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LES PRINCIPALES INNOVATIONS APPORTEES

PAR LE CODE DE PROCEDURE PENALE

INTRODUCTION
Dès son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire s’est donnée un
code de procédure pénale pour réglementer la procédure applicable en
cas de commission d’infractions. Il s’agit de la loi numéro 60-366 du 14
novembre 1960.

Bien que ce code ait été plusieurs fois modifié depuis son adoption, il
restait un texte inadapté à l’évolution de la société.

Ainsi, dans le but de rendre la législation actuelle conforme à la


Constitution et aux standards internationaux relatifs aux droits
fondamentaux de l’être humain, l’Etat ivoirien, dans le cadre de sa
politique de réforme du système judiciaire et des codes usuels, a
adopté un nouveau code de procédure pénale, à travers la loi numéro
2018-975 du 27 décembre 2018.

L’élaboration de cette loi se justifiait également par le respect des


principes directeurs de la procédure pénale, notamment le droit à un
procès équitable, la présomption d’innocence, le respect des droits de
la défense.

Cet instrument juridique introduit de nouvelles notions, de nouveaux


délais, de nouvelles institutions et de nouvelles procédures dans le
système judiciaire ivoirien.

C’est la raison pour laquelle, le présent atelier organisé par le Centre


d’Education pour une Société Durable, apparait comme une occasion
justifiée et salutaire pour le renforcement des capacités des jeunes et
des membres de la société civile.

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Pour une meilleure compréhension de ce nouveau code, il importe de
connaitre les innovations qu’il apporte. Elles sont à la fois de forme et
de fond.

I -LES INNOVATIONS DE FORME


Deux grandes innovations de forme : la structure du code et l’emploi
de nouvelles terminologies.

1. Un code entièrement restructuré


 Le nombre de livres.
L’ancien code de procédure pénale était composé de cinq livres.
Quant au nouveau, il est formé de six livres.

 La réorganisation du titre sur les enquêtes.


Dans l’ancien code, le titre sur les enquêtes était divisé en deux
chapitres : un chapitre sur les crimes et délits flagrants et un
autre chapitre portant sur l’enquête préliminaire.
Avec le nouveau code, Il existe un chapitre qui est relatif aux
dispositions communes aux enquêtes (chapitre I) et un autre
chapitre relatif aux dispositions spécifiques à l’enquête de
flagrance (Chapitre II).

 La modification de la section sur la détention préventive.


Cette section s’intitule désormais mesures restrictives de liberté
et comprend :
 Le contrôle judiciaire
 La détention préventive

 Le titre sur le jugement des crimes.


Il a été revu pour tenir compte de la création du tribunal
criminel et de la chambre criminelle de la Cour d’Appel.

 La création d’un nouveau titre relatif aux procédures


applicables à la criminalité et la délinquance organisées.

 La création d’un chapitre sur la comparution sur


reconnaissance préalable de culpabilité.

 Le titre sur l’enfance délinquante.


Il s’intitule désormais : dispositions spécifiques applicables aux
mineurs.

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Ce titre comporte deux chapitres : l’un est relatif à la protection
des mineurs victimes ou témoins et l’autre parle des dispositions
applicables au mineur auquel est imputé une infraction

2. De nouvelles terminologies

 Chambre d’instruction
Il s’agit de la nouvelle appellation de la chambre d’accusation,
juridiction d’instruction de second degré.

 Casier judiciaire national : Casier judiciaire qui centralise les


renseignements et informations consignés au Greffe de chaque
tribunal.

 Tribunal criminel tribunal compétent pour juger les affaires


criminelles.

 Chambre criminelle de la Cour d’appel : formation de la Cour


chargée de connaitre des appels interjetés contre les jugements
criminels.

 Tribunal criminel pour mineurs: tribunal compétent pour juger


les affaires criminelles lorsque l’accusé est âgé de moins de 18
ans ;

 Contrôle judiciaire : mesure restrictive de liberté ordonnée par


le Magistrat instructeur et qui constitue une alternative à la
détention ;

 Convocation par officier de police judiciaire


Maison pénale : Il s’agit de la nouvelle appellation du camp
pénal.

I. LES INNOVATIONS DE FOND

Les innovations de fond sont nombreuses. Cependant, dans le


cadre du présent atelier, il convient de mentionner les principales.
Ainsi, les thématiques suivantes seront abordées :
- La codification des principes directeurs de la procédure pénale ;
- Les enquêtes effectuées par les OPJ ;
- Les innovations au niveau du Parquet ;
- L ’instruction préparatoire ;
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- Le jugement des crimes, délits et contraventions ;
- Les procédures particulières ;
- Les délais de procédure ;

1. La codification des principes directeurs de la procédure


pénale(Articles 1 à 5 du CPP).

La codification des principes directeurs de la procédure pénale


(principes qui servent de fondement à la procédure pénale), est une
véritable prise en compte des droits de l’homme :
 La séparation des fonctions de poursuite, d’instruction et de
jugement
 La présomption d’innocence
 Le respect de la dignité de la personne humaine
 Le droit à un procès équitable
 Le droit d’être jugé dans un délai raisonnable
 Le respect du principe du contradictoire
Ces principes faisaient déjà partie de notre droit positif car ils sont
pour l’essentiel, consacrés par la Constitution et certains
instruments juridiques internationaux ratifiés par la Côte d’Ivoire.
Mais cette fois ci, ils sont clairement énoncés par le code de
procédure pénale.
En prenant cette option, le Gouvernement veut mettre l’accent sur
la protection des droits fondamentaux de la personne humaine, à
toutes les étapes de la procédure pénale.

2. Les enquêtes effectuées par les OPJ (Articles 60 à 89 du CPP)

S’agissant des enquêtes effectuées par les OPJ, des innovations


s’observent au niveau des prélèvements en vue d’examens
techniques, des perquisitions et du régime juridique de la garde
à vue.

 Les prélèvements en vue d’examens techniques (article 66 du


CPP)
Il ressort des alinéas 1 et 2 de l’article 66 du CPP
que : « L’officier de police judiciaire peut procéder ou faire
procéder sous son contrôle, sur toute personne contre laquelle il
existe des soupçons d’avoir commis ou tenté de commettre
l’infraction, aux opérations de prélèvement nécessaires à la
réalisation d’examens techniques et scientifiques, ainsi qu’aux

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opérations de relevés signalétiques ou de photographies
nécessaires à la manifestation de la vérité.
Ces opérations de prélèvements ne peuvent s’effectuer qu’avec
le consentement de l’intéressé. Mention de ce consentement est
porté au procès-verbal ».
Notons qu’en cas de refus de la personne intéressée,
l’autorisation écrite du Procureur de la République est
nécessaire.

 Les perquisitions et visites domiciliaires


Les perquisitions et visites domiciliaires sont faites sur
autorisation écrite ou verbale du Procureur de la République. Si
l’autorisation du Procureur de la République est verbale, elle doit
être confirmée dans les meilleurs délais par écrit (Article 67 du
CPP).
De même, les perquisitions dans un cabinet de médecin, une
Etude d’officier public et ministériel, ne peuvent être effectuées
qu’en présence du Procureur de la République ou de l’un de ses
Substituts et de la personne responsable de l’organisation
professionnelle à laquelle appartient l’intéressé.
Quant aux Cabinets d’Avocats, ils ne peuvent faire l’objet de
perquisition qu’en présence du Bâtonnier en exercice dûment
appelé (Article 69 du CPP). Notons que lorsqu’il s’agit d’une
enquête de flagrance (crimes ou délits flagrants), l’autorisation
du Procureur de la République n’est pas exigée pour procéder
à une perquisition. Compte tenu de l’urgence et du risque de
disparition des preuves, l’Officier de Police Judiciaire se
transporte sans désemparer sur les lieux de commission des
faits pour y mener toute perquisition. Cependant, il a
l’obligation d’informer préalablement le Procureur de la
République (Articles 80 et 84 du CPP).

 Le régime juridique de la garde à vue a été renforcé pour une


plus grande protection des droits du mis en cause.

a)-Les hypothèses dans lesquelles une personne peut être


placée en garde à vue (Article 71 du CPP)
La garde à vue ne peut être décidée par l’officier de police
judiciaire que si cette mesure constitue l’unique moyen de
parvenir à l’un au moins des objectifs suivants :

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1° Permettre l’exécution des investigations impliquant la
présence ou la participation de la personne ;
2° garantir la présentation de la personne devant le Procureur de
la République afin que ce magistrat puisse apprécier la suite à
donner à l’enquête ;
3°prévenir la modification par la personne des preuves ou indices
matériels ;
4°Eviter que la personne exerce des pressions sur les témoins ou
les victimes ainsi que sur leur famille ou leurs proches ;
5°éviter toute concertation entre la personne avec d’autres
personnes susceptibles d’être des complices ;
6°protéger la personne mise en cause ;
7°garantir la mise en œuvre des mesures destinées à faire cesser
le crime ou le délit.

b)- Le début de la garde à vue (Article 73 du CPP).


Art 73 du CPP : L’heure du début de la garde à vue est fixée, le
cas échéant, à l’heure à laquelle la personne a été appréhendée
ou s’est présentée dans les locaux de l’unité de police judiciaire
en réponse à la convocation qui lui a été faite. Si une personne a
déjà été placée en garde à vue pour les mêmes faits, la durée des
précédentes périodes de garde à vue s’impute sur la durée de la
mesure.
c)- Les droits d’une personne placée en GAV (Art 74 et 75 du
CPP :
1° Le droit d’être informée de son placement en garde à vue ainsi
que la durée de la mesure et de la prolongation dont celle-ci peut
faire l’objet ;
2° Le droit d’être informée de la nature et de la date présumée
de l’infraction qu’elle est soupçonné d’avoir commise ou tenté de
commettre.
Elle doit également être informée de son droit de faire prévenir,
sans délai, par tout moyen de communication, une personne avec
laquelle elle vit habituellement, un parent, un ami ou son
employeur, de la mesure dont elle est l’objet.

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Toute restriction à ce droit ne peut résulter que d’une instruction
écrite ou par tout autre moyen laissant trace écrite du Procureur
de la République.
3°)-Le droit d’être examinée par un médecin : (Art 75 du CPP) :
S’il l’estime nécessaire, l’officier de police judiciaire ou le
Procureur de la République peut désigner un médecin qui
examine la personne gardée à vue.
Toutefois, l’examen médical est de droit si la personne gardée à
vue ou un membre de sa famille, le demande.

Cas particulier du mineur (Articles 790 et suivants du CPP).


A partir de l’âge de 13 ans, le mineur peut faire l’objet d’une
garde à vue mais seulement sur autorisation du Procureur de la
République. Cette GAV ne peut faire l’objet d’une prolongation
lorsque les faits reprochés au mineur, sont de nature
correctionnelle.
Par contre, la garde à vue d’un mineur, âgé d’au moins 13 ans,
peut être prolongée uniquement de 24H, si nous sommes en
matière criminelle.
Dans ce cas, l’autorisation de prolongation est délivrée par tout
moyen écrit ou verbal par le Procureur de la République.
Par ailleurs, lorsqu’une mesure de GAV est appliquée à un mineur
d’au moins 13 ans, avis en est immédiatement donné aux
titulaires de l’autorité parentale. Le mineur GAV peut être assisté
d’un Avocat. Lorsqu’il n’en a pas, le mineur est assisté d’un
parent ou d’un Educateur de la protection judiciaire de l’Enfance
et de la Jeunesse.

3. Les innovations au niveau du Parquet

 L’organisation du parquet.
La création d’une section du Parquet, chargée du traitement des
procédures impliquant les mineurs.

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 Le renforcement des pouvoirs du Procureur de la République
dans la direction de la Police judiciaire.

-L’autorisation écrite du Procureur de la République pour


l’accomplissement de certains actes d’enquête ;
-le pouvoir d’ordonner la suspension d’un OPJ de l’exercice de
ses fonctions pendant une durée ne pouvant excéder deux mois.

 De nouveaux modes de règlement des procédures d’enquêtes


-le recours à la procédure de comparution sur reconnaissance
préalable de culpabilité (Articles 521 à 530 du CPP) ;

-la transaction dans les cas où le code le permet (Articles 13 à 21


du CPP) : la transaction consiste au paiement d’une amende
proposée par le Procureur de la République dans les limites de la
peine d’amende prévue par la loi pour l’infraction constatée et
acceptée par le délinquant. Au cours de la transaction, les parties
peuvent se faire assister d’un Conseil. Elle vaut reconnaissance
de l’infraction et éteint l’action publique.

-le classement sans suite sous conditions de certaines procédures


dans lesquelles sont impliqués des mineurs ;
Il ressort de l’article 788 du CPP que lorsqu’une infraction est
reprochée à un mineur, le Procureur de la République, suivant les
circonstances de l’infraction et la personnalité du mineur, peut
décider, après avis de la victime, d’un classement sans suite sous
condition( s’abstenir de fréquenter certains lieux, suivre une
scolarité ou un apprentissage professionnel, procéder à la
réparation du dommage causé à la victime ou encore,
participer à une tentative de réconciliation avec la victime), en
notifiant au mineur des obligations à remplir dans un délai qu’il
fixe et qui ne peut être supérieur à six mois.
Lorsque les obligations mises à la charge du mineur sont
exécutées dans le délai prescrit par le Procureur de la
République, ce dernier classe la procédure sans suite. Il convient
de préciser que cette procédure n’est applicable que si le mineur
reconnait les faits.

Le droit reconnu au Procureur Général de mettre fin à une


garde à vue irrégulière (Article 73 du CPP).

En dehors du Procureur de la République, le Procureur Général


peut d’office, ou à la demande de toute personne, faire cesser
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une mesure de garde à vue si elle a été décidée par l’Officier de
police judiciaire au mépris des dispositions régissant les
conditions de la garde à vue. Il s’agit là encore d’une réelle
volonté du Gouvernement d’accentuer la protection des droits de
l’homme au cours des enquêtes et d’éviter les abus.

4. L ’instruction préparatoire

L’on note quatre principales innovations :


-le mode de désignation des juges d’instruction ;
-l’institution du contrôle judiciaire au niveau des mesures
restrictives de liberté ;
-la chambre d’instruction ;
-les droits reconnus aux Parties ;

 La désignation des Juges d’instruction (Articles 1O2 et


suivants)
Aux termes de l’article 102 alinéa 1 du CPP : « Lorsqu’il existe
dans un Tribunal plusieurs juges d’instruction, le Président du
Tribunal, désigne pour chaque information, le juge qui en sera
chargé ».

 Il y’a désormais une nouvelle mesure restrictive de liberté : le


contrôle judiciaire (Articles 153 à 161 du CPP)

 La chambre d’Instruction est désormais la juridiction de


second degré et elle est composée de magistrats spécialement
nommés à cette fonction.

 Les droits reconnus aux parties


Les Parties (Inculpés et Parties civiles) peuvent solliciter
l’accomplissement de certains actes d’instruction.
En outre, l’inculpé dispose d’un recours contre l’ordonnance de
placement en détention préventive.
Par ailleurs, il a le droit de faire valoir ses moyens de défense lorsqu’il
s’agit de prolonger sa détention.

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5. Les innovations au niveau du jugement des crimes, délits et
contraventions

Nous parlerons d’abord du jugement des crimes avant celui des


délits et contraventions

 Le jugement des crimes (Articles 262 à 388 du CPP)

-la disparition de la Cour d’assises.


-Deux nouvelles formations de jugement : un tribunal criminel
pour le jugement des crimes en premier ressort et une chambre
criminelle au niveau de Cour d’appel pour connaitre des appels
interjetés contre les jugements criminels.
Le tribunal criminel se réunit au moins tous les trois mois et il est
composé de cinq juges : le Président du Tribunal et quatre
assesseurs.

 Le jugement des délits et contraventions

Il sera question d’évoquer ici, les différentes procédures devant


le Tribunal correctionnel avant d’aborder le Tribunal de simple
police.

 Le Tribunal correctionnel
Au niveau du Tribunal correctionnel, plusieurs questions seront
examinées :
-les nouveaux modes de saisine du Tribunal correctionnel ;

- les innovations au niveau de la procédure de flagrant délit ;

-la procédure de la comparution sur reconnaissance préalable de


culpabilité ;
-Le jugement des incidents et exceptions de procédure ;

-Le sort du crime devant le tribunal correctionnel ;

 La saisine du tribunal correctionnel :

Deux nouveaux modes de saisine du tribunal correctionnel


(Articles 396 CPP) : la saisine par convocation de l’OPJ et

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l’avertissement à prévenu délivré par le Procureur de la
République.

 La saisine par convocation de l’Officier de Police


Judiciaire

La convocation à l’audience correctionnelle par OPJ, était


une trame procédurale élaborée dans le cadre de la mise en
œuvre du projet PROJUSTICE. Elle est utilisée dans de
nombreuses juridictions où ce projet a été expérimenté.
Aujourd’hui, la convocation par OPJ est consacrée par le nouveau
code.
Cette trame a l’avantage de réduire les situations de défaut, en
ce qui concerne les affaires jugées suivant la procédure de
citation directe.

 L’avertissement à prévenu, délivré par le


Procureur de la République
L’avertissement est délivré par le Ministère Public lorsque
le prévenu est détenu.

 Le flagrant délit (Articles 402 et suivants du CPP).

 L’exception d’inconstitutionnalité soulevée par le


prévenu (article 405 du CPP)

L’article 405 du CPP énonce à son alinéa 3 que : « Si le prévenu


soulève l’exception d’inconstitutionnalité, le Tribunal statue par
décision motivée sur le maintien ou non en détention ». En outre,
le dernier alinéa dudit article indique que le Tribunal sursoit à
statuer sur l’action publique et sur l’action civile et impartit au
prévenu un délai de 15 jours pour saisir le Conseil constitutionnel.
Ainsi, si à l’expiration de ce délai, le prévenu ne rapporte pas la
preuve de la saisine du Conseil constitutionnel, le Tribunal peut
valablement statuer.
L’article 405 du CPP prévoit en conséquence le contrôle par voie
d’exception de la loi fondamentale, énoncé par l’article 133 de la
constitution ivoirienne.
Il convient de noter que le CPP met une principale obligation à la
charge du tribunal : ce dernier doit statuer par une décision
motivée sur le maintien ou non en détention de la personne
poursuivie.

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 L’article 406 du CPP introduit une autre réforme
dans la procédure du flagrant délit. 
Si l’affaire n’est pas en état de recevoir jugement dans les 15
jours du mandat de dépôt, le prévenu est immédiatement mis en
liberté d’office. Mais le Tribunal demeure toujours saisi du
dossier. Cette disposition démontre clairement qu’un prévenu en
liberté, peut bien être jugé suivant la procédure de flagrant
délit.

 La procédure de la comparution sur reconnaissance préalable


de culpabilité (Articles 521 à 530 du CPP).

La procédure de la comparution sur reconnaissance préalable de


culpabilité (CRPC), communément appelée « plaider coupable », est
une procédure qui favorise le jugement rapide des procédures
correctionnelles. Il s’agit en règle générale de procédures dans
lesquelles le prévenu reconnait les faits et souhaite bénéficier en
conséquence d’une une peine clémente. Le recours à cette procédure
appartient à la fois au Procureur de la République et au prévenu.

Le recours à la CRPC n’est possible que dans les cas suivants :


-l’infraction poursuivie, doit être un délit ;
-ce délit doit être passible d’une peine d’emprisonnement de 5 ans au plus ;
-le prévenu doit reconnaitre les faits ;
-le prévenu doit être assisté d’un Conseil qui est choisi ou commis d’office.
Notons que le recours à la procédure du « plaider coupable » est exclu dans
les hypothèses suivantes :
 Lorsqu’un mineur est poursuivi ;
 En matière de délits de presse ;
 En matière de délits d’atteintes volontaires et involontaires à l’intégrité
des personnes, ayant entrainé une mutilation ou une infirmité
permanente ;
 En matière de délits d’agressions sexuelles ;
 En matière de délits poursuivis selon une procédure spéciale.

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Une fois qu’un accord est intervenu entre le Procureur de la
République et le prévenu, relativement à la peine à exécuter par ce
dernier, le Président du tribunal ou le juge délégué par lui, est saisi par
une requête en homologation de peines, introduite par le Procureur de
la République.

Deux situations peuvent se présenter : le Président du tribunal ou le


juge délégué par lui, peut homologuer ou non les peines proposées.

-En cas d’homologation

Au cas où le Président du Tribunal ou le juge délégué par lui,


homologue les propositions du Procureur de la République et du
prévenu, il rend une ordonnance qui a les mêmes effets qu’un
jugement de condamnation et est, partant, exécutoire
immédiatement.

S’il la décision ainsi prononcée ne le satisfait pas, le Procureur de la


République peut, par voie incidente, interjeter appel de cette
décision. Il lui est ainsi dénié la possibilité d’exercer un appel principal
et son appel se greffera sur celui de la Partie civile. A défaut d’appel,
la décision aura les effets d’un jugement passé en force de chose
jugée.

-En cas de refus d’homologation

Si le Président du tribunal ou le juge délégué par lui, refuse


d’homologuer les peines proposées, la procédure du plaider-coupable
devient caduque. Dans ce cas, le Procureur de la République procède
au règlement de sa procédure en choisissant l’une des voies indiquées
par le CPP. 

 Le jugement des incidents et exceptions de procédure (Article


481 du CPP)

Il ressort de l’alinéa 3 de l’article 481 du CPP que le Tribunal est tenu


de statuer immédiatement sur les incidents et exceptions dont il est
saisi. Il n’est donc plus question de joindre les exceptions au fond.

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 Le sort du crime devant le tribunal correctionnel (Article 493
du CPP)

Il ressort de l’article 493 du CPP que si le fait déféré au Tribunal sous


la qualification de délit, est en réalité un crime, le Tribunal se déclare
incompétent et ordonne la mainlevée du mandat de dépôt si le prévenu
comparait détenu. Le Tribunal ordonne que le prévenu soit conduit par
la force publique devant le Procureur de la République qui doit
immédiatement requérir l’ouverture d’une information.

 Le tribunal de simple police


Le Tribunal de simple police est une formation du Tribunal de première
instance, composée d’un juge unique (Article 532 du CPP).
 La prise de note à l’audience par le Greffier (Article 461 du CPP)

Elle peut aussi se faire par enregistrement.

6. Les procédures particulières

Le code prévoit plusieurs procédures particulières.


Mais il convient d’évoquer spécialement les procédures
applicables à la criminalité et à la délinquance organisée et
celles applicables aux mineurs, en ce qu’elles font l’objet de
grandes innovations.

 Les procédures applicables à la criminalité et à la délinquance


organisées (art 642 à 647 du CPP).

Il s’agit de procédures spéciales pour lesquelles, la compétence


d’un Tribunal de première instance, d’un Tribunal criminel et
d’une Cour d’appel peut être étendue au ressort d’une ou de
plusieurs Cours d’appel pour l’enquête, la poursuite, l’instruction
et le jugement des crimes et délits dont la liste est déterminée
par décret. Les juridictions qui doivent connaitre de ces affaires,
comprennent une section du Parquet, des formations
d’instruction et de jugement spécialisées.
Le mode de désignation des Magistrats de ces juridictions ainsi
que la procédure suivie devant lesdites juridictions, sont décrits
par les articles 642 à 647 du CPP.

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 Les dispositions applicables aux mineurs.

Les principales innovations concernant les dispositions applicables


aux mineurs sont de deux ordres :
-l’institution d’une section du Parquet chargée du traitement des
procédures impliquant les mineurs (Possibilité d’avoir des
statistiques sur la criminalité juvénile en vue de l’élaboration de
politiques publiques en matière sécuritaire) ;
- la prise en compte des mineurs victimes ou témoins dans les
procédures pénales : A titre d’illustrations, notons que lorsque la
victime d’une infraction était mineure à la date des faits, elle
reste recevable à engager la poursuite, soit par citation directe,
soit par une plainte avec constitution de partie civile, pendant un
délai de deux ans à compter de sa majorité, alors même que la
prescription de l’action publique était acquise (Article 784 du
CPP).

7. Les innovations portant sur les délais de procédure

 Délai de 15 jours imparti au Procureur de la République pour ses


réquisitions définitives (dossiers d’information qui lui sont
communiqués). A l’expiration de ce délai, le Juge d’Instruction
peut passer outre et régler définitivement sa procédure.

 Délai de 10 jours imparti au Juge d’instruction pour rendre son


ordonnance de règlement, à compter de la réception des
réquisitions du Procureur de la République, ou à compter du
terme du délai imparti au Procureur de la République (Article 209
du CPP).

 Le prévenu détenu, renvoyé devant le Tribunal correctionnel,


doit être jugé dans un délai d’un mois à compter de l’ordonnance
de renvoi.

 L’accusé détenu, ayant fait l’objet d’un arrêt de renvoi devant le


Tribunal criminel, doit être jugé dans un délai de 06 mois, à
compter de l’arrêt de renvoi (Article 175 du CPP).
Si ces délais ne sont pas respectés, alors la personne détenue, est
mise en liberté d’office.

 L’obligation pour le Tribunal correctionnel et de simple police de


statuer dans un délai maximum de 03 mois, à compter de la
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première audience. Ce délai peut exceptionnellement être
prorogé d’un mois par ordonnance du Président du Tribunal.

 Le délai pour former un pourvoi en cassation, est désormais de 15


jours pour le Ministère public et toutes les parties à compter du
prononcé de la décision attaquée.

CONCLUSION
Le nouveau Code de procédure pénale est un instrument protecteur
des droits de l’homme à toutes les étapes de la procédure pénale
(l’enquête, la poursuite, l’instruction préparatoire et le jugement).
Il favorise en outre une collaboration rationnelle entre le Procureur
de la République et les Officiers de Police judiciaire. Par ailleurs, il
oblige les Magistrats à juger rapidement les différentes procédures
en raison des délais qu’il impose. Il participe enfin à la
modernisation du système judiciaire à travers les nouvelles
institutions et nouveaux mécanismes qu’il crée.
En somme, le nouveau code de procédure pénale contribue à une
bonne administration de la justice.
La jeunesse ivoirienne est donc invitée à s’approprier cet instrument
juridique afin de jouer efficacement le rôle qui lui revient dans le
processus de la construction du Temple.

Fait à Abidjan le 23 octobre 2019


DJEGNINE TCHETCHE
Sous-Directeur des Etudes au
Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme.

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