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Le principe de la légalité des délits et des peines inscrit à l’article 8 de la Déclaration des droits de
l’Homme et du citoyen , également connu sous le nom de principe de légalité criminelle ou nullum
crimen, nulla poena sine lege, est un principe fondamental du droit pénal. Il constitue une garantie
contre l’arbitraire du pouvoir judiciaire. Développé au 18e siècle par Montesquieu (puis par le pénaliste
italien Cesare Beccaria , il signifie que les justiciables ne peuvent être condamnés par les juridictions
pénales qu'en vertu d'un texte de loi qui doit être suffisamment clair et précis.
Le principe de légalité des délits et des peines signifie qu’une personne ne peut pas être condamnée
pour un fait qui ne constituait pas une infraction au regard du droit national ou international au
moment où il a été
commis → on ne peut être puni que si une loi le prévoit
Justifications du principe
=> 1er bénéficiaire = l’individu:
- Principe a une fonction symbolique vis à vis de l’individu: trace la frontière du licite et de l’illicite.
-Principe contribue au respect de la liberté individuelle: rempart contre l’arbitraire du juge et contre le
pouvoir exécutif.
-Principe exerce une fonction intimidante: place le délinquant devant ses responsabilités.
-Principe joue un rôle éducatif: permet aux individus de connaître les prescriptions de la loi pénale.
=> Principe de la séparation des pouvoirs: pouvoir d’incriminer est un attribut de la souveraineté.
II/ Conséquences du principe de légalité des délits et des peines:
- Obligation de légiférer par des textes précis : Le principe exige que les lois pénales soient
précises, claires et détaillées. Le législateur doit formuler les dispositions légales de manière à ce
qu'elles définissent avec précision les éléments constitutifs des infractions et les sanctions
applicables. Il doit éviter toute ambiguïté ou imprécision dans la rédaction.
- Interdiction de créer des textes rétroactifs: Art 112-1 CPP “sont seuls punissables, les faits
constitutifs d’une infraction à la date à laquelle ils ont été commis.” Pour vérifier que le texte est
antérieur aux faits, il faut ses deux dates (date d’entrée en vigueur du texte et date de
l’infraction).
- La prévisibilité des infractions: La loi pénale doit prévoir une liste des faits répréhensibles en
fonction de sa politique criminelle. Elle doit définir les infractions, quelle que soit leur nature ou
leur gravité, ainsi que les états dangereux. Elle doit également déterminer les règles de
procédure pénale applicables.
- La prévisibilité des sanctions: Les sanctions pénales applicables dans leur nature, leur taux et
leur durée doivent être prévues par la loi. Ce principe s’applique aux peines et aux mesures de
sûreté. Le législateur doit prévoir dans le même texte d’incrimination la nature de la peine et son
quantum (taux et/ou durée). Le législateur doit préciser les modalités du traitement pénal.
La question de l’application de la loi pénale dans le temps est régie par le principe de
non-rétroactivité de la loi pénale, cette question ne pose pas de difficulté dès lors que les faits
sont commis et définitivement jugés sous l’empire d’une loi. Un conflit émerge dès lors que les
faits sont commis sous l’empire de la loi ancienne et ne sont pas définitivement jugés au
moment de la promulgation d’une nouvelle loi. Dans cette hypothèse, quelle loi sera appliquée
?
Le code pénal organise des règles d’application de la loi pénale dans le temps afin de régler
ces conflits.
Dans un conflit de lois, les règles sont distinctes selon qu’il s’agisse d’une loi d’incrimination ou
de pénalité (I), d’une loi relative à l’application des peines (II), une loi relative à la prescription
(III) et d’une loi relative à la compétence ou à la procédure (IV).
Les lois relatives à la prescription sont des lois qui fixent les délais au-delà desquels les
actions en justice ne peuvent plus être intentées pour des infractions ou des demandes
spécifiques.
L’article 112-2 4° du code pénal fixe le régime des lois relatives à l’application dans le temps des
lois de prescription.
L’article 113-2 du code pénal pose le principe selon lequel la loi pénale française
est applicable à toutes les infractions commises sur le territoire de la
République. Il faut réunion de quelques conditions:
Toutes les infractions commises sur le territoire de la République sont régies par
la loi pénale française et ce quelle que soit la nationalité de l’auteur ou de la
victime. Le fait que l’auteur ait déjà été jugé dans un autre pays pour les mêmes
faits n’a pas d’importance. La règle de non bis in idem, pour laquelle, un fait ne
peut faire l’objet de deux déclarations de culpabilité, ne s’applique pas.
La seule exception à l’application du principe de territorialité est l’immunité
diplomatique : les diplomates et leur famille, échappent à la loi pénale française
s’ils commettent une infraction sur le territoire français.
II/ Les infractions commises hors du territoire de la république:
La commission d’une infraction hors du territoire de la République n’exclut pas
forcément la compétence de la loi pénale française. Les articles 113-6 à 113-12 du
code pénal organisent cette compétence en fonction de critères de
rattachement : la compétence personnelle (A), la compétence réelle (B) et la
compétence universelle (C).
A) La compétence personnelle:
Les articles 113-6 et 113-7 du code pénal organisent la compétence de la loi
pénale française pour des infractions commises à l’étranger.
Auteur de l’infraction français = compétence active (a)
Victime de l’infraction française = compétence personnelle passive (b)
a) Compétence active conditions:
- auteur français
- l’infraction doit être un crime ou un délit
- si l’infraction est un délit ils faut une réciprocité d’incrimination =>
cette condition ne joue pas si c’est une infraction sexuelle.
b) Compétence personnelle passive conditions:
- victime française
- l’infraction doit être un crime ou un délit
-pas de de réciprocité
→ Principe de non bis in idem applicable
B) Compétence réelle:
Consacrée à l’article 113-10 du code pénal, la compétence réelle a pour objectif la
défense des institutions étatiques. Ce texte énonce une liste exhaustive
d’infractions pour lesquelles la loi française se déclare compétente quel que soit
le lieu de commission de l’infraction (crimes ou délits portant gravement atteinte
à des intérêts supérieurs français).
C) Compétence universelle:
Organisée par les articles 689-1 à 689-7 du code de procédure pénale, la
compétence universelle donne compétence à la loi pénale de l’Etat sur le
territoire duquel le délinquant a été arrêté.
La compétence des juridictions françaises doit nécessairement être organisée
dans une convention internationale et ne vaut que pour les infractions définies
par la convention (convention de Strasbourg portant compétence universelle en
matière de terrorisme).
En revanche, le principe de non bis in idem trouve sa pleine application.
Sujet n°4: la qualification des faits
La qualification des faits consiste pour le juge à apprécier si les faits commis par la
personne poursuivie correspondent aux éléments de l’infraction, tels qu’ils sont décrits
par des textes ou résultent de son interprétation. Cette étape est importante
puisqu’elle gouverne le régime des poursuites.
L’obligation de qualifier découle du principe de la légalité criminelle. Elle impose au
juge d’indiquer les références du texte applicable en l'espèce.
I/ Les principes généraux de la qualification des faits:
A) L’appréciation de la qualification:
Le juge pénal doit se placer au temps de l’action, au moment où le fait a été commis.
Les circonstances postérieures sont en principe indifférentes.
La qualification pénale doit s’opérer de façon autonome. Le juge pénal ne peut pas lier
les définitions ou mécanismes propres aux autres branches du droit.
B) La modification de la qualification:
Les juridictions pénales sont saisies in rem, du fait matériel et non de sa qualification.
Par conséquent chaque juridiction a le droit et le devoir de vérifier la qualification
proposée et la modifier si elle ne lui parait pas adaptée. La qualification devient
définitive lorsque la décision n’est plus suceptible de recours.
Le principe de l’autorité de la chose jugée et la règle non bis in idem s’opposent à ce
que le fait que les mêmes faits, même autrement qualifiés, donnent lieu à de nouvelles
poursuites.
Lorsque le juge pénal use de son pouvoir de requalification, il ne doit pas modifier la
prévention. Il ne doit pas englober des faits non retenus dans l’acte de saisine, sauf si
le prévenu accepte d’être jugé sur ces faits nouveaux. Lorsque la nouvelle qualification
s’applique aux mêmes faits il faut que le prévenu en soit informé et qu’il soit mis en
mesure de s’expliquer.
Pour qu'une personne soit déclarée pénalement responsable, il faut qu'elle soit
coupable parce qu'elle a commis une infraction qui lui est imputable. Les causes
objectives d'irresponsabilité ou faits justificatifs sont des circonstances réelles,
extérieures à l'agent. L'infraction est justifiée et la personne n'est pas déclarée
responsable. Ces causes qui opèrent in personam n'effacent pas le caractère
punissable des infractions. Celles-ci restent constituées mais la faute ne peut être
imputée à l'auteur de l'acte lorsqu'il ne disposait pas de son libre arbitre ou que celui-ci
était altéré. Il sera déclaré pénalement irresponsable ou verra sa responsabilité
atténuée.
Les faits justificatifs sont de nature à justifier n’importe quelle incrimination et ne
peuvent résulter que de la loi: si seul le législateur peut créer des incriminations,
réciproquement, lui seul peut les neutraliser.
Le Code pénal actuel vise 3 faits justificatifs:
- L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime
- La légitime défense
- L’état de nécessité
I/ L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime:
Un comportement délictueux cessera de l’être parce que c’est la loi elle même qui nous
oblige à avoir ce comportement.
A) Ordre ou autorisation de la loi:
La personne est justifiée dans son acte parce qu’elle l’a accompli sous l’ordre de la loi.
EX= Barreau de la Rpbq commet un assassinat mais sous ordre de la loi donc pas
incriminé.
Mais la loi impose parfois que l’on résiste à un ordre contraire au droit naturel.
EX= en matière de crime contre l’humanité, on ne peut jamais s’exonérer de sa resp
pénale au motif que l’on aurait exécuté un ordre.
Cette autorisation a vertu justificative lorsqu’elle est explicite et précise.
EX= les commissaires ne commettent pas de violation d’un domicile lorsqu’ils y sont
autorisés par la loi (mandat de perquisition).
La loi autorise un comportement normalement incriminé lorsque celui-ci est justifié
par un usage.
EX= mauvais traitement des animaux incriminé, sauf quand c’est une tradition locale:
combat de coqs, course de taureaux…
B) Commandement de l’autorité légitime:
L’autorité légitime est une autorité publique (civil ou militaire).
On ne peut pas s’exonérer du caractère délictueux d’une action commandée par une
autorité privée. EX= ordre d’un employeur, d’un père…
L’autorité civil ou militaire doit être légalement instituée.
a) Commandement légal de l’autorité légitime
Le commandement de l’autorité légitime peut avoir vertu justificative lorsqu’il est prévu
par la loi elle-même. EX= un chef d’Etat public incarcère tous les jours des condamnés.
Enfermer quelqu’un entre 4 murs est une incrimination de séquestration mais ici c’est
la loi qui l’ordonne.
b) Commandement illégal de l’autorité légitime:
En principe, si un commandement est illégal, le subordonné ne devrait pas être justifié.
EX= ordinairement, dans l’ancien code pénal, celui qui exécute ce commandement
donc auteur de l’infraction ne pouvait pas être sanctionné par une peine, sauf son
complice donc l’autorité légitime qui lui a donné ce commandement.
Le Code pénal actuel ne maintient cette solution qu’en matière de crime contre
l’humanité.
+Solution nouvelle: “n’est pas pénalement responsable la personne qui a accompli un
acte sous commandement de l’autorité légitime sauf si cet acte est manifestement
illégal.”
I/Conditions de la tentative:
La Cour de cassation exige depuis 1962 l’existence d’un lien de causalité entre l’acte
commis et l’infraction. Il doit être « direct et immédiat par rapport à l’infraction
supposée tentée ou tendre à l’intention de la commettre » (Cass. crim., 25 octobre 1962,
Lacour)
A/ L’infraction manquée
Une infraction manquée sera traitée comme une tentative. En effet, même si tous les
actes matériels et moraux de l’infraction ont été réalisés, le résultat fait défaut en ce
que l’auteur a commis une erreur dans la réalisation de l’infraction. Il peut s’agir d’une
personne qui a manqué sa cible, alors qu’elle voulait lui tirer dessus avec une arme à
feu.
B/ L’infraction impossible
L’infraction impossible est aussi considérée comme une tentative punissable. L’auteur
n’était pas informé de l’existence d’un élément empêchant l’infraction d’être
consommée. Ainsi, son intention ne fait pas défaut pour autant, et le résultat est
indépendant de sa seule volonté.
Cette situation a été parfaitement illustrée par un arrêt célèbre, dit Perdereau, du 16
janvier 1986 rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation.
Art 121-4 du CP précise qu’est réputé être auteur de l’infraction, « la personne qui tente
de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit ».
Ainsi, toute personne qui remplit les conditions de la tentative de l’art 121-5 du CP est
auteur de l’infraction.
Cet auteur sera :
● Toujours punissable pour un crime ;
● À condition que la loi réprime la tentative dans le cas d’un délit.
L’art 121-4 énonce également une autre règle : tous les crimes peuvent être tentés, alors
💡
que la tentative des délits doit être spécialement prévue par la loi.
La tentative de contravention n’est jamais punissable.
Punir la tentative, c’est éviter l’impunité pour un défaut de résultat de l’infraction. C’est
admettre que manquer la commission d’une infraction n’annule pas, de facto,
l’intention ayant motivé le passage à l’acte.
En ce sens, le législateur tend davantage à réprimer la volonté de nuire. De ce fait,
l’auteur de la tentative encourt les mêmes peines que l’auteur de l’infraction
consommée.
Par exemple, le meurtre et la tentative de meurtre sont passibles de la même peine,
bien que leur résultat soient différent, c'est-à-dire 30 ans de réclusion criminelle.
Sujet n°8: L'élément moral et les causes de non-imputabilité
Il ne suffit pas d’avoir été l’auteur du comportement puni par la loi pour engager sa
responsabilité pénale. Au sein des éléments constitutifs de l’infraction, il existe
également un élément moral (Cons. Const., 16 juin 1999, n° 99-411 DC). L’élément moral de
l’infraction comprend :
● l’imputabilité : l’agent doit avoir eu conscience de ce qu’il faisait.
● la culpabilité : l’agent doit avoir commis une faute.
I/L’imputabilité
Pour engager sa responsabilité pénale, l’auteur du comportement puni par la loi doit
avoir agi selon sa propre volonté et être doté de discernement ; il doit être capable de
comprendre les conséquences de ses actes. Ne seront donc pas pénalement
responsables :
N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits,
d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle
de ses actes art 122-1 CP. Il faut donc 2 conditions pour que le trouble mental entraîne
l’irresponsabilité pénale :
● Le trouble mental doit avoir existé au moment des faits. A noter :
● Il n’a pas nécessairement à être permanent (exemple : la schizophrénie).
Il peut tout à fait être temporaire (exemples : une crise de paranoïa, de
somnambulisme) ; il doit simplement avoir existé au moment des faits.
● L’ivresse est toutefois un cas particulier. Dans cette hypothèse, on tient
compte de la volonté de l’agent dans l’abolition de son discernement.
Si l’agent s’est volontairement enivré afin de commettre une infraction,
voire s’il a seulement eu conscience de cet enivrement sans l’avoir
recherché, il sera pénalement responsable. A l’inverse, s’il s’est enivré
sans en avoir eu conscience, il ne sera pas pénalement responsable.
Exemple : l’agent qui a consommé une boisson en ne sachant pas
qu’elle contenait de l’alcool.
● Le discernement doit avoir été totalement aboli ; il faut que le trouble ait
supprimé la conscience ou le contrôle des actes. A noter que la personne qui
était atteinte, au moment des faits, d’un trouble mental ayant simplement
altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure
pénalement responsable. Mais le juge tient compte de cette circonstance
lorsqu’il détermine la peine et en fixe le régime ; il peut décider de diminuer la
peine encourue (art 122-1 CP).
b) La minorité
- les mineurs d’au moins 13 ans sont présumés être capables de discernement
Il s’agit de présomptions simples, qui peuvent donc être renversées. Dès lors, un mineur
de moins de 13 ans est par principe considéré comme irresponsable, sauf si le juge
dispose d’éléments attestant de son discernement. Cette notion de discernement est
aujourd’hui définie à l’article L11-1 al 3 du Code de la justice pénale des mineurs, selon
lequel « est capable de discernement le mineur qui a compris et voulu son acte et qui
est apte à comprendre le sens de la procédure pénale dont il fait l’objet ».
c) La contrainte
N’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou
d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister (article 122-2 du Code pénal).
a) La faute intentionnelle
La faute non intentionnelle résulte d’une imprudence. Elle peut consister en une
imprudence simple ou en une imprudence qualifiée.
La faute délibérée est la faute la plus grave. Il s’agit d’une faute non intentionnelle,
mais la personne a tout de même conscience du résultat pouvant découler de son
acte. Elle correspond à une « violation manifestement délibérée d’une obligation
particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement » (article 121-3
alinéa 4 du Code pénal).Elle permet la répression même si le résultat ne se produit pas :
le fait, par cette faute délibérée, d’exposer directement autrui à un risque immédiat de
mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité
permanente, est une infraction (art223-1 CP ). Elle est réprimée plus sévèrement que la
faute simple : lorsque le résultat s’est produit, le fait qu’il résulte d’une faute délibérée
constitue une circonstance aggravante. Un exemple de faute délibérée pourrait être
celui d'un conducteur qui, en état d'ébriété avancée, décide de prendre le volant en
sachant pertinemment qu'il peut causer des dommages ou des blessures à autrui.
La faute caractérisée, quant à elle, est celle qui exposait autrui à un risque d’une
particulière gravité qui ne pouvait être ignoré (art 121-3 al 4 CP). Elle est moins grave
que la faute délibérée dans le sens où la personne n’avait pas conscience du résultat
pouvant découler de son acte. Mais elle ne pouvait ignorer le risque. Pour engager la
responsabilité pénale des « personnes physiques qui n’ont pas causé directement le
dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la
réalisation du dommage ou qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter »
(article 121-3 alinéa 4 du Code pénal), il faut soit une faute caractérisée, soit une faute
délibérée. Une faute simple n’est pas suffisante. Par exemple, un maire poursuivi du
chef de blessures involontaires pour ne pas s’être assuré de la stabilité d’une cage de
buts mobiles dont la barre transversale avait blessé un enfant ne sera punissable
pénalement qu’en cas de faute caractérisée ou délibérée (Cass. crim., 4 juin 2002).
Sujet n°0: La complicité
La complicité est une forme de participation criminelle par laquelle un individu, le complice,
aide, en toute connaissance de cause, une autre personne à accomplir un acte délictueux. Le
complice ne commet pas lui-même l'infraction. Il n'intervient qu'à titre secondaire dans la
réalisation de l'acte qui est commis par l'auteur principal.
L'acte matériel de complicité est distinct de l'élément matériel de l'infraction commise.
conditions
Deux séries de conditions doivent être remplies pour que la complicité soit punissable : un fait
principal punissable et une participation intentionnelle du complice à ce fait délictueux.
I/ Un fait principal punissable
Le fait principal punissable dont l'individu se rend complice doit tomber sous le coup de la loi
pénale. Autrement dit, il doit s'agir d'une infraction. Pour pouvoir condamner le complice, les
juges doivent constater l'existence de ce fait principal punissable.L'infraction en question doit
être un crime ou un délit. La complicité de contravention n'est punissable que s'il s'agit d'une
complicité par instigation (voir la partie sur les formes de la complicité).Le fait principal doit
être simplement « punissable », pas forcément « puni ». L'auteur principal peut ne pas être puni,
soit parce qu'il est inconnu, soit parce qu'il est mort…
II/ Une participation intentionnelle
La complicité doit résulter d'un acte de commission. Une omission ne peut caractériser la
complicité. Le simple « spectateur » d'une infraction qui n'est pas intervenu pour l'empêcher
n'est pas un complice. En revanche, il peut se voir reprocher le délit d'omission de porter
secours à personne en danger (en tant qu'auteur).
L'acte de complicité doit être antérieur ou concomitant à la commission de l'infraction, jamais
postérieure. Ainsi, l'acte de complicité doit intervenir avant ou en même temps que l'acte
principal. L'aide postérieure (aide à la fuite de l'auteur) n'est répréhensible au titre de la
complicité que si elle résulte d'un accord antérieur à la commission de l'infraction (entente
préalable entre l'auteur et son complice).
Exemple : le conducteur d'un véhicule qui attend l'auteur d'un hold-up pour l'éloigner
rapidement des lieux de l'infraction.
En outre, le complice doit être conscient qu'il aide à la commission d'une infraction pénale.
Exemple : celui qui prête un fusil de chasse à un ami pour chasser ne sera pas complice du
meurtre perpétré avec cette arme par cet ami.
Les formes de complicité en droit pénal
En vertu de l'article 121-7 du Code pénal, la complicité peut prendre plusieurs formes : l'aide ou
l'assistance qui facilite la préparation ou la consommation de l'infraction. Il doit s'agir d'un acte
positif qui consiste le plus souvent dans la fourniture de moyens permettant la réalisation de
l'infraction principale.
Exemple : un individu qui fournit une arme pour permettre à une autre de commettre un
meurtre.
Il peut s’agir de la provocation à commettre l'infraction ou la fourniture d'instructions pour la
commettre. L'article 121-7 du Code pénll précise que ce type de complicité peut prendre la forme
de don, promesse, menace, ordre, abus d'autorité ou de pouvoir.
Dans ce cas, le complice est l'instigateur : il donne des instructions à une autre personne qui
accomplit l'infraction.
Exemple : le commanditaire d'un assassinat.
La répression de la complicité en droit pénal
Malgré cette distinction entre l'auteur et le complice sur le plan matériel, le complice est
assimilé, sur le plan de la répression, à l'auteur principal.
En effet, l'article 121-6 du Code pénal prévoit que le complice est « punissable comme auteur ».
Ainsi, le complice encourt les mêmes peines que s'il était l'auteur principal.
Dans la pratique en revanche, les juges se montrent plus indulgents à l'égard du complice qu'à
l'égard de l'auteur principal, de sorte qu'il est souvent puni moins sévèrement.
Sujet n°1: Les compétences au sein de l’UE
L'Union européenne (UE) est une organisation supranationale qui regroupe
actuellement 27 États membres. Depuis sa création, l'UE a acquis des compétences
dans divers domaines, ce qui lui permet d'exercer une influence considérable sur les
politiques et les législations nationales de ses États membres. Les compétences de l'UE
sont définies par les traités fondateurs, qui établissent les pouvoirs et les
responsabilités de l'UE dans différents domaines.
● L'UE possède un système de répartition des compétences entre les États membres et
l'Union elle-même.
● Selon le principe de l'Union de droit, l'Union ne peut exercer que les compétences qui lui
sont expressément attribuées par les États membres.
● Cela signifie que l'Union européenne n'est pas souveraine et que les États membres
conservent leur souveraineté et décident des compétences qu'ils transfèrent au niveau
européen.
● La répartition des compétences repose sur le principe de la compétence d'attribution de
l'Union.
● L'Union européenne a une compétence d'attribution, ce qui signifie que les compétences
lui ont été attribuées par les États membres de manière volontaire.
● Les États membres ont décidé de s'unir et de former l'UE, et ils ont déterminé les
compétences à attribuer à cette dernière.
● Ce principe est affirmé dans l'article 5 du Traité sur l'Union européenne (TUE).
● Chaque institution de l'Union agit dans les limites des attributions qui lui sont conférées
dans les traités, comme le précise l'article 13, paragraphe 2, du TUE.
● Ce principe d'attribution s'applique tant verticalement (entre les États membres et l'Union)
qu'horizontalement (entre les institutions de l'UE).
● Il convient de noter que dès l'établissement des communautés européennes en 1957, les
rédacteurs des traités ont prévu des mécanismes pour éviter une trop grande rigidité
dans la répartition des compétences.
● Ainsi, l'article 352 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) prévoit
une clause de flexibilité qui permet d'adapter les compétences de l'UE pour atteindre
certains objectifs visés par les traités.
● Cette adaptation des compétences a joué un rôle important dans l'histoire de l'Union
européenne, permettant des avancées dans différents domaines.
● Cependant, il existe des limites à l'adaptation des compétences.
● Par exemple, l'article 352 interdit l'harmonisation législative et réglementaire par cette
voie.
● De plus, la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) ne peut pas faire l'objet
d'une adaptation de compétence.
● La détermination de la base juridique est également un élément clé dans l'exercice des
compétences de l'Union européenne.
● Lorsque les institutions de l'Union agissent, elles doivent s'appuyer sur une base
juridique clairement définie.
● La Commission européenne est généralement responsable du choix de la base juridique.
● Cependant, ce choix peut faire l'objet de contentieux portés devant la Cour de justice de
l'Union européenne, qui examine la validité de l'acte juridique de l'UE.
● La Cour de justice considère que la base juridique doit être fondée sur des éléments
objectifs, en prenant en compte le but et le contenu de l'acte.
● En résumé, les compétences de l'Union européenne sont déterminées par les États
membres et elles sont limitées aux domaines qui leur ont été attribués.
● L'Union européenne ne peut agir que dans le cadre de ces compétences et doit respecter
les procédures établies pour l'adaptation et l'exercice de ces compétences.
II/ Les diverses catégories de compétences:
Introduction :Le droit de l'Union européenne repose sur un ordre juridique propre,
intégré aux systèmes juridiques des États membres. Le droit primaire, principale source
du droit de l'UE, est formé principalement par les traités. Il existe également des
protocoles annexés aux traités qui jouent un rôle important dans l'ordre juridique
européen.
I/ Le droit primaire : la source suprême du droit de l'Union
A) Les traités relatifs à l'Union européenne:
Les deux traités fondamentaux sont le Traité sur l'Union européenne (TUE) et le Traité
sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). Le TUE, ajouté aux traités de
Rome, a été suivi du Traité de Lisbonne, qui a conféré à l'UE une personnalité juridique.
Le TFUE est principalement basé sur le Traité de Rome. On distingue également les
traités réformateurs (Traité de Nice, Traité d'Amsterdam) et les traités d'adhésion.
B) Les protocoles annexés aux traités:
ils sont négociés en même temps que les traités et ont la même valeur que ces derniers,
conformément à l'article 2 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Ils sont
nombreux et revêtent une importance significative. Certains protocoles essentiels
portent sur la proportionnalité et la subsidiarité, le système européen des banques
centrales, et fixent les règles monétaires. Les déclarations annexées aux traités ont une
portée symbolique/indicative, notamment la Déclaration n°17 sur le principe de
primauté des traités et du droit de l'Union sur le droit des États.
C) Les caractéristiques du droit primaire:
Le droit primaire occupe le sommet de la hiérarchie des normes et est considéré
comme la charte constitutionnelle de base de l'Union européenne. Les traités
fondateurs valent comme une constitution, étant à l'origine du droit de l'UE. Le droit
dérivé est soumis au contrôle de légalité du droit primaire. Les dispositions du droit
primaire ne peuvent être modifiées ou abrogées que par les procédures prévues par les
traités.
D) Les rapports entre les traités et leur spécificité
- Les rapports entre les traités fondamentaux: Le TUE et le TFUE sont indépendants et
étanches l'un par rapport à l'autre, comme le prévoit l'article 40 du TUE. Les dispositions
des actes d'adhésion doivent être interprétées à la lumière des fondements et du
système de la communauté.
- Les rapports entre les traités européens et les traités internationaux: Formellement,
les traités européens sont des traités, mais la Cour de justice de l'Union européenne
(CJUE) reconnaît la spécificité de l'ordre juridique européen. L'Union européenne
respecte le droit international, les conventions internationales, la Charte des Nations
Unies, et contribue à la paix, à la sécurité et au développement durable.
E) L'autonomie du droit de l'Union européenne:
La CJUE affirme que le droit de l'Union européenne respecte les résolutions des
Nations Unies, les principes du droit international et les droits fondamentaux. L'Union
dispose d'un système complet de voies de recours et est la seule à pouvoir interpréter
les rapports de conformité entre le droit de l'Union et le droit international. Ainsi,
l'autonomie du droit de l'Union est conservée.
DONC:
Le droit primaire, formé principalement par les traités et complété par les protocoles
annexés, constitue la source suprême du droit de l'Union européenne. Il occupe le
sommet de la hiérarchie des normes et est intégré aux systèmes juridiques des États
membres. L'ordre juridique européen est supérieur à l'ordre juridique interne des États.
Le droit de l'Union européenne respecte le droit international tout en préservant son
autonomie
II/ Les accord externes de l’UE deuxième source de l’UE:
● Les accords externes de l'Union européenne sont une source majeure du droit de
l'UE après le droit primaire.
● Ces accords découlent des compétences externes de l'Union et sont conclus avec
des pays tiers ou des organisations internationales.
● Environ 2000 à 2500 accords sont signés et en vigueur entre l'Union et d'autres
États.
● Les accords peuvent couvrir différents domaines tels que le commerce et la
coopération.
● L'Union peut conclure des accords externes en vertu de l'article 216-1 du TFUE, qui
prévoit que cela peut être fait pour réaliser les objectifs des traités.
● Les accords externes lient à la fois les institutions de l'Union et les États membres.
● Avant de conclure un traité, la Cour de justice de l'Union européenne peut être
saisie pour vérifier si l'accord respecte le droit primaire de l'Union.
● Le droit découlant des accords externes ne peut pas être contredit par le droit
dérivé de l'Union.
● Ainsi, les accords externes ont une influence directe et contraignante sur l'ordre
juridique européen.
Il y a également des actes non législatifs au sein du droit dérivé, tels que les actes
délégués et les actes d'exécution. Les actes délégués sont adoptés par la Commission
européenne et complètent ou modifient des éléments non essentiels des actes
législatifs. Les actes d'exécution sont des actes de mise en œuvre qui peuvent être
adoptés par la Commission ou par les États membres. Enfin, il existe des actes
d'application directe du traité, qui permettent la mise en œuvre directe du droit des
traités par le Conseil.
Il convient de noter que le traité de Lisbonne a introduit une hiérarchie formelle des
actes de droit dérivé, avec les actes législatifs adoptés par la procédure législative
comme les plus importants. Le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne
sont les co-législateurs de l'Union et peuvent révoquer une délégation de pouvoir ou
s'opposer à un acte délégué. La Cour de justice de l'Union européenne joue un rôle
important dans l'interprétation et l'application du droit dérivé.
Dans l'Union européenne, il y a une dualité de représentants : le Conseil qui représente les
États membres et le Parlement européen qui représente les peuples des États membres. Cette
dualité fonctionnelle crée deux pôles de légitimité.
La procédure de consultation est utilisée lorsque le Conseil se prononce à l'unanimité sur une
question spécifique. Dans ce cas, le Parlement européen émet un avis consultatif qui n'est pas
contraignant. Cependant, le Conseil doit consulter le Parlement européen avant de prendre sa
décision. Cette procédure de consultation est utilisée pour des questions sensibles qui
touchent généralement aux intérêts nationaux des États membres. Par exemple, la fiscalité est
soumise à la règle de l'unanimité au sein du Conseil.
La procédure d'approbation est utilisée dans différents contextes. Tout d'abord, pour les
accords externes de l'Union européenne, tels que les accords d'association ou d'adhésion, le
Parlement européen doit donner son approbation pour que ces accords soient adoptés. En
général, la quasi-totalité des accords externes sont soumis à l'approbation du Parlement
européen.
De plus, la procédure d'approbation est également utilisée pour sanctionner les États membres
qui ne respectent pas les valeurs de l'Union européenne, conformément à l'article 7 du TUE. Si
des sanctions doivent être prises, elles doivent être approuvées par le Parlement européen.
La procédure d'approbation est également utilisée pour l'adaptation des compétences de l'UE,
conformément à l'article 352 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). Si
des mesures doivent être prises dans un domaine pour atteindre les objectifs des traités, le
Conseil décide à l'unanimité, mais cela nécessite également l'approbation du Parlement
européen.
Le processus législatif de l'UE est complexe et vise à assurer l'équilibre entre les intérêts des
États membres et ceux des citoyens européens. Le Parlement européen joue un rôle de plus en
plus important dans ce processus, reflétant le renforcement de la dimension démocratique de
l'Union européenne.
Sujet n°4: La fonction exécutive au sein de l’Union
La fonction exécutive de l'Union européenne repose sur deux voies distinctes : l'exécution peut
être assurée soit par la Commission européenne, pour garantir une exécution uniforme, soit
par les États membres à travers leur réglementation nationale. Dans les deux cas,
l'administration nationale met en œuvre le droit de l'Union européenne en contrôlant et
sanctionnant son application.
Pour clarifier cette situation, plusieurs accords interinstitutionnels ont été conclus, et le
règlement du 16 février 2011 est devenu central pour comprendre l'exécution des actes législatifs
de l'Union après le traité de Lisbonne. Ce règlement fixe le cadre juridique en se basant sur
l'article 17 du traité sur l'Union européenne (TUE), qui établit la Commission comme l'organe
exécutif de principe, et sur l'article 290-1 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
(TFUE), qui permet à la Commission d'adopter des actes délégués.
Les actes délégués sont des actes non législatifs de portée générale qui complètent ou
modifient certains éléments non essentiels des actes législatifs délégués par le Conseil. Le
Parlement et le Conseil ont la possibilité de s'opposer à ces actes délégués dans un délai de
deux mois. La Cour de justice de l'Union européenne a précisé que l'appréciation de la notion
"non essentielle" des éléments relève de considérations politiques. De plus, la délégation peut
faire l'objet d'un contrôle juridictionnel, et le Parlement a le pouvoir de révoquer un acte
délégué.
En ce qui concerne les actes d'exécution, la Commission est juridiquement liée par les comités
qui les accompagnent. On distingue deux procédures de comitologie : la procédure
consultative, où les comités d'experts nationaux donnent un avis à la Commission, et la
procédure d'examen, qui concerne des mesures générales d'exécution ayant une incidence
notable dans des domaines sensibles. Dans cette procédure, la Commission soumet son projet
d'acte aux comités, qui doivent se prononcer dans un délai de deux mois. Si un comité émet un
avis défavorable, la Commission doit saisir un comité d'appel. La décision finale sur l'adoption
de l'acte revient à une majorité qualifiée des États membres.
En ce qui concerne l'exécution par les États membres, l'article 291-1 du TFUE stipule que les
États doivent prendre toutes les mesures internes nécessaires pour mettre en œuvre les actes
juridiquement contraignants de l'Union. Il s'agit de la reconnaissance du rôle des États dans
l'exécution du droit de l'Union européenne. L'objectif de l'intégration européenne est que ce
droit soit effectivement appliqué, même si les modalités d'exécution varient d'un État à l'autre.
En résumé, la fonction exécutive de l'Union européenne est exercée soit par la Commission
européenne, qui dispose de la compétence d'exécution de principe, soit par les États membres.
Les actes délégués et les actes d'exécution sont les instruments utilisés pour assurer cette
fonction. La comitologie joue un rôle important dans la consultation des États et la prise de
décision lors de l'exécution. Le Parlement européen dispose d'un droit de regard, mais le
contrôle sur l'exécution est plus limité. L'objectif global est de garantir l'application effective du
droit de l'Union européenne.
Sujet n°5: Le principe de primauté du droit européen de l’Union
Le principe de primauté du droit de l'Union européenne est un concept fondamental qui
établit que le droit européen prime sur le droit national des États membres. Ce principe a été
développé par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) au fil de sa jurisprudence.
L'arrêt Costa c. ENEL de 1964 a joué un rôle essentiel dans l'établissement du principe de
primauté. Dans cette affaire, la CJUE a statué que le droit de l'Union européenne est autonome
et possède sa propre source juridique distincte. Par conséquent, le droit issu des traités
européens ne peut être remis en question par des lois nationales postérieures. La CJUE a
énoncé la règle suivante : « Issu d'une source autonome, le droit né du traité ne pourra donc, en
raison de sa nature spéciale originale, se voir judiciairement opposé à un texte interne quel
qu'il soit sans prendre son caractère communautaire et sans que soit mise en cause la base
juridique de la communauté ».
Un autre arrêt important est celui du 16 décembre 1960, Humblet, où la CJUE a affirmé que le
droit européen prime sur la législation nationale en matière fiscale. Cet arrêt démontre la
portée du principe de primauté, qui s'étend aux domaines économiques et fiscaux.
Le principe de primauté du droit de l'Union européenne revêt une portée générale et interne.
En d'autres termes, il s'applique à l'ensemble du droit de l'Union, y compris le droit primaire (les
traités), les accords externes, le droit dérivé (règlements, directives) et les traités internationaux
conclus par l'Union. De plus, il règle les conflits de normes qui impliquent les compétences
partagées entre l'Union et les États membres, ainsi que les normes constitutionnelles
nationales.
Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la Charte des droits fondamentaux de l'Union
européenne a acquis une portée contraignante. La Cour de justice peut maintenant s'appuyer
sur cette charte pour assurer une protection adéquate des droits fondamentaux, évitant ainsi
un conflit entre la primauté du droit de l'Union et la protection des droits fondamentaux
nationaux. L'arrêt Melloni de 2013 illustre cette approche en précisant que l'application du droit
de l'Union ne doit pas porter atteinte à la protection des droits fondamentaux garantis par les
constitutions nationales.
L'arrêt Fraisse a soulevé des incertitudes, car il indique que les Traités internationaux ne
sont pas supérieurs à la Constitution, mais cela concerne les Traités internationaux et
non les Traités européens. La question se pose de savoir si la Cour de cassation fera une
distinction pour le droit de l'Union européenne.
L'ordre juridique français est intégré à l'ordre juridique de l'Union européenne. Le Conseil
constitutionnel reconnaît cette intégration, mais il existe une contradiction entre la
Constitution et un acte réglementaire qui transpose le droit de l'Union européenne. Le
Conseil d'État effectue un contrôle de constitutionnalité du droit dérivé en demandant à
la CJUE si la directive respecte un principe comparable à celui de l'égalité devant la loi.
L'arrêt SCEA du Chéneau introduit une dérogation à l'arrêt Setafonds, permettant au juge
judiciaire de poser une question préjudicielle à la CJUE et d'écarter un acte administratif
contraire au droit de l'Union européenne.
En résumé, la primauté du droit de l'Union européenne sur le droit national est reconnue, mais
des incertitudes persistent quant à sa relation avec la Constitution française. Le juge judiciaire
et le juge administratif assurent le contrôle de conventionnalité et peuvent écarter les actes
contraires au droit de l'Union européenne.
Sujet n° 6: Le principe de l’effet direct du droit européen de l’Union
En droit communautaire (droit de l'Union européenne), l'effet direct d'une norme est
également appelé applicabilité directe de cette norme.
Le principe de l'effet direct du droit communautaire a pour objectif d'harmoniser les
législations nationales plus rapidement, pour permettre l'efficacité du droit européen.
Pour cette raison, la Cour de justice de l'Union européenne en a une conception
extensive.
Bon à savoir : alors que le droit international ne produit d'effet direct que par exception,
le droit communautaire est présumé d'effet direct.
Bon à savoir : l'effet direct peut être complet (vertical et horizontal) ou partiel.
Mais toutes ne bénéficient pas de l'effet direct : il faut en outre que la règle
communautaire soit claire, précise et inconditionnelle.
- Les règlements
L’article 288 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dispose que « le
règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et il est
directement applicable dans tout État membre ».
Le règlement a un effet direct complet (vertical et horizontal)
- Les décisions
Concernant les décisions, la Cour de justice, dans un arrêt Grad du 6 octobre 1970, a
posé une distinction :
les décisions adressées aux particuliers ont un effet direct complet ;
les décisions adressées à un État membre ont un effet direct vertical.
- Les accords internationaux
Les accords internationaux conclus au niveau de l'Union européenne ont un effet direct
si leurs dispositions sont suffisamment opérationnelles, c'est-à-dire précises et
inconditionnelles, n'appelant pas de mesures complémentaires. L'effet direct est refusé
dès lors que l'État possède une marge de manœuvre concernant la mise en œuvre de la
disposition en question.
Bon à savoir : les avis et recommandations ne bénéficient pas du principe de l'effet
direct car ils n'ont pas d'effet contraignant vis-à-vis de leur destinataire.
Sujet n° 7: Le contentieux de l’Union européenne
Procédure:
La procédure devant les juridictions de l’union est mixte(orale+écrite); semblable pour
tous les recours directs, contradictoire, inquisitoire et gratuite (pas de droit
d’inscription). Les parties doivent obligatoirement être représentées devant les
juridictions de l’union:
- EM+ Institutions de l'UE + Etats tiers = représentés par un agent nommé pour
chaque affaire.
- Personnes physiques/ morales= représentées par un avocat inscrit au barreau
d’un EM.
La procédure se décompose en 2 phases distinctes :
- Le délibéré (écrit)
- Le prononcé de l’arrêt (oral)
I/ Le recours en annulation:
Le recours en annulation est une procédure juridictionnelle par laquelle la Cour de justice de
l'Union européenne contrôle la légalité d'un acte décisionnel adopté par une institution, un
organe ou un organisme de l'Union européenne.
A) Une acte attaquable:
Le contrôle de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) peut porter sur la légalité des
actes législatifs, mais aussi sur celle des actes adoptés par le Conseil, la Commission, la
Banque centrale européenne, le Parlement européen et le Conseil européen lorsqu'ils sont
destinés à produire des effets juridiques à l'égard des tiers. Ce contrôle s'étend aux actes
adoptés par les organes ou organismes européens destinés à produire des effets à l'égard des
tiers.
Les recommandations et les avis sont cependant exclus du contrôle exercé par la CJUE.
Le recours en carence est une procédure juridictionnelle par laquelle la Cour de justice de
l'Union européenne contrôle la légalité de l'inaction d'une institution, d'un organe ou d'un
organisme de l'Union européenne.
Le recours en manquement est une procédure juridictionnelle par laquelle la Cour de justice
de l'Union européenne contrôle le respect par les États membres des obligations qui leur
incombent en vertu du droit européen.
A) Manquement imputable à l’Etat:
Le manquement est apprécié largement par la Cour de justice. Il peut être intentionnel ou être
le fruit de négligences. Il peut procéder de comportements positifs (actions) ou négatifs
(abstentions ou omissions). Le manquement doit être imputable à l'État. Cette notion est
également interprétée largement par la Cour de justice puisqu'elle englobe l'ensemble des
organes de l'État, ainsi que ses entités infra-étatiques. L'exception de force majeure peut être
invoquée par l'État défendeur pour justifier un manquement. Cependant, cette cause
d'exonération est interprétée strictement.
B) Phase précontentieuse
Lorsque la tentative de règlement amiable échoue, la Commission adresse une lettre de mise
en demeure à l'État membre qui fixe l'objet du litige, ainsi qu'un délai au terme duquel l'État
devra avoir présenté ses observations ou s'être conformé à ses obligations. À défaut, la
Commission pourra émettre un avis motivé. Ce dernier précise les raisons de fait et de droit
retenues pour constater l'existence du manquement mais ne précise pas forcément les
mesures qui permettraient d'y mettre fin. Il prévoit également un délai raisonnable pour
permettre à l'État d'adapter son droit ou préparer sa défense. S'il n'est pas mis fin au
manquement à l'expiration de ce délai, la Commission appréciera librement l'opportunité
d'engager une procédure.
C) Phase contentieuse:
La Commission n'a pas à démontrer un intérêt à agir pour saisir la Cour. Dès lors que le délai
prévu par l'avis motivé est expiré, elle peut le faire à n'importe quel moment et par le biais
d'une requête reposant sur les griefs arrêtés pendant la phase précontentieuse. La charge de
la preuve pèse sur la Commission.L'existence du manquement s'apprécie au jour de l'expiration
du délai prévu par l'avis motivé. Ainsi, toute régularisation ultérieure ne fait pas perdre son
intérêt au recours et la Cour peut se prononcer lorsque cela est utile pour établir, par exemple,
la responsabilité de l'État.
Les autres recours directs font référence à des procédures de contentieux de pleine
juridiction qui permettent aux parties de saisir directement la Cour de justice de l'Union
européenne (CJUE) pour certains litiges.
Cela concerne les fonctionnaires qui travaillent pour les institutions de l'Union
européenne et qui peuvent avoir des litiges avec leur autorité hiérarchique. En vertu de
l'article 270 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), la CJUE est
compétente pour connaître du contentieux de la fonction publique. Cela signifie que les
fonctionnaires de l'Union peuvent saisir directement la CJUE en cas de litige avec leur
employeur.
Cela concerne les litiges de responsabilité impliquant l'Union européenne. Il existe deux
types de recours en responsabilité :
● Règle contractuelle : L'article 272 du TFUE prévoit une clause compromissoire qui
permet aux parties de soumettre leurs litiges contractuels à la compétence de la
CJUE.
● Règle extracontractuelle / en indemnité : L'article 340 du TFUE stipule que l'Union
européenne peut être tenue responsable des dommages causés dans le cadre de
son activité, et doit réparer ces dommages conformément aux principes généraux
de droit communs aux États membres de l'Union. Pour engager un recours en
indemnité contre l'Union, il faut prouver l'existence d'un fait dommageable, d'un
préjudice et d'un lien de causalité entre les deux.