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L’application de la loi pénale dans le temps

I).  —  TOUT D’ABORD, LA NON RÉTROACTIVITÉ DE LA LOI PÉNALE PLUS


SÉVÈRE
(L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS LE TEMPS)
L’article 112-1 du code pénal dispose que seuls sont punissables les faits constitutifs
d’une infraction à la date à laquelle ils ont été commis. De même seules
les peines applicables à la même date peuvent être prononcées. Par conséquent
il est en principe interdit d’appliquer une loi pénale à des faits antérieurs à sa promulgation.

II).  –  EXCEPTIONNELLEMENT LES LOIS PÉNALES PEUVENT ÊTRE


RÉTROACTIVES
(L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS LE TEMPS)
En premier lieu, le législateur peut prévoir expressément  qu’une loi pénale sera rétroactive.
En second lieu, et par ailleurs les lois qui ne font qu’interpréter  et préciser le sens d’une loi
antérieure peuvent s’appliquer aux faits commis après la promulgation de la loi interprétée.
Enfin l’article 112-1 du code pénal prévoit que les dispositions nouvelles s’appliquent aux
infractions commises avant leur entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à une
condamnation passée en force de chose jugée, lorsqu’elles sont moins sévères que les
dispositions anciennes (la peine encourue a été diminuée…). C’est le principe de
la rétroactivité in mitius.

III).  —  L’APPLICATION IMMÉDIATE DES LOIS PÉNALES DE FORME


Ces lois seront applicables immédiatement à la répression des infractions commises avant
leur entrée en vigueur

A).  —  (article 112-2 du code pénal). Il s’agit :


1).  —  D’abord, des lois de compétence et d’organisation judiciaire, tant qu’un jugement au
fond n’a pas été rendu en première instance.
2).  —  Puis, des lois fixant les modalités de la poursuite et les formes de la procédure.
3).  —  Ensuite, des lois relatives au régime d’exécution et d’application des peines  sauf si
elles ont pour résultat de rendre plus sévère les peines prononcées par la décision de
condamnation.
4).  —  Enfin, des lois relatives à la prescription de l’action publique et à la prescription des
peines lorsque les prescriptions ne se trouvent pas acquises.
IL EXISTE CEPENDANT DES CAS OÙ LA LOI NOUVELLE DE FORME
NE S’APPLIQUERA PAS IMMÉDIATEMENT :
—  Selon l’article 112-3 du code pénal les lois relatives à la nature et aux cas d’ouverture des
voies de recours ainsi qu’aux délais dans lesquels elles doivent être exercées et à la qualité
des personnes admises à se pourvoir sont applicables aux recours formés contre les
décisions prononcées après leur entrée en vigueur. Les recours s’avèrent soumis aux règles
de forme en vigueur au jour où ils se trouvent exercés.
—  Selon l’article 112-4 du code pénal l’application immédiate de la loi nouvelle  est sans effet
sur la validité des actes accomplis conformément à la loi ancienne. Cependant la peine
cessera de recevoir exécution lorsqu’elle a été prononcée pour un fait qui en vertu d’une loi
postérieure au jugement, n’a plus le caractère d’une infraction pénale.

L’application de la loi pénale dans le temps est déterminée par deux principes :
 Le principe de non-rétroactivité de la loi pénale ; et
 Le principe de la rétroactivité in mitius.
 
Le principe de non-rétroactivité de la loi pénale
Très simplement, le principe est que la loi nouvelle ne peut pas s’appliquer à des faits qui se sont produits
avant son entrée en vigueur. Elle ne dispose que pour l’avenir et n’a pas d’effet rétroactif.
On ne peut donc pas être puni pour des faits qui ne constituaient pas une infraction à la date à laquelle ils ont été
commis. De même, on ne peut pas se voir infliger une peine qui n’était pas encourue au moment des faits (article
112-1 alinéas 1 et 2 du Code pénal).
Ce principe a valeur constitutionnelle puisqu’il est consacré à l’article 8 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789.
Mais il ne s’applique en réalité que si la loi nouvelle est plus sévère ; la loi nouvelle plus douce, quant à elle, est
soumise au principe de la rétroactivité in mitius.
 
Le principe de la rétroactivité in mitius
Dans le cas d’une loi nouvelle plus douce (qui supprime une incrimination ou qui prévoit une peine moins
lourde), le principe ne sera pas celui de la non-rétroactivité.
En effet, une loi nouvelle plus douce que celle en vigueur précédemment, s’appliquera aux faits commis
avant son entrée en vigueur (article 112-1 alinéa 3 du Code pénal). C’est ce qu’on appelle la rétroactivité in
mitius.
Il faut noter que tout comme le principe de non-rétroactivité de la loi pénale, ce principe de la rétroactivité in
mitius a également valeur constitutionnelle (Cons. Const., 20 janv. 1981, n° 80-127 DC).
Un bon exemple de rétroactivité in mitius est la loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort. Il s’agit bien
d’une loi plus douce puisqu’elle supprime une peine. Par conséquent, elle a pu s’appliquer aux crimes commis
avant son entrée en vigueur mais non encore jugés. Ainsi, pour ces crimes, la peine de mort a été remplacée par
une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
Au final, l’application de la loi pénale dans le temps est totalement différente selon que la loi nouvelle est plus
douce ou plus sévère.
Pour bien comprendre l’idée, rien de tel que des schémas explicatifs :
 
 
Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessus, une loi pénale plus sévère ne s’applique pas aux faits
commis avant son entrée en vigueur. A l’inverse, une loi pénale plus douce pourra s’appliquer aux faits commis
avant son entrée en vigueur (voir schéma ci-dessous).
 

 
Les limites
Le principe de non-rétroactivité de la loi pénale et le principe de la rétroactivité in mitius ne sont pas absolus ; ils
comportent des limites.
En ce qui concerne les limites au principe de non-rétroactivité de la loi pénale, on peut citer :
 Les lois interprétatives : Une loi interprétative est une loi qui interprète et clarifie une loi déjà en
vigueur. En ce qu’elles ne changent pas le fond du droit mais se bornent à interpréter le droit
existant, les lois interprétatives sont rétroactives par nature, et s’appliquent donc aux faits
commis avant leur promulgation pourvu qu’ils aient été commis après la promulgation de la loi
interprétée (Cass. crim., 15 novembre 2017, n° 17-85.272).
 Les mesures de sûreté : Une mesure de sûreté est une mesure préventive (privative ou restrictive
de liberté ou de droits) qui n’est pas fondée sur la commission d’une infraction mais uniquement
sur la constatation de la dangerosité supposée d’un individu. Les mesures de sûreté ne sont donc
pas des peines. Elles peuvent être appliquées à l’auteur de faits commis avant leur entrée en
vigueur. Exemple : Le placement sous surveillance judiciaire peut s’appliquer rétroactivement
(Cons. Const., 8 décembre 2005, n° 2005-527 DC).
Mais le principe de la rétroactivité in mitius fait également l’objet de limites. Il s’agit :
 Des dispositions expresses : Si la loi nouvelle plus douce prévoit son application aux seuls faits
commis après son entrée en vigueur, la rétroactivité in mitius ne s’appliquera pas.
 Des règlements d’application : Il s’agit de l’hypothèse où ce n’est pas la loi qui a changé, mais
seulement les règlements d’application pris pour cette loi (le règlement est remplacé par un
nouveau règlement plus doux). Dans un tel cas, le nouveau règlement plus doux ne s’applique
pas rétroactivement ; les faits restent punissables selon le règlement en vigueur à la date à laquelle
ils ont été commis.
 

Section 2 : l’application de la loi dans le temps


 

I. L’entrée en vigueur de la loi pénale


Article 1er du Code Civil : les lois entrent en vigueur au lendemain de leur publication au journal officiel, sauf si
le texte prévoit une date ultérieure. 

A partir du moment où le texte entre en vigueur chacun d’entre nous est censé connaitre cette loi= nul n’est
censé ignorer la loi ( Nemo censetur ignorare legem)
II. La loi d’amnistie

 
Loi qui a pour but d’enlever le caractère délictueux de certains faits commis dans le passé sur une période
déterminée. Une loi d’amnistie peut être mise en œuvre pour obtenir un apaisement de la société, favoriser la
cohésion de la nation. (Loi de pardon pénal)
Exemple : En mai 1968 il y a eu de nombreuses infractions commises par ce soulèvement de population. Dans
un souci d’apaisement, une loi d’amnistie a été votée pour supprimer le caractère délictueux de certains faits
commis durant cette période.

Jusqu’à l’élection présidentielle de 2007, il y avait une tradition qui consistait à ce que le nouveau PDR
demande au Parlement de voter une loi d’amnistie. En 2007 Sarkozy a mis fin à cette tradition.
Une loi d’amnistie a pour effet d’empêcher l’application de la loi pénale existante.

 Si l’infraction amnistiée n’a pas encore été poursuivie : plus aucune poursuite pénale possible
 Si l’infraction est transmise à un tribunal : alors l’accusé est relaxé ou acquitté.
 Si l’infraction a déjà été condamnée : la condamnation cesse d’être exécutée. La condamnation est
réputée n’avoir jamais existée : le casier judiciaire est effacé : Article 133-9 du Code pénal
 
La loi n’abroge cependant pas les textes et les infractions, seule l’abrogation de la loi pénale peut réaliser cela

III. L’abrogation de la loi pénale

La loi pénale peut être abrogée de manière :

 Expresse : Résulte de la volonté du législateur


 Tacite : La nouvelle loi comporte de nouvelles dispositions qui sont incompatibles avec la loi ancienne. 
Elle est remplacée.

Un texte qui tombe en désuétude n’est pas abrogé implicitement.  

Sous-section 2 : Le champ d’application dans le temps des lois pénales


-         La question qui se pose c’est celle de savoir si on peut appliquer la loi a des situations juridiques
qui se sont réalisées avant l’entrée en vigueur de la loi ?

Exemple : Avant qu’une personne ne sois définitivement jugé pour une infraction, une loi nouvelle
intervient. Est-elle susceptible de s’appliquer aux faits commis avant son entré en vigueur ?

-        Une procédure pénale est initiée selon des règles établis par la règle en vigueur et on imagine
qu’une loi nouvelle intervienne qui vienne modifier la procédure applicable ? Est-ce que ça remet en
cause la procédure qui s’est déroulé sous l’ancienne loi ?

La question qu’on se pose c’est est-ce que la loi pénale peut rétroagir donc s’appliquer à des infractions qui se
sont déroulés avant son entré en vigueur ? = il y a des difficultés car on prive la personne de la mise en garde
que doit fournir le principe de la légalité criminelle à Donc la non-rétroactivité de la loi pénale c’est la
conséquence immédiate et inévitable du principe de la légalité criminelle.

On va distinguer les lois pénales de fond et les lois pénales de formes pour lesquelles le principe de la légalité
criminelle n’interdit pas la rétroactivité.

I. L’application dans le temps des lois pénales de fond


Loi pénale de fond : Ce sont les lois qui définissent les comportements interdits c’est-à-dire les lois qui créent
les infractions, qui déterminent les peines applicables et également qui déterminent les conditions de mise en
œuvre de la responsabilité pénal de leurs auteurs.

La situation dans laquelle il y a conflit de loi dans le temps avec des lois pénales de fond est la suivante : 

Une infraction est commise a un instant T ou été en vigueur la première loi pénale. Puis le temps s’écoule
jusqu’au jugement de la personne. Or dans l’intervalle entre la commission de l’infraction et le jugement une
loi nouvelle entre en vigueur et s’analyse comme une loi pénale de fond (= vient modifier la peine encourue).

En présence d’une telle situation, il y a deux textes susceptibles de s’appliquer  : la loi ancienne et la loi nouvelle
= conflit dans le temps.

Quelles lois doit-on faire prévaloir ?

                      Survie
de la loi ancienne : C’est une solution qui consiste à dire que la loi ancienne doit
s’appliquer jusqu’au jugement de la personne. Elle va être jugé selon la loi ancienne malgré l’entré en
vigueur de la loi nouvelle.

                      Rétroactivité de la loi nouvelle : On décide pour certaines raisons d’appliquer la loi nouvelle
aux faits passés.

Afin de résoudre ce conflit de loi dans le temps, il faut pour répondre à la question se référé à l’article 112-1 du
code pénal.

ART 112-1 : « Sont seuls punissables les faits constitutifs d’une infraction à la date à laquelle ils ont été commis.
Peuvent seules être prononcée les peines légalement applicables à la même date. 

Toutefois, les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et
n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugé lorsqu’elles sont moins sévères que
les dispositions anciennes » 

                      Principe : La loi pénale nouvelle n’est pas rétroactive


                      Exception : Elle est rétroactive lorsqu’elle est plus douce que l’ancienne

A) La non-rétroactivité de la loi nouvelle

Ce principe est consacré par l’ART 112-1 du Code Pénal, mais aussi par l’ART 8 de la DDHC de 1789.
La DDHC fait partie du bloc de constitutionnalité, c’est donc un principe constitutionnel.

Pour que ce principe s’applique il faut que la loi pénale nouvelle soit :

                  -     Une loi pénale de fond

                  -     Plus sévère que l’ancienne

Lorsque la loi pénale nouvelle est plus sévère que l’ancienne elle ne peut s’appliquer qu’aux infractions
commises après son entrée en vigueur à donc survie de la loi ancienne.  Il faut rechercher quelle était la loi
applicable au moment de la commission des faits.

Dès l’instant où l’infraction a été réalisé on va appliquer la loi ancienne. En revanche, si l’infraction s’est
réalisée ne serait-ce qu’un seul instant après l’entrée en vigueur de la loi nouvelle=  c’est la loi nouvelle qui
s’applique.

à Dans ce cas le conflit de loi disparait et la loi nouvelle même si elle est plus sévère demeure la seule
applicable.
Il faut donc déterminer le moment de la commission de l’infraction

Mais comment savoir quand l’infraction a été commise ? On peut considérer qu’une infraction est commise
quand elle est consommée : au moment où tous les éléments constitutifs de l’infraction ont été réalisés. Toutes
les infractions ne se consomment pas de la même manière. 

Il y a trois types d’infractions :

 Les infractions instantanées : celles qui se consomment sur un trait de temps généralement assez bref
(= exemple : le vol).  L’intention coupable de l’auteur ne se manifeste qu’une seule fois et tous les
éléments constitutifs sont réunies dans un laps de temps très court.
 

 Les infractions continues : Ce sont les infractions qui persistent aussi longtemps que persiste la
situation infractionnelle et la volonté coupable de l’auteur. Dans l’infraction continue la volonté de
l’auteur de commettre l’infraction se réitère à chaque instant et l’état délictueux ne cesse que lorsque
l’auteur cesse lui-même d’avoir cette volonté coupable de commettre l’infraction. L’infraction continu
a pour particularité d’être pleinement constitués dans tous son élément constitutif à chaque instant
que dure le comportement délictueux (= Exemple : l’infraction de séquestration, elle va durer aussi
longtemps que la victime est privée de sa liberté.)
 

En présence d’une infraction continu on peut se retrouver dans la situation ou l’ infraction a débuté
sous l’empire de la loi ancienne et s’est poursuis sous la loi de la loi nouvelle. Durant ce laps de temps
une loi pénale plus sévère peut entrer en vigueur.

Dans une telle situation on considère que si l’infraction s’est poursuivie ne serait-ce qu’un seul instant
après l’entrée en vigueur de la loi nouvelle alors on considère que l’infraction été commise dans tous
ses éléments constitutifs après l’entrée en vigueur de la loi nouvelle= donc est la loi nouvelle même
lorsqu’elle est plus sévère qui s’applique sans considérer qu’il s’agit-là d’un cas de rétroactivité.

 Les infractions d’habitude : Ce sont des infractions qui nécessite la réalisation de plusieurs actes, actes
qui, pris isolements, ne sont pas punissables. L’infraction n’existe que lorsqu’il y a répétition d’un
acte (ex= les appels téléphoniques malveillante, punissables que s’ils sont réitérés, un seul appel n’est
pas pénalement repréhensible.)

Ici encore cette situation doit donner lieu à des précisions quant à l’application de la loi pénale dans le
temps. Un premier acte non punissable puis un deuxième acte (consommation). On peut avoir une loi
pénal nouvelle qui intervient entre les deux actes.

Dans ce cas, et selon la cour de cassation « il suffit qu’un acte d’habitude ai été réalisé après un acte
en vigueur de la loi nouvelle même si elle est plus sévère pour que cette loi nouvelle puisse
s’appliquer. »

Pas d’atteinte ici non plus au principe de légalité. En matière de récidivité, même raisonnement que la
Cour de cassation

B) L’exception : la rétroactivité de la loi nouvelle plus douce

Exception au principe de la non-rétroactivité de la loi nouvelle Art 112-1 al 3 rétroactivité in mituis :

« Toutefois, les dispositions nouvelles s'appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et
n'ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée lorsqu'elles sont moins sévères
que les dispositions anciennes. ».

Il y a des situations qui ne s’analysent non pas comme des exceptions au principe de la non-rétroactivité de la
loi pénal mais comme des tempéraments au principe.
1. Les tempéraments au principe

 Les lois interprétatives


 

Elles ont pour fonction de préciser la signification de telle ou telle dispositions pénales. Cette loi interprétative
fait corps avec la loi interprété et donc ce texte doit avoir le même champ d’application dans le temps que la loi
qu’il interprète. C’est pour ça qu’elles ne sont pas soumises au principe de la non-rétroactivité.

à Exemple d’un texte interprétatif : Ordonnance du 28 aout 1944 relative à la répression des crimes de guerre.

Cette ordonnance est venue préciser qu’est considérer comme empoisonnement toute expositions dans les
chambres à gazes.

Cette ordonnance a été prise pour venir indiquer en droit commun a quoi correspondait le crime perpétrer par
les criminels de guerres. Elle rétroagit car elle n’est pas soumise au principe de non-rétroactivité de la loi
pénale car elle ne donne pas de nouvelle signification

Loi interprétative : rétroagie.

 Lois déclaratives
 

C’est une loi qui ne contient pas de droit, elle ne créer pas la loi elle se borne à constater sans même
l’interpréter une règle préexistante. C’est une coquille vide, elle vaut aussi bien pour le passé que pour le futur
et n’est pas touché par le principe de la non-rétroactivité de la loi nouvelle.

2. L’exception véritable : le principe de la rétroactivité in mituis

Seule véritable exception au principe de la non-rétroactivité.  Elle est posée par l’article 112-1 al 3 : «
Toutefois, les dispositions nouvelles s'appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et
n'ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée lorsqu'elles sont moins sévères que
les dispositions anciennes.  » 

L’idée c’est que le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale perde sa raison d’être lorsque la loi nouvelle
est moins sévère que la loi ancienne. Plus de menace qui pèse sur les libertés individuelles. C’est une des
premières raisons qui justifient ce principe.

Si l’on se place du point de vue de la société on a une loi nouvelle, une loi qui est adoptée pour adoucir la
répression voir la supprimé dans certains cas. Si le législateur a prévu une loi plus douce c’est qu’il estime que
la loi ancienne était trop sévère donc la société elle-même n’a pas d’intérêt à voir survivre la loi pénale plus
sévère.

Dans ces cas en réalité la rétroactivité in mituis est non seulement possible mais obligatoire : valeur
constitutionnelle au principe de la rétroactivité in mituis.

Néanmoins lorsqu’on observe ce fonctionnement on s‘aperçoit qu’il y a toute fois des limites à ce principe de la
rétroactivité in mituis.

Ces limites sont contenues à l’article 112-1 al 3 : Les faits ne doivent pas avoir donné lieu à une condamnation
définitive passé en force de chose jugé. C’est une condamnation ou il n’est plus possible de revenir et ou les
vois de recours sont épuisés.

Article 112-4 al 2 : «Toutefois, la peine cesse de recevoir exécution quand elle a été prononcée pour un fait qui,
en vertu d'une loi postérieure au jugement, n'a plus le caractère d'une infraction pénale. »
Les personnes vont donc être dispensé de l’exécution cette peine. Toutefois si la peine a cessé de recevoir
exécution (exemple : une amende) on ne peut pas demander une restitution.

                      La loi nouvelle plus sévère de fond : ne rétroagie pas

                      Loi nouvelle plus douce de fond : rétroagie

Encore faut-il déterminer si la loi pénale est plus douce ou plus sévère.

C) L’appréciation de la sévérité de la loi pénale nouvelle

Comment peut-on distinguer les dispositions plus douces et plus sévères ?

1 La distinction entre dispositions plus douces et dispositions plus sévère

1.a) Les dispositions relatives aux incriminations et à la responsabilité pénale

Sont plus douces les lois qui :

 Suppriment une infraction 


 Réduisent le champ d’application d’une incrimination : On crée une condition de plus a l’application de
la répression donc une condition supplémentaire à l’incrimination
 Admettent de nouvelles causes d’irresponsabilité pénales : On crée une situation supplémentaire dans
laquelle la répression pénale ne peut s’appliquer :

En outre, sont plus sévères les lois qui :

 Créent une incrimination 


 Elargissent le champ d’une incrimination 
 Facilitent l’application d’une peine donc prévoit la possibilité de mettre en cause la responsabilité
pénale de nouvelles personnes ( exemple : innovation majeure du nouveau code pénal qui retient la
responsabilité pénale des personnes morales)
 

1. b)  Les dispositions relatives aux peines

Sont plus douces les lois qui :

 Suppriment une peine


 Réduisent son quantum (le montant de la peine, le taux de la peine)
 Qui permettent de nouveaux aménagements des peines car atténuent leur rigueur
 Excluent certaines personnes du champ d’application d’une peine.

Inversement sont plus sévères les lois qui :

 Créent une nouvelle peine 


 Augmentent le quantum
 Suppriment ou limitent l’aménagement des peines

2. Coexistence de dispositions plus douces et plus sévères

Qu’est-ce qu’il faut faire lorsque la loi nouvelle contient la fois des dispositions plus sévère et des dispositions
plus douces

Exemple : une loi nouvelle qui viendrai à la fois crée une circonstance aggravante qui n’existait pas dans la loi
ancienne mais d’un autre coté diminuer la peine encourue pour l’infraction.

Ou bien on augmente le taux de l’amende mais on baisse la durée de la peine privative de liberté.
Il faut regarder si la loi est divisible ou non :  Comment sait-on si la loi nouvelle est divisible ?

Ø  D’une manière générale elle est divisible lorsque ses dispositions n’ont pas le même objet c’est-à-
dire qu’on peut appliquer l’une des dispositions de la loi nouvelle sans avoir à appliquer l’autre.

Exemple : loi dite BERANGER qui est une loi de 1891 cette loi contenait deux innovations elle créait le
sursis ( dispositions nouvelles plus douce) mais en même temps cette loi étend la récidive a la matière
délictuelle ( avant que pour les crimes) donc plus sévère ici.

Cette loi a été considéré comme étant divisible car ses dispositions n’ont pas le même objet en effet
dans une même affaire on peut très bien avoir a appliqué les règles du sursis sans que se pose la
question de la récidive. Ce sont des corps de règle indépendant l’un de l’autre.

Si cette loi est divisible on va pouvoir appliquer un traitement différent. La disposition plus douce va
rétroagir et la disposition plus sévère elle ne rétroagira pas. Donc dans la loi Béranger seules les
dispositions relatives au sursis ont rétroagi.

Ø  Lorsque la loi est indivisible c’est à dire que les disposions ont le même objet ( même infraction).
On ne peut pas appliquer l’une sans l’autre.

Exemple : une loi nouvelle qui pour une infraction diminue la durée de la peine privative de liberté
mais augmente le montant de l’amende.

Dans une telle situation il va falloir que le juge pénal recherche la  tendance dominante de la loi. Il faut
donc s’intéresser si dans son ensemble la nouvelle loi est plus douce ou plus sévère que la loi
ancienne.

Dès qu’une peine privative de liberté est concerné c’est son sort qui va être déterminant pour savoir si
dans son ensemble la loi nouvelle est plus douce ou plus sévère.

o    Peine privative aggravé= loi plus sévère


o    Peine privative amoindris= loi plus douce.
 
Une fois qu’on a déterminer la tendance dominante on va pouvoir déterminer le régime applicable, si
elle est globalement plus douce elle rétroagit dans son ensemble. C’est la loi dans son ensemble c’est-
à-dire avec sa disposition plus douce mais aussi plus sévère.
 
Donc une loi qui augmente l’amende et réduit la peine de privation de liberté. L’auteur encourra une
peine de liberté moins importante mais une peine d’amende aussi. Si la loi est globalement plus
sévère elle ne rétroagi pas du tout.

II. Application dans le temps des lois pénales de forme


Les lois pénales de formes sont toutes les lois qui ne modifie pas les caractéristiques des infractions, elles sont
d’ordre procédurales.

3 principes peuvent être appelés pour régler les questions de conflit dans le temps des lois pénales de forme :

Ø  Principe de survie de la loi ancienne : on considère que la procédure qui a commencé sous l’empire
de la loi ancienne doit se poursuivre sous l’empire de cette loi ancienne.

Le principe de la légalité , qui a force tout autant en procédure qu’en droit de fond, est ici pleinement
respecté.

Ø  Le principe de la rétroactivité de la loi nouvelle : on décide que la loi nouvelle doit rétroagir donc
s’appliquer dès le commencement de la procédure. Il suppose de reprendre la procédure depuis le
début avec la loi nouvelle. à Seules les procédures définitivement clauses échappent à son autorité.
Ø  Le principe d’application immédiate de la loi nouvelle :c’est un système qui conduit a considéré que
tous les actes de procédures réalisé sous l’empire de la loi ancienne demeure valables mais qu’en
revanche les actes futurs de procédure devront être réalisé selon les règles nouvelles.

En principe c’est le principe de l’application immédiate de la loi nouvelle qui est retenu :  Article 112- 4 al 1er :
«L'application immédiate de la loi nouvelle est sans effet sur la validité des actes accomplis conformément à la
loi ancienne.»

Principe : Les lois de procédure nouvelles sont applicables immédiatement à la répression des infractions
commises avant leur entrée en vigueur (art. 112-2 al. 1 du Code pénal), et donc aux procédures en cours.

Applications : Ce principe d’application immédiate concerne :

                        Les
lois de compétence et d'organisation judiciaire, tant qu'un jugement au fond n'a pas été
rendu en première instance (art. 112-2, 1° du Code pénal). Exemple : une loi qui modifie la
compétence d’une juridiction.

                        Les
lois fixant les modalités des poursuites et les formes de la procédure  (art. 112-2, 2° du
Code pénal). Exemple : une loi qui modifie le déroulement de l’instruction.

                        Les
lois relatives au régime d'exécution et d'application des peines (art. 112-2, 3° du Code
pénal). Exemple : une loi qui modifie le calcul des réductions de peines. A noter : Toutefois, ces lois,
lorsqu'elles auraient pour résultat de rendre plus sévères les peines prononcées par la décision de
condamnation, ne sont applicables qu'aux condamnations prononcées pour des faits commis
postérieurement à leur entrée en vigueur.

                        Les
lois relatives à la prescription de l'action publique et à la prescription des
peines seulement lorsque les prescriptions ne sont pas acquises (art. 112-2, 4° du Code
pénal). Exemple : La loi du 27 février 2017 portant réforme de la prescription en matière pénale est
d’application immédiate, et s’applique donc aux infractions commises avant son entrée en vigueur,
tant que le délai de prescription ancien n’était pas écoulé à cette date.

                        Les
règles de forme relatives aux voies de recours, même si le recours est exercé contre une
décision prononcée avant leur entrée en vigueur (art. 112-3 du Code pénal).

A noter : En revanche, les lois relatives à la nature et aux cas d'ouverture des voies de recours ainsi
qu'aux délais dans lesquels elles doivent être exercées et à la qualité des personnes admises à se
pourvoir ne sont applicables qu’aux recours formés contre les décisions prononcées après leur entrée
en vigueur.

En d’autres termes, lorsqu’on est en présence d’une loi qui modifie les voies de recours, la loi
applicable est celle qui était en vigueur au jour où la décision attaquée par voie de recours a été
prononcé.

Exemple : Loi du 15 juin 2000 a permis d’exercer un appel contre les arrêts rendus par les cours
d’assises. Il faut savoir qu’avant cette loi en matières criminelles il n’était pas possible de faire appel.
Jugé en une seule fois.

Instaurant a compté du premier janvier 2001 un appel en matière criminelle. Le texte nous dit que cet
loi nouvelle est applicable aux recours formés contre les décisions prononcées après leur entré en
vigueur. ( voir schéma).

Décision rendue avant l’entrée en vigueur de la loi= impossible

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