Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La commission d'une infraction en droit l'application d'un ensemble de règles juridiques qui
forment la matière de la procédure pénale. Ainsi quatre éléments sont pris en compte pour
la constitution de ce corp de règle :
● Premièrement, la recherche des auteurs ayant commis l'infraction ( cet élément
suppose que la réponse ait été apportée à deux questions essentielles : s'agit
véritablement de la commission d'une infraction ?
Il faut donc ici distinguer une simple situation de fait ayant entraîné un préjudice matériel,
corporel, moral ou encore économique avec une transgression d'une loi pénale, on parle en
procédure pénale de la constatation de l'infraction.
Quelles sont les circonstances de sa commission ?
Il s'agit ici de déterminer comment le résultat pénal a été obtenu ?
Ce premier total va permettre de qualifier ou de disqualifier la situation en cause, l'institution
permettant d'y parvenir est l'enquête judiciaire ).
● Deuxièmement, rechercher les éléments de preuve.
En effet, la constatation d'une infraction et même la découverte de ses auteurs ne suffisent
pas à mettre en œuvre les règles de procédure pénale, il faut encore et surtout trouver les
indices, les charges ou la preuve permettant de rattacher l'acte en cause à un individu. C'est
ce qui fait la différence entre la procédure pénale mise en œuvre dans un état de droit avec
le traitement judiciaire des infractions dans un état de police.
● Troisièmement, la soumission de la situation à la compétence d'un juge.
Sur ce point, il convient d'observer que seul un juge compétent pour se prononcer en cas de
commission d'une infraction. Cela permet de distinguer la procédure pénale de la vengeance
privée.
● Quatrièmement, toute personne poursuivie d'une infraction doit être
systématiquement en mesure de présenter sa défense.
Cet élément permet de distinguer les procédures pénales anciennes de la procédure pénale
moderne ( celle qui garantit les libertés fondamentales ).
Partant de ces 4 points on peut dire que la procédure pénale repose sur 4 considérations
fondamentales :
● Premièrement, la distinction entre les constatations matérielles et l'application des
règles de droit.
● Deuxièmement, le débat judiciaire autour de la preuve.
● Troisièmement, la judiciarisation de phase de la justice pénale qui signifie que toute
mesure de procédure pénale doit nécessairement être soumise au contrôle d'un juge
( l'on peut questionner le degré de radicalisation de la procédure pénale
camerounaise ).
● Quatrièmement, le rapport entre la procédure pénale et l'état de droit.
En effet en procédure pénale c'est l'un des critères par excellence de la caractérisation de
l'état de droit.
Partant de ces considérations préalables l'on peut définir la procédure pénale comme le
cadre normatif et institutionnel qui forme la manière avec laquelle l'État organise sa réaction
face à la commission d'une infraction. Cette définition intègre à la fois les exigences de
formalisme et les exigences de garantisme. C'est dans ce sens qu'il faut lire l'art 1 du code
de procédure pénale qui édicte les matières composant la procédure pénale :
- La constatation des infractions;
1
- La recherche de leurs auteurs;
- L'administration de la preuve;
- Les attributions des organes de poursuite;
- L'organisation, la composition et la compétence des juridictions répressives;
- Le prononcé de la culpabilité ou de la non culpabilité;
- Les voies de recours;
- Le droit des parties;
- Les modalités d'exécution des peines.
Cette présentation de la procédure pénale qui previligie l'approche analytique au détriment
de l'approche dynamique.
Cette définition ne permet pas de saisir le problème fondamental de la procédure pénale. A
savoir la coexistence en son sein de deux intérêts contradictoires à savoir :
- L'intérêt de protection de la société;
- L'intérêt de protéger les libertés individuelles contre les dérives autoritaires.
L'histoire de la procédure pénale est principalement celle de la recherche d'un équilibre
entre ces deux intérêts. Selon les époques chaque intérêt à pris le pas sur l'autre et c'est
ainsi que l'on étudie la procédure pénale dans le temps, l'on peut se demander si le cadre
de la procédure pénale camerounaise réalise cet équilibre ? Si oui quels en sont les indices
? Si non quelles en sont les limites ? Au-delà du code de procédure pénale l'on peut étendre
l'interrogation à l'ensemble de la procédure pénale. En tout état de cause la recherche de
cet équilibre à conduit à la mise en œuvre de 2 grands modèles de procédure pénale :
Le modèle accusatoire et le modèle inquisitoire constituent les 2 choix majeurs de la
procédure pénale.
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un système positif de procédure pénale mais d'une
représentation théorique des choix normatifs effectués par les législateurs des États.
A la base de cette grande division des modèls de procédure pénale se trouve deux
considérations majeurs :
- La première, est la recherche de l'équilibre entre les deux intérêts de la procédure
pénale à savoir : protéger la société contre tous les délinquants et garantir les
libertés individuelles de toute personne poursuivie.
- La seconde, est la conséquence tirée en matière de justice pénale de la présentation
du monde en 2 systèmes juridiques ( le système romano - germanique et le système
common law ).
L'étude de ces modèles de procédure pénale peut se faire par identification de quelques
traits caractéristiques :
● Le modèle dit inquisitoire :
- Le caractère écrit de la procédure pénale.
ex : la phase d'enquête.
- Le caractère secret ( à l'instar de l'enquête ).
- La procédure pénale inquisitoire est non contradictoire.
● Le modèle dit accusatoire :
- Le caractère oral ( on privilégie ici le débat judiciaire ).
ex : la phase de jugement.
- Le caractère public ( tel est également le cas de la phase de jugement ).
- Le caractère contradictoire de la procédure pénale accusatoire ( à l'instar de la phase
de jugement ).
2
Au-delà des choix politiques et de la recherche de l'équilibre entre les 2 intérêts
contradictoires, le modèle camerounais de procédure pénale peut être déterminé à partir de
l'évolution de ses sources ( a ) et son organisation interne ( b ).
3
Également l'institution du juge d'instruction prévu par le CIC à été aussi étendue dans
l'ex - Cameroun occidentale.
Du point de vue de son articulation, le code de procédure pénale est composé de 6 livres
répartis en 36 titres et distribués à 747 articles.
- Le livre 1 : les dispositions générales, c'est ici qu'on est supposé trouver les principes
directeurs de la procédure pénale.
- Le livre 2 : la constatation et poursuite des infractions, c'est ici qu'on devait retrouver
l'organisation de la police judiciaire, les attributions du ministère public et la mise en
mouvement de l'action publique.
l'on s'interroge sur l'organisation de l'information judiciaire dans ce livre 2.
- Le livre 3 : les juridictions de jugement, cet intitulé est mal inspiré en ce sens que le
livre 3 en plus de l'organisation des juridictions traite du déroulement du procès. De
même l'on pourrait avoir l'impression que seules les juridictions d'instances sont des
juridictions de jugement.
- Le livre 4 traite des voies de recours, il en existe 4 dans notre procédure pénale :
l'opposition, l'appel, le pourvoi en cassation et la révision du procès.
- Le livre 5 porte sur l'exécution des décisions de justice. C'est la partie de la
procédure pénale qui entretient des liens étroits avec le droit de la peine.
- Le livre 6 est le plus ambigu du code il est intitulé des procédures particulières.
l'on peut douter de la pertinence de certaines dispositions de ce livre 6 dans la mesure où le
législateur englobe sous l'appellation procédure particulière, les procédures incidentes de
procédure, les spécificités procédurales liées au circonstances de l'infraction et certaines
circonstances particulières.
De façon générale, les sources de la procédure pénale vont bien au-delà du code de
procédure pénale.
Du point de vue des textes nationaux on cite principalement la constitution, la loi de 2005
portant code de procédure pénale. La loi de 2006 modifiée en 2011 portant organisation
judiciaire, la loi de 2006 visant l'organisation de la cour suprême, la loi de 2017 du
12/07/2017 portant code de justice militaire, la loi de 2011 modifiée en 2012 portant création
du Tribunal Criminel Spécial ( TCS ).
● Le contenu de la matière.
4
A la base de l'enseignement, il faut considérer que le procès pénal est le procès le cas
échéant c'est à dire qu'il peut y avoir procédure pénale sans procès pénal à la différence de
la procédure civile de la qu'à la différence de la procédure administrative contentieuse. Il
existe donc globalement deux types de règle de procédure pénale : les règles de la
procédure pénale visant à rechercher si les conditions de tenu d'un procès sont réunies (
procédure pénale avant procès ) et les règles du procès pénal en tant que telle ( droit du
procès pénal ). La première catégorie de règle recouvre deux dimensions : une dimension
statique désignant l'ensemble des dispositions législatives et réglementaires d'organisation
de la justice et une dimension dynamique portant sur la constitution du dossier de procédure
pénale.
La seconde catégorie de règle se rapporte à l'organisation du débat judiciaire pénal. Ainsi
dans une perspective de simplification de l'enseignement nous distinguons d'une part
l'organisation de la justice pénale ( 1er partie ) et d'autre part le déroulement du procès
pénal ( 2nd partie ).
L'objet de cette partie est de permettre à l'étudiant de reconnaître les traits caractéristiques
de la justice pénale par distinction avec les autres formes de justice que sont la justice civile,
administrative, fiscale, électorale et constitutionnelle. En effet, à la différence des autres
formes de justice dont la finalité première est la distinction des droits ou encore l'application
de la règle de droit, la justice pénale a pour finalité première le jugement d'un individu. A ce
titre, elle a un contenu philosophique important et une dimension morale essentielle. Ainsi
ces traits caractéristiques sont à rechercher dans la capacité du droit à prendre en compte
cette dimension. Ainsi l'on examinera les principes d'organisations de la justice pénale, les
institutions de la justice pénale et la matière de la justice pénale.
La justice pénale est organisée autour de deux catégories de règles : les règles techniques
d'organisation de la justice pénale ( les règles d'applications particulières de la justice pénale
) et les règles philosophiques de la justice pénale ( celles qui traduisent son essence
véritable ).
Il y a une hiérarchisation inter normative entre ces deux catégories de règles.
Les premières sont normativement inférieures en ce sens que leurs champs d'applications
est restreint à l'objet qu'elles saisissent, leurs interprétations n'est pas autonome, elle dérive
des autres règles qui leurs sont normativement supérieures.
Les secondes règles sont dites normativement supérieures en ce sens qu'elles n'ont pas
pour objectif de s'appliquer à des situations particulières mais plutôt de commander
l'interprétation et l'application des règles techniques. A ce titre elles sont dites principes
directeurs de la justice pénale, fondamentales, substantielles ( elle contient la substance de
la justice pénale ).
C'est dans cette dualité normative que se construit la justice pénale. Il importe donc de
rechercher ces règles philosophiques dans la justice pénale camerounaise. L'on examinera
le principe directeur de la justice pénale camerounaise ( le principe de la présomption
d'innocence ) et le principe fondamental de la justice pénale ( les droits de la défense ) et le
principe substantiel de la justice pénale ( le principe probatoire ).
5
Leçon 1 - Le principe, directeur de la justice pénale.
Le principe de la présomption d'innocence.
6
Dans la 2ème catégorie, le paragraphe 2 de l'art 14 du pacte international sur les droits
civiles et politiques de 1966 dispose que : << toute personne accusé d'une infraction pénale
est présumé innocente jusqu'à ce sa culpabilité soit établie >>, l'art 7b de la charte africaine
des droits de l'homme et des peuples de 1981, ratifié par le Cameroun en 1986 dispose : <<
toute personne à droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend (...) le droit à la
présomption d'innocence jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction
compétente >>. L'examen de ce fondement supranational révèle 2 choses : la 1ère est que
les sources supranationales de la présomption d'innocence ne se limite pas à une
proclamation formelle du principe.
La 2nd est que le fondement du principe est en rapport avec la qualité de la justice. C'est ce
lien qui renforce également l'idée de la présomption d'innocence comme principe directeur
de la justice pénale.
● Le fondement constitutionnel.
● Le fondement législatif.
7
La garantie s'entend ici comme la portée normative du principe, de ses implications
normatives et des sanctions venant en cas d'atteinte.
8
toutes les infractions visant à porter atteinte à la réputation et à l'honorabilité de l'individu tel
est le cas des infractions de diffamation ou des infractions d'outrage.
Les auteurs des atteintes à la présomption d'innocence sont aujourd'hui dans notre monde
postmoderne sont les acteurs de masses médias. En procédure pénale contemporaine, il se
pose aujourd'hui le problème du respect de la présomption d'innocence face au droit à
l'information et à la liberté d'expression dans un contexte de développement des TIC.
Comme principe fondamental, le droit à la défense présente une double nature qui en fait
l'expression véritable du garantisme de la procédure pénale, il s'agit de la dimension
subjective ( P1 ) et de la dimension objective ( P2 ).
9
L'esprit garantiste de la procédure pénale se caractérise prioritairement par la
reconnaissance du droit de se défendre face à l'accusation. Ce droit est une prérogative
procédurale de la personne poursuivie en matière pénale.
Celle ci s'exprime de diverses manières, ainsi l'on distingue le droit de se défendre avant le
procès et le droit de se défendre devant le juge
10
C'est dans ce sens que le législateur à organiser l'interrogatoire du juge en trois phase à l'art
332 du code de procédure pénale dont al 1er dispose : << chaque témoin subit d'abord
l'examination-in-chief puis si l'autre partie le désire la cross-examination et enfin la
re-examination si la partie qui la fait citer le demande >>.
Le contradictoire signifie aussi qu' aucune preuve ne peut être admise dans le dossier et
prise en compte par le juge si elle n'a fait l'objet d'une discussion.
De manière générale, le droit de se défendre dans la justice pénale varie en fonction de
l'évolution de la procédure.
En matière de justice pénale, le droit au juge présente une triple dimension : l'accès au juge,
la qualité du juge et l'utilité du juge.
● L'accès au juge.
Cela signifie ici, la possibilité offerte à la partie que sa cause doit être entendue, les
instruments internationaux, nationaux et la constitution prévoit que : << toute personne à
droit à ce que sa cause pénale soit entendue par un juge pénal >>.
Cette possibilité doit exister à toutes les phases du procès. De la phase d'enquête à la
phase de jugement. Le droit au juge est le fondement même du DUE PROCESS OF LAW
américain ( le droit à un procès ) et également le FAIR TRIAL anglais qui signifie la justice
équitable. L'accès au juge en plus d'être effectif concerne aussi la qualité du juge.
● La qualité du juge.
● L'utilité du juge.
11
Celui-ci s'entend de l'existence réelle des voies de recours en ce sens que le droit au
recours doit permettre un réexamen de l'affaire ( les voies de recours permettent
effectivement un réexamen dans la procédure pénale camerounaise ).
2 - le délai raisonnable.
Il s'agit de la durée normalement nécessaire pour la conduite d'une affaire, il ne doit ni être
cœur ( justice pénale à bref délai, justice pénale d'urgence ) ni long ( lenteur judiciaire,
procès pénal interminable ) il doit être raisonnable cela signifie que :
- Le délai de procédure pénale ne peut être déterminé par le législateur de façon
abstraite.
( cela pose le problème des délais fixes de garde à vue ou encore de la détention provisoire
).
- Les délais de procédure pénale doivent être nécessairement déterminés par le juge
en tenant compte de trois critères : la complexité de l'affaire, les moyens du
tribunal et le comportement des parties.
C'est un principe important de la procédure pénale au terme duquel il est demandé aux
autorités de fonction répressive de ne pas intervenir une nouvelle fois dans les l'affaires dont
il avait au préalable eu connaissance.
L'interdiction est légale, le procureur qui a connu une affaire sur le banc du ministère public
ne peut plus la connaître passer au siège.
De façon générale, le législateur à séparer les autorités de poursuites des autorités
d'instructions ( les juges ). La prise en compte de ce principe à inscrire la procédure pénale
camerounaise en trois phases : la phase d'enquête, la phase de l'information judiciaire
et la phase de jugement. L'absence de séparation rigide des autorités des fonctions
répressives fait en sorte que toutes les procédures pénales n'obéissent pas à ces trois
phases.
Cette exigence fondamentale ne semble pas véritablement être prise en compte dans notre
procédure pénale. En effet, si quelques dispositions donnent à penser que l'accusation et la
défense à égalité de moyens, il convient de souligner à grand trait que le législateur à
donner tous les moyens à l'accusation par exemple la police judiciaire est placée sous sa
direction alors que la défense n'a aucun moyen sur celle-ci. De même, le procureur dispose
de toutes les compétences en matière de recherche de preuve alors que la défense n'en
dispose pas également le juge d'instruction. Ainsi l'on se demande si l'égalité des armes est
possible en procédure pénale.
La garantie des droits de la défense est exprimée de façon explicite à l'art 3 du code de
procédure pénale. Ce texte dispose à son al 1er : << la violation d'une règle de procédure
pénale est sanctionnée par la nullité absolue lorsqu'elle préjudicie au droit de la défense ( …
) >> cela signifie que le principe de droit de la défense est effectivement un principe
fondamental de notre justice pénale car la nullité preuve ici ne peut être couverte ( elle ne
peut faire l'objet de régularisation en ce qu'elle porte atteinte au fondement de la justice
pénale ).
12
Cette nullité peut être évoquée à toutes les phases de la procédure ( elle traverse la justice
pénale ).
Cette nullité peut être évoquée par toutes les parties ( elle est une règle de bonne
administration de la justice ).
Enfin cette nullité peut-être soulevée d'office par les juges de jugements même si les parties
n'ont pas vu, le juge doit voir ( cela signifie que les droits de la défense constituent une
garantie procédurale contrôlée par le juge et même en l'absence des parties ).
On peut ainsi dire que le système de procédure pénale camerounaise est partiellement
fondé sur les droits de la défense de sorte que l'esprit autoritaire paraît toujours dominé sur
l'esprit garantisme. Qu'en est-il du principe substantiel ?
Les principes substantiels de la justice pénale désignent les principes relatifs à la preuve. En
effet, la justice pénale à la différence des autres formes de justices porte principalement sur
un fait juridique à savoir la commission d'une infraction. Tout le droit de la preuve pénale
repose sur cette considération de même toute l'importance de la preuve en matière pénale
repose sur cette considération. Il peut même être admis que le régime de la preuve pénale
est fondamentalement à la base de la distinction entre l'inquisitoire et l'accusatoire. Il en
résulte qu'ils existent deux systèmes de preuve c'est à dire deux manières d'administrations
de la preuve pénale :
- L'administration inquisitoriale de la preuve ( le juge joue un rôle actif dans la
recherche de la preuve ).
- L'administration accusatoire de la preuve ( le juge ne joue pas un rôle actif dans la
recherche de la preuve ).
Dans la justice pénale les principes probatoires se rapporte ou bien sont organisés en
fonction des trois phases d'examen de la preuve c'est à dire des trois textes probatoires :
- Le texte de recevabilité de la preuve;
- Le texte d'administration de la preuve;
- Le texte de la pertinence de la preuve.
Il existe donc trois catégories de principes probatoires en matière pénale, les principes liés à
la recevabilité de la preuve ( S1 ), les principes liés à l'administration de la preuve ( S2 ) et
les principes liés à la force probante de la preuve ( S3 ).
La recevabilité de la preuve doit s'entendre de l'examen au terme duquel le juge admet une
preuve dans le débat judiciaire en d'autre terme l'examen de recevabilité permet au juge de
déclarer la conformité de la preuve produite à :
- Les exigences légales;
- Les exigences du procès équitable;
- Les exigences de la bonne administration de la justice.
De ce point de vue, le texte de recevabilité est à la fois un texte de conformité et un texte de
compatibilité.
Ici le juge se pose deux questions :
- Premièrement, y'a t'il en la matière une preuve interdite.
- Deuxièmement, comment les parties ont obtenu la preuve.
13
Ainsi les règles de la recevabilité sont : le principe de la liberté de la preuve ( l ) le principe
de la légalité de la preuve ( II ) et le principe de la loyauté de la preuve ( III ).
La légalité de la preuve s'entend de la régularité de son obtention. Ainsi pour être recevable
devant le juge pénal une preuve doit être obtenue de façon régulière c'est à dire
conformément aux exigences légales. Il n'existe pas de règle générale de régularité de la
preuve pénale, il existe plutôt des règles spécifiques de régularité et la régularité ne
concerne pas la preuve elle-même mais le procédé d'obtention de la preuve. Il faut donc
examiner les divers procédés pour apprécier la régularité de tel ou tel procédé.
À titre d'exemple on peut parler de la régularité de la perquisition, la régularité des saisies, la
régularité des auditions, la régularité des confiscations, la régularité des descentes sur les
lieux, la régularité des reconstitutions des faits … etc.
L'art 93 pose par exemple les règles générales de la perquisition.
● L'alinéa 1 dispose : << les perquisitions et les saisies sont effectuées par l'officier de
police judiciaire muni d'un mandat de perquisition >> Toutefois, ajoute le législateur, il
peut agir sans mandat en cas de crime ou délit flagrant.
● L'alinéa 2 précise que : << toute perquisition ou saisie est opérée en présence du
maître des lieux, du détenteur des biens à saisir ou leur représentant ainsi que deux
témoins pris parmi les personnes présentes ou les voisins >>.
14
● L'alinéa 3 ajoute que : << le maître des lieux, le détenteur des biens à saisir ou leur
représentant ont le droit de fouiller l'officier de police judiciaire avant que celui-ci
n'entreprenne la perquisition. Il doit être informé de ce droit et mention est faite au
procès-verbal, de l'accomplissement de cette formalité >>.
● L'alinéa 4 prévoit que : << en cas d'absence du maître des lieux ou du détenteur des
biens ou de leur représentant, et s'il y a urgence, le Procureur de la République peut,
par écrit, autoriser l'officier de police judiciaire à effectuer la perquisition ou saisie en
présence des témoins indiqués à l'alinéa (2) et d'un autre officier de police judiciaire
ou de deux agents de police judiciaire >>.
● L'alinéa 5 ajouté que : << lorsque l'officier de police judiciaire ne peut communiquer
avec le parquet, il procède à la perquisition, et éventuellement, à la saisie dans les
conditions déterminées à l'alinéa (4). Il fait mention de ses diligences dans le
procès-verbal >>.
Le législateur prévoit qu' en cas d'absence de mandat la perquisition peut être effectuée
avec le consentement du maître des lieux.
Une autre illustration de la régularité de la preuve peut être faite avec les conditions
d'obtention de la preuve par interception des écoutes téléphoniques, appareils électroniques
et autres instruments de surveillance.
À titre d'exemple, l'art 245 du code de procédure pénale prévoit que : << le Juge
d'Instruction peut, par ordonnance, prescrire au receveur des postes et télécommunications
de lui communiquer tout ou partie des correspondances reçues ou envoyées par l'inculpé
laissé en liberté avec ou sans caution, ou placé sous le régime de la surveillance judiciaire
>>.
Cette décision est écrite et n'a pas de caractère juridictionnel ( elle n'est pas susceptible de
recours ), elle est limitée dans le temps et sur la matière.
Une dernière illustration de la régularité concerne l'art 315 dont l'alinéa 2 dispose : << l'aveu
n'est pas admis comme moyen de preuve s'il y'a été obtenue par contrainte, violence ou
menace ou promesse d'un avantage quelconque ou par tout autre moyen portant atteinte à
la libre volonté de son auteur >>.
A la différence de la régularité posée par la loi, la loyauté est une exigence probatoire
d'apparition récente construite par la jurisprudence. Elle n'est pas stable et ne contient pas
un critère précis. C'est en raison de la prise en compte du procès équitable sur le terrain de
la preuve que le juge à dégager l'exigence supplémentaire de loyauté.
Quelques critères sont évoqués par la jurisprudence à savoir :
- Le contournement de procédure d'obtention de preuve;
- L'obtention frauduleuse de certaine preuve ou encore l'emploi de stratagème par les
enquêteurs pour obtenir la preuve.
L'idée est moins de préserver la recherche de la vérité que de garantir une certaine intégrité
de la justice pénale.
La recevabilité de la preuve tombe lorsque le législateur interdit l'exploitation de certains
éléments de preuve, il en est ainsi en cas de violation de correspondance entre un avocat et
son client, de la violation du secret médical, en cas de violation du secret bancaire.
L'art 316 dispose je cite : << la correspondance échangée entre un avocat et son client
prévenu ne peut être admise comme preuve contre ce dernier >>( il faut suivre l'évolution
15
jurisprudentielle de cette interdiction : affaire Nicolas Sarkozy ). Une difficulté se pose
souvent avec le secret de la confession.
L'on entend par là l'examen proprement dit des modes et des moyens de preuve. Ici l'on ne
s'intéresse plus aux procédés d'obtention de la preuve.
L'on distingue deux catégories de règles : les règles générales d'administrations de la
preuve et les règles spécifiques d'administrations de chaque mode de preuve.
Sur le 1er point on relève :
- la règle de la charge de la preuve ( art 307 );
- la règle de la charge de la preuve d'un fait justificatif ou d'une cause de non
responsabilité que l'on appelle encore la règle de la charge de la preuve d'une
exception au fond ( art 309 );
- la règle de la neutralité de l'administration de la preuve ( art 310 al 2 );
- la règle de l'exclusivité de la preuve débattu ( art 310 al 3 );
- la règle de la preuve corroborative ( art 311 );
- la règle de l'examen postérieur du casier judiciaire.
S'agissant des règles spéciales, l'on distingue l'administration de la preuve testimonial,
l'administration de la preuve documentaire, l'administration de la preuve scientifique,
l'administration de la preuve technologique.
La preuve testimoniale est la preuve par témoignage, c'est la reine des preuves en matière
pénale. En raison de la présomption d'innocence ou plus largement des principes directeurs
du procès et des principes fondamentaux
L'administration de la présomption testimonial est soumis à un formalisme propre visant à
garantir :
- La crédibilité du témoignage;
- L'authenticité du témoignage;
- La sincérité du témoignage.
Ainsi trois types de règles gouvernent l'administration du témoignage : les règles relatives à
la forme du témoignage, les règles relatives à la personne lui-même et les règles relatives
au témoignage lui-même.
S'agissant de la forme du témoignage l'art 183 al 2 dispose je cite : << hormis le cas où la
loi ou la coutume en dispose autrement, le témoin dépose son témoignage de la manière
suivante : la tête découverte, la main droite levé et déganté prononce le serment suivant : je
jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité >>.
Toujours s'agissant de la forme, le témoin peut témoigner sous serment ou sans serment.
Mention de son choix dans le procès verbal.
S'agissant de la personne lui même le législateur fixe son âge, l'art 322 dispose dans ce
sens : << toute personne âgée de 14 ans au moins peut être entendue comme témoin.
Toutefois, le mineur victime d'une infraction peut être entendu comme témoin quelque soit
son âge >>. En dehors de son âge, le tribunal s'intéresse à l'identité du témoin, à sa
situation de famille, à sa profession, à son domicile ou à sa résidence. A travers ces
éléments le juge recherche le lien entre le témoin et la personne qui l'a cité.
16
S'agissant de la sincérité du témoignage le législateur à posé deux règles : la 1er est le
caractère direct du témoignage, à ce propos l'art 335 du code de procédure pénale dispose
que : << est direct le témoignage qui émane de celui qui a vu le fait s'il s'agit d'un fait qui
pouvait être vu, de celui qui a entendu s'il s'agit d'un fait qui pouvait être entendu, de celui
qui a perçu s'il s'agit d'un fait qui pouvait être perçu par tout autre sens, de son auteur s'il
s'agit d'une opinion >>, cette règle n'est pas rigoureusement appliqué en cas d'assassinat,
de meurtre ou de coup mortel. Ici la déclaration verbale ou écrite de la victime relative à son
décès est admise en témoignage. Il est également admis que l'aveu qui émane de son
auteur est un témoignage direct ( art 315 al 1).
La 2nde règle est celle de son contradictoire, sur ce point le code de procédure pénale
exige que la liste des témoin doit préalablement être transmise à la partie adverse, la 2nde
règle concerne la conduite du témoignage qui se fait en 3 étapes selon l'art 332 al 1 à savoir
: examination in chief, la cross examination et re examination.
C'est le point final des principes substantiels de la justice pénale, en effet la force probante
de la preuve qui désigne en matière pénale la conviction du juge doit prendre en compte les
implications normatives des principes directeurs, celles des principes fondamentaux et
l'exigence de neutralité du juge pénal.
Dans ce sens, le principe de la force probatoire correspond au standard de la preuve. La
question ici est de savoir quel est le niveau de démonstration de la culpabilité exigé au juge
17
pour sa décision ? Alors que la plupart des procédures pénales modernes posent la règle de
la déclaration de culpabilité au delà du doute raisonnable, le législateur camerounais non
seulement ne pose aucune règle, mais aussi et surtout il ignore totalement l'évolution de son
propre droit de la preuve en ce qu'il demeure dans le système ancien archaïque de l'intime
conviction. Ainsi, l'art 310 al 1 du code de procédure pénale qui dispose : << le Juge décidé
selon la loi et son intime conviction >> agit comme un épouvantail. En clair, cette disposition
n'est pas harmonisée, ni avec les principes directeurs, les principes fondamentaux, ni avec
les règles substantielles.
Cette leçon vise un double objectif, le premier objectif est de connaître les principes
d'organisations de la justice pénale au Cameroun et le second objectif, les composantes
qualitatives et quantitatives de la justice pénale.
Partant de ce double objectif, il convient de relever que l'organisation de notre juridiction
répressive n'a pas fondamentalement été influencée par l'évolution historique de notre
justice pénale. On peut dire ici que la source législative française à pris le pas sur la Criminal
Procedure Ordinance.
L'un des éléments pour l'affirmer est par exemple la généralisation de la juridiction
d'instruction sur l'ensemble du territoire. Aussi il convient de relever que l'organisation de la
18
justice répressive est l'un des points de contact direct entre la justice pénale et l'autorité
politique.
Ainsi l'organisation de la justice pénale doit être étudiée dans une dimension
systématiquement évolutive.
Nous allons présenter d'une part les principes d'organisations ( S1 ) et les composantes
elles-mêmes ( S2 ).
L'on entend par principe d'organisation l'ensemble des règles de répartition de l'activité
juridictionnelle en matière répressive, il s'agit de répondre à la question de savoir comment
est faite la division du travail en matière répressive ? Cette question présente deux intérêts
majeurs :
1. Le premier intérêt est de déterminer qui organise la division du travail en matière
répressive.
Sur ce point là constitution est claire, la division du travail judiciaire en matière répressive est
nécessairement législative. En d'autre terme l'exécutif n'a pas de compétence en la matière.
Cette règle s'appelle la légalité de la répression.
2. Le second intérêt est de savoir s'il existe en matière de division du travail judiciaire
des principes primaires et des principes dérivés en d'autre terme le législateur est il
tenu de prendre en compte certain élément ou bien il décide en toute souveraineté.
La question est de savoir si en matière de division du travail judiciaire le législateur exerce
t-il une compétence liée ou une compétence discrétionnaire ? A priori il convient de relever
que le législateur exerce une compétence liée à la nature de l'infraction ou à sa gravité, on
parle donc de juge naturel en matière pénale. Mais dans la pratique et à partir de la justice
pénale camerounaise il est possible de relever que le législateur camerounais dispose d'un
pouvoir discrétionnaire dont la mise en œuvre nous permet d'identifier les principes
d'organisations de la justice répressive. Ainsi donc l'on distingue au final le principe lié à la
conduite de l'action pénale ( P1 ), le principe lié à la spécialisation de l'action pénale ( P2 ) et
enfin le principe de la nature de l'acte pénale ( P3 ).
Il convient de relever que l'action pénale est conduite en deux temps, le temps de son
élaboration ( A ) et le temps de l'appréciation ( B ).
19
La juridiction d'instruction est chargée de l'information judiciaire dans le cadre de
l'élaboration de l'action pénale, elle accomplit donc aussi des diligences relatives à la tenue
du procès. L'on distingue le Juge d'Instruction en instance et la chambre de contrôle de
l'instruction en appel.
20
Il existe aussi une spécialisation en ce qui concerne l'élaboration de l'action pénale ( le
commissaire du gouvernement, les OPJ à compétence spéciale ou encore le corps spéciale
des OPJ du TCS ) au niveau de l'appréciation de l'action il y'a les juges militaires, les
asceseurs.
Il s'agit du critère < <normal >> de division du travail judiciaire à savoir la nature de l'acte
qui repose elle-même en droit pénal sur la gravité résultant de l'appréciation de la peine. Sur
ce fondement l'on distingue trois types de juridiction : la juridiction criminelle ( TGI, TCS ), la
juridiction correctionnelle ( La juridiction statuant en matière de délit notamment le TPI ) et la
juridiction de simple police ( statuant en matière de contravention, il s'agit du tribunal de
première instance statuant en matière de simple police ).
L'on entend par habilitation les titres de compétence pénale c'est à dire les techniques ou
plus précisément les critères par lesquelles un organe de fonction répressive ce saisie d'une
affaire. En effet, au-delà des principes de division du travail judiciaire, le législateur à
organiser la saisine des organes des fonctions répressives de deux manières : d'abord par
l'affirmation d'un principe ( S1 ) ensuite par détermination des possibilités de dérogation ( S2
).
21
Section 1 : l'organisation du principe des compétences pénales.
Comme en droit pénal substantiel la procédure pénale admet également les trois titres
classiques de compétence : la compétence rationae matérie, la compétence rationae
personae et la compétence rationae loci.
S'agissant de la compétence rationae personae elle se fondé sur la qualité de
l'auteur de l'infraction ( compétence personnelle active ) ou de la victime de
l'infraction (compétence personnelle passive ).
Ce titre de compétence concerne davantage l'hypothèse de l'infractions commise hors
du territoire national.
Dans le droit pénal camerounais seule la qualité de l'auteur est prise en compte par le le en
d'autre termes les autorités répressives camerounaises ne sont pas compétentes lorsque la
victime de l'infraction à l'étranger est camerounaise.
En conclusion la compétence personnelle active est le premier titre de compétence
extra territorial des autorités répressives nationales
S'agissant de la compétence rationae matérie celle- ci désigne la seconde hypothèse
d'habilitation des autorités répressives en fonction du lieu de commission de
l'infraction qui est l'étranger. De ce point de vue la compétence rationae matérie
comprends deux dimensions :
1. Premièrement, elle renvoie à la compétence réelle. Dans ce cas, les autorités
répressives nationales sont compétentes lorsque certaines infractions spécifiques
sont commises. Il s'agit des infractions portant atteinte aux intérêts supérieurs
de l'État. Exemple : la contrefaçon de la monnaie nationale.
2. Deuxièmement, elle renvoi à la compétence universelle qui habilite les autorités
repressives en raison de la gravité de certaines infractions notamment les crimes
internationaux par nature ( crime contre l'humanité, crime de génocide, crime de
guerre … ) voire art 11 du code pénal.
Mais en procédure pénale la compétence rationae matérie ne concerne pas seulement les
infractions commise hors du territoire, elle est aussi à la base des répartitions des
compétences internes qu'ils s'agissent de la spécialisation de l'action pénale ( TCS, tribunal
militaire ) ou de la nature de l'acte ( tribunal criminelle , tribunal correctionnelle de simple
police ).
S'agissant de la compétence rationae loci, elle ne connaît que l'hypothèse des
infractions commises sur le territoire, elle est donc l'expression de la territorialité.
Compétence de principe ou compétence primaire en matière pénale.
La territorialité constitue la règle de compétence déclinée de manière spécifique en matière
pénale.
22
Du point de vue de la procédure pénale, la compétence rationae loci prend la forme de la
compétence du ressort territorial. En effet, les autorités de fonction répressive sont
organisées en fonction du ressort territorial. Ainsi la cour suprême à un ressort national, les
cours d'appels ont un ressort régional, le TGI a un ressort départemental et le TPI à un
ressort d'arrondissement.
La règle de la spécialisation des compétences attribue des ressorts spécifiques à certaines
juridictions.
Le tribunal militaire à une compétence régionale et le tribunal criminel spécial quant à lui a
une compétence nationale.
Dans la mise en œuvre de la compétence du ressort territoriale ( * ), le législateur à défini
un critère fondamental à savoir : le critère du lieu. A ce propos l'art 294 dispose je cite : <<
est compétent le tribunal soit du lieu de commission de l'infraction soit du lieu du domicile du
prévenu soit du lieu d'arrestation du prévenu >> l'art 295 du code de procédure pénale
ajoute je cite : << la compétence à l'égard d'un prévenu s'étend à tous les co-auteurs et
complice sauf disposition contraire de la loi >> ( * ).
S'agissant du procureur l'art 140 al 1er dispose je cite : << est compétent le procureur de la
république soit du lieu de commission de l'infraction soit du lieu du domicile soit du lieu
d'arrestation du suspect >>. Il convient de souligner que le législateur à prévu une certaine
hiérarchisation de ces critères de compétence. Ainsi en cas de saisine concurrentielle
entre deux procureurs ou deux juges priorité est donné au procureur ou au juge du
lieu de commission de l'infraction, on dit que la compétence du lieu de commission
est la compétence principale en procédure pénale et les autres sont des compétences
secondaires.
Il arrive que cette organisation ne fonctionne pas de façon linéaire et que certains incidents
perturbent le fonctionnement des compétences attribuées.
Dans ces cas, le législateur à prévu des hypothèses de dérogation de compétence.
L'on entend par dérogation de compétence les hypothèses dans lesquelles la règle normale
d'attribution de compétence se trouve modulée dans son application. Cette modulation
résulte généralement de la prise en compte de la bonne administration de la justice.
Dans ce sens les dérogations de compétence peuvent soit d'une prorogation de
compétence soit d'un renvoi de compétence soit d'une solution à un cas de
compétence concurrente.
La connexité en procédure pénale désigne la prise en compte des liens étroits existant entre
plusieurs infractions. Elle permet une bonne administration de la justice en ce sens que le
23
législateur donne la possibilité au juge de se saisir de la globalité d'une situation criminelle. Il
y'a connexité d'après la loi lorsque :
- les infractions ont été commise au même moment par plusieurs personnes agissant
ensemble;
- Les infractions ont été commise par différente personne même en différent temps et
en différent lieux mais par suite d'une conspiration;
- L'infraction à été perpétré soit pour faciliter la commission d'une autre infraction soit
pour assurer l'impunité de celle ci;
- Lorsqu'il y a recel.
De façon générale, en cas de connexité, la prorogation de compétence est facultative.
La compétence est prorogée ici par la technique de la jonction de procédure.
L'indivisibilité est une cause de prorogation de compétence. D'après la loi il y'a indivisibilité
Lorsqu'il y'a :
- Pluralité d'auteurs et de complice d'une même infraction;
- Lorsqu'il existe entre plusieurs infractions commises par une même personne une
relation si étroite que l'une ne peut être jugée sans l'autre ;
- Lorsque des infractions commises en différent temps vise un même but ( unité de
temps et même dessin criminelle ).
En d'indivisibilité, la jonction de procédure est obligatoire.
Le renvoie est la situation dans laquelle une juridiction normalement saisi d'une affaire s'en
trouve dessaisi. La dérogation porte ici sur le ressort territorial. Il existe deux types de
renvoie : le renvoie ordinaire et le renvoie exceptionnelle.
Le premier cas intervient, lorsque la cour suprême suivi d'un pourvoi casse la décision
rendue et renvoie à une autre cour d'appel qui n'était pas normalement compétente.
Le renvoie exceptionnelle est celui prévu à l'art 604 al 1er qui dispose je cite : << la cour
suprême peut pour cause de suspicion légitime ou pour les nécessité d'ordre juridique soit
dessaisir une juridiction d'une affaire et renvoyer la cause devant une juridiction de même
rang soit désigné les juges appartenant à d'autre ressort ou à d'autre juridiction pour
composer celle ci >>. On dit que le renvoie exceptionnelle présente deux formes :
1. Premièrement, il est organique;
2. Deuxièmement, il est fonctionnel.
24
L'art 600 al 1er dispose : << lorsque deux juges du ressort d'une même cour d'appel se
déclare compétent ou incompétent le conflit est tranché par la cour d'appel >> lorsque deux
ressorts de cour d'appel sont concernés le conflit est tranché par la cour suprême.
De façon générale, les règles de compétence ainsi que les organes répressifs fixent le
cadre institutionnel de la procédure pénale. La composition dudit cadre permet une certaine
évaluation du type de justice pénale mis en place par le législateur ce qui n'est pas sans
intérêt sur le cadre processuel.
L'on entend par cadre processuel le domaine de déploiement de la justice pénale plus
précisément les actions née de l'infraction. A ce propos il existe deux conceptions de
l'infraction donnant lieu à deux modèles de justice pénale.
Selon une première conception, l'infraction est strictement une atteinte à un intérêt public.
Sur ce rapport, les États organisent la justice pénale autour de l'intérêt public. Dans ce cas,
la justice pénale porte uniquement sur l'action publique.
C'est la conception unitaire de l'infraction qui donne la compétence au juge pénal
uniquement sur l'action publique, l'action civile étant irrecevable devant le juge pénal. Dans
ce système on retrouve par exemple le modèle américain, le modèle britannique ou le Juge
pénal n'est compétent que pour l'action publique.
Dans le second modèle, l'infraction est à la fois une atteinte à un intérêt public et à un
intérêt privé. Ici le législateur organise la justice pénale autour de la prise en compte de ces
deux intérêts. Le Juge pénale est donc compétent pour connaître à la fois une action
publique qui vise l'intérêt général et une action civile qui vise la protection d'un intérêt
particulier.
Cette conception binaire de l'infraction est retrouvée dans les modèles de procédure pénale
de tradition romano-germanique. Il en résulte donc une reconnaissance exclusive de la
compétence du juge pénale sur l'action publique et une reconnaissance de la
compétence intégrale du juge pénale sur l'action publique et l'action civile.
Entre ces deux modèles certains états on défini un modèle de compétence combiné avec
cependant une prépondérance pour la protection de l'intérêt public. Tel est le cas de la
justice pénale camerounaise. En effet, d'après le législateur camerounais toute infraction
constitue d'abord et avant tout une atteinte à un intérêt public, certaines infractions
seulement peuvent également porter atteinte à un intérêt privé et quand bien même un
intérêt privé est atteint, il n'est pris en compte que si une victime existe.
La conséquence de cette considération est la hiérarchisation entre les deux actions devant
le juge pénal.
Cette hiérarchisation est à la base du régime légale, trois idées permettent de le
comprendre :
Il ne peut y avoir de procès pénale sans action publique ( l'action publique est l'action
nécessaire de la justice pénale);
- L'action publique appartient à l'état en ce qu'elles vise l'intérêt générale ( la victime
joue un rôle résiduel en matière d'action publique );
- L'action civile est nécessairement dépendante de l'action publique ( l'octroi des
réparations est conditionné par la déclaration de culpabilité ).
Cette considération est résumé dans l'art 59 al 1er du code de procédure pénale qui
dispose je cite : << toute infraction peut donner lieu à une action publique et,
éventuellement, à une action civile >> cette disposition invite à présenter de façon séparé
25
les deux actions de la justice pénale. L'action nécessaire ( Chap 1 ) et l'action éventuelle (
Chap 2 ).
L'action publique est définie par l'art 59 al 2 du code de procédure pénale qui dispose je cite
: << l'action tendant à faire prononcer contre l'auteur de l'infraction une peine ou une mesure
de sûreté édicté par la loi >> elle est donc l'action de la justice pénale. La terminologie
anglo-saxonne l'assimile d'ailleurs à la procédure pénale. En effet, on parle ici de criminal
proceeding. L'action publique est dite action nécessaire parce que son exercice correspond
à la poursuite. Lorsqu'on désigne la poursuite comme fonction répressive, l'on évoque
l'action publique. Dans ce sens, le déclenchement des poursuites correspond à la mise en
mouvement de l'action publique. Il convient dès lors d'examiner les traits généraux de
l'action publique ( S1 ) et les modalités d'extension de l'action publique ( S2 ).
Entendu que action nécessaire du procès pénal, l'action publique présente deux traits
généraux à savoir : son caractère public ( P1 ) et son caractère indisponible ( P2 ).
Dire que l'action publique présente un caractère publique, c'est principalement affirmé que
celle- ci n'appartient pas à une partie au procès. Ce caractère résulte principalement de la
prise en compte des sujets de l'action publique ( qui peut mettre en avant l'action publique ?
contre qui peut on diriger l'action publique ? ) L'on distingue ici les sujets actifs de l'action
publique ( A ) et le sujet passif de l'action publique ( B ).
Considérant le caractère public de l'action publique les sujets actifs c'est à dire ceux
capables de mettre en mouvement l'action et éventuellement de l'exercer sont classés en
deux groupes : le sujet naturel de l'action publique ( 1 ) et les sujets dérivés de l'action
publique ( 2 ).
Le ministère public est le sujet naturel de l'action publique, c'est lui qui met en mouvement
l'action publique et l'exerce.
On dit que le ministère public à la maîtrise de l'action publique. Autrefois l'action publique
était désignée comme l'action populaire ( actio popularis ) avec la naissance de la
république l'actio popularis est devenu l'action publique dévolu au représentant du ministère
public à savoir : le procureur de la république avec ses substituts.
Du point de vue fonctionnelle le ministère public joue le rôle de l'avocat de la société, c'est
pour cela qu' à un stade de la procédure il devient parti au procès pour défendre la cause de
la société victime de l'infraction. C'est pour cette raison aussi que devant les cours les
représentants du ministère public sont appelés avocats généraux. Il faut donc considérer la
composition du ministère public ( a ) et ces traits de caractère ( b ).
26
a - la composition du ministère public.
L'art 127 al 2 dispose je cite : << le ministère public est suivant les distinctions établies au
présent article constitue de l'ensemble des magistrats du parquet générale de la cour
suprême, du parquet cour d'appel, du parquet du TGI, du parquet du TPI >> à cette
disposition il faut ajouter celle relative aux juridictions spécialisés.
Lorsqu'il s'agit d'une cour, l'ensemble des magistrats du ministère public forme le parquet
général ayant à sa tête le procureur général.
Lorsqu'il s'agit d'un tribunal, l'ensemble des magistrats du ministère public constitue le
parquet d'instance dont le procureur de la république. Cette répartition n'est pas identiques
dans les juridictions spécialisées devant le TCS par exemple au lieu du parquet d'instance
se trouve un parquet général, devant le tribunal militaire par exemple au lieu du procureur de
la république se trouve le commissaire du gouvernement.
Le ministère public doit être considéré dans sa globalité c'est à dire, il forme un tout en
procédure pénale, c'est celle qui justifie ses traits caractéristiques à savoir : la subordination
hiérarchique ( i ), L'indivisibilité ( ii ), l'irrécusabilité ( iii ) et l'irresponsabilité ( iiii ).
i - la subordination hiérarchique.
Considérant que le ministère public est un tout, sa subordination hiérarchique peut être vue
sous de angle. D'abord intra-parquet ( * ) et ensuite inter-parquet.
Sur le premier point l'article 127 al 7 dispose dans ce sens je cite : << les magistrats du
parquet générale d'une cour suprême, du parquet générale d'une cour d'appel, du parquet
générale du TGI, du parquet générale du TPI exercer sous le contrôle, la direction et la
responsabilité du chef de chaque parquet, les attributions conférées par la loi au
procureur général près la cour suprême, au procureur général près la cour d'appel et
au procureur de la république >> cette disposition signifie que la loi confie des attributions
uniquement au chef du parquet, les substituts du procureur son tenu de suivre les
instructions du procureur de la république.
S'agissant de la subordination inter-parquet l'art 133 al 2 et l'art 134 al 1er posent les bases
de la subordination hiérarchique.
Le premier texte indique que le procureur général près la cour d'appel à autorité sur tous
les magistrats du ministère public de son ressort.
Le second texte précise que le procureur général près la cour d'appel peut prescrire aux
magistrats du ministère public de son ressort d'enquêter, de procéder à un classement sans
suite ou d'engager des poursuites.
27
La subordination hiérarchique inter-parquet ne semble donc concerné que les parquets
d'instances et les parquets généraux de cœur d'appel. Le parquet général de la cour
suprême ne semble pas être concerné par la subordination inter-parquet.
L'on entend par là, le lien de subordination entre le ministère public et les membres de
l'exécutif. Cette subordination hiérarchique existe, mais la véritable question est celle de
savoir si elle est strictement administrative ou bien si elle a aussi une dimension judiciaire.
Du point de vue administratif, la loi portant organisation judiciaire dispose dans son art 34:
<< les membres du parquet relèvent du ministère de la justice >>.
Du point de vue judiciaire, l'on se demande si le ministère de la justice est dès lors fondé
légalement pour instruire les membres d'un parquet. La question se pose en dehors des cas
d'interférence prévue par la loi. Il en est ainsi, de l'hypothèse de NOLLE PROCEQUEA
prévu par l'art 64 du code de procédure pénale al 1er : << le procureur de la république près
une cour d'appel peut sur autorisation écrite du ministère de la justice, requérir par écrit puis
oralement l'arrêt des poursuites pénales à tout stade de la procédure avant l'intervention
d'une décision au fond, lorsque ces poursuites sont de nature à compromettre l'intérêt social
ou la paix publique >> la subordination hiérarchique du ministère public soulève deux
problèmes :
- le premier est le statut du parquet général de la cour suprême dans la chaîne
pénale.
- Le second concerne le statut général du parquet dans l'organisation judiciaire.
La seule limite à la subordination hiérarchique du point de vue judiciaire est contenu dans la
maxime donnée ( l'écrit est serve, la parole est libre ) cela signifie que un représentant du
ministère public peut s'affranchir des instructions de sa hiérarchie dans ses prises de parole
à l'audience mais pas dans les réquisitions écrites.
L'indivisibilité est un trait fondamental du ministère public en ce sens qu'il traduit son unité.
Ce trait de caractère est clairement posé par l'art 127 al 1er je cite : << le ministère public
est indivisible >> il faut entendre par là deux choses : la 1ère est l'homogénéité du ministère
public. En effet, le ministère public est l'ensemble formé par les magistrats d'un parquet ou
du parquet. Exemple : devant le TGI le ministère public est constitué du parquet du TGI ( le
procureur de la république et tous ses substituts ) cette considération désigne la dimension
organique de l'indivisibilité du ministère public. Dans un 2nd sens l'indivisibilité du ministère
public désigne << la solidarité des membres du parquet >> cette solidarité est parfaite,
c'est le sens de l'art 127 al 1er in fine qui dispose je cite : << tout acte de procédure
accompli par un magistrat du parquet est censé l'être au nom du parquet tout entier >>
l'indivisibilité est donc aussi fonctionnelle. L'on peut citer l'arrêt de la cour européenne des
droits de l'homme du 26 novembre 2010, affaire moulin contre france. Partant de cette
double dimension de l'indivisibilité du ministère public le législateur tire la conséquence de
sa présence obligatoire dans le procès, l'art 128 al 1er dispose in fine je cite : << le ministère
public ( ... ) doit à peine de nullité de la décision être présent à toute les audiences >>
En raison de cette indivisibilité aussi le ministère public est hiérarchisé et son chef ( le
procureur de la république ) en assure la représentation.
28
iii - l'irrévocabilité du ministère public.
Conséquence de son indivisibilité, l'irrévocabilité du ministère public signifie que l'on ne peut
demander son dessaisissement dans une affaire.
Cependant cela ne signifie pas qu' un membre du ministère public ne puisse être soupçonné
de partialité. Cela signifie simplement que la partialité d'un membre du ministère public n'a
pas d'incidence procédurale. Ainsi l'art 593 qui dispose je cite : << un magistrat du ministère
public ne peut-être récusé >> doit il s'entendre de l'irrévocabilité de tout le ministère public ?
La question ici est celle de la compatibilité de cette disposition avec les principes
fondamentaux de la justice pénale et la problématique du statut du ministère public en
procédure pénale.
Ce trait de caractère signifie que le ministère public ne peut faire l'objet d'une action en
justice du fait de l'accomplissement de ces missions. En d'autre terme l'on ne peut reprocher
au ministère public ni l'exercice abusif des poursuites ni le refus excessif des
poursuites.Il en est ainsi en raison du principe l'opportunité des poursuites. Cependant
l'irresponsabilité du ministère public ( l'irresponsabilité organique et l'irresponsabilité
fonctionnelle ) n'empêche pas la responsabilité personnelle d'un membre du ministère
public en raison de sa faute personnelle soit constitutive d'une infraction soit ayant causé un
dommage personnelle. En tout état cause subordination, indivisibilité, irrécusabilité et
irresponsabilité du ministère public permettent d'affirmer que cet organe est le sujet actif
principal de l'action publique non seulement le ministère public est le titulaire naturel de
l'action publique mais le législateur en a fait aussi la partie principale au procès, telle est le
sens de l'art 128 al 1er qui dispose je cite : << le ministère public est une partie principale au
procès devant toute juridiction répressive >> ce qui signifie que l'action publique est l'action
principale devant toute juridiction répressive. Le caractère public de l'action publique résulte
également de la reconnaissance des pouvoirs de spéciaux à d'autres sujets actifs de l'action
publique.
S'il est admis que le ministère public est le sujet principal de l'action publique en ce sens
qu'il exerce en la matière une prérogative générale sans besoin d'une habilitation
particulière, les autres sujets de l'action publique ont nécessairement besoin d'une
habilitation particulière du législateur pour agir sur l'action publique. Ces sujets sont dits
secondaires, spéciaux ou dérivés. Ils forment la grande catégorie de la victime. Ainsi l'on
retient que l'action publique appartient à deux sujets actifs: le ministère public ( sujet
principal ) et la victime (sujet spécial ). La victime bénéficie de deux types de
compétence: d'une part une compétence procédurale ( a ) et d'autre part une compétence
matérielle ( b ).
29
victime met en mouvement l'action publique en agissant directement devant le tribunal, cela
lui permet de vaincre l'inertie du procureur, l'art 40 al 1er dispose dans ce sens je cite : << la
citation est un sommation à comparaître devant une juridiction >> il s'agit ici de la citation à
particulier qu'on distingue de la citation à parquet. L'inconvénient de la citation directe
est qu' elle n'est pas admise en matière de crime, aussi il n'est pas dans l'intérêt de la
victime de ne pas collaborer avec le procureur. La 2nde voie offerte à la victime est la plainte
avec constitution de partie civile, l'art 157 dispose dans ce sens je cite : << toute personne
qui se prétend lésée par un crime ou délit peut en portant plainte se constituer partie civile
devant le juge d'instruction compétent >> l'alinéa 2 ajoute : << la plainte avec constitution de
partie civile met en mouvement l'action publique >> l'avantage de cette voie est qu'elle
existe en matière de crime ou de délit. Son inconvénient est qu'elle ne saisit pas directement
le tribunal. Le Juge d'Instruction saisi doit nécessairement demander un réquisitoire
introductif d'instance fait par le procureur. Il convient de relever que le réquisitoire
Introductif d'instance n'est pas admis dans les hypothèses ou la poursuite est
réservée au ministère public.
B - le sujet passif.
Si l'action publique peut être mise en mouvement par le ministère public et la victime, elle
ne peut être dirigée que contre la personne poursuivie. Celle-ci est considérée comme le
sujet passif de l'action publique. En procédure pénale c'est la défense, on dit que l'action
publique est portée par l'accusation et dirigée contre la défense. L'action publique est
donc intransmissible, incessible en ce sens qu'elle ne peut être dirigée que contre les
ayants droits de l'auteur présumé de l'infraction mais, si elle est dirigé contre le seul
auteur de l'infraction, elle est dirigé contre tout les protagonistes de l'infraction (
auteurs, coauteurs et complices de l'infraction ).
30
Une fois mise en mouvement, elle doit en principe aller jusqu'à son terme, la
suspension, l'interruption et l'extinction apparaissent comme les circonstances
exceptionnelles. On dit que l'action publique échappe à la volonté de ces sujets, si ceux-ci
ont le choix de son engagement ils n'ont en revanche aucune prérogative sur sa conduite.
Toutes les hypothèses d'arrêt des poursuites dans la procédure pénale, constitue des
interférences anormales sur l'action publique. Il faut donc considérer les causes et les
conséquences de l'arrêt des poursuites. Ainsi de bien distinguer l'arrêt des poursuites
pouvant intervenir par une décision des autorités des fonctions répressives de ( art 64 du
code de procédure pénale ) et l'extinction de l'action publique ne pouvant intervenir en cas
d'apparition d'une cause légale.
L'étude des causes d'extinctions de l'action publique révèle de l'étude des caractères de
cet acte. En tant qu'elle est une action indisponible, l'action publique ne peut être éteinte que
par la voie normale c'est-à -dire le processus normal de conduite de l'action en justice.
Cependant il peut arriver qu' au cours de la conduite de l'action pénale, celle -ci subit les
incidences liées soit au changement du droit soit à l'apparition des causes naturelles
et ce n'est que de façon exceptionnelle que la volonté de la victime peut être prise en
compte.
L'idée générale est que, à la différence de l'action civile qui relève de la souveraineté
des parties, l'action publique ne peut être éteinte que dans les cas prévus par la loi :
on parle donc des causes d'extinctions de l'action publique.
L'art 62 al 1er énuméré les causes d'extinctions de l'action publique ce texte dispose je cite
: << l'action publique s'éteint par :
- La mort du suspect, de l'inculpé, du prévenu, ou de l'accusé;
- La prescription;
- L'amnistie;
- La chose jugée;
- L'abrogation;
- La transaction;
- Le retrait de la plainte >>
En faisant une synthèse de cet article, il convient de relever que l'action publique peut
s'éteindre soit par une cause objective ( P1 ) soit par une cause subjective ( P2 ).
Elle est dite objective parce qu'elle n'émane pas de la volonté des parties. Certains auteurs
considèrent qu'il s'agit des causes normales d'extinction de l'action publique. Elles peuvent
être classées en trois catégories, l'autorité de la chose jugée ( 1 ), la caducité de l'action ( 2 )
et la perte du droit de poursuivre ( 3 ).
Prévue à l'art 62 al 1 ( e ) cette cause est la plus normale de toutes les causes d'extinctions.
Elle relève de la définition même de l'action publique comme l'action tendant à faire
prononcer contre l'auteur de l'infraction une peine ou une mesure de sûreté. Ainsi il convient
de relever que cette cause d'extinction est assimilée à l'arrivée du terme de l'action publique.
31
Lorsqu'elle intervient on dit que l'action publique est éteinte. L'effet de la chose jugée est que
la personne poursuivie ne peut plus faire l'objet d'une nouvelle poursuite selon la maxime
l'autorité de la chose jugée ne rend plus possible une nouvelle poursuite.
Dans cette hypothèse, les poursuites non plus soit un intérêt ( mort de la personne
poursuivie ) soit elle non plus aucune base ( changement dans la loi pénale ). Dans les deux
hypothèses, on parle de caducité des poursuites. Le législateur envisage ici trois cas :
- La caducité des poursuites en raison de la mort de la personne poursuivie.
Dans ce cas il est admis que le décès de la personne poursuivie éteint l'action publique mais
cette extinction n'a aucune incidence sur l'action civile ( * ) dont l'extinction peut se
poursuivre devant le juge pénal.
L'action peut être éteint à l'initiative du procès, en cour de procès, après la déclaration de
culpabilité ou encore au cœur de l'exécution de la peine.
- La caducité des poursuites pas effacement de la loi pénale.
Cette hypothèse est celle de l'art 61 al 1 ( c ) ( l'amnistie ) qui est une technique
d'effacement de la loi pénale donc l'effet est la neutralisation des auteurs. Lorsqu'elle est
personnelle l'amnistie constitue un obstacle substantiel au poursuite, lorsqu'elle est
réelle l'amnistie constitue un empêchement des poursuites .
En tant qu' un outil de la politique criminelle, l'amnistie est une mesure de Clémence pénale
dont les effets procéduraux sont l'extinction de l'action publique. Dans ce cas l'action
civile est également éteinte devant le juge pénal.
- La caducité des poursuites par suppression ou changement de la loi ( * ).
Il s'agit de l'hypothèse de l'article 62 al 1 ( d ) à savoir l'abrogation de la loi. Comme
l'amnistie, l'abrogation de la loi éteint l'action publique. Cependant cette extinction peut-être
totale lorsque la base des poursuites à été totalement supprimé ( dépénalisation d'un
comportement )
L'extinction peut-être partielle lorsque l'abrogation à changé la qualification pénale, il en est
ainsi lorsque la loi nouvelle transforme un crime en délit ou bien un délit en contravention.
En cas d'abrogation de la loi, l'extinction de l'action publique emporte également extinction
de l'action civile.
a - le délai de prescription.
32
Il existe en procédure pénale deux systèmes de prescription de l'infraction : le système de
la prescription de l'infraction et le système de l'imprescriptibilité.
Dans ce second cas, le procureur et la victime garde toujours la possibilité de poursuivre
quelque soit la durée tel est le cas de la justice pénale anglo-saxonne, tel est également le
cas des infractions internationales qu'on appelle crime imprescriptible.
Dans le premier système par contre les infractions ne peuvent pas être poursuivies ad
vitam eternam, le législateur camerounais appartient à ce modèle de prescription. Dans ce
sens l'art 65 al 1er dispose je cite : << la prescription est l'extinction de l'action publique
résultant du non exercice de celle ci avant l'expiration du délai pour agir >> En matière
criminelle l'action publique se prescrit par 10 ans, il ne faut pas confondre cette prescription
avec celle du droit pénal général qui concerne la peine et donc le délai est de 20 ans. En
cas de délit la prescription est pas principe de 3 ans, car il existe des délits assortie des
délais spécifiques de prescription ( * ) il en est ainsi en cas de diffamation dont le délai de
prescription est de 4 mois, il ne faut pas confondre cette prescription avec celle des peines
correctionnelles qui est de 10 ans. En matière de contravention le délai de prescription est
de 1 ans, il ne faut pas confondre ce délai avec celui du droit pénal général dont la durée est
de 5 ans.
( * ) en cas de poursuites pour des infractions connexes le délai de prescription est
celui prévu pour l'infraction la plus sévèrement réprimé ( * ) ce raisonnement peut-il
être étendu en cas d'indivisibilité ?
b - l'interruption de la prescription ( * ).
33
L'obstacle de droit peut-être l'existence d'une immunité parlementaire, l'invocation d'une
exception préjudiciaire, le pourvoi en cassation. Constitue des obstacles de fait de la
suspension du délai de prescription l'invasion d'un territoire par une armée, la démence d'un
suspect, d'un inculpé, la fuite du suspect ou encore le renvoi d'une affaire.
La conséquence de la suspension est que la disparition de la cause fait reprendre le délai
de la prescription à la date de la suspension ce qui signifie que la partie échue du délai est
prise en compte dans la computation du délai.
Il ne faut pas confondre l'extinction subjective de l'action publique avec la gestion de l'action
publique par le procureur. En effet, en raison de son pouvoir sur l'action publique, le
procureur peut développer une certaine stratégie particulière dans le cadre des politiques
pénales. Ces stratégies du procureur ne constituent pas des extinctions subjectives de
l'action publique. Il peut s'agir du plea bargaining ou encore des divers forment de
négociation avec l'auteur de l'infraction.
Lorsqu'il s'agit de l'extinction subjective, celle ci peut prendre trois formes :
- La transaction pénale, il s'agit d'un contrat indemnitaire entre la victime de l'infraction,
l'auteur de l'infraction et le procureur. Au terme de ce contrat la victime consent
d'abandonner les poursuites en contrepartie de l'indemnité payée par l'auteur de
l'infraction. La transaction pénale existe dans les cas strictement limités par la loi,
l'essentiel de ces cas concerne les infractions pour lesquelles l'administration
est victime ( eaux et forêts, douanes, législation du travail, infraction routière ).
Ici la transaction dépend de l'administration victime de l'infraction.
- Le retrait de la plainte est une cause d'extinction de l'action publique lorsque le
dépôt de la plainte est une condition de mise en mouvement de l'action
publique. Dans ce sens, le législateur privilégie d'abord et avant tout l'intérêt de la
victime, il en est ainsi dans la plupart des infractions au droit pénal de la famille telles
que l'infraction d'adultère, l'infraction d'abandon de foyer. La raison de cette cause
d'extinction de l'action publique est que le procès dépend totalement de la
participation de la partie civile.
- Le désistement de la victime, comme le retrait de la plainte le désistement n'est
admis que lorsque l'infraction concerne directement la victime et que celle ci a mis en
34
mouvement l'action publique, il en est ainsi en cas de citation direct, le désistement
n'est admis qu'en matière de délit et de contravention.
Toute extinction subjective même autorisée par la loi n'est pas toujours recevable devant le
juge, pour être recevable l'extinction subjective doit être juridiquement valable. En
procédure pénale cette validité repose sur trois conditions :
- La condition tenant à l'auteur de lexi subjective c'est à dire la victime, il s'agit ici du
consentement de la victime. Le législateur exige que le consentement de la victime
soit libre et éclairé car si la transaction, le retrait de la plainte ou encore le
désistement résulte soit de la violence, soit du dol, soit de la fraude l'action publique
ne sera pas éteinte. Le législateur exige également qu'en cas de pluralité de victime
le désistement, le retrait ou la transaction émane de toutes les victimes.
- La condition étant liée à la nature de l'infraction, le législateur exige que le retrait de
la plainte, le désistement et la transaction ne soient valables que si l'infraction ne
porte atteinte ni à l'ordre public ni au bonne mœurs.
- La condition relative à la procédure en cour, le législateur prévoit que le désistement,
le retrait de la plainte ou encore la transaction ne sont valable que s'il n'a pas encore
statué au fond.
De façon générale, l'action publique présente donc un véritable caractère public : elle
appartient d'abord au ministère public ( sujet principal ), elle est par principe
indisponible, son extinction est dominée par les causes objectives, les causes
subjectives d'extinctions relèvent d'un régime spécial.
En conséquence l'art 64 al 5 dispose in fine je cite : << l'action publique ne doit être de
quelque façon que ce soit, à peine de prise à partie contre le magistrat intéressé l'action
publique ni suspendu ni arrêté >> de même lorsque le tribunal donne acte du désistement
ou du retrait de la plainte il condamne la victime au dépend ( frais de justice occasionné par
la procédure ).
L'action civile est définie par l'art 59 al 3 comme je cite : << l'action tendant à la réparation
du dommage causé par une infraction >> le problème ne porte pas sur l'existence d'une
action civile née d'une infraction. En d'autre terme, il est établi qu'une infraction peut
engendrer un préjudice civile en ce qu'elle est un fait juridique relevant de la catégorie
contenu dans l'art 1382 du code civile. Le problème juridique de l'action civile en procédure
pénale est relatif à la compétence du juge pénal. Il s'agit du régime pénal de l'action
civile. En établissant la compétence du juge pénale sur l'action civile le législateur à fait du
juge pénale un juge à la plénitude de compétence. Ainsi donc l'étude de l'action civile
pose deux problèmes : le premier, le régime de l'action civile devant le juge pénal ( S1 ) et le
problème de l'articulation de l'action civile avec l'action publique devant le juge pénal ( S2 ).
Il faut entendre par là, l'ensemble des règles applicables à l'exercice de l'action civile devant
le juge pénal. L'on distingue deux catégories de règles, les règles relatives au sujet de
35
l'action civile devant le juge pénal ( P1 ) et les règles relatives à la validité de l'action
civile devant le juge pénal ( P2 ).
Il s'agit ici de déterminer qui peut introduire une action civile devant le juge pénal ( A ) et
contre qui est dirigé l'action civile devant le juge pénal ( B ).
L'action civile devant le juge pénale peut être introduit par la victime, l'art 71 al 1 dispose :
<< l'action civile née d'une infraction appartient à toute personne physique ou morale qui a
subit un préjudice >> Au terme de cette disposition l'action civile peut-être introduite par
toute personne physique ou personne morale. L'art 74 précise pour les personnes morales
ayant la forme associative, syndicale ou des ordres professionnels qu'elles ne peuvent
introduire d'action civile, que si leur intérêt professionnel est menacé par l'infraction. La
nature de l'action civile ( action patrimoniale ) , sa finalité ( obtenir réparation ) et son utilité (
mécanisme de garantie ) justifie que l'action civile soit introduite directement par la victime
ou encore indirectement via les mécanismes juridiques de représentation ou de succession.
Dans le premier cas, le mineur non émancipé peut exercer l'action civile par l'intermédiaire
de son représentant légal. Dans le second cas, l'art 73 dispose je cite : << en cas de décès
de la victime, l'action civile est dévolu à ces ayants causes >>.
Il convient de distinguer ici deux choses : la première est celui qui est tenu de répondre du
préjudice et la seconde est celui qui est tenu de réparer le préjudice.
Dans le premier sens, le défendeur à l'action civile est exclusivement l'auteur de l'infraction
c'est-à -dire l'auteur du dommage ( obligation de répondre du dommage ).
Dans le second sens, le défendeur à l'action civile est celui qui est tenu de réparer le
dommage causé par l'infraction ( obligation de réparer ) le défendeur ici peut être l'auteur du
dommage, ses ayants droits en cas du décès du suspect ou encore l'assureur de
responsabilité. Lorsque la réparation est dirigée contre le représentant du mineur, cette
action ne met pas en cause le patrimoine de ce représentant.
Pour être admis devant le juge pénal, l'action civile doit être jointe à une action publique.
En l'absence de toute action publique, l'action civile est irrecevable devant le juge pénal. On
dit dans ce sens que la victime est partie jointe au procès pénal. En plus d'être jointe
l'article 75 al 1er dispose que : << l'action civile n'est recevable devant le juge pénale que si
elle fondé :
- Sur un préjudice direct;
- Sur un préjudice certains;
- Sur un préjudice actuel.
>>
Il s'agit là d'une importante différence entre le préjudice de l'action civile (préjudice civil ) et
le préjudice de l'action publique ( préjudice pénal ). Dans ce dernier cas, le procureur
36
cherche simplement à établir que le résultat de l'infraction à été atteint alors que la victime
doit démontrer qu' au-delà du résultat celle- ci a subi un préjudice du fait de l'infraction. C'est
ainsi que, la tentative punissable va donner lieu à une action publique alors qu'elle ne
donnera jamais lieu à une action civile sauf si un préjudice en a résulté.
Section 2 : l'articulation de l'action civile avec l'action publique devant le juge pénal.
En admettant la compétence du juge pénale sur l'action civile, le législateur a opté pour la
mise en place du système de la combinaison des deux actions. Dès lors, la question est de
savoir si cette combinaison réalise l'interdépendance des deux actions ou bien leur
séparation absolue ? Dans la procédure pénale camerounaise il faut considérer qu'il y a eu
évolution. Avant l'entrée en vigueur du code de procédure pénale le législateur appliquait la
règle de la solidarité des deux actions et restreignait le droit d'option de la victime.
Depuis l'entrée en vigueur du code de procédure pénale le législateur à mis un terme à la
solidarité des deux actions et il a consacré la séparation des deux actions. Il peut donc être
admis que la procédure pénale camerounaise consacre le système de la séparation relative
des deux actions en ce sens que l'action civile paraît de plus en plus autonome ( P1 ) mais
elle continue de subir les influences de l'action publique ( P2 ).
La première forme d'autonomisation de l'action civile par rapport à l'action publique réside
dans l'abrogation de la règle de la solidarité des prescriptions. En effet, il était admis que la
prescription de l'action publique s'applique aussi à l'action civile, les deux actions étant ainsi
éteintes par la même cause de prescription. Désormais l'art 75 al 2 dispose je cite : <<
l'action civile née d'une infraction se prescrit par 30 ans même si elle est jointe à une action
publique >>.
La deuxième marque d'autonomisation de l'action civile vis-à -vis de l'action publique réside
dans la possibilité d'un exercice séparé des deux actions. Dans ce sens, le législateur admet
que je cite ( art 61 al 2 in limine ) : << l'action civile peut aussi être exercée séparément de
l'action publique >>.
La troisième marque d'autonomisation de l'action civile vis à vis de l'action publique réside
dans le caractère du droit d'option de la victime. En effet le problème juridique ici est de
savoir si une victime ayant choisi d'exercer séparément son action civile par rapport à
l'action publique peut elle encore revenir sur son choix en d'autre terme quelle est le
caractère de la décision de la victime. Avant l'entrée en vigueur du code de procédure
pénale il était admis que la victime qui choisit d'introduire son action devant le juge civile ne
peut plus revenir devant le juge pénal. On disait que l'option de la victime était irrévocable
selon l'adage electa una via non datur non recursu al alterna qui signifie une voie choisie,
le choix est irrévocable.
Avec l'entrée en vigueur du code là maxime à été abroger, le législateur affirme que une
partie qui a engagé un procès civil peut par la suite se désister de ce procès civil pour se
joindre au ministère public, on dit que le législateur consacre la révocabilité du droit d'action
de la victime.
37
Quoique désormais séparé, l'action civile continue d'être sous l'emprise de l'action publique
même si elle est exercée devant le juge civile. Cette emprise prend trois formes :
1. Premièrement, selon la règle, le criminel tient le civil en état. Cette règle signifie que
lorsque pour les même fait l'action publique est introduite devant le portail pénale et
que le juge civile est ce dernier doit surseoir à statuer jusqu'à la décision du juge
pénale. Ainsi le juge civile ne peut rendre de décision au fond qu'en tenant compte
de la décision du juge pénale. C'est dans le même sens que le législateur prévoit que
le juge civile sursoit à statuer jusqu'à décision définitive du juge pénal.
2. Deuxièmement, la règle de l'autorité de la chose jugée au criminel prime sur le civil.
Cette règle signifie que dans l'examen de son action civile, le juge civile est tenu de
prendre en compte le contenu de la décision du juge pénal.
3. Troisièmement, La règle de la prépondérance de la voie pénale, cette règle signifie
que l'introduction de l'action civile devant le juge civile est l'exception alors que son
exercice jointe à l'action publique devant le juge pénale est le principe. En d'autre
terme, lorsque l'action civile résulte d'une infraction, son juge naturel est le juge
répressif.
Il convient donc de relever trois choses :
- Premièrement, l'extension de la compétence du juge pénale sur l'action civile est un
choix de politique criminelle;
- Deuxièmement, l'extension de la compétence du juge pénale sur l'action civile
participe de la prise en compte de la réparation du préjudice en matière répressive;
- Troisièmement, l'extension de la compétence du juge pénal sur l'action civile reste
une option offerte à la victime.
Après l'étude du cadre de la procédure pénale, il convient de relever que le procès pénal ne
peut pas se tenir. En effet, à la différence du procès civil dont l'étude se confond avec le
cadre de la procédure civile, le procès pénal est dit procès << procès du cas échéant >> il y
a donc avec le procès pénal un important travail préalable dont la finalité est triple.
- Vérifier l'existence effective de la matière pénale;
- Mesuré la nécessité du débat judiciaire;
- L'évaluation des moyens de l'État.
Sur la base de ces trois considérations, la dynamique du procès pénal entendu comme
l'ensemble des phases structurant le traitement d'un dossier par les autorités des
fonctions répressives comprend trois séquences.
Une séquence préparatoire, une séquence d'appréciation et une séquence de
réexamen. Cette seconde partie comprend donc trois titres, le titre 1 porte sur l'avant
procès, le titre 2 porte sur le débat judiciaire et le titre 3 le réexamen de l'affaire.
La phase préparatoire du procès pénal est une phase centrale dans la procédure pénale,
elle met à l'épreuve la justice pénale. En effet, les autorités des fonctions répressives sont
face à une grande difficulté : la présomption d'innocence est encore à son stade initial,
l'incertitude totale existe tant sur les faits que sur l'identité des auteurs. La durée de la phase
étant plus ou moins abstraitement définie par le législateur. Il en résulte que les autorités
doivent agir avec beaucoup de limites en respectant la présomption d'innocence et le
38
formalisme procédural alors même qu'elles doivent agir avec beaucoup d'efficacité au risque
de perdre la matière pénale. Face à ce dilemme, la phase préparatoire du procès comprend
deux visages : un visage non officiel et un visage officiel. En d'autre terme, la phase
préparatoire s'articule entre une phase dite sécuritaire et une phase dite judiciaire, seule
la phase judiciaire est prise en compte dans la perspective du procès pénal. Deux questions
méritent d'être soulevées, la 1er concerne le point de départ de cette phase judiciaire de
la phase préparatoire du procès pénal. Le 2nd concerné la judiciarisation de la phase
préparatoire du procès pénal c'est-à -dire si toute la phase préparatoire du procès pénal est
soumise au contrôle d'un juge.
Dans la procédure pénale camerounaise il convient d'observer que la phase préparatoire du
procès pénal est organisée en fonction des faits ( des circonstances de commission de
l'infraction ) et de l'infraction ( la qualification pénale ). Ainsi la phase préparatoire va
porter sur la constitution du dossier procédure ( L1 ) et selon les cas l'évaluation judiciaire
des éléments du dossier ( L2 ).
39
Parce qu'il est chargé de l'élaboration du dossier de procédure, le procureur de la république
est l'autorité de direction de l'enquête. Dans ce sens, il est chargé de la constitution de l'acte
d'accusation c'est à ce titre que l'on affirme que le procureur dirige les enquêtes judiciaires
et qu'il assure la direction de la police judiciaire, on dit que le procureur exerce les pouvoir
de police judiciaire ( police judiciaire entendu au sens fonctionnelle ) il dirige la police
judiciaire ( police judiciaire entendu au sens organique ) l'art 78 al 1er dispose dans ce
sens je cite : << la police judiciaire est exercé sous la direction du procureur de la république
… >> al 3 de cet article ajoute : << la police judiciaire est placé dans le ressort de chaque
cour d'appel sous le contrôle du procureur de la république qui appréci son activité chaque
année >> plus explicite encore est l'art 137 al 1er qui dispose : << le procureur de la
république dirige et contrôle les diligences des officiers et agents de police judiciaire >>
l'alinéa 3 de cet article 137 précise que : << le procureur de la république peut à tout
moment agir au lieu et place de tout officier de police judiciaire >>.
Il s'agit des autorités chargées des missions de police judiciaire en raison de leur statut on
parle de qualité de police judiciaire. Il sont dit à compétence générale en ce sens que leur
attributions s'étendent sur toutes les infractions au droit pénal et son habilité à poser tous les
actes de police judiciaire. L'on distingue dans cette catégorie les autorités ayant la qualité
d'officier de police judiciaire ( 1 ) et les autorités ayant la qualité d'agent de police judiciaire (
2 ).
40
L'importance de connaître la qualité d'OPJ d'une autorité réside dans la détermination de
ces compétences. En effet, seuls les OPJ peuvent poser valablement les actes de
procédure ou d'investigation judiciaire. Il en est ainsi par exemple de la garde à vue.
Au terme de l'art 81 al 1er les gendarmes non OPJ, les inspecteurs de police et les gardiens
de la paix ont la qualité d'APJ. Les agents de police judiciaire assistent les OPJ dans
l'exercice de leurs fonctions, ils rendent compte à leur hiérarchie de toutes les infractions
dont ils ont connaissance. Les APJ non pas qualité pour décider des mesures de garde
à vue.
Les fonctionnaires et agents des administrations et services publics auxquels des textes
spéciaux attribuent certaines compétences de police judiciaire les exercent dans les
conditions et limites fixées par les textes on dit qu'ils sont des OPJ à compétence spéciale.
Ces OPJ doivent nécessairement prêter serment, ils ne peuvent pas agir en dehors des cas
prévue par la loi, l'on peut citer les fonctionnaires de l'administration des eaux et forêts, les
fonctionnaires de l'administration des douanes, les inspecteurs du travail … Les
fonctionnaires du corps spécial de la police judiciaire prêt du tribunal criminel spécial ont
certes une compétence spéciale mais ne peuvent être considérés comme des OPJ à
compétence spéciale au sens de la procédure pénale.
Le dossier de procédure peut être constitué dans deux circonstances en fonction des
éléments de perpétration de l'infraction. Ainsi lorsque la commission et la découverte d'une
infraction sont relativement éloignée de la constitution du dossier de procédure on parle de
l'enquête préliminaire ( P1 ) lorsque ces éléments c'est à dire commission et découverte
sont concomitante à l'ouverture de l'enquête on parle de l'enquête flagrance ( P2 ).
L'on entend par enquête préliminaire la procédure < normale >> de constitution du dossier
de procédure. Celle-ci peut être déclenchée soit sur l'initiative d'un OPJ soit sur instruction
du procureur de la république. On dit que l'enquête préliminaire est la voie normale de
constitution du dossier de procédure en cas de dénonciation d'une infraction ou
d'action proprio moutou du procureur. Dans l'enquête préliminaire l'OPJ est à peine de
nullité tenue d'informer le suspect de ses droits fondamentaux. Au terme de l'art 116 al 3
l'OPJ doit dès l'ouverture de l'enquête préliminaire, informé le suspect de son droit d'être
assisté d'un conseil, de son droit de garder le silence. Considérant cette disposition, il
convient de se demander si la notification de l'enquête équivaut elle à l'ouverture de
l'enquête. De façon générale, il convient d'observer que les droits du suspect sont
davantage préservés en matière d'enquête préliminaire et la constitution du dossier de
procédure est plus ou moins contradictoire ici.
41
A la maison de l'enquête préliminaire l'enquête de flagrance est la procédure mise en œuvre
en cas de crime ou délit flagrant. Elle constitue la voie accéléré de la justice pénale, une
sorte de référé judiciaire pénal. Dans ce sens, l'enquête de flagrance relève de la
constitution extraordinaire du dossier de procédure. Ainsi il convient d'examiner les
hypothèses de flagrance ( A ) et de présenter le caractère exceptionnel de l'enquête de
flagrance ( B ).
L'on désigne par flagrance par nature la seule hypothèse de prise en compte du temps.
L'on distingue donc l'infraction flagrante par nature comme l'infraction en train de se
commettre. L'art 103 al 1er parle de l'infraction qui se commet actuellement, l'on entend
aussi par l'infraction par nature l'infraction qui vient de se commettre. Face à la difficulté que
pourrait causer la prise en compte de cette hypothèse, la loi à priori à prévu quelques
critères de détermination de l'infraction qui vient de se commettre ainsi l'on peut dire :
- qu'une infraction vient de se commettre lorsque la personne est poursuivie par la
clameur publique.
- Un suspect est retrouvé en possession d'un objet utilisé pour le crime.
- Le dépôt d'une plainte par une victime.
-
b - la flagrance par détermination de la loi.
42
république peut émettre un mandat de détention provisoire en cas de crime ou délit
flagrant, il peut dessaisir tout OPJ et ce rendre lui même sur les lieux, une
perquisition peut être ordonné dans le cabinet d'un avocat, d'un médecin ou d'une
étude de notaire.
- La célérité de la procédure, en cas de crime ou délit flagrant le procureur de la
république peut engager une procédure rapide, celle-ci peut même prendre la forme
d'une mise en jugement direct. Cependant quoique rapide la poursuite d'un suspect,
d'un crime flagrant ne peut se faire que par la voie de l'information judiciaire.
De manière générale, il convient d'observer que c'est le procureur qui apprécie les critères
de la flagrance, ce qui lui permet d'instrumentaliser le régime dérogatoire de la flagrance car
le contrôle judiciaire existe ici qu'à posteriori.
43