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Sujet n°1: Le principe de légalité des délits et des peines

Le principe de la légalité des délits et des peines inscrit à l’article 8 de la Déclaration des droits de
l’Homme et du citoyen , également connu sous le nom de principe de légalité criminelle ou nullum
crimen, nulla poena sine lege, est un principe fondamental du droit pénal. Il constitue une garantie
contre l’arbitraire du pouvoir judiciaire. Développé au 18e siècle par Montesquieu (puis par le pénaliste
italien Cesare Beccaria , il signifie que les justiciables ne peuvent être condamnés par les juridictions
pénales qu'en vertu d'un texte de loi qui doit être suffisamment clair et précis.

I/ Le fondement du principe de légalité des délits et des peines

Le principe de légalité des délits et des peines signifie qu’une personne ne peut pas être condamnée
pour un fait qui ne constituait pas une infraction au regard du droit national ou international au
moment où il a été
commis → on ne peut être puni que si une loi le prévoit

★Principe à valeur constitutionnelle => Art 8 DDHC


→ Si une incrimination ne respecte pas le principe de légalité, elle peut être dénoncée et sanctionnée
comme contraire à la Constitution.
★Principe à valeur conventionnelle => Art 7 CEDH
→ Si une incrimination ne respecte pas le principe de légalité, la CEDH peut condamner la France à la
demande d’un justiciable pour violation de l'Art 7.
★Le principe de légalité est aujourd’hui inscrit à l’article 111-3 du Code pénal:
“Nul ne peut être puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi,
ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par le règlement.
Nul ne peut être puni d'une peine qui n'est pas prévue par la loi, si l'infraction est un crime ou un délit,
ou par le règlement, si l'infraction est une contravention.”
On voit donc que le principe de légalité requiert la réunion de deux conditions cumulatives pour punir
un individu : Une infraction définie par la loi + Une peine prévue par le législateur
⇒ Aucun comportement ne peut être punissable s’il n’a pas été préalablement défini comme tel par la
loi. De même, aucune peine ne peut être infligée si elle n’a pas été prévue et définie par un texte de loi.

Justifications du principe
=> 1er bénéficiaire = l’individu:
- Principe a une fonction symbolique vis à vis de l’individu: trace la frontière du licite et de l’illicite.
-Principe contribue au respect de la liberté individuelle: rempart contre l’arbitraire du juge et contre le
pouvoir exécutif.
-Principe exerce une fonction intimidante: place le délinquant devant ses responsabilités.
-Principe joue un rôle éducatif: permet aux individus de connaître les prescriptions de la loi pénale.
=> Principe de la séparation des pouvoirs: pouvoir d’incriminer est un attribut de la souveraineté.
II/ Conséquences du principe de légalité des délits et des peines:

a) Conséquences sur le législateur:


Seul le législateur a compétence pour incriminer, définir les comportements antisociaux et les ériger en
infractions pénales. Seuls les comportements incriminés sont susceptibles de sanction pénale,
échappent à la répression quelque soit leur caractère moralement choquant.

- Obligation de légiférer par des textes précis : Le principe exige que les lois pénales soient
précises, claires et détaillées. Le législateur doit formuler les dispositions légales de manière à ce
qu'elles définissent avec précision les éléments constitutifs des infractions et les sanctions
applicables. Il doit éviter toute ambiguïté ou imprécision dans la rédaction.
- Interdiction de créer des textes rétroactifs: Art 112-1 CPP “sont seuls punissables, les faits
constitutifs d’une infraction à la date à laquelle ils ont été commis.” Pour vérifier que le texte est
antérieur aux faits, il faut ses deux dates (date d’entrée en vigueur du texte et date de
l’infraction).
- La prévisibilité des infractions: La loi pénale doit prévoir une liste des faits répréhensibles en
fonction de sa politique criminelle. Elle doit définir les infractions, quelle que soit leur nature ou
leur gravité, ainsi que les états dangereux. Elle doit également déterminer les règles de
procédure pénale applicables.
- La prévisibilité des sanctions: Les sanctions pénales applicables dans leur nature, leur taux et
leur durée doivent être prévues par la loi. Ce principe s’applique aux peines et aux mesures de
sûreté. Le législateur doit prévoir dans le même texte d’incrimination la nature de la peine et son
quantum (taux et/ou durée). Le législateur doit préciser les modalités du traitement pénal.

b) Conséquences sur le juge:


- Interprétation stricte de la loi : Le juge pénal est tenu d'interpréter strictement la loi pénale et de
se conformer à ses termes. Il ne peut pas étendre l'application de la loi au-delà de ce qui est
expressément prévu. Cette contrainte limite la marge de manœuvre du juge et le contraint à
respecter la volonté du législateur.
- Prohibition de la création de délits par le juge : Le juge pénal ne peut pas créer de nouveaux
délits. Il ne peut pas élargir le champ d'application de la loi pénale en inventant de nouvelles
infractions. Sa fonction est d'appliquer la loi existante telle qu'elle est rédigée et adoptée par le
législateur.
- Application uniforme de la loi : Le principe exige une application uniforme de la loi pénale. Tous
les individus doivent être traités de manière égale devant la loi, et que les mêmes règles doivent
être appliquées dans des situations similaires. Le juge ne peut pas faire preuve de partialité ou
de discrimination lorsqu'il applique la loi.
- Contrôle de la conformité des lois : Le juge pénal a le devoir de contrôler la conformité des lois
aux principes constitutionnels et aux engagements internationaux de l'État. Si une loi pénale est
jugée contraire à la Constitution ou aux traités internationaux, le juge peut déclarer son
inconstitutionnalité et refuser de l'appliquer
Sujet n°2: L’application de la loi pénale (dans le temps + dans l’espace)

La question de l’application de la loi pénale dans le temps est régie par le principe de
non-rétroactivité de la loi pénale, cette question ne pose pas de difficulté dès lors que les faits
sont commis et définitivement jugés sous l’empire d’une loi. Un conflit émerge dès lors que les
faits sont commis sous l’empire de la loi ancienne et ne sont pas définitivement jugés au
moment de la promulgation d’une nouvelle loi. Dans cette hypothèse, quelle loi sera appliquée
?
Le code pénal organise des règles d’application de la loi pénale dans le temps afin de régler
ces conflits.
Dans un conflit de lois, les règles sont distinctes selon qu’il s’agisse d’une loi d’incrimination ou
de pénalité (I), d’une loi relative à l’application des peines (II), une loi relative à la prescription
(III) et d’une loi relative à la compétence ou à la procédure (IV).

I/ Les lois d’incrimination et de pénalité:


Les lois d’incrimination = créer ou d’élargir des incriminations.
Les lois de pénalité = renforcement d’une peine.
Elles sont régies par le principe de non-rétroactivité de la loi pénale la plus sévère (A) et celui
de l’application immédiate de la loi pénale plus douce (B).

A) La non rétroactivité de la loi pénale la plus sévère:


Un fait commis sous l’empire de l’ancienne loi, non définitivement jugé lors de l’entrée en
vigueur de la loi pénale plus sévère reste régi par la loi ancienne. En revanche, si les faits sont
commis sous la promulgation de la loi nouvelle, il n’y aura aucun conflit et la loi plus sévère
s’appliquera.
L’application de ce principe ne pose pas de difficultés lorsque les infractions concernées sont
instantanées (elles s’exécutent en un trait de temps).
En revanche, il en va autrement pour les infractions continues ou à exécution successive (des
actes peuvent avoir été commis sous l’empire de la loi ancienne et d’autres sous l’empire de la
loi nouvelle). => C.Crim = si la nouvelle loi plus sévère est promulguée pendant la commission de
l’infraction continue, la juridiction peut appliquer la loi nouvelle à l’ensemble des actes
constitutifs de l’infraction y compris ceux commis avant son entrée en vigueur.
Exceptions au principe:
- Les lois interprétatives s’appliquent immédiatement (ce sont des lois qui ont pour objet
de préciser les dispositions d’une loi ancienne) ;
- Les lois déclaratives sont d’application immédiate (lois qui ont pour objet de constater
une situation légale) ;
- Les lois incriminant les atteintes à des valeurs essentielles de la civilisation : le principe
de non-rétroactivité de la loi pénale ne s’applique pas en principe aux actes contraires
au droit humanitaire international

B) L’application immédiate de la loi pénale plus douce ou rétroactivité in mitius


Prévue à l’article 122-1-3 du code pénal, le principe signifie que la loi pénale plus douce
s’applique aux faits commis antérieurement à son entrée en vigueur et non définitivement
jugés. On parle alors de rétroactivité in mitius.
C-à-d que si une nouvelle loi pénale est promulguée et qu'elle réduit les peines ou introduit des
dispositions plus favorables à l'accusé, ces dispositions peuvent être appliquées
rétroactivement aux infractions commises avant l'entrée en vigueur de la loi nouvelle. Cela
garantit que l'accusé bénéficie des effets favorables de la loi la plus récente, même si les actes
ont été commis avant son adoption.
II/ Les lois relatives à l’application des peines:
Ce sont des lois qui définissent les règles et les procédures pour l'exécution des sanctions
pénales prononcées à l’encontre des personnes condamnées.
Art 112-3 CP= lois s’appliquent immédiatement même aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur/
MAIS ! Si ces lois ont pour résultat de rendre plus sévères les peines prononcées par les
décisions de condamnation, dans ce cas elles ne sont applicables qu’aux condamnations
prononcées par des faits postérieurs.

III/ Les lois relatives à la prescription

Les lois relatives à la prescription sont des lois qui fixent les délais au-delà desquels les
actions en justice ne peuvent plus être intentées pour des infractions ou des demandes
spécifiques.
L’article 112-2 4° du code pénal fixe le régime des lois relatives à l’application dans le temps des
lois de prescription.

● Si la prescription est acquise au jour de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, cette


dernière ne produira aucun effet: Cela signifie que la prescription déjà établie avant
l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sera respectée, et aucune action en justice ne
pourra être intentée, même si la nouvelle loi aurait pu prolonger le délai de prescription.
● Si la prescription est en cours au jour de l’entrée en vigueur de la loi nouvelle, cette
dernière s’applique immédiatement, bien qu’elle aggrave le sort de l’intéressé: Cela
signifie que la nouvelle loi de prescription peut avoir pour conséquence de réduire le
temps restant avant que l'action en justice ne soit prescrite, ce qui peut limiter les
possibilités de défense ou de contestation de l'accusé.

IV/ Les lois relatives à la compétence et à la procédure


Les lois relatives à la compétence et à la procédure sont des lois qui établissent les règles et
les procédures régissant la manière dont les affaires pénales sont traitées par les tribunaux.
Elles déterminent les compétences des différents tribunaux et les règles à suivre lors des
différentes étapes de la procédure pénale, depuis l'enquête préliminaire jusqu'au jugement
final.
Les articles 112-2 1°, 112-2 2° et 112-3 du code pénal, organisent les règles relatives à
l’application dans le temps des lois relatives à la compétence et à la procédure.
Les lois sont d’application immédiate, bien qu’elles soient plus sévères. La loi nouvelle reste
sans effet sur la validité des actes accomplis sous l’empire de la loi ancienne.
Deux exceptions subsistent :

● Si au jour de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, un jugement de fond a été rendu en


première instance, l’effet immédiat des lois relatives à la compétence et à l’organisation
judiciaire est écarté ;
● Selon l’article 112-3 du code pénal, les lois relatives aux voies de recours ne s’appliquent
pas immédiatement aux instances en cours. Le recours reste régi par la loi ancienne en
vigueur au jour de la décision même si pendant le délai de recours intervient une loi
nouvelle qui modifie les conditions d’exercice du recours.
Sujet 3: L’application de la loi pénale dans l’espace

Le droit pénal en ce qu’il représente le droit de punir, est l’expression de la


souveraineté étatique. Ainsi, lors de la commission d’une infraction, il est
possible que plusieurs États concluent à leur compétence. Le législateur est
intervenu pour gérer ce type de conflits de compétence. Pour ce faire, il convient
de distinguer les infractions commises sur le territoire de la République (I) de
celles commises hors du territoire de la République (II)

I/ Les infractions commises sur le territoire de la République Française:

L’article 113-2 du code pénal pose le principe selon lequel la loi pénale française
est applicable à toutes les infractions commises sur le territoire de la
République. Il faut réunion de quelques conditions:

A) L’infraction doit être commise sur le territoire


Territoire terrestre, maritime ou aérien Art 113-3 et 113-4 CP.

B) L’un des faits (matériel ou moral) constitutifs de l’infraction est commis en


France:
+JP= si un acte de complicité d’une infraction principale commise à l’étranger et
que l’acte de complicité est considéré comme fait constitutif =compétence de la
loi française. => Art 113-5 fixe conditions pour complicité:
(il faut une réciprocité d’incrimination=infct° incriminée en Fr et à l’éranger + il
faut constatation de l’infc° principale par la juridiction étrangère).

+Infractions en relation de connexité (infractions liées entre elles par des


éléments de fait ou de droit -> infct° en France + 1 à l’étranger)
+ Infractions en relation d’indivisibilité (1 infct° en Fr et 1 infct° à l’étranger
tellement liées que impossible de les juger séparément= loi Fr s’applique aux 2).

Toutes les infractions commises sur le territoire de la République sont régies par
la loi pénale française et ce quelle que soit la nationalité de l’auteur ou de la
victime. Le fait que l’auteur ait déjà été jugé dans un autre pays pour les mêmes
faits n’a pas d’importance. La règle de non bis in idem, pour laquelle, un fait ne
peut faire l’objet de deux déclarations de culpabilité, ne s’applique pas.
La seule exception à l’application du principe de territorialité est l’immunité
diplomatique : les diplomates et leur famille, échappent à la loi pénale française
s’ils commettent une infraction sur le territoire français.
II/ Les infractions commises hors du territoire de la république:
La commission d’une infraction hors du territoire de la République n’exclut pas
forcément la compétence de la loi pénale française. Les articles 113-6 à 113-12 du
code pénal organisent cette compétence en fonction de critères de
rattachement : la compétence personnelle (A), la compétence réelle (B) et la
compétence universelle (C).
A) La compétence personnelle:
Les articles 113-6 et 113-7 du code pénal organisent la compétence de la loi
pénale française pour des infractions commises à l’étranger.
Auteur de l’infraction français = compétence active (a)
Victime de l’infraction française = compétence personnelle passive (b)
a) Compétence active conditions:
- auteur français
- l’infraction doit être un crime ou un délit
- si l’infraction est un délit ils faut une réciprocité d’incrimination =>
cette condition ne joue pas si c’est une infraction sexuelle.
b) Compétence personnelle passive conditions:
- victime française
- l’infraction doit être un crime ou un délit
-pas de de réciprocité
→ Principe de non bis in idem applicable
B) Compétence réelle:
Consacrée à l’article 113-10 du code pénal, la compétence réelle a pour objectif la
défense des institutions étatiques. Ce texte énonce une liste exhaustive
d’infractions pour lesquelles la loi française se déclare compétente quel que soit
le lieu de commission de l’infraction (crimes ou délits portant gravement atteinte
à des intérêts supérieurs français).
C) Compétence universelle:
Organisée par les articles 689-1 à 689-7 du code de procédure pénale, la
compétence universelle donne compétence à la loi pénale de l’Etat sur le
territoire duquel le délinquant a été arrêté.
La compétence des juridictions françaises doit nécessairement être organisée
dans une convention internationale et ne vaut que pour les infractions définies
par la convention (convention de Strasbourg portant compétence universelle en
matière de terrorisme).
En revanche, le principe de non bis in idem trouve sa pleine application.
Sujet n°4: la qualification des faits

La qualification des faits consiste pour le juge à apprécier si les faits commis par la
personne poursuivie correspondent aux éléments de l’infraction, tels qu’ils sont décrits
par des textes ou résultent de son interprétation. Cette étape est importante
puisqu’elle gouverne le régime des poursuites.
L’obligation de qualifier découle du principe de la légalité criminelle. Elle impose au
juge d’indiquer les références du texte applicable en l'espèce.
I/ Les principes généraux de la qualification des faits:
A) L’appréciation de la qualification:
Le juge pénal doit se placer au temps de l’action, au moment où le fait a été commis.
Les circonstances postérieures sont en principe indifférentes.
La qualification pénale doit s’opérer de façon autonome. Le juge pénal ne peut pas lier
les définitions ou mécanismes propres aux autres branches du droit.
B) La modification de la qualification:
Les juridictions pénales sont saisies in rem, du fait matériel et non de sa qualification.
Par conséquent chaque juridiction a le droit et le devoir de vérifier la qualification
proposée et la modifier si elle ne lui parait pas adaptée. La qualification devient
définitive lorsque la décision n’est plus suceptible de recours.
Le principe de l’autorité de la chose jugée et la règle non bis in idem s’opposent à ce
que le fait que les mêmes faits, même autrement qualifiés, donnent lieu à de nouvelles
poursuites.
Lorsque le juge pénal use de son pouvoir de requalification, il ne doit pas modifier la
prévention. Il ne doit pas englober des faits non retenus dans l’acte de saisine, sauf si
le prévenu accepte d’être jugé sur ces faits nouveaux. Lorsque la nouvelle qualification
s’applique aux mêmes faits il faut que le prévenu en soit informé et qu’il soit mis en
mesure de s’expliquer.

II/ Les conflits de qualification:


Par un seul comportement, un individu commet les élements constitutifs de plusieurs
infractions. Le législateur ne règle que le concours de l’infraction qui est caractérisé
lorsqu’un individu commet une deuxieme infraction avant d’être jugé pour la première.
Dans le silence de la loi, la JP distingue deux hypothèses en présence d’un concours
apparent et du cumul idéal de qualifications.
A) Le concours apparent de qualifications:
Dans l’hypothèse du concours apparent de qualifications, une seule qualification est
applicable.
a) Qualifications incompatibles:
Les qualifications sont incompatibles lorsqu’une infraction est la conséquence logique
et naturelle de l’autre. Les deux infractions sont psychologiquement inconciliables. Il
est en est ainsi lorsqu’une personne ne porte pas secours à l’individu qu’il vient de
frapper La poursuite ne vise que les violences volontaires.
L’incompatibilité est relative. Les qualifications de violences et d’omission de porter
secours peuvent être retenues cumulativement lorsque le résultat a dépassé l’intention
de l’auteur ou lorsqu’il s’agit de violences involontaires.
b) Qualifications alternatives:
Les qualifications s’excluent réciproquement. Il en est ainsi lorsque le fait délictueux
est qualifié autrement par la loi selon la nature ou le degré de la faute, le dommage
causé ou les circonstances. Les coups mortels ayant causé le décès de la victime
peuvent être qualifiés d’homicide volontaire ou de coups ayant entrainé la mort sans
intention de la donner selon que l’auteur avait la volonté de tuer ou non la victime.
Un comportement peut constituer un homicide involontaire ou des blessures
involontaires compte tenu du dommage causé par la victime.

B) Le concours idéal de qualifications:


Dans le concours idéal de qualifications, toutes les qualifications peuvent être
retenues, dès lors qu’il n’y a aucune incompatibilité ni exclusion.
a) Le principe de l’unité de qualification:
En présence d’un concours idéal de qualifications, on ne peut retenir qu’une
qualification unique, car un même fait ne peut donner lieu à plusieurs déclarations de
culpabilité en vertu du principe non bis in idem. Le juge ne doit alors retenir qu’une
qualification.
En application du principe de la plus haute expression pénale, le juge retient la
qualification la plus grave. Cependant, le cumul est possible si les faits constituent à la
fois un délit ou un crime et une contravention. Lorsque les faits tombent sous des
qualifications équivalentes, la qualification la plus adéquate au comportement du
délinquant doit être préférée. Toutefois, si le fait tombe sous le coup d’une qualification
générale et d’une qualification spéciale, c’est la seconde qui doit prévaloir, même si elle
est moins sévèrement sanctionnée.
Lorsqu’une qualification recouvre des faits déjà inclus dans une autre, il faut retenir la
qualification la plus large recouvrant la totalité des faits lorsque la loi le prévoit.
Il est ainsi lorsque les faits constituent à la foi une infraction autonome et l'élément
constitutif ou une circonstance aggravante d’une autre. En cas d’atteintes
involontaires à la personne, le législateur retient parfois le même fait comme élement
constitutif et circonstances aggravantes de la même infraction.
Seules les peines attachées à la qualification retenue sont prononcées.
b) Les exceptions:
Le juge peut retenir toutes les qualifications en concours. Lorsqu’un acte unique
occasionne des dommages différents à plusieurs victimes, la juridiction retient toutes
les qualifications possibles. Il s’agit de tenir compte de toutes les conséquences
dommageables et de garantir à chacune des victimes le droit d’obtenir la réparation
civile du préjudice subi. Le juge pénal doit constater la culpabilité de l’auteur des faits
pour toutes les infractions retenues. Toutefois seule la sanction pénale correspondant
à l’infraction la plus grave est prononcée.
Toutes les qualifications en concours peuvent être retenues lorsque le même fait
matériel a porté atteinte à des valeurs sociales différentes. Il en est de même lorsque
les deux qualifications sont fondées sur des faits dissociables. Il y a plusieurs
déclarations de culpabilité mais le principe de non-cumul des peines s’applique.
Sujet n°5: la validité de la norme pénale

I/ Contrôle de constitutionnalité des lois (a priori/ a postériori)


La validité de la norme pénale repose sur la hiérarchie des normes juridiques. Selon
cette hiérarchie, la Constitution occupe la position suprême, suivie des traités
internationaux, des lois, des décrets autonomes, des décrets et enfin des arrêtés.
Le contrôle de constitutionnalité des lois peut être effectué de deux manières : le
contrôle a priori avant la promulgation de la loi, et le contrôle a posteriori après la
promulgation. Pour les lois pénales, il existe une exception appelée la Question
Prioritaire de Constitutionnalité (QPC), qui permet de soulever l'inconstitutionnalité
d'une loi. Dans ce cas, un mémoire est déposé devant le tribunal correctionnel, qui
transmet ensuite la question à la Cour de Cassation. Cette dernière vérifie si la question
est applicable au litige, si elle est nouvelle et si elle présente un caractère sérieux.
La validité des normes pénales est également influencée par l'article 6 §1 de la
Convention Européenne des Droits de l'Homme (CEDH), qui garantit le droit à un procès
équitable dans un délai raisonnable. Les États craignent les sanctions de la CEDH en
cas de violation de cet article.
Lorsqu'une disposition est jugée contraire à la Constitution, elle peut être abrogée de
manière immédiate ou différée. Les recours dilatoires, qui visent à retarder l'application
d'une loi, ne sont pas sanctionnés dans le cadre des QPC.
Le Conseil Constitutionnel, dans sa jurisprudence, souligne certains principes
importants. Il accorde une grande importance au respect de la liberté individuelle et au
besoin de légiférer par des textes précis pour éviter tout arbitraire. Le principe de
non-rétroactivité de la loi pénale est étendu à toute sanction ayant un caractère punitif,
même en dehors du droit pénal. De plus, les lois pénales plus douces doivent
s'appliquer aux infractions commises avant leur entrée en vigueur, à moins qu'elles
n'aient fait l'objet d'une décision judiciaire. Enfin, le principe de proportionnalité est mis
en avant, indiquant que la liberté individuelle ne peut être restreinte que si le juge
intervient rapidement après la mise en détention d'une personne.
Dans l'ensemble, il y a eu une évolution notable du rôle du Conseil Constitutionnel, qui
se positionne désormais en défenseur des libertés individuelles et peut censurer les lois
qui les compromettent.

II/ Le contrôle de validité des règlements:


Le contrôle de validité des règlements peut se faire par deux voies : le contrôle par voie
d'action et le contrôle par voie d'exception.
Le contrôle par voie d'action consiste en un recours en annulation devant le juge
administratif. Ce recours, appelé recours pour excès de pouvoir, peut être engagé dans
les deux mois suivant la publication du règlement. Si le recours est accepté, le tribunal
peut annuler le règlement, ce qui le rend invalide pour tous.
Le contrôle par voie d'exception est utilisé comme moyen de défense dans un procès
pénal. L'accusé invoque l'illégalité du règlement comme argument de défense.
Cependant, cette voie d'exception n'est possible que devant le juge pénal des
contraventions, qui est le Tribunal de Police. Contrairement au contrôle par voie
d'action, le juge pénal n'a pas le pouvoir d'annuler le règlement, mais il peut écarter son
application.
Un exemple notable concerne le système du permis à points en France. La loi-cadre du
10 juillet 1989 a établi les grandes lignes de ce système, mais les détails devaient être
précisés par des décrets d'application avant le 1er janvier 1992. Cependant, les décrets
ont été publiés le 28 juin 1992 et sont entrés en vigueur le 29 juin 1992. Certains individus
contestent la validité de ces décrets devant le Tribunal de Police d'Avranches, qui les a
écartés en raison du non-respect du délai prévu par la loi. Cette décision a été
médiatisée, ce qui a conduit de nombreux avocats à rejeter les décrets dans leurs
défenses.
Toutefois, un organisme de transporteur routier a intenté un recours en annulation
devant le Tribunal administratif de Paris, qui a ensuite été porté devant le Conseil d'État.
Le Conseil d'État a rejeté le recours, affirmant que les décrets d'application n'étaient pas
contraires à la loi, car la date fixée par la loi n'était pas impérative. Suite à cela, le
législateur est intervenu pour abroger la loi sur le permis à points et l'a remplacée par
une nouvelle loi renvoyant aux décrets d'application, sans préciser de date fixe.

III/ Le contrôle par rapport aux sources supérieures d’origine internationales:


Le contrôle par rapport aux sources supérieures d'origine internationale concerne
l'examen de la conformité des normes nationales avec les traités internationaux. Il existe
deux situations :
- Les traités qui ne prévoient pas la création d'une juridiction chargée de les
appliquer : dans ce cas, les juges nationaux sont compétents pour contrôler la
conformité des normes nationales avec les traités. C'est ce qu'on appelle le
contrôle du droit interne.
- Les traités qui prévoient la création d'une juridiction chargée de les appliquer, telle
que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ou la Cour de Justice de
l'Union européenne (CJUE) : il y a alors un double contrôle, à la fois par la
juridiction internationale et par les juridictions nationales.
Lorsqu'on souhaite saisir la CEDH, il est nécessaire d'épuiser les voies de recours
internes. Il peut arriver que la CEDH adopte une position différente de celle de la Cour
de Cassation française, ce qui peut entraîner des divergences d'interprétation.
En cas de condamnation par la CEDH, les juges européens peuvent accorder à la
victime une "satisfaction équitable" sous la forme de dommages et intérêts. Toutefois,
l'État condamné n'est pas obligé de modifier sa législation ou sa jurisprudence.
Cependant, les décisions de la CEDH tendent à être intégrées dans le droit positif. Ainsi,
une loi de 2000 prévoit une procédure de réexamen des décisions internes après une
condamnation de la CEDH. Une autre loi de 2016 a institué un mécanisme similaire en
matière civile.
Sujet n°6: Les faits justificatifs

Pour qu'une personne soit déclarée pénalement responsable, il faut qu'elle soit
coupable parce qu'elle a commis une infraction qui lui est imputable. Les causes
objectives d'irresponsabilité ou faits justificatifs sont des circonstances réelles,
extérieures à l'agent. L'infraction est justifiée et la personne n'est pas déclarée
responsable. Ces causes qui opèrent in personam n'effacent pas le caractère
punissable des infractions. Celles-ci restent constituées mais la faute ne peut être
imputée à l'auteur de l'acte lorsqu'il ne disposait pas de son libre arbitre ou que celui-ci
était altéré. Il sera déclaré pénalement irresponsable ou verra sa responsabilité
atténuée.
Les faits justificatifs sont de nature à justifier n’importe quelle incrimination et ne
peuvent résulter que de la loi: si seul le législateur peut créer des incriminations,
réciproquement, lui seul peut les neutraliser.
Le Code pénal actuel vise 3 faits justificatifs:
- L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime
- La légitime défense
- L’état de nécessité
I/ L’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime:
Un comportement délictueux cessera de l’être parce que c’est la loi elle même qui nous
oblige à avoir ce comportement.
A) Ordre ou autorisation de la loi:
La personne est justifiée dans son acte parce qu’elle l’a accompli sous l’ordre de la loi.
EX= Barreau de la Rpbq commet un assassinat mais sous ordre de la loi donc pas
incriminé.
Mais la loi impose parfois que l’on résiste à un ordre contraire au droit naturel.
EX= en matière de crime contre l’humanité, on ne peut jamais s’exonérer de sa resp
pénale au motif que l’on aurait exécuté un ordre.
Cette autorisation a vertu justificative lorsqu’elle est explicite et précise.
EX= les commissaires ne commettent pas de violation d’un domicile lorsqu’ils y sont
autorisés par la loi (mandat de perquisition).
La loi autorise un comportement normalement incriminé lorsque celui-ci est justifié
par un usage.
EX= mauvais traitement des animaux incriminé, sauf quand c’est une tradition locale:
combat de coqs, course de taureaux…
B) Commandement de l’autorité légitime:
L’autorité légitime est une autorité publique (civil ou militaire).
On ne peut pas s’exonérer du caractère délictueux d’une action commandée par une
autorité privée. EX= ordre d’un employeur, d’un père…
L’autorité civil ou militaire doit être légalement instituée.
a) Commandement légal de l’autorité légitime
Le commandement de l’autorité légitime peut avoir vertu justificative lorsqu’il est prévu
par la loi elle-même. EX= un chef d’Etat public incarcère tous les jours des condamnés.
Enfermer quelqu’un entre 4 murs est une incrimination de séquestration mais ici c’est
la loi qui l’ordonne.
b) Commandement illégal de l’autorité légitime:
En principe, si un commandement est illégal, le subordonné ne devrait pas être justifié.
EX= ordinairement, dans l’ancien code pénal, celui qui exécute ce commandement
donc auteur de l’infraction ne pouvait pas être sanctionné par une peine, sauf son
complice donc l’autorité légitime qui lui a donné ce commandement.
Le Code pénal actuel ne maintient cette solution qu’en matière de crime contre
l’humanité.
+Solution nouvelle: “n’est pas pénalement responsable la personne qui a accompli un
acte sous commandement de l’autorité légitime sauf si cet acte est manifestement
illégal.”

II/ La légitime défense:


C’est un acte ordinairement incriminé mais justifié parce qu’en réponse à une
agression injuste. C’est un fait justificatif qui fait perdre à l’acte de défense tout
caractère fautif et donc punissable.

A) Conditions Art 122-5 CP


a) Conditions relatives à l’agression:
1- Objet de l’agression: contre une personne ou son bien peu importe la gravité de
l’atteinte commise (crime/délit).
→ contre une personne: peut concerner une victime elle-même ou un tiers.
→ contre un bien: autorisée que si l’on agit pour interrompre l’exercice d’un crime ou
d’un délit (ça ne marche pas pour les contraventions).

2- Les caractères de l’agression:


→ une agression réelle: menace contre un individu juridiquement protégé peu
importe sur victime ou tiers => loi impose d’agir face à une menace visant autrui.
→ La Cour exige une attaque certaine, non imaginaire.
→Une agression actuelle ou imminente: L’art fait ref à une riposte de l’agent qui
s’effectue dans le même temps que l’atteinte contre lui ou son bien. Le juge ne doit pas
découvrir un délai trop long entre attaque et riposte= vengeance.
→Une agression injuste: infraction pénale= pr la lég déf des biens al3 art 122-5 CP
pr la lég déf d’une personne = pas d'agression injuste si l’acte est conforme au droit.

B) Conditions relatives à la riposte:


L’art énonce que la réponse à une agression injuste revêt une nature infractionnelle.
Le Code prévoit que la riposte consiste en un acte volontaire justifié donc il peut s’agir
d’une infraction intentionnelle.
JP Cousinet= si victime invoque le caractère non intentionnel de l’acte de riposte= lég
déf pas admise + peine légère.
Conditions=
→Riposte concomitante= dans le même temps que l’agression, immédiate, imminente
ou commencée.
→Riposte nécessaire= acte légitime que s’il est nécessaire pour protéger une atteinte
à la pers/bien) aurait pu faire autrement= lég déf non admise.
→Riposte proportionnée: proportionnalité entre attaque et moyens de défense (
appréciation du juge qui se fonde sur une expertise médicale).

III/ L’état de nécessité:


L’hypothèse dans laquelle les circonstances ont rendu nécessaire la commission de
l’infraction.L’état de nécessité n’était pas prévu par le Code Pénal de 1810, c’est donc une
création de la JP, dans un arrêt « MENARD ».Le Code Pénal actuel consacre l’état de
nécessité dans l’article 122-7 : « n’est pas pénalement responsable la personne qui, face
à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un
acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion
entre les moyens employés et la gravité de la menace ».
Contrairement à la légitime défense où la riposte est faite contre l’agresseur, en cas
d’état de nécessité, la victime de l’infraction est un tiers complétement étranger au péril.
A) Conditions relatives au danger:
Le danger doit être actuel et imminent, il peut menacer la personne en état de
nécessité, un tiers ou les biens.
L’important est que le péril soit imminent, toutes les conditions sont laissées à
l’appréciation souveraine des juges du fonds.
Le danger doit être réel, il peut revêtir n’importe quelle forme (physique, morale ou
matérielle), et n’importe qui (personne, tiers ou biens).
Il faut distinguer le danger réel du danger portatif (crainte). L’origine du danger ne
doit pas être une faute antérieure de l’agent JP LESAGE.

B) Conditions relatives à l’acte justifié


L’acte accompli doit être :
- Nécessaire : à la sauvegarde de la personne ou du bien en péril : l’agent n’a
d’autre solution que de commettre l’infraction pour éviter le danger. La
commission de l’infraction doit être l’unique moyen d’éviter le dommage. En effet,
si d'autres solutions existent alors l’acte n’est plus justifié.
- Proportionnel aux périls que l‘agent veut éviter : l’article 122 indice 7 exclut la
justification « lorsqu’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité
de la menace ». L’agent en voulant éviter le dommage ne doit pas causer un mal
plus grave. L’intérêt sauvegardé doit être de valeur supérieur ou égale à l’intérêt
sacrifié.
Sujet n°7: La tentative
En France, le droit pénal condamne dans certaines conditions la tentative, soit le
commencement d’exécution d’une infraction. En effet, dans certains cas, alors que
l'exécution n'est pas parfaite, donc que l'infraction n'est pas "consommée", l'auteur des
faits pourra néanmoins être poursuivi.
Définition:
Art 121-5, « la tentative est constituée dès lors que, manifestée par un commencement
d'exécution, elle n'a été suspendue ou n'a manqué son effet qu'en raison de
circonstances indépendantes de la volonté de son auteur ». Autrement dit, la tentative
est définie comme la commission ratée ou manquée d'une infraction. Or, parfois cette
exécution n’aboutit pas. Si l’auteur est interrompu involontairement, l’infraction sera
tentée. C’est la tentative.
La tentative est définie comme « l’activité tendant à la préparation d’une infraction
caractérisée par un commencement d’exécution et non suspendue par un désistement
volontaire ».

I/Conditions de la tentative:

2 conditions cumulatives doivent être réunies : le commencement d’exécution et


l’absence de désistement volontaire.
A/Le commencement d’exécution
Le commencement d’exécution correspond à tous les actes qui vont mener à la
consommation de la matérialité de l’infraction.
La Cour de cassation définit le commencement d’exécution comme :
● « L’acte qui tend directement au délit lorsqu’il a été accompli avec l’intention
de le commettre » (Cass. crim., 23 mai 2013, n° 12.84-875)
● « qui doit avoir pour conséquence directe et immédiate de consommer le
crime, celui-ci étant entré dans sa période d’exécution » (Cass. crim., 25 oct.
1962, Lacour).
En d’autres termes, ces actes doivent avoir pour conséquence directe et immédiate la
consommation de l’infraction : ils sont accomplis dans l’intention de la commettre.

La Cour de cassation exige depuis 1962 l’existence d’un lien de causalité entre l’acte
commis et l’infraction. Il doit être « direct et immédiat par rapport à l’infraction
supposée tentée ou tendre à l’intention de la commettre » (Cass. crim., 25 octobre 1962,
Lacour)

B/L’absence de désistement volontaire

La tentative sera caractérisée si, en plus du commencement d’exécution, l’auteur ne


s’est pas désisté volontairement.

Donc même s’il y a commencement d’exécution, si l’auteur se désiste volontairement, il


n’y aura pas de tentative punissable.
Ce désistement doit être antérieur à la consommation de l’infraction.
Ex: voler, c’est voler ! Ton repentir est bien trop tardif sur l’iter criminis ici, puisque
l’infraction est consommée ! Tu n’étais même plus dans la tentative !
● Ce désistement doit être volontaire.
À titre d’exemple, l’interpellation de l’auteur par les forces de police constitue une
absence de désistement volontaire de l’auteur (Cass. crim., 2 février 1961). En effet, sans
l’intervention des forces de police, l’auteur aurait consommé l’infraction de manière
certaine.
II/ Assimilations à la tentative

A/ L’infraction manquée

Une infraction manquée sera traitée comme une tentative. En effet, même si tous les
actes matériels et moraux de l’infraction ont été réalisés, le résultat fait défaut en ce
que l’auteur a commis une erreur dans la réalisation de l’infraction. Il peut s’agir d’une
personne qui a manqué sa cible, alors qu’elle voulait lui tirer dessus avec une arme à
feu.

B/ L’infraction impossible
L’infraction impossible est aussi considérée comme une tentative punissable. L’auteur
n’était pas informé de l’existence d’un élément empêchant l’infraction d’être
consommée. Ainsi, son intention ne fait pas défaut pour autant, et le résultat est
indépendant de sa seule volonté.

Cette situation a été parfaitement illustrée par un arrêt célèbre, dit Perdereau, du 16
janvier 1986 rendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation.

En l’espèce, l’auteur a voulu donner la mort à une victime déjà décédée


Ainsi, le commencement d’exécution était largement caractérisé par des violences et
un étranglement sur la victime. Concernant le désistement volontaire, il faisait bien
défaut puisque la mort préalable de la victime était indépendante de la volonté de
l’auteur. La tentative d’homicide volontaire a été ainsi caractérisée.

III/ Répression de la tentative

Art 121-4 du CP précise qu’est réputé être auteur de l’infraction, « la personne qui tente
de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit ».
Ainsi, toute personne qui remplit les conditions de la tentative de l’art 121-5 du CP est
auteur de l’infraction.
Cet auteur sera :
● Toujours punissable pour un crime ;
● À condition que la loi réprime la tentative dans le cas d’un délit.
L’art 121-4 énonce également une autre règle : tous les crimes peuvent être tentés, alors

💡
que la tentative des délits doit être spécialement prévue par la loi.
La tentative de contravention n’est jamais punissable.

Punir la tentative, c’est éviter l’impunité pour un défaut de résultat de l’infraction. C’est
admettre que manquer la commission d’une infraction n’annule pas, de facto,
l’intention ayant motivé le passage à l’acte.
En ce sens, le législateur tend davantage à réprimer la volonté de nuire. De ce fait,
l’auteur de la tentative encourt les mêmes peines que l’auteur de l’infraction
consommée.
Par exemple, le meurtre et la tentative de meurtre sont passibles de la même peine,
bien que leur résultat soient différent, c'est-à-dire 30 ans de réclusion criminelle.
Sujet n°8: L'élément moral et les causes de non-imputabilité
Il ne suffit pas d’avoir été l’auteur du comportement puni par la loi pour engager sa
responsabilité pénale. Au sein des éléments constitutifs de l’infraction, il existe
également un élément moral (Cons. Const., 16 juin 1999, n° 99-411 DC). L’élément moral de
l’infraction comprend :
● l’imputabilité : l’agent doit avoir eu conscience de ce qu’il faisait.
● la culpabilité : l’agent doit avoir commis une faute.

I/L’imputabilité
Pour engager sa responsabilité pénale, l’auteur du comportement puni par la loi doit
avoir agi selon sa propre volonté et être doté de discernement ; il doit être capable de
comprendre les conséquences de ses actes. Ne seront donc pas pénalement
responsables :

● les personnes atteintes de troubles mentaux


● certains mineurs
● les personnes qui ont agi par contrainte
a) Les troubles mentaux

N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits,
d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle
de ses actes art 122-1 CP. Il faut donc 2 conditions pour que le trouble mental entraîne
l’irresponsabilité pénale :
● Le trouble mental doit avoir existé au moment des faits. A noter :
● Il n’a pas nécessairement à être permanent (exemple : la schizophrénie).
Il peut tout à fait être temporaire (exemples : une crise de paranoïa, de
somnambulisme) ; il doit simplement avoir existé au moment des faits.
● L’ivresse est toutefois un cas particulier. Dans cette hypothèse, on tient
compte de la volonté de l’agent dans l’abolition de son discernement.
Si l’agent s’est volontairement enivré afin de commettre une infraction,
voire s’il a seulement eu conscience de cet enivrement sans l’avoir
recherché, il sera pénalement responsable. A l’inverse, s’il s’est enivré
sans en avoir eu conscience, il ne sera pas pénalement responsable.
Exemple : l’agent qui a consommé une boisson en ne sachant pas
qu’elle contenait de l’alcool.
● Le discernement doit avoir été totalement aboli ; il faut que le trouble ait
supprimé la conscience ou le contrôle des actes. A noter que la personne qui
était atteinte, au moment des faits, d’un trouble mental ayant simplement
altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure
pénalement responsable. Mais le juge tient compte de cette circonstance
lorsqu’il détermine la peine et en fixe le régime ; il peut décider de diminuer la
peine encourue (art 122-1 CP).

b) La minorité

La personne de moins de 18 ans au moment des faits, et qui est incapable de


discernement, n’est pas pénalement responsable. A contrario, les mineurs capables de
discernement sont pénalement responsables (art 122-8 CP). La jp a instauré deux
présomptions reposant sur le critère du discernement:
- les mineurs de moins de 13 ans sont présumés ne pas être capables de
discernement.

- les mineurs d’au moins 13 ans sont présumés être capables de discernement

Il s’agit de présomptions simples, qui peuvent donc être renversées. Dès lors, un mineur
de moins de 13 ans est par principe considéré comme irresponsable, sauf si le juge
dispose d’éléments attestant de son discernement. Cette notion de discernement est
aujourd’hui définie à l’article L11-1 al 3 du Code de la justice pénale des mineurs, selon
lequel « est capable de discernement le mineur qui a compris et voulu son acte et qui
est apte à comprendre le sens de la procédure pénale dont il fait l’objet ».

c) La contrainte

N’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou
d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister (article 122-2 du Code pénal).

La contrainte peut être :


● Une contrainte physique : Il s’agit d’une force physique qui agit sur le corps de
l’agent et restreint sa liberté de mouvement. Elle peut être d’origine externe
(exemples : une tempête, du verglas…) ou interne (exemples : une maladie, un
malaise…).
● Une contrainte morale : Il s’agit de pressions psychologiques qui vont annihiler
la volonté propre de l’agent. Elle est nécessairement d’origine externe (exemple
: des menaces). Une contrainte morale d’origine interne qui résulterait des
passions ou des convictions de l’agent ne peut entraîner son irresponsabilité
pénale.
Pour entraîner l’irresponsabilité pénale, la contrainte doit réunir 2 conditions. Elle doit
être :
● Irrésistible : Il faut que l’agent n’ait pas pu agir autrement, qu’il ait été dans
l’impossibilité de se conformer à la loi. Exemple : Le devoir d’obéissance à son
employeur n’est pas une contrainte irrésistible.
● Imprévisible : Il faut que l’agent n’ait pas pu prévoir la situation. Ainsi, si l’agent
pouvait se prémunir contre la situation, la contrainte ne sera pas considérée
comme imprévisible. Exemple : Le malaise d’un automobiliste n’est pas une
contrainte imprévisible si l’automobiliste savait qu’il y était sujet (Cass. crim., 27
oct. 2015, n° 14-86.983).
II/La culpabilité

La culpabilité est la seconde composante de l’élément moral de l’infraction. Elle


requiert qu’une faute ait été commise.Pour les crimes et les délits (ainsi que certaines
contraventions), la faute doit être intentionnelle (article 121-3 du Code pénal). Pour les
contraventions (ainsi que certains délits), la faute peut être non intentionnelle.

a) La faute intentionnelle

La faute intentionnelle correspond à la volonté de commettre l’infraction. Elle suppose


d’abord une connaissance de l’illégalité de l’acte : la personne doit être consciente que
son comportement viole la loi pénale. Ainsi :
● N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par une
erreur sur le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, pouvoir légitimement
accomplir l’acte (art 122-3). La personne doit donc démontrer qu’elle a fait tout
ce qui était en son pouvoir pour se renseigner. Exemple : Ne commet pas une
erreur sur le droit inévitable l’employeur qui n’a pas consulté l’inspection du
travail pour connaître ses obligations en matière d’embauche (Cass. crim., 20
janv. 2015, n° 14-80.532).
● N’est pas pénalement responsable la personne qui a commis une erreur de fait
sur un élément essentiel de l’infraction. Exemple : La personne qui s’empare
d’une chose qu’elle croit lui appartenir ne commet pas un vol. Mais l’erreur de
fait est indifférente si elle laisse subsister l’intention. Exemple : Si la personne,
en visant mal, tire sur B au lieu de tirer sur A, l’intention de commettre un
meurtre existe toujours ; la personne est pénalement responsable.
Outre la connaissance de l’illégalité de l’acte, la faute intentionnelle suppose
également une volonté de violer la loi : la personne doit avoir eu la volonté de son
comportement et du résultat pouvant découler de la violation de la loi. Exemple : Une
personne qui roule à une vitesse supérieure au maximum autorisé a la volonté de son
comportement, mais n’a pas forcément la volonté de tuer quelqu’un. Si cela se produit,
il s’agit alors d’un homicide involontaire, et non d’un meurtre.

b) La faute non intentionnelle

La faute non intentionnelle résulte d’une imprudence. Elle peut consister en une
imprudence simple ou en une imprudence qualifiée.

L’imprudence simple est la faute la moins grave. Il s’agit de la « faute d’imprudence, de


négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue
par la loi ou le règlement » (art 121-3 al 3 CP ). Elle est suffisante en matière de
contravention et pour les délits d’homicide involontaire et d'atteinte à l’intégrité. En ce
qui concerne l’imprudence qualifiée, il en existe 2 types :
● la faute délibérée
● la faute caractérisée

La faute délibérée est la faute la plus grave. Il s’agit d’une faute non intentionnelle,
mais la personne a tout de même conscience du résultat pouvant découler de son
acte. Elle correspond à une « violation manifestement délibérée d’une obligation
particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement » (article 121-3
alinéa 4 du Code pénal).Elle permet la répression même si le résultat ne se produit pas :
le fait, par cette faute délibérée, d’exposer directement autrui à un risque immédiat de
mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité
permanente, est une infraction (art223-1 CP ). Elle est réprimée plus sévèrement que la
faute simple : lorsque le résultat s’est produit, le fait qu’il résulte d’une faute délibérée
constitue une circonstance aggravante. Un exemple de faute délibérée pourrait être
celui d'un conducteur qui, en état d'ébriété avancée, décide de prendre le volant en
sachant pertinemment qu'il peut causer des dommages ou des blessures à autrui.
La faute caractérisée, quant à elle, est celle qui exposait autrui à un risque d’une
particulière gravité qui ne pouvait être ignoré (art 121-3 al 4 CP). Elle est moins grave
que la faute délibérée dans le sens où la personne n’avait pas conscience du résultat
pouvant découler de son acte. Mais elle ne pouvait ignorer le risque. Pour engager la
responsabilité pénale des « personnes physiques qui n’ont pas causé directement le
dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la
réalisation du dommage ou qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter »
(article 121-3 alinéa 4 du Code pénal), il faut soit une faute caractérisée, soit une faute
délibérée. Une faute simple n’est pas suffisante. Par exemple, un maire poursuivi du
chef de blessures involontaires pour ne pas s’être assuré de la stabilité d’une cage de
buts mobiles dont la barre transversale avait blessé un enfant ne sera punissable
pénalement qu’en cas de faute caractérisée ou délibérée (Cass. crim., 4 juin 2002).
Sujet n°0: La complicité
La complicité est une forme de participation criminelle par laquelle un individu, le complice,
aide, en toute connaissance de cause, une autre personne à accomplir un acte délictueux. Le
complice ne commet pas lui-même l'infraction. Il n'intervient qu'à titre secondaire dans la
réalisation de l'acte qui est commis par l'auteur principal.
L'acte matériel de complicité est distinct de l'élément matériel de l'infraction commise.
conditions
Deux séries de conditions doivent être remplies pour que la complicité soit punissable : un fait
principal punissable et une participation intentionnelle du complice à ce fait délictueux.
I/ Un fait principal punissable
Le fait principal punissable dont l'individu se rend complice doit tomber sous le coup de la loi
pénale. Autrement dit, il doit s'agir d'une infraction. Pour pouvoir condamner le complice, les
juges doivent constater l'existence de ce fait principal punissable.L'infraction en question doit
être un crime ou un délit. La complicité de contravention n'est punissable que s'il s'agit d'une
complicité par instigation (voir la partie sur les formes de la complicité).Le fait principal doit
être simplement « punissable », pas forcément « puni ». L'auteur principal peut ne pas être puni,
soit parce qu'il est inconnu, soit parce qu'il est mort…
II/ Une participation intentionnelle
La complicité doit résulter d'un acte de commission. Une omission ne peut caractériser la
complicité. Le simple « spectateur » d'une infraction qui n'est pas intervenu pour l'empêcher
n'est pas un complice. En revanche, il peut se voir reprocher le délit d'omission de porter
secours à personne en danger (en tant qu'auteur).
L'acte de complicité doit être antérieur ou concomitant à la commission de l'infraction, jamais
postérieure. Ainsi, l'acte de complicité doit intervenir avant ou en même temps que l'acte
principal. L'aide postérieure (aide à la fuite de l'auteur) n'est répréhensible au titre de la
complicité que si elle résulte d'un accord antérieur à la commission de l'infraction (entente
préalable entre l'auteur et son complice).
Exemple : le conducteur d'un véhicule qui attend l'auteur d'un hold-up pour l'éloigner
rapidement des lieux de l'infraction.
En outre, le complice doit être conscient qu'il aide à la commission d'une infraction pénale.
Exemple : celui qui prête un fusil de chasse à un ami pour chasser ne sera pas complice du
meurtre perpétré avec cette arme par cet ami.
Les formes de complicité en droit pénal
En vertu de l'article 121-7 du Code pénal, la complicité peut prendre plusieurs formes : l'aide ou
l'assistance qui facilite la préparation ou la consommation de l'infraction. Il doit s'agir d'un acte
positif qui consiste le plus souvent dans la fourniture de moyens permettant la réalisation de
l'infraction principale.
Exemple : un individu qui fournit une arme pour permettre à une autre de commettre un
meurtre.
Il peut s’agir de la provocation à commettre l'infraction ou la fourniture d'instructions pour la
commettre. L'article 121-7 du Code pénll précise que ce type de complicité peut prendre la forme
de don, promesse, menace, ordre, abus d'autorité ou de pouvoir.
Dans ce cas, le complice est l'instigateur : il donne des instructions à une autre personne qui
accomplit l'infraction.
Exemple : le commanditaire d'un assassinat.
La répression de la complicité en droit pénal
Malgré cette distinction entre l'auteur et le complice sur le plan matériel, le complice est
assimilé, sur le plan de la répression, à l'auteur principal.
En effet, l'article 121-6 du Code pénal prévoit que le complice est « punissable comme auteur ».
Ainsi, le complice encourt les mêmes peines que s'il était l'auteur principal.
Dans la pratique en revanche, les juges se montrent plus indulgents à l'égard du complice qu'à
l'égard de l'auteur principal, de sorte qu'il est souvent puni moins sévèrement.
Sujet n°1: Les compétences au sein de l’UE
L'Union européenne (UE) est une organisation supranationale qui regroupe
actuellement 27 États membres. Depuis sa création, l'UE a acquis des compétences
dans divers domaines, ce qui lui permet d'exercer une influence considérable sur les
politiques et les législations nationales de ses États membres. Les compétences de l'UE
sont définies par les traités fondateurs, qui établissent les pouvoirs et les
responsabilités de l'UE dans différents domaines.

I/ La détermination des compétences au sein de l’UE

● L'UE possède un système de répartition des compétences entre les États membres et
l'Union elle-même.
● Selon le principe de l'Union de droit, l'Union ne peut exercer que les compétences qui lui
sont expressément attribuées par les États membres.
● Cela signifie que l'Union européenne n'est pas souveraine et que les États membres
conservent leur souveraineté et décident des compétences qu'ils transfèrent au niveau
européen.
● La répartition des compétences repose sur le principe de la compétence d'attribution de
l'Union.
● L'Union européenne a une compétence d'attribution, ce qui signifie que les compétences
lui ont été attribuées par les États membres de manière volontaire.
● Les États membres ont décidé de s'unir et de former l'UE, et ils ont déterminé les
compétences à attribuer à cette dernière.
● Ce principe est affirmé dans l'article 5 du Traité sur l'Union européenne (TUE).
● Chaque institution de l'Union agit dans les limites des attributions qui lui sont conférées
dans les traités, comme le précise l'article 13, paragraphe 2, du TUE.
● Ce principe d'attribution s'applique tant verticalement (entre les États membres et l'Union)
qu'horizontalement (entre les institutions de l'UE).
● Il convient de noter que dès l'établissement des communautés européennes en 1957, les
rédacteurs des traités ont prévu des mécanismes pour éviter une trop grande rigidité
dans la répartition des compétences.
● Ainsi, l'article 352 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) prévoit
une clause de flexibilité qui permet d'adapter les compétences de l'UE pour atteindre
certains objectifs visés par les traités.
● Cette adaptation des compétences a joué un rôle important dans l'histoire de l'Union
européenne, permettant des avancées dans différents domaines.
● Cependant, il existe des limites à l'adaptation des compétences.
● Par exemple, l'article 352 interdit l'harmonisation législative et réglementaire par cette
voie.
● De plus, la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) ne peut pas faire l'objet
d'une adaptation de compétence.
● La détermination de la base juridique est également un élément clé dans l'exercice des
compétences de l'Union européenne.
● Lorsque les institutions de l'Union agissent, elles doivent s'appuyer sur une base
juridique clairement définie.
● La Commission européenne est généralement responsable du choix de la base juridique.
● Cependant, ce choix peut faire l'objet de contentieux portés devant la Cour de justice de
l'Union européenne, qui examine la validité de l'acte juridique de l'UE.
● La Cour de justice considère que la base juridique doit être fondée sur des éléments
objectifs, en prenant en compte le but et le contenu de l'acte.
● En résumé, les compétences de l'Union européenne sont déterminées par les États
membres et elles sont limitées aux domaines qui leur ont été attribués.
● L'Union européenne ne peut agir que dans le cadre de ces compétences et doit respecter
les procédures établies pour l'adaptation et l'exercice de ces compétences.
II/ Les diverses catégories de compétences:

Dans le cadre du traité de Lisbonne, les compétences de l'Union européenne sont


réparties en différentes catégories. Tout d'abord, il y a les compétences internes, qui
concernent les interactions entre l'Union et les États membres. Depuis le traité de
Lisbonne, l'Union a la personnalité juridique, ce qui lui permet de signer des accords
avec d'autres pays ou organisations internationales. Ensuite, il y a les compétences
externes, qui relèvent des relations entre l'Union et les pays extérieurs à l'UE. L'Union
peut conclure des accords internationaux dans le cadre de ces compétences externes.
Ces compétences externes peuvent être explicitement prévues dans les traités ou
implicitement déduites par la Cour de justice de l'Union européenne dans certains cas.
L'Union européenne dispose de compétences exclusives dans certains domaines, ce qui
signifie qu'elle est la seule à pouvoir légiférer dans ces domaines. Ces compétences
exclusives comprennent l'union douanière, la politique commerciale commune, l'union
économique et monétaire, la politique agricole commune et la protection des
ressources halieutiques de la mer. Il existe également des compétences partagées entre
l'Union et les États membres. Dans ces domaines, à la fois l'Union et les États peuvent
légiférer. Cependant, lorsque l'Union a exercé sa compétence partagée, cela peut
entraîner la suppression de la compétence des États. Certaines compétences
partagées comprennent le marché intérieur, l'agriculture, l'environnement, l'énergie, etc.
Enfin, il y a des compétences coordonnées ou complémentaires, où l'Union ne peut pas
prendre de mesures d'harmonisation mais peut soutenir, coordonner ou compléter
l'action des États. Cela concerne des domaines tels que la santé humaine, l'industrie, la
culture, le tourisme, la protection civile, la coopération administrative, l'éducation, la
jeunesse et le sport. Il existe également des compétences atypiques, telles que les
politiques économiques et l'emploi, où le Conseil européen fixe des orientations
politiques, et la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), qui vise à
promouvoir la coopération en matière de politique étrangère et de défense. En résumé,
les compétences de l'Union européenne se répartissent entre les compétences internes
et externes, les compétences exclusives, partagées, coordonnées ou complémentaires,
ainsi que des compétences atypiques.
Sujet n°2: Les sources du droit de l’UE

Introduction :Le droit de l'Union européenne repose sur un ordre juridique propre,
intégré aux systèmes juridiques des États membres. Le droit primaire, principale source
du droit de l'UE, est formé principalement par les traités. Il existe également des
protocoles annexés aux traités qui jouent un rôle important dans l'ordre juridique
européen.
I/ Le droit primaire : la source suprême du droit de l'Union
A) Les traités relatifs à l'Union européenne:
Les deux traités fondamentaux sont le Traité sur l'Union européenne (TUE) et le Traité
sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). Le TUE, ajouté aux traités de
Rome, a été suivi du Traité de Lisbonne, qui a conféré à l'UE une personnalité juridique.
Le TFUE est principalement basé sur le Traité de Rome. On distingue également les
traités réformateurs (Traité de Nice, Traité d'Amsterdam) et les traités d'adhésion.
B) Les protocoles annexés aux traités:
ils sont négociés en même temps que les traités et ont la même valeur que ces derniers,
conformément à l'article 2 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Ils sont
nombreux et revêtent une importance significative. Certains protocoles essentiels
portent sur la proportionnalité et la subsidiarité, le système européen des banques
centrales, et fixent les règles monétaires. Les déclarations annexées aux traités ont une
portée symbolique/indicative, notamment la Déclaration n°17 sur le principe de
primauté des traités et du droit de l'Union sur le droit des États.
C) Les caractéristiques du droit primaire:
Le droit primaire occupe le sommet de la hiérarchie des normes et est considéré
comme la charte constitutionnelle de base de l'Union européenne. Les traités
fondateurs valent comme une constitution, étant à l'origine du droit de l'UE. Le droit
dérivé est soumis au contrôle de légalité du droit primaire. Les dispositions du droit
primaire ne peuvent être modifiées ou abrogées que par les procédures prévues par les
traités.
D) Les rapports entre les traités et leur spécificité
- Les rapports entre les traités fondamentaux: Le TUE et le TFUE sont indépendants et
étanches l'un par rapport à l'autre, comme le prévoit l'article 40 du TUE. Les dispositions
des actes d'adhésion doivent être interprétées à la lumière des fondements et du
système de la communauté.
- Les rapports entre les traités européens et les traités internationaux: Formellement,
les traités européens sont des traités, mais la Cour de justice de l'Union européenne
(CJUE) reconnaît la spécificité de l'ordre juridique européen. L'Union européenne
respecte le droit international, les conventions internationales, la Charte des Nations
Unies, et contribue à la paix, à la sécurité et au développement durable.
E) L'autonomie du droit de l'Union européenne:
La CJUE affirme que le droit de l'Union européenne respecte les résolutions des
Nations Unies, les principes du droit international et les droits fondamentaux. L'Union
dispose d'un système complet de voies de recours et est la seule à pouvoir interpréter
les rapports de conformité entre le droit de l'Union et le droit international. Ainsi,
l'autonomie du droit de l'Union est conservée.
DONC:
Le droit primaire, formé principalement par les traités et complété par les protocoles
annexés, constitue la source suprême du droit de l'Union européenne. Il occupe le
sommet de la hiérarchie des normes et est intégré aux systèmes juridiques des États
membres. L'ordre juridique européen est supérieur à l'ordre juridique interne des États.
Le droit de l'Union européenne respecte le droit international tout en préservant son
autonomie
II/ Les accord externes de l’UE deuxième source de l’UE:
● Les accords externes de l'Union européenne sont une source majeure du droit de
l'UE après le droit primaire.
● Ces accords découlent des compétences externes de l'Union et sont conclus avec
des pays tiers ou des organisations internationales.
● Environ 2000 à 2500 accords sont signés et en vigueur entre l'Union et d'autres
États.
● Les accords peuvent couvrir différents domaines tels que le commerce et la
coopération.
● L'Union peut conclure des accords externes en vertu de l'article 216-1 du TFUE, qui
prévoit que cela peut être fait pour réaliser les objectifs des traités.
● Les accords externes lient à la fois les institutions de l'Union et les États membres.
● Avant de conclure un traité, la Cour de justice de l'Union européenne peut être
saisie pour vérifier si l'accord respecte le droit primaire de l'Union.
● Le droit découlant des accords externes ne peut pas être contredit par le droit
dérivé de l'Union.
● Ainsi, les accords externes ont une influence directe et contraignante sur l'ordre
juridique européen.

III/ Le droit dérivé 3ème source:


Le droit dérivé de l'Union européenne se compose d'actes unilatéraux adoptés par les
institutions de l'Union sur la base des traités qui leur confèrent expressément le pouvoir
de le faire. Il existe une hiérarchie organique entre le droit primaire, qui est le droit issu
des traités fondateurs, et le droit dérivé, qui est créé par les États membres via les
traités. Le droit dérivé s'inscrit dans un cadre général formé par les États et est
historiquement constitué par des actes tels que les règlements, les directives et les
décisions.
Voici une nomenclature des actes de droit dérivé :
● Les règlements : Ils sont assimilés à des lois et sont adoptés en référence au
pouvoir réglementaire. Ils portent généralement sur des aspects techniques et
réglementaires et ont une portée générale. Les règlements sont directement
applicables dans tous les États membres de l'Union et doivent être transposés
dans la législation nationale.
● Les directives : Elles fixent une obligation de résultat tout en laissant aux États
membres la liberté quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre cet
objectif. Les directives s'adressent aux autorités publiques des États membres, qui
sont tenues de les transposer dans leur législation nationale. Elles ne sont pas
directement applicables aux particuliers.
● Les décisions : Elles sont des actes unilatéraux qui sont obligatoires dans tous
leurs éléments. Les décisions ont des destinataires spécifiques, qu'il s'agisse d'un
État membre, d'une personne privée ou d'autres entités. Contrairement aux
règlements et aux directives, les décisions n'ont pas de portée générale.

Il y a également des actes non législatifs au sein du droit dérivé, tels que les actes
délégués et les actes d'exécution. Les actes délégués sont adoptés par la Commission
européenne et complètent ou modifient des éléments non essentiels des actes
législatifs. Les actes d'exécution sont des actes de mise en œuvre qui peuvent être
adoptés par la Commission ou par les États membres. Enfin, il existe des actes
d'application directe du traité, qui permettent la mise en œuvre directe du droit des
traités par le Conseil.

Il convient de noter que le traité de Lisbonne a introduit une hiérarchie formelle des
actes de droit dérivé, avec les actes législatifs adoptés par la procédure législative
comme les plus importants. Le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne
sont les co-législateurs de l'Union et peuvent révoquer une délégation de pouvoir ou
s'opposer à un acte délégué. La Cour de justice de l'Union européenne joue un rôle
important dans l'interprétation et l'application du droit dérivé.

Les actes de droit qui n'ont pas de portée contraignante sont :


● Avis et recommandations : ils invitent les États à adopter certaines attitudes sans
les lier juridiquement. Ils expriment une opinion ou une position et sont
généralement de nature infra-législative ou post-législative. Ils relèvent de ce qu'on
appelle la soft law.
● Absence de portée juridique des avis et recommandations : le juge national doit
prendre en compte ces avis et recommandations, comme indiqué dans l'arrêt
"Altair Chimica" du 11 septembre 2003.
● Actes de droit dérivés hors nomenclature et prévus par les traités :
● Règlements intérieurs des institutions : ces actes ont une portée juridique
interne et régissent l'organisation interne des institutions.
● Actes atypiques : il s'agit d'actes qui portent le nom de "décision" ou
"règlement", mais qui ne relèvent pas de l'article 288 du TFUE.
● Décisions autorisant la Commission à proposer la mise en œuvre d'une
compétence non prévue par les traités, conformément à l'article 352 du TFUE.
● Actes des institutions non prévus par les traités :
● Communications
● Livres blancs
● Livres verts
● Conclusions du Conseil
● Actes de soft law : il s'agit de normes non contraignantes qui orientent les actions
des États et des institutions. Ces actes sont utilisés lorsque les traités ne prévoient
pas le type d'acte à adopter. La soft law est également présente dans le droit
international, par exemple avec les recommandations des Nations Unies. Dans le
cadre du droit de l'Union européenne, les institutions européennes utilisent la soft
law pour éviter de brusquer les États et privilégier la régulation plutôt que la
réglementation. Les actes de soft law comprennent des lignes directrices, des
mesures d'encouragement et des programmes d'action.

IV/ Le droit complémentaire:


C’est un droit qui vient compléter le droit des traités,ce sont des accords,des textes
internationaux,des traités concluent par des traités pour appliquer les autres traités.EX
accord de schengen signé en 1985 et protocole en 1990 il vient compléter et va plus
loin.Au fil du temps ces traités ont été intégrés au droit de l’Union EX accord de
schengen intégré au traité d’Amsterdam. Aujourd’hui on peut considérer que le traité
sur la coordination économique et monétaire n’est pas un traité européen et on peut
donc considérer que c’est un traité complémentaire.On peut considérer qu’il est
subordonné au droit primaire.
Sujet n°3: La fonction législative de l’UE
La fonction législative au sein de l'Union européenne repose sur un système de démocratie
représentative, comme stipulé à l'article 10 du Traité sur l'Union européenne (TUE). Le cadre
général de la démocratie libérale occidentale est appliqué, où des représentants sont élus ou
désignés pour établir des normes et créer du droit.

Dans l'Union européenne, il y a une dualité de représentants : le Conseil qui représente les
États membres et le Parlement européen qui représente les peuples des États membres. Cette
dualité fonctionnelle crée deux pôles de légitimité.

La procédure législative de l'UE comprend deux grandes procédures : la procédure législative


ordinaire de droit commun et des procédures spéciales.

La procédure de consultation est utilisée lorsque le Conseil se prononce à l'unanimité sur une
question spécifique. Dans ce cas, le Parlement européen émet un avis consultatif qui n'est pas
contraignant. Cependant, le Conseil doit consulter le Parlement européen avant de prendre sa
décision. Cette procédure de consultation est utilisée pour des questions sensibles qui
touchent généralement aux intérêts nationaux des États membres. Par exemple, la fiscalité est
soumise à la règle de l'unanimité au sein du Conseil.

La procédure d'approbation est utilisée dans différents contextes. Tout d'abord, pour les
accords externes de l'Union européenne, tels que les accords d'association ou d'adhésion, le
Parlement européen doit donner son approbation pour que ces accords soient adoptés. En
général, la quasi-totalité des accords externes sont soumis à l'approbation du Parlement
européen.

De plus, la procédure d'approbation est également utilisée pour sanctionner les États membres
qui ne respectent pas les valeurs de l'Union européenne, conformément à l'article 7 du TUE. Si
des sanctions doivent être prises, elles doivent être approuvées par le Parlement européen.

La procédure d'approbation est également utilisée pour l'adaptation des compétences de l'UE,
conformément à l'article 352 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE). Si
des mesures doivent être prises dans un domaine pour atteindre les objectifs des traités, le
Conseil décide à l'unanimité, mais cela nécessite également l'approbation du Parlement
européen.

La procédure législative ordinaire, également appelée procédure de co-décision, est la


procédure principale utilisée pour adopter des actes législatifs de l'UE. Cette procédure met
sur un pied d'égalité le Conseil et le Parlement européen, leur donnant des pouvoirs égaux.
Depuis le Traité de Lisbonne, le Conseil se prononce à la majorité qualifiée lorsqu'il utilise la
procédure législative ordinaire.

La procédure législative ordinaire s'applique à un large éventail de domaines législatifs. Au fil


du temps, ce domaine législatif s'est étendu, passant de 14 cas dans le traité de Maastricht à 39
cas dans le traité de Lisbonne. Il comprend des domaines tels que le marché intérieur,
l'environnement, les politiques sociales, l'égalité de traitement, la protection des données, la
non-discrimination, l'immigration, et bien d'autres.

Dans le cadre de la procédure législative ordinaire, la Commission européenne propose des


actes législatifs, tels que des règlements ou des directives. Le Parlement européen et le Conseil
examinent ensuite ces propositions, les amendes et négocient jusqu'à parvenir à un accord.
Une fois qu'un accord est trouvé, l'acte législatif est adopté.

Le processus législatif de l'UE est complexe et vise à assurer l'équilibre entre les intérêts des
États membres et ceux des citoyens européens. Le Parlement européen joue un rôle de plus en
plus important dans ce processus, reflétant le renforcement de la dimension démocratique de
l'Union européenne.
Sujet n°4: La fonction exécutive au sein de l’Union

La fonction exécutive de l'Union européenne repose sur deux voies distinctes : l'exécution peut
être assurée soit par la Commission européenne, pour garantir une exécution uniforme, soit
par les États membres à travers leur réglementation nationale. Dans les deux cas,
l'administration nationale met en œuvre le droit de l'Union européenne en contrôlant et
sanctionnant son application.

Avant le traité de Lisbonne, la compétence d'exécution revenait principalement au Conseil, en


tant que représentant des États membres. Toutefois, au début des années 70, le Conseil s'est
progressivement concentré sur des actes généraux et a délégué à la Commission la
responsabilité de l'exécution. Pour maintenir un certain contrôle sur cette exécution, des
comités nationaux ont été créés auprès de la Commission, dans ce qu'on appelle la
"comitologie". Cette comitologie consiste en des comités d'experts nationaux consultés par la
Commission, afin de tenir compte des spécificités nationales dans l'exécution.

La Commission européenne, en tant qu'organe exécutif de l'UE, est responsable devant le


Parlement européen. Cependant, le fait que l'exécution ne relève pas pleinement de sa
compétence limite le contrôle du Parlement européen sur cette fonction. À partir des années
2000, le Parlement devient lui-même législateur, et son argument est que lorsqu'il adopte des
actes, il n'a pas de contrôle sur leur exécution par la Commission.

Pour clarifier cette situation, plusieurs accords interinstitutionnels ont été conclus, et le
règlement du 16 février 2011 est devenu central pour comprendre l'exécution des actes législatifs
de l'Union après le traité de Lisbonne. Ce règlement fixe le cadre juridique en se basant sur
l'article 17 du traité sur l'Union européenne (TUE), qui établit la Commission comme l'organe
exécutif de principe, et sur l'article 290-1 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne
(TFUE), qui permet à la Commission d'adopter des actes délégués.

Les actes délégués sont des actes non législatifs de portée générale qui complètent ou
modifient certains éléments non essentiels des actes législatifs délégués par le Conseil. Le
Parlement et le Conseil ont la possibilité de s'opposer à ces actes délégués dans un délai de
deux mois. La Cour de justice de l'Union européenne a précisé que l'appréciation de la notion
"non essentielle" des éléments relève de considérations politiques. De plus, la délégation peut
faire l'objet d'un contrôle juridictionnel, et le Parlement a le pouvoir de révoquer un acte
délégué.

En ce qui concerne les actes d'exécution, la Commission est juridiquement liée par les comités
qui les accompagnent. On distingue deux procédures de comitologie : la procédure
consultative, où les comités d'experts nationaux donnent un avis à la Commission, et la
procédure d'examen, qui concerne des mesures générales d'exécution ayant une incidence
notable dans des domaines sensibles. Dans cette procédure, la Commission soumet son projet
d'acte aux comités, qui doivent se prononcer dans un délai de deux mois. Si un comité émet un
avis défavorable, la Commission doit saisir un comité d'appel. La décision finale sur l'adoption
de l'acte revient à une majorité qualifiée des États membres.

En ce qui concerne l'exécution par les États membres, l'article 291-1 du TFUE stipule que les
États doivent prendre toutes les mesures internes nécessaires pour mettre en œuvre les actes
juridiquement contraignants de l'Union. Il s'agit de la reconnaissance du rôle des États dans
l'exécution du droit de l'Union européenne. L'objectif de l'intégration européenne est que ce
droit soit effectivement appliqué, même si les modalités d'exécution varient d'un État à l'autre.

En résumé, la fonction exécutive de l'Union européenne est exercée soit par la Commission
européenne, qui dispose de la compétence d'exécution de principe, soit par les États membres.
Les actes délégués et les actes d'exécution sont les instruments utilisés pour assurer cette
fonction. La comitologie joue un rôle important dans la consultation des États et la prise de
décision lors de l'exécution. Le Parlement européen dispose d'un droit de regard, mais le
contrôle sur l'exécution est plus limité. L'objectif global est de garantir l'application effective du
droit de l'Union européenne.
Sujet n°5: Le principe de primauté du droit européen de l’Union
Le principe de primauté du droit de l'Union européenne est un concept fondamental qui
établit que le droit européen prime sur le droit national des États membres. Ce principe a été
développé par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) au fil de sa jurisprudence.

L'arrêt Costa c. ENEL de 1964 a joué un rôle essentiel dans l'établissement du principe de
primauté. Dans cette affaire, la CJUE a statué que le droit de l'Union européenne est autonome
et possède sa propre source juridique distincte. Par conséquent, le droit issu des traités
européens ne peut être remis en question par des lois nationales postérieures. La CJUE a
énoncé la règle suivante : « Issu d'une source autonome, le droit né du traité ne pourra donc, en
raison de sa nature spéciale originale, se voir judiciairement opposé à un texte interne quel
qu'il soit sans prendre son caractère communautaire et sans que soit mise en cause la base
juridique de la communauté ».

L'arrêt Van Gend en Loos de 1963 a également contribué à l'établissement du principe de


primauté. La CJUE y a affirmé que le droit européen crée un nouvel ordre juridique
international et que ses dispositions sont directement applicables aux citoyens des États
membres. Ainsi, les droits découlant du droit européen peuvent être invoqués devant les
juridictions nationales, qui sont tenues de les faire respecter.

Un autre arrêt important est celui du 16 décembre 1960, Humblet, où la CJUE a affirmé que le
droit européen prime sur la législation nationale en matière fiscale. Cet arrêt démontre la
portée du principe de primauté, qui s'étend aux domaines économiques et fiscaux.

Il convient également de mentionner l'arrêt Wilhelm de 1969, où la CJUE a déclaré pour la


première fois que le principe de primauté est une règle de droit communautaire. Cette
affirmation a été renforcée par l'arrêt Variola de 1983, où la primauté a été présentée comme un
principe fondamental de l'ordre juridique européen.

Le principe de primauté du droit de l'Union européenne revêt une portée générale et interne.
En d'autres termes, il s'applique à l'ensemble du droit de l'Union, y compris le droit primaire (les
traités), les accords externes, le droit dérivé (règlements, directives) et les traités internationaux
conclus par l'Union. De plus, il règle les conflits de normes qui impliquent les compétences
partagées entre l'Union et les États membres, ainsi que les normes constitutionnelles
nationales.

Il convient de souligner que le principe de primauté du droit de l'Union européenne est


respectueux de la dignité humaine et de l'identité nationale. La Cour de justice a cherché à
concilier le droit de l'Union avec les droits fondamentaux nationaux en identifiant les principes
généraux du droit qui sont communs à tous les États membres. Ces principes généraux sont
déduits des droits nationaux et sont essentiels pour assurer une protection équivalente des
droits fondamentaux dans toute l'Union européenne.

Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la Charte des droits fondamentaux de l'Union
européenne a acquis une portée contraignante. La Cour de justice peut maintenant s'appuyer
sur cette charte pour assurer une protection adéquate des droits fondamentaux, évitant ainsi
un conflit entre la primauté du droit de l'Union et la protection des droits fondamentaux
nationaux. L'arrêt Melloni de 2013 illustre cette approche en précisant que l'application du droit
de l'Union ne doit pas porter atteinte à la protection des droits fondamentaux garantis par les
constitutions nationales.

En conclusion, le principe de primauté du droit de l'Union européenne établit que le droit


européen prévaut sur le droit national des États membres. Il a été développé par la
jurisprudence de la CJUE, avec des arrêts tels que Costa, Van Gend en Loos, Humblet et
Wilhelm. Ce principe garantit l'uniformité de l'application du droit européen, tout en respectant
les droits fondamentaux et l'identité nationale des États membres.

Primauté du droit de l'Union européenne sur la loi devant le juge judiciaire :


​ Avant l'article 55 de la Constitution française, la doctrine Matter prévoyait que la loi
postérieure déroge au traité, et le juge devait concilier les deux. L'article 55 a établi que la
loi est inférieure au traité. La Cour de cassation a pleinement appliqué cet article,
assurant le contrôle de conventionnalité.

Incertitudes concernant la primauté du droit de l'Union européenne sur la Constitution :

​ L'arrêt Fraisse a soulevé des incertitudes, car il indique que les Traités internationaux ne
sont pas supérieurs à la Constitution, mais cela concerne les Traités internationaux et
non les Traités européens. La question se pose de savoir si la Cour de cassation fera une
distinction pour le droit de l'Union européenne.

Primauté du droit de l'Union européenne devant le juge administratif :

​ Le Conseil d'État s'est aligné sur la jurisprudence du Conseil constitutionnel, en assurant


la supériorité du droit de l'Union européenne sur les actes administratifs par le biais de
la théorie de l'écran législatif. Le Conseil d'État reconnaît la primauté du règlement, des
directives et des décisions de l'Union européenne sur la loi, ainsi que la possibilité de
contrôler la conventionnalité des actes administratifs. Cependant, l'article 55 de la
Constitution ne prévoit pas la primauté des principes généraux du droit (PGD), mais le
Conseil d'État admet que certains PGD déduits du traité peuvent être utilisés pour le
contrôle de conventionnalité.

Limites à la primauté du droit de l'Union européenne :

​ L'ordre juridique français est intégré à l'ordre juridique de l'Union européenne. Le Conseil
constitutionnel reconnaît cette intégration, mais il existe une contradiction entre la
Constitution et un acte réglementaire qui transpose le droit de l'Union européenne. Le
Conseil d'État effectue un contrôle de constitutionnalité du droit dérivé en demandant à
la CJUE si la directive respecte un principe comparable à celui de l'égalité devant la loi.

Le Tribunal des conflits et la primauté du droit de l'Union européenne :

​ L'arrêt SCEA du Chéneau introduit une dérogation à l'arrêt Setafonds, permettant au juge
judiciaire de poser une question préjudicielle à la CJUE et d'écarter un acte administratif
contraire au droit de l'Union européenne.

En résumé, la primauté du droit de l'Union européenne sur le droit national est reconnue, mais
des incertitudes persistent quant à sa relation avec la Constitution française. Le juge judiciaire
et le juge administratif assurent le contrôle de conventionnalité et peuvent écarter les actes
contraires au droit de l'Union européenne.
Sujet n° 6: Le principe de l’effet direct du droit européen de l’Union
En droit communautaire (droit de l'Union européenne), l'effet direct d'une norme est
également appelé applicabilité directe de cette norme.
Le principe de l'effet direct du droit communautaire a pour objectif d'harmoniser les
législations nationales plus rapidement, pour permettre l'efficacité du droit européen.
Pour cette raison, la Cour de justice de l'Union européenne en a une conception
extensive.

Qu'est-ce que l'effet direct ?


L'effet direct permet à un particulier d'invoquer directement une norme européenne
devant une juridiction nationale ou européenne dans le cadre d'un litige. Le principe de
l'effet direct impose donc aux États de respecter le droit communautaire, par le biais de
leurs ressortissants.
Le droit communautaire s'impose sans que l'État n'ait à transposer la norme
européenne dans son droit national.
La disposition communautaire bénéficiant de l'effet direct s'impose au juge national qui
doit, d'une part, écarter la norme nationale qui lui serait contraire, mais également
appliquer la norme communautaire au litige. S'il ne sait pas si une norme
communautaire invoquée est ou non d'effet direct, le juge national doit surseoir à
statuer pour poser à la Cour de justice une question préjudicielle en interprétation.

Bon à savoir : alors que le droit international ne produit d'effet direct que par exception,
le droit communautaire est présumé d'effet direct.

- Effet direct vertical


On dit que l'effet direct est vertical lorsque le particulier l’invoque contre un État.
L'effet direct vertical a été consacré par l'arrêt Van Gend en Loos de la CJUE du 5 février
1963.
- Effet direct horizontal
On dit que l'effet direct est horizontal lorsque le particulier l'invoque contre un autre
particulier.
L'effet direct vertical a été consacré par l'arrêt Defrere du 8 avril 1973.

Bon à savoir : l'effet direct peut être complet (vertical et horizontal) ou partiel.

Effet direct : pour quels actes ?


Il existe un principe de primauté de toutes les normes communautaires sur le droit
national : les normes européennes prévalent sur les normes nationales.

Mais toutes ne bénéficient pas de l'effet direct : il faut en outre que la règle
communautaire soit claire, précise et inconditionnelle.
- Les règlements
L’article 288 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne dispose que « le
règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et il est
directement applicable dans tout État membre ».
Le règlement a un effet direct complet (vertical et horizontal)
- Les décisions
Concernant les décisions, la Cour de justice, dans un arrêt Grad du 6 octobre 1970, a
posé une distinction :
​ les décisions adressées aux particuliers ont un effet direct complet ;
​ les décisions adressées à un État membre ont un effet direct vertical.
- Les accords internationaux
Les accords internationaux conclus au niveau de l'Union européenne ont un effet direct
si leurs dispositions sont suffisamment opérationnelles, c'est-à-dire précises et
inconditionnelles, n'appelant pas de mesures complémentaires. L'effet direct est refusé
dès lors que l'État possède une marge de manœuvre concernant la mise en œuvre de la
disposition en question.
Bon à savoir : les avis et recommandations ne bénéficient pas du principe de l'effet
direct car ils n'ont pas d'effet contraignant vis-à-vis de leur destinataire.
Sujet n° 7: Le contentieux de l’Union européenne

Le contentieux direct du droit de l'Union européenne concerne les recours engagés


directement devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Il existe plusieurs
types de recours qui permettent aux particuliers, aux États membres, aux institutions
de l'UE et à d'autres entités d'obtenir une décision de la CJUE sur des questions liées au
droit de l'UE. Voici les principaux recours du contentieux direct :

Procédure:
La procédure devant les juridictions de l’union est mixte(orale+écrite); semblable pour
tous les recours directs, contradictoire, inquisitoire et gratuite (pas de droit
d’inscription). Les parties doivent obligatoirement être représentées devant les
juridictions de l’union:
- EM+ Institutions de l'UE + Etats tiers = représentés par un agent nommé pour
chaque affaire.
- Personnes physiques/ morales= représentées par un avocat inscrit au barreau
d’un EM.
La procédure se décompose en 2 phases distinctes :
- Le délibéré (écrit)
- Le prononcé de l’arrêt (oral)

Le contrôle juridictionnel de l’UE:

I/ Le recours en annulation:
Le recours en annulation est une procédure juridictionnelle par laquelle la Cour de justice de
l'Union européenne contrôle la légalité d'un acte décisionnel adopté par une institution, un
organe ou un organisme de l'Union européenne.
A) Une acte attaquable:
Le contrôle de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) peut porter sur la légalité des
actes législatifs, mais aussi sur celle des actes adoptés par le Conseil, la Commission, la
Banque centrale européenne, le Parlement européen et le Conseil européen lorsqu'ils sont
destinés à produire des effets juridiques à l'égard des tiers. Ce contrôle s'étend aux actes
adoptés par les organes ou organismes européens destinés à produire des effets à l'égard des
tiers.
Les recommandations et les avis sont cependant exclus du contrôle exercé par la CJUE.

B) Une qualité pour agir:


L'article 263 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne distingue plusieurs
catégories de requérants. Tout d'abord, s'agissant de requérants privilégiés, les États membres,
le Parlement européen, le Conseil et la Commission peuvent saisir la CJUE sans avoir à
démontrer un quelconque intérêt à agir.
Les personnes physiques et morales constituent quant à elles une autre catégorie qui est celle
des requérants non privilégiés. Pour saisir la Cour, ces derniers doivent justifier d'un intérêt à
agir qui doit être né et actuel, au jour de l'introduction du recours. Ils peuvent ainsi contester
tout acte dont ils sont les destinataires ou qui les concerne directement et individuellement,
ainsi que tout acte réglementaire qui les concerne directement et qui ne comporte pas de
mesures d'exécution.
Par ailleurs, la Cour des comptes, la Banque centrale européenne et le Comité des régions sont
recevables à agir en annulation pour défendre leurs prérogatives.
Enfin, depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, les parlements nationaux ainsi que le
Comité des régions ont le droit de demander l'annulation des actes législatifs qui
méconnaîtraient le principe de subsidiarité.

C) Un délai pour agir:


Pour agir, le requérant dispose d'un délai de deux mois qui commence à courir à compter de la
publication de l'acte litigieux ou de sa notification au requérant. À défaut, le délai court à
compter de la date à laquelle le requérant a eu connaissance de l'acte. Il s'agit d'un délai
d'ordre public.
D) Les moyens d’annulation:
La CJUE peut prononcer l'annulation d'un acte pour incompétence, violation des formes
substantielles, violation des traités ou de toute règle de droit relative à leur application, ou
détournement de pouvoir. Les moyens relatifs à la légalité externe d'un acte (incompétence et
violation des formes substantielles) peuvent être soulevés et examinés d'office par le juge,
tandis que ceux qui concernent sa légalité interne (violation du traité ou de toute règle de droit
prise pour son application et détournement de pouvoir) doivent être soulevés par les parties.

E) Les effets de l’annulation:


L'annulation peut être soit totale, soit partielle lorsque les dispositions annulées sont
séparables des autres dispositions. L'acte annulé est considéré comme nul et non avenu. Ainsi,
il est réputé n'avoir jamais existé et ses effets doivent être effacés. L'arrêt d'annulation revêt
également l'autorité absolue de la chose jugée.
La CJUE ne peut aller au-delà de l'annulation de l'acte. Elle ne peut ainsi se substituer à
l'autorité administrative ou prononcer des injonctions. L'institution, l'organe ou l'organisme
dont l'acte a été annulé devra prendre toutes les mesures nécessaires pour se conformer à
l'exécution de cet arrêt dans un délai raisonnable.

II/ Le recours en carence:

Le recours en carence est une procédure juridictionnelle par laquelle la Cour de justice de
l'Union européenne contrôle la légalité de l'inaction d'une institution, d'un organe ou d'un
organisme de l'Union européenne.

A) Obligation d’agir de l’entité défenderesse:


Le recours en carence peut être exercé à l'encontre du Parlement, du Conseil européen, du
Conseil, de la Commission ou de la Banque centrale européenne. Il peut aussi être dirigé contre
les organismes et organes de l'Union européenne.
L'illégalité de l'absence ou de l'omission d'action par l'entité défenderesse implique qu'il y ait
une obligation d'agir prévue par les traités ou les actes pris pour leur application.
B) Qualité pour agir:
Les États membres et les autres institutions de l'Union constituent des requérants privilégiés.
Ils peuvent saisir la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) d'un recours en carence sans
avoir à démontrer un quelconque intérêt à agir.
Toute personne physique ou morale peut également saisir la CJUE pour faire grief à l'une des
institutions, ou à l'un des organes ou organismes de l'Union, d'avoir manqué de lui adresser un
acte autre qu'une recommandation ou un avis. Elle doit cependant démontrer un intérêt à agir.
Par analogie avec le recours en annulation, la CJUE a reconnu qu'un particulier avait la faculté
de former un recours en carence contre un acte dont il n'était pas le destinataire mais qui le
concernait directement et individuellement.
C) Invitation préalable à agir et délais de recours:
Afin que le recours en carence soit recevable, le requérant doit au préalable inviter par écrit
l'institution, l'organe ou l'organisme de l'Union européenne à agir. Cette entité dispose alors
d'un délai de deux mois pour prendre position. À défaut, le requérant dispose alors d'un
nouveau délai de deux mois pour introduire un recours en carence.
Le recours en carence devient cependant irrecevable lorsque l'entité prend position après le
délai de deux mois qui lui est imparti, mais avant l'introduction du recours en carence par le
requérant. Lorsque la prise de position intervient durant l'instance mais avant le prononcé de
l'arrêt en carence, le juge prononce un non-lieu à statuer.
D) Effets de la constatation de la carence:
La CJUE ne peut se substituer à l'entité défenderesse pour remédier à la carence et adopter
les dispositions faisant défaut. L'institution, l'organe ou l'organisme dont la carence a été
constatée devra ainsi prendre toutes les mesures nécessaires pour se conformer à l'exécution
de l'arrêt en carence dans un délai raisonnable.

III/ Le recours en manquement:

Le recours en manquement est une procédure juridictionnelle par laquelle la Cour de justice
de l'Union européenne contrôle le respect par les États membres des obligations qui leur
incombent en vertu du droit européen.
A) Manquement imputable à l’Etat:

Le manquement est apprécié largement par la Cour de justice. Il peut être intentionnel ou être
le fruit de négligences. Il peut procéder de comportements positifs (actions) ou négatifs
(abstentions ou omissions). Le manquement doit être imputable à l'État. Cette notion est
également interprétée largement par la Cour de justice puisqu'elle englobe l'ensemble des
organes de l'État, ainsi que ses entités infra-étatiques. L'exception de force majeure peut être
invoquée par l'État défendeur pour justifier un manquement. Cependant, cette cause
d'exonération est interprétée strictement.

B) Phase précontentieuse

Lorsque la tentative de règlement amiable échoue, la Commission adresse une lettre de mise
en demeure à l'État membre qui fixe l'objet du litige, ainsi qu'un délai au terme duquel l'État
devra avoir présenté ses observations ou s'être conformé à ses obligations. À défaut, la
Commission pourra émettre un avis motivé. Ce dernier précise les raisons de fait et de droit
retenues pour constater l'existence du manquement mais ne précise pas forcément les
mesures qui permettraient d'y mettre fin. Il prévoit également un délai raisonnable pour
permettre à l'État d'adapter son droit ou préparer sa défense. S'il n'est pas mis fin au
manquement à l'expiration de ce délai, la Commission appréciera librement l'opportunité
d'engager une procédure.

C) Phase contentieuse:

La Commission n'a pas à démontrer un intérêt à agir pour saisir la Cour. Dès lors que le délai
prévu par l'avis motivé est expiré, elle peut le faire à n'importe quel moment et par le biais
d'une requête reposant sur les griefs arrêtés pendant la phase précontentieuse. La charge de
la preuve pèse sur la Commission.L'existence du manquement s'apprécie au jour de l'expiration
du délai prévu par l'avis motivé. Ainsi, toute régularisation ultérieure ne fait pas perdre son
intérêt au recours et la Cour peut se prononcer lorsque cela est utile pour établir, par exemple,
la responsabilité de l'État.

D) Effets de la constatation du manquement:

La constatation du manquement est purement déclaratoire. La Cour de justice ne peut ni


annuler, ni abroger les mesures nationales. Il appartient alors aux autorités nationales de
prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'exécution de l'arrêt en manquement.
L'inexécution ou l'exécution incomplète de ce dernier constitue un nouveau manquement qui
peut donner lieu à l'ouverture d'une nouvelle procédure (recours en manquement sur
manquement). L'article 260 du Traité sur fonctionnement de l'Union européenne permet alors à
la Cour de justice d'infliger à l'État membre récalcitrant des sanctions pécuniaires sous la
forme d'une somme forfaitaire et/ou d'une astreinte.
Sujet n°8: Les autres recours directs: un contentieux de pleine juridiction

Les autres recours directs font référence à des procédures de contentieux de pleine
juridiction qui permettent aux parties de saisir directement la Cour de justice de l'Union
européenne (CJUE) pour certains litiges.

I/ Les recours des agents de la fonction publique de l'Union

Cela concerne les fonctionnaires qui travaillent pour les institutions de l'Union
européenne et qui peuvent avoir des litiges avec leur autorité hiérarchique. En vertu de
l'article 270 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), la CJUE est
compétente pour connaître du contentieux de la fonction publique. Cela signifie que les
fonctionnaires de l'Union peuvent saisir directement la CJUE en cas de litige avec leur
employeur.

II/ Les recours en responsabilité de l'Union

Cela concerne les litiges de responsabilité impliquant l'Union européenne. Il existe deux
types de recours en responsabilité :

● Règle contractuelle : L'article 272 du TFUE prévoit une clause compromissoire qui
permet aux parties de soumettre leurs litiges contractuels à la compétence de la
CJUE.
● Règle extracontractuelle / en indemnité : L'article 340 du TFUE stipule que l'Union
européenne peut être tenue responsable des dommages causés dans le cadre de
son activité, et doit réparer ces dommages conformément aux principes généraux
de droit communs aux États membres de l'Union. Pour engager un recours en
indemnité contre l'Union, il faut prouver l'existence d'un fait dommageable, d'un
préjudice et d'un lien de causalité entre les deux.

III/ Les voies de recours particulières

Cela concerne certaines voies de recours spéciales disponibles devant la CJUE :

● La procédure en référé : Cette procédure permet de statuer en urgence sur une


demande. Les recours engagés devant la CJUE n'ont pas d'effets suspensifs, donc
la procédure en référé est utilisée lorsque l'urgence justifie une décision rapide.
● L'intervention : Il s'agit de la possibilité pour un tiers au litige, qu'il s'agisse d'un État
membre, d'une institution ou de particuliers, d'intervenir dans une affaire en cours.
En matière institutionnelle, il est fréquent que les États membres interviennent en
soutien d'autres États sur des questions touchant à la primauté du droit de
l'Union.
● Les voies de recours contre les décisions du juge de l'Union : La CJUE et l'Acte
unique européen ont prévu la création du Tribunal de première instance (TPI), qui
permet d'avoir deux niveaux de juridiction. Ces voies de recours sont mises en
place pour permettre un réexamen des décisions du tribunal.

Sujet n°9: Le renvoi préjudiciel


Le renvoi préjudiciel est une procédure permettant à une juridiction d'un État membre d'interroger la
Cour de justice de l'Union européenne sur l'interprétation ou la validité du droit de l'Union dans le cadre
d'un litige dont elle est saisie.
I/ Qualité de l’auteur du renvoi
Toute juridiction d'un État membre peut en principe saisir la Cour de justice d'une demande de décision
préjudicielle , dès lors qu'elle est appelée à statuer dans le cadre d'une procédure destinée à aboutir à
une décision de caractère juridictionnel.
La notion de juridiction nationale est une notion autonome du droit de l'Union européenne. Ainsi, pour
déterminer si un organisme national peut être qualifié de juridiction, la Cour tient compte d'un
ensemble de critères : l'origine légale de l'organe, sa permanence, le caractère obligatoire de sa
juridiction, la nature contradictoire de la procédure, ou encore l'application, par l'organe, des règles de
droit, ainsi que son indépendance.
II/ Type de renvoi:
Il existe deux types de renvoi préjudiciel :
- le renvoi en validité de la norme de droit de l'Union : le juge national demande dans ce cas à la
CJUE de vérifier la validité d'une norme européenne ;
- le renvoi en interprétation de la norme de droit de l'Union : le juge national demande dans ce cas
à la CJUE de préciser le sens d'une norme de droit primaire ou de droit dérivé.

III/ Norme susceptible de faire l’objet d’un renvoi :


S'agissant du droit primaire, la compétence < préjudicielle > de la Cour ne porte que sur son
interprétation. En effet, le droit primaire est l'œuvre des États membres, et les institutions européennes
ne peuvent donc en apprécier la validité.
S'agissant du droit dérivé, la Cour est compétente pour interpréter et apprécier la validité des actes des
institutions, organes et organismes de l'Union. Les accords internationaux relèvent également de sa
compétence.
IV/ Forme et contenu de la question posée:
La question peut revêtir toute forme admise par le droit national pour les incidents de procédure. Elle
doit être formulée de telle sorte qu'une réponse utile puisse être donnée. La Cour s'estime libre de la
reformuler ou de la compléter.
La demande doit être suffisamment complète, c'est-à-dire qu'elle doit contenir toutes les informations
pertinentes pour permettre à la Cour de comprendre le cadre factuel et réglementaire de l'affaire.
La question doit avoir un lien avec la réalité ou l'objet du litige au fond. De plus, la question doit être
posée dans le cadre d'un litige réel. La Cour ne peut répondre à des questions purement hypothétiques.
V/ Caractère obligatoire ou facultatif du renvoi
Pour ce qui concerne les demandes en interprétation, l'obligation de saisir la Cour ne s'impose qu'aux
seules juridictions dont les décisions ne sont pas susceptibles d'un recours de droit interne. Cela vaut
pour les juridictions suprêmes mais aussi pour les juridictions de rang inférieur qui rendent des
décisions en dernier ressort.
La Cour a par ailleurs jugé que le < renvoi > n'est pas obligatoire lorsque la question est matériellement
identique à une question qui a déjà fait l'objet d'une décision à titre < préjudiciel >. Il en va de même
lorsque la solution résulte d'une jurisprudence établie par la Cour ou lorsqu'il n'existe aucun doute
raisonnable quant à la réponse à la question posée.
Pour ce qui concerne l'appréciation de validité, le juge national a l'obligation, quel que soit son rang, de
renvoyer une question à la Cour dès lors qu'il a des doutes sur la validité d'un acte européen. Les
juridictions nationales ne sont pas compétentes pour constater elles-mêmes l'invalidité de tels actes. De
plus, dans le cadre d'une procédure en référé, le juge national peut suspendre l'application d'un acte de
l'Union à condition de saisir immédiatement la Cour d'une demande < préjudicielle > en appréciation de
validité.
VI/ Délai de renvoi et suspension des procédures nationales:
La juridiction nationale peut adresser une demande à la Cour dès qu'elle constate qu'une décision sur
l'interprétation ou la validité du droit de l'Union est nécessaire pour rendre son jugement.
Le dépôt d'une demande de décision < préjudicielle > entraîne la suspension de la procédure nationale
jusqu'à ce que la Cour ait statué. La juridiction nationale reste toutefois compétente pour prendre des
mesures conservatoires.
VII/ Effets des arrêts rendus à titre préjudiciel:
L'arrêt rendu sur < renvoi > en interprétation est revêtu de l'autorité générale de chose interprétée. Il
s'impose à la juridiction nationale à l'initiative du < renvoi >, mais aussi à toutes les juridictions
nationales des États membres qui rencontreraient une question identique ou similaire.
Pour ce qui est de la question en appréciation de validité, un acte déclaré valide doit être appliqué par
le juge de < renvoi >. En revanche, lorsqu'il est déclaré illégal, le juge de < renvoi > doit en écarter
l'application pour résoudre le litige qui lui est soumis. Toutes les autorités nationales et les institutions
de l'Union sont tenues de ne plus appliquer cet acte et l'organe dont il émane devra remédier à cette
illégalité.
Enfin, il appartient aux juridictions nationales d'apprécier si elles s'estiment suffisamment éclairées par
une décision < préjudicielle >, ou s'il leur apparaît nécessaire de saisir à nouveau la Cour.

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