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INSTITUT SUPERIEUR DE DAKAR (ISDD)

Licence 3 : Privé

COURS DE PROCEDURE CIVILE

Dr. Sadou WANE

INTRODUCTION

La procédure civile est l’ensemble des règles qui gouvernent les réalisations judiciaires des
droits dont les personnes ont vocation à être sujet. « Procédure » vient du mot latin «
procedere », qui signifie « s’avancer» et qui évoque la marche à suivre pour mener le procès
à bonne fin. Une autre appellation de la matière est apparue en 1940 : « Droit Judiciaire Privé
». Droit « judiciaire », parce que les règles de procédure ne concernent pas que la Procédure
civile, mais aussi la procédure commerciale, la procédure prud’homale… La procédure civile
est au service d’autres matières. En effet, le terme « civil » ne renvoie pas exclusivement au
droit civil. Il faut entendre "civil" comme équipollent à " privé".

Aujourd’hui, dans les Facultés de Droit la matière est enseignée indifféremment sous le nom
de Procédure Civile ou de Droit Judiciaire Privé. Il ne faut pas confondre la Procédure Civile
(ou le Droit Judiciaire Privé) avec le « Droit Processuel ». Le Droit Processuel est une
nouvelle science du Droit, renvoie à l’étude comparative des trois contentieux : le contentieux
civil, contentieux pénal et le contentieux administratif (étude des modes de saisine du juge,
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étude des pouvoirs respectifs du juge et des parties, étude des nullités, étude du calcul des
délais, mise en œuvre des Droits de l’Homme, etc.

Section I : Objet de la procédure civile


La Procédure Civile se présente comme l’ensemble des règles qui régentent l’organisation et
le fonctionnement de la Justice en vue d’assurer aux particuliers le respect et la sanction de
leurs droits subjectifs. Elle a pour objectif de permettre l’application du droit privé. La
procédure a pour objet l’organisation du procès. C’est un corps de règles, qui a pour objet
d’organiser le déroulement des procès de droit privé. C’est un ensemble d’actes qui permet de
faire progresser une cause litigieuse, un objet de conflit. Le mot procès vient du latin
processus qui signifie progrès, développement. Le procès est le contentieux soumis à
l’appréciation d’une juridiction. Le procès est un "mode de réalisation du droit qui est l'art du
bon et de l'équitable" (J. Carbonnier). La procédure civile est l’ensemble des règles régissant
l’organisation, le déroulement des procès mettant en jeu, exclusivement des intérêts privés. Ce
serait le droit qui étudie l'ensemble des règles définissantl'ensemble des règles et de la justice
afin de permettre aux personnes physique ou morale la mise en œuvre de leur droit subjectif
en matière de droit privée. Ainsi, le procès est considéré comme « une manière ordinaire
d’administrer la justice »1. Le procès n’a de sens qu’à travers le jugement qui en marque le
terme.
En substance, nous donc retenir que la procédure civile a pour finalité l’organisation
judiciaire, de déterminer la compétence des juridictions (ratione materiae et ratione loci), le
déroulement du procès et les voies de recours.

En ce qui concerne les caractères de la procédure civile, il en a plusieurs.


Elle est d’abord très technique et ordonnée, fragmentée en séquences. C’est une matière
qui ne s’accommode pas de l’approximation.

Section II : Les caractères de la procédure civile

La procédure civile présente un double caractère : formaliste et impératif qui est commandé
par l'idée qui convient de soustraire l'administration de la justice à l'arbitraire et à la fantaisie
des parties. Le formalisme, de la procédure va décrire les formalités à accomplir et les délais à
respecter sous peines de nullité ou de déchéance. Le plaideur doit se plier à des rites imposés

1 L. CADIET, J. NORMAND et S. AMRANI-MEKKI, Théorie générale du procès, Paris, P.U.F, 2e éd., 2013.
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par la loi. Pour avoir effet, un acte doit impérativement se plier à des formalités. Un minimum
d'ordre est indispensable lorsqu'il s'agit d'administration de la justice et c'est un facteur de
sécurité pour assurer la conservation des droits d'une partie. Elles vont s'imposer aux parties
comme aux juges mais si en principe les plaideurs ne peuvent déroger aux règles égales, ils
peuvent avoir des aménagements.

**** : Le procès civil est formaliste. Nous verrons dans notre étude qu’il impose aux
justiciables, à peine de prescription ou de caducité, des délais pour agir à toute hauteur de
procédure, que ce soit pour diligenter l’action en justice, pour exercer des voies de recours,
pour constituer avocat devant le TGI ou encore pour présenter des conclusions devant le TGI
pendant la phase de la mise en état2.
En outre, le code de procédure civile requiert parfois des parties la formalisation de leurs
prétentions ou de certaines de leurs demandes dans des écrits.
Il les contraint également à respecter un certain ordre dans le développement de leurs
arguments de défense.
Le formalisme du procès civil s’impose également au juge, qui doit rendre un jugement écrit,
en langue française, comportant un certain nombre de mentions.
Le formalisme du procès civil n’est pas gratuit, ce n’est pas un rite à suivre aveuglément et
sans raison. Il est imposé aux justiciables et au juge d’abord pour donner un cadre précis et
prévisible à l’action en justice, pour éviter l’arbitraire et donner des garanties aux justiciables.
Ihéring n’avait-il pas dit que « la forme est la sœur jumelle de la liberté » ?

Le formalisme a également pour fonction de donner du rythme au procès.

**** Une procédure impérative : On nous apprend que la justice est un service public ; pour
donc assurer une bonne administration de la justice, des règles impératives ont été posés pour
ne pas abandonner aux plaideurs la liberté de choix de la juridiction à saisir ou encore de la
procédure suivre.

L’impérativité des règles permet aussi de protéger ces dernières à leur insu et d’établir une
égalité de tous devant la justice. À bien y regarder, toutes les règles de procédure civile ne
sont pourtant pas impératives. Seules les règles relatives à l’organisation judiciaire le sont
absolument.

2 S. Amrani-Mekki, Le temps et le procès civil, Dalloz, coll. « Nouvelle Bibliothèque de Thèses », 2002, vol. 11
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Traditionnellement, les règles de compétence d’attribution sont considérées comme d’ordre
public alors que celles qui concernent la compétence territoriale sont d’intérêt privé. Les
règles de procédure de l’instance sont elles aussi nuancées.

……..des règles se manifeste aussi par l’office du juge, tenu de relever dans tous les cas la
violation d’une règle impérative. Or, le droit positif sénégalais ne retient pas forcément cette
solution, les cas où le juge peut relever d’office cette violation étant restrictifs.

L’impérativité est alors surtout marquée par l’application généralisée des règles de procédure
dans le temps et dans l’espace.
En effet, lorsque le législateur n’a pas édicté de règles de droit transitoire, les lois de
procédure sont susceptibles de s’appliquer immédiatement aux instances futures et même aux
instances en cours. La loi ancienne survit exceptionnellement lorsque, au moment de l’entrée
en vigueur de la loi, la juridiction saisie a déjà rendu une décision au fond ou lorsque la loi
nouvelle met en cause le fond du droit. Ainsi, la loi nouvelle qui modifie les formes du
recours est applicable aux instances en cours, contrairement à celle qui modifie les conditions
de recevabilité de la voie de recours.

Si la procédure civile débouche sur une décision de justice, donc un acte juridictionnel par le
truchement d’un juge professionnel qui rend une décision au nom du peuple, la loi donne
possibilité aux parties des voies d’évitement du procès. Ils peuvent se concilier ou transiger.
Ils peuvent avoir recours à un tiers, conciliateur ou médiateur. Ils peuvent choisir leur propre
juge dans le cas d’un arbitrage.
Il existe donc des alternatives à la justice étatique, c’est la justice déléguée (Article 7 et s.
CPC).

Section III : La justice déléguée ou le traitement extrajudiciaire


Dans le cadre du dénouement du litige à caractère civil, le législateur offre aux différents
protagonistes diverses voies pour résoudre leur litige. A cet effet, la loi prévoit des modes plus
souples de règlement de leur différend en faisant recours aux offices d’un tiers, conciliateur
ou médiateur, ou même choisir leur propre juge dans le cas d’un arbitrage. En fin, les
parties en conflit peuvent tout simplement procéder à un accord transactionnel pour vider
leur contentieux.

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A : L’arbitrage
Il est très proche de l’intervention d’un juge étatique. C’est un mode juridictionnel de
règlement du litige. La décision rendue par l’arbitre dira le droit. L’arbitre est un juge privé.
C’est le procédé par lequel des personnes en conflit vont décider de soumettre leurs différends
à une ou plusieurs personnes qu’elles vont choisir et auxquelles elles vont donner mission de
régler leurs différends par l’application du droit. Ce droit peut être librement circonscrit par
les parties. Elles peuvent demander une résolution du conflit en équité. C’est l’amiable
composition. Dans tous les cas, les arbitres sont des tiers librement choisis par les parties.
L’arbitrage emporte plusieurs avantages, ce qui explique qu’il soit si fréquent.

La convention d'arbitrage est un accord de volonté, elle est soumise aux conditions générales
de validité des contrats. Les parties organisent la constitution, les pouvoirs et les procédures
du tribunal arbitral sans être tenues de suivre les règles établies pour les tribunaux de l'État.
La convention d'arbitrage répond principalement à des conditions de fond. Ainsi, Les articles
2 et 3 AU/DA visent l’existence d’une convention d’arbitrage entre les parties pour fonder ce
processus
La clause la plus usitée dans le cadre des conventions d’arbitrage est la clause
compromissoire, insérée dans le contrat entre les parties avant la survenance d’un différend.
Par contre un autre moyen, après la naissance d’un litige permet de soumettre le règlement à
un tribunal arbitral, il s’agit du compromis.
L’arbitrage emporte plusieurs avantages, ce qui explique qu’il soit si fréquent.
- C’est une justice rapide et discrète.
- C’est un mode de résolution plus souple. C’est une justice qui peut être non formelle.
- Les parties peuvent choisir des personnes particulièrement expérimentées.

B : La médiation et la conciliation
Instituées par les décrets n° 2007-1253 du 23 octobre 2007 modifiant le décret n° 99-1124 du
17 novembre 1999 relatif aux maisons de justice, à la médiation et à la conciliation et
n°2014-1653 du 24 décembre 2014, la médiation et la conciliation sont donc des procédures
extrajudiciaires de règlement des conflits reposant sur la volonté des parties et se caractérisent
essentiellement par l’intervention d’un tiers neutre et indépendant.

La médiation et la conciliation sont définies dans l’article 1er du décret n°2014-1653 susvisé.
Ledit article énonce que la médiation est un « processus consensuel et structuré par lequel
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un tiers dit médiateur aide les parties à trouver elles-mêmes un accord, dit accord de
médiation, en vue de la résolution amiable de leur différend » (Voir Art. 7 bis CPC). La
nuance comparée à la médiation, c’est que les parties tentent, à l’appui des propositions et
avis d’un tiers du conciliateur, de parvenir à un accord. Le médiateur n’est autre qu’un
facilitateur qui cherche à rapprocher la position des parties en instaurant la communication
entre elles pour qu’elles trouvent elles-mêmes la solution acceptable à leurs litiges. Le
médiateur aide les parties à dialoguer et à coopérer afin de parvenir à une entente
mutuellement satisfaisante alors que le conciliateur fait des propositions, donne son avis.

C : La transaction
Elle est prévue par l’article 756 du COCC qui dispose que « la transaction est la contrat par
lequel les parties mettent fin à une contestation par des concessions mutuelles. Il y a lieu de
souligner qu’il est toujours admis de recourir à la transaction dès lors que le litige met en jeu
des intérêts privés. En cela, la transaction la transaction n’est pas un mode juridictionnel mais
volontaire de règlement des litiges qui suppose des concessions réciproques.

Le législateur attache un certains nombres de conditions à la validité de la transaction. En


effet pour transiger, « il faut avoir la capacité de disposer des droits compris dans la
transaction » (Art. 757 COCC). Il faut surtout qu’elle soit formalisée par un écrit. Avec
toutes ces garanties, l’erreur de droit est exclue en la matière.
La transaction a pour effet principal de mettre fin au litige et d’éteindre, en même temps,
l’action en justice qui s’y rattache car elle va interdire aux personnes qui ont transigé de
soumettre ensuite leur différend au juge pour le trancher à nouveau (Art. 1-2 CPC et Art.
760 COCC).

Section IV : Les principes directeurs du procès civil

Le principe du Contradictoire : En vertu de ce principe, nul ne peut être jugé sans avoir été
préalablement entendu ou écouté. C’est l’expression du principe du respect des droits de la
défense du droit pénal atténué au contexte du droit civil. Le principe du contradictoire est dans
certains cas mis à l’écart. La loi ne permet pas aux parties de l’invoquer à tout temps. Il en est
ainsi dans la procédure sur requête qui se caractérise par le fait qu’elle n’est pas
contradictoire.

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Au niveau de la matière litigieuse : ce sont les parties qui ont la maîtrise de la matière. C’est le
principe du Dispositif. On dit que le juge ne peut pas statuer "utra petita", c’est-à-dire qu’il
ne peut pas allouer plus que ce qu’on lui a demandé. Il ne peut statuer "extra petita", c’est-à-
dire en dehors de ce que lui a été demandé. Il ne peut pas non plus statuer "infra petita"
(Article 4-1 in fine). Ce principe du Dispositif est complété par le principe de
l’immutabilité qui signifie que lorsque le procès est fixé, on ne eut plus le modifier (Article
1-4 CPC).
Dans le contentieux civil, la procédure est accusatoire, c’est-à-dire que le procès est l’affaire
des parties. Le juge ne cherche pas lui-même les preuves. Il incombe de déterminer l’objet de
leur litige en vertu des principes du Dispositif et l’immutabilité du litige. Principe d’oralité
---- Principe de publicité…

Section V : Des sources de la procédure civile

On retrouve les sources traditionnelles du Droit : les traites internationaux, la loi, la


jurisprudence, la coutume, la doctrine. 1- Les traités
---- Art. 7 Pacte africain des droits de l’homme et des peuples (21 oct. 1986) à propos du
procès équitable, de publicité des débats, impartialité du tribunal, de l’indépendance des
juges…

2- La loi Décret de base n° 64-572 du 30 Juillet 1964 portant Code de Procédure


civile, JO n°
3.705 du 28 septembre 1964.
Quelques étapes historiques de la procédure civile sénégalaise
Réforme de 2001 par le décret n°2001-1151 du 31 décembre 2001 portant réforme du
Code de Procédure civile a été l'institution du juge de la mise en état, dans la quête de la
célérité du traitement du contentieux de droit privé.
Réforme de 2013 : Le décret n° 2013-1071 du 6 août 2013 portant modification du décret n°
64-572 du 30 juillet 1964, qui introduit la notion de contrat de procédure et celle de rôle
d’attente (Art. 453 in fine)
La loi n° 84-19 du 02 février 1984 fixant l'organisation judiciaire -- Vu la loi n° 2014-26 du
03 novembre 2014 portant révision de la carte judiciaire.

3 Art. 45 «Le greffe tient également un rôle d’attente dans lequel sont inscrites toutes les affaires qui y
sont renvoyées par le juge de la mise en état ». ---- Art 54, la mise en état ne peut plus dépasser 4
mois.
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Cependant certaines dispositions applicables à la procédure civile ne se trouvent pas dans ces
décrets. Il en est ainsi des règles relatives à la nouvelle organisation judiciaire qui sont issues
de la loi 2014-26 du 03 novembre 2014, abrogeant et remplaçant la loi n° 84-12 du 2 février
1984 ; de la loi organique n° 92-27 du 30 mai 1992 sur le statut des magistrats ; de
l’ordonnance n° 60-16 du 3 septembre 1960 sur le conseil supérieur de la magistrature et de la
loi n° 2009-25 du 8 juillet 2009 portant modification de la loi n° 84-09 du 4 janvier 1984
complétée par la loi n° 87-30 du 28 décembre 1987 relative à l’ordre des avocats.
D’autres dispositions se trouvent dans le décret 2015-1145 du 03 août 2015, fixant l’actuelle
composition et la compétence des Cours d’appel, des Tribunaux de Grande Instance et des
Tribunaux d’Instance.

3- Jurisprudence – Les usages judiciaires – La doctrine (notamment Juris-Classeur).

Toutefois, une difficulté majeure subsiste pour l’étude de la procédure civile. Elle est
symptomatique de l’état du corpus législatif et réglementaire sénégalais dans son ensemble et
a trait à la dispersion des sources et leur rédaction fragmentée.

Le fil rouge de ce cours est constitué par divers problèmes formant le contenu de la procédure
civile qui sont classés en trois groupes :
Théorie de l'action qui décrit dans quelles conditions il est possible d'obtenir d’une
juridiction la reconnaissance ou la sanction de ces droits. Elle constitue le point de suture de la
droite privée et de la procédure.
Théorie de la juridiction : qui décrit l'organisation judiciaire et les règles de compétence.
Théorie de l'instance : qui décrit les mesures à mettre en œuvre pour soumettre une
prétention à l'activité juridictionnelle du juge.
Les voies de recours : qui permettent de contester une décision de justice.

Première Partie : L’ACTION EN JUSTICE

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La notion d'action en justice a alimenté une forte controverse doctrinale, et c'est sans doute la
raison pour laquelle le législateur n'a pas voulu prendre position, dans le Code, en énoncer la
théorie. La loi sénégalaise ne définit pas l’action en justice. Il n’existe aucune disposition
d’ordre général relative à l’action en justice si ce n’est l’art 1-2 du CPC qui est très évasif et
surfe sur des généralités (Décret n° 2001-1151 du 31 décembre 2002). Pourtant cette notion
revient régulièrement dans les textes législatifs et réglementaires. Pour exemple nous pouvons
nous référer aux articles :
------ Les Art. 202 et s. du code de la famille relatifs aux actions en rétablissement ou en
contestation de la filiation.
------ L’art 212 qui traite des actions relatives à l’exécution des obligations alimentaires.

Vu l’utilisation fréquente de la notion, pour plus de complétude, nous nous obligeons à en


apporter des précisions sémantiques avant de cerner son régime.

Chapitre I : LA NOTION D’ACTION EN JUSTICE

En ce sens, l’article 30 du CPC français définit l’action en justice « est le droit, pour l’auteur
d’une prétention, d’être entendue sur le fond de celle-ci afin que le juge la dise bien ou mal
fondée », alors que « pour l’adversaire, l’action est le droit de discuter le bien-fondé de cette
prétention ». Ainsi l’action en justice est perçue comme le droit, comme le pouvoir,
comme la liberté de saisir le juge, c'est-à-dire le droit de lui soumettre une prétention ou
moyen de défense afin d’obtenir de lui qu’il en apprécie le bien fondé.
L’action est donc envisagée expressément comme un droit subjectif. Plus exactement, on a
longtemps considéré que l’action, c’était le droit subjectif lui-même lorsqu’il est invoqué en
justice. C’est ce que semble traduire la fameuse formule de M OTULSKY selon laquelle «
l’action, c’est le droit mis en mouvement, c’est le droit en état de guerre ». En substance, la
doctrine classique, l’action n’est autre que l’aspect dynamique du droit, son prolongement
judiciaire. L’action serait un droit en l’état d’action, au lieu d’être en l’état de repos.
Cette doctrine a été abandonnée depuis et il est clair aujourd'hui qu'il faut dissocier le droit de
l'action. L'action tend à la constatation du droit et à sa sanction, elle s'en distingue donc. En
pareille occurrence, est un droit subjectif différent du droit subjectif qu’il tend à faire

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reconnaître. Ainsi, l'action en justice confère le pouvoir d'exiger du juge qu'il examine au fond
la prétention selon laquelle il est titulaire d'un droit subjectif.

Paragraphe I : la distinction du droit et de l’action


Les deux notions entretiennent des liens entièrement étroits, le plus souvent brusques.
Il n’en reste pas moins que les deux notions doivent être distinguées parce que dans certains
cas, on peut être titulaire d’un droit et non d’une action tandis que dans d’autres cas on peut
avoir une action mais non des droits.

1) Un droit sans action


Il faut songer ici aux effets de la prescription extinctive. Celui dont la créance est prescrite par
exemple ne peut plus saisir un tribunal ou obtenir l’application de son droit.

2) Une action sans droit


On peut prendre l’exemple du ministère public qui met en œuvre l’action publique, on ne peut
pas dire que le ministère public a un droit subjectif. De même en matière administrative, le
REP qui tend á l’annulation d’un acte administratif est la conséquence du fait que l’on
reconnaît á celui qui agit une action en justice.
Par exemple aussi le fait de pouvoir saisir les tribunaux ne préjuge en rien de la décision que
ceux-ci seront amenés à prendre à propos du fond du droit.

Paragraphe II : La distinction de l’action et de la demande de la défense en justice


L’action, c’est une faculté, une liberté, un pouvoir de saisir une juridiction afin d’obtenir du
juge la reconnaissance du droit que l’on invoque. Ce pouvoir, on en dispose indépendamment
de l’exercice qu’on serait amené à en faire : le droit existe indépendamment de l’exercice.
C’est cette distinction du droit et de l’exercice qui permet de comprendre celle qui a trait à
l’action et à la demande en justice. La demande en effet est l’acte juridique par lequel on
met en œuvre l’action qui saisit les tribunaux.
La demande est donc un acte de procédure qui prendra la forme soit d’une assignation, soit
d’une comparution au greffe. Elle peut être effectuée même lorsque son auteur n’a pas
d’action.
En résumé, il convient de distinguer ces 3 notions liées (Le droit – l’Action et la demande) : le
droit subjectif dont la sanction est demandée, l’action en justice qui est un droit, celui de saisir
les tribunaux d’une prétention donnée et la demande en justice qui est un acte juridique de
procédure au moyen duquel un tribunal sera effectivement saisi de l’action.
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SECTION II : CLASSIFICATION DE L’ACTION FONDEE SUR LA DU DROIT


LITIGIEUX
On peut procéder à différentes classifications en fonction de la nature, de l’objet des droits
subjectifs qu’elles ont vocation à protéger.

Paragraphe I : Classification fondée sur la nature du droit litigieux


Cela manifeste l’attraction du droit sur l’action. En même temps qu’on distingue les droits
réels de ceux personnels, on distingue les actions personnelles de celles réelles. A noter
toutefois qu’il existe une catégorie intermédiaire, les actions mixtes.

A) l’action réelle
Est réelle l’action qui tend à la réalisation d’un droit réel. Par exemple l’action en
revendication qui protège le droit réel de propriété.

B) l’action personnelle
Elle tend à la réalisation d’un droit personnel. Ex : l’action qui demande la reconnaissance
d’un droit de créance, les actions en contestation ou en reconnaissance d’état.

C) l’action mixte
Elle n’a pas de correspondant au niveau des droits. L’action mixte concerne à la fois un droit
réel et un droit personnel. L’exemple type est l’action en résolution d’une vente qui a déjà été
exécutée. Cette action est réelle par conséquence de la résolution, personnelle car le contrat
préalable mettait en œuvre un droit personnel.

Paragraphe II : Classification fondée sur l’objet


Ici on distingue les actions mobilières de celles immobilières.
L’action est immobilière lorsqu’elle porte sur un droit dont l’objet est un immeuble, tandis
que l’action mobilière porte sur un bien mobilier ou qui n’est pas immobilier.
Les classifications peuvent se recouper. Par exemple une action en négation de servitude
est action immobilière mais réelle parce qu’elle porte sur un objet.
En revanche une action en exécution de l’obligation de transférer la propriété d’un immeuble
en conséquence d’une vente est action personnelle immobilière.
De même l’action en exécution d’une vente qui a été conclue est une action mobilière ou
immobilière selon le cas et réel.
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CHAPITRE II : LE REGIME DE L’ACTION EN JUSTICE

L’action en justice est certes le droit de saisir les tribunaux, mais il est circonscrit par la loi
dans des conditions bien déterminées.

SECTION I : L’EXISTENCE DE L’ACTION EN JUSTICE


Dans la mesure où l’action en justice est un droit, il ne peut se concevoir sans sujet. Il faut
avoir la personnalité juridique. Cette condition ne pose aucune difficulté pour les personnes
physiques. Mais s’agissant des groupements de personnes, il y’a problème. Ceux là ne
peuvent être sujets de droit que dans la mesure où ils sont titulaires de la personnalité
juridique.
Il existe des conditions spécifiques à l’action en justice. Pour certains il y a des règles tout à
fait particulières. Par exemple l’action en contestation de paternité. Ces conditions ne seront
pas examinées spécifiquement, seules le seront celles générales. Il y a en 3, deux positives,
une négative.

Paragraphe I : l’intérêt à agir


L’action est un droit que la loi accorde aux personnes juridiques. Cependant ce droit n’est
accordé que s’il est destiné à satisfaire la demande présentée devant les tribunaux. C’est à cet
effet qu’un intérêt sérieux et légitime est érigé en condition.
Le caractère sérieux : Pour être sérieux, l’intérêt doit être né et actuel, ce qui signifie a
contrario qu’un intérêt seulement éventuel est insuffisant.
Ainsi, c’est au moment même qu’on saisit les juridictions qu’est apprécié l’intérêt. Cet intérêt
peut être moral, patrimonial….
N.B : Ainsi toute demande préventive est irrecevable, s’il est né d’une prévention d’un
éventuel litige. La solution serait toutefois différente s’il existait une menace sérieuse et
concrète.
Dans le même ordre d’idée, sont interdites les actions provocatoires et interrogatoires.

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L’action provocatoire est celle qui a pour objet de permettre à une personne troublée par les
allégations publiques d’une autre personne sur la titularité d’un droit de mettre celle-ci en
demeure de justifier ses affirmations sous peine de se voir imposer un perpétuel silence.
L’action interrogatoire : quant à elle a pour objet de contraindre une personne qui dispose
d’une faculté d’option soit de déclarer si elle entend ou non user d’un droit, soit de prendre
parti en faveur de l’une des options qui s’offrent à elle. Ex : dans le droit des successions, le
délai pour délibérer et faire inventaire de l’héritier ne peut faire l’objet d’une action
interrogatoire avant l’échéance de ce délai.
Si les actions interrogatoires et provocatoires sont interdites, il est possible d’accepter l’action
déclaratoire qui consiste dans la constatation par un juge l’existence d’un droit ou de
l’étendue d’une situation juridique.
La frontière entre ces trois éléments est difficile à tracer. Généralement ce qui est visé, ce sont
les actions d’état, par exemple ce que l’on pourrait appeler l’action en demande de
constatation de nationalité dirigée contre le ministère public.
Le caractère légitime : On enseignait traditionnellement que pour avoir intérêt légitime, il
faut pouvoir présenter l’atteinte à un droit légitime. Mais si on ne peut pas considérer que la
légitimité est assimilable à l’action, on peut toutefois dire que le droit a une incidence sur
l’action.

Paragraphe II : La qualité pour agir


Cette notion de qualité pour agir est assez difficile à définir. La qualité consiste à attribuer le
droit d’agir aux seules personnes que la loi qualifie pour élever ou combattre une prétention.
Par ce principe, la loi, de manière autoritaire, va restreindre le nombre de personnes qui
peuvent agir. En général la qualité suit la notion d’intérêt. Normalement, lorsque l’on est
reconnu avoir qualité à agir, on considère qu’il y a aussi intérêt à agir. Par exemple, lorsque
l’on a qualité à agir en divorce, on a implicitement intérêt à agir. La qualité apparaît alors
comme une restriction apportée à l’action vis-à-vis de l’intérêt, support préalable de l’action.
L’utilité de la notion apparaît chaque fois que l’intérêt du requérant est partagé avec d’autres
qui paraissent mieux approprier à exercer l’action. Ex : l’action en désaveu de paternité
réservée au père.
Cependant la qualité connaît des exceptions. Par Exemple ; l’action exercée par l’associé
d’une société ayant la personnalité morale à la place et sans mandat de cette dernière. Ici
l’intérêt réside dans la qualité d’associé, mais il n’est pas individualisé mais collectif à tous les
associés qui peuvent agir en lieu et place de la société ayant elle seule de prime abord le
préjudice.
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La question se pose surtout à propos des groupements ou associations.
Il va de soi qu’une association a qualité pour agir lorsqu’elle défend ses droits. Il y a un
problème lorsqu’une association prétend défendre des droits collectifs. Exemple ; une
association de protection de la nature ou l’association des consommateurs. A ce problème, la
loi répond par l’affirmative par les syndicats professionnels. Ainsi l’art 14 du Code du Travail
autorise les syndicats à exercer devant toutes les juridictions répressives tous les droits
réservés à la partie civile relativement aux faits portant un préjudice direct ou indirect à
l’intérêt collectif de la profession qu’ils représentent.
Dans le même ordre d’idées, les textes instituant des autorités administratives indépendantes
qui sont chargées de fonction de régulation économique, reconnaissent le pouvoir d’agir en
justice pour faire cesser certaines pratiques illicites. On les autorise à défendre un intérêt
collectif, non personnel mais individualisé.
En tout cas, si l’on admet le recours des groupements, ce serait pour des intérêts personnels et
collectifs, le recours serait en revanche déclaré irrecevable si l’action concerne les intérêts des
particuliers car il s’agit d’agir dans un intérêt collectif. Il ne faudrait pas que les associations
puissent prétendre agir pour la défense de n’importe quel intérêt en s’érigeant défenseur de
l’intérêt collectif. Il leur faut une attribution légale de qualité. Si elles ne sont pas agréées, en
principe, elles ne peuvent agir que dans leur intérêt personnel.
En définitive, on peut retenir que la notion de qualité pour agir est un surplus de condition
requise devant une multitude de requérants ayant intérêt. Le but visé est la réduction des
actions au même titre que la forclusion = délai prefix ou de rigueur ou de la prescription.

Paragraphe III : la perte de l’action


Le droit d’agir peut s’éteindre ou se transmettre.

A/ l’extinction de l’action
Il existe fondamentalement trois cas d’extinction de l’action en justice.

1) La prescription
C’est l’extinction d’un droit par l’effet de l’écoulement d’un temps. En effet, toute action en
justice doit être exercée pendant un certain délai, au-delà, il y a extinction du droit.
L’étendue du délai requis est extrêmement variable.

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2) L’autorité de la chose jugée
Lorsqu’un litige est déjà tranché et que toutes les voies de recours ont été épuisées, il n’est
plus possible de saisir les tribunaux .Ce principe sert à sécuriser le droit en mettant un terme
aux actions.
L’extinction suppose que le litige soit celui effectivement tranché d’où trois conditions.
----- il faut qu’il y ait identité des parties.
---- Il faut d’autre part qu’il y ait identité d’objet.
---- Enfin il faut une identité de cause c'est-à-dire que le fondement juridique soit le même.

3) La renonciation
Elle peut résulter aussi bien d’un acte unilatéral que d’un contrat. Lorsqu’elle résulte d’un
contrat, la renonciation prend la forme d’une transaction par laquelle les parties, en se faisant
des concessions réciproques, mettent définitivement fin au litige qui les oppose et qui produit
les mêmes effets qu’un jugement passé en force de chose jugée. Le contrat est revêtu d’une
force particulière puisque la loi lui confère celle de l’autorité de la chose jugée.
Lorsque la renonciation résulte d’un acte unilatéral, elle prend la forme d’un désistement ou
d’un acquiescement.
------ Le désistement d’action : il n’est que partiellement réglementé par les articles 245 et
246 CPC. Il peut être défini comme l’acte par lequel celui qui a formulée une demande en
justice déclare abandonner ses prétentions à l’égard de son adversaire.
N.B : il faut toutefois distinguer le désistement d’action du désistement d’instance qui est
l’acte par lequel la partie qui a formulé une demande en justice déclare renoncer à l’instance
qu’elle a ainsi initiée ; renoncer à l’instance, c’est renoncer au procès qui est actuellement
porté à la connaissance des juges. Cette renonciation n’emportant pas celle de l’action, qui
pourra être exercée plus tard par une nouvelle instance.
------ L’acquiescement : il peut être à la demande ou au jugement. C’est un acte par lequel
une partie reconnaît le bien fondée soit de la demande qui est dirigée contre elle, soit du
jugement qui a déjà été prononcée contre elle.

La différence entre ces deux procédés tient à la personne dont ils émanent, le désistement
provient du demandeur, l’acquiescement du défendeur.

B/ La transmission de l’action
En principe, elle se réalise automatiquement avec celle de la prérogative dont elle assure la
protection. Ainsi la cession de créance entre vifs comporte cession d’action en paiement.
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De même, la transmission à cause de mort d’un élément du patrimoine du défunt comporte
transmission des actions qui permettent la protection judiciaire des droits ainsi transmis.
Exemple ; par testament, A lègue un immeuble à B, celui-ci dispose alors des actions liées au
droit de propriété.
La transmission de l’action lorsqu’elle intervient alors que celle-ci a déjà été exercée a pour
effet de faire acquérir à son nouveau titulaire la position procédurale de l’ancien, cela signifie
que la transmission de l’action en cours d’instance ne met pas fin à celle-ci. Aussi, dans cette
circonstance, la transmission de l’action à pour effet de rendre le nouveau titulaire partie à
cette instance avec la qualité procédurale qui y sied.

SECTION II : L’EXERCICE DE L’ACTION

L’action en justice s’exerce au moyen d’un acte juridique que l’on appelle, suivant la position
procédurale de son auteur, une demande ou une défense en justice.
Cet acte doit remplir un certain nombre de conditions sous peine d’une sanction qui est la
nullité.

Paragraphe I : Conditions de fond


Pour exercer valablement une action en justice, il faut en être capable et il faut en avoir le
pouvoir.

A/ La capacité
C’est une condition d’exercice qui va de soi. Ainsi, il n’est pas prévu par le code. La capacité
est l’aptitude d’une personne à jouir ou à exercer un droit. C’est la capacité d’exercice qui
nous intéresse présentement c'est-à-dire l’aptitude d’une personne à faire valoir ses droits.
Nous savons que les mineurs sont des incapables et qu’ils ne peuvent accomplir les actes
juridiques nécessaires à l’exercice de leurs droits et à l’administration de leur patrimoine.
Leurs droits sont exercés par leurs représentants qui sont généralement leur père.
De même que aussi les majeurs incapables qui doivent être représentés pour l’exercice de leur
droit. L’incapable majeur ne peut pas donc exercer lui-même l’action dont le droit le lui
confère. Quant à son représentant, il doit avoir le pouvoir d’agir.

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B/ Le pouvoir d’agir
La question du pouvoir d’agir ne se pose que lorsqu’une personne agit non pour son propre
compte mais pour celui d’autrui qu’elle prétend représenter.
Le problème est de savoir si le représentant est réellement habilité à représenter autrui.
Les problèmes posés sont relatifs au représentant et au mécanisme de la représentation. Ainsi
le gérant d’une SARL a pouvoir pour représenter la société qu’il gère. De même le tuteur à le
pouvoir d’agir pour le compte d’un majeur en tutelle. A la différence de la capacité d’agir
mais aussi des autres conditions d’existence de l’action en justice (intérêt, qualité) laquelle
s’apprécie sur le titre du représenté, le pouvoir doit être recherché sur la tête du représentant.
Cette condition relative au pouvoir de représenter appelle deux séries d’observations.
- la première est que la source de la représentation est ici indifférente. Le représentant
tient son pouvoir de la loi, d’une décision de justice ou d’un contrat tel par exemple le statut
d’une personne morale.
- La deuxième observation est que le représentant ne doit pas masquer la personne du
représenté. Article 29 al 1 CP « nul ne plaide par procureur », c’est -a- dire que nul ne peut se
dissimuler derrière la personne du représentant, il faut donc que l’identité du titulaire de
l’action, le représenté apparaisse dans tous les actes de procédure.

Para II : Les conditions de forme


Ce sont celles qui concernent les actes de procédure c'est-à-dire les actes écrits aux moyens
desquels s’exerce l’action en justice.

A/ La forme des actes de procédure


Tous les actes de procédure ne sont pas écrits. En droit, les parties ont très largement la
possibilité de procéder par voie de déclaration orale.
Lorsque toutefois l’écrit est requis, il faut satisfaire à certaines conditions de forme. Aussi si
toutefois les parties procèdent par voie de déclaration orale, celle-ci doit être recueillie par un
greffier, sous la forme écrite et dans certaines conditions.

1) La rédaction des écrits


Ces règles de rédaction des actes varient suivant l’identité de leur auteur car si les actes de
procédure sont parfois rédigés par les parties elles - mêmes, ils le sont le plus souvent par des

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auxiliaires de justice, greffiers, avocats, huissiers. Les règles varient également selon l’objet
de ces actes. Ainsi les mentions qui doivent figurer dans l’acte de convocation d’une personne
sont différentes de celles qui constatent une situation de fait.
Il n’en reste pas moins qu’il subsiste un certain nombre de règles communes à tous les actes
de procédure. Ces règles sont fixées par l’art 821 CPC qui ne concerne apparemment que les
actes d’huissiers mais il est probable qu’elles pourraient être transposées aux autres actes
parce que nécessaires à la compréhension des actes.
Quelles sont ces exigences ?
D’abord tous les actes de procédure doivent indiquer leur date, jour, mois, année. De même
l’identité du représenté doit être mentionnée c'est-à-dire l’identité de celui pour le compte de
qui l’acte est accompli (nom, prénom, date et lieu de naissance, domicile et s’il y a lieu son
domicile élu, profession). S’il s’agit d’une personne morale est requise la dénomination de la
personne morale et l’identité de la personne physique la représentant.
Ensuite l’identité de l’auteur de l’acte dans l’hypothèse où l’auteur de l’acte est différent du
titulaire de l’action lui-même (greffier, huissier, avocat).
Mais aussi quoi que l’art 821 ne le précise pas, la signature.
De même, l’acte doit préciser l’identité du destinataire de l’acte (domicile, siège).
Enfin est requis l’objet de l’acte.

2) les règles de notification des actes de procédure

La notification est une formalité au moyen de laquelle un acte est porté à la connaissance
d’une personne. Lorsque la notification est faite par exploit d’huissier, on parle de
signification. Mais aucune forme de notification n’est requise, la voie postale est valable. Il
existe une autre possibilité, la notification par voie administrative. Généralement ici, la
notification est faite par les moyens d’un gendarme.
Dans toutes ces formes, la signification est celle qui offre le plus de garantie parce que
l’huissier est un auxiliaire de la justice soumis au respect de certaines règles dans son travail.
Ces règles sont le lieu et l’époque de la notification.
- le lieu de la notification : Le lieu varie suivant que le destinataire de l’acte est une personne
physique ou une personne morale.
-------S’il s’agit d’une personne physique, l’idéal est que l’acte soit remis en main propre.
C'est- à- dire que la signification soit faite à personne c'est-à-dire que l’acte est remis à
l’intéressé lui-même, pas souvent chez lui d’ailleurs. Cette forme de notification offre plus de
garantie. Dans le cas d’une signification à personne, peu importe le lieu où la signification à

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eu lieu. Ici l’huissier doit indiquer dans l’original de l’acte et sous la copie les modalités de la
signification.

-------Notons cependant que l’huissier n’est pas obligé de procéder à une notification à
personne. Il peut se contenter d’une notification à domicile qui est celle faite au domicile du
destinataire et à une autre personne que celui-ci. Pour que cette notification à domicile soit
possible, il faut certaines conditions.
D’abord il faut que le destinataire ait son domicile au Sénégal. La compétence d’officier
ministériel n’existerait plus à l’étranger vu la compétence limitée de l’huissier.
Dans le cas d’un destinataire à l’étranger, il va falloir procéder à une signification à parquet,
l’huissier va remettre l’acte au procureur de la république qui fait remonter l’acte au ministre
de la justice qui le remet à son collègue des affaires étrangères qui le transmet à ses
collaborateurs installés dans le pays où réside le destinataire.
Ensuite, il faut que le domicile du destinataire soit connu. Si le domicile n’est pas connu,
l’huissier remet l’acte au procureur de la république qui fait rechercher le destinataire par les
services de police.
-------Lorsque l’acte à notifier est une assignation à parquet, il doit se doubler d’un affichage
au tableau d’affichage du tribunal. Enfin il faut qu’il se trouve au domicile du destinataire une
personne qui accepte de recevoir l’acte. Cette personne peut être un parent, un ami, un voisin.
Si c’est le cas, l’huissier remet l’acte sous pli fermé en prenant le nom, le domicile, les
références de la carte d’identité de la personne qui a recueilli l’acte.
Si l’huissier ne trouve personne qui accepte l’acte, il peut procéder à une signification à
mairie. Ce mode de notification présente un caractère subsidiaire. La conséquence en est qu’il
ne devrait pas être permis à l’huissier de procéder à une signification à mairie s’il n’est pas
établi qu’il lui était impossible de procéder à une signification à personne ou à son domicile.
La signification à mairie s’effectue par la remise de l'acte sous pli fermée indiquant le nom, le
prénom et le domicile du destinataire ou la signification s’effectue par la remise de l’acte au
maire, à l’un de ses adjoints ou à défaut au chef d’arrondissement. Cette forme de
signification ne présente pas de garantie d’où la précaution prise dans l’obligation qui est faite
à l’huissier d’aviser le destinataire par lettre recommandée avec accusée de réception qu’il
doit envoyer au plus tard le lendemain sauf jour férié.
------Si le destinataire est une personne morale, il faut distinguer selon qu’elle a un
établissement ou non au Sénégal. Si le destinataire a un établissement au Sénégal, il faut se
référer aux dispositions de l’art 33 qui concerne les assignations c'est-à-dire les actes de

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procédure qui ont pour objet de convoquer le destinataire à une audience au tribunal, mais
cette disposition doit être étendue à tous les actes de procédure.

Pour l’État, l’assignation est adressée à l’agent judiciaire de l’État.


Pour les sociétés commerciales, l’assignation est faite au siège de la personne morale ou à son
principal siège.
Le moment de la notification : art 831 CPC
En principe la notification ne peut se faire à tout moment. Le moment de notification est
compris entre 6 heures du matin et 6 heures du soir (en tout cas la loi souligne que la
notification n’est plus possible 7 heurs du soir). Les jours de fête légale sont exclus sauf
autorisation du président du tribunal « dans le cas où il y aurait péril en la demeure » Art.831.

B/ Les autres conditions de forme applicables a l’exercice de l’action en justice.


Ces exigence de forme sont au nombre de deux ; la consignation au greffe et la cautio
judicatum solvi.
Art. 56 La consignation au greffe est une formalité destinée à garantir le paiement des frais de
justice, notamment les droits de timbre et d’enregistrement. Hormis les cas d’assistance
judiciaire, la consignation doit être payée par le demandeur sauf irrecevabilité.
La caution juducatum solvi (Art 110) ; elle ne concerne que les plaideurs et les demandeurs
étrangers lorsqu’ils saisissent les tribunaux Sénégalais. Il y a toutefois des conventions
internationales qui dispensent de cette caution. Cette caution n’est exigée qu’à la requête du
demandeur ou défendeur sénégalais pour payer les frais et dommages-intérêts auxquels
l’étranger pourrait être condamné. L’étranger est dispensé du versement de cette caution s’il a
des biens au Sénégal.

Paragraphe III : La sanction des conditions d’exercice


La sanction des conditions d’exercice est en principe la nullité des actes de procédure qui ont
été effectuées en vue de l’exercice de cette action en justice. Cette nullité est subordonnée
selon l’art 826 CPC à deux conditions ;
« Aucun exploit ou acte de procédure ne peut être déclaré nul si la nullité n’en a été prévue
formellement par un texte ». Il n y a pas de nullité sans texte.
« Aucune irrégularité d’exploit ou d’acte de procédure n’est une cause de nullité de procédure
s’il n’est justifiée qu’elle nuit aux intérêts de celui qui l’invoque ». Pas de nullité sans grief. «
Nonobstant ces dispositions qui précédent, la nullité d’un acte de procédure pourra être
prononcée si la formalité substantielle a été omise. Le caractère substantiel est attaché à un
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acte de procédure à ce qui tient à sa raison d’être et lui est indispensable pour remplir son
objet ».
Le problème lié à la première règle est la recherche des textes qui prévoient la nullité. Par
exemple, l’art 33 qui donne la liste de toutes les indications que doit comporter une
assignation ne fait pas référence à la nullité.
La dernière règle est indispensable à la première. Il ne suffit pas que la nullité soit prévue par
un texte, il faut aussi qu’il y ait grief.
Une précision, la nullité doit être invoquée, elle n’est pas prononcée d’office par le juge.
L’exception dont est assorti l’art 826 est la plus importante de toutes, vu le silence des textes
sur la nullité.
Ainsi en dépit des dispositions des deux alinéas qui précèdent, la nullité peut être prononcée si
c’est une formalité substantielle qui a été omise.
Constitue une formalité substantielle toutes les mentions à défaut desquelles l’acte perd sa
raison d’être et ne peut plus remplir ses fonctions.
Exemple ; constitue une formalité substantielle le défaut d’indication du tribunal devant lequel
on assigne quelqu’un.
Question : Que peut faire, bien qu’il y ait une omission d’une formalité substantielle, le
destinataire, par exemple dans le cas d’une assignation sans indication du tribunal à se
présenter ?
Pour la jurisprudence française, l’acte ne peut pas être annulé lorsqu’il contient des
indications équivalentes à celles qui ont été omises ou qu’il permet de suppléer des indications
erronées. Ces règles, quoique pas expressément prévues, ne concernent pas les irrégularités de
fond. Il est certain que le défaut de capacité ou de pouvoir d’agir entraîne toujours la nullité.

Deuxième Partie : L’INSTANCE

L’instance est le rapport de droit dont l’objet est le règlement d’un litige.
Autrement dit, l’instance ne se confond pas avec le litige ; celui-ci forme la matière de
l’instance et préexiste à l’instance. L’instance est considère comme une suite d'actes de
procédure qui s'étalent de la demande jusqu'au jugement irrévocable. Ces actes sont accomplis

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par les parties ou par leurs représentants ou bien encore par le juge. Ils ont des formes
variables et des contenus très différents. Néanmoins, ils forment un tout cohérent puisqu'ils
ponctuent et déterminent la « rythmologie» du procès. Ainsi, il appert (Verbe Apparoir = il
ressort avec évidence que) fondamental de dégager des principes dont le point commun est
d'assurer un déroulement du procès conforme aux garanties fondamentales d'une bonne
justice. Il s’agit, entre autres :

L’étude de l’instance s’article autour de deux axes à savoir les parties au procès privé
(Chapitre I), l’objet de l’instance (Chapitre II) et le régime de l’instance (Chapitre III).

CHAPITRE I : LES PARTIES AU PROCES

L’instance suppose une opposition au moins latente entre deux personnes ou davantage. Ces
personnes sont les parties.

Section I : La détermination des parties à l’instance


Il s’agit de déterminer les personnes liées par l’autorité de la chose jugée, celles susceptibles
d’exercer les voies de recours.

Paragraphe I : la qualité de partie (différent de la qualité pour agir)


Une définition globale n’est pas envisageable. Mais on peut dire que sont parties à l’instance
les personnes qui ont pris l’initiative d’exercer une action en justice soit en formulant une
demande soit en proposant une défense.
Donc sont parties les personnes qui ont pris l’initiative d’exercer une action en justice et les
personnes contre qui cette action est dirigée.
Les parties en principe sont au nombre de deux : il y a le demandeur et le défendeur ; étant
donné que parfois l’une de ces parties est le ministre public notamment lorsque celui-ci doit
agir en qualité principale.
Il y a des cas exceptionnels où il n’y a qu’une seule partie. C’est le trait caractéristique des
procédures gracieuses, ouvertes par une requête qui n’est dirigée contre personne. Il est des
cas fréquents où l’instance met en scène plus de deux parties.
Exple : plusieurs demandeurs contre un seul défendeur.
L’action des locataires d’un immeuble contre leur propriétaire.

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Il existe aussi le cas où une personne agit contre plusieurs défendeurs. Exple : l’action du
créancier d’une société en nom collectif.
Il existe aussi le cas où une personne agit contre une personne qui à son tour agit contre un
troisième.
Dans toutes ces hypothèses, on se trouve dans ce que l'on appelle une situation de « litis
consortium» et toutes les parties qui se trouvent selon leur qualité dans le litige sont
nommées « litis consort ».En principe, la position de litis consortium n’a pas d’incidence sur
les parties étant donné que chacune exerce ses droits comme il sied.
Autrement dit, les actes accomplis pour ou contre un litis consort ne peuvent ni nuire ni
profiter à d’autres.
Exceptionnellement, il peut en aller autrement lorsqu’il existe notamment une solidarité ou
une indivisibilité entre les parties.

Paragraphe II : La qualité de tiers


Elle se définit négativement ; est tiers la personne qui n’est pas partie à un litige.
Toutefois la définition doit être nuancée. Il existe des personnes dont les intérêts peuvent être
affectés par l’issue d’une instance. Exple : les héritiers d’une personne en litige (les ayants
causes universels où à titre universel).
D’autre part, un jugement peut affecter les créanciers ou les ayants causes à titre particulier
d’une personne en litige.
L’atteinte au principe de la distinction se voit dans la situation du tiers qui devient partie en
cours d’instance. C’est le cas des héritiers ou des ayants causes d’une personne décédée en
cours d’instance.
Il est aussi des cas où les tiers vont intervenir à une instance qui a été nouée en dehors d’eux.
Il y a trois formes d’intervention.
L’intervention volontaire principal :qui est celle qui se produit lorsqu’une personne
étrangère à une instance déjà mise en mouvement décide d’y intervenir pour y élever une
prétention contre l’une ou l’autre des deux parties.
L’intervention volontaire accessoire : elle se produit lorsqu’une personne étrangère à une
instance déjà née décide de s’y mêler. Mais cette fois pour y soutenir la prétention de l’une
des parties. Exple ; le soutien apporté par un syndicat à son membre en litige.

L’intervention forcée ; elle se produit lorsqu’une personne étrangère à une instance déjà née
s’y trouve appelée par l’une des parties. Cette intervention forcée peut revêtir 3 formes. Il peut
s’agir :
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- d’une mise en cause qui suppose qu’on ne demande rien au tiers mais seulement qu’il
défende un certain nombre d’éléments dont l’appréciation est à l’accueil éventuel de la
demande. Ex ; l’action d’une victime contre l’assureur de son auteur et qui demande que l’on
écarte l’assuré auteur du dommage.
- Il peut s’agir aussi d’une demande en déclaration de jugement commun. Il s’agit
d’une demande tendant à faire acquérir l’autorité de la chose jugée à l’égard d’un tiers
intervenant. Exemple ; l’action d’une victime contre l’auteur d’un dommage qui demande la
déclaration en jugement commun de son assureur.
- Enfin il peut s’agir d’un appel en garantie, c’est le cas le plus fréquent. Exemple
l’action de l’acheteur contre son vendeur qui appelle en garantie son fournisseur.

Dans tous les cas, l’intervention était à l’origine du tiers et il accède par l’effet de
l’intervention à la qualité de partie. Néanmoins certaines nuances doivent être faites car
souvent la qualité de l’intervenant varie suivant l’étendue des droits.

Section II : La représentation des parties à l’instance = ad litem


La représentation des parties est régie par les règles qui sont particulières car ne se confondant
pas avec la représentation dite de droit commun. Il s’agit d’une représentation spéciale pour
l’accomplissement des actes de procédure. C’est la représentation ad litem (= en vue du
procès).
.la représentation ad litem est dans certains cas obligatoire. Il en va ainsi de la procédure
d’aveu qui suppose la représentation par un avocat. De même la représentation ad litem est
obligatoire en vertu de l’art 4 de la loi du 4 janvier 84 lorsque le requérant est une personne
morale de droit privé autre que les sociétés nationales et la société d’économie mixte. La
représentation ad litem dans son principe est toutefois facultative, chacune est libre de
défendre ses intérêts comme il l’entend.
En outre l’art 5 de la loi du 4 janvier 1984 permet de choisir comme représentant ad litem des
personnes autres que les avocats. Ainsi en matière successorale, l’un des héritiers peut servir
de représentant ad litem. De même en matière familiale la représentation est possible,
exception en ligne directe, jusqu’au deuxième degré seulement en ligne collatérale. A quoi
s’ajoute en droit du travail la possibilité de se faire représenter par un travailleur ou un
employeur appartenant à la même branche d’activité.
On peut également se faire représenter par un représentant des organisations syndicales
auxquelles on est affilié.
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Dans le cas d’un employeur, il peut se faire représenter par un directeur ou un employé de
l’entreprise.
N.B : Toutes ces personnes qui font office de mandataire ad litem doivent justifier leur qualité
par un écrit. En matière sociale, les représentants ad litem doivent être agrées par le président
du tribunal dans des conditions assez rigoureuses art 214 Code du Travail.
De même, le mandataire ad litem ne peut accomplir que des actes favorables sauf s’il ne
dispose d’un mandat spécial à cet effet.

CHAPITRE II : L’OBJET DE L’INSTANCE

L’objet de l’instance, c’est le litige tel qu’il est porté à la connaissance du juge.
L’objet de l’instance est porté devant le juge par l’articulation des demandes auxquelles
répondent les moyens de défense.

Section I : Les demandes


Il y a plusieurs demandes caractérisées toutefois par les mêmes éléments et produisent les
mêmes effets.

Paragraphe I : Les différentes demandes


Il y a la demande en justice définie comme l’acte de procédure par lequel une personne
exerce une action en justice en soumettant au juge une prétention.

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Toutefois, il faut distinguer deux catégories de demandes. On oppose en effet la demande
introductive d’instance et les demandes incidentes.

A/ demande introductive d’instance et demande incidente


La demande introductive d’instance autrement appelée demande initiale est celle par laquelle
l’une des parties prend l’initiative du procès.
Elle est celle qui entraîne la saisine du juge, par conséquent fait naître l’instance.
A la demande introductive d’instance, s’opposent des demandes incidentes qui sont formulées
à l’occasion d’une instance déjà née. On distingue 3 types de demandes incidentes en fonction
de l’identité des personnes de qui elles émanent.
Il y a la demande reconventionnelle ; qui est celle par laquelle le défendeur à la demande
initiale prétend obtenir un avantage autre que le simple rejet de cette demande initiale. C’est «
une contre attaque ».

Il y a ensuite la demande en intervention ; qui est une demande qui intéresse une personne
autre que celle qui était initialement partie à l’instance. c’est une instance qui émane ou qui
est dirigée contre un tiers.
Lorsqu’elle vient d’un tiers on parle d’intervention volontaire, lorsqu’elle émane d’une autre
personne et est dirigée contre un tiers, on parle de demande en intervention forcée.
Il y a enfin la demande additionnelle qui, comme son nom l’indique, est celle par laquelle
une personne qui a déjà formé une précédente demande ajoute à celle-ci ou la modifie.

B/ le régime
La distinction entre demande introductive d’instance et demande incidente emporte un certain
nombre de conséquences Si les conditions de fond sont identiques, celles de forme sont
différentes. En effet, sauf celles qui concernent les demandes en intervention, les formes
relatives à l’introduction de la demande ne s’imposent pas aux demandes incidentes.
On peut formuler les demandes incidentes par simple communication entre avocats.
De même le préliminaire de la conciliation qui s’impose parfois pour les demandes initiales ne
vaut pas pour les demandes incidentes.
En outre, les règles de la compétence d’attribution sont sujettes à un certain nombre
d’assouplissement lorsqu’il s’agit des demandes incidentes.

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Paragraphe II : les éléments caractéristiques de la demande
La caractérisation de la demande est essentielle pour l’application de la règle de l’autorité de
la chose jugée.
Une demande se caractérise par son objet, ses parties et sa cause.

A/ l’objet de la demande
C’est ce à quoi tend la demande. C’est l’avantage que son accueil par le tribunal procurerait à
son auteur. Exple ; demande de dommage – intérêts.
Remarque : l’objet de la demande implique la désignation des parties.
Une demande est nécessairement formulée contre une personne déterminée et dirigée contre
une autre personne déterminée. Conséquence ; l’autorité de la chose jugée qui est attachée à
une décision rendue contre une personne déterminée n’est pas valable contre une tierce
personne.

B/ la cause
Elle est le second élément caractéristique de la demande.
La cause est une notion délicate.
Dans une première approche, on définit la cause comme la justification juridique de la
demande ; ce qui motive l’accueil de la demande. La cause serait alors la règle de droit. De
façon plus précise, la cause est un ensemble de faits qui satisfait au droit. Il est allégué qu’il
satisfait aux conditions qu’une règles de droit formule pour la reconnaissance de l’avantage
recherché par le demandeur.

Paragraphe III : les effets de la demande


• L’effet principal de la demande, c’est de saisir le juge et de l’obliger à statuer sous
peine de forfaiture.
• Ensuite la demande en justice vaut mise en demeure et par conséquent fait courir les
intérêts moratoires.
• Enfin la demande interrompe la prescription même si elle est formulée devant une
juridiction incompétente. Néanmoins, une demande nulle n’interrompe pas la prescription.

Section II : Les moyens de défense

Les moyens de défense tendent au rejet d'une prétention initiale ou incidente ; ils ne portent en
eux-mêmes aucune prétention spécifique. Ils sont constitués d’abord de la défense au fond
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(Parag I) qui s'attaque au bien-fondé d'une demande, que celle-ci porte sur le fond ou sur la
procédure suivie, ensuite des exceptions de procédure (Parag II) contestant la régularité de la
procédure suivie pour faire juger une prétention ou tendent à suspendre l'instance et enfin les
fins de non-recevoir (Parag III) qui ont pour objet de faire prononcer l'irrecevabilité d'une
prétention, c'est-à-dire son rejet sans examen au fond.

Paragraphe 1 : La défense au fond

La défense au fond (du droit) est un moyen par lequel un défendeur entend faire rejeter la
demande de son adversaire au motif que celle-ci est mal fondée en droit, soit parce que le
droit allégué par l’adversaire n’existe pas ou n’existe plus, soit parce qu’il n’a pas l’étendu
que celui-ci lui attribue.

En un mot, le défenseur s’attaque au fond du droit lui-même. Ainsi, par exemple, à une
personne qui demande en justice le paiement d’une somme d’argent, le défendeur réplique
que son adversaire ne lui a jamais rien prêté ou encore que l’obligation dont il était tenu a été
exécutée par paiement ou par compensation.

Paragraphe 2 : L’exception de procédure

Il ne s’agit plus dans le cadre de ce moyen de défense de contestation portant sur le fond
même de la prétention de l’adversaire, mais de contestations portant sur la procédure mise en
œuvre afin de la déclarer irrégulière, éteinte ou tout autre moyen tendant à suspendre le cours
du procès (l’action dilatoire).
L’exception de procédure est soumise à un traitement plus strict. Les parties au procès doivent
en effet et en principe s’en prévaloir IN LIMINE LITIS (expression latine : dès le
commencement du procès), c'est-à-dire au début du procès, selon l’article 129 al. 1 e CPC,
avant toute défense au fond. Les exceptions doivent à peine d’irrecevabilité être
simultanément présentées. Cependant, ce principe est édulcoré lorsque l’exception est d’ordre
public, le cas échéant, pourra être soulevée à toute étape de la procédure.

Ainsi lorsqu’on parle en droit civil particulièrement en droit des obligations « d’exception de
compensation » ou « d’exception d’inexécution », on fait en réalité état d’une véritable
défense au fond.

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Dans son sens technique précis, l’exception désigne alors un genre particulier de moyen de
défense par lequel le défendeur sans s’attaquer au fond même du droit entend faire ajourner la
discussion immédiate de la demande.

Ainsi, par exemple, lorsque le défendeur invoque une exception d’incompétence, car estimant
que le tribunal saisit n’est pas compétent pour statuer sur le litige, il ne conteste pas, du moins
pour l’instant, le fond du droit ; il demande simplement que l’instance soit suspendue afin
qu’il soit statuer préalablement sur ce point particulier.

---- Quelques exceptions de procédure

1- L’exception d’incompétence

Prévue par l’article 112 du code, cette exception peut être sommairement présentée comme le
moyen de défense par lequel le plaideur entend paralyser l’instance en invoquant que le juge
saisit n’est pas le bon. En effet, le défendeur soutient ici que la juridiction saisie n’est pas
compétente pour statuer sur la demande.

La partie qui l’invoque doit selon la loi et sous peine d’irrecevabilité indiquer la juridiction
qui selon elle est compétente pour connaître du litige.

2- L’exception de litispendance

Selon l’article 116 du code, cette exception a pour but le renvoi de l’affaire devant un autre
tribunal déjà saisi d’une demande ayant le même objet.

Cette situation qui concerne généralement le droit interne peut aussi se rencontrer au plan
international.

Une situation de Litispendance international suppose que le juge ivoirien compétent selon la
loi ivoirienne a été saisi en second d’une instance ayant le même objet que celle qui a été déjà
engagée devant le juge étranger également compétent selon son propre droit.

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3- L’exception de connexité

Il y a connexité lorsque deux juridictions sont simultanément saisies de demandes qui sont
différentes mais unies par des liens étroits qu’une bonne administration de la justice
commande de les examiner ensemble.

Pour distinguer l’exception de connexité de l’exception de litispendance, on peut retenir que


la deuxième concerne deux affaires identiques (identité d’objets, de parties de causes) alors
que la première s’applique à des affaires ayant entre elles des rapports étroits.

Cependant, ces deux moyens de défense ont pour but d’obtenir que l’une de ces affaires soit
renvoyée devant la juridiction saisie de l’autre demande afin que toutes les deux soient jugées
par une seule et unique juridiction rendant une seule décision.

4- L’exception de renvoi (Principe d’impartialité pour parenté ou alliance)

L’exception de renvoi a pour objet le dessaisissement d’une juridiction en faveur d’une autre
pour cause de parenté, d’alliance, de suspicion légitime ou pour sûreté publique.

5- L’exception de communication de pièces

Pour comprendre cette exception de procédure, il faut comprendre que la communication des
pièces est le fait (l’obligation) pour une partie à l’instance de porter spontanément et en temps
utiles à la connaissance de tout autre partie à l’instance les pièces dont elle fait état au soutien
de ses prétentions.

L’article 126 du code de procédure civile dispose que : « l’exception de communication de


pièces a pour but d’exiger que soient communiquées à la partie qui la soulève les pièces sur
lesquelles la partie adverse entend fonder sa défense ou sa demande ».

7- L’exception de garantie (Cautio Judicatum Solvi)

Présentée par l’article 121 du code de procédure civile « l’exception de garantie a pour but de
subordonner la poursuite d’une procédure à la présentation d’une caution ou au dépôt d’un

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cautionnement. ». On peut faire ici fait état de la cautio Judicatum Solvi de l’article 4 du code
de procédure précité

8- L’exception de nullité (Vous verrez les art. «Sous peine de nullité »)

Disséminée dans le code, cette exception a pour but de faire déclarer nul un acte de procédure
lorsque cet acte ne réunit pas les conditions de forme prescrites par la loi.

N.B : La liste des exceptions que fournie le code de procédure civile n’est pas comme on
devrait logiquement s’y attendre exhaustive de sorte que l’on peut tout à fait raisonnablement
penser à d’autres exceptions non visées ici. Ainsi, par exemple, on peut penser à l’exception
dilatoire.
Est appelée exception dilatoire un moyen de défense qui a pour objet direct d’obtenir que
l’instance soit suspendue jusqu’à l’expiration d’un certain délai. À titre d’exemple, on peut
citer le cas de l’héritier qui dispose d’un délai d’option pour choisir d’hériter ou non.

Paragraphe 3 : La fin de non recevoir (FNR)


Cette notion n’a pas été définie par le législateur, naturellement pour cerner son acception, il
s’impose de faire appel aux dispositions du CPC française en son article 122 qui énonce que
constitue « est une fin de non recevoir, tout moyen ayant pour objet de faire rejeter la
demande comme irrecevable sans discuter le fondement de la prétention du demandeur ».

A la lumière de cette définition légale, la fin de non recevoir est un moyen de défense qui
permet au plaideur sans engager le débat sur le fond de soutenir que son adversaire n’a pas
d’action et que sa demande est irrecevable, entraînant la clôture définitive et prématurée du
procès. La fin de non recevoir comme une exception de procédure, doit être soulevé IN
LIMINE LITIS avec les autres exceptions.

Comme exemple de fin de non recevoir on peut relever le moyen tiré d’un retard d’un appel
ou d’un pourvoi en cassation. Dans un tel cas, il n’est pas nécessaire de rechercher si la
prétention de l’appelant ou du demandeur au pourvoi est fondé ou non puisque de toute
manière, l’appel ou le pourvoi est irrecevable car n'ayant pas respecté les délais de procédure.

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Chapitre III : LE REGIME DE L’INSTANCE

Il s’agit des questions tenant aux différentes étapes de l’instance.

Section I : L’introduction de l’instance (TGI --- TI --- T Travail)

Les modes d’introduction sont variables et différentes selon la juridiction saisie.

Parag I : L’introduction de l’instance devant le TGI (Assignation – Autres modes)

Elle se fait normalement au moyen de l’assignation. Cependant d’autres procédés sont usités,
notamment la comparution volontaire des parties - la déclaration au greffe - la procédure sur
requête.

A : L’assignation (Conditions forme --- Enrôlement)


Il s’agit d’un acte d’huissier par lequel le demandeur cite son adversaire à comparaître
devant le juge.
Cet acte a un certain nombre de règles de forme et doit faire l’objet d’un enrôlement pour
saisir le juge.

1 : Les conditions de forme (Mentions obligatoires – Délais d’ajournement = distance)


Ce sont les mentions et les délais.

---- Les mentions obligatoires (Art. 821 --- Art. 33)


L’assignation ou ajournement étant un acte d’huissier, elle obéit à toutes les formes
applicables aux actes d’huissier tels qu’ils sont édictés par l’art 821 du CPC. Mais à ces
mentions générales doivent être ajoutées un certain nombre de mentions indispensables à la
compréhension de l’assignation. Ainsi l’art 33 donne une liste de mentions : nom, prénom.
Mais surtout l’art 33 exige que soient précisés l’objet de la demande et l’exposé sommaire des

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moyens. De même il exige que soit indiqué le tribunal qui doit connaître de la demande, la
date et l’heure de l’audience.
L’acte doit être notifié au défendeur par une signification à personne ou à domicile
conformément à l’art 832 CPC.
De même, il doit être laissé au défendeur un certain délai pour préparer sa défense.

----Les délais d’ajournement = Délais de distance (Art.)


Ils désignent le moment où le défendeur reçoit l’assignation et celui du moment de
l’audience.
Ce délai varie suivant la distance qui sépare le lieu où réside le défendeur et celui où siège le
tribunal.
L’art 40 prévoit que le délai ordinaire d’assignation est de 5 jours pour ceux qui sont
domiciliés dans le lieu où siège le tribunal compétent, 10 jours pour ceux qui sont domiciliés
dans le ressort du tribunal, de 15 jours pour ceux domiciliés dans les ressorts limitrophes et
de 30 jours pour ceux domiciliés dans les autres parties de la République. Si le défenseur
demeure hors du Sénégal, le délai varie suivant la situation géographique.
L’art 40 prévoit, lorsqu’une assignation est donnée à une partie résident hors du Sénégal, il lui
est appliqué, s’il se trouve au Sénégal à la date de l’assignation les délais ordinaires.
N.B : l’art 40 permet au juge saisi par une requête préalable du demandeur de réduire ces
délais. Par Exemple, lors d’une procédure en référé, le juge procédera alors à une assignation
dite de jour à jour ou d’heure à d’heure. Cependant l’assignation par elle-même ne suffit pas à
saisir le tribunal.

2 : L’Enrôlement
C’est la formalité par laquelle on porte à la connaissance du tribunal un litige en faisant
inscrire son litige sur un registre spécial appelé rôle général tenu par le greffe et sur lequel
doivent être mentionnés les noms des parties, ceux de leurs avocats éventuellement et la date á
laquelle l’affaire sera appelée. L’enrôlement doit se produire au plus tard l’avant-veille de
l’audience sauf réduction accordée par le juge sur requête .art 40 CPP.

B : les autres modes d’introduction de l’instance


Ce sont la comparution volontaire des parties, la déclaration au greffe.

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1 : La comparution volontaire des parties
Elle est prévue par l’art 43 et elle implique pour les parties à se présenter ensemble devant le
juge pour qu’il tranche leur litige. C’est un mode de saisine très rarement utilisé.
2 : La déclaration au greffe (Art 32 CPC)
C’est un mode de saisine qui ne peut être utilisé que pour l’exercice des actions personnelles,
réelles mobilières.
Il consiste pour le demandeur à se présenter au greffe avec indication de son nom, prénom,
l’identité du défendeur, l’objet du litige. A l’issue de ces formalités, le greffe dresse un procès
verbal et enregistre l’affaire et remet un récépissé au demandeur.
Dans les deux jours de cette déclaration, le greffe doit convoquer les deux parties à une
audience au moins huit jours à l’avance par lettre recommandée avec accusé de réception ;
une lettre indiquant la date et l’heure de l’audience.

3 : La procédure sur requête


Elle passe par un acte écrit adressé au juge avec indication de son identité, de l’objet du litige
et de l’identité du défendeur.

Parag II : L’introduction de l’instance devant le TI

On peut ici procéder par assignation mais cela peut être coûteux vu que les frais d’assignation
restent à la charge du demandeur. Il y a par ailleurs d’autres modes de saisine : la déclaration
du demandeur ou la requête écrite signifiée par lui.
Il est possible de procéder par déclaration au greffe dans les mêmes conditions que devant le
tribunal régional.
De même, il existe la procédure par requête écrite comportant toues les mentions d’une
requête orale (nom, prénom, objet litige…)
Les modalités d’enrôlement sont également identique avec une spécificité en ce qui concerne
les délais ; l’audience ne doit pas être éloignées de moins de 5 jours si le défendeur est
domicilié dans la ville où siège le tribunal, 10 jours si son domicile est situé dans le ressort du
tribunal, 15 jours s’il s’agit d’un ressort limitrophe. Hors du Sénégal on applique l’art 41 et
42 du CPC.

Parag III : L’introduction de l’instance devant le Tribunal du travail

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Il n’est prévu qu’un seul mode de saisine ; la déclaration écrite déposée au greffe. Il
appartiendra au président de convoquer les parties, ce qu’il doit faire par lettre recommandée
avec accusé de réception.
N.B : Il existe une particularité, la recevabilité de la requête est subordonnée à une procédure
préalable de conciliation devant l’inspecteur du travail.

Section II : Le déroulement de l’instance

Parag I : Le déroulement du contentieux


Dans un certain nombre de cas, la procédure contentieuse est précédée d’une procédure de
conciliation. C’est le cas devant le tribunal du travail, départemental et régional. Si la
conciliation aboutit, un procès verbal de conciliation sera fixé et dressé par le juge et signé par
les parties. Il aura la même valeur qu’un jugement. Mais aucun appel ne sera possible. En
revanche si la procédure de conciliation n’aboutit pas, on entre dans la phase contentieuse qui
se passe en deux étapes.

A : l’instruction
Elle peut être définie comme la période au cours de laquelle sont accomplies les formalités
procédurales qui ont pour but de mettre l’affaire en état d’être jugée. Les parties devront
préciser l’objet du litige par leurs déclarations respectives échangées ou en procédant à des
déclarations orales faits en audience de procédure. Ces déclarations seront consignées dans un
registre spécial appelé plumitif ou registre d’audience tenu par le greffier sous l’autorité du
président.
L’instruction est surtout la période pendant laquelle les parties vont rassembler et introduire
leurs éléments de preuve dans les conditions de l’art 128 CPC.
Les parties peuvent ainsi requérir du juge qu’il ordonne des mesures d’instruction. Ces
mesures d’instruction ordonnées d’office ou sur demande sont l’enquête c'est-à-dire l’audition
des témoins, une descente sur les lieux du litige. Il peut s’agir aussi d’une expertise confiée à
un technicien, cela peut être une comparution personnelle des parties. Toutes ces mesures sont
réglementées par l’art 130 et 192 CPC. En cas d’échec de la tentative de conciliation, les
parties, à la date fixée par le juge, doivent connaître devant celui-ci, dans une audience, que le
défendeur doit souligner les exceptions (déclinatoire de compétence, fin de non recevoir). En
principe si ces exceptions sont soulevées, elles doivent être tranchées immédiatement. En
principe, une décision doit être rendue au cours de cette audience dans des affaires qui

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concernent les incidents de saisie, les demandes de pensions alimentaires et les litiges dans
lesquels une des parties n’est pas représentée par un avocat. Pourquoi une telle diligence ?

Parce que généralement ce sont des affaires simples et que la partie n’ayant pas d’avocat n’est
pas en général informée des techniques procédurales.
Pour qu’il y ait une telle diligence, il faut que l’affaire soit en état d’être jugé. A défaut, le
tribunal pourra accordé une remise qui sera contradictoire et à jour fixé. Autrement dit, le juge
devra fixer une autre date où la question litigieuse devra en toute hypothèse être tranchée.
Dans les autres hypothèses, l’instance va être compliquée et il reviendra aux parties
conformément au principe du dispositif de faire avancer le litige.
Après cette audience de liaison de l’instance, il va se passer une période au cours de laquelle
les parties vont continuer à échanger des pièces. Cette procédure-ci va alors être emmaillée
d’incident plus ou moins nombreux relatifs à l’administration de la preuve et qui vont être
tranchés par des jugements.
Surviendra alors un moment où une des parties estime que l’affaire est en état d’être jugée.
L’une des parties va alors notifier aux autres un préavis de mise en rôle particulier sous
quinzaine. C'est-à-dire qu’elle fait savoir qu’elle va sous quinzaine demander l’inscription de
l’affaire au rôle d’une audience pour que l’affaire soit traitée. Dans ce délai, il appartient alors
aux parties de répondre en faisant savoir si oui ou non l’affaire est en état d’être jugée. A
l’expiration du délai, l’auteur du préavis va demander au juge de fixer la date de l’audience à
laquelle l’affaire sera jugée. Ces adversaires disposent alors d’un nouveau délai de 15 jours
pour répliquer à la nouvelle demande. Si le président fixe la date de l’audience, il doit en
informer les parties huit jours à l’avance. On entre alors dans une nouvelle phase.

B : les débats
Ils sont marqués du sceau de deux principes : l’oralité et la publicité des débats.
Les parties devront en effet plaider cela sous un certain ordre ; le demandeur d’abord, ensuite
le défendeur. Et si le demandeur le requiert, la parole peut lui revenir ; alors le défendeur doit
répliquer. Il appartient alors au juge de faire cesser les plaidoiries s’il le juge nécessaire.
Dans certains cas, le ministère public peut intervenir dans les débats notamment lorsqu’il est
partie jointe. Dans ce cas, il intervient pour donner son avis sur une question portée à sa
connaissance. Certaines affaires sont obligatoirement communiquées au ministère public ; les
affaires qui concernent l’état des personnes, les personnes présumées absentes. Une fois les
plaidoiries achevées, les parties vont remettre au juge leurs dossiers et les débats seront alors
clos sauf si le juge autorise leur réouverture. Si les débats ne sont pas recouverts, l’affaire va
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être soit jugée sur le champ ou mise en délibéré c'est-à-dire que le juge va s’accorder un
certain délai pour trancher, auquel cas le juge va fixer une date au cours de laquelle l’affaire
va être délibérée.

Parag II : Le déroulement des procédures particulières

A : La procédure par défaut


Il y a défaut lorsque l’une des parties ne comparait pas ou omet de faire connaître ses
moyens.
Donc c’est une procédure qui n’est pas contradictoire.
Ici, il faut éviter toute entrave à l’administration de la justice causée par l’absence des parties.
D’un autre coté aussi, il serait regrettable qu’une personne puisse être condamnée sans avoir
présenté sa défense.
Dans certains cas, le défendeur ne comparait pas. Il y a alors défaut pour faute de comparaître
causé par l’ignorance du défendeur du procès qui lui est fait ou par le refus du défendeur. Le
droit positif prévoit dans le doute sur la raison du défaut un certain nombre de garanties dont
celle qui prend la forme d’une voie de recours originale appelée opposition.
D'un autre coté, l’une des parties peut comparaître mais refuser de présenter ses moyens, il y a
alors défaut faute de conclure.

1 : Le défaut faute de comparaître


Il ne concerne que le défendeur. La situation la plus simple est celle où le défendeur est
unique.

****** il n’existe qu’un seul défendeur


S’il n’existe qu’un seul défendeur qui ne comparait pas, il y a défaut faute de comparaître. Il
faut cependant que le délai d’ajournement soit respecté. Après ce délai, le juge constate le
défaut. Deux solutions s’offrent alors au demandeur.
Procéder à l’ajournement en acceptant de réassigner le défendeur pour une nouvelle
audience. Dans ce cas trois hypothèses ;

*le défendeur comparait suite à la deuxième assignation, pas de problème, la procédure


devient pleinement contradictoire.
*le défendeur ne comparait pas alors que la seconde assignation lui a été faite à personne.
Dans ce cas, quoique le défendeur soit défaillant, l’art 99 al 3 décide que le jugement qui va

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être rendu sera contradictoire. Conséquence, le défendeur ne pourra faire opposition au
jugement ; parce que l'assignation lui a été remise à personne, donc il en a eu connaissance.
*à la nouvelle audience le défendeur ne comparait pas parce que l’assignation n’a pas été faite
à personne, dans ce cas l’assignation est sans conséquence.
On tombe alors dans le deuxième choix, le demandeur ne consent pas à l’ajournement, il va
alors requérir un jugement sur le fond. C’est au tribunal alors que revient une option.

*une première possibilité ; user de la faculté de l’art 97 CPC. Si le juge sait que le défaut du
défendeur tient à l’ignorance dans laquelle celui-ci se trouve, dans ce cas le tribunal peut
ordonner la réassignation. On se retrouve alors dans la même situation que décrite supra.
*une deuxième possibilité ; le tribunal n’ordonne pas la réassignation Art 98, il doit alors
adjuger les conclusions du demandeur si il les trouve juste et bien vérifiées.

******* il existe plusieurs défendeurs


Ici l’Art 99 al 1 pose une règle, il envisage l’éventualité où parmi les défendeurs certains
comparaissent alors que d’autres sont défaillants.
Pour cela, la règle n’est pas claire. Mais on pourrait penser que si tous les défendeurs sont
défaillants, les règles applicables à la non comparution d’un seul défendeur sont applicables.
La solution en cas de comparution partielle pourrait être que à l’égard du défendeur qui
comparait le jugement est contradictoire et à l’égard de l’autre qui ne comparait pas il est à
défaut et peut donc faire l’objet d’une opposition. La solution peut paraître choquante.
On admet alors en définitive avec l’Art 99 que les deux défendeurs doivent à nouveau être
convoqués par assignation. A l’issue de l’audience qui fera suite à cette deuxième assignation,
on décide que la procédure sera réputée contradictoire à l’égard de tous.

2 : Le défaut faute de conclure


Le défaut faute de conclure n’appelle pas à l’égard de la partie qui comparait la même
sollicitude qu’à l’égard du défaillant faute de comparaître.
Dans le défaut faute de conclure, la partie défaillante n’a pas comparu mais a accompli tous
les actes de procédure.
Il faut ici distinguer trois hypothèses ;

****** Le défaut de conclure des deux parties

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Il se produit quand aucune des deux parties ne fait aucun acte de procédure. Dans ce cas, on
pense que si les parties n’ont pas conclu, c’est parce qu’elles ont trouvé un arrangement entre
elles. L’Art 96 décide alors que le juge peut prononcer la radiation de l’affaire assimilable à
un désistement d’instance.

****** Le défaut de l’une des parties


Cette hypothèse est prévue par les Arts 51 à 52. Lorsque l’une des parties qui a participé à
l’instruction de l’affaire ne fait pas de déclaration, elle s'expose à ce qu’un jugement soit
rendu contre elle. Un jugement qui sera réputé contradictoire.

****** Le déport de l’avocat de l’une des parties


Il se produit lorsque l’avocat chargé de procéder aux actes d’instruction pour l’une des parties
n’y défère pas et se libère de l’affaire sans en informer la partie qui l’a mandaté. Le déport de
l’avocat peut aboutir à la remise en cause du jugement qui sera rendu.

B : la procédure de référé
C’est une procédure contentieuse ordinaire. Elle a pour objet une mesure urgente de nature
provisoire.
Caractéristique ; c’est une procédure qui se déroule devant le président du tribunal régional et
les formes sont les mêmes mais les délais peuvent être raccourcis.
Autre caractéristique ; l’absence de phase d’instruction.
La décision qui sera rendue ne préjuge de rien au fond.
La discussion devant le juge va porter sur toutes les exceptions de procédure (incompétence,
nullité,). En dehors de cela, la discussion va porter sur le caractère urgent et sur l’apparence
du caractère raisonnable de la demande.
Il faut noter qu’au terme de l’Art 250, l’ordonnance de référé n’est pas susceptible
d’opposition.

C : la procédure sur requête


Elle est plus simple parce qu’il n’y a pas de défendeur. Il s’agit donc d’une procédure non
contentieuse. Il n’y aura donc ni instruction, ni débat. La procédure se limite alors aux
appréciations du juge. L’art 820 al 2 oblige le juge des requêtes à statuer dans les 48 heures à
compter de la réception de la demande.

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Parag III : Les incidents
La notion d’incident est sujette à deux appréciations.
Au sens large, les incidents sont les contestations qui surgissent à l’occasion de l’instance et
qui parce qu’elles viennent se greffer sur la demande principale, doivent être tranchées
incidemment.
C’est la raison pour laquelle le titre 13 CPC traite des demandes incidentes. Dans un sens
étroit, les incidents sont les contestations exceptionnelles qui viennent perturber le cours
régulier de l’instance. Exemple ; contestation sur l’impartialité des magistrats, le désaveu d’un
avocat.

Section III : Le dénouement de l’instance

L’instance s’éteint de diverses manières.


*****Par le désistement qui est l’acte par lequel le demandeur déclare renoncer à l’instance
qu’il a initiée. Il s’agit d’un acte unilatéral. Cependant lorsque le désistement se produit après
la liaison de l’instance, il ne peut être efficace que s’il est accepté par le défendeur.
*****Il y a aussi la péremption de l’instance qui vise l’hypothèse où l’instance se périme.
Selon l’art 240 CPC l’instance se périme par discontinuation des poursuites pendant deux ans.

Ainsi si pendant 2 ans aucune des deux parties n’accomplit le moindre acte de procédure,
l’instance est éteinte. Cependant, il faut préciser que la péremption ne se produit pas de plein
droit ; elle ne se produit que si elle est invoquée par l’une des parties. Ainsi le juge ne peut la
relever d’office. Si avant qu’elle n’ait été invoquée, l’une des parties fait un acte de procédure,
l’autre partie ne peut plus se prévaloir de la péremption.
*****Il y a la transaction qui désigne les concessions réciproques des parties ayant pour
objet de mettre fin à l’instance. Cette transaction est revêtue de l’autorité de la chose jugée.
*****De même il y a l’acquiescement ; c’est l’acte par lequel le défendeur reconnaît le bien
fondé de la demande.
*****Enfin lorsque l’action est relative à un droit non transmissible, l’instance s’eteint par le
décès de l’une des parties.

Il reste cependant que le principal mode d’extinction de l’instance est le jugement.


C'est-à-dire l’acte par lequel le juge tranche le litige qui lui est soumis.

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Il faut reconnaître cependant que le terme est générique. Cependant, on tend à réserver la
notion de jugement aux décisions des juridictions de 1ere instance c'est-à-dire d’autres que le
juge des requêtes et des référés (ordonnances).
D’autre part, il faut dire que si le jugement est le mode normal d'extinction de l’instance, tous
les jugements ne mettent pas fin à l’instance. Ainsi les jugements ayant pour objet de trancher
les demandes incidentes n’ont pas cette caractéristique. Ex ; le jugement avant dire droit.
Néanmoins tous ces jugements obéissent à des règles communes.

Parag I : L’élaboration des jugements (Délibéré -- Prononcé de jugement -- Rédaction)


Trois phases sont à noter.

A : Le délibéré
C’est la phase de réflexion que s’accorde le tribunal après avoir entendu les parties. C’est
aussi le moment, lorsque le tribunal ne statue pas à juge unique, où les magistrats vont
discuter entre eux en vue de s’accorder sur la décision qui sera rendue, étant donné que celle-
ci est prise à la majorité.
Dans les cas les plus simples où il n’y a guère de difficultés, on dit que le délibéré s’effectue
sur le siège dans le secret.
Dans les cas où c’est difficile, les juges se retirent dans la chambre du conseil pour revenir
ensuite prononcer le jugement.
Dans les deux cas cependant, on dit que le jugement est rendu sur le champ parce qu’étant
rendu le même jour.
Dans les affaires complexes, le jugement n’est cependant pas rendu sur le champ. Les juges
vont alors devoir indiquer la date où sera rendue leur décision aux parties, sous quinzaine au
plus tard. Au cours de ce temps, les juges délibèrent. Ne peuvent cependant délibérer que les
magistrats ayant participé aux débats à peine de nullité.

B : Le prononcé du jugement
La prononciation du jugement doit être publique. Une seule exception ; les ordonnances sur
requête. Cependant, seul doit être publique la prononciation du dispositif du jugement. Les
motifs ne sont pas concernés. Il appartient au greffier de consigner cette décision sur le
registre du jugement.

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C : La rédaction des jugements
Les jugements doivent être dactylographiés. Ils doivent comporter un certain nombre de
mentions ; les noms des magistrats qui ont rendu le jugement, les noms des représentants du
ministère public ; les noms, profession et domicile des parties ; le dispositif des déclarations
des parties ; le dispositif des jugements avant dire droit
Les motifs des jugements doivent aussi être inscrits sur le jugement, motifs suffisants et
concernant tous les moyens des parties. Procédure civile 58
Enfin une autre mention, le dispositif du jugement qui doit être suffisant sinon le juge aura
statué infra petita.
Également le jugement doit être revêtu de la signature du greffier et du juge. Ces règles ne
peuvent être alléguées sauf pour l’ordonnance sur requête et par référé et l’art 820 dispose que
l’ordonnance est apposée au bas de la requête. Par ailleurs la liste de ces mentions n’est pas
exhaustive. Ainsi, l’indication du tribunal qui a rendu la décision doit figurer sur la décision
ainsi que la date du jugement.
Quid du nom des avocats, leurs déclarations ?
La loi ne prévoit pas la sanction encourue en cas d’omission de ces mentions. Mais on sait que
le défaut de motif est cause de nullité. Cette nullité est demandée par les voies de recours
(appel, cassation, opposition). Ainsi il n’y a pas d’action ayant pour objet ou visant la nullité.

Parag II : La notification des décisions


Il va de soi que le jugement doit être porté à la connaissance de la personne contre qui il est
rendu.
Essentiel, parce qu’il fait courir le délai du recours. De même, la notification est la condition
de l’exécution forcée des jugements.
Devant le tribunal régional, la notification se fait en principe par un acte d’huissier qui obéit
aux règles précitées.
Cependant lorsque le jugement a été rendu par défaut, la notification doit comporter le délai
dans lequel le défaillant pourra faire opposition.
La notification doit intervenir dans le délai de 12 mois à peine de caducité.
Devant le tribunal d’instance, la notification est faite par l’entremise d’un agent administratif.
Devant le tribunal du travail, la notification peut être faite par lettre recommandée avec accusé
de réception.

Parag III : Les effets du jugement (Dessaisis juge - Autorité ch. jugée – Force exécutoire)

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Il y a trois effets.
A : le dessaisissement du juge
Le jugement entraîne le dessaisissement du juge. Ce qui signifie qu’il est interdit à ce dernier
de revenir sur la chose qu’il a décidée. Il faut cependant nuancer. Procédure civile 59
Le dessaisissement ne vaut que pour les jugements définitifs sur le fond mais aussi pour les
jugements concernant les demandes incidentes et portant sur le fond ; Exple ; décision de
compétence.
En revanche, n’emporte pas le dessaisissement du juge les jugements avant dire droit qui
emportent des mesures provisoires et des mesures d’instruction.
Enfin l’art 820 al 9 donne au juge des requêtes le pouvoir de modifier et rétracter ce qu’il a
décidé.

B : L’autorité de la chose jugée


C’est un second effet. Elle s’oppose à ce que les parties puissent demander de nouveau un
jugement sur leur litige.
Certaines conditions (identité di litige, des parties, des demandes.) sont exigées.
L’autorité de la chose jugée ne concerne pas les voies de recours. Ce principe doit cependant
être nuancé. Il vaut seulement pour les jugements définitifs qui entraînent le dessaisissement
du juge. Exception ; les ordonnances sur requête et ce qui concerne le jugement avant dire
droit.
La doctrine a tendance cependant à reconnaître à ces décisions « une autorité de la chose jugée
provisoire ». Elles valent pour le temps où la mesure a été ordonnée. D’autre part, cette
autorité ne s’applique que si les circonstances ayant motivées la décision n’ont pas changé.

C : La force exécutoire (Principe ---- Tempéraments ---- Exceptions)


Elle signifie que des mesures d’exécution vont pouvoir être prises contre la partie condamnée
avec l’intervention de la force publique le cas échéant. Il faut cependant certaines conditions.
Tout d’abord il faut que le jugement soit revêtu de la force obligatoire.
Ensuite, il faut que le jugement ait été notifié c'est-à-dire porté à la connaissance de la partie
condamnée.
Exception ; en matière d’ordonnance sur requête, l’art 820 al 12 décide que l’ordonnance est
exécutoire sur la simple présentation de l’original de l’ordonnance.
Enfin il faut que le jugement ne fasse pas l’objet d’une voie de recours ordinaire. Cette
condition connaît cependant un tempérament et des exceptions.

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****** Le principe
Ce principe est que l’exercice des voies de recours ordinaires est suspensif d’exécution. Les
voies de recours ordinaires sont l’opposition et l’appel.
Concernant le droit du travail, le code prévoit que le délai d’appel est suspensif pour
l’exécution. Ainsi, pendant le délai laissé aux parties pour faire appel, il n’est pas possible de
procéder à l’exécution du jugement.
A l’expiration du délai, deux choses : soit la partie y ayant droit exécute sa voie de recours,
soit elle laisse passer le délai, dans ce cas l’exécution sera possible.
L’exécution n’est pas possible lorsque la décision à intervenir sera susceptible d’une voie de
recours ordinaire.
Le délai d'opposition n’est suspensif d’exécution que si le jugement par défaut a été signifié à
personne. En revanche si la signification n’a pas été faite à personne, alors l’exécution forcée
est possible 10 jours après la signification à domicile, à mairie, à parquet dans le cas où le
jugement émane du tribunal départemental et 15 jours si le jugement par défaut émane d’un
TGI.
Si jamais l’opposition est faite, elle suspendra l’exécution.
Pour ce qui concerne les voies de recours extraordinaires (tierce opposition) de même que la
requête civile qui est un recours qui tend à la révision ou à la rectification du jugement et le
pourvoi en cassation ; ces voies de recours extraordinaires ne sont pas suspensives
d’exécution en principe.
Néanmoins, le délai pour faire ces recours sont suspensifs lorsqu’ils portent sur les matières
suivantes : l’état des personnes, faux incident, immatriculation foncière.

******Tempéraments
Ils concernent les jugements passibles d’une voie de recours ordinaire. Il consiste au pouvoir
donné au juge de donner l’exécution immédiate de la décision Art 86 CPC. Art 225 CT. Il
faut que l’exécution provisoire ait été demandée. Elle ne peut être donnée d’office par le juge.
L’exécution provisoire non demandée au juge qui rend la décision ne peut plus être demandée
qu’au juge saisi d’un recours ordinaire.
Ensuite il faut qu’il y ait urgence ou péril en la demeure. Ces deux termes sont différents. Le
péril en la demeure est la menace d’un préjudice que seule l'exécution provisoire peut
prévenir, même si la réalisation de la menace n’est pas évidente.
Il faut ensuite que le demandeur à l’exécution provisoire fournisse une garantie sous la forme
soit d’une caution soit d’un dépôt en espèce ou de valeur entre les mains d’un séquestre de

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toutes les restitutions et préparations qui seraient dus par le demandeur dans le cas où le
jugement serait reformé.
Néanmoins la condition de garantie est écartée dans 5 cas ;
- il en est ainsi lorsque l’exécution forcée est accordée pour une somme n’excédant pas
500000 frs.
- Lorsque l’exécution a pour fondement soit un titre authentique ou sous seing privé qui
n’était pas constaté, soit une promesse ou un accord intervenu entre les parties avant et
pendant l’instance, soit une condamnation précédente par un jugement passé en force de
chose jugée.
- Aussi, lorsque l’exécution provisoire porte sur une mesure d’instruction ordonnée par
le jugement.
- Lorsque l’exécution provisoire n’est susceptible de causer aucun préjudice pouvant
donner à réparation mais sous réserve que les sommes qui seront allouées à la partie adverse
soient consignées entre les mains d’un séquestre. Exple : litige entre deux personnes à propos
d’une créance déterminée sur un tiers.
- Enfin dernière condition propre au droit du travail Art 121 CT, l’exécution provisoire
sans garantie est possible lorsqu’elle porte sur le paiement de salaires non contestés comme
dus.

Deux obstacles sont néanmoins retenus (limites).


- tout d’abord l’exécution provisoire peut être refusée par celui contre qui elle est
demandée si elle obtient du juge des référés l’autorisation de consigner les espèces ou les
valeurs qui suffisent à garantir en principal – intérêts le montant de la condamnation.

Le juge ne fait droit à la demande lorsque le litige porte sur un jugement en matière d’aliment
ou lorsque le jugement ordonne la réparation d’un préjudice corporel ou moral.
- ensuite l’exécution ne peut être ordonnée pour le paiement des frais et dépenses de
l’instance dans le cas où elle est interdite par un texte ou exclue en raison de la nature de
l’affaire.

******Les exceptions
Ce sont les hypothèses dans lesquelles le jugement est exécutoire par jugement nonobstant
appel ou opposition. Cela vise les jugements avant dire droit, les ordonnances sur requête et
les ordonnances de référé. Pour ces trois types de décision, le jugement est exécutoire par

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provision nonobstant appel ou opposition. Pour les ordonnances de référé, le juge des référés
peut cependant subordonner l’exécution à la fourniture d’une caution.

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