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BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
FRICERO (N.), Procédure civile, 16e éd., Gualino, Mémentos, Coll. Apprendre utile, Paris,
2020, 261 pages ;
WETTERWALD (A. B.), Procédure civile, CUJAS, Paris, 2017, 623 pages ;
CADIET (L.) et JEULANG (E.), Droit judiciaire privé, 10e éd., LexisNexis, 2017 ;
GERBAY (Ph.) et GERBAY (N.), Guide du procès civil en appel, LexisNexis, 2018 ;
JULIEN (P.) et FRICERO (N.), 5e éd., par N. FRICERO, Procédure civile, LGDJ-Lextenso,
2014 ;
LE BARS (Th.), Droit judiciaire privé, 7e éd., LGDJ-Lextenso, Coll. Domat Droit privé,
2017 ;
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INTRODUCTION GÉNÉRALE À LA PROCÉDURE CIVILE
Tout serait tellement parfait si les hommes pouvaient vivre perpétuellement en paix.
Mais hélas, cette vision parfaite de la vie est pratiquement un mirage. Bien sûr, un mirage car
comme disait le Philosophe MONTAIGNE, les hommes sont ondoyants et divers. Et du fait
de cette divergence et ondoyance, les conflits humains sont inévitables dans leur vécu
quotidien. Dans cette optique, lorsqu’il naît un contentieux entre deux personnes qui pensent
chacune, de bonne ou de mauvaise foi, être titulaire d’un droit, ces personnes peuvent régler à
l’amiable leur contentieux. Mais, il arrive très souvent que les intérêts individuels l’emportent
sur cette approche altruiste. Les protagonistes recourent alors à un arbitre parfois pour les
départager. Cet arbitre institutionnel, s’il l’est, et si le litige relève du droit civil ou
commercial, s’appelle le juge civil. Sa saisine et sa manière de trancher le différend relèvent
de la Procédure civile et commerciale.
L’on peut définir la Procédure civile comme étant l’ensemble des règles qui organisent
la résolution des litiges d’intérêt privé par les juridictions civiles. Étymologiquement, le terme
procédure vient du latin « procedere », qui veut dire « avancer ». Elle renvoie ainsi à l’idée de
processus, d’ensemble de règles qui déterminent le déroulement du procès civil partant de la
demande en justice jusqu’au jugement.
Ainsi, la procédure civile est un corpus de règles qui gouvernent la justice civile et qui
régissent les procès. Ces règles permettent aux parties d’obtenir la reconnaissance et la
sanction de leurs droits. En d’autres termes, la procédure civile est l’ensemble des actes et
formalités qu’il faut accomplir pour porter une demande devant la justice civile, l’instruire et
la faire juger. L’expression procédure civile ne permet pas de rendre compte de toutes les
questions abordées dans le cadre de cette matière qui présente non seulement le déroulement
de la procédure au sens strict, mais aussi l’ensemble de l’organisation et du fonctionnement
du service public de la justice. C’est pour cette raison que l’on a proposé que la matière soit
rebaptisée « Droit judicaire privé ». Mais cette dénomination, plus satisfaisante à certains
égards, n’est pas exempte de toute critique. Par exemple, elle n’est pas adaptable à tous les
contentieux. On ne peut dire par exemple droit judicaire administratif. Pour cela, certains
auteurs proposent l’expression « droit procédural » qui s’adapterait mieux à toutes les
branches du droit.
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II- Les caractères de la procédure civile
La procédure civile présente deux caractères essentiels. D’une part, elle est constituée
de nombreuses exigences qui concourent à sa mise en œuvre : c’est le caractère formaliste
(A). D’autre part, les diverses règles qui l’encadrent sont d’ordre public, c’est-à-dire qu’elles
s’imposent erga omnes (à l’égard de tous) : c’est le caractère impératif (B).
A- Le caractère formaliste
B- Le caractère impératif
Le caractère impératif signifie que les lois de procédure sont d’ordre public. Ce qui
veut dire qu’elles s’imposent aussi bien au juge qu’aux parties. Ce caractère entraîne deux
conséquences.
La première est que les plaideurs ne peuvent, d’un commun accord, déroger aux règles
de procédure. Autrement dit, la volonté des plaideurs, fut-elle commune, ne peut tenir en
échec les règles de procédure.
Toutefois, quand il s’agit d’assurer la sanction des droits subjectifs dont les titulaires
ont souvent la libre disposition, toutes les règles encadrant la matière ne sauraient être
impératives. On peut alors se demander : comment faire la différence entre les règles d’ordre
public et celles qui ne le sont pas ? L’objectif visé par la règle fournit le principal critère. De
toute évidence, si la règle a été édictée dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice,
elle est indiscutablement d’ordre public. Par contre, si elle tend principalement à protéger des
intérêts privés, les parties peuvent par convention procéder à des aménagements.
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III- Les sources de la procédure civile
- Le traité OHADA ;
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PREMIÈRE PARTIE- LES CONTOURS DE L’INSTANCE CIVILE OU
COMMERCIALE
L’instance peut être cernée comme la succession d’actes de procédure qui vont de la
demande en justice jusqu’au jugement. Son environnement (ses contours) assez complexe
permet d’identifier le juge civil compétent pour connaître du litige : c’est la question de
l’organisation judicaire et de la compétence (Chapitre I). Il permet de préparer l’instance
proprement dite (Chapitre II) afin de bien introduire l’action en justice.
Les cours d’appel jugent en 2nd et dernier ressort, alors que les Cours de cassation
(Cour suprême nationale et Cour commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA) jouent un
rôle singulier. Ces diverses juridictions n’appliquent pas la même législation pour trancher
les litiges. Certaines appliquent le droit écrit et d’autres le droit traditionnel. Il faut néanmoins
distinguer, dans l’ordonnancement juridictionnel national, les juridictions du droit coutumier
de celles de droit écrit (Section I). Mais cette distinction rigoureuse au niveau des tribunaux,
s’effondre sur le plan structurel au niveau des juridictions supérieures (Section II).
Pour son affaire civile, le justiciable a la possibilité de saisir soit un tribunal de droit
coutumier, soit un tribunal de droit écrit. Les deux catégories de juridiction sont
concurremment compétentes pour certaines affaires (Sous/section 2). Mais comment en est-on
parvenu à faire fonctionner deux ordres juridictionnels concurrents ? (Sous/section 1).
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réception du droit colonial est timide, les populations restant très attachées à leurs traditions.
En plus, les régimes du mandat, puis de la tutelle obligeaient les administrateurs occidentaux
à tenir compte de ces traditions. Aussi, en est-on arrivé à consacrer un système juridique
dualiste en particulier pour les matières non répressives. Dans ce système, pouvaient intenter
les actions devant les juridictions modernes, les expatriés et les camerounais qui avaient
renoncé à la coutume et à ses prescriptions. Les autres camerounais n’ayant pas renoncé
devaient porter leurs litiges devant les juridictions coutumières. Après les indépendances, ce
dualisme a survécu principalement à cause de difficultés matérielles et humaines à faire
fonctionner dans l’ensemble de la République, des juridictions de droit écrit. Aujourd’hui, les
deux ordres juridictionnels continuent de cohabiter dans le même état où elles ont été laissées
dans les années 70. Même la loi du 29/12/2006, réaménageant l’organisation judiciaire, n’a
pas remis en cause cette cohabitation. Au contraire, en affirmant à son article 4 que les
juridictions coutumières relèvent du domaine de la loi, elle semble leur donner une nouvelle
dynamique. Dans cette logique, l’article 31, qui dispose que leur maintien n’est que
provisoire, ne change pas grand-chose. Pourtant, depuis au moins deux décennies, la doctrine
estime que le système est assez anachronique et mériterait d’être repensé (V. Stanislas
MELONÉ, « Du bon usage du pluralisme au Cameroun », RCD, n° 31-32, p. 3).
Les tribunaux de droit traditionnel appliquent la coutume, laquelle a été définie par le
Doyen CARBONNIER comme « une règle de droit qui s’est établie non par une volonté
étatique émise en un trait de temps, mais par une pratique répétée des intéressés eux-mêmes ».
La Cour suprême précise qu’elle est « la manifestation du génie camerounais dans sa diversité
en dehors de toute influence religieuse ou étrangère » (C.S., 10/10/1985, Juridis Info, N° 8, p.
53, Obs., ANOUKAHA François, Aff. DADA BALKISSOU C./ ABDOUL-KARIM
MOUHAMED).
La coutume appliquée à chaque litige est celle des parties en conflit. Elle est en
principe attestée par des assesseurs nommés auprès de ces juridictions et qui sont sensés la
connaître. Lorsqu’il y a conflit entre deux coutumes, c’est-à-dire que les coutumes en
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présence résolvent différemment le litige, l’article 3 du décret n° 69/DF/544 du 19/12/1969
dispose qu’il est statué selon les règles suivantes :
Enfin, deux conditions nécessaires doivent être remplies pour que les tribunaux
coutumiers connaissent d’un litige.
Ensuite, elles doivent accepter d’être jugées par un tribunal de droit traditionnel.
Le tribunal de premier degré est créé par un décret qui fixe aussi son ressort territorial.
Il est composé d’un président et de deux assesseurs ayant voix délibérative. Le président est
nommé par arrêté du Ministre de la justice parmi les fonctionnaires en service dans le ressort.
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En cas d’empêchement, il est remplacé de plein droit par le sous-préfet de l’arrondissement
où siège le tribunal, ou par un adjoint d’arrondissement désigné par le sous-préfet.
Le TPD est compétent en matière d’état des personnes, d’état civil, de mariage, de
divorce, de succession et de droits réels immobiliers. En outre, il exerce les attributions du
tribunal coutumier dans les parties de leur ressort qui en sont dépourvus (art. 4 al. 2 du décret
de 1969).
B- Le tribunal coutumier
Comme le TPD, le tribunal coutumier est créé par un décret qui fixe également son
ressort territorial. Il est lui aussi composé d’un président et de deux assesseurs ayant voix
délibérative. Son président, comme celui du tribunal de premier degré est nommé par arrêté
du Ministre de la justice. Il doit être, en principe, un notable qui a une connaissance
satisfaisante de la coutume. Cependant, ces règles de désignation sont flexibles. Le ministre
de la justice peut, par arrêté, rattacher la présidence du TPD ou du TC à celle du tribunal de
première instance du ressort.
Le tribunal coutumier est compétent pour tout litige d’ordre patrimonial et notamment
les demandes de recouvrement des créances civiles. Les demandes en réparation des
dommages corporels et matériels, ainsi que des litiges relatifs aux contrats (art. 4 al. 1 (b)) du
décret de 1969).
Le TPI est la juridiction de droit écrit la plus proche du justiciable. Son ressort
territorial est, en principe, l’arrondissement. Cependant, non seulement ce ressort peut
s’étendre à plusieurs arrondissements, mais aussi, selon l’article 13 alinéa 2 in fine de la loi de
2006, le tribunal peut tenir des audiences hors de son siège. Il est composé ainsi qu’il suit :
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- à l’instruction : un ou plusieurs juges d’instruction, et un ou plusieurs greffiers.
Le TPI est une juridiction à juge unique. Il est collégial lorsqu’une ordonnance de son
président est prise d’office ou sur requête du Ministère public, ou encore à la requête d’une
partie ; il est aussi collégial quand il statue en matière sociale. Dans cette dernière hypothèse,
le tribunal est complété par un assesseur d’employeur et un assesseur travailleur,
conformément à l’article 133 alinéa 1er du Code du travail. Pour ce qui est de sa compétence,
il faut séparer celle du tribunal (1) de celle de son président (2).
En matière civile, commercial ou sociale, le TPI est compétent pour tout litige dont le
montant n’excède pas 10 000 000 (dix millions) FCFA (art. 15 al. 1 (b) de la loi du 29
décembre 2006 relative à l’organisation judiciaire). Le montant de la demande est fixé par la
demande introductive d’instance et non par la chose contestée par le défendeur. D’ailleurs,
sous le régime de la nouvelle loi, la contestation du défendeur contenue dans une demande
reconventionnelle relève désormais de la compétence du TPI, quelle que soit son montant (art.
15 al. 1 in fine). Comme illustration, si vous prétendez devant un TPI que « A » vous doit 5
millions, et qu’il rétorque que vous lui devez 12 millions, le TPI est compétent, à la fois, pour
votre demande et pour la sienne ; en dépit de ce que la sienne excède le taux légal de la
compétence du TPI.
Le montant de la demande principale dont il est tenu compte pour le calcul du taux de
la compétence du tribunal est celui qui figure dans les dernières conclusions, même si celles-
ci sont contenues dans des notes en délibéré. Ce montant est composé du capital, des intérêts,
des fruits, arrérages échus à ce jour à l’exclusion des derniers postérieurement échus des fruits
et des dépens de procédure. Il est interdit au juge de modifier ce montant. Si la créance est
libellée en monnaie étrangère dont le coût est variable, le tribunal, dans le calcul du taux de la
compétence, doit tenir compte du cours de cette monnaie au jour de la demande. Si le tribunal
est saisi d’un préjudice résultant d’une infraction à la loi pénale, il est compétent pour allouer
des dommages et intérêts, même d’un montant supérieur à 10 000 00 F CFA.
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Le TPI est enfin compétent pour les actions possessoires, pour les prestations de
serment des officiers publics, etc.
Les procédures simplifiées ont été fixées par l’AUPSRVE. Il s’agit de la procédure
d’injonction de payer (primo) et de la procédure d’injonction de délivrer ou de restituer
(secundo).
1- Soit elle résulte d’un contrat (ce qui exclut les créances fondées sur un délit, un
quasi-délit, un quasi-contrat ou encore un engagement unilatéral de volonté) ;
En outre, le texte communautaire exige que la créance soit certaine, liquide et exigible.
Les autres questions relatives à l’injonction de payer ont trait à la juridiction compétente (α) et
la procédure elle-même (β).
En réalité, tel que relevé ci-dessus, cette procédure ne ressort pas de la compétence
exclusive du TPI. Le TGI est également compétent en la matière lorsque le montant de la
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créance est supérieure à 10 000 000 FCFA ou lorsque l’engagement, qu’importe le montant,
résulte d’un chèque, d’un billet à ordre ou d’une lettre de change (art. 18 loi de 2006).
Elle est introduite par une requête simple adressée ou déposée au greffe de la
juridiction compétente. Cette requête doit être assortie de toutes les pièces en originaux ou en
copies certifiées conformes justifiant le montant de la somme réclamée. De plus, elle doit
contenir, à peine d’irrecevabilité, l’identité complète des parties, et pour les personnes
morales leur forme, leur dénomination et leur siège social. Enfin, sous la même sanction, elle
doit contenir l’indication de la somme réclamée accompagnée du décompte des différents
éléments de la créance (le principal et les accessoires) ainsi que les fondements de celle-ci
(contrat, effet de commerce, etc.).
Si par contre la créance remplit toutes les conditions exigées, le président rend une
décision d’injonction de payer tout ou partie de la somme demandée. Une copie de la requête
est signifiée par huissier au débiteur. Cette signification doit être effectuée dans un délai de 3
mois à compter de la décision. A défaut, celle-ci devient caduque. La signification doit en
outre, et à peine de nullité, contenir la sommation d’avoir à payer la somme fixée par la
décision ainsi que les frais de greffe, ou à former opposition afin de faire valoir ses moyens
devant la juridiction qui sera saisie de l’ensemble du litige.
En bref, d’une part, la signification informe le débiteur du délai pour faire opposition,
de la juridiction devant laquelle cette opposition est portée et des formes de celle-ci. D’autre
part, elle lui rappelle la possibilité qu’il a de consulter les documents produits par le créancier
(art. 8 AUPSRVE).
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Dans les 15 jours qui suivent la signification, le débiteur a une alternative :
- soit il estime n’avoir rien à redire contre la décision d’injonction de payer. Dans ce
cas, il exécute intégralement, faute de quoi il pourrait y être contraint par toutes les voies de
droit. Dans ce cas où l’exécution est forcée, la décision d’injonction est revêtue de la formule
exécutoire à la demande du créancier. Elle produit tous les effets d’un jugement contradictoire
rendu en premier et dernier ressort (art. 16 AUPSRVE). La demande d’apposition de la
formule exécutoire doit être présentée au greffier pas simple déclaration écrite ;
- ou alors, il estime avoir des prétentions à faire sur le fond de la créance et dans ce
cas, il forme opposition.
L’opposition est donc une voie de recours ouverte contre les décisions d’injonction de
payer. Elle est formée par acte extra judicaire (exploit d’huissier notamment) devant la
juridiction dont le président a rendu la décision, dans le délai de 15 jours ci-dessus. Ce délai
peut être augmenté des délais de distance des articles 14 et 15 CPC. Il peut également être
augmenté d’un autre délai de 15 jours, si le débiteur n’a pas personnellement reçu
signification de la décision. Ce nouveau délai court à partir du jour de la première
signification à personne d’un acte quelconque ou de la première mesure d’exécution. L’acte
d’opposition comportant l’assignation à comparaître dans les 30 jours de sa date, doit être
signifié à toutes les parties et au greffe de la juridiction qui a rendu la décision d’injonction
de payer.
L’appel contre les décisions d’injonction de payer non frappées d’opposition est
irrecevable (V. CA du centre, arrêt N° 30/CC du 12/11/1993, Lex lata N° 29, p. 3, note A.
AKAM AKAM).
L’étude de cette procédure originale consacrée par l’AUPSRVE peut être articulée
autour de deux points : les conditions requises pour son utilisation (α) et la procédure
proprement dite (β).
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α- Les conditions d’utilisation de la procédure d’injonction de délivrer ou de
restituer
Selon l’article 19 de l’AUPSRVE, cette procédure peut être utilisée par tout créancier
d’une obligation de délivrance ou de restitution d’un bien meuble corporal déterminé. En
d’autres termes, deux exigences sont requises :
D’une part, il doit exister une obligation de délivrance ou de restitution. Celle-ci nait
dans le cadre d’un contrat translatif de propriété (ex. contrat de vente) ou dans le cadre d’un
contrat de dépôt ou de prêt. La procédure permet donc à l’acquéreur, au déposant ou au
prêteur d’entrer ou de rentrer en possession de son bien.
D’autre part, le bien visé doit être un bien meuble corporel déterminé. Cette exigence
tend à exclure du domaine de la procédure simplifiée, les meubles incorporels et les
universalités mobilières ou masse de biens meubles.
Elle est introduite par une requête déposée ou adressée au greffe de la juridiction
compétente du domicile du débiteur de l’obligation de délivrance ou de restitution (les parties
peuvent néanmoins choisir une autre juridiction dans leur contrat).
Sur le plan matériel, la compétence devrait revenir soit au TPI, soit au TGI si la valeur
du bien est précisée dans la requête. Si celle-ci ne l’est pas, on pourrait retenir la compétence
du TGI en se fondant sur l’adage « qui peut le plus peut le moins ». Dans tous les cas, cette
requête doit contenir :
- L’identité complète des parties et, pour les personnes morales, leur dénomination,
leur forme et leur siège social ;
- Les originaux ou les copies certifiées conformes des documents justifiant la requête.
Si le président estime que la requête n’est pas fondée, il la rejette. Sa décision, comme
celle de rejet d’une requête d’injonction de payer, n’est susceptible d’aucun recours, sauf pour
le créancier à agir par voie ordinaire.
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Si en revanche la requête paraît fondée, le président rend une décision d’injonction de
délivrer ou de restituer le bien litigieux. Dans ce cas, une expédition de la requête et une
expédition de la décision lui sont délivrées. La décision accompagnée des copies certifiées
est signifiée au débiteur de la remise à la diligence du créancier. Cette signification doit être
opérée dans les trois mois de la décision. A défaut, celle-ci devient caduque.
En tout état de cause, la signification somme de débiteur d’avoir dans les 15 jours
suivants, soit à transporter à ses frais le bien en un lieu et dans les conditions indiquées, soit,
s’il dispose de moyens à faire valoir, à former opposition au greffe de la juridiction qui a
rendu la décision d’injonction, par déclaration écrite ou verbale contre récépissé ou par tout
moyen laissant trace écrite. Au bout du délai de 15 jours (ce délai peut être augmente comme
en matière d’injonction de payer), s’il n’y a pas opposition, le créancier peut demander
l’apposition de la formule exécution dans les mêmes conditions que ci-dessus. S’il y a eu
opposition, la procédure se poursuit comme celle de l’injonction de payer.
Le président du TPI ou son délégué (un autre magistrat du siège) possède des
attributions juridictionnelles spécifiques. Il a bien évidemment une compétence exclusive
pour se prononcer sur les procédures d’urgentes que sont le référé (α) et l’ordonnance sur
requête (β).
α- Le référé
Le référé est une procédure dans laquelle le président du TPI, ou son délégué, statue
seul à l’effet de prendre une décision pour laquelle il est impossible d’attendre plus
longtemps, parce qu’il y a urgence. Cette définition révèle certains aspects du référé et celui
de l’étendue du pouvoir du juge des référés. Ces aspects doivent être complétés par la
question du caractère de la décision du juge des référées, celle de la compétence en matière de
référé et celle des modalités du référé.
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La condition d’ouverture du référé : l’urgence
Il y a urgence toutes les fois où un retard dans la décision qui doit être prise serait de
nature à compromettre les intérêts du demandeur. Mais en réalité, l’urgence est une notion
subjective souverainement appréciée par le juge des référés. Par exemple, il y a urgence
lorsque les loyers d’une maison n’étant pas payés, le bailleur veut expulser le locataire (Cf.
TPI Yaoundé, ordonnance du 30 Juin 1994, Lex lata N° 1, IR, p. 14).
Le juge des référés statue seul et dans les conditions de célérité tel que les risques
d’erreurs sont importants. C’est pourquoi ses pouvoirs sont doublement limités.
D’une part, aux termes de l’article 185 CPC, l’ordonnance de référé ne doit pas
préjudicier au principal, c’est-à dire que les mesures prononcés par ce juge ne doivent pas
préjuger le fond du procès. Les droits du défendeur doivent rester intacts.
D’autre part et par conséquent, le juge des référés ne doit trancher aucune contestation
sérieuse. Il faut entendre par là, un argument soulevé par un des plaideurs et qui toucherait au
fond du droit. Dès le moment où une telle contestation est soulevée, le juge des référés doit se
dessaisir et renvoyer le demandeur à saisir le juge du principal. Par exemple, le président du
TPI de Bafoussam s’est déclaré incompétent pour ordonner l’arrêt des travaux lorsqu’après
une descente sur les lieux, il a été constaté que le défendeur et le demandeur revendiquaient
tous les investissements réalisés de longue date (Cf. TPI Bafoussam, ordonnance n° 6 du
26/10/2001, Juridis périodique N° 55, p. 77).
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De ces deux limitations, il en résulte que le juge des référés est le juge de l’évident et
de l’incontestable.
Au regard du degré de célérité requise, le référé peut être ordinaire ou d’heure à heure.
Quant au « référé d’heure à heure », il requiert une grande célérité. L’urgence est
telle que le président peut autoriser que le défendeur soit assigné pour une audience qui se
tiendra n’importe où (y compris à son domicile) et à n’importe quelle heure (y compris à une
heure et à un jour non ouvrable). Il pourra aussi être autorisé que l’assignation déroge au délai
d’ajournement. Dans tous les cas, les débats se déroulent au cabinet du président ou au lieu
d’assignation. Et une fois clos, le président rend une décision appelée ordonnance de référé.
Sur le fond enfin, l’ordonnance de référé n’a pas autorité de chose jugée au principal.
Par conséquent, le tribunal pourra toujours revenir sur les mesures prises par le président du
TPI. En plus, l’ordonnance de référé a un caractère provisoire, c’est-à-dire qu’elle ne lie pas le
tribunal qui sera ultérieurement saisi.
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spécificité vient de ce que l’on ne met pas en cause l’adversaire. C’est donc une procédure
unilatérale, contrairement au référé qui est contradictoire.
L’instance est introduite par une requête écrite motivée comportant l’identité des
parties et l’objet de la demande. La requête peut être orale. Dans ce cas, le juge compétent en
fait signer l’objet sur un procès-verbal par l’intermédiaire d’un greffier. La suite va très vite.
Le juge apprécie les pièces fournies et statue sans débat par une ordonnance appelée
ordonnance sur requête.
En cas de rejet de la requête, le demandeur peut faire appel, tout comme la personne
contre laquelle l’exécution de l’ordonnance est entreprise. Le délai de l’appel est de 15 jours à
compte de la signification. L’ordonnance sur requête peut aussi être attaquée par la voie de
l’opposition. Dans cette hypothèse, les délais sont ceux de toute opposition, c’est-à-dire en
général 15 jours dès la signification.
L’ordonnance sur requête a un caractère provisoire. Elle peut en effet être modifiée ou
rétractée par le juge qui l’a rendue, au moyen d’une autre ordonnance sur requête ou d’une
ordonnance de référé, en cas de survenance de fait nouveau. Elle ne doit pas préjudicier au
principal.
Ce texte a été, après une longue tergiversation judiciaire, interprété comme signifiant
que le juge compétent pour connaître des difficultés susceptibles de survenir lors de
l’exécution d’un titre exécutoire ou d’une mesure conservatoire est le président du TPI revêtu
d’une casquette indépendante de celle de juge des référés et de celle de juge des requêtes
(voir pour une présentation complète de l’évolution de la jurisprudence : Alexis
NDZUENKEU, Observation sous TPI de Douala BONANDJO, ord. n° 392 du 26/02/2003 ;
TPI de Garoua, ord. n° 09/R du 16/01/2002 ; TPI Yaoundé EKOUNOU, ord. n° 31 du
01/11/2002, Juridis périodique N° 57, p. 51).
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La loi de 2006, telle que modifiée par celle du 17/04/2007, a éclaté cette compétence
entre les présidents des TPI, TGI, de la CA et de la CS. En effet, l’article 3 de la loi de 2007
dispose que « le juge du contentieux de l’exécution des décisions judiciaires nationales est le
président de la juridiction dont émane la décision contestée statuant en matière d’urgence
ou le magistrat de sa juridiction qu’il délègue… ». Puis, dans les dispositions suivantes, ces
lois apportent des précisions selon que l’exécution est entreprise dans le ressort de la
juridiction qui a rendu la décision ou non, et selon la juridiction à l’origine de la décision
dont l’exécution suscite des difficultés (ces précisions concernant notamment les voies de
recours). Plusieurs questions se posent à la suite de cet éclatement de la compétence en
matière de difficultés d’exécution.
Il est compétent :
- pour les actions relatives à l’état des personnes, à l’état civil, au mariage, au divorce,
à l’adoption, à la filiation et aux successions ;
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- pour la procédure d’injonction de délivrer ou de restituer lorsque la valeur précisée
du bien est supérieure à 10.000.000, ou si la valeur dudit bien n’a pas été précisée ;
- pour toute demande non chiffrée et non chiffrable en vertu de l’adage « qui peut le
plus le moins ».
Sur un plan général, on remarquera que la distinction entre les tribunaux présente une
certaine netteté au niveau de la base. Ce cloisonnement a comme principal avantage la
possibilité de choix offerte au justiciable de se faire juger selon le droit écrit ou selon la
coutume. En revanche, il recèle des inconvénients dont le plus important est le développement
des influences réciproques de l’action de ces tribunaux des uns sur les autres. Car tandis que
les juridictions coutumières maquillent des règles de droit écrit et les présentent comme des
coutumes, les juridictions de droit écrit dénaturent les règles écrites en important des solutions
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provenant de la coutume (Voir les affaires KOUM et KEMAJOU, C.S., arrêts N° 86/CC du 18
juill. 1985 et N° 64/CC du 16 juill. 1987, Tendances jurisprudentielles et doctrinales du droit
des personnes et de la famille de l’ex-Cameroun oriental, par F. ANOUKAHA, L. ELOMO
NTONGA et S. OMBIONO, U.Y., p. 102).
Au-dessus des tribunaux, on retrouve des Cours d’appel, la Cour Suprême nationale et
la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) à l’échelle régionale. Les premières sont
des juridictions de second degré : ce sont les cours d’appel (Sous/Section 1), tandis que la
Cour Suprême nationale et la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage constituent des
juridictions de cassation (Sous/Section 2).
Elles sont au nombre de 10 donc une par région. Elles ne sont pas classées en deux
ordres traditionnel et moderne comme les tribunaux. Aux termes de l’article 20 al. 2 (b) de la
loi de 2006, l’unique Cour d’appel de la région comprend en matière civile et commerciale, et
selon les nécessités de service, une ou plusieurs chambres de droit traditionnel et plusieurs
chambres de droit écrit. Pour ces dernières, il s’agit :
D’autre part, la Cour d’appel est désormais organisée en deux formations : les
chambres et l’assemblée générale. Les chambres ne constituent point une innovation.
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Simplement, elles sont été multipliées. Quant à l’Assemblée générale, il s’agit d’une création
nouvelle. Elle est composée de l’ensemble des magistrats en poste à la cour d’appel ainsi que
du greffier en chef. Elle a des compétences juridictionnelles ainsi que des attributions
consultatives. Dans ce dernier cadre, elle examine et émet des avis dans les matières ou la loi
le prévoit ainsi que sur toutes les questions relatives au fonctionnement de la juridiction qui
lui sont soumises par le Président ou par un tiers de ses membres.
- des appels interjetés à l’encontre des décisions rendues par les juridictions autres
que la Cour suprême et la Cour d’appel elle-même ;
- des appels formés contre les ordonnances du juge d’instruction ;
- du contentieux de l’exécution de ses décisions ;
- de tout autre cas prévu par la loi.
L’on examinera tour à tour la composition (A), les diverses formations (B) et le
domaine de compétence (C) de cette Auguste Cour.
22
- au siège : un premier président, des présidents de chambres, des conseillers, des
conseillers maîtres, des conseillers référendaires, des greffiers en chef de la Cour et des
chambres, des greffiers ;
En ce qui concerne l’assemblée générale, elle est composée de tous les membres de la
Cour. Elle examine toutes les questions qui lui sont soumises relativement au fonctionnement
de la Cour. C’est notamment elle qui est compétente pour émettre un avis sur un projet de
texte, lorsque la Cour est consultée pour le faire.
Pour ce qui concerne son domaine de compétence, elle reçoit les pourvois en
cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par les Cours d’appel,
qu’elles émanent d’une chambre appliquant le droit écrit ou d’une chambre de droit
coutumier. Elle reçoit également les pourvois en cassation formés dans l’intérêt de la loi
contre les décisions des tribunaux lorsque les parties n’ont formé aucun recours ou lorsqu’un
tribunal a statué en premier et dernier ressort. La cour suprême vérifie uniquement
23
l’application de la loi nationale. Elle n’est pas compétente pour connaître du droit OHADA, ni
des faits. Lorsqu’elle reçoit un pourvoi impliquant le droit OHADA, elle doit renvoyer
d’office, ou à la demande de l’une des parties, le litige à la CCJA. En outre, elle ne peut
rejuger l’affaire au fond. On dit qu’elle n’est pas un troisième degré de juridiction.
Cependant, à l’instar de la CCJA, elle s’est vue octroyer par la loi de 2006, un pouvoir
d’évocation lorsque le litige est en état de recevoir un jugement définitif (v. infra).
La CCJA est chargée de trancher les litiges entre les États parties quant à
l’interprétation ou l’application du traité et des règlements pris pour son application,
lorsqu’une solution amiable n’a pu être prouvée. Elle est surtout chargée de l’arbitrage et du
contentieux de l’application et de l’interprétation des actes uniformes. Selon l’article 31 du
traité OHADA, révisé à Québec le 17 Octobre 2008, elle est composée de neuf (09) juges.
Cependant, pour des nécessités de service et compte tenu des possibilités financières, le
Conseil des ministres peut fixer un nombre de juges plus important. Leur mandat est de 7 ans
non renouvelable. Ils sont choisis parmi les magistrats, les avocats et les professeurs de droit
ressortissants des États parties et ayant une certaine expérience. Les avocats et les professeurs
doivent constituer le tiers de la Cour qui ne peut comprendre, en son sein, plus d’un
ressortissant du même pays. La Cour élit en son sein son président pour trois ans et demi non
renouvelable, puis les premiers et deuxièmes vice-présidents (art. 37 du traité). Le président
nomme un greffier en chef parmi ceux ayant une certaine expérience et qui sont présentés par
les Etats parties. Il nomme également, après avis de la cour, un secrétaire général chargé
d’assister la Cour dans l’exercice de ses attributions d’administration de l’arbitrage.
24
CHAPITRE II : L’ACTION EN JUSTICE
L’action en justice est le pouvoir légal en vertu duquel une personne saisit une
juridiction à l’effet de l’obliger à statuer sur le fond d’une contestation. Il s’agit donc du
droit, pour l’auteur d’une prétention, d’être entendu sur le fond de celle-ci afin que juge la
dise bien ou mal fondée. Pour l’adversaire, c’est le droit de discuter le bien-fondé de cette
prétention. La notion d’action en justice mérite d’être précisée (Section I) avant d’identifier
ses conditions d’exercice (Section II) et ses formes (Section III).
L’action en justice entretient des rapports divergents avec le droit qu’elle permet de
mettre en œuvre (Sous/section 1). En outre, elle présente des caractères spécifiques
(Sous/section 2).
Il existe des liens entre l’action et le droit qui la fonde (Paragraphe 2). Mais les deux
méritent d’être distingués (Paragraphe 1).
En premier lieu, le droit peut être démuni de toute action en justice, soit parce que
l’action n’a pas été exercée dans les conditions exigées (forme, délai, etc), le dépouillant ainsi
de son aspect contentieux, soit parce qu’exceptionnellement, le droit dont il s’agit en est
totalement dépourvu (exemple : droit résultant d’une obligation naturelle).
En second lieu, l’action en justice peut exister indépendamment de tout droit, dans la
mesure où elle s’entend uniquement comme le pouvoir de saisir le juge, abstraction faite du
point de savoir si la demande est fondée ou non (exemple : le juge peut être saisi d’une action
invoquant un droit purement imaginaire La demande sera alors rejetée au fond, mais on ne
pourra nier qu’il a été saisi au moyen d’une action).
La distinction entre le droit et l’action n’entrave pas le rapprochement entre les deux
concepts.
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Paragraphe 2 - Les liens existant entre le droit et l’action
L’action en justice n’est pas abstraite et indépendante du droit allégué. D’une part,
c’est le droit qui fonde l’action. Cette dernière vise l’examen d’un droit subjectif dont le
demandeur se croit titulaire à tort ou à raison. Le droit est donc la source de l’action. D’autre
part, la nature du droit déteint sur l’action. En effet, la qualification de l’action est
commandée par la nature et les caractères du droit. C’est pourquoi l’action est tantôt réelle
(A), tantôt personnelle ou mixte (B).
A- L’action réelle
L’action réelle est celle que l’on exerce aux fins de défense d’un droit réel mobilier ou
immobilier. Autrement dit, il faut encore distinguer entre l’action réelle mobilière et l’action
réelle immobilière.
Dans le premier cas, l’action exercée est l’action pétitoire. Si elle vise la propriété, ce
sera l’action en revendication d’un immeuble. Si elle tend à faire reconnaître un droit
d’usufruit ou de servitude sur l’immeuble d’autrui, elle sera qualifiée d’action confessoire.
Par contre, elle est appelée action négatoire, si le demandeur cherche à démontrer que son
immeuble est libre d’un usufruit ou d’une servitude.
Dans le deuxième cas, seule la possession est protégée : on est en présence des actions
possessoires. Celles-ci sont au nombre de trois.
26
Il y a d’abord la complainte. Il s’agit d’une action qui permet de mettre fin à un
trouble possessoire actuel. Par exemple, elle permet de mettre fin à la traversée intempestive
de son terrain par le voisin ne bénéficiant pas de servitude de passage.
Les actions possessoires doivent être intentées dans l’année du trouble, à peine de
déchéance. Ce délai court du premier jour où l’acte constitutif du trouble a été commis.
Les actions possessoires et l’action pétitoire se distinguent par leur objet. Mais elles
ont des rapports étroits car, en réalité, le procès possessoire a été conçu comme un préalable
au procès pétitoire. C’est sans doute cette raison qu’il est « interdit de cumuler le possessoire
et le pétitoire ».
Pour le juge, le principe du non-cumul signifie que le juge saisi au possessoire ne peut
statuer sur le fond du droit ou même se déterminer à partir d’éléments relevant du fond du
droit. Par exemple, il ne peut maintenir le demandeur en possession sous le prétexte qu’il a
fait la preuve de son droit de propriété. Néanmoins, il peut consulter les titres présentés par les
parties dans une optique possessoire (Ex. pour vérifier la durée de la possession).
27
B- Les actions personnelles et les actions mixtes
L’on analysera d’abord les actions personnelles (1) puis les actions mixtes (2).
Les actions mixtes concernent les situations dans lesquelles le titulaire du droit d’agir
est en mesure d’invoquer à la fois un droit réel et un droit personnel ; les deux résultant de la
même opération juridique. Par exemple, l’acheteur d’un immeuble reçoit la propriété de celui-
ci (droit réel) en même temps il devient créancier de l’obligation de délivrance dudit
immeuble (droit personnel). Il dispose donc d’une action mixte contre le vendeur.
L’action en justice est libre dans la mesure où même en cas d’échec, son exercice ne
constitue point une faute de nature à engager la responsabilité de son initiateur. Le plaideur,
qui même à tort exerce une action, bénéficie d’une sorte d’immunité. On estime qu’il peut
légitimement se tromper sur l’étendue de ses droits. Même la condamnation du perdant aux
dépens de procédure ne constitue pas un démenti à cette affirmation. Il s’agit simplement
d’une obligation légale exempte de toute faute. D’ailleurs, le tribunal peut, par décision
motivée, les mettre à la charge du gagnant.
Le principe n’est neutralisé que s’il y a abus du droit d’ester en justice. Par exemple,
commet une faute, la banque qui intente contre son client une action fondée sur un crédit
intégralement remboursé (C.S., 01/02/1990, Juridis info N° 6, p. 59, note Jean-Marie
NYAMA). La faute, que la jurisprudence sanctionne par des dommages et intérêts, est soit un
acte de malice ou de mauvaise foi, soit une erreur grossière équipollente au dol. Lorsque la
faute n’est pas suffisamment caractérisée, le demandeur à l’action ne doit pas être sanctionné
(V. pour une mauvaise appréciation de la faute : TPI de Douala, 10/08/1989, Juridis info N°
9, p. 17, obs. Pierre BOUBOU).
28
Paragraphe 2- Le caractère facultatif de l’action en justice
L’action en justice constitue une mise en œuvre d’un droit individuel qu’on peut
choisir d’exercer ou non. Par conséquent, le titulaire de l’action n’a pas l’obligation de
l’introduire effectivement. Il peut, pour des raisons propres, décider de subir une violation de
son droit plutôt que d’affronter la procédure devant un tribunal.
C’est un droit reconnu à toute personne capable (Paragraphe 1), qu’elle soit de
nationalité camerounaise ou non (Paragraphe 2).
Paragraphe 2- La nationalité
Les nationaux et les étrangers ont le droit d’accéder aux tribunaux camerounais.
Cependant, cette affirmation doit être doublement nuancée.
D’une part, les étrangers et les camerounais par naturalisation ne peuvent intenter leur
action civile ou commerciale devant les juridictions traditionnelles ;
29
D’autre part, une discrimination de nature financière est établie entre les Camerounais
et les étrangers. Ainsi, afin de garantir le défendeur camerounais contre une condamnation
pécuniaire qu’il pourrait obtenir du demandeur étranger, une caution est prévue à l’article 73
CPC. En cas de non-paiement spontané par le demandeur, cette caution, appelée caution
judicatum solvi, peut faire l’objet d’une exception soulevée par le défendeur camerounais et
aboutir à l’irrecevabilité de l’action du demandeur étranger (Cf. TPI de Nkongsamba,
jugement ADD du 02/11/2000 et jugement du 10/10/2001, Juridis périodique N° 51, p. 41,
obs., TEPPI KOLOKO).
Le montant de la caution est fixé par le tribunal. Mais selon l’article 74 CPC,
l’étranger peut en être dispensé, s’il a des immeubles suffisants au Cameroun. Il peut
également en être dispensé s’il est ressortissant d’un Etat membre des Conventions de
Tananarive.
Si l’exercice d’une action n’est susceptible de procurer aucune utilité à celui qui en
prend l’initiative, sa demande doit être déclaré irrecevable et rejetée sans qu’il soit nécessaire
d’en apprécier le bien-fondé ; c’est la fameuse règle « pas d’intérêt, pas d’action ». La
notion d’intérêt est difficile à définir. On sait que l’intérêt peut être pécuniaire ou matériel et
que tous les intérêts ne peuvent pas fonder une action en justice. On sait également que
l’intérêt qui sert de base à une demande en justice doit remplir trois conditions :
1) L’intérêt ne doit pas être fondé sur un acte illicite. On dit que l’intérêt doit
être légitime, c’est-à-dire qu’il doit être fondé sur un droit, lequel ne peut être reconnu que
pour protéger des situations légitimes. Cette exigence suscite quelques difficultés, dans la
mesure où elle conduit à confondre l’intérêt qui est une condition de recevabilité de l’action,
avec le droit substantiel qui est une condition d’aboutissement de l’action (Cf. J. FOMETEU,
« L’exigence processuelle d’un intérêt légitime à agir », Cahiers juridiques et politiques,
Revue de la FSJP-UN, N°1, p. 137) ;
2) L’intérêt doit être né et actuel : cela veut dire qu’il doit exister au moment où
la demande est formée. A contrario, l’intérêt ne doit pas être éventuel ou hypothétique. Cette
exigence conduit à déclarer irrecevable les demandes préventives. Ainsi, ne sont pas admises
les actions interrogatoires, c’est-à-dire celle qui tendent à obliger quelqu’un qui dispose d’un
délai pour prendre une option, à choisir immédiatement. Par exemple, l’action qui viserait à
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forcer l’héritier à dire s’il accepte ou non la succession avant l’expiration du délai d’option
qui lui est reconnu est une action interrogatoire ;
3) L’intérêt doit être direct et personnel, c’est-à-dire qu’il doit concerner la
personne qui introduit l’action. C’est la traduction juridique de l’adage selon lequel « Chacun
doit s’occuper de ses affaires ». Le tiers qui agit à la place d’autrui, sans être mandaté, n’a
pas intérêt au regard de la loi, ni d’ailleurs la qualité requise pour agir en justice.
Des problèmes sérieux peuvent surgir lorsque c’est un groupement ou une personne
morale qui agit. Dans certains cas, le groupement peut justifier d’un intérêt direct et
personnel comme une personne physique. Tel est le cas lorsqu’il invoque une atteinte à l’un
de ses droits patrimoniaux. Par Exemple : si un bâtiment appartenant au groupement est
endommagé, celui-ci a le droit d’agir contre l’auteur du dommage.
Mais dans d’autres hypothèses, les groupements se donnent pour mission de défendre
des intérêts généraux ou collectifs qui, s’ils subissaient une atteinte, fonderaient leur droit
d’agir. Peut-on alors dire qu’ils ont un intérêt direct et personnel justifiant la recevabilité de
leurs actions ?
* l’intérêt invoqué doit être un intérêt collectif, c’est-à-dire l’intérêt doit répondre aux
objectifs poursuivis par le syndicat. L’intérêt collectif ne doit pas être confondu avec l’intérêt
général dont la défense incombe au Ministère public. L’intérêt collectif n’implique pas non
plus que chaque membre du syndicat ait été personnellement atteint. Il suffit qu’il y ait eu un
trouble susceptible d’être ressenti par chacun des membres, et susceptible de nuire à la
profession toute entière.
31
Lorsque ces conditions sont réunies, le syndicat est investi du droit de défendre
l’intérêt collectif au moyen d’une action engagée par lui-même et en son nom ou au moyen
d’une intervention à l’instance engagée par un salarié. Il peut même défendre les intérêts
individuels des salariés en exerçant une action contre l’employeur.
Si le groupement est une association, il est moins librement admis à agir en justice.
On estime que ces groupements ne peuvent avoir un intérêt direct et personnel à défendre.
Cette restriction est fondée sur la difficulté à caractériser l’intérêt collectif que les
associations invoquent. Celles-ci se donnent souvent des objectifs assez vagues, de sorte que
les intérêts dont elles entendent assurer la défense se recoupent finalement avec l’intérêt
général. Or l’intérêt collectif exigé, qui seul peut fonder le droit d’agir en justice de manière
collective, doit être distingué de l’intérêt général et de individuel des membres du
groupement.
Mais à titre exceptionnel, certains types d’associations telles que les associations des
consommateurs ou de défense des droits, créées spécialement pour exercer sous une forme
collective des actions appartenant à chaque sociétaire pris individuellement, sont admis à ester
en justice. L’unique condition exigée pour la reconnaissance du droit d’agir de cette catégorie
d’association est que chacun des sociétaires ait été directement et personnellement lésé dans
les intérêts dont il a confié la défense à l’association.
En tout état de cause, il demeure assez difficile de faire le départ entre l’intérêt
général dont la défense appartient au Ministère public, l’intérêt collectif qui fonderait le droit
d’action des groupements. C’est pourquoi dans la majorité des cas, leur action sera irrecevable
pour défaut d’intérêt direct et personnel, mais aussi pour défaut de qualité.
La qualité est le titre qui donne à une personne le pouvoir de réclamer la sanction de
son droit en justice. Elle se confond quelque peu avec l’intérêt. En effet, celui qui est capable
et qui se prévaut d’un intérêt né et actuel, direct et personnel a toujours, en principe, qualité
pour agir. Mais les deux doivent être distingués. Pour ce faire, deux situations fournissent des
lignes directrices.
La loi réserve parfois l’exercice de l’action à certaines personnes qu’elle désigne. Dans
ce cas, seules ces personnes ont qualité pour engager la procédure. Toutes les autres, même si
elles ont un intérêt né et actuel, direct et personnel, ne peuvent agir. Il en est ainsi en matière
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de divorce ou de séparation de corps où l’action n’est réservée qu’aux époux (exemple : un
parent pourrait avoir intérêt à libérer son enfant d’un mariage devenu, pour lui, insupportable.
Il n’aurait pas pour autant qualité pour agir en divorce).
- Une personne peut avoir intérêt à agir pour autrui, elle sera sans qualité si le titulaire
du droit ne lui a pas consenti un mandat qui l’habilite à agir en ses lieu et place.
Au regard de ce qui précède, l’on constate que le titulaire direct du droit a toujours
qualité pour agir (Paragraphe 1) et que, pour toute autre personne, des restrictions sont
imposées (Paragraphe 2).
Lorsqu’il a un intérêt légitime, il a toujours qualité pour agir. Mais s’il est mineur non
émancipé ou majeur interdit, il n’agira que par l’intermédiaire de son représentant légal.
Il s’agit des héritiers ou ayants cause (A), des représentants légaux ou conventionnels
(B) et enfin, des créanciers dans certaines hypothèses (C).
Les héritiers sont habilités à introduire l’action en justice au nom du défunt, car selon
un adage bien connu, « ils continuent la personne du défunt ». Cependant, certaines actions
ayant un caractère personnel très marqué doivent avoir au moins été introduites de son vivant
par le défunt, pour être continuées par les héritiers. Il en est ainsi par exemple de l’action en
désaveu de paternité que le mari de la mère est seul à pouvoir engager.
Les représentants légaux agissent pour le compte d’un incapable. Le plus souvent, il
s’agira des père et mère, pour leur enfant mineur, ou encore d’un tuteur agissant pour son
pupille mineur ou majeur interdit.
33
2- Les représentants conventionnels
Il peut s’agir des avocats (a), d’un simple mandataire (b) ou des créanciers.
a- Les avocats
b- Le mandataire simple
Par dérogation à l’article 2 ci-dessus, des personnes autres que les avocats peuvent être
mandatés pour la défense en justice. Ainsi, selon l’article 3 alinéa 1 de la loi du 19/12/1990,
les personnes ci-après peuvent être mandatées pour la défense de leurs proches :
- Il ne faut pas qu’il y ait plus de trois cabinets d’avocats dans le ressort de la
juridiction saisie du litige ;
- Il ne faut pas que le mandant soit une personne morale (la représentation particulière
n’est autorisée que pour les personnes physiques). Exceptionnellement, les administrations
publiques peuvent, selon l’article 3 alinéa 3, se faire représenter par un fonctionnaire désigné
par l’autorité compétente ;
34
C- Les créanciers
Certaines actions peuvent être intentées par les créanciers en lieu et place de leur
débiteur titulaire direct du droit. Il en est ainsi de l’action paulienne et de l’action oblique (cf.
art. 1166 et 1167 C. civ.).
L’action en justice se concrétise par une demande en justice. Et parce que l’action
revêt plusieurs aspects, ceux-ci se répercutent sur la demande.
Elles peuvent être réparties en deux grandes catégories : la demande initiale, d’une
part (Paragraphe 1), et d’autre part, les demandes incidentes (Paragraphe 2).
Elle est celle par laquelle l’instance est introduite. Encore appelée demande principale,
elle revêt tantôt la forme d’une assignation (A), tantôt celle d’une requête simple (B).
A- L’assignation
L’assignation constitue le principal mode de saisine des juridictions de droit écrit. Elle
est l’équivalente civile de la citation directe (cf. Procédure pénale). C’est un exploit
d’huissier qui doit contenir neuf (09) éléments essentiels.
1- La date
Elle est rédigée en toutes lettres indiquant l’année, le mois et le quantième du jour de
l’acte. Exemple : l’an deux mille neuf et le trente et un du mois de mars. La date de
l’assignation est celle de la signification à personne ou à domicile. Son importance vient de ce
qu’elle sert de point de départ du délai de comparution à la première audience devant le
tribunal. Ce délai, appelé délai d’ajournement, est fixé à 8 jours par l’article 14 CPC, lorsque
le mis en cause est domicilié dans le ressort du tribunal ; et à 30 jours, si la personne assignée
est domiciliée dans une autre partie du Cameroun. Cependant, en cas d’urgence, l’article 14
CPC dispose, in fine, que le président du tribunal peur permettre par ordonnance sur requête
d’assigner à bref délai. À l’inverse, l’article 15 rallonge les délais si la personne demeure hors
du territoire camerounais. Ainsi, le délai d’ajournement est de :
35
- 2 mois pour celui qui demeure en France, en Europe, en Afrique et à la Réunion ;
- 3 mois pour celui qui demeure en Amérique ;
- 4 mois pour celui qui réside dans tout autre pays.
Dans notre droit, les délais sont francs (art. 605 CPC). Il en est de même en matière
de procédures simplifiées et de recouvrement OHADA (art. 335 AUPSRVE). Cela signifie
que le jour de la signification (dies a quo) et celui de l’échéance du délai (dies ad quem) ne
sont pas compris dans le délai. Exemple, en matière d’ajournement, pour une assignation
signifiée le 20 mars à une personne domiciliée dans le ressort d’un tribunal, la date de la
première audience sera calculé comme suit :
Dans ce délai, les jours non ouvrables sont comptés. Mais, si le jour de l’échéance est
un jour ouvrable, le jour de la première audience sera le jour ouvrable qui suivra ;
2- La désignation du requérant
3- La désignation du destinataire
Le destinataire, encore appelé « requis », doit être clairement identifié dans l’assignation ;
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Il s’agit de l’exposé sommaire des moyens, c’est-à-dire des raisons pour lesquelles le
demandeur attrait le requis devant le tribunal. Cette partie commence par « Pour… » ;
7- Le dispositif
Tel que celui d’un jugement, il commence par « par ces motifs… ». Dans cette partie
extrêmement cruciale, le demandeur récapitule ses prétentions. S’il en oublie une, le juge,
n’aura pas le droit de l’étudier. Simon, il statuera ultra petita ;
8- Le coût de l’acte ;
9- Le cachet et la signature manuscrite de l’huissier
Par ailleurs, il sied de rappeler que l’assignation est le principal mode de saisine des
juridictions de droit écrit. Dans certains cas, ces juridictions sont saisies par une requête
simple qui, au demeurant, est l’unique mode de saisine des juridictions de droit coutumier.
B- La requête simple
La requête simple est une demande écrite ou orale, directement adressée à un juge ou à
un tribunal. Elle est utilisée notamment lorsque le litige revêt une urgence requérant une
ordonnance du chef d’une juridiction (ex. Procédure d’ordonnance sur requête, procédure
d’injonction de payer). Mais elle peut aussi être utilisée pour la saisine d’un tribunal (ex. : La
demande en divorce devant le TGI revêt, au départ, la forme d’une requête simple adressée au
président de la juridiction et sollicitant la citation du conjoint en conciliation devant lui).
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Devant les juridictions traditionnelles, elle est l’unique mode de saisine. En effet,
l’article 14 au décret de 1969 dispose que la requête écrite ou orale est portée devant le
Président de la juridiction. Si elle est orale, le président, assisté d’un secrétaire, établit un
procès-verbal (PV) qui est directement consigné sur le registre.
A- La demande reconventionnelle
C’est une demande qui émane du défendeur qui cherche à obtenir, à son tour, une
condamnation du demandeur.
Elle se justifie par le fait que le défendeur peut, au lieu de se contenter d’une attitude
passive consistant à tenter de démontrer le mal fondé des prétentions du demandeur, contre-
attaquer en demandant au juge de condamner à son profit ce demandeur. Autrement dit, la
demande reconventionnelle est une demande qui serait initiale si elle était introduite la
première. Cette demande a une nature propre (1) et des effets spécifiques (2).
C’est ensuite un moyen de défense, car elle est formulée en réplique à une assignation.
On en déduit que la demande reconventionnelle a une nature hybride.
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2- Les effets de la demande reconventionnelle
Il y a connexité entre deux demandes lorsqu’il y a intérêt à les instruire et à les juger
ensemble. Mais au fond, l’application de l’existence du lien de connexité est une question de
fait laissée à l’appréciation du juge du fond.
Le juge ne saurait donc, en aucun cas, modifier les limites du procès telles qu’elles
ressortent de la demande initiale et des éventuelles demandes incidentes. On dit qu’il ne doit
pas statuer infra petita (il ne doit pas omettre de se prononcer sur certaines chefs de la
demande), ou ultra petita (il ne doit pas se prononcer sur des choses non demandées ou
prononcer une condamnation supérieure à celle demandée).
39
DEUXIÈME PARTIE- LE DÉROULEMENT DE L’INSTANCE CIVILE OU
COMMERCIALE
Selon le premier de cette catégorie, la direction du procès appartient aux parties qui
ont la faculté d’initiative, d’impulsion, de désistement, d’acquiescement, d’utilisation de tel
ou de tel mode de preuve, etc. Bref, ce principe signifie que les parties sont maîtresses de
l’initiative du procès, de sa conduite à leur gré et éventuellement de son interruption : c’est le
principe du dispositif.
Ce principe n’est cependant pas sans limites. Tout d’abord, il n’est valable qu’en
matière civile, commerciale et administrative. Ensuite, le Juge ne peut, en toute occurrence,
être cantonné dans les limites étroites fixées par les parties. Il peut exiger la mise en cause
d’un tiers, soulever d’office un moyen d’ordre public, etc. Enfin, lorsque l’ordre public est en
cause, les parties perdent particulièrement leur faculté de désistement et d’acquiescement.
Elles ne peuvent plus de leur propre chef arrêter le litige.
Pour ce qui est des principes relatifs à la forme du procès, il faut distinguer la forme
dans l’acte et la forme dans les débats.
40
La forme dans les actes exige une certaine solennité. Tout d’abord, l’huissier
intervient de manière quasi exclusive. Il dirige les assignations, les citations, les procès-
verbaux, les constats et les sommations. Il doit le faire en français ou en anglais, puis porter
l’acte à la partie adverse. Cette remise de l’acte est appelée signification. Celle-ci doit, aux
termes de l’article 609 CPC, se faire entre 6 h du matin et 6 h du soir. Deux nuances doivent
cependant être introduites. D’une part, selon l’article 24 du règlement de procédure de la
CCJA, les significations concernant les actes de procédure devant cette cour sont faites, soit
par envoi postal recommandé avec accusé de réception d’une copie de l’acte à signifier, soit
par remise de copie contre reçu, la copie étant certifiée conforme par le greffier en chef de la
cour. D’autre part, la signification constitue une modalité de notification. Cette dernière a un
contenu générique qui est le fait de porter à la connaissance d’un plaideur un acte de
procédure sans passer nécessairement par un huissier.
Par ailleurs, les actes obéissent presque toujours à des délais. Ceux-ci se comptent
soit en jours, soit en mois, soit en années. Lorsque le délai est franc (art. 605 CPC et 335
AUPSRVE), le jour de le dies a quo et le dies ad quem ne sont pas comptés. La CCJA a eu
l’occasion de le rappeler en statuant en matière de procédures simplifiées de recouvrement et
de voies d’exécution. Pour elle, « les délais prévus dans l’Acte uniforme portant organisation
des voies d’exécution étant des délais francs, ni le premier jour de l’acte, ni le dernier jour du
délai d’un mois accordé au débiteur saisi pour élever des contestations ne doivent être pris en
considération pour la computation dudit délai ».
(V. CCJA, arrêt n° 017 du 29 mars 2004, affaire BATIM-CI c./Société GIC, Le Juris-
Ohada, N° 2/2004, juin-août 2004, p. 53-Receuil de jurisprudence de la CCJA, N° 3, janvier-
juin 2004, p. 125, OHADATA J-04-302 ; arrêt n° 041/2005 du 07 juillet 2005, affaire :
Société BEN International Ship Suppliers (dite BENIS) c./ Etablissement KOUASSI N’DAH,
Recueil de jurisprudence de la CCJA, N° 6, juin-décembre 2005, p. 65 ; Le Juris-Ohada, N°
1/2006, p. 2).
Cependant, la computation des délais applicables à la procédure devant la CCJA,
semble obéir à un mode différent. Ainsi, aux termes de l’article 25 alinéa 1 du règlement de la
procédure, chaque délai a pour origine la date de l’acte, de l’évènement, de la décision ou de
signification n’étant pas compté. Et selon l’alinéa 4 du même article 25, le délai expire le
dernier jour à 24h. En termes simples, le dies a quo n’est pas compris dans le délai, mais le
dies ad quem y est inclus. Les délais devant la CCJA ne sont donc pas francs (V. Par exemple,
pour la recevabilité du pourvoi en cassation devant cette cour : CCJA, 2è chambre, arrêt
n°17, du 24 février 2005, affaire : GIE SENEPRESCO c/ Compagnie bancaire d’Afrique de
41
l’Ouest, (dite CBAO), Le juris-Ohada, n°2/2005, p. 26, Recueil de jurisprudence de la CCJA,
n° 5 janvier-juin 2005, volume 1, p. 11).
Quant à la forme dans les débats, elle se traduit par la publicité des audiences. Celle-
ci signifie due la salle d’audience doit être ouverte au public. Les seules exceptions sont
constituée par le huis-clos et la possibilité pour le juge de statuer sur certaines affaires (ex.
celles concernant le mineur) en chambre de conseil.
Les postulats évoqués ci-dessus s’appliquent quelle que soit la situation qui se
présente après l’introduction de l’instance. De fait, trois situations peuvent intervenir :
Tout d’abord, l’instance peut se dérouler en présence de toutes les personnes qu’elle
met en cause. On dit que l’instance est normale et contradictoire (Chapitre I).
Ensuite, le défendeur peut ne pas se présenter à l’audience : on dit que l’audience est
non contradictoire et que la décision du juge a été rendue par défaut (Chapitre II).
Enfin, l’instance peut être prolongée par les plaideurs non satisfaits ou absents, c’est
alors l’instance sur voie de recours (Chapitre III).
42
CHAPITRE I : L’INSTANCE NORMALE ET CONTRADICTOIRE
L’instance est dite normale et contradictoire lorsque tous les acteurs du procès (le
demandeur, le défendeur et le juge) conduisent l’instance (Section I). Toutefois, il peut arriver
que certains acteurs, dont la présence n’était pas forcément envisageable, s’adjoignent à
l’instance en provoquant ainsi un incident de procédure (Section II).
Section I- LA CONDUITE DE L’INSTANCE
- des établissements bancaires, sans doute parce qu’ils sont réputés solvables (art. 3
ord. n° 90/06 du 26/10/1990 relative à l’exercice de l’activité des établissements de crédits) ;
- des personnes ayant obtenu l’assistance judiciaire. Celle-ci est organisée par le décret
n°76/521 du 09/12/1976. Il s’agit d’un aménagement du principe de la gratuité de la justice,
qui consiste en une aide apportée par l’État de plein droit ou à la demande des justiciables
indigents, pour leur permettre de faire face aux frais qu’implique un procès ou l’exécution
d’un acte juridictionnel.
Elles sont des moyens par lesquels un défendeur cherche à faire rejeter la demande de
son adversaire, aux motifs que celle-ci est mal fondée en droit, soit parce que le droit n’existe
pas ou n’existe plus, soit parce qu’il existe mais, n’a pas l’étendue que le demandeur lui
attribue. Les défenses au fond peuvent être introduites à tout moment, jusqu’à la clôture des
débats et même pour la première fois en appel. Devant chacune des juridictions, elles peuvent
être présentées tant que les conclusions sont admises. Enfin, leur présentation n’est astreinte à
aucun ordre, si ce n’est celui de la logique de l’argumentation.
Paragraphe 2- Les exceptions de procédure
Encore appelée exception de caution judicatum solvi, elle ne peut prospérer que si le
demandeur étranger n’est pas ressortissant d’un pays signataire des conventions de
Tananarive des 8 et 12/09/1961 (V. CA du Littoral, 16 juill. 1999, RCDA, n° 2, p. 81, aff. Air
Afrique).
Par cette exception, le défendeur soutient que son adversaire a porté son litige devant
un tribunal qui n’est pas qualifié pour en connaître et demande que celui-ci se dessaisisse.
44
3- Les exceptions dilatoires
Elle est fondée sur le fait que les parties ont l’obligation de se communiquer
mutuellement et à l’avance les pièces (titres, actes, lettres, écrits, documents) dont elles
entendent faire usage au soutient de leurs prétentions. En pratique, cela se fait à l’amiable. Si
un plaideur ayant fait sommation à son adversaire de lui communiquer ses pièces n’obtenait
pas satisfaction, il opposerait l’exception de communication des pièces. Et, jusqu’à ce que
cette communication soit faite, il est sursis à la poursuite de la procédure.
L’exception de connexité est utilisée lorsqu’il existe un rapport étroit entre deux
demandes formées devant deux tribunaux. Elle permet d’obtenir, dans l’intérêt d’une bonne
administration de la justice, que le second juge se dessaisisse afin que la demande soit portée
devant l’autre juge pour être examinée en même temps que la première demande.
45
5- L’exception de nullité d’un acte de procédure
Le dernier problème que soulèvent les fins de non-recevoir est celui du moment où
elles doivent être présentées. Dans le silence de la loi, il serait souhaitable qu’on les admette
en tout état de cause et non in limine litis.
Au cours d’un procès, une situation inhabituelle peut survenir. Par exemple, un
individu, qui au départ n’était pas partie au procès, est mis en cause (Sous-section 1), ou
encore la sincérité d’un acte accompli par l’adversaire est contestée (Sous-section 2).
47
Paragraphe 1- Les modalités de l’intervention
D’une part, l’intervention volontaire vise à défendre les droits de l’intervenant lui-
même ou ceux de l’une des parties en cause. Dans le premier cas, il s’agit de l’intervention
volontaire principale. Dans cette hypothèse, le tiers demande à figurer au procès pour obtenir
la reconnaissance d’un droit dont il se prétend titulaire (Exemple : le créancier hypothécaire
intervient au procès dirigé contre son débiteur pour préserver son droit sur l’immeuble
hypothéqué). Dans le second cas, on parle d’intervention volontaire accessoire. Ici, le tiers
intervient non pas pour obtenir une condamnation à son profit, mais seulement pour appuyer
les prétentions d’une partie en cause. (Exemple : l’assureur intervient à l’instance dirigée
contre son assuré, afin que le montant de l’indemnité soit minoré).
D’autre part, l’intervention forcée a pour but soit d’associer le tiers à l’autorité de
chose jugée en vue de prévenir les contestations ultérieures, soit même d’obtenir une
condamnation personnelle du tiers.
Ce régime varie selon que l’intervention est volontaire (A) ou forcée (B).
48
en justice. Or s’’il s’agit d’une intervention volontaire accessoire, les conditions de
recevabilité sont plus souples puisqu’il s’agit simplement de conjurer une menace.
Certains effets sont cependant communs aux deux formes d’intervention : elles ne
doivent jamais retarder le jugement, si l’affaire est en état (art. 144 CPC). Dans les deux cas,
le jugement rendu après intervention est pleinement opposable aux intervenants qui ne
peuvent plus l’attaquer par la tierce opposition.
Il faut rappeler que cette forme d’intervention tend à obliger un tiers à figurer à une
instance en cours, contre son gré. (Exemple : un acheteur menacé d’éviction par un tiers met
en cause son vendeur). L’intervention forcée peut être demandée par n’importe quelle partie à
l’instance, à condition de justifier d’un intérêt à mettre en cause le tiers. Mais le juge devrait
pouvoir inviter les parties à mettre en cause tout intéressé dont la présence lui paraît
nécessaire à la résolution du litige.
Sur la forme, elle se fait au moyen d’une assignation émanant du plaideur qui entend
joindre le tiers à l’instance. Cependant, il faut préciser qu’il existe une forme particulière et
très usitée d’intervention forcée : c’est l’assignation en garantie ou garantie incidente.
49
Celle-ci est utilisable toutes les fois où une personne doit une garantie légale ou
conventionnelle à une autre. (Exemple : le vendeur garantit l’acheteur contre l’éviction et
parfois contre les vices cachés de la chose, l’assureur garantit l’assuré, etc.).
Dans le premier exemple ci-dessus, l’acheteur peut attendre d’avoir perdu le procès
pour se retourner contre son vendeur : c’est la garantie principale. Mais l’attitude la plus
prudente consisterait à obliger le garant à figurer à l’instance : c’est la garantie incidente.
Dans le premier cas, il s’agira d’une instance ordinaire. Dans le second cas, selon
l’article 81 CPC notamment, elle se fera par assignation, en respectant les délais
d’ajournement.
En vue de prouver de leurs allégations, les tiers produisent aussi bien des actes sous
seing privé que des actes authentiques. Il arrive souvent que la partie adverse en conteste la
véracité. Elle doit alors faire procéder à la vérification d’écriture s’il s’agit d’un acte sous
seing privé (Paragraphe 1), ou passer par une inscription de faux (Paragraphe 2).
Si le tribunal estime que l’acte n’émane pas du plaideur, il déclare la demande mal
fondée. Dans le cas contraire, c’est-à-dire qu’il estime que l’acte est bien de celui à qui on
50
l’attribue, il fait droit à la demande et l’acte devient l’égal d’un acte authentique. Dès lors, sa
sincérité ne pourra plus être contestée que par la procédure d’inscription de faux.
Elle est une procédure par laquelle on tente d’établir, devant le juge civil, qu’un acte
authentique ou sous seing privé, vérifié en justice, comporte un faux intellectuel ou un faux
matériel.
Il y a faux intellectuel lorsque le rédacteur d’un acte y fait figurer une indication ne
correspondant pas à la réalité qu’il a pu constater personnellement (Exemple : un notaire
antidate un acte en y portant une date différente de celle de la signature).
Il y a faux matériel lorsqu’un acte authentique a été fabriqué de toute pièce, ou bien
lorsque correctement établi et conforme à la réalité, il a été ensuite falsifié par exemple par
additions ou des grattages.
Pour que l’inscription de faux soit recevable, trois contions doivent être réunies :
- Le faux doit être caractérisé, c’est-à-dire qu’il doit apparaître dès le premier abord ;
- L’inscription de faux doit se greffer à une instance principale. Autrement dit, il est
impossible de s’inscrire en faux au principal devant une juridiction civile (article 99 CPC) ;
La preuve du faux, dans un acte authentique ou sous seing privé vérifié en justice,
incombe à celui qui conteste la sincérité de l’acte (art. 99 CPC). La juridiction compétente
est celle saisie du litige principal, même s’il s’agit de la Cour d’appel. Elle doit simplement
sursoir à statuer jusqu’à la décision sur le faux (V. sur l’ensemble de la question, les affaires
RADFIL, Rev. jur. Afr. 1995, p. 209, obs. J. FOMETEU).
51
CHAPITRE II- LE DÉROULEMENT NON CONTRADICTOIRE DE
L’INSTANCE.
52
CHAPITRE III- LE PROLONGEMENT DE L’INSTANCE : LES VOIES DE
RECOURS.
L’achèvement de l’instance est marqué par un jugement qui logiquement peut être
exécuté (Section préliminaire). Mais, parce qu’il est difficile pour le juge de satisfaire toutes
les parties, l’exercice d’une voie de recours est très probable.
Les voies de recours peuvent être définies comme les procédures qui permettent
d’attaquer une décision judiciaire devant une juridiction pour tenter de la faire reformer
totalement ou partiellement. Elles peuvent être classées selon trois critères :
Le premier est le critère de la juridiction qui aura à connaître de l’affaire. Il permet
d’opposer les voies de rétraction aux voies de réformation. Les premières sont utilisées
lorsque la juridiction qui examinera à nouveau l’affaire est celle même qui a rendu la décision
attaquée. C’est le cas de l’opposition et de la requête civile, tandis que les secondes le sont
dans les cas où le nouvel examen de l’affaire est confié à une juridiction supérieure a celle qui
avait rendu la décision contestée. Exemple l’appel.
Le deuxième critère est celui de la position du plaideur quant au premier procès. On
distingue alors, les voies recours d’une partie comparante (appel et requête civile), la voie de
recours d’une partie défaillante (l’opposition), et la voie de recours d’un tiers (la tierce
opposition).
Le troisième critère est celui de la possibilité de mise en œuvre de la voie de recours.
Ce critère permet d’opposer les voies de recours ordinaires aux voies de recours
extraordinaires. Il conduit à la classification qui rend compte du droit positif et qui permet une
présentation harmonieuse des voies recours. Dès lors, on étudiera les voies de recours
ordinaires (Section I) et les voies de recours extraordinaires (Section II).
SECTION PRÉLIMINAIRE- LE JUGEMENT À EXÉCUTER
Devant le premier juge, l’instance prend fin par un jugement. Mais selon les contours
de l’instance, le type de jugement peut varier (Sous-section 1) et dans certains cas, l’exécution
immédiate de la décision intervenue est possible (Sous-section 2).
Sous/section 1- LE JUGEMENT INTERVENU
Les effets que produisent les jugements (Paragraphe 2) requièrent un examen de leurs
catégories et de leur contenu (Paragraphe 1).
Paragraphe 1- Les catégories et le contenu des jugements
La diversité des jugements (Paragraphe 1) n’enlève rien à leur contenu (Paragraphe 2).
A- Les divers jugements
Les divers jugements peuvent être catalogués dans 5 distinctions :
53
La première oppose le jugement gracieux et le jugement contentieux. Le premier
est un acte d’administration de la justice, alors que le second tranche un vrai litige ou une
vraie contestation (Exemple : le jugement qui homologue un partage est une décision
gracieuse, tandis que celui qui statue sur des dommages et intérêts est un jugement
contentieux.
La deuxième démarque le jugement ordinaire du jugement convenu ou
d’expédient. Le premier met fin à un litige dans lequel les parties sont jusqu’au bout de
véritables adversaires, or le second entérine une transaction intervenue entre les parties.
La troisième distinction fait le départ entre le jugement en premier ressort et le
jugement en premier et dernier ressort. Le premier peut être attaqué par la voie de l’appel,
au contraire du second (il faut néanmoins relever que l’exclusion de cette voie de recours doit
résulter d’un texte).
La quatrième oppose le jugement contradictoire, le jugement par défaut et le
jugement réputé contradictoire. Le premier est rendu à la suite d’une instance ordinaire
dans laquelle les parties ont comparu et fait valoir leurs moyens, tandis que le deuxième
intervient dans l’hypothèse de non-comparution du demandeur. Quant au troisième, il est
rendu lorsque le demandeur n’a ni comparu ni conclu, alors même qu’il a été assigné à
personne.
La cinquième distinction confronte le jugement définitif au jugement avant-dire-
droit ou avant-faire-droit. Le premier est rendu sur le fond. Il donne une solution au litige
ou tranche un incident consécutif à une fin de non-recevoir ou à une exception. Quant au
second, il se contente de prescrire des mesure préalables (exemple : enquête, expertise, etc) ou
provisoires.
On peut donc constater qu’il existe plusieurs types de jugement. Cependant, il ne faut
pas établir une frontière étanche entre les différentes catégories. En effet, un jugement
emprunte généralement à plusieurs d’entre elles (Exemple : le jugement qui attribue des
dommages et intérêts à la victime d’un accident est, très souvent, contentieux, ordinaire,
contradictoire, en premier ressort).
B- Le contenu des jugements
Selon l’article 39 CPC, les jugements doivent contenir les noms, professions et
domiciles des parties, l’acte introductif d’instance et le dispositif des conclusions, les motifs et
les dispositifs, l’indication que les parties se sont présentées en personne ou qu’elles ont été
représentées, ou qu’il a été jugé sur mémoire. L’absence de ces mentions est sanctionnée par
la nullité du jugement (C.S., 22/08/1991, Juridis info n° 11, p. 50).
54
En droit traditionnel, c’est l’article 18 du décret de 1969 qui régit le contenu des
jugements. Selon ce texte, le jugement contiendra notamment :
- Le nom et l’indication de la coutume du juge ;
- Le domicile et la coutume de chacune des parties ;
- L’énonciation de la coutume et de la référence des textes ou de la jurisprudence dont il
est fait application.
Pour la sanction attachée par la jurisprudence à ces exigences (Cf. C.S., 18/09/1985 et
08/08/1985, RCD n° 30, pp. 405 et 420).
À ces différents éléments, on ajoute les dépenses de procédures et l’indication de la
partie qui doit les payer.
Paragraphe 2- Les effets des jugements
Le jugement produit quatre principaux effets :
1- il dessaisit le juge, c’est-à-dire que ce dernier, après l’avoir rendu, ne peut plus le
modifier par lui-même (cependant certaines voies de recours ramènent les parties devant le
juge qui a statué) ;
2- il déclare un ou plusieurs droits ou crée une situation juridique nouvelle ;
3- il a autorité de la chose jugée, c’est-à-dire que les parties ne peuvent plus se
présenter devant un même juge pour le même litige ;
4- il a force exécutoire, c’est-à-dire que la force publique peut être sollicitée pour
établir la situation juridique qu’il crée et ce, dès que les délais pour former un recours
suspensif sont épuisés. D’ailleurs, il est possible que l’exécution soit entreprise
immédiatement après signification.
Sous/section 2- L’EXÉCUTION DU JUGEMENT
Par principe, l’exécution d’un jugement n’est possible qu’après que celui-ci ait acquis
force de chose jugée, c’est-à-dire que les délais pour former les recours se sont épuisés sans
que l’une des parties ait saisi la juridiction compétente par l’examen desdits recours
(Paragraphe 1). Par exception, il peut arriver qu’un jugement soit exécuté sans avoir acquis
l’autorité de chose jugée : c’est l’exécution provisoire (Paragraphe 2).
Paragraphe 1- Le principe : l’exécution du jugement ayant acquis force de chose
jugée
Après épuisement des délais pour former appel ou opposition et sans que le plaideur
intéressé ait formé son recours, le jugement est revêtu de la formule exécutoire prévue à
55
l’article 11 de la loi du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire. Dès ce moment, il
porte le nom de grosse.
En général, pour les jugements qui requièrent urgence, le formalisme ci-dessus n’est
pas respecté. On est alors dans l’hypothèse de l’exécution provisoire.
Elle est organisée en matière non répressive par la loi n° 92/083 telle que modifiée
par celle n° 97/018 du 07 août 1997. Elle est ordonnée par le tribunal soit à la demande de
l’une des parties, soit d’office dans un des domaines où elle est possible (A). En tout cas, elle
semble pouvoir être arrêtée grâce à des défenses à exécution provisoire (B).
Selon l’article 3 de la loi du 07 août 1997, le tribunal saisi peut, en cas de décision
contradictoire ou réputée contradictoire, ordonner l’exécution provisoire nonobstant appel
dans les cas ci-après.
56
n° 80/s du 16/03/1995, Lex lata n° 14, p. 11 ; C.S. arrêt n° 33/p, du 02/11/1995, Lex lata
N°21, p. 7).
Selon le Pr. AKAM AKAM, l’exécution provisoire est exceptionnelle. En procédant
à une énumération, le législateur a entendu lutter contre l’arbitraire et les abus des juges qui
l’ordonnent sans constater l’urgence ou le péril en la demeure que l’article 54 CPC prescrivait
de chercher. Une opinion contraire peut être soutenue. En effet, l’article 4 de la loi de 1997
dispose que : « lorsque l’exécution provisoire n’est pas de droit et qu’elle a été prononcée en
dehors des cas prévus à l’article 3 ci-dessus… ». Lue a contrario, cette disposition permet de
penser que l’exécution provisoire est concevable dans des domaines autres que ceux énumérés
par l’article 3 de la loi de 1997. D’ailleurs, si ce n’était pas le cas, l’article 4 qui organise la
défense à exécution deviendrait partiellement sans objet.
Elles sont réglementées par l’article 4 de la loi de 1997. Elles posent deux problèmes.
Le premier est celui des hypothèses dans lesquelles elles peuvent être ordonnées (1), et le
second est celui de leur procédure (2).
Mais au fond, tout porte à croire que la formule de l’alinéa 1 précité n’exclut pas
totalement le pouvoir d’appréciation du juge d’appel. Il y aura toujours des cas non énumérés
par la loi dans lesquels le péril en la demeure, justifiant une exécution provisoire, pourra être
caractérisé. L’alinéa 1 aurait été formulé de manière plus impérative si le législateur avait
entendu confiner le juge d’instance.
57
Tout aussi alambiqué est l’alinéa 2 de l’article 4, selon lequel : « lorsque l’exécution
provisoire est de droit ou lorsqu’elle est fondée sur les matières énumérées à l’article 3, la
Cour d’appel rejette la demande de défenses à exécution provisoire si ladite demande à un
caractère manifestement dilatoire ». En d’autres termes, la loi admet par principe que l’on
puisse demander des défenses à exécution dans les hypothèses visées. Seulement, la demande
doit d’emblée être rejetée si elle présente un caractère manifestement dilatoire. Si elle ne
présente pas un tel caractère, la cour doit l’examiner et éventuellement ordonner la suspension
de l’exécution, alors même qu’il s’agit d’une décision d’exécution de plein droit ou rendue
dans le domaine énuméré par la loi.
58
interruption de l’exécution. Elle a été vertement critiquée. On lui a notamment reproché de se
tromper sur la nature et l’objectif des défenses à exécution. S’opposer à une exécution,
consiste nécessairement à s’en prendre aux actes d’exécution pour les faire annuler, en les
prétendant irréguliers. Cela se fait par voie, largement réglementée par l’OHADA, de
contestation. En revanche, les défenses à exécution provisoire ont un autre objectif : elles
visent non pas l’acte d’exécution, mais le titre exécutoire dont elles réclament que le caractère
exécutoire soit vérifié.
Dans la décision que le premier président de la Cour d’appel rend, il ne dit pas que
l’exécution est irrégulière (ce qui serait contraire à l’article 32 du texte OHADA). Il dit plutôt
que l’exécution provisoire a été mal à propos ordonnée (c’est-à-dire hors des cas prévus par la
loi ou sans urgence caractérisée).
Récemment, la CCJA a nuancé sa jurisprudence en des termes plus clairs, en
affirmant que « la procédure qui a abouti à l’arrêt attaqué n’ayant pas eu pour objet de
suspendre une exécution forcée déjà engagée, mais plutôt d’empêcher qu’une telle exécution
puisse être entreprise sur la base d’une décision assortie de l’exécution provisoire et frappée
d’appel ». La doctrine unanime en a déduit que désormais, elle prône une distinction selon
que l’exécution forcée est engagée ou non. Dans le premier cas, elle ne peut plus être
interrompue au moyen de défenses à exécution provisoire. Si de telles défenses sont
ordonnées, la CCJA les censurera.
Dans le second cas (exécution non entamée), l’exécution peut être suspendue au
moyen des défenses (Cf. CCJA, arrêt n° 12 et 14/2003 du 19/06/2003, Juridis périodique n°
58, p. 101, Obs. Fidèle TEPPI KOLLOKO et Sylvain SOUOP ; CCJA CS Chronopost inter
Côte-D’ivoire, arrêt n° 001/2005 du 21/01/2005, Rec. PENANT n° 852, p. 409).
SECTION I- LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES
Les voies de recours ordinaires ou de droit commun sont largement ouvertes aux
justiciables. Elles permettent d’attaquer en tout point la décision rendue en premier ressort. Il
s’agit de l’opposition (Sous/section 1) et de l’appel (Sous/ section 2).
Sous/section 1- L’OPPOSITION
Les effets de l’opposition (Paragraphe 2) nécessitent que soit conceptualisée cette voie
de recours (Paragraphe 1).
Contre les seconds, elle est faite par déclaration écrite ou orale au président du
tribunal qui a rendu la décision attaquée. En tout état de cause, les jugements par défaut
doivent être exécutés dans les (12 mois) de leur obtention sinon, ils sont réputés non avenus
(art. 72 CPC).
Le second est appelé effet dévolutif. Il signifie que l’opposition saisit de nouveau le
juge qui avait tranché le litige la première fois, en l’amenant à réexaminer l’entier litige.
60
Soit le second jugement reprend les motifs du premier, et les deux sont unis et
signifiées en même temps ;
Ou alors le second jugement ne reprend pas les motifs du premier : on dit que le
premier jugement est rétracté. Ce qui n’est pas le cas en l’appel.
Sous/section 2– L’APPEL
L’appel est une voie de recours ordinaire régie par les articles 188 et suivants du CPC.
Elle est une voie de recours de reformation qui permet de provoquer un nouvel examen du
litige par une juridiction supérieure. Il est la traduction logique du principe du double degré de
juridiction. Il est soumis à un régime particulier (Paragraphe 1) et il produit des effets voisins
de ceux de l’opposition (Paragraphe 2).
Ce régime porte essentiellement sur les décidons susceptibles d’appel (A), ses
modalités (B), ses délais (C) ainsi que ses diverses formes (D).
L’appel est ouvert dans tous les cas où il n’est pas expressément écarté et contre les
jugements rendus en premier ressort. Les jugements avant-dire-droit ne sont susceptibles
d’appel qu’après le jugement définitif et conjointement avec l’appel de ce jugement. Le délai
de l’appel ne court alors qu’à partir du jour de la signification du jugement définitif.
L’appel principal est celui interjeté par le plaideur qui prend le premier l’initiative de
saisir la cour d’appel. Ce plaideur est appelé appelant. Son appel est recevable s’il satisfait
aux conditions d’exercice de l’action en justice, notamment l’intérêt et la qualité.
61
L’appelant a intérêt s’il n’a pas été satisfait en tout ou partie par le jugement. A
contrario, il n’a pas intérêt s’il a obtenu gain de cause sur tous les chefs de sa demande. Il a
qualité s’il a été partie ou représenté au procès en instance. Ont également qualité, les héritiers
et les représentants légaux ou conventionnels. L’appel est dirigé contre toute personne qui a
joué le rôle d’adversaire en première instance, que ce soit comme partie principale ou comme
intervenant. Et ces personnes peuvent y répondre par une sorte d’appel reconventionnel
appelé appel incident.
L’appel incident émane du défendeur en appel (ce dernier est appelé intimé). Cet
appel permet de présenter les prétentions propres du défendeur afin d’obtenir une
condamnation de son adversaire. Le domaine de prédilection des appels incidents est le
divorce.
Ceux-ci varient d’une matière à une autre. Ainsi, d’une manière générale, en matière
civile et commerciale, l’appel doit être interjeté dans un délai de 3 mois, à compter de la
signification. Ce délai peut être augmenté les délais de distance des articles 14 et 15 CPC.
Ces délais s’appliquent à l’appel principal, l’appel incident n’étant soumis à aucun
délai.
Quant au point de départ du délai, il varie selon la nature du jugement querellé. Ainsi,
pour les jugements contradictoires, le point de départ est la significat à personne ou à
domicilie ; ou encore la notification s’il s’agit d’un jugement de droit traditionnel. En matière
sociale, le point de départ contre les jugements contradictoires est le jour du prononcé de la
décision.
Pour les jugements par défaut, la situation est plus complexe du fait de la coexistence
de l’opposition et de l’appel. En effet, le défaillant peut user successivement de l’opposition
62
puis de l’appel, de même qu’il peut renoncer à l’opposition. En tout état de cause, le délai de
l’appel contre le jugement par défaut commence à courir à partir du jour où l’opposition n’est
plus recevable (art. 193 (2) CPC et 29 1 (b) du décret de 1969).
En matière sociale, le délai contre les jugements par défaut et/ou réputés
contradictoires court du jour de la signification.
D’après les dispositions de l’article 189 CPC, l’appel principal est formé par simple
requête adressée (éventuellement par la poste sous pli recommandé) aux membres de la cour
d’appel. Cette requête contient les énonciations d’une requête introductive d’instance
ordinaire, les motifs de l’appel et les conclusions de l’appelant.
Contre un jugement de droit traditionnel, l’appel peut être interjeté par déclaration
écrite ou orale au président du tribunal qui a rendu la décision, soit au greffe de la cour
d’appel avec une expédition du jugement et les lettres mémoires et documents déposés par les
parties.
En ce qui concerne l’appel incident, il n’est assujetti à aucune forme. Il peut donc
être introduit par voie de conclusion écrite. Lorsque l’appel est recevable, le greffier en Chef
de la cour d’appel qui reçoit la requête la notifie à l’appelant, en indiquant le montant de la
consignation qu’il doit, à peine de déchéance d’ordre public, déposer dans un délai de 4 mois
(droit écrit) ou de 2 mois (droit traditionnel). Ce délai est interrompu par une demande
d’assistance judiciaire.
De même que l’opposition, l’appel produit deux principaux effets : l’effet dévolutif
(B) et l’effet suspensif (A).
A- L’effet suspensif
D’après l’article 203 CPC, l’appel interjeté dans le délai est suspensif. Cela signifie
que le jugement ne pourra être exécuté qu’après l’écoulement du délai d’appel. Et si l’appel a
été effectivement formé, il faudra attendre que la cour ait statué. En d’autres termes, le délai
d’appel tout comme l’appel lui-même sont suspensifs. Cette règle est neutralisée s’il y a eu
exécution provisoire ou si le jugement a ordonné des mesures conservatoires.
63
B- L’effet dévolutif
L’appel à un effet dévolutif parce que l’ensemble des questions soulevées par le
jugement, qu’il s’agisse des questions de fait ou de droit, est soumis au réexamen de la Cour
d’appel. Cependant, trois précisions sont nécessaires.
Primo, dire que la cour d’appel réexamine le litige signifie que l’appel dessaisi
complètement le premier juge et opère impérativement saisine des juges d’appel.
Dosio, dire que le juge d’appel réexamine le litige en fait et en droit, signifie qu’il le
réexamine dans la même étendue que le premier juge. Car l’effet dévolutif est limité par l’acte
d’appel. En effet, on considère que l’appel ne défère à la cour d’appel que l’examen des chefs
du jugement qu’il critique expressément ou implicitement et ceux-ci en sont liés. En d’autres
termes, le juge d’appel statue dans la mesure de l’acte d’appel qui le saisit, c’est-à-dire sur les
parties du jugement qui lui sont déférés et seulement à l’égard des personnes déférées devant
lui. D’où l’adage « tantum devolution, quantum appelatum » (il n’est dévolu qu’autant qu’il
est appelé).
Tercio, comme conséquence, le juge d’appel réexamine le premier litige et rien que
le premier litige. En effet, il est interdit de présenter des demandes nouvelles en appel (art.
207 CPC). Par exemple, un plaideur ne peut solliciter en appel le partage de la succession,
alors que le premier juge n’était saisit que de l’administration provisoire des biens de la
succession, de l’usufruit de la veuve et de la tutelle des enfants (CA Adamaoua, arrêt N°
11/cout. du 22/09/1992, inédit).
64
Ensuite, l’interdiction des demandes nouvelles ne fait obstacle aux demandes
additionnelles qui ne pouvaient être présentées plutôt. C’est le cas de demandes relatives aux
intérêts, loyers et autres accessoires échus depuis le jugement ou des dommages et intérêts
pour le préjudice souffert depuis le jugement.
Enfin, il faut préciser que l’irrecevabilité des demandes nouvelles n’est pas d’ordre
public. Les juges d’appel ne peuvent donc la soulever d’offre et le demandeur ne peut
l’invoquer pour la première fois en cassation. En conséquence, le demandeur doit se prévaloir
lui-même de l’irrecevabilité devant le juge d’appel. S’il néglige de la faire ou s’il accepte que
la demande soit examinée, la cour doit statuer (V. Pascal NGUIHE KANTÉ, note nous CA du
Littoral, 17/12/1993, Lex lata n° 13, p. 3 ; V. également pour l’application de l’irrecevabilité
devant le juge des demandes nouvelles devant la CCJA : Arrêt N° 32/2004 du 04/11/2004,
Rev. PENANT N° 854, p. 99, note BAKARY DIALLO).
L’on peut ranger d’un côté le pourvoi en cassation (Sous-section 2) et, de l’autre,
toutes les autres voies de recours extraordinaires (Sous-section 1).
La tierce opposition est une voie de recours qui permet à un tiers lésé ou menacé de
l’être par l’effet d’un jugement auquel il n’a pas pris part, d’essayer d’en éviter les
conséquences néfastes. Elle est la symétrique de l’intervention volontaire. En effet, tandis que
cette dernière fait entrer un tiers dans un procès pour défendre ses intérêts, la tierce opposition
lui permet de neutraliser les dispositions d’un jugement auquel il n’a pas été partie et qui lui
cause ou menace de lui causer un préjudice. On peut donc dire que l’intervention volontaire
est préventive et que la tierce opposition est réparatrice.
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Le demandeur ne doit avoir été ni partie, ni représenté au procès dont il
conteste le jugement ;
Il doit avoir intérêt. Il a intérêt s’il éprouve un préjudice ou s’il est sous la
menace d’un préjudice.
Cette voie de recours peut être dirigée contre la quasi-totalité des actes juridictionnels
(jugements des tribunaux et arrêts des CA rendus au fond ou ADD, contradictoires ou par
défaut). Contre les arrêts de juridictions de cassation, elle est en principe irrecevable.
Cependant, la CCJA l’admet de manière exceptionnelle. Cette voie de recours peut être
principale ou incidente.
Lorsqu’elle est principale, elle est portée devant la juridiction qui a rendu la décision
attaquée. C’est alors une voie de rétraction. Dans cette hypothèse, elle peut revêtir la forme
d’une assignation ou celle d’une requête écrite ou orale devant la juridiction coutumière (CS
29 Février 1996, Juridis info, n° 29, p. 60). Contre les arrêts de la CCJA, elle doit se faire par
voie principale au moyen d’une demande comportant, entre autres, les motifs pour lesquels le
tiers n’a pu participer au litige principal et les aspects de l’arrêt qui préjudicient à ses droits
(art. 23, 27 et 47 du règlement de procédure de la CCJA).
La tierce opposition est incidente, lorsqu’elle est déclenchée par une partie au cours
d’un procès, contre un jugement invoqué par son adversaire et auquel elle a été étrangère.
Dans cette hypothèse, la juridiction est saisie par requête, selon l’article 21 alinéa 2 CPC.
Mais en réalité, deux situations sont à distinguer.
Si la juridiction saisie est supérieure à celle qui a rendu la décision attaquée, elle
statue sur le recours qui est alors une voie reformation ;
Si la juridiction saisie est inférieure à celle qui a rendu la décision attaquée, elle ne
peut statuer sur la tierce opposition incidente. L’article 219 CPC oblige alors le tiers à porter
l’opposition devant la juridiction qui a rendu le jugement litigieux par voie principale.
Il en résulte que lorsque la tierce opposition est portée devant une CA, elle doit
statuer sans se préoccuper du double degré de juridiction.
Quoiqu’il en soit, si la tierce opposition est recevable et fondée, la décision est
rétractée ou réformée, et remplacée par une nouvelle décision qui sera opposable aux
tiers. Mais, l’ancienne décision continuera de régir les rapports entre les parties y ayant pris
part (Exemple : si un créancier du mari forme avec succès une tierce opposition contre un
jugement de divorce ayant donné lieu à une séparation de biens, les époux demeurent
66
effectivement divorcés et séparés de biens. Mais, ils ne peuvent se prévaloir de cette situation
ni en tirer aucune conséquence à l’égard de ce créancier).
C’est une voie de recours extraordinaire de rétractation par laquelle on revient devant
le juge qui a déjà statué, pour lui demander de modifier sa décision qu’on estime avoir été
rendue sur une erreur éventuellement provoquée par la fraude d’une des parties, Elle est
prévue par les articles 223 et suivant CPC, qu’il faut concilier avec les dispositions de la loi
de 2006 portant organisation et fonctionnement de la Cour suprême .Elle ne peut être dirigée,
sur le plan interne, que contre les décisions rendues en dernier ressort (arrêts des cours
d’appel et jugements en premier et dernier ressort ; on y ajoute les jugements par défaut, après
expiration des délais d’opposition et les jugements ADD dont le fond n’est pas susceptible
d’appel).
Il s’ensuit que toutes les fois qu’une voie de recours est ouverte, la requête civile
irrecevable. Elle est recevable contre les arrêts de la Cour suprême nationale devant laquelle
elle prend le nom de recours en révision. La même terminologie est utilisée sur le plan
régional. En effet, elle peut être introduite contre un arrêt de la CCJA. Ses cas d’ouverture (A)
sont multiples et ses règles de forme sont assez libérales (B).
A- Les cas d’ouverture de la requête civile
La requête civile est ouverte dans de nombreux cas que l’on peut systématiser en
quatre groupes.
1- Le juge n’a pas eu connaissance exacte des faits et éléments de la cause. On vise
ici trois cas :
67
c- la décision a été déterminée par les pièces judiciairement reconnues fausses et qui
ont été produites sciemment ou non au débat. L’article 49 du Règlement de Procédure de la
CCJA parle globalement de la découverte ultérieure d’un fait qui était inconnu de la cour et
du demandeur à la révision, au moment de l’arrêt.
2- Certains intérêts n’ont pas été défendus ou ne l’ont pas été suffisamment.
- La communication du dossier au ministère public n’a pas eu lieu, alors qu’elle était
exigée, et le jugement a été rendu contre la partie dans l’intérêt de laquelle cette
communication était prescrite ;
- L’État, une commune, un établissement public ou une personne incapable n’ont pas
été défendus ou ne l’on pas été utilement ;
- Devant la Cour suprême, une décision de déchéance a été rendue sans que le
demandeur au pourvoi ait été mis en demeure, soit pour constituer un avocat, soit pour
introduire une demande judiciaire.
Il s’agit de tous les cas ou des formes prescrites à peine de nullité ont été violées avant
ou lors du jugement, et la nullité n’a pas été couverte.
4- Le juge a méconnu le cadre du procès tel qu’il résultait des demandes des
parties ou alors il est tombé dans la contradiction. Il en ainsi lorsque :
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o Lorsqu’il a été statué sur des pièces reconnues ou déclarées fausses depuis la
décision ;
o Lorsqu’une partie a succombé, faute de présenter une pièce décisive retenue
par son adversaire ;
o Lorsqu’une décision de déchéance est intervenue sans que le demandeur au
pourvoi ait été mis en demeure, soit pour se constituer un avocat, soit pour introduire une
demande d’assistance judiciaire.
En outre, certains des cas d’ouverture à la requête civile, contre les décisions des
juridictions inférieures, issus du CPC constituent également des cas d’ouverture du pourvoi en
cassation. En effet, certains d’entre eux se recoupent avec la violation de la loi. Ainsi en est-il
lorsque par exemple la cour d’appel omet de répondre aux conclusions d’un appelant. Elle
omet de statuer sur des choses demandées en même temps qu’elle viole l’article 5 de
l’ordonnance 72/4 du 26/08/1972 qui l’oblige a répondre aux conclusions. Dans cette
hypothèse, le pourvoir en cassation est recevable à côté de la requête civile (voir C.
YOUEGO, note sous C.S., 03/05/1990, Juridis info n° 8, p. 65).
Il ressort des articles 233 à 235 CPC que la requête civile devra, par principe, être
portée devant le juge qui aura rendu la décision attaquée, même si ce recours est formé à titre
incident dans un procès pendant devant un tribunal. Ce tribunal doit alors surseoir au procès
en cours ou passer outre. En d’autres termes, la requête civile est, par définition, principale
Exceptionnellement, elle peut être incidence lorsqu’elle est formée au cours d’un procès
pendant devant le même juge qui avait rendu la décision attaquée. Dans ce cas, elle est
introduite par voie de conclusion ; alors que lorsqu’elle est principale, elle est formée par
assignation.
Lorsqu’elle est principale, elle doit être faite dans les deux mois du jour de la
signification. Ce délai est réaménagé dans plusieurs cas. Par exemple, si la requête civile est
fondée sur le faux, le dol ou la découverte de pièces nouvelles, le délai ne court que du jour
de la connaissance du faux et du dol, ou de la reconnaissance des pièces, à condition qu’il y
ait une preuve écrite de ce jour.
69
Devant la Cour suprême, elle est formée dans un délai de 30 jours à compter du jour
de la connaissance de la cause ouvrant droit à révision (art. 41 al. 2 (c) de la loi de 2006 fixant
l’organisation et le fonctionnement de la Cour suprême).
Dans tous les cas, si le juge rejette la requête civile, il maintient la décision attaquée
et peut condamner le demandeur aux dépens, à une amende civile et éventuellement à des
dommages et intérêts (art. 236 et 241 CPC).
Si par contre la requête civile est admise, la décision est rétractée et les parties sont
remises au même et semblable état où elles se trouvaient avant son prononcé. Le tribunal rend
une nouvelle décision qui se substitué à la précédente. Cette nouvelle décision pourra être
attaquée par la voie de l’opposition, de la tierce opposition ou par voie de cassation ; mais pas
par appel, puisque cette décision, comme celle qui a été rétractée, est en dernier ressort. En
outre, la requête civile ne peut être utilisée contre une décision rendue à la suite d’une autre
requête civile .Ce principe émanant de l’article 244 CPC, se traduit par l’adage « requête
civile sur requête civile ne vaut ».
En plus, la CCJA peut être saisie pour se prononcer sur la compétence d’une
juridiction nationale de cassation statuant sur une affaire soulevant des questions de droit
70
uniforme. Mais pour cela, il convient d’abord que l’incompétence de cette juridiction
nationale ait été soulevée sans succès devant elle-même.
Pour tout dire, en cas de cassation, la Cour évoque et statue au fond (art. 14 du
Traité). L’arrêt rendu a autorité de chose jugée et force exécutoire. L’apposition de la formule
exécutoire n’est précédée que du contrôle de l’authenticité du titre. Ce qui signifie que les
arrêts de la CCJA ne sont pas soumis à la formalité de l’exequatur.
Enfin, seule une décision de la cour peut suspendre l’exécution d’un de ses arrêts.
L’article 42 de la loi de 2006 précitée prévoit une forme unique et simplifiée pour la
saisine de la juridiction nationale de cassation. Selon ce texte, à peine d’irrecevabilité, le
pourvoi est formé en matière judiciaire par « déclaration » au greffe de la juridiction dont
émane la décision. Cette déclaration est faite par le demandeur au pourvoi ou par son
représentant.
71
B- Le domaine du pourvoi en cassation
Il est question de déterminer les personnes mises en cause par le pourvoi en cassation
les décisions qui peuvent être attaquées par cette voie, les délais et les situations pouvant
donner lieu à un pourvoi.
1) Sur le premier point, le pourvoi est formé par la partie au procès qui y a intérêt
contre le ou les défendeurs au procès dont la décision est attaquée. Cette partie demanderesse
fait elle-même sa déclaration ou alors elle la fait par le biais de son conseil ou d’un
mandataire muni d’une procuration spéciale légalisée.
Le ministère public peut se pourvoir en cassation comme tout plaideur, s’il a été
partie prenante au procès. Exceptionnellement, il peut former dans toute affaire un pourvoi
spécial dans l’intérêt de la loi ou en cas d’excès de pouvoir du juge, contre tout acte
juridictionnel devenu définitif (art. 36 loi 2006). Dans le premier cas, l’initiative est prise
spontanément par le Procureur général près la Cour suprême (les parties ne peuvent alors se
prévaloir de la cassation). Dans le second cas, il forme le pourvoi sur ordre du Garde des
sceaux (la cassation éventuellement intervenue produit alors des effets à l’égard des parties).
2) Sur le deuxième point, le pourvoi peut être formé contre toute décision rendue par
un tribunal ou une cour d’appel, qu’elle soit contradictoire ou par défaut ; et pour cette
dernière, après expiration du délai d’opposition. Car si la voie de l’opposition est encore
ouverte, le pourvoi est irrecevable (C.S., 04/04/1985, RCD n° 30, p. 381).
3) Sur le troisième point, le pourvoi doit être formé dans un délai de 30 jours à
compter du lendemain du jour où le jugement est devenu définitif, s’il s’agit d’un jugement
en dernier ressort émanant d’un tribunal. L’article 44 de la loi de 2006, qui prévoit ce délai,
manque de clarté. Par conséquent, il est préconisé que contre les arrêts des Cours d’appel, ce
délai court du jour de la signification. De toute évidence, les délais de distance peuvent être le
cas échéant augmenté à ce délai de 30 jours.
4) Sur le dernier point, l’article 35 de la loi de 2006 prévoit huit (8) cas d’ouverture
au pourvoi en cassation. Il s’agit de :
- la violation de la loi : ce cas d’ouverture englobe tous les cas où les juges ont
inexactement résolu une question de droit. Il en est ainsi lorsque les juges ont adopté une
solution contraire à celle du texte, mal interprété le texte ou ont étendu le texte à une situation
qu’il ne régit pas ;
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- le vice de forme (ex. : absence de publicité) ;
L’alinéa 2 de l’article 35 ajoute que ces cas d’ouverture peuvent être soulevés d’office.
La formation d’un pourvoi ne suspend jamais l’exécution d’une décision. Les seules
exceptions sont constituées par l’inscription de faux, le divorce et la séparation de corps (Cf.
notamment art. 248 al. 6 C. civ. ; où on estime que l’exécution de la décision entraînerait des
conséquences irréparables, si une cassation intervenait ultérieurement).
Le pourvoi n’a pas non plus d’effet dévolutif, car la Cour n’exerce son contrôle que
sur les moyens de droit qui lui sont soumis et ne fait pas monter à elle tout le litige.
De manière générale, lorsque la Cour suprême reçoit un pourvoi, elle l’instruit selon
la procédure décrite aux articles 49 et suivants de la loi de 2006. Dès que le dossier est en
l’état, la formation des sections réunies l’examine au cours d’une audience d’examen des
pourvois. Si le pourvoi parait suffisamment fondé, cette formation rend un arrêt d’admission
de pourvoi non motivé. Si par conte le pourvoi paraît manifestement mal fondé, la cour rend
un arrêt de rejet motivé, un arrêt d’irrecevabilité ou un arrêt de déchéance.
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constatés et appréciés par les juges du fond permettent d’appliquer la règles de droit
appropriée » (art. 67 al. 2 in fine loi de 2006).
Si l’affaire n’est pas en l’état d’être jugée, la section renvoie l’affaire à une
juridiction de même ordre, nature et degré que celle dont la décision a été cassée.
Cette juridiction de renvoi peut être du même avis que la Section qui a statué. Dans
ce cas, le litige est clos. Si par contre elle rend une décision allant dans le même sens que celle
qui a été cassée (on parle de décision de rébellion), il peut y avoir un nouveau pourvoi.
L’affaire peut alors être renvoyée devant les Sections réunies de la Chambre judiciaire ou
devant la formation des Chambres réunies, soit par une ordonnance du premier président, soit
par un arrêt de la section normalement compétente ou des sections réunies de la chambre
judiciaire, soit encore par des réquisitions du Procureur général. La formation qui statue peut
encore rendre un arrêt de rejet ou un arrêt de cassation. En cas de cassation, la Cour évoque et
statue au fond si l’affaire est en état d’être jugée, c’est-à-dire au vu des seules pièces visées
dans la décision attaquée par le pourvoi. Dans le cas contraire, l’affaire est renvoyée devant
une troisième juridiction, toujours de même ordre, nature et degré que les deux précédentes.
Cette dernière est appelée à se plier à l’opinion juridique adoptée par la juridiction suprême
afin de mettre fin au litige. Ce scénario de va et vient du procès est dénommé « navette
judiciaire ». Cette dernière sera toujours ponctuée par un arrêt de la Cour qui marquera la fin
du litige entre les plaideurs, et donc de l’instance judiciaire.
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