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PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

INTRODUCTION

§1 – La définition de la procédure civile


C’est un ensemble de règle qui traite d'une série de formalités qui doivent être accomplies pour
arriver à un état déterminé. C’est les règles applicables devant les tribunaux mais aussi devant les
juridictions étatiques lorsqu'elles sont des juridictions de l'ordre judiciaire et civil.

§2 – L’importance de la procédure civile en matière juridique


L’applicabilité des règles de procédures civile c’est ce qui fourni le critère de la juridicité. Ça
permet de faire la distinction entre les obligations civiles (susceptibles de sanction) et les
obligations naturelles (pas de sanctions forcées). La procédure civile assure le respect du droit.
Quand on a pas la possibilité de s’adresser à un juge compétent, en cas de litige, cela pose
problème. Parfois on peut se passer d’un tribunal notamment exercé un droit de rétention. Que
contient la procédure civile ? On assimile à la matière trois volets :
➢ La théorie de l’action – ensemble des règles qui définissent les conditions et les moyens
par lesquels une personne peut saisir un tribunal civil pour obtenir satisfaction.
➢ La théorie de la juridiction – ensemble des règles qui définissent comment sont organiser
et composer les juridictions civiles.
➢ La théorie de l’instance – ensemble des règles qui permettent à une personne qui a saisi
une juridiction civile de mener son procès jusqu’au rendu d’une décision, c’est le mode
d’emploi pour un déroulement d’instance correct. Le code réglemente des règles générales à
toute les juridictions et des règles particulières à chaque types de juridiction civile.
La procédure civile peut influencer le droit substantiel et conduire la Cour de cassation dans ses
rapports annuels d’activité à préconiser les réformes du droit substantiel. La procédure civile
présente deux caractères principaux :
➢ La plupart des règles de procédure civile ont un caractère impératif – règle d’ordre public.
➢ La procédure civile est une matière formaliste – le législateur va imposer le respect de
formes exigées à peine de nullité de l’acte. Cela comprend aussi le respect de délais.

Quelles sont les sources de la procédure civile ? On a des sources internes. En 1807 a été crée le
premier code de procédure civile. Avant, nous avions le code Louis qui était une ordonnance.
Encore avant, nous avions une distinction entre des zones coutumières et écrites. Le code de
procédure civile de 1807 a eu pour but de moderniser l’ordonnance royale de 1807. Ce code de
1807 à durer jusqu’en 1872 où apparaît un nouveau code de procédure civile (code actuel) qui a
apporté des réformes. On a le code de l’organisation judiciaire. Il y a d’autres codes pouvant
intervenir pour mettre en œuvre une procédure civile – code de commerce ou code du travail. Il y a
aussi des lois spécifiques qui n’ont pas été codifiée. On a aussi les principes dégagés par le CC – par
exemple le respect des droits de la défense est un principe à valeur constitutionnel. On trouve aussi
la jurisprudence du Conseil d’État concernant le pouvoir réglementaire. En matière de procédure la
majeure partie des règles relève du pouvoir réglementaire. Tout ce qui concerne l’organisation des
juridictions peut être réservé à la loi. La Cour de cassation par sa jurisprudence a une importance
considérable en procédure civile – elle a créé des principes directeurs du procès civil. On a les
sources externes – tout ce qui relève des normes européennes de procédure notamment la
ConvEDH (1974 en France) qui prévoit des principes importants qui sont d’application directe dans
les États ayant ratifié cette convention – par exemple le fait que l’État doit impérativement ménager
à chaque personne qui réside sur le territoire un recours effectif aux juridictions. Si la personne n’a
pas les moyens c’est l’État qui va avancer les fonds pour que la personne puisse avoir son procès.
On a aussi le principe du droit à un recours effectif. On a le droit communautaire – les traités de
l’Europe ne prévoit rien en matière de procédure mais la CJUE a consacré toute une jurisprudence
sur la procédure civile notamment l’obligation de ne pas discriminer le justiciable dans l’accès à la
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justice. On a les règlements européens et les directives européennes – par exemple, un règlement
805-2004 a crée un titre exécutoire européen, lorsqu’on a un litige avec quelqu'un qui réside dans
un autre État que nous, l'idée est de donner un outils simplifié et à moindre coût pour obtenir
réparation. On a également une procédure d'injonction de payer européenne afin d'obtenir le
règlement d'un débiteur quand il ne paye pas et qu'il est dans un autre État européen. On a les
conventions internationales notamment les conventions Bruxelles 1 et 2 qui ont pour but de faciliter
le choix d'une juridiction compétente dans un autre pays signataire de la convention et de faciliter
les règles pour faire exécuter une décision rendue par un pays signataire de la convention dans un
autre pays signataire.

Quelles sont les notions fondamentales de la procédure civile ?


1 - Le droit d’agir
Il s’agit de la possibilité pour une personne dont les droits subjectifs ou les libertés sont méconnues
de saisir une juridiction de manière à faire sanctionner les atteintes qui ont été porté à ses droits ou
libertés. Le droit d’agir n’est pas définit dans le code mais cette notion est omniprésente dans la
jurisprudence. Ce droit est reconnu à toute personne qui réside sur le territoire français.

2 - L’action
C’est l’exercice du droit d’agir. Lorsqu’on est titulaire du droit d’agir comment l’exerce-t-on ?
L’action est le moyen technique pour pouvoir saisir le juge afin de faire appliquer son droit d’agir.
Quelles sont les conditions de l’action ? Le législateur a posé des conditions pour pouvoir exercer
l’action. Dans le CPC c’est aux articles 30 et 31 – on a des conditions de fond et de forme. Par les
conditions prévues dans les textes, le législateur va limiter indirectement le droit d’agir.

3 - La notion de prétention et demande de la défense


A quoi sert l’action quand on peut l’exercer ? Cela sert à soumettre les prétentions de celui qui agi
à la juridiction. La prétention est ce qu’on demande au juge, c’est le résultat social, économique,
juridique qu’on recherche par l’exercice de l’action. Les prétentions, pour les soumettre aux
juridictions civiles, il faut les intégrer dans un acte de procédure : soit dans une demande
(prétentions du demandeur) soit dans une défense (prétentions du défendeur). Une demande ou une
défense est un contenant, c’est un acte matériel.

4 - La notion de « recevabilité » vs notion de « bien fondé »


Il ne faut surtout pas confondre ces deux notions. La recevabilité sert à vérifier que les
conditions de l’action sont réunies (si oui l’action est recevable, si non l’action est irrecevable). Elle
sert également à vérifier que le justiciable s’est adressé à une juridiction qui a bien le pouvoir
juridictionnel de trancher le litige. La recevabilité peut concerner les actes de procédure qui parfois
doivent respecter des conditions de recevabilité. La recevabilité sert aussi a vérifier qu’un moyen de
preuve (appelé « pièce ») est recevable – recevabilité des pièces. Le bien fondé veut dire que la
prétention du justiciable est conforme au droit substantiel.
D’un pdv de la procédure le tribunal doit d’abord trancher les questions de recevabilité. Ce n’est
que si il estime que l’action est recevable, que l’acte de procédure est recevable et qu’il a bien le
pouvoir de statuer qu’il passera à l’examen du bien fondé des prétentions. On regarde le bien fondé
en second. On peut être recevable mais avoir une action mal fondée. L’irrecevabilité ne concerne
pas que l’action – il y a la question de la compétence du tribunal. Il existe des juridictions qui n’ont
le pouvoir de trancher un litige que dans des cas prévus par la loi par exemple les juges du référé –
si le demandeur a saisi un juge des référés dans un domaine où il n’est pas compétent le juge va
considérer l’action irrecevable. Il y a une autre hypothèse dans laquelle on parle de ces notions : il
arrive que le législateur pose une condition de recevabilité pour un acte de procédure c’est-à-dire
qu’il dit que dans tel acte il faut telle mention et si cette mention fait défaut alors l’acte de
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procédure est irrecevable. Il y a un dernier cas se référant à ces notions : les preuves peuvent être
soumises à des conditions de recevabilité. Le jugement ne pourra traiter la question du bien fondé
que si le juge a estimé l’action recevable.

PARTIE 1 – Théorie générale de l’instance


CHAPITRE 1 – Les acteurs de la procédure
Section 1 – Les parties à l’instance
§1 – Les conditions pour être partie à l’instance
A) La capacité
On parle de capacité d’ester en justice. Il faut distinguer la capacité de jouissance de la capacité
d’exercice. Pour ester en justice il faut avoir la capacité de jouissance, être doté de la personnalité
juridique. Cette capacité de jouissance intervient quand il y a des erreur dans l’exercice de l’action.
Pour les personnes morales, il y a une difficulté : certains groupement se pose la question de savoir
si ils ont la personnalité juridique. Ils n’ont alors pas la capacité de jouissance. Si il y a bien une
personne juridique partie au procès peut se poser la question, uniquement pour les personnes
physiques, de la capacité d’exercice – cela vise les mineurs, les majeurs protégés.

B) Les pouvoirs de la personne agissant dans le cadre de l’instance


Cette question est différente de la capacité – la question des pouvoirs d’agir en justice vise plusieurs
hypothèses : concerne les personnes morales qui est une création du droit, le représentant légal de la
personne morale, peut aussi concerner les personnes physiques car on peut se faire représenter en
justice (par un mandat par exemple où il faudra vérifier les pouvoirs du mandataire). Par exemple,
pour les personnes morales, le code de commerce a prévu que quand une société est immatriculé au
RCS son dirigeant est irréfragablement présumé avoir le pouvoir. Ce qui existe pour les sociétés ne
marche pas pour tout les groupements notamment pour les associations. Pour savoir si le président
d’une association a le pouvoir d’agir en justice il faudra aller voir si c’est prévu dans les statuts.
Pour les personnes physiques il y a deux cas : quand le justiciable donne le pouvoir à un avocat,
l’avocat mandaté par son client est présumé avoir le pouvoir, il n’a pas besoin de présenter le
mandat. En revanche tout les autres mandataires doivent produire au juge le mandat.

C) Les conditions procédurales : la notion d’intérêt à agir


L’intérêt à agir se trouve à l’article 31 du code de procédure civile : « l’action est ouverte à tout
ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au rejet d’une prétention ». Quels sont les caractères
qui doivent être vérifier quant à l’intérêt à agir ? Il faut que l’intérêt légitime soit juridiquement
protégé par la loi. Par exemple, avant un revirement de 1970, les concubins ne justifiaient pas pour
la cour de cassation d'un intérêt légitime à demander leur indemnisation de leur préjudice par
ricochet qui résultait d'une atteinte corporelle. En 1970, la cour de cassation a consacré le
caractère légitime de l'intérêt du concubin à demander réparation de ses propres préjudices du fait
des atteintes corporelles de son concubin. L’intérêt légitime doit aussi être naît ou actuel – on ne
peut pas se contenter d’invoquer un intérêt éventuel ou futur. Il faut que l’intérêt soit personnel et
direct – on ne peut agir que pour défendre un intérêt qui est le sien. Pour la majorité des cas, à
partir du moment où on agis car une liberté a été atteint par un tiers on rempli de facto la condition
d’intérêt personnel. La question est plus délicate quand on est en présence de certains groupements
ou personnes morales car il y a des groupements qui ont pour objet de défendre un intérêt collectif.
La question est de savoir si ces personnes ont un intérêt personnel et direct ? Il y a eu deux types
de personnes morales pour lesquelles cette question s’est posée : les syndicats professionnels et les
associations. S’agissant des syndicats professionnels, la question s’est posé dès 1913 – les syndicats
professionnels sont une création de la loi afin de défendre des intérêts communs à une profession.
La jurisprudence quand elle s’est retrouvé devant la question de l’intérêt à agir, a donc posé la règle
selon laquelle un syndicat a un intérêt personnel et direct pour agir dans le cadre d'un intérêt
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collectif – arrêt du 5 avril 1913. Cela a été plus compliqué pour les associations. La question s'est
résolue en jurisprudence. La première étape a été de dire que l'association peut agir pour défendre
non seulement ses intérêts propres mais aussi des intérêts collectifs à deux conditions : que cela
entre dans son objet social et que l'intérêt soit commun à tous ses membres. Dans les statuts de
l’association on doit alors définit l’objet de l’association et il faut que soit mentionné la défense de
cet intérêt collectif. Ensuite, l'idée a été de dire que l'association, pour la défense d'un intérêt
collectif, pouvait agir alors même que les statuts ne prévoyaient pas expressément, dans l’objet
social, la protection de cet intérêt mais à condition que cet intérêt soit commun à tous ses membres.
Dans un troisième temps, la Cour de cassation dès 2015 est venu dire que quand bien même
l’association agit pour défendre un intérêt collectif commun à tout ses membres encore faut-il que
les juges vérifie que cet intérêt soit légitime. Il faut vérifier que l’association puisse de manière
légitime intervenir dans un domaine concerné.

D) La qualité à agir
C’est à l'article 31 du CPC. Le législateur peut, par un texte spécial, faire un tri entre toutes les
personnes qui ont objectivement un intérêt à agir et choisir de réserver la qualité à agir à telle ou
telle personne. Pour restreindre le nombre de personne qui ont un intérêt à agir, la notion de qualité
à agir a été la première utilisation. Une personne peut avoir un intérêt à agir mais pas la qualité à
agir ainsi son action sera irrecevable. Il y a une deuxième utilisation qui est faite de la notion de
qualité à agir – pour vaincre un éventuel défaut de qualité à agir le législateur est venu donner
qualité à agir à des groupements qui agissent dans un intérêt général – le défenseur étant le
ministère public. Le législateur a trouvé commode de donner à des groupements la qualité a agir
comme des aides du ministère public. Le législateur a par exemple créer les associations de lutter
contre l’alcoolisme et les habilitent a avoir qualité a agir. Ces associations se sont vu voir donner
un intérêt a agir. Ces associations ne se constituent pas n’importe comment – pour avoir ces
habilitations de la part du législateur il faut remplir des cahiers des charges. Exemple : association
de protection de l’environnement, défense des personnes handicapées. Plus récemment ont été créer
les actions de groupes qui sont des actions réservée à des associations pour leur permettre de
défendre un intérêt particuliers de personnes qui n’ont pas les moyens ou l’envie d’agir en justice.

§2 – Le demandeur
A) La classification des demandes
On a la « demande initiale » à l’article 53 du code de procédure civile. On a ensuite les
« demandes incidentes » dans les articles 63 et s. du code de procédure civile. La demande initiale
est la demande par laquelle un justiciable prend l’initiative d’un procès civil en soumettant à un
tribunal ses prétentions. Quand une demande est formulée alors que le procès est déjà en cours,
après que le demandeur initial est présenté au tribunal sa demande initiale, on parle de demande
incidente – demande postérieure à la demande initiale. Il y en a plusieurs types :
➢ On a la demande additionnelle (article 65 du CPC) – demande par laquelle une partie au
procès va modifier ses prétentions antérieures. Cette modification émanera la plupart du
temps du demandeur initial mais il peut s’agir d’une modification en plus ou en moins.
➢ Ensuite on a la demande reconventionnelle (article 64 du CPC) – demande par laquelle le
défendeur originaire prétend obtenir du tribunal un avantage autre que le simple rejet des
prétentions de son adversaire. Par exemple, j’ai acheté une voiture d’occasion à un
particulier, le vendeur n’a pas été capable de me remettre la carte grise du véhicule. Je lui
dit que je paierai quand j’aurai les papiers. Je pars avec le véhicule sans payer. Le vendeur
me fait venir devant le tribunal pour me faire payer. Je vais alors présenter une demande
reconventionnelle pour condamner le vendeur à me délivrer les papiers du véhicule – je
demande autre chose que le rejet de la demande en paiement du prix. Il existe deux types de
demande reconventionnelle : la demande reconventionnelle pure et simple et la demande
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reconventionnelle hybride. Une demande est reconventionnelle pure et simple quand on est
dans un cas où le tribunal peut accueillir simultanément la demande initiale et la demande
reconventionnelle. Pour l’autre type de demande reconventionnelle, si le juge accueille la
demande reconventionnelle hybride alors il est obligé de débouter le demandeur initial de sa
demande initiale. Une demande reconventionnelle hybride est un moyen de se défendre
quand on est défendeur. L’article 65 du CPC laisse entendre qu’une demande
reconventionnelle ne peut émaner que du défendeur originaire (celui contre lequel le procès
est fait). Pourtant la Cour de cassation a jugé qu’une demande reconventionnelle pouvait
également être formé par le demandeur initial.
➢ Il existe la demande en intervention prévue à l’article 66 du CPC – demande présentée soit
par un tiers qui veut intervenir dans l’instance, on parle alors d’intervention volontaire, soit
présentée par une partie à l’instance contre un tiers non partie au procès, on parle alors
d’intervention forcée. Illustration d’intervention volontaire : mon voisin et moi vivons à
côté d’une entreprise industrielle qui nous éclaire la nuit et qui fait du bruit. Mon voisin fait
alors un procès car il veut être indemniser et car l’industriel ne respecte pas les normes
sonores. Je décide alors de présenter devant le tribunal une demande incidente en
intervention volontaire – je décide moi d’intervenir dans le procès afin de faire comme mon
voisin. Illustration d’intervention forcée : j’achète une machine chez un vendeur, j’ai des
préjudice, j’ai une action contre le vendeur mais on a aussi une action contre le fabricant de
la machine. Je vais alors décider, étant demandeur, de présenter une demande en
intervention forcée contre le fabricant pour le faire venir au procès. Ça peut aussi être le
défendeur qui prend l’initiative de l’intervention forcée.

B) Régime juridique des demandes


1 – Recevabilité des demandes
Pour la demande initiale il n’y a pas de conditions de recevabilité particulière. Pour les demandes
incidentes il y a une condition de recevabilité spécifique posée à l’article 70 du CPC : il faut que
toutes les demandes incidentes se rattachent à la demande initiale par un lien de connexité. L’article
70 du CPC prévoit une exception à l’exigence d’un lien de connexité concernant la compensation
judiciaire. C’est une compensation qui ne peut pas être légale car il manque à l’une des créances
une des conditions de la compensation légale (fongible, exigible, liquide etc). Le juge va alors
juger la compensation lui même. Cette compensation, qui est en réalité une demande
reconventionnelle car on fait une demande pour compenser, n’a pas besoin de remplir la condition
du lien suffisant exigé.

2 – Effets d’une demande


Lorsqu’une demande est présentée au juge, elle est la condition nécessaire, d’un pdv
procédural, de la saisine du juge quant aux prétentions de la demande. La demande en justice,
même en référé, a un effet interruptif de la prescription et des délais pour agir – article 2241 du
code civil. Il existe deux types de juridiction dans l’organisation judiciaire : le juge du fond et le
juge du provisoire qui est le juge des référés. Le juge des référés ne tranche pas le fond mais dans
des cas prévus par la loi il a le pouvoir de prendre certaines décisions. Lorsque le demandeur saisi le
juge des référés d’une demande il interrompt les délais de la même manière que si il avait saisi les
juges du fond. Il en est de même, effet interruptif, lorsque la demande est portée par le demandeur
devant une juridiction incompétente ou lorsque l’acte de saisine de cette juridiction est annulé par
l’effet d’un vice de procédure. L’effet interruptif est maintenu quand bien même le demandeur
initial n’a pas saisi la bonne juridiction – l’effet interruptif subsiste malgré l’erreur. Il en est de
même si l’acte est annulé (par exemple pour vice de forme, pour défaut de pouvoir etc). L’article
2242 du code civil prévoit que l’interruption qu’a produit la demande se poursuit jusqu’à
l’extinction de l’instance. Si le procès dure des années, la prescription ne pourra pas recommencer à
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courir tant que celui-ci n’est pas fini. L’article 2243 du code civil liste des cas dans lesquels cet effet
interruptif de la demande initiale ou incidente est non avenu :
➢ Si le demandeur se désiste de sa demande.
➢ Les cas où le demandeur laisse l’instance se périmer – le législateur ne veut pas qu’un
procès perdure quand les parties à l’instance ne font pas les actes de procédure. Au bout
d’un délai de 2 an du dernier acte accompli, l’instance est périmée donc éteinte. Quand
celle-ci est périmé, les effets interruptifs sont réputés non avenus.
➢ Si la demande est définitivement rejeté par le tribunal.
Une demande en justice fait courir les intérêts moratoires. Cela permet de faire payer le débiteur
des intérêts dès la date de la demande. La demande opère mise en demeure – en matière d’action
réel immobilière la mise en demeure rend la personne qui doit restituer l’immeuble débiteur des
fruits de l’immeuble. Il en est de même pour les corps certains.

§3 – Le défendeur
Le défendeur est définit par rapport à trois types de défenses. On peut être défendeur alors même
qu’on est celui à l’origine du procès – le demandeur initial peut devenir défendeur en demande
reconventionnelle.
On a premièrement la défense au fond – articles 71 et 72 du CPC. Cela consiste a invoquer tout
moyens qui tend à faire juger après examen de l’affaire sur le fond le demandeur mal fondé, soit en
son action soit même en ses prétentions. On se bat sur le terrain du droit substantiel. Par exemple, il
existe un droit de la preuve, la défense au fond consisterait pour le défendeur de montrer que les
preuves apportés par son adversaires ne sont pas admissibles. On est dans un système de droit où
on parle d’une qualification juridique des faits – une défense au fond pourrait consister à contester
la qualification au fond des faits, on peut aussi contester le sens de la règle applicable tel que
l’adversaire l’applique. Quel est le régime applicable aux défenses au fond ? L’article 72 du CPC
dispose que les défenses au fond peuvent être invoquées en tout état de cause c’est-à-dire que dans
le déroulement du procès il n’y a pas de limite dans le temps pour saisir son juge d’une défense au
fond – on peut dans toute la durée du procès présenter des nouvelles défenses au fond.

On a ensuite les exceptions de procédure – article 73 du CPC. Constitue une exception de


procédure tout moyens qui tend à faire déclarer la procédure irrégulière, à la faire déclarer éteinte
ou à suspendre le cours de la procédure. Une exception de procédure est un moyen de défense
purement procédural – on ne se bat plus sur le fond du droit. Quelles sont les exceptions de
procédure ? Il y en a cinq dans les textes et une sixième rajoutée par la Cour de cassation :
➢ Les exceptions d’incompétence – moyen par lequel on va démontrer au tribunal qu’il n’est
pas compétent territorialement ou matériellement.
➢ L’exception de nullité – consiste à démontrer au tribunal qu’un acte de procédure, accompli
par son adversaire, est entaché d’une cause de nullité et donc demander au tribunal
d’annuler cet acte.
➢ Les exceptions dilatoires – vise a suspendre le déroulement du procès dans l’attente d’un
évènement déterminé ou dans l’attente de l’expiration d’un délai déterminé.
➢ L’exception de litispendance – vise l’hypothèse particulière où, entre les mêmes parties, il y
a deux liens d’instance devant deux juridictions différentes avec le même litige. Cette
exception permet que l’une des deux juridictions saisies se dé-saisisse au profit de l’autre.
➢ L’exception de connexité – hypothèse où entre deux mêmes parties, on a devant deux
juridictions différentes un procès mais l’objet du litige n’est pas le même devant les deux
juridictions, ici entre les deux objets du litige il y a un lien de connexité (=lien technique
étroit). Cette exception permet que l’une des deux juridictions saisies se dé-saisisse au profit
de l’autre. Cela suppose que les deux juridictions soient compétentes.
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➢ Le sursit à statuer – article 378 et s. CPC. C’est le fait pour le tribunal, dans les cas où la
loi l’impose ou dans les cas où le tribunal l’estime opportun, de décider de surseoir à statuer
c’est-à-dire de bloquer le déroulement du procès dans l’attente d’un évènement à venir ou
dans l’attente de l’expiration d’un délai.
Ces exceptions de procédure ont un régime juridique différent de la défense au fond. Ces exceptions
doivent être soulevées avant toute défense au fond et avant toute fin de non recevoir. Elles doivent
être soulevées in limine litis = tout début du procès. Quelle est la sanction du non respect de cette
règle ? L’exception de procédure sera irrecevable, même si la règle de l’exception de procédure est
d’ordre public.
S’agissant des exceptions dilatoires, l’article 108 du CPC prévoit une exception dilatoire au profit
d’un héritier mis en cause dans un conflit lié à la succession car l’héritier n’est jamais obligé
d’accepter la succession – l’article offre à l’héritier un délai (3 mois et 40 jours) pour choisir
d’accepter ou non la succession. L’article 109 du CPC permet à une partie à l’instance de demander
un délai pour faire venir dans le procès une personne qui jusque là est restée tiers à l’instance.
L’article 110 du CPC prévoit une exception dilatoire qui concerne l’hypothèse où un procès se
déroule en deux temps. On a une action en responsabilité car il y a eu des dommages corporels – le
tribunal rend un premier jugement où il déclare la partie civilement responsable. Dans un second
temps, le tribunal sursoit à statuer pour statuer sur les dommages-intérêts afin d’ordonner une
mesure d’instruction pour mettre en place des expertises médicales pour regarder la hauteur du
dommage. L’article permet au tribunal de ne pas statuer dans l’attente de la Cour d’appel ou de la
Cour de cassation.
S’agissant du sursit à statuer, l’article 378 du CPC dit que le tribunal peut suspendre le cours de
l’instance pour le temps qu’il détermine ou jusqu’à la survenance d’un évènement que le tribunal
retient comme étant le terme du sursit à statuer. La Cour de cassation dit que le sursit à statuer est
une sorte d’exception dilatoire mais non prévu par les textes. La Cour de cassation a rendu des
arrêts dans lesquels elle dit que si c’est le demandeur initial qui invoque le sursit à statuer il doit le
faire avant de saisir le tribunal de tout autre prétention sinon la demande sera irrecevable. Il y a des
cas où c’est la loi qui impose au tribunal le sursit à statuer.

Enfin on a les fins de non recevoir – articles 122 et s. du CPC. Constitue une fin de non recevoir
tout moyens qui tend à faire déclarer l’adversaire irrecevable. Le texte nous donne des exemples :
➢ Constitue une fin de non recevoir le défaut de droit d’agir constitué par le défaut d’intérêt
à agir ou le défaut de qualité à agir.
➢ La prescription ou la forclusion de l’action.
Il faut savoir si la liste donnée par cet article est d’autorité de la chose jugée. A certaines conditions,
un jugement acquiert autorité définitive de la chose jugée c’est-à-dire que ce qui a été jugé
définitivement est présumée irréfragablement conforme à la loi et on ne peut plus re-saisir un
tribunal pour faire un deuxième procès sur ce qui a déjà été jugée. La Cour de cassation dans un
arrêt de chambre mixte de 2003 a jugé que la liste de l’article 122 du CPC n’était pas limitative.
Dans cette décision la Cour de cassation a estimé que le non respect d’une clause de conciliation
conventionnelle est constitutif d’une fin de non recevoir. Les clauses de conciliation
conventionnelle consistent à prévoir, dans un contrat, qu’en cas de litige il faut d’abord recourir à
un conciliateur qui doit nous réunir afin de nous faire concilier avant de pouvoir saisir le tribunal.
Quel est le régime juridique des fins de non recevoir ? La fin de non recevoir peut être invoquée en
tout état de cause – elles n’ont pas a être soulevées avant toute défense au fond. Il est précisé que,
si une partie à l’instance, de manière intentionnelle, ne soulève que tardivement une fin de non
recevoir, elle s’expose à ce que le tribunal, tout en faisant droit à la fin de non recevoir, l’a
condamne a des dommages et intérêts au profit de son adversaire – article 123 du CPC. Les fin de
non recevoir n’ont pas besoin, pour être accueillies par le juge, de supposer la démonstration d’un
préjudice/grief. Les fins de non recevoir peuvent faire l’objet d’une régularisation c’est-à-dire que
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lorsqu’elles sont régularisables et qu’en cours d’instance celui qui se heurte à une fin de non
recevoir procède à la régularisation, le juge ne peut plus faire droit à la fin de non recevoir.
Néanmoins toutes les fins de non recevoir ne sont pas régularisables (exemple : prescription). Les
textes donnent parfois au tribunal le pouvoir de soulever d’office certaines fins de non recevoir –
quand un juge soulève d’office un moyen il doit respecter le contradictoire c’est-à-dire qu’il doit
informer les parties de ce qu’il se réserve de soulever la fin de non recevoir afin d’avoir les
observations des parties. Quels sont les cas où une fin de non recevoir va être soulevée d’office ?
Quand elles ont un caractère d’ordre public et en cas de forclusion.

§4 – Le tiers devenu partie


Certaines preuves peuvent être détenues par un tiers à l’instance. Le droit de la preuve devant une
juridiction civile va permettre à celui qui a intérêt de demander au juge d’ordonner la production de
preuve par le tiers. Il s’agit de l’hypothèse où une personne est restée en dehors du procès mais à un
moment donné dans le procès on l’a voit devenir une partie au procès – on parle de demande
incidente en intervention (articles 66 et s. du CPC). Il y a deux types d’intervention :
l’intervention volontaire et l’intervention forcée. S’agissant de l’intervention volontaire, c’est le
tiers qui est à l’initiative de son arrivée dans le lien d’instance.

A) Les règles communes aux deux interventions


L’intervenant, volontaire ou forcé, doit sur sa tête réunir toute les conditions pour être partie à
l’instance (capacité, pouvoirs, intérêt et qualité à agir). Il doit être un véritable tiers par rapport
au procès c’est-à-dire qu’il ne doit pas déjà y figurer en y étant représenté. Il y a des cas où c’est la
loi qui considère qu’on est représenté dans un procès – par exemple, notre parent fait un procès
contre une personne puis décède. La loi considère que nous héritier à la succession on a été
représenté par notre parent au procès. On va pouvoir faire appel car nous sommes parties à
l’instance. L’intervention, volontaire ou forcée, comme c’est une demande incidente, doit alors se
rattacher par un lien suffisant (=connexité) avec l’objet du litige.

B) Les règles spécifiques à l’intervention volontaire


➢ L’intervention volontaire à titre principal : l’intervenant volontaire, qui décide de devenir
partie au procès, le fait parce qu’il va élever, contre l’une des parties à l’instance
préexistante, des prétentions qui lui sont propres.
➢ L’intervention volontaire à titre accessoire : l’intervenant volontaire décide de devenir
partie au procès uniquement pour venir appuyer les prétentions d’une partie contre l’autre –
il ne demande rien pour lui. L’intérêt de l’intervenant sera ici plutôt moral.
D’un pdv des actes de procédure, l’intervention volontaire est simple car celle-ci prend la forme des
actes par lesquels un défendeur présente ses défenses – on parle de conclusion, acte écrit. Devant la
Cour d’appel il y a des conditions de recevabilité supplémentaires lorsqu’un intervenant volontaire
déboule dans le procès pour la première fois devant la Cour d’appel.

C) Les règles spécifique à l’intervention forcée


➢ L’intervention forcée aux fins de jugement commun : l’une des parties au procès va faire
venir un tiers dans le lien d’instance uniquement pour que le jugement qui sera rendu soit
opposable à ce tiers car il sera devenu partie à l’instance.
➢ L’intervention forcée aux fins de condamnation : celui qui déclenche l’intervention forcée
contre le tiers vient demander la condamnation forcée de ce tiers. Il existe deux cas : il y a
l’intervention forcée aux fins de condamnation dans le cadre de la garantie personnelle (car
on est créancier du tiers, le tiers est notre cocontractant) ou dans le cadre de la garantie
formelle (cas où le tiers n’est tenu de quelque chose qu’en cas de qualité de détenteur d’un
bien, le tiers ici n’est pas mon cocontractant mais détient quelque chose qui m’appartient).
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

La forme procédurale de l’intervention forcée n’est pas celle de la présentation de moyen de


défense (conclusion) mais la forme des actes introductifs d’instance. Le demandeur à
l’intervention forcée, indépendamment du fait qu’il soit dans un procès préexistant, va créer pour la
première fois un lien d’instance avec l’intervenant forcé. Pour que l’intervention forcée se réalise il
faut une deuxième condition : il faut que le tribunal prononce la jonction des deux instances.
Un acte de procédure peut en réalité avoir une nature mixte car il contient des défenses et à ce
moment là cela peut avoir une incidence sur les exceptions de procédure. Par exemple, je suis le
défendeur originaire et déclenche une intervention forcée contre un tiers. Bêtement, dans
l’assignation au tiers je précise que je conteste ce que me demande le demandeur initial. Par la
suite une jonction d’instance est faite. Par la suite je me rend compte que j’ai oublié de soulevé
d’incompétence territoriale du tribunal. Je soulève une exception d’incompétence contre le
demandeur initial. Or dans l’assignation j’ai commenté les prétentions du demandeur, j’ai défendu
et déjà présenter mes défenses au fond dans l’assignation au tiers. Ainsi je suis irrecevable dans
mon exception d’incompétence. Il fallait soulever l’exception d’incompétence avant de faire
l’assignation au tiers. Cf arrêt du 6 mai 1999, n°10291. Une demande d’intervention forcée va être
vu comme une demande initiale.

Section 2 – La juridiction
§1 – La compétence du Juge
A) Les règles de compétences territoriale
1 – Les règles de compétence territoriale
Quelle est la grande règle de principe ? C’est à l'article 42 du CPC – la juridiction territorialement
compétente est celle du lieu où demeure le défendeur originaire. C'est au demandeur initial de se
déplacer si demandeur et défendeur originaire ne se trouvent pas dans le même ressort de tribunal.
Qu’est ce qu’on entend par le lieu où demeure le défendeur ? L’article 43 du CPC explique que le
lieu de demeure du défendeur est le lieu, pour une personne physique, où la personne a soit son
domicile soit sa résidence. Pour les personnes morales, ce sera le lieu où cette personne morale est
établie. C’est le lieu où cette personne morale a son siège ou le lieu où elle a un établissement
secondaire dans lequel il y a un représentant de la personne morale qui a le pouvoir d’engager cette
dernière. Cette règle connaît des aménagements et des exceptions. Néanmoins, le CPC prévoit des
matières dans lesquelles le critère de la compétence territoriale ne sera pas celui du lieu où demeure
le défendeur ou en tout cas ne sera pas le seul. Par exemple en matière d’action réelle immobilière
donc lorsque le fondement de l’action est constitué d’un droit réel qui porte sur un immeuble –
l’article 44 du CPC prévoit que la juridiction territorialement compétente est celle du lieu de
situation de l’immeuble objet du droit. Ce n’est plus le lieu du domicile du défendeur, c’est un autre
critère : la juridiction dans le ressors de laquelle se trouve l’immeuble litigieux. En matière
successoral, lorsqu’une succession s’ouvre la juridiction compétente pour connaître d’un litige entre
héritiers ou d’une demande formée par un créancier contre les héritiers ou encore des demandes
relatives à l’exécution des disposition de dernières volontés (testament, donation) sera celle du lieu
où s’est ouverte la succession – article 45 CPC. Le lieu d’ouverture de la succession est le lieu du
dernier domicile du défunt.
Il y a d’autre textes qui créer des options de compétence – l’article 42 du CPC connaît une
adaptation dans l’hypothèse où le demandeur initial fait venir dans le procès plusieurs défendeurs.
Si tout ces défendeurs demeurent dans le même ressors du même tribunal, aucune difficulté. En
revanche si les défendeurs ne demeurent pas tous dans le même ressors du même tribunal et bien le
demandeur initial a une option – il peut choisir le tribunal du lieu dans lequel demeure l’un des
codéfendeurs et pas les autres. Il y a une option de compétence en cas de pluralité de défendeur
originaire. L’article 46 du CPC prévoit une autre option de compétence – cet article traite de la
matière contractuelle ou de la matière délictuelle ou quasi délictuelle. En matière contractuelle, le
demandeur peut d’abord choisir d’appliquer l’article 42 du CPC c’est-à-dire la juridiction dans le
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

ressors de laquelle demeure le défendeur mais il peut aussi choisir de retenir le tribunal dans le
ressors duquel a été livré effectivement la chose si l’objet du contrat est la livraison d’une chose et
si l’objet du contrat est l’exécution d’une prestation de service ce sera le tribunal dans le ressors
duquel s’est exécuté la prestation de service. Si l’objet du contrat est à la fois de livrer un corps
certain mais aussi accomplir une prestation de service pour pouvoir livrer ce corps certain, quelle
est la juridiction compétente ? Pour la Cour de cassation, il importe aux juridictions de rechercher
ce qui est le principal dans l’exécution du marché (est-ce la livraison de la chose ou la prestation de
service ?). Il y a d’autre exemple qui conduisent a écarter l’article 42 du CPC. En matière
délictuelle l’article 46 du CPC nous donne une option de compétence entre le lieu où demeure le
défendeur et le lieu de survenance du fait dommageable. On peut choisir le lieu de survenance.
L’article 46 du CPC, en matière de créance d’aliment, dit que la juridiction compétente est
possiblement celle où demeure le créancier d’aliment. Sont compétentes les Cour d’appel dans le
ressors de laquelle se trouve la juridiction qui a statué en première instance.

2 – Les règles de compétence matérielle


Le tribunal judiciaire (de 2019) est né de la fusion des tribunaux d’instance et des tribunaux de
grande instance. Cette juridiction devait normalement s’accompagner dans le ressors de chacun des
tribunaux judiciaire de la création de chambre de proximité qui était censé être des formations d’un
tribunal judiciaire – en réalité il y a peu voir pas de chambre de proximité. Les tribunaux
judiciaires sont des juridictions civiles qui ont vocation a avoir deux types de compétences sur le
fond d’une règle selon laquelle un tribunal judiciaire est compétent pour toute matière qui ne
relèvent pas expressément de la compétence d’attribution d’une autre juridiction. Le tribunal
judiciaire a une compétence générale et des compétences d’attributions. La compétence
générale est en matière d’action personnelle ou d’action mobilière. En effet en matière d’action
fondée sur un droit de créance (=action personnelle) ou une action fondée sur un droit réel sur un
bien meuble (=action mobilière), le tribunal judiciaire est compétent. Cette compétence peut être
exercée en premier ou dernier ressors ou à charge d’appel selon l’évolution du litige. S’agissant du
reste, le tribunal judiciaire a des compétences d’attributions (=compétences qui lui sont réservées).
Par exemple, en matière de contentieux électoral (s’agissant de la définition d’un collège électoral,
contestation d’un scrutin, irrégularité d’un scrutin). Il est aussi compétent en matière de bornage ou
encore pour les actions en servitudes. Tout ce qui touche aux actions réelles immobilières est une
compétence d’attribution du tribunal judiciaire. Le tribunal judiciaire est organisé avec des
formations nombreuses. Il y a une répartition de la grande quantité de matière relevant de la
compétence matérielle des tribunaux judiciaire entre les différentes formations de celui-ci. Par
exemple, le tribunal judiciaire a une compétence en matière de divorce et de séparation de corps – il
y a une formation du tribunal judiciaire spécifique pour cela. Dans un soucis de protéger certaines
catégories de justiciables – certaines actions sont réservées à un juge du tribunal judiciaire appelé le
juge des contentieux de la protection. Par exemple, les contentieux des baux d’habitations.
On a également la compétence du tribunal de commerce qui est compétent pour les litiges entre
commerçants. Depuis le 1er janvier 2022, le tribunal de commerce est aussi compétent pour les
litiges entre artisans. Les tribunaux de commerce sont aussi compétents pour les actes de commerce
par nature. Il y a des actes de commerce qui sont commerciaux quand bien même l’une des parties
qui a accompli l’acte n’est pas commerçante – cela relève du tribunal de commerce.
Le Conseil de prud’hommes est compétent pour les litiges individuels du travail – litige entre
employeur et salarié. Néanmoins les conflits collectifs du travail (exemple : la grève) sont de la
compétence du tribunal judiciaire.

B) Les sanctions du non respect des règles de compétence


1 – Les moyens techniques permettant de sanctionner le non respect des règles de
compétence
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

C’est la question des moyens techniques permettant de sanctionner le non respect des règles. Il y a
deux mécanismes : l’exception d’incompétence et l’incompétence soulevée d’office par le juge.

a. L’exception d’incompétence
La règle est réglementée à l’article 75 du CPC. Qui peut soulever, parmi les parties, l’incompétence
du juge territorialement ou matériellement ? C’est uniquement le défendeur originaire qui peut
soulever cette exception d’incompétence car le demandeur initial n’a pas intérêt à agir. L’exception
d’incompétence est soumise à des conditions de recevabilité particulières énoncées à l’article 75 du
CPC qui se rajoutent à la condition de recevabilité générale de toutes les exceptions de procédure
(être soulevé avant toute défense au fond et fin de non recevoir). L’article 75 du CPC ajoute deux
conditions pour les exceptions d’incompétences : le défendeur originaire doit motiver son
exception, si il ne motive pas il est irrecevable en cette exception. Le défendeur originaire doit
désigner la juridiction qui selon lui est compétente – si il ne le fait pas son exception
d’incompétence est irrecevable quand bien même elle serait parfaitement fondée. La Cour de
cassation est exigeante et contrôle le bon respect de l’article 75 du CPC. Si l’exception
d’incompétence est recevable, la tribunal doit ensuite vérifier si elle est bien ou mal fondée.

b. L’incompétence soulevée d’office par le tribunal


L’article 76 du CPC dispose que l’incompétence de la juridiction saisie par le demandeur initial peut
être soulevée d’office dans plusieurs cas : en cas de violation d’une règle de compétence
d’attribution lorsque celle-ci est d’ordre public (certains cas l’incompétence doit être soulevée
obligatoirement), dans l’hypothèse où le défendeur originaire ne comparait pas. Lorsque le juge
décide de soulever d’office son incompétence, le tribunal doit respecter le contradictoire c’est-à-dire
qu’il doit informer les parties de ce qu’il se réserve de se déclarer incompétent et doit indiquer la
raison. Les parties devront présenter leur observations.

2 – Les jugements tranchant de la compétence


Quelles sont les décisions qui peuvent être rendue par le tribunal saisi pour exception
d’incompétence ou incompétence d’office ? Il y a deux types de jugement :
➢ Le jugement rendu par le tribunal pour ne statuer que sur la question de sa compétence –
jugement ne se prononce pas sur le fond du litige. Ce jugement est un premier jugement. Si
le juge se déclare compétent (rejette l’exception d’incompétence ou conclu qu’il est bien
compétent) il y aura alors dans le procès un deuxième jugement sur le fond plus tard.
L’article 79 du CPC précise que pour pouvoir statuer sur sa compétence, et que sa
compétence, le tribunal peut quand même être obligé de trancher une question de fond dont
dépend la compétence matérielle du tribunal. Les Conseil de Prud’hommes sont
matériellement compétent en matière de litige individuel de travail, ils ne sont donc
compétent que si il existe entre le demandeur et le défendeur un contrat de travail. Si la
convention qui lie les deux parties n’est pas un contrat de travail alors la compétence
appartient à un autre tribunal. Il peut arriver qu’une juridiction pour trancher une
contestation de sa compétence matérielle soit obligé de qualifier juridiquement les faits pour
trancher la question de la nature de la convention qui lie les parties dans notre exemple.
L’article 79 du CPC dit que le tribunal pour trancher sur sa compétence matérielle va devoir
trancher la question de fond dont dépend sa compétence. L’article 79 du CPC précise que ce
qui jugera sur cette question de fond qui commande ou pas la compétence du juge aura
autorité de la chose jugée.
➢ Le jugement par lequel le tribunal commence par statuer sur sa compétence et, parce qu’il
juge qu’il est compétent, le tribunal dans la foulée va trancher l’objet du litige. Le tribunal
par un unique jugement va trancher sur sa compétence (qu’il retient) puis sur le fond du
litige – article 78 du CPC.
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

3 – Les voies de recours à l’encontre d’un jugement tranchant de la compétence


Quelles sont les voies de recours qui peuvent exister ? Ces voies de recours sont d’une part un appel
particulier et d’autre part un appel de droit commun.
S’agissant de l’appel applicable pour un jugement qui ne tranche que sur sa compétence (ou
éventuellement uniquement une question de fond qui commande la compétence) – cet appel est
réglementé aux articles 83 et s. du CPC. C’est un appel particulier et on le voit au regard du délai de
voie de recours qui est de 15 jours (et non un mois comme en droit commun) à compter de la
notification du jugement et quand il s’agit d’un jugement qui ne tranche que sur la compétence la
notification est faite par le greffe du tribunal. Lorsqu’il s’agit de l’appel d’un jugement qui ne
tranche que sur la compétence, il faut que la déclaration d’appel, à peine de caducité, s’accompagne
dans le délai d’appel d’une requête au premier président de la Cour d’appel pour lui demander de
fixer l’affaire à une audience à jour fixe – on parle de procédure à jour fixe. C’est un appel qui va se
dérouler dans une procédure d’urgence. Si il apparaissait que l’appelant oublie de saisir dans le
délai le premier président et bien la déclaration est caduque. La déclaration d’appel doit contenir
toutes les mentions obligatoires prévues pour toutes déclaration d’appel mais en plus doit contenir
des mentions supplémentaires (article 85 du CPC) : il faut indiquer qu’il s’agit d’un appel qui
frappe un jugement qui tranche seulement de compétence, la déclaration d’appel doit être motivée
(doit contenir tout les moyens de fait et de droit que l’appelant compte faire valoir à l’appuie de son
recours). Il faut qu’elle contienne les conclusions de l’appelant. Si on ne respecte pas les mentions,
l’appel est irrecevable. Comme on est devant la Cour d’appel, l’appelant doit constituer un avocat.

Lorsque le jugement a non seulement statué sur la question de la compétence mais que dans le
même jugement le tribunal a tranché le fond du litige, on va avoir l’appel comme voie de recours
mais cette fois-ci on va se référer à l’article 90 du CPC : le délai d’appel est d’un mois et on est en
présence d’une déclaration d’appel tout à fait ordinaire. On est dans l’appel de droit commun.

Quelles sont les issues possibles sur le contentieux relatif à la compétence ? En l’absence de tout
appel le tribunal va rendre une décision qui est la conséquence de ce qu’il juge. Le tribunal si il se
déclare incompétent ne va jamais évoquer le fond du litige. Dans ce cas deux hypothèses :
➢ Soit la juridiction qu’il désigne comme étant compétente (puisque lui se déclare
incompétent) est une autre juridiction de l’ordre judiciaire civil, on considère que c’est la
même instance qui aura vocation à se poursuivre devant la juridiction désignée compétente.
➢ Soit le tribunal se déclare incompétent mais va désigner comme étant compétente une
juridiction qui ne fait pas partie de l’ordre judiciaire civil (juridiction étrangère, répressive),
dans ce cas l’instance s’arrête avec le jugement d’incompétence. Dans la motivation du
jugement, le juge invite les parties à mieux se pourvoir et qu’elles démarre un 2nd procès.
Cela a pour conséquence que si on a un renvoi devant une autre juridiction civile, la prescription
reste interrompue tandis que si le tribunal renvoie devant une autre juridiction non judiciaire, la
prescription recommence à courir.

Si le juge se déclare compétent alors qu’il n’a statué que sur la compétence, l’instance va se
poursuivre devant le même tribunal qui regardera l’objet du litige sur le fond. On aura un deuxième
jugement dans l’instance pour le fond. Si il y a un appel que peut-il se passer ? Si le tribunal n’a
statué que sur la question de la compétence, la Cour, qui va réexaminer cette question de la
compétence, a plusieurs choix : elle peut d’abord confirmer le jugement de première instance c’est-
à-dire confirmer sur la déclaration d’incompétence du premier juge et sur le renvoi vers une autre
juridiction ou alors confirmer sur la déclaration de compétence et dans ce cas l’affaire revient
devant le tribunal qui s’était déclaré compétent.
Il y a une autre possibilité assez rare de l’article 88 du CPC qui vise l’hypothèse où la Cour décide
d’évoquer le fond de l’affaire, qui par hypothèse n’a pas été tranché par la juridiction de première
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

instance, au lieu de renvoyer les parties devant la juridiction de première instance (dont elle a
réformé la décision et qu’elle a jugé comme étant compétente) – c’est la faculté d’évocation. Si la
Cour évoque directement alors on prive du double degré de juridiction. Si la Cour décide d’évoquer
elle doit en informer les parties, les mettre en demeure de conclure sur le fond de l’affaire et leur
permettent de faire des observations – il faut respecter le contradictoire.
Lorsque le tribunal a statué non seulement sur sa compétence mais aussi sur le fond, quelles sont
les issues ? Lorsque le juge par un unique jugement a statué sur le fond et la compétence, la Cour
va par l’appel se voir dévolu à la fois du fond et de la compétence. La Cour va d’abord statué sur
l’appel concernant le volet de la compétence. Si la Cour confirme la compétence pas de soucis. Si
elle réforme sur la question de la compétence (elle infirme) : soit la Cour d’appel du juge
incompétent est également la Cour d’appel du tribunal de première instance qu’elle va désigner
comme étant compétent dans ce litige et dans ce cas elle passe directement à l’examen du fond du
litige. Soit la Cour d’appel n’est pas la Cour d’appel du juge de première instance qu’elle déclare
compétent, elle ne pourra pas statuer sur le fond – la Cour d’appel va renvoyer le dossier à la Cour
d’appel du juge qu’elle désigne compétent.
Il y a des contentieux dans lesquels le tribunal de première instance statue en premier et en dernier
ressors. Si notre jugement qui est rendu tranche sur la compétence et sur le fond, parce que le juge a
retenu sa compétence, ce jugement pourra-t-il faire l’objet d’un appel ? Oui mais ce jugement ne
peut être frappé d’appel que sur la seule question de la compétence non pas sur le fond.

C) Les extensions de compétences


C’est les hypothèses où, en vertu de la loi ou en vertu d’une convention, on va donner compétence à
une juridiction qui normalement ne devrait pas pouvoir statuer parce qu’elle est incompétente.
1 – Les cas d’extension légale de compétence
Les articles 49 et 50 du CPC prévoit une extension par effet de la loi de la compétence d’une
juridiction (compétence matérielle) pour permettre à un tribunal de connaître des défenses ou des
demandes incidentes qui devraient normalement échapper à sa compétence. Si la demande initiale
est bien de la compétence du juge initial choisi mais que le défendeur originaire présente des
demandes incidentes ou des défenses qui ne rentre pas dans la compétence matérielle normale du
tribunal et bien le principe posé par ce texte est de proroger la compétence du tribunal pour qu’il
puisse connaître non seulement de la demande initiale rentrant dans sa compétence normale mais
aussi des défenses et des demandes incidentes qui échappent normalement à sa compétence. On
veut que l’ensemble du litige soit tranché par un unique jugement de la même juridiction. Il y a
néanmoins une limite à cette extension légale de la compétence matérielle du tribunal qui a été saisi
pour connaître de défense et demande incidente ne relevant normalement pas de sa compétence :
c’est l’hypothèse où la matière de la défense ou la matière de la demande incidente ressortirai à une
compétence d’attribution exclusive d’une autre juridiction. Le tribunal a ce moment là ne
bénéficiera plus de la prorogation légale de sa compétence. Cela laissera place aux mécanismes qui
sont connexes aux questions de compétence – les questions préjudicielles. On a des prorogations
légales de compétence en matière territoriale notamment en cas d’intervention forcée. On a un
demandeur initial, un défendeur originaire et celui-ci déclenche une intervention forcée contre un
tiers qu’il fait venir dans le procès. L’intervenant forcé pourrait estimer qu’il ne demeure pas dans le
ressors du tribunal où il est appelé. La loi dit qu’il existe dans ce cas une prorogation territoriale de
compétence du tribunal initial qui connaît de la demande initiale à laquelle est jointe l’instance en
intervention forcée.

2 – Les cas d’extension d’ordre conventionnel


Il y a aussi des hypothèses de prorogation d’ordre conventionnel. Le premier cas est une
prorogation de compétence conventionnelle généralement tacite. Par exemple, un commerçant dans
un acte mixte (acte avec un commerçant et un non commerçant). Le commerçant assigne son client
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

devant le tribunal de commerce – or dans les actes mixtes un commerçant ne peut pas imposer le
tribunal de commerce à un non commerçant. En revanche le non commerçant est libre de ne pas
vouloir soulever l’incompétence matérielle du tribunal de commerce. Ceci est une prorogation
conventionnelle tacite de la compétence du tribunal de commerce.
On a aussi les conventions expresses qui vise à proroger la compétence de certaines juridictions.
Cela joue pour la compétence territoriale. Il s’agit de l’article 48 du CPC qui dispose que les clauses
par lesquelles les parties au contrat conviennent de déroger aux règles de compétence territoriale
des juridictions étatiques sont réputées non écrites. Il y a une exception et l’exception fait apparaître
une hypothèse de prorogation conventionnelle expresse de la compétence territoriale d’une
juridiction – cela concerne un litige entre des personnes qui sont toutes commerçantes et lorsque la
clause apparaît dans l’acte que l’on oppose à celui à qui on veut imposer la juridiction désignée par
la clause. Par exemple, une partie ressors du tribunal de Paris et l’autre de Grenoble et bien il est
possible qu’avec cette clause on convienne qu’en cas de litige on ira devant le tribunal de Lyon.
Cette clause de manière expresse proroge la compétence territoriale du tribunal de commerce de
Lyon qui normalement n’est pas compétent territorialement.

D) Les questions connexes aux questions de compétence


1 – Les questions préjudicielles
La question préjudicielle se pose quand devant une juridiction civile il apparaît que dans l’objet du
litige il y a une question qui n’appartient pas à la compétence de la juridiction saisie. Le tribunal qui
a été saisi et qui est normalement compétent doit alors transmettre la question à la juridiction qui
seule peut la trancher. La tribunal qui pose la question préjudicielle doit alors surseoir à statuer dans
l’attente de la réponse. On distingue deux types de question préjudicielle :
➢ Les questions préjudicielles générales – la seule juridiction qui va pouvoir traiter la
question préjudicielle est une juridiction qui n’appartient pas à l’ordre judiciaire civil
français. Par exemple, juridiction de l’ordre administratif ou pénal, juridiction étrangère.
➢ Les questions préjudicielles spéciales – la juridiction qui a seule compétence pour traiter
de la question préjudicielle est une autre juridiction de l’ordre judiciaire civil.

2 – La question prioritaire de constitutionnalité


Lorsque dans un procès civil il est nécessaire pour donner au litige sa solution d’appliquer une loi
dont l’une des parties considère qu’elle est non conforme à la Constitution, alors même que cette loi
n’a pas fait l’objet avant sa promulgation d’un contrôle du CC, et bien à l’occasion d’un contentieux
pendant devant une juridiction il est possible à la partie qui estime que la loi n’est pas conforme de
poser une QPC. Par un acte de procédure écrit, distinct des actes de procédure que la partie à
l’instance a pu prendre, il faut soumettre une demande de transmission de cette QPC à la Cour de
cassation. Cette transmission n’aura lieu que si la QPC est recevable c’est-à-dire si elle fait l’objet
d’un mémoire écrit distinct des autres actes de la procédure et si une QPC identique n’a pas déjà été
répondu par le CC. La juridiction sursoit à statuer sur l’objet du litige dans l’attente de l’éventuelle
transmission de la QPC au CC par la Cour de cassation. Le procès ensuite reprendra soit parce que
la Cour de cassation a refusé de transmettre la QPC au CC soit parce que la disposition légale a déjà
fait l’objet, dans une autre affaire, d’une QPC qui a été transmise au CC (donc pas plusieurs
demandes de QPC sur la même disposition) soit parce qu’elle refuse purement et simplement et
dans ce cas le procès reprend et il n’y a pas de recours possible. Il en est de même si la juridiction
devant laquelle est invoquée la QPC ne transmet pas à la Cour de cassation. Si la QPC est transmise
au CC on attend la réponse du CC. Ce sont les articles 126-1 à 126-13 du CPC.

3 – Les exceptions de litispendance et de connexité


L’exception de litispendance est réglementée à l’article 100 du CPC qui dispose que, lorsque est
pendant devant deux juridictions distinctes (toutes deux compétentes) un même objet de litige, le
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

principe est qu’au moyen d’une exception de litispendance l’une des parties à l’une des instances
doit pouvoir demander le dessaisissement de l’autre juridiction et le renvoi du dossier par cette
juridiction dé-saisi à l’autre. C’est la juridiction saisie en second qui doit se dé-saisir au profit de la
juridiction saisie en premier. Dans ce cas il y aura renvoi du dossier par la juridiction saisi en
second. Si le tribunal saisi en second découvre un vice dans les actes de procédures pris dans le
cadre de la seconde instance, le juge peut d’office caractériser la litispendance et renvoyer à l’autre
juridiction.

La connexité est réglementée aux articles 101 et s. du CPC. Si devant deux juridictions distinctes
toutes les deux compétentes il existe deux objets de litige distincts mais entre les mêmes parties et
que dès lors qu’on s’aperçoit qu’entre les deux litiges distincts il existe un lien de connexité et bien
l’une des parties à l’une des instances peut présenter l’exception de connexité pour demander que le
tribunal se dé-saisisse et renvoie le dossier devant l’autre juridiction – on veut que ce soit le même
tribunal par le même jugement qui tranche. Il faut présenter l’exception de connexité devant la
juridiction saisie en second et si la connexité existe entre un procès de première instance et un
procès d’appel et bien c’est la juridiction de première instance qui renvoi devant la Cour d’appel.
On a l’article 116 du CPC qui vise une hypothèse particulière – hypothèse d’une connexité entre
deux instances mais qui sont pendantes devant la même juridiction. Le président de la juridiction
peut décider du dessaisissement de l’une des chambre au profit de l’autre afin que les deux litiges
soit renvoyés devant la même formation du tribunal. Autant l’exception de litispendance obéit au
principe de l’article 74 du CPC (doit être soulevée avant toute défense au fond et toute fin de non
recevoir), autant l’exception de connexité est dérogatoire à cet article – on peut soulever l’exception
de connexité après défense au fond et fin de non recevoir. Le jugement rendu par la juridiction qui
se dé saisie peut faire l’objet d’une voie de recours – c’est l’appel spécifique des articles 83 et 84 du
CPC pour les jugements qui ne statuent que sur la compétence de la juridiction.

§2 – L’office du juge
A) La répartition des charges entre les parties et le juge
Une instance civile obéit au principe dispositif qui signifie que le rôle principal dans le déroulement
d’un procès est censé appartenir aux parties à l’instance. En réalité le juge a des pouvoirs très
important dans le déroulement de l’instance.
L’article 1 du CPC dispose que seule les parties à l’instance peuvent introduire l’instance c’est-à-
dire saisir la juridiction. Le tribunal ne peut pas s’auto-saisir d’un objet de litige. Il arrive que le
droit donne pouvoir à certain organisme de saisir une juridiction civile. Par exemple, en matière de
procédures collectives, le code de commerce prévoit que le MP peut, à partir d’un dossier qu’il a
constitué, saisir soit le tribunal de commerce soit le tribunal judiciaire pour demander l’ouverture
d’un redressement judiciaire. Ici ce n’est pas une future partie à l’instance qui saisie mais le MP.
L’article 2 du CPC dispose qu’il appartient aux parties à l’instance d’accomplir les charges qui leur
incombe en vertu de la loi procédurale. L’article 3 du CPC dispose que le juge intervient dans le
procès pour veiller au bon fonctionnement de l’instance. Il arrive dans le procès que l’une des
parties est une attitude dilatoire et ne veuille pas faire les actes qui lui incombe – le juge peut
impartir aux parties à l’instance des délais et prendre contre elles des injonctions de faire. Il a le
pouvoir d’obliger les parties a accomplir les actes dont elles ont la charge. L’article 4 du CPC dit
qu’il appartient aux parties de déterminer l’objet du litige. Comment détermine-t-on l’objet du
litige ? C’est par la combinaison des prétentions du demandeur initial, des défenses du défendeur
originaire et des demandes incidentes. Dès qu’elles ont déterminées l’objet, l’article 5 du CPC
dispose que le juge doit statuer sur tout ce qui est demandé mais ne doit statuer que sur ce qu’il est
saisi – il ne doit pas statuer infra ou ultra petita. Devant une juridiction civile chaque partie doit
prouver les actes qu’elle allègue. L’article 7 du CPC dit que le juge ne peut fonder sa décision que
sur les faits qui sont au débat c’est-à-dire les faits que les parties ont prouvé devant le tribunal. Cet
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

article dit que le juge peut se fonder sur des faits qui ont été prouvé par les parties mais sur lesquels
les parties n’ont pas appuyé et insisté. Le juge peut demander aux parties de lui fournir des
explications sur certains faits – il ne peut pas exiger des explications, juste demander, au choix de
parties de répondre ou non – article 6 du CPC. L’article 9 du CPC dit qu’il incombe à chaque partie
de prouver conformément à la loi les faits nécessaires au succès de sa prétention. Quand une partie
invoque un fait elle doit spontanément produire les preuves de ce fait. Le juge peut, dans les
conditions prévues par la loi, ordonner des mesures d’instruction c’est-à-dire qu’il peut donner un
coup de pouce à l’une des parties, va pouvoir aider a apporter les preuves.

B) L’application du droit par le juge


L’article 12 du CPC donne un rôle important au juge en disposant que le juge doit trancher le litige
conformément aux règles de droit applicables. Il existe une exception : lorsque le litige est né, les
parties qui saisissent le tribunal, peuvent décider, lorsque sont concernées par le litige des droits
dont elles ont la libre disposition (pas réglementé par des règles publiques), de demander au tribunal
de statuer en amiable compositeur c’est-à-dire statuer en équité. Cela est assez rare devant les
juridictions étatiques mais on voit souvent le recours à l’équité en matière de procédure arbitrale
c’est-à-dire que des parties qui agissent à titre professionnel décide de désigner une juridiction
d’arbitre – ce sont les parties qui choisissent leur juge et donc c’est plus logique de demander au
juge de statuer en équité et pas en droit.
Que veut-dire statuer en droit ? Le juge doit donner ou restituer leur exacte qualification aux
faits juridiques et aux actes juridiques sans retenir les qualifications inexactes que les parties
aurait pu leur donner. Le juge normalement n’a pas a donner aux actes leur qualification car cela est
déjà fait par les parties or il arrive parfois que les parties se trompe ou ne qualifie pas. L’article 12
CPC nous dit qu’en pareil cas c’est le juge qui va qualifier. S’agissant de restituer l’exacte
qualification, il arrive souvent que les parties qualifient mais qualifient mal. Lorsque le juge
s’aperçoit qu’une qualification d’une partie est erronée et qu’il restitue la bonne qualification, l’une
des possibilités pour lui est de débouter. Le juge quand il restitue l’exacte qualification aux faits
peut arriver à une qualification qui est de nature a appliquer une règle qui permettrai de donner
satisfaction au demandeur initial. Le juge substitue au fondement erroné de la partie qui amènerait a
être débouté une autre règle pour faire droit à la demande du demandeur initial. Le tribunal dans son
office peut procéder à une substitution de fondement juridique. Si le juge peut faire cela, a-t-il
l’obligation de procéder à cette substitution ? La Cour de cassation par un arrêt d’Assemblée
plénière du 21 décembre 2007 nous dit que le juge en revanche n’a aucune obligation de substituer
le fondement juridique, il peut tout à fait débouter après restitution de l’exacte qualification aux
faits. L’article 12 du CPC dispose que les parties, pour les droits dont elles ont la libre disposition,
peuvent d’un commun accord lié le juge sur les qualifications qu’elles donnent, d’un commun
accord, aux faits ou aux actes – signifie que si la qualification est erroné le juge ne pourra dans ce
cas là que débouter. L’article 13 du CPC prévoit que le juge peut inviter les parties à lui fournir des
explications de droit qu’il estime utile à la solution du litige. Le juge doit respecter le contradictoire
c’est-à-dire que quand il veut procéder à une substitution de fondement juridique il ne peut pas le
faire directement dans son jugement – il doit informer les parties de ce qu’il se propose de procéder
à une substitution. En revanche, quand le juge donne aux faits ou aux actes une qualification
qu’aucune partie n’a donné, le juge n’a pas a respecter le contradictoire, il va directement le faire
dans son jugement. Lorsque le juge restitue aux faits ou aux actes leur exacte qualification dans le
but de débouter, la aussi, il n’a pas besoin de prévenir préalablement les parties, il prononcera
directement le débouté.

CHAPITRE 2 – L’objet de la procédure


Section 1 – La classification des actions en justice
§1 – Classification en fonction de l’objet du litige
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

A) Distinction entre actions mobilière et immobilière


Action mobilière = a pour objet un bien meuble. Action immobilière = porte sur un bien immeuble.

B) Distinction entre actions réelles, personnelles et mixtes


Une action est qualifiée de réelle lorsqu’elle traduit l’exercice d’un droit réel. Une action est
personnelle quand elle traduit l’exercice d’un droit de créance. Les actions mixtes c’est l’exercice
conjoint d’un droit réel et d’un droit personnel car il arrive que l’on cumul les fondements à l’appui
de nos prétentions.

§ 2 – Classification en fonction du type de procédure


A) Les procédures contentieuses
Ce sont les procédures civiles dans lesquelles la juridiction est saisie par une ou toutes les parties
mais dans cette saisine de la juridiction il apparaît un litige. La procédure contentieuse est destinée a
trancher le litige qui existe entre les parties à l’instance. L’article 15 du CPC parle du principe du
contradictoire c’est-à-dire que tout au long du procès chaque partie a l’obligation en temps utile de
faire connaître ses moyens à l’appui de ses prétentions et ses arguments, chaque partie doit
communiquer les pièces sur lesquelles elle fonde ses prétentions. L’article 16 du CPC dit que le juge
est le gardien du contradictoire. Le juge, lui même aussi, doit respecter le contradictoire.

B) La procédure gracieuse
Cette procédure est prévue à l’article 25 du CPC. Ce texte dispose que le juge statu en matière
gracieuse lorsqu'en l'absence de litige il est saisi d'une demande dont la loi exige, en raison de la
nature de l'affaire ou de la qualité du requérant, qu'elle soit soumise à son contrôle. Pourquoi la loi
exige qu’une personne saisisse le juge civil ? Car la situation de la personne est soumise à un
contrôle du tribunal. L’instance ouverte sera une instance gracieuse. L’instance gracieuse n’a pas
besoin de respecter le contradictoire. La matière gracieuse existe aussi dans un autre cas : hypothèse
où la loi autorise le demandeur a ne pas appeler dans l’instance celui qui n’est pas le défendeur
puisqu’il n’est pas partie à l’instance mais celui qui va être concerné par la décision du juge – article
493 du CPC. Il y a des hypothèse dans lesquelles la loi permet de saisir un juge pour qu’il rende une
décision qui va concerné quelqu’un sans avoir a appelé cette personne. Par exemple, je suis gérant
d’entreprise je m’aperçois qu’un de mes concurrents utilisent mes brevets d’invention pour
produire des machine, contres façons de mon brevet, ce qui est illicite. Il faut que je fasse constater
ces manœuvres illicites. Je demande alors au juge des référés une autorisation pour qu’un
commissaire de justice puisse aller chez le concurrent avec la force publique afin de constater chez
mon concurrent qu’il reproduit mon brevet d’invention alors qu’il n’a pas d’autorisation à le faire.
Si il fallait que je fasse venir devant le juge la personne concernée par la mesure, on peut être sur
que la personne ne fera plus ces mesures illicites puisqu’elle sera mise au courant par la demande de
sa présentation devant le juge.

Section 2 – La nature des décisions rendues par le Juge


§1 – Juge du fond et Juge du provisoire
A) Les juges du fond
Un juge du fond est une juridiction civile qui va trancher un litige et la décision qu’elle va prendre
aura autorité de la chose jugée au fond c’est-à-dire qu’elle aura une entière autorité de la chose
jugée. Cette autorité de la chose jugée sera provisoire tant qu’une voie de recours peut être exercée
et sera définitive quand le délai de voie de recours est expiré et qu’aucune voie de recours est
exercée ou si une voie de recours a été exercé et que la personne est débouté. L’article 80 du CPC
définit ce qui est susceptible d’avoir autorité de la chose jugée au fond : tout jugement qui tranche,
dans son dispositif, tout ou partie du principal, ou le jugement qui statue sur une exception de
procédure ou sur une fin de non recevoir ou sur un incident de procédure – tout ces jugements ont
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dès leur prononcé autorité de la chose jugée concernant la contestation qu’il tranche dans leur
dispositif. L’article 122 CPC dit que l’autorité de la chose jugée constitue une fin de non recevoir

Tout les tribunaux en matière d’ordre judiciaire civil sont susceptibles de rendre des décisions ayant
autorité de la chose jugée. Le législateur a instaurée en 2019 la procédure accélérée au fond.
L’idée est, dans certaines hypothèses, de permettre non pas au tribunal formation collégiale de
statuer sur une contestation mais au président du tribunal de statuer sur le fond en remplacement de
son tribunal. La décision de ce président aura autorité de la chose jugée au fond. Il s’agira d’une
décision au fond, la décision rendue est une ordonnance. Par exemple, en matière successorale, si
l’un des héritiers craint que d’autres héritiers fasse disparaître des biens de la succession, il est
possible de saisir le président du tribunal judiciaire compétent pour lui demander de prendre des
mesures conservatoires – c’est une procédure qui va se traduire par une assignation du cohéritier.
Le président statue comme juge du fond. Lorsqu’un immeuble dégradé fait l’objet par
l’administration d’une déclaration d’insalubrité irrémédiable, le propriétaire du bâtiment peut
saisir le président du tribunal judiciaire pour demander la démolition de l’immeuble de manière
accélérée par une procédure accélérée au fond. C’est le moyen d’avoir rapidement la démolition de
l’immeuble. A chaque fois qu’il y a un texte il y a une possibilité d’avoir une procédure accélérée.
L’ordonnance rendue dans cette procédure a la même autorité de la chose jugée qu’un jugement
rendu par le tribunal en formation collégiale sur le fond. La réglementation de cette procédure
accélérée est prévue à l’article 481-1 et s. du CPC.

B) Les juges du provisoire


La procédure civile a fait apparaître des juridictions qui ont l’avantage de pouvoir statuer
rapidement mais qui n’auront que pour but de rendre des décisions provisoires c’est-à-dire qu’elles
n’auront pas autorité de la chose jugée au fond – elles n’auront une autorité de la chose jugée que
provisoire et non pas au fond. Si l’une des parties à cette décision ayant autorité de la chose jugée
provisoire n’en est pas contente, au lieu d’exercer une voie de recours qui est l’appel, elle peut saisir
un juge du fond pour lui demander de juger l’inverse que ce qu’a pu juger le juge du provisoire.
Cette saisine du tribunal statuant au fond fera que l’autorité de la chose jugée au provisoire ne peut
pas constituer une fin de non recevoir de l’action de l’une des parties à la décision provisoire devant
le juge du fond. Quelles sont les juridictions du provisoire ?

1 – Les juges des référés


C’est aux articles 484 et s. du CPC qui dispose que l’ordonnance de référé rendue par une formation
de référé d’un tribunal est une décision provisoire rendue à la demande de l’une des parties, la partie
adverse étant citée devant le juge des référés, et ce dans les cas où la loi donne le pouvoir au juge
des référés de prendre les mesures nécessaires. Le mode d’introduction d’une instance en référé est
une assignation. Le juge doit s’assurer que le défendeur a eu le temps nécessaire pour présenter sa
défense. La décision rendue est une décision contradictoire. Le juge des référés, dans tout les
tribunaux civils où il y a une formation de référés, sera le président de la juridiction. Le président de
la juridiction ou son délégataire assure devant le tribunal la fonction de juge des référés – juridiction
à juge unique. L’article 487 du CPC permet au président de renvoyer l’examen de l’affaire devant
une formation collégiale. Quel est l’intérêt ? Si le président ne veut pas statuer tout seul. L’article
488 du CPC dit que l’ordonnance de référé n’a pas autorité de la chose jugée au fond à l’égard du
tribunal statuant en qualité de juge du fond – le tribunal statuant en qualité de juge du fond peut
rendre un jugement qui vient anéantir ce que le juge des référés avait décidé. L’autorité de la chose
jugée au provisoire d’une ordonnance de référé a une portée limitée – ce qu’à décider un juge des
référés dans une ordonnance qu’il a rendu peut être modifié voir rétracté en cas de survenance
ultérieure d’une circonstance nouvelle. Si après le rendu de l’ordonnance un fait nouveau arrive et
peut être prouvé, cela peut fonder le défendeur, qui a fait l’objet d’une mesure décidé par le juge
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des référés, a re-saisir ce même juge des référés pour lui demander de modifier son ordonnance voir
de la rétracter. La voie de recours offerte pour une partie contre une ordonnance de référé est l’appel
mais ce n’est pas l’appel de droit commun – le délai d’appel sera de 15 jours à compter de la
signification de l’ordonnance et non pas d’un mois. Quelles sont les juridictions judiciaires qui ont
une formation de référé ? Le tribunal judiciaire, le tribunal de commerce, le Conseil de
Prud’hommes, etc.
S’agissant uniquement du tribunal judiciaire et du tribunal de commerce, quels sont les textes qui
donne pouvoir à un juge du référé pour prendre différentes mesures ? S’agissant du tribunal
judiciaire, les cas de référés sont prévus aux articles 834 et 835 du CPC. Il y a par ailleurs un article
145 du CPC qui s’applique devant tout les juges du référé. S’agissant du tribunal de commerce, les
cas sont prévus aux articles 872 et 873 du CPC. L’article 834 du CPC (tribunal judiciaire) et
l’article 872 du CPC (tribunal de commerce) dispose que dans tout les cas d’urgence, le président
du tribunal, dans la limite de sa compétence, peut ordonner en référé toute les mesures qui ne se
heurtent à aucune contestation sérieuse ou que justifie l’existence d’un différend. A défaut
d’urgence, il y a irrecevabilité de la demande. Que veux dire une mesure qui ne se heurte à aucune
contestation sérieuse ? Cela ne veut pas dire qu’il y a aucune contestation – on entend par
contestation sérieuse une contestation que seul un juge du fond peut trancher. Le juge des référé
n’est pas un juge du fond ainsi il est sans pouvoir pour trancher une contestation sérieuse. Le juge
ne peut pas statuer, il va débouter. S’agissant de toute mesure que justifie l’existence d’un différend,
cela vise de donner le pouvoir au juge des référé d’organiser une situation litigieuse de laisser le
temps aux parties de faire trancher leur litige par le juge du fond. Quelles sont ces mesures ? Ce
sont des mesures conservatoires.
Les articles 835 et 873 du CPC, ont chacun un alinéa prévoyant un cas de référés. Le premier alinéa
dispose que le président du tribunal, même en présence d’une contestation sérieuse, peut prescrire
en référé les mesures conservatoires destinées à prévenir un dommage imminent ou les mesures
de remises en état destinées à faire cesser un trouble manifestement illicite. Quand le
demandeur initial aura prouvé qu’il est confronté à une situation de fait où il y a un dommage
imminent il aura forcément prouver l’urgence. Par exemple, on a un voisin qui est en limite de
propriété sur notre parcelle, il a une façade en mauvaise état avec des bouts qui tombent. On
apporte la preuve que le bâtiment par en morceau et chute chez nous. On saisi le juge des référé
pour qu’il ordonne des mesures conservatoires afin d’éviter un dommage imminent. Qu’est ce qui
est susceptible de constituer un trouble manifestement illicite ? Une violation de la loi, d’une
disposition réglementaire ou la violation manifeste d’une obligation contractuelle. Pour que le juge
des référés est le pouvoir d’ordonner des mesures de remise en état il faut que la situation soit
manifeste, évidente. Par exemple, deux entreprises ont pris un marché, prévoit que la convention
est indéterminée dans le temps, chaque partie peut unilatéralement pour l’avenir résilier la
convention en notifiant cela à la partie adverse et en respectant un préavis de trois mois. L’un des
cocontractants résilie le contrat avec un préavis d’une semaine. Il y a violation du préavis de la
convention qui les lie. On va demander au juge de référé d’ordonner une mesure de remise en état
qui consiste a condamner sous astreinte le cocontractant a reprendre la relation contractuelle pour
arriver au trois mois de préavis.
Le second alinéa, des articles 835 et 873, prévoit un autre cas de référé – dans tout les cas où
l’existence d’une obligation de payer une somme d’argent ou d’une obligation de faire n’est pas
sérieusement contestable, le juge des référé peut condamner le débiteur a payer une provision, à
valoir sur sa créance, ou peut ordonner au débiteur d’exécuter son obligation de faire. Il s’agit de
sanctionner un débiteur qui n’exécute pas son obligation, qui n’est pas sérieusement contestable.
Que veut dire pas sérieusement contestable ? Si des contestations sont présentées par le débiteur, le
juge des référés peut écarté ces contestations sans avoir a se transformer en juge du fond. Ce n’est
pas une contestation qui ne peut être tranchée que par les juges du fond. Ces articles sont très
utilisés car une instance en référé dure un ou deux mois et on a une ordonnance exécutoire qui a
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

autorité de la chose jugée au provisoire. Si on saisi un juge du fond on part sur un procès très long et
cher. On appelle cela le référé provision ou référé injonction de faire.

L’article 145 du CPC (commun à tout les juges des référés) donne pouvoir au juge des référés
d’ordonner une mesure d’instruction. Si il existe un motif légitime de conserver ou d’établir la
preuve de faits, avant tout procès au fond, ces preuves étant celles dont peut dépendre le futur
procès au fond, le juge des référés peut ordonner toute mesures d’instruction légalement admissible.
Qu’est ce qu’un motif légitime ? Il faut que la mesure d’instruction présente, en vu d’un futur
procès au fond, une utilité probatoire. Il faut que le demandeur en référé, qui sollicite cette mesure,
soit capable d’expliquer quel est le procès au fond qu’il envisage de faire à son adversaire. Il faut
aussi respecter la condition que cela se fasse avant tout procès au fond. Quelles sont les mesures
d’instruction légalement admissibles ? Il y a une liste dans le code. S’agissant d’une ordonnance
des référés rendue sur le fondement de l’article 145 du CPC, qui donc instituerai avant tout procès
au fond une mesure d’instruction légalement admissible, cela a un effet en terme de prescription.
On rappelle que la demande en justice interrompt la prescription qui court contre le créancier
(article 2241 du code civil). Pendant toute la durée de l’instance le compteur remis à zéro, du fait de
l’interruption qu’opère la demande en justice, reste bloqué à zéro. (article 2242 du code civil).
Quand le juge rend sa décision et si le juge des référés rend une ordonnance, l’instance s’arrête –
mode d’extinction normal d’une instance, c’est le rendu d’une décision ainsi le compteur repart.
L’article 2239 du code civil dispose que la prescription est également suspendue lorsqu’un juge des
référés fait droit à une demande de mesure d’instruction avant tout procès au fond et le délai de
prescription ne recommence a courir qu’au jour où la mesure d’instruction a été exécuté et ce délai,
qui recommence a courir, ne peut pas courir pour une durée inférieure à 6 mois.

Quelle est la technique de la passerelle ? Devant les juridictions où il existe une formation de
référé, l’article 837 du CPC (président du TJ) et à l’article 873-1 du CPC (président du tribunal de
commerce) permettent la mise en œuvre de la technique de la passerelle. Il arrive que dans
certaines cas la demande qui est présentée au juge des référés se heurte à une absence de pouvoir du
juges des référés. Pour ne pas trop pénaliser le demandeur en référé notamment dans les cas
d’urgence, il y a une possibilité de demander au juge des référés (qui va nous débouter car n’a pas
de pouvoir) de renvoyer le dossier directement devant le juge du fond, qui seul va pouvoir statuer.
C’est la technique de la passerelle – on passe du référé au fond. C’est l’ordonnance du référé qui
met en œuvre cette technique, qui opère saisine du tribunal au fond. Le président du tribunal peut
dans son ordonnance (qui va déboutée le demandeur) saisir le tribunal au fond en renvoyant le
dossier à une audience du tribunal au fond avec heure, date fixée dans l’ordonnance.

2 – Le juge de l’ordonnance sur requête


L’article 493 du CPC dispose que l’ordonnance sur requête est une décision provisoire rendue
non contradictoirement dans les cas où le requérant est fondé a ne pas appelé devant le juge son
adversaire. Quel est le critère d’application ? Il est nécessaire pour que l’ordonnance soit exécutée
que l’adversaire n’en soit pas prévenu, qu’il ne sache pas qu’un requérant est entrain de demander
une décision provisoire contre lui car si il le sais, une fois que l’ordonnance va être rendue, elle ne
pourra pas être exécutée, l’adversaire ayant tout les moyens de s’y soustraire. Par exemple, si on
veut faire faire un constat d’adultère par un commissaire, si la femme est prévenu qu’un
commissaire va venir faire un constat dans l’hôtel où elle voit son amant, elle n’ira plus à l’hôtel
avec donc rien ne sera constaté. C’est une procédure qui n’est pas contentieuse, il n’y a pas
d’adversaire qui se présente devant le juge. Comment saisir ce juge ? Par voie de requête
unilatérale. La requête doit contenir des mentions obligatoires prévues aux articles 494 et s. du
CPC. Lorsque l’ordonnance est rendue :
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➢ Soit le juge autorise la mesure sollicitée – pas de problème, le requérant s’occupera avec un
commissaire de justice, avec la police ou autre de faire exécuter l’ordonnance.
➢ Soit le juge n’autorise pas la mesure : l’appel est ouvert à l’initiative du seul requérant (la
partie adverse ignorant qu’une ordonnance a été rendue) – la Cour statuera en juge de
l’ordonnance sur requête de second degré.
Si l’ordonnance sur requête est exécutée, il est possible que celui contre qui elle est exécutée veuille
contester la mesure. Le destinataire de la mesure a la possibilité de saisir en référé le président de la
juridiction qui a rendu cette ordonnance sur requête. Le référé étant contradictoire cela s’introduit
par assignation. On est toujours devant le juge du provisoire mais ce n’est plus le même – ce n’est
plus le juge de l’ordonnance sur requête, le recours va se faire sous la forme d’un référé devant le
même président du même tribunal judiciaire ou du même tribunal de commerce et là, au terme d’un
débat contradictoire devant le juge, celui-ci pourra soit modifier l’ordonnance qui avait été rendu
sur requête de manière unilatérale soit même la rétracter – article 497 du CPC. Pour le président du
tribunal judiciaire ce sont les articles 845 et 846 du CPC qui traitent de cette ordonnance sur
requête. La requête doit être présentée par le ministère de l’avocat – la représentation par le
ministère de l’avocat est obligatoire (pareil pour le référé). Devant le tribunal de commerce ce sera
les articles 874 et 875 du CPC.

§2 – Jugement contradictoire, réputé contradictoire, par défaut


A) Les jugements contradictoires
Ce sont les articles 467 à 470 du CPC. Le jugement est contradictoire dès lors que toutes les parties
comparaissent devant la juridiction soit personnellement soit en étant représentées par un
mandataire. Le défendeur originaire a bien comparu devant le tribunal. Si le demandeur ne
comparait pas devant le tribunal que se passe-t-il ? L’article 468 du CPC dispose que si sans motif
légitime le demandeur ne comparait pas, le défendeur originaire a le choix : soit il requiert un
jugement (veut être jugé, a des défenses) – le tribunal statuera en fonction de ce dont il est saisi et
devra vérifier le respect du contradictoire / soit le juge renvoie l’affaire a une audience ultérieure
afin de faire re-citer le demandeur / soit, si le défendeur ne veut pas être jugé, le juge déclare la
demande initiale caduque (l’instance s’arrête). Si on est devant une juridiction où la présence de
l’avocat est obligatoire, il ne peut pas y avoir défaut de comparution du demandeur car il est
représenté par son avocat. Le code nous dit que le jugement qui sera rendu dans l’hypothèse où le
demandeur initial ne comparait pas est un jugement contradictoire. Il arrive que le demandeur initial
comparaisse, que le défendeur vienne devant son juge en première audience et qu’ensuite l’un ou
l’autre s’abstienne d’accomplir les actes de procédure dont ils ont la charge – cela n’aura aucune
incidence sur le jugement qui sera bien contradictoire (article 469 du CPC).

B) Les jugements réputés contradictoires


Ces jugements visent uniquement l’hypothèse où le défendeur originaire ne comparait pas. L’article
471 du CPC dispose que lorsque le tribunal constate que le défendeur originaire ne vient pas à
l’audience ou ne s’est pas constitué avocat, le tribunal peut demander à ce que le défendeur soit cité
une deuxième fois. L’article 472 du CPC dispose que si le défendeur originaire ne comparait pas, le
tribunal statut néanmoins sur les prétentions dont il est saisi, sur le fond si c’est un juge du fond ou
de manière provisoire si c’est un juge du provisoire. Néanmoins en cas de défaut de comparution du
défendeur originaire le tribunal doit vérifier la recevabilité de l’action et des actes de procédure du
demandeur et ne peut faire droit au demandeur initial que si il est bien fondé en sa prétention.

C) Les jugements par défaut (très rare)


Les articles 473 et 474 du CPC disposent que lorsque le défendeur ne comparait pas, le jugement est
rendu par défaut à deux conditions cumulatives : il faut que le tribunal soit dans un cas où il statut
en dernier ressort (non pas en premier ressors à charge d’appel) et que la citation initiale n’est pas
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touchée le défendeur en sa personne (les actes de procédure peuvent touchée directement la


personne dont on est sur qu’il les ont bien reçu). Ces jugements sont rares. Quand il y a une
pluralité de défendeurs, pour que le jugement soit par défaut, il faut que le jugement soit rendu en
dernier ressors et que la citation n’ait touchée aucun des co-défendeurs en personne. Si le jugement
n’est pas un jugement par défaut, qu’est ce que c’est ? Dans le cas où soit parce que l’appel est
ouvert soit parce que la citation a touché le défendeur en personne, le jugement sera réputé
contradictoire. Quelles sont les voies de recours pour la personne n’ayant pas comparu ? Si c’est
un jugement réputé contradictoire, il va pouvoir faire un appel. Si c’est un jugement par défaut
(jugement rendu en dernier ressors donc pas d’appel), ce sera la voie de recours de l’opposition qui
sera ouverte. L’opposition consiste a revenir devant le même juge. Si il existe un motif légitime qui
explique la non comparution du demandeur initial, celui-ci va pouvoir demander au tribunal de
revenir sur la caducité de la citation – l’instance redémarre (=rétractation du jugement de caducité).
Quel est le régime juridique qui s’applique au jugement réputé contradictoire ? Dans cet instance,
l’appel peut être ouvert. Si l’appel n’est pas ouvert c’est que la citation a touchée en personne le
défendeur et donc l’opposition est fermée – il ne reste que le pourvoi en cassation.
L’article 478 du CPC dispose que le jugement rendu par défaut ou le jugement réputé
contradictoire, au seul motif qu’il est susceptible d’appel, est réputé non avenu (=jamais existé) si il
n’a pas été notifié au non comparant dans les 6 mois de la date de jugement.

CHAPITRE III – ÉTUDE GÉNÉRALE DE L'INSTANCE


Section 1 – L'introduction de l'instance
§1 – Les Modes Alternatifs de Résolution des Conflits (MARC)
On veut trouver un moyen de résolution de conflits en dehors du tribunal. On a créé le livre 5 dans
le CPC « La résolution amiable des difficultés » après que la jurisprudence ait donné les premières
règles de médiation ou conciliation conventionnelles. Il est possible, par la convention des parties,
de mettre en place des modes de résolution d’un conflit qui pourrait survenir entre les
cocontractants et de prévoir dans un contrat que les parties s’obligent a recourir au service d’un
conciliateur ou d’un médiateur ou de conclure une convention participative. Le code réglemente ces
modes conventionnels de résolutions des conflits – articles 428 et s. du CPC.

A) Les règles de médiation et conciliation conventionnelles


Cela a été créé en 2003 à la suite d’un arrêt du 14 février 2003 où les parties avaient prévues qu’en
cas de litige elles devaient recourir au service d’un conciliateur. L’une des parties au lieu de passer
par la conciliation conventionnelle avait saisi directement le tribunal. L’autre partie a soulevé
l’irrecevabilité de l’action pour non respect de la clause de conciliation or rien n’était prévu dans les
textes. La Cour de cassation considère que le non respect d’une clause de conciliation ou de
médiation conventionnelle est constitutif d’une fin de non recevoir de l’action engagée directement
devant le tribunal – le jugement est débouté. L’article 126 du CPC prévoit que le juge ne peut pas
faire droit à une fin de non recevoir si celle-ci a été régularisé. La Cour de cassation a posé la règle
pour les clauses conventionnelles que la fin de non recevoir ne pouvait pas donner lieu à une
quelconque régularisation en cours d’instance – arrêt ch. Civ 16 novembre 2017 n°16-24242. Une
fois l’instance engagée ce n’est plus régularisable. La médiation (arrêt 8 avril 2009 n°08-10866) –
saisine directe du tribunal au lieu de passer par la médiation ce qui a mené à l’irrecevabilité de
l’action et cela n’est pas régularisable. Pour les médiations et conciliations conventionnelles, le rôle
du médiateur est plus large que celui du conciliateur. La Cour de cassation vient dire que pour
qu’une fin de non recevoir puisse être caractérisée en cas de saisine directe d’un tribunal alors que
dans le contrat il y a une clause de conciliation ou méditation encore faut-il qu’il est y ait dans la
clause des règles précises permettant le choix du conciliateur ou médiateur – arrêt ch. Com, 29
avril 2014 n°12-27004.
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

B) La convention de procédure participative


La convention participative est réglementée dans le code civil (article 2062 à 2068) et le CPC
(article 369, 1542 à 1559, 776 et 777). L’idée est que les parties décident de négocier un accord
entre elles pour mettre fin au litige en étant chacune assistée d’un avocat. La particularité de cette
procédure est qu’elle peut venir se greffer en cours d’instance. C’est un accord de volonté conclu
alors que l’instance est déjà engagée. Qu’il s’agisse d’une clause de conciliation ou de médiation
conventionnelle ou d’un accord prévu dans une procédure participative, se pose la question de
donner force exécutoire. Cette force exécutoire peut être donnée par une formation du tribunal ou
par le président du tribunal.

C) Les modes alternatifs imposés par le juge


Il existait depuis longtemps pour le tribunal, déjà saisi, la possibilité soit d’ordonner une
conciliation judiciaire soit de proposer une médiation aux parties (médiation judiciaire).
1. La conciliation judiciaire
L’article 127 du CPC dispose qu’il appartient à tout tribunal d’ordonner, s’il l’estime opportun, une
conciliation c’est-à-dire qu’il, va imposer aux parties à l’instance de tenter une conciliation – soit le
juge lui même est conciliateur soit il délègue cette conciliation à un professionnel qualifié choisi par
le juge. Si aucun accord ne peut être trouvé ni devant le juge ni devant le professionnel on
constatera l’échec de la conciliation – on reviendra devant l’instance.

2. La médiation judiciaire
La médiation judiciaire (article 131-1 et s. du CPC) ne peut pas être imposée par le tribunal, elle ne
peut être que proposée, c’est-à-dire que pour qu’elle puisse être ordonnée il faut que toutes les
parties à l’instance soit d’accord.
Dans les deux cas, si un accord est trouvé le juge pourra lui donner force exécutoire.

§2 – Les actes introductifs d'instance


A) La procédure contentieuse
Ce sont aux articles 53 à 59 du CPC. En matière contentieuse la demande initiale est formée soit par
assignation soit par requête remise au tribunal.
1. L’assignation
L’article 134 du CPC dispose que l’assignation est un acte établi par un commissaire de justice
devant être signifié par cet officier au(x) défendeur(s) originaire(s). Quand une instance est
introduite par assignation, il faut deux actes de procédure accomplis par le commissaire :
l’assignation mais aussi l’acte de signification de l’assignation (=acte de procédure par lequel le
commissaire de justice remet valablement l’assignation à son destinataire). Que doit contenir une
assignation ? Elle doit contenir les mentions obligatoires de toute demandes de procédure prévues à
l’article 54 du CPC. A peine de nullité de l’acte, l’assignation doit comporter : - l’indication de la
juridiction devant laquelle la demande est portée, - l’objet de la demande initiale (=prétention du
demandeur initial), - l’ensemble des moyens venant à l’appui des prétentions, - pour les personnes
physiques les noms, prénoms, profession, le domicile, la nationalité et la date/lieu de naissance de
chacun des demandeurs et idem pour le défendeur, - pour les personnes morales leur dénomination,
leur forme juridique, le siège social, l’organe qui représente la personne morale. Lorsqu’il s’agit de
l’exercice d’une action réelle immobilière, il faut que l’assignation contienne toute les mentions
permettant la publication de cette demande initiale aux hypothèques. Lorsqu’on est en présence
d’une juridiction devant laquelle le législateur impose une conciliation préalable à la saisine du
tribunal il faut que l’assignation décrive la tentative de conciliation judiciaire qui n’a pas aboutit.
L’assignation doit contenir d’autres mentions obligatoire prévues, à peine de nullité, à l’article 56
du CPC : jour et heure de l’audience à laquelle cette affaire viendra devant le tribunal, les moyens
de faits et de droit venant au soutien des prétentions, indications des pièces que le demandeur initial
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

versera pour prouver ses prétentions avec un bordereaux de communication de pièce dans l’ordre où
on les invoque.

2. Les requêtes
C’est l’article 57 du CPC. La requête peut selon les cas être conjointe c’est-à-dire que les parties,
pourtant en litige, sont capables de se réunir et rédiger ensemble une requête conjointe. Chaque
parties dans la requête expose ses prétentions, les moyens venant au soutien de ces prétentions, la
liste des pièces dans un bordereaux. Ce sont les parties qui ont mis en état le dossier d’être jugé. La
requête peut aussi être unilatérale car il y a certaines matières pour lesquelles le législateur a prévu
que le mode d’introduction d’instance est une requête unilatérale du demandeur initial. Le greffe en
enregistrant la requête du demandeur initial convoquera les parties.

B) La procédure gracieuse
En matière gracieuse la forme de saisine de la juridiction est une requête (article 60 du CPC). Cette
requête, selon les cas, est soit unilatérale soit conjointe. Par exemple, lorsqu’il y a des enfants
mineurs quand un ménage marié veut changer de statut patrimonial on impose le contrôle d’un
juge qui vérifie que ce changement de régime est conforme à l’intérêt de la famille. C’est une
requête conjointe.

C) Saisine de la juridiction
A quelle date par rapport à la signification ou au dépôt de l’acte introductif d’instance le tribunal
va se trouver saisi ? Quand l’acte introductif d’instance est une requête (unilatérale ou conjointe), la
date de saisine sera la date de dépôt de la requête au greffe de la juridiction. Un problème se pose
s’agissant de l’assignation étant un acte de procédure qu’un commissaire de justice va aller signifier
à son destinataire. Pour l’assignation il faut que l’enrôlement (=original de l’assignation) de
l’assignation soit amener au greffe. Que se passe t-il entre la date de signification de l’assignation
et la date de dépôt au greffe de l’enrôlement signifié la prescription a achevé son cours ? A quelle
date le tribunal se trouve saisi ? L’idée est que la date de saisine du tribunal est la date de
signification de l’assignation à son destinataire sous condition suspensive de l’enrôlement de
l’assignation dans les délais prévus par la loi – si l’assignation est enrôlée le tribunal sera censé
avoir été saisi à la date de signification de l’assignation. On fait rétroagir à la date de
signification de l’assignation. Si le délai de prescription entre la date de signification de
l’assignation et la date de dépôt au greffe de l’enrôlement est achevée l’action sera recevable car le
tribunal est réputé saisi à compter de la date de signification – arrêt Civ, 3, 15 mai 2002.

§3 – Le délai pour agir


A) La notion de délai pour agir
Quel est l’utilité d’un délai ? Soit le délai est un délai de protection de l’une des parties à l’instance
ou à la future instance – on parle de délai d’attente. Soit les délais sont des délais fait pour
accélérer le déroulement d’une procédure – ce sont des délais d’action contraignant le justiciable a
accomplir un acte de procédure (par exemple le délai d’appel).

B) Les règles relative au calcul pour agir


1. Les règles générales
Quel est le point de départ d’un délai de procédure ? L’article 640 du CPC dispose que lorsqu’un
acte ou une formalité doit être accompli avant l’expiration d’un délai celui-ci a pour point de départ
la date de l’acte ou la date de l’évènement ou la date de la décision ou encore la date de la
notification qui dans la loi est le point de départ du délai. Par exemple, le délai d’appel a pour point
de départ la date de notification du jugement de première instance (soit notification par le greffe soit
signification par le commissaire de justice). La règle joue pleinement pour les délais exprimés en
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années ou en mois. Néanmoins l’article 641 du CPC dispose que quand le délai est exprimé en jour
le point de départ du délai n’est pas la date de signification mais le lendemain à 00h. Quel est le
point d’arrivé du délai de procédure ? Quand le délai est exprimé en jour, le point d’arrivée du
délai va être déterminer en ajoutant à partir du point de départ le nombre de jour qui sont constitutif
du délai. Quand le délai est exprimé en mois ou année, le point d’arrivé du délai sera le dernier jour
du dernier mois ou de la dernière année portant le même quantième que le jour de l’acte, de
l’évènement qui fait courir le délai. S’agissant des mois on parle de quantième équivalent car les
mois n’ont pas nécessairement le même nombre de jour. Tout les délais finissent le dernier jour du
délai à minuit (article 642 du CPC). Il arrive que les délais se comptent en mois et en jour – il faut
commencer par décompter le mois puis seulement après les jours – article 641 al.3 du CPC.

2. L’incidence des samedi, dimanche, jour fériés ou chômés


Il est prévu à l’article 642 du CPC que lorsqu’un délai expire normalement un samedi, un dimanche,
un jour férié ou chômé le délai, par effet de la loi, est prorogé jusqu’au premier jour ouvrable
suivant (report du point de départ à 00h).

C) Les aménagements des délais pour agir


1. L’aménagement légal
D’après l’article 643 du CPC lorsqu’une demande est portée devant une juridiction ayant son siège
en France métropolitaine, les délais de comparution ou encadrant l’exercice d’une voie de recours
sont majorés d’un mois pour toute personne destinataire de l’acte résidant dans un département ou
territoire d’Outre-Mer. Dans le cas où le destinataire de l’acte réside à l’étranger, la majoration sera
de deux mois. A l’inverse l’article 644 du CPC dispose que lorsque la demande est portée devant
une juridiction ayant son siège dans un département ou territoire d’Outre-Mer les délais de
comparution ou encadrant l’exercice d’une voie de recours sont majorés d’un mois pour les
personnes ne demeurant pas dans ce territoire d’Outre-Mer ou de deux mois pour la personne
demeurant à l’étranger.

2. Les aménagements résultant d’un juge


Parfois il y a des situations contentieuses urgentes. L’article 485 du CPC prévoit la possibilité d’une
procédure en référé très urgente. Lorsque le demandeur peut démontrer au président de la
juridiction qu’il existe une situation urgente, il va pouvoir par voie de requête demander au
président de fixer l’affaire à une date et à une heure qu’il va déterminer (peut être un samedi, un
dimanche, un jour férié). Si l’urgence est là, le juge va rendre une ordonnance autorisant le
demandeur initial à faire signifier une assignation en référé (on parle de référé d’heure à heure).
Par exemple, devant le tribunal judiciaire et la Cour d’appel il existe des procédures d’urgence.
Pour le tribunal judiciaire l’article 840 du CPC dispose que, s’agissant d’un litige au fond en cas
d’urgence le président du tribunal peut autoriser le demandeur initial à assigner le défendeur à une
date, une heure et devant une chambre qu’il fixe dans l’ordonnance – on parle de procédure à jour
fixe. Pour la Cour d’appel l’article 917 du CPC il ne s’agit pas seulement d’une urgence, on parle
d’une mise en péril de l’intérêt de l’appelant et dans ce cas le président peut par voie d’ordonnance
autoriser a assigner à jour et heure fixe.

Section 2 – Règles gouvernant l'instance


§1 – Principes généraux applicables
A) Le principe du contradictoire
C’est la marque de la procédure contentieuse (n’existe pas en matière gracieuse). Le juge ne peut
pas fonder sa décision sur des faits qui n’ont pas été mis au débat par les parties à l’instance –
article 7 du CPC. L’article 14 du CPC dispose que nulle partie à une instance civile ne peut être
jugée par le tribunal sans avoir été entendu devant celui-ci ou appelée par celui-ci. Il faut que les
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

parties ait été mise en possibilité de s’exprimer oralement ou de manière écrite. Il y a des gens qui
ne comparaissent pas devant le juge et cela ne doit pas bloquer le processus judiciaire c’est
pourquoi on dit « être appelé » devant le juge. L’article 15 du CPC dispose que les parties doivent
se faire connaître mutuellement et en temps utile les moyens de fait et de droit sur lesquels elles
fondent leur prétentions ainsi que les preuves des faits ou actes qu’elles produisent – il faut que
chaque partie en temps utile est fait connaître à l’autre les prétentions qu’elle verse au débat.
L’article 16 du CPC prévoit que le juge doit, en toute circonstance, faire observer et observer lui
même le principe de la contradiction – le juge est le gardien du respect de la contradiction. Le juge
quand il prend une initiative d’ordre procédurale ou touchant le fond du droit, il doit en informer les
parties et leur donner le temps nécessaire pour qu’elles se positionnent.

1. L’application du contradictoire entre les parties


En procédure écrite les parties ne saisissent le tribunal que par des actes de procédures écrits ainsi à
l’audience une partie ne pourra pas saisir son juge d’une prétention qui n’est pas déjà mis par écrit
dans les conclusions de la partie. En procédure orale, le mode normal de saisi du tribunal s’agissant
de prétention, de moyen de fait ou de droit consiste à venir à une audience et exposer oralement au
juge ce qu’on a conçu comme prétention ou moyens. En procédure orale, avant de venir à
l’audience exposer ses prétentions pour saisir le tribunal, la contradiction suppose que ces
prétentions et moyens ait été communiqué à la partie adverse en temps utile. Le juge, veillant au
respect du contradictoire, doit alors vérifier au début de l’audience que les parties se sont
communiquer leurs pièces. Si ce n’est pas le cas le juge ne peut pas accepter d’évoquer le dossier –
il doit décider de renvoyer le dossier à une audience ultérieure – arrêt Civ, 2, 15 novembre 2012
n°11-25909. En procédure écrite, les actes de procédure sont écrits et l’organisation du
fonctionnement de la juridiction consiste a distinguer une phase de mise en état du dossier de la
phase de jugement. Le juge surveillant la mise en état du dossier va décider, avec l’accord des
parties, que le dossier est en état d’être jugé et va rendre une ordonnance de clôture de l’état – dès
ce moment là tout ajouts devient irrecevable. Il faut vérifier qu’il y a bien eu communication des
pièces en temps utile par rapport à la date d’ordonnance de clôture. La Cour de cassation dit que par
principe les pièces communiquées à la date de l’ordonnance de clôture sont réputées avoir été
communiqué avant les effets de l’ordonnance de clôture. Il appartient au tribunal de vérifier si les
pièces communiquées le jour de la clôture appellent de la part de la partie adverse une réponse. Si la
pièce appelle une réponse alors il y a violation de l’article 15 du CPC et la pièce est irrecevable. Si
la pièce nécessite aucune réponse, les pièces sont recevables.
Le ministère public parfois a qualité pour saisir une juridiction civile. Il sera alors partie à
l’instance et devra respecter le contradictoire. Il peut aussi être un intervenant volontaire à la
procédure – on parle du ministère public partie jointe. Il devra communiquer ses pièces aux parties
et inversement – arrêt ch. Com 17 novembre 2015 n°14-17.207 et n°14-22.222.

2. L’application du contradictoire sur la tête du juge


Le juge doit lui même, dans les initiatives qu’il peut prendre, respecter le contradictoire. Par
exemple, s’agissant des exception des procédures, il arrive que les parties ne concluent ou
n’échangent leur prétention et pièce que sur l’exception de procédure (n’abordent pas le fond du
litige). Le tribunal va statuer sur l’exception de procédure dont il est saisi mais si les parties n’ont
pas échangé sur le fond du litige, le tribunal ne pourra jamais statuer sur l’exception de procédure
pour la rejeter et dans la foulée trancher le fond du litige. Si il veut trancher le fond du litige en
même temps que l’exception de procédure il faut respecter le contradictoire et doit alors informer
les parties de ce qu’il veut dans son jugement – il doit dire au partie qu’il veut statuer sur le fond –
arrêt Civ, 2, 4 septembre 2014, n°288. Dans la procédure ordinaire devant la Cour depuis 2017 la
loi a prévu à la charge de chaque parties des délais pour accomplir certains actes de procédure. Par
exemple l’appelant a un délai de trois mois pour présenter ses conclusions sinon son appel est
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caduque. L’intimité a un délai pour présenter ses conclusions. Le conseiller de mise en état doit
soulever d’office la caducité d’appel et l’irrecevabilité des conclusions de l’intimé. Le conseiller
doit informer les parties de ce qu’il envisage de déclarer caduque l’appel sinon il ne pourra pas
déclarer caduque. L’article 12 du CPC prévoit que quand un tribunal s’aperçoit que les
qualifications données par une partie sont inexactes il doit restituer aux faits leur exact qualification
et parfois cela amène a faire droit à la prétention du demandeur initial – le juge peut le faire mais
devra en informer les parties et recueillir leur observation. Le juge sur le fond du litige peut
s’apercevoir que les pièces sur lesquelles le demandeur se fonde ne sont pas probantes et peut
découvrir d’autres pièces dont les parties n’ont pas discuté mais qui pour lui sont utiles – s’il veut se
fonder sur ce genre de pièce il doit le signaler aux parties.

B) Le principe d’une obligation de réserve


L’article 24 du CPC dispose que les parties à une instance sont tenues de garder en tout état de
cause le respect dû à l’institution judiciaire – obligation de réserve du justiciable envers le tribunal.
Le texte vise a donné le pouvoir au juge lorsqu’une des parties manque de respect soit par son
comportement ou par ses écrits au tribunal. L’article 24 al.2 du CPC explique que le juge peut,
suivant la gravité des manquements, prononcer, même d'office, des injonctions, supprimer les écrits,
les déclarer calomnieux, ordonner l'impression et l'affichage de ses jugements. Il existe une autre
manière pour un tribunal de faire en sorte que le respect dû à l’institution judiciaire soit mis en
œuvre : il peut ordonner de suspendre l’audience et décider qu’elle se déroulera en chambre de
conseil à huit clos – hors la présence de tout public ayant causé des agitation.

§2 – Le formalisme de l'instance
A) L’établissement des actes de procédure
1. L’établissement des actes de procédures en première instance
L’article 54 du CPC dispose que la demande initiale doit, à peine de nullité, comporter les
mentions suivantes : indication de la juridiction, objet de la demande, identifier les personnes
physiques (nom, prénom, date et lieu de naissance, nationalité, profession), dénomination, forme
juridique, siège social des personnes morales ainsi que leur représentant légal. Lorsque la demande
initiale concerne l’exercice du droit réel immobilier il faut indiquer dans la demande initiale les
références nécessaires à la publication de l’assignation à la conservation des hypothèques. Dans les
cas où la loi prévoit que l’instance doit être précédée d’une tentative de conciliation, de médiation
ou d’une convention participative il faut dans la demande initiale les diligences entreprises en vue
d'une résolution amiable du litige ou la justification de la dispense d'une telle tentative. Se rajoute
des mentions complémentaires énoncées à l’article 56 du CPC qui prévoit qu’à peine de nullité il
faut que la demande contienne les mentions suivantes : lieu, jour et heure de l’audience à laquelle le
demandeur originaire est cité à comparaître, un exposé des moyens de faits ou de droit venant au
soutien des prétentions du demandeur, le bordereaux de communication de pièces, les modalités et
délais de comparution pour le défendeur originaire devant la juridiction. S’agissant du défendeur
originaire, il y a aussi des mentions obligatoires a avoir dans son acte de procédure mais ici la
sanction sera l’irrecevabilité des défenses : ce sera l’identification précise de la personne pour une
personne physique ou pour les personnes morales le siège, la dénomination, la forme juridique, le
représentant légal.

2. L’établissement des actes de procédures devant la Cour d’appel


Devant la Cour d’appel, il y a une procédure écrite où la représentation d’avocat est obligatoire – il
faudra dans les actes de procédure, à peine de nullité, que figure la constitution d’avocat. L’article
961 du CPC prévoit que les conclusions prises par l’appelant ou par l’intimé sont irrecevables tant
que ne figurent pas dans ses conclusions les mentions de l’al.2 de l’article 960 du CPC : pour les
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

personnes physiques il faut nom, prénom, lieu de naissance, etc et pour les personnes morales il faut
mentionné le siège, la dénomination, la forme juridique, le représentant légal.

B) La notification des actes de procédure


C’est le moyen technique par lequel une partie à l’instance va officiellement portée à la
connaissance d’une partie adverse l’acte de procédure ayant été établi. Cela consiste soit en une
notification en la forme ordinaire soit en une signification (intervention du commissaire de justice).
1. Les significations
Les significations sont des actes d’huissier qui doivent contenir les mentions obligatoires imposées
à peine de nullité par l’article 648 du CPC : date de l’acte, si personne physique il faut que
l’huissier identifie la personne (nom, prénom, date et lieu de naissance, nationalité, profession), si
personne morale il faut mentionner le siège, la dénomination, la forme juridique, le représentant
légal. Lorsque ces mentions figurent dans l’acte de signification, l’article 653 du CPC nous dit
qu’une signification peut être faite par un commissaire de justice soit sur support papier soit par
voie électronique.
S’agissant des significations sur un support papier, le texte privilégie ce support mais il arrive
que cette modalité ne puisse pas être retenue ainsi l’article 654 du CPC prévoit des modalités de
signification subsidiaires – le commissaire doit expliquer en quoi il n’a pas pu utilisé la modalité de
principe. Les significations sur support papier doivent être faites à personne – signification à
personne. En pratique il arrive que le commissaire de justice ne parvienne pas à être en contact
avec la personne destinataire. On passera alors aux modes subsidiaires prévus à l’article 655 du
CPC qui prévoit que si la signification à personne s'avère impossible, l'acte peut être délivré soit à
domicile (ou siège social pour personne morale), soit, à défaut de domicile connu, à résidence.
L’huissier de justice doit relater dans l'acte les diligences qu'il a accompli pour effectuer la
signification à la personne de son destinataire et les circonstances caractérisant l'impossibilité d'une
telle signification. Il doit ensuite expliquer les vérifications qu’il a faite pour s’assurer que là où il
est il s’agit bien du domicile ou la résidence de la personne physique ou le siège social de la
personne morale. L’huissier de justice une fois qu’il a fait cette vérification, il est certain d’être au
domicile du destinataire – il essaye de trouver quelqu’un sur place. L’acte peut être remis à toute
personne présente au domicile ou à la résidence du destinataire (compagne, concierge, etc) car
celui-ci n’est pas là car sinon on serait en présence d’une signification à personne. Le commissaire
doit demander à la personne si elle a qualité pour recevoir l’acte pour le compte du destinataire et si
elle accepte de le faire. L’acte ne peut être laissé qu'à condition que la personne présente l'accepte et
déclare ses nom, prénoms et qualité. Néanmoins l’huissier peut se retrouver devant le domicile sans
personne ou en contact d’une personne qui refuse de recevoir l’acte – l’huissier ne va pas lui laisser
l’acte. L'huissier doit laisser au domicile ou à la résidence du destinataire, un avis de passage daté
l'avertissant de la remise de la copie (si remis à quelqu’un) et mentionnant la nature de l'acte, le nom
du requérant ainsi que les indications relatives à la personne à laquelle la copie a été remise. En
revanche si il n’a trouvé personne il laisse un avis de passage précisant la nature de l’acte qu’il
voulait signifier ainsi que le nom du requérant. L’huissier doit envoyer par courrier simple au
destinataire de l’acte une copie de l’acte de signification en avertissant le destinataire de ce qu’il
dispose d’un délai de trois mois pour venir rechercher l’acte à l’étude du commissaire de justice.
Il existe une dernière possibilité visant l’hypothèse où le commissaire de justice se rend à l’adresse
connue du destinataire et découvre que celui-ci n’y est plus localisé juridiquement. Que dois alors
faire l’huissier ? Il doit effectuer des recherches comme se renseigner auprès de la mairie (ou
service sociaux ou la Poste si personne physique). Si on lui indique le nouveau siège de la personne
morale ou le nouveau domicile de la personne physique il doit tout reprendre à 0 pour tenter une
nouvelle signification à personne au bon domicile. Si il ne trouve aucune information il va réaliser
la signification en dressant un PV de recherches infructueuses – article 659 du CPC. Une fois le PV
établit, le même jour ou au plus tard le premier jour ouvrable suivant, l’huissier doit, à peine de
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nullité, adresser une lettre recommandée avec AR au destinataire de l’acte à la dernière adresse ou
siège qu’on lui connaissait contenant une copie du PV. La copie de l’acte de signification est
accompagnée de l’acte devant être signifié. Tout cela vaut signification. Lorsqu’une assignation est
signifiée selon les modalités de l’article 659 du CPC il est fort possible qu’on est un défendeur non
comparant puisqu’il n’a jamais eu connaissance de l’acte.
S’agissant des significations par voie électronique, l’idée était de créer un serveur à l’échelle
nationale sur lequel toute personne (physique ou morale) peut se faire enregistrer en donnant une
adresse électronique personnelle et stable. Dès lors qu’une personne est enregistrée, tout
commissaire de justice peut faire le choix d’envoyer à celle-ci par courriel un acte de signification
accompagné en pièce jointe de l’acte qui doit nous être signifié. L’article 662-1 du CPC prévoit que
si le destinataire de l’acte a pris connaissance de ce dernier le jour même de l’envoi du courriel par
le commissaire il s’agit alors d’une signification par voie électronique réputée faite à personne. En
revanche si la personne n’ouvre pas le courriel dans la journée ou jamais, ce sera une signification
réputée faite à domicile. Si le mail n’a pas été ouvert le jour de l’envoi, l’huissier doit avisé le
destinataire de l’envoi de ce courriel par une lettre simple donnant l’indication au destinataire qu’à
telle heure tel jour il reçu par mail l’acte signifié.

2. Les notifications en la forme ordinaire


Les notifications en la forme ordinaire sont effectuées soit par les greffiers de certaines juridictions
soit par des justiciables ou leur avocat.
a. Les notifications faites par support papier
On trouve ces notifications mises en œuvre par les greffiers des juridictions. Quand est rendu un
jugement ne statuant que sur la compétence du tribunal, c’est le greffe du tribunal en question qui
va notifier aux parties la décision sur la compétence. L’auteur de la notification est le greffe et cette
notification est le point de départ du délai d’appel particulier. On a des juridictions pour lesquelles
la notification est faite par le greffe la plupart du temps (par exemple Conseil de Prud’hommes).
Selon quelles modalités s’effectuent ses notifications à l’initiative d’un greffe ? C’est la lettre
recommandé avec AR car lorsqu’on notifie un jugement l’un des buts est de rendre exécutoire le
jugement mais aussi de faire courir le délai de voie de recours. Pour l’article 669 du CPC la date de
la notification est celle de l’émargement du destinataire de la lettre. On a aussi des notifications
pouvant intervenir entre les parties à l’instance ou entre les mandataires des parties qui se font là
aussi par lettre recommandée avec AR. Cela permet de vérifier le contradictoire car permet de
vérifier si les conclusions ou pièces de l’une des parties ont bien été transmis à la partie adverse.

b. Les notifications faites par voie électroniques


Il y a aussi les notifications entre avocats – il s’agit d’instance civile dans lesquelles des avocats
sont constitués, on aura des échanges entre eux. Si en vertu de l’article 671 du CPC ces
notifications peuvent encore être faites sur support papier, en réalité la plupart des notifications
entre avocats sont faites sous forme dématérialisées – cas où cela est même obligatoire. Ces
notifications entre avocats se déroulent sur une plateforme sécurisé (le RPVA). Quand un avocat est
obligatoire (procédure écrite), l’article 748-7 du CPC impose par exemple, pour le tribunal
judiciaire, la communication par cette plateforme numérique sécurisée des pièces et conclusions à
l’avocat adverse. La plateforme horodate l’envoi et génère un accusé de réception par le
destinataire. Dans le même temps où l’avocat du demandeur envoi des conclusions et pièces à son
confrère, le même envoi part au greffe de la juridiction – ainsi le greffe reçoit les conclusions. On a
la même chose pour la Cour d’appel en procédure écrite, l’article 930-12 du CPC dit que les actes
de procédure et la communication des pièces doivent être fait sous forme dématérialisé via le RPVA
– à défaut la sanction sera que les communications sont irrecevables. On a envisagé la panne de la
plateforme – à ce moment là, l’avocat devra recourir à une notification sur support papier qui devra
être faite le premier ouvrable suivant la date limite où il n’a pas pu faire la transmission sur le
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RPVA. L’avocat n’ayant pas pu utiliser la voie numérique doit apporter la preuve d’une cause
étrangère à son impossibilité d’user de la voie numérique (faire un constat par un huissier).

C) Les règles sanctionnant le non respect du formalisme de l’instance


Il existe plusieurs sanctions notamment l’irrecevabilité de l’acte. Lorsqu’un acte a été
irrégulièrement établi ou notifié par un auxiliaire de justice et qu’il en résulte un préjudice pour le
justiciable, on peut engagé sa responsabilité civile professionnelle. On a aussi l’annulation de l’acte.

1. Les différents cas de nullité de procédure


a. Les nullités pour vices de forme
Les nullités pour vices de forme sont réglementées aux articles 112 et s. du CPC. Il s’agit de la
nullité encoure pour un acte de procédure lorsqu’une des mentions obligatoires font défaut. Il y a
deux conditions pour que cette absence de la mention puisse être une cause de nullité pour vice de
forme. L’article 114 du CPC prévoit qu’il faut d’abord qu’il existe un texte qui prévoit que la forme
qui fait défaut soit requise à peine de nullité de l’acte. La jurisprudence est venu préciser que
lorsqu’un texte est mal rédigé mais que la mention qu’impose ce texte est une mention substantielle
(qui participe à la substance même de l’acte), l’absence de cette mention sera cause de nullité de
l’acte pour vice de forme. Par exemple, la signification d’un jugement qui ait faite alors qu’est
jointe à l’acte de signification une copie du jugement qui n’est pas certifiée conforme à l’originale
du jugement est une mention substantielle. La deuxième condition prévue à l’article 114 du CPC est
que le non respect du formalisme (de la mention requise) doit occasionné un préjudice au
destinataire de l’acte – si le non respect de la forme ne cause aucun préjudice il n’y a aucune raison
d’annuler l’acte. « Pas de nullité, sans texte » et « Pas de nullité, sans grief ». Quel est le régime
juridique applicable à ces nullités ? L’article 112 du CPC prévoit que les exceptions de nullité pour
vice de forme doivent être invoquées au fur et à mesure de l’accomplissement des actes de
procédure et en tout état de cause avant toute défense au fond ou toute fin de non recevoir. On
retrouve la règle de l’article 74 du CPC. L’idée est que si un acte de procédure est irrégulier parce
qu’il est affecté d’un vice de forme réunissant les deux conditions, la première chose que doit faire
le destinataire de l’acte est de demander au juge d’annuler cet acte. Si il ne le fait pas
immédiatement et qu’il continu de prendre des actes cela rendra irrecevable son exception de nullité
pour vice de forme. Si la cause de nullité pour vice de forme se situe sur l’acte introductif
d’instance cet article dans sa rédaction est un peu inutile. Mais quand l’acte concerné par le vice est
un acte pris au cours de l’instance la rédaction de l’article 112 du CPC convient.

b. Les nullités pour vices de fond


L’article 118 du CPC dit qu’on parle de nullité pour vices de fond car d’abord il y a une mention
obligatoire qui ne va pas (absente ou inexacte) – cela touche toujours à la forme. Cette forme
contamine les règles de fond relative à l’instance. Derrière une mention obligatoire on peut toucher
le fond de l’acte de procédure. Quels sont les cas ? Ils sont définis à l’article 117 du CPC –
constitue une irrégularité de fond affectant un acte de procédure le défaut de capacité d’ester en
justice du justiciable auteur de l’acte, le défaut de pouvoir d’une partie à l’instance ou d’une
personne agissant en qualité de représentant d’une personne morale ou d’un incapable d’exercice, le
défaut de capacité ou de pouvoir d’une personne assurant la représentation en justice d’un
justiciable partie à l’instance. Par exemple, un avocat venant d’être placé sous tutelle a été radié.
L’avocat continue de venir au palais et prétend défendre un justiciable – les actes accomplis par
celui-ci sont affecté d’une cause de nullité pour vice de fond. La Cour de cassation a eu l’occasion
de jugé dans un arrêt du 2 octobre 2005 que la liste de l’article 117 du CPC était limitative – pas
d’autres cas de nullité pour vice de fond. Quelles sont les conditions pour pouvoir se prévaloir
d’une nullité pour vice de fond ? Ici il n’y a pas besoin de démontrer que le non respect de la forme
(mention inexacte) a causé un préjudice. Quel est le régime applicable à la mise en œuvre de ces
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

nullités pour vice de fond ? L’article 118 et 120 du CPC viennent donner des règles différentes de
celle pour les nullités de vice de forme. Les nullités pour vices de fond peuvent être invoquées en
tout état de cause comme les défenses au fond – il n’y a pas l’exigence de présenter l’exception de
nullité pour vice de fond d’un acte dès que celui-ci a été accompli à peine d’irrecevabilité si on
saisissait le tribunal avant de soulever la nullité pour vice de fond. Ici on peut soulever une
exception après avoir conclu sur des défenses au fond. Le texte contient un correctif : si c’est de
manière dilatoire, intentionnelle que le demandeur à la nullité pour vice de fond d’un acte de
procédure soulève au dernier moment l’exception de nullité, le tribunal, tout en jugeant comme
bien fondé l’exception, peut néanmoins considérer que le justiciable a commis une faute (un
manque de loyauté dans la procédure) et ainsi le condamner au paiement de dommage-intérêt.
L’article 120 du CPC permet au juge de soulever d’office la nullité pour vice de fond d’un acte de
procédure alors même que le destinataire de l’acte ne penserai pas à soulever cette exception de
nullité – il faut que le cas de nullité pour vice de fond relève d’une règle impérative.

2. Les effets de l’annulation d’un acte de procédure irrégulier


L’annulation d’un acte a pour effet de faire disparaître rétroactivement de la vie juridique l’acte qui
est annulé. L’annulation de l’acte va entraîner l’anéantissement rétroactif de tout les autres actes de
procédures dont l’acte annulé est le support nécessaire.

3. La possibilité de régularisation
Le code admet que les causes de nullité qui existe puissent faire l’objet d’une régularisation lorsque
cette régularisation est juridiquement possible. Par exemple, on a une assignation devant le
tribunal judiciaire et en établissant l’acte l’huissier a omis de mentionner qu’un avocat se constitue
sur l’assignation pour le compte du demandeur initial. Cette mention de constitution d’avocat est
obligatoire. Lorsqu’une assignation est signifiée sans cette mention il y a une cause de nullité pour
vice de fond. Le défendeur va alors saisir le juge pour annuler l’assignation. Or cela est très facile
a régulariser. Il suffit à l’avocat du demandeur de se constituer dans l’instance et il aura régularisé
la cause de nullité. La possibilité de régulariser est prévue à l’article 121 du CPC (vice de fond) et à
l’article 115 du CPC (vice de forme). Par exemple, on assigne une société avec un artisan
commerçant qui est notre cocontractant mais en fait il s’agit d’un travailleur indépendant – le
défaut de capacité du défendeur originaire ne peut pas être régularisé. Le juge va alors faire droit à
l’exception de nullité pour vice de fond. Si au jour où le juge va pour statuer sur l’exception de
nullité la situation qui faisait apparaître la cause de nullité a pu donner lieu à une régularisation, le
juge ne peut plus prononcer la nullité. L’article 2241 du code civil dit que la demande en justice
quand elle saisie le juge provoque un effet interruptif de la prescription. Lorsque le demandeur
initial commet une erreur dans le choix de la juridiction qu’il saisi, ce tribunal incompétent laisse
subsister par son jugement l’effet interruptif de la demande. Lorsque le tribunal annule l’acte
introductif d’instance en raison d’un vice de procédure, ce qui fait alors disparaître rétroactivement
le lien d’instance, l’effet interruptif de la demande annulée par le tribunal perdure. L’article parle
d’annulation de l’acte introductif d’instance pour vice de fond mais la Cour de cassation considère
que l’article concerne aussi les vices de forme – arrêt Civ, 2, 11 mars 2015 n°14-15.198.

Section 3 – L'administration judiciaire des preuves


§1 – Le rôle des parties dans l’administration judiciaire des preuves
L’article 6 du CPC dispose qu’il appartient à chaque partie d’alléguer des faits propres à établir ses
prétentions. L’article 9 du CPC dispose qu’il incombe à chaque partie de prouver conformément à la
loi les faits nécessaires au succès de sa prétention. L’article 132 du CPC dispose que quand une
partie à l’instance fait état à l’égard de l’autre partie d’une pièce, elle a l’obligation de
communiquer dans le respect du contradictoire cette pièce à la partie adverse. Cette communication
de la pièce par la partie doit être spontanée – pas à la partie adverse de demander la pièce. Le juge a
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un pouvoir pour tenter d’influencer sur l’administration judiciaire des preuves par les parties –
l’article 8 du CPC dispose que le juge peut inviter les parties a fournir les explications de fait qu’il
estime nécessaire à la solution du litige. Dès lors que les parties allèguent des faits et s’expliquent
on rebascule sur le principe du contradictoire et il faut donc communiquer contradictoirement les
preuves de ce qu’on allègue et cela de manière spontanée.

§2 – Le pouvoir d’injonction du juge de communication de pièce


A) Le pouvoir d’injonction du juge à l’égard des parties
Ce sont les articles 133 à 137 du CPC. L’article 133 du CPC dispose que si la communication des
pièces n’est pas faite par l’une ou l’autre des parties dans le respect de l’article 9 et 132 du CPC, il
peut être demandé au juge d’enjoindre à la partie détenant les preuves mais ne voulant pas les verser
au débat de communiquer la pièce. L’article 134 du CPC rajoute que le juge peut décider d’assortir
son injonction d’une astreinte comminatoire. L’astreinte comminatoire est le fait pour un juge,
lorsqu’il prend une décision qui ordonne à quelqu’un de faire quelque chose, de faire exercer une
pression financière sur celui à l’encontre de qui il existe une injonction de faire par rapport au jour
de retard. Les textes suivants ont pour objet de définir certaines modalités de communication car il
arrive que certaines pièces puissent être difficilement versées au débat – par exemple l’exemplaire
d’un document très ancien, le juge peut prévoir que le document sera communiqué non pas en
original mais en copie certifiée conforme par une autorité.

B) Le pouvoir d’injonction du juge à l’égard des tiers


Les articles 138 à 141 du CPC prévoient qu’une partie ne détenant pas la preuve nécessaire au
succès de ses prétentions car cette preuve est détenue par un tiers peut demander au juge d’ordonner
à ce tiers de communiquer la pièce. Le juge détermine les modalités de la communication. Le juge
peut assortir son injonction de faire destinée au tiers d’une astreinte comminatoire. Le tiers peut se
refuser de déférer à l’injonction si il justifie d’un motif légitime. L’article 141 du CPC prévoit que
le juge doit examiner le motif légitime invoquer par le tiers et ainsi modifier sa décision voir la
rétracter. Dans quel cas a-t-on motif légitime ? Cela va être à chaque fois que le tiers est tenu du
secret professionnel – par exemple un médecin est légitime a refuser de communiquer des pièces
médical notamment dans un arrêt Civ, 1, 7 décembre 2004.

§3 – L’examen des mesures d’instruction


On va retrouver les mesures d’instruction à propos du mécanisme de l’article 145 du CPC. A côté de
cela, le code prévoit, alors que le procès au fond est en cours, la possibilité pour le juge du fond
d’ordonner une mesure d’instruction légalement admissible.
A) Le cadre légal au pouvoir du juge du fond d’ordonner une mesure d’instruction
L’article 143 du CPC dispose qu’une mesure d’instruction peut être ordonnée sur les faits
permettant de trancher le litige soit sur demande des parties soit d’office à l’initiative du juge. Il y a
des conditions posées pour que cette mesure d’instruction soit ordonnée par un juge du fond aux
articles 144 et 146 du CPC. L’article 146 al.1 du CPC dispose que le tribunal peut ordonner une
mesure d’instruction dans la situation où une partie rencontre une difficulté technique dans
l’administration de la preuve. L’article 146 al.2 du CPC vient limiter les pouvoirs du juge
d’ordonner une mesure d’instruction en disposant qu’en aucun cas, sous prétexte d’aider une partie,
un tribunal ne peut ordonner une mesure d’instruction en cas de carence dans l’administration de la
preuve d’une partie – quand on saisi le tribunal au fond il faut avoir des preuves dans notre dossier.
L’article 147 du CPC dispose que parmi toutes les mesures d’instruction le juge doit choisir la plus
simple et la moins coûteuse mais qui est suffisante pour résoudre la difficulté probatoire que
rencontre une partie. Le juge qui ordonne une mesure d’instruction doit assurer le suivi du
déroulement de la mesure d’instruction – article 155 du CPC. Toutefois le texte prévoit que certains
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

tribunaux décident de spécialiser plusieurs membres du tribunal dans le suivi des mesures
d’instruction ordonnées par toutes les formations du tribunal.

B) Les mesures d’instruction légalement admissibles


1. La comparution personnelle des parties
C’est aux articles 184 à 188 du CPC et articles 338-9 à 338-12 du CPC (pour le mineur). Il s’agit
pour le tribunal, lorsqu’une partie rencontre une difficulté probatoire, de vouloir entendre devant lui
les parties à l’instance afin de leur poser des questions et de prendre note de leur réponse ou de leur
refus de répondre. Cela a un intérêt dans les procédures où la présence d’un avocat est obligatoire.
Lors d’une comparution personnelle des parties les avocats sont présents mais se taisent – le juge
pose des questions aux parties seulement. A l’issu un PV d’audition sur comparution personnelle
des parties est fait et constituera une pièce du dossier.

2. La vérification personnelle des faits par le juge


Ce sont les articles 179 à 183 du CPC. Il s’agit de permettre à un membre du tribunal d’aller lui
même sur les lieux où se cristallise l’objet du litige afin d’en prendre une connaissance personnelle
et mieux établir la réalité des faits. Le code prévoit que le juge peut se faire assister d’un sapiteur
(=technicien qui va traduire en terme technique la réalité des faits).

3. Les mesures d’instruction reposant sur un technicien


Compte tenu de la difficulté probatoire rencontrée par une partie dans le dossier, le tribunal
comprend que seule une personne avec une formation particulière va pouvoir établir la réalité des
faits. Il existe plusieurs mesures reposant sur un technicien aux articles 232 à 284 du CPC :
➢ La constatation des faits par un technicien (articles 249 à 255 CPC) consiste pour le
tribunal de demander à un technicien compétent d’aller sur place faire des constats.
➢ La consultation rendue par un technicien – consiste à faire des constats en terme
technique. Le technicien va répondre à des questions simples posées par le tribunal.
➢ L’expertise judiciaire réalisée par un technicien – il y a aussi des constats à faire mais il
faut aussi pour le technicien répondre à des questions complexes. Dans une expertise faite par un
technicien celui-ci doit travailler dans le contradictoire – il doit convoquer les parties et aller avec
elles au contact des objets à expertiser. Il doit communiquer ses pré-conclusions aux parties et
celles-ci ont le droit de critiquer les réponses du technicien (=dires des parties). Le technicien doit
ensuite répondre à ces critiques. Si le technicien ne respecte pas le contradictoire le rapport peut être
annulé par le juge – article 175 du CPC. Lorsque le juge ordonne une mesures reposant sur un
technicien, le technicien nommé doit au début de la mission qu’il va remplir donner un budget. Le
tribunal met alors à la charge de l’une ou des parties de faire une avance sur la rémunération du
technicien (=consignation déposée à la caisse des dépôts). Une fois la mission finie le juge va fixer
la rémunération du technicien – les fonds consignés sont alors versés au technicien. Il arrive en
cours d’instance qu’une partie aille demander un technicien qu’elle a choisi et avec laquelle elle
convient des missions et de sa rémunération – c’est non contradictoire, on parle d’expertise amiable
ou privée à ne pas confondre avec les expertises ordonnée par le juge. Ces preuves faites par un
technicien choisi de manière privé/amiable n’offrent pas les mêmes garanties que celles d’une
expertise judiciaire. S’est posée en jurisprudence la question de la portée probatoire de ces constats,
consultations ou expertises amiables. Une chambre mixte du 28 septembre 2012 est venu unifier la
jurisprudence – une expertise, constat ou consultation amiable sont des pièces recevables mais à la
condition que le contradictoire ait été respecté (article 15 du CPC). La chambre rajoute que cette
pièce n’est pas suffisante pour que le tribunal puisse fondée sa décision uniquement sur elle – il faut
que cette pièce soit corroborée par d’autre élément de preuve allant dans le même sens.

4. Les attestations
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

Ce sont les articles 199 à 202 du CPC. En matière de procédure civile il y a une alternative à la
comparution de témoin qui seraient entendu par le tribunal. Il existe la possibilité pour une partie à
l’instance qui aurait un témoin de lui faire rédiger une attestation écrite répondant au cahier des
charges de l’article 202 du CPC. L’attestation doit être rédigée de manière manuscrite. La personne
doit déclinée son identité complète en justifiant avec une copie de sa pièce d’identité et doit dire ses
liens avec la partie à qui il procure l’attestation. Si la personne procède à une fausse attestation elle
s’expose à une sanction pénale. Cette attestation peut avoir pour le tribunal la même valeur qu’un
témoignage à la barre du tribunal.

5. L’enquête civile
Ce sont les articles 221 à 231 du CPC. C’est la mesure qui permet au tribunal d’entendre des
témoins que les parties souhaitent faire entendre au tribunal. Ce sont les parties qui demandent une
enquête civile pour faire venir les témoins à la barre. A l’issu le greffe va rédiger un PV relatant les
paroles du témoin qui sera alors une pièce du dossier.

Section 4 – Les incidents affectant l'instance


§1 – Les jonctions ou disjonctions d’instance
Ce sont les articles 367 et 368 du CPC. Le tribunal peut à la demande d’une ou des parties ou
d’office ordonner la jonction d’instances qui sont pendantes devant le même tribunal si il existe
entre les différents objets de litiges un lien tel et qu’il est d’une bonne justice que ces deux objets de
litiges soit jugés dans un même jugement. Après avoir joint deux instances, le juge peut décider de
les disjoindre c’est-à-dire de redonner à chacun d’elle son autonomie. Ces décisions sont des
décisions d’administration judiciaire – il n’y a aucune voie de recours possible contre celles-ci.

§2 – Les incidents entraînant l’interruption d’instance


L’article 369 du CPC prévoit les évènements interruptifs d’instance opérant de plein droit :
➢ La majorité d’une partie qui jusque là était mineur non émancipé interrompt l’instance car
dès lors le mineur a le pouvoir d’agir lui même.
➢ La cessation des fonctions de l’avocat représentant l’une des parties à l’instance quand
cette représentation par le ministère de l’avocat est obligatoire.
➢ L’hypothèse où une entreprise fait l’objet de l’ouverture d’une procédure collective de
sauvegarde, de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire.
➢ Lorsqu’il y a conclusion d’une procédure participative au cours de l’instance aux fins de
mise en état du dossier.
L’article 370 du CPC prévoit d’autre cas d’interruption d’instance mais qui n’opèrent pas
automatiquement – il faudra que la survenance de l’évènement en question donne lieu à une
notification par l’une des parties à l’autre (article 371 du CPC) :
➢ le décès d’une partie personne physique dans le cas où l’action est transmissible (car si
pas transmissible =extinction de l’instance).
➢ la cessation des fonctions du représentant légal d’un mineur d’exercice ou d’une
personne chargée de la protection d’un incapable majeur.
➢ L’hypothèse où une personne étant capable d’exercice perd sa capacité et est passé sous
un régime de protection. L’instance est interrompue au moment de la notification de la
décision judiciaire plaçant la personne sous protection.
L’instance une fois interrompue a vocation a reprendre – il va falloir que l’une des parties
accomplisse un acte de procédure permettant la reprise de l’instance. L’article 376 du CPC prévoit
que le juge lorsque l’instance est interrompue n’est pas pour autant dé-saisi. Le juge dispose de
moyens pour faire reprendre l’instance en invitant une partie à l’instance d’accomplir l’acte de
procédure permettant la reprise d’instance. Le juge peut aussi demander au ministère public de
fournir les renseignements nécessaires à la reprise d’instance.
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

§3 – Les incidents entraînant la suspension d’instance


A) Le sursis à statuer
Le juge peut ordonner un sursis à statuer soit d’office soit à la demande des parties soit quand c’est
obligatoire (article 378 du CPC). Lorsque le juge ordonne ce sursis à statuer il décide de suspendre
l’instance jusqu’à la survenance d’un évènement déterminé ou jusqu’à l’écoulement d’un délai.
Quand l’évènement visé survient ou que le délai est écoulé, l’instance reprend automatiquement.

B) La radiation du rôle de l’affaire


L’article 381 du CPC est une sanction offerte au tribunal lorsque les parties à l’instance
n’accomplissent pas les actes de procédure dont elles ont la charge. En sanction le juge peut
prononcer la radiation du rôle de l’affaire – le dossier va sortir de l’agenda de la juridiction, le juge
n’a plus a traiter le dossier ce qui entraîne suspension de l’instance et non l’extinction. La radiation
du rôle va durer jusqu’à que l’une ou les deux des parties accomplissent les actes qui vont
permettent la réinscription au rôle du dossier.

C) Le retrait du rôle de l’affaire


L’article 382 du CPC vise le cas où se sont les parties à l’instance qui d’un commun accord et de
manière écrite et motivée demandent à la juridiction de retirer du rôle le dossier. Le juge n’a pas de
pouvoir d’appréciation, il a l’obligation de retirer le rôle de l’affaire ce qui entraîne la suspension de
l’instance.

§4 – Les incidents mettant fin à l’instance


A) La péremption d’instance
Ce sont les articles 386 à 393 du CPC. L’idée est de sanctionner une inaction des justiciables.
Lorsque aucune partie n’accomplit de diligence pendant une durée continue de deux ans, l’instance
est périmée par l’effet de la loi. L’article 387 du CPC dispose que la péremption d’instance peut être
demandée par une partie à l’instance. Cette péremption peut être demandée alors qu’après le délai
de deux ans une partie accomplit un acte de procédure – peut être opposé par voie d’exception. Les
actes faits pendant le délai de deux ans doivent être utiles. La péremption, à peine de nullité, doit
être demandée avant tout autres moyens. Le juge devant statuer sur la péremption doit respecter le
contradictoire – le juge qui voudrait constater la péremption doit inviter toutes les parties à
présenter leur observations. Aucune situation juridique (même mineur, majeur incapable) ne peut
s’opposer à ce que joue la péremption.

B) Le désistement d’instance
C’est les articles 394 à 405 du CPC. C’est le fait pour le demandeur initial ayant créé le lien
d’instance de décider de renoncer à cette instance. Un demandeur initial peut-il a tout moment
renoncer à l’instance ? L’article 1120 du code civil prévoit que pour les droits dont on a la libre
disposition on peut renoncer en tout état de cause à l’instance. A-t-on besoin de l’acceptation du
défendeur originaire ? Lorsque le défendeur originaire n’a présenté aucune défense au fond,
demande incidente, etc et que le demandeur veut se désister on a pas besoin de l’acceptation du
défendeur originaire – le juge va constater le désistement de l’instance. Si le défendeur a présenté
des défenses au fond, demande incidente, etc, il faudra son consentement. Or le tribunal peut passer
outre le refus du défendeur et prononcer le dessaisissement du tribunal si il constate que le refus du
défendeur ne se fonde pas sur un motif légitime. Il ne faut pas confondre avec deux autres
désistements : le désistement d’action qui est une renonciation à l’exercice d’une action et le
désistement d’un acte de procédure qui consiste à renoncer à un acte de procédure qu’on a pris
lors de l’instance (on ne renonce pas à l’instance et l’action juste à l’acte).

C) La caducité de la citation
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

Cf cours plus haut. Ce sont les articles 406 et 407 du CPC concernant le cas de la non comparution
d’un demandeur initial. L’article 406 du CPC précise que la citation est caduque dans les cas et
conditions déterminés par la loi. L’article 407 du CPC rajoute que la décision qui constate la
caducité de la citation peut être rapportée, en cas d'erreur, par le juge qui l'a rendue.

D) L’acquiescement
Ce sont les articles 408 et 409 du CPC. L’acquiescement à la demande adverse emporte
reconnaissance du bien fondé des prétentions de l’adversaire. L’article 408 du CPC précise que cela
entraîne renonciation à l’action pour ce qui est de celui qui acquiesce, va entraîner soumission de
celui qui acquiesce aux prétentions adverses et renonciation à se défendre, renonciation aux voies
de recours contre le jugement qui sera rendu. Cela emporte comme conséquence que le juge va faire
droit aux prétentions sur lesquelles il y a eu l’acquiescement et va constater son dessaisissement –
l’instance a pris fin. L’article 410 du CPC précise que l’acquiescement peut être expresse (celui qui
acquiesce aux prétentions de son adverse le dit, par l’acquiescement celui qui en est auteur renonce
à se défendre face aux prétentions adverses) mais aussi tacite. Quand est-ce qu’un acquiescement
peut être tacite ? Cela concerne l’acquiescement d’un jugement – en effet il est possible
d’acquiescer à un jugement. Par exemple, on est en contentieux avec quelqu’un et un jugement est
rendu pour nous condamner. L’adversaire va faire signifier le jugement pour le rendre exécutoire et
savoir si on veut faire appel. Nous, alors même que ce jugement n’est pas encore exécutoire parce
qu’il n’est pas notifié, on exécute spontanément les condamnations prononcées à notre encontre.
Cela veut dire qu’implicitement on a acquiescé aux condamnations du jugement – il s’agit d’un
acquiescement tacite. Il faut que l’intention d’acquiescer à un acte ou à un jugement soit certaine.

Section 5 – Règles applicables au Jugement


§1 – Le préalable du rendu du jugement : l’audience des débats
A) Les règles générales
Elles sont situées aux articles 430 et s. du CPC. Pour que l’audience des débats puisse avoir lieu il
faut que la juridiction, à peine de nullité du futur jugement rendu, soit composée conformément aux
règles relatives à l’organisation judiciaire. Il y a une règle particulière à l’article 430 al.2 du CPC
qui dispose que si les parties arrivant à l’audience constatent une irrégularité concernant la
composition du tribunal, ces irrégularités, à peine d’irrecevabilité, doivent être soulevées dès
l’ouverture des débats. A ce moment là le tribunal soit remédie à la cause de l’irrégularité en
suspendant l’audience soit renvoi le dossier à une autre audience de débat afin que la juridiction soit
régulièrement composée. L’article 431 du CPC précise que le MP peut être présent à une audience
civile soit en demande (car des textes donne qualité au MP de saisir une juridiction civile afin de
présenter une prétention contre un justiciable – dans ce cas il est tenu d’assister aux débats) soit en
partie jointe (en intervenant volontaire – n’est pas obligé d’assister aux débats). Il y a des cas où le
droit substantiel impose au Parquet d’être présent à l’audience des débats alors même que le MP
n’est que partie jointe. Le code prévoit que les débats ont lieu à une audience que le président de la
juridiction ou le juge de mise en état pour les juridictions qui en sont doté a fixé avec la date et
l’heure de l’audience des débats. Par principe les débats sont publics – article 433 du CPC. Il y a
des exceptions à ce caractère public des débats – en matière gracieuse les débats ont lieu en
chambre du conseil, le public ne peut pas entrer. Il existe aussi certaines matières de droit
substantiel pour lesquelles un texte prévoit que ces objets de litiges doivent être évoqué lors d’un
débat qui ne soit pas en la présence du public. Il arrive qu’une audience des débats doit avoir lieu en
présence du public mais que le public est désordonné. Le tribunal a le pouvoir d’ordonner que les
débats se dérouleront hors la présence du public. Ce qui dirige l’audience des débats est le président
– c’est lui qui donne la parole aux différents personnes présentent à l’audience ayant la possibilité
de prendre la parole. Dans quel ordre la parole est-elle donnée ? Lorsque l’audience a été précédé
du rapport fait par un des juges composant le tribunal, le président donne la parole à ce juge ou
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

conseiller rapporteur. La fonction de ce conseiller rapporteur est de présenter oralement la note de


synthèse qu’il a faite sur le dossier (il a fait l’analyse des prétentions du demandeur initial et des
moyens venant au soutien, des prétentions du défendeur originaire, etc). Quel est l’utilité de ce
rapport ? C’est de permettre aux autres juges composant la formation de prendre connaissance du
dossier. Lorsqu’il y a qu’un juge unique, le rapport permet aux parties de comprendre comment le
conseiller ou juge rapporteur a compris le dossier – si il y a une mauvaise compréhension du
dossier, les parties vont prendre la parole pour pouvoir rectifier. La parole est ensuite donnée aux
parties. Si c’est le MP qui est partie principale (demandeur initial) on lui donne la parole en premier
– on donne la parole au demandeur en premier. En procédure orale il faut faire cet exposé oral pour
saisir le tribunal de ses prétentions alors qu’en procédure écrite on saisi par le contenu écrit. C’est le
président qui fixe la durée du temps de parole du demandeur initial. Lorsque le demandeur initial a
fini on passe la parole au défendeur originaire – il présente ses défenses, ses demandes incidentes,
etc. Si il y a des intervenants dans l’instance on leur donne la parole en dernier. L’article 441 du
CPC donne des directives générales au président pour gérer la parole. Le président est souverain
pour retirer la parole à quelqu’un qui est trop long ou qui s’exprime de manière irrespectueuse –
article 439 du CPC. Le président ensuite clôture les débats, l’audience est terminée, le jugement va
être rendu. Il y a une particularité à l’article 443 du CPC qui prévoit que le MP lorsqu’il est partie
jointe (intervenant) prend la parole en dernier et qu’après la parole du MP aucune partie à l’instance
ne peut demander au président de reprendre la parole – la parole du Parquet est la dernière.

B) Les dispositions propres à la procédure orale


Ce sont les articles 446-1 et s. du CPC. Le principe de la procédure orale est que les parties doivent
présenter oralement à l’audience des débats leur prétention et leur moyen venant au soutien de leur
prétention. Quand la procédure est orale, les personnes peuvent prendre une précaution et mettre
leur prétention et moyen dans un acte de procédure écrit contradictoirement qui est déposé au
greffe. Lorsqu’on est en procédure orale, parce que tout ce qui devrait être explicité oralement à
l’audience des débats a été mis dans un acte de procédure écrit, la partie à qui on donne la parole
peut se contenter de se référer au contenu de cet acte de procédure écrit sans être obligé de le
donner pour reprendre ce qu’il est écrit dedans. Il faut que si il y a une prise de parole ce soit
conforme à l’acte écrit. Pour le reste, comme la procédure orale est piégeuse, les articles 446-2 et s.
du CPC on prévu des correctifs. Par exemple, un demandeur initial a introduit l’instance par une
assignation – le demandeur initial dans l’acte de procédure écrit qui est l’assignation a exposé ses
prétentions et les moyens sauf qu’il vient pas à l’audience des débats se disant que l’assignation
suffit. Si on est en procédure orale et qu’on a pas mis en œuvre les correctifs de l’article 446-2, le
tribunal ne sera saisi de rien – en procédure orale si tu ne soutiens pas tes prétentions et moyens au
cours de l’audience des débats tu n’as pas saisi le tribunal. Cela est piégeux. Pour les tribunaux
dont la réglementation leur est propre qui prévoient que les articles 446-2 du CPC lui sont
applicables, le président de la formation ou le juge à la première audience s’aperçoivent souvent que
le dossier n’est pas en état d’être jugé (car le défendeur n’a pas encore présenté une défense) et ainsi
il est renvoyé à une audience ultérieure. Le président ou le juge chargé d’instruire l’affaire, puisqu’il
est obligé de renvoyer l’affaire à une audience ultérieure, peut peut organiser les échanges entre les
parties en empruntant des éléments à la procédure écrite. Le président ou le juge chargé d’instruire
l’affaire peut avec l’accord des parties prévoir que les parties mettront leur prétentions et moyens
dans des actes de procédure écrits qu’elles devront se communiquer – le seul fait que ces actes de
procédure écrit soit déposé au greffe emporte saisine du tribunal. On réalise un emprunt à la
procédure écrite. Le juge peut même mettre en place le système des écritures récapitulatives (ou
dernières écritures) qui consiste à prévoir que lorsque les parties dans la mise en état du dossier vont
être conduites à échanger des conclusions au cours de l’instance, chaque parties doit reprendre dans
son dernier jeu de conclusions toutes ses prétentions, tout les moyens – si elles ne reprenaient pas
toutes les prétentions et moyens étant présents dans des jeux de conclusions antérieurs, elles seront
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

irréfragablement réputées les avoir abandonné – simplifie le travail du tribunal qui va pouvoir se
référer aux dernières conclusions de chaque partie car ce qui n’aura pas été repris sera
irréfragablement réputé avoir été abandonné.
Il existe les notes en délibéré – le principe est que lorsque les débats ont été clôturé plus personne
n’est recevable à vouloir saisir le juge d’une prétention nouvelle ou d’un moyen nouveau. Parfois il
arrive qu’une partie ait l’initiative d’adresser une pièce au tribunal pendant le délai du délibéré pour
rajouter dans le débat des choses. Ces notes en délibérée sont interdites par l’article 445 du CPC
mais l’article 445 du CPC connaît des exceptions. La première est que le tribunal peut souhaiter
demander à l’une ou l’autre des parties au cours du délibéré de lui fournir des explications sur les
faits ou sur une question de droit qui a été débattu lors de l’audience des débats – le président va
autoriser une note en délibérée. Il est de droit pour l’autre partie de prendre une note en délibéré en
réponse afin de respecter le contradictoire. La seconde est le cas où lors de l’audience des débats, le
MP ayant la qualité de partie jointe et ayant a pris la parole en dernier et le président ne pouvant pas
redonner la parole à l’une des parties, le code autorise la partie qui veut répondre aux prétentions du
MP de commettre une note en délibérée qu’il faudra adresser au tribunal mais également au MP et
aux autres parties à l’instance.

§2 – Les règles relatives au rendu du jugement


Le délibéré est la période de temps qui va de la clôture du débat à l’audience jusqu’au moment où le
jugement est rendu. Le délai peut être variable – lorsque la formation du tribunal est collégiale
l’article 447 du CPC nous dit que les membres de la juridiction sont tenus de délibérer de la solution
qu’ils vont donner au litige. Quand il y a un juge unique, il délibère avec lui même. Pour le reste ces
délibérations des juges sont secrètes et dans une formation collégiale les délibérations sont prises à
la majorité. Pour le Conseil de Prud’hommes, lorsqu’au cours d’un délibéré il y a partage de voie, le
Conseil devra faire appel à un juge départiteur. Pour le reste l’article 450 du CPC prévoit les deux
manières dont peut se dérouler un délibéré : le tribunal peut rendre son jugement sur le champ – il
énonce le jugement après avoir clôturer les débats. L’autre manière est la mise en délibérée de
l’affaire – le tribunal fixe une date à laquelle il rendra son jugement et la période d’attente s’appelle
le délibéré. Si le tribunal doit proroger son délibéré, accroître le délai, il doit prévenir les parties.

A) Les modalités de rendu du jugement


En matière contentieuse, le principe visé à l’article 451 du CPC est que le jugement doit être
prononcé en audience publique (pour la matière gracieuse la décision n’est pas prononcée en
publique). Il existe certaines procédures pour lesquelles le jugement n’est pas rendu en présence de
public. Comment est rendu le jugement ? Le jugement peut d’abord être prononcé à une audience.
Devant la dérive de la pratique, il a été mis en place une autre manière de rendre les jugement s –
peuvent maintenant être rendus par leur mise à disposition au greffe du tribunal. Comment est rendu
un jugement du pdv des mentions obligatoires ? Ce sont les articles 454 et s. du CPC. Le jugement
doit contenir l’énonciation qu’il est rendu au nom du peuple français. Il faut ensuite que la
juridiction s’identifie. Il faut ensuite énoncé le nom des juges qui ont délibérés. Il faut indiquer la
date du jugement. Il faut que le jugement énonce l’identité de toutes les parties au jugement. Si le
MP est partie au jugement (principale ou jointe), il faut identifier le représentant du Parquet qui
s’est exprimé à l’audience. Il faut enfin indiquer le nom des avocats qui représentaient les parties ou
qui les assistaient. L’article 454 du CPC prévoit que dans certains cas le jugement rendu en matière
gracieuse devra être notifié à certaines personnes que la loi énonce. Par exemple dans les cas où il
est obligatoire de faire homologuer un changement de régime matrimoniale entre deux époux – le
jugement va être notifié aux parties mais le tribunal homologuant le changement de régime peut
prévoir qu’il faut notifier le jugement aux enfants du couple. La structure du jugement est imposée
par le CPC – le jugement doit exposer succinctement les prétentions de chaque parties et énoncer
les moyens qui viennent à l’appui de chacune des prétentions. Le texte permet une autre technique
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

qui est de référer pour le détail aux conclusions écrites de chaque parties. Le jugement doit
comporter les motifs de la décision – le juge doit énoncer la qualification qu’il fait aux actes, les
règles de droit dont il fait application. Ce que le tribunal va décider doit être énoncé dans le
dispositif du jugement. Ce qui aura autorité de la chose jugée sera uniquement le dispositif (non pas
les motifs). Sur quel support le jugement doit-il être établi ? Il peut être établi sur un support papier
– le jugement doit être signé du président et du greffier. L’article 456 du CPC dispose que si le jour
où le jugement doit être rendu le président était empêché, le jugement pourra être jugé par un autre
juge qui a participé au délibéré et il faudra indiquer que la signature n’est pas celle du président
absent mais celle d’un autre juge. Le jugement peut aussi être rendu sur support électronique. Il faut
utiliser le logiciel de la chancellerie. Le jugement est un acte ayant une valeur importante du pdv
probatoire car il a la force probante qu’un acte authentique. Il y a des dispositions qui essayent
d’éliminer la possibilité pour l’une des parties au jugement d’en demander l’annulation en raison
d’une irrégularité de forme du jugement – articles 458 et 459 du CPC. Aucune nullité du jugement
ne pourra être demandée à l’occasion de l’exercice d’une voie de recours contre ce jugement si
l’irrégularité n’a pas été soulevée au moment du rendu du jugement. Il y a des présomptions posées
à l’article 459 du CPC qui visent a remédier à une irrégularité d’une forme. L’inexactitude ou
l’omission d’une mention obligatoire peut être remplacée par les mentions du registre d’audience.
L’annulation d’une décision judiciaire en matière contentieuse ne peut être demandée qu’à
l’occasion de l’exercice d’une voie de recours – on parle d’appel-nullité ou pourvoi-nullité.

§3 – Les effets du jugement


A) L’autorité de la chose jugée
Cette autorité de la chose jugée peut être définitive si les délais de voie de recours ont expiré mais
aussi provisoire pendant le délai d’exercice de la voie de recours et pendant toute la durée de
l’instance correspondant à la voie de recours. Ce n’est que si la voie de recours se termine par un
rejet du recours que la décision qui fut attaqué aura définitivement autorité de la chose jugée.
1. L’autorité de la chose jugée à l’égard des parties
L’article 1355 du code civil dispose que l’autorité de la chose jugée n’a lieu qu’à l’égard de ce qui a
fait l’objet du jugement. L’autorité de la chose jugée suppose que la chose qui serait demandée
devant une autre juridiction soit la même (l’objet des prétentions doit être le même). Il faut que la
demande soit fondée sur la même cause (même fondement juridique) et il faut qu’il s’agisse entre le
premier procès et la seconde instance des mêmes parties agissant avec la même qualité. Si ces
quatre conditions sont réunies, la demande portée dans le second procès est irrecevable car se heurte
à l’autorité de la chose jugée. L’article 480 du CPC définit la notion d’autorité de la chose jugée – le
jugement qui tranche dans son dispositif tout ou partie du principal ou celui qui statue sur une
exception de procédure ou une fin de non-recevoir ou encore le jugement qui statue sur un incident
d’instance a, dès son prononcé, autorité de la chose jugée concernant la contestation qu’il tranche.
On voit que l’autorité de la chose jugée est définit restrictivement. Ce qui est énoncé dans les motifs
du jugement, si on ne trouve pas sa traduction dans le dispositif cela n’a aucune autorité de la chose
jugée. Le dispositif délimite la portée de l’autorité de la chose jugée. Il arrive que des jugements
ne tranchent pas toutes les questions dont le tribunal a été saisi – ce jugement ne peut pas avoir
autorité de la chose jugée. S’agissant des juridictions du provisoire, l’autorité de la chose jugée se
définit de la même manière – l’autorité de la chose jugée ne réside pas dans les motifs du juge du
référé. Cela se situe dans le dispositif de l’ordonnance. La décision du juge du provisoire a une
autorité de la chose jugée limitée car ce n’est pas sur le fond qu’on tranche – c’est une autorité de la
chose jugée provisoire.

2. L’autorité de la chose jugée à l’égard du juge


L’article 481 du CPC expose que le jugement, dès son prononcé, dé-saisi le juge de la contestation
que le dispositif de sa décision a tranché. Le juge ne peut plus revenir sur sa copie. Par exemple, si
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

le tribunal n’a tranché qu’une partie du principal en prévoyant de trancher le reste du principal
par un second jugement – lors du second jugement il ne pourra pas modifier ce qu’il a tranché
dans le dispositif du premier jugement, il en est dé saisi. Ce que le juge a tranché dans son
dispositif, le seul moyen de le faire réexaminer par un juge est d’exercer les voies de recours
ouvertes. En effet l’autorité de la chose jugée ne fait pas obstacle à la remise en cause par un autre
juge de ce qui vient d’être jugé. Le législateur s’est dit que le jugement peut souffrir de défauts qui
ne nécessitent pas une voie de recours. Le CPC prévoit pour rectifier les défauts du jugement de re-
saisir le tribunal et de lui demander de compléter son jugement – à ce moment là les voies de
recours sont irrecevables. Il s’agit des articles 481 et s. du CPC et de l’article 461 et s. du CPC. Il y
a d’abord le problème d’un jugement rendu mais qui est incompréhensible – l’article 461 du CPC
précise qu’il appartient à tout tribunal ayant rendu un jugement qui nécessite une interprétation de
ce jugement de procéder à cette interprétation. Cela va donner lieu à un débat contradictoire devant
le tribunal. On parlera d’un jugement interprétatif du premier jugement. Le code prévoit que les
deux jugements sont liés indivisiblement. L’article 462 du CPC prévoit l’hypothèse d’erreur ou
d’omission matérielle affectant le dispositif du jugement. Le fait que le jugement ait autorité de la
chose jugée par son dispositif et que le juge soit normalement dé saisi ne fait pas obstacle à ce que
le même tribunal viennent rectifier une simple erreur ou omission matérielle. Ces erreurs ou
omissions peuvent toujours être réparées par le tribunal qui a rendu ce jugement et qu’on saisi par
simple requête. Si la Cour d’appel était saisie d’un appel contre ce jugement qui ne concerne pas
l’erreur ou l’omission matérielle mais qui concerne autre chose, c’est à la Cour d’appel qu’il
appartient de réparer les erreurs ou omissions matérielles. Le juge saisi par simple requête ou
requête conjointe doit en principe entendre les parties avant de rendre son second jugement
rectifiant l’erreur ou l’omission matérielle. Le tribunal peut choisir de statuer sans audience, sans
entendre les parties et se réserve de les entendre que si nécessaire. Lorsqu’une telle requête en
rectification d’erreur ou d’omission matérielle est déposé au greffe du tribunal, le président de la
chambre qui va traiter de la requête va regarder si la demande de rectification est évidente, auquel
cas le tribunal peut estimer qu’il ne sert à rien de procéder à une audience. En revanche si il y a un
doute le tribunal va audiencer. Il existe aussi le cas de l’omission de statuer. L’article 463 du CPC
dispose que lorsque le tribunal a rendu un jugement dans lequel il a omis de statuer sur un chef de
demande, les parties aux jugements peuvent lui demander par voie de requête de compléter son
premier jugement en statuant par un second jugement sur le chef de demande ayant été omis – c’est
le cas où le juge a statué infra petita. Dans la rectification d’une omission de statuer, le second
jugement est indivisible par rapport au premier. L’article 464 du CPC traite du cas où le tribunal a
statué ultra petita – dans le dispositif du jugement le tribunal parle d’une chose qui ne lui a jamais
été demandé par les parties. Plutôt que de faire appel, il faudra que la partie qui a un intérêt dépose
une requête en rectification du chef du dispositif qui statue ultra petita afin de demander au tribunal
de rétracter dans le second jugement ce qui a été décidé. Il y aura préalablement au rendu du second
jugement une audience des débats entre les parties. S’agissant des juges du provisoire, l’article 488
du CPC prévoit que l’ordonnance rendue par le juge des référés n’a pas autorité de la chose jugée au
principal/au fond. Si ensuite l’une des parties à l’ordonnance de référé n’est pas satisfaite par le
dispositif, au lieu de former un appel de l’ordonnance décide de saisir le juge du fond du même
objet de litige, le juge du fond peut rendre un jugement avec un dispositif qui est en contradiction
totale avec le dispositif de l’ordonnance de référé car ce dispositif de l’ordonnance de référé n’a
aucune autorité de la chose jugée pour le juge du fond. On a l’équivalent pour les ordonnances
rendue sur requête où l’autorité de la chose jugée est encore plus faible voir absente. Le code ouvre
une action en rétractation soit d’une ordonnance de référé soit d’une ordonnance sur requête.

3. Le principe de concentration des moyens


Cela se trouve dans la jurisprudence qui est constante. Par un arrêt d’Ass.Plé du 7 juillet 2006, la
Cour de cassation est venu compléter le dispositif légal concernant l’autorité de la chose jugée en
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

posant un principe directeur que dès le premier procès que se font deux justifiables il appartient au
demandeur ou même au défendeur de présenter à son juge (premier tribunal saisi) tout les
fondements juridiques qui sont susceptibles de fonder sa prétention. Si il ne le fait pas et que dans le
premier procès il se contente de présenter un premier fondement juridique et que le tribunal rend un
premier jugement par lequel il estime que le demandeur ou défendeur est mal fondé en sa prétention
– il sera débouté. Avec le principe posé par la jurisprudence si le demandeur ou défendeur à
l’occasion d’un second procès présente la même prétention en changeant de fondement juridique, ce
demandeur ou défendeur sera irrecevable au nom de l’autorité de la chose jugée. En effet, le code
civil définit l’autorité de la chose jugée par rapport à quatre critères (cf. plus haut) or dans le second
procès ici la partie qui présente la même prétention n’a pas le même fondement juridique –
désormais après cet arrêt la partie sera tout de même jugée irrecevable malgré le changement de
fondement juridique. Cela veut dire que pour ne pas se heurter à une autorité de la chose jugée, il
faut qu’un justiciable qui présente au tribunal une prétention mette absolument à l’appui de cette
prétention tout les fondements juridiques possibles car si il en oublie un il ne pourra pas faire un
second procès pour le mettre en avant – il sera irrecevable car autorité de la chose jugée. Il y a
ensuite eu toute une série d’arrêt ayant mis en œuvre ce principe de concentration des moyens
notamment un arrêt Civ, 1, 24 septembre 2009 n°08.10-517. Il s’agissait d’un prêt à usage – dans
leur convention les parties n’avaient pas fixé de terme extinctif au contrat. Le propriétaire ayant
prêté le bien a voulu récupérer son bien – il a fait un premier procès dans lequel il a présenté les
moyens et fondements existant dans le droit positif de l’époque. Après le rendu du premier
jugement qui a débouté le propriétaire, a eu lieu un revirement de jurisprudence concernant le
contrat de prêt à usage. Le propriétaire fait alors un nouveau procès avec un nouveau fondement
juridique. Au nom de l’autorité de la chose jugée, complété par le principe de concentration des
moyens, la Cour de cassation a débouté le propriétaire en disant que la prétention de celui-ci se
heurte à l’autorité de la chose jugée – il appartenait au propriétaire dès le premier procès d’invoquer
ce fondement. Il faut rappeler que l’interprétation d’un texte n’est pas créateur d’une règle nouvelle.
Cela a été très critiqué car c’est très injuste. La question s’est posée de savoir, devant la CEDH, si le
principe de concentration des moyens posé par la Cour de cassation en 2006 n’était pas contraire à
la ConvEDH notamment contraire au droit d’accès à toute personne à un tribunal. La CEDH dans
une décision du 26 mai 2011, Legrand c/France, a jugé que le principe de concentration des moyens
ne faisait pas obstacle au droit d’accès à une juridiction en France car il est normal qu’un État mette
des conditions de recevabilité pour saisir un tribunal. Ce qui peut donner lieu à l’autorité de la chose
jugée et à l’application du principe de concentration des moyens ne peut concerner que ce qui est
tranché dans le dispositif du premier jugement. On s’est demandé si le principe de concentration des
moyens dès le premier procès ne devait pas aboutir à un principe de concentration des demandes.
Cela est prévu en droit du travail. Il s’agirait de dire que dès le premier procès le demandeur devrait
présenter contre le défendeur absolument toutes les demandes qu’il pourrait être susceptible
d’élever contre lui. La doctrine a considéré qu’on devait aussi retenir un principe de concentration
des demandes. La Cour de cassation n’a pas accueilli cela. La Cour de cassation s’est dit que ce
principe de concentration des moyens pourquoi ne pas l’appliquer dans le même procès. La Cour de
cassation en a jugé ainsi dans la procédure devant la Cour d’appel à propos des fins de non recevoir
qui l’intimé va soulever contre l’appelant. Dans un arrêt du 13 novembre 2014, l’intimé avait
commencé par saisir le conseiller de mise en état d’une fin de non recevoir contre l’appel fait par
l’appelant en invoquant un premier moyen. Il en a été débouté car ce moyen était mal fondé. Il fait
alors une deuxième procédure devant le conseiller de mise en état où il demande toujours de
déclarer l’appel irrecevable (donc même prétention) mais invoque un autre fondement juridique. Il
est jugé irrecevable au nom de l’autorité de la chose jugée s’attachant à la première décision du
conseiller de la mise en état en raison du principe de concentration des moyens. Le principe de
concentration des moyens ne concerne donc pas que deux procès successifs mais concerne aussi des
demandes successives dans une même instance.
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

B) La force exécutoire des jugements


1. Les règles générales
Pour qu’un jugement est force exécutoire il y a des conditions. L’article 501 du CPC prévoit que le
jugement est exécutoire dès lors qu’il passe en force de chose jugée à moins que le débiteur
condamné ne profite d’un délai de grâce pour exécuter le jugement encore faut-il que ce jugement
rendu bénéficie de l’exécution provisoire c’est-à-dire que l’existence d’un délai pour exercer une
voie de recours ne vienne pas empêcher la force exécutoire du jugement. L’article 502 du CPC
prévoit une condition de forme : nul jugement ne peut être mis à exécution quand bien même il est
passé en force de chose jugée, quand bien même il y aucun délai de grâce pour le débiteur, il faut
que ce jugement est fait l’objet d’une notification. Il faut que le jugement ait été porté par un acte
de procédure officiellement à la connaissance de celui contre qui on veut l’exécuter. Si on n’a pas
fait signifié ou notifié le jugement, celui-ci n’est pas exécutoire. Il y a parmi les notifications la
signification faite par un acte de commissaire de justice. On parle aussi de notification car pour
certaines juridictions ou pour certains types de contentieux le code ne prévoit pas une signification
du jugement par un commissaire à l’initiative de la partie ayant intérêt – c’est le greffe qui par lettre
recommandée avec AR va notifier à chaque partie au jugement la décision qui a été rendu. Ce n’est
que si la lettre recommandée revient avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée » ou « non
réclamée » que le greffe averti toutes les parties de ce que cette notification en la forme ordinaire
n’a pas pu avoir lieu et à ce moment là c’est à la partie qui y a intérêt de faire signifier le jugement
qui normalement n’avait pas a être signifié. Il faut ensuite avoir la preuve de la force exécutoire de
la décision (avoir preuve de signification ou notification).

2. Les règles spécifiques aux décisions de première instance (seulement jugement et


ordonnance)
Il y a eu avec une réforme de 2019 un changement rendu applicable au 1 er janvier 2020.
Précédemment l’exercice des voies de recours ordinaires (appel, opposition) était suspensif
d’exécution de la décision frappée par le recours. Avant quand on fait appel d’un jugement, ce
jugement se trouvait privé de force exécutoire. Le délai pour exercer la voie de recours ordinaire
était lui même un délai où la décision rendue ne pouvait pas avoir force exécutoire. Depuis le 1 er
janvier 2020, l’article 514 et s. du CPC prévoit l’inverse – les recours ordinaires n’ont plus aucun
caractère suspensif d’exécution. L’appel n’a en principe plus de caractère suspensif. Celui qui a
gagné le procès n’est pas obligé d’attendre l’écoulement du délai d’appel, il peut confier le
jugement à un commissaire de justice pour lui demander d’assurer l’exécution forcée du jugement.
Si un appel était formé dans le délai, l’instance d’appel n’est pas non plus suspensive d’exécution.
S’agissant de l’exécution provisoire du jugement, le jugement a certes autorité de la chose jugée
mais l’autorité n’est pas définitive car le jugement est sous la menace de la voie de recours.
Il y a deux volets dans le code concernant l’exécution provisoire. On a l’exécution provisoire de
droit prévue à l’article 514-1 du CPC : c’est la loi qui décide que le jugement est exécutoire à titre
provisoire et ce n’est que dans l’hypothèse où il y a un texte qui prévoit que le jugement qui sera
rendu ne sera pas exécutoire de droit qu’on est en présence d’une exécution provisoire facultative.
L’article 514-1 du CPC prévoit que le juge peut écarter l'exécution provisoire de droit, en tout ou
partie, s'il estime qu'elle est incompatible avec la nature de l'affaire. Il statue, d'office ou à la
demande d'une partie, par décision spécialement motivée. Par exception, le juge ne peut écarter
l'exécution provisoire de droit lorsqu'il statue en référé, qu'il prescrit des mesures provisoires pour
le cours de l'instance, qu'il ordonne des mesures conservatoires ainsi que lorsqu'il accorde une
provision au créancier en qualité de juge de la mise en état. Pour le reste c’est le juge qui prononce
la condamnation qui est le seul a pouvoir écarter cette exécution provisoire – aucun autre juge ne le
pourra. L’article 514-3 du CPC dit que lorsqu’il est fait appel du jugement assorti de l’exécution
provisoire de droit, le premier président de la cour d’appel peut être saisi par l’appelant d’une
demande pour arrêter l’exécution provisoire de droit mais à une double condition. Il faut qu’il existe
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

pour l’appelant des moyens sérieux permettant d’obtenir soit la réformation du jugement soit son
annulation. Il faut que la poursuite de l’exécution provisoire soit susceptible d’entraîner des
conséquences manifestement excessives. Il y a également une condition de recevabilité : pour que le
premier président puisse arrêter cette exécution provisoire de droit il faut qu’en première instance
celui qui va être condamné ait demandé au tribunal d’écarter l’exécution provisoire de droit au
motif qu’elle est incompatible avec la nature de l’affaire. Il existe une exception à cette condition de
recevabilité : si la demande du condamné en première instance se fonde sur des faits qui sont
survenus après le rendu du jugement et qui rendent l’exécution provisoire de droit incompatible
avec la nature de l’affaire, la condition de recevabilité n’existe plus. Cette demande est présentée en
référé. Si par exception la décision de première instance avait jugée nécessaire d’écarter l’exécution
provisoire de droit, il est possible en cas d’appel de demander soit au premier président soit au
conseiller de la mise en état de remettre l’exécution provisoire de droit en place – rendre exécutoire
pendant la procédure d’appel le jugement de première instance (article 514-4 du CPC).

Il y a aussi l’exécution provisoire facultative. L’article 515 du CPC prévoit que lorsqu’il est prévu
par un texte que l’exécution provisoire du jugement est facultative c’est-à-dire qu’elle n’existera
que si le juge de première instance l’ordonne, le tribunal de première instance peut ordonner soit à
la demande des parties soit d’office l’exécution provisoire facultative si il estime que c’est
compatible avec la nature de l’affaire. La décision rendue dira que l’appel ne sera jamais suspensif.
Le juge peut assortir le prononcé de l’exécution provisoire facultative de garanties – le juge qui
prononce l’exécution provisoire facultative peut conditionner le jeu de cette exécution provisoire à
la fourniture par le créancier de garanties. Il y a alors deux cas de figure : soit le créancier est
capable de fournir les garanties – dans ce cas l’exécution provisoire est applicable / soit le créancier
n’est pas capable de fournir les garanties ou ne veut pas – dans ce cas l’exécution provisoire
prononcée par le premier juge n’est pas applicable. Une exécution provisoire facultative prononcée
par le tribunal en première instance peut également être arrêtée. L’article 517-1 du CPC prévoit que
le premier président de la Cour d’appel peut arrêter l’exécution provisoire facultative. Quelles sont
les conditions ? Il faut démontrer soit que le prononcé de l’exécution provisoire était interdit par la
loi soit que l’appelant démontre au premier président qu’il dispose d’une hypothèse dans laquelle la
poursuite de l’exécution provisoire facultative serait susceptible d’entraîner pour lui des
conséquences manifestement excessives. Il existe un autre mécanisme à l’article 521 du CPC.
Lorsque la condamnation porte sur le versement d’une somme d’argent, cet article permet à
l’appelant de solliciter du premier président un aménagement de l’exécution provisoire prononcée
par le premier juge – cela consiste à proposer de consigner les fonds entre les mains d’un séquestre.
Il existe également l’article 524 du CPC qui prévoit que lorsque l’exécution provisoire existe, de
droit ou facultative, et que l’appelant n’arrive pas à en demander l’arrêt, le fait d’être devant la Cour
d’appel, sans avoir exécuté le jugement de premier instance assorti d’une exécution provisoire, va
permettre à l’intimé de demander la radiation de l’affaire du rôle la Cour – la Cour est obliger de
radier et donc elle ne statuera jamais sur l’appel de l’appelant.

CHAPITRE 4 – ÉTUDE GÉNÉRALE DES VOIES DE RECOURS


Section 1 – La notion de voie de recours
Les décisions de justice peuvent être entachées d’erreur de fait ou de droit, d’excès de pouvoir, le
législateur a prévu la possibilité dans ces hypothèses de faire ré examiner le dossier dans le cadre
d’une voie de recours car le juge est dé saisi lorsqu’il a jugé l’objet du litige. Ces voies de recours
peuvent aboutir à des résultats différents : soit à l’annulation de la décision, soit à la réformation de
la décision (obtenir un jugement différent). On dissocie les voies de recours de pleine juridiction (la
juridiction étant compétente pour examiner le recours va rejuger en fait et en droit) et le recours en
cassation. En effet la Cour de cassation ne rejuge pas en pleine juridiction, elle considère que
l’appréciation des faits appartient au pouvoir souverain des juges du fond (appel et première
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

instance). La cour de cassation ne va pas revenir sur les faits – elle rejuge en droit. Une voie de
recours peut être exercée devant différentes juridictions. En matière de jugement contradictoire ou
réputé contradictoire c’est l’appel. Pour les jugements par défaut, celui qui n’a pas comparu devant
son juge lors du premier jugement, a une voie de recours qui est ouverte : l’opposition. L’opposition
ne consiste pas à monter devant la cour d’appel – on revient devant le juge du premier degré. Il faut
distinguer entre voie de recours ordinaire et extraordinaire. Les voies de recours ordinaires sont
celles qui sont toujours ouvertes aux justiciables – il n’y a pas de conditions restrictives pour
exercer ces voies de recours. En revanche une voie de recours extraordinaire est ouverte qu’à des
conditions restrictives – par exemple le pourvoi en cassation.

Section 2 – Règles communes aux voies de recours


L’article 528 du CPC prévoit que le délai de voie de recours commence à courir à compter de la
notification du jugement. En principe ce n’est pas le rendu du jugement qui constitue le point de
départ de la voie de recours. Quand quelqu’un prend l’initiative de signifier un jugement, le délai de
voie de recours court non seulement contre toutes les parties mais également contre celui qui fait
signifier le jugement. L’article 528-1 du CPC prévoit que si un jugement n’a pas été notifié dans un
délai de deux ans à compter de son rendu plus aucune voie de recours ne peut être exercée. En
revanche en cas de condamnation solidaire ou indivisible de plusieurs codébiteurs, celui qui prend
l’initiative de faire signifier le jugement ne fait courir le délai de recours qu’à son égard.

2ème Partie – RÈGLES PARTICULIÈRES À CHAQUE JURIDICTION


CHAPITRE UNIQUE – RÈGLES PARTICULIÈRES AU TRIBUNAL JUDICIAIRE
Section 1 – Les modes de saisines
§1 – Saisine par assignation
C’est le principe énoncé à l’article 750 du CPC – le tribunal est saisi par voie d’assignation.
L’article 751 du CPC prévoit que la demande est formée par assignation à une date qui n’est pas
choisi par le demandeur mais par une date communiquée par le greffe du tribunal judiciaire. On
appelle cela le système de prise de date – quand on veut assigner quelqu’un devant le TJ on ne peut
pas choisir la date qu’on veut ; on a l’obligation de communiquer le projet d’assignation au greffe
du tribunal. Le greffe à l’examen du projet d’assignation va donner plusieurs information : la
première est la date d’audience, quelle est la formation du tribunal qui est compétent, l’heure de
l’audience. Si on est en procédure écrite où la représentation par l’avocat est obligatoire, l’article
752 du CPC prévoit que l’assignation doit contenir la constitution de l’avocat. Le défaut de
constitution d’avocat dans l’assignation est une cause de nullité pour vice de fond. Il faut également
indiquer au défendeur originaire sous quel délai il doit constituer un avocat. Que se passe-t-il si on
est pas en procédure écrite ? En procédure orale il va falloir dans l’assignation au défendeur
originaire l’information selon laquelle le demandeur est d’accord que la procédure se déroule sans
audience des débats. En effet au TJ les parties, si elles sont d’accord, peuvent convenir qu’il n’y
aura pas d’audience des débats. De plus il faut faire figurer dans cette procédure orale, si le
justiciable ne peut pas comparaître personnellement, les modalités par lesquelles il peut néanmoins
se faire représenter si il le souhaite (article 832 du CPC). Lorsque l’assignation a été signifié il va
falloir enrôler cette assignation. L’article 754 du CPC dispose que la juridiction est saisie en cas
d’assignation par la remise au greffe d’une copie de l’assignation. Sous réserve que la date de
l'audience soit communiquée plus de quinze jours à l'avance, la remise doit être effectuée au moins
quinze jours avant cette date. La remise doit avoir lieu dans ce délai sous peine de caducité de
l'assignation constatée d'office par ordonnance du juge, ou, à défaut, à la requête d'une partie.

§2 – Saisine par voie de requête


PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

Il y a la requête unique latérale – c’est le demandeur initial qui va présenter une requête au
tribunal. C’est le greffe qui enregistre cette requête, le tribunal est alors saisi des prétentions du
requérant, qui va fixer une date d’audience et convoque les parties à l’audience. On a aussi les
requêtes conjointes – les deux parties vont se réunir pour rédiger la requête conjointe. La requête
est ensuite déposée au greffe et le juge donnera la date d’audience. Il y a la possibilité en procédure
orale de procéder par voie de requête lorsque le montant de la demande est évaluable en argent et
que cette valeur de la demande n’excède pas 5 000€. Il arrive également que dans certaines
matières, quand un texte le prévoit, la requête unilatérale puisse être utilisée alors même qu’on ne
connaît pas le montant du litige ou que le montant est supérieur à 5 000€. En revanche on a en toute
matière la possibilité d’utiliser la requête conjointe (article 750 al.2 du CPC). Une fois que la
requête est établie, signée, elle va être déposée au greffe afin de saisir le tribunal. Dès lors, le greffe
a distribué ce dossier devant l’une des formations du tribunal et va convoquer les parties à une date
d’audience. La requête doit contenir des mentions obligatoires et particulières au TJ. Notamment il
faut les motifs de la demande et les pièces que le requérant ou que chaque requérant entend produire
au débat. Si le requérant ou les co-requérants le souhaite, il peut ou peuvent indiquer dans la requête
qu’ils sont d’accord que cette affaire soit traitée par le tribunal sans audience des débats – si c’est
une requête unilatérale le défendeur originaire peut très bien refuser cela. En procédure écrite, le
tribunal est saisi que des prétentions énoncées dans un acte de procédure écrite – dans ce cas là
l’audience des débats a beaucoup moins d’importance. Lorsqu’on est dans une requête qui ouvre
une procédure avec représentation obligatoire d’avocat car c’est une procédure écrite, il faut la
constitution des avocats. La convocation du greffe qui fixe la date d’audience et qui avise les parties
vaut citation devant le tribunal.

Section 2 – Développement des modes alternatifs de résolution des litiges


Lorsqu’on est en procédure orale, l’article 750-1 du CPC prévoit qu’à peine d’irrecevabilité de la
demande (requête ou assignation) lorsque l’objet du litige est évaluable en argent et n’excède pas un
montant de 5 000€, l’introduction de l’instance doit être obligatoirement précédée d’une tentative de
conciliation, de médiation ou d’une convention de procédure participative. Si cette étape préalable
imposée n’est pas respectée, la demande est irrecevable. Il existe des matières dans lesquelles, peu
importe le montant du litige, cette exigence de conciliation préalable est imposée (par exemple les
actions en bornage). Il y a des cas où l’application de l’article 750-1 du CPC est écarté. Notamment
lorsqu’on est en présence d’une matière où avant de pouvoir saisir le tribunal la loi prévoit un
recours préalable à l’égard d’une administration – on considère que le recours préalable est
équivalent au MARL. Le cas où il existe un motif légitime pour le demandeur a se refuser de mettre
en œuvre un MARL. Quels sont les motifs légitimes ? La loi nous les cites : lorsqu’il y a une
urgence manifeste à obtenir une décision du tribunal, il peut y avoir des circonstances de fait qui
rendre impossible la mise en œuvre des MARL (par exemple les conciliateur qui sont débordés de
dossier peuvent refuser). L’article 820 du CPC prévoit qu’une demande peut être formée aux fins de
tentative préalable de conciliation avant d’introduire l’instance – ceci concerne les dossiers qui ne
s’inscrivent pas dans le domaine de l’article 750-1 du CPC. On ne veut pas saisir le tribunal sur le
fond du litige, ici l’assignation ou requête a pour but que le tribunal désigne un conciliateur de
justice – on saisi le tribunal pour qu’il désigne un conciliateur.

Lorsqu’on est en procédure écrite, l’article 776 du CPC prévoit que lorsque l’affaire arrive à
l’audience le président, qui doit conférer avec les avocats, peut proposer aux avocat de conclure une
convention participative qui a pour objet la mise en état du dossier. Les avocats peuvent refuser. Si
les avocats acceptent la proposition du président, cela va suspendre tout les délais de procédure,
cela peut même déboucher à un retrait du rôle de l’affaire le temps que soit exécutée cette
convention de procédure participative – une fois cela aboutit l’affaire sera ré inscrite au rôle. Cela
peut aussi simplement donner lieu au renvoie à une audience ultérieure.
PROCÉDURE CIVILE S6 – 2022/2023

Il arrive dans le cadre de la mise en état que les parties conviennent dans la convention participative
de se mettre d’accord sur un expert et de lui donner des chefs de mission. L’expert par la suite rend
son rapport. Cela est-il l’équivalent d’un expertise judiciaire ou est-ce un rapport amiable ? Car ce
n’est pas le juge qui a désigné l’expert. Le législateur est venu dire que l’expertise mise en œuvre
par une convention participative dans le cadre d’une mise en état vaut force probante d’une
expertise judiciaire.

Section 3 – Représentation obligatoire par ministère d’avocat et procédure écrite


§1 – Le principe
L’article 760 du CPC dispose que les parties sont, sauf disposition contraire, tenues de constituer
avocat devant le tribunal judiciaire en procédure écrite. Cette constitution d’avocat emporte élection
du domicile au cabinet de l’avocat. L’article 763 du CPC dispose que lorsque on est en procédure
écrite le défendeur originaire, qui va prendre connaissance de la demande du demandeur initial qui a
déjà constitué son avocat, va devoir constituer lui même un avocat dans le délai de 15 jours de
l’assignation ou doit constituer avocat avant l’audience à laquelle il est convoqué si la demande est
une requête unilatérale. La constitution de l’avocat du défendeur ou d’un intervenant doit être
notifiée à l’avocat du demandeur ou aux avocats déjà constitués dans le dossier. La constitution
d’avocat contient des mentions obligatoires notamment l’identification de la partie à l’instance pour
laquelle l’avocat se constitue. Tout cela doit se retrouver dans la notification de la constitution
d’avocat. En procédure écrite on ne peut saisir le tribunal que par un acte de procédure écrite.
Comment le défendeur originaire va saisir le tribunal de ses prétentions ? En faisant prendre par
son avocat des conclusions. Le demandeur initial voudra sûrement répondre au défendeur originaire
– le demandeur initial va alors à son tour prendre des conclusions. Ces conclusions doivent
respecter les mentions obligatoires : identifier le justiciable pour lequel le jeu de conclusion est pris,
indiquer l’avocat auteur de ces conclusions, indiquer la juridiction, les prétentions des parties et leur
moyens au soutien des prétentions, contenir le dispositif des conclusions qui consiste à dire au
tribunal la décision qu’on veut de lui. Devant le TJ, quand chaque parties a pris plusieurs jeu de
conclusions, on est sous le système des dernières écritures (récapitulatives). L’article 768 du CPC
prévoit que l’avocat doit reprendre dans ses dernières conclusions tout ce qui figurait dans ses
conclusions précédentes sinon il est présumé irréfragablement avoir abandonné les prétentions et
moyens qui ne sont pas repris dans le dernier jeu de conclusion.

§2 – Les exceptions

Section 4 – Exception d’incompétence au sein du même Tribunal Judiciaire

Section 5 – Fonctions juridictionnelles du Juge de la Mise en État et du Tribunal

Troisième partie – RÈGLES PARTICULIÈRES À CHAQUE VOIE DE RECOURS


CHAPITRE 1 – LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES
Section 1 – L'appel
§ 1 – Conditions et effets de l’appel
§ 2 – Les procédures devant la Cour

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