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CHARGHINOFF Emmanuelle
Avant 1945, la notion de PGD est déjà présente dans le droit positif, puisque le
Conseil d’État utilise déjà certains principes non-écrits. Il recourt alors
essentiellement aux principes de base de la législation positive, essentiellement
issus de la Révolution française. Ainsi les arrêts s’inspirent souvent des principes
d'égalité des citoyens devant la loi ou de la liberté du commerce et de l'industrie.
De même, le Conseil d'État consacre le principe de non-rétroactivité des actes
administratifs. Puis, 1945 voit la fin d’une crise des libertés publiques commencée
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en 1940, crise qui a conduit le Conseil d'État à affirmer de manière plus certaine et
solennelle les PGD.
L'arrêt Aramu (CE 26 octobre 1945) tient ici une place fondamentale. Le Conseil
d'État fixe la portée de la disposition d’après laquelle la commission d'épuration se
doit d’entendre les personnes qui lui sont déférées. Cette décision s’inscrit dans la
continuité d’un arrêt rendu l’année précédente (CE, 05 mai 1944, arrêt Dame veuve
Trompier-Gravier). Il apparaît ainsi que pour interpréter une disposition
législative, le Conseil d'État utilise expressément la notion d'un PGD applicable en
dehors de tout texte, en l'espèce, le principe des droits de la défense. Cet arrêt
inaugure une jurisprudence de principe essentielle, aux termes de laquelle les PGD
sont formellement intégrés dans la légalité.
La théorie des PGD devient alors une théorie fondamentale en droit français.
Cependant, on ne saurait donner de liste complète des PGD affirmés en
jurisprudence. Il est possible toutefois, en s'inspirant d'une distinction faite par le
doyen Rivero, de faire apparaître certaines catégories.
II. Les problèmes juridiques posés par les PGD au regard de l’État de
droit
Les PGD sont considérés comme des éléments certains de la légalité, puisqu’ils ont
une force obligatoire. Un acte administratif qui a méconnu un tel principe peut
faire l'objet d'une annulation, et (ou) entraîner la mise en cause de la responsabilité
de l'Administration.
On doit souligner aussi que les PGD sont utilisés par le juge dans l'interprétation de
certaines lois. Sans doute, une loi peut méconnaître un PGD et le juge a le devoir
d'appliquer la loi, mais il arrive souvent que le Conseil d'État, prenant en
considération l'existence d'un PGD, donne alors de la loi une interprétation très
stricte, de nature à limiter ou écarter la méconnaissance du principe (interprétation
neutralisante). L'exemple le plus connu est l’arrêt du 07 février 1950, dit Dame
Lamotte. Dans cet arrêt, le Conseil d'État a estimé qu'une loi « interdisant tout
recours à l'encontre de certaines décisions », n'avait pas pour effet d'écarter le
recours en excès de pouvoir, « recours qui est ouvert même sans texte contre tout
acte administratif et qui a pour effet d'assurer, conformément aux PGD, le respect
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de la légalité ».
Cette question a reçu au cours du temps plusieurs réponses. Sous la III ème et IVème
République, les PGD ont une valeur législative (arrêt « Syndicat des propriétaires
de chênes-lièges d’Alger »). Cette affirmation a été remise en cause avec le
système constitutionnel de 1958, dans laquelle a été défendue la thèse de la valeur
constitutionnelle des PGD. Le doyen Vedel estimait qu’ils étaient une « coutume
constitutionnelle reposant sur la conviction que les principes étaient nés de leur
consécration par de nombreux textes dans l'histoire ».
Ces analyses ne sont plus valables aujourd'hui, compte tenu de la réponse formulée
par le publiciste René Chapus (De la valeur juridique des PGD et des autres règles
jurisprudentielles du droit administratif, 1966), qui soutient la thèse selon laquelle
les PGD ne se situeraient ni au niveau constitutionnel, ni législatif, mais plutôt « à
un niveau infra-législatif et supra-décrétal », étant donné que le juge administratif
peut annuler les règlements administratifs, ce qui n’est pas le cas des lois. Si cette
thèse permet d'expliquer que les règlement sont tenus de respecter les PGD mais
pas la loi, elle ne correspond pas à la place théorique du juge dans la séparation des
pouvoirs. Cependant, à l’heure actuelle, la valeur des PGD demeure très discutée,
mais on s’accorde sur leur valeur supra-règlementaire. Par ailleurs, il faut regarder
chaque PGD pour en estimer sa valeur : certains ont une valeur législative (ex : le
principe de l’interdiction de licencier une salariée enceinte – arrêt Dame Peynet),
tandis que d’autres sont tirés du bloc de constitutionnalité, ce qui conduit à leur
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