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Introduction

La commission d'une infraction en droit l'application d'un ensemble de règles juridiques qui
forment la matière de la procédure pénale. Ainsi quatre éléments sont pris en compte pour
la constitution de ce corp de règle :
● Premièrement, la recherche des auteurs ayant commis l'infraction ( cet élément
suppose que la réponse ait été apportée à deux questions essentielles : s'agit
véritablement de la commission d'une infraction ?
Il faut donc ici distinguer une simple situation de fait ayant entraîné un préjudice matériel,
corporel, moral ou encore économique avec une transgression d'une loi pénale, on parle en
procédure pénale de la constatation de l'infraction.
Quelles sont les circonstances de sa commission ?
Il s'agit ici de déterminer comment le résultat pénal a été obtenu ?
Ce premier total va permettre de qualifier ou de disqualifier la situation en cause, l'institution
permettant d'y parvenir est l'enquête judiciaire ).
● Deuxièmement, rechercher les éléments de preuve.
En effet, la constatation d'une infraction et même la découverte de ses auteurs ne suffisent
pas à mettre en œuvre les règles de procédure pénale, il faut encore et surtout trouver les
indices, les charges ou la preuve permettant de rattacher l'acte en cause à un individu. C'est
ce qui fait la différence entre la procédure pénale mise en œuvre dans un état de droit avec
le traitement judiciaire des infractions dans un état de police.
● Troisièmement, la soumission de la situation à la compétence d'un juge.
Sur ce point, il convient d'observer que seul un juge compétent pour se prononcer en cas de
commission d'une infraction. Cela permet de distinguer la procédure pénale de la vengeance
privée.
● Quatrièmement, toute personne poursuivie d'une infraction doit être
systématiquement en mesure de présenter sa défense.
Cet élément permet de distinguer les procédures pénales anciennes de la procédure pénale
moderne ( celle qui garantit les libertés fondamentales ).
Partant de ces 4 points on peut dire que la procédure pénale repose sur 4 considérations
fondamentales :
● Premièrement, la distinction entre les constatations matérielles et l'application des
règles de droit.
● Deuxièmement, le débat judiciaire autour de la preuve.
● Troisièmement, la judiciarisation de phase de la justice pénale qui signifie que toute
mesure de procédure pénale doit nécessairement être soumise au contrôle d'un juge
( l'on peut questionner le degré de radicalisation de la procédure pénale
camerounaise ).
● Quatrièmement, le rapport entre la procédure pénale et l'état de droit.
En effet en procédure pénale c'est l'un des critères par excellence de la caractérisation de
l'état de droit.
Partant de ces considérations préalables l'on peut définir la procédure pénale comme le
cadre normatif et institutionnel qui forme la manière avec laquelle l'État organise sa réaction
face à la commission d'une infraction. Cette définition intègre à la fois les exigences de
formalisme et les exigences de garantisme. C'est dans ce sens qu'il faut lire l'art 1 du code
de procédure pénale qui édicte les matières composant la procédure pénale :
- La constatation des infractions;

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- La recherche de leurs auteurs;
- L'administration de la preuve;
- Les attributions des organes de poursuite;
- L'organisation, la composition et la compétence des juridictions répressives;
- Le prononcé de la culpabilité ou de la non culpabilité;
- Les voies de recours;
- Le droit des parties;
- Les modalités d'exécution des peines.
Cette présentation de la procédure pénale qui previligie l'approche analytique au détriment
de l'approche dynamique.
Cette définition ne permet pas de saisir le problème fondamental de la procédure pénale. A
savoir la coexistence en son sein de deux intérêts contradictoires à savoir :
- L'intérêt de protection de la société;
- L'intérêt de protéger les libertés individuelles contre les dérives autoritaires.
L'histoire de la procédure pénale est principalement celle de la recherche d'un équilibre
entre ces deux intérêts. Selon les époques chaque intérêt à pris le pas sur l'autre et c'est
ainsi que l'on étudie la procédure pénale dans le temps, l'on peut se demander si le cadre
de la procédure pénale camerounaise réalise cet équilibre ? Si oui quels en sont les indices
? Si non quelles en sont les limites ? Au-delà du code de procédure pénale l'on peut étendre
l'interrogation à l'ensemble de la procédure pénale. En tout état de cause la recherche de
cet équilibre à conduit à la mise en œuvre de 2 grands modèles de procédure pénale :
Le modèle accusatoire et le modèle inquisitoire constituent les 2 choix majeurs de la
procédure pénale.
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un système positif de procédure pénale mais d'une
représentation théorique des choix normatifs effectués par les législateurs des États.
A la base de cette grande division des modèls de procédure pénale se trouve deux
considérations majeurs :
- La première, est la recherche de l'équilibre entre les deux intérêts de la procédure
pénale à savoir : protéger la société contre tous les délinquants et garantir les
libertés individuelles de toute personne poursuivie.
- La seconde, est la conséquence tirée en matière de justice pénale de la présentation
du monde en 2 systèmes juridiques ( le système romano - germanique et le système
common law ).
L'étude de ces modèles de procédure pénale peut se faire par identification de quelques
traits caractéristiques :
● Le modèle dit inquisitoire :
- Le caractère écrit de la procédure pénale.
ex : la phase d'enquête.
- Le caractère secret ( à l'instar de l'enquête ).
- La procédure pénale inquisitoire est non contradictoire.
● Le modèle dit accusatoire :
- Le caractère oral ( on privilégie ici le débat judiciaire ).
ex : la phase de jugement.
- Le caractère public ( tel est également le cas de la phase de jugement ).
- Le caractère contradictoire de la procédure pénale accusatoire ( à l'instar de la phase
de jugement ).

Le modèle camerounais de procédure pénale.

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Au-delà des choix politiques et de la recherche de l'équilibre entre les 2 intérêts
contradictoires, le modèle camerounais de procédure pénale peut être déterminé à partir de
l'évolution de ses sources ( a ) et son organisation interne ( b ).

a - les sources de la procédure pénale camerounaise.

Elles peuvent se présenter en 2 grandes périodes dont la césure est le mouvement de


codification intervenu en 2005, ainsi on distingue les sources antérieures au code de
procédure pénale d'une part et les sources basées sur le code de procédure pénale d'autre
part. Avant l'entrée en vigueur du code de procédure pénale, le système camerounais était
caractérisé par le pluralisme législatif qui résultait du caractère bijurale de l'État. Ainsi on
avait les règles de la procédure pénale applicable dans le Cameroun anglais, l'ex -
cameroun occidentale et les règles de procédure pénale applicable dans l'ex - cameroun
oriental ( les sources françaises de la procédure pénale camerounaise).
Dans l'ex - Cameroun occidentale la procédure pénale était principalement régie par les
dispositions de la criminal procedure ordinance ( CPO ) issu du chapitre 43 des lois du
nigeria de 1958. Ce texte était complété évidemment par le évidence act.
L'ex - cameroun orientale était principalement régie par les dispositions du code
d'instruction criminel ( CIC ) édicté par l'ordonnance française du 04/02/1938. Ce texte est
modifié par la loi N°58/203 du 26/12/1958 portant simplification et adaptation de la
procédure pénale. En 1972 la procédure pénale camerounaise à connu une importante
modification touchant notamment au CIC. En effet, l'ordonnance N°72/4 du 26/08/1972 à
substantiellement modifié le Code d'instruction criminel applicable au cameroun en
supprimant l'autorité du juge d'instruction sans supprimer la fonction de l'instruction
préparatoire, celle-ci ayant été confié au magistrat du parquet que la doctrine a appelé
magistrat instructeur.
L'entrée en vigueur du code de procédure pénale issu de la loi N°2005/007 du 27/07/2005
et intervenu le 01/01/2007 en application de l'art 757 à harmonisé les sources de la
procédure pénale camerounaise, depuis cette date le cameroun compte un seul texte de
base en matière de procédure pénale.
D'un point de vue technique, le législateur de 2005 à réalisé une véritable œuvre de
codification. On peut dire qu'il s'agit de codification - systématisation.
D'un point de vue philosophique, le législateur avait l'ambition d'inscrire notre justice pénale
dans la voie de la modernité en la plaçant sous la tutelle de la prééminence du droit et en
accordant une place capitale aux garanties procédurales.
D'un point de vue matériel, le législateur à souhaité inscrire l'ensemble du processus de la
justice pénale dans les limites du code de procédure pénale. C'est ainsi que l'exécution des
décisions de justice, le recouvrement des amendes et même certaines modalités de
l'exécution de la sanction pénale relèvent des institutions de la procédure pénale, il y'a eu
globalement extension du champ de la procédure pénale et unification des sources de la
procédure pénale.
Les innovations apportées par le code doivent être appréciées en fonction du contenu des 2
sources.
C'est ainsi que la procédure d' habeas corpus des art 584 et suivant du code de procédure
pénale bien connu dans l'ex - cameroun occidentale à été étendue dans l'ex - cameroun
oriental, de même la règle de la prescription de l'action publique connu dans l'ex - cameroun
oriental à été étendu dans l'ex - cameroun occidentale.

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Également l'institution du juge d'instruction prévu par le CIC à été aussi étendue dans
l'ex - Cameroun occidentale.
Du point de vue de son articulation, le code de procédure pénale est composé de 6 livres
répartis en 36 titres et distribués à 747 articles.
- Le livre 1 : les dispositions générales, c'est ici qu'on est supposé trouver les principes
directeurs de la procédure pénale.
- Le livre 2 : la constatation et poursuite des infractions, c'est ici qu'on devait retrouver
l'organisation de la police judiciaire, les attributions du ministère public et la mise en
mouvement de l'action publique.
l'on s'interroge sur l'organisation de l'information judiciaire dans ce livre 2.
- Le livre 3 : les juridictions de jugement, cet intitulé est mal inspiré en ce sens que le
livre 3 en plus de l'organisation des juridictions traite du déroulement du procès. De
même l'on pourrait avoir l'impression que seules les juridictions d'instances sont des
juridictions de jugement.
- Le livre 4 traite des voies de recours, il en existe 4 dans notre procédure pénale :
l'opposition, l'appel, le pourvoi en cassation et la révision du procès.
- Le livre 5 porte sur l'exécution des décisions de justice. C'est la partie de la
procédure pénale qui entretient des liens étroits avec le droit de la peine.
- Le livre 6 est le plus ambigu du code il est intitulé des procédures particulières.
l'on peut douter de la pertinence de certaines dispositions de ce livre 6 dans la mesure où le
législateur englobe sous l'appellation procédure particulière, les procédures incidentes de
procédure, les spécificités procédurales liées au circonstances de l'infraction et certaines
circonstances particulières.
De façon générale, les sources de la procédure pénale vont bien au-delà du code de
procédure pénale.
Du point de vue des textes nationaux on cite principalement la constitution, la loi de 2005
portant code de procédure pénale. La loi de 2006 modifiée en 2011 portant organisation
judiciaire, la loi de 2006 visant l'organisation de la cour suprême, la loi de 2017 du
12/07/2017 portant code de justice militaire, la loi de 2011 modifiée en 2012 portant création
du Tribunal Criminel Spécial ( TCS ).

b - l'organisation interne de la procédure pénale camerounaise.

De ce point de vue interne la procédure pénale camerounaise se caractérise principalement


par les traits suivants :
- Une direction des enquêtes confiée au procureur de la République.
- Une institution de l'information judiciaire confiée au juge d'instruction.
- Une absence totale d'un contrôle juridictionnel de la phase policière du procès.
- Une absence totale des actes d'instructions malgré l'institution d'un juge d'instruction.
- L'absence véritable d'un acte accusation.
- L'absence d'un standard de preuve pour la déclaration de culpabilité malgré
l'organisation d'un système de preuve.
Partant de ces quelques traits caractéristiques l'on peut dire que la procédure pénale
camerounaise, présente un caractère hybride basé sur son incohérence.
On peut dire encore que c'est un modèle inachevé.

● Le contenu de la matière.

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A la base de l'enseignement, il faut considérer que le procès pénal est le procès le cas
échéant c'est à dire qu'il peut y avoir procédure pénale sans procès pénal à la différence de
la procédure civile de la qu'à la différence de la procédure administrative contentieuse. Il
existe donc globalement deux types de règle de procédure pénale : les règles de la
procédure pénale visant à rechercher si les conditions de tenu d'un procès sont réunies (
procédure pénale avant procès ) et les règles du procès pénal en tant que telle ( droit du
procès pénal ). La première catégorie de règle recouvre deux dimensions : une dimension
statique désignant l'ensemble des dispositions législatives et réglementaires d'organisation
de la justice et une dimension dynamique portant sur la constitution du dossier de procédure
pénale.
La seconde catégorie de règle se rapporte à l'organisation du débat judiciaire pénal. Ainsi
dans une perspective de simplification de l'enseignement nous distinguons d'une part
l'organisation de la justice pénale ( 1er partie ) et d'autre part le déroulement du procès
pénal ( 2nd partie ).

Première partie : organisation de la justice pénale.

L'objet de cette partie est de permettre à l'étudiant de reconnaître les traits caractéristiques
de la justice pénale par distinction avec les autres formes de justice que sont la justice civile,
administrative, fiscale, électorale et constitutionnelle. En effet, à la différence des autres
formes de justice dont la finalité première est la distinction des droits ou encore l'application
de la règle de droit, la justice pénale a pour finalité première le jugement d'un individu. A ce
titre, elle a un contenu philosophique important et une dimension morale essentielle. Ainsi
ces traits caractéristiques sont à rechercher dans la capacité du droit à prendre en compte
cette dimension. Ainsi l'on examinera les principes d'organisations de la justice pénale, les
institutions de la justice pénale et la matière de la justice pénale.

Titre 1 : les principes d'organisations de la justice pénale.

La justice pénale est organisée autour de deux catégories de règles : les règles techniques
d'organisation de la justice pénale ( les règles d'applications particulières de la justice pénale
) et les règles philosophiques de la justice pénale ( celles qui traduisent son essence
véritable ).
Il y a une hiérarchisation inter normative entre ces deux catégories de règles.
Les premières sont normativement inférieures en ce sens que leurs champs d'applications
est restreint à l'objet qu'elles saisissent, leurs interprétations n'est pas autonome, elle dérive
des autres règles qui leurs sont normativement supérieures.
Les secondes règles sont dites normativement supérieures en ce sens qu'elles n'ont pas
pour objectif de s'appliquer à des situations particulières mais plutôt de commander
l'interprétation et l'application des règles techniques. A ce titre elles sont dites principes
directeurs de la justice pénale, fondamentales, substantielles ( elle contient la substance de
la justice pénale ).
C'est dans cette dualité normative que se construit la justice pénale. Il importe donc de
rechercher ces règles philosophiques dans la justice pénale camerounaise. L'on examinera
le principe directeur de la justice pénale camerounaise ( le principe de la présomption
d'innocence ) et le principe fondamental de la justice pénale ( les droits de la défense ) et le
principe substantiel de la justice pénale ( le principe probatoire ).

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Leçon 1 - Le principe, directeur de la justice pénale.
Le principe de la présomption d'innocence.

Le principe de la présomption d'innocence est le principe directeur de la justice pénale, cela


signifie au moins 2 choses : premièrement, l'articulation de la justice pénale se base sur le
principe de la présomption d'innocence. La seconde est que l'action de la justice pénale est
de bout en bout encadrée par le principe de la présomption d'innocence. Ce principe
canalise donc l'action de la justice pénale. C'est ainsi que l'individu objet de l'action de la
justice pénale ne présente pas un statut procédural unique. A la phase de l'enquête il est
qualifié de [ suspect ], à la phase de l'information judiciaire il est appelé [ inculpé ]. A la
phase de jugement l'individu est appelé [ prévenu ] si il lui est reproché la commission d'un
délit ou d'une contravention. Elle sera qualifiée de [ l'accusé ] si il lui est reproché la
commission d'un délit. Historiquement le principe de la présomption d'innocence à émerger
de la filiation du droit romain avec les sources canoniques dès le, formulé au 14ème siècle
par le cardinal écanoniste français Jean le moine suivant cette formule << toute individu est
présumé innocent jusqu'à preuve du contraire >>. Ce principe à été repris par louis XVI qui à
affirmé le 1er mai 1788 que << le 1er de tous les principes en matière criminelle veut qu'un
accusé fut il condamné à mort en première instance soit toujours présumé innocent aux
yeux de la loi jusqu'à ce que la sentence soit confirmé en dernier ressort >>. Dans son
origine la présomption d'innocence constituait un rempart contre toute atteinte à la liberté, il
s'agissait d'une garantie procédurale individuelle. Progressivement la présomption
d'innocence est détachée de cette garantie pour déterminer la charge de la preuve dans le
procès pénal. Ainsi, conformément à la présomption d'innocence, la charge de la preuve en
matière pénal incombe à l'accusation. L'art 307 du code de procédure pénale dispose en ce
sens je cite : << la charge de la preuve incombe à la partie qui a mis en mouvement l'action
publique >>.
( cette disposition présente de gros inconvénient de mettre la charge de la preuve en
fonction de la mise en mouvement de l'action publique. Hors comme on le verra celle-ci peut
être mise en marche par la victime donc la charge de la preuve peut lui incombé ). Dans ce
sens on dit que la présomption d'innocence est une règle probatoire en procédure pénale.
Dans son évolution contemporaine la présomption d'innocence est érigé en principe
directeur de la justice pénale, à ce titre il constitue une norme de référence pour le contrôle
juridictionnel des lois de procédure pénale. Ainsi il convient d'examiner rapidement le
fondement de la présomption d'innocence et la garantie.

Section 1 - Le fondement du principe de la présomption d'innocence.

Dans la procédure pénale contemporaine la présomption d'innocence à toujours un


fondement nationale et supranationale.

1 - le fondement supranational de la présomption d'innocence.

Au titre du fondement supranationale de la présomption d'innocence on distingue les normes


de soft law et les normes de hard law.
Dans la 1ère catégorie on peut citer l'art 11 al 1 de la déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948 qui dispose : << toute personne accusé d'un acte délictueux est présumé
innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cour d'un procès public
où toutes les garanties nécessaire à sa défense lui aurait été assurée >>.

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Dans la 2ème catégorie, le paragraphe 2 de l'art 14 du pacte international sur les droits
civiles et politiques de 1966 dispose que : << toute personne accusé d'une infraction pénale
est présumé innocente jusqu'à ce sa culpabilité soit établie >>, l'art 7b de la charte africaine
des droits de l'homme et des peuples de 1981, ratifié par le Cameroun en 1986 dispose : <<
toute personne à droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend (...) le droit à la
présomption d'innocence jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction
compétente >>. L'examen de ce fondement supranational révèle 2 choses : la 1ère est que
les sources supranationales de la présomption d'innocence ne se limite pas à une
proclamation formelle du principe.
La 2nd est que le fondement du principe est en rapport avec la qualité de la justice. C'est ce
lien qui renforce également l'idée de la présomption d'innocence comme principe directeur
de la justice pénale.

2 - le fondement national de la présomption d'innocence.

Dans la procédure pénale camerounaise la présomption d'innocence à un fondement


constitutionnel et législatif.

● Le fondement constitutionnel.

On sait que le fondement constitutionnel de la présomption d'innocence est indirect du fait


de la référence au bloc de constitutionnalité c'est-à -dire le renvoi constitutionnel aux
instruments dûment ratifiés.
Il est aussi direct du fait de l'affirmation explicite dans le préambule je cite : << toute
personne ( prévenu ) est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie au cours
d'un procès conduit dans le stricte respect des droits de la défense >>.

● Le fondement législatif.

Il est réalisé à partir du mouvement de codification de 2005. En effet, avant l'entrée en


vigueur du code, aucun texte ne consacre formellement le principe de la présomption
d'innocence. Désormais l'art 8 du code en constitue la base dispose dans son alinéa 1 : <<
toute personne suspectée d'avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu'à ce
que sa culpabilité ait été légalement établie au cour d'un procès ou toute les garanties
nécessaire à sa défense soient assurées >>. Al 2 ajoute : << la présomption d'innocence au
suspect, à l'inculpé, au prévenu et à l'accusé >>. L'enseignement de ce fondement national
de la présomption d'innocence est comme pour le droit international le rattachement
spécifique de la présomption d'innocence au droit de la défense. Le législateur s'est ainsi
inscrit dans la jurisprudence de la cour suprême du Cameroun le 3 janvier 1981 dans
l'affaire dite Onabellé Martin.
Ces dans le même sens que l'art 66 du statut de Rome portant création de la cpi dispose
dans son al 1 je cite : << toute personne est présumée innocente jusqu'à ce que sa
culpabilité ait été établie devant la cour conformément au droit applicable >>. Il convient de
souligner que le fondement de la présomption d'innocence n'est pas que formel, il est aussi
et peut être avant tout substantiel, c'est ce qui en fait un droit même en dehors du procès
d'où l'intérêt de questionner sa garantie.

Section 2 - la garantie du principe de la présomption d'innocence.

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La garantie s'entend ici comme la portée normative du principe, de ses implications
normatives et des sanctions venant en cas d'atteinte.

● La portée normative du principe.

L al 2 art 8 du code de procédure pénale prévoit que : << la présomption d'innocence


s'applique à toutes les phases de procédure pénale, de la phase d'enquête à la phase de
jugement. On dit que c'est un principe qui traverse toute la procédure pénale >>. A titre
d'exemple l'art 116 al 3 du code de procédure pénale prévoit que : << l'officier de police
judiciaire à l'ouverture d'une enquête préliminaire et à peine de nullité d'informer le suspect :
● De son droit de se faire assister par un conseil.
● De son droit de garder le silence.
Dans le même ordre d'idée l'art 118 al 2 prévoit que : << toute personne ayant une
résidence connue ne peut, sauf cas de crime ou de délit flagrant ou s'il existe contre elle des
indices graves et concordants, faire l'objet d'une mesure de garde à vue >>. Cette
disposition signifie que toute mesure de garde à vue à un caractère exceptionnel. On peut
encore citer l'art 310 dont l'al 2 précise que : << la décision du juge pénal ne doit être
influencée ni par la rumeur publique ni par la connaissance personnelle qu'il aurait des faits,
objet de la poursuite >>.
L'alinéa 3 précise que la décision du juge pénal ne peut être fondée que sur des preuves
administrées au cours des débats.

● Les implications normatives de la présomption d'innocence.

Il convient de s'interroger ici sur :


- L'existence d'un standard de preuve pour la décision de culpabilité.
- La portée réelle d'une décision de culpabilité en instance.
Sur le 1er point, le législateur camerounais ne semble pas avoir tiré toutes les
conséquences du fondement substantiel de la présomption d'innocence.
En effet, il n'a pas défini de standard de preuve pour la déclaration de culpabilité.
A titre d'exemple al 3 de l'art 66 du statut de rome dispose : << pour condamner l'accusé, la
cour doit être convaincu de sa culpabilité au delà de tout doute raisonnable >> alors que
l'introduction du système de l'intime conviction est incompatible avec l'affirmation de la
présomption d'innocence. En effet, le système de l'intime conviction allège la tâche de la
partie poursuivante qui ne se sent plus dans l'obligation de démontrer la culpabilité. C'est en
cela que ce système affaiblit la règle de la charge de la preuve. Il faut donc critiquer
fortement l'art 310 al 1 qui dispose : << le Juge décide d'après la loi et son intime conviction
>>.

● La sanction de la violation de la présomption d'innocence.

Il existe deux types de sanction en cas de violation de la présomption d'innocence : la


sanction interne à la procédure pénale qui consiste en la nullité d'un acte ou d'une série
d'actes posés en toute violation des implications normatives de la présomption d'innocence.
La seconde catégorie de sanctions est constituée des sanctions externes à la procédure
pénale. Celles-ci prennent la forme d'infractions autonomes ou encore des qualifications
pénales des comportements attentatoire à la présomption d'innocence. Il en est ainsi de

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toutes les infractions visant à porter atteinte à la réputation et à l'honorabilité de l'individu tel
est le cas des infractions de diffamation ou des infractions d'outrage.
Les auteurs des atteintes à la présomption d'innocence sont aujourd'hui dans notre monde
postmoderne sont les acteurs de masses médias. En procédure pénale contemporaine, il se
pose aujourd'hui le problème du respect de la présomption d'innocence face au droit à
l'information et à la liberté d'expression dans un contexte de développement des TIC.

Leçon 2 : Le principe fondamental de la justice pénale.


Le principe des droits de la défense.

L'objectif de cette leçon est de déterminer et de comprendre l'esprit fondateur de notre


système de justice pénale. En effet, le système de justice pénale connaît deux types
d'esprits fondateurs :
1. l'esprit garantiste c'est à dire le système de justice pénale organisés autour de la
garantie des droits de la personne poursuivie ( parce que la procédure pénale
s'étend de l'ensemble des mécanismes que le législateur donne à cet individu pour
faire face à l'accusation ) et d'autre part autour de la bonne administration de la
justice.
2. Le second esprit qui fonde la procédure pénale est l'esprit autoritaire c'est à dire
l'ensemble des dispositions relatives à l'organisation de l'accusation
Chacun de ces esprits influence et détermine le système de la justice pénale. Les droits
supranationaux jouent ici un rôle primordial. En effet, cette partie de la procédure pénale est
la plus soumise au mouvement d'internationalisation. A l'origine, tous les systèmes de
procédure pénale nationale sont autoritaires (l'accent est suffisamment mis sur l'organisation
de l'accusation ). C'est à mesure que le système de procédure pénale subit l'influence
internationale qui s'ouvre au garantisme. Ici, il y a une distinction fondamentale à faire entre
la loi générale de procédure pénale ( qui ici est notre code de procédure pénale ) et les lois
spéciales de procédure pénale. Ces dernières étant davantage autoritaires du fait de leur
détachement du droit supranational.
Ici convient donc de rechercher ici le degré d'influence de notre système de procédure
pénale par le droit supranational. Telle est la base de construction des droits de la défense.
Ceux-ci seuls retiendront l'attention parce qu'ils forment le standard moderne de la
procédure pénale. A l'analyse, les droits de la défense constituaient les fondements
nationaux de la justice pénale. C'est d'ailleurs en cela que les droits de la défense ont un
lien avec le principe d'innocence. C'est aussi en cela que l'étude de ce principe fondamental
commande que soit déterminer les droits de la défense admis dans la procédure pénale
camerounaise et la garantie effective de ces droits par les législateurs.

Section 1 : la détermination des droits de la défense comme principe fondateur.

Comme principe fondamental, le droit à la défense présente une double nature qui en fait
l'expression véritable du garantisme de la procédure pénale, il s'agit de la dimension
subjective ( P1 ) et de la dimension objective ( P2 ).

Paragraphe 1 : la dimension subjective des droits de la défense ( le droit de se défendre en


matière pénale ).

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L'esprit garantiste de la procédure pénale se caractérise prioritairement par la
reconnaissance du droit de se défendre face à l'accusation. Ce droit est une prérogative
procédurale de la personne poursuivie en matière pénale.
Celle ci s'exprime de diverses manières, ainsi l'on distingue le droit de se défendre avant le
procès et le droit de se défendre devant le juge

1 - le droit de se défendre avant le procès.

Avant le débat judiciaire, la personne poursuivie ou objet de suspicion dispose du droit de


se défendre dans la procédure pénale camerounaise. Ce droit comprend un certain nombre
de prérogatives qui varient selon que la personne est suspecte ou inculpée.
Lorsqu'il s'agit du suspect le droit de se défendre comprend trois composantes :
- Le droit d'être informé de l'objet de la suspicion.
- Le droit d'être assisté à toutes les phases de l'enquête de police.
- Le droit de garder le silence.
L'art 116 dispose dans son al 3 que : << le suspect doit être informé de son droit de se faire
assister d'un conseil et de son droit de garder le silence >>.
Premièrement, le droit de se défendre ici ne comprend pas la composante du contradictoire.
Deuxièmement, ce droit se rapporte à la consécration du silence du suspect.
Troisièmement, à la notification de la cause.
De manière générale, on peut dire que le droit de se défendre du suspect est un droit
préparatoire qui ne porte pas directement sur la défense proprement dite, mais qui met des
obligations à la charge des OPJ et surtout qui prépare la contestation sur l'intégralité de
l'enquête ( régularité de l'enquête ).
S'agissant de lincu son droit de se défendre est plus élargie que celui du suspect, il
comprend :
- Son droit d'être informé dès faits qui lui sont reprochés.
- Son droit de ne plus être entendu par la police judiciaire.
- Son droit de garder le silence.
- Son droit à la liberté de se défendre.
On peut dire que le droit de se défendre de l'inculpé est un droit de protection, c'est le sens
à certains égards des dispositions du code de procédure pénale à son art 170.
Ce qu'il convient d'observer est que dans l'avant procès, le droit de se défendre ne
comprend pas le droit de contester l'accusation car celle-ci n'existe pas encore
véritablement. Ce droit est dominé par l'information et le renseignement.

2 - le droit de se défendre dans débat judiciaire.

Ici le droit de se défendre consiste en un droit de contestation de l'accusation et en un droit


de préservation de ces droits. Le fondement du droit de se défendre n'est plus le formalisme
mais davantage l'équité et la loyauté.
Le droit de se défendre prend la forme du principe contradictoire selon la maxime audio
altéran partem ( qu'il soit entendu de l'autre partie aussi ).
les composantes du droit de la défense ici sont :
- Le droit à la défense par un conseil principalement par un avocat.
- Le droit à la communication préalable de la preuve.
- Le contradictoire ou la confrontation de la preuve.

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C'est dans ce sens que le législateur à organiser l'interrogatoire du juge en trois phase à l'art
332 du code de procédure pénale dont al 1er dispose : << chaque témoin subit d'abord
l'examination-in-chief puis si l'autre partie le désire la cross-examination et enfin la
re-examination si la partie qui la fait citer le demande >>.
Le contradictoire signifie aussi qu' aucune preuve ne peut être admise dans le dossier et
prise en compte par le juge si elle n'a fait l'objet d'une discussion.
De manière générale, le droit de se défendre dans la justice pénale varie en fonction de
l'évolution de la procédure.

Paragraphe 2 : l'organisation de l'expression de la défense pénale ( dimension objective ).

Cette organisation renvoie à l'accusation objective on parle encore du droit de la bonne


administration de la justice. Cette dimension à davantage évolué par rapport au droit de se
défendre.
Il comprend l'ensemble des garanties procédurales légales qui se rapportent à
l'administration de la justice pénale. On y retrouve : le droit au juge, la définition d'un délai
invariable, la séparation des autorités des fonctions répressives et légalité entre les parties.

1 - la reconnaissance du droit au juge.

En matière de justice pénale, le droit au juge présente une triple dimension : l'accès au juge,
la qualité du juge et l'utilité du juge.

● L'accès au juge.

Cela signifie ici, la possibilité offerte à la partie que sa cause doit être entendue, les
instruments internationaux, nationaux et la constitution prévoit que : << toute personne à
droit à ce que sa cause pénale soit entendue par un juge pénal >>.
Cette possibilité doit exister à toutes les phases du procès. De la phase d'enquête à la
phase de jugement. Le droit au juge est le fondement même du DUE PROCESS OF LAW
américain ( le droit à un procès ) et également le FAIR TRIAL anglais qui signifie la justice
équitable. L'accès au juge en plus d'être effectif concerne aussi la qualité du juge.

● La qualité du juge.

Le juge pénal doit être indépendant et impartial à ce titre l'art 37 al 2 de la constitution


dispose : << le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif,
les magistrats du siège décident d'après la loi et de leur conscience >>.
Le code de procédure pénale garantie l'impartialité du juge pénal par la mise en œuvre de
la procédure de récusation ( cas pratique ) Seuls les magistrats du siège peuvent être
récusés, l'art 593 du code de procédure pénale dispose que << un magistrat du ministère
public ne peut-être récusé >>.
L'autre question relative à la qualité de la justice porte sur la spécialisation de la justice
pénale. En effet, la dimension substantielle du droit au juge n'est pas toujours compatible
avec le développement des juridictions pénales à compétence spéciale.

● L'utilité du juge.

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Celui-ci s'entend de l'existence réelle des voies de recours en ce sens que le droit au
recours doit permettre un réexamen de l'affaire ( les voies de recours permettent
effectivement un réexamen dans la procédure pénale camerounaise ).

2 - le délai raisonnable.

Il s'agit de la durée normalement nécessaire pour la conduite d'une affaire, il ne doit ni être
cœur ( justice pénale à bref délai, justice pénale d'urgence ) ni long ( lenteur judiciaire,
procès pénal interminable ) il doit être raisonnable cela signifie que :
- Le délai de procédure pénale ne peut être déterminé par le législateur de façon
abstraite.
( cela pose le problème des délais fixes de garde à vue ou encore de la détention provisoire
).
- Les délais de procédure pénale doivent être nécessairement déterminés par le juge
en tenant compte de trois critères : la complexité de l'affaire, les moyens du
tribunal et le comportement des parties.

3 - la séparation des autorités.

C'est un principe important de la procédure pénale au terme duquel il est demandé aux
autorités de fonction répressive de ne pas intervenir une nouvelle fois dans les l'affaires dont
il avait au préalable eu connaissance.
L'interdiction est légale, le procureur qui a connu une affaire sur le banc du ministère public
ne peut plus la connaître passer au siège.
De façon générale, le législateur à séparer les autorités de poursuites des autorités
d'instructions ( les juges ). La prise en compte de ce principe à inscrire la procédure pénale
camerounaise en trois phases : la phase d'enquête, la phase de l'information judiciaire
et la phase de jugement. L'absence de séparation rigide des autorités des fonctions
répressives fait en sorte que toutes les procédures pénales n'obéissent pas à ces trois
phases.

4 - la légalité des moyens entre les parties.

Cette exigence fondamentale ne semble pas véritablement être prise en compte dans notre
procédure pénale. En effet, si quelques dispositions donnent à penser que l'accusation et la
défense à égalité de moyens, il convient de souligner à grand trait que le législateur à
donner tous les moyens à l'accusation par exemple la police judiciaire est placée sous sa
direction alors que la défense n'a aucun moyen sur celle-ci. De même, le procureur dispose
de toutes les compétences en matière de recherche de preuve alors que la défense n'en
dispose pas également le juge d'instruction. Ainsi l'on se demande si l'égalité des armes est
possible en procédure pénale.
La garantie des droits de la défense est exprimée de façon explicite à l'art 3 du code de
procédure pénale. Ce texte dispose à son al 1er : << la violation d'une règle de procédure
pénale est sanctionnée par la nullité absolue lorsqu'elle préjudicie au droit de la défense ( …
) >> cela signifie que le principe de droit de la défense est effectivement un principe
fondamental de notre justice pénale car la nullité preuve ici ne peut être couverte ( elle ne
peut faire l'objet de régularisation en ce qu'elle porte atteinte au fondement de la justice
pénale ).

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Cette nullité peut être évoquée à toutes les phases de la procédure ( elle traverse la justice
pénale ).
Cette nullité peut être évoquée par toutes les parties ( elle est une règle de bonne
administration de la justice ).
Enfin cette nullité peut-être soulevée d'office par les juges de jugements même si les parties
n'ont pas vu, le juge doit voir ( cela signifie que les droits de la défense constituent une
garantie procédurale contrôlée par le juge et même en l'absence des parties ).
On peut ainsi dire que le système de procédure pénale camerounaise est partiellement
fondé sur les droits de la défense de sorte que l'esprit autoritaire paraît toujours dominé sur
l'esprit garantisme. Qu'en est-il du principe substantiel ?

Leçon 3 : Le principe substantiel de la justice pénale.


Le principe probatoire.

Les principes substantiels de la justice pénale désignent les principes relatifs à la preuve. En
effet, la justice pénale à la différence des autres formes de justices porte principalement sur
un fait juridique à savoir la commission d'une infraction. Tout le droit de la preuve pénale
repose sur cette considération de même toute l'importance de la preuve en matière pénale
repose sur cette considération. Il peut même être admis que le régime de la preuve pénale
est fondamentalement à la base de la distinction entre l'inquisitoire et l'accusatoire. Il en
résulte qu'ils existent deux systèmes de preuve c'est à dire deux manières d'administrations
de la preuve pénale :
- L'administration inquisitoriale de la preuve ( le juge joue un rôle actif dans la
recherche de la preuve ).
- L'administration accusatoire de la preuve ( le juge ne joue pas un rôle actif dans la
recherche de la preuve ).
Dans la justice pénale les principes probatoires se rapporte ou bien sont organisés en
fonction des trois phases d'examen de la preuve c'est à dire des trois textes probatoires :
- Le texte de recevabilité de la preuve;
- Le texte d'administration de la preuve;
- Le texte de la pertinence de la preuve.
Il existe donc trois catégories de principes probatoires en matière pénale, les principes liés à
la recevabilité de la preuve ( S1 ), les principes liés à l'administration de la preuve ( S2 ) et
les principes liés à la force probante de la preuve ( S3 ).

Section 1 : Le principe lié à la recevabilité de la preuve.

La recevabilité de la preuve doit s'entendre de l'examen au terme duquel le juge admet une
preuve dans le débat judiciaire en d'autre terme l'examen de recevabilité permet au juge de
déclarer la conformité de la preuve produite à :
- Les exigences légales;
- Les exigences du procès équitable;
- Les exigences de la bonne administration de la justice.
De ce point de vue, le texte de recevabilité est à la fois un texte de conformité et un texte de
compatibilité.
Ici le juge se pose deux questions :
- Premièrement, y'a t'il en la matière une preuve interdite.
- Deuxièmement, comment les parties ont obtenu la preuve.

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Ainsi les règles de la recevabilité sont : le principe de la liberté de la preuve ( l ) le principe
de la légalité de la preuve ( II ) et le principe de la loyauté de la preuve ( III ).

Paragraphe 1 : le principe de la liberté de la preuve.

En raison de la nature juridique de l'infraction, le premier principe probatoire de la justice


pénale est le principe de la liberté de la preuve posé à l'art 308 du code de procédure
pénale. Le principe de la liberté de la preuve concerne les deux facettes de la preuve : le fait
évoquer et le fait le contraire. L'alinéa 1er de cet article dispose je cite : << hormis les cas
où la loi en dispose autrement, l'infraction peut être établie par tout mode de preuve >>,
l'alinéa 2 du même article ajoute : << toute preuve contraire d'un fait peut être rapporté par
tout moyen >>.
Au terme de cette disposition, il ressort que la liberté de la preuve est le principe et la
preuve réglementée est l'exception.
Ce qu'il faut entendre par liberté de la preuve c'est la règle qui gouverne la recherche de la
preuve, ce principe s'adresse donc prioritairement aux parties plus précisément encore la
liberté de la preuve s'adresse à celui sur qui pèse la charge de la preuve c'est à dire au
procureur principalement.
L'art 307 dispose dans ce sens je cite : << la charge de la preuve incombe à la partie qui a
mis en mouvement de l'action publique >>.
La règle de la liberté s'adresse aussi à la défense.
Dans son contenu le principe de la liberté de la preuve signifie que :
- Tous les modes de preuve sont admis dans la justice pénale;
- Il y a une diversité de procédés de collecte de preuve ( les procédés matériels ex :
produire les perquisitions, les procédés scientifiques ex : l'autopsie ou encore les
procédés technologiques ex : enregistrement audio ).
La seule restriction à la liberté de la preuve doit être prouvée par la loi. Il en est ainsi par
exemple en matière préjudicielle lorsque une question de nature civil se pose devant le juge
pénal.

Paragraphe 2 : le principe de la légalité de la preuve.

La légalité de la preuve s'entend de la régularité de son obtention. Ainsi pour être recevable
devant le juge pénal une preuve doit être obtenue de façon régulière c'est à dire
conformément aux exigences légales. Il n'existe pas de règle générale de régularité de la
preuve pénale, il existe plutôt des règles spécifiques de régularité et la régularité ne
concerne pas la preuve elle-même mais le procédé d'obtention de la preuve. Il faut donc
examiner les divers procédés pour apprécier la régularité de tel ou tel procédé.
À titre d'exemple on peut parler de la régularité de la perquisition, la régularité des saisies, la
régularité des auditions, la régularité des confiscations, la régularité des descentes sur les
lieux, la régularité des reconstitutions des faits … etc.
L'art 93 pose par exemple les règles générales de la perquisition.
● L'alinéa 1 dispose : << les perquisitions et les saisies sont effectuées par l'officier de
police judiciaire muni d'un mandat de perquisition >> Toutefois, ajoute le législateur, il
peut agir sans mandat en cas de crime ou délit flagrant.
● L'alinéa 2 précise que : << toute perquisition ou saisie est opérée en présence du
maître des lieux, du détenteur des biens à saisir ou leur représentant ainsi que deux
témoins pris parmi les personnes présentes ou les voisins >>.

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● L'alinéa 3 ajoute que : << le maître des lieux, le détenteur des biens à saisir ou leur
représentant ont le droit de fouiller l'officier de police judiciaire avant que celui-ci
n'entreprenne la perquisition. Il doit être informé de ce droit et mention est faite au
procès-verbal, de l'accomplissement de cette formalité >>.
● L'alinéa 4 prévoit que : << en cas d'absence du maître des lieux ou du détenteur des
biens ou de leur représentant, et s'il y a urgence, le Procureur de la République peut,
par écrit, autoriser l'officier de police judiciaire à effectuer la perquisition ou saisie en
présence des témoins indiqués à l'alinéa (2) et d'un autre officier de police judiciaire
ou de deux agents de police judiciaire >>.
● L'alinéa 5 ajouté que : << lorsque l'officier de police judiciaire ne peut communiquer
avec le parquet, il procède à la perquisition, et éventuellement, à la saisie dans les
conditions déterminées à l'alinéa (4). Il fait mention de ses diligences dans le
procès-verbal >>.
Le législateur prévoit qu' en cas d'absence de mandat la perquisition peut être effectuée
avec le consentement du maître des lieux.
Une autre illustration de la régularité de la preuve peut être faite avec les conditions
d'obtention de la preuve par interception des écoutes téléphoniques, appareils électroniques
et autres instruments de surveillance.
À titre d'exemple, l'art 245 du code de procédure pénale prévoit que : << le Juge
d'Instruction peut, par ordonnance, prescrire au receveur des postes et télécommunications
de lui communiquer tout ou partie des correspondances reçues ou envoyées par l'inculpé
laissé en liberté avec ou sans caution, ou placé sous le régime de la surveillance judiciaire
>>.
Cette décision est écrite et n'a pas de caractère juridictionnel ( elle n'est pas susceptible de
recours ), elle est limitée dans le temps et sur la matière.
Une dernière illustration de la régularité concerne l'art 315 dont l'alinéa 2 dispose : << l'aveu
n'est pas admis comme moyen de preuve s'il y'a été obtenue par contrainte, violence ou
menace ou promesse d'un avantage quelconque ou par tout autre moyen portant atteinte à
la libre volonté de son auteur >>.

Paragraphe 3 : le principe de la loyauté de la preuve.

A la différence de la régularité posée par la loi, la loyauté est une exigence probatoire
d'apparition récente construite par la jurisprudence. Elle n'est pas stable et ne contient pas
un critère précis. C'est en raison de la prise en compte du procès équitable sur le terrain de
la preuve que le juge à dégager l'exigence supplémentaire de loyauté.
Quelques critères sont évoqués par la jurisprudence à savoir :
- Le contournement de procédure d'obtention de preuve;
- L'obtention frauduleuse de certaine preuve ou encore l'emploi de stratagème par les
enquêteurs pour obtenir la preuve.
L'idée est moins de préserver la recherche de la vérité que de garantir une certaine intégrité
de la justice pénale.
La recevabilité de la preuve tombe lorsque le législateur interdit l'exploitation de certains
éléments de preuve, il en est ainsi en cas de violation de correspondance entre un avocat et
son client, de la violation du secret médical, en cas de violation du secret bancaire.
L'art 316 dispose je cite : << la correspondance échangée entre un avocat et son client
prévenu ne peut être admise comme preuve contre ce dernier >>( il faut suivre l'évolution

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jurisprudentielle de cette interdiction : affaire Nicolas Sarkozy ). Une difficulté se pose
souvent avec le secret de la confession.

Section 2 : Le principe d'administration de la preuve.

L'on entend par là l'examen proprement dit des modes et des moyens de preuve. Ici l'on ne
s'intéresse plus aux procédés d'obtention de la preuve.
L'on distingue deux catégories de règles : les règles générales d'administrations de la
preuve et les règles spécifiques d'administrations de chaque mode de preuve.
Sur le 1er point on relève :
- la règle de la charge de la preuve ( art 307 );
- la règle de la charge de la preuve d'un fait justificatif ou d'une cause de non
responsabilité que l'on appelle encore la règle de la charge de la preuve d'une
exception au fond ( art 309 );
- la règle de la neutralité de l'administration de la preuve ( art 310 al 2 );
- la règle de l'exclusivité de la preuve débattu ( art 310 al 3 );
- la règle de la preuve corroborative ( art 311 );
- la règle de l'examen postérieur du casier judiciaire.
S'agissant des règles spéciales, l'on distingue l'administration de la preuve testimonial,
l'administration de la preuve documentaire, l'administration de la preuve scientifique,
l'administration de la preuve technologique.

1. L'administration de la preuve testimoniale.

La preuve testimoniale est la preuve par témoignage, c'est la reine des preuves en matière
pénale. En raison de la présomption d'innocence ou plus largement des principes directeurs
du procès et des principes fondamentaux
L'administration de la présomption testimonial est soumis à un formalisme propre visant à
garantir :
- La crédibilité du témoignage;
- L'authenticité du témoignage;
- La sincérité du témoignage.
Ainsi trois types de règles gouvernent l'administration du témoignage : les règles relatives à
la forme du témoignage, les règles relatives à la personne lui-même et les règles relatives
au témoignage lui-même.
S'agissant de la forme du témoignage l'art 183 al 2 dispose je cite : << hormis le cas où la
loi ou la coutume en dispose autrement, le témoin dépose son témoignage de la manière
suivante : la tête découverte, la main droite levé et déganté prononce le serment suivant : je
jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité >>.
Toujours s'agissant de la forme, le témoin peut témoigner sous serment ou sans serment.
Mention de son choix dans le procès verbal.
S'agissant de la personne lui même le législateur fixe son âge, l'art 322 dispose dans ce
sens : << toute personne âgée de 14 ans au moins peut être entendue comme témoin.
Toutefois, le mineur victime d'une infraction peut être entendu comme témoin quelque soit
son âge >>. En dehors de son âge, le tribunal s'intéresse à l'identité du témoin, à sa
situation de famille, à sa profession, à son domicile ou à sa résidence. A travers ces
éléments le juge recherche le lien entre le témoin et la personne qui l'a cité.

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S'agissant de la sincérité du témoignage le législateur à posé deux règles : la 1er est le
caractère direct du témoignage, à ce propos l'art 335 du code de procédure pénale dispose
que : << est direct le témoignage qui émane de celui qui a vu le fait s'il s'agit d'un fait qui
pouvait être vu, de celui qui a entendu s'il s'agit d'un fait qui pouvait être entendu, de celui
qui a perçu s'il s'agit d'un fait qui pouvait être perçu par tout autre sens, de son auteur s'il
s'agit d'une opinion >>, cette règle n'est pas rigoureusement appliqué en cas d'assassinat,
de meurtre ou de coup mortel. Ici la déclaration verbale ou écrite de la victime relative à son
décès est admise en témoignage. Il est également admis que l'aveu qui émane de son
auteur est un témoignage direct ( art 315 al 1).
La 2nde règle est celle de son contradictoire, sur ce point le code de procédure pénale
exige que la liste des témoin doit préalablement être transmise à la partie adverse, la 2nde
règle concerne la conduite du témoignage qui se fait en 3 étapes selon l'art 332 al 1 à savoir
: examination in chief, la cross examination et re examination.

2. L'administration de la preuve documentaire.

La preuve documentaire s'entend de la production d'un document pour persuader l'esprit de


la vérité. Il s'agit d'emporter la conviction d'un juge sur la base d'un document.
Les exigences ici concerne :
- La fiabilité du document;
- L'authenticité du document;
- La sincérité des écritures.
On peut dire que le législateur camerounais à adopté une approche restrictive en matière de
preuve documentaire. L'art 313 al 1er dispose à ce propos : << le contenu d'un document ne
peut être prouvé que par la production de la preuve primaire ou à défaut de la preuve
secondaire >> Cela signifie que la preuve documentaire ne peut avoir que deux formes
devant le juge pénale d'où l'interprétation restrictive.
Il faut entendre par preuve primaire l'original d'un document, il faut entendre par preuve
secondaire la copie conforme à l'original et certifiée par une autorité compétente.
Le législateur à limiter les cas d'admissions de la preuve secondaire ainsi la preuve
secondaire est admise :
- Lorsqu'il est établi devant la juridiction que l'original est en la possession de la partie
adverse ou d'un tiers;
- Lorsque l'existence et le contenu de l'original ne sont pas contester par la partie
adverse;
- Lorsqu'il est établi que l'original à été détruit ou perdu;
- Lorsque l'original ne peut-être facilement déplacé.
Il convient de relever qu'en matière de preuve documentaire le principe est la production de
la preuve primaire et la preuve secondaire n'est produite que de façon exceptionnelle.

Section 3 : Principe lié à la force probante de la preuve.

C'est le point final des principes substantiels de la justice pénale, en effet la force probante
de la preuve qui désigne en matière pénale la conviction du juge doit prendre en compte les
implications normatives des principes directeurs, celles des principes fondamentaux et
l'exigence de neutralité du juge pénal.
Dans ce sens, le principe de la force probatoire correspond au standard de la preuve. La
question ici est de savoir quel est le niveau de démonstration de la culpabilité exigé au juge

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pour sa décision ? Alors que la plupart des procédures pénales modernes posent la règle de
la déclaration de culpabilité au delà du doute raisonnable, le législateur camerounais non
seulement ne pose aucune règle, mais aussi et surtout il ignore totalement l'évolution de son
propre droit de la preuve en ce qu'il demeure dans le système ancien archaïque de l'intime
conviction. Ainsi, l'art 310 al 1 du code de procédure pénale qui dispose : << le Juge décidé
selon la loi et son intime conviction >> agit comme un épouvantail. En clair, cette disposition
n'est pas harmonisée, ni avec les principes directeurs, les principes fondamentaux, ni avec
les règles substantielles.

Titre 2 : le cadre institutionnel de la justice pénale.

( est ce qu'il existe en matière pénale un juge naturel ? )

L'objectif de l'analyse du cadre institutionnelle de la procédure pénale est double :


- Premièrement, il s'agit de connaître qu'elle sont les organes des fonctions
répressives de la justice pénale camerounaise ( leurs identifications, leurs
compositions et leurs compétences )
- Deuxièmement et c'est le point le plus fondamental, examiné si les institutions et les
organes des fonctions répressives de la justice pénale camerounaise sont
compatibles avec les principes directeurs, les principes fondamentaux et les
principes substantiels de la justice pénale.
Cet examen de compatibilité porte à la fois sur l'institution des organes des fonctions
répressives, leurs organisations et enfin du point de vue du droit applicable. Il en est ainsi
parce que en procédure pénale et en matière pénale de façon générale la compétence
juridictionnelle est nécessairement liée à la compétence législative.
En d'autre terme l'institution d'une juridiction répressive s'accompagne toujours d'une
dérogation des règles applicables.
D'un point de vue technique, le cadre institutionnel de la justice pénale s'entend de
l'ensemble des organes chargés de la gestion judiciaire de l'infraction dans ce sens il
comprend les organes d'applications de loi pénale, les organes d'administrations de la
justice pénale et les organes de conduite de la justice pénale. Dans le cadre de cet
enseignement on évoquera deux aspects d'avantages liés à l'administration de la justice
pénale, la détermination des composantes du cadre institutionnelle d'administration de la
justice pénale et les modes d'habilitations des composantes du cadre institutionnelle de la
justice pénale.

Leçon 1 : les composantes du cadre institutionnelle d'administration de la justice pénale.

Cette leçon vise un double objectif, le premier objectif est de connaître les principes
d'organisations de la justice pénale au Cameroun et le second objectif, les composantes
qualitatives et quantitatives de la justice pénale.
Partant de ce double objectif, il convient de relever que l'organisation de notre juridiction
répressive n'a pas fondamentalement été influencée par l'évolution historique de notre
justice pénale. On peut dire ici que la source législative française à pris le pas sur la Criminal
Procedure Ordinance.
L'un des éléments pour l'affirmer est par exemple la généralisation de la juridiction
d'instruction sur l'ensemble du territoire. Aussi il convient de relever que l'organisation de la

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justice répressive est l'un des points de contact direct entre la justice pénale et l'autorité
politique.
Ainsi l'organisation de la justice pénale doit être étudiée dans une dimension
systématiquement évolutive.
Nous allons présenter d'une part les principes d'organisations ( S1 ) et les composantes
elles-mêmes ( S2 ).

Section 1 : les principes d'organisations de la justice pénale.

L'on entend par principe d'organisation l'ensemble des règles de répartition de l'activité
juridictionnelle en matière répressive, il s'agit de répondre à la question de savoir comment
est faite la division du travail en matière répressive ? Cette question présente deux intérêts
majeurs :
1. Le premier intérêt est de déterminer qui organise la division du travail en matière
répressive.
Sur ce point là constitution est claire, la division du travail judiciaire en matière répressive est
nécessairement législative. En d'autre terme l'exécutif n'a pas de compétence en la matière.
Cette règle s'appelle la légalité de la répression.
2. Le second intérêt est de savoir s'il existe en matière de division du travail judiciaire
des principes primaires et des principes dérivés en d'autre terme le législateur est il
tenu de prendre en compte certain élément ou bien il décide en toute souveraineté.
La question est de savoir si en matière de division du travail judiciaire le législateur exerce
t-il une compétence liée ou une compétence discrétionnaire ? A priori il convient de relever
que le législateur exerce une compétence liée à la nature de l'infraction ou à sa gravité, on
parle donc de juge naturel en matière pénale. Mais dans la pratique et à partir de la justice
pénale camerounaise il est possible de relever que le législateur camerounais dispose d'un
pouvoir discrétionnaire dont la mise en œuvre nous permet d'identifier les principes
d'organisations de la justice répressive. Ainsi donc l'on distingue au final le principe lié à la
conduite de l'action pénale ( P1 ), le principe lié à la spécialisation de l'action pénale ( P2 ) et
enfin le principe de la nature de l'acte pénale ( P3 ).

Paragraphe 1 : le principe lié à la conduite de l'action pénale.

Il convient de relever que l'action pénale est conduite en deux temps, le temps de son
élaboration ( A ) et le temps de l'appréciation ( B ).

A - les organes d'élaboration de l'action pénale.

L'élaboration de l'action pénale s'étend de l'ensemble des diligences accomplies en vue de


la tenu du procès pénal. Dans ce sens l'on distingue l'élaboration judiciaire de l'action pénale
( 1 ) et l'élaboration juridictionnelle de l'action pénale ( 2 ).

1 - les organes de l'élaboration judiciaire de l'action pénale.

Considérant que l'élaboration judiciaire s'entend de l'ensemble des opérations d'enquêtes,


on distingue deux organes à savoir le ministère public et la police judiciaire.

2 - l'organe d'appréciation juridictionnelle : la juridiction d'instruction.

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La juridiction d'instruction est chargée de l'information judiciaire dans le cadre de
l'élaboration de l'action pénale, elle accomplit donc aussi des diligences relatives à la tenue
du procès. L'on distingue le Juge d'Instruction en instance et la chambre de contrôle de
l'instruction en appel.

B - les organes d'appréciations de l'action pénale : la juridiction de jugement.

Appréciation de l'action pénale s'entend de la déclaration de culpabilité d'une part et du


prononcé de la sanction pénale d'autre part. L'organe ici est exclusivement la juridiction de
jugement qu'il s'agisse du tribunal d'instance, de la cour d'appel ou encore de la cour
suprême. Ici le ministère public intervient comme partie à l'instance au même titre que la
victime ou la personne poursuivie.

Paragraphe 2 : le principe de la spécialisation de l'action pénale.

Ce principe permet de distinguer les institutions répressives à compétence générale et les


institutions à compétence spéciale.

A - les institutions à compétence générale.

La compétence générale en matière de procédure pénale s'entend de la compétence


ouverte, indéterminée ou encore compétence de principe. On retrouve ici les institutions
d'élaboration ( le procureur, la police judiciaire ) et les institutions d'appréciations ( les
juridictions de jugement contenu dans le code de procédure pénale ).

B - les institutions à compétence spéciale.

L'on entend par compétence spéciale en procédure pénale la compétence d'attribution ou


encore la compétence déterminer ou la compétence spécifique à certains égard il peut s'agir
aussi de la compétence dérogatoire. On distingue trois critères de spécialisation de la
justice pénale :
1. La spécialisation rationae matérie ( le tribunal criminel spécial );
2. La spécialisation rationae personae ( la tribunal des mineurs article 700 et suivant du
code de procédure pénale ) il convient de préciser ici qu'il y a eu un débat sur la
détermination de la juridiction compétente pour les infractions de terrorisme commise
par un mineur, la réponse est que le mineur quelque soit la nature de son infraction
reste et demeure justiciable auprès du tribunal des mineurs ( le tribunal de premiere
instance statuant en matière de délinquance juvénile ). Deux raisons permettent de
le considérer :
La spécialisation rationae personae est une spécialisation spécifique alors que la
spécialisation rationae matérie relevé du régime général de la répartition des compétences
pénales.
La seconde raison, est que le droit pénal des mineurs s'interprète toujours dans un sens
favorable au mineur in favorem.
3. La spécialisation combiné c'est à dire rationae matérie et rationae personae ( le
tribunal militaire ou encore la haute cour de justice prévu par la constitution dans son
art 53).

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Il existe aussi une spécialisation en ce qui concerne l'élaboration de l'action pénale ( le
commissaire du gouvernement, les OPJ à compétence spéciale ou encore le corps spéciale
des OPJ du TCS ) au niveau de l'appréciation de l'action il y'a les juges militaires, les
asceseurs.

Paragraphe 3 : le principe classique de division du travail judiciaire.

Il s'agit du critère < <normal >> de division du travail judiciaire à savoir la nature de l'acte
qui repose elle-même en droit pénal sur la gravité résultant de l'appréciation de la peine. Sur
ce fondement l'on distingue trois types de juridiction : la juridiction criminelle ( TGI, TCS ), la
juridiction correctionnelle ( La juridiction statuant en matière de délit notamment le TPI ) et la
juridiction de simple police ( statuant en matière de contravention, il s'agit du tribunal de
première instance statuant en matière de simple police ).

Section 2 : les composantes de la justice pénale.

Selon la loi n°2006/015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire modifier et


compléter par la loi n°2011/027 du 14 décembre 2011 l'organisation de la justice répressive
comprends :
- La cour suprême ( P1 );
- Les cours d'appels ( P2 );
- Le tribunal criminel spécial ( P3 );
- Les tribunaux militaires ( P4 );
- Les tribunaux de grande instance ( P5 );
- Les tribunaux de première instance ( P6 );
A cette organisation il convient d'ajouter avec beaucoup de curiosité la haute cour de justice
seule juridiction ( pénale ) d'exception ( P7 ).
Le tribunal criminel spécial et le tribunal militaire sont du point de vue de la procédure
pénale des juridictions à compétence spéciale. L'art 2 al 1 de la loi n°2017/012 du 12 juillet
2017 portant code de justice militaire dispose je cite : << les tribunaux militaires sont des
juridictions à compétence spéciale >>.
De ce façon générale il convient de souligner à grand trait que d'un point de vue formel le
législateur à supprimer la catégorie des juridictions répressives d'exceptions ce
faisant il a placé toute l'organisation judiciaire du cameroun sous l'emprise de la
prééminence du droit c'est à dire compatible avec les principes directeurs, les
principes fondamentaux et les principes substantielles du droit. Cependant il faut
vérifier si la technique de la spécialisation mise en œuvre et le régime dérogatoire qui en
résulte sont également compatibles avec cette prééminence du droit.

Leçon 2 : les modalités d'habilitations des organes des fonctions répressives.

L'on entend par habilitation les titres de compétence pénale c'est à dire les techniques ou
plus précisément les critères par lesquelles un organe de fonction répressive ce saisie d'une
affaire. En effet, au-delà des principes de division du travail judiciaire, le législateur à
organiser la saisine des organes des fonctions répressives de deux manières : d'abord par
l'affirmation d'un principe ( S1 ) ensuite par détermination des possibilités de dérogation ( S2
).

21
Section 1 : l'organisation du principe des compétences pénales.

En plus de la répartition des compétences selon les trois principes ( la conduite, la


spécialisation et la nature de l'acte pénale ) le législateur habilite le Juge répressif ou de
façon générale les autorités répressives sur la base de trois critères essentielles ( P1 ) dont
un seule relève véritablement de la procédure pénale ( P2 ).

Paragraphe 1 : le critère général de répartition de compétences pénales.

Comme en droit pénal substantiel la procédure pénale admet également les trois titres
classiques de compétence : la compétence rationae matérie, la compétence rationae
personae et la compétence rationae loci.
S'agissant de la compétence rationae personae elle se fondé sur la qualité de
l'auteur de l'infraction ( compétence personnelle active ) ou de la victime de
l'infraction (compétence personnelle passive ).
Ce titre de compétence concerne davantage l'hypothèse de l'infractions commise hors
du territoire national.
Dans le droit pénal camerounais seule la qualité de l'auteur est prise en compte par le le en
d'autre termes les autorités répressives camerounaises ne sont pas compétentes lorsque la
victime de l'infraction à l'étranger est camerounaise.
En conclusion la compétence personnelle active est le premier titre de compétence
extra territorial des autorités répressives nationales
S'agissant de la compétence rationae matérie celle- ci désigne la seconde hypothèse
d'habilitation des autorités répressives en fonction du lieu de commission de
l'infraction qui est l'étranger. De ce point de vue la compétence rationae matérie
comprends deux dimensions :
1. Premièrement, elle renvoie à la compétence réelle. Dans ce cas, les autorités
répressives nationales sont compétentes lorsque certaines infractions spécifiques
sont commises. Il s'agit des infractions portant atteinte aux intérêts supérieurs
de l'État. Exemple : la contrefaçon de la monnaie nationale.
2. Deuxièmement, elle renvoi à la compétence universelle qui habilite les autorités
repressives en raison de la gravité de certaines infractions notamment les crimes
internationaux par nature ( crime contre l'humanité, crime de génocide, crime de
guerre … ) voire art 11 du code pénal.
Mais en procédure pénale la compétence rationae matérie ne concerne pas seulement les
infractions commise hors du territoire, elle est aussi à la base des répartitions des
compétences internes qu'ils s'agissent de la spécialisation de l'action pénale ( TCS, tribunal
militaire ) ou de la nature de l'acte ( tribunal criminelle , tribunal correctionnelle de simple
police ).
S'agissant de la compétence rationae loci, elle ne connaît que l'hypothèse des
infractions commises sur le territoire, elle est donc l'expression de la territorialité.
Compétence de principe ou compétence primaire en matière pénale.
La territorialité constitue la règle de compétence déclinée de manière spécifique en matière
pénale.

Paragraphe 2 : l'organisation spécifique de la compétence rationae loci.

22
Du point de vue de la procédure pénale, la compétence rationae loci prend la forme de la
compétence du ressort territorial. En effet, les autorités de fonction répressive sont
organisées en fonction du ressort territorial. Ainsi la cour suprême à un ressort national, les
cours d'appels ont un ressort régional, le TGI a un ressort départemental et le TPI à un
ressort d'arrondissement.
La règle de la spécialisation des compétences attribue des ressorts spécifiques à certaines
juridictions.
Le tribunal militaire à une compétence régionale et le tribunal criminel spécial quant à lui a
une compétence nationale.
Dans la mise en œuvre de la compétence du ressort territoriale ( * ), le législateur à défini
un critère fondamental à savoir : le critère du lieu. A ce propos l'art 294 dispose je cite : <<
est compétent le tribunal soit du lieu de commission de l'infraction soit du lieu du domicile du
prévenu soit du lieu d'arrestation du prévenu >> l'art 295 du code de procédure pénale
ajoute je cite : << la compétence à l'égard d'un prévenu s'étend à tous les co-auteurs et
complice sauf disposition contraire de la loi >> ( * ).
S'agissant du procureur l'art 140 al 1er dispose je cite : << est compétent le procureur de la
république soit du lieu de commission de l'infraction soit du lieu du domicile soit du lieu
d'arrestation du suspect >>. Il convient de souligner que le législateur à prévu une certaine
hiérarchisation de ces critères de compétence. Ainsi en cas de saisine concurrentielle
entre deux procureurs ou deux juges priorité est donné au procureur ou au juge du
lieu de commission de l'infraction, on dit que la compétence du lieu de commission
est la compétence principale en procédure pénale et les autres sont des compétences
secondaires.
Il arrive que cette organisation ne fonctionne pas de façon linéaire et que certains incidents
perturbent le fonctionnement des compétences attribuées.
Dans ces cas, le législateur à prévu des hypothèses de dérogation de compétence.

Section 2 : les dérogations de compétence.

L'on entend par dérogation de compétence les hypothèses dans lesquelles la règle normale
d'attribution de compétence se trouve modulée dans son application. Cette modulation
résulte généralement de la prise en compte de la bonne administration de la justice.
Dans ce sens les dérogations de compétence peuvent soit d'une prorogation de
compétence soit d'un renvoi de compétence soit d'une solution à un cas de
compétence concurrente.

Paragraphe 1 : la prorogation de compétence ( * ).

La prorogation de compétence désigne l'hypothèse de l'élargissement, de l'extension de


compétence d'un tribunal en dehors du ressort territorial. Le code de procédure pénale
distingue deux cas de prorogation de compétence ( * ). La prorogation par connexité et la
prorogation par d'indivisibilité.

A - la prorogation de compétence par connexité ( * ).

La connexité en procédure pénale désigne la prise en compte des liens étroits existant entre
plusieurs infractions. Elle permet une bonne administration de la justice en ce sens que le

23
législateur donne la possibilité au juge de se saisir de la globalité d'une situation criminelle. Il
y'a connexité d'après la loi lorsque :
- les infractions ont été commise au même moment par plusieurs personnes agissant
ensemble;
- Les infractions ont été commise par différente personne même en différent temps et
en différent lieux mais par suite d'une conspiration;
- L'infraction à été perpétré soit pour faciliter la commission d'une autre infraction soit
pour assurer l'impunité de celle ci;
- Lorsqu'il y a recel.
De façon générale, en cas de connexité, la prorogation de compétence est facultative.
La compétence est prorogée ici par la technique de la jonction de procédure.

B - la prorogation de compétence par indivisibilité.

L'indivisibilité est une cause de prorogation de compétence. D'après la loi il y'a indivisibilité
Lorsqu'il y'a :
- Pluralité d'auteurs et de complice d'une même infraction;
- Lorsqu'il existe entre plusieurs infractions commises par une même personne une
relation si étroite que l'une ne peut être jugée sans l'autre ;
- Lorsque des infractions commises en différent temps vise un même but ( unité de
temps et même dessin criminelle ).
En d'indivisibilité, la jonction de procédure est obligatoire.

Paragraphe 2 : la prorogation de compétence par renvoie

Le renvoie est la situation dans laquelle une juridiction normalement saisi d'une affaire s'en
trouve dessaisi. La dérogation porte ici sur le ressort territorial. Il existe deux types de
renvoie : le renvoie ordinaire et le renvoie exceptionnelle.
Le premier cas intervient, lorsque la cour suprême suivi d'un pourvoi casse la décision
rendue et renvoie à une autre cour d'appel qui n'était pas normalement compétente.
Le renvoie exceptionnelle est celui prévu à l'art 604 al 1er qui dispose je cite : << la cour
suprême peut pour cause de suspicion légitime ou pour les nécessité d'ordre juridique soit
dessaisir une juridiction d'une affaire et renvoyer la cause devant une juridiction de même
rang soit désigné les juges appartenant à d'autre ressort ou à d'autre juridiction pour
composer celle ci >>. On dit que le renvoie exceptionnelle présente deux formes :
1. Premièrement, il est organique;
2. Deuxièmement, il est fonctionnel.

Paragraphe 3 : la prorogation par solution au conflit de compétence.

La dérogation peut résulter d'une solution à un conflit de compétence. Il existe deux de


conflits de compétence : le conflit positif de compétence ( deux juridictions se revendique la
compétence sur une affaire tel que lieu d'arrestation et lieu de domicile ) il peut aussi être
négatif lorsque deux juges ou juridictions se rejettent la compétence. Lorsqu'il y a conflit de
compétence la solution peut être amiable ( dessaisissement d'une juridiction au profil de
l'autre ) la solution peut également être contentieuse, on parle d'une procédure du
règlement du juge.

24
L'art 600 al 1er dispose : << lorsque deux juges du ressort d'une même cour d'appel se
déclare compétent ou incompétent le conflit est tranché par la cour d'appel >> lorsque deux
ressorts de cour d'appel sont concernés le conflit est tranché par la cour suprême.
De façon générale, les règles de compétence ainsi que les organes répressifs fixent le
cadre institutionnel de la procédure pénale. La composition dudit cadre permet une certaine
évaluation du type de justice pénale mis en place par le législateur ce qui n'est pas sans
intérêt sur le cadre processuel.

Titre 3 : le cadre processuel de notre justice pénale.

L'on entend par cadre processuel le domaine de déploiement de la justice pénale plus
précisément les actions née de l'infraction. A ce propos il existe deux conceptions de
l'infraction donnant lieu à deux modèles de justice pénale.
Selon une première conception, l'infraction est strictement une atteinte à un intérêt public.
Sur ce rapport, les États organisent la justice pénale autour de l'intérêt public. Dans ce cas,
la justice pénale porte uniquement sur l'action publique.
C'est la conception unitaire de l'infraction qui donne la compétence au juge pénal
uniquement sur l'action publique, l'action civile étant irrecevable devant le juge pénal. Dans
ce système on retrouve par exemple le modèle américain, le modèle britannique ou le Juge
pénal n'est compétent que pour l'action publique.
Dans le second modèle, l'infraction est à la fois une atteinte à un intérêt public et à un
intérêt privé. Ici le législateur organise la justice pénale autour de la prise en compte de ces
deux intérêts. Le Juge pénale est donc compétent pour connaître à la fois une action
publique qui vise l'intérêt général et une action civile qui vise la protection d'un intérêt
particulier.
Cette conception binaire de l'infraction est retrouvée dans les modèles de procédure pénale
de tradition romano-germanique. Il en résulte donc une reconnaissance exclusive de la
compétence du juge pénale sur l'action publique et une reconnaissance de la
compétence intégrale du juge pénale sur l'action publique et l'action civile.
Entre ces deux modèles certains états on défini un modèle de compétence combiné avec
cependant une prépondérance pour la protection de l'intérêt public. Tel est le cas de la
justice pénale camerounaise. En effet, d'après le législateur camerounais toute infraction
constitue d'abord et avant tout une atteinte à un intérêt public, certaines infractions
seulement peuvent également porter atteinte à un intérêt privé et quand bien même un
intérêt privé est atteint, il n'est pris en compte que si une victime existe.
La conséquence de cette considération est la hiérarchisation entre les deux actions devant
le juge pénal.
Cette hiérarchisation est à la base du régime légale, trois idées permettent de le
comprendre :
Il ne peut y avoir de procès pénale sans action publique ( l'action publique est l'action
nécessaire de la justice pénale);
- L'action publique appartient à l'état en ce qu'elles vise l'intérêt générale ( la victime
joue un rôle résiduel en matière d'action publique );
- L'action civile est nécessairement dépendante de l'action publique ( l'octroi des
réparations est conditionné par la déclaration de culpabilité ).
Cette considération est résumé dans l'art 59 al 1er du code de procédure pénale qui
dispose je cite : << toute infraction peut donner lieu à une action publique et,
éventuellement, à une action civile >> cette disposition invite à présenter de façon séparé

25
les deux actions de la justice pénale. L'action nécessaire ( Chap 1 ) et l'action éventuelle (
Chap 2 ).

Chapitre 1 : l'action nécessaire de la justice pénale : l'action publique.

L'action publique est définie par l'art 59 al 2 du code de procédure pénale qui dispose je cite
: << l'action tendant à faire prononcer contre l'auteur de l'infraction une peine ou une mesure
de sûreté édicté par la loi >> elle est donc l'action de la justice pénale. La terminologie
anglo-saxonne l'assimile d'ailleurs à la procédure pénale. En effet, on parle ici de criminal
proceeding. L'action publique est dite action nécessaire parce que son exercice correspond
à la poursuite. Lorsqu'on désigne la poursuite comme fonction répressive, l'on évoque
l'action publique. Dans ce sens, le déclenchement des poursuites correspond à la mise en
mouvement de l'action publique. Il convient dès lors d'examiner les traits généraux de
l'action publique ( S1 ) et les modalités d'extension de l'action publique ( S2 ).

Section 1 : les traits généraux de l'action publique.

Entendu que action nécessaire du procès pénal, l'action publique présente deux traits
généraux à savoir : son caractère public ( P1 ) et son caractère indisponible ( P2 ).

Paragraphe 1 : le caractère public de l'action publique.

Dire que l'action publique présente un caractère publique, c'est principalement affirmé que
celle- ci n'appartient pas à une partie au procès. Ce caractère résulte principalement de la
prise en compte des sujets de l'action publique ( qui peut mettre en avant l'action publique ?
contre qui peut on diriger l'action publique ? ) L'on distingue ici les sujets actifs de l'action
publique ( A ) et le sujet passif de l'action publique ( B ).

A - les sujets actifs de l'action publique.

Considérant le caractère public de l'action publique les sujets actifs c'est à dire ceux
capables de mettre en mouvement l'action et éventuellement de l'exercer sont classés en
deux groupes : le sujet naturel de l'action publique ( 1 ) et les sujets dérivés de l'action
publique ( 2 ).

1 - le sujet naturel de l'action publique.

Le ministère public est le sujet naturel de l'action publique, c'est lui qui met en mouvement
l'action publique et l'exerce.
On dit que le ministère public à la maîtrise de l'action publique. Autrefois l'action publique
était désignée comme l'action populaire ( actio popularis ) avec la naissance de la
république l'actio popularis est devenu l'action publique dévolu au représentant du ministère
public à savoir : le procureur de la république avec ses substituts.
Du point de vue fonctionnelle le ministère public joue le rôle de l'avocat de la société, c'est
pour cela qu' à un stade de la procédure il devient parti au procès pour défendre la cause de
la société victime de l'infraction. C'est pour cette raison aussi que devant les cours les
représentants du ministère public sont appelés avocats généraux. Il faut donc considérer la
composition du ministère public ( a ) et ces traits de caractère ( b ).

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a - la composition du ministère public.

L'art 127 al 2 dispose je cite : << le ministère public est suivant les distinctions établies au
présent article constitue de l'ensemble des magistrats du parquet générale de la cour
suprême, du parquet cour d'appel, du parquet du TGI, du parquet du TPI >> à cette
disposition il faut ajouter celle relative aux juridictions spécialisés.
Lorsqu'il s'agit d'une cour, l'ensemble des magistrats du ministère public forme le parquet
général ayant à sa tête le procureur général.
Lorsqu'il s'agit d'un tribunal, l'ensemble des magistrats du ministère public constitue le
parquet d'instance dont le procureur de la république. Cette répartition n'est pas identiques
dans les juridictions spécialisées devant le TCS par exemple au lieu du parquet d'instance
se trouve un parquet général, devant le tribunal militaire par exemple au lieu du procureur de
la république se trouve le commissaire du gouvernement.

b - le caractère du ministère public.

Le ministère public doit être considéré dans sa globalité c'est à dire, il forme un tout en
procédure pénale, c'est celle qui justifie ses traits caractéristiques à savoir : la subordination
hiérarchique ( i ), L'indivisibilité ( ii ), l'irrécusabilité ( iii ) et l'irresponsabilité ( iiii ).

i - la subordination hiérarchique.

Le trait de caractère le plus problématique du ministère public au regard des 8 principes


fondamentaux, des principes directeurs est la subordination hiérarchique. Si celle-ci est au
moins difficile à comprendre lorsqu'elle est interne ( ¶ ) elle est davantage difficilement
admissible lorsqu'elle est externe ( § ).

¶ - la subordination hiérarchique interne.

Considérant que le ministère public est un tout, sa subordination hiérarchique peut être vue
sous de angle. D'abord intra-parquet ( * ) et ensuite inter-parquet.
Sur le premier point l'article 127 al 7 dispose dans ce sens je cite : << les magistrats du
parquet générale d'une cour suprême, du parquet générale d'une cour d'appel, du parquet
générale du TGI, du parquet générale du TPI exercer sous le contrôle, la direction et la
responsabilité du chef de chaque parquet, les attributions conférées par la loi au
procureur général près la cour suprême, au procureur général près la cour d'appel et
au procureur de la république >> cette disposition signifie que la loi confie des attributions
uniquement au chef du parquet, les substituts du procureur son tenu de suivre les
instructions du procureur de la république.
S'agissant de la subordination inter-parquet l'art 133 al 2 et l'art 134 al 1er posent les bases
de la subordination hiérarchique.
Le premier texte indique que le procureur général près la cour d'appel à autorité sur tous
les magistrats du ministère public de son ressort.
Le second texte précise que le procureur général près la cour d'appel peut prescrire aux
magistrats du ministère public de son ressort d'enquêter, de procéder à un classement sans
suite ou d'engager des poursuites.

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La subordination hiérarchique inter-parquet ne semble donc concerné que les parquets
d'instances et les parquets généraux de cœur d'appel. Le parquet général de la cour
suprême ne semble pas être concerné par la subordination inter-parquet.

§ - la subordination hiérarchique externe.

L'on entend par là, le lien de subordination entre le ministère public et les membres de
l'exécutif. Cette subordination hiérarchique existe, mais la véritable question est celle de
savoir si elle est strictement administrative ou bien si elle a aussi une dimension judiciaire.
Du point de vue administratif, la loi portant organisation judiciaire dispose dans son art 34:
<< les membres du parquet relèvent du ministère de la justice >>.
Du point de vue judiciaire, l'on se demande si le ministère de la justice est dès lors fondé
légalement pour instruire les membres d'un parquet. La question se pose en dehors des cas
d'interférence prévue par la loi. Il en est ainsi, de l'hypothèse de NOLLE PROCEQUEA
prévu par l'art 64 du code de procédure pénale al 1er : << le procureur de la république près
une cour d'appel peut sur autorisation écrite du ministère de la justice, requérir par écrit puis
oralement l'arrêt des poursuites pénales à tout stade de la procédure avant l'intervention
d'une décision au fond, lorsque ces poursuites sont de nature à compromettre l'intérêt social
ou la paix publique >> la subordination hiérarchique du ministère public soulève deux
problèmes :
- le premier est le statut du parquet général de la cour suprême dans la chaîne
pénale.
- Le second concerne le statut général du parquet dans l'organisation judiciaire.
La seule limite à la subordination hiérarchique du point de vue judiciaire est contenu dans la
maxime donnée ( l'écrit est serve, la parole est libre ) cela signifie que un représentant du
ministère public peut s'affranchir des instructions de sa hiérarchie dans ses prises de parole
à l'audience mais pas dans les réquisitions écrites.

ii - L'indivisibilité du ministère public.

L'indivisibilité est un trait fondamental du ministère public en ce sens qu'il traduit son unité.
Ce trait de caractère est clairement posé par l'art 127 al 1er je cite : << le ministère public
est indivisible >> il faut entendre par là deux choses : la 1ère est l'homogénéité du ministère
public. En effet, le ministère public est l'ensemble formé par les magistrats d'un parquet ou
du parquet. Exemple : devant le TGI le ministère public est constitué du parquet du TGI ( le
procureur de la république et tous ses substituts ) cette considération désigne la dimension
organique de l'indivisibilité du ministère public. Dans un 2nd sens l'indivisibilité du ministère
public désigne << la solidarité des membres du parquet >> cette solidarité est parfaite,
c'est le sens de l'art 127 al 1er in fine qui dispose je cite : << tout acte de procédure
accompli par un magistrat du parquet est censé l'être au nom du parquet tout entier >>
l'indivisibilité est donc aussi fonctionnelle. L'on peut citer l'arrêt de la cour européenne des
droits de l'homme du 26 novembre 2010, affaire moulin contre france. Partant de cette
double dimension de l'indivisibilité du ministère public le législateur tire la conséquence de
sa présence obligatoire dans le procès, l'art 128 al 1er dispose in fine je cite : << le ministère
public ( ... ) doit à peine de nullité de la décision être présent à toute les audiences >>
En raison de cette indivisibilité aussi le ministère public est hiérarchisé et son chef ( le
procureur de la république ) en assure la représentation.

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iii - l'irrévocabilité du ministère public.

Conséquence de son indivisibilité, l'irrévocabilité du ministère public signifie que l'on ne peut
demander son dessaisissement dans une affaire.
Cependant cela ne signifie pas qu' un membre du ministère public ne puisse être soupçonné
de partialité. Cela signifie simplement que la partialité d'un membre du ministère public n'a
pas d'incidence procédurale. Ainsi l'art 593 qui dispose je cite : << un magistrat du ministère
public ne peut-être récusé >> doit il s'entendre de l'irrévocabilité de tout le ministère public ?
La question ici est celle de la compatibilité de cette disposition avec les principes
fondamentaux de la justice pénale et la problématique du statut du ministère public en
procédure pénale.

iiii - l'irresponsabilité du ministère public.

Ce trait de caractère signifie que le ministère public ne peut faire l'objet d'une action en
justice du fait de l'accomplissement de ces missions. En d'autre terme l'on ne peut reprocher
au ministère public ni l'exercice abusif des poursuites ni le refus excessif des
poursuites.Il en est ainsi en raison du principe l'opportunité des poursuites. Cependant
l'irresponsabilité du ministère public ( l'irresponsabilité organique et l'irresponsabilité
fonctionnelle ) n'empêche pas la responsabilité personnelle d'un membre du ministère
public en raison de sa faute personnelle soit constitutive d'une infraction soit ayant causé un
dommage personnelle. En tout état cause subordination, indivisibilité, irrécusabilité et
irresponsabilité du ministère public permettent d'affirmer que cet organe est le sujet actif
principal de l'action publique non seulement le ministère public est le titulaire naturel de
l'action publique mais le législateur en a fait aussi la partie principale au procès, telle est le
sens de l'art 128 al 1er qui dispose je cite : << le ministère public est une partie principale au
procès devant toute juridiction répressive >> ce qui signifie que l'action publique est l'action
principale devant toute juridiction répressive. Le caractère public de l'action publique résulte
également de la reconnaissance des pouvoirs de spéciaux à d'autres sujets actifs de l'action
publique.

2 - les sujets dérivés de l'action publique.

S'il est admis que le ministère public est le sujet principal de l'action publique en ce sens
qu'il exerce en la matière une prérogative générale sans besoin d'une habilitation
particulière, les autres sujets de l'action publique ont nécessairement besoin d'une
habilitation particulière du législateur pour agir sur l'action publique. Ces sujets sont dits
secondaires, spéciaux ou dérivés. Ils forment la grande catégorie de la victime. Ainsi l'on
retient que l'action publique appartient à deux sujets actifs: le ministère public ( sujet
principal ) et la victime (sujet spécial ). La victime bénéficie de deux types de
compétence: d'une part une compétence procédurale ( a ) et d'autre part une compétence
matérielle ( b ).

a - l'habilitation procédurale de la victime en matière d'action publique.

Il convient de considérer ici l'hypothèse de la victime, personne physique ou personne


morale. En effet le législateur donne la possibilité à la victime de mettre en mouvement
l'action publique de deux manières d'abord à travers une citation direct, dans ce cas la

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victime met en mouvement l'action publique en agissant directement devant le tribunal, cela
lui permet de vaincre l'inertie du procureur, l'art 40 al 1er dispose dans ce sens je cite : << la
citation est un sommation à comparaître devant une juridiction >> il s'agit ici de la citation à
particulier qu'on distingue de la citation à parquet. L'inconvénient de la citation directe
est qu' elle n'est pas admise en matière de crime, aussi il n'est pas dans l'intérêt de la
victime de ne pas collaborer avec le procureur. La 2nde voie offerte à la victime est la plainte
avec constitution de partie civile, l'art 157 dispose dans ce sens je cite : << toute personne
qui se prétend lésée par un crime ou délit peut en portant plainte se constituer partie civile
devant le juge d'instruction compétent >> l'alinéa 2 ajoute : << la plainte avec constitution de
partie civile met en mouvement l'action publique >> l'avantage de cette voie est qu'elle
existe en matière de crime ou de délit. Son inconvénient est qu'elle ne saisit pas directement
le tribunal. Le Juge d'Instruction saisi doit nécessairement demander un réquisitoire
introductif d'instance fait par le procureur. Il convient de relever que le réquisitoire
Introductif d'instance n'est pas admis dans les hypothèses ou la poursuite est
réservée au ministère public.

b - l'habilitation matérielle de la victime.

Cette hypothèse concerne la victime administration. Dans ce cas le législateur à circonscrit


de mettre en mouvement l'action publique selon les matières concernées. Ainsi les
administrations ne disposent pas d'un pouvoir général de mise en mouvement de l'action
publique. L'administration des douanes par exemple ne peut mettre en mouvement l'action
publique que pour des infractions douanières, l'administration des eaux et forêts est
compétente pour mettre en mouvement l'action publique que pour les infractions coniques et
forestières, l'administration du travail et de la sécurité sociale est compétente pour mettre en
mouvement l'action publique lorsqu'il s'agit des infractions relatives à la législation du travail,
l'administration routière est compétente pour mettre en mouvement l'action publique en
matière d'infraction routière, il en est ainsi de l'administration fiscale. Dans toutes ces
hypothèses la loi confère à toutes ces administrations le statut d'officier de police
judiciaire à compétence spéciale.

B - le sujet passif.

Si l'action publique peut être mise en mouvement par le ministère public et la victime, elle
ne peut être dirigée que contre la personne poursuivie. Celle-ci est considérée comme le
sujet passif de l'action publique. En procédure pénale c'est la défense, on dit que l'action
publique est portée par l'accusation et dirigée contre la défense. L'action publique est
donc intransmissible, incessible en ce sens qu'elle ne peut être dirigée que contre les
ayants droits de l'auteur présumé de l'infraction mais, si elle est dirigé contre le seul
auteur de l'infraction, elle est dirigé contre tout les protagonistes de l'infraction (
auteurs, coauteurs et complices de l'infraction ).

Paragraphe 2 : le caractère indisponible de l'action publique.

L'indisponibilité de l'action publique signifie qu'elle ne peut faire l'objet de négociation a la


différence de l'action civile qui est l'action des parties. L'action publique est un action d'ordre
publique.

30
Une fois mise en mouvement, elle doit en principe aller jusqu'à son terme, la
suspension, l'interruption et l'extinction apparaissent comme les circonstances
exceptionnelles. On dit que l'action publique échappe à la volonté de ces sujets, si ceux-ci
ont le choix de son engagement ils n'ont en revanche aucune prérogative sur sa conduite.
Toutes les hypothèses d'arrêt des poursuites dans la procédure pénale, constitue des
interférences anormales sur l'action publique. Il faut donc considérer les causes et les
conséquences de l'arrêt des poursuites. Ainsi de bien distinguer l'arrêt des poursuites
pouvant intervenir par une décision des autorités des fonctions répressives de ( art 64 du
code de procédure pénale ) et l'extinction de l'action publique ne pouvant intervenir en cas
d'apparition d'une cause légale.

Section 2 : les causes d'extinctions de l'action publique.

L'étude des causes d'extinctions de l'action publique révèle de l'étude des caractères de
cet acte. En tant qu'elle est une action indisponible, l'action publique ne peut être éteinte que
par la voie normale c'est-à -dire le processus normal de conduite de l'action en justice.
Cependant il peut arriver qu' au cours de la conduite de l'action pénale, celle -ci subit les
incidences liées soit au changement du droit soit à l'apparition des causes naturelles
et ce n'est que de façon exceptionnelle que la volonté de la victime peut être prise en
compte.
L'idée générale est que, à la différence de l'action civile qui relève de la souveraineté
des parties, l'action publique ne peut être éteinte que dans les cas prévus par la loi :
on parle donc des causes d'extinctions de l'action publique.
L'art 62 al 1er énuméré les causes d'extinctions de l'action publique ce texte dispose je cite
: << l'action publique s'éteint par :
- La mort du suspect, de l'inculpé, du prévenu, ou de l'accusé;
- La prescription;
- L'amnistie;
- La chose jugée;
- L'abrogation;
- La transaction;
- Le retrait de la plainte >>
En faisant une synthèse de cet article, il convient de relever que l'action publique peut
s'éteindre soit par une cause objective ( P1 ) soit par une cause subjective ( P2 ).

Paragraphe 1 : les causes objectives d'extinctions de l'action publique.

Elle est dite objective parce qu'elle n'émane pas de la volonté des parties. Certains auteurs
considèrent qu'il s'agit des causes normales d'extinction de l'action publique. Elles peuvent
être classées en trois catégories, l'autorité de la chose jugée ( 1 ), la caducité de l'action ( 2 )
et la perte du droit de poursuivre ( 3 ).

1 - l'autorité de la chose jugée.

Prévue à l'art 62 al 1 ( e ) cette cause est la plus normale de toutes les causes d'extinctions.
Elle relève de la définition même de l'action publique comme l'action tendant à faire
prononcer contre l'auteur de l'infraction une peine ou une mesure de sûreté. Ainsi il convient
de relever que cette cause d'extinction est assimilée à l'arrivée du terme de l'action publique.

31
Lorsqu'elle intervient on dit que l'action publique est éteinte. L'effet de la chose jugée est que
la personne poursuivie ne peut plus faire l'objet d'une nouvelle poursuite selon la maxime
l'autorité de la chose jugée ne rend plus possible une nouvelle poursuite.

2 - l'extinction de l'action publique par caducité de la poursuite ( * ).

Dans cette hypothèse, les poursuites non plus soit un intérêt ( mort de la personne
poursuivie ) soit elle non plus aucune base ( changement dans la loi pénale ). Dans les deux
hypothèses, on parle de caducité des poursuites. Le législateur envisage ici trois cas :
- La caducité des poursuites en raison de la mort de la personne poursuivie.
Dans ce cas il est admis que le décès de la personne poursuivie éteint l'action publique mais
cette extinction n'a aucune incidence sur l'action civile ( * ) dont l'extinction peut se
poursuivre devant le juge pénal.
L'action peut être éteint à l'initiative du procès, en cour de procès, après la déclaration de
culpabilité ou encore au cœur de l'exécution de la peine.
- La caducité des poursuites pas effacement de la loi pénale.
Cette hypothèse est celle de l'art 61 al 1 ( c ) ( l'amnistie ) qui est une technique
d'effacement de la loi pénale donc l'effet est la neutralisation des auteurs. Lorsqu'elle est
personnelle l'amnistie constitue un obstacle substantiel au poursuite, lorsqu'elle est
réelle l'amnistie constitue un empêchement des poursuites .
En tant qu' un outil de la politique criminelle, l'amnistie est une mesure de Clémence pénale
dont les effets procéduraux sont l'extinction de l'action publique. Dans ce cas l'action
civile est également éteinte devant le juge pénal.
- La caducité des poursuites par suppression ou changement de la loi ( * ).
Il s'agit de l'hypothèse de l'article 62 al 1 ( d ) à savoir l'abrogation de la loi. Comme
l'amnistie, l'abrogation de la loi éteint l'action publique. Cependant cette extinction peut-être
totale lorsque la base des poursuites à été totalement supprimé ( dépénalisation d'un
comportement )
L'extinction peut-être partielle lorsque l'abrogation à changé la qualification pénale, il en est
ainsi lorsque la loi nouvelle transforme un crime en délit ou bien un délit en contravention.
En cas d'abrogation de la loi, l'extinction de l'action publique emporte également extinction
de l'action civile.

3 - l'extinction par la perte du droit de poursuivre.

Cette hypothèse est celle de l'article 62 al 1 ( b ) à savoir la prescription. Ici il s'agit de


souligner que le ministère public et la victime peuvent perdre le droit de mettre en
mouvement l'action publique ou même de l'exercer du fait de leurs actions pendant un
certain temps déterminé par la loi.
Cette écoulement de temps s'appelle la prescription, comme elle fait perdre le droit de
poursuivre, elle est une prescription instinctive. Cela suppose que le législateur à au
préalable défini le temps légal au terme de laquelle le droit de poursuivre peuvent s'éteindre
c'est le délai de prescription ( a ) pour paralysé le temps et préservé son droit le procureur
ou la victime peuvent interrompre ce délai ( l'interruption de la prescription ) ( b ) il peut
également arrivé que l'inaction du procureur ou de la victime émane d'une cause extérieur,
dans ce cas le législateur parle de la suspension du délai de prescription ( c ).

a - le délai de prescription.

32
Il existe en procédure pénale deux systèmes de prescription de l'infraction : le système de
la prescription de l'infraction et le système de l'imprescriptibilité.
Dans ce second cas, le procureur et la victime garde toujours la possibilité de poursuivre
quelque soit la durée tel est le cas de la justice pénale anglo-saxonne, tel est également le
cas des infractions internationales qu'on appelle crime imprescriptible.
Dans le premier système par contre les infractions ne peuvent pas être poursuivies ad
vitam eternam, le législateur camerounais appartient à ce modèle de prescription. Dans ce
sens l'art 65 al 1er dispose je cite : << la prescription est l'extinction de l'action publique
résultant du non exercice de celle ci avant l'expiration du délai pour agir >> En matière
criminelle l'action publique se prescrit par 10 ans, il ne faut pas confondre cette prescription
avec celle du droit pénal général qui concerne la peine et donc le délai est de 20 ans. En
cas de délit la prescription est pas principe de 3 ans, car il existe des délits assortie des
délais spécifiques de prescription ( * ) il en est ainsi en cas de diffamation dont le délai de
prescription est de 4 mois, il ne faut pas confondre cette prescription avec celle des peines
correctionnelles qui est de 10 ans. En matière de contravention le délai de prescription est
de 1 ans, il ne faut pas confondre ce délai avec celui du droit pénal général dont la durée est
de 5 ans.
( * ) en cas de poursuites pour des infractions connexes le délai de prescription est
celui prévu pour l'infraction la plus sévèrement réprimé ( * ) ce raisonnement peut-il
être étendu en cas d'indivisibilité ?

b - l'interruption de la prescription ( * ).

Le délai de prescription peut-être interrompu, dans ce sens la possibilité d'exercer la


poursuite demeure. Il y'a interruption de l'action publique lorsque une autorité pose un acte
de procédure. Il faut donc considérer les actes interruptifs de prescription et les
conséquences de l'interruption de la prescription. S'agissant des actes, l'art 66 énuméré les
divers actes prescriptif de la prescription, globalement il s'agit des actes de procédure tel
que :
- Le dépôt d'une plainte;
- Les instructions du procureur;
- Les procès verbaux d'enquêtes;
- Les interrogations.
S'agissant des effets l'interruption de la prescription joue comme << un faux départ en
athlétisme >> c'est-à -dire, le délai de prescription déjà échue n'est pas pris en compte et la
computation des délais reprend au stade initial. Ainsi l'interruption du délai dépend de la
volonté et surtout de la diligence des acteurs de l'action publique. Le délai à un effet général
en ce sens que le délai interrompu produit des effets même à l'égard des personnes
qui ne sont pas désignées ou impliquées dans les actes. Dans ce sens, on dit que
l'interruption du délai à un effet réel et non personnel.

c - la suspension du délai de prescription.

Il y'a suspension du délai de prescription de l'action publique lorsque un obstacle de fait


ou de droit empêche la mise en mouvement de l'action publique ou l'exercice de
l'action publique.

33
L'obstacle de droit peut-être l'existence d'une immunité parlementaire, l'invocation d'une
exception préjudiciaire, le pourvoi en cassation. Constitue des obstacles de fait de la
suspension du délai de prescription l'invasion d'un territoire par une armée, la démence d'un
suspect, d'un inculpé, la fuite du suspect ou encore le renvoi d'une affaire.
La conséquence de la suspension est que la disparition de la cause fait reprendre le délai
de la prescription à la date de la suspension ce qui signifie que la partie échue du délai est
prise en compte dans la computation du délai.

Paragraphe 2 : les causes subjectives d'extinctions de l'action publique.

Il s'agit de l'extinction de l'action publique par l'effet de la volonté de la victime. En


conséquence, les causes subjectives d'extinction de l'action publique constituent des
limites à l'indisponibilité de l'action publique et des atténuations au caractère public
de l'action publique. L'on parle donc des causes exceptionnelles d'extinction de
l'action publique ou encore des causes spéciales d'extinction de l'action publique.
Elles sont caractérisées par leurs dimensions restrictives, en d'autre termes les hypothèses
de cause subjective d'extinction sont strictement prévues par la loi. Il en résulte que les
causes subjectives ne s'appliquent pas à toutes les infractions prévues dans le droit pénal,
elles s'appliquent uniquement aux infractions constituant d'abord une atteinte à un intérêt
privé. Les causes subjectives appartiennent à la victime. Il convient d'identifier les formes
d'expression des causes subjectives ( A ) et les conditions de validité de l'extinction
subjective de l'action publique ( B ).

A - les formes d'extinctions subjectives de l'action publique.

Il ne faut pas confondre l'extinction subjective de l'action publique avec la gestion de l'action
publique par le procureur. En effet, en raison de son pouvoir sur l'action publique, le
procureur peut développer une certaine stratégie particulière dans le cadre des politiques
pénales. Ces stratégies du procureur ne constituent pas des extinctions subjectives de
l'action publique. Il peut s'agir du plea bargaining ou encore des divers forment de
négociation avec l'auteur de l'infraction.
Lorsqu'il s'agit de l'extinction subjective, celle ci peut prendre trois formes :
- La transaction pénale, il s'agit d'un contrat indemnitaire entre la victime de l'infraction,
l'auteur de l'infraction et le procureur. Au terme de ce contrat la victime consent
d'abandonner les poursuites en contrepartie de l'indemnité payée par l'auteur de
l'infraction. La transaction pénale existe dans les cas strictement limités par la loi,
l'essentiel de ces cas concerne les infractions pour lesquelles l'administration
est victime ( eaux et forêts, douanes, législation du travail, infraction routière ).
Ici la transaction dépend de l'administration victime de l'infraction.
- Le retrait de la plainte est une cause d'extinction de l'action publique lorsque le
dépôt de la plainte est une condition de mise en mouvement de l'action
publique. Dans ce sens, le législateur privilégie d'abord et avant tout l'intérêt de la
victime, il en est ainsi dans la plupart des infractions au droit pénal de la famille telles
que l'infraction d'adultère, l'infraction d'abandon de foyer. La raison de cette cause
d'extinction de l'action publique est que le procès dépend totalement de la
participation de la partie civile.
- Le désistement de la victime, comme le retrait de la plainte le désistement n'est
admis que lorsque l'infraction concerne directement la victime et que celle ci a mis en

34
mouvement l'action publique, il en est ainsi en cas de citation direct, le désistement
n'est admis qu'en matière de délit et de contravention.

B - les conditions de l'extinction subjective.

Toute extinction subjective même autorisée par la loi n'est pas toujours recevable devant le
juge, pour être recevable l'extinction subjective doit être juridiquement valable. En
procédure pénale cette validité repose sur trois conditions :
- La condition tenant à l'auteur de lexi subjective c'est à dire la victime, il s'agit ici du
consentement de la victime. Le législateur exige que le consentement de la victime
soit libre et éclairé car si la transaction, le retrait de la plainte ou encore le
désistement résulte soit de la violence, soit du dol, soit de la fraude l'action publique
ne sera pas éteinte. Le législateur exige également qu'en cas de pluralité de victime
le désistement, le retrait ou la transaction émane de toutes les victimes.
- La condition étant liée à la nature de l'infraction, le législateur exige que le retrait de
la plainte, le désistement et la transaction ne soient valables que si l'infraction ne
porte atteinte ni à l'ordre public ni au bonne mœurs.
- La condition relative à la procédure en cour, le législateur prévoit que le désistement,
le retrait de la plainte ou encore la transaction ne sont valable que s'il n'a pas encore
statué au fond.
De façon générale, l'action publique présente donc un véritable caractère public : elle
appartient d'abord au ministère public ( sujet principal ), elle est par principe
indisponible, son extinction est dominée par les causes objectives, les causes
subjectives d'extinctions relèvent d'un régime spécial.
En conséquence l'art 64 al 5 dispose in fine je cite : << l'action publique ne doit être de
quelque façon que ce soit, à peine de prise à partie contre le magistrat intéressé l'action
publique ni suspendu ni arrêté >> de même lorsque le tribunal donne acte du désistement
ou du retrait de la plainte il condamne la victime au dépend ( frais de justice occasionné par
la procédure ).

Leçon 2 : l'action éventuelle de la justice pénale : l'action civile.

L'action civile est définie par l'art 59 al 3 comme je cite : << l'action tendant à la réparation
du dommage causé par une infraction >> le problème ne porte pas sur l'existence d'une
action civile née d'une infraction. En d'autre terme, il est établi qu'une infraction peut
engendrer un préjudice civile en ce qu'elle est un fait juridique relevant de la catégorie
contenu dans l'art 1382 du code civile. Le problème juridique de l'action civile en procédure
pénale est relatif à la compétence du juge pénal. Il s'agit du régime pénal de l'action
civile. En établissant la compétence du juge pénale sur l'action civile le législateur à fait du
juge pénale un juge à la plénitude de compétence. Ainsi donc l'étude de l'action civile
pose deux problèmes : le premier, le régime de l'action civile devant le juge pénal ( S1 ) et le
problème de l'articulation de l'action civile avec l'action publique devant le juge pénal ( S2 ).

Section 1 : le régime de l'action civile devant le juge pénal.

Il faut entendre par là, l'ensemble des règles applicables à l'exercice de l'action civile devant
le juge pénal. L'on distingue deux catégories de règles, les règles relatives au sujet de

35
l'action civile devant le juge pénal ( P1 ) et les règles relatives à la validité de l'action
civile devant le juge pénal ( P2 ).

Paragraphe 1 : les sujets de l'action civile devant le juge pénal.

Il s'agit ici de déterminer qui peut introduire une action civile devant le juge pénal ( A ) et
contre qui est dirigé l'action civile devant le juge pénal ( B ).

A - les demandeurs à l'action civile.

L'action civile devant le juge pénale peut être introduit par la victime, l'art 71 al 1 dispose :
<< l'action civile née d'une infraction appartient à toute personne physique ou morale qui a
subit un préjudice >> Au terme de cette disposition l'action civile peut-être introduite par
toute personne physique ou personne morale. L'art 74 précise pour les personnes morales
ayant la forme associative, syndicale ou des ordres professionnels qu'elles ne peuvent
introduire d'action civile, que si leur intérêt professionnel est menacé par l'infraction. La
nature de l'action civile ( action patrimoniale ) , sa finalité ( obtenir réparation ) et son utilité (
mécanisme de garantie ) justifie que l'action civile soit introduite directement par la victime
ou encore indirectement via les mécanismes juridiques de représentation ou de succession.
Dans le premier cas, le mineur non émancipé peut exercer l'action civile par l'intermédiaire
de son représentant légal. Dans le second cas, l'art 73 dispose je cite : << en cas de décès
de la victime, l'action civile est dévolu à ces ayants causes >>.

B - les défenseurs de l'action civile devant le juge pénal.

Il convient de distinguer ici deux choses : la première est celui qui est tenu de répondre du
préjudice et la seconde est celui qui est tenu de réparer le préjudice.
Dans le premier sens, le défendeur à l'action civile est exclusivement l'auteur de l'infraction
c'est-à -dire l'auteur du dommage ( obligation de répondre du dommage ).
Dans le second sens, le défendeur à l'action civile est celui qui est tenu de réparer le
dommage causé par l'infraction ( obligation de réparer ) le défendeur ici peut être l'auteur du
dommage, ses ayants droits en cas du décès du suspect ou encore l'assureur de
responsabilité. Lorsque la réparation est dirigée contre le représentant du mineur, cette
action ne met pas en cause le patrimoine de ce représentant.

Paragraphe 2 : la mission de l'action civile devant le juge pénal.

Pour être admis devant le juge pénal, l'action civile doit être jointe à une action publique.
En l'absence de toute action publique, l'action civile est irrecevable devant le juge pénal. On
dit dans ce sens que la victime est partie jointe au procès pénal. En plus d'être jointe
l'article 75 al 1er dispose que : << l'action civile n'est recevable devant le juge pénale que si
elle fondé :
- Sur un préjudice direct;
- Sur un préjudice certains;
- Sur un préjudice actuel.
>>
Il s'agit là d'une importante différence entre le préjudice de l'action civile (préjudice civil ) et
le préjudice de l'action publique ( préjudice pénal ). Dans ce dernier cas, le procureur

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cherche simplement à établir que le résultat de l'infraction à été atteint alors que la victime
doit démontrer qu' au-delà du résultat celle- ci a subi un préjudice du fait de l'infraction. C'est
ainsi que, la tentative punissable va donner lieu à une action publique alors qu'elle ne
donnera jamais lieu à une action civile sauf si un préjudice en a résulté.

Section 2 : l'articulation de l'action civile avec l'action publique devant le juge pénal.

En admettant la compétence du juge pénale sur l'action civile, le législateur a opté pour la
mise en place du système de la combinaison des deux actions. Dès lors, la question est de
savoir si cette combinaison réalise l'interdépendance des deux actions ou bien leur
séparation absolue ? Dans la procédure pénale camerounaise il faut considérer qu'il y a eu
évolution. Avant l'entrée en vigueur du code de procédure pénale le législateur appliquait la
règle de la solidarité des deux actions et restreignait le droit d'option de la victime.
Depuis l'entrée en vigueur du code de procédure pénale le législateur à mis un terme à la
solidarité des deux actions et il a consacré la séparation des deux actions. Il peut donc être
admis que la procédure pénale camerounaise consacre le système de la séparation relative
des deux actions en ce sens que l'action civile paraît de plus en plus autonome ( P1 ) mais
elle continue de subir les influences de l'action publique ( P2 ).

Paragraphe 1 : l'autonomisation de l'action civile vis-à -vis de l'action publique devant le


juge pénal.

La première forme d'autonomisation de l'action civile par rapport à l'action publique réside
dans l'abrogation de la règle de la solidarité des prescriptions. En effet, il était admis que la
prescription de l'action publique s'applique aussi à l'action civile, les deux actions étant ainsi
éteintes par la même cause de prescription. Désormais l'art 75 al 2 dispose je cite : <<
l'action civile née d'une infraction se prescrit par 30 ans même si elle est jointe à une action
publique >>.
La deuxième marque d'autonomisation de l'action civile vis-à -vis de l'action publique réside
dans la possibilité d'un exercice séparé des deux actions. Dans ce sens, le législateur admet
que je cite ( art 61 al 2 in limine ) : << l'action civile peut aussi être exercée séparément de
l'action publique >>.
La troisième marque d'autonomisation de l'action civile vis à vis de l'action publique réside
dans le caractère du droit d'option de la victime. En effet le problème juridique ici est de
savoir si une victime ayant choisi d'exercer séparément son action civile par rapport à
l'action publique peut elle encore revenir sur son choix en d'autre terme quelle est le
caractère de la décision de la victime. Avant l'entrée en vigueur du code de procédure
pénale il était admis que la victime qui choisit d'introduire son action devant le juge civile ne
peut plus revenir devant le juge pénal. On disait que l'option de la victime était irrévocable
selon l'adage electa una via non datur non recursu al alterna qui signifie une voie choisie,
le choix est irrévocable.
Avec l'entrée en vigueur du code là maxime à été abroger, le législateur affirme que une
partie qui a engagé un procès civil peut par la suite se désister de ce procès civil pour se
joindre au ministère public, on dit que le législateur consacre la révocabilité du droit d'action
de la victime.

Paragraphe 2 : l'influence de l'action publique sur l'action civile.

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Quoique désormais séparé, l'action civile continue d'être sous l'emprise de l'action publique
même si elle est exercée devant le juge civile. Cette emprise prend trois formes :
1. Premièrement, selon la règle, le criminel tient le civil en état. Cette règle signifie que
lorsque pour les même fait l'action publique est introduite devant le portail pénale et
que le juge civile est ce dernier doit surseoir à statuer jusqu'à la décision du juge
pénale. Ainsi le juge civile ne peut rendre de décision au fond qu'en tenant compte
de la décision du juge pénale. C'est dans le même sens que le législateur prévoit que
le juge civile sursoit à statuer jusqu'à décision définitive du juge pénal.
2. Deuxièmement, la règle de l'autorité de la chose jugée au criminel prime sur le civil.
Cette règle signifie que dans l'examen de son action civile, le juge civile est tenu de
prendre en compte le contenu de la décision du juge pénal.
3. Troisièmement, La règle de la prépondérance de la voie pénale, cette règle signifie
que l'introduction de l'action civile devant le juge civile est l'exception alors que son
exercice jointe à l'action publique devant le juge pénale est le principe. En d'autre
terme, lorsque l'action civile résulte d'une infraction, son juge naturel est le juge
répressif.
Il convient donc de relever trois choses :
- Premièrement, l'extension de la compétence du juge pénale sur l'action civile est un
choix de politique criminelle;
- Deuxièmement, l'extension de la compétence du juge pénale sur l'action civile
participe de la prise en compte de la réparation du préjudice en matière répressive;
- Troisièmement, l'extension de la compétence du juge pénal sur l'action civile reste
une option offerte à la victime.

Seconde partie - la dynamique du procès pénal.

Après l'étude du cadre de la procédure pénale, il convient de relever que le procès pénal ne
peut pas se tenir. En effet, à la différence du procès civil dont l'étude se confond avec le
cadre de la procédure civile, le procès pénal est dit procès << procès du cas échéant >> il y
a donc avec le procès pénal un important travail préalable dont la finalité est triple.
- Vérifier l'existence effective de la matière pénale;
- Mesuré la nécessité du débat judiciaire;
- L'évaluation des moyens de l'État.
Sur la base de ces trois considérations, la dynamique du procès pénal entendu comme
l'ensemble des phases structurant le traitement d'un dossier par les autorités des
fonctions répressives comprend trois séquences.
Une séquence préparatoire, une séquence d'appréciation et une séquence de
réexamen. Cette seconde partie comprend donc trois titres, le titre 1 porte sur l'avant
procès, le titre 2 porte sur le débat judiciaire et le titre 3 le réexamen de l'affaire.

Titre 1er : la phase préparatoire du procès pénal ( l'étude de l'avant procès ).

La phase préparatoire du procès pénal est une phase centrale dans la procédure pénale,
elle met à l'épreuve la justice pénale. En effet, les autorités des fonctions répressives sont
face à une grande difficulté : la présomption d'innocence est encore à son stade initial,
l'incertitude totale existe tant sur les faits que sur l'identité des auteurs. La durée de la phase
étant plus ou moins abstraitement définie par le législateur. Il en résulte que les autorités
doivent agir avec beaucoup de limites en respectant la présomption d'innocence et le

38
formalisme procédural alors même qu'elles doivent agir avec beaucoup d'efficacité au risque
de perdre la matière pénale. Face à ce dilemme, la phase préparatoire du procès comprend
deux visages : un visage non officiel et un visage officiel. En d'autre terme, la phase
préparatoire s'articule entre une phase dite sécuritaire et une phase dite judiciaire, seule
la phase judiciaire est prise en compte dans la perspective du procès pénal. Deux questions
méritent d'être soulevées, la 1er concerne le point de départ de cette phase judiciaire de
la phase préparatoire du procès pénal. Le 2nd concerné la judiciarisation de la phase
préparatoire du procès pénal c'est-à -dire si toute la phase préparatoire du procès pénal est
soumise au contrôle d'un juge.
Dans la procédure pénale camerounaise il convient d'observer que la phase préparatoire du
procès pénal est organisée en fonction des faits ( des circonstances de commission de
l'infraction ) et de l'infraction ( la qualification pénale ). Ainsi la phase préparatoire va
porter sur la constitution du dossier procédure ( L1 ) et selon les cas l'évaluation judiciaire
des éléments du dossier ( L2 ).

Leçon 1 : la constitution du dossier de procédure pénale.

Le dossier de procédure pénale est l'ensemble des éléments comportant la constatation de


l'infraction, la qualification des faits élément d'identification des auteurs de l'infraction et
éventuellement les premiers éléments de preuves. Ce dossier est déclenché par un acte de
la victime de l'infraction que l'on appel la plainte qui peut soit se limiter au fait ( plainte
simple ) soit soumettre une demande de réparation au juge d'instruction ( plainte avec
constitution de partie civile ) il est également possible que la victime introduise au tribunal
une citation directe. Dans ce cas, comme dans la plainte avec constitution de partie civile
l'acte va être retourner au procureur pour la constitution du dossier de procédure, il arrive
aussi que le procureur lui-même déclenche la constitution du dossier de procédure lorsque il
se saisi lui-même des faits ( pourvoi proprio moutou ) le procureur peut encore constitue
lui-même le dossier de procédure lorsqu'il reçoit une dénonciation ( information sur la
commission d'une infraction donner par un tier ) dans tout les cas là charge de la constitution
du dossier de procédure incombe au ministère public. C'est la raison pour laquelle la
constitution du dossier de procédure est encore appelée phase policière du procès
malheureusement elle ne fait pas l'objet d'un contrôle par le juge alors que le procureur
exerce en la matière des pouvoirs importants. A l'analyse l'on examinera les autorités
chargées de l'élaboration du dossier de procédure ( S1 ) les types de procédure ( S2 ) les
actes de procédure ( S3 ) et les possibilités de saisine du juge ( S4 ).

● Section 1 : les autorités d'élaboration du dossier de procédure : les autorités


d'enquêtes.

Les autorités d'élaboration du dossier de procédure sont du point de vue de la phase


préparatoire du procès les autorités d'enquêtes. En effet, l'enquête est entendue ici comme
l'ensemble des actes de procédure visant la constitution du dossier de procédure. L'on
distingue deux catégories d'autorités d'enquêtes, l'autorité de direction de l'enquête ( P1 ) et
les autorités d'exécutions des actes d'enquêtes ( P2 ).

Paragraphe 1 : l'autorité de direction de l'enquête.

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Parce qu'il est chargé de l'élaboration du dossier de procédure, le procureur de la république
est l'autorité de direction de l'enquête. Dans ce sens, il est chargé de la constitution de l'acte
d'accusation c'est à ce titre que l'on affirme que le procureur dirige les enquêtes judiciaires
et qu'il assure la direction de la police judiciaire, on dit que le procureur exerce les pouvoir
de police judiciaire ( police judiciaire entendu au sens fonctionnelle ) il dirige la police
judiciaire ( police judiciaire entendu au sens organique ) l'art 78 al 1er dispose dans ce
sens je cite : << la police judiciaire est exercé sous la direction du procureur de la république
… >> al 3 de cet article ajoute : << la police judiciaire est placé dans le ressort de chaque
cour d'appel sous le contrôle du procureur de la république qui appréci son activité chaque
année >> plus explicite encore est l'art 137 al 1er qui dispose : << le procureur de la
république dirige et contrôle les diligences des officiers et agents de police judiciaire >>
l'alinéa 3 de cet article 137 précise que : << le procureur de la république peut à tout
moment agir au lieu et place de tout officier de police judiciaire >>.

Paragraphe 2 : les autorités de constitution du dossier de procédure : la police judiciaire.

La police judiciaire est chargé de rassembler les éléments du dossier de procédure, à ce


titre elle est chargé selon l'art 82 du code de procédure pénale de trois missions essentielles
:
- Les missions d'investigations judiciaires ( constatation de l'infraction, rassemblement
des éléments de preuve, recherche des auteurs );
- L'exécution des mesures d'instructions ( exécution des commissions rogatoire );
- Elle est chargée de la mission d'auxiliaire de justice ( notification des actes de justice
et exécution des mandats et décision de justice ).
De manière générale, la police judiciaire reçoit des plaintes et des dénonciations, elle peut
procéder à des enquêtes. L'on distingue deux types de police judiciaire, la police judiciaire à
compétence générale ( A ) et la police judiciaire à compétence spéciale ( B ).

A - la police judiciaire à compétence générale.

Il s'agit des autorités chargées des missions de police judiciaire en raison de leur statut on
parle de qualité de police judiciaire. Il sont dit à compétence générale en ce sens que leur
attributions s'étendent sur toutes les infractions au droit pénal et son habilité à poser tous les
actes de police judiciaire. L'on distingue dans cette catégorie les autorités ayant la qualité
d'officier de police judiciaire ( 1 ) et les autorités ayant la qualité d'agent de police judiciaire (
2 ).

1 - les autorités ayant la qualité d'OPJ.

On la qualité d'officier de police judiciaire :


- Les officiers et les sous-officiers de la gendarmerie.
- Les gendarmes sont chargés même par intérim d'une brigade ou d'un poste de
gendarmerie.
- Les commissaires de police.
- Les gendarmes et les inspecteurs ayant satisfait à un examen d'OPJ et ayant prêté
serment.
- Les fonctionnaires exercent même par intérim les fonctions de chef d'un service
extérieur de la sûreté nationale.

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L'importance de connaître la qualité d'OPJ d'une autorité réside dans la détermination de
ces compétences. En effet, seuls les OPJ peuvent poser valablement les actes de
procédure ou d'investigation judiciaire. Il en est ainsi par exemple de la garde à vue.

2 - les autorités ayant la qualité d'APJ.

Au terme de l'art 81 al 1er les gendarmes non OPJ, les inspecteurs de police et les gardiens
de la paix ont la qualité d'APJ. Les agents de police judiciaire assistent les OPJ dans
l'exercice de leurs fonctions, ils rendent compte à leur hiérarchie de toutes les infractions
dont ils ont connaissance. Les APJ non pas qualité pour décider des mesures de garde
à vue.

B - les OPJ à compétence spéciale.

Les fonctionnaires et agents des administrations et services publics auxquels des textes
spéciaux attribuent certaines compétences de police judiciaire les exercent dans les
conditions et limites fixées par les textes on dit qu'ils sont des OPJ à compétence spéciale.
Ces OPJ doivent nécessairement prêter serment, ils ne peuvent pas agir en dehors des cas
prévue par la loi, l'on peut citer les fonctionnaires de l'administration des eaux et forêts, les
fonctionnaires de l'administration des douanes, les inspecteurs du travail … Les
fonctionnaires du corps spécial de la police judiciaire prêt du tribunal criminel spécial ont
certes une compétence spéciale mais ne peuvent être considérés comme des OPJ à
compétence spéciale au sens de la procédure pénale.

Section 2 : les formes d'enquêtes judiciaires.

Le dossier de procédure peut être constitué dans deux circonstances en fonction des
éléments de perpétration de l'infraction. Ainsi lorsque la commission et la découverte d'une
infraction sont relativement éloignée de la constitution du dossier de procédure on parle de
l'enquête préliminaire ( P1 ) lorsque ces éléments c'est à dire commission et découverte
sont concomitante à l'ouverture de l'enquête on parle de l'enquête flagrance ( P2 ).

Paragraphe 1 : l'enquête préliminaire.

L'on entend par enquête préliminaire la procédure < normale >> de constitution du dossier
de procédure. Celle-ci peut être déclenchée soit sur l'initiative d'un OPJ soit sur instruction
du procureur de la république. On dit que l'enquête préliminaire est la voie normale de
constitution du dossier de procédure en cas de dénonciation d'une infraction ou
d'action proprio moutou du procureur. Dans l'enquête préliminaire l'OPJ est à peine de
nullité tenue d'informer le suspect de ses droits fondamentaux. Au terme de l'art 116 al 3
l'OPJ doit dès l'ouverture de l'enquête préliminaire, informé le suspect de son droit d'être
assisté d'un conseil, de son droit de garder le silence. Considérant cette disposition, il
convient de se demander si la notification de l'enquête équivaut elle à l'ouverture de
l'enquête. De façon générale, il convient d'observer que les droits du suspect sont
davantage préservés en matière d'enquête préliminaire et la constitution du dossier de
procédure est plus ou moins contradictoire ici.

Paragraphe 2 : l'enquête de flagrance.

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A la maison de l'enquête préliminaire l'enquête de flagrance est la procédure mise en œuvre
en cas de crime ou délit flagrant. Elle constitue la voie accéléré de la justice pénale, une
sorte de référé judiciaire pénal. Dans ce sens, l'enquête de flagrance relève de la
constitution extraordinaire du dossier de procédure. Ainsi il convient d'examiner les
hypothèses de flagrance ( A ) et de présenter le caractère exceptionnel de l'enquête de
flagrance ( B ).

A - les hypothèses de flagrance.

L'on entend par flagrance la circonstance de temps à la découverte de l'infraction. On parle


du temps de commission de l'infraction et du temps voisin à la commission de l'infraction. La
flagrance n'est donc pas une catégorie d'infractions, cela signifie que la flagrance est
une question de droit processuel. Le législateur affirme ici l'idée selon laquelle une
infraction donnée est entrain de se commettre ou vient de se commettre le dossier de
procédure doit être constitué immédiatement l'intérêt réside dans la préservation des
éléments de preuve. Le législateur distingue deux types de flagrance, la flagrance par nature
( a ) et la flagrance par détermination de la loi ( b ).

a - les hypothèses de flagrance par nature ( * ).

L'on désigne par flagrance par nature la seule hypothèse de prise en compte du temps.
L'on distingue donc l'infraction flagrante par nature comme l'infraction en train de se
commettre. L'art 103 al 1er parle de l'infraction qui se commet actuellement, l'on entend
aussi par l'infraction par nature l'infraction qui vient de se commettre. Face à la difficulté que
pourrait causer la prise en compte de cette hypothèse, la loi à priori à prévu quelques
critères de détermination de l'infraction qui vient de se commettre ainsi l'on peut dire :
- qu'une infraction vient de se commettre lorsque la personne est poursuivie par la
clameur publique.
- Un suspect est retrouvé en possession d'un objet utilisé pour le crime.
- Le dépôt d'une plainte par une victime.
-
b - la flagrance par détermination de la loi.

Dans ce cas, le critère fondamental de la flagrance à savoir le temps de commission n'est


pas pris en compte par le législateur, celui-ci décide simplement d'attribuer la qualité de
flagrance à une infraction qui n'en présente pas à priori, on parle encore de flagrance
formelle. C'est l'hypothèse de l'art 103 al 3 qui dispose : << il y'a également flagrance
lorsqu'une personne requiert le procureur de la république ou un OPJ de constater un crime
ou un délit commis dans une maison qu'elle occupe, ou dont elle assure la surveillance >>
ici le législateur souhait soumettre cette situation au régime dérogatoire de la flagrance.

B - le régime dérogatoire de la flagrance.

La procédure de flagrance se caractérise par deux traits essentielles :


- Premièrement l'extension des pouvoirs du procureur de la république. Dans ce
cadre, le procureur de la république peut décider d'une mesure de détention
provisoire. L'art 15 du code de procédure pénale prévoit que le procureur de la

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république peut émettre un mandat de détention provisoire en cas de crime ou délit
flagrant, il peut dessaisir tout OPJ et ce rendre lui même sur les lieux, une
perquisition peut être ordonné dans le cabinet d'un avocat, d'un médecin ou d'une
étude de notaire.
- La célérité de la procédure, en cas de crime ou délit flagrant le procureur de la
république peut engager une procédure rapide, celle-ci peut même prendre la forme
d'une mise en jugement direct. Cependant quoique rapide la poursuite d'un suspect,
d'un crime flagrant ne peut se faire que par la voie de l'information judiciaire.
De manière générale, il convient d'observer que c'est le procureur qui apprécie les critères
de la flagrance, ce qui lui permet d'instrumentaliser le régime dérogatoire de la flagrance car
le contrôle judiciaire existe ici qu'à posteriori.

Section 3 : les actes d'enquêtes judiciaires.

La constitution du dossier de procédure suppose l'accomplissement de deux types d'actes,


les actes à finalité probatoire ( acte relatif à la recherche des éléments de preuve ) et les
actes coercitifs. A ce stade de la procédure deux types d'actes coercitifs peuvent être
posés par la police judiciaire, les actes de contrainte physique ( P1 ) et les mesures
privatives de liberté ( P2 ).

Paragraphe 1 : les actes de contrainte physique.

L'acte de contrainte physique dans la phase de constitut du dossier


L'arrestation consiste à appréhender une personne en vue de la présenter sans délai devant
l'autorité preuve par la loi ou par le titre en vertu duquel l'arrestation.

Leçon 2 : l'appréciation de la constitution du dossier de procédure : l'information judiciaire.

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