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PROCEDURE CIVILE

INTRODUCTION
On va étudier la notification des actes du procès -> formalisme procédural.
I) Définitions des termes du sujet
A) La notification
Qu’est-ce qu’une notification ? porter qq chose à la connaissance de quelqu’un. La
signification est faite par huissier de justice, c’est un type particulier de la notification. Il y a
différents modes de notification dont la signification ou encore une notification faite par
voie postale. C’est une catégorie générale la notification avec différents modes.
1) L’existence de la notion
Quand on ouvre un dictionnaire de sens commun, le mot notification est dérivé du terme
notifier qui est emprunté du latin des juristes notificare : le terme est issu du latin des
juristes. C’est dire que d’un pdv terminologique, le mot notification, notifier ce sont des
termes juridiques, qui existent pour le droit spécialement.
Les juristes ont très tôt perçus l’importance de l’action au point d’y consacrer une notion.
De longue date, la notification est importante, ne serait-ce que pcq un mot existe pour
désigner cette action.
Elle a aussi une importance actuelle : dans le CPC on utilise la notion de notification et on en
précise sa définition (art 651 alinéa du CPC « les actions sont portés à la connaissance des
intéressés par la notification qui leur rend des faits »).
On pourrait penser que l’existence d’une définition dans le CPC n’est pas très significatif de
son importance : le nouveau CPC est très pédagogue et il prévoit bcp de définitions
(notamment Cornu qui voulait définir les termes).
On pourrait se dire donc que ce n’est pas si révélateur qu’elle soit définie pcq pleins d’autres
termes le sont aussi. Simplement, cet effort de définition est important pcq il est assez
singulier, original. Dans aucun autre texte on ne trouve la notification définie, à part dans
le code de CPC. Prendre le temps dans un CPC de définir la notification cela montre qu’elle
est prise au sérieux notamment au regard des effets redoutables.
2) Substance de la notion
Art 651 alinéa 1 du CPC : il doit être lu en contemplation de l’ouvrage de linguistique
juridique. Cornu livre les clés pour comprendre ce qu’est une notification. Il écrit que la
notification « au sens large et étymologique est l’action de faire connaitre à quelqu’un un fait
qui la concerne ».
Mais il ajoute que cette définition large n’est pas celle retenue dans le CPC. Il faut distinguer
la notification au sens général de l’espèce de notification dont il est question dans le CPC.
Au sens de l’article 651 du CPC la notification devient « l’action de porter à la connaissance
d’un intéressé un acte qui la concerne ».
Cette définition précisée par Cornu distingue par l’acte qui est porté à la connaissance et
l’action de porter à la connaissance. On distingue deux négocium, deux opérations
juridiques : l’acte juridique qui est notifié, et l’action juridique consistant à porter cet acte à
la connaissance de qq. Cette action juridique est une catégorie juridique particulière et qui a
été mise en lumière dans la thèse de Lucie Mayer en montrant son originalité.
Précisément, dans le procès civil, les notifications ne sont pas des actes juridiques, ce ne sont
pas des actes de procédure. Cette différence on la retrouve à l’art 694 du CPC : la nullité des
notifications est régie par des dispositions qui concernent la nullité des actes de procédure.
Si on est obligé de préciser cela à cet article, c’est parce que précisément la notification
n’est pas un acte de procédure.
B) Les actes du procès
De manière courante, on parle d’acte de procédure plus que des actes du procès. La
qualification d’acte de procédure : c’est une catégorie particulière d’acte juridique pour
Cornu. Elle est restrictive cette définition dans le sens où dans le CPC les actes de procédures
sont toujours associés aux actes des parties et de leurs représentants.
Exemple : le jugement n’est pas un acte de procédure
Mais nous, on va parler des actes du procès qui a une définition plus large et englobe le
jugement notamment. Les actes de procès sont des actes unilatéraux, et sont souvent des
actes que l’on qualifie de réceptices (= les actes juridiques unilatéraux qui n’ont d’existence
juridique que par la notification qui en est faite à leur destinataire) comme les actes de
procédure.
C’est la même chose de ne pas être, et de ne pas être signifié. Pour les actes réceptices,
quand bien même ils aurait été écrits, tant qu’ils n’ont pas été notifiés, juridiquement ils
n’ont pas d’existence.
II) Intérêts du sujet
Le terme présente un intérêt du point de vue des droits fondamentaux des parties et aussi
intérêt du pdv de la pratique judiciaire.
A) Les droits fondamentaux des parties
En quoi est ce que la notification des actes du procès est importante pour les droits
fondamentaux des parties ? du point de vue sur le principe de la contradiction  et plus
largement avec les droits de la défense.
Motulsky « Le droit naturel dans la pratique jurisprudentielle   : le respect des droits de la
défense en procédure civil », 1961 : il soulignait déjà que la première manifestation des
droits de la défense en procédure civile est le devoir pr le demandeur d’aviser son
adversaire de la citation en justice dont il fait l’objet donc lui faire connaitre.
Les droits de la défense exigent la notification des actes et le principe de la contradiction
aussi exige cette notification. Ce principe est un principe directeur nommé dans le CPC. C’est
un principe qui dans le même temps a une particularité importante : c’est un principe
directeur qui est en même temps un droit fondamental. Or la notification est évidemment
centrale dans le respect du principe de la contradiction. On le comprend à la seule lecture de
l’article 15 du CPC que « les parties doivent se faire connaitre mutuellement, en temps utiles,
les faits, les moyens de preuve qu’elles utilisent et les moyens de droit qu’elles invoquent ».
Dans les textes européens : le principe de la contradiction ne se situe pas dans la lettre de
l’article 6§1, il a fallu que la Cour européenne reconnaisse le principe de la contradiction
(CEDH, Ruiz Mateo c/ Espagne, 26 juin 1993 : le droit à une procédure contradictoire
implique pour une partie la faculté de prendre connaissance des observations, ou pièces
produites par l’autre ainsi que de les discuter).
Par ailleurs, d’autres exigences impliquent la notification : elle va faire courir contre nous le
délai de recours. Si on laisse s’écouler le délai de recours on sera fort clos. Dans cette
hypothèse, notre droit à un procès équitable pourra être atteint si on a fait courir un délai à
partir de la notification qui était défaillant. Si on ouvre une voie de recours (un autre degré
de juridiction), on doit respecter l’article 6§1 selon la JP européenne.
Conclusion : Plusieurs principes fondamentaux sont liées à la notification, c’est un petit
rouage technique qui se trouve à la base de principe très important (droit de la défense,
principe de la contradiction, délai de recours).
B) La pratique judiciaire
La notification est donc partout dans le procès. Le procès civil est communication avec une
idée de transparence. Cela signifie que qu’on va nécessairement connaitre de la notification
qq soit le métier qu’on fait (métier, greffier, magistrat et même arbitrage).
Il y a un hiatus entre la pratique et la façon dont on l’enseigne. C’est une matière très
technique et cette technicité est nécessaire : elle vaut pour les modalités classiques de
notification mais aussi pour tt les communications par voie électronique. Cette technicité est
permanente, elle ne change pas.
Exemple : pas grand-chose de plus technique que la réglementation de la communication
entre les juridictions et les avocats (actes du palet et mnt par voie dématérialisé).
Conclusion : Si on relie les deux intérêts, on arrive à un sorte de paradoxe : désintérêt de
l’enseignement de cette notification alors que derrière, il y a la mise en œuvre des principes
fondamentaux. Il peut arriver que les droits fondamentaux d’une partie soient bafoués en
raison d’une irrégularité d’une notification sans qu’on s’y intéresse car on connait mal la
matière.
III) L’actualité du sujet
Elle est triple : à la fois au dvpt des instruments internationaux, par la communication
électronique et par la fondamentalisation de la procédure civile.
A) Le développement des instruments internationaux
On a évoqué le CPC mais la réglementation des notifications n’est pas seulement dans le
CPC. On a assisté à l’internationalisation du litige : de plus en plus de litige qui présente un
élément d’extranéité (ex : souvent une des parties ne réside pas en France et donc comment
lui signifier les actes). Donc on a un dvpt des instruments internationaux qui concernent
précisément les règles appliquées lorsque le destinataire de notre acte se trouve à
l’étranger.
Lorsque le CPC a été adopté en 1975, seul un texte réglementait les notifications
internationales : la Convention de la Haye du 15 novembre 1965 relative à la notification et
à la signification à l’étranger des actes judiciaires et extrajudiciaire en matière civile et
commerciale.
Ce paysage normatif a considérablement changé en raison notamment du dvpt du droit de
l’UE qui s’est intéressé à cette question : traité d’Amsterdam du 2 octobre 1997 qui a
communautarisé la coopération judiciaire en matière civile afin de renforcer l’intégration au
sein de l’espace européen. Depuis lors, le domaine des notifications internationales s’est
enrichi de plusieurs règlements européens dans les EM. Le premier texte date du 29 mai
2000 qui a été réformé par un 2ème règlement puis un 3ème règlement du 25 novembre 2020.
Donc le domaine a été modifié jusqu’à récemment par l’européanisation de la procédure
civile.
En pratique, ces notifications internationales sont tellement aléatoires que les patriciens
baissent les bras, arrêtent d’essayer de comprendre et des dossiers sont en attente.
B) La communication par voie électronique
Elle s’est dvpt avec la numérisation du procès civil et cela a commencé avec les
notifications. Tout a commencé en 2005 avec un décret du 28 décembre 2005 qui a
introduit dans le CPC un titre entier consacré à la communication par voie électronique. Il
prévoyait en somme la possibilité de communiquer l’essentiel des actes du procès par voie
électronique. Ce texte général a fait l’objet d’arrêtés techniques qui ont dvpt cette
communication.
Et là où elle s’épanouit le plus c’est entre les juridictions et les avocats : le RPVA et PRVJ et
désormais les parties elles-mêmes peuvent communiquer par voie électronique.
Décret du 15 mars 2012 : relatif à la signification des actes d’huissier de justice par voie
électronique. Par ce texte, les parties elles-mêmes, ont pu être directement destinatrice
d’actes signifiés par voie électronique. Il faut donner notre accord et si un acte doit être
notifié par voie électronique, on envoie un mail selon lequel on a un acte a allé retirer sur la
boite électronique. Cela a été très pratique pendant le confinement.
Décret du 11 mars 2015 : relatif à la simplification de la procédure civile, à la communication
électronique et à la résolution amiable des différends. Il a été possible de transmettre des
actes, des messages à des justiciables par voie électronique ordinaire (adresse mail perso)
et il a même été possible d’envoyer des messages par voie de sms (rappel d’audience ect).
Décret du 9 décembre 2019 : il a prévu que plutôt que de passer par mail ordinaire ou sms,
certains actes pourraient être reçus sur le portail du justiciable et suivre les procédures en
ligne. Cela a pris bcp de retard mais cela commence à fonctionner.
Donc la voie électronique s’est dvpt pour tous les acteurs de la procédure civile. Les
évolutions ont été nombreuses en assez peu de temps. Il est arrivé ce qu’avait prévu Catala
« comment éviter en effet que la réponse de la loi au défi électronique ne s’élabore dans le
désordre sous forme de réglementation mal coordonnée, minutieuse à l’excès et cependant
parcellaire, attelé au progrès scientifique et comme lui sans cesse remis en question,
oublieuse enfin de qq vérités permanentes auxquelles pourraient s’attacher des règles
stables ? ». Le législateur a précisément suivi cette voie : réglementation qui donne lieu à
contentieux.
C) La fondamentalisation de la procédure civile
On évoquait l’européanisation de la procédure civile au sens du droit de l’UE. Ici, on est dans
le droit de la CEDH : la CEDH a été conduite à connaitre de plus en plus de contentieux relatif
à la notification. Deux décisions sont importantes :
- CEDH, Miholapa c/ Lettonie, 31 mai 2007 : le droit d’accès à un tribunal et le principe
de l’égalité des armes visant l’ensemble du droit procédural des Etats contractants
s’appliquent également dans ce domaine particulier qu’est la signification et
notification des actes judiciaires aux parties.
Donc affirmation solennelle mais affirmation assez peu claire dans sa mise en œuvre et ses
effets.
La cour a insisté sur le fait qu’une juridiction nationale doit faire tout ce qu’on peut
raisonnablement attendre d’elle pour convoquer les parties à l’audience. Ce qui peut frapper
c’est sa date : 2007 -> très lointain par rapport aux arrêts fondamentaux de la CEDH mais
cela s’explique : la CEDH avait au avant à connaitre cette question de la notification et cela
avait déjà entrainé la condamnation de l’Etat mais PAS dans des termes aussi solennelle. Et
à force d’avoir plusieurs questions, cela a conduit à cet arrêt.
- CEDH, Dilitka Karakaya c/ Turquie, 4 mars 2014 : dans cette décision la CEDH affirme
pour la première fois en procédure civile, l’exigence d’un recours pour une personne
qui a été jugé par défaut sous certaines conditions.
Conclusion : Si on ajoute à ces deux arrêts à ceux qui portent sur la communication
électronique et l’application du droit judiciaire européen on peut constater que
progressivement, là encore, la jurisprudence issue de la CEDH à appréhender les aspects les
plus importants concernant la notification.
Problématique : on ne va pas seulement décrire le droit positif de la notification, l’idée c’est
que derrière l’étude ces règles, il y ait une sorte de démonstration. On va essayer de
répondre à une question : la notification des actes du procès civil est-elle aujourd’hui plus ou
moins importante qu’hier ?
Spontanément, la réponse peut sembler évidente : oui. Mais en réalité, les choses ne sont
pas si simples. C’est un processus qui doit conduire à un résultat. Or, on peut concevoir deux
grandes façons d’accorder de l’importance à la notification selon qu’on raisonne en termes
de processus ou en résultat.
Premier modèle : dans lequel le droit étatique dit que ce qui l’importe c’est le processus.
Dans un tel droit, l’important pour le législateur sera qu’on est tout mis en œuvre pour
porter les actes à la connaissance des parties.
Et ayant fait bcp en amont pour porter à la connaissance des parties, on pourrait en aval se
désintéressait totalement de la question de savoir si l’acte a bien été communiqué, connu.
Dans ce premier modèle, pour éviter de demander au juge de s’intéresser à la connaissance
effective des actes notifiés on va mettre l’accent sur la recherche de la connaissance. Ce
type de modèle est purement formaliste : on respecte des formes en amont et si elles ont
été respectées, elles produisent tous leurs effets.
Deuxième modèle : on met l’accent sur le résultat de la notification : on se souciera peu voir
pas du tout de la façon dont l’acte a été porté à la connaissance, mais il serait attentif à la
question de savoir si l’acte a été connu ou non. On serait face à un modèle réaliste pcq il
s’intéresse à la réalité du résultat.
Ici, on va voir où se situe le droit français entre ces modèles. On sait qu’on se situe entre les
deux mais où exactement. Le modèle du droit français est plutôt formaliste mais c’est trop
simple de répondre cela donc on va s’intéresser aux évolutions : classiquement formaliste
ou est-ce que cela s’est atténué avec le temps ect.
On va voir comment ces tendances contemporaines ont pu influer sur la réglementation des
notifications et modifier le modèle.
CHAPITRE 1 : LES MOYENS DE NOTIFICATION
I) Présentation des moyens de notification
A) Qu’est-ce qu’un moyen de notification  ?
C’est une expression qui n’est jamais définie, cette absence de définition a bcp moins de
conséquences que pour les significations.
Dans un sens large la notification regroupe la signification et d’autres choses. Les moyens
de notification sont les moyens qui permettent de faire connaitre qq chose à qq.
B) Les moyens de notification employés dans le procès
Ils sont très nombreux et la lecture du CPC nous donne une vision tronquée des choses : une
fausse impression de simplicité. On a un chapitre entier consacré à la forme des
notifications, il comporte plusieurs sections :
- Une relative à la signification : elle vient en premier
- Une relative à la notification des actes en la forme ordinaire : la forme ordinaire
c’est celle qu’on utilise quotidiennement (cela ne veut pas dire que c’est le principe,
au contraire, le principe c’est plutôt la signification)
- La notification entre avocats : de main à main à l’audience, certaines formes. Il existe
la notification simplifiée entres avocats qui se fait pas huissier audiencé.
- les notifications internationales : il n’y a une très grande diversité de moyens de
notifications. Il y a la voie classique mais aussi toute une myriade qui va dépendre de
la convention/règlement applicable à cet acte sur la notification.
On pourrait dire que ces 4 sections épuisent tous les moyens de notification mais en réalité
derrière chaque section il y a une multitude de moyens de notification.
Exemple : derrière la section signification, il y a la signification sur support papier et sur
support électronique (voir ensuite ce qu’il y a marqué à cote des différentes notifications)
Envisager une question de justice, de procédure c’est toucher à la souveraineté d’un pays
donc quand on notifie un acte, on passe par la voie diplomatique : on respecte la diplomatie
entre les Etats et il faut des règlements/conventions qui les prévoient.
C) L’importance d’étudier ces moyens de notification
On peut penser que ce n’est qu’un détail. Mais c’est intéressant de l’étudier au regard de
notre problématique. On ct demandait comment le droit positif envisageait la notification :
est-ce qu’on lui accorde plus ou moins d’importance qu’avant ? En étudiant le mécanisme de
la notification, on voit un mvt qui commence à répondre à la pb.
Un législateur face à cette question se trouve dans la situation suivante : soit il recueille les
moyens de notification qui existe dans la vie de tous les jours et il les applique dans le procès
et dans ce cas, il n’intervient pas spécialement pour réglementer la façon dont on apporte à
la connaissance (ex : Common Law, USA). Soit le législateur peut décider de se montrer
formaliste : il prend les moyens de notification que lui offre la vie de tous les jours et il les
modèles afin qu’ils aient plus de chance de toucher le destinataire. Le droit français, à cet
égard fait un peu des deux :
- On a une catégorie ordinaire : parfois il reçoit il les met juste dans le procès.
- Mais dans le même temps, il y a la signification qui est placé en tête, elle est le
principe et elle est un mode de notification ordinaire sauf que le législateur
intervient et décide de toutes les formalités à accomplir par le huissier pour
toucher le destinataire.
Le législateur fait donc les deux mais il accorde plus d’importance à l’aspect formaliste.
II) La réglementation de la signification, en particulier
Définir la signification comme on l’a fait c’est imprécis. En pratique un clerc habilité pour
faire des signification intervient très souvent. C’est une pratique ancienne qui était illégale
mais qui a été légalisée après la 1GM : on n’avait plus assez d’huissier de justice donc on a
autorisé à faire intervenir les clercs.
Cela ne veut pas dire que l’huissier de justice n’intervient jamais : pour les actes d’exécution
il y a un monopole de l’huissier, obligation de le faire lui-même.
En pratique, c’est souvent un clerc de son étude, qu’il connait, et parfois même l’huissier
fait intervenir un clerc qu’il ne connait pas : Bureau Commun (A Paris, Marseille) = contient
pleins de clercs qui ne sont pas rattachés à une étude en particulier.
De plus, une signification est soumise à certaines formes et normalement on les a étudié. La
logique de la réglementation des significations répond à une logique formaliste et une
hiérarchisation : on fait tout pour le toucher à personne, sinon à domicile ou résidence et si
on n’y parvient pas, on le dépose à l’étude et si on ne parvient pas à localiser le destinataire,
on dresse un PV de recherche infructueuse. A mesure que l’on s’éloigne de la signification
faite à personne, on va renforcer le formalisme pcq on perd des chances de toucher le
destinataire.
A) La signification faite à personne
On veut toucher le destinataire pour que ça soit très probable qu’il en ait connaissance. La
signification à personne fait se rencontrer l’huissier/clerc et le destinataire. De cette
rencontre peut naitre des questions, une discussion et cette dimension est importante. Le
mot signification implique étymologiquement l’idée que non seulement on fait connaitre qq
chose mais on le fait par des paroles expresses.
Cette idée à perdurer avec le temps. Il était doté d’un bâton : il touchait le destinataire
quand il lui remettait l’acte. Ces traces historiques ont perduré.
L’huissier a une obligation de moyen renforcé et non une obligation de résultat. On va tenter
de nuancer. On va insister sur la faiblesse qu’il peut exister dans la signification faite à
personne.
Elle est au sommet : art 654 alinéa 1 « la signification doit être faite à personne ». Dès lors, il
doit effectuer des recherches pour trouver la personne et lui remettre l’acte, en main
propre. Ce n’est que si elle s’avère impossible, que l’acte pourra être délivré à domicile ou
résidence.
On laisse entendre par ce mot « impossible » que l’huissier doit faire bcp. Et on se demande
quel effort il doit faire ?
- Il doit aller à l’adresse indiquée. Si le destinataire ne s’y trouve pas on pourra alors le
chercher à un autre endroit.
- La doctrine considère que l’huissier n’a pas le droit de vérifier l’identité du
destinataire en lui demandant sa carte d’identité. Il n’a pas la possibilité de le faire
donc c’est une interdiction. Il n’a pas à vérifier que la personne est habilitée, ni
même en apparence : Cass, com,12 novembre 2008 (morale), Cass, civ, 2ème, 4 juillet
2007 (physique)
NB : Il y a eu une évolution : au début on exigeait que la personne soit en apparence
habilitée, ce qui serait opposée à la remise à un agent d’entretien. Puis cette exigence de
l’apparence a été supprimée en 2008. Si elle dit qu’elle est habilitée, on lui remet acte et il
y a signification à personne.
Derrière cette question, il y a la question du jugement par défaut : si on nous cite en justice
on peut faire défaut si on ne vient pas. Le jugement peut être rendu par défaut si le
défendeur n’est pas présent, qu’il n’est pas été cité à personne (citer autrement) et que la
voie de l’appel ne lui soit pas ouverte. Ces trois conditions ensembles -> jugement par
défaut. On veut limiter la voie de l’opposition pcq on perd du temps, on revient devant le
juge qui a rendu le jugement par défaut donc quand l’appel est ouvert on considère que
c’est suffisant.
Si on considère que l’acte a été remis à une personne qui n’était pas habilité et qui pourtant
se prêtant l’être, l’acte est signifié à personne et il y a un risque que l’acte ne remonte pas.
Justifications de cette interdiction : moins on contrôle et plus on gagne de temps et pour des
raisons de pacification.
Critique : pas de logique pcq quand l’acte est remis à l’étude, la secrétaire va vérifier
l’identité de celui qui se prétend être le destinataire avant de lui remettre.
- Il n’a pas non plus l’obligation d’aller sur le lieu de travail : avant il avait l’obligation
de chercher le destinataire sur son lieu de travail. Depuis Cass, civ, 2ème, 2 décembre
2021 : lorsque l’huissier de justice s’est assuré de la réalité du domicile et que le
destinataire est absent, l’huissier n’est pas tenu de se rendre sur le lieu de travail du
destinataire pour remettre l’acte à personne.
NB : Ce sont des recherches qui prennent du temps et dans la pratique, il y a des recherches
qu’ils n’ont pas le temps de le faire. Toujours est-il qu’aujourd’hui on exige moins.
- Il n’a pas l’obligation de revenir sur le lieu : s’il n’a pas trouvé le destinataire il n’a
pas à revenir et cela vaut pour les personnes physiques (Cass, civ, 2ème, 12 février
1975) ou morales (Cass, civ, 2ème, 20 janvier 2011). Cela explique le faible taux de
remise à personne (les personnes travaillent la journée donc souvent il y a personne
mais on verra si cela perdure avec le TT). Par ailleurs, la signification est un marché
attribué aux huissiers mais revient sur le devant de la scène la question de savoir si
on ne devrait pas retirer des prérogatives aux huissiers et notamment cette activité
de signification des actes : les confier à une autre opérateur privée (la Poste).
NB : On peut craindre qu’en relâchant ces exigences en matière de signification la cour de
cass la dévitalise.
B) La signification faite à domicile
Il n’a pas réussi la signification à personne et on passe à la signification faite à domicile ou
résidence.
- Si le destinataire est une personne physique, l’acte pourra être remis à une personne
présente au domicile.
NB : si la personne est mineure : Cass, civ, 27 septembre 2012 : il peut être remis à un
mineur si ce mineur est doté d’un discernement suffisant.
- Si c’est une personne morale, on le remet à une personne présente et qui n’est pas
habilitée (elle dit qu’elle n’est pas habilitée mais qu’elle accepte de récupérer l’acte -
> signification faite à domicile ou résidence)
S’il ne rencontre personne à domicile ou à résidence il va après certaines modalités
remportait l’acte dans son étude, à charge pour le destinataire d’aller le chercher.
Avant de ramener l’acte à son étude, il va devoir vérifier que le destinataire habitait bien à
l’adresse indiquée.
Exemple : dans le cas pratique, il vérifie le nom et prénom sur la boite aux lettres et sur la
porte -> deux confirmation de domicile. Est-ce que c’est suffisant en jurisprudence ? est-ce
qu’on exige plus comme par exemple demander aux voisins ? on a une jurisprudence qui
laissait un doute et laissait entendre qu’on pouvait se contenter d’une seule indication
(mention sur la boite aux lettres). La Cour de cass est revenue sur cela dans des arrêts
récents, Cass, civ, 2ème, 4 mars 2021 : le nom sur la boite aux lettres ne suffit pas il faut un
autre élément pour confirmer l’adresse du destinataire. En l’espèce, dans notre cas
pratique, il y avait aussi sur la porte donc on peut penser que c’est assez.
C) La mise en œuvre de l’article 659 du CPC
1) Personne physique
Cette disposition n’intervient que dans le cas « que si la personne à qui l’acte doit être
signifié n’a ni domicile, ni résidence, ni lieu de travail connu » l’huissier va dresser procès-
verbal de carence/de recherche infructueuse. Il va indiquer avec précision les diligences
qu’il a accompli pour rechercher le destinataire de l’acte.
Il va y avoir des formalités complémentaires : PV + lettre recommandée + une lettre simple
à la dernière adresse connue du destinataire. Pourquoi est-ce qu’on y procède ? il peut y
avoir un suivi de courrier.
Toute la question est de savoir ce que dois faite l’huissier de justice pour dresser son procès-
verbal. Elles sont plus importantes que celle d’avant car il y a un risque pour le destinataire
de ne jamais prendre connaissance de cet acte :
- Rechercher le domicile, résidence, lieu de travail
- Mais cela ne suffit pas et il faudra faire d’autres recherches générales : il doit faire
d’autres diligences pour tous les cas  :
 Obligation de se représenter une nouvelle fois au lieu où il a pu déjà venir ne
serait-ce que pour obtenir des informations sur la localisation exacte du
destinataire (Cass, civ, 2ème, 9 mars 1994)
 Plus de recherches pour vérifier que le destinataire n’habite plus au lieu
indiqué : on va exiger qu’au moins 3 éléments différents ont été consultés pour
se renseigner sur la localisation du destinataire (ex : manuel, voisin ect).
- Il y a aussi des recherches spéciales/adaptée à la situation du destinataire : dans une
espèce mettant en cause un architecte, il fallait se renseigner auprès de l’ordre des
architectes, consulter le RCS ect.
Ces recherches sont nécessaires sinon risque de sanction au moins au niveau européen : la
CEDH, Dilipak c/ Turquie, 4 mars 2014 a pu en matière civile reproché qu’une notification
soit faite par voie de publication sans qu’aucune démarche ne soit effectuée auparavant
auprès de l’administration en charge de la délivrance des cartes de presse alors même que
la qualité de journaliste du destinataire était notoire.
2) Personne morale
Pour les personnes morales il y a un point qui diffère : on va consulter le RCS et s’il n’y a rien
on met en place l’article 659 (art 659 alinéa 4 « elles sont applicables aux personnes
morales qui n’ont plus d(établissement au lieu indiqué comme siège social par le RCS »).
Cette disposition ne figure pas dans le CPC depuis l’origine. Elle date d’un décret du 13
juillet 1984 et on mesure l’innovation qu’elle a constitué en sachant qu’auparavant, dans la
même situation, la JP de la 2ème chambre civile obligeait l’huissier de justice n’ayant pas
trouvé l’établissement de la personne morale, à se rendre au domicile connu de son
représentant légal.
Depuis cette disposition, ce n’est plus le cas, si plus de concordance entre ce qui est indiqué
dans le RCS et le siège social réel, on met en place l’article 659 du CPC. On est dans une
logique de responsabilisation : certes on demande moins à l’huissier mais pcq les personnes
morales ont la charge de mettre à jour les informations du RCS et notamment un
changement de domicile donc indirectement on sanctionne la personne moral.
Conclusion sur les recherches qu’on demande à l’huissier : Donc il y a des hypothèse où on
demande bcp à l’huissier et des hypothèses où on demande moins et cela peut plus ou
moins se comprendre en fonction des situations. Il y a des évolutions de la législation et de la
jurisprudence. La plupart de ces évolutions vont dans un sens de faire un peu moins dans la
recherche du destinataire. Derrière certaines d’entre elles, on fait moins en responsabilisant
le destinataire de l’acte (ex : art 659 – personne morale + JP sur la remise à une personne
présente au lieu pour la personne morale : on lui fait le reproche de ne pas s’être bien
organisé pour recevoir les actes)
Les obligations de l’huissier de justice, on a des modalités complémentaires (ex : lettre
simple/lettre recommandée). Et il y a aussi le fait de devoir d’indiquer dans l’acte les
recherches que l’huissier a faite. Cela permet au juge de contrôler l’accomplissement de
ces diligences et les mentions.
La CEDH est aussi attentive à cela : il faut qu’il ressorte du dossier de l’affaire des
documents justifiants les démarches accomplis pour trouver le destinataire (CEDH,
Dilipak).
On attend de lui qu’il décrive précisément ce qu’il a accompli comme recherche. Il ne peut
pas se satisfaire de mentions stéréotypées.
Exemple : « personne n’ayant pu ou voulu recevoir l’acte » -> pas assez précis sachant que
l’ado était bien présente. Est-ce qu’il a assez décrit la façon dont il a signifié l’acte ? si on
regarde la JP sur cette question, on s’aperçoit qu’on se contente tout de même d’assez peu
de choses.
- Pour une signification à personne on pourrait s’attendre à ce que l’huissier indique
les circonstances qui caractérisent l’impossibilité (ex : l’absence du destinataire) les
diligences pour trouver le destinataire MAIS NON, on se contente de la mention « la
signification à personne s’est avéré impossible » -> Cass, civ, 2ème, 27 avril 2000
- De plus, quand une personne est présente au domicile (dernière partie du cas) on
pourrait exiger soit l’indication que personne n’est au domicile soit si qq est présent
qu’elle est présente, son identité, les raisons qui font que la remise est impossible.
MAIS la JP se contente de la formule mentionnée dans le cas pratique -> Cass, civ,
2ème, 18 décembre 2003.
Donc la JP a relâché ses exigences sur ce point et elle a admis progressivement des
formules vagues qui figurent sur des préimprimés, il n’a qu’à cocher les mentions. Elle rend
la signification moins forte, moins défendable, nivellement de cet outils.
III) La réglementation des moyens de notification, en général
Déclin de la double voie postale : auparavant certains actes on ne procédait pas à une
signification mais on passait simplement par la lettre recommandée avec AR + une lettre
simple.
Avec les textes les plus récents, on a mis fin à cet double envoi postal (décret du 11 mars
2015).
Exemple : devant les tribunaux paritaires des baux ruraux : avant ct double voie postale.
CHAPITRE 2 : LES EFFETS DES NOTIFICATIONS
L’efficacité des notifications : on va s’intéresser à leur date d’efficacité, à leur point de
départ. On va procéder mode par mode de signification pcq la date des notifications change
selon le mode qu’on utilise.
Il faut faire un tour par le droit des contrats : pour les contrats entre absent : à distance,
aujourd’hui c’est à la réception de l’acceptation à l’offrant que le contrat prend effet. Cette
question a donné lieu à des discussions théoriques longues, et on s’est demandé quand le
contrat allait produire ses effets. : le contrat produit ses effets quand l’acceptation est
extériorisée ou lorsque l’acceptation est envoyée ou lorsque l’acceptation est reçue ou
lorsque le destinataire a connaissance de l’acceptation ? il y a eu des débats doctrinaux :
- La théorie de la déclaration = à compter du moment où l’acceptation est extériorisée
- Théorie de l’émission = au moment de l’envoie de l’acceptation
- Théorie de la réception = à la réception de la lettre d’acceptation
- Théorie de l’information = à la lecture de l’acceptation par l’offrant
Art 1121 du Code civil : le contrat est conclu dès que l’acceptation parvient à l’autre ->
théorie de la réception.
Le droit du procès civil n’a pas pris le choix de prendre une théorie. Spontanément, on
aurait pu penser que ct la date de la réception qu’il fallait prendre en cours : acte du procès,
acte réceptif = acte qui ne produit d’effet que lorsqu’il est notifié mais on se demande à
quelle moment de la notification il prend ses effets ? il ne veut pas se laisser enfermer dans
l’une des théories.
Cela a un inconvénient pcq il va falloir connaitre au cas par cas quelle date a été retenue.
Mais l’avantage c’est qu’on peut s’adapter aux différents modes de notifications. Donc
finalement c’est une bonne chose.
I) La signification
A) La signification sur support papier
Art 664-1 alinéa 1 du CPC « la date de signification d’un huissier de justice est celle du jour
où elle est faite à personne, à domicile, à résidence ou celle de l’établissement du PV ».
Négativement, par cette règle, on fait échapper l’effet de la signification à la volonté du
destinataire.
Positivement, en somme c’est lorsque l’huissier termine d’accomplir ses diligences
principales que l’acte va prendre son effet. Donc la date c’est celle à laquelle l’huissier n’a
plus de recherches à accomplir pour porter l’acte lui-même à la connaissance du
destinataire.
Vertu : l’avantage pour l’émetteur de l’acte c’est qu’on fait échapper la date de l’effet à la
volonté du destinataire.
Critique : il peut y avoir un décalage entre la dette d’effet et la rebelle connaissance. C’est le
cas avec l’article 659 du CPC : PV n’est pas directement remis à la personne et pourtant le
délai va courir. Certes la règle peut être sévère pour le destinataire mais cet article avec le
PV c’est après que l’huissier ait fait bcp de cherches. On a fait bcp en amont donc en aval,
on se soucie peu que le destinataire ait eu connaissance de l’acte pour faire produire ces
effets.
Cette démarche est formaliste : on a accompli des formalités, des recherches donc en aval
on fait produire les effets de l’acte.
Tout au plus, on peut penser que parfois la règle pourrait être plus protectrice pour le
justiciable notamment pour 659. On pourrait considérer que c’est à compter de la réception
de la lettre recommandée que l’effet de la signification commencerait à courir. Mais la JP
refuse :
- De faire produit un effet soit à la date d’envoi de la lettre simple en cas de
signification à domicile (Cass, civ, 2ème, 12 octobre 1994)
- Ni la réception de la lettre envoyée après le dépôt de l’acte à l’étude (Cass, civ, 2ème,
29 janvier 1976) et
- Refus de la prise en considération de la copie au destinataire après la mise en œuvre
de l’article 659 (Cass, civ, 2ème, 29 mai 1979).
Donc dès que l’huissier a fini les recherches, ses diligences, l’acte produit ses effets, l’envoi
postal ne relève pas de sa compétence donc on n’en tient pas compte.
B) La signification sur support électronique
Art 664-1 alinéa 2 du CPC « La date et l'heure de la signification par voie électronique sont
celles de l'envoi de l'acte à son destinataire ».
On prend donc en compte la date de l’envoie. Schématiquement, on donne notre accord à
la signification par voie électronique (certaines personnes n’ont pas accès à internet).
L’acte ensuite va être envoyé par l’huissier de justice sur un espace sécurisé que l’on appelle
« un coffre-fort électronique » et ensuite on sera averti par courrier électronique ordinaire
du dépôt de l’acte.
C’est donc à la date de l’envoie de cet acte sur l’espace sécurisé que l’acte va prendre son
effet.
Quand l’huissier fait sa dernière diligence, mettre sur l’espace sécurisé, que l’acte prend son
effet. Et le mail se fait à peu près automatiquement. Ici, l’huissier ne fait aucune recherche :
il cherche seulement l’adresse mail du destinataire mais la diff c’est qu’on a donné notre
accord donc il est de notre responsabilité d’aller sur notre compte sécurisé. Donc on est
sévère mais c’est justifié par l’accord donné.
Donc ce n’est plus pcq en amont l’huissier a fait bcp de recherches mais pcq en amont le
destinataire a donné son accord.
La voie électronique on ne peut pas l’imposer à tout le monde, mais quand on a son
autorisation, on le responsabilise.
Réseau Privé Virtuel Avocat : quand un acte est notifié à un avocat, tout passe par voie
électronique :on ne trouve pas directement la réponse dans le code. On a tout un titre relatif
à la communication par voie électronique et concerne notamment les patriciens mais les
dispositions n’indiquent pas en principe qu’elle devrait être la date précise d’une
notification faite par voie électronique. On ne trouve pas la réponse dans les arrêtés
techniques non plus.
On trouve une disposition : art 748-3 du CPC qui précise que « les envois, remises et
notifications, mentionnées à l’article 748-1 font l’objet d’un avis électronique de réception
adressé par le destinataire indiquent la date et le cas échéant l’heure de celle-ci  ». On a
l’impression qu’on est plutôt protecteur du destinataire. Or il faut faire attention au mot
« réception » qui a un sens particulier : quand considère-t-on qu’il y a réception du
destinataire ? et quand l’avis électronique va-t-il être envoyé précisément ?
Ce qu’on envoie par avis de réception c’est pas ce qu’on entend habituellement, l’avis de
réception est un avis envoyé automatiquement dès que le message arrive sur la boite mail
RPVA de l’avocat. Dès qu’il arrive sur la boite mail, qu’on l’ouvre ou pas, l’avis de réception
est envoyé (Cass, civ, 2ème, 21 janvier 2016).
On peut attendre raisonnablement de lui qu’il relève son courrier quotidiennement du fait
de sa profession et notamment les courriers importants. Mais il peut avoir bcp de messages
et il laisse passer un message mais c’est sa responsabilité professionnelle qui pourra être
engagée. La règle est très rude mais justifiée par sa profession.
II) La notification en la forme ordinaire
Elle peut prendre des formes extrêmement variées et pour certaines formes, il est très
simple de savoir quand l'acte doit produire ses effets. Lorsque la notification est faite par
remise émargement à la main, remise à la main : art 669 alinéa 2 du CPC indique que la
date de la remise est celle du récépissé ou de l’émargement.
Notification faite par lettre simple ou recommandée : art 668 du CPC « La date de la
notification par voie postale est, à l'égard de celui qui y procède, celle de l'expédition et, à
l'égard de celui à qui elle est faite, la date de la réception de la lettre » -> système de la
double date qui avait été emprunté au droit allemand.
Avant cette règle, les effets étaient produits à la date de présentation de la lettre
recommandée à l’égard des deux parties à la communication. Cela était logique au regard de
la signification : avant on appliquait la même logique pr le facteur que pour l’huissier = il a
fait tt les diligences qu’il avait à faire, l’acte produit son effet. Sauf que le facteur ne fait pas
les mêmes recherches que l’huissier de justice.
Les inconvénients de cette règle ancienne : c’est moins protecteur pour l’expéditeur.
Désormais, c’est la date d’envoi et il suffit de poster la lettre or ici, c’est tributoire des
grèves, et de tout ce qu’il peut se passer à la présentation et cela est donc moins protecteur.
A l’inverse, pour le destinataire, l’a règle était aussi sévère car l’acte produisait l’effet à la
présentation de la lettre peu importe l’absence du destinataire.
La double date a permis de régler ces deux difficultés = à compter de l’envoi pour
l’expéditeur, et pour le destinataire c’est quand il aura reçu, signé l’accusé de réception ->
plus de protection.
Qu’est-ce que la réception pour une lettre ? article 669 du CPC « La date de l'expédition
d'une notification faite par la voie postale est celle qui figure sur le cachet du bureau
d'émission.
La date de la remise est celle du récépissé ou de l'émargement.
La date de réception d'une notification faite par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception est celle qui est apposée par l'administration des postes lors de la remise de la
lettre à son destinataire »
La date pour une lettre simple : la réception est facile à déterminer : quand un acte va
produire ses effets, on ne doit pas passer par la lettre simple et on ne peut pas le faire, on
ne peut pas dater la réception.
Pr la lettre recommandée avec AR : date apposée par l’administration des postes lors de la
remise de la lettre à son destinataire mais quid lorsque la lettre est remise à une personne
présente au domicile et qui a le pouvoir de recevoir le courrier ? art 670 du CPC « La
notification est réputée faite à domicile ou à résidence lorsque l'avis de réception est signé
par une personne munie d'un pouvoir à cet effet » -> Cela ne prenait pas date avant mais cela
a posé des difficultés donc on a modifié les dates. Donc la date de la réception est la remise
de la lettre à une personne munie d’un pouvoir.
Est-ce qu’on prend parfois en compte aujourd’hui la datte de la présentation de la lettre
comme avant ? à priori, la règle générale n’est pas celle-ci, c’est à la réception de la lettre,
quand on signe l’accusé de réception et si on ne signe pas retour au greffe, art 670 du CPC :
le secrétaire du greffe invite la partie à procéder par voie de signification. On passera outre
la volonté du destinataire.
De plus en plus, on va prévoir des exceptions où l’effet va être produit à la présentation de
la lettre : dans la logique du procès civil, on va demander dans certaines hypothèses de
déclarer notre adresse, cette adresse on va l’utiliser pour notifier des actes, et même si la
lettre fait retour au greffe, on ne signifiera pas l’acte. Ce sera la date de présentation de la
lettre -> date pour les effets de l’acte.
Exemple : dans la procédure d’injonction de payer (art 1418 alinéa 7 du CPC « En cas de
retour au greffe de l'avis de réception non signé, la date de notification est, à l'égard du
destinataire, celle de la présentation et la notification est réputée faite à domicile ou à
résidence ») -> cela illustre la tendance à responsabilité le destinataire.
La règle est dangereuse pcq la règle selon laquelle l’effet est produit à la réception de la
lettre est entré dans les esprits et mêmes dans ceux des non-juristes. Donc on a cette idée et
ils n’ont pas conscience qu’il existe des exceptions de plus en plus nombreuses.
III) Les notifications internationales
Cette question est encore plus difficile à appréhender. Deux types de notifications
internationales :
- De la France vers l’étranger : le plus difficile
- De l’étranger vers la France
C’est la plus difficile pcq il est plus difficile de savoir comment localiser une personne qui
réside à l’étranger. On sait moins comment chercher.
Par ailleurs, difficulté la façon dont la notification va se dérouler une fois le territoire français
quitté, va bcp dépendre des lois en vigueur dans le pays étranger. Cette diversité de façon
dont la notification peut se terminer sur le territoire étranger complique la tâche du
législateur.
A) La date de notification internationale selon le droit interne
1) Droit antérieur 
La notification d’un acte à une personne à l’étranger peut se dvpt dans le temps. Elle offre,
une multitude de point auxquels on pourrait décider de lui faire produire effet.
Notification par voie consulaire : on va remettre l’acte au parquet en France, puis l’acte va
remonter jusqu’à la Chancellerie, puis au Ministère des affaires étrangères puis transmis à
l’ambassade de la France à l’étranger puis transmission par l’ambassade au destinataire. Cela
s’étend dans le temps, et on peut dater la notification à plein de temps différents.
A l’origine, on a fait les choses simplement : art 684 du CPC ancien : « la signification d’un
acte destinée à une personne domiciliée à l’étranger est faite au parquet »
En quoi cette disposition répond à la question de la date de la notification ? comme on parle
de signification faite au parquet, on considère que c’est si ct une signification de l’huissier au
parquet donc quand il aura terminé ses diligences. Il produira ses effets tant à l’égard du
destinataire qu’à l’égard de l’expéditeur -> solution injuste pcq on fait courir un délai alors
que le destinataire allait en avoir connaissance bien plus tard.
Délai de distance : la Cour de cass a pas vu pendant longtemps, art 643 du CPC « Lorsque la
demande est portée devant une juridiction qui a son siège en France métropolitaine, les
délais de comparution, d'appel, d'opposition,  2. Deux mois pour celles qui demeurent à
l'étranger ».
Cass, civ, 2ème, 30 avril 2003 : elle ne voit pas de difficulté dans l’article 684 ancien du CPC est
sans doute justifier pcq en l’espèce, le destinataire de l’acte n’avait pas été réactif. Toutefois,
dans les faits, il n’était pas rare, la partie reçoit tardivement l’acte sans avoir reçu la LRAR
alors que les délais de recours étaient expirés.
2) Droit positif 
Décret du 28 décembre 2005 qui a modifié cet article ancien : art 684 du CPC « La
signification d'un acte destiné à une personne domiciliée à l'étranger est faite au parquet » -
> on ne parle plus de signification au parquet.
Par ailleurs, l’article 647-1 a été créé « La date de notification, y compris lorsqu'elle doit être
faite dans un délai déterminé, d'un acte judiciaire ou extrajudiciaire en Polynésie française,
dans les îles Wallis et Futuna, en Nouvelle-Calédonie et dans les Terres australes et
antarctiques françaises ainsi qu'à l'étranger est, à l'égard de celui qui y procède, la date
d'expédition de l'acte par l'huissier de justice ou le greffe ou, à défaut, la date de réception
par le parquet compétent ». Donc cet article prévoit que pour celui qui expédie l’acte, on va
prendre en compte les démarches faites sur le territoire français. Avant tt les effets se
faisaient au parquet.
Mnt on fait la double date : pas la même pour le destinataire et l’expéditeur mais on avait
laissé en suspens la date pour le destinataire. On a laissé la question à la JP, cass, civ, 1ère,
23 juin 2011 : « la date de la signification d’un arrêt à l’adresse indiquée pour celui-ci selon
les modalités de la Convention de la Haye du 15 novembre 1965, est à l’égard de ce
destinataire celle à laquelle l’autorité étrangère compétente lui a remis l’acte ; que lorsque
cet acte n’a pu lui être remis la signification est réputée faite à la date à laquelle l’autorité
étrangère pouvait tenter d’y remettre l’acte ou lorsque cette date n’est pas connu, à celle à
laquelle l’autorité étrangère a avisé l’autorité française ».
Avec l’article 684 avant on considérait qu’elle se passait sur le territoire français : la remise
au parquet alors que ici, on prend en compte l’ensemble du cheminement. Il y a des étapes
après le parquet et on prend en compte pour dater la signification.
Donc sorte de souplesse dans la datation de la notification. Cela fait échos à la grande
diversité de façon dont la notification peut se terminer dans les pays étrangers. Cela
rapproche la date d’effet pour le destinataire à la datte où il a pu en prendre connaissance.
Cela est entré dans le CPC à l’article 687-2 par un décret du 3 mai 2019. On ne revient plus
jamais à l’idée que la date pourrait être celle de la remise au parquet.
B) La date de notification internationale selon les instruments internationaux
On a des instruments internationaux comme la Conv de la Haye du 15 novembre 1965 et qui
concerne les notifications internationale. Pour décider de la date de la notification
internationale, il est très difficile pcq non seulement il y a plusieurs étapes mais en plus il
faudrait trouver un accord avec tous les pays signataires. Or, on a une très grande diversité
de solutions adoptées selon les Etats.
Pr cette raison, les rédacteurs de la convention, ont botté en touche. Ils n’ont pas adopté
une règle matérielle prévoyant une date à retenir lorsqu’une notification ait faite à
l’international. ils ont préféré faire jouer une simple règle de conflit = qui se contente de
désigner le droit applicable en vertu duquel la signification va produire ses effets.
Lorsqu’il y a une notification internationale en cause dans un procès, la question va relever
du droit du fort selon la règle classique pour les questions de procédure en droit
international.
Exemple : pour un procès en France c’est la loi du juge saisi à laquelle on se référera pour
dater la notification. Autrement dit, pour un procès en France, pour dater les notifications
internationale on va prendre la règle de l’article 684 actuel qu’on a vu juste au-dessus.
Si le procès se déroule, la date des notifications internationales sera différente. A cet égard,
ce n’est que le droit européen qui adopte une solution différente : art 13 du règlement
européen du 25 novembre 2020 : « 1. La date de la signification ou de la notification est
celle à laquelle l’acte a été notifié ou signifié conformément au droit de l’EM requis.
2. Toutefois, lorsque le droit d’un EM exige qu’un acte soit signifié ou notifié dans un délai
déterminé, la date à prendre en considération à l’égard du requérant, est celle fixé par le
droit de cet EM » -> cela signifie, que la date de notification dépendra du droit de l’Etat
requis donc du droit de l’Etat sur le territoire duquel la notification se termine et plus le
droit du for donc de l’état français.
Exemple : procès en France, notification en Allemagne, on prendra le droit allemand donc le
juge français devra aller voir le droit allemand -> rend la situation complexe.
2 : On adopte le système de la double date : on réserve parfois un sort particulier à
l’expéditeur et on va prendre à cet égard le droit du for. Donc droit requis pour le
destinataire et droit du for pr l’expéditeur.
Une autre solution aurait été de prendre une date commune au sein de l’UE. Un mode de
notification commun pour les EM : créer un huissier de justice européen par exemple mais
on ne s’est pas orienté vers cette voie.
Conclusion : On voit qu’un mvt commence à se dessiner :
- Pr les significations, on a toujours la même logique : en passant des effets à la
présentation et en allant vers la double date on s’est montré plus favorable au
destinataire
- Or les notifications internationales : on protège d’avantage le destinataire alors qu’au
départ on avait une solution très injuste
CHAPITRE 3 : L’OFFICE DU JUGE EN CAS D’ECHEC D’UNE
NOTIFICATION/PROCEDURE PAR DEFAUT
Qu’est ce qu’une procédure par défaut ? procédure dans laquelle le défendeur/demandeur
ne s’est pas présenté à l’audience. L’une des parties ne comparait pas, mais ça veut dire quoi
comparaitre ? lorsque la représentation est obligatoire, comparaitre s’est constitué avocat
même si nous même on est pas devant le juge. Pour les procédures sans représentation
obligatoire, comparaitre c’est se présenter en personne devant le juge.
Est-ce que le demandeur peut faire défaut dans une procédure avec représentation
obligatoire? Le demandeur doit nécessairement constituer avocat donc normalement, il ne
peut pas faire défaut.
En revanche, dans les procédures sans représentation obligatoire, on peut concevoir qu’il
fasse défaut.
Pourquoi est ce qu’on parle de la procédure par défaut alors que le séminaire porte sur la
notification des actes ? si la procédure par défaut obéit à des règles particulières c’est en
raison de la faillibilité des modes de notification, on ne peut jamais être sur que le
défendeur notamment a été informé du procès.
On voit les conséquences de la citation de la justice à l’échelle de l’entièreté du procès. Cela
peut avoir des csq pour le demandeur : s’il ne se présente pas à l’audience, on va douter
qu’il a reçu la citation, art 468 du CPC « dans cette hypothèse, le défendeur, pourra requérir
un jugement sur le fond, mais le juge pourra renvoyer l’affaire à une audience ultérieure,
quitte à procéder à une nouvelle notification, voir le juge pourra déclarer la citation
caduque ». Dans ce cas, l’instance sera éteinte. Cela arrive plus rarement pcq c’est lui qui
initie le procès.
En revanche, pour le défendeur c’est différent, et s’il fait défaut, on veut le protéger. Cette
protection résulte d’un doute : est ce qu’il a vraiment été cité en justice ? est ce qu’il a bien
reçu la citation en justice ? il ignore peut être qu’il a été cité en justice. Il faut trouver un
équilibre entre le soucis d’empêcher le défendeur de ralentir le procès et dans le même
temps, il faut le protéger. Il ne serait pas concevable de ne pas protéger le défendeur
défaillant car sinon risque de toucher ses droits de la défense qui impliquent de permettre
la comparution du défendeur selon Motulsky. Il prenait l’exemple du relevé de forclusion =
on tarde à exercer un recours mais cela est justifié donc on va relever du temps.
De plus, la CEDH n’admettrait pas qu’on ne protège pas le défendeur. La Cour européenne
traite cette question de la comparution du défendeur de façon autonome, sans la rattacher
explicitement à l’une des garanties du procès équitable. Elle consacre un droit pour les
parties « de prendre part au procès ». Cette garantie spéciale, ce droit de participer à son
procès, est une garantie non expressément connu par l’article 6§1 et elle a d’abord été
reconnue ne matière pénale.
Dilipak et Karakaya, 2014 : elle a transposé cela dans le procès civil « les principes du
contradictoire et de l’égalité des armes ne se conçoivent guère sans la participation des
parties au procès ».
Pour permettre cette participation au procès, on va voir qu’en droit français et de longue
date, on a modifié les règles ordinaires du procès pour tenir compte de l’absence d’une des
parties et spécialement du défendeur.
I) L’adaptation de l’office du juge
Quand le juge se trouve confronter à un défaut du défendeur, cela pourra être de faire à
nouveau connaitre la citation en justice. Et pour cela il a les pouvoirs.
Exemple : dans les dispositions communes du droit de signification : art 662 du CPC qui
évoque le cas où l’article 659 du CPC a été utilisé (PV de recherches infructueuses) : le juge
peut prescrire tt diligences supp s’il est établi que le destinataire n’a pas été avisé de ce PV.
En pratique, il ne fait pas ce genre de choses.
On a aussi l’article 471 du CPC : disposition propre à la procédure par défaut « le défendeur
qui ne comparait pas peut à l’initiative du demandeur ou sur décision prise d’office par le
juge, être à nouveau inviter à comparaitre si la citation n’a pas été délivrée à personne ». On
vise le défendeur défaillant et pcq la situation est plus grave, la nouvelle citation va pouvoir
intervenir dès que la citation n’a pas été faite à personne.
Toutefois, en dépit de ces efforts, il se peut que le défendeur ne comparaisse toujours pas
et le procès doit bien continuer pcq on ne peut pas permettre que par son seul défaut, une
partie bloque le cours de la justice. Cette idée existait mais dans l’Antiquité : parfois,
l’absence du défendeur empêchait la tenue du procès mais aujourd’hui, il doit continuer. La
protection va pouvoir avoir lieu par l’office du juge. Le législateur et la JP vont modifier la
fonction juridictionnelle, la façon dont il doit dire le droit en l’absence du défendeur.
Quel est l’office ordinaire du juge quant à la question de savoir s’il peut relever d’office des
moyens de droit ? Cass, Dauvin, 21 décembre 2007 : pas d’obligation pr le juge de relever
d’office un moyen de droit, c’est une faculté sauf exceptions.
En quoi on peut modifier cet office pour que le défendeur soit protégé ? en rendant plus
souvent obligatoire le relevé d’office. Le juge devrait soulever à sa place des moyens de
droit de sorte qu’il soit protégé. Mais inversement, un législateur pr dissuader le défaut
pourrait interdire généralement le relevé d’office.
Ou se situe-t-on en droit français entre obligation et interdiction générale ? article 472 du
CPC : « Si le défendeur ne comparaît pas, il est néanmoins statué sur le fond. Le juge ne fait
droit à la demande que dans la mesure où il l'estime régulière, recevable et bien fondée » 
Sur l’interprétation de cet alinéa 2, on trouve dans l’ouvrage de Cornu et Foyer « en
l’absence de contradicteur, l’office du juge supplée à la contradiction » -> ce qui veut tout et
rien dire et on peut se demander ce qu’il veut dire : est ce que cela veut dire qu’il va avoir un
rôle plus actif ou que son rôle est suffisant pour suppléer la contradiction ?
Cet office spécial est diversement apprécié en doctrine. Pour certains auteurs, en vertu de
cette disposition, la cause du défendeur devrait être normalement examinée. Tandis que
pour d’autres auteurs, Philipe Théry, l’office du juge parait plus important lorsque le
défendeur est absent, il faudrait porter une attention plus soutenue à son affaire.
On observe une tendance des juges du fond à se montrer très sévère : pcq il est pas là, il a
tord donc à statuer contre lui.
A) Le renforcement des pouvoirs du juge
Le juge va avoir plus de pouvoirs quand le défendeur est défaillant. Le juge a une possibilité
ordinairement et en cas de défaut du défendeur, va-t-il avoir plus de possibilités ? dans un
procès ordinaire, il y a des interdits et on se demande si ces choses vont être possible
lorsque le défendeur est défaillant.
En droit commun, on a des interdictions de faire certaines choses : ce sont des prérogatives
qui appartiennent aux parties. Notamment seules, les parties peuvent parfois relever des
moyens de droit. Il y a des moyens de droit que le juge a l’interdiction de relever d’office.
Même s’il le voit nettement, il ne peut rien faire (ex : la prescription, art 2247 du CPC : si le
juge voit que l’action est prescrite, il ne peut rien faire).
Est-ce que ce type d’interdiction peut être levée lorsque le défendeur n’est pas là ? la lecture
de l’article 472 ne nous permet pas de savoir clairement.
- La possibilité de le faire : il y a un mot qui laisse entendre qu’il pourrait le faire « le
juge a la possibilité de le faire s’il estime », le juge a une latitude pour estimer si la
demande est recevable. Le mot « estimer » montre que le juge a plus de liberté
lorsque le défendeur fait défaut. Toutefois, l’indice est un peu faible et cela
n’apporte pas de réponse nette à la question. 
- La JP considère de façon constante que le juge ne peut pas relever d’office le moyen
de l’écoulement de la prescription même lorsque le défendeur fait défaut (Cass, civ,
1ère, 6 mars 2007 : action en contestation de filiation paternelle légitime, en dépit de
ce que le défendeur ne ct pas présentait, le juge ne pourrait pas relever d’office la
prescription).
Par ailleurs, initialement, on distinguait du pdv des pouvoirs du juge de relever d’office : les
moyens d’office d’ordre public de direction et de protection. Si direction, le juge devait
parfois le relever d’office mais si ordre public de protection, le juge ne pouvait pas les
relever d’office. La règle était la même si le défendeur était absent. Cette distinction
n’existe plus aujourd’hui.
La JP n’admet pas le renforcement des pouvoirs du juge alors que le législateur lui le fait
parfois notamment en matière de compétence : Art 92 du CPC : « l’incompétence peut être
prononcée d’office en cas de violation d’une règle de compétence d’attribution lorsque cette
règle est d’ordre public ou lorsque le défendeur ne comparait pas » L’absence du défendeur
va faire que le juge a plus de pouvoir.
De plus, en matière gracieuse, le juge peut relever d’office son incompétence territoriale. Il
ne le peut en matière contentieuse que dans les litiges relatifs à l’état des personnes, dans
les cas où la loi attribue compétence exclusive à une autre juridiction, ou si le défendeur ne
comparait pas.
Si on a précisé un renforcement du juge, c’est qu’il ne résulte pas de l’article 472. On a mis
en place ces règles pour éviter les prorogations de compétence. On ne peut pas laisser faire
qu’une juridiction normalement incompétente le soit. Avant que ces règles existent, le juge
était embêté lorsqu’il était saisi par un demandeur sur le fondement d’une clause illicite
prévoyant une compétence qui n’était pas la sienne lorsque le défendeur faisait défaut. On
peut craindre que saisir une juridiction incompétence dissuade le défendeur de
comparaitre. L’irrégularité peut être la cause de lé défaillance du défendeur, donc on a
obligé les juges à pouvoir relever d’office leur incompétence.
B) Le renforcement des devoirs du juge
Lorsqu’une instance se déroule ordinairement, il pèse sur le juge certaines obligations et
elles ne cessent pas lorsque le défendeur fait défaut. On ne va pas considérer pour punir le
défendeur que le juge ne peut plus faire ce qu’il devait faire.
Exemple : les exceptions de nullité fondés sur vices de fond doit être relever d’office
lorsqu’elles sont d’ordre public + certaines fin de non-recevoir d’ordre public.
Est-ce qu’il a des choses que le juge ne peut pas faire ordinairement, ou qu’il peut faire, et
qu’il doit faire lorsque le défendeur fait défaut ? oui parfois l’office du juge est renforcé.
Dans la JP on observe un renforcement du contrôle du juge s’agissant de la régularité
formelle de la procédure : la règle ordinaire, c’est que le juge ne peut pas relever d’office la
nullité d’un acte même entaché gravement d’un vice de forme. C’est pour cela que pr
contourner cette interdiction, on invoquer l’inexistence (dans le procès civil, l’inexistence
n’existe plus donc en théorie, le juge ne peut rien faire). C’est une application d’un principe
général selon lequel il appartiendrait à chaque partie de faire respecter les règles de
procédure enfreintes à son encontre. On l’assoit à l’exigence d’un grief = il faut subir un grief
pour invoquer la nullité et le juge n’en a pas.
Lorsque le défendeur fait défaut, cela pose une difficulté : il n’est pas là, donc il ne peut pas
relever d’office ce moyen de droit. Pourquoi est ce que cela serait plus grave d’obliger le juge
à rester inactif ? l’irrégularité de forme peut être la cause de l’absence du défendeur =
irrégularité tenant aux mentions se trouvant sur la citation en justice. On peut imaginer que
les diligences n’ont pas été suffisamment faites et cela a causé l’absence du défendeur.
Au regard de l’article 472 du CPC, on peut penser que « s’il estime régulière » = il aurait la
possibilité de le relever d’office mais surement pas une obligation.
Les auteurs soulignent qu’en cas de défaut du défendeur, le juge est tenu de regarder
d’office la régularité de la citation : savoir sa régularité formelle, la validité de sa notification
et le respect du délai de comparution. La JP considère que le respect du délai de
comparution (vice de forme), doit être contrôlé d’office par le juge lorsque le défendeur est
défaillant (Cass, civ, 2ème, 30 juin 1977).
En revanche, difficulté : le défendeur est défaillant et le juge s’aperçoit en examinant la
citation qu’elle a été irrégulièrement notifiée. Il ne peut pas relever d’office cette
irrégularité donc que faire ? le juge n’avait « pas le pouvoir de relever d’office l’exception de
procédure tirée de l’insuffisance des investigations portée par l’huissier de justice dans son
acte alors même que le défendeur était défaillant » (Cass, civ, 2ème, 20 mars 2003).
Récemment la JP a évolué, Arrêt du 1er octobre 2020 : situation comparable, en l’espèce
affaire remonte jusqu’à la cour de cass, CA de renvoi désigné et on va citer un intimé devant
la CA de renvoi. Citation faite à domicile et l’intimé ne comparait pas. Constatant ce défaut,
la CA renvoi condamne l’intimé défaillant mais elle omet de vérifier l’acte de signification de
la citation qui comportait l’indication des diligences de l’huissier de justice (même chose que
2003). La cour de cass ne va plus invoquer l’impossibilité de relever d’office l’irrégularité
pour vice de forme mais elle va reprocher de ne pas avoir vérifier que la citation avait été
correctement délivrée. Elle va aller plus loin en affirmant qu’à défaut pour l’acte de satisfaire
à ces exigences, le juge ordonne une nouvelle citation à la partie défaillante.
Décision novatrice : rendu au visa de l’article 471 du CPC qui ne prévoit pas du tout ce que
dire la Cour de cass : il ne prévoit qu’une possibilité offerte au juge de citer à nouveau
lorsque le défendeur ne comparait pas et que la citation n’a pas été délivrée à personne. La
Cour de cass dépasse cette lettre et prévoit la possibilité de citer à nouveau le défendeur
en cas d’irrégularité de la citation.
Il le fait notamment grâce au visa de l’article 6§1 de la CEDH : elle voit bien le risque que
faisait courir son ancienne JP. On ne va pas autoriser d’annuler l’acte d’office mais de
contrôler l’acte et si irrégulier, on cite à nouveau.
Elle protège le défendeur défaillant mais sur le plan des principes on se demande si elle ne
peut pas aller plus loin et autorise le juge à relever d’office.
II) L’adaptation des voies de recours
Un législateur pourra vouloir reprocher son défaut au défaillant et fermes toutes les voies
de recours à ce dernier. C’est une sanction qu’on a pu connaitre par le passé.
A l’inverse, on peut être plus protecteur avec le défendeur défaillant qu’avec les parties
ordinaires : créer une voie de recours spécialement pour lui. Et c’est ce qu’on fait
aujourd’hui : jugement par défaut qui ouvre l’opposition.
Art 473 du CPC : « Lorsque le défendeur ne comparaît pas, le jugement est rendu par défaut
si la décision est en dernier ressort et si la citation n'a pas été délivrée à personne.
Le jugement est réputé contradictoire lorsque la décision est susceptible d'appel ou lorsque la
citation a été délivrée à la personne du défendeur » -> On ferme l’opposition si l’appel est
ouvert (même si cela prive le droit à un double degré de juridiction -> pas un droit absolu).
Le système qui existe actuellement en droit français, on peut penser qu’il est pas
manifestement contraire aux droits fondamentaux du procès protégées par la CEDH. Arrêt
CEDH, Dilipak et Karakaya « un déni de justice est constitué lorsqu’un individu est condamné
en son absence ne peut obtenir ultérieurement qu’une juridiction statue à nouveau après
l’avoir entendu. Ce déni de justice n’est constitué que lorsqu’il n’est pas établi que l’individu à
renoncer à son droit de comparaitre et de se défendre ou qu’il a eu l’intention de se
soustraire à la justice ». On peut penser qu’une notification faite à personne suivant d’une
absence de réaction du défendeur serait susceptible de caractériser pour la CEDH, soit la
renonciation du défendeur à son droit à se défendre, soit son intention de se soustraire à la
justice.
A) Le défaut du défendeur en cas de pluralité de défendeurs
Dans les faits, cela est bcp plus que l’archétype : 1 demandeur/1 défendeur. Cette pluralité
va toujours poser des questions, des difficultés. La question qui se pose dans notre cas : s’il y
a plusieurs défendeurs, quid si l’un des défendeurs est défaillant, que la décision n’est pas
susceptible d’appel et qu’il n’a pas été cité à personne ? est ce qu’on doit lui reconnaitre à lui
la faculté de former opposition alors que els autres n’ont pas accès à cette voie de recours ?
évolution du droit positif en la matière.
Initialement : il fallait se reporter à l’article 474 alinéa 2 ancien du CPC qui précisait la chose
suivante « si la décision requise n’est pas susceptible d’appel, les parties défaillantes qui
n’ont pas été citées à personne doivent être citées à nouveau. Le jugement rendu après
nouvelle citation est réputé contradictoire à l’égard de tous dès lors que l’un des défendeurs
comparait ou a été cité à personne sur la 1 ère ou 2ème citation ; dans le cas contraire, le
jugement est rendu par défaut ».
Cet article montre la logique qui était celle du CPC originairement : plutôt que de dire très
bien il pourra former opposition contre le jugement rendu, on va dire citons le à nouveau.
Fournissons des efforts en amont et si après cette nouvelle citation, il fait toujours défaut,
le jugement pourra être réputé contradictoire à son égard dès lors qu’un autre défendeur
aura comparu ou aura seulement été cité à personne. On fait donc des efforts mais après
tant pis pour lui. L’opposition lui sera donc fermée.
Cela était contestable. On voulait éviter que des décisions différentes soient rendues sur une
même question. On voulait éviter que les défendeurs comparants en première instance
aient une décision et que le défendeur défaillant ait une décision contraire. Pr cela, on
sacrifie les intérêts du défendeur défaillant.
Droit positif : cela a été changé par le décret du 28 décembre 2005 : cette réforme est
caractéristique du changement de vision du droit français sur ces questions. Avec cette
réforme, on va cesser d'exiger que dans cette hypothèse le défendeur défaillant soit cité à
nouveau. On va compenser cette absence de citation, par un surcroit de protection en aval.
Aujourd’hui lorsque la décision n’est pas susceptible d’appel et que l’une des parties qui n’a
pas comparu n’a pas été citée à personne, le jugement sera rendu par défaut . L’opposition
sera donc possible.
Pour autant, la lettre est particulièrement large, la JP est venue la nuancer un peu car à lire
cette dispo, on voit que le jugement sera qualifié par défaut à l’égard de tous même ceux
cités à personne donc tous pourraient former opposition -> la JP allait dans ce sens dans un
premier temps (Cass, com, 15 juin 2010).
Ensuite, elle a adopté une solution plus restrictive : seule la partie qui n’a pas été citée à
personne pourra former opposition (Cass, 2ème, 4 septembre 2014). Les autres défendeurs
comparants ne pourront pas former opposition.
B) Le relevé de la forclusion
Le relevé de forclusion permet « d’être relevé du temps » -> on forme un recours hors délai
et exceptionnellement il pourra être recevable si on bénéficie d’un relevé de forclusion et
cela existe en cas de défaillance du défendeur.
Art 540 du CPC : « Si le jugement a été rendu par défaut ou s'il est réputé contradictoire, le
juge a la faculté de relever le défendeur de la forclusion résultant de l'expiration du délai si le
défendeur, sans qu'il y ait eu faute de sa part, n'a pas eu connaissance du jugement en
temps utile pour exercer son recours, ou s'il s'est trouvé dans l'impossibilité d'agir » ->
protection qui ne se limite pas au défendeur défaillant contre lequel aurait été rendu une
décision par défaut : elle va bénéficier à tout défendeur défaillant (qu’il ait opposition ou
appel).
Etant donné que son absence fait douter qu’il ait eu connaissance de la citation en justice,
on va certes faire courir le délai de recours à compter de la notification du jugement mais en
prévoyant une sous pape : de la même manière qu’il a peut être ignorer la citation en
justice, il pourrait ignorer la citation du jugement (qui sera fait à la même adresse, même
lieu). Mais jusqu’à quand peut-on autoriser le défendeur à former son recours ? le droit a
évolué :
- Initialement : peu protecteur, on prévoyait à l’alinéa 3 ancien « la demande relevé de
forclusion n’est recevable que si elle est formée dans un délai raisonnable à partir du
moment où le défendeur a eu connaissance de la décision, sans jamais pouvoir l’être
plus qu’1 an après la notification de celle-ci » -> sorte de délai butoir.
L’existence de cette limite temporelle se conçoit assez facilement pcq il se peut que le
défendeur n’ait connaissance que très tardivement et avec ce délai butoir on évite la
situation où il en a connaissance 3 ans après et qu’il forme un recours.
Mais aussi des inconvénients : il se peut, sans mauvaise foi de sa part, qu’il ait connaissance
plus d’1 an après son prononcé et dans ce cas, on lui empêche d’exercer un recours contre
la décision rendue.
- Droit positif : réforme par le décret du 28 décembre 2005 : alinéa 3 « La demande
est recevable jusqu'à l'expiration d'un délai de deux mois suivant le premier acte
signifié à personne ou, à défaut, suivant la première mesure d'exécution ayant pour
effet de rendre indisponibles en tout ou partie les biens du débiteur » -> protection du
défendeur pcq soit le délai pr former la demande va commencer à courir du premier
acte signifié à personne soit à la première mesure d’exécution ayant pour effet de
rendre indisponible toute ou partie du débiteur -> l’idée est que le défendeur
défaillant sera alerté par cette indisponibilité, il va en chercher la cause et il
apprendra qu’une décision a été rendue contre lui.
Conclusion : A travers, l’évolution générale de la procédure, on voit un mvt qui est de
regarder ce qu’il se passe après la notification. On veut protéger d’avantage le destinataire
de l’acte. On veut protéger les droits fondamentaux du destinataire et cela a fait évolué le
droit positif. Cela explique que le droit soit moins formaliste.
Exemple : on ne se contente plus de dire qu’on a cité deux fois le défendeur défaillant et
tant pis s’il ne comparait pas. De la même façon, on ne se dit plus qu’après tout, il y a eu
signification faite au parquet et donc les délais peuvent courir.
CHAPITRE 4 : LA SANCTION DE L’IRREGULARITE DES NOTIFICATIONS
On se situe après la notification et elle est irrégulière et on se demande si on va la
sanctionner ou pas. Il y a des irrégularités qui peuvent ne pas causer un grief et non pas de
nullité sans grief + pas de nullité sans texte (art 114 du CPC).
Article 694 du CPC : la nullité des notifications est régie par celle qui gouverne les actes de
procédure.
Dès lors si un texte prévoit une règle de nullité, il pourra emporter la nullité si le destinataire
a un grief à faire valoir.
Concrètement, dans quel cas un destinataire n’aura pas de grief à faire valoir ? S’il a eu
connaissance de l’acte notifié, irrégularités de formes…
I) La violation d’une modalité de notification
Cela veut dire qu’en somme les moins importantes des règles de notifications ont été
violées. Il y a une altération sur la façon dont l’acte devait être porté à la connaissance.
Une étape n’a pas été respecté (ex : l’huissier devait accomplir certaines recherches et il en a
omis certaines, une lettre avec AR devait envoyer et une lettre simple a été envoyée).
Ce ne sont pas les plus graves mais parfois elles le sont : article 659 du CPC -> si pas de
résidence, pas de présence ect, si l’huissier oublie les recherches et la lettre simple cela peut
avoir pour csq une non-connaissance de l’acte.
Dans toutes ces hypothèses, il se pourrait que le destinataire ait quand même connaissance
de l’acte et on en a la certitude.
Exemple : il s’est présenté, il a comparu -> on sait qu’il a eu connaissance de l’acte.
A) Avant le nouveau CPC
Pendant longtemps, le droit du procès civil a été marqué par une assez grande automaticité
des sanctions. Elles étaient appliquées automatiquement, on ne se demandait pas s’il y avait
un grief. Japiot avait dégagé un principe de l’application automatique de sanctions dans le
procès civil.
Cela était une réaction à l’ancien droit qui était plus permissif dans le sens où il connaissait
le système des nullités dites comminatoires : le juge était libre de prononcer la nullité d’un
acte ou pas.
Avec l’ordonnance de 1667 (Code Louis) on a institué un système radicalement différent
fondé sur la règle « pas de nullité sans texte ». Selon cette règle, il revenait au législateur de
déterminer les nullités devant être sanctionnées par la nullité et le juge était privé de toute
liberté.
On reprend cette logique dans l’ancien CPC et on a affirmé le caractère péremptoire de la
nullité. Dans la première moitié du 20ème siècle, on va porter un correctif à ce système très
automatique : en substance, ce correctif va consister à prendre en considération le grief
causé par l’irrégularité. C’est le législateur qui va consacré cette exigence même si en JP on
en voyait déjà un peu le début -> loi du 12 janvier 1933 qui précise notamment en matière
de signification des exploits d’ajournement notamment que la nullité ne pourra être
prononcée que lorsqu’elle aura eu pour effet de porter atteinte aux intérêts de la défense
(on retrouve l’idée de l’exigence d’un grief).
Décret-loi du 30 octobre 1935 : on va étendre la règle à tous les actes du procès civil ->
aucune nullité d’exploit ou acte de procédure ne pourra être admise que si on pourra
justifier qu’elle nuit aux intérêts de la partie adverse.
On a l’exemple de résistance des juges du fond et même la Cour de cass : la JP va avoir
recours à la notion de formalités substantielles (formule inventée par Glasson et Tissier)
Cela permet d’éviter une application trop automatique de la règle « pas de nullité sans
texte ». Certaines formalités étaient très importants, si bien que leur violation devait
conduire à l’annulation de l’acte même si le législateur ne l’avait pas prévu.
La Cour de cass va utiliser cela pr que l’acte soit annulé sans qu’on s’intéresse à l’existence
d’un grief. L’acte doit être sanctionné même si le destinataire n’a pas soulevé le grief. Elle va
l’utiliser largement si bien que le texte ne va pas bcp s’appliquer.
La Cour de cass a jugé que l’essentielle des irrégularités pouvant affectées la notification des
actes ne nécessitent pas la démonstration d’un grief.
Ces travers et avantages de l’automaticité de la sanction étaient posées et deux écoles :
- L’une défendant une indifférence à la notion de grief : Hébraud : il faut sanctionner
même sans grief : il faudrait ne pas prévoir une règle de forme, il faut avoir une
vision plus large de la procédure, faire le tri entre les formalités inutiles (on les supp)
et celles qui sont utiles qu’on sanctionne directement. Cela a eu un écho auprès de
Cornu et Foyer qui dans leur première édition de leur manuel, avant le CPC
s’interrogeait sur la JP qui avait résistait aux législateurs.
Dans le prolongement se trouve l’idée de l’effectivité de la règle de droit qui renvoie à ce
qu’on a évoqué plus haut. Hébraud soulève que l’automaticité est un moyen très efficace de
maintenir une pratique correcte et parfois d’éviter les irrégularités elle-même.
C’est sur le sérieux des recherches faites en amont que reposent bcp de règles du
législateur donc quand on affaiblit la notification en ne sanctionnant par une irrégularité, on
refuse la sanction d’une règle dont dépend toute une série d’autres règles. On ne fait pas
que relâcher la sanction de ces règles mais on affaiblit la logique du système.
- L’autre défend l’existence d’un grief : Solus Perrot : le premier argument soulevé
c’est que théoriquement, sanctionner automatiquement des règles de forme c’est
accordé trop importance à la forme au détriment de l’objectif qu’elle poursuit et
peut avoir été atteint. De plus il souligne les abus auxquels peuvent conduire
l’automaticité de la sanction à savoir que la conception légaliste pouvait avoir pour
effet de favoriser la vision de Chicane.
Motulsky était pour l’exigence d’un grief et critique l’automaticité de la sanction.
B) Après le nouveau CPC
Motulsky l’a remporté : pas de nullité sans grief, le législateur a voulu brisé la JP des juges
du fond et de la Cour de cass relative aux formalités substantielles. De notre point de vue, le
législateur a voulu l’appliquer à la notification (art 694 du CPC).
Or, tout ce qui concerne les formalités de la notification ce sont des règles de forme. A la
suite du nouveau CPC, cette règle a été majoritairement respectée par les juges du fond et
de la Cour de cass.
Exemple : la partie à laquelle un acte est adressé devait faire valoir un grief si elle estimait
que l’huissier de justice n’avait pas fait assez de diligence pr lui remettre l’acte (Cass, civ,
2ème, 16 juillet 1982).
Même règle pour l’article 659 du CPC : Cass, soc, 22 juillet 1986.
De même, l’exigence d’un grief même lorsque au terme de ces recherches, l’huissier a
notifié l’acte dans un lieu autre que celui prévu par la loi (Cass, civ, 2ème, 13 mai 1981).
Il existait encore en jurisprudence des petites résistances, des hypothèses marginales dans
lesquelles on sanctionnait automatiquement. Encore aujourd’hui, ces voies de traverses
sont empruntées :
- On passait sous silence l’exigence d’un grief et sanctionner l’irrégularité : il ne
prenait même pas la peine de passer par un autre mécanisme ou quoi (Cass, civ, 22
novembre 1984).
- On tentait de sanctionner des irrégularités pour vice de formes en passant par les
irrégularités pour vice de fond pcq la règle pas de nullité sans grief ne vaut pas pour
les irrégularités de fond : les irrégularités de fond sont listés par le CPC
limitativement et les juges s’en servent pr sanctionner des règles de forme qui
étaient liées à l’organisation judiciaire
Exemple : sanctionner les notifications réalisées par un huissier de justice territorialement
incompétent. On disait que l’acte de procédure était entachée d’un défaut de pouvoir et de
capacité en la personne de l’auxiliaire de justice qui l’avait accompli. Mais le pb c’est que
l’article 117 alinéa 3 du CPC prévoit que certes le défaut de capacité ou de pouvoir constitue
une irrégularité de fond mais pr une personne assurant la représentation d’une partie en
justice alors que l’huissier de justice ne représente pas le plaideur. Donc l’exploitation de
l’article 117 est discutable.
- La fraude : dans des arrêts, la Cour de cass a laissé entendre qu’en cas de fraude, et
notamment de l’émetteur de l’acte, il n’y a pas à se demander si le destinataire a
souffert d’un grief. C’est l’hypothèse de l’expéditeur de l’acte qui fait adressé un acte
en un lieu où il sait que ne réside pas le destinataire et il fait ça pour le provoquer.
Cass, civ, 2ème, 21 décembre 2000 : La cour de cass annule la notification et ne prend pas en
compte le grief mais seulement la mauvaise foi de l’expéditeur qui suffit à annuler l’acte.
- Cass, civ, 2ème, 9 décembre 1997 : la notion d’inexistence : une irrégularité
particulièrement grave a été commis et on ne concevrait pas qu’elle ne soit pas
sanctionnée. On parle alors d’inexistence de l’acte et on parle d’inexistence
juridique qui désigne les cas dans lesquels l’acte a fait l’objet d’un début
d’accomplissement, il y a bien eu qq chose (existence matérielle) mais est demeuré
dans un état gravement imparfait.
Cette référence à l’inexistence a régressé dans le temps. Normalement, il n’existe plus en
procédure civile (Ch mixte, 7 juillet 2006 « qq soit la gravité des irrégularités alléguées, seule
affecte la validité d’un acte de procédure soit les vices de formes faisant grief soit les
irrégularités de fond limitativement énumérées à l’article 117 du CPC » -> fin de l’inexistence
et au-delà la fin de tous les détours qu’on pouvait emprunter auparavant pour faire
prononcer la nullité d’acte pour nullité de forme alors qu’il n’y a pas de grief). Arrêt à
connaitre.
Effectivement, tous les détours ont été moins empruntés par la JP et notamment par la Cour
de cass. Ainsi, depuis cet arrêt a pu sanctionner des juges du fond pour avoir affirmé qu’une
irrégularité posait nécessairement un grief (Cass, civ, 2ème, 20 octobre 2011).
De la même façon, l’incompétence territoriale de l’HJ a été replacé dans la catégorie
irrégularité de forme (Cass, civ, 2ème, 27 septembre 2012).
Ensuite, la fraude n’a plus été sanctionnée sans exiger de grief (Cass, civ, 2ème, 23
septembre 2010).
Conclusion : On a sanctionné moins automatiquement les notifications irrégulières, on a plus
souvent exigé un grief. On a pris de plus en plus en compte la connaissance de l’acte par le
destinataire.
Simplement, il y a encore des hésitations spécialement dans l’arrêt Cass, civ, 9 décembre
1997 : lettre simple pas envoyée à la dernière adresse connue du destinataire mais la JP a
appliqué l'arrêt de chambre mixte.
La 3ème chambre civile continue d’appliquer son ancienne JP, elle considère toujours que
dans cette hypothèse cela ne vaut pas signification (Cass, civ, 10 septembre 2008).
La chambre commerciale elle accepte de se placer sur le terrain des irrégularités de forme et
donc respecte l’arrêt de la chambre mixte (Cass, com, 19 juin 2012).
Et la 2ème chambre civile s’est ralliée à l’arrêt de chambre mixte dans un arrêt Cass, civ, 2ème,
12 juillet 2012. Et finalement, dans un arrêt récent, elle semble s’en éloigner de nouveau :
lettre envoyée pas au dernier endroit du destinataire et cela ne vaut pas notification (on
réutilise les mots de l’inexistence) -> Cass, civ, 2ème, 2 juillet 2020.
Mnt est ce qu’on pourrait dire que s’il y a bien paradoxalement un domaine dans lequel il est
pas utile d’utiliser l’inexistence c’est bien dans le domaine de l’article 659 ? on utilise
l’inexistence pr contourner l’exigence d’un grief et ici pour 659 c’est pour le cas où on a
envoyé la lettre pas à l’adresse du destinataire et dans les faits si on ne respecte pas cela et
qu’on envoie la lettre pas à la dernière adresse connue, il n’en aura pas connaissance, il ne
comparaitra pas et un grief sera nécessairement causé. Dans la majorité des cas, il y aura un
grief donc on a pas vrmt besoin de contourner l’exigence d’un grief.
En réalité, ce que veut la Cour de cass ici c’est éviter un relâchement de la discipline des
huissiers de justice dans l’application de l’article 659 du CPC.
L’huissier peut avoir un rapport stratégique à la norme : il peut avoir un calcul des risques
pour savoir s’il a intérêt ou pas à respecter la règle. Cette règle a un cout pour lui, et lui fait
courir des risques mais il peut calculer ces deux éléments. L’avantage à ne pas respecter des
formalités c’est de gagner du temps. Le cout de cette pratique, c’est le risque de voir
déclarer la notification nulle pcq si la notification est déclarée nulle en raison de ces
carences l’article 650 du CPC prévoit que « les frais afférents aux actes inutiles sont à la
charge des HJ qui les ont fait sans préjudice des dommages et intérêts qui leur seraient
réclamés. Il en est de même aux frais afférents aux actes nuls par effet de leur faute » ->
autrement dit, un huissier qui ne respecte pas les formalités peut à la tout fin être
condamné à prendre en charge ces frais.
Si on fait un calcul avantage-risque, le risque est trop grand. Il y a des grandes chances
d’avoir un grief et donc à prendre en charge les frais + des D et I.
Mais pr tt les autres formalités, pas certain que le calcul ira dans le même sens.
Spécialement quand on a l’adresse de destinataire : est-ce qu’on a intérêt à faire toutes les
recherches ? même si on en oublie une, le destinataire aura connaissance de l’acte, il n’aura
pas de grief et l’huissier aura gagné du temps -> on peut donc craindre que la règle nullité
sans grief tombe dans ce schéma-là.
Est-ce que cela pourrait plaider vers une sanction automatique ? non pcq sinon on retombe
dans les travers de tout à l’heure : permettre de gagner un procès non pas au fond mais sur
des règles de formes. On sacrifierait l’intérêt de l’une des parties au profit de l’autre.
Mais on pourrait penser à d’autres systèmes : pour les notifications, on pourrait prévoir une
sanction distincte de la nullité qui a des csq trop graves quand elle est appliquée
automatiquement mais autre chose quand cela touche à la bonne administration de la
justice et pas seulement les droits des parties au procès. Derrière, il y a en jeu l’organisation
judiciaire, des voies de recours ect. On pourrait juste un mot à l’article 650 : les frais
afférents aux actes irréguliers (et non pas nuls) par l’effet de leur faute sont à la charge des
HJ qui les ont faits. Et ainsi, on évite la sanction catégorique de la nullité et on pourrait
réguler les recherches faites pour signifier les actes.
II) La substitution de moyen de notification
On doit passer par la notification, on passe par la voie postale. On a changé de moyen de
notification. D’un point de vue, le vice est plus grave et pour cette raison, on pourrait être
plus réticent à appliquer la règle pas de nullité sans grief.
Ici encore, originairement, dans ce domaine, on a cherché à contourner le système
notamment par l’absence de grief, vice de fond, inexistence.
Depuis l’arrêt de chambre mixte de 2006 : en cas de substitution de modalités de
notification, il faut l’existence d’un grief.
A la suite de cet arrêt, la substitution de moyen de notification a parfois été considéré
comme un simple vice de forme avec exigence d’un grief (Cass, com, 24 avril 2007 : la
convocation par lettre recommandée et non pas acte d’huissier d’un dirigeant d’une société
liquidée devait s’analyser en une irrégularité de forme).
Mais il y a des cas de résistance et notamment Cass, civ, 2ème, 3 septembre 2015 : a pu
réitéré en 2006 sa JP selon laquelle lorsque le jugement doit être signifié et ne l’est pas la
notification est irrégulière et n’a pas pu faire courir les délais de recours sans référence à
l’idée d’un grief.
Donc on retrouve le même mouvement qu’en haut : on contourne moins souvent l’exigence
d’un grief mais il existe encore qq résistances.
III) L’omission d’une notification
Cela se présente sous deux aspects différents en JP :
- Dans un premier cas, l’omission pure et simple d’une notification se double de
l’omission pure et simple de l’accomplissement de l’acte de procédure qui devait
être porté à la connaissance
Exemple : si une partie n’a pas été convoquée, ce n’est pas seulement faute pour l’acte
d’avoir été envoyé mais souvent que cette convocation n’a jamais été rédigée.
Dans cette hypothèse, la JP refuse de passer outre l’irrégularité, de ne pas la sanctionner au
motif que la partie n’a pas subi de grief. Autrement dit, la JP sanctionne sans considération
du grief cette hypothèse
Ici, l’arrêt de chambre mixte n’a pas eu d’influence : on sanctionne toujours (Cass, civ, 2ème,
8 février 2007 : l’absence de convocation à une audience par le greffe à la suite d’un renvoi
de l’affaire est toujours automatiquement sanctionnée).
La chambre commerciale a pu considérer que la convocation du dirigeant pour son omission
personnelle par lettre recommandée au lieu de acte de signification est un simple vice de
forme. Or en l’absence totale de convocation la sanction est diff (Cass, com, 28 octobre
2008 : elle utilise les fins de non-recevoir qui sont instrumentalisés par le juge et le
législateur. Normalement la fin de non-recevoir c’est l’absence du droit d’agir et ce n’est pas
le cas ici, c’est une règle de forme).
- Il y a un acte et cette fois il n’a pas été notifié : le jugement existe, il a été rendu
mais il n’a pas été notifié mais connu. Est-ce qu’on fait courir les délais de recours ?
on refuse de faire produit ses effets à des actes non notifiés et qui auraient du l’être
et la JP sanctionner toujours automatiquement ces absences de notifications.
Conclusion : On voit que sauf ce dernier cas (absence totale de notification) il y a un mvt qui
se dégage grâce à la chambre mixte : on sanctionne aujourd’hui en droit du procès civil de
moins en moins automatiquement les notifications irrégulières pcq on prend de plus en plus
en compte l’exigence d’un grief et qu’on prend en compte la connaissance de l’acte qui est
notifié.
Si on étend cela avec les 2 autres séminaires : la chose est paradoxale pcq dans le même
temps on protège moins le destinataire de l’acte en ce qui pourra moins obtenir la nullité
de la notification alors que parallèlement, on a vu avant qu’on avait tendance à plus le
protéger à d’autres égards (ex : en repoussant la date d’effet des notifications notamment si
internationales, en ouvrant d’avantage l’opposition notamment en cas de pluralité de
défendeurs, les relevés de forclusion).
Mais ce n’est qu’un paradoxe apparent pcq les deux mvts sont cohérents. Le destinataire de
l’acte qu’on protège de plus en plus c’est celui dont on ne sait pas s’il a eu connaissance de
l’acte.
En revanche, le destinataire qu’on protège moins c’est celui dont on sait qu’il a eu
connaissance de l’acte et donc on va pas annuler la notification. Le mvt est donc cohérent,
pcq le droit positif s’attache de plus en plus à la réalité de la connaissance des actes. Si la
connaissance est incertaine on protège plus notamment pour éviter la sanction de la CEDH
qui est attentive ; si la connaissance est certaine on ne le protège pas.
On évite qu’un contentieux naisse qui pourrait ralentir le cours de la justice. Par-là, on
essaye de ménager le respect des droits fondamentaux du procès et on tente aussi de
satisfaire l’exigence contemporaine de rationalisation des couts de la justice.
Au 2ème séminaire : on a vu qu’on faisait de moins en moins pour porter un acte à la
connaissance du destinataire. Aujourd’hui, au final, on fait de moins en moins d’efforts en
amont, on pourrait dire que c’est injuste. Oui mais il faut voir le 2 ème mvt : en aval, on fait
d’avantage attention à la connaissance réelle de l’acte.
Conclusion : le droit se fait moins formaliste.
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