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Droit éducateur spécialisé

1. La définition du droit
1.1. Le cours de droit à quoi sert-il ?
Le cours de droit permet d’acquérir des connaissances juridiques indispensables à des
adultes informés et autonomes.
Il permet de penser pour juger, agir et éclairer nos choix d’actions.
1.2. Qu’est-ce que le droit ?
Il y a une confrontation au droit au quotidien. L’homme ne peut pas vivre en groupe sans
règles qui permettent d’organiser ses relations avec autrui.
Les règles de droit ne sont pas des règles morales. Par contre, une règle morale peut
devenir une règle de droit par décision de l’autorité.
Il n’y a pas de sanction étatique pour les règles morales.
La distinction principale entre règle de droit et règle morale est que la règle morale est une
conscience propre tandis que la règle de droit est une contrainte légitime imposée par une
entité extérieure.
Le droit renvoie aux règles adoptées par des autorités légitimes avec contrainte pour les
individus (positive ou négative).
Le but des règles de droit est de contraindre les individus en leur imposant ou en leur
interdisant certains comportements afin de garantir le vivre ensemble en société.
Le droit positif ➔ c’est les règles de droit en vigueur à un endroit et à un moment
déterminé.
La règle de droit est construite par 3 caractéristiques :
- Elle doit être adoptée par une autorité légitime
- Vise à contraindre les individus d’une société donnée
- Permet de recourir à la sanction si elle n’est pas respectée
Légitimité ➔ reconnaissance accordée à celui qui exerce un pouvoir soit l’acceptation du fait
qu’il est naturel et normal ou juste que cette autorité donne des ordres ou prescrive des
comportements. -→ acceptation sociale
Contrainte ➔ garantie de parvenir par différents moyens ( contrainte physique, contrainte
psychologique ex : chantage, contrainte économique) à faire triompher la volonté des
autorités si la légitimité apparait insuffisante
Sanction ➔ permet à une règle de droit d’avoir des effets ; tout moyen destiné à assurer le
respect et l’exécution effective d’un droit ou d’une obligation. La sanction doit être
corrective c’est-à-dire qu’elle doit riposter à l’attaque commise contre un ordre et
préventive donc elle doit dissuader un certain comportement.

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2. Place du droit en Belgique
2.1. Le droit écrit et le droit coutumier
Droit écrit ➔ droit fixé dans un texte
Droit coutumier ➔ droit issu de la coutume
La Belgique est un pays de droit écrit mais le droit est nourri par la jurisprudence.
Le système juridique belge est démocratique car le peuple est détenteur du pouvoir et les
règles de droit s’applique à tous. On peut donc parler de système représentatif.
Il est donc différent du système absolutiste car le système absolutiste c’est lorsque le
détenteur d’une puissance concentre entre ses mains tous les pouvoirs et gouverne sans
aucun contrôle.
3. La loi
La loi est la principale source formelle du droit objectif.
Toute règle de droit doit avoir un caractère :
- Général et impersonnel ➔la règle de droit s’applique à tous les individus d’une
société et elle repose sur le principe d’égalité de tous devant la loi. La loi s’applique à
un nombre indéterminé de personnes se trouvant dans la situation visée par la règle.
La règle de droit concerne chacun et ne désigne personne en particulier → Elle
n’est pas nominative.
- Caractère obligatoire ➔ En principe, la loi est d’ordre public et s’applique aux
individus sans qu’ils ne puissent en écarter l’application.
- Caractère coercitif ➔ La règle de droit est susceptible d’être sanctionnée par voie de
contrainte.
- Règle de conduite sociale ➔ La règle de droit à une finalité sociale. Son but est de
permettre et d’organiser la vie en société. Elle peut prendre 2 formes. Elle peut être
d’ordre et de sécurité donc elle permet d’éviter les conflits en précisant ce que l’on
peut faire ou non. Et elle peut être de justice donc les règles de droit accordent des
prérogatives et le respect de la loi traduit un sentiment de justice.
- Caractère permanent ➔ La règle de droit reste constamment applicable de façon
uniforme à toutes les situations qu'elle réglemente jusqu'à ce qu'elle soit modifiée ou
abrogée par l'autorité compétente.

Les règles de droit sont à durée indéterminée.


4. La jurisprudence
La jurisprudence ➔ c’est l’ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux.
Les juges ont pour mission de trancher des conflits découlant de l’application de la loi
Juges interviennent quand il y a un manque dans la loi soit :

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- en adaptant le droit à la société (pour le faire évoluer par rapport aux mœurs)
- en le complétant (pour préciser le sens de certains textes)
- en créant une nouvelle règle de droit jurisprudentielle (comble un vide juridique).
Les décisions ne valent que pour un cas donc il n’ y a pas de généralité.
Les juges ne sont pas obligés de suivre la jurisprudence on peut donc appelé ça le revirement
de jurisprudence.
La « justice » est un terme ambigu dans la mesure où le droit n’est pas toujours « juste ».
Cours 2 : La justice
1. La justice comme service public
La justice est un service public car il est mis à proximité de tout le monde puisqu’il est dirigé
par l’état. C’est aussi le recours ultime de tous les services publics, c’est-à-dire que c’est la
dernière voie qu’on peut prendre lorsque l’on veut trancher un litige.
La justice est un monopole de l’état donc il y a seulement les autorités publiques qui
peuvent rendre la justice et il y a seulement les autorités publiques qui peuvent créer des
juridictions.
La suspension du prononcé n’est pas inscrit dans le casier judiciaire.
Chaque document apporter à l’audience doit avoir été montrer à l’autre avant pour qu’il
puisse se défendre.
2. Les caractéristiques de la justice
2.1. L’égalité
tous les individus ont droit à la même justice sans distinction de personne, de race, de
naissance, de religion, de classe, de fortune ou encore de sexe.
Toutes personnes a le droit que l’audience soit publique. Certaines personnes demandent
pour avoir un soutien ou alors pour être sur qu’il n’y ait pas d’injustice.
2.2. La gratuité
Chaque personne a droit à la justice.
2.3. La permanence et la proximité
Comme tout service public, la justice doit fonctionner en permanence, de manière continue,
en étant proche du justiciable. Elle ne subit donc pas d’interruption car en juillet et en août,
les audiences urgentes sont toujours traitées.
Elle est proche car on peut trouver un magistrat pas trop loin de chez nous.
2.4. Le formalisme et l’efficacité
Une méthode pour encadrer l’introduction d’une demande en justice, le rassemblement des
preuves nécessaires à son instruction, l’établissement d’un calendrier de mise en état de

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l’affaire et de plaidoirie, l’obtention d’un jugement, l’exercice des voies de recours contre ce
dernier et enfin l’exécution de la décision finale, au besoin avec l’aide de la force publique.
2.5. L’indépendance
Indispensable au fonctionnement de la démocratie et au respect des droits de l'homme.
Les juges sont indépendants dans l’exercice de leurs compétences juridictionnelles, soit à
l’occasion des jugements ou des arrêts qu’ils rendent.
2.6. L’impartialité
Renvoie à l’absence de pré-jugement, de certitude préalable, à l’état d’esprit du juge, sa
neutralité, qui lui permettent de statuer sans opinion préconçue.
Subjectif ➔ il peut se déporter si il sait qu’il va être influencer. Si il ne le fais pas, et que
l’autre personne le sait, il peut demander sa récusation.
Objectif ➔ l’impression d’impartialité que peut donner le juge à travers une série d’actes et
de comportements.
3. Alternatives à la justice
Ils permettent de régler un litige sans devoir passer devant un juge.
3.1. La conciliation
Action d'amener à s'entendre des personnes d'opinions divergentes tout en formulant des
recommandations.
Il y a 2 types de conciliation. La judiciaire c’est-à-dire avec des magistrats, des experts
judicaires ou des conciliateurs et la conventionnelle c’est-à-dire avec n’importe quel
particulier.
3.2. La médiation
C’est l’intervention d’un tiers impartial et neutre choisi par les parties mais sans pouvoir
décisionnel.
Il y a 2 types de médiation. Judicaire donc elle est ordonnée par le juge avec l’accord des
parties. Volontaire car il faut la volonté des parties.
3.3. L’arbitrage
intervention d’un tiers impartial qui possède une expertise dans le domaine du droit en
question et qui, comme un juge, va trancher le litige entre les parties après avoir entendu les
éléments de fait et l'argumentation de celles-ci. C’est donc lui qui va trancher le litige
comme un juge
La décision de l’arbitre c’est donc le jugement.
4. Les juridictions de l’ordre judicaire

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On peut retrouver les juridictions pénales qui tranchent les conflits qui ont un trait à la loi
pénale, les juridictions civiles sont celles qui tranchent les conflits qui voient le jour entre les
particuliers et pour finir les juridictions mixtes qui sont à la fois pénale et civile.
L’action de chaque juridiction est limitée selon 2 critères : le territoire donc c’est en fonction
de la zone géographique et matériellement donc c’est l’aptitude du juge de connaître d’une
contestation en fonction de son objet.
- La justice de paix ➔ lorsque le litige a une valeur inférieure à 5000 euros sauf si la loi
prévoit un contentieux (quelle que soit la valeur en jeu : litiges en matière de baux,
de crédits à la consommation, de la copropriété, de la gestion des biens des
personnes majeures incapables, des servitudes, recouvrement d’une somme d’argent
par un fournisseur d’électricité, de gaz, de chauffage ou d’eau
Servitudes ==> lorsque l’on a un droit de passage sur un chemin qui ne nous
appartient pas. EX : si notre garage dans l’allée du voisin, on a un droit de passage
pour aller dans le garage.
- Le tribunal de police ➔ c’est une juridiction mixte. C’est tout ce qui connaît du
contentieux du roulage.
- Le tribunal de première instance➔ il contient 4 chambres : tribunal civil, tribunal
correctionnel, tribunal de la famille et la jeunesse et le tribunal d’application des
peines
✓ Tribunal civil ➔ tous les litiges qui ont une valeur supérieure à 5000 euros
✓ Tribunal correctionnel ➔ pour les délits, les crimes correctionnalisés et les
appels des jugements prononcés par le tribunal de police.
✓ Tribunal de la famille et de la jeunesse ➔ pour les contentieux familials et les
problèmes de la jeunesse.
✓ Le tribunal d’application des peines ➔ prends les décisions relatives à
l’exécution des peines privatives de liberté de plus de 3 ans. Prend la décision
des libérations provisoires et des peines d’éloignement.
- Le tribunal du travail ➔ tous les litiges en rapport avec le travail, lié au travail et au
contentieux de sécurité sociale. Système d’échevinage c’est-à-dire qu’il y a des juges
de carrière donc des juges professionnels et des juges laïcs qui sont des magistrats
non professionnels.
- Le tribunal de l’entreprise ➔les litiges d’entreprises entre entreprise et les litiges
entre un particulier et une entreprise. Système d’échevinage.
- La cour d’appel ➔ les affaires déjà jugée au niveau du tribunal de 1ère instance et du
tribunal de l’entreprise. Si le juge d’appel donne raison à l’autre juge, alors la
personne qui a fait appel doit payer les frais.
- La cour du travail ➔ affaires jugées au tribunal du travail
- La cour d’assisses ➔ ne siège pas de manière continue comme les autres juridictions.
Elle siège par sessions. Dans la cour il y a 3 magistrats de carrière et dans le jury il y a
12 citoyens qui sont désignés par un tirage au sort et puis ils désignent un chef de
groupe parmi les 12. Le jury a pour rôle de prendre la décision sur la culpabilité de
l’accusé. Ensuite, il y a une décision motivée en présence des magistrats

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professionnels. Pour finir, il y a un verdict sur la culpabilité pour délibérer sur la peine
à encourir.
- La cour de cassation ➔C’est le dernier ressort. Vérifie si les autres juges ont bien fait
leur travail et ont bien respecter la loi.
5. Les juridictions administratives
Il y a le conseil d’état qui a pour mission les sections du contentieux administratifs et les
sections législatives.
La cour constitutionnelle ➔ juridiction créée afin de garantir le respect de l’exercice des
compétences par l’État fédéral et les entités fédérées. elle exerce son contrôle sur une loi,
un décret ou une ordonnance. Elle a 2 saisines qui sont le recours en annulation et les
questions préjudicielles.
Cours 3 : éthique et déontologie
Déontologie ➔ code / législation
Ethique professionnelle ➔ questionnement moral par rapport à la législation
Qu’est-ce qu’il faut faire ? Qu’est-ce qu’il est juste de faire ?
A l’intérieur du cadre (secret professionnel, projet pédagogique de l’institution, fonction
occupée, etc), il faut prendre position :
- comment est-ce que ce cadre s’applique à la réalité que je vis en tant qu’éducateur ?
- qu’est-ce qu’il est juste que je fasse ? Peut-être qu’un autre éducateur aurait pris une
autre position selon les mêmes balises.
- c’est ce que j’estime qu’il est juste que je fasse.
Une situation n’est pas l’autre.
La déontologie et l’éthique professionnelle sont liées : un professionnel doit donner la
garantie qu’il est capable de réfléchir et d’expliciter les valeurs au nom desquelles il
travaille.
Les questions éthiques sont des questions avec lesquelles nous sommes déjà familiarisés.
Chacun d’entre nous a une sensibilité éthique qui lui est propre et à laquelle il faut toujours
faire attention. Important d’écouter sonnette d’alarme intérieure face à certaines situations
que nous vivons, sinon on court le risque de ne plus l’entendre et certaines erreurs
professionnelles peuvent être commises (perte de repères dans ce qui est juste ou non).
L’éthique professionnelle est au cœur de la pratique professionnelle.
Différence entre la morale et l’éthique
« Morale » et « éthique » ont à la base la même signification.
Morale= ensemble de normes à une époque donnée dans une société donnée. Le ressort de
la morale est plus du côté de la culpabilité. La morale prescrit des comportements. Elle se
présente comme un point de vue général, comme pouvant répondre à toutes les situations

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(Ex : « Tu ne tueras point » - pas d’exception, personne ne peut le faire). Une morale se
présente comme quelque chose d’impersonnel = « On doit faire cela ». Une morale se
présente comme quelque chose que l’on reçoit passivement.
Quand on dit « tu ne tueras point », il existe quand même des exceptions : légitime défense,
peine de mort, euthanasie à la demande de personnes souffrantes (respect du choix de la
personne ? respect de la dignité humaine ?), … Quand on suit la morale, possibilité d’être
coincé dans des situations où les points de vue viennent s’affronter questionnement éthique
(pas de solution toute faite qui m’est donnée de l’extérieur).
Ethique = pas de solution toute faite venant de l’extérieur donc nécessaire de peser les
éléments dans le cadre qu’un questionnement éthique et de faire un choix éthique. Le
ressort de l’éthique est plus du côté de la responsabilité. Point de vue et positionnement
singulier. Le choix éthique est toujours personnel = « Je dois … », « Je pense… ». Je le
construis activement (Visée d’universalité = « J’ai agi en tentant de prendre en compte tout
le monde autour de moi »).
Les valeurs
Qu’on le veuille ou non, on a affaire aux valeurs. Les valeurs sont une référence pour
permettre d’évaluer une situation, pour nous aider à réagir, à cadrer notre action, à nous
donner une direction, …
Quand je prends une position, j’agis en fonction de certaines valeurs et une certaine
conception de l’être humain, de la relation à l’autre, de la société, …
Plusieurs valeurs sont à prendre en compte : valeur personnelle, valeur de l’institution,
valeur de la société.
conjonction à faire entre les valeurs personnels et les valeurs professionnelles (on ne peut
pas porter une valeur professionnelle si on ne la porte pas personnellement). certaines
valeurs privées peuvent tout à fait valoir dans le champ professionnel pas nécessairement un
transfert.
Le respect de la dignité de la personne humaine
Kant propose de distinguer ce qu’on compte (ce qui a un prix – quelque chose qui est
changeable et commensurable) de ce qui compte (ce qui a une dignité – ce qui est
incommensurable).
Ce qu’on compte = les choses / ce qui compte = l’être humain
L’éducateur doit continuer à donner à l’autre une place de sujet, même si il n’en paraît pas
capable.
L’émancipation
L’éducateur est un agent émancipateur.
Je peux aspirer à ce que l’autre devienne libre, mais pouvoir relatif :

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- J’ai du pouvoir par mes connaissances et ma formation (j’accompagne la personne,
…).
- Mais en même temps, je n’ai pas de pouvoir par rapport à la liberté de l’autre. Si je
vis les objectifs que j’ai pour l’autre comme un échec, alors j’aurai un sentiment
d’impuissance (alors que ça ne relève pas de mon pouvoir).
- Ma responsabilité concerne mon pouvoir et mon non-pouvoir !
Situations problématiques d’un point de vue éthique
1. Mise en situation
Habitation protégée : David (30 ans) vient vous trouver dans le bureau en lui disant que la
veille, il a avalé tous ses médicaments, il s’est mutilé, qu’il pense à faire une tentative de
suicide car « idées noires ». Vous l’écoutez, le soutenez, …
Par la suite, vous en parlez à votre éducatrice référente qui vous répond qu’on n’a pas le
droit (norme implicite institutionnelle) d’intervenir, car respect du choix de la personne. Elle
ajoute qu’il faut lui proposer d’aller aux urgences. A lui de faire son choix… Vous allez voir
David pour lui proposer.
2. Normes dont il faut tenir compte
- 422 bis Code pénal belge : Emprisonnement de 8 jours à 1 an et/ou d'une amende de 50 à
500 EUR pour celui qui s'abstient de venir en aide ou de procurer une aide à une personne
exposée à un péril grave, soit qu'il ait constaté par lui-même la situation de cette personne,
soit que cette situation lui soit décrite par ceux qui sollicitent son intervention. Le délit
requiert que l'abstenant pouvait intervenir sans danger sérieux pour lui-même ou pour
autrui. Lorsque pas constaté personnellement le péril, l'abstenant ne pourra être puni
lorsque les circonstances dans lesquelles il a été invité à intervenir pouvaient lui faire croire
au manque de sérieux de l'appel ou à l'existence de risques.

Peine est portée à 2 ans lorsque mineur d'âge ou personne dont la situation de vulnérabilité
en raison de l'âge, d'un état de grossesse, d'une maladie, d'une infirmité ou d'une déficience
physique ou mentale était apparente ou connue de l'auteur des faits.
- Le cadre ➔ mandat, loi, projet thérapeutique, … Comment se positionner à
l’intérieur du cadre ?
3. Important de mettre en forme le malaise
- Je ne suis pas bien avec cela. Qu’est-ce qu’il est juste que je fasse ?
- Ne doit-on pas porter assistance à personne en danger ?
- Banalisation par collègue éducatrice / en général par l’équipe (humour par rapport à
cela).
- Écart possible entre vous et l’équipe par rapport à l’appréciation de la gravité.
- Sentiment d’impuissance.
- ( Résonance éventuellement avec une expérience personnelle – pas d’ordre éthique)
- Ma responsabilité (sentiment de culpabilité) : suivre ou s’opposer à l’équipe ?
4. Formuler une question

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Dans l’intérêt de David, est-ce que je dois intervenir et donc m’opposer à l’équipe ou bien
accepter la position de l’équipe / ou simplement, comme proposé, le diriger vers les
urgences ?
5. Imaginer des prises de position
- J’écouterai David, et j’interviendrai par la suite en lui demandant « qu’est-ce que tu
attends de moi en choisissant de m’en parler ? ». Si c’est un réel choix de David
(correspondant à un malêtre insurmontable), s’il y a un réel mal-être en lui, j’estime
que je n’ai pas à l’en empêcher. Quelque part, je suivrai donc la position de l’équipe,
càd respecter le choix des personnes ! Cependant, je m’opposerai à leur manière de
se positionner, je ne banaliserai pas la chose (j’en parlerai en réunion, je
questionnerai les autres en parlant de mon ressenti).
- Idem exemple 1 + je me renseignerai par rapport à David, par rapport à ce qui a déjà
été fait avec lui, à son dossier, … Je demanderai à David s’il a besoin de voir son
psychiatre de manière plus urgente (avant prochaine visite). Si oui, je contacterai le
psychiatre. Je demanderai une réunion pour échanger par rapport à cette règle
implicite et je partagerai mes ressentis afin de chercher à forger ensemble un point
de vue qui a du sens.
- Je demanderai à la référente de faire une réunion où je parlerai de mon malaise. Je
mentionnerai l’art 422 bis du Code pénal. Je ferai part de mon sentiment que David
appelle en réalité au secours. Je proposerai à l’équipe d’évaluer ensemble la gravité
de la situation. Avant la réunion, je dirai à David que je respecte son choix et que je
vais en parler avec l’équipe.
➔ Laisser quelqu’un libre de choisir ne veut pas dire que l’on doit être indifférent
6. Trois questions « test » à se poser lorsqu’on a une position à prendre
- Quelle est la conséquence que j’attends de ma prise de position ? Quel est le but que
je poursuis ? Qu’est-ce qu’il va se passer suite à ce que je propose ?
- Dans l’intérêt de qui est-ce que j’agis ? Éventuellement, dans l’intérêt de plusieurs
personnes (institution, patient, moi-même, …)
- Au nom de quel principe, de quelle valeur est-ce que j’agis ?
Problématique du métier d’éducateur spécialisé
1. La notion de distance professionnelle
Curieux de parler de distance professionnelle dans un métier qui se dit être de « proximité ».
La distance est un mot « piège » car il veut dire 2 choses : à la fois un espace entre deux
points et à la fois un éloignement.
En tant qu’éducateur, il faut la réfléchir comme un espace relationnel entre 2 personnes.
- Le vouvoiement/tutoiement n’est pas le seul indicateur d’une distance/proximité
dans la relation. C’est extrêmement relatif
- En tant qu’éducateur, on est mobile dans cet espace relationnel et on bouge avec
l’autre.

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- La zone où la question de l’intimité se pose se situe clairement entre proximité et
confusion.
- Le risque, c’est de passer dans l’intrusion (et donc de ce fait, d’entrer en rupture).
2. Risques et pièges affectif
Comme éducateur, le travail de désillusion est important.
- Prendre en compte la demande d’amour du bénéficiaire est important, mais il faut
faire comprendre à l’autre que nous ne sommes pas celui qui répondra à sa demande
d’amour.
- Important de « décevoir » l’autre tout en étant là pour lui.
- Possible d’être en relation de confiance avec l’autre tout en ne répondant pas à sa
demande d’amour et en le décevant.
 tout un apprentissage (éviter les transferts).
3. Respect de l’intimité et de la pudeur dans la relation éducative
L’intimité, ce n’est pas quelque chose qui se joue individuellement (d’ordre relationnel).
On met dans notre bulle d’intimité tout ce par rapport à quoi nous sommes fragilisés.
Importance du tact !
Ex. : je peux rentrer dans la chambre d’un bénéficiaire et donc dans son intimité de deux
manières. Soit en brusquant l’intimité, soit en respectant l’intimité. Rentrer dans la chambre
n’est pas un problème en soi, tout est dans la manière de le faire. Arriver dans l’intimité des
gens, ça ne se fait pas n’importe comment, c’est tout un apprentissage.
Statut professionnel de l’éducateur spécialisé
Statut professionnel = reconnaissance professionnelle et sociale de la profession.
La reconnaissance de la profession, elle peut être :
- Sociale = la réputation que la profession a
- Légale = le titre ou l’exercice.
✓ L’exercice = nul ne peut exercer une profession s’il ne remplit pas les conditions.
✓ L’exercice de l’éducateur n’est pas protégé. Le titre = obtenir le titre est une des
conditions pour exercer une profession.
✓ Le titre de l’éducateur accompagnateur spécialisé est protégé
loi sur le statut de l’éducateur spécialisé du 29 avril 1994 (MB 20 avril 1996). = personne qui, titulaire
du diplôme prévu à l'article 2, favorise, par la mise en œuvre de méthodes et de techniques
spécifiques, le développement personnel, la maturation sociale et l'autonomie des personnes qu'il
accompagne ou qu'il éduque. Il exerce sa profession soit au sein d'un établissement ou d'un service
soit dans le cadre de voie habituel des personnes concernées.

Pécuniaire = en lien avec la reconnaissance légale


Cours 4
Le secret professionnel

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La base de la matière = Article 458 du Code pénal « Les médecins, chirurgiens, officiers de santé,
pharmaciens, sages-femmes et toutes autres personnes dépositaires par état ou par profession, des
secrets qu’on leur confie, qui, hors le cas où ils sont appelés à rendre témoignage en justice ou
devant une commission d’enquête parlementaire et celui où la loi, le décret ou l’ordonnance les
oblige ou les autorise à faire connaître ces secrets, les auront révélés, seront punis d’un
emprisonnement d’un an à trois ans et d’une amende de cent euros à mille euros ou d’une de ces
peines seulement.

- Le droit au secret = celui du maître du secret c’est-à-dire l’usager ; le secret est bien
une obligation pénale, pas un droit pour le professionnel ; il est la condition
nécessaire à l’établissement de la relation de confiance indispensable à tout travail
social.
- Les intérêts protégés par le SP : le SP est d’utilité publique ; il protège les intérêts des
citoyens, des professionnels ET de la société.
Qu’est-ce qui est secret ?
Pour la loi = TOUT !
- tant ce qui a été confié par la personne, que ce qui est appris par d’autres, ce qui est
surpris, constaté… y compris ce qui est de notoriété publique.
- ≠ entre les « faits secrets par nature », c’està-dire les données objectives, factuelles
et attestables (considérées comme partageables sous conditions) et les « confidences
» (toujours secrètes).
Qui est tenu au secret professionnel ?
Le « confident nécessaire » par profession (médecin, psychologue, assistant social,
éducateur…) ou par état (bénévole, stagiaire, collaborateurs indispensables…).
- c’est la fonction occupée qui crée la nécessité du secret et l’obligation pénale qui s’en
suit, pas le titre du professionnel !
- Le secret dure toute la vie du professionnel, même au-delà de la fin de ses fonctions.
- Le décès de l’usager ne lève pas l’obligation du secret du professionnel
Le partage du secret professionnel
- La règle, c’est le secret.
- Le partage, c’est l’exception.
Le Code de déontologie des AS, mais aussi d’autres codes comme celui des services du
secteur de l’Aide à la Jeunesse, prescrivent un ensemble de règles pour permettre un travail
de collaboration entre professionnels quand la situation l’exige ; il s’agit de conditions
cumulatives au partage du secret ; si l’une d’entre elles manque, c’est la loi, c’est-à-dire le
secret strict qui s’applique.
On ne peut donc partager que :
- Avec un collaborateur lui-même tenu au SP (et qui le sait)
- Poursuivant les mêmes missions par rapport à la personne

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- Avec l’accord de la personne (consentement éclairé donc doit avoir pu mesurer les
conséquences de son accord donc être informée)
- Les éléments nécessaires à la mission commune
- Dans l’intérêt de la personne (c’est elle qui en décide, au maximum de sa capacité de
discernement).
Les exceptions au SP
1. Le témoignage en justice
« la déposition faite, après convocation, sous serment, devant un juge d’instruction, une
cour, un tribunal, ou une commission d’enquête parlementaire ».
permet la levée du SP devant un juge mais représente une faculté de parler, jamais une
obligation ! (souvent codes de déontologie imposent de ne jamais divulguer de confidences,
de s’en tenir à la révélation de faits objectifs, de données factuelles).
2. Quand la loi oblige à faire connaître des secrets
Exemple A :Arrêté du 14/07/2011 de la CF : liste des maladies transmissibles impliquant la
mise en œuvre de mesures de prophylaxie et de dépistage en milieu scolaire et étudiant.
Le Gouvernement de la FWB fixe la liste des maladies transmissibles impliquant la mise en
œuvre de mesures de prophylaxie et de dépistage (mesures permettant d'éviter l'apparition,
le développement et la propagation des maladies transmissibles dans le milieu scolaire).
Les parents (et les médecins le cas échéant) ont l’obligation de signaler les maladies
contagieuses que contracte l'enfant ou l'étudiant.
Le directeur prévient ensuite l'équipe PSE et le médecin scolaire décide des mesures de
précaution à prendre soit dès suspicion clinique (coqueluche, rougeole, diphtérie, etc) soit
dès confirmation diagnostique (gale, gastroentérite, hépatite A, rubéole, varicelle, etc).
Exemple B : La loi du 28 novembre 2000 relative à la protection pénale des mineurs Loi qui
porte mal son nom car portée dépasse le cas de la protection des mineurs série d’obligations
pour des services privés, pourtant non mandatés, comme celle d’établir et de communiquer
des rapports de suivi quand ils acceptent la guidance ou le traitement d’un justiciable (par
ex. un délinquant sexuel, un toxicomane…) libéré sous conditions, rapports à envoyer aux
assistants de justice mandatés par l’autorité judiciaire
3. Quand il y a contradictions entre l’article 458 C.pénal et d’autres dispositions légales
Assistance à personne en danger : art. 422 bis du code pénal
= obligation de porter secours à une victime, et non d’une obligation de dénonciation d’un
auteur.
Rem. : Si la seule manière de protéger la victime est la révélation, celle-ci ne pourra se faire
que s’il y a état de nécessité (voir point suivant).

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L’état de nécessité
< jurisprudence (décisions de justice) et doctrine (auteurs)
Dans un cas qui concernait un médecin (mais applicable par analogie à tous les détenteurs
d’un SP), la Cour de cassation a considéré que « sur la base de circonstances de fait, […] en
présence d’un mal grave et imminent pour autrui, ce médecin avait pu estimer qu’il ne lui
était pas possible de sauvegarder autrement qu’en commettant cette violation du secret
professionnel un intérêt plus impérieux […]. »
La cour a précisé que c’est au dépositaire du secret professionnel qu’il appartient d’estimer
« eu égard à la valeur respective des devoirs en conflit » quelle attitude il lui convient de
prendre.
- L’état de nécessité renvoie à un conflit de valeurs : respecter la loi, la relation de
confiance, donc se taire, ou la transgresser pour sauvegarder un intérêt plus
impérieux.
- Il s’agit donc d’une appréciation au cas par cas par rapport à l’existence d’un danger
grave et réel.
Exception : les art. 29 et 30 du Code d’instruction criminelle : obligation de dénonciation

Article 29 = obligation faite aux fonctionnaires ➔ Tout fonctionnaire ou officier public qui, dans
l'exercice de ses fonctions, acquerra connaissance d'un crime ou d'un délit, sera tenu d'en donner
avis sur le champ au procureur du Roi près le tribunal dans le ressort duquel ce crime ou ce délit.

Article 30 = obligation civique ➔ Toute personne qui aura été témoin d’un attentat , soit contre la
sûreté publique, soit contre la vie ou la propriété d’un individu, sera tenue d’en donner avis au
procureur du Roi soit du lieu du crime ou délit, soit du lieu où l’inculpé pourra être trouvé. Ces deux
obligations ne s’appliquent pas aux personnes tenues au SP ! En effet, le Code d’instruction
criminelle est antérieur au Code pénal et ne prévoit pas de sanction + jurisprudence a tranché la
contradiction entre les 2 principes, c’est le secret professionnel qui prime.

4. Les droits de parole : quand la loi autorise à parler


= article 458 bis du C. Pénal
droit de parole consacré par la loi du 30.11.2011 (revu en 2012 et 2014) modifiant la
législation en ce qui concerne l’amélioration de l’approche des abus sexuels et des faits de
pédophilie dans une relation d’autorité = faculté de parler et non obligation de
dénonciation, et représente en réalité la consécration dans la loi pénale de l’état de
nécessité pour certaines catégories de personnes.
«Toute personne qui, par état ou par profession, est dépositaire de secrets et a de ce fait
connaissance d'une infraction prévue aux articles 372 à 377, 377quater, 392 à 394, 396 à 405ter, 409,
423, 425 et 426, qui a été commise sur un mineur ou sur une personne qui est vulnérable en raison
de son âge, d'un état de grossesse, de la violence entre partenaires, d'une maladie, d'une infirmité
ou d'une déficience physique ou mentale peut, sans préjudice des obligations que lui impose l'article
422bis, en informer le procureur du Roi, soit lorsqu'il existe un danger grave et imminent pour
l'intégrité physique ou mentale du mineur ou de la personne vulnérable visée, et qu'elle n'est pas en
mesure, seule ou avec l'aide de tiers, de protéger cette intégrité, soit lorsqu'il y a des indices d'un

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danger sérieux et réel que d'autres mineurs ou personnes vulnérables visées soient victimes des
infractions prévues aux articles précités et qu'elle n'est pas en mesure, seule ou avec l'aide de tiers,
de protéger cette intégrité »

5. Notion connexe au SP = devoir de discrétion


devoir imposé au départ aux fonctionnaires. Si sa définition n’a pas de cadre légal unique,
plusieurs textes légaux y font référence de manière explicite.
Ex.: décrets relatifs aux statuts des personnels de l’enseignement officiel, officiel
subventionné et libre subventionné : les membres du personnel « ne peuvent révéler les
faits dont ils auraient eu connaissance en raison de leurs fonctions et qui auraient un
caractère secret ».
Sont donc couvertes par ce devoir de discrétion toutes les données personnelles concernant
le public reçu dans lesdites administrations.
L’application de cette notion est élargie à toutes les personnes qui sont dans l’obligation de
recueillir des données personnelles en raison de l’exercice de leurs fonctions
professionnelles (services d’intérêt général ou d’intérêt public, services qui doivent recueillir
des données personnelles…).
6. Les sanctions
6.1. Les sanctions pénales
La responsabilité pénale implique de répondre de ses actes lorsque l’on commet un acte
réprimé par la loi pénale (délits ou crimes).
- introduit un tiers entre l’auteur et la victime : l’Etat (représente la société lésée par
l’infraction commise)
- la peine prononcée (amende et/ou emprisonnement) permet une réparation à ce qui
est considéré au pénal comme une atteinte à l’ordre social
- L’acte réprouvé doit avoir été commis de façon « spontanée et volontaire » avec la
conscience de son caractère illicite.
- Ne risque des sanctions pénales que celui qui commet l’acte.
- Peines en cas de rupture de secret professionnel : emprisonnement 1 an à 3 ans
et/ou une amende de 100 à 1000 EUR (ces peines ont été significativement
augmentées lors des modifications de l’art 458 du CP introduites en 2017 :
antérieurement max. 6 mois de prison et max cent euros d’amende).
6.2. Les sanctions civiles
En vertu de la responsabilité civile, définie dans les articles 1382 et 1383 du Code civil : « Tout fait
quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé,
à le réparer ». « Chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais
encore par négligence ou par imprudence ».

- Sanction pour celui qui commet la révélation + pour celui qui l’encourage.
- Elle s’applique aussi aux personnes tenues à un simple devoir de discrétion. Les
sanctions se présentent en nature ou en dommages et intérêts.

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6.3. Les sanctions disciplinaires
Les conséquences peuvent être différentes selon les dispositions particulières propres à
chaque employeur.
- Rupture du contrat de travail : la violation du secret professionnel est considérée
comme une faute grave.
- Peut également être sanctionné disciplinairement (ex.: amende, suspension
disciplinaire, blâme, etc).
6.4 Les sanctions de procédure
Les éléments de preuve recueillis en violation du secret professionnel peuvent entraîner la
nullité des poursuites dans une procédure pénale.
- Cela constitue un vice de procédure car la preuve est d’origine délictueuse.
La responsabilité de l’éducateur spécialisé
Que signifie être « responsable » au sens juridique ? = C’est l’obligation de répondre de ses
actes. Donc supporter les conséquences des obligations qu’on a contractées
personnellement ou qui sont imposées par la vie sociale.
La responsabilité peut prendre plusieurs formes :
1. La responsabilité civile (RC) ➔ Celui de la responsabilité du fait personnel. Celui de la
responsabilité du fait d’autrui.
✓ Responsabilité personnelle ➔ Chacun est responsable du dommage qu’il a
causé. = Article 1382 du Code civil. « Tout fait quelconque de l’homme qui
cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le
réparer ». = principe de base de la RC oblige celui qui a causé un dommage à
un tiers à le réparer.
Pour que la responsabilité d’une personne soit engagée, 3 conditions doivent être remplies :
- l’existence d’une faute
- l’existence d’un dommage
- et l’existence d’un lien de causalité entre la faute et le dommage (si la faute n’avait
pas été commise, dommage n’aurait pas été subi).
Par faute, on n’entend pas seulement l’acte intentionnel animé par le désir de nuire mais
également la négligence, l’imprudence ou l’inattention.
Dans l’appréciation de la responsabilité, le juge prend comme référence le « bon père de
famille ». = le comportement d’une personne adulte normalement prudente et diligente
placée dans les mêmes conditions.
Cette personne n’est ni excessivement prudente, ni complètement négligente. Cette notion
de « bon père de famille » est essentielle dans un contexte de responsabilité.
En effet, la question que l’encadrant doit toujours se poser lorsqu’il agit est celle-ci : dans les
mêmes circonstances, comment agirait une personne normalement prudente et diligente ?

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La responsabilité s’apprécie également en fonction des circonstances de fait telles que le fait
de prévoir des activités dangereuses, le fait d’avoir prévu un encadrement suffisant, etc.
Il existe 3 types de dommages :
o MATERIEL : dommage causé aux biens de la victime
o CORPOREL : dommage qui porte atteinte à l’intégrité physique d’une personne
o MORAL : dommage qui découle d’une atteinte à l’honneur, de la peine liée à une
diminution physique ou psychologique ou du chagrin causé par le décès d’un être
cher
✓ Responsabilité pour autrui ➔ Il s’agit de la responsabilité que l’on doit
assumer pour quelqu’un d’autre = Article 1384 du Code civil On est
responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit
répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde.
o Le père et la mère sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs.
o Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et
préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont employés.
o Les instituteurs et les artisans, du dommage cause par leurs élèves et apprentis
pendant le temps qu’ils sont sous leur surveillance.
La responsabilité ci-dessus a lieu, à moins que les père et mère, instituteurs et artisans, ne
prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
En matière de contrat de travail :
Article 18 loi du 3.07.1978 sur contrats de travail :« En cas de dommages causés par le travailleur à
l'employeur ou à des tiers dans l'exécution de son contrat, le travailleur ne répond que de son dol et
de sa faute lourde. Il ne répond de sa faute légère que si celle-ci présente dans son chef un caractère
habituel plutôt qu'accidentel».

Donc responsabilité de l’employeur sauf :


- Dol : faute intentionnelle dans but de nuire
- Faute lourde : faute telle excessive que ne se comprend pas de qqun de raisonnable
- Faute légère habituelle : répétition d’une même faute ou succession de fautes légères
Exemples concrets de responsabilité pour autrui
En tant qu’éducateur, puis-je être tenu responsable si un enfant dont je m’occupe blesse
qqun ou casse qqch ?
Oui !
comme éducateur, je suis temporairement responsable de la garde, de la surveillance et de
l’éducation d’enfants mineurs. les parents m’ont délégué le droit de contrôle et de
surveillance sur leurs enfants. en droit, ce concept = « délégation de l’autorité parentale la
loi prévoit je peux être tenu responsable des dommages qu’ils causent. La loi présume que je

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suis responsable si un enfant dont j’ai la charge cause un dommage à une personne, à un
animal ou à un bien, peu importe si le geste posé par l’enfant est fautif ou non.
en cas de poursuite, c’est donc à moi de prouver que je n’ai commis aucune faute dans la
garde, la surveillance ou l’éducation de l’enfant.
Par exemple, je peux faire valoir que : mon obligation de surveiller l’enfant avait pris fin au
moment où il a causé des dommages malgré ma surveillance adéquate de l’enfant, je ne
pouvais pas empêcher son acte fautif l’acte de l’enfant était totalement imprévisible.
En tant qu’éducateur, je propose des cours de karaté. Suis-je responsable d’un geste posé
par un jeune en dehors des heures où je lui donne cours ?
En principe, ma responsabilité se limite aux dommages causés alors que l’enfant mineur se
trouve sous ma surveillance. Dans certains cas, ma responsabilité peut toutefois être
étendue. S’il est possible de démontrer que l’acte commis par l’enfant, en dehors de ma
surveillance, résulte d’une mauvaise éducation que je lui ai donnée dans le cadre des cours,
je peux être tenu responsable des dommages causés.
2. La responsabilité pénale ➔ La responsabilité pénale est engagée par la violation
d’une norme pénale même si l’acte illicite n’a causé aucun dommage à autrui.
Si la violation de la norme pénale a causé un dommage à une personne, cette dernière peut
se «constituer partie civile» et réclamer réparation de ce dommage dans le cadre de l’action
pénale et/ou porter ses prétentions devant le juge civil.
Cependant, l’action publique n’est pas subordonnée à la constitution d’une partie civile : le
Procureur poursuit un coupable qu’il y ait ou non un dommage ou une victime.
Un effet, le Ministère public (Procureur du Roi) qui représente les intérêts de la société civile
peut décider de poursuivre l’auteur de l’infraction quand bien même la victime n’a postulé
aucune réparation.
Contrairement à la responsabilité civile, la responsabilité pénale est toujours personnelle à
l’auteur de la faute. En conséquence, un employeur ne peut être pénalement rendu
responsable d’un comportement illicite de ses employés. C’est la personne physique elle-
même qui sera assignée dans un procès.
Une personne morale est considérée comme une entité juridique susceptible de commettre
une faute pénale propre. Ex: traite des êtres humains dans un resto
Aucune assurance ne peut couvrir la responsabilité pénale de quelqu’un et personne ne peut
endosser cette responsabilité en lieu et place de celui qui en est tenu.
Cependant, une assurance « protection juridique » peut prendre en charge les frais d’avocat
et les dépenses engagées au cours de la procédure judiciaire.
Un dommage est causé intentionnellement lorsque l’auteur a eu la volonté de commettre un
acte violent. Il est alors responsable de toutes les conséquences de cet acte, y compris celles
qu’il n’a pas souhaitées.

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Ex.: L’encadrant s’emporte et bouscule un enfant qui tombe et se blesse. L’encadrant n’a pas
souhaité blesser l’enfant mais il l’a volontairement bousculé.
Un dommage est causé involontairement lorsque la victime a subi des dommages par une
faute liée à l’imprudence, la négligence, l’inattention de la part de l’auteur, ou si ce dernier
n’a pas respecté une obligation de sécurité ou de prudence imposée par une norme
Ex.: Des enfants sont transportés dans l’espace « coffre » d’un véhicule utilitaire sans siège
arrière, ni ceinture. A la suite d’un accident de circulation, ils sont blessés. L’encadrant n’a
pas apprécié le danger d’une telle initiative.
Le Code Pénal envisage les peines encourues pour chaque infraction et des atténuations et
aggravations spécifiques existent, notamment en cas de violation délibérée d’une exigence
de sécurité.
Le droit au séjour des étrangers
POURQUOI DEBUTER PAR LE DROIT AU SEJOUR ?
Parce qu’il conditionne d’autres droits :
- Travail
- Aide sociale
- Nationalité
Attention, pas certains droits fondamentaux ! Ex. : mariage (12 CEDH) ; aide médicale
urgente cf. interdiction au traitement inhumains (3 CEDH) ; scolarité (3 et 28 CIDE) ; etc
ETRANGERS … DE QUI PARLE-T-ON ?
Une question de NATIONALITE = Pas la nationalité belge
Mais distinction selon :
- Citoyens de l’Union européenne (27 États membres + Norvège, Lichtenstein, Islande,
Suisse)
- Ressortissants de pays tiers.
QUELLES BASES LEGALES ?
- Conventions internationales : droit de l’UE (règlements et directives UE) et droits
fondamentaux
- Loi du 15/12/1980 sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement
des étrangers
- Arrêté royal d’exécution du 8/10/1981 + Annexes (toute décision en matière de
séjour est formalisée par une annexe (demande de séjour, carte de séjour, ordre de
quitter le territoire, décision de refus de séjour, etc.)
- Circulaires
- Jurisprudence (nationale et internationale)

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Il faut distinguer le visa (= autorisation de pénétrer sur le territoire belge) du titre de séjour
(= autorisation de résider en Belgique)
Un étranger doit en principe demander une autorisation préalable avant de venir en
Belgique (= visa)
Les citoyens de l’UE et les ressortissants de pays tiers en séjour légal dans un pays de l’UE
sont toujours dispensés de visa pour entrer en Belgique. Ils peuvent rester maximum 3 mois
sur 6 (court séjour).
Les ressortissants de certains pays tiers sont dispensés de visa selon une liste établie au
niveau européen (ex: Albanais, Américains, Canadiens, Chiliens, Colombiens, Israéliens,
Japonais, ...). Ils peuvent rester en Europe maximum 3 mois sur 6 (court séjour).
Un étranger sans séjour légal doit en principe retourner dans son pays d’origine pour
introduire une demande de visa.
MOTIFS DE SEJOUR LEGAUX ?
- Demande de visa préalable à la venue en Belgique :
o Court séjour (touristique, visite familiale,…) = Visa C (max 3 mois)
o Etudes
o Regroupement familial
o Travail
o Motif humanitaire.
- Demandes de séjour en Belgique
o Si séjour légal : changement de statut parfois possible (ex : étude/travail)
o Si pas de séjour légal :
✓ Demande de protection (asile, PS, 9ter, Mena, traite)
✓ Circonstances exceptionnelles qui empêche le retour (demande de
régularisation 9bis/RF avec ressortissants pays tiers )
✓ Regroupement familial avec belge ou un européen
✓ Séjour citoyen UE
CONDITION COURT SEJOUR (MAX 3 MOIS) ?
1. Documents requis (passeport valable ou doc de voyage muni d’un visa valide – sauf
dispenses)
2. Moyens de subsistance (personnels ou garant)
3. Objet (tourisme, visite familiale, amicales, affaires, santé…et conditions du séjour (lieu
d’hébergement) + Garanties de retour
4. Assurance maladie
5. Droits de visa (pour court séjour)
LONG SÉJOUR : LA REDEVANCE

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Une redevance est due pour l’introduction d’une demande de séjour (visa D ou demande de
séjour de + de 3 mois en Belgique) à verser préalablement sur le compte de l’Office des
étrangers sinon demande irrecevable :
- 366€ : Visa humanitaire, travail, chercheur, régularisation 9bis, visa retour.
- 209 € : RF, étudiant (sup.).
- 63 € : résident de longue durée UE venant d’un autre Etat membre, RF avec résident
de longue durée UE venant d’un autre EM.

Plusieurs exceptions à la redevance dont :


- citoyens UE et membres de leur famille,
- demandeur mineur (- 18 ans)
- demandeur de protection et leurs membres de famille (asile, 9ter)
- Descendant majeur handicapé.
-→ La légalité du principe MAIS le montant de la redevance doit présenter un rapport
raisonnable avec le coût du service fourni par l’administration pour le traitement des
demandes de séjour (CC du 22/02/18).
LONG SÉJOUR : LA CONDITION D’INTÉGRATION
L’étranger qui introduit une demande de séjour (de plus de trois mois) est informé du fait
que ses efforts d’intégration seront contrôlés et devra signer une déclaration par laquelle il
indique comprendre les valeurs et les normes fondamentales de la société et qu’il agira en
conformité avec celles-ci (La déclaration n’est cependant pas encore appliquée car pas
d’Arrêté royal en prévoyant le contenu).
Après la première année de séjour, et pendant 4 ans, l’étranger doit également apporter « la
preuve qu’il est prêt à s’intégrer dans la société »
➔ possibilité de retrait s’il n’a pas fourni d’efforts raisonnables d’intégration .
➔ Ces efforts sont appréciés par l’Office des étrangers en tenant compte d’une série
non exhaustive de critères prévue par la loi (avoir suivi un parcours d’accueil ou
d’intégration, exercer une activité professionnelle, connaître la langue du lieu
d’inscription, avoir fait des études supérieures, participer activement à la vie
associative, …)
Exceptions :
- les demandeurs d’asile, les réfugiés reconnus (et les membres de familles) et les
apatrides
- les bénéficiaires de l’accord Belgique Turquie, ainsi que les membres de leur famille
- les membres de la famille d’un européen
- les étudiants
- les victimes de traite des êtres humains
- les mineurs, les incapables, et les personnes gravement malades.

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La condition d’intégration vise donc surtout le RF avec ressortissants pays 1/3 + séjour sur
base du travail + régul.9bis
LA CONDITION D’INTÉGRATION : CONTRAIGNANTE?
Travaux préparatoires : « En soi, la mauvaise intégration d’une personne ne peut jamais
justifier à elle seule le retrait du permis de séjour. »
C. Const., arrêt 126/2018 : « aucun effet en matière de droit de séjour n’est en soi attaché
au non-respect des conditions d’intégration » → le défaut d’intégration ne peut fonder, seul,
une décision de refus de prolongation ou de fin de séjour. Il s’ajoute nécessairement à un
autre motif prévu par la loi (fin de la vie commune, défaut de moyen d’existence, …).
AUTORITES COMPETENTES EN MATIERE DE SEJOUR ?
1. Ministre/Secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration
2. Office des étrangers
3. Ambassades et consulats
4. Les communes
5. Commissariat général aux réfugiés et apatrides
6. Conseil du contentieux des étrangers
7. Conseil d’état
8. Tribunaux civils
QUELS SONT LES DOCUMENTS DE SEJOUR ?
1. Attestation d’immatriculation = carte orange
2. Certificat d’inscription au registre des étrangers (CIRE) : carte A (séjour limité) ou
carte B (séjour illimité)
3. Carte d’identité d’étranger : carte C (séjour illimité + RP)
4. Carte de résidant de longue durée UE obtenue en Belgique: carte D (séjour illimité +
RP)
5. Carte de citoyen UE : Carte E (séjour conditionné – 5 ans) ou Carte E+ (séjour
permanent + RP)
6. Carte de membre de famille de citoyen UE, ressortissant 1/3 : Carte F (séjour
conditionné – 5 ans) ou carte F+ (séjour permanent + RP)
7. carte H : travailleur hautement qualifié
8. Annexe 35 : recours suspensif contre un refus de séjour
LA QUESTION BRITANNIQUE
Britanniques bénéficiaires de l’accord de retrait = Britanniques et membres de leurs familles
qui ont acquis un droit de séjour en tant que citoyens UE avant la fin de la période
transitoire (> 31/12/2020) avaient jusqu’au 31/12/2021 pour changer de carte : séjour
permanent ou travailleurs transfrontaliers
LA FIN DU SEJOUR
2 hypothèses :

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- Conditions mises au séjour pas/plus réunies
- Fin de séjour pour ordre public
Ordre de quitter le territoire (OQT) = « décision d’éloignement », comportant au moins un
constat de séjour illégal et une obligation de quitter le territoire dans un délai déterminé.
2 types d’OQT :
1. Séjour illégal lors appréhension
2. Met fin à un droit de séjour + constate illégalité (Fin au court séjour ou fin au long séjour).
→ Soit délai d’exécution
→Soit immédiat car « risque de fuite » et/ou risque pour l’ordre public
Lors de la prise de décision :
Le ministre ou son délégué tient compte de :
- l'intérêt supérieur de l'enfant, de la vie familiale, et de l'état de santé du ressortissant
d'un pays tiers concerné.
- la durée du séjour du citoyen de l'Union ou du membre de sa famille sur le territoire
du Royaume, de son âge, de son état de santé, de sa situation familiale et
économique, de son intégration sociale et culturelle dans le Royaume et de
l'intensité de ses liens avec son pays d'origine.
L’interdiction d’entrée
= la décision qui peut accompagner une décision d'éloignement et qui interdit, pendant
une durée déterminée, l'entrée et le séjour, soit sur le territoire du Royaume, soit sur le
territoire de tous les Etats membres, en ce compris celui du Royaume.
- Interdiction territoire Schengen
- Obligatoire ou facultative
- Délai varie en fonction des circonstances
- Motifs de suspension/levée : « changement matériel des circonstances qui avaient
justifié la décision »
Pour les européens ➔ Interdiction du territoire belge. Que pour des motifs « d'ordre public,
de sécurité publique ou de santé publique » La durée de l'interdiction d'entrée ne peut pas
dépasser 5 ans sauf si le citoyen de l'Union ou le membre de sa famille constitue une
menace grave pour l'ordre public ou la sécurité nationale.
LA DETENTION ADMINISTRATIVE
Hypothèses de détention :
A. Refoulement à la frontière ➔ mesure appliquée à l’égard d’un étranger qui se voit refuser
l’accès au territoire. Exemples : pas de passeport revêtu d’un visa valable, pas de documents
justifiant l’objet et les conditions du séjour, pas de moyens de subsistance suffisants pour le
séjour et le retour

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B. Eloignement des étrangers et séjour illégal ➔Éloignement = transfert physique hors du
Territoire. Décision d’éloignement = décision constant l’illégalité du séjour et imposant une
obligation de retour. Séjour illégal = la présence sur le territoire d’un étranger qui ne remplit
pas ou ne remplit plus les conditions d’accès au territoire ou au séjour. Exemple : s’il n’a pas
de passeport revêtu d’un visa valable
C. Détention des demandeurs de protection internationale➔ Plusieurs hypothèses
Introduction d’une demande de PI à la frontière, examinée par le CGRA = étranger qui tente
de rentrer dans le Royaume sans les documents requis (passeport + visa) (hypothèse de
refoulement) et qui introduit une demande de protection internationale à la frontière.
→Détention durant l’examen par le CGRA et le recours devant le CCE
Introduction d’une demande de PI sur le territoire, examinée par le CGRA
Détention si :
- Pour établir ou vérifier identité ou nationalité
- Nécessité pour obtenir des éléments qui ne pourraient être obtenus sans la
détention (en particulier s’il y a un risque de fuite)
- Déjà détenu en vue d’un retour et motifs raisonnables de penser que l’intéressé a
introduit la demande de protection internationale à seule fin de retarder ou
d’empêcher l’exécution de la décision de retour
- Risque pour l’ordre public ou la sécurité nationale
D. Prolongations et réécrous
Décision de prolongation de la détention = Hypothèse où la détention arrive à son terme,
mais que le détenu n’a pas pu être éloigné (ex : laisser-passer pas encore délivré par le pays
d’origine ; pas d’avion en raison de la crise sanitaire)
Réquisitoire de réécrou = Hypothèse où le détenu fait obstacle à son éloignement (ex : sans
escorte, le détenu refuse de monter dans l’avion).
E. Autres : police et prison
Police : « Les services de police peuvent saisir un étranger qui n'est pas porteur des pièces
d'identité ou des documents prévus par la loi et le soumettre à une mesure d'arrestation
administrative, dans l'attente d'une décision du Ministre ou de son délégué. La durée de la
privation de liberté ne peut dépasser vingtquatre heures. »
Prison : circulaire ministérielle du 7 mars 2013 « étrangers détenus ».

DELAIS DE LA DETENTION
Principe (éloignement, refoulement, demandes de PI, réécrous):
- Durée maximale de 2 mois

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- Décision de prolongation de la détention : + 2 mois + 1 mois (ministre) jusqu’à
maximum 5 mois si :
o Démarches nécessaires en vue de l’éloignement entreprises dans les 7 jours
ouvrables de la mise en détention
o Démarches nécessaires poursuivies avec toute la diligence requise
o Existence d’une possibilité d’éloignement effectif…
o dans un délai raisonnable
- Jusqu’à 8 mois si l’ordre public ou la sécurité nationale l’exige ou en cas de titres de
détentions successifs
ACCOMPAGNEMENT SOCIO-JURIDIQUE DES DEMANDEURS DE PROTECTION
INTERNATIONALE
Accompagner à quoi ?
le demandeur doit présenter aussi rapidement que possible tous les éléments nécessaires
pour étayer sa demande (notamment ses déclarations et les documents concernant son
identité, sa ou ses nationalités, son âge, son passé (…),le ou les pays où il a résidé
précédemment, ses demandes antérieures, ses itinéraires, ses titres de voyage, les raisons
de sa demande).
L’absence de ces éléments et plus particulièrement l’absence de preuve quant à l’identité ou
la nationalité, …, constitue une indication défavorable concernant la crédibilité générale, à
moins que le demandeur ne présente une explication satisfaisante.
Lorsque le DPI n’étaye pas certains aspects de ses déclarations par des preuves
documentaires ou autres, pas de confirmation lorsque les conditions cumulatives suivantes
sont remplies :
- le demandeur s’est réellement efforcé d’étayer sa demande
- tous les éléments pertinents à la disposition du demandeur ont été présentés et une
explication suffisante a été fournie quant à l’absence d’autres éléments probants
- les déclarations sont jugées cohérentes et plausibles et elles ne sont pas contredites
par les informations générales et particulières connues et pertinentes pour sa
demande
- demande introduite dès que possible, à moins qu’il puisse avancer de bonnes raisons
de ne pas l’avoir fait
- la crédibilité générale du demandeur a pu être établie.
Accompagner quand ?
Idéalement, dès l’arrivée et aux différentes étapes de la procédure !
1° Avant même l’interview à l’OE :
- Dublin
- Suivi psy si nécessaire

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- Constat médical si nécessaire
- Vérification besoins procéduraux spéciaux si vulnérabilité
- Informations et préparation à l’interview à l’OE.
2° Après passage à l’OE :
- Vérification que pas d’erreurs et pas d’omissions importantes dans le questionnaire
(document type)
- Préparation récit/recherche d’infos
- Préparation et conseils pour l’audition CGRA
- Vérification du contenu des documents présents et recherche de nouveaux documents
- Vérification besoins procéduraux spéciaux si vulnérabilité (48/9)
- Eventuellement, attestations.
3° Après audition CGRA :
- Possibilité de demander une copie des notes d’audition et de faire des observations écrites
(éclaircir, compléter, corriger) – attention délais (art.57/5 quater)
- Si décision négative :reprendre un à un les différents motifs de refus et tenter d’y répondre
+ rechercher éventuellement de nouveaux documents.
Accompagner comment ?
Domaines de preuve
- Motifs de la fuite : distinguer faits vécus, faits rapportés (important d’être précis sur
les circonstances dans lesquelles le DPI a obtenu ces informations), impressions,
sentiments, explications, déductions,…
- Craintes actuelles : Importance de l’actualisation de la crainte (contacts avec le pays).
Quelles infos ? Et si pas, pourquoi ?
- Le trajet du pays d’origine jusqu’au pays d’accueil : pour vérifier que pas de droits
ailleurs pas un motif d’asile mais peut aussi parfois expliquer la vulnérabilité).
Etapes de la recherche
- Toujours à partir du récit individuel
- Analyser les documents déjà présents :
o faire un tri
o vérifier le contenu de ces documents (confronter si erreurs ou contradictions)
o voir ce qu’ils prouvent
o Voir comment ils ont été obtenus
- Voir ce qu’il manque et où aller le chercher, quand c’est possible et si pas possible,
expliquer pourquoi et ce que l’on a tenté de faire.
Types de preuves

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- Nationalité(s) / lieu(x) de provenance (!!! Primordial !!!)
- Profession (si lien avec les motifs du départ)
- Evénement(s) qui a (ont) conduit à la fuite / appartenance à un mouvement, une
organisation, un parti, une église,…
- Problèmes identiques vécus par d’autre(s) et lien avec ces personnes (frère ou
compagnon de lutte)
- Situation générale (pour laquelle les autorités ont souvent des informations
détaillées - COI -, mais rechercher et ne pas négliger des rapports contradictoires à
celles-ci).
- Traumatismes psychologiques et/ou physiques (rapports médicaux ou
psychologiques) – ne pas se limiter à ce que dit le DPI mais rapport détaillé avec
diagnostic/avis de professionnel
- Vulnérabilité particulièrement importante (attestation de l’accompagnateur,
assistant social ou éducateur)
→Presque toujours, difficulté de prouver le motif essentiel qui est « au cœur» de la décision
de fuite
→c’est souvent un faisceau d’éléments qui permet de prouver la crainte.
Conclusion :
- Seule l’écoute permet d’orienter la recherche de preuves
- Envisager de multiples pistes de preuves est souvent indispensable
- Souvent, avoir un faisceau de preuves est nécessaire
- Pas évaluer la crédibilité de la demande (rôle des autorités), ni de falsifier, ni
d’inventer,… mais aider la personne à rendre sa demande crédible en fonction des
exigences des autorités (l’aider à comprendre dans quel « jeu » elle joue).
Les étrangers et le droit à l’aide sociale et l’intégration sociale
LE DROIT A L’INTEGRATION SOCIALE
Pour qui ?
- posséder la nationalité belge
- citoyen de l'Union européenne (ou membre de sa famille qui l'accompagne ou le
rejoint) ayant un droit de séjour de plus de 3 mois conformément aux dispositions de
la loi du 15 décembre 1980 (après 3 mois de séjour)
- inscrit comme étranger au registre de la population
- apatride
- réfugié
- bénéficier de la protection subsidiaire
Les belges
- Avoir la nationalité belge
- Les personnes étrangères membres de la famille d’un belge ou le rejoignant – Non si
pas droit au séjour.

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➔ Pas de discrimination.
CC, 26 septembre 2013 (n°122/2013): La possibilité pour les autorités belges de mettre fin au séjour
des citoyens européens et des membres de leur famille, dans le respect du droit de l’Union
européenne, lorsque leur présence sur le territoire représente une charge déraisonnable pour le
système d’assistance sociale, possibilité qui n’est pas envisageable dans une mesure identique à
l’égard des citoyens belges et des membres de leur famille, est une circonstance qui permet de
justifier la pertinence de la différence de traitement en cause au regard de l’objectif d’assurer
l’équilibre budgétaire du régime non-contributif du droit à l’intégration sociale.

Perte du droit au séjour en raison de l’octroi du RI ?


L’OE peut mettre fin au séjour quand la présence de l’étranger représente une charge
déraisonnable pour le système d’aide social. Ni le CPAS ni les tribunaux du travail ne peuvent
retirer un titre de séjour (même s’il a été délivré sur base de fausses déclarations) parce que
le ministre a un pouvoir d’appréciation individuel et parce qu’il existe un recours suspensif
Octroi de l’aide, mais en attirant l’attention des bénéficiaires sur les conséquences sur le
séjour, l’OE étant immédiatement informé de l’octroi d’un RI et revoyant le dossier.
Les étrangers inscrits au registre de la population
Le revenu d’intégration est réservé aux étrangers inscrits au registre de la population, au
sens strict (c’est-à-dire des personnes autorisées à s’établir dans le royaume)
C.A., n °5/2004 du 14 juillet 2004 : pas de discrimination car les étrangers inscrits au registre
de la population ont vocation à s’installer définitivement en Belgique (ou pour une durée
significative)
Les réfugiés
- Seuls sont visés par la loi du 26 mai 2002 les réfugiés reconnus
- Assimilation aux nationaux - le droit de séjour est automatique (art. 49 loi 15-12-80)
Les apatrides
- Seuls ceux reconnus, au sens de la convention de New-York
- Condition ajoutée par la jurisprudence: séjourner régulièrement en Belgique
(résidence effective et autorisée)
Qui n’a pas droit au RI ?
- Les Européens
– avec un droit de séjour de moins de 3 mois
– avec un séjour de plus de 3 mois durant les 3 premiers mois
- Les étrangers inscrits au registre des étrangers
- Les étrangers inscrits au registre d’attente (candidats réfugiés/protection subsidiaire)
- Les étranger en séjour illégal.
L’AIDE SOCIALE

27
Caractère universel de l’AS
Article 23 de la Constitution : Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité
humaine
Loi du 8 juillet 1976 organique des CPAS, art. 1: “Toute personne a droit à l'aide sociale.
Celle-ci a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine.”
Mais limité à l’aide médicale urgente et aide dans le cadre du retour volontaire si étranger
en séjour illégal.
Pourquoi limité si séjour illégal ?
- Motif de politique migratoire : “La limitation de l’aide sociale (a été) voulue pour
provoquer le départ de personnes qui n’y ont manifestement plus droit puisqu’elles
ont reçu un ordre de quitter le territoire définitif”
- Critiques – nuances
o Atteinte au caractère universel de l’aide sociale
o Instrumentalisation de l’aide sociale
o Caractère disproportionné du procédé
o Droit comparé.
Les mineurs étrangers non-accompagnés
La plupart des mineurs étrangers non accompagnés présents en Belgique sont des garçons
de 16 à 18 ans. Ils proviennent essentiellement des pays suivants : Afghanistan, Algérie,
Maroc, Guinée, République démocratique du Congo, Inde et Roumanie. Plus de 70 % des
mineurs sont signalés par les services de police. Les autres se présentent spontanément
auprès de l’OE afin d’y introduire une demande d’asile.
Plusieurs cas de figure :
- mineur se retrouvant seul en Belgique suite au départ de ses parents qui ont été
déboutés de la procédure d’asile après avoir fui leur pays d’origine en raison d’une
situation de guerre ou d’un conflit
- mineur autorisé par ses parents à voyager en Europe afin d’y trouver un avenir
meilleur
- mineur victime de la traite d’êtres humains (exploitation sexuelle, exploitation
économique) ou du trafic d’êtres humains
- mineur ayant fui son pays d’origine pour des raisons économiques (il s’agit surtout de
garçons âgés de 14 à 18 ans et ayant maintenu les contacts avec leur famille restée
au pays)
- mineur « en transit » en Belgique, ayant été intercepté par les autorités belges alors
qu’il souhaitait se rendre en Grande-Bretagne ou dans un pays scandinave
- mineur venu rejoindre un membre de sa famille établi en Belgique alors que les
conditions du regroupement familial n’étaient pas remplies
- mineur voyageant en groupe avec des membres de sa propre communauté, telle la
communauté Rom.

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Prise en charge par le Service des tutelles
Rattaché au SPF Justice. Composé de juristes, sociologues, assistants sociaux, assistants
administratifs, chauffeurs et accompagnateurs. Les mineurs sont généralement signalés par
la police ou par l’OE. La plupart arrivent sans document d’identité ou de séjour identification
et détermination de l’âge en cas de doute via un test médical. Prise de contact avec les
centres d’hébergement et attribution d’un tuteur.
Le tuteur = représentant légal chargé de veiller au bien-être général du mineur, il apparaît
comme le « fil rouge » garant du développement des aptitudes nécessaires à une
participation active à la société.
Statut
- Tuteur volontaire : pas + de 5 tutelles /an
- Tuteur indépendant principal ou accessoire : activité principale ou complémentaire
mais sans contrat de travail
- Tuteur employé dans une association active dans secteur de l’encadrement des
MENA : sous contrat de travail
Conditions
- Aucun diplôme n’est requis pour exercer la fonction de tuteur.
- Il faut être majeur et résider légalement en Belgique.
- Les compétences et connaissances liées à la problématique des mineurs étrangers
non accompagnés :
o sensibilité envers la problématique des mineurs étrangers non accompagné
o capacités relationnelles
o compétences en matière d’organisation et de coordination
o absence de conflit d’intérêts avec le mineur.
Missions
- demander l’assistance d’un avocat pour représenter le mineur dans les différentes
Procédures
- introduire une demande d’asile ou une demande d’autorisation de séjour pour le
mineur
- exercer les voies de recours lorsqu’il estime que les décisions prises vis-à-vis du
mineur ne sont pas conformes à son intérêt
- assister le mineur dans toutes les procédures le concernant et participer à toutes les
auditions (à l’Office des étrangers, au Commissariat général aux réfugiés et aux
apatrides, au Conseil du Contentieux des Etrangers, etc)
- veiller à ce que le mineur bénéficie d’une scolarité, d’un soutien psychologique, des
soins médicaux nécessaires, d’un hébergement adéquat, de l’aide des pouvoirs
publics
- expliquer au mineur les décisions prises à son sujet
- prendre toute mesure utile afin de rechercher les membres de la famille du mineur
- proposer des solutions durables pour le mineur

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- gérer les biens du mineur en « bon père de famille »
- établir des rapports réguliers concernant l’évolution de la situation du mineur.
Responsabilité
- Le tuteur assume une responsabilité professionnelle : il est responsable de ses
propres fautes, même involontaires, commises dans l’exercice de ses fonctions. Cette
responsabilité professionnelle est couverte via une assurance souscrite par le service
des Tutelles.
- En revanche, contrairement aux parents, le tuteur est exempt de la responsabilité
civile pour les dommages causés par le mineur. En effet, l’article = 1384 du Code civil
n’est pas applicable au tuteur d’un mineur étranger non accompagné.
- Le service des Tutelles couvre également ces dommages via une assurance prise à sa
charge.
Recherche d’une solution durable
- Il n’existe pas de définition précise de la solution durable, qui peut consister en :
o un regroupement familial
o un retour dans le pays d’origine ou dans le pays où il est autorisé ou admis au séjour
o une autorisation de séjour pour une durée illimitée en Belgique
- Si la solution durable est le retour dans le pays d’origine, certaines garanties doivent
être vérifiées par rapport à son accueil et à sa prise en charge en fonction des besoins
inhérents à son âge et à son degré d’autonomie.
- Il implique le mineur dans l’élaboration de son projet de vie à long terme.
- Le « projet de vie » est un outil individuel qui vise à garantir l’exercice des droits du
mineur et tient compte d’un ensemble de données :
o le profil du mineur migrant non accompagné
o les attentes du mineur migrant non accompagné
o les opportunités offertes au mineur dans les pays d’accueil et dans son pays
d’origine.
- Cette mission est exercée en complémentarité avec le service des Tutelles. Au final,
c’est l’Office des étrangers qui est compétent pour décider de la solution durable à la
situation du mineur.

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