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COURS DE DROIT PÉNAL

Par :

Dr HOYVOUDA BACDANDJI Josué

Cycle de Capacité

Niveau I

Année académique : 2022/2023

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

Le Professeur Xavier Pin affirmait que « le droit pénal est un droit spectaculaire, si
spectaculaire qu’il passe bien souvent, aux yeux du profane, pour la première et la seule image
du droit ». Il n’est en effet pas nécessaire d’être juriste, ni même policier ou gendarme, pour
avoir une idée de ce qu’est un meurtre, un viol, un attentat, un vol ou une séquestration. De
même, tout citoyen, y compris celui qui n’a jamais commis le moindre forfait ni joué à
l’enquêteur, a entendu parler de la « prison ». Le droit pénal est donc une discipline juridique
connue même de la manière la plus brève ou la plus simple par la quasi si ce n’est la totalité des
citoyens. Qu’à cela ne tienne, rien n’empêche de donner le sens formel qu’on lui reconnait. Le
droit pénal peut juridiquement être défini comme la branche du droit qui définit les
comportements érigés en infractions et les sanctions applicables à ces dernières. On note alors
plusieurs informations essentielles à savoir : un comportement érigé en infraction et qui est
assorti d’une sanction. La répression d’un forfait suppose donc préalablement qu’il soit érigé
en infraction par un texte légal qui l’assorti d’une sanction, on parlera alors du droit pénal de
fond (PREMIÈRE PARTIE) ; sauf que pour punir le délinquant, il y a une procédure qui va
se centrer sur la recherche des coupables et les éléments de preuves nécessaires pour que le juge
rende sa décision : il s’agit du droit pénal de forme (DEUXIÈME PARTIE).

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PREMIÈRE PARTIE : LE DROIT PÉNAL DE FOND
Le droit pénal de fond porte essentiellement sur les éléments substantiels du droit pénal.
Dans cette perspective on note alors que le premier élément substantiel est d’abord la loi pénale
(CHAPITRE I), qui dispose les comportements incriminés qu’on appelle infraction
(CHAPITRE II), assortie elle-même d’une sanction en guise de châtiment (CHAPITRE
III).

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CHAPITRE I-LA LOI PÉNALE

L’expression « loi pénale » doit être comprise comme désignant la règle ou la norme de
droit pénal, qu’il s’agisse d’une loi au sens strict ou d’un règlement et même d’un texte
international. La norme est essentiellement constituée d’une incrimination et d’une sanction.
L’incrimination peut être définie comme un acte par lequel l’autorité compétente érige un
comportement déterminé en infraction, tout en déterminant ses éléments constitutifs. La
sanction est quant à elle le châtiment applicable au fait incriminé. Traiter de la loi pénale
implique nécessairement de procéder à la détermination de son contenu (SECTION I), avant de
s’attarder sur son application (SECTION II).

Section I-La détermination de la loi pénale

La répression en matière pénale repose sur la commission par un individu d’un acte qui
va à l’encontre des intérêts de la société. Toutefois, cette répression suppose préalablement
l’existence d’une norme, et partant, sa violation qui aboutirait à une action : on parle alors du
principe de la légalité criminelle (Paragraphe I), aboutissant à plusieurs normes qu’on peut
qualifier de sources du droit pénal (Paragraphe II).

Paragraphe I-Le principe de la légalité criminelle

On ne saurait sanctionner pénalement un individu pour un fait qui n’est pas proscrit.
Afin de satisfaire à cette obligation, un principe fondamental gouverne le droit pénal : celui de
la légalité criminelle (A) qui aboutit également à quelques implications (B).

A-La signification du principe

Encore connu sous le nom du principe de la légalité des délits et des peines, il part de
l’idée selon laquelle, il ne peut y avoir ni infraction, ni peine sans que la loi ne l’ait expressément
énoncé. Dans un Etat de droit, il ne saurait y avoir de comportement punissable (incrimination)
qui n’ait été préalablement défini comme tel par la loi et il ne saurait davantage être question
d’infliger à son auteur une peine (sanction) qui n’aurait pas été légalement prévue pour lui être
appliquée. Autrement dit, on ne peut pas punir un individu pour un fait qui n’est pas interdit par
la loi.

B-Les corolaires du principe de la légalité criminelle

Le principe de la légalité criminelle implique que le texte soit écrit. Cette exigence
aboutit elle-même à quelques conséquences. La loi doit être formulée en des termes clairs et

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précis afin de ne pas laisser place à l’interprétation. Elle doit alors éviter les incriminations
ouvertes dont le sens est difficile à préciser et dont l’interprétation pourrait varier. Une norme
écrite permet ainsi d’assurer la sécurité juridique qui comporte trois exigences : l’accessibilité,
la stabilité et la prévisibilité de la norme.

Paragraphe II-Les sources de la loi pénale

Les sources matérialisent les différents textes contenant des dispositions pénales
applicables au Cameroun. On peut les distinguer selon qu’elles sont nationales (A) ou
internationales (B).

A-Les sources nationales

Les sources nationales sont celles qui émanent du droit interne. En matière pénale, ce
terme recouvre la Constitution, la loi ordinaire et les textes assimilés aux lois. La
constitution est une source du droit pénal parce que c’est elle qui énonce à travers son
préambule et les instruments internationaux, les principes cardinaux qui structurent la matière
(principe d’égalité devant la loi pénale et surtout le principe de la légalité de la répression).
Quant à la loi ordinaire, elle se charge de « la détermination des crimes et délits et
l’institution des peines de toutes natures […] ». On note également que les contraventions
sont fixées par voie réglementaire (lire les articles 26 et 27 de la Constitution).

B-Les sources internationales

Les normes internationales peuvent être résumées en deux à savoir : les traités et les
normes communautaire. S’agissant des traités, on peut citer celui la Convention des Nations-
Unies qui ratifiée par le Cameroun reprenant dans le Code pénal un de leurs articles relatifs à
la torture. S’agissant des normes communautaires, on peut citer certains actes uniformes
OHADA qui disposent des incriminations, laissant le soin eux Etats partis, le choix des
sanctions. On peut également citer les normes CEMAC relatives au blanchiment de capitaux.
Les règles qui encadrent la matière pénale peuvent comme on vient de le démontrer trouver leur
essence au niveau interne mais également international.

Section II-L’application de la loi pénale

La nécessaire prévisibilité de la loi pénale implique de savoir, d’une part, à partir de


quand et jusqu’à quand la loi s’applique : il s’agit de la question de l’application de loi dans le
temps (Paragraphe I) ; et, d’autre part, à quel endroit la loi pénale s’applique, telle est la question
de l’application de la loi dans l’espace (Paragraphe II).
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Paragraphe I-L’application de la loi pénale dans le temps

L’application de la loi dans le temps répond à la question de savoir à quel moment la loi
pénale s’applique. D’ailleurs, il peut y arriver qu’une nouvelle loi soit promulguée différente
de celle préexistante. On remarque alors qu’il peut y avoir un conflit de lois. Un principe permet
de régir cette situation : celui de la non rétroactivité de la loi pénale (A) ; un principe qui admet
cependant quelques exceptions (B).

A-Le principe de la non rétroactivité de la loi pénale

Le principe de la non rétroactivité de la loi est un principe qui signifie de manière


simple qu’un texte pénal ne doit pas régir les situations nées avant son entrée en vigueur.
Autrement dit, une infraction doit être jugée selon la loi pénale en vigueur au moment de sa
commission. Il n’est pas possible dans un État de droit de punir une personne sur le fondement
d’une règle qu’elle ne pouvait pas connaître. Cette idée est expressément énoncée à l’article 3
du Code pénal camerounais. Cependant, ce principe admet quelques exceptions.

B-L’exception : la rétroactivité de la loi pénale plus douce

Selon l’article 4 du CP, « toute disposition pénale nouvelle et moins rigoureuse


s’applique aux infractions non définitivement jugées au jour de son entrée en vigueur ». On
note alors que la nouvelle loi peut exceptionnellement être utilisée pour des situations
antérieures à elle, à la simple condition que l’affaire n’ait pas été définitivement jugée. En outre
lorsque qu’une loi abroge une infraction, toutes condamnations en cours d’exécution
relatives à celle-ci doivent cesser (lire article 6 du CP). La question de l’application de la loi
pénale dans le temps ainsi abordée, il importe de s’attarder maintenant sur son application dans
l’espace.

Paragraphe II-L’application de la loi dans l’espace

L’application de la loi pénale dans l’espace se fonde sur le principe de territorialité (A)
qui admet cependant certaines exceptions (B).

A-L’application du principe de territorialité

L’article 7 alinéas 1 du Code pénal dispose que : « la loi pénale de la république


s’applique à tous fait commis sur son territoire ». Le principe est donc celui de la territorialité
de la loi camerounaise. L’alinéa 2 du même article précise en ces termes, la consistance de ce
qu’on entend par territoire du Cameroun : « sont compris dans le territoire de la République,

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les eaux territoriales et l’espace au-dessus de ce territoire et de ses eaux, ainsi que les navires
et les aéronefs immatriculés dans la République ». Il peut arriver qu’une partie de l’infraction
se déroule au Cameroun mais se termine ailleurs, l’article 8 encadre ce genre de situations et
dispose que « la loi pénale de la République s’applique à toute infraction dont l’un des
éléments constitutifs s’est trouvé réalisé en tout ou en partie sur son territoire ».

B-L’exception au principe de territorialité

Il peut arriver qu’une infraction commise au Cameroun échappe à la compétence


législative et judiciaire du Cameroun. Ainsi, en vertu d’une coutume bien établie, les agents
diplomatiques étrangers ne peuvent être poursuivis devant les tribunaux camerounais pour les
infractions qu’ils commettent sur le territoire camerounais. En effet, l’agent diplomatique
bénéficie d’une inviolabilité personnelle qui lui assure une protection contre toute mesure
coercitive à savoir : l’arrestation, la garde à vue, la détention et une immunité de juridiction qui
le met à l’abri de toute poursuite, de toute instruction et de tout jugement.

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CHAPITRE II-L’INFRACTION

L’infraction se définit comme la transgression d’une loi qui consiste en un fait


interdit par la loi sous la menace d’une peine ; il s’agit donc d’une transgression punissable.
Ainsi, ce caractère punissable affecte autant le fait que son auteur. Le fait n’est punissable que
s’il peut être qualifié pénalement. Quant à son auteur, il n’est punissable que si ce fait peut lui
être imputé. Deux opérations étroitement mêlées sont donc nécessaires afin d’établir la
culpabilité de l’auteur de l’infraction et sa punissabilité : la qualification (Section I) et
l’imputation (Section II).

Section I-La qualification de l’infraction

Une infraction est constituée lorsque ses modalités concrètes correspondent à un type de
conduite préalablement incriminé. Il est alors nécessaire de caractériser ce qu’il convient
d’appeler les conditions préalables. L’opération de qualification suppose la recherche des
éléments constitutifs de l’infraction. Ces éléments peuvent être distingués ainsi qu’il suit :
l’élément matériel (PARAGRAPHE I) et l’élément intentionnel (PARAGRAPHE II).

Paragraphe I-L’élément matériel de l’infraction

L’acte matériel peut constituer en un fait qui produit un résultat à la suite d’un processus
plus ou moins long. De manière générale, l’infraction est punissable lorsqu’elle est consommée
(A) mais peut également l’être lorsque celle-ci a été tentée (B).

A-L’infraction consommée

L’infraction consommée correspond à la réalisation irréversible de l’acte prohibé. Elle


renvoie à une infraction qui a été réalisée dans tous ses éléments constitutifs. Par exemple, s’il
s’agit du vol, il faudra que le voleur ait effectivement dérobé l’objet, s’il s’agit du meurtre, il
faudra que la personne soit véritablement tuée. L’infraction peut consister en l’accomplissement
d’un fait positif mais peut également résulter d’une abstention par exemple : l’infraction de
non-assistance à personne en danger.

B-L’infraction tentée

L’infraction tentée ou tentative est une entreprise criminelle qui n’atteint pas son résultat
mais que le législateur, dans certains cas punit comme l’infraction consommée. L’article 14 du
Code pénal camerounais dispose ainsi que « toute tentative manifestée par un commencement
d’exécution d’un crime ou d’un délit, et impliquant sans équivoque l’intention irrévocable de

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son auteur de commettre l’infraction, si elle n’a manqué son effet que par des circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur, est considérée comme le crime ou le délit lui-même.
Il dispose également que la tentative est punissable alors même que le but recherché ne pouvait
être atteint en raison d’une circonstance de fait ignorée de l’auteur (le meurtre d’un cadavre).
On note toutefois que le législateur précise que les actes préparatoires ne constituent pas une
infraction.

Paragraphe II-L’élément intentionnel de l’infraction

Une infraction s’apprécie en fonction de la culpabilité de son auteur. Cette dernière


apparaît en réalité comme un facteur primordial dans l’attribution de la responsabilité à l’agent.
Cependant, il existe des infractions qui ne nécessitent pas un élément intentionnel mais se
fondent sur une faute de négligence ou encore d’imprudence de la part de son auteur. Dès lors,
si l’infraction suppose dans la majorité des cas un critère moral (A), certaines infractions
peuvent être constituées sans cette dernière (B).

A-L’intention coupable

Agir avec intention, c’est tourner délibérément son action vers un certain but. Une
infraction intentionnelle est donc une infraction qui procède d’une détermination bien établie
dans le sens de sa réalisation, son auteur ayant la volonté de la commettre. L’intention suppose
ainsi, la connaissance du fait qu’on viole la norme mais également de la volonté de la violer.
La connaissance est une approche éclairée de la réalité. L’intention, c’est vouloir, en
connaissance de cause, l’action ou l’omission telle que le texte d’incrimination les contient pour
en sanctionner le principe. L’auteur de l’infraction en sachant parfaitement qu’il emprunte à la
loi les éléments qui vont le placer sur le terrain de l’infraction, non seulement en accepte l’idée,
mais encore la double d’une volonté destinée à al rendre effective.

B-La non intention coupable

A la non intention se rattachent tous les comportements qui ne procèdent pas d’une
volonté délibérée d’atteindre le résultat de l’infraction. L’infraction non intentionnelle se fonde
sur une forme de faute coupable. L’imprudence, la négligence, la maladresse en rendent compte
à l’image des homicides involontaires et des blessures involontaires. En droit camerounais, les
infractions non intentionnelles ne relèvent que de certaines lois spéciales et concernent
également les contraventions qui sont constituées indépendamment d’une quelconque volonté
de commettre l’interdit.

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Lorsque l’infraction est qualifiée, il ne reste plus qu’à attribuer l’acte à son auteur. On
parle alors de l’imputation.

Section II-L’imputation de l’infraction

Toute infraction n’a de sens que si elle peut être mise au compte ou imputée à une ou
plusieurs personnes. Cette opération d’imputation est gouvernée par un principe de
responsabilité personnelle qui traduit l’idée selon laquelle « nul ne peut être pénalement
responsable que de son propre fait ». Ce principe impose, en premier lieu, d’établir que l’agent
a bien compris et voulu son acte. Telle est la condition d’imputabilité, qui est le préalable à
toute culpabilité donc à toute responsabilité pénale. L’exigence d’imputation personnelle
impose aussi, en second lieu, de dénouer les liens de participation lorsque l’infraction a été
commise au sein d’un groupe afin de n’attribuer à chacun que son propre fait. Suivant ce
schéma, il convient d’exposer, d’abord, les conditions d’imputation (PARAGRAPHE I), puis
pour le cas de la participation criminelle, les modalités d’imputation (PARAGRAPHE II).

Paragraphe I-Les conditions d’imputation

Une personne n’est coupable et punissable que si elle a compris et voulu son geste. Cette
condition suppose que son auteur ait agi avec intelligence et volonté. De cette formule, on
déduit classiquement deux exigences : le fait doit d’abord émaner d’une personne dotée de
discernement (A) et il doit ensuite procéder d’une volonté libre (B).

A-Le discernement de l’auteur de l’infraction

Le discernement a une place prépondérante s’agissant de la question de la responsabilité


en matière pénale. En principe, on ne peut reprocher une infraction pénale à une personne qui,
au moment des faits n’a ni voulu, ni été en mesure de comprendre la portée de son geste. Se
pose ainsi la question du discernement, mieux, l’aptitude à discerner le bien du mal, qui se pose
dans deux cas : d’une part en présence du mineur (1) qui par nature, n’a pas la même faculté de
discernement qu’un adulte et d’autre part, en présence d’une personne ne disposant pas de
toutes ses facultés mentales (2).

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1-L’enfance

Le premier critère de discernement est la maturité, il est nécessaire en effet d’avoir un


certain degré de maturité pour pouvoir discerner. Le droit pénal camerounais distingue ainsi
trois cas de minorité. Selon l’article 80 alinéa 1, le mineur de 10 ans n’est pas pénalement
responsable, L’alinéa dispose que le mineur de 10 à 14 ans, pénalement responsable, ne peut
faire l’objet que de l’une des mesures spéciales prévues par la loi. Selon l’alinéa 3, le mineur
âgé de plus de 14 ans et de moins de 18 ans, pénalement responsable bénéficie de l’excuse
atténuante, ce qui a pour corollaire la réduction de moitié des potentielles peines qui sont
normalement applicables

2-La démence

Le second critère de discernement est la santé mentale. Ainsi, selon l’article 78 du code
pénal, « la responsabilité pénale ne peut résulter du fait d’un individu atteint d’une maladie
mentale telle que sa volonté a été abolie ou qu’il n’a pu avoir conscience du caractère
répréhensible de son acte ». L’alinéa suivant dispose qu’« au cas où la démence n’est pas
totale, elle constitue une excuse atténuante ». La personne souffrant d’un trouble mental est
donc considérée comme pénalement irresponsable. Il est donc nécessaire qu’au moment des
faits, le trouble mental ait été d’une telle ampleur qu’il a aboli le discernement ou le contrôle
des actes de l’agent.

B-Le libre arbitre de l’infracteur

L’imputabilité suppose une volonté libre, laquelle se traduit par une aptitude à résister
à l’infraction. A contrario, celui qui commet l’infraction parce qu’il y est poussé par une force
ou une erreur irrésistible doit être déclaré irresponsable pénalement. Aux termes de l’article 77
du code pénal, « la responsabilité pénale ne peut résulter ni du cas fortuit, ni de la contrainte
matérielle irrésistible ». L’article 79 du code pénal assimile même l’intoxication à la démence.
Il peut s’agir d’une contrainte matérielle externe, à l’instar de ce chauffeur qui suite à un
malaise, a perdu le contrôle de son véhicule, en provoquant la crispation de son pied sur la
pédale d’accélérateur : en raison de cette contrainte, il fut relaxé des chefs d’homicide et de
blessures involontaires dans la collision mortelle qui s’ensuivit. On peut parler s’agissant de
l’intoxication d’une infraction commise par une personne à qui on a fait absorber des substances
de nature à troubler son esprit.

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Paragraphe II-Les modalités d’imputation

Lorsque l’infraction est commise, son imputation ne pose en principe pas de difficultés
car la responsabilité pèse sur son auteur, notamment celui qui commet les faits incriminés ou
sur celui qui tente de la commettre dans les cas où la tentative est punissable. Cependant, il peut
arriver que l’infraction soit le fruit de la participation de plusieurs autres personnes. Il importe
alors d’identifier les personnes qui peuvent être pénalement être tenues pour responsables (A),
qu’il s’agisse des personnes physiques ou morales (B).

A-L’auteur, le coauteur et le complice

L’auteur de l’infraction est celui qui commet cette dernière. Il peut cependant être aidé
dans son entreprise par d’autres personnes car « l’union fait la force aussi bien pour le mal que
pour le bien ». Le coauteur est donc toute personne qui commet l’infraction dans tous ses
éléments ou tente de la commettre. Selon le code pénal, le coauteur est celui qui participe avec
autrui et en accord avec lui à la commission d’une infraction. Le complice est quant à lui celui
qui provoque, de quelque manière que ce soit, la commission de l’infraction ou donne des
instructions pour la commettre, celui qui en facilite la réalisation (lire article 97 du code pénal).
L’article 98 dispose quant à lui que l’auteur, le coauteur et le complice sont passibles de
la même peine. Il existe exceptionnellement certaines situations où la sanction du complice
peut être supérieure à celle de l’auteur. A titre d’exemple l’infraction d’avortement où la femme
qui avorte subit une peine moins lourde que le complice l’ayant aidé (lire article 337 du CP).

B-La nature des personnes pénalement responsables

A la lecture du code pénal, tant les personnes physiques que morales peuvent être
responsables pénalement. La personne physique désigne un individu, un être doté de chair, de
sang, de la faculté de penser. A l’inverse, la personne morale est un groupement doté de la
personnalité juridique ; on peut citer à titre d’exemple, les sociétés commerciales telles que
CHOCOCAM, CAMLAIT, LA PASTA. Ainsi, la personne morale peut également être
responsable pénalement, à l’exception de certains à savoir l’Etat et ses démembrements (En
vertu de l’article 74-1, on note que les dispositions concernant la responsabilité des personnes
morales ne sont pas applicables à l’Etat et à ses démembrements).

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CHAPITRE III-LA SANCTION PÉNALE

La sanction est définie comme une condamnation infligée à un délinquant par une
juridiction pénale pour une infraction. Il existe plusieurs types de sanctions, aussi allons-nous
commencer par leur détermination (Section I), avant de nous atteler à traiter de son application
(Section II).

Section I-La détermination des sanctions

Dans cette catégorie, il est possible d’inclure non seulement les peines (Paragraphe I)
mais également les mesures de sûreté (Paragraphe II), car ces dernières visent le même but : la
protection de la société.

Paragraphe I-Les peines

Les articles 18 et 19 du CP opèrent une classification tripartite des peines. On a alors les
peines principales (A), les peines alternatives (B) et les peines accessoires (C).

A-Les peines principales

La peine principale est celle qui est rattachée à titre fondamental au texte incriminateur.
Elle permet également de déterminer la nature de l’infraction (crime, délit, contravention). On
distingue ainsi pour les personnes physiques, la peine de mort, la peine de prison et l’amende.
Pour les personnes morales, la dissolution, la fermeture temporaire ou définitive
d’établissement et l’amende. La peine de mort est exécutée publiquement soit par pendaison,
soit par fusillade. La peine de prison consiste en l’incarcération de la personne condamnée.
L’amende est une sanction qui va consister en le versement d’une somme d’argent au profit de
l’Etat. Afin de s’assurer de l’exécution, les autorités peuvent user de la contrainte par corps. La
dissolution entraîne la société dans un processus juridique qui aboutira à sa disparition. La
fermeture d’établissement consiste dans la fermeture temporaire ou définitive d’un
établissement entendu au sens d’une personne morale.

B-Les peines alternatives

On en distingue 2 à savoir : le travail d’intérêt général et la sanction réparation. Elles


ne peuvent être prononcées que pour les délits dont la peine d’emprisonnement n’excède pas
deux ans. Le travail d’intérêt général est une peine consistant à accomplir un travail non
rémunéré au profit d’une personne morale de droit public ou de droit privé chargée d’une
mission de service public et pour une durée de 200 à 240 heures. La sanction réparation est

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définie selon l’article 26-1 du CP comme « l’obligation pour le condamné de procéder à la
réparation matérielle du préjudice subi par la victime dans le délai et selon les modalités
fixées par la juridiction compétente ». Les peines alternatives ne peuvent être prononcées que
pour les personnes physiques. Cependant, sont exclues les auteurs d’infractions à la législation
sur les armes ; les auteurs des offenses sexuelles et les auteurs d’atteinte à l’intégrité corporelle
(article 26-3 du CP).

C-Les peines accessoires

La peine accessoire ne peut être prononcée de manière autonome en ce sens qu’elle est
toujours rattachée à une peine principale qu’elle vient renforcer. La liste est longue est peut
varier en fonction de la nature de la personne contre qui elle est prononcée à savoir la personne
physique ou la personne morale. Les peines accessoires applicables aux personnes physiques
sont : les déchéances, la publication de la décision, la fermeture d’établissement, la
confiscation. Pour les personnes morales, l’interdiction, pour une durée déterminée de
s’investir directement ou indirectement dans l’une ou plusieurs activités prévues par son objet
social, le placement sous surveillance judiciaire pendant une durée déterminée, la fermeture
pour une durée déterminée des établissements ou succursales ayant servi à la commission des
faits incriminés, la publication de la décision ou sa diffusion par voie de médias.

Paragraphe II-Les mesures de sûreté

Il importe dans cette partie de procéder à l’identification des différentes mesures de


sûreté (A) avant de d’attarder sur leur finalité (B).

A-Les différentes mesures de sûreté

Il existe plusieurs mesures de sûreté, mais on en citera certaines à l’instar par exemple
de l’internement dans une maison de santé (pour une personne qui ne jouit pas de la totalité de
ses facultés mentales), de la confiscation (qui consiste à retirer des mains du délinquant un
objet dangereux pour la société tel que la drogue, les armes à feu) etc. Pour connaître la
totalité des mesures de sûreté, lire l’article 20 du Code pénal.

B-L’objectif des mesures de sûreté

A la différence de la peine dont l’objectif est de punir le délinquant, l’objectif de la


mesure de sûreté est de mettre fin à un état ou une situation dangereuse. Sa mission est donc
essentiellement préventive, notamment, protéger la personne contre des personnes dangereuses
ou contre des choses représentant un danger pour les autres.
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Section II-L’application de la sanction pénale

Certains critères doivent être pris en compte quant à la sanction à prononcer, on parlera
de la mesure de la sanction (Paragraphe I), avant de s’attarder sur la concrétisation de cette
dernière (Paragraphe II).

Paragraphe I-La mesure de la sanction

Certains principes essentiels gouvernent la sanction, ce qui permet l’efficacité du


système répressif. Ainsi, le premier écueil que doit éviter le législateur c’est d’édicter des
sanctions démesurées par rapport au fait proscrit. Pour ce faire, un principe gouverne la
sanction : celui de la proportionnalité (A), sans compter qu’elle implique également pour le
juge de chercher une correcte mesure au moment où il rend sa décision, on parlera dans cette
perspective du principe d’individualisation de la sanction (B).

A-Le principe de proportionnalité de la sanction

Le principe de proportionnalité signifie que le législateur doit, en fixant la peine,


maintenir un équilibre entre les impératifs, d’une part, de protection de la société et, d’autre
part, de sauvegarde des intérêts individuels du délinquant. La peine nécessaire et proportionnée
est celle qui n’est pas excessive, par rapport à l’infraction commise et qui, dans ses finalités,
réalise un juste équilibre entre les intérêts de la société à la répression et les intérêts du
condamné. Autrement dit, c’est ce principe qui fait en sorte qu’il y ait une juste mesure entre
l’infraction qui est commise et la sanction qui lui est applicable. Une fois faite par le législateur,
elle donne alors la possibilité au juge, dans le champ délimité par le législateur de prononcer la
peine en fonction des circonstances de l’infraction.
B-Le principe de l’individualisation de la sanction

Le principe de la personnalité des peines est le principe de droit pénal selon lequel on
ne peut condamner une personne pour un fait punissable qu’elle n’a pas elle-même commis.
Autrement dit, une personne ne peut être punie en raison d’une infraction commise par une
autre personne. S’agissant de la peine, le principe de personnalité a pour corollaire le principe
de l’individualisation des peines. Il s’agit de manière générale d’adapter la peine à la personne
condamnée en prenant en compte son passé, son âge, sa santé, sa situation familiale, matérielle,
afin de favoriser ultérieurement sa réinsertion dans le corps social, du moins en ce qui concerne
les personnes physiques. C’est un principe réaliste qui invite le juge à tenir compte des
particularités de chaque délinquant pour favoriser l’efficacité de la répression.

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Paragraphe II-La concrétisation de la sanction

Lorsque le délinquant est reconnu coupable de l’infraction, le juge se charge du choix


de la sanction dans la limite légale (A), une sanction qui devra être exécutée (B).

A-Le choix de la sanction par le juge

En fonction de la gravité de l’infraction (crime, délit, contravention), le juge a la


faculté de choisir la sanction à appliquer dans la limite de qui a été défini par le législateur.
Ainsi, le crime est une infraction punie soit par une peine de mort, soit par une peine de prison
dont le maximum est supérieur à 10 ans, et d’une amende lorsque la loi en dispose ainsi. Le
délit, puni par une peine de prison supérieure à 10 jours mais dont le maximum ne peut
dépasser 10 ans ou que le maximum de l’amende est supérieur à 25.000 francs. Les
contraventions sont punies d’un emprisonnement qui ne peut excéder 10 jours ou d’une
amende qui ne peut excéder 25.000 francs.

B-L’exécution de la sanction

Lorsque la sanction est prononcée, elle doit être exécutée par le délinquant. S’il s’agit
de la peine de mort, le condamné doit être exécuté dans les formes prévues par la loi. S’il s’agit
d’une peine d’amende, il doit s’acquitter du montant. S’il s’agit d’une peine de prison, il sera
conduit dans un établissement pénitentiaire. En tout état de cause, l’autorité qui veille à
s’assurer de cette exécution est le Ministère public.

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DEUXIÈME PARTIE : LE DROIT PÉNAL DE FORME

Afin de punir les comportements fautifs, le législateur incrimine des faits qu’il assortit
d’une sanction. Sauf que la réalisation de cette punition passe nécessairement par une procédure
au cours de laquelle on va rechercher les potentiels coupables en plus des éléments de preuve
afin de les faire condamner par la juridiction compétente. La procédure pénale peut donc être
définie comme l’ensemble des règles des règles encadrant le processus pénal pendant ses
différentes phases. Il importe alors de présenter le cadre institutionnel de la procédure pénale
(CHAPITRE I), ensuite le cadre opérationnel (CHAPITRE II) et enfin, le déroulement de la
procédure (CHAPITRE III).

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CHAPITRE I : LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PROCÉDURE PÉNALE

Le cadre institutionnel de la procédure pénale fait référence à la police judiciaire (Section I) et


aux organes judiciaires (Section II).

Section I : La police judiciaire

Il existe plusieurs types de police (administrative, judiciaire) mais seule la police


judicaire intéresse le procès pénal. Lorsque la paix sociale a été troublée par une infraction,
cette dernière se charge donc de la recherche des coupables et des preuves. Il importe de
présenter d’une part la composition de la police judiciaire (Paragraphe I) mais également les
catégories de membres qui en sont les constituants (Paragraphe II).

Paragraphe I : La composition de la police judiciaire

On distingue deux types d’autorités chargées de la police judiciaire : certains de


compétence générale (A), d’autres de compétences limitée (B).

A-La police judiciaire à compétence générale

Mis à part le cas particulier des procureurs et de leurs substituts qui sont des officiers de
police judiciaire (OPJ) supérieurs, on constate que les autorités de la police judiciaire à
compétence générale se regroupent essentiellement au sein de deux organes : la Délégation
Générale à la Sûreté Nationale et la Gendarmerie Nationale. Bien que relevant de ces
administrations, il convient d’indiquer, ainsi qu’il est rappelé à l’article 78 du CPP que la Police
judiciaire est exercée sous la direction du Procureur de la République.

B-La police judiciaire à compétence spéciale

La loi reconnait aux gouverneurs et aux préfets ainsi qu’au personnel chargé de les
assister dans leurs fonctions, des missions de police judiciaire, notamment par la constatation
des crimes et délits et d’en livrer les auteurs aux tribunaux, en cas d’atteinte à la sûreté intérieure
ou extérieure de l’Etat ou à l’ordre public. En outre, plusieurs fonctionnaires de certaines
administrations spécialisées sont investis des missions de police judiciaire, dans les conditions
fixées par des textes spéciaux. Il en est ainsi des agents assermentés chargés des forêts, de la
faune et de la pêche, des inspecteurs de travail et de prévoyance sociale, des douaniers mais
aussi, les agents assermentés de l'inspection phytosanitaire sont chargés de la recherche, de la
constatation et des poursuites en répression des infractions commises en matière
phytosanitaire.

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Paragraphe II-Les catégories des membres de la police judiciaire

On distingue dans cette mesure, les officiers de police judiciaire (A) et les agents de
police judiciaire (B).

A-Les officiers de police judiciaire

Selon l’article 79 du CPP, ont la qualité d’officier de police judiciaire : les officiers et
sous-officiers de la gendarmerie, les gendarmes chargés, même par intérim, d’une brigade ou
d’un poste de gendarmerie, les commissaires de police, les officiers de polices, les gendarmes
et inspecteurs de police ayant satisfait à un examen d’officier de police judiciaire et ayant prêté
serment, les fonctionnaires exerçant, même à titre d’intérim, les fonctions de chef de service
extérieur de la sûreté nationale. A ces fonctionnaires, l’article 80 ajoute ceux appartenant aux
administrations et service publics auxquels des textes particuliers attribuent certaines
compétences en matière de police judiciaire.

B-Les agents de police judiciaire

Les gendarmes non officiers de police judiciaire, les inspecteurs de police et les gardiens
de la paix ont la qualité d’agents de police judiciaire. Ils ont pour mission d’assister les officiers
de police judiciaire dans l’exercice de leurs fonctions. Lorsqu’un agent de police découvre une
infraction, il rend immédiatement compte des faits à l’officier de police, son supérieur
hiérarchique. L’agent peut faire un rapport que l’officier transformera, s’il le veut bien, en
procès-verbal. Pour tout dire, l’agent de police n’a pas le pouvoir de dresser un procès-verbal.
Il ne peut pas requérir la force publique, encore moins ordonner une mesure de garde à vue.

Section II : Les organes judiciaires

Les organes judiciaires peuvent être catégorisées en deux. Il s’agit en premier lieu du
ministère public (Paragraphe I) et des juridictions pénales (Paragraphe II).

Paragraphe I-Le ministère public

Il importe de présenter l’organisation du ministère public (A) et ses caractères (B).

A-L’organisation du ministère public

Auprès des juridictions de droit commun, le ministère public est représenté auprès du
TPI, TGI, de la CA et de la CS. Près le Tribunal de première instance, il y a un procureur de la
république, un ou plusieurs substituts. Près du Tribunal militaire, le ministère est représenté par

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le commissaire du gouvernement, près la Haute Cour de Justice, le ministère public est
représenté par le Procureur Général près la Cour suprême assisté de l’Avocat général près la
même Cour et le cas échéant d’un avocat général près la cour d’Appel. Près la Cour de Sûreté
de l’Etat, par le procureur général, et près le Tribunal Criminel Spécial, le ministère public est
représenté par le Procureur général.

B-Les caractères du ministère public

Le ministère public a plusieurs caractères : indivisible (Les magistrats du même parquet


sont considérés comme ne formant qu’une seule et même personne), indépendant (il est
indépendant tant vis-à-vis des juridictions de jugement que vis-à-vis de la victime, irrécusable
(les magistrats du ministère public ne peuvent pas être récusés pour cause de parenté d’alliance
ou d’affinité avec d’autres justiciables), irresponsable (Le ministère public est en principe
irresponsable. Il ne peut pas lorsqu’il a intenté une action à tort et qu’il succombe être condamné
à des dommages-intérêts ou au paiement des frais du procès.

Paragraphe II-Les juridictions pénales

Les juridictions pénales peuvent faire l’objet de diverses catégorisations, on se résumera à les
distinguer en deux : les juridictions ordinaires (A) et les juridictions d’exception (B). (La
Cour suprême est une juridiction dérogatoire).

A-Les juridictions ordinaires

Il existe plusieurs juridictions ordinaires. On citera la juridiction d’instruction dont le


rôle est d’enquêter. Elle est saisie automatiquement en matière de crime par le procureur. Il
existe également des juridictions ordinaires qui rendent les décisions : le tribunal de première
instance, le tribunal de grande instance, la Cour d’appel.

B-Les juridictions d’exception

On distingue en droit camerounais, 04 juridictions d’exception qui rendent également


des décisions à savoir : le tribunal militaire, la Haute Cour de justice, le tribunal criminel
spécial et la Cour de Sûreté de l’Etat.

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CHAPITRE II : LE CADRE OPÉRATIONNEL : LES ACTIONS NÉES DE
L’INFRACTION

Essentiellement deux actions sont susceptibles de naître de l’infraction à savoir :


l’action publique (Section I) et l’action civile (Section II). L’action publique vise la
punition de l’auteur de l’infraction par le prononcé d’une sanction tandis que l’action civile
vise la réparation du dommage subi par la victime.

Section I : L’action publique

L’action publique est l’objet principal du procès pénal en ce sens que c’est celle qui
a pour but d’aboutir à la punition de l’auteur de l’infraction. Elle ne peut être exercée que
par certaines personnes (Paragraphe I) mais il arrive également que cette action ne puisse pas
survivre à cause de certains éléments, on parle de l’extinction de l’action publique
(Paragraphe II)

Paragraphe I-Les sujets de l’actions publiques

Il s’agit de ceux qui ont la possibilité en vertu de la loi de porter une affaire devant les
juridictions pénales, on les appelle également les demandeurs à l’action publique (A), ceux
contre qui elle est portée et qui doivent se défendre sont appelés les défendeurs à l’action
publique (B)

A-Les demandeurs à l’action publique

Le principal demandeur est le Ministère public. Il lui appartient de saisir la juridiction


répressive. Il doit à peine de nullité de la procédure être présent à toutes les audiences. Il a pour
mission de faire condamner celui qui a commis l’infraction. D’autres personnes ont la
possibilité de saisir la juridiction pénale, il d’agit de certains fonctionnaires de certaines
administrations spécialisés, pour des infractions relevant de leur secteur (à titre d’exemple les
administrations de douane, des eaux et forêts. La victime peut également mettre l’action
publique en mouvement par une plainte.

B-Les défendeurs à l’action publique

Les défendeurs sont toutes les personnes contre qui l’action publique est dirigée soit en
qualité d’auteur, de coauteur ou de complice de l’infraction. Certaines personnes échappent
néanmoins à toutes poursuites, à cause de certaines immunités qui peuvent être politiques (PR
et les membres du gouvernement), immunités parlementaires (membres du parlement et

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membres du gouvernement dans le cadre des propos tenus à l’Assemblée nationale). On
également des immunités familiales (conjoints, entre ascendants et descendants légitimes ou
adoptifs ou entre ascendants et descendants naturels jusqu’au 2ème degré s’ils vivent
ensembles ou sont reconnus). Nous avons également des immunités diplomatiques (les chefs
d’état étrangers, le personnel diplomatique et les membres de leurs familles, leurs bagages
sont inviolables et les autorités nationales ne peuvent pénétrer dans les locaux diplomatiques
qu’avec l’autorisation du chef de mission). On en a cité que quelques car la liste est longue.

Paragraphe II-Les modes d’extinction de l’action publique

Pour que l’action publique existe, il ne suffit pas qu’elle ait des sujets. Il faut aussi qu’elle
ne soit pas frappée par une cause d’extinction ou un obstacle définitif interdisant à son titulaire
de saisir la juridiction compétente. Elle peut s’éteindre soit d’un fait naturel (A) soit par la
volonté humaine (B).

A-L’extinction par un fait naturel

En cas de décès du délinquant, l’action publique ne peut plus être exercée car ce dernier
ne peut plus être poursuivi. Toutefois les amendes et les frais prononcés peuvent être mis à la
charge de ses héritiers. L’action civile pourra être prononcée contre les héritiers. L’action
publique peut également être par la prescription (écoulement du temps). La prescription
est définie à l’article 65 du CPP comme étant « l’extinction de l’action publique résultant du
non-exercice de celle-ci avant l’expiration du délai prévu pour agir ». Le délai de prescription
varie en fonction de la catégorie de l’infraction : crimes (10 ans), délit (3 ans),
contravention (1 an).

B-L’extinction par la volonté humaine

L’action publique peut être éteinte par la volonté du législateur (par l’amnistie et
l’abrogation de la loi). Elle peut être éteinte par la décision du juge ayant acquis autorité de la
chose jugée. L’action publique peut s’éteindre dans certains cas particuliers par la transaction
(le délinquant paye une certaine somme d’argent par exemple en matière de circulation routière)
et le retrait de la plainte de la victime (pour des infractions qui ne peuvent être déclenchées
qu’avec l’accord de la victime telle que la diffamation, l’adultère, l’abandon de foyer).

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Section II : L’action civile

Aux termes de l’article 59 al. 3 du CPP, l'action civile est une action qui tend à la
réparation du dommage causé par une infraction. Il importe d’identifier les parties intervenant
(Paragraphe I) avant de s’attarder sur l’exercice de l’action (Paragraphe II).

Paragraphe I-Les parties à l’action civile

Il s’agit d’identifier qui peut déclencher l’action civile (A) et contre qui elle peut être exercée
(B).

A-Les demandeurs à l’action civile

A titre principal, c’est la victime qui a le droit de déclencher l’action civile, il faut alors
que l’infraction ait causé un préjudice à cette dernière. L’action civile peut également être
exercée par les héritiers de la victime après la mort. Si la victime intente l’action et décède, les
héritiers trouvent l’action en justice dans la succession. L’action civile peut également être
exercée par une personne morale de droit privé à but lucratif (sociétés commerciales) et à but
non lucratif (association, syndicat).

B-Les défendeurs à l’action civile

L’action civile est originellement intentée les personnes ayant commis l’infraction. Elle
peut également être exercée contre les héritiers dans le but d’indemniser les victimes. Il peut
également s’agir des personnes civilement responsables (le père, la mère). Il est également
possible de poursuivre l’administration afin qu’elle supporte les condamnations pécuniaires
prononcées contre son agent.

Paragraphe II-L’exercice de l’action civile

L’action civile de la victime se fondant sur l’infraction lui donne ce qu’on appelle un
droit d’option (A), ensuite, il importe de déterminer les moyens d’exercice de l’action civile
(B).

A-Le droit d’option de la victime

Le droit d’option de la victime signifie simplement que lorsqu’une infraction cause un


préjudice à la victime, cette dernière a le choix de porter son action soit devant le juge civil soit
devant le juge pénal, l’objectif étant le même, celui d’obtenir la réparation du préjudice. Il faut
donc obligatoirement que le préjudice soit né d’une infraction.

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B-Les moyens d’exercice de l’action civile

Si le ministère public avait déjà déclenché l’action publique, la victime exerce son action
civile par voie d’intervention devant le juge répressif. Dans le cas où le ministère public n’a pas
agi, la victime dispose de deux moyens : la citation directe et la plainte avec constitution de
partie civile (Elle permet à la victime de citer directement un prévenu devant la juridiction de
jugement. C’est le seul mode possible pour la contravention, une des voies possibles en cas de
délit. Elle s’opère par voie d’Huissier et ouvre à la fois l’action publique et civile). Le deuxième
moyen est la plainte avec constitution de partie civile (Ce procédé est souvent utilisé en matière
délictuelle quand l’auteur de l’infraction est inconnu ou alors lorsque les faits sont complexes
et nécessitent des investigations préalables au jugement ou alors lorsque la victime cherche à
vaincre l’inertie du parquet). Si la partie civile souhaite intenter son action devant les
juridictions civiles, elle suit juste les règles de procédure civile.

24
CHAPITRE III : LE DÉROULEMENT DE LA PROCÉDURE

Le déroulement de la procédure fait intervenir deux phases majeures : l’une qualifiée


de phase préparatoire du procès pénal (Section I), l’autre phase décisoire (Section II).

Section I : La phase préparatoire du procès pénal

La phase préparatoire a pour but, le déclenchement de la poursuite, par la mise en


mouvement de l’action publique. La poursuite ne peut cependant intervenir que si les parties
désireuses de l’intenter disposent déjà de certains éléments d’appréciation qui auront été
recueillis au cours d’une enquête initiale. C’est pourquoi la phase préparatoire du procès
comporte trois stades : l’enquête (Paragraphe I), la poursuite (Paragraphe II) et l’instruction
(Paragraphe III).

Paragraphe I-L’enquête

L’enquête est la partie du procès pénal qui se déroule avant le déclenchement des
poursuites. Elle est menée essentiellement par la police judiciaire. C’est pour cela qu’elle est
appelée « enquête de police ». La police judiciaire reçoit les plaintes et les dénonciations qu’elle
examine et exploite en cas de besoin. L’enquête peut être conduite différemment selon que
l’infraction est flagrante ou non. On distingue en effet l’enquête préliminaire (A) de l’enquête
de flagrance (B).

A- L’enquête préliminaire

Elle est définie comme étant une procédure diligentée par la police judiciaire agissant
d’office ou sur les instructions du parquet, et destinée à obtenir sur une infraction, les premiers
renseignements afin de permettre au procureur de la République de prendre une décision sur la
poursuite. Afin de réaliser cette mission, ces derniers peuvent procéder à des auditions, des
perquisitions, des saisies et même placer les personnes suspectes en garde à vue. Il peut
toutefois prendre une mesure de garde à vue à l’encontre d’une personne qui est susceptible de
disparaître ou même simplement dans l’objectif de pouvoir l’avoir à disposition pour les besoins
de l’enquête. Il peut prendre l’initiative d’une garde à vue mais le délai de cette dernière est
restreint. La garde à vue peut durer 48H renouvelable une fois à l’initiative de l’OPJ et deux
fois à l’initiative du Procureur de la république.

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B-L’enquête de flagrance

L’enquête de flagrance n’est ouverte que pour les crimes et les délits. Une contravention
ne saurait faire l’objet d’une enquête de fragrant délit. La définition du crime et du délit flagrant
est donnée par l’article 103 du CPP. De cette définition, on peut dire qu’il existe une flagrance
proprement dite, une flagrance par présomption et une flagrance par assimilation. La
flagrance proprement dite. Selon l’article 103 (1), est qualifié crime ou délit flagrant, le crime
ou le délit qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre. « le corps du délit est
encore chaud ». L’auteur est surpris immédiatement après l’infraction, soit qu’il se trouve
encore sur les lieux, soit qu’il vient juste de les quitter. La flagrance par présomption : l’article
103 (2) (b) du CPP présume la flagrance lorsque, dans un temps très proche de l’infraction,
l’individu soupçonné est poursuivi par la clameur publique (« au voleur !», « à l’assassin ! »)
ou est trouvé en possession d’un objet ou présente une trace ou indice laissant penser qu’il a
participé à la commission d’un crime ou d’un délit. La flagrance par assimilation : L’article
103 (2) (c) assimile expressément à l’infraction flagrante celle qui, non véritablement flagrante,
a été commise à l’intérieur d’une maison. L’infraction découverte plus tard, le chef de la
maison ou celui qui assure la surveillance de celle-ci requiert le Procureur de la République
ou un officier de police judiciaire pour constater l’infraction. L’article 115 du CPP assimile
implicitement à l’infraction flagrante, la mort suspecte. En effet, il est dit à cet article que : « en
cas de mort suspecte, l’officier de police informe et rend compte immédiatement au Procureur
de la République ». Les dispositions du CPP relatives à l’enquête de flagrance sont mises en
application. L’urgence à rassembler les preuves explique les larges et importants pouvoirs
accordés à l’officier de police dans le cadre de l’enquête de flagrance. Mais, l’officier de police
n’a pas que des pouvoirs, il a aussi des devoirs, notamment celui d’informer le Procureur le
plus vite possible.

Paragraphe II-La poursuite

Ce n’est qu’exceptionnellement que le juge se saisit lui-même d’une infraction. Il en


est ainsi des infractions commises à l’audience de jugement. Normalement, la poursuite est
déclenchée par les parties au procès : le Ministère public (A) et/ou la victime (B).

A-La poursuite par le Ministère public

Pour que le Ministère public poursuive, il faut bien qu’il soit informé. Il peut l’être de
diverses façons : la rumeur publique, la presse, les plaintes des victimes, les dénonciations faites
par des fonctionnaires au titre de leur devoir, les dénonciations faites par des tiers, mais surtout

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par les procès-verbaux dressés par les officiers de police judiciaire. En vertu du principe de
l’opportunité des poursuites, il apprécie s’il doit finalement poursuivre ou classer l’affaire sans
suite. Cependant, parfois il veut poursuivre mais se heurte par exemple aux immunités ou
encore au cas où il faut la plainte préalable de la victime (adultère, diffamation, injures). La
victime peut également le contraindre en se constituant partie civile. Le Procureur peut
poursuivre par plusieurs moyens : la comparution immédiate, la citation directe, le
réquisitoire introductif d’instance.

B-La poursuite par la victime

L’action civile de la victime ne peut être portée devant le juge pénal qu’accessoirement
à l’action publique. La recevabilité de l’action publique est ainsi la première condition de
l’exercice de l’action civile au pénal. Si donc l’action publique n’a pu naître ou bien est éteinte,
l’action civile ne peut être exercée devant la juridiction répressive. Les conditions procédurales
de l’exercice de l’action civile varient selon que l’action publique a déjà été engagée ou non par
le Procureur de la République. Dans le premier cas, la partie civile agit par voie d’intervention
et dans le second cas, la partie civile agit par voie d’action.

Paragraphe III-L’instruction

Le juge d’instruction est un super enquêteur mais qui ne peut se saisir lui-même. Il
peut être saisi par le ministère public au moyen d’un réquisitoire introductif d’instance ou par
la victime au moyen de la plainte avec constitution de partie civile. Le juge d’instruction peut
ainsi poser certains actes (A) et rend à la fin certaines ordonnances (B).

A-Les actes du juge d’instruction

Le juge d’instruction procède, conformément à la loi, à tous les actes d’information qu’il
juge utiles à la manifestation de la vérité. En conséquence, il constate les indices au cours d’un
transport sur les lieux, procède à des perquisitions et saisies, interroge l’inculpé, entend la partie
civile et les témoins, ordonne des expertises, fait des confrontations et des reconstitutions des
faits. Tous les actes d’instruction posés donnent lieu à l’établissement d’un procès-verbal, seul
moyen d’assurer leur conservation dans le dossier. Les mandats sont des ordres écrits par
lesquels le juge d’instruction porte atteinte à la liberté d’une personne, en décidant sa
comparution ou son incarcération. Le CPP a prévu plusieurs sortes de mandats : le mandat
de perquisition, le mandat d’amener, le mandat de comparution, le mandat d’arrêt, le
mandat de détention provisoire, etc.

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B-Les ordonnances du juge d’instruction

Lorsque le juge d’instruction estime que les faits qui lui ont été présentés ne constituent
aucune infraction ou qu’il n’y a pas de charges suffisantes contre la personne poursuivie, il rend
une « ordonnance de non-lieu ». Cette ordonnance entraîne la mise en liberté immédiate de
l’inculpé dans le cas où il était détenu provisoirement, à moins qu’il ne soit impliqué dans une
autre cause pour laquelle il a été également placé en détention provisoire. Si l’inculpé avait
versé une caution, celle-ci lui est restituée. Lorsque le juge d’instruction estime que les faits de
la poursuite constituent une infraction, il rend une « ordonnance de renvoi », soit devant le
Tribunal de première instance (contraventions et délits), soit devant le tribunal de grande
instance (crimes). Dès lors, s’ouvre une nouvelle phase du procès pénal : la phase décisoire.

Section II : La phase décisoire

La phase décisoire est le point d’aboutissement du processus pénal. Les juges dits « de
jugements » vont confirmer ou infirmer le sentiment de culpabilité déjà exprimé dans les actes
de la police, du Procureur et du juge d’instruction. Mais, la phase décisoire réserve aussi
souvent des surprises : la personne poursuivie n’est pas condamnée. De toute façon, on attend
de cette phase décisoire une décision importante : la condamnation ou la relaxe de la personne
poursuivie qui, jusque-là, bénéficie de la présomption d’innocence.

Paragraphe I-L’audience du jugement

L’audience est la séance publique au cours de laquelle une juridiction prend


connaissance des prétentions des parties, instruit le procès, entend les plaidoiries et rend une
décision sur la culpabilité ou la non culpabilité de la personne poursuivie et se prononce, s’il y
a lieu, sur les intérêts civils.

A-La tenue de l’audience

Contrairement aux autres phases du procès pénal, l’audience de jugement est publique.
Le procès se déroule portes et fenêtres ouvertes ; toute personne qui veut suivre les débats peut
trouver place dans la salle d’audience. La justice étant rendue au nom du peuple, il faut bien
que ce peuple puisse vivre le déroulement de la justice. La publicité de l’audience constitue
l’une des plus importantes garanties pour la personne poursuivie. Elle est assurée que la vérité
ne sera étouffée. La justice elle-même y trouve un grand intérêt : le public présent dans la salle
peut témoigner de la régularité des débats et de la décision qui en est issue. Toutefois, lorsque
la publicité est dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes mœurs, la juridiction peut, à tout

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moment, d’office ou à la demande de l’une des parties au procès, ordonner par jugement
« Avant dire droit », que les débats aient lieu en totalité ou en partie à huis-clos ou que leur
publicité soit restreinte.

B-Les débats à l’audience

A l’audience de jugement, la procédure pénale est essentiellement orale. Ce caractère


découle de la règle de l’intime conviction selon laquelle la valeur des preuves est appréciée
librement par le juge. Ce dernier ne doit pouvoir se décider que sur des preuves qui ont été
soumises aux débats. En application de ce principe, tous les intervenants au procès sont
entendus : le Procureur, la partie civile, la personne poursuivie, les témoins… Les objets saisis
et autres pièces à conviction sont présentés publiquement au juge. Dès l’ouverture de l’audience
du jour, le Président de la juridiction demande au greffier de faire l’appel des causes inscrites
au rôle. Il s’assure que toutes les parties et toutes les personnes convoquées pour l’audience
sont bien présentes. Le président rappelle à la personne poursuivie les faits infractionnels qui
lui sont reprochés. Il demande à ce dernier s’il plaide « coupable » ou « non coupable ».

Paragraphe II-Le jugement

Dans cette partie on se concentrera sur l’issue du procès, notamment les décisions que
sont susceptibles de rendre le juge (A). Lorsqu’une des parties n’est pas satisfaite, elle a la
possibilité d’utiliser une voie de recours (B).

A-le rendu de la décision par le juge

Lorsque le tribunal constate, à la suite des débats, que les faits présentés ne constituent
aucune infraction, il relaxe le défendeur. Il en sera de même lorsque la preuve des faits n’a pas
été rapportée ou que le fait établi n’est pas imputable au défendeur. S’il y a un doute, le
défendeur est relaxé et mention de ce doute est inscrite dans le jugement.

Lorsque le tribunal déclare le défendeur coupable de faits qui lui sont reprochés, il le
condamne à la peine prévue par la loi et statue, s’il y a lieu, sur l’action civile. Il met en outre
les dépens à la charge du condamné. Le tribunal ordonne le remboursement des sommes
consignées par la partie civile qui a pris l’initiative des poursuites.

Si le tribunal prononce une peine privative de liberté à l’encontre du condamné, il décerne


immédiatement, contre lui, un mandat d’incarcération ou un mandat d’arrêt. Toutefois, si le
condamné manifeste l’intention de relever appel du jugement et si la peine prononcée n’excède
pas un an, le tribunal peut le laisser en liberté jusqu’à l’expiration du délai, s’il présente des
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garanties de représentation. Le condamné peut recouvrer la liberté immédiatement si le temps
passé en détention provisoire est supérieur ou égal à la peine d’emprisonnement prononcée. Le
défendeur condamné est aussi appelé à payer les dépens du procès qui sont fixés par le juge.
Lorsque le tribunal ne prononce qu’une peine d’amende, le montant de celle-ci doit être payé
immédiatement par le condamné. Il en est de même des frais des dépens. A défaut, il y sera
contraint par corps.

B-Les voies de recours contre la décision rendue

Le CPP prévoit deux voies de recours ordinaires : l’opposition et l’appel. L’opposition


est une voie de recours ordinaire et de rétractation contre une décision rendue par défaut. Cette
procédure se justifie par l’idée que nul ne peut être condamné sans avoir été entendu, alors que
la juridiction aurait pu rendre une décision autre si le défendeur avait été présent.

L’appel est une voie de recours ordinaire contre les décisions en premier ressort ;
rendues contradictoirement ou par défaut. L’appel consacre le principe de « double degré de
juridiction ». L’appel est une voie de réformation qui saisit une nouvelle juridiction,
hiérarchiquement supérieure à celle qui a rendu la première décision.

Les voies de recours extraordinaires sont exercées devant la Cour suprême. Il s’agit
du pourvoi en cassation pour les erreurs de droit, et le pourvoi en révision pour les erreurs
de faits.

Le pourvoi en cassation est une voie de recours extraordinaire qui appelle la Cour
suprême à statuer sur la légalité des décisions rendues par les Cours d’appel, en vue d’assurer
l’unité de la jurisprudence. Malgré les multiples étapes que prévoit la procédure pénale et qui
constituent des filtres pour la vérité, le procès pénal peut aboutir à une erreur de fait que l’on
ne découvre que lorsque la décision de condamnation est devenue irrévocable. Va-t-on ainsi
admettre une décision erronée ou au contraire en permettre la révision ? Le droit pénal
camerounais, comme la plupart des systèmes pénaux, a opté pour une possible révision du
procès.

Le pourvoi en révision d’un procès pénal peut être demandée au profit d’une personne
condamnée pour crime ou délit lorsque, après une condamnation pour homicide, de nouvelles
pièces produites sont de nature à prouver que la prétendue victime est encore en vie ;
lorsqu’après une condamnation l’innocence du condamné est une évidence ; lorsque le vrai
coupable se dénonce.

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