peut retirer de la demande au moment où il la forme.
La reconnaissance du droit n’est établie (ou non) qu’à la reconnaissance du jugement.

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On peut normalement agir pour tout intérêt au moment où il la forme, si l’intérêt est né en cours
de procès, c’est terminé. Quid si en cours de procès l’intérêt initial disparait ? La Cour de
cassation dit que l’action est recevable mais devenue sans objet, elle sera rejetée.
û « Tout avantage matériel ou moral » : qu’importe l’importance socioéconomique, il n’y
a pas comme en droit romain l’adage : « le juge ne s’intéresse pas des petites affaires »
en droit belge, on peut agir pour un intérêt modeste, voir symbolique.
û « Au moment où il forme sa demande » : c’est la règle du rétroviseur, au moment de
l’introduction de la demande, le demandeur avait intérêt à agir ? Si l’action ne présente
pas un intérêt légal, qu’importe que l’on soit deux ou trois ans plus tard et que l’intérêt
est né en cours d’instance, c’est foutu. Ce qui peut arriver c’est qu’avec l’usure du
temps, l’intérêt vient à disparaitre, d’après la Cour de cassation, l’action reste
recevable, elle est désormais sans objet, c’est en raison du délai déraisonnable que
l’État belge pourra être condamné.
Ce qui vaut pour l’action en justice, vaut pour la défense en justice, il faut un intérêt à soulever
tel moyen de défense.
Quel est la nature de la bestiole ? D’ordre public ou privé ? En d’autres termes, qui soulève la
fin de non-recevoir et le cas échéant à quel moment ? C’est le flou le plus complet dans la
jurisprudence de la Cour de cassation ; ce qu’elle a toujours dit c’est que le défaut d’intérêt ne
peut être soulevé pour la première fois en Cassation, c’est trop tard. Ce qu’elle ajoute à cette
constante est fluctuant. Longtemps, elle a dit que l’intérêt est d’ordre public si bien que le juge
peut soulever le défaut d’intérêt d’office même si le défendeur n’en parle pas. La Cour de
cassation ne cesse de fluctuer : en 2007, elle dit que ce n’est pas d’ordre public. En 2014, il y
a un petit regain, on ne peut pas soulever en cassation pour la première fois mais le juge peut
la soulever à tout moment, cela redevient d’ordre public. En 2017, ce n’est plus d’ordre public.
Le sentiment des juges de fond est de considérer que comme pour la cassation, c’est trop tard
pour soulever l’intérêt, par contre dire que l’intérêt d’ordre public autant que le juge ne pourrait
pas le soulever, choque, soulever les portes de la justice intéresse la justice. Il y a des
procédures unilatérales en procédure judicaire : qui soulève alors le défaut d’intérêt ? Le juge
doit veiller à ce que l’on n’assaille pas le tribunal de bêtises.
Il faut que l’intérêt présente quelques caractéristiques cumulatives :
û L’intérêt doit être direct et personnel
û L’intérêt doit être né et actuel
û L’intérêt doit être légitime
A. L’intérêt doit être direct et personnel
C’est un grand principe de droit judiciaire mais aussi de droit civil, on agit dans une démarche
de protéger ses intérêts propres, ses droits subjectifs, pas pour l’intérêt général – le seul qui
peut agir pour l’intérêt général c’est le Procureur du Roi.
Cependant, il y a des brèches, des avancées vers l’idée que l’on peut agir au nom d’un autre
intérêt que le sien propre.
1. L’action d’intérêt collectif
C’est cette question politique, juridique, philosophique des demandeurs collectifs, c'est-à-dire
d’association dotée de la personnalité morale et qui souhaiterait agir en justice au nom de
l’intérêt collectif, sociétal dont elle s’est dotée. Par exemple, La ligue des droits humains agit
en justice pour dénoncer telle ou telle condition de détention inhumaine indigne.

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Classiquement, la Cour de cassation a toujours refusé : la ligue des droits humains peut agir
en intérêt personnel mais l’action d’intérêt collectif n’est pas acceptée. Même la Cour
européenne des droits de l'Homme n’a jamais censuré pour cela :
Cour eur. D.H., arrêt Ordre des avocats du Barreau de Monaco c. Monaco : l’affaire est
introduite par le Barreau de Monaco, pour l’intérêt collectif la Cour européenne des
droits de l'Homme dans cet arrêt dit que ce n’est pas une victime au sens de l’article
34 de la Convention, « de mesures qui auraient porté atteinte aux droits que la
Convention reconnaît à ses membres, même si cette association a pour objet statutaire
la défense des intérêts de ses adhérents ».
Le mouvement associatif ne se laisse pas faire, ces quarante dernières années, le législateur
n’a pas cessé de bypasser la jurisprudence de la Cour de cassation. D’ailleurs la Cour
constitutionnelle a toujours admis les actions d’intérêt collectif : toute association peut agir. Un
jour, la Cour a été saisie d’une question préjudicielle : n’est-il pas discriminatoire que la Cour
constitutionnelle accepte les recours d’intérêt collectif tandis que pas la Cour de cassation ?
Quelle est la justification raisonnable et raisonnée ? N’est-il pas discriminatoire que dans une
série de législations récentes l’action collective soit consacrée et pas en droit commun ? à la
première question, la Cour constitutionnelle a dit qu’il n’y avait pas de discrimination par contre,
deuxième question préjudicielle, elle rend un arrêt lacune – la Cour constitutionnelle dit que
c’est une discrimination en raison du silence de la loi.
Par la loi du 21 décembre 2018, qui a ajouté l’alinéa 2 de l’article 17 du Code judiciaire : la
Cour de cassation est mise en écart, à condition
û L’objet social de la personne morale est de nature particulière, distinct de l’intérêt
général.
û La personne morale poursuit cet objectif de manière durable et effective, dans le cadre
de l’objet social : c’est le principe de spécialisation. Il ne faut pas que cela maque un
enjeu à l’association. Par exemple : Klimaatzaak. Comme ceci s’applique au pénal, de
plus en plus de constitutions de partie civile reçue grâce à cela, l’action idéologique est
désormais reçue.
û La personne morale agit en justice dans le cadre de cet objet social, en vue d'assurer
la défense d'un intérêt en rapport avec cet objet.
û Seul un intérêt collectif est poursuivi par la personne morale à travers son action.
2. Le recours collectif : l’action en réparation collective : la « class action à la belge »
Ce n’est pas une action d’intérêt collectif : il s’agit d’un représentant de groupe qui va agir au
nom et pour le compte d’un groupe des personnes qui ont toutes un intérêt personnel et propre.
Ce représentant n’a pas un intérêt propre et légitime.
Les articles XVII.35 et s. du Code de droit économique ont instauré pareil mécanisme en droit
belge sous le titre « de l’action en réparation collective ».
Quelques traits :
û L’action est réservée aux consommateurs, c'est-à-dire une personne physique dans le
contexte de leur vie privée et aux petites entreprises.
û L’action se fait uniquement dans certaines matières limitativement énumérées par
l’article XVII.37 – c'est-à-dire tout ce qui relève de la consommation – concurrence,
protection des consommateurs, sécurité des produits et services, assurances,
propriété intellectuelle, distribution d'énergie, transports. Par exemple : la vente d’un
lot de produit surgelé contrefaits.

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û Ces personnes doivent être représentée par un groupe, le représentant du groupe ne


peut être qu’une association de protection des consommateurs.
û L’action relève de la compétence exclusive du tribunal de l'entreprise et de la cour
d'appel de Bruxelles – article 633ter, Code judiciaire.
û La procédure se déroule comme suit: le représentant du groupe se dit qu’il va accélérer
les choses et va proposer soit opt-in – ce que les entreprises craignent le moins, le
représentant du groupe agit et pour l’instant, il est seul, les victimes qui souhaitent se
rallier à la cause doivent opt-in – c'est-à-dire venir se déclarer au greffe – soit opt-out –
c'est-à-dire qu’il faut que la victime doit faire une démarche négative au greffe en disant
qu’il n’en est pas, c’est plus anxiogène de l’entreprise, qui ne mesure pas son risque.
L’opt-in est obligatoire en cas de blessures corporelles. Le tribunal rend une première
décision en disant que l’action est recevable, il y a un manquement dans le chef de
l’entreprise c’est le juge qui décide si la procédure se fera en opt-in ou opt-out.
û Il y a une procédure de négociation de 6 mois. Si cela marche, l’accord de négociation
est homologué judiciairement.
E. L’intérêt doit être né et actuel
Le juge n’est pas là pour donner des consultations futures, il faut que le litige soit né, qu’il ait
éclos. Il suffit de prétendre à un droit subjectif et on verra au fond s’il est recevable.
« L’action peut être admise lorsqu’elle a été intentée, même à titre déclaratoire, en vue de
prévenir la violation d’un droit gravement menacé » (l’article 18 al 2 du Code judiciaire).
F. L’intérêt doit être légitime
Conformément au Code civil, il n’y a pas d’intérêt s’il heurte les bonnes mœurs et/ou l’ordre
public.
On ne peut pas agir en justice pour réclamer l’indemnisation pour la perte de revenu qui était
caché au fisc.
Les notions sont évolutives : il faut faire attention à ne pas plaquer conceptions morales sur
l’action en justice, il faut faire la synthèse des mœurs et de l’ordre public du moment : par
exemple il a fallu attendre 1967, pour agir en justice pour l’indemnisation de la perte du
concubin, 1989 pour que le concubin d’une femme mariée réclame le préjudice du décès
accidentel de la femme.
Civ. Namur (fisc.), 29 janvier 2014 : « La requérante, en demandant l’annulation de la
décision du collège provincial ayant rejeté sa réclamation relative à la perception de la
taxe litigieuse pour le motif que ce dernier ne l’a pas valablement motivée, […] En
vendant du tabac, produit reconnu officiellement comme nuisible à la santé des
citoyens, la requérante considère qu’elle ne fait qu’user de la liberté de commerce
protégée tant par le droit positif belge que par le droit européen. Le tribunal considère
au contraire que la liberté de commerce invoquée par la requérante ne peut se
confondre avec l’interdiction de nuire […]. »
Il ne faut pas que la morale qui n’est pas droit positif s’invite dans les prétoires. L’intérêt direct,
personnel, né et actuel s’apprécie au moment de la saisine, après la Cour de cassation, avec
une exception pour la légitimité, qui doit s’apprécier au moment où l’acte ou le fait litigieux a
été accompli.

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CHAPITRE II. LA DEMANDE EN JUSTICE


La demande en justice est l’acte de procédure qui meut l’action qui l’exprime concrètement,
c’est un acte de procédure qui obéit à des conditions de formes et de fond qui lui sont propres.
Section 1. Définition et portée
§1er. Définition
Il n’y a pas de définition légale.
La demande en justice est l’acte de procédure par lequel le droit d’agir en justice
s’exprime.
§2. Éléments constitutifs de la demande
Toute demande en justice comporte différentes choses :
û Des parties
û Un objet
û Une cause
Il n’y a pas un mot dans le Code judiciaire, c’est une construction évolutive.
A. Des parties
Un litige, une demande suppose un demandeur et un défendeur, plusieurs litiges sont
multipartites. La multiplicité des parties n’affecte pas les règles du Code judiciaire. À titre
exceptionnel, un litige multipartite peut devenir indivisible. Lorsque le litige multipartite est
indivisible, certaines règles du code judiciaire peuvent exprimer certaines particularités. « Le
litige n'est indivisible, au sens des articles (735, § 5, 747, § 2, alinéa 7), 1053, 1084 et 1135, que lorsque
l'exécution conjointe des décisions distinctes auxquelles il donnerait lieu, serait matériellement
impossible » (article 31 du Code judiciaire).

Le Code judiciaire adopte une notion restrictive et matérielle : il n’y a indivisibilité que s’il y a
des risques d’exécution conjointe de deux décisions. Un litige financier est toujours divisible.
Le Code judiciaire ne prévoit rien à propos de l’introduction initiale d’un litige indivisible,
qu’arrive-t-il si quelqu'un veut sortir de l’indivision et oublie l’un des co-indiviseurs ? Il va y avoir
des problèmes et pourtant le Code judiciaire ne dit rien :
Cass., 4 juin 2020 : faute d’un texte exprès, rien ne sanctionne une action introduite
dans un litige indivisible en première instance, qui omet un des protagonistes du litige.
La Cour de cassation ajoute que le tribunal ne pourrait pas d’office appeler à la cause
le chainon manquant – l’article 811 du Code judiciaire interdit au juge de mettre une
partie en cause, il pointe un vide juridique c’est une catastrophe annoncée cette affaire,
rien ne pourra remettre sur les rails un litige indivisible mal introduit au départ.
C’est la règle, cela s’appelle les droits de la défense, l’égalité des armes, à titre exceptionnel,
il existe des cas dans lesquels la demande est introduite de manière unilatérale : c’est
exceptionnel, restrictif parce que l’on porte atteinte à un droit fondamental, celui d’être entendu,
c’est fréquent mais bien cadenassé.
Il y a des cas exceptionnels d’interprétation restrictive d’après la Cour de cassation ; le référé
d’extrême urgence ou d’absolue nécessité : il faut une décision maintenant. Il y a des cas dans
lesquelles le droit doit ménager un effet de surprise légitime par exemple, le droit des saisies,
saisie conservatoire : le but est de geler le patrimoine de l’adversaire qui organise son
insolvabilité, c’est une requête unilatéral pour ménager un effet de surprise légitime si la

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procédure était contradictoire, il pourrait se débarrasser de ces biens. Tous les cas de
juridictions gracieuses dans lesquels il n’y a pas de litige mais il s’agit d’utiliser le pouvoir
judiciaire pour homologuer, comme un notaire. Par exemple, faire renouveler un bail
commercial, une adoption homologation de l’accord de négociation. La Cour de cassation en
1999 a ajouté un cas : le cas dans lequel le demandeur est dans l’incapacité d’identifier les
destinataires de la décision de justice qu’il demande, le cas typique c’est le conflit collectif du
travail : certaines grèves dites sauvages s’annoncent de manière erratique, le patron ne sait
pas qui viendra ou s’il y aura un piquet de grève. Lorsque l’on s’est rendu contre nous une
décision sur requête unilatéral, l’égalité des armes et le principe du contradictoire doit revenir
très vite, la Cour européenne des droits de l'Homme exige un recours : la tierce-opposition.
Aux parties on opposent des tiers : l’intérêt de la notion de tiers c’est l’autorité de la chose
jugée, en droit judiciaire privé, la règle est la relativité de la chose jugée, la chose jugée ne lie
et ne profite qu’aux seules parties, c’est un droit fondamental humain. Il y a des cas dans
lesquelles la décision est opposable erga omnes – filiation, droit des brevets, action en
cessation.
À côté des exceptions, il y a une assimilation : aux parties on assimile les ayants droits c'est-
à-dire les héritiers et les subrogés. Certaines forces probante sont opposables aux tiers ; la
notion de tiers est également très importante dans un concept plus évolutif du litige : il est très
intéressant pour les parties demanderesses et défenderesses de faire intervenir un tiers parce
que justement on aimerait au moins que la décision lui soit opposable, il peut être intéressant
de faire venir un tiers au procès pour demander la condamnation.
G. Un objet
Il n’y a pas de définition dans le Code judiciaire.
L’objet est le résultat économique social ou moral mais en toute hypothèse
factuel que postule le demandeur en justice.
À cause de ce qu’il postule factuellement, le juge ne peut pas modifier, altérer l’objet de la
demande. Le principe dispositif qui est aussi une conception néolibérale du procès, le juge est
lié par l’objet, on dispose de nos droits, le juge ne dispose pas de nos droits, on a même une
trace dans l’article 1138 2° du Code judiciaire: le juge ne peut accorder plus ou autre chose
que ce qui est demandé. Le juge ne peut pas statuer ultra pettita : il ne peut pas accorder plus
qu’il n’est demandé, une victime demande un dommage tout petit et le juge sait que la victime
peut aller bien plus haut, le juge ne peut accorder plus qu’il ne l’est demandé.
Les cas où les juges est autorisé à statuer ultra petita sont peu nombreux : article 5 de la loi
de 1971, les tribunal du travail peut accorder toutes les sommes accordées par la loi. Les
astreintes sont issus d’une convention Benelux, on doit toujours demander l’astreinte mais le
juge peut se montrer plus dissuasif que ce qui lui est le demander.
Le juge ne peut pas non plus statuer infra petita en allouant au demandeur moins que ce que
lui concédait le défendeur.
Quid de l’extra petita : le juge peut-il accorder autre chose ?
Cass. 28 septembre 2012 : Les parties postulent l’exécution forcée de part et d’autre
d’une convention : un contrat de promotion immobilière, dans lequel il n’y a pas
d’architecte or la loi Breyne requiert la présence d’un architecte, c’est d’ordre public,
en 2012, le juge soulève d’office la nullité du contrat mais annule le contrat et pour être
bien sûr, ordonne un huissier de justice d’inscrire son jugement au bureau des
hypothèques : la Cour de cassation dit qu’on a beau être au sommet de l’ordre public,
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le juge ne peut pas modifier l’objet : il devait rejeter, le juge ne peut pas annuler le
contrat alors que personne n’a demandé d’annuler le contrat.
Cass. 4 septembre 2020 : en 2020, il y a eu le même cas, dans lequel il y a eu
revirement de jurisprudence de la Cour de cassation, qui a dit confronter à un contrat
contraire à l’ordre public, le juge peut annuler ce contrat quand bien même les parties
ne le lui ont pas demandé.
Cass., 21 juin 2001 : dans le cas d’un mariage gris, le juge annule le mariage alors
qu’on lui demande le divorce par consentement mutuel, la Cour de cassation casse
cette décision : on a beau être au sommet de l’ordre public, le juge ne peut pas casser
d’office.
L’objet doit être conforme aux bonnes mœurs et à l’ordre public.
Aujourd'hui, la doctrine et la jurisprudence définissent l’objet comme le résultat factuel.
Question : est- ce que l’objet est le résultat juridique ou factuel qui est postulé ? Cela change
tout à fait le rôle du juge : un travailleur deux ans ou un an et demi après le contrat de travail
agit en justice contre ses employeurs pour réclamer des arriérés de rémunération et des
indemnités. La prescription est très courte. Un jour, un juge dit mais il suffirait d’un peu
d’imagination : il appelle cela dommages et intérêts nés de l’infraction de non-paiement de la
rémunération du travailleur, par une loi de 1965 sur la protection de rémunération du
travailleur, ne pas payer son dû est une infraction pénal, et prescription est de 5 ans, la Cour
de cassation a dit non pendant des années, ils modifient l’objet de la prétention. La Cour de
cassation se laisse touchée par l’évolution de la jurisprudence de fond et par un arrêt en 2006,
c’est un revirement de jurisprudence, la Cour de cassation dit que le juge peut mais il doit
appliquer à l’objet sa correcte qualification juridique sans toucher au résultat factuel, concret.
S’il ne touche pas à un cent de la somme demandée, il peut l’appeler comme il le veut.
Par exemple, un justiciable qui demande l’annulation d’une vente d’un véhicule d’occasion du
chef de dol, vente de la chose non conforme. Factuellement, c’est la même chose,
économiquement c’est la même chose, le juge doit.
Un étudiant victime d’un accident qui réclame devant un tribunal de police l’indemnisation de
la perte d’une année d’étude, c’est la perte d’une chance de réussir une année d’université,
est-ce que le juge peut ou doit changer cela : c’est une question d’appellation juridique, tant
que le juge ne touche pas au résultat factuel, si le résultat factuel est changé alors il y a
passage au rouge, on postule l’exécution forcée d’un contrat dont on pourrait demander
l’annulation.
Il y a également l’article 5 du Code judiciaire qui prévoit l’interdiction du déni de justice, le juge
doit statuer sur tous les objets qui lui est demandé d’accorder ou de refuser. Selon l’article
1138 3° le juge ne peut omettre de statuer sur toutes les demandes qui lui sont apportées. Le
juge peut réparer une omission de statuer.
La jurisprudence de la Cour de cassation a connu un revirement important au regard de l’office
du juge, qui invite, par identité de motifs et d’enjeux, au revirement de la jurisprudence
classique selon laquelle le juge appréciant sa compétence ne pourrait pas examiner la
qualification juridique donnée par le demandeur à l’objet de sa prétention. Mais la Cour, dans
un arrêt du 5 novembre 2012, laisse entendre qu’elle n’est pas prête à opérer ce revirement,
dès lors qu’elle y énonce que « la compétence d’attribution déterminée en raison de l’objet de
la demande s’apprécie en fonction de la demande telle qu’elle est formulée par le demandeur
».

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H. Cause
Pour toute demande, il faut une cause. Cette notion n’est pas définie alors qu’elle est
essentielle.
La cause est le fondement de l’objet, la justification, l’explication que le
demandeur entend donner à l’objet de sa réclamation.
Toute de suite a rejailli la même controverse que pour l’objet. Si le demandeur se plante, le
juge qui connait le droit doit se taire, par contre si on dit que la cause est juste les faits tels
que le demandeur les raconte. Par exemple une dame âgée fait ses courses dans un
supermarché de la ligne GB et elle trébuche dans un rayon sur une feuille de salade et se
brise le col du fémur. Elle agit sur pied de l’article 1382 et le juge se dit qu’il y a une prétention
juridique inapproprié, il s’agit d’un vice de la chose complexe au sens de l’article 1384 al 1 : le
juge a modifié la cause de la demande, a changé le fondement juridique suggéré par la dame.
Dans un autre cas à Dinant, les câbles exercent une tension sur la roche qui fait tomber des
pierres sur le toit des voisins, ils attaquent pour un vice de la chose alors que c’est un trouble
anormal du voisinage et le juge requalifie. L’affaire va jusqu’en cassation en 1984 : le juge
change le fondement juridique de la requête.
Cass., 14 avril 2005 : un concessionnaire automobile fait ériger un showroom par un
entrepreneur qui fait appelle à deux sous-traitants, le concessionnaire arrête de payer
car le showroom s’est écroulé sur les voitures. L’affaire va en justice, il y a une expertise
et il est établi par l’expert que le problème vient des poutres. Le problème est que le
sous-traitant n’est pas à la cause, le concessionnaire utilise l’article 1382 de l’ancien
Code civil, il suffisait de prendre l’article 1797 : l’entrepreneur principal répond du fait
de ses sous-traitants. La Cour d’appel de Liège dit que pas la bonne base, elle déboute,
il y a un pourvoi en cassation et pour la première fois, la Cour de cassation accepte et
renforce la compétence du juge : le juge est tenu d’appliquer la règle de droit et la
qualification juridique adéquate aux faits spécialement invoqués par les parties. Face
à des faits allégués, non spécialement invoqués, le juge n’a plus d’obligation mais a le
pouvoir de s’en saisir et d’y appliquer la solution. juridique appropriée.
La Cour de cassation accepte le rôle de juge. Le juge est tenu d’appliquer la règle de droit et
face à des faits alléguer non spécialement évoquer, le juge a le pouvoir de s’en saisir et d’y
appliquer la solution juridique.
Une chose est certaine : le juge ne peut pas s’écarter des faits qui sont portés devant lui, les
faits sont de deux types : ce que les parties se fondent, invoquent et puis il y a toute une série
de faits, simplement allégués, et non spécialement invoqués. Il faut que le fait spécialement
invoqué soit immanquable que les faits sautent aux yeux. Le devoir s’est d’appliquer
correctement la solution juridique appropriée aux faits juridiques.
On peut aller en cassation si le juge ne voit pas les faits non spécialement invoquer. Il faut que
les faits sautent aux yeux.
Ces pouvoirs et ces devoirs sont-ils sans limite ? Non, il y a trois limites :
û Si la cause ce sont les faits, tous les faits, et rien que les faits, cela ne peut être que
ceux du dossier, on ne peut pas se fonder sur des faits issus de science personnelles.
Affaire Pirson : aux débuts des années 2000, un militaire est accusé du double
assassinat de ses enfants, les juges sont allés voir sur internet des articles de chimistes
sur des substances qui s’étaient retrouvés dans les cannettes de Fanta des enfants,
ils ont inséré ces connaissances au dossier, cela a été cassé.

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Cass., 16 janvier 2019 : un juge avait fait des recherches sur internet, il était question
de laisser une femme héberger son bébé dans la prison dans laquelle elle était
incarcérée, c’est passé car la Cour de cassation a estimé que les recherches
personnelles ne s’écartaient pas des faits.
On peut se fonder lorsque c’est des faits notaires, par exemple, sur la circonstance que
la nuit il faut plus obscure que le jour, qu’en hiver les sols sont plus glissants qu’en été.

û Tous ces nouveaux pouvoirs, ces devoirs sont source de surprises pour les
défendeurs : le droit à la contradiction des débats passe par-là : la Cour de cassation
précise toujours que le juge doit toujours veiller au respect du contradictoire : avant de
changer la qualification, il faut laisser la possibilité aux parties de s’exprimer sur cette
possibilité de requalification.

û Il y a un retour du principe du dispositif à travers l’accord procédural, qui est un contrat ;


il s’agit d’un accord en vertu duquel les parties au litige concluent expressément une
convention limitant leurs bases légales et la qualification juridique à telle ou telle base
ou qualification interdisant au juge d’aller chercher plus loin. La Cour de cassation dit
que les parties peuvent par un accord procédural museler le rôle du juge à deux
conditions : il faut que l’accord procédural soit explicite, pour le fond, il faut que cet
accord ne soit pas contraire à l’ordre public. Il y a un ordre public qui s’efface,
aujourd'hui l’ordre public varie selon la portée de la réponse : si l’ordre public est
matériel, il est hors de question de le violer par un accord. Quid d’un accord procédural
par lequel les parties dérogeraient à une règle d’ordre public du Code judiciaire ? Les
choses ont changé :

En 2002 pour la première fois apparait la jurisprudence, il s’agit d’un accident de la


circulation, les victimes introduisent leurs conclusions au début de 1995 et agissent
devant le tribunal de première instance de Bruxelles, or le 1 janvier 1995 est entré en
vigueur la compétence du tribunal de police pour tous les accidents de la circulation,
personne ne voit le problème, ni le demandeur, ni le défenseur, ni le juge. Un appel !
interjeté devant la Cour d’appel, personne ne voit rien non plus, et en 2002, l’avocate
en matière civile pour la cassation découvre l’incompétence, elle va devant la Cour de
cassation pour dire que les tribunaux étaient incompétents : la Cour de cassation
répond que le moyen a beau être d’ordre public, les demandeurs sont sans intérêt à
revenir sur un accord de procédure qu’elles ont consenti elles-mêmes devant les juges
de fond quand bien même il y aurait violation d’une règle d’ordre public du Code
judiciaire.
L’ordre public du Code judiciaire est de moindre importance que l’ordre public matériel.
On ne peut pas sur moyen de procédure dire tout et puis le contraire de tout. C’est la
loyauté procédurale.
§3. Portée et effets de la demande
Quels sont les effets de l’introduction d’une demande ? Les effets sont triples.
A. La demande crée le lien d’instance
Une fois qu’une demande est bien introduite, se crée un lien entre le demandeur et le
défendeur dont vont résulter des droits et obligations.
Le lien d’instance génère des droits et des obligations mais ce n’est pas un contrat judiciaire.
On ne pouvait plus changer la demande. Aujourd'hui cela a changé : le lien d’instance peut

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évoluer, on parle même d’une mutation possible. Ce lien induit des droits et obligations (voir
p. 204).
I. La demande produit des effets sur l’action du juge
Une fois que le juge est saisi d’une demande, il y a tout un catalogue d’obligations
fondamentales pour le juge à respecter : l’article 5 du Code judiciaire interdit le déni de justice
et l’article1138 2° dispose que le juge ne peut statuer que ce sur quoi il est saisi, c’est le
respect de l’objet et de la cause. Attention, le juge peut se prononcer sur les droits des parties
sans être lié par les qualifications juridiques que celles-ci proposent. En proposant une
nouvelle qualification juridique des faits allégués, le juge ne modifie ni la cause, ni l’objet de la
demande.
J. La demande produit des effets à l’égard du droit
Lorsqu’une demande en justice est introduite : elle interrompt la prescription jsuqu’au
prononcé de la décision définitive – article 2244 de l’ancien Code civil, même quand elle est
déclarée nulle (voir page 67) : même si la demande est nulle, elle reste interruptive de
prescription.
La demande fait courir les intérêts judicaires : jusque-là on parle des intérêts moratoires, à
compter du jour de la saisine du juge, on parle d’intérêts judicaires.
S’il n’y a pas eu mise en demeure préalable, la demande en justice vaut mise en demeure.
En cas de cession de droit litigieux : quand on cède un droit qui fait l’objet d’un litige, quand
devient-il litigieux ? À la seconde même où la demande en justice est introduite.
Section 2. Classification des demandes
Les articles 12 à 16 du Code judiciaire procèdent à une classification des demandes.
Une distinction fondamentale est ainsi faite entre, d’une part, la demande introductive
d’instance et, d’autre part, les demandes incidentes.
§1er. La demande introductive
La demande d’introductive d’instance est celle qui ouvre le procès – article 12, al. 2 du Code
judiciaire.
§2. Les demandes incidentes (article 13 du Code judiciaire)
Les demandes incidentes sont celles qui sont formulées dans le cours d’une instance introduite
par la demande introductive. Elles ont pour objet soit de modifier la demande originaire ou
d’introduire des demandes nouvelles entre les parties, soit de faire entrer dans la cause des
personnes qui n’y auraient point été appelées.
A. Les demandes incidentes additionnelles et demandes nouvelles
Elles tendent à modifier la demande originaire.
La demande additionnelle est la demande par laquelle le demandeur originaire
rajoute des accessoires prévisibles (article 808 du Code judiciaire).
La demande nouvelle vise aussi à modifier la demande originaire mais la
demande originaire modifie l’objet ou la cause la demande originaire (article
807 Code judiciaire). Par exemple, invoquer d’autres faits.

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Pour les formes, l’article 809 du Code judiciaire précise qu’entre parties en cause, les
demandes incidentes (additionnelles et nouvelles) sont formées par conclusions.
En ce qui concerne les conditions de recevabilité, il n’y a pas d’obstacles supplémentaires, on
peut faire à tout moment des demandes additionnelles – article 808.
Pour les demandes nouvelles, l’article 807 prévoit deux conditions supplémentaires :
û Il faut des demandes contradictoirement prises et
û Elle doit être fondée sur un fait ou un acte invoqué dans la citation, c’est une exigence
d’un lien de rattachement. La demande nouvelle ne peut pas opérer un changement
radical mais le lien peut être ténu, c'est-à-dire souplement apprécié.
Si le seul changement est de modifier la base légale, ce n’est pas une demande nouvelle car
l’objet n’est pas la base juridique.
Pouvons-nous faire une demande additionnelle ou nouvelle en degré d’appel pour la première
fois ? Oui – article 1042 du Code judiciaire. S’il n’y a pas de réponses explicites à une question
de procédure, on copie colle les solutions prévues en première instance pour le degré d’appel.
La Cour de cassation s’est pliée à la philosophie du Code judiciaire et au regard de l’article
1042, on peut donc former une demande nouvelle pour la première fois en degré d’appel. Il
faut respecter les conditions de l’article 807.
Le double degré de juridiction n’est pas un droit fondamental.
Quelques dispositions particulières prévoient l’introduction simplifiée de certains types de
demandes assimilables à des demandes nouvelles : les demandes de mesure d’avant dire
droit : article 19, al. 3 Code judiciaire et en matière familiale : article 1253ter/7. Ce sont des
demandes nouvelles particulières.
K. La demande reconventionnelle
La demande reconventionnelle est la contre-attaque du défendeur – articles 14, 809, 564 et
620.
La demande reconventionnelle est la demande incidente qui émane du
défendeur et « qui tend à faire prononcer une condamnation à charge du
demandeur » – article 14.
« Entre parties en cause, les demandes incidentes sont formées par conclusions » – article
809 Code judiciaire.
En ce qui concerne la recevabilité, il n’y a pas de conditions supplémentaires. On réclamait
que la demande reconventionnelle ait un lien de connexité avec la demande originaire, mais
la Cour constitutionnelle a condamné cette thèse. À la différence du demandeur, le défendeur
n’a pas demandé à être là. En pratique dans l’immense majorité des cas, on ne va pas faire
une demande reconventionnelle qui n’a rien avoir avec la demande originaire.
L’article 810 dit qu’il ne doit pas avoir un délai trop long entre la demande reconventionnelle.
Puis-je pour la 1ère fois en degré d’appel former une demande reconventionnelle ? Rien n’est
prévu dans le Code judiciaire.
La Cour de cassation dès les années 70 a dit qu’il devait avoir un lien de connexité entre la
demande reconventionnelle et la demande originaire. La Cour de cassation viole l’article 1042,
car elle a pris les conditions de l’article 807 mais l’égalité des armes et l’obligation de loyauté

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requièrent que la demande reconventionnelle formée pour la première fois en appel doive
présenter un lien factuel avec la demande principale originaire.
Par un arrêt du 19 mars 2021, la Cour de cassation abandonne toutes références à l’article
807. En vertu de l’égalité des armes et de l’obligation de loyauté qui requièrent que la demande
reconventionnelle formée pour la première fois en appel doive présenter un lien factuel avec
la demande principale originaire. On se gardera bien de confondre cette problématique de la
formulation d’une demande reconventionnelle en degré d’appel avec la technique de l’appel
incident.
L’introduction d’une demande reconventionnelle peut entraîner des dérogations aux règles
applicables en matière de compétence (article 563 Code judiciaire) et de ressort (article 620).
L. Les demandes en interventions
Bases légales : articles 15 et 16, 811, 812, 813, 814 Code judiciaire.
Les articles 15 et 16 formulent deux distinctions qui vont se superposer et former quatre cas
possibles.
Il faut faire une distinction entre la demande en intervention volontaire et la demande en
intervention forcée.
û Intervention volontaire : le tiers s’invite au procès et y intervient volontairement.
û Intervention forcée : le tiers est forcée à intervenir.
Il y a des interventions agressives et des interventions conservatoires. Cela se rajoute avec
les interventions volontaires et les interventions forcées. L’intervention tend soit à la
sauvegarde des intérêts de l’intervenant ou de l’une des parties (intervention conservatoire),
soit à faire prononcer une condamnation ou ordonner une garantie (intervention agressive).
L’objet se limite à étendre la chose jugée sans la moindre intervention au tiers. C’est plus
laxiste au niveau de l’intérêt.
Quant à la recevabilité au premier degré : Il est exigé par la doctrine que les demandes
d’intervention présentent un lien de connexité avec le litige principal. Il y a une condition de
recevabilité supplémentaire : il va être question du droit de la défense d’un tiers. L’article 812
ne s’applique que pour les interventions forcées. La doctrine et la Cour de cassation considère
que l’article 812 ne s’applique pas aux intérêts conservatoires.
Le législateur a promulgué un article 981 du Code judiciaire qui dit que l’expert quand il a rendu
un avis provisoire on ne peut pas refaire le travail.
Selon l’article 814, l’intervention ne peut retarder le jugement de la demande principale.
Si la tardivité de l’intervention est pathologique, la Cour de cassation dit que c’est irrecevable.
Mais si la tardivité ne découle d’aucune erreur, le juge la dysfonctionne. D’abord la demande
principale ensuite demande d’intervention.
Peut-on faire une demande d’intervention pour la première fois en degré d’appel ? Non, selon
l’article 812, al. 2
Possibilité de lire a contrario : ce qui se passe c’est une intervention conservatoire en degré
d’appel. La Cour de cassation a rendu un arrêt le 18 juin 2020, dans lequel elle dit que toute
demande en intervention conservatoire est recevable.

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La Cour de cassation en déduit, peut-être un peu hâtivement, que l’intervention conservatoire


– même lorsqu’elle est manifestement le prélude à une demande agressive – y est toujours
recevable sans condition – ainsi l’appel en déclaration d’arrêt commun.
La Cour de cassation n’admet pas les interventions d’une partie de première instance.
Section 3. Forme de la demande introductive
§1er. Divers modes d’introduction de l’instance
Au départ, il n’y avait que l’article 700 Code judiciaire, qui posait la typologie et le choix politique
du législateur et prévoit une diversité : citation, comparution volontaire et requête (il en existe
de deux types).
Le mode ordinaire d’introduction de l’instance est, par choix du législateur, la citation. De
commun accord, les parties peuvent aussi comparaître volontairement par le truchement d’une
requête conjointe – article 706 Code judiciaire. Dans les cas prévus par la loi, la procédure
peut être introduite sur requête – article 700juncto, article 1034bis – voire par requête
unilatérale – article 1025 et s. Code judiciaire).
A défaut de texte expresse, on doit introduire l’instance en citation.
On ne peut pas nous empêcher de faire une citation si on peut faire une requête mais selon
l’article 1017 du Code judiciaire, qui parle des dépens, le demandeur même s’il gagne doit
supporter le coût de l’acte. L’autre cas est celui où on fait une requête mais on n’est pas
autorisé à le faire et dans ce cas, il y a une nullité. La plupart des nullités sont réparables par
le constat d’absence d’un préjudice.
Il y a le cas précis de l’article 1253ter du Code judiciaire, devant le tribunal de la famille, dans
lequel le législateur offre la possibilité de choisir de manière neutre entre la citation et la
requête, il n’y a pas de hiérarchie. Le seul enjeu est alors la rapidité de la procédure.
A. La citation
La citation est la forme classique de l’introduction de la demande.
La citation est l’acte d’huissier de justice par lequel le demandeur cite son
adversaire à comparaître devant le juge.
La rédaction de cet acte fait l’objet d’une réglementation précise, la citation obéit à un
formalisme minutieux – article 43 juncto (tous les exploits d’huissier), article 702 du Code
judiciaire. Le respect de ce formalisme est prescris à peine de nullité.
Cet acte est porté à la connaissance du défendeur par signification. Il implique, pour que le
juge soit effectivement saisi, la mise au rôle de l’affaire.
Concrètement, l’avocat du justiciable rédige un projet de citation avec les mentions requises
par ces articles. Il libelle la cause. Comme l’avocat n’est pas huissier, il transmet le projet à un
huissier qui va opérer la signification de l’exploit. Il prend les dispositions pour trouver le
défendeur. Une fois que la signification est faite, l’huissier retourne avec l’original de la citation.
Il va inscrire l’affaire au rôle, ce qui va opérer la saisine du magistrat.
Articles 711 et s. : l’huissier va au greffe pour inscrire l’affaire au rôle. L’article 717 dit que
l’inscription au rôle doit se faire au plus tard la veille de l’audience. Si ce n’est pas fait, il y a
une suspension de l’audience. Une fois la formalité accomplie, elle opère effet rétroactif. C’était
l’huissier de justice qui devait payer. Avant il fallait payer les droits de rôle à l’entrée,
maintenant, la mesure est strictement administrative, selon l’article 269/2 c’est à la fin du
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procès que ces droits de rôles vont être payé par le demandeur sauf si le défendeur a perdu.
Le juge pourrait répartir la charge des droits de rôle. Cela varie entre 50 et 405€, par exemple,
en cassation, c’est très cher et dans certaines matières, il n’y en a pas.
M. La comparution volontaire des parties ou requête conjointe des parties
Au niveau de la terminologie, le Code judiciaire parle de requête conjointe et de comparution
Normalement, l’introduction de l’instance se fait par citation sauf s’il y a un texte particulier.
Selon l’article 706, les parties peuvent dans tous les cas sauf exceptions légales comparaitre
volontairement. Les justiciables peuvent faire l’économie d’une citation en comparant
volontairement. Le litige va être introduit car on n’a pas d’accord mais on veut en découdre en
justice et s’économiser les frais d’exploit d’huissier.
Il y a des formalités à respecter. La requête conjointe doit être signée et datée par les parties.
En général c’est le demandeur qui fait le projet, le soumet à l’avocat de son adversaire. On
expose l’objet et la cause, on identifie le juge compétent et les parties, on signe et on date.
Soit on va la déposer physiquement au greffe, soit on envoie par courrier recommandé.
Ensuite, le procès s’enclenche. Il n’y a pas besoin d’être convoqué car on sait que l’on va
comparaitre ; on va juste inscrire l’affaire au rôle.
Cette alternative n’est possible que devant les juridictions de premier ressort, elle n’est pas
possible devant les juridictions d’appels et la Cour de cassation. L’opposition et la tierce
opposition peuvent être formés par requête conjointe.
N. La requête
La requête est un acte de procédure introductif unilatéral.
Il s’agit de l’article 700 du Code judiciaire. La citation est la règle mais il y a des possibilités de
déroger avec un texte légal. C’est un choix politique de faire baisser cette exigence.
1. La requête bilatérale ou contradictoire
Ce mode simplifié d’introduction d’une procédure contradictoire ne peut néanmoins, à peine
de nullité – article 700 Code judiciaire – être utilisé que dans les cas expressément prévus par
la loi.
Le justiciable rédige un projet de requête, on by-pass l’huissier et on s’adresse au greffier.
C’est le greffier de la juridiction qui va notifier la requête par pli judiciaire à/aux
défendeur.resse(s), on a affaire à un envoi postal. Il faut un texte exprès.
Ainsi en va-t-il de toutes les demandes principales portées devant le tribunal de la famille –
article 1253ter Code judiciaire (pour les affaires au fond) et article 1253ter/4 §2 (pour le quasi-
référé) – devant le tribunal du travail – article 704 Code judiciaire – du contentieux du louage
des choses – article 1344bis Code judiciaire.
La requête présume que le.a demandeur.resse est défavorisé.e par rapport au.à la
défendeur.resse et on fait une sorte de cadeau au plus faible. La sécurité juridique est un
problème de forts.
Le mode d’emploi se fait aux articles 1034bis à 1034sexies du Code judiciaire. Les articles
1034bis à 1034sexies du Code judiciaire, introduits par la loi du 3 août 1992, règlent désormais
la forme et le mode de communication de l’ensemble des requêtes contradictoires, sauf pour
les formalités et mentions régies par des dispositions légales non expressément abrogées et
sauf pour la requête visée à l’article 704, § 2, du Code judiciaire, tel que modifié par la loi du
13 décembre 2005 (aide juridique et matières relevant de la sécurité sociale).
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L’article 1034bis confirme la règle selon laquelle une demande principale est, en principe,
introduite par citation, la requête n’étant utilisée que dans les cas expressément prévus par la
loi. C’est un copié-collé de l’article 700.
L’article 1034ter énumère six mentions que la requête doit contenir à peine de nullité : la date,
l’identité du requérant, son numéro de registre national ou numéro d'entreprise, l’identité de la
personne à convoquer, l’objet et l’exposé sommaire des moyens de la demande, l’indication
du juge saisi de la demande et la signature du requérant ou de son avocat.
Conformément à l’article 1034quater, un certificat de domicile de la personne à convoquer,
délivré par l’administration communale, ou un extrait du registre national des personnes
physiques (loi du 13 décembre 2005), et ne portant pas une date antérieure de plus de quinze
jours à celle de la requête, doit être joint à la requête, sauf lorsque l’instance a déjà été
introduite antérieurement au moyen d’une citation ou en cas d’élection de domicile, le tout
également à peine de nullité.
Faute de pouvoir utiliser ce mode déformalisé, on fait une citation. Par exemple si le défendeur
n’a pas de domicile judiciaire en Belgique.
2. La requête introductive d’une procédure unilatérale
La requête introduit ici une procédure véritablement unilatérale, c’est-à-dire non contradictoire.
Pareil mode exceptionnel d’introduction de la demande ne peut être admis que dans les cas
prévus par la loi : ainsi est-il recouru à pareille requête là où le président est amené à statuer
au provisoire :
û En cas d’absolue nécessité ou d’urgence (art. 584) : on ne peut se permettre de
convoquer le défendeur plus tard.
û Les procédures gracieuses : il n’y a de condamnation à solliciter. On veut faire
homologuer le renouvellement d’un bail commercial par exemple. On obtient la requête
unilatérale.
û Le justiciable veut/peut ménager un effet de surprise au/à la demandeur.resse : si on
l’avertit, il va partir. Le législateur nous ménage légitimement un effet de surprise. C’est
un ajout de la Cour de cassation dans le cas des conflits collectifs de travail. Parfois,
certains grévistes ne sont pas identifiables. C’est restrictif et attentatoire à la défense,
donc on doit faire attention. Il y a des recours particuliers comme la tierce opposition.
La requête introductive d’une procédure unilatérale est subordonnée à l’accomplissement de
formalités rigoureuses prévues à peine de nullité à l’article 1026 du Code judiciaire. À peine
de nullité la requête introductive d’une procédure unilatérale doit – à moins que la loi n’y déroge
- être obligatoirement signée par un avocat (art. 1026, 5° du Code judiciaire ; ratio legis). C’est
un acte solennel attentatoire aux droits de la défense, c’est pour cela qu’on exige la signature
d’un.e avocat.e.
L’application de l’article 861 nous paraît exclue en présence d’une nullité affectant une requête
unilatérale. En ce cas, faute d’un défendeur apte à soulever l’exception, c’est au juge qu’il
appartient de la relever d’office, ainsi que le suggère l’article 1028 du même Code. Ces nullités
vont être soumises à un régime différent si elles affectent les acts bilatéraux ;
§2. Analyse du procédé normal d’introduction : la citation
La citation est un acte d’huissier. Cet acte doit contenir un certain nombre de mentions (art.
43juncto art. 702, Code judiciaire). Cet acte est porté à la connaissance du défendeur par sa
signification.

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A. Les mentions
Outre les mentions communes à tout exploit d’huissier (article 43 Code judiciaire), l’exploit de
citation doit, à peine de nullité, contenir les mentions indiquées à l’article 702 du Code
judiciaire. Trois catégories de mentions sont à cet égard essentielles :
1. Identification des parties
C’est l’identification du/de la demandeur.resse : il faut le(s) nom(s), prénom(s) et le domicile.
Ensuite, en fonction du type de personne, il y a des précisions : le cas échéant, son numéro
de registre national ou numéro d'entreprise doivent être indiqués. Si le demandeur est une
entreprise, il y a lieu d’observer l’article III.26 du Code de droit économique, en vertu desquels
l’indication du numéro d’entreprise du/de la demandeur.resse est requise à peine de remise
de la cause. Si le demandeur est une personne morale, son identification se fait par l’indication
de sa dénomination, de sa nature juridique et de son siège social (art. 703 du Code judiciaire).
S’agissant de l’identification d’un groupement dépourvu de la personnalité juridique, on se
référera à l’article 703, § 2, du Code judiciaire, il y a une facilité : on peut se dénommer, se
donner un mandataire, qui n’est pas le/la demandeur.resse juridique. C’est uniquement pour
la présentation, ce n’est pas juridique.
Pour le/la défendeur.resse, l’article 702 du Code judiciaire impose que la citation contienne les
nom, prénom et domicile ou, à défaut de domicile, résidence du cité. Ces mentions sont
prescrites à peine de nullité.
Il y a lieu de relever un cas particulier réglé par l'article 705 du Code judiciaire, en ce qui
concerne l'État fédéral de Belgique. Si un.e ministre est cité.e comme défendeur dans une
instance conteste que le litige entre dans ses attributions, il lui appartient de se substituer, in
limine litis (à l’entame du procès), le/la ministre intéressé.e. Cette facilité n'est pas applicable
là où il s'agirait de substituer à l'État la Région ou la Communauté.
2. Objet et cause
L’article 702,3° du Code judiciaire impose que la citation contienne l’objet de la demande ainsi
que « l’exposé sommaire des moyens », c’est-à-dire des faits générateurs de la prétention.
La sanction est exceptio obscuri libelli – article 860 et s., Code judiciaire. On comparera cette
exigence avec celle de l’article 744, al. 1er, 3°, du Code judiciaire, en vertu duquel « les
conclusions contiennent [...] les moyens invoqués à l’appui de la demande ou de la défense
[...] ».
En règle une citation ne peut introduire qu’une seule demande principale. L’article 701 du Code
judiciaire précise cependant que diverses demandes entre deux ou plusieurs parties peuvent,
si elles sont connexes, être introduites par le même acte. Cette règle permet, au plan
procédural, la mise en application du principe inscrit à l’article 565 du Code judiciaire.
Le juge n’est pas lié aux bases légales, donc le demandeur n’est pas non plus lié aux bases
légales. Les conclusions doivent contenir les moyens.
Si les parties ne disent rien du tout en droit, le juge dira le droit si les parties n’ont pas voulu
participer au débat. La Cour de cassation est cohérente car elle dit que le juge n’est pas lié.e
par les bases légales donc le/la demandeur.resse non plus. Ce dernier peut se contenter de
narrer le litige de purs faits. Les conclusions doivent mentionner les moyens de droit. Le juge
dit le droit en permettant aux parties de s’expliquer.

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3. Juridiction et audience
L’exploit doit indiquer de la manière la plus exacte et précise possible la juridiction compétente.
C’est à peine de nullité. On doit aussi mentionner l’audience.
L’huissier reçoit un projet de citation de la part de l’avocat. Comment sait-il à quelle audience
le défendeur sera convoqué ? L’huissier sait que le tribunal de l’entreprise siège tous les jours,
etc. L’huissier identifie donc les audiences possibles mais il ne peut pas y aller au hasard.
C’est l’article 707 : la citation doit ménager un délai de convocation. C’est le délai de citation
qui va s’écouler entre le jour de la signification et le jour où le défendeur va comparaitre. Cet
article pose un standard : délai de huitaine. À peine de nullité, c’est l’article 710, et donc les
délais de citation doivent être respectés.
Le calcul des délais s’appelle la computation des délais. Puis-je convoquer mon défendeur le
8ème jour ou ce délai ne peut-il aboutir que le neuvième jour car on protège les droits de la
défense ? 8 jours c’est le délai standard. Ce délai peut être à la fois allongé (prorogé) ou
abrogé. Un même délai peut être les deux : d’abord prorogé et puis abrogé. Parfois le délai
est d’abord abrégé :
û Cas légal : article 1036 du Code judiciaire : en référé, le délai est de deux jours.
û Cas judiciaire : soit le délai de 8 jours soit le délai de 2 jours. Si on prend le délai normal,
le délai est un peu long mais on ne veut pas aller en référé. L’article 708 pose un effet
de surprise et requête unilatérale. On va avec une requête unilatérale, signée par un
avocat, à la porte de notre futur juge (on ne l’a pas encore saisi). On lui dit qu’on a un
délai d’autant de jours, on explique la situation et notre peur du référé et on demande
au juge d’abréger le délai de quelques jours mais plus que le délai de référé.

On obtient le délai, on va devant l’huissier pour qu’il le signifie. 


La loi permet au juge de faire ça. La loi se montre plus catégorique encore lorsqu’il s’agit d’une
situation d’urgence. Là, nous sommes en référé. L’article 1036 du Code judiciaire dit que le
délai normal de citation pour convoquer le défendeur en référé est de deux jours.
Parfois, ce n’est peut-être pas encore suffisamment nerveux, et existe le référé d’hôtel. L’article
1036 dit au demandeur que si l’urgence est telle que le délai de citation en référé reste encore
inefficace, on peut, à nouveau, par requête unilatérale abréviative du délai de cité, ramener ce
délai de 2 jours à 1 jour, 12 heures, 8 heures. Même topo qu’avant: on va encore plus vite
auprès du président des référés, on lui soumet une requête abréviative du délai de cité en
référé, il y fait droit et réduit le délai. On retourne chez l’huissier et on a l’autorisation de citer
le défendeur plus tôt. Tout ça pour éviter d’aller se casser la figure dans le stade ultime de
l’urgence: l’extrême urgence, l’absolue nécessité de l’art 584, dernier al, qui permet de saisir
le juge des référés d'une requête unilatérale. La tentation est forte, quand on a une requête
très urgente, de faire une requête unilatérale. Mais le président peut dire qu’on aurait pu,
conformément à 1036, soumettre une requête abréviative. Et on se fait rejeter. Donc les
requêtes abréviatives sont des outils qui permettent d’éviter de se faire débouter par les juges
des référés au motif qu’il n’y a pas urgence ou extrême urgence.
Pourquoi appelle-t-on ça le référé d’hôtel? Parce qu’il se peut qu’avec ce jeu de la requête
abréviative, on se trouve à plaider l’affaire non pas au palais de justice mais dans l’hôtel, donc
à l’appartement ou à la maison du président.
Ça, c’est pour la phase compressive de l’accordéon.

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Si on passe au rallongement des délais, on doit se rendre à l’article 709 pour le délai devant
le juge du fond, et à nouveau 1036 pour le délai de référé. Ces articles, en chœur, disent que
les délais de citation doivent être rallongés conformément à l’article 55. Cet article fait partie
des articles, au début du Code judiciaire, qui régissent la computation, c’est-à-dire le calcul
des délais. L’article 55 dit que quand le défendeur n’est domicilié nulle part en Belgique, et
comme il est à l’étranger, on présume qu’il va devoir faire un périple pour arriver en Belgique
et donc on rallonge son délai pour qu’il puisse préparer sa défense et se rendre en Belgique.
û Les délais de citation sont rallongés de plein droit de 15 jours quand le défendeur réside
dans un pays limitrophe ou au Royaume-Uni. Le délai standard est de 8 jours, + 15, ça
fait 23. En référé, c’est 17.
û Les délais de citation sont rallongés de 30 jours quand le défendeur réside dans un
autre pays d’Europe. Qu’est-ce que l’Europe, en 1963 quand l’article est écrit? Il
semblerait que ce soit l’Europe géographique, en sorte que la Turquie et la Suisse sont
visées par cette prorogation.
û Le délai est prolongé de 80 jours lorsque le défendeur réside dans une autre partie du
monde (dans un des 4 autres continents).
C’est là que l’accordéon prend tout son sens: citer Google en référé, ça n'a pas de sens! Que
fait-on alors? Tant que ces dispositions ne sont pas abrogées, on joue à l’accordéon. Le délai
légal est de 82 jours, mais au lieu de traîner 82 jours, on saisit le futur juge des référés en
requête abréviative. Idem pour les délais de fond.
Last but not least :
û Le délai de citation s’applique à l’identique pour le délai de convocation des requêtes.
La requête est notifiée aux mêmes délais.
û Quelle serait la sanction applicable au non-respect de l’huissier, c’est-à-dire lorsqu’il
n’est pas laissé suffisamment de temps au défendeur, quand le délai a été abrégé
illégalement? L’article 710 dit que c’est un cas de nullité de la requête. La citation donne
lieu à une signification.
CHAPITRE III. LES DÉFENSES
Le droit subjectif d’action du défendeur se concrétise dans des actes de procédure appelées
« les défenses ».
Il ne faut pas confondre des concepts faussement amis : la demande reconventionnelle, qui
est la contre-attaque du défendeur et l’attitude du défendeur qui se défend.
Il y a trois sortes de défenses : les défenses au fond, les exceptions, les fins de non-recevoir.
Section 1. Les défenses au fond
Il n’y a pas de définition par le Code judiciaire : le défendeur croise le fer, engage le combat
sur le fond de la demande, il combat l’objet en rencontrant la cause et les moyens. Par
exemple, le/la demandeur.resse invoque une créance, le défendeur dit qu’il a payé, le/la
demandeur.resse invoque un contrat, le défendeur dit qu’il est nul, invoque une faute, mais
pas de lien causal.
Qui peut soulever quoi à quel moment ? La réponse est simple et découle de l’évolution :
aujourd'hui, le défendeur peut soulever ses défenses au fond quel que soit leur nature à tout
moment du procès. Ce n’est pas la nature de la règle de droit applicable qui va influencer le
régime de ces défenses au fond ; depuis 2005, la jurisprudence de Cassation dit que ce qui
compte pour l’équation des défenses c’est la place des faits. « N’est pas nouveau le moyen de

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pur droit pris de la violation d’une disposition légale que le juge était tenu d’appliquer à la contestation
qui lui était soumise ».

Section 2. Les exceptions


Les exceptions sont des moyens de défense régis par les articles 851 et suivants du Code
judiciaire ainsi que par des dispositions particulières ultérieures.
Les exceptions sont des moyens de défense qui n’engagent pas le débat sur le
fond mais touchent exclusivement à la régularité de la procédure et qui vont
mener tantôt à la suspension de la procédure tantôt à l’arrêt de la procédure.
Le défendeur croise le fer sur la forme, avec comme conséquence le plus souvent le gel du
procès ou l’arrêt du procès.
§1er. Classification des exceptions
Il y a trois familles : les exceptions dilatoires, les déclinatoires de compétences et les
exceptions de nullité.
A. Les exceptions dilatoires
C’est l’idée de ce qui retarde, ce sont des exceptions de procédure touchant à la régularité qui
vont avoir pour effet lorsqu’elles sont accueillies de retarder/différer le cours du procès mais
sans l’arrêter.
û L’exception du demandeur étranger – articles 851 et 852 Code judiciaire – a été
condamné par la Cour constitutionnelle comme étant parfaitement discriminatoire si ce
n’est même à la limite de l’atteinte ethno-raciale du demandeur. Elle permet au/à la
défendeur.resse belge d’exiger du/de la demandeur.resse de fournir caution car on
craint qu’il fuit sans payer le/la défendeur.resse. Le procès reprend quand la caution
est constitué par le demandeur étranger.
û L’exception pour faire inventaire et délibérer – article 853 Code judiciaire – l’héritier
dispose d’une option à trois branches : accepter, refuser soit accepter au bénéfice
d’inventaire, c'est-à-dire mesurer l’actif et la passif, tenu que dans les limites de la
succession.
û L’exception déduite de l’appel en garantie – article 857 Code judiciaire.
û L’exception d’incapacité qui est purement prétorienne : lorsque le/la demandeur.resse
est confronté.e à un.e défendeur.resse incapable, il y a un problème de capacité
d’exercice, c’est un outil offert au demandeur. Si l’exception est soulevée, le procès
se fige jusqu’à ce que le/la représent.e légal.e déclare reprendre le procès (ou pas)
correctement.
û L’exception de médiation – article 1725 Code judiciaire : (page 108 syllabus), on a dans
un contrat une clause de médiation (fait son apparition de plus en plus dans les contrats
de commerce) en vertu de laquelle les parties s’engagent en cas de différent de tenter
une médiation, si une partie au mépris de cette clause et va chez le juge, la procédure
n’est pas déboutée, elle est retardée jusqu’à ce qu’une partie revient en procédure
avec la preuve que la médiation a échoué.
û La surséance à statuer d’office aux fins d’envisager le recours aux MARL (article 730/1
§2 Code judiciaire) : le juge depuis 2018, peut à tout moment du procès surseoir à
statuer, suspendre le cours de la procédure s’il sent qu’il y a un parfum des médiation,
le juge peut dire qu’ils vont tenter un mode alternatif.
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û Article III.26 Code de droit économique : le/la demandeur.resse doit indiquer son
numéro d’immatriculation à la Banque carrefour des entreprises, s’iel ne le fait pas, le
procès est suspendu jusqu’à ce que la preuve de l’immatriculation soit apportée.
û Défaut de comparution personnelle devant le tribunal de la famille – articles 2153ter/2
et /3 : dans la plupart des procédures devant le tribunal de la famille, les parties quand
elles ont des enfants communs, doivent comparaitre personnellement à l’audience
d’introduction et à chaque audience où il est question de leurs enfants.
û Représentation d’une personne morale – article 703 al 4 du Code judiciaire : le
demandeur est une personne morale, le/la défendeur.resse par suspension ou
méfiance soulève une exception dilatoire en disant qu’il aimerait bien qu’on lui prouve
quels sont les organes de représentation.
û Suspension de la procédure en l’absence de mise au rôle – article 717 du Code
judiciaire : c’est une procédure administrative ; le greffe est saisi du dossier et va
l’inscrire au rôle, quand cette formalité doit-elle avoir lieu ? Au plus tard la veille de
l’audience, si ce n’est pas fait, il y a un exception dilatoire.
û Suspension de l’audience d’introduction en appel en cas de non-paiement des dépens
d’instance – article 1057 8° du Code judiciaire : lorsque l’on est appelant.e,
condamné.e au dépens de la première instance on introduit la requête d’appel mais si
on n’a pas payé les frais de justice à l’adversaire, il y a surséance.
O. Les déclinatoires de compétence
Les déclinatoires de compétence sont des défenses en vertu desquelles le juge
saisi par le/la demandeur.resse n’est/ne serait pas compétent.e matériellement
ou territorialement.
On va assimiler les exceptions de connexité et de litispendance qui se produisent lorsqu’il y a
lieu de joindre devant un seul juge des affaires éparpillés devant plusieurs juges.
P. Les exceptions de nullité
Les exceptions de nullité sont des exceptions soulevées car elles dénoncent
l’irrégularité d’un acte de procédure.
Le/la défendeur.resse élève à l’encontre de la poursuite de l’instance un obstacle déduit de la
méconnaissance d’une formalité légalement assignée à l’accomplissement d’un acte de
procédure.
Les conditions des exceptions de nullité se trouvent aux articles 860 et suivants du Code
judiciaire.
Par exemple, le/la défendeur.resse soutiendra que la citation comporte un vice de forme, ou
encore une violation du délai de huitaine qui doit conduire le tribunal à la déclarer nulle.
Le constat de nullité n’empêche pas la réitération de l’action, ce d’autant moins que la loi du
16 juillet 2012 modifiant le Code civil et le Code judiciaire en vue de simplifier les règles qui
gouvernent le procès civil ayant judicieusement abrogé la phrase « si la citation est déclarée
nulle » de l’article 2247 du Code civil, la citation quoique déclarée nulle, conserve l’effet
interruptif de prescription que lui attache l’article 2244 du même Code.

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§2. Régime procédural des exceptions


Qui soulève et quand ? La tendance lourde des dernières années est de dire que les
exceptions sont en nombre de plus en plus nombreux d’ordre privé c'est-à-dire que seul le
défendeur est autorisé à soulever l’exception et cette exception doit être soulevée à l’entame
du procès, dans les premières conclusions du défendeur. Les auteurs, la jurisprudence et le
législateur veulent déformaliser le procès c'est-à-dire éviter de plomber le procès par des
sanctions disproportionnées, énergivores.
La plupart des exceptions sont de ce type-là, la preuve se trouve aux articles 854 et 856 qui
parlent des déclinatoires de compétences.
La tendance ultra lourde est celle de tenir les exceptions de nullité comme étant seulement
d’ordre privé avec comme conséquence que seul le/la défendeur.resse peut soulever les
exceptions de nullité et s’iel le fait, iel doit le faire dans ses premières conclusions.
Section 3. Les fins de non-recevoir
On reconnait le vocable de recevabilité cela touche à l’existence même du droit d’action : il
faut que le droit d’action repose sur un triple pilier : c’est l’existence même du droit d’action qui
est contestée au/à la demandeur.resse par le/la défendeur.resse, ce n’est pas le fond du droit
ni des histoire de procédure, pas uen défense au fond mais peut mener au rejet d’action.
On parle de l’intérêt, de la qualité pour agir, on va rajouter deux figures : la prescription qui
entraine une fin de non-recevoir, lorsqu’une prescription fait jour il y a matière à fin de non-
recevoir. L’autorité de la chose jugée si elle est vérifiée donne lieu à une fin de non-recevoir.
Si le délai requis par la loi pour agir n’est pas respecté, tous les délais qui sont assortis., il y a
une fin de non-recevoir. La fin n‘est jamais explicite et doctrine et jurisprudence semble
hésitante sur certaines.
û À propos de l’intérêt, la Cour de cassation hésite sur la qualité de la fin de non-recevoir.
À ce stade, on peut dire que la fin de non-recevoir né du défaut d’intérêt, le/la juge peut
la soulever d’office, ne doit pas, le/la défendeur.resse peut la soulever. En cassation
c’est trop tard, mais on peut le soulever à tout moment du procès, y compris en appel
pour la première fois.
û À propos de la qualité à agir, la Cour de cassation a toujours considéré que la fin de
non-recevoir n’est pas d’ordre public, le/la juge ne peut pas soulver d’office, on ne peut
pas soulever par la première fois en cassation, mais on peut à tout moment du procès.
û À propos de la prescription – article 2223 de l’ancien Code civil : le/la juge ne peut pas
soulever d’office la prescription. La Cour de cassation dit que quand la matière est
d’ordre public alors la prescription devrait l’être, ce qui est contra legem, car le texte ne
fait pas d’exception.
û Quid de la fin de non-recevoir de l’autorité de la chose jugée : l’article 27 al 2 dit que
le/la juge ne peut pas soulever d’office. Il y a critique de la doctrine, le droit français a
changé son texte, la Cour de cassation ne cesse de dire que la chose jugée est d’ordre
public en droit familial, droit pénal.

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TITRE II. LES ACTES ET LES DÉLAIS


La forme est l’ennemie jurée de l’arbitraire, la forme est la sœur jumelle de la liberté, la forme
est aussi la forme maitresse de la mesquinerie.
Une procédure est jalonnée de formes ainsi que de délais bien cadencés, qui sont des
garanties du procès équitable dans ce qu’il a de plus fondamental, derrière chaque règle de
forme il y a l’égalité des armes, les droits de la défense, le droit d’accès au juge, c’est
fondamental mais très vite, on peut utiliser les formes et les délais pour embêter l’adversaire.
Or le droit judiciaire belge est un petit modèle d’équilibre entre ces formes et délais qui
garantissent les bonnes fins du procès équitable et les excès, à travers ces deux théories, le
droit belge à l’aide de la doctrine et la jurisprudence tend à réaliser un superbe équilibre entre
la forme et les délais comme fin mais à l’abri de l’inutile desséchant.
CHAPITRE IER. LES ACTES DE PROCÉDURE
Section 1. Notion et classification des actes de procédure
Il n’y a pas de définition dans le Code judiciaire, la Cour de cassation donne une définition :
L’acte de procédure est un acte juridique accompli dans le cadre d’une
procédure judiciaire ou qui vise à réaliser une voie d’exécution c'est-à-dire une
saisie.
Il faut étoffer cette définition : qui peut accomplir les actes de procédure ? Le justiciable lui-
même, les mandataires ad litem c'est-à-dire l’avocat, les officiers ministériels, auxiliaires du
juge, tiers au procès comme les experts, les témoins.
La plupart des actes de procédure sont écrits, qui dit écrits dit besoin d’un certain degré de
formalisme pour que ces actes de procédure écrit satisfassent aux exigences du procès
équitable. Ne sont pas des actes de procédure des consultations faites dans une entreprise,
ou la transaction.
Un grand absent dans la famille des actes de procédure est la décision de justice – dont
l’auteur est le juge – une décision de justice rendue par un juge n’est pas un acte de procédure,
la théorie des nullités ne s’applique pas aux décision de justice parce que la théorie de nullités
ne s’applique qu’aux actes de procédures. (Voir page 144) il y a un certain formalisme du
jugement, ils obéissent dans leur libellé et leur sanction à un régime particulier. Ce n’est pas
à une exception de nullité qu’un jugement s’expose mais uniquement à un recours, ou le cas
échéant, à une rectification (articles 20 et 794/1 Code judiciaire). Ce n’est pas la théorie des
nullités qui lui est application mais un contrôle particulier qui – spécialement au niveau de la
Cour de cassation – comprend non seulement la contravention à la loi mais également la
violation des formes substantielles, soit prescrites à peine de nullité.
Section 2. Communication des actes de procédure
L’idée fondamentale derrière c’est les droits de la défense. Il importe que l’acte de procédure
soit porté à la connaissance de son destinataire, qu’il s’agisse d’une partie, du juge ou même
d’un tiers. Cette communication peut se réaliser selon deux modes qu’il importe de bien
distinguer : le mode de signification qui s’applique aux communications faites par exploit
d’huissier à la requête d’une partie; le mode de notification qui s’applique à la transmission de
l’acte de procédure par voie postale.

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§1er. La signification
On préfère la signification, normalement c’est la signification qui est la voie à suivre pour porter
un acte à connaissance de son destinataire.
La signification est la remise de l’original ou d’une copie de l’acte par exploit
d’huissier (article 32 1° Code judiciaire).
Comment cela se passe-t-il ? Pourquoi y-a-il tant de sécurité qui s’attache à ce processus ?
D’abord car ce sont des professionnel.le.s du droit et qui se fait selon la loi une déontologie et
une feuille de route.
La feuille de route se trouve aux articles 33 à 40 du Code judiciaire :
û L’huissier doit d’abord tenter de signifier à personne, où qu’elle se trouve, l’huissier doit
tenter de mettre la main sur la personne, il n’y a pas plus sûr – articles 33 et 34 Code
judiciaire).
û Si l’huissier ne parvient pas à trouver cette personne, il y a matière à signifier à domicile
ou à résidence ou si c’est une personne morale, au siège social ou administratif : la
personne elle-même n’est pas là mais il y a du monde au domicile, à la résidence ou
dans la société/administration. L’article 35 dit que remet en main propre à un parent,
allié.e, un préposé, ou à un serviteur du destinataire.
û Si l’huissier ne met pas la main sur la personne, et que c’est porte close, c’est l’article
38 : il y a matière à signification par dépôt, cela signifie que l’huissier dépose le plis
dans la boite aux lettres au domicile/siège social, le premier jour ouvrable, l’huissier
envoie une lettre au destinataire pour dire qu’il est passé.
û Article 38 §2 : si l’huissier ne trouvant personne constate soit qu’il est matériellement
impossible de procéder à la signification, il y a la signification entre les mains du
Procureur du Roi, c’est la signification à parquet.
û Il peut advenir que la signification soit faite par la poste dans tous les cas où le
destinataire de l’exploit est de toute évidence domicilié.e ou résident.e à l’étranger et
qu’un instrument international permet cette signification postale internationale.
û Quid lorsque le destinataire est domicilié.e dans un État pas partie à une convention
ou règlement qui lie la Belgique ? C’est l’article 40 Code judiciaire : l’huissier procède
à la signification postale.
û Quid quand rien ne va ? Il y a alors une signification à parquet – article 40 al 2.
Pour ce qui est du domicile, il faut consulter l’article 32 du Code judiciaire :
Le domicile est l’endroit où une personne physique est domiciliée sur le registre
national de la population pour les personnes physiques ou le siège social pour
personne morale .
Le droit judiciaire combiné au droit des contrats permet l’élection du domicile pour des raisons
de simplification. Est-ce que cette élection de domicile est une alternative ou une obligation ?
La réponse de la Cour de cassation est de distinguer deux situations : l’élection de domicile
belgo-belge : un.e Belge qui a son domicile en Belgique mais pratique une élection de domicile
dans un autre arrondissement, dans ce cas c’est une faculté pour l’huissier qui peut soit
signifier là soit au domicile par contre la Cour de cassation est beaucoup plus sévère quand il
s’agit d’un.e étranger.ère, dans quel cas il est obligatoire de signifier au domicile élu en
Belgique.
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En marge de la feuille de route, la signification électronique existe, depuis 2016, régie par
l’article 32quater du Code judiciaire, elle commence à être effective, à terme, on aura tous une
adresse judiciaire électronique, d’ici là l’article 32quater prévoit que nous puissions avoir une
adresse générique normal que l’on accepte qu’elle serve à la signification électronique. On
reçoit un mail et on accepte ou non, en cliquant sur le lien. Si on refuse la signification, elle a
lieu en papier dès le lendemain. Un point négatif est qu’il n’y a pas de contact, d’aide ou
information.
Quid si l’huissier de justice en papier ou électronique ne respecte pas le formalisme
minutieusement énoncé par la feuille de route ? L’article 47bis Code judiciaire dit que ces
formalités sont prescrites à peine de nullité, il y a une sanction proportionnée
Émerge ici l’idée de loyauté, la loyauté (voir page 98) vient parfois tempérer la rigueur de la
lettre des textes qui régissent la signification, au nom de la loyauté qui est une fille de la bonne
foi et de l’abus de droit, vient tempérer la sécheresse de la solution littéral. Par exemple, en
matière de divorce, une Cour d’appel prononce le divorce et va faire signifier l’arrêt à son ex-
femme mais va faire signifier au domicile judiciaire de son ex-femme sauf qu’il savait
parfaitement bien que son ex conjointe n’habitait plus dans ce domicile. Ce piège mesquin
fonctionne, le délai de cassation expire. Sauf qu’il y a une avocate à la Cour de cassation dit
que c’est déloyal, contraire à la bonne foi, la Cour de cassation prononce l’abus de droit,
ordonne la réparation en nature, déclare la déloyauté, cette signification est nulle, le pourvoi
est recevable. Une autre affaire est l’affaire Fortis : lorsqu’est rendu le jugement de première
instance les épargnants perdent et pratiquent l’élection de domicile c'est-à-dire les milliers
d’épargnants ont fait élection de domicile chez leur auteur. Intervient l’arrêt de la Cour d’appel
dont triomphe les épargnants, l’avocat dit que ces épargnants ont renoncé à l’élection de
domicile. Le but de la manœuvre est de devoir envoyer les significations en 3000 exemplaires
dans tout le monde, dans plusieurs langues. C’est déloyal, la Cour de cassation dit que cette
révocation à contre temps est déloyal, quoique légal, est abusive et l’argent de la signification
en cassation a dû être remboursé.
§2. Notification
Si la signification n’est pas exigée, il y a notification. Régie par l’article 32 2° du Code judiciaire,
il n’y a pas de déplacement d’officier ministériel, c’est moins sûr, moins performant en termes
de sécurité juridique et de droits de la défense mais c’est surtout moins cher.
La notification est « l’envoi d’un acte de procédure en original ou en copie ; elle
a lieu par la pose ou dans les cas déterminés par la loi, suivant les formes que
celle-ci prescrit » (article 32, 2° Code judiciaire).
La notification peut avoir lieu par simple pli ordinaire ou par simple mail dans de très nombreux
cas qui ne produisent pas d’effets juridiques. Par exemple : l’article 792 al 1er du Code
judiciaire : comment un jugement ou arrêt est-il porté à la connaissance du justiciable ou
avocat ? Par pli simple ou courrier électronique simple.
Attention : la notification n’ouvre pas les délais de recours ! Pour faire courir un délai de recours
il faut la signification.
Il y a plein d’autres cas où le pli simple s’applique : article 46/1 et 729/1 : les plis judiciaires
sont envoyés à son avocat qui doit se signaler au greffe,
La notification est définie par l’article 32, elle se fait par la poste ou le mail, le pli simple est
fréquent, ce n’est pas préoccupant, la loi ne sacrifie pas la sécurité juridique car c’est utile
mais n’ont pas de portée juridique.

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Il y a une autre notification qui va produire des effets juridiques et judiciaires c’est la notification
sous pli judiciaire – article 46 Code judiciaire : lorsque la loi le prévoit expressément, la
notification sous pli judiciaire est autorisée et va prévoir les effets juridiques prévus par le texte.
Une notification sous pli judiciaire c’est comme un recommandé avec un accusé de réception.
Si jamais il n’y a personne, le pli repart au bureau de poste et il faut aller à la poste dans les 8
jours pour aller retirer le pli judiciaire. Il faut des textes exprès qui autorisent la notification sous
pli judiciaire. Ces cas se multiplient ces derniers temps. Par exemple, l’article 792 al 2 et 3 du
Code judiciaire dans la plupart des litiges de sécurité sociale, les greffes des tribunaux et des
cours notifient les décisions de justice sous pli judiciaire et ce sont les notifications de ces plis
judicaires qui vont cours les délais de recours en appel et de pourvoi en cassation.
Il y a eu une controverse tranchée par le législateur : quelle est la daté d’une notification quand
la loi l’autorise ? C’est utile car on a un délai pour l’audience d’introduction. Le point de départ
du délai de 8 jours ; est-ce le jour où le greffier a reçu le plu à notifier, le jour où on met au
service de la poste, le jour où le destinataire reçoit la notification ? Au début des années 2000,
la Cour constitutionnelle considérait que le point de départ c'était le jour où le destinataire
l’avait reçue, pouvait en prendre connaissance mais c'était difficile à prouver. La Cour de
cassation ne s’encombrait pas trop des droits de la défense et disait que c'était le jour de
l’envoi mais il y avait quand même un problème de droits de la défense : si le greffier poste un
jugement un vendredi, on est déjà amputé d’au moins deux jours. Pendant 10 ans, les deux
cours suprêmes ont divergé sur cette question pratique. En 2005, le législateur tranche avec
l’article 53bis et c’est la théorie de la réception qui l’emporte. Il y a trois possibilités pour
calculer le délai :
û Par pli judicaire : si le facteur se présente chez nous aujourd'hui, le point de départ du
délai est irréfragablement présumé être demain.
û Par pli recommandé par pli simple : la présomption est qu’on a reçu la notification au
troisième jour ouvrable après la remise du pli à la poste.
û Quand c’est contre accusé de réception de la main à la main, la réception est présumée
se produire le lendemain.
C’est donc protecteur des droits de la défense.
La notification électronique a fait son apparition aussi en 2016 dans le Code judiciaire : pour
l’instant, elle est possible mais non obligatoire entre gens de justice. C’est l’article 32ter. Cela
commence à prendre de l’ampleur, ce sera sans doute étendu aux justiciables. Dans ce cas,
le mail envoyé est présumé être reçu. Dans le cas où le système de notification électronique
a un bug, il est prévu un système de secours : le délai est prorogé jusqu’au lendemain du jour
de l’expiration. Donc on peut encore sauver la mise par papier si le système électronique
dysfonctionne.
Quid si, dans les cas où c’est prévu par la loi, le greffier s’emmêle les pinceaux dans la
procédure de notification du pli judiciaire ? Comme pour l’huissier, l’article 47bis, le pli judiciaire
est sujet à nullité.
Section 3. La nullité des actes de procédure
Le législateur a simplifié cette matière parce que la tendance est plus lourde au rééquilibre
entre formalisme et les chicanes.
L’idée est que lorsque le formalisme n’est pas respecté , il faut qu’il y ait des conséquences
(d’ordre professionnel responsabilité de l’avocat.e, de l’huissier, de l’État) ce n’est pas la
sanction principale, la sanction principale est la nullité ? Le droit belge réalise un très bel
équilibre entre la protection des valeurs fondamentales et l’abus du formalisme. Cet équilibre

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est déposé aux articles 860 à 864 du Code judiciaire : dont le seul défaut est qu’ils s’appliquent
non seulement aux irrégularités de forme mais aussi au non-respect des délais.
§1er. Le cas de nullité
A. Principe
Le principe est repris à l’article 860 et est fondamental et est traduit par un adage : pas de
nullité sans texte. C’est sacramentel, pour la bonne cause.
« Quelle que soit la formalité omise ou irrégulièrement accomplie, aucun acte de procédure ne peut être
déclaré nul [...] si la sanction n’est pas formellement prononcée par la loi » (article 860 Code judiciaire)

Si un jour, on est confronté.e, à un problème formel avant de paniquer ou de se réjouir, il faut


consulter les textes et s’il n’y a pas les mots magiques « à forme de nullité » ou qu’il n’y a pas
de sanction prévue, il faut renoncer à toute idée de nullité.
Q. Champ d’application du principe
La théorie de nullité ne s’applique qu’au seul actes de procédures, et uniquement aux actes
de procédure – les décisions de justice ne sont pas prescrites à peine de nullité. La théorie
des nullités ne s’applique que si le texte prévoit le mot « nullité ». Parfois, la doctrine et la
jurisprudence regrette que tel ou tel texte ne soit pas formellement assorti d’une sanction de
nullité. Ce n’est pas par sévérité, mais parce qu’elles aimeraient appliquer non pas la sanction,
mais la réparation de la sanction. Il y a des cas dans lesquels la Cour de cassation n’a pas
hésité à appliquer la théorie des nullités en considérant qu’il s’agit d’un texte d’organisation
judicaire, la Cour estime que le non-respect de cette règle est grave. La Cour n’a donc pas
hésité à appliquer la théorie des nullités et la réparation pour des cas où ce n’était pas prévu.
C’est très audacieux, voire illégal mais c’est pour la bonne cause.
La théorie des nullités est un modèle d’équilibre.
§2. Conditions de la nullité : le grief
À quelles conditions le/la juge va-t-il prononcer la nullité et annuler l’acte de procédure entaché
de nullité ? L’article 861 du Code judiciaire se traduit par un adage : pas de nullité sans grief
irréparable.
En langage technique cela signifie que « le juge ne peut déclarer nul un acte de procédure [...]
que si l’omission ou l’irrégularité dénoncée nuit aux intérêts de la partie qui invoque l’exception
».
La première étape est franchie : il y a un texte. La seconde étape à franchir est de démontrer
que cela a causé un préjudicie procédural à celui qui invoque la nullité, c’est ici que se marque
l’équilibre du droit belge.
La Cour de cassation exige que ce grief soit direct, procédural, concret et précis. Par
exemple, l’huissier de justice se trompe d’une maison et signifie par dépôt, chez le/la voisin.e,
lequel/laquelle brave voisin.e remet la signification à la personne concernée et celle-ci se
présente à l’audience à laquelle iel est convoqué.e et iel trouve intelligent de soulever
l’exception de nullité, le juge ne va pas donner car il n’y a pas de préjudice procédural.
Depuis la loi pot-pourri 6, la loi est allée encore plus dans la remédiation et la déformalisation
des sanctions. On franchit les deux premières portes, il y a une nullité prévue par les textes et
on démontre un préjudice procédural concret, il apparait que les droits de la défense pourraient
être réparés si on refait l’acte aux frais de celui qui s’est trompé. Par exemple, la requête
d’appel doit être motivée – article 1057 – et il arrive des torchons, des requêtes d’appel peu
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ou pas motivée, l’article 1057 commence par « à peine de nullité ». Arrive un torchon à la Cour
d’appel, l’intimé invoquer la nullité, le juge demande à l’appelant de représenter un nouvel acte
d’appel et l’appel ne sera pas déclaré nul.
Dans l’immense majorité des cas, les nullités ne mènent pas à l’annulation parce que cette
règle protectrice est là. Le plus souvent, il n’y a pas de préjudice, et dans le cas où il y a un
préjudice, il est réparable.
Depuis les réformes pot-pourri, jusqu’au mois de septembre 2019, c’est le régime de toutes
les nullités y compris la nullité qui affecte la loi du 15 juin 1935. Le précédent ministre de la
Justice avait l’habitude de confier l’examen de réformes à des experts, dont cette fois-ci quatre
experts, pour se demander si on ne devrait pas faire de la nullité de la loi du 15 juin 1935 une
nullité relative. Le ministre est convaincu cela passe en intercabinet, vote à l’unanimité en
commission de la justice, vote plénier, et en 2018, il n’y a plus de nullité absolue. C'était sans
compter le réveil de propos électoraliste de membres de partis qui avaient pourtant voté le
texte qui vont dire que c'était scandaleux. La Cour constitutionnelle ne l’a pas entendu de cette
oreille et à la surprise de tout le monde, dans son arrêt 120/2019 a annulé cette partie de la
loi PPVI et la nullité linguistique est redevenue absolue.
§3. Mise en œuvre de l’exception de nullité
A. Qui peut soulever l’exception de nullité ?
Selon l’article 861 du Code judiciaire : il faut démontrer un grief, et seul.e celui/celle qui se
prétend victime peut soulever la nullité, le juge ne peut pas soulever d’office une nullité. Avec
une exception, qui est celle de l’arrêt de la Cour constitutionnelle 120/2019 : le juge doit
soulever d’office la seule nullité linguistique.
On a affaire à des nullités qui ne sont pas d’ordre public et donc seule la partie concernée peut
soulever la nullité, qu’en est-il du cas où la partie concernée fait défaut ? Pendant un siècle et
demi, la question a fait débat, quels sont les pouvoirs du juge statuant par défaut ? Peut/doit-
il soulever des nullités qui ne sont pas d’ordre public ? Certains disaient oui car doit voler au
secours de celui-ci, d’autres disaient que non, faire défaut est une tactique comme les autres.
La Cour de cassation, les juges du fond, la doctrine sont très partagés jusqu’à la loi Pot-Pourri
IV, non sans mal, le texte (article 806 Code judiciaire) est au final très clair : « dans le jugement
par défaut, le juge fait droit aux demandes ou moyens de défense de la partie comparante, sauf dans
la mesure où la procédure, ces demandes ou moyens sont contraires à l’ordre public, y compris les
règles de droit que le juge peut, en vertu de la loi, appliquer d’office ».

Lorsqu’il statue par défaut, le juge doit mais ne peut soulever que les moyens de défense
d’ordre public, il est interdit au juge de soulever des moyens d’ordre privé. Très concrètement,
statuant par défaut, le juge ne peut pas soulever la moindre exception de nullité sauf la nullité
linguistique. Le législateur a pris une copie équilibrée – procédure par défaut (page 136) – le
juge statuant par défaut voit arriver une citation nulle, le juge ne peut pas soulever l’exception
de nullité d’office est-il pour autant condamné à condamner ? Non, l’article 803 autorise le juge
à reconvoquer le défendeur proprement.
Dans les cas très particulier où le juge est saisi d’une requête unilatérale ? Le/la juge qui reçoit
une requête unilatérale et puis on aperçoit que cette requête n’est pas signée par un.e
avocat.e, il y a maitère à nullité mais le/la défendeur.resse n’est pas là car il n’y en a pas, il est
évident que le juge saisi d’une requête unilatérale peut toujours soulever la nullité qui
affecterait la requête unilatérale. L’article 1028 prévoit que le juge examine la requête et
soulève les nullités qui lui paraissent préjudiciable.

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R. À quel moment une nullité doit être soulevée ?


On veut éviter tout formalisme gratuit. L’article 864 dit la nullité qui est prévue, repose sur un
grief procédural, elle ne peut être soulevée que dans les premières conclusions de la partie
qui se déclare victime.
Puis-je pour la première fois dans une requête d’appel déposée contre un jugement par défaut
soutenir que la citation originaire n’était pas signée ? Oui c’est bien son premier écrit, par
hypothèse, il n’y a pas de conclusion car iel était absent.e.
CHAPITRE II. LES DÉLAIS DE PROCÉDURE
Section 1. Notion et classification
§1er. Notion
On distingue les délais de procédure judiciaire des délais du droit matériel (prescription). Par
contre, on propose une classification en deux familles pour comprendre les nuances.
§2. Classification
On distingue des délais de procédure :
û Délai d’attente : ce sont des délais moins nombreux. Ils réalisent un équilibre entre ce
besoin d’accélération et le besoin de préserver les droits de la défense de l’autre partie.
Il faut arranger un délai minimal d’attente pour les délais droits de la défense de l’autre
partie. C’est donc l’égalité des armes. C’est le jumeau de la requête et la citation et de
la comparution en degré d’appel de l’article 1062 du Code judiciaire. Une fois l’appel
formé dans le délai, quel est le délai laissé à l’intimité pour comparaitre devant la Cour
d’appel ? C’est un délai de 15 jours.
û Délai d’accélération : tout délai est fait pour cadencer, énerver la procédure dans un
laps de temps le plus bref possible. C’est donc la majorité des délais que l’on retrouve.
Le paradigme est le délai de recours. On a un mois pour faire appel et pas une seconde
de plus. On a des délais pour échanger les conclusions. L’expert reçoit un délai du juge
pour rendre son rapport.
Pourquoi on veut les distinguer ? Ils vont obéir à des sanctions différentes. La sanction
habituelle pour l’accélération est la déchéance et pour l’attente c’est la nullité. Il n’y a pas le
même régime ni la même sévérité.
Section 2. Fixation des délais
§1er. La règle
La loi est gage de sécurité juridique. Elle fixe le délai, son point de départ, son point d’arrivée,
etc.
L’article 49 du Code judiciaire fixe le principe de légalité.
§2. Les exceptions
À ce principe de légalité, il y a trois cas d’exceptions :
û Le juge peut faire cela lui-même selon la loi.
û Dans certains cas prévus par la loi, les parties peuvent fixer les délais.
û Dans certains cas, la loi autorise le juge à déroger aux délais légaux.

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A. Le juge peut fixer certains délais


L’idée est que tout est différent.
Un exemple en exception dilatoire : lorsqu’elle est soulevée en matière de garantie. Quid du
délai ? Si l’entrepreneur est le voisin, cela va aller beaucoup plus vite. Par contre si ce n’est
pas le cas, les délais d’appel en garantie vont être beaucoup plus longs et laissés à
l’appréciation du juge.
On verra l’expertise et l’article 173 en vertu duquel le juge impose à l’expert un délai pour
remettre son rapport. Le juge va aménager un délai pour l’imposer à l’expert. Ce délai va donc
varier en fonction du cas d’espèce.
Un troisième exemple est l’article 747, §2, la mise en état judiciaire où le juge fixe les délais
pour que les parties échangent leurs conclusions et déposent leurs pièces de dossier.
B. Les parties peuvent, parfois, fixer elles-mêmes certains délais
Il y a la subsistance du principe dispositif. Dans certains cas, les parties sont dites maitresses
du procès. À ce titre, il y a des illustrations.
Un exemple est l’article 747, §1, dans le cas d’une mise en état judiciaire consensuelle, les
parties peuvent aménager leurs délais aimablement. En effet, un cas n’est pas l’autre.
C. Le juge peut aussi, dans certains cas, modifier les délais fixés
Le socle de la matière est l’article 51 du Code judiciaire. Cela permet au juge d’abroger ou de
proroger le délai légal.
On a déjà « fait » cet article en voyant l’article 708 du Code judiciaire. Lorsqu’il est prévu que
dans un litige on réclame célérité, on a peur d’aller devant le juge des référés, on va demander
ce délai. L’article 708 est donc l’enfant de 51.
L’article 1036 est également un enfant de l’article 51.
Par contre, il y a un petit poison : il est à la base d’une controverse alimentée par la Cour de
cassation à la sanction de certains délais.
Section 3. Computation des délais
Il s’agit des applications d’articles légaux qui figurent dans le Code judiciaire. Il s’agit des
articles 48 à 57 du Code judiciaire.
§1. Mode de calcul des délais
Tout délai de procédure, en droit judiciaire, selon l’article 52, se compte de minuit à minuit.
Cela signifie que l’on ne chipote pas au niveau des heures.
Par exemple, si on signifie un jugement le 9 mars à 9h54, cela ne veut pas dire que le délai va
expirer le 9 avril à 9h54. Cela va juste expirer le 9 avril.
La deuxième règle de l’article 52 est que le délai est calculé depuis le lendemain. C’est une
règle universelle. Cette règle signifie que lorsque l’on doit computer un délai, l’événement
déclencheur n’est pas compté, c’est le lendemain de cet événement. Par exemple, on doit
calculer un délai de citation. Le premier des huit jours est le lendemain de la signification. Si
on est le mercredi 9 mars, alors le délai commencé à courir le jeudi 10. On a un adage : dies
a quo non computatur.

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La troisième règle de cet article 52 est que le délai comprend tous les jours, même le samedi,
le dimanche est les jours fériés légaux. On ne compte pas juste les jours ouvrables.Par
exemple, on signifie le jugement le mercredi 9 mars, le premier jour du délai est le jeudi 10
mars. On va compter également le vendredi 11, le samedi 12, etc. Même si on signifie le
vendredi 11, le délai peut commencer le samedi 12.
L’article 54 comporte aussi des règles. En effet, le délai établi, par la loi, en mois ou en années
se compte de quantième à veille de quantième.
Attention, un délai de 30 jours n’est pas un délai d’un mois.
Le quantième dit que c’est le numéro du jour. Prenons un délai d’appel. Aujourd’hui, mercredi
9 mars, on signifie un jugement. On doit computer le délai d’appel d’un mois. On se fiche de
l’heure et le premier jour du délai est le jeudi 10. Selon 52, le jeudi est le quantième, le point
de départ du délai.
L’article 54 va donc dire que la veille de quantième correspondant est le même chiffre - 1.
Donc ici il s’agit du 9 avril. Si on a un délai de pourvoi, on a trois mois de délai donc on aurait
comme fin de délai le 9 juin.
La Cour de cassation dit que le dernier jour, s’il n’y a pas de jour correspondant, est le dernier
jour du mois.
L’article 53 dit que le jour de l’échéance est compris dans le délai. L’adage est « dies ad quem
computatur ». On dispose donc de la dernière minute du dernier jour de délai pour faire ce que
l’on doit faire. Par exemple, le délai d’un mois du 9 mars, qui commence le jeudi 10 mars, a
comme fin le 9 avril et on peut encore faire appel le 9 avril. Si on doit déposer au greffe il faut
le faire avant 16h et si on le fait en ligne on a jusqu’à 23h59.
Toutefois, lorsque le jour de l’échéance est un samedi, un dimanche ou un jour férié légal,
l’échéance est reportée au jour ouvrable le plus proche. Cela parait logique car si on va au
greffe un samedi, on va avoir les portes fermées.
L’article 57 dit que normalement le point de départ d’un délai de recours est la signification de
la décision que l’on attaque.
Il faut se rendre au commentaire de l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 10 février 2022.
S’agissant de certains délais, il manque une règle que la Cour de cassation a dû ajouter. Le
délai de signification de requête est de 8 jours. Est-ce que cela veut dire que l’on peut faire
notre audience le 8ème ou le 9ème jour ? C’est un délai d’attente donc il doit être laissé au
défendeur. C’est le lendemain que l’on peut le convoquer. Par exemple, on signifie le 9 mars
une citation à comparaitre devant le TPI de Bruxelles. On commence le délai le jeudi 10 mars
selon l’article 52. On compte tous les jours. Le huitième jour est le jeudi 17 mars. On peut donc
le convoquer le vendredi 18 mars. On a un autre exemple : on signifie le vendredi 11 mars un
arrêt de la Cour d’appel de Bruxelles contre lequel on aimerai interjeter un pourvoi en
cassation. Le délai est de trois mois. Quel est le jour ultime ? Le 13 juin.
L’article 53bis est celui qui régit la date d’un acte de procédure lorsqu’il est notifié. Il y avait eu
une petite guerre entre la Cour de cassation et la Cour d’arbitrage par rapport à cela. L’article
dit que le jour présumé de la notification est le premier qui suit celui où le pli a été présenté au
domicile. Par exemple, une requête arrive au greffe qui va être notifiée aux parties sous pli
judiciaire. Dès qu’il est dans la boite aux lettre, le délai commence à courir le lendemain.

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§2. Adaptations légales de la détermination des délais.


Il y a deux adaptations :
û L’article 55 qu’on a vu quand on parlait de la prorogation des délais dit qu’il y a matière
à proroger les délais de procédure du Code judiciaire lorsque le destinataire de l’acte
de procédure est domicilié ou réside à l’étranger. Il s’applique s’il est confronté à l’effet
renvoi. Ce n’est pas automatique. Par exemple : on a un délai de citation, d’appel, de
prorogation. Il y a trois cercles concentriques possibles : les pays limitrophes c’est 15
jours, les autres pays européens c’est 30 jours et pour le reste du monde c’est 80 jours.
û L’article 50 qui dit que pour le délai d’appel et d’opposition, s’ils commencent ET
expirent pendant les vacances judiciaires, ils sont prorogés jusqu’au quinzième jour de
l’année judiciaire nouvelle. Par exemple, on signifie le 4 juillet. Le délai d’appel est d’un
mois. Le délai a commencé après le 1er juillet et a expiré avant le 31 aout. Le délai est
donc prorogé au 15 septembre. Si c’est un dimanche, ce sera le 16 septembre.


Il faut vraiment faire attention à ce « ET » dans l’article. Si on signifie le 29 juin, c’est bon on
n’est pas dans le cas de l’article 50 du Code judiciaire.
Les vacances judiciaires ne sont pas de réelles vacances. Les chefs de corps doivent modifier
leur ordre de saisine. Les magistrats et avocats travaillent. Il y a donc des délais qui sont faits
pour souffler un peu pendant ces vacances. L’appareil judiciaire ne s’arrête pas juste de
travailler.
Section 4. Sanctions de l’inobservation des délais
Cela va être le pendant de la sanction d’irrégularité des formes de la procédure. Il y a trois
familles de délais.
§1er. Les délais légalement prescrits à peine de nullité ou de déchéance
Ce sont les articles qui articulent la théorie de nullité et de déchéance. Il s’agit des articles 860
à 865 du Code judiciaire.
A. Pas de sanction sans texte (article 860 Code judiciaire)
C’est comme pour les nullités de forme. Il n’y a pas de sanction de nullité ou de déchéance
sans avoir un texte express qui active l’une de ces sanctions. Par exemple, les délais de
citation sont sanctionnés à l’article 710 à peine de nullité. L’alinéa 2 applique la même règle
aux recours.
Le délai de comparution en appel est de 15 jours selon l’article 1062. On va avoir l’article 55
qui va intervenir.
Quid de la sanction ? Il n’y a pas de mention de la nullité. En 1996, on va devant la Cour de
cassation. L’avocat et le greffier ont convoqué un intimé trop tôt. L’intimé demande l’annulation
de ce délai mais la Cour dit qu’elle ne voit pas de nullité mentionnée. La Cour dégaine l’article
1042 du Code judiciaire. C’est l’article qui est en plein milieu du Code entre les dispositions
d’instance et de recours. C’est une charnière. Pour toute question de procédure qui touche un
recours, soit on a un texte précis soit on applique la décision de première instance. La Cour
doit donc appliquer l’article 710 et faire jouer la nullité.
Le deuxième alinéa dit que lorsque l’on a un recours, c’est d’office prescrit à peine de
déchéance.

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L’alinéa 3 dit que l’on retourne à la règle de légalité en disant qu’ils sont prescrits à peine de
déchéance ou de nullité uniquement si c’est prévu par la loi.
B. Pas de sanction sans grief (article 861 Code judiciaire)
C’est le retour de l’article 861. Un exemple est le délai d’attente. On a une citation mais le délai
est trop court. L’intimé comparait. L’avocat est là pour se voir fixer un délai en soulevant
l’exception de nullité. Le juge va dire qu’il n’y a pas de grief démontré donc on ne peut pas
appliquer la nullité.
Exception : les délais prescrits à peine de déchéance font exception à cette règle. 2 choses :
û L’article 865 dit que les délais de recours prescrits à déchéance sont sanctionnés
quand bien même il n’y a pas de grief dans de chef de celui qui soulève la nullité.
Quid pour les déchéances qui sont spécifiques (art 860 al 3)? Qu’est-ce qui permet
d’éluder l’exigence du grief? Le texte même de l’article 861: il ne parle que de la nullité
et pas de la déchéance. Donc la règle du grief ne s’applique jamais aux déchéances,
que celle-ci soit une déchéance de recours ou une autre déchéance spécifiquement
prévue par la loi
û Qui doit soulever la nullité et la déchéance? Comme pour les actes de procédure: les
nullités étant relatives, couvertes par l’absence de grief, d'ordre privé, le juge ne peut
pas soulever la nullité d’office. Seul le justiciable concerné, le défendeur/l’intimé peut
soulever la nullité. Par défaut aussi! Art 806 : statuant par défaut, le juge ne peut jamais
soulever que des moyens d’ordre public, et les nullités des délais d’attente ne le sont
pas, donc le juge devra se taire. 


En revanche, les déchéances qui ne sont pas des nullités, c’est d’ordre public, on peut
toujours s’en prévaloir et le juge devra soulever d’office.
C. In limine litis (article 864 Code judiciaire)
Jusque quand peut-on les soulever ? La nullité doit être proposée avant tout autre moyen. Par
exemple, on ne peut pas, dans nos conclusions, soulever une nullité qui affecterait le délai
initial de citation. En revanche, pour les délais de déchéance, l’article 865 dit que les règles de
864 et de 861 ne parlent pas de déchéance.
On voit au final que bon nombre d’irrégularités, de tardiveté ou de non-respect de délai sont
couverts. La règle du grief va éviter pas mal de problèmes.
Les délais prescrits à peine de déchéance sont soumis à une plus grande sévérité. Ce n’est
pas totalement radical. La Cour constitutionnelle préconise l’application de la théorie de la
force majeure, tout comme la Cour européenne des droits de l’Homme. En théorie, on peut
appliquer cette force majeure mais c’est assez strict en pratique. Un cas intéressant porté à
Strasbourg concerne la tardiveté d’un acte accompli qui résulte d’une faute d’un professionnel
du droit. Pendant des années, la Cour de cassation a raisonné de manière très rude sur le
mandat. Le Code civil dit que lorsque le mandataire commet une faute, c’est pour le mandant.
Tant pis pour lui. À Strasbourg la chose n’a pas été entendue de cette oreille. La Cour dit que
le recours en justice remis en retard à cause de la faute du professionnel, il y a une violation
du droit d’accès au tribunal donc ce n’est pas équitable.
La Cour de cassation n’est pas d’accord mais elle plie en 2019 en disant que lorsque la
tardiveté d’un délai d’’échéance résulte de la faute commise par le professionnel du droit
agissant dans un monopole, alors qu’il y a force majeure, le recours est recevable. C’est

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notamment le cas des exploits d’huissier, le pourvoi en cassation, etc. A contrario, le justiciable
qui donne la rédaction de sa requête à un avocat, ce dernier n’a pas le monopole de la requête.
§2. Les délais légalement prescrits à peine d’une sanction spécifique
On a un délai et la loi ne prévoit ni nullité ni déchéance. On va donc appliquer la sanction que
le Code prévoit.Par exemple : les pièces doivent être communiquées aux parties en même
temps que les conclusions. C’est l’article 740 du Code.
Un autre exemple dit que lorsque l’on a un délai contraignant pour rédiger des conclusions et
qu’on ne le respecte pas, elles sont écartées. Ce sont les articles 747 et 748 du Code.
§3. Les délais d’ordre
En bonne logique, ils ne devraient pas être sanctionnés. Cependant, il y a des délais qui ne
sont pas sanctionnés.
Certains délais font l’objet d’incitant à être respectés. Prenons le délai imparti au juge pour
délibérer et donner leur jugement de l’article 770 du Code judiciaire. Il s’agit d’un délai d’un
mois à partir de la clôture des débats. Quid si le juge ne respecte pas ce délai d’un mois ? Ce
n’est pas grave car ce n’est pas sanctionné étant donné qu’il s’agit d’un délai d’ordre. Si le
juge explose son délai d’un mois, il doit en signaler les raisons. Si le délai dépasse trois mois
il faut aller expliquer au chef de corps.
Un autre délai d’ordre est le délai librement adapté par le juge qui l’assigne à l’expert. On peut
regarder les articles, il n’y a pas de sanction. Le juge dispose d’un pouvoir de surveillance des
expertises qu’il confie. Il peut convoquer les experts afin de savoir où ils en sont. À Liège, les
greffiers ont des logiciels de contrôle des expertises.
Intervient une controverse un peu difficile. Il y a des délais d’ordre à l’article 921 et à l’article
970 du Code. L’article 921 est le délai de 30 jours donné à la partie qui veut procéder à une
enquête contraire. Le greffier tient le procès-verbal, qui est notifié aux parties et ces dernières
peuvent demander plusieurs choses (entendre des nouveaux témoins, réentendre des
anciens). Quid si le délai n’est pas respecté ? Il n’y a pas un mot par rapport à ça. On va devant
la Cour de cassation et elle dit que ces délais ne sont pas prescrits à peine de nullité ou de
déchéance mais à peine d’irrecevabilité. Il y a des critiques par rapport à cela. En effet, il n’y
a pas de sanction donc on doit en trouver une. Ce n’est pas la tendance à éviter des sanctions
pour le plaisir. La jurisprudence a un solide argument : c’est l’article 51. La Cour de cassation
dit que pour que le texte ait un sens, il faut une sanction au non-respect d’un délai, même un
délai d’ordre. S’il n’y a pas de sanction à un délai d’ordre, à quoi sert l’article 51 qui dit que le
justiciable peut allonger un délai avant son expiration. Il faut une autorisation préalable mais
si on ne la demande pas on ne peut pas l’avoir. Il y a donc l’irrecevabilité. Cet argument se
tient. Il serait bon que les délais ne soient pas laissés dans l’air. Cependant, la règle de légalité
est meilleure.

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TITRE III. L’INSTANCE ET LE JUGEMENT


CHAPITRE IER. PRINCIPES GÉNÉRAUX GOUVERNANT L’INSTANCE
La procédure civile a ses principes directeurs. Il y a des remarques à faire :
û Le droit judiciaire est la mère de toutes les règles de procédure.
û Certains principes du droit judiciaire sont parfois d’une grande densité dans certaines
procédures et pas dans d’autres.
û Comme toute matière, il y a des grands principes mais ces dernières années il y en a
de nouveaux qui entrent en conflit avec les anciens, et c’est le cas de l’idée de loyauté
ou encore d’économie de la procédure.
Section 1. Le principe dispositif
L’expression vient de l’italien. Cela renvoie à l’idée que dans nos systèmes, la promotion des
droit sen justice est l’affaire du justiciable lui-même. Le juge n’est pas celui de l’état providence
pour faire le bonheur du justiciable. On vit encore dans un système où les parties sont maitres
de leurs droits, de leur litige, de leur procès. Elles en disposent.
Lorsqu’on rédige le Code, le principe dispositif n’a jamais été aussi vif. On a encore peur de la
Révolution française et des juges et du gouvernement. C’est un postulat ce principe dispositif.
Aujourd’hui, il reste vivace mais il faut le redéfinir. Le juge se voit conféré un rôle de plus en
plus actif.
§1er. Affirmation du principe dispositif
Les parties ont la maitrise de l’objet et de la cause de leur litige.
Le juge ne peut pas statuer ultra ou extra petita. Rares sont les cas où le juge peut octroyer
quelque chose qui n’est pas demandé.
C’est le droit d’initiative. En effet, elle relève de la discrétion des justiciables en droit belge.
C’est la même chose pour la fin du procès. Seules les parties peuvent décider de se désister
et renoncer aux voies de recours. Le juge doit aller jusqu’au bout sous peine de déni de justice.
Les cours et tribunaux ne peuvent ordonner la mise en cause d’un tiers. Seules les parties le
peuvent. Ce n’est que dans des cas très exceptionnels que le juge peut mettre d’office à la
cause un tiers. C’est le cas avec l’article 331decies du Code civil qui oblige le juge, constatant
qu’il manque un protagoniste au litige de filiation, de le mettre à la cause. C’est rarissime.
La Cour de cassation a rendu le 4 juin 2020 un arrêt qui illustre de manière forte l’article 811.
C’est lorsque l’on parle du litige qui est indivisible. Ici c’est le cas en première instance. Le juge
constate qu’il manque un héritier. Le juge déclare l’action irrecevable car le litige est indivisible
et qu’il manque un défendeur. La Cour de cassation va casser en disant que le Code ne prévoit
pas d’indivisibilité en premier recours, même si c’est à tort. Le juge ne peut pas, même en cas
flagrant de problème, mettre à la cause en première instance.
§2. Atténuation du principe dispositif
A. Le/la juge actif.ve
Le/la juge peut, voire doit, soulever tout moyen de fond et de procédure d’ordre public.
Une entorse est lorsque le/la juge est confronté.e à un contrat contraire à l’ordre public. Le/la
juge peut l’annuler même si on ne lui demande pas.

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En matière probatoire, la règle est que les parties amènent les faits qui vont dans leur sens.
Le juge ne peut pas aller piocher ailleurs. Les parties peuvent demander des faits d’instruction.
Chaque fois qu’est prévue une mesure d’instruction, le Code permet de donner au juge d’office
le pouvoir d’octroyer ces mesures.
De plus en plus, la réflexion sur le procès civil distingue le litige de la procédure. En Belgique,
autant les parties sont maitres de leur litige, autant tout ce qui touche au procès et à la
procédure relève des juges. C’est ce que dit la Cour européenne des droits de l’Homme.
On retrouve cela partout. Il y a des exemples :
û Le délai d’ordre avec l’expertise.
û L’article 708ter.
û Le juge peut d’office dire que l’on peut faire appel ou pas contre sa décision. Il peut
dire que sa décision ne sera pas exécutoire tout de suite. Il peut aussi l’activer quand
il veut.
Même sur le terrain du litige, l’activisme du juge est présent.
Le/la juge peut soulever d’office le défaut d’intérêt. On a aussi l’article 1018.
B. Intervention du Ministère public
Ce n’est pas nouveau. Le Procureur du Roi et son parquet, de tous temps, jouent un rôle
parfois moteur, qui vient porter atteinte au caractère accusatoire de la procédure civile.
Le parquet du Procureur du Roi, en matière civile, fait son apparition en trois lieux:
û Il a parfois un rôle d’action, qui vient porter atteinte au principe d’initiative: le parquet
jouit, de temps à autre, d’un pouvoir d'action en matière civile. On voit ça pas mal en
droit de la famille par exemple, ou dans les actions en cessation. Le parquet a un texte
générique dans le Code judiciaire: art 138bis. C’est un texte qui balaie un peu tout. Si
un jour on est au parquet, on pourra agir en matière civile devant une juridiction civile
pour dénoncer une situation contraire à l’ordre civil. Mais le parquet n’intervient que si
le maintien d'une situation s’avère être contraire à l'ordre public! Ce n’est pas parce
qu’on a vu une situation contraire à l’ordre public qu’on doit dégainer une action. 


û Il a parfois un rôle d’instruction: on est dans deux textes: l’article 872 et l’article 838ter
du Code judiciaire. Dans l’article 872, on est devant le tribunal de la famille et le tribunal,
voire le procureur du roi d’initiative peuvent contribuer à instruire le litige. Le parquet,
en matière familiale, est la courroie de distribution pour les preuves à apporter au
dossier. Dans l’article 138ter, nous sommes devant les tribunaux du travail. Devant le
tribunal du travail, le parquet est représenté par l’auditeur du travail. L’article 138ter
confère à l’auditorat du travail un rôle d’instruction particulier: il dispose d'un pouvoir
de réquisition d’informations et de document auprès des organismes de sécurité
sociale. Il peut réclamer de délivrer des éléments, sous la contrainte. C’est
indispensable dans les litiges de sécurité sociale, tellement indispensable que ça fait
de la compétence de l’auditorat du travail une compétence exclusive. 


û Il reçoit parfois du Code judiciaire un rôle d’avis: dans bon nombre de cas énormités à
l’article 764, le parquet du Procureur du Roi et l’auditorat du travail reçoivent un rôle
d’avis pour éclairer le juge.

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Section 2. Le principe du contradictoire et du respect des droits de la défense


On est sans doute ici devant le principe le plus important en termes d’intensité et de corrélation
avec l’État de droit. Il y a des auteurs qui, à juste titre, envisagent le principe du contradictoire
comme relevant du droit naturel. Le professeur est assez d’accord, c’est vraiment lié à la
dignité humaine. D’ailleurs, c’est bien simple, c’est le principe le plus transversal à toute
procédure, dans toutes les matières. Toute procédure, ici ou ailleurs, est baignée du principe
du contradictoire.
Le principe du contradictoire a plusieurs sources fondamentales, notamment l’article 6 de la
Convention européenne des droits de l’Homme.
Toute pièce, tout argument, tout témoin, tout moyen doit être soumis à l’autre partie, dans une
perspective d’égalité des armes, de manière telle que l’autre partie puisse, de manière
effective, contredire les éléments produits.
Le principe du contradictoire, c’est le contraire de ce qu’on voit à la télé. L’effet de surprise
qu’on a dans les séries est prohibé. Le principe humain lié au droit naturel, c’est la négation
de toute forme de surprise.
Le principe du contradictoire baigne tout le Code judiciaire, c’est ce qui permet de respecter
et de tolérer toutes les dispositions un peu embêtantes.
Le principe du contradictoire s’applique entre les parties, sous l’œil du juge, mais désormais il
s’applique aussi au juge lui-même.
Le principe du contradictoire impose aux parties, dans l'égalité des armes, des bonnes
manières de toujours communiquer les éléments de conviction, des éléments argumentations
avant de les soumettre à l’expert, au juge. C’est la raison pour laquelle les conclusions tardives
sont écartées des débats. Idem pour les pièces: il est hors de question de jouer l'effet de
surprise.
Le contradictoire, bien sûr, est un idéal, il doit parfois céder la place à d’autres principes. Par
exemple: les cas de requête unilatérale. Mais ces cas sont exceptionnellement exigeants! Et
la contradiction est rétablie très tôt, Strasbourg l’exige (avec la tierce opposition, faite pour
rétablir les droits de la défense du tiers lésé). Il y a aussi le défaut, qui est une absence de
contradiction non pas légale, mais factuelle. C’est classique.
Ce qui est moins classique, c'est le juge qui est lui-même tenu à une obligation double: faire
respecter le contradictoire, et respecter lui-même le contradictoire.
Faire respecter le contradictoire, il y a plein d’exemples comme l’écartement d’office d’une
pièce tardive ou de conclusions tardives.
Le juge est de plus en plus actif, on vient de voir ça avec le principe dispositif. Et la cour de
cassation y est allée, depuis une quinzaine d’années, le juge peut voire doit faire des choses
qu’il ne pouvait pas faire avant.
Il faut que le juge lui-même s’acquitte d’une dette de contradiction vis-à-vis des justiciables. Il
y a des traces de cela avec l’article 774 al 2 du Code judiciaire. Cet article traite de la
réouverture des débats. Il dit que lorsque le juge rejette la demande sur la base d’une
exception qui n’a pas été soulevée par les parties, il doit rouvrir les débats pour permettre aux
parties de s’en expliquer. L’idée embryonnaire, c’est que le juge crée la surprise. Avant de
juger, c’est-à-dire d’accueillir l’exception qu’il soulève, il doit permettre aux parties de s’en
expliquer.

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Ce texte ponctuel de 1967 a rayonné, il est devenu un principe général de droit. Ce n'est pas
seulement dans le cas où le juge soulève une exception pour rejeter une demande, mais dans
tous les cas où le juge soulève quelque chose d’office. Que ce soit pour accueillir ou rejeter,
d’ailleurs. Le juge doit respecter le contradictoire dès qu’il soulève quelque chose.
Idem quand on a vu que le juge pouvait aller piocher dans les faits adventices. Il peut, dixit la
Cour de cassation, se fonder sur ces faits, à la condition de permettre aux parties de
s’expliquer dessus. Ils ont peut-être encore des choses à dire sur ce fait puisqu’ils n’ont rien
dit.
Tout cela coûte énormément d’argent, le principe contradictoire est un principe extrêmement
important mais il est aussi coûteux. Rouvrir un débat, c’est d’abord faire son jugement, le faire
notifier par son greffier, provoquer de nouveaux échanges de conclusions des parties, donc
payer des honoraires d’avocats, reconvoquer une nouvelle audience...
C’est très important de maintenir les standards contradictoires, mais il y a aussi un principe
d’économie de procédure!
Depuis quelques temps, on va dire 10 ans, il y a un mouvement à la fois jurisprudentiel et
législatif pour ne pas sacrifier le contradictoire, mais pour l’économiser. C’est-à-dire de s’en
passer là où il n’est pas indispensable et d’économiser le temps et l’effort. Illustrations de cette
tendance:
û La réouverture des débats: jusqu’à il y a une quinzaine d’années, il fallait attendre une
nouvelle audience. Mais depuis 2007, art 775 nouveau, la réouverture des débats a
lieu par écrit. C’est simple, mais il fallait y penser.
û Article 756ter: l’audience: le juge est là, le juge pose des questions, interpelle les
parties. Il peut faire ça, parce que plutôt que d’attendre la solitude du délibéré, de
prononcer le jugement, il anticipe tout ça. Il lit son dossier, et à l’audience, il pose des
questions, il oriente les parties.
û La Cour européenne des droits de l'Homme elle-même a notamment rendu un arrêt
Verdu c. Espagne du 15 février 2007. Cet arrêt dit que le juge ne doit veiller au
contradictoire que s’il s’agit d'un élément qui aura une incidence sur sa décision. Ici,
c’est l’histoire d’un justiciable qui s’est plaint à Strasbourg de ne pas avoir pu répliquer
aux conclusions de son adversaire dans une affaire fiscale, alors que son adversaire
s’était contenté de recopier les conclusions du ministère public, or il avait pu répondre
au ministère public. Ici, il se plaint de ne pas avoir pu répondre à la copie. Quelle est
l’incidence de ce trouble? C’est une acception formaliste, procédurière. La Cour va
refuser, on fait des économies
û En Belgique, la Cour de cassation, 2007, 2008 et encore 2022: qu’est-ce qu’on va faire
de justiciables qui, dans leurs écrits de procédure, jouent le jeu en fait mais ne font pas
une ligne de droit? On a vu ça quand on a parlé des formes de la citation. Les moyens
que doit comporter la situation, c’est le fait. Que faire si on est confronté à des écrits
dépourvus de base juridique? On fait le job, on dit le droit. Le juge devra dire le droit
sans avoir respecté le contradictoire. 
Si le justiciable ou l’avocat ne fait aucun effort
pour collaborer au débat juridique, il ne peut pas râler ensuite parce que le juge a fait
le job. Il a eu l’occasion de présenter ses bases légales. Le droit est fait pour les
vigilants (iura vigilantibus). Le droit de la défense ne profite qu’à ceux qui le veulent.
û En 2011, la Cour de cassation dit que le juge n’a pas à rouvrir les débats et de manière
générale, n’a pas à interpeller les parties si celles-ci devaient raisonnablement

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s’attendre au moyen qu’il a soulevé d’office. Il y a des moyens, de droit spécialement,


qui sont tellement évidents, que par une fiction assez saine, on doit s’attendre à relever.
Par exemple: l’absence du port de la ceinture de sécurité: il y a des cas dans lesquels
le port de la ceinture de sécurité ne change rien aux lésions, voire même les aggrave.
Il y a un procès dans lequel la victime ne porte pas la ceinture de sécurité.
L’automobiliste responsable plaide le partage de responsabilités parce que la victime
ne portait pas la ceinture de sécurité comme le code judiciaire l’enjoint. Le juge lit le
rapport d’expertise du médecin et découvre que le choc est latéral et que le port de la
ceinture n’aurait rien changé aux lésions. Le juge soulève d’office le défaut de lien de
causalité entre la faute prétendue de la victime et le dommage subi. 
Est-ce que le juge
doit rouvrir les débats? Non, dit la cour de cassation, il y a des moyens auxquels les
parties, vu les débats, doivent s’attendre raisonnablement à ce qu’ils soient soulevés.
On respecte le contradictoire mais on l’aménage un peu.
Section 3. Publicité des audiences et des jugements
La publicité des audiences et des jugements est reprise aux articles 148 et 149 de la
Constitution qui concernent respectivement la publicité des audiences et des prononcés. La
publicité des prononcés est un principe absolu. On combine l’article 148 avec l’article 157 du
Code judiciaire. Le principe est celui de la publicité des audiences, avec toute la ritournelle
historique derrière de la méfiance du gouvernement des juges, la transparence de la justice,
Montesquieu, il faut que les portes soient grandes ouvertes.
La Convention européenne des droits de l’Homme a repris le relais avec l’article 6 de la
Convention européenne des droits de l'Homme, qui prévoit un plus grand nombre
d’exceptions, l’article 148 prévoit très peu tandis que l’article 6 en prévoit d’autres. La
controverse qui intervient est alors : qu’est-ce qui prime ? L’article 148 car il protège plus la
publicité des audiences ou l’article 6 car il est plus protecteur des intérêts ? Le débat a perdu
son intérêt car la Cour européenne des droits de l'Homme a fait rentrer un nouvel acteur : la
presse, il a perdu aussi son sens avec la réforme du droit familial, une des spécificités du
contentieux donné au tribunal de la famille est la discrétion (article 757 §2 Code judiciaire).
La publicité des décisions qui sont issues des audiences et de la procédure c’est l’article 149
de la Constitution, c’est une rare disposition qui a été révisé dans la Constitution, s’est
modernisé aux évolutions. Il dit que les décisions de justice doivent être motivées mais ce qui
a changé c’est la manière dont les décisions sont rendues publiques : jusqu’en 2018, il fallait
que les décisions soient lues en audience publique, ce qui forçait des juges à lire des décisions
de milliers de pages, cela n’a pas empêché un pourvoi judicaire dans l’affaire Dilenghien car
le juge n’a pas lu toute la décision, la Cour de cassation et celle de Strasbourg se contente de
la lecture du dispositif et le reste est rendu public. Le dispositif doit être rendu public en matière
pénale tandis qu’en matière civile, c’est le législateur qui est compétent, il a fait un copié-collé
du texte constitutionnel, le dispositif lu et le reste de la décision qui est rendu public sur internet,
dans la bande de données.
Section 4. Équilibre entre l’oral et l’écrit
L’équilibre entre l’oral et l’écrit est la marque de l’ADN du judiciaire belge, la procédure civile
belge fait l’objet d’un dosage entre l’oral et l’écrit, pour l’instant, le curseur est de plus en plus
placé sur l’écrit pour des raisons anciennes : l’écrit est le socle le plus puissant de protection
des droits de la défense, mais aussi pour un motif récent : la quête frénétique de temps ;
lorsqu’il faut plaider une affaire à Bruxelles, il faut attendre plusieurs mois voire années pour
gagner en efficacité, la tendance est de plus en plus à aller vers l’écrit.

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Quelques signes de ces temps d’évolution : en 2013, l’injonction dans le Code judiciaire de
l’attestation écrit c'est-à-dire du témoignage écrit (articles 961/1 à 961/3) : jusque-là on avait
toujours vécu sous le modèle anglo-saxon de l’audition des témoins, qui a désormais une
concurrente, l’attestation écrite.
Encore un autre signe de l’évolution est l’article 755 de la procédure ; il est mal connu mais
c’est la possibilité pour les parties, d’un commun accord, de recourir à une procédure
exclusivement écrite ; cette procédure écrite, durant le premier confinement, a été la procédure
obligatoire. L’article 755 essaye de reprendre un peu de sa vigueur. Les greffes n’aiment pas
la procédure écrite car cela casse la cadence. Les juges savent comment les audiences vont
se passer, ils savent combien de temps vont prendre les audiences en fonction vont de la taille
des dossiers, mais quand s’annonce un gros dossier en procédure écrite, cela vient se
rajouter. Aujourd'hui, cela va un peu mieux, on fait cela de temps en temps pour les dommages
corporels ou matériels. Cela dit, l’oral ne perd pas de sa superbe, le principe reste l’audience,
les enquêtes par témoins et leur oralité existe toujours.
Article 756bis Code judiciaire est un article qui a régulé une controverse en 2007 : lorsque l’on
avait aucun écrit ou quand on est puni pour un écrit tardif, est-ce que l’on gardait la possibilité
de plaider la cause ? On peut même si on est archi négligeant, on conserve la possibilité de
plaider à la cause, même si les écrits sont déchus. La thèse qui a prévalu, c’est que les droits
de la défense sont supérieurs.
Section 5. Principe de la loyauté procédurale
Le fait de dire « principe » est délibéré, une partie de la jurisprudence de la Cour de cassation
dit l’inverse.
La loyauté procédurale est en réalité la transposition du principe de bonne foi en droit judiciaire.
Depuis 20 ou 30 ans, cette idée ne cesse de prospérer en doctrine, jurisprudence et législation.
Le droit positif écrit lui-même plébiscite la loyauté : par exemple, selon l’article 780bis du Code
judiciaire les parties sont tenus de collaborer loyalement avec l’expert qu’importe qui a la
charge de la preuve et si on ne collabore pas loyalement, on peut être condamné à payer les
honoraires de l’expert.
L’article 8.4 al 5 du Code civil permet au juge de renverser la charge de la preuve lorsque celui
sur qui pèse la charge de la preuve rencontre un fardeau probatoire insurmontable (par
exemple, les faits négatifs). L’origine de ce texte est la loyauté, la Cour de cassation l’a dit en
2018-2019.
La loyauté est l’origine de plusieurs réformes judicaire du Code judiciaire, notamment la
concentration : au nom de la loyauté, les parties, l’huissier, les avocat.e.s ont l’obligation de
concentrer leurs écrits, leurs moyens. Qui dit concertation dit gain de temps, dit loyauté. Au
niveau de l’autorité de la chose jugée, on doit concentrer ses moyens, faute de quoi il y aura
autorité de la chose jugée et on ne pourra pas y revenir.
L’abus de droit d’agir en justice ; la Cour de cassation définit deux critères : l’intention
méchante et l’erreur manifeste. Tout ça vient de l'idée de loyauté, on doit se comporter de
bonne foi en justice, peu importe notre rôle dans le procès. On doit se garder d’un abus de
droit.


La plus belle illustration, c’est l’interdiction consacrée par la Cour de cassation de se contredire
de se contredire au détriment de son adversaire, ce que les anglosaxons nome l’estoppel, on
ne peut pour la première fois en Cassation soutenir un moyen de procédure contraire à ces
écrits, ce moyen fut-il d’ordre public.
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Cass., 10 octobre 2002 : il s’agissait d’une victime d’un accident de la circulation qui décident
d’introduire un procès civil, dans le début mois de janvier 1995 or le 1er janvier 1995 entrait en
vigueur article 601bis Code judiciaire (qui est la compétence du tribunal de police), ces gens
saisissent le tribunal de première instance de Bruxelles, le juge lui-même ne voit rien, les
victimes perdent au fond, introduisent appel devant la Cour d’appel de Bruxelles (ce qui est une
nouvelle erreur), qui ne voit de nouveau rien, les victimes perdent sur toute la ligne. Elles
consultent une avocate à la Cour de cassation qui enfin, en 2002 voit le pot aux roses, et dit
que le juge était incompétent, que c'était d’ordre public, elle rédige un pourvoi pour ces clients,
la Cour de cassation dit que le moyen est irrecevable, quoique d’ordre public, car c’est l’exact
contraire de ce que les victimes ont dit devant le première juge, elles trahissent leur parole,
c'était elles qui avaient saisi le mauvais juge. L’idée derrière est la loyauté.

Le Conseil d'État a la même jurisprudence, même la Cour constitutionnelle parle du principe


de loyauté.
Quel est le statut de cette règle de loyauté ? Il y a eu une saga à ce propos :
û Le 27 novembre 2014, la Cour de cassation consacre expressément un principe de
loyauté procédurale.
û Le 13 décembre 2019, dans l’affaire Boël : SMR Albert II est au même titre que Jacques
Boël cité en intervention au procès de contestation de paternité, le Roi Albert II prend
des conclusions. La réplique de Delphine est de dire qu’à ce stade contestation, Albert
II ne peut pas prendre des conclusions et appuyer quelques thèses que ce soit, c’est
une partie destinée à ce que la décision lui soit opposable. On arrive en cassation et
l’avocate en cassation d’Albert II prend le moyen de violation de la loyauté, Delphine
ne peut se contredire, elle ne peut pas le mettre comme partie et puis le clouer le bec,
la Cour de cassation dit que le principe de loyauté n’existe pas.
û Un arrêt du 2021 viendra dire la même chose.
û Le 19 mars 2021, la Cour de cassation se justifie avec le principe d’égalité des armes
et le devoir de loyauté « verplichting tot loyale procesvoering », c’est la première
chambre néerlandaise – ce n’est pas la première fois que les premières chambres ne
soient pas d’accord.
Aujourd'hui, selon la première chambre française, le principe de loyauté n’est plus un principe
général de droit, mais il pourrait le redevenir si on écoute la première chambre néerlandaise.
CHAPITRE II. LE DÉROULEMENT DE L’INSTANCE
Section 1. La procédure contradictoire de droit commun
§1er. Audience d’introduction et comparution des parties
Le principe est qu’à toute audience devant toute juridiction, on peut comparaitre soi-même ou
par avocat, sauf exception – article 728 du Code judiciaire.
Le nombre de dossier qui se plaide à l’audience d’introduction est minoritaire, dans la grande
majorité, il se passe très peu dans l’audience d’introduction, il y a une possibilité de prendre
un défaut si l’adversaire n’est pas là et que le juge est intransigeant.
On peut comparaitre soi-même ou par avocat, tel est le principe historiquement, c’est un droit
garanti par la Cour européenne des droits de l'Homme.
On a de comparaitre toujours en personne dans certaines exceptions soit judiciaires, soit
légales : devant le tribunal de la famille – articles 1253ter/2 et /3 – à l’audience d’introduction,
de plaidoirie et chaque fois qu’il sera question de l’intérêt de l’enfant mineur, les parties elles-
mêmes doivent comparaitre personnellement, la présence de leur avocat peut être souhaitable

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mais ils doivent être présents, pour deux raisons : se faire sensibiliser sur les intérêts de ses
propres enfants et se faire sensibiliser des modes alternatifs de règlement des conflits.
N’importe quel juge peut ordonner la comparution personne des parties ou l’interrogatoire des
parties. Le droit de comparaitre en personne se meut en devoir. Il y a des cas dans lesquels
judiciairement, le juge peut interdire à tel.le ou tel.le justiciable de comparaitre en personne
c’est l’article 758 du Code judiciaire qui est resté en peu lettre morte et qui ces derniers temps
reprend vigueur. il y a des textes dans lesquels il faut l’assistance d’un.e avocat.e (requête
unilatérale, pourvoi en cassation).
On a le droit à se faire représenter par un.e avocat.e sauf qu’avec les années, ce qui était un
monopole de la plaidoirie a sauté, l’avocat.e reste bien traité.e, préféré.e mais n’a plus du tout
le monopole – article 728 – à côté de l’avocat, peut des faire représenter par un expert du fisc,
le fisc peut se faire représenter par un de ses fonctionnaires ;devant les juridictions du travail,
on peut se faire représenter par un délégué syndical, devant les tribunaux de l’entreprise, les
juges de paix, et tribunaux du travail on peut se faire représenter par son conjoint, son
cohabitant légal, un parent ou allié porteur d’une procuration écrite.
Quid à l’audience ? Il y a quatre scénarios possibles :
û Article 802 du Code judiciaire : le/la défendeur.resse fait défaut.
û Article 729 du Code judiciaire : c’est une trace du traitement privilégié favorable aux
avocats : si les parties sont toutes représentées par des avocat.e.s ces avocat.e.s
peuvent remplacer leur présence physique à l’audience d’introduction par un acte de
postulation il s’agit d’un écrit conjoint que l’on adresse au juge saisi. Dans l’acte de
postulation deux choses sont possibles : on indique dans cet acte, un calendrier de
procédure susceptible de nous convenir, ou peut demander de renvoyer l’affaire au
rôle d’un commun accord, donc on ne veut pas un calendrier.
û Les débats succincts : l’affaire pourrait être traitée dans un circuit court.
û Les justiciables viennent à l’audience d’introduction et vont physiquement oralement,
soit faire entériner un calendrier de procédure ou dire que l’on est d’accord sur rien et
demander au juge de fixer des délais.
Les scénarios 2 et 4 représentent l’infinie majorité c'est-à-dire qu’il ne se passe rien ou pas
grand-chose.
§2. Mise en état des affaires en débats succincts
Article 735 Code judiciaire (renvoie à 1066, correspond en appel).
L’idée est la suivante : il serait stupide et scandaleux de faire subir le circuit long avec l’arriéré
judiciaire à des affaires simples.
A. Les débats succincts proprement dits (article 735 §1er Code judiciaire)
Il s’agit d’une procédure qui à l’initiative d’une partie, 9 fois sur 10 le/la demandeur.resse, tente
de convaincre le juge que l’affaire n’appelle que quelques lignes. Il faut tenter de convaincre
le/la magistrat.e que l’affaire est simple, au plus on essayera de le convaincre, au moins
l’affaire sera simple, c’est un subtil équilibre. Si le magistrat accorde le bénéfice des débats
succincts ou le refuse, la décision qu’il va prendre est un pure mesure d’ordre, c'est-à-dire une
décision susceptible d’aucun recours.
B. Les débats succincts assimilés (article 735 §2 Code judiciaire)
En 2007, on a constaté qu’il était parfois disproportionné ou contre-performant d’amener des
justiciables à démontrer des évidences qui étaient acquises. Le législation a inséré une liste
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des cas dans lesquels les débats succincts sont présumés. Le bénéfice des débats succincts
est offert aux justiciables de plein droit, sans qu’ils aient à le demander ou à le justifier.
Quels sont les cas ? Si les parties sont unanimement d’accord pour que l’affaire soit traité en
débat succinct, en théorie le juge n’a pas le choix. En pratique, les juges peuvent le refuser
contra legem. Pour deux raisons : premièrement c’est une mesure d’ordre donc il n’y a pas
de recours, et deuxièmement, même pour cela certains magistrats n’ont pas le temps, à
l’audience d’introduction, à consacrer pour respecter la loi. Le manque de temps est un
problème très bruxellois.
Il y a en outre, cinq cas limitativement énumérés :
û Le recouvrement des créances incontestées.
û Les changement de langue, régi par la loi du 15 juin 1935 (articles 3 et 4) comporte
notamment le mécanisme de la demande de changement de langue.
û Les règlements des conflits sur la compétence : lorsque le défendeur soulève la
compétence du juge saisi, les déclinatoires de compétence sont présumés être traités
en débats succincts.
û Les demandes de délais de grâce (articles 1244 de l’ancien Code civil et 1334 du Code
judiciaire) il sera inacceptable que le débiteur attende des années pour sa demande
de délai de grâce.
û Les demandes visées à l’article 19 §3 du Code judiciaire : qui sont les demandes en
obtention de mesures avant dire droit : soit une mesure d’instruction, soit une mesure
d’aménagement provisoire des parties, ces mesures lorsqu’elles sont demandées,
audience d’introduction ou première audience utile si en cours de procès.
C. Remarques communes
Qui dit débats succincts ne dit pas abolition des droits de la défense, le principe du
contradictoire est respecté – article 740 Code judiciaire : on doit avoir communiquer les pièces
à l’adversaire avant la clôture des débats.
Article 735 §1 du Code judiciaire : litige indivisible (article 31) : c’est un cas problématique.
Quid lorsque, dans un litige indivisible, le demandeur jouit des débats succincts mais un des
défendeurs fait défaut? Est-ce que la défaillance d’un des défendeurs va paralyser le jeu des
débats succincts? Non. Une précaution est prise à l’égard du défaillant, mais pour permettre
au jeu des débats succincts de pleinement s’accomplir.
Les décisions relatives à la procédure succincte sont des strictes mesures d’ordre et n’est
donc pas susceptibles d’aucun recours.
§3. Mise en état des affaires qui ne peuvent pas être traitées en débats succincts
Si l’affaire n’est pas succincte, c’est qu’elle appelle un circuit long. C’est donc ici le traitement
des affaires qui ne sont pas succinctes et on appelle ça la mise en état. L’affaire va suivre un
processus de mise en état, elle va être mise en état. On vise tout le processus qui va se
dérouler avant que l’affaire ne soit en état d’être plaidée. Ce processus s’articule sur des
calendriers aux termes desquels il faut pour els parties échanger leur procès à conviction et
leurs conviction.
A. Communication des pièces.
Articles 736, 737 et 740 Code judiciaire.
Un grand principe qui gouverne est le principe du contradictoire. Il n’est pas question de se
servir d’une pièce qui n’a pas été communiquée à l’adversaire.
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Selon l’article 736 du Code judiciaire, le/la demandeur.resse a 8 jours après l’audience
d’introduction pour communiquer son dossier de pièces au défendeur. C’est un délai d’ordre,
il n’y a pas de sanctions en cas de non-respect (pas de nullité ou déchéance). Le vrai délai
pour communiquer ses pièces est donné par l’article 740 que l’on soit défendeur.resse ou
demandeur.resse : tout document communiqué après les conclusions est écarté d’office des
débats. Tout doucement doit être communiqué à l’adversaire au plus tard en même temps que
les conclusions.
Aussi longtemps que le délai pour prendre des conclusions n’a pas expiré, on pourra
communiquer des pièces. C’est logique: si les conclusions sont bien faites, elles prennent
appui sur un dossier de pièces, l’un s’imbrique dans l’autre. Après, c’est écarté d’office des
débats.
Comment communiquer ces pièces à l’adversaire ? La réponse se trouve aux articles 736 et
737, il y a deux manières de communiquer des pièces.
û La communication par dépôt au greffe afin que l’adversaire puisse venir sans
déplacement des pièces. La communication par dépôt au greffe c’est un dossier sur
10.000 parce que la déontologie du barreau rend obligatoire ce que le Code judiciaire
ne présente que comme une faculté, l’envoi à l’amiable.
û L’envoi à l’amiable : les ordres des avocats obligent l’envoi à l’amiable, qui n’est qu’une
faculté dans le Code judiciaire. La confraternité requiert d’éviter aux confrères/sœurs
de perdre du temps et de l’argent.
Aussitôt que l’on communique des pièces, qui dit pièces, dit inventaire, l’article 737 oblige de
faire un inventaire de pièces. Il faut toujours faire un inventaire de pièces communiquées !
B. Échange des conclusions jusqu’au moment clef de la fixation de la date de l’audience
1. Notion
Le Code judiciaire ne définit pas les conclusions.
Les conclusions sont des actes de procédure qui comportent les moyens de
demande et de défenses.
Ce sont aussi les conclusions qui constituent l’acte de procédure indispensable pour prendre
la plupart des demandes incidentes.
Qui peut rédiger des conclusions ? Qui comparait en justice rédige des conclusions ; on peut
conclure soi-même sauf avec l’article 728 du Code judiciaire. En marge de cela, les
conclusions peuvent être rédigées par un avocat (c’est souhaitable quand on a les moyens)
et toute la liste de mandataires ad litem (= au litige), donc les personnes citées par l’article 728
§2 aux risques et périls de la qualité.
Les conclusions sont aussi, nous disent l’article 149 de la Constitution combiné à l’article 780
du Code judiciaire, le socle du devoir constitutionnel du juge de répondre et de motiver. Le
juge n’a l’obligation que de répondre aux conclusions conformes au code judiciaire. Au mieux
les conclusions sont rédigées, au plus on a de chances de gagnées parce qu'il est difficile de
nous donner tort.
Il y a une propension qui inquiète beaucoup pour le moment les magistrats de Bruxelles: la
longueur des conclusions. C’est une tendance à l’inflation des écritures. Il faut prendre le
temps d’être bref. Si on emmerde quelqu’un, il est normal que sa première propension soit
celle de nous donner tort.

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2. Mentions
L’article 743 du Code judicaire se montre minimaliste.
Il faut indiquer le numéro de rôle général, le nom, prénom, domicile ou adresse électronique
des parties. Les conclusions doivent être signées, sauf si elles sont déposées
électroniquement via le système DPA. À ces conclusions, doit être joint un inventaire.
Ce formalisme est minimaliste et il est aussi assez light, le code judiciaire ne prévoit aucune
nullité. Si les mentions ne figurent pas dans les conclusions, il n’y a pas de sanction.
La jurisprudence de la cour de cassation précise quand même que si on omet d’annexer aux
conclusions l’inventaire des pièces, on est tenu, en raison de cet oubli, d’avoir à prouver la
communication de ces pièces. Donc en présence d’un inventaire, on est irréfragablement
présumé avoir communiqué les pièces. Par contre, si l’inventaire ne s’y trouve pas, on devra
prouver avoir régulièrement communiqué les pièces en même temps que les conclusions.
3. Le contenu
Avec la réforme Pot-pourri, le Code judiciaire a fixé un contenu minimal : « les conclusions
contiennent également, successivement et expressément : 1° l’exposé des faits pertinents pour la
solution du litige; 2° les prétentions du concluant ; 3° les moyens invoqués à l’appui de la demande ou
de la défense, le cas échéant en numérotant les différents moyens et en indiquant leur caractère
principal ou subsidiaire ; 4° la demande quant au dispositif du jugement, le cas échéant en indiquant le
caractère principal ou subsidiaire de ses différentes branches » (article 744 Code judiciaire).

Doivent figurer :
û L’exposé des faits pertinents pour la solution du litige : en droit le fait est capital.
û Les prétentions du concluant : c’est l’objet
û Les moyens : au stade des conclusions, moyens de fait et les moyens de droit. On doit
indiquer tous les moyens, ils doivent être numérotés, en indiquant systématiquement
leur caractère capital ou subsidiaire. À cette structure va faire écho le devoir pour le
juge de motiver sa décision.
Il n’y a pas de contradiction avec le rôle actif du juge : ce qui est imposé à l’avocat.e/justiciable
c’est de développer des moyens de droit, on peut changer en court de parcours, changer de
moyen de droit, prendre d’autres moyens de droit, cela reste la mutation, le juge doit dire le
droit face aux faits invoqués.
Quelles sont les sanctions aux moyens mal fichues ? Il y a deux sanctions indirectes, il n’y a
pas de nullité : le juge ne sera pas obligé d’y répondre, si le juge dit le droit mais que l’on a
pas soulevé le bon moyen de droit, on n’a pas la possibilité de collaborer à la décision, on n’a
pas le droit au respect du contradictoire.
4. Concentration des écritures
Il y a une réforme récente : Il est demandé au barreau de faire des efforts pour soulager et
améliorer les obligations du juge de lire les conclusions et d’y répondre de deux façons
supplémentaires. Non seulement, il y a la nomenclature de l’article 744, mais interviennent
deux mesures supplémentaires de concertation. L’idée c’est la loyauté par rapport au juge et
à l’adversaire.
û La règle de l’article 744 al 2 : interdiction des conclusions par renvoie. Le juge n’a
aucune obligation de répondre à des conclusions faites par renvoi. Avant cette réforme,
des avocats, en degré d’appel, prenaient des conclusions de 2 pages pour dire « je
renvoie à la motivation prise dans mes conclusions de première instance ». Le juge
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devait se livrer à un jeu de piste, il devait non seulement lire les conclusions qui lui
étaient soumises, mais aussi les conclusions qui avaient été soumises à un autre juge,
à une autre instance... un dédale pas possible au sein duquel les juges trébuchaient.
C’était devenu inacceptable, donc 744 al 2: le juge n’a aucune obligation de répondre
à des conclusions par renvoi, ce qu’on a à dire doit être écrit.


û Article 748bis : les conclusions de synthèse : les dernières conclusions en date sont
des conclusions de synthèse et annulent et remplacement les précédents écrits de
procédure, cela signifie que le dernier écrit est celui qui doit être le plus soigné, d’après
la Cour de cassation, le juge ne peut répondre qu’aux conclusions de synthèse. C’est
comme si on n’avait rien fait. Ça doit constituer la synthèse, concise et actuelle. Tout
ce qu'il faut dire et rien que ce qu'il faut dire aujourd’hui. Le juge ne lira que cela et ne
pourra répondre qu’à ce qui est écrit là-dedans. On fera un copié-collé, mais il faut être
prudent et ne rien oublier! Rares sont les cas dans lesquels on peut faire autre chose
que des conclusions de synthèse. Les conclusions de synthèse sont la règle.
5. Délais pour conclure
Article 747 : ce sont des délais couperets qu’il faut respecter !
Comment les délais de conclusion sont-ils fixés ? Trois types de mises en état : pour mettre
une affaire en état d’être jugée, il faut échanger des conclusions de synthèse, pour s’échanger
des conclusions de part et d’autres jusqu’aux conclusions de synthèse. Pour fixer ces délais il
faut un technique : la mise en état pour laquelle il y a trois méthodes alternatives. Le siège de
tout cela se trouve aux articles 747 à 750du Code judiciaire :
û La mise en état purement conventionnelle/consensuelle : articles 747 al 1er, 748 et
750 : lors de l’audience d’introduction, les parties ou leurs avocat.e.s manifestent un
accord unanime pour que l’affaire soit renvoyée au rôle à leurs risques et périls. Les
parties vont s’échanger des conclusions sans délais de complétement, c’est purement
consensuelle. Soit les parties se mettent d’accord entre elles avec un gentlemen’s
agreement, il n’y a pas de sanction en cas de non-respect, soit il n’y a parfois pas de
délai du tout. Jusqu’à ce que sans contraire, coule quelques mois, années plus tard,
tout le monde constate que chacun a ses conclusions de synthèse, l’affaire est en état
d’être jugé. Selon l’article 750, le consensualisme continue, il faut que les parties
sollicitent la fixation conjointe à telle audience. Si un jour, le/la client.e en a marre ou
change d’avocat, il y a aucun moyen de contrainte parce qu’il faut aller main dans la
main pour demander la fixation, il faut passer dans la mise en état judicaire. Si tout se
passe bien, on peut conclure à tout moment ? Oui et non, oui on peut conclure à tout
moment car il n’y a pas de délai contraignant par contre, à partir du monde où est
déposée la demande conjointe de fixation, on peut plus prendre de conclusion. Article
748 : les conclusions tardives sont écartées des débats d’office avec trois exceptions :
le principe du dispositifs : en cas d’accord exprès de toutes les parties, on peut lever la
sanction, s’il s’agit de prendre des conclusions comportant une demande visée à
l’article 808 du Code judiciaire, on peut la former jusqu’au dernier moment. Dans le cas
où une pièce ou un fait est nouveau et pertinent justifiant de nouvelles conclusions
(article 748 §2), le justiciable peut saisir son juge d’une requête sollicitant la permission
de prendre, dans un nouveau délai, de nouvelles conclusions pour s’expliquer sur ce
fait nouveau et pertinent. Le juge dit oui ou non, s’il dit non, c’est une mesure d’ordre
et c’est fini. S’il dit oui, tout le monde reçoit un nouveau délai et refait des conclusion
de synthèse.

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û La mise en état judiciarisé (articles 744 §1 al 2 à 3 et 748 Code judiciaire) : les parties
sont d’accords sur un agenda d’échange des conclusions. Plutôt que de laisser cela
en gentlemen’s agreement, on va entériner cette agenda à l’amiable par le juge. Soit
on le fait par l’article 729, soit on le fait physiquement à l’audience d’introduction ou à
n’importe quelle autre audience. On peut faire ça à tout moment. Le juge a alors un
rôle de notaire, il entérine le calendrier amiablement convenu. Et le juge fait la feuille
de route. Les parties se voient confirmer la feuille de route, et elle devient obligatoire.
L’article 478 dit que si une partie ne respecte pas la feuille de route, ses conclusions
sont écartées d’office des débats. Là, le délai est contraignant, parce que le juge les a
homologués.
 C’est la voie royale, parce que c’est une formule qui conjugue la
souplesse du cas par cas avec la rigueur des délais contraignants. On ne perd pas son
temps. Les délais sont contraignants, si on les loupe, les conclusions sont écartées
d’office des débats. Il y a trois exceptions, les mêmes que pour la mise en état
purement consensuelle.
û La mise en état judiciaire (article 747 §2 Code judiciaire) : Qu’advient-il lorsque les
parties ne s’entendent sur rien? Elles ne veulent pas renvoyer l’affaire au rôle général,
elles ne veulent même pas tomber d’accord sur des délais qui leur conviendraient à
toutes les deux. Alors, il faut faire une mise en état judiciaire, c’est- à-dire que c’est le
juge qui va faire le job et tracer d’autorité la feuille de route. Comment? Au plus tard un
mois après l’audience d’introduction et ce délai est ramené à cinq jours en référé, en
saisine ou en famille. Les parties doivent alimenter le juge avec leurs observations,
leurs desiderata sur la mise en état. Au bout d’un mois, le juge récolte les interventions
et fait ce qu’il veut et va tracer une mise en état judicaire, d’autorité lors de l’audience
de fixation, la plaidoirie au final la feuille de route. Là, les délais sont contraignants, la
sanction : si un délai n’est pas respecté, il y a un écartement d’office des débats avec
les trois mêmes exceptions.
§4. Notions communes aux trois modes de mise en état
Le litige indivisible ne présente aucune dérogation. Selon l’article 747, le caractère indivisible
du litige n’enraie pas les mises en état. On prend une précaution, comme avant, les parties
défaillantes doivent être convoquées par pli judiciaire. Pour le reste, les feuilles de route de
mise en état s’appliquent. La mise en état judicaire n’est pas paralysée par le fait qu’un.e
défendeur.esse ne collabore pas dans un litige indivisible.
L’article 742 du Code judiciaire prévoit que les parties doivent remettre leurs conclusions au
greffe. La date de remise est la date à laquelle les conclusions arrivent dans la main du greffier.
On reçoit d’ailleurs un récépissé.
Concrètement, on a un délai, que doit-on avoir fait pour respecter l’échéance ? Ou, pour parler
négativement, quand le couperet de l’écartement d’office pour motif de tardiveté va-t-il
s’abattre ? Réponse : article 747 §2 ou §4, selon la mise en état, pour respecter le délai, il faut
faire deux formalités : Il faut avoir envoyé ses conclusions à l’adversaire dans le délai et avoir
remis ses conclusions au greffe dans le délai. Les conclusions sont écartées si on loupe une
des formalités, elles sont cumulatives. Et il faut être précis dans l’usage du mot: si on a un
délai qui expire le 16 mars, on a jusqu’au 16 mars, 23:59 pour envoyer les conclusions dans
le délai. Et la remise au greffe, ça doit être en main du greffier! Donc si on veut le remettre en
mains propres, il faut passer avant 16h, si c’est par informatique, le jour même. 


Qu’arrive-t-il si on est sanctionné c'est-à-dire qu’on n’a pas pris de conclusions du tout alors
que l’on avait des délais pour le faire ? Ou elles sont tardives et on n’est pas sauvé.e par
aucune des trois exceptions ? On est bien démuni, privé, déchus des écrits. On peut même
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soulever des moyens oralement. À ce moment-là, l’article 756bis dit que l’adversaire, quant à
lui, a le droit au contradictoire, il a quinze pour répliquer par écrit. On pourrait être choqué.e
par le fait qu’on peut être totalement négligent dans la phase écrite, et puis se rattraper, un
peu à la manière d’une seconde session, à l’oral. On peut plaider la cause malgré que l’on soit
déchu, privé des écrits, on peut même soulever des moyens oralement, l’adversaire dispose
quant à lui, de 15 jours pour lui répondre. La Constitution offre au juge le droit de dormir à
l’audience, l’article 180 3° dit que le juge ne doit répondre qu’aux conclusions, pas de
conclusion pas de réponse. L’oral ne peut pas remplacer ce que l’écrit doit faire en monopole.
Remarque à propos de l’échéance: il y avait jadis la théorie des dominos: c’est quand on reçoit
plusieurs délais pour conclure. Quid du justiciable qui loupe son premier délai? Pouvait-il
arriver comme une fleur avec son second délai? Il y avait jadis une théorie des dominos qui
disait que non, si on était déchu du premier délai, on ne pouvait pas se rattraper dans le
deuxième délai. C’est comme des dominos, ils tombent les uns après les autres. Dans un
premier temps, la cour de cassation a consacré cette thèse. Dans un second temps,
maintenant, elle la condamne. La cour de cassation se montre, pour une fois, assez cool en
disant qu’en soi, le non-respect d'un premier délai ne prive pas du bénéfice du second délai,
sauf déloyauté.
Si on a fait exprès de garder pour la fin tous nos missiles auxquels l’autre ne peut pas répondre,
ça ne va pas. Mais à part ça, la théorie des dominos n’existe plus.
Après tout ça, on plaide, et puis le juge va prendre l’affaire en délibéré.
§5. Débats et clôture des débats
A. Les débats
Les débats sont contradictoires et sont, en principe oraux – article 757 – avec l’exception de
la procédure écrite en cas d’accord conjoint des parties – publics – article 148 de la
Constitution – avec les exceptions du huis-clos et de la chambre du conseil, et depuis
quelques années, interactifs – article 756ter du Code judiciaire, qui date de 2007. Avant, la
majorité des juges étaient assez classiques. Ils donnaient la parole au/à la demandeur.resse,
il déballait tout ce qu’il avait à dire, puis il allait se rasseoir et le/la défendeur.resse allait
déballer tout ce qu’il avait à dire, puis il y avait les répliques, l’affaire était prise en délibéré et
il y avait le jugement.
Aujourd'hui, cela a été un peu cadencé grâce au débat interactif. Le juge peut, au préalable,
proposer aux parties de remplacer les débats ordinaires par un débat interactifs, permettant
au juge d’interroger, d’interrompre. Cela permet de gagner du temps, de réduire le temps à
l’audience, et aussi pour le juge, plutôt que d’attendre et, en délibéré, de dire qu’ils ont oublié
de soulever un moyen de droit et qu’il faut le soulever, dès l’audience, ou même avant celle-
ci, il peut soulever le moyen. Cela permet d’anticiper considérablement, d’économiser et de
respecter le contradictoire, de rendre le débat plus efficace, plus dense, plus utile. Cela se fait
avec des compromis. Le juge peut le proposer à l’entame de l’audience, et les parties refusent,
il peut l’imposer après le débat.
B. Clôture et réouverture des débats
Une fois que les plaidoiries sont finies, le juge prononce la clôture des débats.
À propos de ces débats – article 756 – au plus tard 15 jours avant l’audience (qui est un délai
d’ordre), les parties doivent déposer leurs pièces au greffe. C’est logique, jusqu’ici, on a mis
l’affaire en état, c'est-à-dire que l’on a communiqué et déposé les conclusions au greffe, on
les a envoyées à l’adversaire, mais les pièces sont toujours inconnues du juge, il faut donc les
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déposer. 15 jours avant l’audience, c’est pour permettre au juge de préparer son audience et
de lui permettre d’avoir une audience interactive.
Le juge clôt les débats. Il peut, voire parfois il doit arriver que le juge rouvre les débats. Il est
en plein délibéré, et il va advenir des événements qui vont l’inciter ou l’obliger à rouvrir son
délibéré, à rouvrir les débats. Le siège de la matière se trouve aux articles 772 à 776 du Code
judiciaire. La réouverture peut avoir lieu d’office, à l’initiative du juge, ou à la requête d’une des
parties.
Article 774 : lorsque le juge rejette ou s’apprête à rejeter une demande sur la base d’une
demande sur la base d'une exception qui n’avait pas été soulevée par les parties, il doit rouvrir
les débats pour permettre aux parties de s’en expliquer. C’est l’exigence fondamentale du
contradictoire, c’est la répression absolue d’une forme de surprise.
La Cour de cassation en a fait un principe beaucoup plus général: que le juge accepte ou
rejette la demande, qu’il s’agisse d’un moyen ou d'une exception, tout ce que le juge met
d’office l’amène à rouvrir les débats pour respecter le contradictoire.
C’est un principe assorti de nuances :
û Si les parties n’ont pas soulevé le moindre moyen de droit, ni dans la citation, ni dans
la conclusion, pas de réouverture des débats. Les droits de la défense profitent à ceux
qui ont collaboré.
û Il y a également des cas où le contradictoire ne sert à rien, parce que le juge ne va pas
se servir de cet événement.
û Il y a des moyens que le juge va soi-disant soulever d’office alors qu’en réalité, ils sont
gros comme une maison, le justiciable devait s’y attendre. Donc pas besoin de rouvrir
les débats.
Comment une réouverture des débats se passe-t-elle? Jusqu’à il y a une dizaine d’années,
rouvrir les débats signifiait remixer une nouvelle audience de plaidoirie, elle- même précédée
de nouvelles conclusions. Aujourd’hui, ça se passe par écrit. Le juge rouvre les débats pour
permettre aux parties de s’expliquer, et elles vont s’expliquer chacune dans des délais. Le juge
ne va pas les entendre, sauf exception.
Ça, c’est la réouverture d’office. Si le juge rouvre les débats d’office, on peut bien entendu
faire un recours contre cette décision (appel ou cassation).
Si ce n’est pas le juge, c’est une partie: articles 772 et 773. Les débats sont clos, nous sommes
en délibéré, et une partie prétend qu’est survenu un fait nouveau et capital. C’est encore plus
solennel que dans les conclusions tardives, on va encore plus loin. Dans ce cas, cette partie
fait une requête. Elle est déposée au greffe, notifiée aux autres parties sous pli judiciaire, et
elles peuvent faire valoir des observations (mini débat). Soit le juge rouvre les débats, soit il
refuse. S’il refuse, advienne que pourra, sa décision de refus de rouvrir les débats est une
simple mesure d’ordre (article 776, aucun recours possible). Le juge peut, par contre, se laisser
toucher par le fait nouveau et capital et rouvrir les débats. Ça se passe exactement comme
avant, par écrit (article 775).
§6. Affaire communicables
À la fin d’une instance, il y a dans certaines affaires un petit complétement appelé la
communication pour avis et l’avis du Ministère public : le Procureur du Roi peut être amené à
donner un avis au siège et aux parties. La loi pot-pourri est passée par là. Le leitmotiv du
ministre Koen Geens était « faire mieux, plus vite et moins cher », donc il a fait 2 choses: on

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est passés de la collégialité au juge unique (moins cher) et l’avis du ministère public a été
supprimé.
Avant, lorsque l’avis du Ministère public était demandé, le Ministère public devait donner son
avis, aujourd'hui, l’avis est souvent demandé mais rarement donné, on a voulu recentrer les
parquets sur le pénal et le protectionnel.
Article 764 du Code judiciaire : à peine de nullité, les affaires qui suivent doivent être
communiqués pour avis au Ministère public.
Il n’y a aucune communication lorsque l’on est juge des référés, des saisies, que l’urgence
oblige ou si c’est un juge de paix car l’éloignement oblige et donc pas d’avis du Ministère
public.
Mais surtout, si on prend les articles 764 et 765 du Code judiciaire, on comprend comment le
législateur a siphonné, à des fins d’économie et de rapidité, le système de l’avis. Il y a un
double pouvoir discrétionnaire du parquet: donner son avis s’il le veut, et comme il le veut.
Autant dire que le nombre d’avis a chuté vertigineusement, parce que ce qu’on n’est plus
obligé de faire, on ne le fait plus. Il n’y a que quelques Raes exceptions dans lesquelles le
procureur du Roi devra remettre son avis dans la forme qui lui plaira (oral ou écrit). Ces cas
sont au nombre de trois:
û L’auditeur du travail doit donner son avis dans les affaires de sécurité sociale si le
tribunal du travail le lui demande.
û Devant les tribunaux de la famille, fond ou référé, lorsque le litige implique des enfants
mineurs et que le tribunal de la famille en fait la demande, le parquet doit donner son
avis. C’est souvent activé.
û Le collège des procureurs généraux prend des circulaires qui peuvent ajouter d’autres
cas à ces cas légaux. Par exemple, le divorce par consentement mutuel fait l’objet
d’une circulaire des procureurs généraux, il faut que le procureur du roi donne son avis.
Le collège peut augmenter cette liste à son gré.
Si et quand le procureur du Roi donne son avis, les droits de la défense doivent être respectés
(articles 766 et 767). Une seule chose à retenir: les parties ont, depuis que nous avons été
condamnés à Strasbourg dans les années 90, un droit absolu à pouvoir répliquer à l’avis du
procureur du roi.
Par ailleurs, aujourd’hui, le procureur du Roi ne peut plus participer aux délibérés.
§7. Délibérés et jugement
Le siège de la matière se trouve aux articles 770, 777, 778 du Code judiciaire.
Le juge tient la cause en délibéré après avoir prononcé la clôture des débats.
Le délibéré est en principe d'un mois. Ce mois est éventuellement prorogé si les débats ont
été clos au cours du mois qui précède les vacances judiciaires (si ça se termine en juin, ce
n'est pas 1 mois, mais 2 mois). Ce délai n'est pas sanctionné par quoi que ce soit, et c’est
normal, les jugements ne pourraient pas être caducs. En revanche, ce délai d’ordre n'est pas
pour autant sacrifié parce que la loi l'accompagne d'incitants pissants à la respecter: article
770 et, in extremis, 652: le juge veille, pour chacun de ses délibérés, à ce qu’il y ait sur la
feuille d’audience les motifs de tout retard qu’il aurait dans ses prononcés.
Tous les mois, le greffier porte cette liste au chef de corps. La mission du chef de corps est de
surveiller les délais et les raisons des retards. C’est déjà moins un délai d’ordre qu’il n’y parait.
Si le délai du délibéré se prolonge de plus de 3 mois, il doit lui-même en parler à son chef de
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corps, tout comme le chef de corps peut prendre l’initiative lui- même, et les justiciables eux-
mêmes peuvent prendre l’initiative d’aller alerter le chef de corps. Le chef de corps et ses
juges, en fonction des raisons, mettent en place des remédiations.
Il se peut qu’il y ait des retards réellement justifiés comme un gros retard, il y a de la tolérance,
mais si c’est de la pure procrastination, le chef de corps peut faire une note dans le dossier et
ça peut avoir des suites disciplinaires ou des suites sur la carrière (même si c’est relativement
rare).
Selon l’article 652, si le magistrat traîne plus de 6 mois, les parties et même le procureur du
roi peuvent saisir la cour de cassation d’une requête en dessaisissement. C’est un des motifs
de dessaisissement du juge que la procrastination de plus de 6 mois.Donc ce délai d’ordre
n’est pas du tout indolore même s’il n’est pas directement sanctionné.
Dans le cours du délibéré, il n’y a pas grand-chose à dire puisque le délibéré est secret (articles
777 et 778).
S’ils sont plus d’un, tous les juges qui ont participé au débat doivent prendre part au délibéré.
On ne peut jamais refuser de signer un jugement, on ne peut jamais exprimer une « dissenting
opinion » comme certaines cours suprêmes le pratiquent comme la SCOTUS ou la Cour
européenne des droits de l'Homme. On ne veut pas décrédibiliser la décision, surtout étant
donné que c’est secret. Même si on est en minorité, on se tait.
Une fois que le jugement est délibéré, il est prononcé.
Section 2. La procédure par défaut
Tout ce qui n’est pas vu ici est régi par ce qu’on a vu avant dans la procédure contradictoire.
Le siège du défaut se trouvent articles 802 à 806 du Code judiciaire.
§1er. Défaut à l’audience d’introduction
C’est simple, bête et brutal: article 802: à l’audience d’introduction, le défaut peut être pris
contre toute partie défaillante.
Dans l’immense majorité des cas, c’est le défendeur qui fait défaut. Le code judiciaire n’exclut
pas un défaut pris contre le demandeur, mais généralement le demandeur est vigilant et se
présente à l’audience.
Dans ce cas, le délibéré s’enclenche automatiquement, sans aucune forme de procédure. Les
débats sont clos aussitôt qu’ils sont ouverts, même si l’affaire est complexe, pas seulement
dans les débats succincts.
§2. Défaut aux audiences ultérieures
Deux sous-scénarios:
û Le défendeur ne s’est pas présenté à l’audience d’introduction mais défaut n’a pas été
pris immédiatement contre lui (article 803): faire défaut, ça veut dire qu’il n’est pas là
physiquement (article 728, on peut être là soi-même en justice) mais il n’a pas non plus
envoyé son mandataire ad litem, ou l’avocat n’a pas fait d’acte de postulation (article
729). On n’a rien de tout ça. C’est l'hypothèse de l’article 802, et pourtant l’article 802
ne s’applique pas. Pourquoi? L’article 803 nous le dit. 
Le juge peut d’abord faire
reconvoquer par son greffier le défendeur défaillant. Le but de cette procédure est de
donner une ultime chance au défaillant de comparaître parce qu’un doute subsiste sur
l’effectivité de son atteinte. S’il est à nouveau absent, défaut est pris. L’article 803
alinéa 2 sort encore une plus grosse artillerie en termes de protection du défendeur
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défaillant: il est question de le faire reconvoquer, non plus seulement par pli judiciaire,
mais par exploit d’huissier. Même si l’acte introductif est une requête contradictoire, le
juge qui a un doute raisonnable sur l’effectivité peut actionner la grosse artillerie de la
citation signifiée aux frais du demandeur, pour tenter de conférer au défendeur une
ultime chance de comparaître. Là, en cas d’absence à nouveau, défaut sera pris.
û Le défendeur s’est présenté à l’audience d’introduction mais fait défaut ultérieurement:
l’affaire est remise à une date ultérieure pour un certain motif, et là le défendeur n’est
plus là. Selon l’article 804, le Code judiciaire n'a pas d’états d’âme: à toute audience
ultérieure, le défaillant qui a précédemment comparu peut faire l’objet d’une prise en
délibéré par défaut. Pas besoin de remettre le procès puisqu’il est déjà venu. L’article
ajoute que si le défaillant a déposé et envoyé des conclusions régulièrement, alors (1)
le juge doit répondre à ses conclusions et (2) si nous sommes dans ce scénario, le
jugement, tout défaut qu'il est, sera réputé contradictoire par la loi. C’est une fiction, ça
va signifier que les recours spécifiques contre les décisions par défaut (ex: l’opposition)
ne trouveront pas à s’appliquer. C’est un durcissement supplémentaire.
§3. Conditions et effets du défaut
Comment se déroule la procédure par défaut et quelles en sont les limites?
Premièrement, le défaut ne fait pas entrave au jeu de la mise en état de débats succincts, ni
au jeu de l’article 747 §2. Si on a un litige multipartite, si un des défendeurs fait défaut et les
autres pas, ce ne sont pas les règles du défaut qui prennent le dessus, ce sont les règles
normales de la procédure contradictoire. Tout au plus, si le litige est multipartite et aussi
indivisible, une précaution supplémentaire est prise: une énième convocation sous pli
judiciaire. Mais ça n’entrave pas le jeu normal des procédures contradictoires.
Deuxièmement, dans un vrai défaut, la règle de l’article 805 apparaît: la règle du rabat. L’article
805 ne dit que le défaut ne peut être pris qu’à la fin de l’audience où le défaut est constaté. Il
y a une mesure de précaution supplémentaire: si le défaut est pris, existe alors le rabat. Si on
prend les avantages du défaut, par exemple en tant qu’avocat.e, on part avant la fin de
l’audience et finalement le défendeur arrive, il est proposé au défaillant de rabattre le défaut,
c’est-à-dire de faire comme si rien ne s’était passé et de partir soit dans une procédure de
débats succincts, soit dans une procédure de circuit long. Ce serait bête de refuser.
Plus important sans doute: l’article 806 nouveau: on en parle plus souvent que 805. C’est la
résultante d'une saga qui a duré tout le temps du code judiciaire. La question est cruciale, en
droit mais surtout en termes de protection des droits de la défense et de respect du procès
équitable. Que peut ou pas faire le juge lorsqu’il statue par défaut? Est-ce que ses droits et
devoirs changent? Longtemps, cette question a fait controverse. Aujourd’hui, cette controverse
trouve son dénouement dans l’article 806.
Il signifie que le juge, lorsqu’il statue par défaut, doit mais ne peut soulever que des moyens
d’ordre public. Que ce soient des moyens de procédure ou de fond.
A contrario, le juge ne peut plus, statuant par défaut, soulever des moyens étrangers à l’ordre
public.
Donc au final de cette saga: oui, les pouvoirs du juge statuant par défaut sont différents, ils
sont plus restreints. Le législateur a voulu faire l’économie de débats un peu asymétriques où,
finalement, le demandeur affronte un adversaire en la personne de son juge.
Il y a quand même eu une levée de boucliers, deux arrêts de la Cour Constitutionnelle de 2018
et de 2020, un arrêt de la Cour de cassation, c’est normal: un texte comme ça a suscité un
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peu l’incompréhension, on amoindrit la protection du défendeur défaillant. Mais on n’est pas


passés dans un régime totalitaire! On doit préciser la dignité de ce texte:
û Tout ce qui est d’ordre public doit être soulevé d’office.
û Si le juge a le moindre doute sur l’effectivité de l’atteinte correcte du défendeur, c’est-
à-dire a le moindre doute quant à l’intégrité des droits de la défense du défendeur, il
ne soulève pas les nullités d’office parce qu’il ne peut pas, elles ne sont pas d’ordre
public.
La protection est donc à la carte.
Quid des abus du demandeur qui, spéculant sur le défaut, charge la barque? On a un bel arrêt
de la cour de cassation du 13 décembre 2016. Le cas est le suivant: c’est une victime qui se
constitue partie civile contre un défendeur qui fait totalement défaut, de même que l’assureur.
Sentant la bonne affaire à faire, la victime charge à mort la barque de ses dommages et
intérêts, explose tous les compteurs normaux et les tableaux indicatifs. Spéculant sur
l’étrangeté à l’ordre public de 1382 (il n’est pas d’ordre public). Et le juge se sent condamné à
condamner. On arrive en cassation, et l’avocat général dit que c'est la résultante du texte de
806 qui est trop restrictif. Ce n’est pas d’ordre public. La cour de cassation dit pas du tout.
Spéculer sur le défaut d’autrui, c’est porter atteinte à l’ordre moral et économique de l’Etat de
droit. La contrariété à l’ordre public, c’est porter atteinte à l’ordre moral et économique d’une
société. Spéculer sur le défaut d’autrui, c’est un comportement qui porte atteinte à l’ordre
public. Qui spécule de manière malsaine le défaut de son adversaire porte atteinte à l’ordre
moral d'une société. Donc abus de droit et réduction de la prétention.
Le défendeur défaillant est protégé sur la procédure par l’article 806 et sur le fond par l’abus
de droit, donc 806 n'est pas un texte totalitaire.
Section 3. La procédure en référé
§1er. Introduction
On sait déjà tout, c’est le droit commun. En règle, selon l’article 700, le mode à utiliser c’est la
citation (sauf précision expresse de la loi). Il y a parfois des référés pour lesquels la loi autorise
expressément une requête contradictoire (en matière familiale ou art 706). On ne peut
évidemment pas déroger à la condition de l’urgence, ça c’est d’ordre public.
La seule différence, c'est le délai de citation/requête/comparution qui n'est pas de huit jours
mais de deux jours, et ce délai est lui-même sujet à l’accordéon classique de prolongation ou
d’abréviation (article 55, 1305, 1036).
§2. Instruction de la demande et procédure
C’est grosso modo la procédure contradictoire mais en plus rapide. L’affaire est fixée le plus
rapidement possible.
Attention: qui dit référé ne dit pas forcément débats succincts! Qui dit urgence ne dit pas
simple, au contraire. Parfois, des audiences en référé prennent trois audiences de suite. Est-
ce que c'est compatible avec 747? Oui. Évidemment qu’il y a des conclusions en référé, les
délais sont juste compressés. On a vu ça pour la mise en état judiciaire: les délais sont
abrégés. C’est la même chose mais en plus rapide.
Le juge peut-il prendre des mesures d'instruction en référé? Oui. Des mesures d’instruction,
comme telles, peuvent être demandées en référé, comme par exemple l’expertise. Par ailleurs,
le juge des référés peut, pour instruire sa propre affaire, prendre une mesure d’instruction. Et

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la mesure d’instruction ordonnée par le juge des référés est une mesure d’instruction pleine et
entière. Au fond ou en référé, l’expert a la même mission, ça va juste plus vite.
Quid des demandes incidentes, est-ce que c’est aussi applicable? Oui, à une exception près:
la demande incidente en référé doit présenter la même urgence que la demande principale.
Pas question d’injecter une demande normale, de fond, dans une procédure d’urgence.
Une particularité: quid de l’avis du ministère public? Il n’y a pas de renvois pour avis des
affaires au ministère public, à cause de l’urgence. La seule exception, c’est le référé familial.
En cette matière, a fortiori lorsqu’il y a des enfants mineurs, il y a renvoi pour avis et, le cas
échéant, réquisition de l’avis, par le tribunal auprès du parquet. À part ça, pas d’avis dans les
affaires civiles en référé.
§3. Ordonnance et voies de recours
Quelques modestes particularités. La décision elle-même ne s’appelle pas un jugement, mais
une ordonnance. Depuis la nuit des temps, une décision à portée limitée s’appelle une
ordonnance, mais en soi ça ne change rien.
Par contre, l’ordonnance en référé n’a pas les mêmes effets qu’un jugement ordinaire. On est
dans la dérogation totale à deux égards:
û Une ordonnance de référé n’a aucune autorité de chose jugée, ce n'est pas un
jugement définitif au sens de l’article 23 du Code judiciaire.
û Article 1039: une ordonnance de référé est toujours exécutoire de plein droit, ce que
confirme l’article 1397 alinéa 3. Ça signifie qu'on pourra toujours mettre à l’exécution
forcée, même s’il y a opposition, appel, recours en cassation, parce que c’est urgent.
Les voies de recours du référé sont les voies normales, avec les mêmes points de départ et
les mêmes délais. Il y a juste une petite particularité: l’article 1066 du Code judiciaire, que nous
verrons quand on verra l’appel. C’est l’article qui régit les débats succincts en degré d’appel.
L’article 1066 fait une faveur au justiciable un peu lent en référé : l’appel d’une ordonnance de
référé est un des cas où la loi offre de plein droit une présomption de débats succincts. Ce qui
malheureusement reste parfois un vœu pieux, il y a quand même parfois beaucoup de temps
d’attente.
§4. Référé et « quasi-référé » familial
Le référé familial présente certaines particularités qui sont tellement importantes et
nombreuses que ça fera l’objet d’un chapitre particulier dans la seconde partie.
Section 4. La procédure sur requête unilatérale
Ces cas sont non pas rares mais extrêmement restrictifs.
§1er. Introduction de la demande
La requête unilatérale est régie par un formalisme léger mais ferme (art 1026 C. jud.), introduit
par une peine de nullité.
On a déjà insisté sur l’exigence de la signature d'un avocat. La requête unilatérale est un des
rares actes où le code judiciaire exige la signature d’un avocat (la requête unilatérale, le
pourvoi en cassation et la requête civile). La ratio legis est que la requête unilatérale est un
acte tellement attentatoire aux droits fondamentaux et de la défense qu’il ne se concevrait pas
que n’importe qui puisse introduire une requête unilatérale.

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Quid de la nullité dans ce cas? Il y a un problème logique. On sait que les nullités sont relatives
et ne peuvent être soulevées que par le défendeur. Le problème est qu’il n’y a pas de
défendeur. Il résulte alors d’une doctrine unanime que le juge saisi d'une requête unilatérale
doit pouvoir soulever les nullités, fussent-elles d’ordre privé. Il est admis, en vertu de l’article
1028, que le juge examine et peut donc remballer une requête unilatérale non signée, non
datée, pas claire, etc.
La requête est déposée au greffe de la présidence (article 1027). Ça peut être fait par les
modes habituels (envoi par la poste, DPA), mais on y va aussi soi-même puisqu’on est pressé.
Ensuite le greffier va soumettre la requête au président.
§2. Procédure
Le.la juge/président.e ou son/sa délégué.e statue sur pièces (article 1028) et en chambre du
conseil (art 1029). Au passage: c’est une dérogation à la Constitution sans réelle base
constitutionnelle.
Le/la juge peut convoquer le demandeur ou ses avocat.e.s (article 1028), mais globalement
le/la demandeur.resse attend quand iel dépose une requête unilatérale et se tient à disposition.
Le/la président.e peut aussi entendre d’éventuelles parties intervenantes (article 1028), mais
c'est rare. Il se peut qu’une demande en intervention soit introduite dans le cadre d’une
procédure unilatérale, mais c’est un cas relativement rare puisqu'il faut être bien informé et
solidement féroce pour apprendre l’existence d'une requête unilatérale et aller jusqu’au bureau
du président pour introduire une demande en intervention. Mais ça peut arriver et le président
entendra les interventions.
§3. Ordonnance et voies de recours
Le juge rend son ordonnance en chambre du conseil (à nouveau en contradiction avec la
Constitution). Tout comme l'ordonnance en référé, l’ordonnance sur requête unilatérale est (1)
dépourvue de toute autorité de chose jugée et (2) elle est exécutoire de plein droit (art 1029).
C’est normal, c'est l’essence même d’une procédure sur requête unilatérale.
Dans les 3 jours, le greffier procède à une notification sous pli judiciaire de l’ordonnance au
requérant, pour faire ouvrir le délai d’appel, parce qu’on peut perdre sur requête unilatérale
(art 1030).
Quels sont les délais ouverts pour une ordonnance rendue sur requête unilatérale? Il y a
quelques particularités.
Il existe un appel de la part du requérant qui a, en tout ou en partie, perdu. Le délai est de 1
mois, les règles de compétence ne changent pas, c’est juste le point de départ qui change,
c’est la notification sous pli judiciaire qu’a faite le greffier. Et la procédure en appel continue à
être unilatérale.
L’article 1032 est la rétractation de l’ordonnance sur requête unilatérale. C’est la preuve que
l'ordonnance est dépourvue de toute chose jugée: l’article prévoit que le requérant puisse
ultérieurement saisir le juge d’une demande en vue de le faire rétracter son ordonnance initiale,
c’est-à-dire la modifier, en justifiant d'un changement de circonstances. Et on revient devant
le même juge! C’est très propre aux ordonnances sur requête unilatérale, on ne trouve ça nulle
part ailleurs.
Quid des tiers, c’est-à-dire des personnes qui, n’étant pas parties à la procédure, sont malgré
tout impactées? Quid de leurs droits de la défense? Est-ce qu’elles disposent d'un recours?
Oui, c’est exigé par la Cour européenne des droits de l'Homme, qui tolère les procédures sur
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requête unilatérale, à condition que le tiers préjudicié se voie rétablir le plus rapidement
possible la contradiction, grâce à un recours appelé la tierce opposition (articles 1033 et 1034
mais également 1125 et suivants). Le délai de tierce opposition est d’un mois dans ce cas
(alors que dans les autres cas c’est 3 mois).
CHAPITRE III. LE JUGEMENT
Section 1. Diversité des décisions de justice
Commençons par faire un rappel de vocabulaire: on parle de jugement, d’ordonnance, d’arrêt.
L’arrêt est la décision qui est le propre d’une cour.
La typologie jugement - ordonnance est un peu plus flottante mais n’a surtout pas, comme
telle, de portée juridique, l’ordonnance est traditionnellement le support d’une décision de
portée provisoire (typiquement, le référé et la requête unilatérale). Pour le reste, on parle de
jugement. Ce n’est pas super important.
En revanche, la distinction entre jugement définitif et jugement avant dire droit est importante.
Au commencement, il y eut l’article 19 du Code judiciaire. Cet article fait une distinction entre
jugement définitif et jugement avant dire droit, on y trouve une définition à l’alinéa 1. Le
jugement définitif est celui par lequel le juge dit le droit, épuise sa juridiction sur une question
litigieuse. Attention: définitif a une signification très technique. Définitif ne peut pas être pris au
sens commun du terme, ça ne signifie pas le jugement final, celui qui serait pris en tout bout
de parcours, il y a encore l’appel, le pourvoi, tout ce qu’on veut. Définitif ne signifie pas non
plus le jugement global, total. C’est loin d’avoir épuisé toutes les questions litigieuses.
Définitif, c’est : UNE question litigieuse faisant l’objet d’UN épuisement de juridiction suffit à en
faire un jugement définitif.
Le contraire d’un jugement définitif, c’est le jugement avant dire droit, défini par l’alinéa 3. Il
sert soit à instruire la demande, soit à régler provisoirement la situation des parties, donc il y
a deux types de jugements avant dire droit.
Soit celui qui est pris pour permettre d’instruire le litige, pour permettre au juge de dire le droit
dans un jugement définitif. C’est une mesure d’instruction.
L’autre type de jugement avant dire droit, c’est pour régler provisoirement la situation des
parties. C’est là une mesure d’aménagement, d’attente, de temporisation. Le temps qu’on doit
attendre pour qu’il y ait un ou des jugements définitifs peut être long, la vie ne s’arrête pas. Il
se peut que le juge doive prendre une mesure d’attente, ordonner le versement d'une provision
précaire à la victime, ordonner que l’objet qui est en litige fasse l'objet d’une mesure de
séquestre... ce n’est pas non plus un jugement définitif.
Cette double distinction est porteuse de multiples enjeux, et elle est importante parce qu’on la
retrouve partout dans le code judiciaire. Quelques exemples:
û L’autorité de la chose jugée est totale pour les jugements définitifs et totalement absent
pour les jugements avant dire droit.
û Pour la force exécutoire: certaines décisions sont exécutoires de plein droit, comme
les mesures d’instruction, d'autres pas forcément.
û Les dépens (article 1017): tout jugement définitif statue sur les dépens, mais aucun
jugement avant dire droit ne peut accorder des dépens.
û La recevabilité de l’appel: il y a un monde de différence entre l’appel des jugements
avant dire droit et l'appel des jugements définitifs.

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Distinction entre jugement par défaut et jugement contradictoire: un jugement par défaut, ce
sont les articles 802, 803, 804 alinéa 1, c’est-à-dire le jugement prononcé en l'absence d'une
des parties. Le jugement contradictoire est prononcé aux termes d’une procédure
contradictoire.
Attention aux faux amis: il y a des procédures qui sont physiquement par défaut mais
juridiquement contradictoires! Par exemple, les articles 747 ou 804 alinéa 2. Le plus souvent,
c’est la nature même des choses, mais parfois le droit s’en mêle.
Cette distinction sert à 2 endroits:
û Dans les voies de recours: un jugement contradictoire a un appel, un jugement par
défaut a un appel et/ou une opposition.
û Dans la force exécutoire: selon que c’est par défaut ou contradictoire, il y a des
différences.
Une jurisprudence de la Cour de cassation est très importante: elle dit que la nature d’une
décision (définitive, avant dire droit, par défaut, etc) est fonction des règles du Code judiciaire
et non pas de la qualification que le juge ou le greffier ont par erreur donnée. Ça peut arriver
que le greffier pose la mauvaise mention sur le jugement, notamment pour tout ce qui touche
à la fiction du contradictoire dans un jugement par défaut. Ce qui compte, ce sont les règles
du code judiciaire, les apparences sont parfois biaisées par des mentions inopérantes. Il n’y a
pas d’apparence légitime.
Section 2. Conditions de validité formelle du jugement
On parle pour tous les jugements de manière générale.
§1er. Par qui le jugement est-il à rendre ?
L’article 779 dit qu’il faut que le jugement soit rendu par le/tous les juges qui ont assisté aux
audiences. Ça paraît assez normal, le juge qui a entendu les parties doit aussi rendre le
jugement.
Cependant, l’article 779 peut poser problème quand on a affaire à des chambres ou des
juridictions collégiales. Là, ça devient un peu plus compliqué de respecter l’article, parce qu’il
y a des changements de siège, des magistrats admis, promis, qui prennent leur retraite... ça
rend les choses plus difficiles parce qu’il faut que l’instance soit intégralement recommencée.
Il y a du rafistolage en pratique. Pour être pragmatique, la cour de cassation a considéré que
cet article n’était pas d’ordre public.
§2. Comment le jugement est-il rendu ?
L’article 780 commence par les mots « à peine de nullité, tout jugement comporte... ». Une
remarque: les mots « à peine de nullité »: lorsqu’on parle d'un jugement frappé de nullité, ce
n’est pas la nullité au sens de théorie des nullités, un jugement n’est pas un acte de procédure
soumis à la théorie des nullités! Ça veut dire à peine de recours qui serait formé contre un
jugement irrégulier en la forme.
Le jugement doit comporter plusieurs choses, et doit notamment comporter la réponse aux
conclusions prises conformément à l’article 744. Cet article a été récemment révisé et articule
les choses, il y a un certain formalisme auquel fait écho 780. Si les conclusions sont mal faites,
violent ce formalisme structurant, le juge ne doit pas y répondre.
Le juge a l’obligation de répondre exclusivement aux dernières conclusions, les conclusions
de synthèse.

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Quand on a parlé de la publicité des audiences, des décisions, on a mentionné l’article 149 C°
récemment révisé, qui dit qu’en matière pénale, les dispositifs sont encore lus publiquement à
l’audience. En matière civile, le constituant renvoie la balle à la loi fédérale, qui dit la même
chose que la Constitution en matière pénale.
Qui doit prononcer le jugement? Les articles 782 et 782bis répondent qu’il ne doit être
prononcé que par le président qui a présidé la chambre en question. On n’a pas besoin de
tous les assesseurs pour prononcer le jugement.
L’article 782bis mesure également l’économie: si le président est empêché, malade, etc, il
hérite d'un jugement tout fait par les bons juges et le président peut le dire qu’un autre va le
prononcer à la place de son collègue.
Quand le jugement est-il prononcé? Après un mois normalement, mais c’est un délai d’ordre.
Est-ce qu'il faut faire l’écrit d’abord? Oui, article 782. Il doit d’abord être couché par écrit et
signé par ses auteurs avant d’être prononcé. Toutefois, il y a une dérogation, le jugement peut
être prononcé sur les bancs dans des cas extrêmes (comme le cas du défaut par exemple).
Le plus souvent, c’est écrit d’abord, prononcé après.
Qu’est-ce que c’est écrit? Quand on parle de décisions de justice, on a trois instruments :
û La minute: c’est l’original. Le jugement contient les signatures du ou des juges et du
greffier. La minute, c’est l’équivalent de l’acte authentique du notaire.


û L’expédition: articles 790 et 791. C’est la copie conforme de la minute, elle est signée
comme la minute, mais il y a deux plus:
Ø L’expédition c’est l’acte détachable, le greffier peut la remettre à l’avocat.e,
l’huissier, etc., pour être signifié. La minute reste au greffe, mais l’expédition,
qui est la copie conforme, est délivrée par le greffier à l’huissier de justice
lorsque celui-ci vient la commander pour qu’elle soit signifiée (pour faire courir
les délais, etc.).
Ø Lorsque la décision est exécutoire et qu’elle peut être exécutée, le greffier a
sous sa responsabilité le devoir d’apposer sur l’expédition la formule exécutoire
(article 40 Constitution). Comme le notaire, sauf que ça s’appelle la grosse. 


û La copie: c’est le document non signé, photocopié, PDF, délivré sans aucun juridique
quelconque aux parties. L’article 792 dit que c’est maintenant par mail, c’est
modernisé. Mais c’est la simple copie! L’expédition est levée par des formes
particulières par l’huissier de justice qui la commande au greffier, qui la signe.
Quid quand les juges se loupent dans le formalisme requis par l’article 780? « À peine de
nullité » signifie moyennant une correction ou censure via la voie de recours appropriée. Or
désormais la voie de recours appropriée est beaucoup plus expéditive: depuis la loi pot-pourri
I, il existe, à l’article 794, la possibilité de faire rectifier une décision de justice entachée d’une
erreur matérielle. La rectification existe depuis 50 ans. Ce qui est plus neuf, c’est que par le
biais de la rectification, on peut désormais corriger rapidement et facilement un jugement
auquel manquerait telle ou telle mention. Avant, il fallait aller en appel ou en cassation,
aujourd’hui une simple procédure de rectification simplifie les choses. La seule formalité qui
ne peut pas être rectifiée, c’est la motivation. Là, si c’est mal motivé, si notamment ça ne
répond pas aux conclusions, c’est l’appel ou le pourvoi en cassation. Pour le reste, c’est la
procédure simplifiée de la rectification.

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§3. Rectification et interprétation


Le siège de la matière se trouve dans les articles 793 à 800 du Code judiciaire.
A. Interprétation
Il se peut, même si ce n’est pas souhaitable, qu’une décision de justice soit obscure, ambiguë,
et nécessite d’être interprétée. On rencontrera souvent un problème par rapport à cela au
stade de l’exécution. Il y a une procédure d’interprétation. Attention: le juge qui interprète ne
peut, en aucun cas, étendre, restreindre ou modifier les droits qui ont été adjugés. Le juge ne
peut pas déjuger ce qu’il a jugé, pas question d’effectuer le job d’un juge de recours.
Soit on se rend devant le juge lui-même, soit devant le juge d’appel (s’il y a un appel) et le juge
tranchera ensemble l’appel et le problème d’interprétation, ou encore devant le juge des
saisies.
B. Rectification
C’est l’article 794. La décision est entachée d’une erreur matérielle. Cas typiques: un nom est
mal orthographié, on oublie de reprendre une partie dans l’intitulé, il y a une erreur de calcul...
Pour une rectification d’erreur matérielle, on peut se rendre devant le tribunal, devant le juge
des saisies si le problème se soulève devant lui, ou avant le juge du recours.
La nouvelle rectification, comme on vient de le dire, est très heureuse, on peut aussi y aller
pour l’erreur de forme commise par le juge qu'on vient de voir.
On peut même faire rectifier une erreur linguistique par ce biais. Jadis, une seule citation
d’auteur en français dans un arrêt flamand valait cassation. Aujourd’hui, on dit que le juge
n’aura qu’à rectifier et traduire. La Cour Constitutionnelle a laissé cette facilité linguistique, par
contre, pour les citations et les requêtes, c’est toujours la nullité absolue.
On a ajouté une autre disposition heureuse: l’article 794/1 sur l’omission de statuer. Le juge a
l’obligation de statuer sur l’objet et rien que l’objet. Mais parfois, des juges oublient de statuer
sur un objet ou une partie d’objet.
Depuis peu, grâce à cet article, plutôt que de devoir introduire un appel ou un pourvoi juste
pour ça, on revient devant le même juge pour lui demander de compléter sa copie.
C. Formes
Quelles formes pour solliciter l’interprétation ou la rectification? La réponse est dans l’article
795 : on a ici un cas où la loi autorise l’introduction d’une demande en rectification ou en
interprétation par une simple requête. On peut aussi, et c’est encore mieux, comparaître
conjointement. Et il y a un petit nouveau qui porte atteinte au principe dispositif: l’article 797
autorise le juge à rectifier ou à interpréter d’office, sans qu’on le lui demande, sa propre
décision.
Section 3. Communication du jugement
La communication est un mot générique qui cible les deux notions de signification et de
notification.
Dans la communication, on ne parle pas de la communication libre d'une copie d’un jugement,
on parle d’une communication qui va produire des effets juridiques. Qu’est-ce qu'on entend
par effets juridiques? Il y en a principalement deux: faire courir les délais de recours et servir
de point de départ à une mesure d’exécution. Il y a un règle, puis des dérogations.

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§1er. Signification du jugement


On voit encore une fois la préférence du législateur pour l’acte de signification. Par produire
des effets juridiques, marquer la prise de cours d’un délai (art 57), en règle, le point de départ
des recours, c’est la signification par huissier qu’on a vue, et on sait pourquoi.
Pour faire exécuter une décision, c’est l’article 1396: il faudra toujours la faire signifier, c’est-
à-dire lever l’expédition par l’huissier de justice. Mais il y a beaucoup de jugements qu’on ne
fait pas signifier, parce qu’on n’a pas envie d’ouvrir des recours ou parce qu’on n’en a pas
besoin (parc que ça a déjà été exécuté par exemple). On peut faire signifier à tout moment,
mais il faut toujours garder à l’esprit le délai de prescription de 10 ans.
§2. Notification du jugement
Dans certains cas prévus expressément par la loi, c’est la notification sous pli judiciaire qui fait
courir les délais de recours. On ne pourra jamais faire exécuter une décision simplement
notifiée. Par contre, pour les voies de recours, ça oui, dans les cas expressément prévus par
la loi.
C’est pour éviter les coups que le législateur, à titre dérogatoire et expresse, prévoit la
notification sous pli judiciaire pour le point de départ du délai d’appel et de cassation.
La Cour de cassation, ici, a développé une jurisprudence piégeuse selon laquelle la notification
sous pli judiciaire, au point de départ d’un délai de recours, résulte non seulement d’une
disposition expresse, mais également d’une notification qui, compte tenu du contexte,
constitue le point de départ du délai de recours. Ça porte atteinte à la sécurité juridique. Elle a
une jurisprudence qui est un peu flottante, hésitante.
Soit il résulte de la loi que c’est le point de départ, comme l’article 792 du Code judiciaire, mais
il y a d’autres matières où ce n’est pas le cas et ça résulte des circonstances.
C.C., arrêt 23/2022, 10 février 2022 : C’est une question posée par la cour d’appel de Mons.
C’est l’histoire d’un justiciable qui, pourtant accompagné d’un avocat, s’emmêle les pinceaux
avec les mesures covid, et les prolongations de délais. La cour d’appel de Mons constate la
tardiveté de l’appel, mais comme elle n’est pas sotte, elle pose une question préjudicielle en se
demandant s’il est normal, conforme aux standards du procès équitable qu’une signification de
jugement ne comporte pas l’indication précise, pédagogique des modalités du recours qui est
offert au justiciable contre la décision signifiée. Est-ce qu’il est normal qu’il n’y ait pas de mode
d’emploi des recours qu’on peut utiliser? La cour d’appel de Mons dit qu’il y a des arrêts de la
Cour européenne des droits de l'Homme où nos États se sont fait ramasser car les exploits de
signification ne sont pas assez pédagogiques. Comme devant la Cour Constitutionnelle, il est
toujours bon d’invoquer une différence de traitement, la cour dit « regardez l’article 792, al 3
Code judiciaire, il faut que le pli judiciaire indique les voies des recours et ses modalités mais
l’exploit de signification, rien. C’est une différence de traitement non objectivée, non
proportionnelle, il y a une discrimination. Arrêt de la Cour Constitutionnelle du 10 février 2022:
double réponse positive: oui, notre législation, en son état actuel, en tant qu’elle ne prévoit pas
que les exploits de signification, les jugements indiquent de manière claire au justiciable les
recours ouverts à la décision est contraire à la CEDH et aux articles 10 et 11 de la Constitution.
Résultat, notre législateur fédéral a l’obligation, d’ici au 31 décembre 2022, d’adapter notre code
judiciaire aux standards européens et de faire de toute communication (tous les plis judiciaires
qui notifient les jugements, tous les exploits de signification) devront comporter l’indication claire
et précise des modalités et des délais de recours contre les décisions. C’est un bon pas pour
le droit au procès équitable, mais il y a du pain sur la planche.

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Section 4. Effets du jugement


§1er. L’autorité de la chose jugée
Le siège de la matière se trouve dans les articles 23 à 27 du Code judiciaire.
L’autorité de la chose jugée, c’est une présomption de vérité légale: ce qui est jugé vaut vérité
légale entre parties. Pourquoi? Pour qu’à un moment, à l’affrontement succède la paix
judiciaire. La sécurité juridique ne peut pas remettre en cause indéfiniment la res judicata.
C’est un peu la ratio legis.
On a deux aspects: un aspect négatif et un aspect positif.
A. La valeur décisoire (aspect négatif)
Pour le dire simplement, on ne peut plus réitérer sa demande lorsque celle-ci a fait l’objet d’une
décision revêtue de l’autorité de la chose jugée. On ne peut pas revenir devant un juge, le
même ou un autre, pour lui soumettre une demande ou même une question litigieuse sur
laquelle il a déjà statué en notre présence.
Deux scénarios sont possibles :
û On est devant le même juge: le juge X tranche une question, rend un jugement définitif.
Il tranche d’autres choses, et puis, soit par malice soit par négligence, on tente de lui
faire dire autre chose que ce qu’il a déjà décidé. On ne peut pas réitérer une demande
ou une question litigieuse déjà tranchée. Si on est devant le même juge, ça s’appelle
l’exception de dessaisissement. On est dessaisi de la question litigieuse. C’est
tellement important que la cour de cassation considère que c’est d’ordre public. Le juge
ne peut pas revenir sur ce qu’il a déjà jugé entre parties et on ne peut pas essayer de
lui faire faire.


û On est devant un autre juge: à l’occasion d'un autre procès, ou du même procès parce
qu’on est en référé, ou devant le juge des saisies par exemple. Devant cet autre juge,
on ne peut pas réitérer une demande ou une question litigieuse qui a déjà été tranchée
précédemment par un autre juge. Là, on se heurte à l’exception de chose jugée ou une
fin de non-recevoir de chose jugée. Qui, curieusement, est d’ordre privé ici, seul le
défendeur peut la soulever.
C’est quoi, la même demande ou la même question litigieuse? Il faut qu’il s’agisse des mêmes
parties en matière civile. C’est nous, mais aussi tous nous ayants-droits, nos héritiers, nos
subrogés. Il doit s’agir d’un même objet, et enfin d’une même cause. Qu’est-ce que la cause
au sens de l’autorité de la chose jugée? Pour le juge, la cause c’est uniquement le fait. Mais
pour la chose jugée, c’est quoi? Depuis les lois pot-pourri, la cause est la même chose que
pour le rôle du juge, ce sont exclusivement les faits.
Par exemple, une dame qui trébuche sur une feuille de salade dans un grand magasin et elle
assigne l’adversaire sur la base de l’article 1382 du Code civil, et elle tombe sur un juge
mauvais qui ne connaît ni le droit, ni la jurisprudence de la cour de cassation et qui s’abstient
donc de soulever le bon moyen de droit, qui est le vice de la chose (art 1384). Et elle est
déboutée par un juge négligent. Question: cette dame pourrait-elle réitérer sa demande en
changeant de base légale? Désormais, l’article 23 du Code judiciaire qui a été révisé par la loi
pot-pourri prive cette malheureuse de la possibilité. Il faut que la demande repose sur la même
cause, quel que soit le fondement juridique invoqué. En d’autres termes, si on loupe la bonne
cartouche juridique la première fois, on est cuit pour toujours. Et cette dame ne peut plus
réitérer son action sous la couleur d’une autre base légale, il y a chose jugée qui englobe tous

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les moyens juridiques possibles. Est-ce que c’est dégueulasse? Non, parce que dans la
plupart des cas, le juge actif, saisi de la première demande, aura fait le travail et dit le droit
correctement comme la cour de cassation le lui impose, et donc cette dame n’aura pas besoin
de s’y reprendre à deux fois puisque la première fois, le travail aura été fait correctement.
Est-ce que je peux réitérer ma prétention contre mon adversaire, mais sur la base d’autres
faits? Oui, il y a un changement de cause, mais attention: il y a le principe de loyauté. On ne
peut invoquer des faits nouveaux que s’ils sont véritablement nouveaux, c’est-à-dire soit
postérieurs à la décision, soit antérieurs mais impossibles à découvrir antérieurement. En
d’autres termes, une fois qu'on a perdu, la loyauté s’oppose à ce qu’on secoue un peu le sac
à pièces pour trouver autre chose. La loyauté et l’abus de droit s’opposent à l'injection de faits
soi-disant nouveaux.
À quelles décisions s’applique cette chose jugée décisoire qui interdit la réitération? À tous les
jugements définitifs, c’est-à-dire les décisions qui disent le droit sur UNE question litigieuse,
quelle qu’elle soit.
A contrario, la chose jugée décisoire ne s’applique pas ni aux jugements avant dire droit, ni
aux ordonnances de référé, ni aux ordonnances de requête unilatérale. Le juge, peut dans un
premier temps dire qu’il n’ordonne pas une expertise, et dans un second temps, revenir sur sa
propre position et l’ordonner. En référé, idem, une décision n’a pas l’autorité de chose jugée
qu’aurait le juge du fond ultérieurement. Le juge du fond peut être déjugé par le juge du fond,
ce n’est pas un problème juridique. La cour de cassation considère qu’une décision de référé
n’a pas l’autorité de la chose jugée, mais que la décision a une autorité de chose décidée,
c'est-à-dire qu’on ne peut revenir en référé qu’en démontrant de bonne foi un changement de
circonstances. En démontrant des nouvelles circonstances, on peut démolir la chose décidée
par le juge de référé.
B. La valeur probante (aspect positif)
C’est la présomption, la chose jugée est un mode de preuve. Ce qui est jugé n’a plus à l’être
et va être opposé comme preuve dans n’importe quel autre procès. Ça s’applique à toute
décision sur une question litigieuse, à toute décision définitive sur une question litigieuse.
Par exemple, en matière de bail commercial: on va devant le juge de paix et la contestation
entre le bailleur et le preneur concerne la résolution du bail au motif de la faute grave par le
preneur. Devant le juge de paix, s’engage un débat sur la qualification du contrat: s’agit-il d’un
contrat de bail commercial ou de leasing? Et à l’occasion de ce premier procès, le juge décide
que c’est bien un bail commercial et il repousse la demande de résolution judiciaire du bail.
Quelques années plus tard, les mêmes parties reviennent devant le juge de paix à propos du
même contrat pour plaider, cette fois, la question de la prolongation du contrat de bail
commercial. L’un voulait sa prolongation, l’autre le congé. Et le perdant de l’époque retenait la
question de la qualification, en disant qu’il n’y avait pas autorité de chose jugée puisque ce
n’est pas le même objet; ce n’est pas la résolution, c’est la résiliation avec un congé. La cour
dit que peu importe que l’objet soit désormais différent. Il y a eu une question litigieuse entre
les mêmes parties, et sur cette question, le juge a précédemment dit le droit. Il y a chose jugée,
il y a preuve, c’est irréfragablement présumé être un contrat de bail. Il y a autorité de chose
jugée sur cette question litigieuse et on ne pourra plus y revenir, on est obligé d’en tenir
compte, qu’on soit partie ou juge.
À qui s’étend cette présomption de vérité légale sur une question litigieuse? On est en matière
civile, et on a appris que l’autorité de chose jugée est relative en matière civile, elle ne lie que
les parties à la décision.

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Les parties sont aussi les ayants-droits.


On n’est pas en matière pénale ou la décision vaut erga omnes. Cela dit, il y a quand même
quelques trous en matière civile dans le principe: les actions en cessation ont la particularité
d’être, comme les décisions pénales, opposables erga omnes. Les décisions relatives à l’état
des personnes aussi, tout ce qui touche au mariage et à la filiation est opposable erga omnes,
nul ne peut remettre en cause un divorce ou une filiation.
Quid des tiers? Est-ce qu’un tiers, outre dans ces deux exceptions, pourrait être préjudicié ou
profiter de la chose jugée? Par exemple, les assureurs des parties qui se pointeraient trop tard
et ne seraient pas parties à la cause. Le droit judiciaire, c’est comme les contrats: le principe,
c’est la relativité. Un tiers ne peut pas être préjudicié par la chose jugée, tout comme il ne peut
pas se prévaloir de la chose jugée entre les parties. Mais ce serait trop beau.
Depuis une quarantaine d’années, la Cour de cassation développe une jurisprudence un peu
subtile, qui dit que certes, l’autorité de la chose jugée ne profite ni ne nuit aux tiers. Toutefois,
la force probante des décisions de justice est, comme telle, opposable ou profitable aux tiers.
Cela veut dire que les tiers peuvent se voir opposer une décision de justice ou peuvent s’en
prévaloir, non pas à titre absolu, mais à des fins de renversement de la charge de la preuve.
C’est une jurisprudence qui pose question, mais elle est constante.
La chose jugé entre parties, à quoi s’attache-t-elle dans une décision de justice en droit belge?
Une chose est certaine: au dispositif. Mais le droit belge va plus loin: l’autorité de la chose
jugée s’applique aussi à tout ce qui figure dans les motifs de la décision, à tout ce qui soutient,
motive et justifie le dispositif.
Quel est le lien à faire entre la chose jugée et les droits de la défense? La cour de cassation
dit aujourd’hui ceci: l’autorité de la chose jugée recouvre le dispositif et les motifs, à la condition
qu’ils aient pu être débattus. Ce que la cour veut éviter, c’est un juge qui sort de son chapeau
un lapin que personne n’a jamais vu, demandé ou plaidé, et tout à coup, on dit qu’il y a autorité
de la chose jugée. Il faut qu’il y ait pu y avoir un débat contradictoire. Même si c’est dans les
conclusions et que l’autre n’y a pas réagi! Il y a un lien à faire entre le principe du contradictoire,
il faut qu’il y ait pu y avoir un débat et alors il y a chose jugée.
L’aspect négatif vaut ici: on peut démolir la chose jugée avec des faits vraiment nouveaux,
mais pas avec un nouveau fondement juridique.
La chose jugé est une présomption irréfragable que seule une voie de recours peut démolir,
c’est la seule possibilité pour contredire la chose jugée. De nouveau, l’aspect positif de la
chose jugée ne s’applique qu’aux décisions définitives.
§2. La force de chose jugée (ou valeur exécutoire) du jugement
L’idée, c’est qu’obtenir un jugement en justice, ce n’est pas fait uniquement à des fins
déclaratoires. On espère évidemment que les décisions de justice seront spontanément
exécutées, mais on verra hélas qu’il y a des mauvais perdants qui ne s’exécutent pas, et donc
il va falloir exécuter par la force lorsque ce n’est pas fait spontanément. Il n’y a pas d’exécution
sur la personne, juste sur le patrimoine!
Pour pouvoir exécuter un jugement, comme on l’a vu, il faut qu’il soit signifié (article 1396 Code
judiciaire). Pour faire exécuter une décision, il faut qu’elle soit exécutoire, c’est-à-dire qu’on
soit autorisé à faire exécuter! Et la traduction formelle du caractère exécutoire d’une décision,
c’est la fameuse formule exécutoire que le greffier applique.
À quelles conditions une décision est-elle exécutoire?
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L’article 40 Constitution dit que toute décision a vocation à être prononcée, mais dans
certaines circonstances, la faveur ralentit. En raison d’une voie de recours, on ne pourra
exécuter que plus tard. La décision ne sera pas immédiatement exécutoire. La grande
tendance, depuis les lois pot-pourri, est de renforcer le caractère exécutoire des décisions de
justice et donc de raréfier la suspension de l’exécution.
Il ne faut pas confondre l’autorité de la chose jugée avec la force exécutoire. C’est deux choses
tout à fait différentes : l’autorité de la chose jugée ne s’attache pas forcément à des décisions
qui ont force exécutoire et inversement. Il s’agit de l’efficacité des décisions de justice. Si elles
restent inexécutées, cela ne sert pas à grand-chose. Il faut que cela s’exécute spontanément
ou que l’exécution forcée puisse être garantie au justiciable qui a triomphé. Il y a une exigence
d’efficacité, c’est un droit humain, la Cour européenne des droits de l'Homme exige que l’État
prodigue aux individus l’exécution des décisions. L’article 40 de la Constitution les décisions
de justice sont exécutées au nom du Roi, l’exécutif prend le relais du judiciaire. Les jugement
sont exigé par la force publique le cas échéant au nom de l’exécutif, d’où la formule exécutoire,
c’est la formule par laquelle on atteste que telle ou telle décision est exécutoire c'est-à-dire
peut donner lieu à des exécutions forcée. Lorsqu’un jugement est rendu et qu’il est exécutoire,
le/la greffier.ère est chargé.e de délivrer une expédition, c’est le document qui constate la
formule exécutoire. Qui appose la formule exécutoire ? Ce sont les articles 790 et 791, il s’agit
du/de la greffier.ère, c’est sa responsabilité. Dans des cas d’absolue nécessité, d’urgence,
dans ce cas le président peut apposer lui-même la formule exécutoire.
À quel jugement s’attache et quand s’attache-t-elle la force exécutoire ? Cela procède en
cascade. Le principe d’effectivité l’exige : toute décision a vocation à être exécutée dès son
prononcé – article 40 de la Constitution. Toutes les décisions sont logées au même tarif, la
force exécutoire s’attache à toute décision : en principe, toute décision sont exécutoires, en
principe dès leur prononcé. Mais si on imagine que toute décision peut ainsi être exécutée,
qu’en-est-il de l’effectivité des voies de recours ? Le législateur a du trouver un subtil dosage
entre l’effectivité, les droits du gagnant et les droits du perdant. Cet équilibre a totalement
changé aujourd'hui : c’est la principale révolution par rapport au droit judiciaire d’avant 2015.
Il faut distinguer l’incidence des voies de recours ordinaires (appel et opposition) et les voies
de recours extraordinaires.
En ce qui concerne les voies de recours ordinaires, la première distinction concerne les
décisions rendues par défaut, la voie de recours est introduite par le/la défaillant.e, le perdant.
Le/la défaillant.e est protégé.e par la loi, la loi lui accorde un régime de faveur. Article 1397 :
le recours ordinaire (opposition ou appel) formé par le défaillant est en règle suspensif. Il y a
un renforcement de sa protection, c’est l’article 1495. Si cette condamnation est pécuniaire,
non seulement l’exercice du recours est suspensif mais le délai lui-même est suspensif. Le/la
défaillant.e est tranquille pendant son délai d’opposition ou d’appel et pendant son recours.
C’est une porte ouverte à toutes les attitudes dilatoires. Toutefois, selon l’article 1397 alinéa
2, à la demande d’une partie, par une décision motivée, le juge statuant par défaut peut
déroger à la règle et actionner la manette le droit d’exécution toute de suite. L’objectif est de
rééquilibrer les droits.
Article 1398 : celui qui se voit accorder la possibilité d’avoir l’exécution provisoire le fait à ses
risques et périls – c’est un cas de responsabilité objective. On fait une saisie et il y a un
renversement de situation. Si la Cour d’appel renverse le jugement, le créancier doit
rembourser le principal et les intérêts, mais c’est un cas de responsabilité objective : on
engage la responsabilité civile même sans faute, on doit rembourser les conséquences de la
précipitation du simple fait que l’on ait fait exécuté un jugement qui n’avait pas à l’être.

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Pour justement éviter conséquences déplorables en cas de réformation, il existe deux outils :
û Le cantonnement – articles 1400 et s : le/la débiteur.rice condamné.e par défaut qui se
voit contraint d’exécuter provisoirement peut cantonner la somme pour geler l’argent
c'est-à-dire il n’est plus utilisable par le/la débiteur.rice mais il n’est pas encore utilisable
par le créancier, le risque est ainsi partagée, tout comme le/la juge pourrait aussi
demander au gagnant de constituer une garantie bancaire. Si jamais c’est réformé et
qu’il n’a plus d’argent, il faut pouvoir actionner une garantie bancaire et le/la
débiteur.rice peut récupérer son argent.
û Article 1402 combiné avec 1066 : le juge d’appel pourrait dès l’audience d’introduction,
le cas échant retirer la force exécutoire par le premier jugement. Tout cela est inversé
quand il s’agit de décisions rendues par le tribunal de la famille. Les décisions du
tribunal de famille ont un statut efficace. C’est l’article 1398/1 : les décisions du tribunal
de la famille sont toute exécutoire de plein droit même par défaut. Si on fait exécuter
et que la décision est réformé, L’article 1398 prévoit une responsabilité objective, une
restitution etc.
L’article 1399 : certaines décisions du tribunal de la famille ne sont jamais exécutoires
ni de plein droit, ni à l’initiative du juge : décision relative à l’état des personnes (filiation,
divorce, mariage etc.) et les mesures provisoires qui accompagnent le mariage. Jamais
exécutoire car l’état des personnes est indivisibles.
L’article 1398/1 inverse le sens des manettes : le tribunal de la famille peut dire que dans tel
cas, par décision motivée, à la demande d’une partie ou d’office peut accorder un effet
suspensif au futur appel du défaillant.
On passe au scénario des décisions définitives contradictoires auxquelles on assimile la
décision rendue par défaut qui est frappée d’appel par le comparant : on ne parle plus que de
l’appel, jugement contradictoire, plus d’opposition. C’est le renversement total des choses par
les lois Pot-pourri : en principe l’appel n’est pas suspensif, pour dissuader l’appel et revaloriser
la première instance. L’article 1397 dit le juge peut, à la demande d’une partie ou d’office par
décision motivée, accorder l’effet suspensif au futur appel contre sa décision, dans un surcroit
de prudence.
Le tribunal de la famille conforme au droit de la famille : articles 1398/1 et 1397 : un appel
formé contre une décision du tribunal de la famille en principe, pas d’effet suspensif sauf si
accord.
Les décisions visées par 1399 ne sont jamais exécutoires de plein droit et ne peuvent jamais
se voir accorder l’effet exécutoire par le juge.
Article 1401 : si on obtenu l’effet suspensif de la part du premier juge, il y a une attestation à
payer les dépends dans les 3 mois de l’acte d’appel car si on néglige, on doit payer les droits
de greffe auxquels on a été condamné.e, sinon on perd le bénéfice de l’effet suspensif.
Si conformément à la loi, on fait exécuter provisoirement contre l’adversaire, on doit restituer
le principal intérêt et réparation le cas échant. Le cantonnement et la garantie sont des outils
possibles.
Il reste le jugement non définitif. Cela signifie avant dire droit (article 19 al 3). Une seule règle :
article 1397 al 3 : tout jugement non définitif est exécutoire de plein droit. C’est la règle toute
la règle. C’est logique, il n’y a rien à actionner. Sauf les mesures provisoires qui touchent à
l’état de personnes qui ne sont jamais exécutoire pour des raisons d’ordre public.

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Quid de la force exécutoire d’une décision de justice frappée d’une loi de recours
extraordinaire ? Une règle d’or est l’article 28 du Code judiciaire : toute décision qui n’est plus
susceptible de recours ordinaire est passée en force de chose jugée. Ce n’est jamais
suspensif. Par exemple, quand on perd en appel, on doit passer à la casse.
Il y a des exceptions :
û Les effets des voies de recours extraordinaires sur la valeur exécutoire : tout décision
qui n’est plus susceptible de voie de recours ordinaires est passé en force de chose
jugée, une voie de recours extraordinaire n’est en règle jamais suspensif : le pourvoi
n’est pas suspensif. Il y a des exceptions ; le pourvoi est suspensif en matière d’état
des personnes, ce sont les articles 1274, 1302 et d’autres matières très particulières.
û La tierce opposition n’est en principe pas suspensive. Il existe un petit texte – article
1127 Code judiciaire (voir page 230 du syllabus) : comme tiers opposant.e, on souhaite
faire suspendre la force exécutoire, on peut après avoir faire la tierce opposition nous
rendre devant le juge des saisie pour lui demander aux vues du caractère sérieux de
la tierce opposition et le préjudice sérieux, la suspension des effets exécutoires. C’est
au cas par cas.
§3. La condamnation aux dépens
Articles 1017 à 1023. C’est le dernier effet d’une décision de justice.
Les dépens sont des frais de justice. Tout jugement définitif condamne la partie succombante
à payer les dépens.
L’article 1017 prévoit que le/la juge puisse faire cela d’office, même si on ne demande pas,
le/la juge est tenu de l’accorder. A contrario les jugements non définitifs n’alloue rien du tout,
un jugement avant dire droit doit réserver sur les dépens. Normalement c’est le/la perdant.e
qui passe à la caisse, il existe des tempéraments à ce principe :
û L’article 1017 en matière de sécurité sociale même si l’assujetti.e socia.e perd c’est lui
qui gagne les dépens. Si l’action est abusive l’assujetti.e paiera les dépens.
û Les parties peuvent à l’issue ou pendant le litige s’entendre sur les dépens.
û On peut tout en gagnant se voir condamner à tout ou partie des dépens c’est le cas où
le gagnant a commis une faute qui a renchérit les frais de justice (par exemple, faire
une citation à la place d’une requête, avoir compliqué l’expertise)
û Le juge peut compenser les dépens.
La liste exhaustive des dépends figure à l’article 1018 : ce sont les frais de citation, de requête,
les honoraires de l’expert, les frais de traduction, etc. et surtout indemnité de procédure.
Jusqu’en 2004, la partie gagnante devrait conserver à sa charge ses frais d’avocat.e, ce qui
sur le plan du procès équitable était litige car en termes d’accès à la justice, on était dissuadé.e,
la Cour de cassation a renversé la vapeur, elle a dit que dans des actions en responsabilité
fait partie du dommage les frais d’avocat supporté par le gagnant. Désormais dans les actions
en responsabilité, les frais d’avocats sont supportés par la partie perdante.
L’indemnité de procédure est une somme forfaitaire au-delà de laquelle on ne peut aller. Le
système est le suivant : le roi est chargé de fixer des montants de base, un minimum et un
maximum.
Trois montants par tranche. Comment osciller entre ? C’est l’article 1018 qui pose les quatre
critères. Le juge a des manettes pour moduler les montants et osciller :
û La capacité financière du perdant
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û La complexité de l’affaire
û Le montant des indemnités contractuelles convenues pour la partie qui obtient gain de
cause.
û Le caractère manifestement déraisonnable de la situation notamment si le justiciable a
commis un abus de droit.
Quid pour les affaires non évaluables en argent ? Le Roi a été chargé de faire un tableau à
une entrée avec un montant minimum et maximum.
C’est une affaire d’ordre public : Nulle autre somme que l’indemnité de procédure ne peut être
allouée au gagnant du chef des honoraires et frais de son avocat (article 1022, al. 5), et toute
clause conventionnelle portant augmentation de la créance en raison de sa réclamation en
justice est réputée non écrite (article 1023 ; Cass., 7 avril 1995, Pas., 1995, I, p. 403). Mais
par contre rien n’empêche une fois le procès engagé renoncer aux dépens. Il est possible de
se désister, celui qui se désiste doit malgré tout payer les dépens, c’est un cas de
responsabilité professionnel d’avocat.
Les dépens obéissent à la règle de la division à moins quel jugement n’en dispose autrement.

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TITRE IV. LES INCIDENTS DE L’INSTANCES ET LA PREUVE


Quels sont les incidents qui peuvent venir compliquer une instance pure ?
CHAPITRE IER. APERÇU GÉNÉRAL DES INCIDENTS DE L’INSTANCE
Le Code judiciaire prévoit beaucoup d’incidents. Il vaut mieux les classer en famille :
û Les incidents qui touchent aux juges.
û Les incidents qui touchent aux actes de procédure accomplis par les parties.
û Les incidents qui touchent aux déroulement de la procédure.
Section 1. Incidents relatifs aux juges
§1er. Déclinatoires
La première branche est le déclinatoires de compétence, il est question de dénoncer
l’incompétence avec la juridiction improprement saisie.
§2. Récusation du juge
On est dans les droits fondamentaux du procès droit à l’indépendance et à l’impartialité des
magistrats consacré notamment par article 6 de la Convention européenne des droits de
l’Homme et c’est traduit par l’incident de récusation en droit judicaire (articles 828 et s. du
Code judiciaire).
Lorsqu’il y a un motif de nature à influencer l’impartialité ou l’indépendance, le/la juge doit se
déporter. L’incident de récusation intervient quand le/la juge n’a pas vu, voulu, pu se déporter.
Les incidents sont à l’article 828 du Code judiciaire. La suspicion légitime est la catégorie
fourre-tout. On peut faire l’objet de cela si notre attitude à l’audience est suspecte. Les
apparences sont importantes.
Par exemple : un.e magistrat.e qui touchait à une question controversée de savoir si les
personnes en situation d’expulsion jouissait au droit à l’aide social, la Cour constitutionnelle et
la Cour de cassation divergeait et devant le tribunal de Bruxelles, avocat.e du CPAS, le/la
magistrat.e dit que la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt important et donc cela va aller
vite, l’avocat.e l’a fait récuser sur le champs. Le/la magistrat.e s’est montré.e d’emblée de jeu
partial.e.
En ce qui concerne la procédure, il faut soulever l’incident de récusation dès l’entame des
débats ou à tout le moins dès que l’on a connaissance de cette cause de récusation. C’est
prescrit à peine de déchéance. Si l’incident est soulevé à temps, c’est la juridiction supérieure
qui va la juger dans les 8 jours. Le/la juge jouit d’un droit à se défendre et le/la juge supérieur.e
récuse ou ne récuse pas. Lorsque la récusation échoue on revient devant le même juge. Si la
récusation aboutit, on revient devant la même juridiction mais devant une autre personne
physique.
§3. Dessaisissement
Le décaissement est une procédure organisé aux articles 648 à 652, il y a matière à dessaisir
non pas tel.le ou tel.le juge mais l’entièreté d’une juridiction pour quatre raisons énumérée
limitativement :
û La parenté ou l’alliance : cela peut être une cause de récusation pour un.e juge mais
aussi pour toute une juridiction.
û Des motifs de sureté publique : le palais de justice n’est pas suffisamment sûr, on
délocalise.
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û Le délai pour délibérer qui s’éternise au-delà de 6 mois


û La suspicion légitime.
Le dessaisissement a pour effet de délocaliser devant une autre juridiction. Cela se passe
devant la Cour de cassation.
Section 2. Incidents relatifs aux actes accomplis par ou pour le compte des parties
§1er. Les fins de non-recevoir et exceptions de nullité
Les fins de non-recevoir touchent aux actions elles-mêmes. Les exceptions de nullité touchent
aux actes de procédure, aux demandes de la défense, ce sont des recours qui seraient
affectés de nullité formelle.
§2. Le désaveu
A. Principe
Le siège de la matière est aux articles 848 à 850 du Code judiciaire.
Un acte de procédure est accompli au nom d’un justiciable alors que ce justiciable n’a jamais
commandé, ni ratifié cet acte, le justiciable souhaite se désolidariser de cet acte accompli en
son nom, il veut désavouer cet acte, se désolidariser de l’acte.
B. Conditions d’application
Le champ d’application se divise en deux : ratione personae et ratione materiae.
1. Ratione personae
On peut désavouer tout.e ceux.lles qui reçoivent un mandat (avocat, mandataires prévus par
l’article 728 du Code judiciaire, huissier). Devant certaines juridictions, il y a des personnes
habilitées qui peuvent accomplir un acte qu’ils n’ont pas reçu mission d’accomplir ou qui sont
sortis des clous, c’est-à- dire plus que ce qui a été demandé.
Qui peut désavouer ? Le.a client.e, tout partie au litige peut faire désavouer l’avocat.e de
l’autre.
2. Ratione materiae
Article 440 Code judiciaire : l’avocat.e est présumé.e avoir reçu procuration de son.a client.e.
il faudra démontrer qu’iel n’a pas reçu mandat. Il n’a pas à exhiber la procuration qu’il a reçue.
C’est contre cette présomption que l’on va devoir prouver qu’iel n’a pas reçu mandat. Les
autres mandataires doivent prouver leur mandat.
Il s’agit de désavouer des actes de procédure.
C. Modes d’introduction de l’incident
C’est l’acte de procédure, comme dit l’article 448, que le justiciable n’a ni permis ni ratifié.
Dans le contrat de mandat, on dit que le mandant peut, en aval, ratifier l’acte commis par le
mandataire. Ici, c’est l’acte ni ordonné, ni permis, ni ratifié. Il peut y avoir matière à désavouer.
La Cour constitutionnelle considère que les règles du désaveux ne s’applique par en matière
pénale.
Comment on fait désavouer un mandataire ad litem ? Réponse : cela dépend du moment où
on se trouve :

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û L’instance est en cours, le désaveu sera formé par les actions des futur.e.s
désavoué.e.s.
û L’instance est finie, il reste une voie de recours, dans ce cas il faut saisir l’occasion du
recours pour introduire le désaveu.
û Tout est fini et on découvre par la suite le motif du désaveu, dans ce cas le désaveu
est une cause de la requête civile.
D. Effets du désaveu
Quid lorsque le désaveu est établi par le juge ? L’acte est non-avenu, tout ce qui est fait par
conséquence.
L’article 850 fait de la prévention l’avocat est présumé.e jouir d’une procuration. Mais il y a
quatre actes qui sont à ce point graves que la loi exige même de l’avocat.e une procuration
expresse pour éviter le désaveu d’un de ces 4 actes jugés comme plus graves :
û L’offre que l’on fait en cours de procès.
û L’aveu.
û L’acquiescement : l’acte par lequel on accepte de ne pas exécuter de voie de recours.
û Article 824 : désistement.
Section 3. Incidents relatifs au déroulement de l’instance
§1er. Suspension de l’instance
A. Les exceptions dilatoires
Elles suspendent le cours de la procédure.
B. Le principe selon lequel « le criminel tient le civil en état ».
La ratio legis est que dès lors que le/la juge représsif.ve rendra une décision qui aura la autorité
erga omnes sur le civil, il faut éviter que le/la juge civil.e soit désavouer par le juge répressif.
Lorsque le juge pénal est saisi, le juge civil sursoit à statuer. C’est une expression d’ordre
public.
Le dossier répressif s’ouvre dès qu’il y a une plainte avec constitution. Il faut que les faits soient
identiques entre les juges civils et les juges répressifs. C’est aussitôt qu’il y a information avec
plainte ou que le juge d’instruction est saisi si les faits sont les mêmes ou forts proches de
ceux dont le juge civil est saisi. La Cour de cassation dit que ce n’est pas au juge civil
d’apprécier le sérieux d’une plainte pénale.
Cela ne s’applique pas en référé, le référé va déboucher sur une décision qui n’a pas autorité
de chose jugée, ni devant le juge des saisie pour la même raison.
C. Le renvoi préjudiciel
Tous les renvois préjudiciels, à savoir ceux de la Cour constitutionnelle, de la Cour de Justice
de l'Union européenne, ou sur une question relative à la filiation devant une juridiction, qui est
un renvoi préjudicielle intra belgo-belge, à un autre juge de l’ordre juridique belge, le tribunal
de la famille – à la Cour Bénélux pour les matières qui font l’objet de Convention Benelux.
§2. Interruption et reprise d’instance
Il s’agit des articles 815 et s. du Code judiciaire.

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L’interruption de l’instance avec la possible reprise de l‘instance, l’article 815 dispose que trois
causes sont de nature à interrompre l’instance lorsqu’elles sont notifiées à l’adversaire et à la
juridiction saisie, il faut cette notification pour que se produise l’interruption :
û Le décès d’une partie est de nature à interrompre l’instance car tant que le décès n’est
pas notifié à l’adversaire ou à la cour, la personne est présumée en vie. Si le décès est
notifié, le procès s’arrête il n'y a pas de jugement. Si ce n'est pas notifié, le procès a
lieu et donc il y a une décision rendue mais le défunt est supposé en vie donc tout va
passer chez les hérité.e.s. La Cour de cassation dit qu'il ne faut pas assimiler le décès
de la personne physique à la dissolution d'une personne morale.
û Le changement d’état invalidant d’une partie :personne majeure qui fait l’objet d’une
mesure invalidant de capacité, si on notifie aux adversaires des procès faits par ou
contre, le procès s’interrompt jusqu’à ce que l’administrateur le reprend. lorsque
l’enfant mineur.e devient majeur.e durant le procès, il n’y a pas d’interruption du procès.
û La modification de la qualité en laquelle une partie agit. Qu’en est-il du cas où en cours
de procès l’enjeu du litige fait l’objet d’une cession ou quand le cédant a perdu tout
intérêt ? Est-ce une cause d’interruption de l’instance
Le procès s’arrête, s’interrompt tout ce qui est fait après l’interruption est nulle.
Qui dit interuption dit possible reprise ? Elle peut l’être par les héritié.e.s, le/la représentant.e,
le cessionnaire. Comment ? Article 816, grâce ou via les règles de l‘intervention. La reprise est
volontaire ou forcée. La reprise peut être forcée par les parties au procès. C’est pour voir si
c’est leur intérêt de reprendre le procès.
§3. Les désistements
Le siège est aux articles 820 à 827.
Le principe fondamental est le principe du dispositif : les parties conservent le monopole du
litige. Les parties gardent la maitrise du litige. Les parties peuvent lancer le litige et y mettre
un terme.
Plusieurs types de désistement selon l’acte de procédure dont on parle :
û Le désistement d'un acte de procédure. On se désiste de tel acte de procédure rendu
par moi ou en mon nom. On se désiste par exemple d'une signification
û Le désistement d’instance par lequel on se désiste d’une demande (principale,
reconventionnelle, etc.).
û Le desistement de l’action : on peut se désister de l’action c'est-à-dire non seulement
de la demande mais également du droit que l’on avait de former la demande. On se
désiste de notre droit d’introduction d’action.
Non tant que l’adversaire n’a pas conclu sur le fonds. Dès qu’il a conclu sur le fond on doit
avoir son accord. Cela peut arriver si l’adverse se désiste et on aurait aimé introduire une
demande reconventionnelle donc on préfère le garder sous la main. C’est rare, l’accord va de
soi.
Quid si on a un procès en divorce. Le tribunal de la famille le prononce, le jugement est signifié.
Le délai court. Un des époux fait appel. Il se désiste de son appel. A priori c’est un désistement
d’instance. La Cour de cassation dit non. Se désister d’un appel contre un jugement signifié
équivaut à un désistement de l’action, parce que c’est signifié, le délai a déjà couru. Donc la
Cour assimile le désistement d’instance à un désistement d’action quand il n’est plus possible
de réintroduire sa demande. Donc on renonce également à l’action en justice.
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Là la seule différence est qu’on ne peut se désister de son action que quand on a la maîtrise
de son action, c’est-à-dire jamais dans une matière d’ordre public.
Forme : cela peut être express ou tacite. La Cour de cassation exige que le désistement tacite
soit déduit des comportements qui de manière certaine valent désistement.
Les désistements express c’est quand le justiciable ou son mandataire ad litem le précise.
Petit rappel : si en tant que magistrat on fait un désistement exprès ou doit avoir une
procuration écrite pour éviter de se faire désavouer. Le juge ne peut pas la demander mais
l’adversaire oui.
Attention en cas de désistement aux dépens. Ils restent dus par le désisté (article 827).
§4. La jonction d’instances
C’est le cas de la connexité – article 38 Code judiciaire – ou de la litispendance – article 29.
CHAPITRE II. LES INCIDENTS RELATIFS À LA PREUVE
La charge de la preuve est à celui qui défend. C’est l’article 8.4. le dernier alinéa dit que le
juge peut exceptionnellement en cas de déséquilibre, renverser la charge de la preuve. Les
parties ont le devoir de collaborer loyalement à la preuve. Ce n’est pas parce que c’est l’autre
qui a la charge de la preuve que l’on peut faire ce que l’on veut. Si on en collabore pas le juge
peut nous forcer à collaborer en fournissant des pièces que l’on possède.
Le juge doit veiller à un principe d’économie et d’utilité. Il ne doit ordonner que des mesures
pleinement justifiées et utiles.

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TITRE V. LES VOIES DE RECOURS.


CHAPITRE IER. NOTIONS GÉNÉRALES
Section 1. Définition
Le Code judiciaire ne donne pas de définition.
Les voies de recours est une voie de droit mise à la disposition d’une personne
lorsque iel entend avoir une nouvelle décision sur un litige précédemment jugé.
Y-a-t-il un droit fondamental au recours ? En matière civile, non. Il n’y a pas en droit positif
belge, un principe général de droit offrant une droit fondamental à une voie de recours, aussi
bien la Cour européenne des droits de l'Homme, ni la Cour de cassation, ni la Cour
constitutionnelle ne reconnaisse un droit fondamental. Les voies de recours lorsqu’elles
existent des recours peuvent obéir à trois fonctions sont à observer :
û Corriger les erreurs de forme : ce qui est vrai et faux, tout juge de recours est là pour
censurer les irrégularités commises par le juge inférieur, le jugement n’est pas un acte
de procédure pour corriger des erreurs de forme, le recours ou la rectification d’erreur
matériel.
û Le recours est la seconde chance d’un mieux/différemment jugé.
û Une voie de recours spécialement l’appel en droit belge est aussi parfois l’occasion
d’achever le litige, cela signifie qu’en négation du double degré de juridiction, il advient
souvent que le litige s’accomplisse pour la dernière fois en appel.
Section 2. Classification
§1er. Rétraction et réformation
On distingue parfois les voies de rétractation (elles ré-aboutissent devant le même juge pour
qu’il rétracte sa décision, c’est donc l’opposition ou la tierce opposition.) et de réformation
(c’est l’appel). Il n’y a pas beaucoup d’enjeux à cette distinction fictive. Le pourvoi est
inclassable au regard de cette distinction. La Cour de cassation n’est pas là pour rejuger les
faits.
§2. Voies de recours ordinaires et voies de recours extraordinaires
Il existe dans le Code judiciaire une distinction légale qui a perdu de son importance : elle vise
à différencier voie de recours ordinaire/extraordinaire surtout au regard de la force exécutoire,
avant une grande différence entre voie de recours ordinaire et extraordinaire, aujourd'hui
sachant que la tendance abondante est au caractère exécutoire et que l’appel ressemble à un
pourvoi, la distinction existe toujours mais a perdu de son importance.
Les voies de recours ordinaires sont largement ouvertes tandis que les voies de recours
extraordinaire sont restrictives : cause d’ouverture étroite, restrictive et porte moins grande
ouvertes.
Section 3. les délais des voies de recours
Là où on ne doit pas se louper c’est les délais. Surtout ceux prescrits à peine de déchéance.
Rappel : normalement le point de départ des délais de recours c’est la signification. On sait
pourquoi le législateur privilégie la signification. C’est parce que c’est plus sûr. L’exploit de
signification est dans l’article 57 du Code judiciaire. Quand la loi prévoit expressément que
c’est un autre délai, c’est par exemple le prononcé de la décision (c’est la règle en droit pénal).
Idem lorsque le parquet est partie au procès.
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Des dérogations plus récentes sont les notifications sous pli judiciaire. Lorsque la loi le prévoit
ou lorsque la cour de cassation le déduit d’un contexte c’est la notification qui fait courir le délai
de recours. Attention quand on va pratiquer car si le client ou moi reçoit un pli judiciaire c’est
probablement que les délais de recours ont commencé à courir.
Tant que l’élément déclencheur n’a pas eu lieu le délai ne court pas. On a toute la vie sila
décision n’est pas signifiée. Ce n’est pas prescriptible.
L’article 47bis dit que si l’exploit de signification est nul, ou si un pli judiciaire notifié est nul,
alors le délai n’a jamais commencé à courir.
Il y a un nouvel arrêt de la Cour constitutionnelle (10 février 2022) : les exploits de signification
devront comporter de manière claire l’indication des voies et formes de recours à exercer par
le justiciable. Les explications doivent être pédagogiques. Cela commence le 31 décembre
2022.
Le non-respect des délais de recours est le cas de sanction la plus grave end doit judiciaire.
C’est l’article 860. Tous les délais sont prescrits à peine de déchéance. 865 dit que la règle du
grief ne s’applique pas au non-respect des délais de recours, idem pour la règle in limine litis.
C’est un couperet que seule la force majeure peut arrêter. La jurisprudence a précisé que c’est
lu de manière restrictive par la Cour de cassation. Lorsque la tardiveté est le fait d’un avocat,
ce n’est pas un cas de force majeure.
Section 4. Règle générale de procédure
L’article 1042 se trouve au milieu du Code judiciaire. Il énonce une règle de bon sens.
Lorsqu’une question de procédure survient à l’occasion d’un recours, soit cette question propre
au recours fait l’objet d’une réponse spécifique dans les dispositions relatives au recours, soit
en cas de silence on applique par analogie les dispositions de l’instance.
Les règles de la mise en état sont un copié collé en degré d’appel, ou en tierce opposition. On
applique 1042 donc la même chose.
On se souvient du délai de comparution en degré d’appel. C’est 1062. Cet article est le faux
jumeau de l’article 708. 1062 est le degré de comparution en degré d’appel. Quelle est sa
sanction ? L’article 1062 ne prévoit pas de nullité. La Cour de cassation a été repêché la nullité
dans l’article 710 pour l’appliquer en degré d’appel.
Section 5. Perte du droit de former un recours : l’acquiescement
Même idée que le désistement, même racine : le principe du dispositif, les parties ont l’initiative
du procès. Le siège se trouve aux articles 1044 et 1045.
L’acquiescement est l’acte de procédure par lequel le justiciable renonce à
exercer une ou plusieurs voies de recours auxquelles il aurait droit.
§1er. Forme
L’acquiescement est exprès ou tacite.
L’acquiescement tacite est très rare car bon nombre de comportements peuvent avoir d’autres
significations que l’acquiescement certain. Décision non exécutoire et malgré le caractère non
exécutoire, on s’exécute. Plus souvent l’acquiescement n’intervient qu’expressément. Cet acte
est à ce point grave qu’il faut une procuration, même l’avocat.e est censé.e avoir une
procuration écrite et l’adversaire pourra toujours exiger qu’on lui montre une procuration.

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§2. Modalités
L’acquiescement peut être pur et simple, cela veut dire que le/la client.e accepte. C’est un acte
réceptrice. ou conditionnel : on est confronté.e à un jugement qui coupe la poire en deux : on
acquiesce si l’autre acquiesce. Il faut une rencontre de volonté.
§3. Champ d’application
En droit belge, on ne peut pas acquiescer dans les matières d’ordre public. En matière de
sécurité sociale, c’est nul.
§4. Effets
Si on a un acquiescement en bonne et due forme, l’auteur ne peut plus former les recours
auxquels il a renoncé sauf qu’il y a une entorse logique et juste – article 1054 – l’appel incident.
Le tribunal de police qui prononce un jugement de Salomon, le jugement condamne l’assureur
sur le principe à payer à la victime 50.000€ alors que la victime réclame 100.000€ tout le
monde pourrait faire appel, l’assureur interpelle la victime, la victime acquiesce, si on laisse
les choses en état, ce serait injuste, l’assureur pourrait faire un appel limité. D’où l’article 1054
: si on acquiesce, on perd le droit de former appel principal, on renonce à saisir le premier le
juge d’appel, par contre si on acquiesce, on conserve le droit de faire appel incident qui est la
réplique de l’intimé.
CHAPITRE II. LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES
Section 1. L’opposition
L’opposition est un recours ordinaire en voie de raréfaction, au profit d’une généralisation de
l’appel.
§1er. Notion
L’opposition est le recours qui dans certains cas s’offre comme unique voie de
recours au justiciable condamné.e par défaut.
C’est l’article 1047 du Code judiciaire : le défaillant dispose de l’opposition lorsque la décision
rendue par défaut est rendue en dernier ressort, l’opposition s’impose au défaillant quand il
n’y a plus d’appel possible, plus qu’une seul voie possible pour le défaillant.
Dans les récentes réformes il n’y a plus qu’une seule forme possible pour le défaillant. Soit on
est condamné par défaut par une décisions susceptible d’appel rendue en premier ressort,
alors il n’y a plus que l’appel et l’opposition est irrecevable, soit la décision est rendue en
dernier ressort car la loi énonce que cette décision n’est pas susceptible d’appel donc il reste
uniquement l’opposition.
Il y a des matières dans lesquelles l’appel est toujours possible donc il n’y a pas vraiment
d’opposition. C’est le cas du fisc ou des matières familiales.
Uniquement quand la décision est rendue en dernier ressort, et contre quels jugements?
Uniquement contre les décisions rendues par défaut, mais les VRAIS défauts. Art 802: le
défaut à l'audience d’introduction, c’est le choperez immédiat. 803: le défaut différé, parce que
le juge reconvoque le défendeur et celui-ci récidive est n’est pas là, et 804: le défaut pris à une
audience ultérieure alors que le justiciable a déjà comparu: s'il a déjà comparu et qu'il sort du
radar et qu’il n’y a pas de conclusions, vrai défaut. Mais s'il a déjà comparu et a conclu, la
décision est réputée contradictoire, il n’y a ni appel, parce que c’est rendu en dernier ressort,
ni opposition, parce que c’est réputé contradictoire.

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Deux petites règle subsistent dans le Code judiciaire :


û Article 1049 : opposition sur opposition ne vaut : on ne fait pas opposition deux fois.
û Règle bizarre est l’article 1067 : les règles du défaut et d’opposition sont applicables
en degré d’appel. Cela veut dire que si on est en degré d’appel et qu’on fait défaut on
peut faire opposition contre la décision de la cour d’appel. Selon le professeur il faudrait
l’abroger.
§2. Délai
C’est l’article 1048 du Code judiciaire.
Le délai est en règle d’un mois. C’est à partir de la signification, sauf textes particuliers.
§3. Formes
Article 1047 : en règle, l’opposition se forme de manière ordinaire c'est-à-dire par citation. Il y
a des exceptions : certains textes particuliers –il faut un texte – prévoient que l’opposition peut
être introduite par requête bilatéral – pas de requête sans texte. La deuxième exception est
dans l’article 1047 lui-même qui dispose que l’opposition peut être introduite par requête
conjointe, impose à l’opposant d’indiquer ses moyens (quels sont les critiques formées contre
le jugement par défaut). C’est la comparution volontaire.
§4. Effets
Voie de rétractation, l’opposition ramène le procès devant les juges qui avaient prononcé le
jugement par défaut, sans qu’il soit nécessaire que le tribunal soit pareillement composé ni
que soit saisie la même chambre, pas plus qu’il n’y a matière à suspecter l’impartialité du juge
de l’opposition lorsque celui-ci est le même que celui qui a rendu le jugement par défaut.
L’instance primitive est reprise et – différence avec l’appel – chaque partie conserve la qualité
processuelle qui était la sienne dans la première phase du débat (incidence, par exemple, sur
l’introduction de demandes incidentes).
Le second débat se présente ainsi comme la continuation de l'instance primitive. C'est
seulement dans le débat qui pourrait s'instituer sur la régularité de l'opposition que le défaillant
prend une qualité processuelle originale et spécifique ; pour le reste (par exemple, articles
807, 809 et 870, Code judiciaire), les parties conservent leurs qualités procédurales
respectives.
Saisi de l'opposition, le tribunal, investi d’une pleine juridiction, doit procéder à un nouvel
examen complet de l'affaire. Le défendeur originaire devenu opposant peut user, à cet égard,
de tous les moyens de défense. Le demandeur originaire (dans l'hypothèse où c'est bien le
défendeur qui était défaillant) pourra présenter des conclusions nouvelles et former les
demandes incidentes dans les conditions permises aux articles 807 et 808 du Code judiciaire,
quitte à porter l’enjeu du litige au-delà du seuil du ressort. Le cas échéant, le défaillant
originaire pourra alléguer la nullité de l’acte introductif de l’instance par défaut (article 86 du,
Code judiciaire).
L'opposition contre un jugement définitif a normalement un effet suspensif (article 1397, al. 2
Code judiciaire). Mais le juge peut décider, d’office ou à la demande d’une partie, que son
jugement définitif sera exécutoire nonobstant opposition (articles 1397, al. 2 et 1398, Code
judiciaire). En ce cas, si le premier jugement est rétracté, il y a lieu de revenir sur les actes
d'exécution accomplis sous le bénéfice de cette exécution provisoire. On rappelle que la loi
peut également accorder l’exécution par provision de plein droit à certaines décisions (par
exemple, articles 1029, 1039, 1398/1, et 1397, al. 3, Code judiciaire).

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Épris d’un doute sur la possibilité d’interjeter appel de la décision à attaquer, le justiciable sera
parfois tenté de former cumulativement et simultanément appel et opposition. Le procédé n’est
admis que si son auteur précise qu’un des deux recours n’est formé qu’à titre conservatoire et
subsidiaire, pour le cas où le premier recours serait déclaré irrecevable. En ce cas, le juge
saisi du recours formé à titre conservatoire et subsidiaire sursoit à statuer jusqu’à ce qu’il ait
été statué sur le recours formé en ordre principal.
Section 2. L’appel
§1er. Notion
L’appel est et reste une voie de recours ordinaire ouverte à toute partie qui s’estime lésée par
une décision rendue contradictoirement ou par défaut, et permettant, elle aussi, un rôle de
pleine juridiction : le juge connait pleinement, en droit et en faits, du litige.
L’appel tend à faire réformer ou annuler la décision par une juridiction d’un degré supérieur.
Voie de recours ordinaire, l'appel est à la disposition de tout justiciable. C'est la conséquence
normale de la « règle » du double degré de juridiction. Néanmoins, le droit à l’appel n’est pas
un principe général de droit, ni un droit fondamental, ni une règle absolue.
L’appel est une voie de recours à triple vocation :
û Correction des vices formels (actuellement réglés par rectification).
û Voie de réformation, de rejugement. Il ouvre une nouvelle instance distincte de celle
qui a conduit la juridiction du premier degré à se prononcer une première fois.
û Vocation à l’achèvement du litige : l’appel permet souvent, et particulièrement en droit
belge, depoursuivreunlitige,d’étofferunlitige,endegréd’appel,alorsquecelitigen’ pas été
clôt en première instance. Le juge d’appel connaît de demandes et/ou de questions
litigieuses qui n’ont pas été tranchées ni soumises au juge de première instance.
D’ailleurs, la plupart des demandes incidentes peuvent être soulevées en degré
d’appel pour la première fois. Cela pose question en termes d’arriéré judiciaire. Le droit
belge est très marqué par l’idée d’achèvement du litige mais les Cour d’appel sont
complètement saturées : le tendance est aujourd'hui de laisser le litige, le plus
longtemps possible, au premier degré.
L'appel ne peut être valablement formé que par une partie à la décision attaquée, qu’elle ait
ou non comparu devant le premier juge.
Pour former appel, quel que soit l’appel, il faut justifier d’un intérêt au sens des articles 17 et
18 du Code judiciaire.
Ratione materiae : j‘ai intérêt à faire appel lorsque le premier juge rend une décision qui, à
mes yeux, me fait grief. J’ai un intérêt comme appelant à former appel, dès que la décision du
premier juge ne me donne pas pleinement satisfaction. (celui qui a obtenu satisfaction devant
le premier juge est sans intérêt à critiquer la décision rendue). De plus, il doit être acquis que
l’appel serait susceptible de remédier à ce préjudice. Je peux justifier d’un intérêt de manière
éventuelle : je jouis du droit de faire appel en raison du risque que me fait courir un autre appel.
Il peut suffire, pour justifier d’un intérêt à l’appel, de solliciter la rectification d'une erreur
commise par une partie en première instance.
Ratione personae : l’introduction a pour effet de créer un lien d’instance entre les parties. Dois-
je justifier pour intimer quelqu'un.e d’un tel lien d’instance entre ce quelqu'un.e et moi ?
Jusqu’en 2000, la Cour de cassation adoptait cette approche : il fallait un lien d’instance entre
l’appelant et l’intimé. Depuis 2001, elle s’est assouplie pour considérer qu’il suffisait d’un lien

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d’adversité. La Cour de cassation dit qu’il faut mais qu’il suffit qu’entre l’appelant et l’intimé il y
ait eu contrariété d’intérêt : il faut qu’elles aient conclu l’une contre l’autre, qu’elles se soient
opposées. « de la seule circonstance qu’une partie se soit opposée à l’action dirigée contre
elle en faisant valoir que cette action concerne exclusivement un codéfendeur, il ne se déduit
pas que cette partie a conclu contre ce défendeur et a eu avec lui une instance liée devant le
premier juge. » Pour conclure contre quelqu'un.e , il faut développer des arguments de fait et
de droit concrets, substantiels.
Il résulte de la combinaison des articles 1047 et 1050 du Code judiciaire que l’appel est la
seule voie de recours ouverte aux parties contre la décision rendue en premier ressort («
appelable » : articles 617 et s. du Code judiciaire), que celle-ci fut rendue contradictoirement
ou par défaut. Le/la justiciable condamné.e par défaut n’a d’autre choix que d’interjeter appel
de cette décision, l’opposition ne lui étant plus ouverte qu’à l’encontre des décisions
prononcées en dernier ressort.
La recevabilité de l'appel est indépendante de la qualification («par défaut», « contradictoire
», « premier ressort », « dernier ressort ») donnée par le premier juge à son jugement (l'appel
est ainsi parfaitement possible contre un jugement faussement et erronément qualifié
jugement rendu "en dernier ressort").
L’appel est la voie unique pour toute décision rendue en premier ressort : pour toute décision
contradictoire et par défaut lorsqu’elle est rendue en premier ressort.
§2. Décisions susceptibles d’appel
Pour gagner le droit à l’appel, il faut se poser deux questions :
û La décision est-elle susceptible d’appel ? Si oui, on passe à la deuxième question.
û La décision est-elle appelable ? Fait référence à l’idée de l’enjeu pécuniaire du litige.
Fort de l’idée que l’appel n’est pas un droit fondamental, le législateur met deux grilles
de rétention des appels. Ici, il s’agit d’un seuil financier en-deçà duquel un appel n’est
pas possible.
La règle est que l’appel est ouvert (article 616 et 1050 Code judiciaire), à moins que la loi n’en
dispose autrement. Donc, à chaque fois qu’on nous demande si la décision est susceptible
d’appel, il faudra voir si on ne tombe pas dans un des cas où la loi ôte la faculté de faire appel.
Les décisions non susceptibles d’appel :
û Les mesures d’ordre intérieur
û Certains jugements définitifs
û Les jugements avant dire droit
û Les ordonnances présidentielles
A. Les mesures d’ordre intérieur
Les mesures d’ordre intérieur sont des mesures qui sont des décisions du juge mais qui ne
tranchent rien et ne causent aucun préjudice. Donc, personne n’a intérêt à faire appel.
L’article 1046 du Code judiciaire (concerne également l’opposition) soustrait aux voies de
l’opposition et de l’appel, les mesures d’ordre intérieur et les liste de manière exemplative et
non exhaustive (« telles que les fixations de cause, les remise, les omissions de rôle et les
radiations »), sans les définir.
La Cour de cassation a complété cette liste par la formation d’un définition : « la décision par
laquelle le juge ne tranche ni question de droit, ni question de fait, ni n’instruit le litige. »

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Le caractère de mesure d'ordre intérieur peut également être reconnu à d'autres actes qui
présentent cette caractéristique de ne contenir aucun jugement, en fait ou en droit, sur la
demande ni sur l'instruction de celle-ci et partant, de ne causer aucun grief aux parties : ainsi
en est-il du renvoi des questions de compétence au tribunal d'arrondissement (cette décision
de renvoi ne fait point l'objet d'une décision d'ordre juridictionnel et n'est dès lors point
susceptible d'appel). L'article 1046 assimile aux dispositions d'ordre intérieur les décisions
ordonnant une comparution personnelle des parties. Cette assimilation procède d'une
inadvertance car il s'agit là de véritables jugements (en l’occurrence des jugements avant-dire
droit) qui présentent cette caractéristique d'être légalement soustraits à la voie de l'appel.,
exemples de cas où la loi supprime expressément l’appel : art. 735, § 6, et art. 747, § 2, al. 5,
Code judiciaire ; art. 748, § 2, Code judiciaire).
B. Certains jugements définitifs
Définis par l’article 19, §1er du Code judiciaire (attention à cette définition !!) : le jugement est
définitif « dans la mesure où il épuise la juridiction du juge sur une question litigieuse ». Le
caractère de jugement définitif revient donc tant aux décisions qui tranchent complètement le
litige qu'à celles qui règlent un point de la demande ou un incident de la procédure (jugement
dit « interlocutoire »).
Le jugement définitif est normalement soumis à la voie de l'appel. Des dérogations légales
existent néanmoins. Notamment :
û Article 1043 Code judiciaire : le jugement d’accord : jugement qui homologue l’accord
que les parties ont conclu à l’issue d’un MARL fructueux. Pas d’appel possible contre
ce jugement : logique parce que personnes n’a intérêt à faire appel d’un jugement
auquel il a marqué son accord. Toutefois, on peut faire appel lorsque le jugement est
entaché d’un vice de consentement.
û Les décisions rendues par le tribunal d'arrondissement qui ne sont susceptibles que
du recours visé à l'article 642 du Code judiciaire.
û Les demandes directement portées devant les Cours d'appel ou la Cour de cassation
(articles 604, 605, 645 du Code judiciaire).
û Les jugements aux termes desquels le juge se prononce lui-même sur sa compétence,
contre lesquels l'appel ne peut être formé qu'avec l'appel contre le jugement définitif
(article 1050, al.2 Code judiciaire), que le juge se soit déclaré compétent ou
incompétent. L’applicabilité de cette dernière disposition aux jugements statuant sur
des déclinatoires de juridiction, un temps controversée, n’est plus guère admise. Jr
dois attendre que le juge rende sur le fond un autre jugement définitif : retardement de
‘l’appel contre le jugement définitif.
C. Les jugements avant dire droit
Les articles 616 et 1050, al. 1er, du Code judiciaire confirment que le jugement avant-dire droit
est normalement susceptible d'appel. Quatre jugements avant dire droit ne sont pas
susceptibles d’appel :
û Le jugement ordonnant une comparution personnelle (articles 996 et 1046 du Code
judiciaire).
û Le jugement ordonnant une descente sur les lieux (article 1008 Code judiciaire).

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û Le jugement ordonnant une production de documents (article 880 Code judiciaire, les
nuances découlant de la jurisprudence de la Cour de cassation relative à l’admissibilité
de l’appel contre la décision assortissant la mesure d’instruction d’une astreinte).
û Le jugement refusant l’audition du mineur de moins de 12 ans (article 1004/1, § 2, Code
judiciaire).
En outre, alignant son sort sur celui d’une décision sur la compétence (supra), l’article 1050,
al. 2, du Code judiciaire. dispose que « sauf si le juge, d’office ou à la demande d’une des
parties, en dispose autrement contre décision avant dire droit [si celle-ci est susceptible d’appel
», un appel ne peut être formé qu’avec l’appel contre le jugement définitif ».
L’appel formé immédiatement contre un jugement avant dire droit (de quelque type que ce soit
: article 19, al. 3, Code judiciaire) sera donc déclaré irrecevable, comme étant prématuré (ratio
legis : économie de procédure), sachant tout de même que dans l’intervalle, ce jugement – en
tant qu’il est exécutoire (article 1397, al. 3, Code judiciaire), aura pu sortir tous ses effets.
L’auteur de ce jugement avant-dire droit peut toutefois, à la demande d’une des parties ou
même d’office, « déverrouiller » lui-même l’appel immédiat contre la mesure ; en ce cas, dès
lors que l’appel portera exclusivement sur le jugement avant dire droit, l’affaire sera traitée au
bénéfice des débats succincts (article 1066, al. 2, 2°, Code judiciaire).
En présence d’un jugement mixte (comportant à la fois un chef avant-dire droit et un ou
plusieurs chef(s) définitif(s) ; la règle de l’appel immédiat (article 1050, al. 1er Code judiciaire)
reprend le dessus.
! Cette dernière précision doit être rapprochée de l’article 875bis, Code judiciaire !
D. Les ordonnances présidentielles
Les ordonnances peuvent être rendues par les présidents des tribunaux statuant en référé. Le
Code judiciaire les soumet aux recours ordinaires de l'appel et de l'opposition (articles 1039 et
1040 Code judiciaire).
Ces recours sont également ouverts contre les ordonnances présidentielles rendues sur
requête unilatérale (article 1031 et 1033 Code judiciaire). Encore acquièrent-ils une portée
particulière : l'appel peut être formé par le requérant (qui n'a pas obtenu satisfaction ; cet appel
doit être formé dans le mois de la notification); l'opposition ouverte au "tiers" lésé se présente
comme une tierce opposition.
§3. Décisions appelables
û Article 617 Code judiciaire : lorsqu’une décision émane du TPI et le tribunal de
l’entreprise et qu’elle est susceptible d’appel, il faut que la demande sur laquelle il est
statué soit égale ou dépasse 2500 euros (montant susceptible d’être révisé par le Roi).
û Article 617, al. 2 Code judiciaire : décision du juge de paix et du TP : le seuil est à 2000
euros.
û Article 618, al.2 Code judiciaire : je dois regarder le montant demandé dans les
dernières conclusions (conclusions de synthèse). Renvoi à 557 et s du Code judiciaire.
Qui nous parle du calcul de la demande, elle sert pour départager le juge du paix du
tribunal de première instance, pour le calcul de l'indemnité de procédure et pour le
ressort. Définition du montant de la demande à l'article 557 du Code judiciaire. Lorsqu'il
y a plusieurs chefs d'objet, ils se cumulent entre eux. Art.560, lorsqu'il y a plusieurs
demandeurs et défendeurs, on cumule tout.

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û Article 617, al.2 Code judiciaire : les jugements rendus par le tribunal du travail sont
toujours susceptibles d'appel (appelables).
û Article 617, al. 3 : en matière fiscale, toutes les décisions sont appelables.
û Article 619 : lorsque la demande n'est pas évaluable en argent, elle est toujours
appelable.
û Demandes en intervention conservatoire : article 621 du Code judiciaire : ils suivent le
sort de la demande principale. Si la demande principale sur laquelle se greffe la
demande conservatoire, alors, on peut faire appel de la décision rendue sur la
demande conservatoire. Par contre, si la demande principale n'atteint pas le niveau du
ressort, alors c'est terminé.
û Les jugements d'instruction sont susceptibles d'appel. Sont-ils appelables (art.621
Code judiciaire), cela dépend de la demande principale.
§4. Le délai d’appel
Article 1051 Code judiciaire : le délai d’appel est d’un mois à partir de la signification du
jugement et il est prorogé à raison de l’éloignement de l’appelant. Dans certains cas, le point
de départ coïncide avec la notification sous pli judiciaire.
En vertu l’article 1051 du Code judiciaire, le délai d'appel ne court à l'égard de la partie à
laquelle le jugement a été signifié qu'en ce qui concerne l'appel à diriger contre la partie qui a
fait signifier le jugement. Comme on l'a relevé, ce délai court également du jour de la
signification à l'égard de la partie qui a fait signifier le jugement (article 1051 Code judiciaire).
Des exceptions légales à ce principe peuvent exister (notamment l’article 1253quater du Code
judiciaire).
Attention, la signification d’un décision judiciaire pour faire courir les délais d’appel, doit depuis
l’arrêt du 10 février 2022 indiquer clairement les modalités et voies de recours qui sont
ouvertes au justiciable, à défaut, le délai ne court pas.
L’article 1051, al. 2, ajoute que « [...] lorsque l'appel n'est dirigé que contre certaines parties,
celles-ci disposent d'un nouveau délai de même durée pour interjeter appel contre les autres
parties. Ce nouveau délai court du jour de la signification ou, selon le cas, de la notification du
premier acte d'appel ».
Inséré par la loi du 25 mai 2018, cet alinéa consacre opportunément la figure de l’appel
provoqué en droit belge. Avant cela, certains plaideurs pouvaient être pris au piège suivant :
un défendeur principal mis hors cause par le premier juge, et succombant ipso facto dans une
demande en intervention et garantie ainsi privée d’objet, qui était seul intimé par l’appel
principal formé par le demandeur originaire. Si le jugement a quo lui avait été signifié par son
défendeur en garantie, ou s’il l’a signifié à celui-ci, le défendeur principal était injustement pris
au piège car il ne peut plus interjeter appel contre son garant.
Le délai d'un mois prévu par l'article 1051 est susceptible d'augmentation en raison de la
distance (articles 1051, al. 4, et 55, Code judiciaire).
À l'égard du Ministère public, le délai d'appel prévu par l'article 1052 du Code judiciaire court
dès la prononciation du jugement (article 1052, al. 2 Code judiciaire).
Une mention particulière doit être faite de l’article 1055 du Code judiciaire, à propos de l’appel
des jugements avant dire droit (surabondamment : article 1050, al. 2, Code judiciaire). Cette
règle, dissuasive des appels immédiats, comporte en réalité une double dimension :

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û Résurgence du droit d’appel, en dépit de l’expiration du délai lorsque le justiciable


n’aura pas exercé la faculté de l’appel immédiat accordée par le premier juge ;
û Concomitance obligatoire des appels.
Par la force des choses, la règle imposant la simultanéité des appels ne concerne pas l’auteur
d’un appel incident. Cette partie pourra toujours former appel principal contre le jugement
avant dire droit.
§5. Appel principal et appel incident
L'appel principal est celui qui saisit la juridiction du second degré et qui émane
d'une des parties en cause qui se prétend lésée par la décision entreprise.
L'appel principal est, en bref, introductif de la procédure en degré d'appel.
Il peut être limité par son auteur qu’on appelle l’appelant, et ce, de deux façons :
û Ratione materiae : l’appelant peut décider de limiter son appel principal à certaines
décisions prises par le premier juge, parce que tel est son intérêt, son bon vouloir. :
L'appelant peut n'attaquer que certaines dispositions du jugement. Tantum devolutum
quantum appellatum : le juge d’appel qui statuerait sur des questions litigieuses faisant
l’objet de décisions du premier juge non frappées d’appel, violerait, outre le principe
dispositif (par excès de pouvoir), l’autorité de la chose jugée s’attachant à ces
décisions813. Cette règle doit être combinée avec l’effet dévolutif de l’appel, avec
lequel elle est parfaitement compatible.
û Rationae personae : sauf le cas de l’indivisibilité (art. 1053), l’appelant peut
parfaitement décider de n’intimer que certains de ses adversaires de première instance
et pas d’autres.
L’appel incident ne peut non plus porter sur un autre jugement que celui qui a été entrepris par
l’appel principal.Conformément à l'article 1054 du Code judiciaire, la partie intimée « peut
former incidemment appel contre toutes parties en cause devant le juge d'appel, même si elle
a signifié le jugement sans réserve ou si elle y a acquiescé avant sa signification. L'appel
incident ne peut être admis que s'il est formé dans les premières conclusions prises par l'intimé
après l'appel principal ou incident formé contre lui. Toutefois, l'appel incident ne pourra être
admis si l'appel principal est déclaré nul ou tardif ».
Par l'appel incident, la limitation éventuelle – ratione materiae – du recours sera écartée :
l'intimé, par son appel incident, pourra demander la réformation de parties du jugement non
entreprises dans l'appel principal.
L'appel incident ne peut être formé que par un intimé. En revanche, il peut être dirigé contre
toute partie "en cause devant le juge d'appel" (par ex. : un autre intimé ou l'appelant principal).
L'appel incident ne peut donc pas être formé contre une partie en cause devant le juge du
premier degré mais qui ne se trouve pas devant le juge d'appel (l'appelant ayant limité son
appel ratione personae). Ne sont pas des « parties à la cause devant le juge d’appel » les
personnes que l’appelant n’a pas formellement intimées ni autrement mentionnées que «
comme parties ayant été des parties à la cause en première instance ». Qu’importe que le
greffe de la juridiction d’appel ait cru nécessaire de notifier la requête d’appel à ces personnes,
que celles-ci aient fait acte de postulation, qu’elles furent qualifiées d’intimées par d’autres
personnes, ou encore qu’elles se soient elles-mêmes qualifiées d’appelantes dans leurs
conclusions.

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Contre la partie de première instance qui n’est ni appelante ni intimée aux termes de l’appel
principal, seul un second appel principal peut se concevoir, dans le respect du délai prescrit
par l’article 1051 du Code judiciaire.
Aux termes d’une jurisprudence selon nous désuète et à tout le moins critiquable, la
Cour de cassation a considéré que l’appel incident pourrait être formé contre une partie
appelée seulement en déclaration (conservatoire) d’arrêt commun.
L'appel incident ne pourra cependant être admis si l'appel principal est déclaré nul (en vertu
de l’article 1057) ou tardif (article 1054, al. 2). Cette disposition est d’interprétation restrictive
en manière telle, par exemple, qu’un appel incident peut être formé même si l’appel principal
est déclaré irrecevable à défaut d’intérêt.
L'appel incident est formé par l'intimé par voie de conclusions (article 1056, 4°), sans autre
exigence de forme. A peine de déchéance, il doit l’être dans ses premières conclusions.
À peine de n’être pas admis (c'est-à-dire d’être frappé de déchéance conformément à l’art.
860, al. 2, Code judiciaire), l’appel incident doit être formé dans les premières conclusions
prises par l’intimé après l’appel principal ou incident formé contre lui.
On se gardera scrupuleusement de confondre l’appel incident avec la formulation d’une
demande reconventionnelle pour la première fois en degré d’appel.
§6. Formes
A. L’acte d’appel
Aux termes de l'article 1056 du Code judiciaire, l'appel est formé :
û Par acte d'huissier de justice signifié à la partie. Depuis la loi du 22 mars 1999, cette
forme n’est plus obligatoire lorsque la décision entreprise a été rendue par défaut
contre la partie intimée.
û Par requête déposée au greffe de la juridiction d'appel en autant d'exemplaires qu'il y
a de parties en cause, et notifiée par le greffier à la partie intimée et, le cas échéant, à
son avocat au plus tard le premier jour ouvrable qui suit le dépôt.
û Par lettre recommandée à la poste lorsque la loi a formellement prévu ce mode de
recours (par exemple : article 469 Code judiciaire) ainsi que dans les matières sociales
expressément visées à l'article 1056.
û Par conclusions à l'égard de toute partie présente ou représentée à la cause (devant
le juge d’appel) (la loi vise ici tout spécialement l'appel incident visé à l'article 1054
Code judiciaire, étant entendu que l’introduction d’un second appel principal par
conclusions, n’est pas exclu en certaines circonstances particulières (exemple : lorsque
le second appel principal porte sur une décision non entreprise par le premier appel
principal, mais alors dans le respect du délai de l’article 1051). S’agissant de l’appel
incident, il doit s’agir des premières conclusions de l’intimé (article 1054, Code
judiciaire), tandis que les conclusions contenant appel principal peuvent être prises
ultérieurement.
En conclusion, sous réserve de l’appel incident et des cas où la loi autorise la lettre
recommandée, l’appelant dispose d’un choix absolu entre la citation et la requête. Par
conséquent, l’appelant qui introduit son appel par citation plutôt que par requête, n’a pas à
supporter le coût de l’acte.

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Quid en cas de violation de l’article 1056 c’est-à-dire d’introduction de l’appel par lettre
recommandée dans un cas non prévu par la loi ? Irrecevabilité de l’appel ? Non, selon nous,
c’est le régime de l’exception de nullité qui s’impose ici, par application des articles 700 et
1042 du Code judiciaire.
L'article 1058 du Code judiciaire prévoit, cependant, que le juge d'appel peut ordonner que
l'appel soit signifié par huissier de justice à l'intimé défaillant, s'il n'a pas eu lieu en cette forme.
B. Mentions de l’acte d’appel
Hormis le cas où il est formé par conclusions, l’acte d’appel contient, à peine de nullité (articles
860 et suivants Code judiciaire), les mentions visées à l’article 1057 du Code judiciaire (notons
spécialement que cet article impose que l’acte d’appel contienne l’énonciation des griefs et
l’indication des lieu, jour et heure de la comparution, à moins que l’appel n’ait été formé par
lettre recommandée. L'appel se fait donc, en principe, à jour fixe. Relevons par contre
qu’aucune disposition (pas même l’article 1034ter via l’article 1042) ne paraît prescrire la
signature de la requête (par l’appelant ou son avocat) à peine de nullité.
C. Indivisibilité du litige
L'article 1053 du Code judiciaire précise, en son alinéa premier, qu'en cas d'indivisibilité (sur
cette notion définie restrictivement par l’article 31 du Code judiciaire, voy. supra), l'appelant
doit - à peine d'irrecevabilité - diriger son appel contre toutes les parties ayant un intérêt opposé
au sien.
L'article 1053, alinéa 2, ajoute que l'appelant doit, en outre au plus tard avant la clôture des
débats, mettre en cause les autres parties non appelantes et déjà intimées ou appelées. La
mise en cause de ces autres parties peut donc avoir lieu, le cas échéant, après l’expiration du
délai d’appel.
§7. Procédure
A. Introduction de l’appel
A lieu à jour fixe depuis la loi du 3 août 1992, devant la juridiction d’appel comme au premier
degré. Mais, en dehors des cas visés à l'article 1066, alinéa 2, la tenue de cette audience
d’introduction est suspendue aussi longtemps que les droits de mise au rôle relatifs à la
décision entreprise et mis à charge de l'appelant n'auront pas été payés » (article 1057-8°
Code judiciaire).
Si l’appel est formé par lettre recommandée, la règle de l’appel à jour fixe est bien évidemment
tenue en échec : les parties sont convoquées par le greffier à comparaître à l’audience fixée
par le juge.
Article 1060 Code judiciaire : inscription au rôle de l’acte d’appel. Si ça n’est pas fiat au plus
tard la veille de l’audience, la procédure est suspendue.
Délai de comparution : entre la modification de l’acte de l’appel et l’audience d’introduction
devant le juge d’appel, est de 15 jours au fond et de 2 jours en référé.
û Accordéon : si l’appelant est domicilié à l’étranger, + 15 ; +30 ; +80.
û Possibilité de le faire abréger : // abréviation délai de citation.
Ce délai est prescrit à peine de nullité (Cass., 5 janvier 1996), l'article 1042 Code judiciaire
renvoyant, en effet, à l'article 710 du même Code. Le cas échéant, cette nullité pourra être
couverte par application des articles 861 ou 864 du Code judiciaire. La computation de ce délai
répond aux mêmes règles que celle du délai de citation, notamment au prescrit de l’article 55
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du Code judiciaire. L’intimé doit comparaître à l’audience d’introduction et y faire sa déclaration


de comparution (article 1061 Code judiciaire ; adde et rappr. article 729, Code judiciaire).
B. Mise en état des affaires en débats succincts
Une procédure en débats succincts est prévue à l’article 1066 Code judiciaire. (// art.735).
La question de savoir si la cause peut être traitée en procédure accélérée est examinée à
l’audience d’introduction, à la demande de l'appelant ou de l’intimé.
Même en cas d’accord des parties sur ce point, la procédure en débats succincts ne doit pas
nécessairement être admise et le juge dispose encore, à cet égard, d’un large pouvoir
d’appréciation.
En revanche, le législateur énumère six cas dans lesquels la procédure accélérée est, sauf
accord des parties, rendue obligatoire, notamment l'appel contre les ordonnances
présidentielles rendues au provisoire ou encore contre les décisions rendues en matière de
saisies conservatoires ou de saisie-exécution. Le principe de cette disposition (mais non les
cas visés) est analogue à celui qui gouverne l’article 735, § 2, al. 2, du Code judiciaire devant
le premier juge.
Le régime des débats succincts en appel n’est pas tout à fait calqué sur celui qui prévaut en
première instance (article 735 du Code judiciaire). Normalement, la force exécutoire est de
plein droit mais le juge de première instance peut décider d’un effet suspensif à l’appel. L’intimé
peut, dès l’introduction devant la Cour d’appel, demander de retirer cet effet suspensif.
C. Mise en état des affaires non traitées en débats succincts
Conformément à l'article 1042 du Code judiciaire, les règles de la première instance sont
applicables : mise en état purement conventionnelle, mise en état conventionnelle judiciarisée
ou mise en état judiciaire ( articles 747, 748 et 750 du Code judiciaire et les sanctions visant
les conclusions tardives). Pour le surplus, les règles de l’instance sont applicables (art. 1042
du Code judiciaire).
§8. Effets de l’appel
A. L’absence d’effet suspensif
L’appel n’a normalement pas d’effet suspensif, c'est-à-dire que l'exercice de la voie de recours
ne suspend l'exécution du jugement entrepris (article 1397, al. 1er, Code judiciaire).
û Ni pour les décisions définitives.
û Ni pour les décisions provisoires (évidemment, ne sont jamais suspendues).
Néanmoins, il existe deux exceptions :
û Exception judiciaire (articles 1397, 198 et 1398/1) : le juge de première instance,
s’agissant d’un jugement définitif peut, sur décision motivée, d’office ou à la demande
d’une partie, exclure l’exécution provisoire de sa décision.
û Article 1399 Code judiciaire : les décisions touchant à la célébration du mariage ne
sont jamais d’exécution de plein droit.
B. Effet relatif
La juridiction d'appel n'est saisie du recours que dans les limites de l'acte d'appel855. Sur le
seul appel d'une partie, le juge d'appel ne peut aggraver la situation de celle-ci, même pour

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appliquer des règles d'ordre public. Il y va du respect du principe dispositif et de l’autorité de


la chose jugée.
En cas de litige multipartite, la règle est identique. S'il y a plusieurs parties dans l'instance
défendant les mêmes intérêts, l'appel formé par l'une d'entre elles ne profite qu'à elle seule.
Tout appelant peut effectuer une double limitation, relativisation de son appel. L’appelant peut
limiter ratione personae. Cette limitation est tolérée dans tous les cas, sauf l’indivisibilité de
l’article 53.
Article 1954 Code judiciaire : l’appel incident est d’abord une manière pour l’intimé de
neutraliser la limitation de l’appel principal. Il est soumis à l’effet relatif.
C. Effet dévolutif
En droit belge, on décide pour un oui ou pour un non que le dossier va s’achever en degré
d’appel.
1. Principe
Article 1068, al.1 Code judiciaire : aussitôt qu’un appel est formé, contre quelque jugement
qu’il soit, le juge d’appel est saisi non seulement de l’appel de la décision critiquée, mais aussi
de toutes les questions litigieuses, le cas échéant non encore tranchées, ni même encore
débattues devant le premier juge.
Sous l’intitulé « de l’effet dévolutif de l’appeletdel’évocation»,lesarticles1068et1072du Code
judiciaire élargissent les pouvoirs dont le juge saisi sur appel dispose. Il s’agit là de
prescriptions d’ordre public qui, conduisant le juge d’appel à trancher ce qui n’a pas été jugé
en première instance, dérogent tant à la règle » du double degré de juridiction qu’à l’adage «
tantum devolutum quantum judicatum ». A dire vrai, il ne reste rien de la pertinence de cet
adage, qu’on ne confondra pas avec l’adage « tantum devolutum quantum appellatum »,
toujours bien vivace quant à lui.
Illustration de ce que l’appel est une voie d’achèvement du litige, le principe est consacré par
l’article 1068 du Code judiciaire qui, en son alinéa 1er, énonce que tout appel d’un jugement
définitif saisit du fond du litige le juge d’appel. Il importe pour cerner le sens de cette disposition
de distinguer selon que le recours introduit porte sur un jugement définitif, sur un jugement
avant-dire droit, sur un jugement mixte ou sur un jugement rendu sur la compétence.
2. Applications
û L’appel d’un jugement définitif : L'article 19 du Code judiciaire définit le jugement
définitif comme étant celui qui épuise la juridiction du juge sur une question litigieuse.
û L'effet dévolutif est total : sauf l’article 1224/2 Code judiciaire (pas important). Concerne
les jugements définitif non seulement ceux qui vident le fond du procès mais également
ceux qui règlent une ou plusieurs demandes, un ou plusieurs chefs de demande, un
incident, une fin de non-recevoir, une exception, une cause de nullité. Il se combine
avec l'effet relatif : ils ne s'excluent pas.
Le principe, susceptible d'exceptions (ex. art. 1224/2, C. jud.858), est que l'appel formé
contre un jugement définitif quel qu'il soit entrainé, d'office, cette conséquence que le
juge d'appel est saisi de plein droit du fond du litige en ce compris tous les éléments
de celui-ci qui n'ont point été jugés en première instance (contra, en vertu de l'effet
relatif, les points jugés en premières instance non frappés d'appel principal ou incident
: supra). La " règle " du double degré de juridiction est ici tenue en échec : le juge

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d'appel connaîtra même de ce qui n'a pas été jugé par le premier juge. Ce pouvoir
revient d'office à la juridiction d'appel. La volonté des parties ne peut tenir l'exercice de
ce pouvoir en échec. Le principe de l'effet dévolutif doit évidemment se concilier avec
la faculté revenant à l'appelant de limiter son appel (principal ou incident) ratione
personae ou ratione materiae.
û L’appel d’un jugement avant dire droit : L'article 19, en son alinéa 3, définit le jugement
avant-dire droit comme étant celui par lequel le juge saisi de la demande, soit règle
provisoirement la situation des parties, soit ordonne une mesure destinée à instruire le
litige. Il se combine avec l'effet dévolutif, qui sera plein et définitif.
L'article 1068, alinéa 1er du Code judiciaire entraine cette conséquence que l'appel d'un
jugement réglant provisoirement la situation des parties860 (pour autant qu'il soit formé
dans le respect de l'article 1050, al. 2, Code judiciaire, c'est-à-dire, en réalité, que son
auteur en ait autorité l'appel immédiat) vaut au juge du second degré le pouvoir de
trancher lui-même le fond du litige. Par contre, le juge d'appel statuant en référé n'est
pas saisi du fond de l'affaire861), sauf dans la situation tout à fait partiuclière où la Cour
d'appel infirme une décision par laquelle le juge des référés s'est déclaré compétent
(alors que l'urgence n’était pas invoqué dans l'acte introductif : Cass., 11 mai 1990 et
où elle constate qu'elle est elle-même compétente (article 643, Code judiciaire)
!!!!!!!! S'agissant des jugements qui décident une mesure d'instruction (et contre
lesquels un appel est formé dans le respect de l'article 1050, al. 2, Code judiciaire), il
en est, en principe, de même..
L'article 1068, alinéa 2 comporte cependant, à cet endroit, une importante dérogation
à l'alinéa 1er : le juge d'appel devra renvoyer la cause au premier juge s'il confirme,
même partiellement, une mesure d'instruction ordonné par le jugement entrepris. Ce
renvoi (auquel l'accord des parties ne peut faire échec devra se faire sans qu'il y ait
lieu de distinguer selon que la mesure d'instruction ordonné par le premier juge a ou
non reçu exécution (rappel : article 1397, al. 3, Code judiciaire). A contrario, lorsque le
juge d'appel infirme la mesure d'instruction, le principe de l'effet dévolutif renforcé de
l'appel joue pleinement.
Il faut faire très attention à la question des décisions appelables !!! Quid infirmation ?
Le juge d’appel se prononce sur une autre décision du premier juge, avant de se
prononcer sur la mesure d’instruction. La Cass. Dit qu’il ne s’agit par d’une infirmation,
il s’agit d’une décision sur une autre question qui n’impacte pas la mesure d’instruction.
û L’appel d’un jugement mixte : Le jugement entrepris en appel peut contenir une
décision définitif et une mesure d'avant-dire droit (exemple : le premier juge tranche
une question de recevabilité ou de nullité et décide, avant de statuer pour le surplus,
l'accomplissement d'une expertise).
Le recours est formé contre les différents dispositions de ce jugement. Quel est l'effet
de cet appel, dont la fréquence est apellée à s'amplifier au regard de la combinaison
des articles 875bis et 1050, al. 2, Code judiciaire ? À suivre l'enseignement de la Cour
de cassation, l'effet dévolutif élargi de l'appel n’opère point dès lors que le juge d'appel
confirme, même partiellement, la mesure d'instruction décidée en première instance,
le juge pourra statuer sur les questions indépendantes de la mesure d'instruction.
Lorsqu'un jugement est définitif sur un point et d'instruction sur un autre, la circonstance
qu'il confirme, même partiellement, cette dernière disposition oblige ainsi le juge
d'appel à renvoyer au premier juge les questions que celui-ci n'a point tranchées (le

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juge d'appel ne pouvant ainsi statuer, dans cette thèse, que sur les seuls points
définitivement tranchés par le jugement entrepris).
L'enseignement de la Cour de cassation – partagé par plusieurs auteurs – est vivement
critiqué par une partie de la doctrine. Celle-ci relève que la Cour de cassation fait
prévaloir l'exception formulée à l'article 1068, alinéa 2 sur la règle énoncée par l'article
1068, alinéa 1 du Code judiciaire. Elle considère que dès lors qu'un jugement tranche
une question litigieuse, l'effet dévolutif opère nécessairement ; la circonstance que le
jugement comporte, en outre, une mesure d'instruction ne saurait conduire à appliquer
l'article 1068, al. 2 (la mesure d'instruction étant en quelque sorte l'accessoire de ce
qui a été déjà jugé au fond). Interpellée par ces critiques, la Cour de cassation a
nuancé, mais non reviré, sa jurisprudence : le juge d'appel qui confirme une mesure
d'instruction ordonnée par le premier juge n'est pas tenu de statuer sur les chefs de
demande qui ne sont pas indépendants de ladite mesure d'instruction870. En d'autres
termes, les segments du litige « détachables » de la mesure d'instruction peuvent
bénéficier de l'effet dévolutif.
En outre, la Cour de cassation veille aujourd'hui à raréfier l'application de l'article 1068,
alinéa 2, du Code judiciaire, en cas d'appel d'un jugement mixte : « en cas d'appel
formé contre des décisions mixtes telles que visées à l'article 1068 du Code judiciaire,
l'obligation de renvoi en cas de confirmation totale ou partielle de la mesure
d'instruction ordonnée en première instance ne vaut pas lorsque le juge d'appel déclaré
fondé en tout ou en partie l'appel contre la décision critiquée ou s'il la modifie sur un
quelconque point ». Encore faut-il que la décision réformée ou modifiée soit
précisément le qui sert de fondement à la mesure d'instruction car « La circonstance
que le juge d'appel, qui confirme une mesure d'instruction, statue différemment du
premier juge sur un point litigieux ne constituant pas le fondement de la mesure
d'instruction ne modifie en rien l'obligation qui lui est faite d'appliquer l'article 1068,
alinéa 2, du Code judiciaire et de renvoyer la cause au premier juge, dans la mesure
où l'appréciation de celle-ci dépend des résultats de la mesure d'instruction. Le moyen,
qui est fondée sur la prémisse que le juge d'appel n'est pas tenu de renvoyer la cause
au premier juge lorsqu'il réforme le jugement entrepris sur un point quelconque, fût-ce
sur un point litigieux ne constituant pas le fondement de la mesure d'instruction,
manque en droit ».
La Cour indique également le moment jusqu'auquel le premier juge demeure
compétent pour connaitre des incidents de la mesure d'instruction qu'il a ordonné : « il
suit d'un rapprochement entre les articles 963, §2, 973,§1er et 2, 1068 et 1496 du Code
judiciaire que le premier juge conserve un pouvoir de juridiction pour suivre le
déroulement de l'expertise qu'il a ordonné, pour règler les contestations survenant
dans ce cadre et pour se prononcer sur les demandes de remplacement de l'expert,
tant que le juge d'appel n'a pas rendu de décision qui lui interdit de renvoyer encore la
cause devant le premier juge ».
û L'appel d'un jugement rendu sur la compétence : on parle des jugements rendus par
le juge lui-même sur sa propre compétence par application de l'article 639ne peuvent
être frappés d'appel qu'avec le jugement définitif (article 1050, al. 2, Code judiciaire).
Cette décision est-elle appelable ? Article 621 Code judiciaire : l'accessoire suit le
principal, donc il est appelable si la demande principale est appelable. Est-il susceptible
d'appel ? Appel retardé : uniquement avec un jugement définitif. L'article 1068, alinéa
1er du Code judiciaire est donc, en principe applicable. Il en résulte qu'en règle, l'appel

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formé contre pareils jugements saisit le juge du second degré du fond de l'affaire. Cette
règle peut-elle jouer sans correctifs? Deux aménagements sont ici à évoquer :
Ø Il importe dès l’abord de concilier l’article 1068, al. 1er du Code judiciaire avec
l'article 643 du même Code.
Ø L'article 643 déclare que dans le cas où le juge d'appel peut être saisi d'un
déclinatoire de compétence, il statue sur le moyen et renvoie la cause « s'il y a
lieu » devant le juge compétent.
Ø Or l'on doit inclure dans l'application de l'article 643 le règlement des
déclinatoires concernant tant les pouvoirs du premier juge que ceux du juge
d'appel.
Ø Le principe est que le juge d'appel, saisi d'un déclinatoire touchant la
compétence du premier juge, devra se saisir du fond de l'affaire s'il tient pour
compétent un juge dont il peut, sur appel, censurer les décisions. En revanche,
si le juge d'appel décide que le juge compétent est un juge dont les jugements
ne sont pas appelables devant lui, il aura – par application de l'article 643 – à
renvoyer l'affaire au juge d'appel compétent.
Le premier juge s'est déclaré compétent : le juge d'appel, saisi de l'appel formé contre
un jugement définitif rendu par ce premier juge, confirme la compétence du premier
juge. Il statue au fond (article 1068). Par exemple, le tribunal de l'entreprise se déclare
compétent. L’appel est interjeté contre ce jugement sur la compétence, en même
temps que l'appel contre le jugement définitif, devant la Cour d'appel. Celle-ci confirme
la compétence du tribunal de l'entreprise. Elle statue au fond. Le juge d'appel, saisi de
l'appel formé contre un jugement définitif rendu par ce premier juge, infirme la
compétence de celui-ci. Il statue au fond s'il tient pour compétent au premier degré un
juge dont les décisions sont appelables devant lui (article 1068). Dans l’hypothèse
inverse, il renvoie au juge d'appel compétent (article 643). Par exemple, le tribunal de
l'entreprise se déclare compétent, l’appel est interjeté contre ce jugement sur la
compétence, en même temps que l'appel contre le jugement définitif, devant la Cour
d'appel. Celle-ci infirme la compétence. Si elle estime qu'était compétent le tribunal de
première instance, elle statue au fond. Si elle estime qu'était compétent le juge de paix
ou le tribunal du travail, la Cour d'appel renvoie au juge d'appel du juge compétent au
premier degré (autrement composé, le cas échéant, aux fins de respecter l’exigence
d’impartialité).
Le premier juge s’est déclaré incompétent : le juge d’appel ne peut être saisi
qu’ensemble avec l’appel formé contre le jugement sur le fond rendu par le juge de
renvoi (art. 1050 nouveau). Par exemple, le tribunal de l’entreprise se déclare
incompétent et renvoie au tribunal du travail. L’appel est interjeté contre ce jugement
d'incompétence, en même temps que l'appel contre le jugement définitif rendu par le
tribunal du travail, devant la Cour du travail. Celle-ci infirme l'incompétence et
considère qu'était bien compétent le tribunal de l’entreprise. La Cour du travail renvoie
alors à la Cour d'appel, juge d'appel du tribunal de l’entreprise. Si la Cour du travail,
confirmant l'incompétence, estime qu'était bien compétent le tribunal du travail, elle
statue au fond. Si la Cour du travail confirme l’incompétence mais estime qu’était
compétent le juge de paix ou le tribunal de première instance, elle renvoie au juge
d'appel du juge compétent au premier degré.

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D. Aménagement du principe au plan des procédures


L’effet dévolutif élargi conduit à cette conséquence que les pouvoirs de la juridiction du second
degré sont renforcés. Ce renforcement implique des aménagements de procédure,
principalement pour assurer le respect du principe du droit de la défense.
● Telle est la portée des règles formulées aux articles 1071 et 1072 du Code judiciaire.
Article 1071 du Code judiciaire : par suite de l’effet dévolutif élargi, il se peut que le juge d’appel
soit amené à statuer sur ce qui n’a fait l’objet ni devant le premier juge, ni devant le juge d’appel
lui-même, d’un débat contradictoire. L’article 1071 entend assurer le respect du principe du
droit de la défense en disposant que « si les parties ou l’une d’elles n’avaient pas conclu au
fond, devant le premier juge ou devant le juge d’appel, celui-ci renvoie la cause à une audience
ultérieure pour être conclu et statué au fond ».
CHAPITRE III. LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES
Section 1. Le pourvoi en cassation
§1er. Compétence et mission de la Cour de cassation
Voir partie compétence.
§2. Délai
Sauf application de règles légales particulières, le délai pour introduire le pourvoi en cassation
est de trois mois à partir de la signification de la décision, ou, dans les cas prévus par la loi,
de la notification de celle-ci (article 1073 Code judiciaire).
Le pourvoi doit, à peine de nullité, être introduit en matière civile sous la signature d'un avocat
à la Cour de cassation. Ce pourvoi doit être conforme aux prescriptions des articles 1079 et
1080 du Code judiciaire.
La réponse au pourvoi se fait selon le mode prescrit à l’article 1092 du Code judiciaire
(signature d’un avocat à la Cour de cassation ; délai de trois mois ; envoi à l’avocat du
demandeur).
Lorsque le litige est indivisible, l'article 1084 impose, à peine d'irrecevabilité, que le pourvoi
soit dirigé contre toutes les parties à la décision attaquée dont l'intérêt est opposé à celui du
demandeur (même règle que celle énoncée - en ce qui concerne l'appel - à l'article 1053 Code
judiciaire). La Cour juge tant en l'absence qu'en présence des avocats et des parties (art.
1108), tous les arrêts étant réputés contradictoires (art. 1113). Le Code judiciaire autorise
toutefois une requête en rétractation d'un arrêt de la Cour de cassation (à la requête du
défendeur défaillant qui, en raison de l'irrégularité commise dans la signification du pourvoi,
n'a pas été mis à même d'y répondre) (article 1113, al.2 Code judiciaire).
Section 2. la tierce opposition
La tierce opposition est une voie de recours extraordinaire qui permet à un tiers
d'attaquer une décision qui préjudicie à ses droits.
Est tiers celui qui n'a pas été appelé ou qui n'est pas intervenu à la cause en la
même qualité que celle dont il entend se prévaloir pour former le recours (article
1122 Code judiciaire).
La tierce opposition se prescrit par trente ans. Néanmoins lorsque le jugement a été signifié
au tiers, la tierce opposition doit être formée par lui dans les trois mois à partir de la signification

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(article 1129). Néanmoins, la tierce opposition formée contre une ordonnance rendue sur
requête unilatérale doit être formée dans le mois de la signification au tiers-opposant (art.
1034, Code judiciaire).
La tierce opposition est portée par citation donnée à toutes les parties, devant le juge qui a
rendu la décision attaquée (article 1125 Code judiciaire). Il s'agit d'une voie de rétractation
(Sur la tierce opposition formée par voie incidente, article 1125, al. 2 Code judiciaire). La
juridiction qui accueille le recours en tierce opposition, annule, en tout ou en partie, la décision
attaquée, à l'égard du tiers seulement. Mais l'annulation a lieu à l'égard de toutes les parties
dans la mesure où l'exécution de la décision attaquée serait incompatible avec l'exécution de
la décision d'annulation (article 1130, Code judiciaire).
La tierce opposition n'a aucun effet suspensif. Le juge des saisies peut, néanmoins, sur citation
à la requête de la partie qui a formé tierce opposition et toutes autres parties appelées,
suspendre à titre provisoire, en tout ou partie, l'exécution de la décision attaquée (article 1127
Code judiciaire).
Section 3. La requête civile
La requête civile est une voie de recours extraordinaire de révision par laquelle
une partie estimant qu'elle a été victime d'une erreur de fait involontairement
commise par le juge, demande que l'affaire soit jugée à nouveau.
Il doit y avoir décision passée en force de chose jugée.
En matière civile, la requête civile est une voie de rétractation portée devant la même juridiction
que celle dont la décision est attaquée. Les causes d'ouverture de ce recours sont très
étroitement délimitées par l'article 1133 du Code judiciaire. Ces causes se rattachent, pour
l'essentiel, à la découverte, postérieurement à la décision rendue, d'un élément ou d'une
circonstance démontrant l'existence d'une erreur de fait grave non imputable au juge
(principalement due au dol personnel d'une partie ou encore à des témoignages ou rapports
d'experts reconnus faux depuis la décision).
La requête civile doit, à peine de déchéance, être formée dans les six mois à partir de la
découverte de la cause invoquée (article 1136 Code judiciaire).
Larequêtecivilenepeutêtreintroduitequedanslerespectdecertainesformesrigoureuses
prescrites par l'article 1134 du Code judiciaire, notamment la requête doit être signée par trois
avocats dont deux au moins comptent plus de 20 ans de barreau.
Sur l'indivisibilité : article 1135 du Code judiciaire : la requête civile doit être dirigée contre
toutes les parties ayant un intérêt opposé à celui du requérant.
Section 4. La prise à partie
La prise à partie est la mise en cause personnelle du juge par une partie, à
raison d'un dol ou d'une faute commise par ce magistrat pendant l'instruction
ou lors du jugement.
Elle suppose « des manœuvres ou des artifices auxquels leur auteur recourt pour tromper la
justice, soit pour favoriser une partie ou pour lui nuire, soit pour servir un intérêt personnel.
Une faute du juge ne saurait, quelle que soit sa gravité, suffire à constituer le dol ou la fraude
ainsi entendus ». Portée directement devant la Cour de cassation, la prise à partie fonctionne
comme une voie de recours permettant l'annulation du jugement rendu si la prise à partie est
accueillie.

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Les causes de prise à partie sont limitativement énumérées à l'article 1140 du Code judiciaire.
Cette voie de recours extraordinaire doit être formée, à peine de déchéance, dans le délai de
trente jours à partir du fait qui y a donné lieu et, en cas de dol ou de fraude, à partir du jour où
la partie en a eu connaissance (article 1142 Code judiciaire).
Section 5. La rétraction
La loi du 10 mai 1985 relative aux effets des arrêts d'annulation rendus par la Cour d'arbitrage
a inséré dans le livre III du Code judiciaire un titre VIII intitulé « De la rétractation » comprenant
un article 1147bis nouveau.
La loi spéciale du 6 janvier 1989 sur la Cour d'arbitrage abroge ledit article 1147bis et traite
elle-même dans son article 16, de la rétractation. La portée de cette nouvelle voie de recours
est la suivante :
û Dans la mesure où elles sont fondées sur une disposition d'une loi ou d'un décret qui
a ensuite été annulé par la Cour d'arbitrage ou d'un règlement pris en exécution d'une
telle loi ou d'un tel décret, les décisions passées en force de chose jugée rendues par
les juridictions civiles peuvent être rétractées en tout ou en partie, à la demande de
ceux qui y auront été parties ou dûment appelés.
û À peine de déchéance, la demande est formée dans les six mois à dater de la
publication de l'arrêt de la Cour d'arbitrage au Moniteur belge.
û La demande en rétractation est portée devant la juridiction qui a rendu la décision
entreprise et est introduite par une citation contenant l'énoncé des moyens, et signifiée
à toutes les parties en cause dans la décision entreprise, le tout à peine de nullité.

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PARTIE II. LA COMPÉTENCE


La compétence dans l’ordre judiciaire belge se décline de manière bicéphale, il doit être
matériellement compétent et territorialement compétent.
TITRE IER. NOTIONS ET DISPOSITIONS GÉNÉRALES
CHAPITRE IER. DÉFINITION DE LA COMPÉTENCE
Section 1. Distinction entre « compétences » et « attributions » du juge
Quand on parle de la compétence matérielle il faut d’abord distinguer les attributions du
pouvoir judiciaire/ordre judiciaire dans son ensemble et au sein de l’ordre judiciaire, quelles
sont les compétences de chacune des juridictions qui forme l’ordre.
Articles 144 et 145 Constitution : « Les contestations qui ont pour objet des droits civils sont
exclusivement du ressort des tribunaux. (….) », « Les contestations qui ont pour objet des droits
politiques sont du ressort des tribunaux, sauf les exceptions établies par la loi. »

Le pouvoir judiciaire est un pouvoir constitué et séparé des autres pouvoirs. Le pouvoir
judiciaire a des attributions qui lui reviennent en propre et qui se distinguent des attributions
des deux autres pouvoirs. Il y a trois hypothèses dans lesquelles un juge de l’ordre judiciaire
est amené à constater que le litige qui lui est soumis ne relèvent pas de sa compétence mais
aussi de l’attribution de l’ordre judiciaire auquel il appartient :
û Il apparait que la demande relève des attributions d’un des deux autres pouvoirs
constituées – par exemple, contentieux des étrangers, éloignement du territoire. Ce
sont des cas où le conflit d’attribution se fait entre le pouvoir judiciaire et les autres
pouvoirs, par exemple, le pouvoir législatif conserve le contentieux du droit électoral.
û Cas dans lesquelles les parties ont fait le choix de se soustraire au pouvoir judiciaire
et le litige relève de arbitrage.
û Le litige relève d’un ordre judicaire étranger en raison d’un élément d’extranéité, il
apparait que le litige relève de l’ordre judiciaire étranger.
Section 2. Le déclinatoire de juridiction
Que se passe-t-il si le/la demandeur.resse vise mal, c'est-à-dire saisie un juge du pouvoir
judiciaire d’un de ces trois cas où le litige en relève pas des attributions du pouvoir judiciaire ?
On est en présence d’un déclinatoire de juridiction.
Toute situation où le pouvoir judiciaire est aux prises avec un autre pouvoir constitué sont
d’ordre public, le déclinatoire de juridiction est dans ce cas d’ordre public avec la conséquence
concrète que le déclinatoire de juridiction peut être soulevé tant par le défendeur que par le/la
juge puisque c’est d’ordre public et il peut l’être à tout moment du procès, voir pour la première
fois en appel ou en cassation.
Il s’agit toujours d’un déclaration d’ordre privé lorsqu’il se déduit d’une convention d’arbitrage
valable (article 568 al 3, 590 al 2 et 1676), lorsqu’il se déduit de l’incompétence du juge national
(sauf exceptions)
Seul le défendeur peut soulever un déclaratoire de juridiction lorsqu’il y a une clause
d’arbitrage. Cela doit être soulevé dans les premières conclusions du défendeur, sinon au cas
où c’est trop tard c’est plus jamais.
Qu’advient-il d’une clause d’arbitrage lorsque le juge tombe dessus par défaut ? Le juge ne
peut rien dire.

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Le troisième cas est plus hybride : la tendance lourde est de considérer que c’est d’ordre privé
mais pas tous les cas.
Section 3. Régime du déclinatoire
Si le déclinatoire est d’ordre public est soulevé tant par les parties que par le/la juge, si c’est
d’ordre privé, seul le défendeur peut le soulever et par défaut le/la juge continue à se taire, si
le déclinatoire est d’ordre public à tout moment, si le déclinatoire est d’ordre privé, dans les
premières conclusions. Qui tranche ? C’est toujours le juge lui-même qui va trancher les cas
de déclinatoires de juridiction. Le tribunal d’arrondissement n’ est pas là pour juger le
déclinatoire de juridiction.
La Cour de cassation a considéré que ce n’est pas un jugement sur la compétence mais sur
la juridiction donc il est toute de suite susceptible d’appel.

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TITRE II. LA COMPÉTENCE MATÉRIELLE


Quels sont les compétences matérielles ? Il s’agit dans les attributions du pouvoir judiciaire de
la réponse à la question : qui fait quoi ?
CHAPITRE IER. LES JURIDICTIONS CIVILES

CHAPITRE II. LE TRIBUNAL DE PREMIÈRE INSTANCE


Au départ Van Verwilligen voulait faire un tribunal d’arrondissement, comme un carrefour.
Politiquement cela n’a pas plu et au Sénat, le Parlement a refragmenté.
Il y en a un tribunal de première instance par arrondissement judicaire, il y a en a treize :avec
l’arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvoorde où il y en a deux.
Section 1. Compétences et organisation
Au sein de chaque tribunal de première
instance, il y a matériellement des sections :
article 76 du Code judiciaire ; une section civile
formée par des chambres civiles, appelés
« tribunal civil », une deuxième section : la
section correctionnelle formée par les
chambres correctionnelles, appelés « tribunal
correctionnel », et depuis 2013, une section
famille et jeunesse nommé « tribunal de la
famille et la jeunesse « avec deux sous-
section : le tribunal de la famille et le tribunal de
la jeunesse. Il y a une quatrième section : le
TAP, tribunal d’application des peines. À côté
de ces quatre sections : les magistratures
personnels, le/la président.e, le/la chef.fe de

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corps, le ou les juges des saisies et le juge d’instruction.


Bases légales articles 568 à 572bis du Code judiciaire :
û Compétence ordinaire : article 568.
û Compétences spéciales article 569 à 572bis : le contentieux de la famille, des
personnes et du patrimoine familial, et depuis 2014, on pratique le regroupement quasi-
total de tout ce qui touche au contentieux des personnes et de la famille ; échappe à
la compétence du tribunal de la famille, la capacité (le juge de paix reste compétent
pour la tutelle des mineur.e.s et l’incapacité des majeur.e.s). On retrouve confiés au
tribunal civil du TPI le contentieux fiscal, voilà un droit non subjectif, depuis 1999, le
TPI connait de tous les contentieux fiscaux. Le contentieux de l’exécution les décisions
de justice et les autres actes exécutoires.
Section 2. La compétence ordinaire
« Le tribunal de première instance connaît de toutes demandes hormis celles qui sont directement
dévolues à la cour d'appel et la Cour de cassation. » (article 568 al 1er Code judiciaire).

Le TPI est un acteur différent dans le décor, il jouit d’une compétence ordinaire c'est-à-dire
que ses chambres civiles vont connaitre/ont vocation à connaitre de toute demande, non
seulement celles qui ne sont dévolues à personnes, mais aussi des demandes qui sont
attribuées à d’autres : cela ne vaut qu’à l’intérieur des attributions du pouvoir judiciaire, il n’est
pas question pour le TPI de connaitre des demandes qui sont spécifiquement attribués à la
cour d’appel et à la Cour de cassation. Le TPI n’a pas de compétence ordinaire étendue en
degré d’appel, le TPI n’est le juge d’appel que le juge de paix et le tribunal de police.
§1er. Le déclinatoire de compétence
« Si le défendeur conteste la compétence du tribunal de première instance, le demandeur peut, avant
la clôture des débats, requérir le renvoi de la cause devant le tribunal d'arrondissement qui statuera
comme il est dit aux articles 641 et 642. » (article 568 al 2 Code judiciaire)

Si le TPI est saisi d’une demande qui relève de la compétence spéciale d’une autre juridiction,
il va pouvoir juger sauf si le défendeur soulève un déclinatoire de compétence in limine litis
c'est-à-dire dans ses premières conclusions. L’article 568 al 2 du Code judiciaire dit que le
défendeur peut soulever dans ses premières conclusions, c’est un déclinatoire d’ordre privé,
le tribunal ne peut pas le soulever spontanément et comme il s’agit d’un déclinatoire d’ordre
privé en termes de timing, ce déclinatoire doit être soulevé dans les premières conclusions du
défendeur.
La Cour de cassation est venue rajouter une petite couche ; la Cour de cassation a depuis 50
ans identifié parmi les compétences spéciales des autres juridictions une poignée de
compétences qui sont tellement spéciales que l’on va les appeler « exclusives » : la notion de
compétence exclusive au sens où le droit judiciaire nous l’enseigne est une création
prétorienne : le Code judiciaire ne donnait pas le concept, parfois utilise le terme d’exclusif
mais pas dans le même sens. Il y a dans 7-8 cas des compétences spéciales des compétences
à ce point collé à leur partenaire qu’il n’est pas possible de reléguer cela dans le domaine
privé, il y a des cas dans lesquels le TPI devrait soulever d’office, ces cas sont évolutifs car
c’est une création prétorienne et de la doctrine :
û Le juge de paix est exclusivement compétent pour connaitre de la procédure en
apposition de scellé.
û Le tribunal de police a une compétence exclusive (article 601bis) en matière d’accident
de la circulation.

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û La Cour de cassation considère qu’en matière d’insolvabilité, il s’agit d’une compétence


exclusive du tribunal de l’entreprise.
û Le tribunal du travail jouit d’une compétence exclusive en matière de sécurité sociale,
en raison de l’auditoriat du travail qui ont un pouvoir d’instruction inscrit à l’article 138ter
du Code judiciaire en vertu duquel ces magistrats peuvent requérir des institutions de
la sécurité sociale, des informations, nulle part ailleurs on ne trouve ces fonctions de
l’auditorat du travail.
La Cour de cassation considère que ce bloc de compétences exclusives présente cette
particularité de donner lieu à des déclinatoires d’ordre public avec pour conséquence que le
déclinatoire doit être soulevé par le juge et peut être soulevé à tout moment du procès.
§2. Le déclinatoire soulevé par le.la défendeur.resse
Les déclinatoires peuvent être soulevés par le défendeur et par le juge lui-même. Le défendeur
est amené à soulever des déclinatoires des deux types, les déclinatoires d’ordre privé lui est
réservé mais le/la peut aussi soulever ceux d’ordre public.
Un déclinatoire, quel qu’il soit, d’ordre public ou privé, soulevé par le défendeur. Dans ce cas-
là, chaque fois, il y a lieu d’appliquer l’article 639 du Code judiciaire, lorsque le déclinatoire est
soulevé par le/la défendeur.resse quel qu’il soit, d’ordre public ou d’ordre privé, la balle
repasse dans le camp du/de la demandeur.resse, le/la demandeur.resse a un choix, soit
préférer demander au juge de statuer lui/elle-même, soit le/la demandeur.resse en fait un cas
de principe et demande alors de renvoyer le déclinatoire devant le tribunal d’arrondissement
pour que ce déclinatoire soit jugé par ce tribunal ad hoc, et dans ce cas, le tribunal
d’arrondissement va statuer et il n’y a pas de recours possible.
Le/la juge qui statue sur la compétence va renvoyer au juge compétent, cette décision de
renvoi est un jugement définitif ne pourra être frappé d’appel que plus tard, ces jugements ont
une autorité un peu particulière, ils lient le/la juge à qui la compétence est renvoyée.
Quand le déclinatoire est soulevé par le juge, c'est-à-dire uniquement quand le déclinatoire est
d’ordre public, on applique l’article 640 du Code judiciaire : le juge ne peut pas soulever puis
juger, si le juge soulève d’office un déclinatoire, il renvoie le déclinatoire pour y être jugé par
le tribunal d’arrondissement.
La tribunal d’arrondissement a son ressort territorial par arrondissement (12+1), composé par
4 chef.fe.s de corps, flanqué du Procureur du Roi ou de son substitut et a pour mission
exclusive de trancher les déclinatoires de compétences qui lui sont transmis. Le tribunal
d’arrondissement statue et renvoie à qui il estime que le dossier doit revenir. Il n’y a pas de
recours possible, les parties n’ont pas d’appel, juste un recours que peut former le Procureur
du Roi devant la Cour d’appel mais pratiquement jamais.
§3. Le contentieux familial et patrimonial : article 572bis Code judiciaire
Le tribunal de première instance et plus spécifiquement sa section famille-jeunesses c'est-à-
dire le tribunal de la famille et le tribunal de la jeunesse, va connaitre de presque tous les litiges
qui touchent aux familles, aux personnes et à leur patrimoine. Ce regroupement résulte d’une
profonde réforme entrée en vigueur en 2014. Avant, le contentieux familial était explosé,
aujourd'hui presque tout est regroupé dans le tribunal de la famille avec la volonté « un juge,
un dossier, une famille ». Il y a quelques trous dans la nacelle, les juges de paix ont gardé aux
articles 596 et 596bis c'est-à-dire toute la matière de l’incapacité.

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§4. Le contentieux fiscal


Le TPI (article 569 32° Code judiciaire) jouit d’une compétence spéciale pour le contentieux
fiscal, toute contestation en matière d’impôts sont devant le TPI chambre civile après
épuisement des recours administratifs. Toute décision en matière fiscale est susceptible
d’appel (article 617 al 3).
§5. Le contentieux de l’exécution
Selon les articles 569 5° et 1395 du Code judiciaire : le tribunal de première instance connait
des contestations sur l’exécution des jugements et arrêts, cela recouvre d’abord toute la
problématique qui touche à l’exécution forcée des jugements et arrêts rendus par d’autres
juridictions judiciaires. Au sein du TPI, il y a une magistrature personnelle le juge des saisies
qui est l’entité du tribunal de première instance qui pour ce qui touche à l’exécution par voie
des saisies, d’un procédé pour rembourser une dette.
Article 1395 : ce magistrat est compétent pour connaitre de l’exécution des obligations non
pécuniaires. Le TPI est également compétent pour connaitre du contentieux de l’exécution de
l’arbitrage et des jugement étranger. En ce qui concerne l’arbitrage, il faut revenir devant le
TPI pour obtenir l’exécution et le TPI est également compétent pour connaitre en Belgique des
difficultés d’exécution pour les juridictions étrangères.
§5. L’incident de répartition (article 88 §2 Code judiciaire)
L’incident de réparation s’applique à tous les tribunaux de première instance (TPI, tribunal du
travail et de l’entreprise). Il peut survenir des problèmes d’aiguillages, c'est-à-dire à l’intérieur
d’un tribunal se pose la question de l’orientation d’un dossier on est plus dans une
problématique de déclinatoire où il faut départager un tribunal, il s’agit à l’intérieur d’un tribunal
de loger ou reloger une affaire car à l’intérieur d’un TPI, il y a 4 sections au tribunal de travail
ou de l’entreprise, il y a des chambres qui font des choses différentes.
Comment cela se passe-t-il ?
û Le cas le plus facile : si personne ne bronche, ni une partie ni le juge incorrectement
saisi, il devra se coltiner le dossier. Par exemple, si une chambre civile saisie d’un
divorce ne bronche pas, le juge devra faire du droit familial.
û A l’entame du procès c'est-à-dire dans les toutes premières conclusions, si une partie
soulève l’incident de réparation ou si le juge d’office soulève l’incident de réparation,
alors l’incident de réparation va prendre la route du/de la chef.fe de corps, le/la
président.e du tribunal pour aguiller. Le président aux termes d’une mini-procédure (8
jours) rend une décision, oriente le dossier vers la bonne division, section qui est liée
sur sa compétence par ce renvoi. Y-a-t-il un recours ? Non et oui, aucune possibilité
de la part des parties, un seul recours du Procureur général près de la Cour d’appel
qui saisira une question de principe la Cour de cassation.
CHAPITRE II. LA JUSTICE DE PAIX
Le ressort territorial de la justice de paix est les cantons.
Le juge de paix (justice of peace) l’idée est double quand on parle du juge de paix : iel est
d’abord le juge des petits litiges (financiers) mais iel est aussi un juge de proximité.
Schématiquement le juge de paix reçoit d’abord une compétence générale dans le Code
judiciaire et puis comme n’importe quelle juridiction, il reçoit des compétences spéciales.

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Section 1. Compétence générale


« Le juge de paix connaît de toutes demandes dont le montant n'excède pas 5.000 euros, hormis celles
qui sont soustraites par la loi à sa juridiction, notamment des demandes prévues aux articles 569 à 571,
572bis, 573, 574 et 578 à 583 » (article 590 Code judiciaire).

La compétence générale parait comporter énormément de demandes mais en comporte en


réalité très peu parce que le juge de paix connait de toutes les demandes inférieures à 5000€
pour autant que cette demande ne relève de la compétence d’une autre juridiction, donc il ne
reste quasi rien.
Si la demande est portée devant le tribunal de première instance alors qu’elle relève de la
compétence générale du juge de paix, le déclinatoire est d’ordre privé.
Si la demande est portée devant le juge de paix alors qu’elle relève d’une juridiction
d’exception, le déclinatoire est d’ordre public.
Section 2. La valeur de la demande
Articles 557 à 562 du Code judiciaire : le montant d’une demande est le montant demandé
dans l’acte introductif hors dépens, hors intérêts judiciaires, s’il y a pluralité de montants de
demande, de partie, on cumule de sorte que la somme est très vite atteinte.
Quelle est la seule différence entre ces règles de calcul-ci lorsqu’il s’agit de calculer la
compétence générale et les règles s’il s’agit de savoir si une décision est appelable ? La seule
différence est l’article 618 al 2 : le montant à prendre en compte pour l’appel est le montant
demandé dans les conclusions de synthèse, c’est le motnant le plus récent, tandis que pour
la compétence du juge de paix c’est aussi logique : c’est le montant au moment où le juge est
saisi.
Que fait-on des enjeux où ce n’est pas évaluable en argent ? Selon l’article 592, face à une
demande qui n’est spécialement attribuée à personne mais qui n’est pas évaluable en argent,
l’article 592 dit que le/la demandeur.resse a un choix soit d’aller devant le juge de paix soit
devant le TPI. Sauf en cas d’erreur manifeste d’appréciation, si le/la demandeur.resse fait une
demande manifestement supérieur au montant. En cas d’erreur manifeste d’appréciation, le/la
défendeur.resse dispose d’un déclinatoire d’ordre privé. Si le/la défendeur.resse fait défaut, le
juge doit se taire.
Section 3. Les compétences spéciales
û Contentieux locatif (article 591, 1°, Code judiciaire)
û Contentieux du régime foncier et de la copropriété (article 591, 2° à 4°, Code judiciaire)
û Contentieux des actions possessoires (article 591, 5°, Code judiciaire)
û Contentieux des troubles de voisinage (article 591, 2ter, Code judiciaire)
û Protection des incapables majeurs (art. 594, al. 1er, 16°, Code judiciaire) : malgré la
réforme de 2013 du tribunal de la famille, est resté dans le giron du juge de paix car
justice de proximité territorial et affective.
û Protection des malades mentaux (article 594, al.1er, 15°, Code judiciaire)
û Tutelle des mineurs (article 594, Code judiciaire)
û Procédure sommaire d’injonction de payer (article 1338 à 1344, Code judiciaire)
û Octroi de facilités de paiement (article 1337bis à octies, Code judiciaire)
û Apposition et levée de scellés (article 597, Code judiciaire)
û Contentieux des fournitures d’énergie et de téléphonie (article 591, 25°, Code
judiciaire)
û Etc.

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La protection des incapables majeurs, des malades mentaux, la tutelle des mineurs, la
procédure sommaire d’injonction de payer, l’apposition et levée de scellés sont des
compétences que la jurisprudence et la doctrine qualifie de compétences exclusives par
exemple, on vient devant un TPI pour demander une apposition de scellés, c’est un
déclinatoire d’ordre public.
Par exemple, si on introduit une demande en arriéré de loyer devant le TPI que se passe-t-il ?
Il s’agit d’une compétence ordinaire, le défendeur peut le soulever dans les premières
conclusions et si le déclinatoire est soulevé par le défendeur que va-t-il se passer ? le
demandeur doit choisir l’option de l’article 639 du Code judiciaire.
Section 4. L’objet de la demande
On voit que très souvent la compétence matérielle est en fonction de l’objet de la demande.
L’objet de la demande détermine la compétence matérielle.
Qu’est-ce que l’objet de la demande ? Il s’agit de l’objet de la qualification tel que le demandeur
l’a juridiquement demandé ou du résultat factuel qui est demandé ? Selon la Cour de cassation
depuis 2016, l’objet est le résultat factuel, le juge doit donner au fait la bonne qualification
juridique : « La compétence d’attribution déterminée en raison de l’objet de la demande
s’apprécie en fonction de la demande telle qu’elle est formulée par le demandeur ». Depuis
toujours, la Cour de cassation considère que lorsqu’il apprécie sa compétence et non pas le
fond, le juge est lié par la qualification même inappropriée fournie par le demandeur.
La Cour de cassation ne souhaite pas que ce problème de qualification explose à l’entame du
procès, la Cour de cassation préfère que ce débat sur la qualification juridique se noue le plus
tard possible.
Section 5. Demande principale & demande subsidiaire
Parfois on a une prétention principale et une prétention subsidiaire. Par exemple, un particulier
a été dupé par une entreprise à l’occasion d’une vente. Je peux porter ma demande devant le
TPI et demander l’exécution forcée du contrat. En demande subsidiaire (plan B, dans le cas
où la demande principale est déboutée), je demande la mise en faillite de l’entreprise
défenderesse (compétence exclusive du tribunal de l’entreprise). Laquelle des deux
demandes permet d’analyser la compétence ? La demande principale.
CHAPITRE III. LE TRIBUNAL DE POLICE
12+1 (un par arrondissement et deux à BHV)
Section 1. Compétences
« Quel qu'en soit le montant, le tribunal de police
connaît de toute demande relative à la réparation
d'un dommage résultant d'un accident de la
circulation ou d'un accident ferroviaire même si celui-
ci est survenu dans un lieu qui n'est pas accessible
au public » (article 601bis Code judiciaire).

« Quel qu’en soit le montant » : même pour les


petits crashs, le juge de paix n’est pas
coméptent.e.
Les accidents ferroviaires se sont rajoutés après
les catastrophes de Pécrot.

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« Lieu qui n’est pas accessible au public » : on vise les accidents dans les parkings ou les
rallyes.
Le tribunal de police est compétent pour connaître de toute demande visant à l’indemnisation
d’un dommage causé par un accident de la circulation, y compris ferroviaire. C’est une
compétence assez large, le tribunal de police est également compétent pour connaître de
l’action récursoire de l’assurance RC automobile contre son assuré.e, pour autant que cette
action se fonde sur des circonstances propres à l’accident litigieux. C’est la suite d’un accident
de la circulation donc c’est la compétence du tribunal de police.
La Cour de cassation depuis 1997 considère que la compétence civile du tribunal de police
est une compétence exclusive il n’est donc pas question d’amener une demande devant le
TPI, qui devra soulever d’office – déclinatoire d’ordre public – son incompétence.
Section 2. La notion d’accident de la circulation
La notion d’accident de la circulation a fait couler beaucoup d’encre, la Cour de cassation
donne une définition générique : « Pour qu’il y ait accident de la circulation au sens [de l’article
601bis, C. jud.], il faut qu’il y ait participation à la circulation, laquelle s’entend de l’usage par
un véhicule d’une voie de communication en vue de transporter une personne ou une chose
d’un lieu à un autre. Il n’est pas requis, en outre, que le dommage survenu au passager soit
en rapport avec la participation du véhicule à la circulation ».C’est très abstrait et peut
engendrer des applications peu compréhensibles.
On vise la circulation routière et ferroviaire (il n’est pas question d’accidents de ski ni dans
l’estuaire de l’Escaut).
CHAPITRE IV. LE TRIBUNAL DE L’ENTREPRISE
Il y en a 9, correspondant aux cinq ressorts des
cour d’appel + Leuven, BW, Eupen et un
deuxième à Bruxelles. On siège à trois dans le
tribunal de l’entreprise : un juge classique et deux
juges consulaires issus du monde de l’entreprise.
Section 1. Litiges entre entreprises
« Le tribunal de l'entreprise connaît en premier ressort
des contestations entre entreprises visées à l'article
I.1, 1°, du Code de droit économique, qui ne relèvent
pas de la compétence spéciale d'autres juridictions et
qui, en ce qui concerne les personnes physiques, ont
trait à un acte qui n'est manifestement pas étranger à
l'entreprise » (article 573 al 1 Code judiciaire).

La tendance de la doctrine et jurisprudence est


de considérer qu’il s’agit d’un déclinatoire d’ordre
privé devant le TPI. Si on va devant le juge de
paix pour un litige entre entreprises, c’est un déclinatoire d’ordre public.
Il doit s’agir d’un litige entre au moins deux entreprises au sens du Code de droit économique
il doit s’agir d’un acte qui n’est pas manifestement étranger à l’entreprise.
Section 2. La notion d’entreprise
L’entreprise est définie par l’article I.1.1° Code de droit économique : chacune des
organisations suivantes :
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û Toute personne physique qui exerce une activité professionnelle à titre indépendant
û Toute personne morale,
û Toute autre organisation sans personnalité juridique. (…) »
C'est-à-dire toute personne morale à moins qu’elle ne poursuive aucun but lucratif.
Pour être demandeur/défendeur dans un procès, il faut exister - on a la facilité de l’article 703
Code judiciaire et maintenant celle de l’art. I.1, 1° du Code de droit économique mais attention,
nous ne sommes toujours pas une personne). Ce sont des facilités de procédure mais pas
des raccourcis de droit civil.
La Cour de cassation par un arrêt du 18 mars 2022 a décidé qu’en soi un dirigeant d’une
entreprise (administrateur, gérant), c’est pas en soi une entreprise, ce qui a deux
conséquences :
û Iel ne peut pas être déclaré en faillite
û Iel ’est pas redevable du tribunal de l’entreprise.
On a une dérogation à la règle du rétroviseur ; selon laquelle la compétence d’un juge
s’apprécie au moment de sa saisine. L’article 557 du Code judiciaire en est un bon indice.
C’est bien la valeur qui est demandée à l’introduction de la demande, c’est au moment de la
saisine que l’on regarde. Ici, il y a une entorse voulue par la Cour de cassation s’agissant de
la qualité d’entreprise à quel moment s’apprécie-t-elle ? La Cour de cassation exige que la
qualité d’entreprise soit vérifiée au moment où fut accompli l’acte litigieux.
L’on exclut notamment de cette catégorie les personnes morales de droit public qui ne
proposent pas de biens ou de services. Lorsque le personnes morale de droit public exerce
une activité de service ou de bien elle pourrait être considéré comme une entreprise.
Section 3. Extension ratione personae
« La demande dirigée contre une entreprise peut également être portée, aux conditions visées à l'alinéa
1er, devant le tribunal de l'entreprise, même si le demandeur n'est pas une entreprise. Est, à cet égard,
nulle, toute clause attributive de compétence antérieure à la naissance du litige » (article 575 al 2 Code
judiciaire).

Le demandeur qui ne revêt pas la qualité d’entreprise – la situation de consommateur privé –


le particulier qui est confronté à une entreprise pour un litige se trouve confronté à un choix,
va-t-il saisir pour un litige de plus de 5000€ le TPI ou le tribunal de l’entreprise ? L’article 573
donne le choix, le cadeau est fait au particulier. Si le litige vaut pour moins de 5000, il y a un
choix entre le juge de paix et le tribunal de l’entreprise. Ce choix n’est pas neutre, il concerne
aussi l’enjeu du droit de la preuve, le livre 8 énonce la prééminence de l’écrit alors qu’en droit
de l’entreprise, la preuve est libre, la solidarité est présumée en droit commerciale mais il faut
la prouver en droit civil, avec plus des enjeux d’encombrement des juges. Si on doit choisir le
juge de paix et le tribunal de l’entreprise, il y a un enjeu avec la question de la possibilité
d’appel ou pas selon, si le litige vaut moins de 2005€, il n’y a pas d’appel devant le tribunal de
l’entreprise ; on peut librement choisir tellement que toute clause dérogatoire à ce choix est
nulle.
Section 4. Litiges entre associé
« Le tribunal de l'entreprise connaît :1° des contestations pour raison d'une association dotée de la
personnalité juridique, fondation ou société, à l'exception d'une association de copropriétaires, ainsi que
des contestations survenant entre leurs associés ou membres passés, présents et futurs relatives à la
société, fondation ou association concernée » (article 574 Code judiciaire).

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Tout litige qui survient entre des organes ou des anciens organes, des associés ou anciens
associés d’une société qui est par extension, d’une fondation, relève de la compétence
spéciale des tribunaux de l’entreprise.
Il arrive souvent que l’organe soit également un travailleur, si survient un litige à son
licenciement, rémunération de travailleur est de la compétence du tribunal du travail. Cette
compétence ne s’étend pas aux contestations ayant pour objet l’exécution d’un contrat de
travail.
Section 5. Les procédures d’insolvabilité
« Le tribunal de l'entreprise connaît : (…) 2° des actions et contestations qui découlent directement des
procédures d'insolvabilité visées au Livre XX du Code de droit économique et dont les éléments de
solution résident dans le droit particulier qui concernent le régime des procédures d'insolvabilité »
(article 574 Code judiciaire).

Faillite, réorganisation judiciaire, transfert d’entreprise, tout ce qui est régi par le livre 20 du
Code de droit économique est de la compétence des tribunaux de l’entreprise. La Cour de
cassation considère qu’en matière d’insolvabilité, le tribunal d’entreprise jouit d’une
compétence exclusive. Il doit s’agir de litige qui découle directement des procédures
d’insolvabilité et il faut que le litige qui est causé par la procédure s’insolvabilité trouve sa
solution dans le livre 20.
Il n’est donc pas compétent pour connaître des demandes qui relèvent en principe d’autres
juridictions et notamment du juge de paix, en matière de bail, du tribunal du travail, en matière
de contrats de travail.
CHAPITRE V. LE TRIBUNAL DU TRAVAIL
Il y en a neuf, toute chambre est composée de
trois juges : le président du tribunal, qui est un
magistrat et deux juges sociaux (l’un est
l’émanation d’un organisation syndicale, l’autre
de la FEB ou un avocat)
Section 1. Contentieux des relations de
travail
« Le tribunal du travail connaît: 1° des contestations
relatives aux contrats de louage de travail y compris
celles qui ont trait à la violation d'un secret d'affaires
commise pendant la durée de ces contrats; (…) 3°
des contestations d'ordre individuel relatives à
l'application des conventions collectives du travail »
(article 578 du Code judiciaire).

Il y a une anomalie : les fonctionnaires ne sont


pas justiciables du tribunal du travail.
Le tribunal du travail connaît également des
contestations d’ordre individuel relatives à l’application des conventions collectives de travail
(ex.: CCT n° 109 relative au licenciement manifestement déraisonnable). En termes de
compétences l’ordre judiciaire ne peut connaitre que des litiges individuels, quid quand surgit
un litige collectif ? Soit on assigne un caractère absolu au droit à la grève et donc il n’y a pas
de juge, c’est une thèse qui est soutenu par le comité des droits sociaux au Conseil de
l’Europe. Quid de notre jurisprudence ? La Cour de cassation dit que l’intervention du pouvoir

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judiciaire n’est pas exclu si l’action est de nature à porter atteinte à des droits subjectifs (droit
de propriété, liberté de commerce, liberté de travail des non-grévistes), il faut qu’un juge soit
compétent mais ce n’est pas le tribunal de travail, la Cour de cassation considère que s’il y a
atteinte aux droits subjectifs, il y a intervention du TPI, et comme c’est urgent, référé. Et comme
souvent il s‘agit d’un litige extrêmement urgent, où on ne peut pas identifier les grévistes, il y
a requête unilatérale devant le.a président.e du TPI.
Section 2. Contentieux de la sécurité sociale (articles 579 à 582)
« Le tribunal du travail connaît : 1° des demandes relatives à la réparation des dommages résultant des
accidents du travail, des accidents sur le chemin du travail et des maladies professionnelles » (article
579 Code judiciaire)

On considère qu’il s’agit d’une compétence exclusive parce que à côté du tribunal du travail
figure l’auditorat du travail qui en vertu de l’article 138bis du Code judiciaire jouit du pouvoir de
réquisitionner des informations auprès de la sécurité sociale.
Le tribunal du travail est exclusivement compétent pour connaître du contentieux relatif aux
dommages causés par les accidents du travail et par les maladies du travail.
Le tribunal du travail est par ailleurs exclusivement compétent pour connaître des recours
dirigés contre les décisions prises par les divers établissements publics en charge de la
sécurité sociale (ONEM, ONSS, mutuelles, SPF Sécurité sociale, « Vierge Noire », Service
fédéral des pensions, etc.)
Section 3. Règlement collectif de dettes
« Le tribunal du travail connaît: (…) 14° des demandes relatives au règlement collectif de dettes; »
(article 578 Code judiciaire).

Il s’agit de la « la faillite civile » : lorsqu’une personne privée, physique rencontre des difficultés
financières telles que cette personne ne peut plus honorer toutes ses dettes, il y a possibilité
d’introduire une demande en règlement collectif de dettes pour respecter la dignité humaine
de la personne ou pour faire décider d’autorité le plan d’apurement. Le tribunal de travail
désigne un médiateur de dettes.
CHAPITRE VI. QUELLES SONT LES COMPÉTENCES EXCLUSIVES ?

Les compétences exclusives des juridictions d’exception tiennent d’office en échec la


compétence ordinaire du tribunal de première instance (déclinatoire d’ordre public).
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CHAPITRE VII. TYPES DE DÉCLINATOIRES

CHAPITRE VIII. RÉGIME DU DÉCLINATOIRE

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TITRE II. COMPÉTENCE TERRITORIALE


Quand on parle de compétence territoriale on ouvre un triplique : il y a des règles supplétives,
des règles impératives et des règles d’ordre public.
CHAPITRE IER. L’OPTION OUVERTE AU DEMANDEUR
La règle normale, celle qui trouve à s’appliquer c’est la compétence territoriale supplétive, qui
se trouve à l’article 624 du Code judiciaire elle se présente sous la forme d’une palette de
choix. « Hormis les cas où la loi détermine expressément le juge compétent pour connaître de la
demande (donc les règles de compétences impératives et d’ordre public), celle-ci peut, aux choix
du demandeur, être portée : 1° devant le juge du domicile du défendeur ou d'un des défendeurs; 2°
devant le juge du lieu dans lequel les obligations en litige ou l'une d'elles sont nées ou dans lequel elles
sont, ont été ou doivent être exécutées; 3° devant le juge du domicile élu pour l'exécution de l'acte; 4°
devant le juge du lieu où l'huissier de justice a parlé à la personne du défendeur si celui-ci ni, le cas
échéant, aucun des défendeurs n'a domicile en Belgique ou à l'étranger. »

Si on n’est pas dans une compétence impérative ou d’ordre public on a un choix le plus légitime
du monde : pour des raisons de proximité, d’appointage, de jurisprudence, linguistique, on
peut choisir entre ces trois-là.
Section 1. La notion de domicile
Le domicile en droit est une notion pluriel. Le domicile judiciaire est défini à l’article 32 3° Code
judiciaire : « "domicile" : le lieu où la personne est inscrite à titre principal sur les registres de la
population; » l’élection de domicile est une fiction de domicile, c’est un mandat, il fait élection
de domicile pour les significations et les notifications des actes de procédures qui vont jalonner
le procès avec une jurisprudence très clair de la Cour de cassation, lorsque c’est un Belge qui
fait élection de domicile, elle est facultative par contre, pour les résidents étrangers, il est
obligatoire de faire élection de domicile en Belgique. Pour une personne morale, son domicile
est le siège social.
L’article 624 donne une règle qui décline de la connexité : si on est confronté à plusieurs
défendeurs, dans le choix, le/la demandeur.resse a encore un sous-choix.
Section 2. Lieu de naissance ou d’exécution de l’obligation
En matière contractuelle, on peut aussi choisir le lieu où l’obligation doit être exécutée. En
matière quasi-délictuelle, c’est le lieu où la faute a été commise, mais si on subit le dommage
ailleurs, on peut assigner là où le dommage a été subit.
Section 3. Régime juridique de l’option
On a un choix très large dans l’article 624, le régime juridique de cette palette : cette palette
elle-même n’est pas obligatoire, on peut y déroger dans ces litiges-là, et dire que ce sera le
domicile du demandeur ou le siège social de la société. C’est licite mais pas toujours, il faut
d’abord être dans le champ de l’article 624 et il faut aussi faire attention à la liste noire des
clauses abusives (XI.83). Quand on a affaire à un contrat qui lie une entreprise à un
consommateur, l’article 624 est impératif.
Puis quand on arrive devant un juge matériellement compétent mais pas territorialement
compétent ? On est dans le champ d’application de l’article 624 et que soit une clause de for
existe et n’a pas été respectée, soit on se trouve devant un juge qui n’est aucun des juges
compétent.e.s désigné.e.s par la palette, dans ce cas, c’est une compétence supplétive,
déclinatoire d’ordre privé, il faut donc que le/la défendeur.resse le soulève dans ses premières
conclusions, si cela se passe par défaut, le juge ne peut rien dire. Si le déclinatoire est

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valablement soulevé c’est le jeu de l’article 639 qui va trouver à s’appliquer, soit le demandeur
va dire qu’il faut statuer lui-même, soit le tribunal d’arrondissement.
CHAPITRE II. REGLES IMPERATIVES
A côtés des règles supplétives qui forme le système de base, il existe des règles impératives.
On les trouve aux articles 627 à 629quater du Code judiciaire. Attention ; la compétence
territoriale de l’article 629bis §1er et 8 est d’ordre public ; l’idée de la réforme de 2013 était le
regroupement du contentieux familial « un juge, un dossier une famille », l’idée de 629 §1er si
des époux.ses ont déjà eu des difficile, le même juge sera saisi.
Le §8 de 629 dit que toute clause qui serait contraire à 629bis §1er 1° est nulle c'est-à-dire que
c’est d’ordre public, on ne peut jamais déroger même quand le litige revient.
Elles sont au milieu de la hiérarchie. On ne peut pas y déroger par des conventions antérieures
au litige (article 630 al 1er du Code judiciaire). Par contre rien n’empêche une fois le litige né
en parfaite connaissance de cause de renoncer à la règle et de déroger.
Qu’arrive-t-il si l’une de ces multiples règles doit s’appliquer et que l’on se retrouve devant un
juge qui est territorialement incompétent ? Le déclinatoire reste d’ordre privé, même si la règle
est impérative.
Dans l’hypothèse de l’article 630 al 2 du Code judiciaire, on se trouve devant un juge saisi en
violation des règles impératives et que ce juge constate la défaillance du défendeur, le
défendeur est présumé décliner. Surgit alors une mini controverse : doit être soulevé par le
défendeur ou par le juge ?
CHAPITRE III. REGLES D’ORDRE PUBLIC
Au sommet des règles territoriales, les règles territoriales d’ordre public : scénario on est dans
un litige où la palette supplétive ne va pas s’appliquer, on n’est pas dans un cas de règle
impératif, on est dans un des cas limitativement énumérés de règle d’ordre public. Il y a l’article
XX.12 Code de droit économique pour les procédures d’insolvabilité au nom de l’ordre public
est seul compétent le tribunal de l’entreprise dans le ressort dans le ressort duquel se situe le
centre des intérêts principaux du débiteur au jour de la saisine du tribunal, c'est-à-dire le siège
social de l’entreprise en difficulté. En termes d’insolvabilité tout est d’ordre public la
compétence matérielle est exclusive et sur le plan territorial c’est aussi d’ordre public.
L’article 632 concerne les lois d’impôt, est exclusivement compétent le TPI qui siège au ressort
de la Cour d’appel dans le ressort duquel est situé le bureau où la perception a été ou doit être
faite.
L’article 633 concerne les saisines, si on fait saisir un meuble ou immeuble, le juge des saisies
territorialement compétent est le juge de l’arrondissement où se trouve l’(im)meuble. La saisie-
arrêt est le juge où se trouve le débiteur.
Le régime juridique est qu’aucune convention n’est possible, ni antérieure, ni postérieure.
Le déclinatoire est d’ordre public, ce qui signifie que le défendeur ou le juge d’office peut
soulever à tout moment.

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CHAPITRE IV. SYNTHESE

Règles supplétives Règles impératives Règles d’ordre public

Art. 632 à 633decies et XX.12, C.D.E +


Art. 624 Art. 627 à 629quater
629bis, §§ 1er 8

Dérogation possible avant ou après Dérogation possible uniquement


la survenance du litige après la survenance du litige Aucune dérogation possible

Déclinatoire d’ordre privé Déclinatoire d’ordre privé Déclinatoire d’ordre public

Défaut: juge ne peut soulever Défaut: juge doit soulever d’office le Défaut: juge doit soulever d’office le
d’office le déclinatoire déclinatoire (art. 630, al. 2) déclinatoire

Quid lorsque je connais le tribunal territorialement compétent mais j’ignore encore laquelle des
divisions de mon tribunal on doit saisir ? C’est par arrêté royal que s’effectue les répartitions
internes. Le Roi a le choix entre deux listes ; soit il fait du copié-collé pour répartir à l’intérieur
d’un tribunal, il applique les mêmes règles que pour départager les litiges eux-mêmes, soit
mais pas encore beaucoup fait, le Roi peut décider de spécialiser certaines divisions. A
l’intérieur d’un tribunal, c’est par arrêté royal que sont déterminées les répartitions internes,
qui dans 99% des cas corresponds aux règles. Qu’arrive-t-il en cas d’erreur aiguillage à
l’intérieur d’un tribunal ? C’est un incident de réparation, et on applique l’article 88 §2

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TITRE III. LITISPENDANCE ET CONNEXITE


La jonction et la prorogation sont des mécanismes de jonction et de prorogation s’il fallait
respecter scrupuleusement les règles territoriales et matérielle cela pourrait aboutir à des
éparpillements, à des contradictoires. Il a fallu que le Code judiciaire prévoit des mécanismes
dérogatoires pour qu’il soit dérogé aux règles par des mécanismes propres : la jonction
d’affaire – on va joindre des affaires qui devraient être exploser – et la prorogation – porter la
compétence des juges au-delà de ce qu’elle est de base.
Il y a des méthodes de jonction : la litispendance et connexité.
CHAPITRE IER. LA LITISPENDANCE
Section 1. Définition
Elle est régie et définie par l’article 29 Code judiciaire : « Il y a litispendance toutes les fois que
des demandes sont formées sur le même objet et pour la même cause, entre les mêmes parties agissant
en même qualité, devant plusieurs tribunaux différents compétents pour en connaître et appelés à
statuer au premier degré de juridiction. »

La situation est la suivante : deux demandes en justice présentent absolument la même


identité, triple identité, deux demandes parfaitement identiques au regard de leurs objet,
cause, parties qu’elle implique. Ce n’est pas fréquent car on connait assez peu de justiciables
qui introduisent la même demande. C’est plus fréquent au niveau européen car le droit
européen définit la litispendance de manière plus souple.
Il faut que ces deux demandes soient portées devant deux juridictions différentes : deux
juridictions dans le paysage et la compétence judiciaire sont différentes. Il faut que les deux
juridictions saisies soient l’une et l’autre compétence c'est-à-dire saisie dans le respect des
règles territoriales et matérielles de compétence.
Il faut enfin que soit saisi deux juridictions compétences, différentes au premier degré, il n’y a
pas de mécanismes de jonction entre une juridiction d’appel et une juridiction de première
instance. C’est regrettable car il peut y avoir des risques de train qui ne se croiseront pas et
qui peuvent mener à des contradictions.
Section 2. Ordre de préférence (article 565 Code judiciaire)
Pédagogiquement, il est nécessaire de commencer par les alinéas 3 et 4 : « Toutefois lorsque
l'une des demandes relève de la compétence exclusive d'un tribunal, seul ce tribunal est compétent
pour connaître de l'ensemble des demandes. »

Si on se trouve dans un cas de litispendance dont une compétence est spéciale tandis que la
demande seconde est portée devant la juridiction ordinaire c'est-à-dire le TPI, le juge doté
d’une compétence spéciale sera celui auprès de qui la jonction sera faite.
Que se passe-t’il quand les deux juges ont une compétence spéciale ? Il faut aller voir l’alinéa
4 : « Lorsque deux ou plusieurs demandes relèvent de la compétence exclusive de deux tribunaux
distincts, le renvoi peut avoir lieu conformément à l'ordre de préférence déterminé ci-dessus » : on
retourne à l’alinéa 1.
« Le renvoi a lieu suivant l'ordre de préférence ci-après : 1° le tribunal de la famille visé à l'article 629bis,
§ 1er est toujours préféré ; 2° le juge de paix visé aux articles 628, 3°, et 629quater est toujours préféré
; 3° le tribunal qui a rendu sur l'affaire un jugement autre qu'une disposition d'ordre intérieur est toujours
préféré ; 4° le tribunal de première instance est préféré aux autres tribunaux ; 5° le tribunal du travail
est préféré au tribunal de l'entreprise ; 6° le tribunal du travail et le tribunal de l'entreprise sont préférés

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au juge de paix ; 7° le juge de paix est préféré au tribunal de police ; 8° le tribunal le premier saisi est
préféré à celui qui a été saisi ultérieurement » (article 565 alinéa 2).

Commet cela va-t-il se mettre en musique du point de vue de la procédure ? C’est une défense,
l’article 565 donne les indices et ils sont complétés par l’article 856, obéissent aux règles de
l’article 864 : les déclinatoires d’ordre privé doivent être soulevé in limine litis, on en déduit que
la litispendance doit être soulevé dans les premières conclusions avec un indice de plus :
l’article 565 autorise le juge à soulever lui-même la litispendance. Le juge lui-même peut
statuer.
Le juge va rendre un jugement sur la litispendance : l’appel immédiat contre cette décision est-
il possible ? Il n’existe pas de dispositions qui interdisent l’appel. Est-ce que l’appel est
retardé ? La Cour de cassation en 2014 a considéré qu’un jugement rendu par le juge sur une
exception de litispendance est un jugement immédiatement susceptible d’appel.
La décision est-elle appelable ? Selon l’article 621 : si la demande a un ressort appelable,
l’incident qui est le jugement sur la litispendance est appelable : l’accessoire suit le principe.
Est-ce que le tribunal d’arrondissement n’a vraiment aucun rôle ? Il peut se passer que le juge
statuant sur l’exception de litispendance juge mal l’ordre de préférence. Devant le juge
auxquelles les affaires sont jointes à tort, il y a l’occasion ultime de soulever un déclinatoire de
compétence. Ce déclinatoire est d’ordre public et régit par l’article 640 Code judiciaire. Si le
déclinatoire est soulevé par le justiciable, on a le choix de l’article 639 Code judiciaire.
CHAPITRE II. LA CONNEXITÉ
« Des demandes en justice peuvent être traitées comme connexes lorsqu'elles sont liées entre elles par
un rapport si étroit qu'il y a intérêt à les instruire et juger en même temps afin d'éviter des solutions qui
seraient susceptibles d'être inconciliables si les causes étaient jugées séparément » (article 30 Code
judiciaire).

Ces demandes ne sont pas semblables mais étroitement liées. L’article 30 n’exige pas
l’indivisibilité.
Il y a trois mécanismes de fonction possible en présence d’un lien de connexité :
û La connexité avec jonction sur renvoi
û La jonction directe
û La jonction d’office
Section 1. La jonction sur renvoi
« Diverses demandes en justice ou divers chefs de demande entre deux ou plusieurs parties, qui
présentés isolément devraient être portés devant des tribunaux différents, peuvent, s'ils sont connexes,
être réunis devant le même tribunal en observant l'ordre de préférence indiqué à l'article 565, alinéa 2,
1° et 2° et 4° à 8°. Toutefois si les parties ne sont pas les mêmes dans toutes les demandes et si l'un
des tribunaux a rendu un jugement qui n'a pas pour effet de soustraire le litige à sa connaissance, le
renvoi à ce tribunal ne peut être prononcé si ceux qui n'ont pas été partie à ce jugement s'y opposent.
Les dispositions des articles 661 et 662 sont applicables en cas de renvoi du chef de connexité » (article
566 Code judiciaire).

Selon quel ordre de préférence on va joindre? L’article 566 du Code judiciaire fournit un ordre
de préférence presque identique mais pas tout à fait à celui en cas de litispendance. Il y a deux
dissemblances.
Deux demandes connexes portées l’une devant un juge ordinaire et l’autre devant un juge
spécial/exclusif, le juge spécial/exclusif l’emporte selon la Cour de cassation (comme pour la
litispendance, même si l’article 566 Code judiciaire ne le précise pas forcément).
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Si je suis confronté à deux juges spéciaux, voir exclusif, ou deux TPI, par exemple. Quel ordre
s’applique ?
û On applique pas le petit 3° – il saute : pourquoi ce trou? Pourquoi en cas de connexité
on ne préfère pas un juge qui a déjà rendu un jugement (autre que MOI) sur l’affaire?
C’est pour les droits de la défense : ici, les parties ne sont pas forcément identiques -
il faut protéger les droits de la défense des parties étrangères à la décision. Par
exemple : je suis un MO, je fais construire un immeuble, qui est mal fait, j’assigne mon
architecte (qui est une entreprise) devant le TPI car je suis un particulier. Par ailleurs,
une autre demande relative au même chantier intervient - assignation devant le tribunal
de l’entreprise contre l’entrepreneur également. Imaginons que le TPI désigne un
expert et l’expertise commence. Dans les premières conclusion, on dit qu'il y a
connexité entre les deux affaires. On prend un ordre de préférence. S’il fallait appliquer
le 3°, on devrait joindre. Si on n’est pas parti à ce jugement, à cette expertise, etc. nos
droits de la défense sont bafoués et donc on doit le neutraliser.
û L’autre trou d’air est à l’article 566 al. 2 Code judiciaire. Celles.eux qui n’ont pas été
parties au jugement qu’aurait prononcé le juge désigné par l’ordre de préférence, ces
personnes peuvent s’y opposer. La raison pour laquelle on zappe le petit 3°, c’est la
même chose dans l’alinéa 2, c’est pour mettre le coup final.
On ne peut pas joindre devant le juge qui a déjà ordonné un jugement. On prend l’ordre de
préférence de l’article 565 Code judiciaire mais alors on continue et on tombe sur le 4° : le TPI
est préféré aux autres tribunaux. Le mal que l’on conjurait revient ici. Il faut donc l’al. 2 de
l’article 556 du Code judiciaire : on peut s’opposer à la jonction devant le TPI car on peut dire
que ce jugement ne me concerne pas - protéger les droits de la défense de la partie étrangère
à la décision.
L’exception de connexité se soulève comme l’exception de litispendance : ce sont des
déclinatoires d’ordre privé (art. 856 CJ) - une des parités devant un des 2 juges peut in limine
litis soulever l’exception de connexité. Qui juge de cette exception de connexité? Le juge lui-
même. Il ne peut pas la soulever d’office ou par défaut.
Il y a un appel immédiat et il n’y a pas d’appel retardé qui tienne ici.
Que peut-il se passer devant le juge de renvoi (de jonction) si on s’est trompé dans l’ordre de
préférence? On a un déclinatoire d’ordre public.
Section 2. La jonction directe
« Diverses demandes entre deux ou plusieurs parties peuvent, si elles sont connexes, être
introduites par le même acte » (article 701 Code judiciaire)
On peut comme justiciable anticiper les choses et joindre directement, d’emblée, devant un
juge les demandes que j’estime connexe. C’est à nos risques et périls : l’avocat.e/le/la juriste
va apprécier raisonnablement si oui ou non il y a connexité, au juge d’être déjugé par le juge
(on s’est trompé). 


Un autre péril à éviter, c’est de se planter dans la désignation du juge - je joins directement
devant le juge désigné par l’ordre de préférence.
L’article 701 Code judiciaire dit que le/la demandeur.resse peut dans son acte introductif
joindre des demandes qu’iel estime connexes devant le/la juge désigné.e par l’ordre de
préférence de l’article 566 Code judiciaire.

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Le juge peut dire qu’il n’y a pas connexité. Dans ce cas-là, la Cour de cassation dit que
l’absence de connexité n’est pas d’ordre public – le juge ne peut donc le soulever d’office,
seul.e le/la défendeur.resse peut soulever. Si le juge estime que ce n’est pas connexe, il
disjoint ce qui fut joint à tort.
Quid si on joint d’une jonction directe un juge pas compétent (ne respecte pas l’ordre de
préférence)? C’est un déclinatoire d’ordre public.
Section 3. La jonction d’office
« En cas de litispendance ou de connexité, la demande de renvoi doit être formée conformément aux
règles énoncées aux articles 854 et 855. Si les causes connexes sont pendantes devant le même juge,
elles peuvent être jointes, même d'office » (article 856 Code judiciaire).

Lorsque des causes connexes sont pendantes devant la même juridiction, elles peuvent être
jointes d’office par le juge. Il s’agit d’une simple mesure d’ordre intérieur, sans recours
possible.
La disposition est applicable en degré d’appel (article 1042 Code judiciaire), en particulier
lorsque plusieurs appels principaux visent la même décision.
C’est une mesure d’ordre donc pas d’appel et ce mécanisme retrouve une vie en degré d’appel
(via l’article 42), la Cour d’appel est saisie de deux appels de la même décision.

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TITRE IV. PROROGATION


La loi veut éviter l’éparpillement de dossiers qui pourraient être traités ensemble, pour la
sécurité juridique et l’économie de la procédure.
Il s’agit de proroger c'est-à-dire d’amener la compétence du juge saisi de la compétence
principal un pue au-delà de ce que tolère sa compétence territoriale ou matérielle pour
connaitre d’une demande incidente, qui si elle avait été principale aurait été portée devant un
autre juge.
CHAPITRE IER. LA PROROGATION DE COMPÉTENCE SUR DEMANDE
RECONVENTIONNELLE
Le TPI est compétent pour connaitre de toute demande reconventionnel. Le mécanisme est
encore plus spectaculaire que la compétence ordinaire. Est-ce sans limite ? Presque :
û La question de faire entrer dans une demande reconventionnelle une demande qui ne
relève pas de la compétence du pouvoir judiciaire (déclinatoire de juridiction).
û Si la demande reconventionnelle révèle une compétence exclusive, il y a un
déclinatoire d’ordre public (vient de la Cour de cassation).
CHAPITRE II. LA PROROGATION DE COMPÉTENCE EN INTERVENTION
L’article 564 Code judiciaire nous dit que le tribunal saisi d’une demande est compétent pour
connaitre de la demande en intervention. Avec comme exception, les compétences exclusives.

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TITRE V. LES RÉFÉRÉS


La base est l’article 584 du Code judiciaire : « Le président du tribunal de première instance statue
au provisoire dans les cas dont il reconnaît l'urgence, en toutes matières, sauf celles que la loi soustrait
au pouvoir judiciaire. (…) Le président du tribunal du travail et le président du tribunal de l'entreprise
peuvent statuer au provisoire dans les cas dont ils reconnaissent l'urgence, dans les matières qui sont
respectivement de la compétence de ces tribunaux. »

Deux clefs de perception de la juridiction exceptionnelle dérogatoire, l’urgence et le provisoire.


CHAPITRE IER. L’URGENCE
L’urgence est la condition de compétence en tant qu’elle doit être alléguée, invoquée et
vérifiée. C’est une condition de fond et de compétence.
L’urgence comme sésame pour arriver en référé est une condition de compétence en tant
qu’elle doit être alléguée, invoquée. Dans l’immense majorité des cas (parce le justiciable n’est
pas sot au point d’oublier de signaler l’urgence), l’urgence est une condition de fond : on
démontre l’urgence, on dit qu’il y a péril en la demeure mais on ne convainc pas le juge. C’est
d’ordre public : le juge des référés le regarde d’office.
On ne peut pas être responsable de l’urgence que l’on invoque.
L’urgence est une notion de fait – il y a un pouvoir d’appréciation en fait du président du
tribunal. Quel est le plus grand préjudice : celui du/de la demandeur.resse si je n’interviens
pas ou le défendeur qui va subir une procédure expéditive.
Quelques aides à l’appréciation :
û On ne peut pas être responsable de l’urgence qu’on invoque nous-même. On
responsabilise le demandeur.
û La Cour de Cassation dit que l’urgence dont on se plaint, on est responsable si on est
coupable de ne pas avoir tenté devant la juridiction ordinaire de l’avoir enrayée. On
doit d’abord tenter de manière raisonnable, mobiliser les outils normaux avant d’aller
en référé : c’est, par exemple, les débats succincts (art. 735, §2 CJ) ou l’abréviation
du délai de citée (art. 708 CJ).
û Le juge doit vérifier d’office où est le plus grand mal : prendre l’affaire au détriment des
droits de la défense ou envoyer promener le demandeur.
L’urgence a une gradation :
û Il y a celle dont on vient de parler qui amène la convocation du défendeur - l’urgence
est classique.
û Il y a ensuite le référé d’hôtel (on a toujours le défendeur) - l’urgence est renforcée
û L’extrême urgence/l’absolue nécessité est visée par l’art. 584, al. 3 CJ – c’est la clef
de la requête unilatérale.
CHAPITRE II. LE PROVISOIRE
Une fois qu’on est en référé, l’article 584 Code judiciaire dit que le juge ne statue qu’au
provisoire.
û Provisoire n’est pas temporaire. Mais le juge des référés peut fixer une limite dans le
temps (ne vaut que jusqu’à tel moment ou ne vaudra plus si on ne saisit pas le juge du
fond dans les 15j, par exemple). Mais d’autres décisions de référé ont des effets dans
le temps indéterminés.

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û Provisoire ne veut pas dire qu’on interdit au juge des référés de se pencher sur le fond
du dossier (ce qu’on a pourtant défendu longtemps). Aujourd’hui, le juge des référés
peut se pencher sur des droits évidents, peut se fonder sur des apparences nettes de
droit. Le juge des référés peut prendre une mesure qui manifestement s’impose, qui
est de toute évidence ce que déciderait le juge du fond. On veut éviter qu’il soit déjugé
car les conséquences seraient catastrophiques.
û Provisoire veut simplement dire qu’il n’y a presque plus aucune limite au juge des
référés – la seule limite, c’est l’autorité de la chose jugée (pourra être déjugé par le
juge du fond).
û Provisoire = non-définitif au sens de l’autorité de la chose juge (art. 19 et 24 CJ).
Par exemple : une victime faible (usager de la route) sera indemnisée automatiquement à
charge de l’assureur du véhicule impliqué. C’est une évidence. En référé, il y a urgence : la
victime doit acheter une maison adaptée, une voiture adaptée, etc. Il peut obtenir en référé
une provision : puisque indemnisation automatique, le tribunal de la police ne déjugera pas.
CHAPITRE III. L’ORDONNANCE PRÉSIDENTIELLE
Il n’y a pas d’autorité de la chose jugée mais une autorité de chose décidée – tant que les
circonstances ne changent pas, l’ordonnance reste en vigueur. Il faudra démontrer un
changement de circonstance pour revenir devant le juge des référés.
Une ordonnance de référé est exécutoire de plein droit, toujours et sans exception (articles
1029, 1397, al. 3 et 1039 Code judiciaire).
Une ordonnance de référé est-elle susceptible de recours? Oui, tout s’applique à l’identique
pour l’appel et l’opposition (articles 1039, 1031 et 1033 Code judiciaire).
Le domaine ouvert à l’action présidentielle. Le juge des référés peut s’immiscer un peu
partout : mesures d’instruction, mesures de sauvegarde et de conservation des droits,
protection des droits non-douteux (indemnisation automatique, par exemple), allocation d’une
provision.
CHAPITRE IV. COMPÉTENCE MATÉRIELLE DES JUGES DES RÉFÉRÉS
On distingue le TPI des autres : l’article 584, al. 1 du Code judiciaire parle du président du TPI.
Il est compétent en toute matière (sauf celles que la loi retire au pouvoir judiciaire) – s’il est
dans l’urgence et dans les limites du provisoire, il peut être saisi de tout, et même des
compétences exclusives (par exemple, la victime usager faible de la route - va devant le
président du TPI).
Il est universellement compétent, il n’y a pas de déclinatoire. Il peut même venir manger dans
la gamelle des autres présidents - il pourrait connaitre d’un référé commercial, par exemple.
Le président du tribunal de l’entreprise et celui du tribunal du travail ont une compétence de
référé limité à la compétence de leur propre tribunal.

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TABLE DES MATIERES

Partie I. La procédure ........................................................................................................................... 2


Titre Ier. Théorie générale de l’action et de la demande en justice ...................................................... 2
Chapitre Ier. Le droit d’action ........................................................................................................... 2
Section 1. Définitions et caractères ............................................................................................. 2
§1er. Définition ......................................................................................................................... 2
§2. Caractères ......................................................................................................................... 2
Section 2. Les conditions de l’action ........................................................................................... 4
§1er. La capacité ...................................................................................................................... 4
§2. La qualité ........................................................................................................................... 6
§3. L’intérêt .............................................................................................................................. 7
Chapitre II. La demande en justice................................................................................................ 11
Section 1. Définition et portée ................................................................................................... 11
§1er. Définition ....................................................................................................................... 11
§2. Éléments constitutifs de la demande ............................................................................... 11
§3. Portée et effets de la demande ....................................................................................... 15
Section 2. Classification des demandes.................................................................................... 16
§1er. La demande introductive ............................................................................................... 16
§2. Les demandes incidentes (article 13 du Code judiciaire) ................................................ 16
Section 3. Forme de la demande introductive ........................................................................... 19
§1er. Divers modes d’introduction de l’instance ..................................................................... 19
§2. Analyse du procédé normal d’introduction : la citation .................................................... 21
Chapitre III. Les défenses ............................................................................................................. 24
Section 1. Les défenses au fond ............................................................................................... 24
Section 2. Les exceptions ......................................................................................................... 25
§1er. Classification des exceptions ........................................................................................ 25
§2. Régime procédural des exceptions ................................................................................. 27
Section 3. Les fins de non-recevoir ........................................................................................... 27
Titre II. Les actes et les délais ........................................................................................................... 28
Chapitre Ier. Les actes de procédure ............................................................................................. 28
Section 1. Notion et classification des actes de procédure ....................................................... 28
Section 2. Communication des actes de procédure .................................................................. 28
§1er. La signification............................................................................................................... 29
§2. Notification ....................................................................................................................... 30
Section 3. La nullité des actes de procédure ............................................................................ 31
§1er. Le cas de nullité ............................................................................................................ 32
§2. Conditions de la nullité : le grief ...................................................................................... 32
§3. Mise en œuvre de l’exception de nullité .......................................................................... 33
Chapitre II. Les délais de procédure ............................................................................................. 34
Section 1. Notion et classification.............................................................................................. 34
§1er. Notion ............................................................................................................................ 34
§2. Classification ................................................................................................................... 34
Section 2. Fixation des délais.................................................................................................... 34
§1er. La règle ......................................................................................................................... 34
§2. Les exceptions ................................................................................................................ 34
Section 3. Computation des délais ............................................................................................ 35
§1. Mode de calcul des délais ............................................................................................... 35
§2. Adaptations légales de la détermination des délais. ....................................................... 37
Section 4. Sanctions de l’inobservation des délais ................................................................... 37
§1er. Les délais légalement prescrits à peine de nullité ou de déchéance ............................ 37
§2. Les délais légalement prescrits à peine d’une sanction spécifique ................................. 39
§3. Les délais d’ordre ............................................................................................................ 39
Titre III. L’instance et le jugement ..................................................................................................... 40

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Chapitre Ier. Principes généraux gouvernant l’instance ................................................................. 40


Section 1. Le principe dispositif ................................................................................................. 40
§1er. Affirmation du principe dispositif.................................................................................... 40
§2. Atténuation du principe dispositif ..................................................................................... 40
Section 2. Le principe du contradictoire et du respect des droits de la défense ....................... 42
Section 3. Publicité des audiences et des jugements ............................................................... 44
Section 4. Équilibre entre l’oral et l’écrit .................................................................................... 44
Section 5. Principe de la loyauté procédurale ........................................................................... 45
Chapitre II. Le déroulement de l’instance ...................................................................................... 46
Section 1. La procédure contradictoire de droit commun .......................................................... 46
§1er. Audience d’introduction et comparution des parties...................................................... 46
§2. Mise en état des affaires en débats succincts ................................................................. 47
§3. Mise en état des affaires qui ne peuvent pas être traitées en débats succincts ............. 48
§4. Notions communes aux trois modes de mise en état ...................................................... 52
§5. Débats et clôture des débats ........................................................................................... 53
§6. Affaire communicables .................................................................................................... 54
§7. Délibérés et jugement ..................................................................................................... 55
Section 2. La procédure par défaut ........................................................................................... 56
§1er. Défaut à l’audience d’introduction ................................................................................. 56
§2. Défaut aux audiences ultérieures .................................................................................... 56
§3. Conditions et effets du défaut .......................................................................................... 57
Section 3. La procédure en référé ............................................................................................. 58
§1er. Introduction.................................................................................................................... 58
§2. Instruction de la demande et procédure .......................................................................... 58
§3. Ordonnance et voies de recours ..................................................................................... 59
§4. Référé et « quasi-référé » familial ................................................................................... 59
Section 4. La procédure sur requête unilatérale ....................................................................... 59
§1er. Introduction de la demande ........................................................................................... 59
§2. Procédure ........................................................................................................................ 60
§3. Ordonnance et voies de recours ..................................................................................... 60
Chapitre III. Le jugement ............................................................................................................... 61
Section 1. Diversité des décisions de justice ............................................................................ 61
Section 2. Conditions de validité formelle du jugement............................................................. 62
§1er. Par qui le jugement est-il à rendre ? ............................................................................. 62
§2. Comment le jugement est-il rendu ? ............................................................................... 62
§3. Rectification et interprétation ........................................................................................... 64
Section 3. Communication du jugement.................................................................................... 64
§1er. Signification du jugement .............................................................................................. 65
§2. Notification du jugement .................................................................................................. 65
Section 4. Effets du jugement ................................................................................................... 66
§1er. L’autorité de la chose jugée .......................................................................................... 66
§2. La force de chose jugée (ou valeur exécutoire) du jugement ......................................... 68
§3. La condamnation aux dépens ......................................................................................... 71
Titre IV. Les incidents de l’instances et la preuve ............................................................................. 73
Chapitre Ier. Aperçu général des incidents de l’instance ............................................................... 73
Section 1. Incidents relatifs aux juges ....................................................................................... 73
§1er. Déclinatoires.................................................................................................................. 73
§2. Récusation du juge .......................................................................................................... 73
§3. Dessaisissement ............................................................................................................. 73
Section 2. Incidents relatifs aux actes accomplis par ou pour le compte des parties ............... 74
§1er. Les fins de non-recevoir et exceptions de nullité .......................................................... 74
§2. Le désaveu ...................................................................................................................... 74
Section 3. Incidents relatifs au déroulement de l’instance ........................................................ 75
§1er. Suspension de l’instance............................................................................................... 75
§2. Interruption et reprise d’instance ..................................................................................... 75
§3. Les désistements ............................................................................................................ 76
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§4. La jonction d’instances .................................................................................................... 77


Chapitre II. Les incidents relatifs à la preuve ................................................................................ 77
Titre V. Les voies de recours............................................................................................................. 78
Chapitre Ier. Notions générales ...................................................................................................... 78
Section 1. Définition .................................................................................................................. 78
Section 2. Classification ............................................................................................................ 78
§1er. Rétraction et réformation ............................................................................................... 78
§2. Voies de recours ordinaires et voies de recours extraordinaires .................................... 78
Section 3. les délais des voies de recours ................................................................................ 78
Section 4. Règle générale de procédure ................................................................................... 79
Section 5. Perte du droit de former un recours : l’acquiescement............................................. 79
§1er. Forme ............................................................................................................................ 79
§2. Modalités ......................................................................................................................... 80
§3. Champ d’application ........................................................................................................ 80
§4. Effets ............................................................................................................................... 80
Chapitre II. Les voies de recours ordinaires .................................................................................. 80
Section 1. L’opposition .............................................................................................................. 80
§1er. Notion ............................................................................................................................ 80
§2. Délai ................................................................................................................................ 81
§3. Formes ............................................................................................................................ 81
§4. Effets ............................................................................................................................... 81
Section 2. L’appel ...................................................................................................................... 82
§1er. Notion ............................................................................................................................ 82
§2. Décisions susceptibles d’appel ....................................................................................... 83
§3. Décisions appelables ...................................................................................................... 85
§4. Le délai d’appel ............................................................................................................... 86
§5. Appel principal et appel incident ...................................................................................... 87
§6. Formes ............................................................................................................................ 88
§7. Procédure ........................................................................................................................ 89
§8. Effets de l’appel ............................................................................................................... 90
Chapitre III. Les voies de recours extraordinaires ......................................................................... 95
Section 1. Le pourvoi en cassation ........................................................................................... 95
§1er. Compétence et mission de la Cour de cassation .......................................................... 95
§2. Délai ................................................................................................................................ 95
Section 2. la tierce opposition ................................................................................................... 95
Section 3. La requête civile ....................................................................................................... 96
Section 4. La prise à partie........................................................................................................ 96
Section 5. La rétraction ............................................................................................................. 97

Partie II. La compétence ..................................................................................................................... 98


Titre Ier. NOtions et dispositions générales ....................................................................................... 98
Chapitre Ier. Définition de la compétence ...................................................................................... 98
Section 1. Distinction entre « compétences » et « attributions » du juge .................................. 98
Section 2. Le déclinatoire de juridiction ..................................................................................... 98
Section 3. Régime du déclinatoire............................................................................................. 99
Titre II. La compétence matérielle ................................................................................................... 100
Chapitre Ier. Les juridictions civiles .............................................................................................. 100
Chapitre II. Le tribunal de première instance .............................................................................. 100
Section 1. Compétences et organisation................................................................................. 100
Section 2. La compétence ordinaire ........................................................................................ 101
§1er. Le déclinatoire de compétence ................................................................................... 101
§2. Le déclinatoire soulevé par le.la défendeur.resse ......................................................... 102
§3. Le contentieux familial et patrimonial : article 572bis Code judiciaire ........................... 102
§4. Le contentieux fiscal ...................................................................................................... 103
§5. Le contentieux de l’exécution ........................................................................................ 103
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§5. L’incident de répartition (article 88 §2 Code judiciaire) ................................................. 103


Chapitre II. La justice de paix ...................................................................................................... 103
Section 1. Compétence générale ............................................................................................ 104
Section 2. La valeur de la demande ........................................................................................ 104
Section 3. Les compétences spéciales ................................................................................... 104
Section 4. L’objet de la demande ............................................................................................ 105
Section 5. Demande principale & demande subsidiaire .......................................................... 105
Chapitre III. Le tribunal de police................................................................................................. 105
Section 1. Compétences ......................................................................................................... 105
Section 2. La notion d’accident de la circulation ..................................................................... 106
Chapitre IV. Le tribunal de l’entreprise ........................................................................................ 106
Section 1. Litiges entre entreprises ......................................................................................... 106
Section 2. La notion d’entreprise ............................................................................................. 106
Section 3. Extension ratione personae.................................................................................... 107
Section 4. Litiges entre associé............................................................................................... 107
Section 5. Les procédures d’insolvabilité ................................................................................ 108
Chapitre V. Le tribunal du travail ................................................................................................. 108
Section 1. Contentieux des relations de travail ....................................................................... 108
Section 2. Contentieux de la sécurité sociale (articles 579 à 582) .......................................... 109
Section 3. Règlement collectif de dettes ................................................................................. 109
Chapitre VI. Quelles sont les compétences exclusives ? ............................................................ 109
Chapitre VII. Types de déclinatoires ........................................................................................... 110
Chapitre VIII. Régime du déclinatoire.......................................................................................... 110
Titre II. Compétence territoriale ....................................................................................................... 111
Chapitre Ier. L’option ouverte au demandeur................................................................................ 111
Section 1. La notion de domicile ............................................................................................. 111
Section 2. Lieu de naissance ou d’exécution de l’obligation ................................................... 111
Section 3. Régime juridique de l’option ................................................................................... 111
Chapitre II. Règles impératives ................................................................................................... 112
Chapitre III. Règles d’ordre public ............................................................................................... 112
Chapitre IV. Synthèse ................................................................................................................. 113
Titre III. Litispendance et connexité................................................................................................. 114
Chapitre Ier. La litispendance ....................................................................................................... 114
Section 1. Définition ................................................................................................................ 114
Section 2. Ordre de préférence (article 565 Code judiciaire) .................................................. 114
Chapitre II. La connexité ............................................................................................................. 115
Section 1. La jonction sur renvoi ............................................................................................. 115
Section 2. La jonction directe .................................................................................................. 116
Section 3. La jonction d’office.................................................................................................. 117
Titre IV. Prorogation ........................................................................................................................ 118
Chapitre Ier. La prorogation de compétence sur demande reconventionnelle ............................. 118
Chapitre II. La prorogation de compétence en intervention ........................................................ 118
Titre V. Les référés .......................................................................................................................... 119
Chapitre Ier. L’urgence ................................................................................................................. 119
Chapitre II. Le provisoire ............................................................................................................. 119
Chapitre III. L’ordonnance présidentielle ..................................................................................... 120
Chapitre IV. Compétence matérielle des juges des référés ........................................................ 120

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