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LIVRE 2 :

MÉMOİRE PROFESSİONNEL
SİGLES ET ABRÉVİATİONS

AUDCG : Acte Uniforme Portant Droit Commercial Général


AUPCAP : Acte Uniforme Portant Procédures Collectifs d’Apurement du
Passif
CAA : Cour d’Appel d’Abidjan
CPCCA : Code de Procédure Civile Commerciale et Administrative
CPP : Code de Procédure Pénale
DACP : Direction des Affaires Civiles et Pénales
INFJ : Institut National de Formation Judiciaire
MD : Mandat de dépôt
RCCM : Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
RG : Rôle Général
MJDH : Le Ministère de la Justice et des Droits de l’homme
RI : Registre d’Instruction
RP : Registre des Plainte

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SOMMAİRE

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INTRODUCTION

L’organisation judiciaire ivoirienne détermine les composantes des


différentes juridictions et définit le greffe comme étant un service autonome
indispensable des juridictions.

Technicien du droit, le greffier participe à l’œuvre de justice en tant que


témoins légal des procédures judiciaires. En raison de son rôle essentiel dans le
système judiciaire le greffier doit mener des réflexions sur certaines
problématiques de notre époque, notamment la problématique concernant la
communication dans les juridictions. Cette communication, puisqu’encadrée par
des textes de loi, est dite légale.

Le terme communication légale fait référence aux échanges d’information


entre les acteurs du système judiciaire sur la base de textes de loi. Elle porte aussi
bien sur des actes administratifs (communication inhérente au fonctionnement de
toute administration), que sur des actes judiciaires. Bien que notre étude ait été
restreinte au seul service du greffe, nous prendrons en compte, aussi bien la
communication légale des actes ou documents judiciaires (actes produits au sein
d’une juridiction) que celle des actes non judiciaires du moment où leur
communication est faite en relation avec le Greffe. Dans ce contexte, la
communication légale consiste à porter à la connaissance des différents acteurs de
la justice ou du grand public des informations notamment : une affaire dont est
saisie une juridiction, une procédure judiciaire, des actes de procédure ou encore
des décisions de justice, pour ne citer que celles-ci.
Toutes ces notions méritent une étude approfondie et que la lumière soit faite sur
le rôle primordial du greffier.
En outre, le thème qui fait l’objet de notre exposé à travers ce mémoire de
fin de formation s’intitule : « LA COMMUNICATION LEGALE AU GREFFE
DANS LES JURIDICTIONS DE PREMIER DEGRE ». Nous allons restreindre

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notre étude aux juridictions de premier degré pour ne pas être trop large et parce
que notre stage s’est déroulé à ce niveau de juridiction. La communication légale
étant fondamentale dans l’activité du greffe, il nous a paru essentiel d’examiner
ses modalités d’organisation à travers le cadre législatif et règlementaire aussi
bien au niveau national que communautaire. Ainsi, notre réflexion portera sur les
actes et procédures judiciaires dont la loi autorise la communication, les modalités
de communication de ces actes, les conséquences de l’inexécution d’une
communication, etc.
La réflexion que nous menons via la rédaction de ce mémoire est d’un
intérêt non négligeable pour l’administration judiciaire, pour le justiciable qui
fréquente les juridictions et aussi pour le greffier dans l’exercice de ses fonctions.
Ainsi, l’analyse de la communication légale au greffe dans les juridictions
de premier degré se pose en termes de problématique.
De cette problématique, découlent les interrogations suivantes :
En quoi consiste la communication légale au greffe ?
Quelles sont les difficultés que rencontre les greffiers dans l’organisation de la
communication légale au greffe ?
Quelles recommandations proposer pour l’organisation efficiente de la
communication légale au greffe ?

De ce qui précède, la présente étude s’articulera autour de trois (03) axes.

Le premier axe portera sur la présentation de l’organisation de la communication


légale au greffe.

Le second axe quant à lui portera sur l’analyse de l’organisation de la


communication légale au greffe.

Et, le troisième axe portera sur les propositions pour l’amélioration de la


communication légale au greffe dans les juridictions de premier degré.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE L’ORGANISATION DE LA
COMMUNICATION LEGALE AU GREFFE

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CHAPITRE 1 : L’ORGANISATION DE LA COMMUNICATION
LEGALE EN MATIERE PENALE

La première section de ce chapitre portera sur le cadre législatif et


règlementaire Ivoirien en matière de communication légale au niveau pénal.
Quant à la seconde section, elle portera sur la procédure de ladite
communication légale.

SECTION 1 : LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE


IVOIRIEN
La communicabilité se définit comme le caractère de ce qui est communicable.
Seront donc examinés successivement la communicabilité des actes et celle des
procédures.
Paragraphe 1 : La communicabilité des actes judiciaires et juridictionnels
Il faut distinguer les actes communicables au Ministère Public des actes
communicables aux parties et à leurs conseils.
A. Vis-à-vis du Ministère Public
En matière pénale, le Ministère Publique est partie au procès et assure
l’exécution des décisions selon les dispositions du code de procédure pénale.
A ce titre, il participe à toute la procédure et nous retrouvons les actes qui lui
sont communicables au principalement au cours de l’instruction judiciaire.
Les actes qui lui sont obligatoirement communicables au cours de
l’instruction sont entre autres :
- la décision de désignation d’un expert judiciaire par le Juge
d’Instruction ;
- toute ordonnance rendue par le juge d’instruction :
- la constitution de partie civile au greffe en matière correctionnelle ;
- les plaintes ou procès-verbaux qui constatent des faits non visés au
réquisitoire introductif, lorsque ces faits sont portés à la connaissance du Juge
d’Instruction ;
- la requête aux fins de dessaisissement du Juge d’Instruction lorsque cette
requête émane de l’inculpé ou de la partie civile ;
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- la plainte avec constitution de partie civile devant le Juge d’Instruction ;
- la contestation sur la recevabilité de la constitution de partie civile ;
- la requête aux fins de restitution des objets placés sous la main de la
Justice
- la demande de mise en liberté pour l’inculpé placé en détention
préventive;
- la fiche du casier judiciaire destinée au Greffe du lieu de naissance du
condamné et la copie du casier judiciaire au casier judiciaire centrale ;

La communication des actes se fait également à l’endroit des parties en dehors


du Ministère Public.
B. Vis-à-vis des parties
Les actes communicables aux parties ou leurs représentants légaux sont :
- les ordonnances de règlement (à l’inculpé)
- les ordonnances de renvoi ou de transmission des pièces au procureur
général (à partie civile) ;
- toutes les ordonnances dont l’inculpé ou la partie civile peuvent interjeter
appel ;
- les copies d’actes et des pièces du dossier ;
- la décision ordonnant une expertise dont la communication est faite aux
parties ;
- le rapport d’expertise ;
- les pièces du dossier, dont cette communication est faite au conseil de
l’accusé au cours du procès devant le tribunal criminel ;
- les procès-verbaux et autres pièces ou documents réunis au cours du
supplément d’information ;
- toutes ordonnances juridictionnelles, communication faite aux conseils
de l’inculpé et de la partie civile ;
Nonobstant la communication des actes, le Greffe est également chargé
de la communication des procédures (paragraphe 2).
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Paragraphe 2 : la communicabilité des procédures judiciaires
De même que les actes judiciaires, certaines procédures sont
communicables au Ministère Public et aux parties. En ce qui concerne les
procédures communicables au Ministère Public, il s’agit essentiellement des
procédures relatives à l’instruction.
A. Les procédures communicables au ministère public
Les procédures communicables au Ministère Public sont :
- les procédures de l’information à la demande de Ministère Public ;
- la procédure de l’information lorsque l’instruction est terminée, et avant
l’ordonnance de règlement ;
- une copie de la procédure en cas de supplément d’information ;

B. Les procédures communicables aux parties


Comme procédures communicables, on note :
- la communication du dossier de l’information terminée par une
ordonnance de non-lieu aux parties ;
- la communication de la procédure avant chaque interrogatoire ;
- la communication de la procédure à l’inculpé, à la partie civile ainsi qu’à
leurs conseils avant l’ordonnance de règlement ;

SECTION 2 : L’ORGANISATION DE LA PROCEDURE DE


COMMUNICATION
Cette section portera sur l’organisation de ladite communication légale
autour des actes et des procédures. Quels sont les principes et les différentes
étapes ? Que prévoient les textes en ce qui concerne les délais de la
communication ? Ce sont autant de points que nous verrons dans cette section.
Paragraphe 1 : La demande de la communication et le contenu de la
communication

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Alors que dans certains cas, la loi fait obligation de communiquer des
dossiers, dans d’autres par contre, il revient aux parties elles-mêmes et au
ministère public de se faire communiquer les actes judiciaires et procédures
dont elles souhaitent avoir connaissance. Dans le premier cas, on peut parler de
communication obligatoire, tandis que dans le second cas, on parlerait de
communication facultative.
Nous parlerons d’abord de la demande de la communication (A) et ensuite du
contenu de cette communication (B).

A. La demande de la communication
Cette préoccupation sera traitée selon que la communication est faite soit au
Ministère Public, soit aux parties ou à leurs représentants légaux.
- La communication faite au Ministère Public
La loi portant code de procédure pénale prévoit que le Procureur de la
République peut tout au long de l’information judiciaire se faire communiquer
la procédure en adressant des demandes au Juge d’Instruction.
Toutefois, le code de procédure pénale n’expose pas de façon explicite la
manière dont les demandes doivent être formulée : doit-t-elle être écrite ou
verbale ? A qui doit-t-elle s’adresser ? Au Greffier ou au Juge d’Instruction ?
Sur ces questions, le greffier s’en refaire à la pratique.
- La communication faite aux parties
Les parties et leurs représentants légaux peuvent aussi se faire communiquer
des actes ou des pièces. Comme précédemment indiqué pour la communication
faite au Ministère Public, aucun texte ne porte sur la présentation formelle
d’une demande de la part des parties ou de leurs conseils aux fins d’avoir
communication d’un acte ou d’une procédure. Place est donc faite à la pratique.
B. Le contenu de la communication
L’examen des textes révèle que pour ce qui est de la communication
facultative à l’initiative des parties, c’est une copie de l’acte ou le dossier qui
est communiqué. Cette copie est faite aux frais du demandeur. C’est cette
reproduction qui est communiqué et non le document originel. Dans le cas de
la communication obligatoire, aucune précision spécifique n’est faite en ce
sens. Cependant, il est fait obligation au Juge d’Instruction d’établir tous actes

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et pièces de procédure en double.
Dans la pratique, avant qu’un dossier ne soit communiqué,
le greffier en charge du dossier doit dresser un état récapitulatif, en double, de
toutes les pièces contenues dans ledit dossier qu’il signe. L’un accompagnera
le dossier et l’autre gardée dans le double du dossier. En outre la
communication du dossier est toujours accompagnée d’un bordereau de
communication.

Paragraphe 2 : les délais de la communication


Dans ce paragraphe, nous examinerons successivement les délais qui
jalonnent la procédure de communication au Ministère Public ainsi que ceux
qui encadrent la communication aux parties.
A. Les délais relatifs à la communication au ministère public
Les délais de communication concernent uniquement la communication
obligatoire. A l’examen des textes, il apparait que pour la quasi-totalité des
actes et procédures à communiquer, les délais sont plutôt courts, même s’ils
sont exprimés en des termes très variables. Ainsi, la communication de la
demande de mise en liberté provisoire est enfermée dans un délai de 24 heures.
Il en est de même pour toute ordonnance juridictionnelle. Pour les autres actes
et procédures, soit les textes ne prévoient aucun délai, soit ils disposent que la
communication doit être faite « immédiatement » ou encore « aussitôt ». Il en
est ainsi de la communication des plaintes ou procès-verbaux constatant des
faits non visés dans le réquisitoire introductif. Le mot « immédiat » laisse place
à une pluralité d’interprétation du délai lors des diligences effectuées.
En outre, les observations ou réquisitions du Ministère Public sont attendues
dans des délais relativement courts. Ainsi par exemple lorsque le Ministère
Public se fait communiquer une procédure, il doit la rendre en 24 heures. En
cas de communication de la requête aux fins de réclamation d’un objet placé
sous la main de la Justice, le Ministère Public doit produire ces observations
dans les trois (03) jours de cette communication. Il en est de même pour les
réquisitions à produire lorsqu’il lui est communiqué une demande de mise en
liberté provisoire.
Qu’en est-il de la communication faite aux parties ?

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B. Les délais relatifs a la communication aux parties
Comme préalablement développé pour le Ministère Public, les délais dans
lesquels sont enfermées la procédure de communication d’actes et celle de
communication des procédures aux parties et à leurs conseils sont, eux aussi,
courts. La quasi-totalité des communications doit être faite en 24h. Ainsi note-
t-on qu’avant chaque interrogatoire, le dossier de la procédure doit être mis à
la disposition de l’inculpé et de son conseil 24 heures avant. Il en est de même
pour la communication des ordonnances du Juge d’Instruction. De même, les
parties, l’inculpé ou leurs Conseils doivent présenter leurs observations dans
des délais bien déterminés. C’est le cas de la notification d’une décision
ordonnant une expertise. En effet, les parties doivent présenter leurs
observations dans un délai de 03 jours à compter de ladite notification.

Nous avons ainsi présenté l’organisation de la communication légale en


matière pénale.
Qu’en est-il de l’organisation de la communication légale en matière civile,
commerciale et sociale ?

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CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION DE LA COMMUNICATION
LEGALE EN MATIERE CIVILE, COMMERCIALE ET SOCIALE
Section 1 : LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE
Le système juridique ivoirien comprend une législation nationale et une
législation communautaire. Les matières civile et sociale sont régies par le droit
national, tandis que la matière commerciale est régie par le droit
communautaire OHADA. Nous distinguerons alors la communication en
matière civile et sociale de celle en matière commerciale.
Paragraphe 1 : La communication selon la législation nationale ivoirienne
La communication porte tantôt sur des actes tantôt sur des procédures.
A. La communication des actes
Ce développement portera aussi bien sur les actes judiciaires, que sur les
actes juridictionnels.
Selon le lexique des termes juridiques, un acte judiciaire est un acte lié au
déroulement d’une procédure contentieuse ou gracieuse ou encore tendant à
une exécution forcée, émanant des parties ou de certains auxiliaires de justice
(greffiers, avocats, commissaire de justice…). Ainsi, une assignation, la
convocation d’un témoin, la rédaction et la signification de conclusions sont
des actes judiciaires. Notons également qu’un acte judiciaire désigne aussi tous
les actes autre qu’un jugement ordinaire, effectués par le juge.
L’acte juridictionnel quant à lui, « d’un point de vue matériel, s’entend de
tout acte, quel qu’en soit l’auteur, par lequel une autorité compétente procède
à une vérification de la légalité sur un acte juridique ou matériel. D’un point de
vue formel, cette qualification est traditionnellement réservée aux actes
matériellement juridictionnels émanant d’une juridiction (juge, tribunal) … »
(Lexique des termes juridiques, Edition Dalloz).
En matière civile, la communication de l’acte judiciaire est faite soit au
Ministère Public soit aux parties ou encore au public. En outre, alors que la
communication est obligatoire dans certains cas, dans d’autres cas par contre,
elle est seulement autorisée.
Faite au Ministère Public, la communication a pour objectif de lui permettre
de prendre ses réquisitions. Les actes judiciaires obligatoirement
communicables au Ministère Public, en matière civile sont :

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- En matière d’absence et de disparition
Nous définissons l’absence comme l’état d’une personne dont on ignore si
elle est encore en vie alors qu’aucun évènement particulier ne fait présager son
décès ». Tandis que la disparition se définit comme « l’état d’une personne qui
à cesser de paraitre lors d’un évènement qui en raison des circonstances dans
lesquelles il est survenu, fait douter de sa survie ». (Lexique des termes
juridiques, Edition Dalloz). Ces deux (02) situations sont traitées en plusieurs
phases dont la période de présomption d’absence ou de disparition selon le cas,
et la période de déclaration judiciaire d’absence ou de disparition. La phase de
déclaration judiciaire s’ouvre par des requêtes présentées au tribunal aux fins
de déclarer la personne absente ou disparue. Lesdites requêtes selon la loi
doivent être communiquées. Ainsi pour la requête aux fins de déclaration
judiciaire de disparition, le Code Civil portant sur les droits des personnes et de
la famille dispose que « lorsqu’elle n’émane pas du procureur de la République,
la requête doit lui être communiquée… ». Pour la requête aux fins de
déclaration judiciaire de décès ce même code dispose que « lorsqu’elle
n’émane pas du procureur de la République, la requête doit lui être
communiquée… ». En outre, le dispositif du jugement déclaratif de décès doit
être communiqué aux officiers de l’état civil du domicile du disparu en vue de
la transcription aux registres de l’état civil.

- En matière d’Etat civil


L’état civil est une institution ayant pour fonction d’enregistrer les différents
évènements qui constituent ou modifient l’état des personnes physiques, en
établissant à cet effet certains moyens de preuves. Ces évènements sont entre
autres la naissance, le mariage, le décès. L’acte de naissance peut comporter
des erreurs ou des omissions nécessitant une rectification. La requête aux fins
de rectification d’un acte de l’état civil doit être communiquée au Procureur de
la République. Il en est de même pour la requête aux fins de demande de
jugement supplétif suivant.

- En matière de divorce et séparation de corps


Le divorce est la rupture du lien conjugal qui provoque la dissolution du
mariage.
La séparation de corps quant à elle, met fin à la vie commune et aux
obligations qui en découlent. Lorsque des époux qui ont obtenu la séparation
de corps, désirent la convertir en divorce, ils doivent introduire une requête

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auprès du tribunal tel que le code de procédure civile le prévoit. En effet, selon
la loi, cette requête « est débattue en chambre du conseil après communication
au Ministère Public, s’il est représenté auprès de la juridiction saisie ».
Notons que la communication obligatoire des actes en matière civile semble
se limiter uniquement au droit des personnes et de la famille.
En sus des actes dont la communication est obligatoire, notons le rôle
d’audience. En effet, le rôle d’audience est affiché à la porte de la salle
d’audience avant la tenue de chaque audience. Bien avant cet affichage, le
CPCCA prévoit que « le rôle de chaque audience est arrêté par le Président dans
les tribunaux de Première Instance, il est communiqué au Ministère public ».
La communication des actes peut aussi être faite aux parties. Dans ce cas,
on parle de communication des pièces. En principe les parties à une instance
doivent se communiquer spontanément les pièces dont elles entendent se servir
à l’instance. Toutefois, lorsque cette communication n’est pas faite, elle peut
être ordonnée par le juge ou par le tribunal. La partie qui a reçu l’injonction de
communiquer peut alors déposer les pièces dont la communication est
réclamée, au Greffe où la partie adverse pourra en prendre connaissance. Cette
communication permet à chacune des parties de préparer ses conclusions en
réplique en toute connaissance.
Relevons à toutes fins utiles qu’il ne transparait pas clairement à la
lecture des textes que cette communication soit obligatoire. Cependant, étant
donné que le code de procédure Civile Commerciale et Administrative, en son
article 120 prévoit qu’une partie puisse soulever une exception de
communication, on peut valablement en déduire que le législateur a entendu
faire de cette communication un préalable, voir une obligation.
En outre, la communication des actes aux parties peut porter sur le
rapport d’expertise, lorsqu’un expert a été désigné dans une affaire. Il en est de
même du résultat de l’instruction, lorsqu’une instruction a été ordonnée.
Effectivement, les parties ont droit à en prendre connaissance au Greffe. Cette
communication n’appelle pas un développement particulier.
De même, en matière de droit d’enregistrement des services de recette,
le Greffier à l’obligation de communiquer ses registres, sur leur demande, aux
agents de l’enregistrement tel que prévu par le Code des Impôts.
A l’instar de la matière civile, la communication légale se retrouve aussi
en matière sociale.

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Par « matière sociale », il faut entendre le Droit du Travail. Le Droit du Travail
régit les relations entre employeurs et travailleurs résultant de contrats, conclus
et exécutés sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire. La
communicabilité des actes judiciaires en matière sociale au Ministère Public
est plutôt rare. En effet les intérêts en Droit du Travail sont essentiellement
d’ordre privé. L’intérêt général ou public n’y apparait que de
façon exceptionnelle.
A contrario, la communication des pièces aux parties demeure.
Cependant, aucun article du Code du Travail ne le prévoit expressément. Aussi
faut-t-il se référer à la Procédure Civile qui constitue le droit commun et à
vocation à s’appliquer en l’absence de disposition particulière du Code de
Travail. De plus, des actes judiciaires, la communication légale porte
également sur la procédure.
B. La communicabilité des procédures
La communication des causes ou procédures se fait uniquement au
Ministère Public. On parle de « communication au Ministère Public ». Cette
communication a pour objectif de permettre au Ministère Public de prendre
connaissance du dossier d’une affaire, pour recueillir son avis sur l’application
de la loi en l’espèce. Relativement aux procédures communicables au civil, l’on
distingue 03(trois) types de communication légale à savoir : la communication
légale obligatoire, la communication légale facultative à l’initiative du
Ministère Public et la communication légale facultative à l’initiative du Juge
ou du Tribunal de céans que l’on pourrait qualifier « communication
judiciaire ».
Que retenir de ces différents types de communication ?
- La communication légale obligatoire
La communication légale obligatoire est celle dont le défaut est sanctionné
par la loi. Son contenu est précisé par le Code de Procédure Civile,
Commerciale et Administrative. Cet article énumère neuf (09) domaines dont
les causes sont obligatoirement communicables. Il s’agit entre autres de :
 Le domaine dans lequel l’ordre public, l’Etat ou les collectivités
publiques sont intéressées ;
 Le domaine concernant le droit foncier ;
 Le domaine concernant l’état des personnes ou la nationalité ;
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 Le domaine où des incapables ou des absents sont en cause ;
 Le domaine concernant la récusation des magistrats, les prises à partie,
les demandes en rétractation ;
 Le domaine révélant que la demande résulte d’une infraction à la loi
pénale ou concerne une procédure de faux ;
 Le domaine dans lequel l’assistance judiciaire a été accordée ;
 Le domaine concernant tout litige de quelque nature que ce soit dont
l’intérêt financier est égal ou supérieur à 25 000 000 de francs ;
 Le domaine concernant la liquidation judiciaire ou la faillite, pour ne
citer que ceux-ci.
Il est fait dès lors obligation au Ministère Public de présenter des
conclusions écrites dans toutes ces affaires dites obligatoirement
communicables.
Dans les Tribunaux de Première Instance, ces causes sont obligatoirement
communicables au Procureur de la République. Il en est de même, lorsque c’est
une Section détachée qui est saisie de l’affaire. Elles sont communiquées au
Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance, afin de
recueillir son avis.
Il s’agit entre autres de :
- La communication légale facultative à l’initiative du Ministère
Public
Le Code de Procédure Civile Commerciale et Administrative dispose que :
« le Ministère Public peut intervenir dans toutes les instances et en tout état de
la procédure. Il peut demander communication du dossier de toute affaire dans
laquelle il estime devoir intervenir » ;
Dans le cadre de cette communication facultative, l’intervention du
Ministère Public dépend de son bon vouloir. C’est pourquoi le Ministère Public
doit être informé des procédures ou instances dont est saisie sa juridiction, pour
décider s’il veut ou non intervenir dans une procédure.

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- La communication légale facultative à l’initiative du juge
Selon la loi portant Code de Procédure Civile, Commerciale et
Administrative dit CPCCA « la juridiction saisie peut chaque fois qu’elle le
juge utile, lui communiquer le dossier de toute affaire pour conclusion »
Cette communication au Ministère Public semble ne pas être du ressort du
greffe. Cependant, comme on le verra plus loin, la pratique est toute autre.
Les deux derniers types de communication au Ministère Public sont
plutôt aléatoires, et dépendent du seul bon vouloir soit du procureur de la
République soit du Juge. Par l’utilisation du terme « peut », la loi fait de la
communication dans ces deux cas, une possibilité. La communication ici est
simplement autorisée.
Quid de la communication en matière sociale ?
Comme en matière civile, la communication légale des procédures se fait
aussi en matière sociale.
En effet, tel que déjà indiqué plus haut, le Droit du Travail est un droit
d’exception. Et, s’il ne dispose pas expressément sur une question donnée, il
faut se référer au droit commun, c’est-à-dire le Droit Civil. Ainsi, aucun texte
du code de travail ne dispose expressément sur la communicabilité des
procédures. Il en résulte alors que les causes obligatoirement communicables
en matière civile le sont aussi en matière sociale. On peut citer entre autres :
 tout litige de quelque nature que ce soit dont l’intérêt financier est égal
ou supérieur à 25 000 000 de francs (l’article 106 CPCCA);
 tout litige dans lequel une entreprise publique ou un établissement public
est partie ;
 etc.
A l’instar du législateur ivoirien, le droit communautaire organise la
communication dans plusieurs Actes Uniformes.
Paragraphe 2 : la communication selon le droit communautaire (en
matière commerciale)
Comme précédemment, la communication des actes sera traitée
séparément de celle des procédures.

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A. La communicabilité des actes judiciaires et juridictionnels
Comme en matière civile et sociale, la communicabilité en matière
commerciale porte aussi bien sur les actes judiciaires que juridictionnels, tels
que définis plus haut. Sans prétendre être exhaustive, la communication légale
sera examinée dans plusieurs Actes uniformes et donc dans plusieurs domaines.

La communication légale dans l’Acte uniforme portant organisation des


procédures collectives d’apurement du passif adopté le 10/09/2015.
Ainsi sont communicables :
- L’ordonnance du juge qui prononce le report du paiement des sommes
dues et la suspension des poursuites engagées par un créancier, dans la
procédure de conciliation.
En effet, les procédures collectives débutent par des procédures
préventives. La première procédure préventive est la conciliation.
Pendant cette phase, si le débiteur est mis en demeure ou poursuivi par
un créancier appelé à la conciliation, le débiteur peut obtenir du Président
du Tribunal que soit reporté le paiement des sommes dues et ordonner la
suspension des poursuites engagées. L’Article 5.7 AU PCAP dispose que
cette ordonnance « est déposée au Greffe. Elle est communiquée au
créancier concerné, sans délai » ;

- la décision de remplacement de l’expert, sur demande du débiteur ou du


créancier.
En effet après la phase de conciliation, s’ouvre la phase du règlement
préventif. Le président de la juridiction saisie désigne alors un expert au
règlement préventif. Pour certaines raisons, le débiteur ou le créancier
peut demander le remplacement dudit expert. L’art. 8.1 al 2 in fine AU
PCAP dispose que « le Greffe de la juridiction compétente communique,
le cas échéant, cette décision à l'autorité nationale prévue (…), qui peut
agir en matière disciplinaire conformément au présent Acte uniforme »

- les décisions du Juge-Commissaire dans la procédure du redressement


judiciaire et liquidation des biens
- En effet, la loi prévoit que les décisions du Juge-Commissaire sont
immédiatement déposées au greffe qui les communique sans délai au
président de la juridiction compétente et les notifie, par lettre au porteur

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contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception ou par tout moyen laissant trace écrite, à toutes personnes à qui
elles sont susceptibles de faire grief ;

- toute offre d'acquisition d’actif mobilier ou immobilier, dans la


procédure de liquidation des biens dans la mesure où « l'offre est déposée
au greffe de la juridiction compétente où tout intéressé peut en prendre
connaissance et communiquée au syndic, au Juge-Commissaire et au
Ministère Public » selon l’art. 160 AU PCAP ;

- les pièces, titres et papiers délivrés par le syndic parce qu’ « ils sont,
pendant le cours de l'instance, tenus en état de communication par la voie
du greffe. Cette communication a lieu sur la réquisition du syndic qui
peut y prendre des extraits privés ou en requérir d'authentiques, qui lui
sont expédiés par le Greffier », Article 235AU PCAP.

La communication légale dans l’Acte uniforme révisé portant sur le Droit


Commercial général adopté le 15/10/2010
Doivent être communiqué :
- Les informations contenues dans le Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier qui est tenu au greffe sont communicable au public.
L’art. 36 al 4 de l’Acte uniforme précité dispose à cet effet que « les
informations figurant dans les formulaires remis au greffe ou à l’organe
compétente dans l’Etat Partie et dans les registres et répertoires du RCCM sont
destinées à l’information du public ».
- Les informations du RCCM sont communiquées au Ficher National
Selon l’art.39 dudit AU, toute déclaration de l’entreprenant ou demande
d’immatriculation est établi sur le formulaire mis à disposition à cet effet par le
greffe. Une copie de ce formulaire avec le dossier individuel constitué des
pièces certifiées conformes est adressée dans un délai d’un mois par le greffier
au fichier National pour transmission dans le même délai, d’une copie dudit
formulaire et d’un extrait du dossier au Ficher Régional.

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- Les décisions dont la transcription doit être faites au RCCM
L’art.43 AUPCAP dispose que le greffier « communique un exemplaire signé
de cette décision dans les meilleurs délais aux greffes ou organes compétents
dans l’Etat Partie dans le ressort duquel les formalités doivent être
accomplies ».
A la suite des actes, examinons la communication des procédures.
B. La communicabilité des procédures
La communicabilité des procédures en matière commerciale est fixée à
l’article 44 de la loi N°2016-1110 du 8 décembre 2016 portant création,
organisation et fonctionnement des juridictions de commerce.
On y distingue la communication légale obligatoire, de la communication
légale facultative.
En effet, l’alinéa 1 dispose que « le Ministère Public peut intervenir dans
toutes les affaires et en tout état de la procédure sauf si l’affaire est déjà mise
en délibéré. Il peut demander communication du dossier de toute affaire dans
laquelle il estime devoir intervenir ». L’usage du verbe « pouvoir » montre
clairement qu’il s’agit d’une communication facultative à l’initiative du
Ministère Public. L’alinéa 3 vient préciser cela en mentionnant que « les
procédures régies par la présente loi ne sont pas obligatoirement
communicable. »
Par contre selon alinéa 4 du même article, « le dossier est obligatoirement
communiqué au ministère public en matière de procédures collectives
d’apurement du passif. »

Après avoir relevé les actes et procédures qui sont communicables en vertu
de la loi, il est nécessaire de décrypter la procédure suivant laquelle cette
communication doit être faite.

21
Section 2 : LA PROCEDURE DE LA COMMUNICATION
Seront successivement étudiés la demande de communication et son
contenu, ainsi que les délais qui encadrent cette procédure.
Paragraphe 1 : La procédure de la communication en matière civile et
sociale
A. La demande de communication et le contenu de la communication
Il faut distinguer selon que la communication est faite au Ministère Public
ou qu’elle est faite aux parties.

- La communication au Ministère Public


De la communication faite au Ministère Public, trois (03) types de
communication légale ont été distinguées. Il s’agit de la communication légale
obligatoire, de la communication légale facultative à l’initiative de Procureur
de la République et de la communication légale facultative à l’initiative du juge.
De ces trois types de communication, seule la communication facultative à
l’initiative du Ministère Public peut nécessiter la formulation d’une demande.
La communication légale facultative qui relève de la volonté du juge n’est
précédée d’aucune demande.
Et, la communication légale obligatoire ne nécessite pas de formulation
demande de la part du Ministère Public.
Selon l’article 105 CPCCA, le Ministère Public « peut » demander la
communication d’une procédure. Cependant, aucun texte ne dit quelle est la
forme que devra prendre cette demande. Il revient donc à la pratique de
l’organiser.
Il est important de relever aussi, qu’aucun texte ne dit à qui la demande doit
être adressée. Dans la pratique, la demande est faite au juge. Celui-ci enjoint le
Greffier en charge du dossier, d’en faire la communication au Procureur de
République. Le dossier est alors communiqué entièrement.

- La communication faite aux parties


Comme indiqué plus haut, la communication des pièces doit en principe se
faire librement entre les parties. Ainsi lorsqu’une partie entend se prévaloir

22
d’une pièce non connue de la partie adverse, elle se doit de la porter à la
connaissance de son adversaire. Cette communication peut se faire en dehors
du tribunal (à l’adresse connue des parties) et aussi au cours de l’audience.
Dans la pratique, il arrive que ces pièces soient déposées au greffe, à charge
pour le Greffier d’en faire la communication à la partie adverse. En fait, si les
textes de loi prévoient des sanctions en cas de défaut de communication de
pièces aux parties, ils restent totalement silencieux quant à savoir si une partie
doit préalablement faire une demande de communication de pièces et comment
cette demande devra se présenter.
En outre, il est fait obligation au Greffier de dresser un bordereau sur lequel
mention chronologique sera faite du retrait des pièces communiquées. (Art 42
in fine CPCCA).
B. Les délais de communication
La communication au Ministère Public est jalonnée de quelques délais.
Ainsi, l’article 106 nouveau CPCCA, prévoit que dans les causes
obligatoirement communicables, la communication au Ministère Public doit
être faite trois (03) jours au moins avant l’ordonnance de clôture ou avant
l’audience. Le Ministère Public doit retourner la procédure accompagnée de ses
observations ou conclusions écrites, dans les sept (07) jours de la réception de
ladite procédure.
Au contraire, relativement à la communication des pièces aux parties,
l’article 47 CPCCA relève simplement que lorsque les parties comparaissent
au jour fixé pour l’audience, le Tribunal peut, entre autre, impartir les délais
utiles à la communication des pièces. Ces délais devront être observés sous
peine d’irrecevabilité desdites pièces. Il en résulte que le délai pour faire la
communication des pièces aux parties est d’ordre judiciaire.
Comme déjà expliqué plus haut, il n’y a pas de procédure particulière prévue
par le Code du Travail ; c’est la même procédure en matière civile qui
s’applique au social. A la suite de la procédure de communication au civil, il y
a lieu d’examiner la procédure de communication en matière commerciale, en
droit Communautaire.
Paragraphe 1 : La procédure de la communication en matière
commerciale
Comment se présente la forme de la demande de communication ? Quel
est son contenu ? Quels sont les délais qui jalonnent cette procédure ? Telles

23
sont les questions auxquelles il faudra répondre. La procédure en cette matière
est fixée aussi bien en droit communautaire qu’en droit national.
A. La demande de communication et le contenu de la communication
Dans la communication des actes (judiciaires et juridictionnels), certaines
communications sont précédées d’une demande, quand les autres ne nécessitent
pas la formulation d’une demande préalable.
Ainsi les documents délivrés par le syndic et conservé au greffe, lui sont
communiqués sur sa réquisition selon Art. 235AU PCAP. Cette communication
nécessite la présentation d’une requête préalable.
Au contraire, doivent être communiqués d’office, sans demande préalable :
 l’ordonnance du Juge qui prononce le report du paiement des sommes
dues, et la suspension des poursuites engagées par un créancier, dans la
procédure de conciliation (Article 5.7 AU PCAP),
 la décision de remplacement de l’expert, communiquée, le cas échéant,
à l'autorité nationale de régulation du métier d’expertise (article 8.1 AU
PCAP) ;
 les décisions du Juge-Commissaire communiquées au Président de la
juridiction compétente et notifiées à toutes personnes à qui elles sont
susceptibles de faire grief (article 40 AU PCAP) ;
 les offres d'acquisition d’actif mobilier ou immobilier, dans la procédure
de liquidation des biens, communiquées au syndic, au juge-commissaire
et au ministère public. (Article 160 AU PCAP).
Concernant la communication des procédures, il faut se référer à l’article 44
de la loi N°2016-1110 du 8 décembre 2016 portant création organisation et
fonctionnement des juridictions de commerce précité. L’analyse de ce texte a
permis de distinguer 3 types de communication de procédures citées plus haut.
Parmi celles-ci, seule la communication légale facultative à l’initiative du
Ministère Public est précédée d’une demande. Selon cet article, la
communication des procédures se fait par transmission d’une copie du dossier.
L’art 44 al 5 dispose que « en cas de communication de la procédure au
Ministère Public, il y est procédé par transmission d’une copie du dossier. »
Cela suppose que le Greffier doit reproduire le dossier, et c’est cette
reproduction qui doit être transmise au Parquet. Qu’en est-il des délais qui
encadrent cette procédure ?
24
B. Les délais de communication
On relève peu de délais dans la procédure de cette communication. Pour la
quasi-totalité des actes communicables en matière commerciale, la
communication doit être faite « sans délai ». C’est le cas des décisions du Juge-
Commissaire (art. 40 AUPCAP précité), de l’ordonnance de report de paiement
des sommes dues et de suspensions de poursuite (Art. 5.7AUPCAP précité). De
même, pour les procédures communicables, seul le délai de retour des
conclusions du Ministère Public est fixé par les textes. Ce délai est de 07 (sept)
jours.

25
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE L’ORGANISATION DE LA
COMMUNICATION LEGALE AU GREFFE

26
CHAPITRE 1 : ANALYSE DE L’ORGANISATION DE LA
COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE PENALE
Section 1 : DEFAUT DE COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE
PENALE
Il s’agira ici d’examiner si les textes de loi, en matière pénale, ont prévu
sanctionner l’inexécution d’une communication légale. Quelles sont donc les
conséquences du défaut de communication relatif à l’acte ou à la procédure non
communiquée ? Quelle(s) sanction(s) greffier qui a manqué d’exécuter la
communication ?
Paragraphe 1 : Défaut de communication relatif à l’acte ou à la procédure
Seront traités séparément la communication au Ministère Public et la
communication aux parties.
Le défaut de la communication au Ministère public
Contrairement à la procédure civile où le défaut de communication au
Ministère Public peut entrainer la nullité de la procédure ou de décision qui en a
découlée, aucun texte, en procédure pénale, ne vise de façon précise le défaut de
communication. Cependant si le Procureur de la République estime qu’une nullité
a pu être commise, il saisit la Chambre d’instruction aux fins d’annulation de
l’acte ou de la procédure qui en est entachée comme le prévoit l’art. 206 CPP.
Le défaut de la communication aux parties
Des différents actes et procédures à communiquer aux parties et à leurs
Conseils, seul le défaut de communication de la procédure avant chaque
interrogatoire est sanctionné par la nullité, ici relative, car les parties doivent la
soulever devant la Chambre d’Instruction. En outre, ils peuvent renoncer à s’en
prévaloir, (art 205 CPP).
Outre la sanction portant sur l’acte ou la procédure non communiquée, le
Greffier à qui incombe la charge de la communication doit-il aussi répondre du
défaut de communication ?

27
Paragraphe 2 : Défaut de communication relatif au greffier
Le défaut de communication n’est pas constitutif d’une infraction ; c’est
pourquoi, aucun texte pénal ne prévoit de sanctionner le greffier qui aura manqué
d’exécuter une obligation de communication. Néanmoins, comme relevé plus
haut, le greffier qui n’exécute pas ces obligations peut en répondre au niveau
disciplinaire, et même civil. Il est aussi nécessaire de souligner que le défaut de
communication n’est pas toujours à mettre à la charge du greffier. En effet le
défaut de communication peut résulter du refus du Juge d’Instruction d’ordonner
la communication. De même, lorsque la communication d’une pièce du dossier
est de nature à mettre en péril la manifestation de la vérité (art. 99 CPP).
Ainsi se présente l’organisation de la communication légale en matière
pénale, telle que prévue par les textes de loi. Cette organisation a de nombreux
mérites, elle peut néanmoins d’être améliorée surtout avec l’essor des TIC.

Section 2 : AVANTAGES ET LIMITES DE L’ORGANISATION DE LA


COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE PENALE
Paragraphe 1 : Avantages de l’organisation de la communication légale en
matière pénale
Les avantages de l’organisation de la communication s’apprécient au
niveau de la prévision des actes et procédures communicables. Ces avantages
seront relevés selon que la communication est faite soit au Ministère Public soit
aux parties.
La prévision des documents communicables aux Ministères Public
Comme en matière civile, on retrouve au pénal, la communication
obligatoire et la communication facultative. On a ainsi une extension des actes et
procédures communicables : de sorte que même lorsque la communication d’un
acte ou d’une procédure n’est pas prévue, si le Procureur de la République l’estime
nécessaire, il peut se le faire communiquer. De plus, cette communication
facultative peut se faire de l’introduction de l’instance à l’instruction. Ce qui
permet au Ministère Public d’avoir une bonne connaissance de toutes les affaires
dont est saisi le Tribunal et donc de requérir de façon éclairée, en connaissance de
cause.

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La prévision des documents communicables aux parties
Les documents communicables aux parties sont précisés à l’avance par les
textes. Ainsi, le justiciable sait à l’avance ce à quoi, il a droit relativement à la
communication légale. De plus, l’art 99 CPP alinéa 1 dispose que « l’inculpé ou
son Conseil peut obtenir du Juge d’Instruction, la délivrance à ses frais, par le
Greffier, de copies d’actes et des pièces du dossier ». Il y a là un élargissement du
champ des éléments communicables. Ainsi, quand bien même la communication
d’un acte ne serait pas prévue, elle peut néanmoins être faite sur demande. C’est
une possibilité offerte à l’inculpé et à son Conseil. La partie civile n’est donc pas
concernée par cette extension de la communicabilité.

Paragraphe 2 : Limites de l’organisation de la communication légale en


matière pénale
Les limites de l’organisation de la communication légale peuvent
s’observer au niveau de la formulation des textes. La formulation des textes
relatifs à la communication est parfois imprécise, sinon ambiguë.
La formulation imprécise des textes
Les textes qui établissent les différents cas de communication sont souvent
formulés de sorte qu’il subsiste un doute quant à celui à qui incombe la charge de
la communication. Ainsi, dans certains cas, les textes mettent la communication
à la charge du Juge d’Instruction ; c’est le cas pour les faits non visés au
réquisitoire introductif. Dans d’autres par contre, le Juge se charge seulement
d’ordonner la communication. Dans certains autres encore le Juge d’Instruction
communique par l’intermédiaire du Greffier, si ce n’est pas le Greffier
communique. L’une des formulations les plus complexes est celle qui dispose
simplement qu’ « il est fait communication ». Dans la pratique, toute
communication légale est exécutée par le Greffier. Même lorsqu’elle est à la
charge du juge d’instruction, celui-ci en ordonne la communication au greffier.
On peut le voir, notamment dans la communication au Ministère Public. Suivant
le Code de Procédure Pénale, c’est le Juge d’Instruction qui communique au
Ministère Public les différents actes et procédures dont la communication est
exigée. Mais dans la pratique c’est le Greffier qui la réalise. En fait, il faut
distinguer deux types de formulation de l’obligation de communiquer. L’une est
faite par le Juge d’Instruction mais par le canal du Greffier (art.99 et 209 CPP) ;

29
et l’autre, exclusivement au Greffier (art 217 al 4 CPP). Cependant que retenir,
dans les nombreux cas ou les textes ne précisent aucun destinateur ?
En outre, les textes sont imprécis quant à la formulation d’une demande
relativement à la communication facultative. Le texte énonce en effet que le
Procureur de la République peut « se faire faire communiquer la procédure ».
Comment le fait-t-il ? Formule-t-il une demande et Sous quelle forme ? Le Code
de Procédure Pénale reste silencieux sur ces questions.
Enfin, en plus d’être imprécis, il arrive que les textes soient formulés de
façon ambiguë
La formulation ambiguë des textes
L’énonciation de certains articles relatifs à la communication ne permet pas
de comprendre de prime abord qu’il s’agit d’une communication. Ces articles
utilisent à la place du terme « communiqué » des mots tels que « transmettre »,
« délivrer », alors que ces mots, en droit, ne sont pas des synonymes et ne sont
donc pas interchangeables. Comme définie à l’entame de cette étude, dans
l’introduction, la transmission et la délivrance sont des moyens de réalisation de
la communication. Mais toute délivrance ou toute transmission ne constitue pas
une communication au sens juridique du terme.
Ainsi par exemple la grosse ou l’expédition d’une décision peut être délivré
à la demande d’une partie à l’instance, cela ne constitue pas pour autant une
communication au sens juridique. Un autre exemple, le Tribunal de simple police
saisi d’une contravention faite par un mineur peut, si les conditions sont réunies,
transmettre le dossier au Juge des enfants ; ce qui ne constitue pas pour autant une
communication. Certaines formulations compliquent donc la compréhension des
textes. C’est pourquoi il est nécessaire d’améliorer les dispositions relatives à
l’organisation de la communication légale en matière pénale.

30
CHAPITRE 2 : ANALYSE DE L’ORGANISATION DE LA
COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE CIVILE, SOCIALE ET
COMMERCIALE
Section 1 : DEFAUT DE COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE
CIVILE, SOCIALE ET COMMERCIALE
Paragraphe 1 : Défaut de communication relatif à l’acte ou à la procédure
La sanction du défaut de communication aux parties diffère de celle du
défaut de communication au Ministère Public.
La sanction du défaut de communication au ministère public
La sanction n’intervient que dans les causes obligatoirement
communicables. La loi dispose que toute décision rendue dans ces matières sans
communication préalable au Ministère Public est nulle et de nul effet. L’article
106 al 5 CPCCA dispose en effet que «toute décision rendue au mépris des
présentes dispositions est nul et de nul effet… » . En principe, dans les causes
obligatoirement communicables, le juge ne doit pas trancher sans avoir reçu les
conclusions du Ministère Public ; si donc par extraordinaire cela arrivait, une telle
décision serait sans valeur juridique.
La sanction du défaut de communication aux parties
Le défaut de communications des pièces aux parties est sanctionné par la
nullité. Il s’agit d’une nullité relative. En effet, le juge ne peut la soulever d’office.
C’est à la partie qui n’a pas reçu communication des pièces et dont ce défaut fait
grief, de soulever cette nullité. C’est ce qui ressort de la lettre de l’article 120
CPCCA relatif à l’exception de communication. La nullité ici n’est pas d’ordre
public. Si la partie qui n’a pas reçu la communication ne soulève pas l’exception
de communication, rien ne s’oppose à ce que le juge tranche sur le fond du litige.

Paragraphe 2 : Défaut de communication relatif au greffier


La responsabilité du Greffier peut être engagée en cas de défaut de
communication. Les sanctions qui peuvent en résulter sont uniquement d’une part
d’ordre disciplinaire et d’autre part d’autre d’ordre civil, le défaut de
communication n’étant pas constitutif d’une infraction.
Les sanctions disciplinaires
La sanction disciplinaire trouve sa cause dans la faute disciplinaire. Celle-
ci est définie comme étant tout manquement par un Greffier aux devoirs de son
31
Etat, à l’honneur ou à la probité. Le fait donc pour le Greffier de ne pas exécuter
correctement les activités ou les taches qui lui incombent peut-être constitutif
d’une faute disciplinaire (à moins que cela ne découle d’une incompétence
notoire). Les sanctions encourues par le greffier sont, par ordre de gravité : le
blâme, le déplacement d’office, la radiation du tableau d’avancement,
l’abaissement d’échelon, la mise à la retraite d’office, la révocation avec ou sans
suspension des droits à la pension (Articles 45 et 46 du Statut des greffiers).
Mais en dehors et avant toute procédure disciplinaire, le Greffier peut recevoir des
avertissements en cas de non-respect de ses obligations.
Les sanctions civiles
La responsabilité du Greffier peut être engagée en cas de défaut de
communication. Le Greffier est un agent de l’Etat. Un justiciable peut
valablement poursuivre l’Etat ou le greffier en dommages et intérêts pour défaut
de communication du fait du greffier, si la décision qui en a résulté lui fait grief.
Cela relève de la responsabilité administrative même si la sanction est d’ordre
civil.
Concernant l’obligation qui lui est faite de communiquer ses registres aux
agents de la recette, le Greffier peut être condamné au paiement d’une amende de
18.000FCFA (dix-huit mille) en cas de refus de représenter ces registres aux
agents de l’enregistrement. (Articles 481 ; 510 ; 513 Code Général des Impôts
2020, livre III).
Telle se présente la revue des textes qui organisent la communication légale
dans le Greffe en Première Instance, selon la législation interne. Examinons quels
sont les points positifs et/ou négatifs de cette organisation et quelles suggestions
y apporter dans le chapitre 2 de notre réflexion.

32
Section 2 : AVANTAGES ET LIMITES DE L’ORGANISATION DE LA
COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE CIVILE, SOCIALE ET
COMMERCIALE
Paragraphe 1 : Avantages de l’organisation de la communication légale en
matière civile, sociale et commerciale
En matière civile et sociale régie par le droit national
Les avantages de l’organisation la communication légale peuvent
s’apprécier au niveau de l’élargissement du champ de la communication légale,
et au niveau des sanctions du défaut de communication.
En premier lieu, la précision des matières obligatoirement communicables
ne limite pas pour autant l’intervention du Ministère Public. Le Ministère Public
est le garant de l’intérêt public ; il agit au nom et pour le compte de l’Etat. La loi
lui reconnait donc en cela, la possibilité d’intervenir dans des causes qui lui
paraissent nécessiter son avis en tant que garant de l’application des lois. De sorte
que, lorsqu’une cause a échappé à l’encadrement du législateur en amont, que le
Ministère Public puisse rattraper ce besoin en aval. Il y a là un renforcement de la
communication légale obligatoire par la communication légale facultative, l’une
à l’initiative du Procureur de la République et l’autre, à l’initiative du Juge.
Dans la pratique, la communication des actes ou procédures ne se fait
nullement à l’initiative du Greffier. C’est pourquoi rarement la responsabilité du
Greffier pourra être engagée pour défaut de communication. En réalité lorsqu’une
cause ou un acte est communicable, il revient au juge saisi de l’affaire, d’en
ordonner la communication, même dans le cas d’une communication obligatoire.
Lorsque le Juge, au cours de l’audience, se rend compte que l’acte de saisine ou
la cause est obligatoirement communicable, il renvoie l’affaire à une date
ultérieure « pour communication au Ministère Public ». Il peut arriver que les
parties elles-mêmes sollicitent la communication au Ministère Public. Dans le cas
de causes ou actes obligatoirement communicables au Ministère Public, le juge
n’a le choix que d’y faire droit ; à contrario, le Juge apprécie librement.
Lorsque le Juge ordonne la communication, le Greffier de la Chambre
concernée, va mettre le dossier en état. Cela consiste pour le Greffier à coter et
parapher les pièces du dossier. Ensuite, il doit faire l’inventaire des pièces (annexe
1) en deux (02) exemplaires dont l’un sera acheminé avec le dossier tandis que le
second sera laissé au greffe. Il doit ouvrir une fausse chemise (laissée au Greffe),
dans laquelle sera gardé le second exemplaire de l’inventaire des pièces ; puis il

33
va établir un bordereau de transmission ou utiliser un registre de transmission.
Enfin le Greffier va ficeler le dossier et l’apporter physiquement au Secrétariat du
Procureur de la République et demander une décharge dans son registre de
transmission. Il faut souligner que suivant les textes, c’est une copie du dossier
qui doit être transmise. Mais dans la pratique, le greffier ne fait pas de copie et
transmet le dossier original.
Relativement à la communication des pièces entre les parties, en principe
elle se fait librement et en dehors du Greffe. Mais il arrive que les parties ne soient
pas diligentes ou fassent preuve de mauvaise foi ; alors sur exception de nullité
soulevée par l’une des parties, le Juge saisi peut renvoyer une cause à une date
ultérieure pour communication des pièces à la partie qui a soulevé l’exception.
Dans ce cas, les parties peuvent valablement déposer les pièces à communiquer
au Greffe, à charge pour le Greffier de les communiquer.
En second lieu, la prévision des sanctions est une garantie supplémentaire
qui vient consolider le caractère obligatoire de certaines communications. Ce droit
reconnu au justiciable de demander la nullité d’une décision pour défaut de
communication, permet de vaincre une possible défaillance du juge et de mieux
protéger ainsi le droit du justiciable.
En matière commerciale régie par le droit communautaire
Les avantages peuvent s’apprécier au niveau de la communication dans les
procédures collectives ainsi que de la communication des informations collectées
au RCCM
Les avantages de la communication au niveau des Procédures Collectives
Les Procédures Collectives ont pour objectif la sauvegarde des entreprises en
difficulté. La communication en cette matière permet, premièrement d’informer
le Ministère Public en vue de la sauvegarde de l’intérêt public. L’intérêt ici étant
le maintien de l’activité économique et la sauvegarde des emplois. Ensuite elle
permet d’informer les créanciers de l’entreprise en difficulté en vue des actions à
mener pour la sauvegarde de leurs créances. Elle permet enfin d’informer le public
et les partenaires sur l’état économique de l’entreprise en difficulté.
Les avantages de la communication au niveau du RCCM
L’un des objectifs de l’institution du RCCM est d’offrir aux entreprises une large
possibilité d’informations commerciales et de faciliter les échanges commerciaux
entre les Etats Parties. La tenue de ces informations à la disposition du public par

34
le greffe répond donc à cet objectif, en permettant ainsi d’assurer une certaine
sécurité et transparence nécessaire au développement de l’activité économique.

Paragraphe 2 : Limites de l’organisation de la communication legale en


matière civile, sociale et commerciale
En matière civile et sociale
Les limites peuvent s’apprécier au niveau de l’étendue des textes relatifs à la
communication légale, et à l’inapplication de certaines dispositions dans la
pratique.
Le Code de Procédure Civile, Commerciale et Administrative ne compte
que 10 (dix) articles relatifs à la communication légale ; quant au Code Civil, seul
le code portant Droit de la personne et de la famille compte quelques articles
relatifs à la communication légale. C’est dire que très peu de texte sont consacré
à la communication légale. Il est donc revenu à la pratique d’organiser cette
communication. Ainsi, en ce qui concerne la traçabilité des dossiers transmis,
aucun texte ne prévoit l’établissement d’un registre de transmission des
communications, au contraire des autres registres dont la création relève d’une
disposition des codes (c’est le cas du registre dit « Rôle Générale » institué à l’art.
40 CPCCA ou encore le Registre des Appels art 157CPCCA). La pratique qui
s’est développée en la matière est celle qui consiste pour chaque Greffier à se faire
son propre cahier de transmission afin d’assurer le suivi des dossiers ou actes qu’il
a personnellement transmis ; ou encore chaque Chambre a son registre de
transmission qui lui est propre.
En outre, en matière civile, aucun texte ne prévoit de délais légaux imposés
au Ministère Public pour rendre ses conclusions alors que la communication des
dossiers est assujettie à un délai. Lorsqu’une affaire est renvoyée pour
communication au Ministère Public, le Juge fixe une date de renvoi dont le
Procureur de la république doit tenir compte. Mais dans la pratique, il arrive qu’à
la date fixée, le Ministère Public n’a pas encore conclu. Ce qui oblige le Juge à
faire plusieurs renvois successifs et entraine une véritable lenteur dans la
procédure.
A cela, il faut ajouter l’inapplication de certains textes. C’est le cas de la
communication du Rôle Général au Ministère Public (art 135 CPCCA). Bien que
cette communication soit obligatoire, dans la pratique, elle n’est pas exécutée par
le Greffier.

35
Au niveau de la procédure ou mécanisme de communication, les textes sont épars
et limités.
En matière commerciale
Les limites au niveau de l’AU PCAP
Les Actes uniformes portant Procédures Collectives d’Apurement du Passif et
ceux relatifs au Droit Commercial Général ont institués plusieurs obligations de
communiquer que le greffier doit exécuter. Cependant ces obligations ne sont pas
entourées de garanties suffisantes ou de sanctions visant à assurer leur exécution.
Il en est d’ailleurs de même pour des infractions prévues dans les Actes uniformes
sans les sanctions qui devraient les accompagner. Il en résulte que leur application
à la pratique n’est pas aisée.
En ce qui concerne le RCCM, l’AUDCGGE prévoit son informatisation
ainsi que la création du Fichier National et du Ficher Régional. A ce jour, le
RCCM n’est pas encore informatisé. En outre le Ficher National n’est pas encore
établi. Aussi le greffier ne peut-il pas exécuter cette diligence.
Relativement à la procédure de communication, aucun mécanisme n’est prévu par
les actes uniformes, de sorte que c’est au Code de Procédure Civile Commerciale
et administrative c’est-à-dire au droit interne, qu’il faut se référer en la matière.

36
TROISIEME PARTIE : QUELQUES PROPOSITIONS POUR
L’AMELIORATION DE LA COMMUNICATION LEGALE AU GREFFE

37
CHAPITRE 1 : QUELQUES PROPOSITIONS EN CE QUI CONCERNE
LA COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE PENALE
Les propositions en ce qui concerne la communication légale en matière
pénale s’articuleront autour de suggestion relatives à la formation des articles et
celles relatives à la procédure de communication
Section 1 : SUGGESTIONS RELATIVEMENT A LA FORMULATION
DES ARTICLES
Au regard des difficultés relevées précédemment, nous suggérons les plusieurs
améliorations.
La précision quant à celui à qui incombe la charge de l’exécution de la
communication.
En cas de manquement, cette précision permettra de mieux situer les
responsabilités de chaque acteur de la communication ;
La nécessité de mieux formuler les obligations de communication
Les termes utilisés devront être sans équivoque de sorte à faciliter la
compréhension et l’interprétation des textes. En effet, il est souhaitable que le
législateur précise le caractère facultatif ou obligatoire d’une décision.
Cette précision facilitera également l’exécution des communications.
La nécessité de définir des délais
L’exécution de la communication doit être encadrée dans un délais strict et
précis pour obliger l’acteur concerné à effectuer une meilleure diligence.

Section 2 : SUGGESTION RELATIVEMENT A LA PROCEDURE DE


COMMUNICATION
La demande et le contenu de la communication
Le Code de Procédure Pénale institue deux possibilités de communication que
l’on peut qualifier de communication facultative ; l’une à l’initiative des parties
et l’autre à l’initiative du Ministère Public. Rien dans les textes n’indique la forme
de cette demande. Pour des raisons de traçabilité et de preuve, la forme écrite
pourrait être suggérée.

38
En outre, les registres de transmission, qui permettent le suivi des actes ou dossiers
communiqués, pourraient être institués de façon textuelle pour harmoniser les
pratiques des Greffes.
Les moyens de réalisation de la communication
A l’ère des technologies de l’information et de la communication (TIC), la
communication légale pourrait être plus aisée et mieux sécurisée si les pièces et
dossiers reçus et conservés au Greffe sont numérisés.
En effet la manipulation et le transport des dossiers physiques présentent de
nombreux risques, tels que la perte des dossiers, la soustraction de certaines
pièces, leur détérioration voire leur destruction. Tous ces risques peuvent être
évités, et la transmission facilitée par la numérisation. La numérisation pourrait
résoudre alors à la fois les problèmes de conservation, de sécurisation de
transmission et aussi de manipulation et de de la logistique des documents
physiques, parfois volumineux, lourd et occupant beaucoup d’espace.
A cela, on peut ajouter l’informatisation et la mise en réseau des acteurs de
justice. Ce qui pourrait résoudre les questions de célérité dans la communication
et le traitement des dossiers aussi bien au Ministère Public qu’aux parties à une
instance.

39
CHAPITRE 2 : QUELQUES PROPOSITIONS EN CE QUI CONCERNE
LA COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE CIVILE SOCIALE ET
COMMERCIALE
Section 1 : LES SUGGESTIONS EN MATIERE CIVILE ET SOCIALE
Elles porteront essentiellement sur la communication légale obligatoire et la
communication légale facultative.
Paragraphe 1 : Les suggestions relatives à la communication légale
obligatoire
L’organisation de la communication légale dans le Code de Procédure Civile
Commerciale et Administrative est prévue dans des termes très généraux. Aussi
une meilleure précision permettra-t-elle de réduire la disparité des pratiques au
Greffe en la matière. En ce sens, sont suggérés :
- l’institution de registre de transmission par une disposition législative : ce
qui permettra un suivi uniforme de la communication légale dans le Greffe;
- l’institution de délai pour le retour des conclusions du Ministère Public,
afin que le traitement des procédures se fasse dans la célérité ou dans des
délais raisonnable;
- l’octroi de plus de pouvoir aux avis du Procureur de la République dans les
causes obligatoirement communicables. L’avis du Ministère Public est
requis dans toutes les affaires intéressant l’ordre public. Le Procureur de la
République étant le garant de l’ordre public, le juge devrait quelque fois
suivre cet avis. Mais le siège est caractérisé par l’indépendance du juge. Le
juge se doit être impartial pour garantir administration d’une bonne justice.
Paragraphe 2 : Les suggestions relatives à la communication légale
facultative
La communication facultative comprend la communication facultative à
l’initiative du Ministère Public, et la communication facultative à l’initiative du
juge. Dans ce contexte une large place est faite à la discrétion de ces deux autorités
judiciaires.
Mais pour que la communication légale facultative à l’initiative du
Ministère Public soit opérante, il faut que la communication du rôle soit exécutée
comme le prévoit le code de CPCCA.

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En outre il est nécessaire d’améliorer la procédure de communication pour
faciliter la tâche au greffier.
Ainsi se résume l’organisation de la communication légale en matière
civile, sociale et commerciale.

Section 2 : LES SUGGESTIONS EN MATIERE COMMERCIALE


Les suggestions se feront en considération des critiques faites au niveau du
droit communautaire.
L’informatisation du greffe :
L’informatisation du Greffe est le point essentiel pour la célérité dans
l’exécution des communications et pour assurer la traçabilité des procédures
notamment en ce qui concerne le RCCM.
Sanction en cas de manquement :
Il serait louable d’assortir les obligations de communiquer de sanctions portant
aussi bien sur validité des actes que sur les procédures elles-mêmes.
Vu la nécessité de communication dans certaines procédures, révoir aussi des
sanctions vis-à-vis des acteurs qui manquent à leurs obligations en la matière,
notamment le Greffier.
La centralisation des informations
L’informatisation et l’organisation de la communication devrait aboutir à
la mise en place d’un système d’information avec une base de données centrale.

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CONCLUSION
En définitive, ce mémoire a été pour nous l’occasion d’améliorer nos
connaissances sur la thématique de la communication légale dans les juridictions
de premier degré.

Le prisme de greffier dont nous nous sommes servi pour mener l’étude nous
a permis d’examiner le dispositif législatif et règlementaire qui organise les
modalités de communication des actes et procédures judiciaires.

De cet examen, il ressort que les différents codes examinés ont certes
définis les actes et procédures que le greffier doit communiquer. Mais les
procédures de communication sont à peine abordée, et sont très pauvre
relativement en l’état actuel du développement du droit.

En outre les obligations de communiquer ne sont pas toujours exprimer en


des termes suffisamment explicites. Il en résulte que la tâche du greffier en la
matière est bien laborieuse.

En l’état actuel, c’est la pratique du greffe qui supplée à cette lacune.

Nous sommes convaincus que cette organisation peut être encore


améliorée. Au-delà de la simple organisation proprement dite, c’est l’importance
de cette diligence qu’il faut souligner afin d’attirer l’attention du Greffier sur son
exécution.

Il est impérieux de relever dans la chute de nos propos que de nombreuses


conséquences sont rattachées à l’exécution tout comme à l’inexécution des
diligences relatives à la communication légale. Ignorer toutes ses implications
c’est mettre en péril l’exercice même de la justice.

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BIBLIOGRAPHIE

- Acte uniforme révisé portant sur le Droit Commercial général et


groupement d’intérêt économique adopté le 15/10/2010
- Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement
du passif adopté le 10/09/2015
- Décret N° 2015-492 du 07 juillet 2015 portant Statut des greffiers
- Loi N°2018-975 du 27 décembre 2018 portant code de procédure pénale
- Loi N°2017-728 du 9 novembre 2017 portant code de procédure civile,
commerciale et administrative
- Code Général des Impôts 2020
- Lexique des termes juridique, Edition Dalloz, 27ème édition
- Cours de communication organisationnelle, Docteur KONE Bamory

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Table des matières
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 4
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE L’ORGANISATION DE LA COMMUNICATION LEGALE AU
GREFFE..................................................................................................................................................... 6
CHAPITRE 1 : L’ORGANISATION DE LA COMMUNICATION LEGALE EN MATIERE PENALE ................... 7
SECTION 1 : LE CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE IVOIRIEN........................ 7
Paragraphe 1 : La communicabilité des actes judiciaires et juridictionnels ............................ 7
B. Vis-à-vis des parties ............................................................................................................... 8
Paragraphe 2 : la communicabilité des procédures judiciaires................................................. 9
A. Les procédures communicables au ministère public .......................................................... 9
B. Les procédures communicables aux parties........................................................................ 9
SECTION 2 : L’ORGANISATION DE LA PROCEDURE DE COMMUNICATION ............. 9
Paragraphe 1 : La demande de la communication et le contenu de la communication .......... 9
A. La demande de la communication ..................................................................................... 10
B. Le contenu de la communication........................................................................................ 10
Paragraphe 2 : les délais de la communication ......................................................................... 11
A. Les délais relatifs à la communication au ministère public ............................................. 11
B. Les délais relatifs a la communication aux parties ........................................................... 12

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