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FICHE 03 – DROIT PÉNAL

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1 LE DROIT PÉNAL GÉNÉRAL
1.1 INTRODUCTION
Le droit pénal est l’ensemble des règles qui définissent les infractions et qui déterminent les règles qui leur
sont applicables.

C’est l’ensemble des règles destinées à réguler la vie en société et sans lesquelles la vie communautaire
serait impossible.
Le droit pénal punit certains faits qu’il juge dangereux pour la société.

Celui qui viole la loi pénale trouble l’ordre social

 Le trouble à l’ordre social est appelé infraction

 L’infraction pénal est un fait prévu et puni par la loi

Celui qui a commis l’infraction pénal a troublé l’ordre public. La société va donc réagi.

La réaction de la société est conduite par des magistrats appelés ministère public

 C’est le ministère public qui poursuit : on dit que l’action publique appartient au ministère public

 L’action que le ministère public exerce pour poursuivre l’auteur de l’infraction est l’action
publique.

 Dans le procès pénal, le ministère public porte aussi le nom de l’accusation parce qu’il lui
appartient de rechercher les premiers éléments pour voir l’existence de l’infraction

L’auteur de l’accusation est appelé la défense (l’auteur et ses avocats). De manière générale, la défense
concerne tous ceux qui sont poursuivis dans le cas de la même affaire.

La victime de l’infraction est appelée partie civile :

 Parce que l’action en réparation qu’elle exerce a pour seul but la réparation du préjudice qu’elle a
subi ;

 L’action civile appartient à la victime de l’infraction et à ses ayants droits (héritiers, …).

On distingue :

 Le droit pénal général qui prévoit les principes de base applicables au droit pénal ainsi que la
définition des infractions càd leurs éléments constitutifs.

 Le droit pénal spécial : c’est la branche du droit pénal qui étudie chaque infraction pour en
connaître les éléments constitutifs en vue d’une meilleure application du droit pénal. (Exemple :

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« le vol est la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui » ; que signifie soustraction ?
frauduleuse ? chose ? autrui ?)

1.1.1 LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ CRIMINELLE


Selon ce principe, les incriminations et les peines doivent être créées par une loi.
Il se retrouve à l’article 111-3 du Code pénal, qui dispose que : « Nul ne peut être puni pour un crime ou
pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi, ou pour une contravention dont les éléments
ne sont pas définis par le règlement. Nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi, si
l’infraction est un crime ou un délit, ou par le règlement, si l’infraction est une contravention. »
Il est également consacré à l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789,
selon lequel : « La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut
être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée. »
Ainsi, seul un texte de valeur législative peut déterminer ce qui constitue une infraction et quelle est
la peine applicable.

1.1.1.1 Les conséquences du principe de légalité

§ La légalité des incriminations : une infraction ne peut exister que si un texte de valeur législative
l’a prévu. Ainsi, des faits qui ne sont pas constitutifs d’une infraction ne peuvent pas entraîner une
condamnation pénale. En conséquence, le juge ne peut pas créer d’infractions. Bien entendu, la loi
étant générale et abstraite, le juge est parfois amené à l’interpréter. Mais en droit pénal, les
possibilités d’interprétation du juge sont limitées par le principe d’interprétation stricte de la loi
pénale (article 111-4 du Code pénal). Cela signifie que le juge ne doit pas s’éloigner du sens de la
loi. Si par exemple le texte est clair, le juge ne peut pas raisonner par analogie pour l’appliquer à
une situation similaire mais qui n’est pas visée par le texte 1.
§ La légalité des peines : de même que pour les incriminations, il ne peut y avoir de peines qui
n’aient pas été prévues par un texte de valeur législative. Le texte doit déterminer la nature de la
peine (exemples : emprisonnement, amende…) et son quantum (exemples : durée, montant). En
conséquence, le juge ne peut pas créer de nouvelles peines ou infliger une peine qui n’est pas
prévue par un texte. Il ne peut pas non plus prononcer une peine dont le quantum dépasse le
maximum fixé par le texte.

1.1.1.2 Les limites du principe de légalité

Plusieurs éléments constituent des limites au principe de légalité.


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On peut toutefois légèrement nuancer ce principe d’interprétation stricte de la loi pénale. Par exemple, en raison des progrès
techniques, le juge peut être conduit à appliquer un texte à une situation qui n’était pas expressément envisagée par ce texte.
Ainsi, en matière de diffamation, la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne visait que la presse écrite. Cela n’a
toutefois pas empêché que l’incrimination s’étende à la diffamation par voie télévisuelle ou radiophonique (la solution a
depuis été ratifiée par le législateur).

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§ La détermination des contraventions par le règlement : c’est le règlement qui détermine les
contraventions, ainsi que les peines qui leur sont applicables. L’article 111-2 alinéa 2 affirme à ce
titre que : « Le règlement détermine les contraventions et fixe, dans les limites et selon les
distinctions établies par la loi, les peines applicables aux contrevenants ». Ainsi, toutes les
infractions n’ont pas nécessairement à être prévues par un texte de valeur législative. Une
contravention peut tout à fait être prévue par un règlement.
§ Les textes de valeur supra-législative : le principe de légalité n’interdit pas à un texte de valeur
supra-législative de prévoir une infraction ou une peine. Par exemple, la Constitution incrimine les
manquements du président de la République. De même, des textes internationaux peuvent prévoir
des infractions pénales. A ce titre, l’article 7 de la Convention européenne de sauvegarde des droits
de l’homme et des libertés fondamentales, directement applicable en droit interne, affirme que : «
Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été commise,
ne constituait pas une infraction d’après le droit national ou international. »
§ Le principe de l’individualisation/personnalisation des peines : permet au juge d’adapter la
peine à la personnalité de chaque individu. En particulier, puisque les textes ne déterminent que le
quantum maximum de la peine, le juge est libre de fixer le quantum de son choix dans la seule
limite de ce maximum. Par exemple, l’article 311-3 du Code pénal affirme que « le vol est puni de
trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ». Pour autant, en présence d’un vol, le
juge n’est pas tenu de prononcer une peine de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros
d’amende. Il peut tout à fait prononcer une peine d’un an ou deux ans d’emprisonnement (par
exemple), ou une peine d’amende inférieure à 45 000 euros.
En outre, le juge peut également recourir à des aménagements de la peine et à des peines de
substitution. Ainsi, si le principe de légalité criminelle l’empêche de créer des peines, le juge
dispose tout de même d’une certaine marge de manœuvre dans le choix de la peine.

1.1.2 L’APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS


En effet, comme toute loi, la loi pénale s’applique aux faits commis après son entrée en vigueur et jusqu’à
son abrogation.
Mais que se passe-t-il dans le cas de faits commis avant l’entrée en vigueur d’une loi nouvelle, mais qui
n’ont pas été jugés avant cette entrée en vigueur ? Au moment du jugement, faut-il appliquer la loi
ancienne ou la loi nouvelle ?
Prenons un exemple : une infraction a été commise en 2021. En 2022, une loi nouvelle modifiant le droit
applicable a été promulguée. Admettons que le jugement a lieu en 2023. Faut-il appliquer la loi ancienne ou
la loi nouvelle promulguée en 2022 ?
En réalité, l’application de la loi pénale dans le temps ne sera pas la même selon qu’il s’agit d’une loi de
fond ou d’une loi de procédure (loi de forme).

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1.1.2.1 L’application dans le temps des lois pénales de fond

L’application de la loi pénale dans le temps est déterminée par deux principes :

§ Le principe de non-rétroactivité de la loi pénale : la loi nouvelle ne peut pas s’appliquer à des
faits qui se sont produits avant son entrée en vigueur. Elle ne dispose que pour l’avenir et
n’a pas d’effet rétroactif. On ne peut donc pas être puni pour des faits qui ne constituaient pas une
infraction à la date à laquelle ils ont été commis. De même, on ne peut pas se voir infliger une
peine qui n’était pas encourue au moment des faits (article 112-1 alinéas 1 et 2 du Code pénal).
Ce principe a valeur constitutionnelle puisqu’il est consacré à l’article 8 de la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Mais il ne s’applique en réalité que si la loi nouvelle est plus sévère ; la loi nouvelle plus douce,
quant à elle, est soumise au principe de la rétroactivité in mitius.

§ Le principe de la rétroactivité in mitius : Dans le cas d’une loi nouvelle plus douce (qui supprime
une incrimination ou qui prévoit une peine moins lourde), le principe ne sera pas celui de la non-
rétroactivité. En effet, une loi nouvelle plus douce que celle en vigueur précédemment,
s’appliquera aux faits commis avant son entrée en vigueur (article 112-1 alinéa 3 du Code
pénal). C’est ce qu’on appelle la rétroactivité in mitius.

Il faut noter que tout comme le principe de non-rétroactivité de la loi pénale, ce principe de la
rétroactivité in mitius a également valeur constitutionnelle (Cons. Const., 20 janv. 1981, n° 80-
127 DC).

Un bon exemple de rétroactivité in mitius est la loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort.
Il s’agit bien d’une loi plus douce puisqu’elle supprime une peine. Par conséquent, elle a pu
s’appliquer aux crimes commis avant son entrée en vigueur mais non encore jugés. Ainsi, pour ces
crimes, la peine de mort a été remplacée par une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

Au final, l’application de la loi pénale dans le temps est totalement différente selon que la loi nouvelle est
plus douce ou plus sévère.

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1.1.2.2 L’application dans le temps des lois pénales de procédure

L’application de la loi pénale dans le temps fait l’objet de règles particulières si la loi nouvelle est une loi
de procédure.

En effet, les lois de procédure nouvelles sont applicables immédiatement à la répression des infractions
commises avant leur entrée en vigueur (article 112-2 alinéa 1 du Code pénal), et donc aux procédures
en cours.

Ce principe d’application immédiate concerne :

 Les lois de compétence et d’organisation judiciaire, tant qu’un jugement au fond n’a pas été
rendu en première instance (article 112-2, 1° du Code pénal). Exemple : une loi qui modifie la
compétence d’une juridiction.
 Les lois fixant les modalités des poursuites et les formes de la procédure (article 112-2, 2° du
Code pénal). Exemple : une loi qui modifie le déroulement de l’instruction.

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 Les lois relatives au régime d’exécution et d’application des peines (article 112-2, 3° du Code
pénal). Exemple : une loi qui modifie le calcul des réductions de peines. A noter toutefois que ces
lois, lorsqu’elles auraient pour résultat de rendre plus sévères les peines prononcées par la
décision de condamnation, ne sont applicables qu’aux condamnations prononcées pour des faits
commis postérieurement à leur entrée en vigueur.

 Les lois relatives à la prescription de l’action publique et à la prescription des peines, lorsque


les prescriptions ne sont pas acquises (article 112-2, 4° du Code pénal). Exemple : La loi du 27
février 2017 portant réforme de la prescription en matière pénale est d’application immédiate, et
s’applique donc aux infractions commises avant son entrée en vigueur, tant que le délai de
prescription ancien n’était pas écoulé à cette date.

 Les règles de forme relatives aux voies de recours, même si le recours est exercé contre une
décision prononcée avant leur entrée en vigueur (article 112-3 du Code pénal). En revanche, les
lois relatives à la nature et aux cas d’ouverture des voies de recours ainsi qu’aux délais dans
lesquels elles doivent être exercées et à la qualité des personnes admises à se pourvoir ne sont
applicables qu’aux recours formés contre les décisions prononcées après leur entrée en vigueur.

1.1.3 L’APPLICATION DE LA LOI DANS L’ESPACE


Si une infraction a été commise par un Français à l’étranger, quelle loi faut-il appliquer (la loi française ou
la loi étrangère) ? De même, si une infraction a été commise par ou contre un étranger en France, quelle loi
faut-il appliquer ?

1.1.3.1  L’application de la loi pénale dans l’espace : l’infraction commise en France

En vertu du principe de territorialité de la loi pénale, la loi française s’applique dès lors que
l’infraction a été commise sur le territoire français, peu importe la nationalité de l’auteur ou de la
victime (article 113-2 alinéa 1 du Code pénal).

Mais quand considère-t-on que l’infraction est commise sur le territoire français ?

Très simplement, l’infraction est réputée commise sur le territoire français dès lors qu’un de ses faits
constitutifs a eu lieu sur ce territoire (article 113-2 alinéa 2 du Code pénal).

Il faut donc qu’au moins une composante de l’infraction ait eu lieu en France.

On peut citer plusieurs exemples pour mieux comprendre l’idée. Ainsi, la loi française s’applique :

 Si des actes préparatoires ont eu lieu en France pour une infraction commise à l’étranger.

 Dans le cas d’une escroquerie constituée par des manœuvres ayant eu lieu à l’étranger dès lors que
la remise de la chose a eu lieu en France.

 Dans le cas d’un délit d’initié commis sur un marché financier étranger mais grâce à des
informations privilégiées venant de France (Cass. Crim., 3 novembre 1992, n° 92-84.745).

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 Dans le cas d’un délit de blanchiment commis à l’étranger concernant des fonds issus d’une fraude
fiscale commise en France (Cass. Crim., 21 octobre 2020, n° 19-87.076).

Les règles sont donc relativement simples pour les infractions commises en France ; ces dernières sont
soumises à la loi pénale française, en application du principe de territorialité de la loi pénale. 

1.1.3.2 L’application de la loi pénale dans l’espace : l’infraction commise à l’étranger

En principe, la loi française ne s’applique pas à une infraction commise à l’étranger.

Il existe toutefois plusieurs exceptions.

Ainsi, si une infraction a été commise à l’étranger, la loi française s’applique dans les cas suivants :

 La complicité en France : La loi française est applicable à quiconque s’est rendu complice sur
le territoire français d’un crime ou d’un délit commis à l’étranger si le crime ou le délit est
puni à la fois par la loi française et par la loi étrangère et s’il a été constaté par une décision
définitive de la juridiction étrangère (article 113-5 du Code pénal).

 La nationalité française de l’auteur de l’infraction : La loi française est applicable aux crimes


commis par les Français à l’étranger, et aux délits commis par les Français à l’étranger si ces
derniers sont punis par la législation du pays où ils ont été commis (article 113-6 du Code
pénal).

 La nationalité française de la victime : La loi française est applicable à tout crime, ainsi
qu’à tout délit puni d’emprisonnement, commis à l’étranger lorsque la victime est de
nationalité française au moment des faits (article 113-7 du Code pénal). A noter que dans les cas
prévus aux articles 113-6 et 113-7 du Code pénal, l’application de la loi française est écartée si
l’auteur justifie qu’il a été jugé définitivement à l’étranger pour les mêmes faits et, en cas de
condamnation, que la peine a été subie ou prescrite (article 113-9 du Code pénal).

 La résidence en France de la victime : Tout crime ou tout délit réalisé au moyen d’un réseau de
communication électronique, lorsque la victime réside en France, est réputé commis sur le
territoire français (article 113-2-1 du Code pénal).

 La nature de l’infraction : La loi française s’applique aux crimes et délits qualifiés d’atteintes aux
intérêts fondamentaux de la nation, à la falsification et à la contrefaçon du sceau de l’Etat, de
pièces de monnaie, de billets de banque ou d’effets publics et à tout crime ou délit contre les agents
ou les locaux diplomatiques ou consulaires français, commis à l’étranger (article 113-10 du Code
pénal).

1.2 LES INFRACTIONS


Une infraction est un comportement interdit par la loi et sanctionné par une peine.

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1.2.1 LA CLASSIFICATION TRIPARTITE DES INFRACTIONS
1.2.1.1 La classification des infractions

Les infractions pénales sont classées, suivant leur gravité, en crimes, délits et contraventions (article 111-1
du Code pénal).
Pour savoir si une infraction est un crime, un délit ou une contravention, il faut se référer à la peine prévue
par le législateur pour l’infraction en question. En particulier, il faut se référer aux peines de référence
(prévue par le texte), c’est-à-dire à la peine privative de liberté et à la peine d’amende.
Nature de l’infraction Peines

Contravention Amende d’un montant inférieur ou égal à 1 500 €. La contravention est du domaine du
règlement

Délit Emprisonnement d’une durée inférieure ou égale à 10 ans et/ou amende d’un montant
supérieur ou égal à 3 750 €. Le délit est du domaine de la loi

Crime Réclusion ou détention criminelle supérieure à 10 ans ou à perpétuité. Le crime est du


domaine de la loi.

Attention : pour qualifier l’infraction, ce qui importe est la peine encourue, c’est-à-dire la peine maximum
prévue par le texte, et non la peine qui sera prononcée par le juge, dans la limite de ce maximum.

1.2.1.2 L’intérêt de la classification tripartite des infractions

La classification tripartite des infractions présente différents intérêts en droit pénal. Elle est ainsi utile en
matière :
§ Tentative : la tentative est l’activité tendant à la commission d’une infraction mais qui n’aboutit
pas au résultat incriminé par la loi. Sa répression est différente selon le type d’infraction tentée.
Ainsi, la tentative est :
o Toujours punissable en matière de crime.
o Punissable en matière de délit seulement si le texte le prévoit expressément.
o Jamais punissable en matière de contravention.
§ Complicité : le complice est la personne qui ne commet pas elle-même les faits incriminés, mais
qui participe à la commission de l’infraction. Comme pour la tentative, la répression de la
complicité diffère selon le type d’infraction :
o La complicité d’un crime ou d’un délit est punissable, quel que soit le mode de
complicité (par aide ou assistance, par provocation ou par instruction).
o Concernant les contraventions, seule la complicité par provocation ou instruction est
punissable. Ainsi, la complicité d’une contravention par aide ou assistance n’est pas
punissable.
§ Compétence juridictionnelle : en fonction du type d’infraction commise, la juridiction sera
différente. Ainsi :

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o Les crimes relèvent de la cour d’assises.
o Les délits relèvent du tribunal correctionnel.
o Les contraventions relèvent du tribunal de police.
§ Instruction préparatoire : elle est :
o Obligatoire en matière de crime.
o Facultative, en principe, en matière de délit.
o Exceptionnelle en matière de contravention (seulement sur réquisition du procureur de la
République).
§ Délai de prescription de l’action publique : l’action publique est l’action en justice exercée
contre l’auteur d’une infraction afin de lui appliquer une peine. Lorsqu’un certain délai s’est écoulé
depuis la commission d’une infraction sans que l’action publique n’ait été exercée, cette dernière
se prescrit. Le délai de prescription de l’action publique est donc le délai au-delà duquel il n’est
plus possible d’exercer l’action publique. Ce délai de prescription de l’action publique est :
o De 20 ans, en principe, pour les crimes.
o De 6 ans, en principe, pour les délits.
o De 1 an pour les contraventions.
§ Délai de prescription de la peine : lorsqu’un certain délai s’est écoulé depuis le prononcé de la
peine, sans que celle-ci n’ait été exécutée, on considère que le condamné n’a plus à exécuter sa
peine. Le délai de prescription de la peine est donc le délai au-delà duquel il n’est plus possible de
faire exécuter une condamnation pénale. Ici encore, la classification tripartite des infractions a une
influence. Ainsi, le délai de prescription de la peine est :
o De 20 ans, en principe, pour les crimes.
o De 6 ans, en principe, pour les délits.
o De 3 ans pour les contraventions.

1.2.2 LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION


Il existe 3 éléments constitutifs de l’infraction :
§ Un élément légal : l’infraction n’existe que si elle est prévue par un texte. En effet, en vertu
du principe de la légalité des délits et des peines (ou principe de la légalité criminelle), seule la
loi peut déterminer ce qui constitue une infraction et les peines applicables (article 111-3 du Code
pénal).
§ Un élément matériel : il s’agit du comportement réprimé par la loi. Généralement, l’infraction
sera constituée si le comportement a produit le résultat visé par le texte. Mais parfois, l’infraction
sera constituée alors même que le comportement n’a pas produit le résultat redouté. C’est ce que
nous verrons dans la suite de cet article.

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§ Un élément moral ou intentionnel : il s’agit de l’attitude psychologique de l’auteur du
comportement réprimé par la loi. Selon les infractions, l’auteur peut avoir agi avec intention ou
par imprudence. Nous verrons également cela dans la suite de cet article.

1.2.2.1 Les éléments constitutifs de l’infraction : l’élément légal Voir 1.1.1, Voir 1.1.2, Voir 1.1.3

1.2.2.2 Les éléments constitutifs de l’infraction : l’élément matériel

Il s’agit du comportement que le texte d’incrimination réprime.

1.2.2.2.1 Le comportement

§ Les infractions de commission et les infractions d’omission


En général, une infraction correspond à un comportement positif (un individu fait ce que la loi interdit de
faire). On parle d’infraction par commission. Exemples : un meurtre, un viol…
Mais parfois, l’infraction correspond à une abstention (un individu s’abstient de faire ce que la loi
prescrit). On parle d’infraction par omission. Exemple : l’omission de porter assistance à une personne en
péril (article 223-6 alinéa 2 du Code pénal).
§ Les infractions instantanées et les infractions continues
Les infractions instantanées sont celles qui se réalisent en un trait de temps. Exemple : le vol.
Les infractions continues sont celles dont l’exécution se prolonge dans le temps. Exemple : le recel
(article 321-1 du Code pénal).
Pour les infractions continues :
 Le point de départ du délai de prescription de l’action publique est fixé au jour où
l’activité délictueuse prend fin. Exemple : au jour où le receleur se dessaisit de la
chose.
 Si une loi nouvelle plus sévère entre en vigueur pendant la commission de
l’infraction, elle s’appliquera à cette infraction qui s’est prolongée après l’entrée en
vigueur.
§ Les infractions simples, les infractions complexes et les infractions d’habitude
Les infractions simples sont celles qui ne sont constituées que par un seul acte. Exemple : le vol.
Les infractions complexes sont celles qui sont constituées par plusieurs actes de nature différente.
Exemple : l’escroquerie est constituée par un mensonge ou des manœuvres frauduleuses, et la remise d’une
chose (article 313-1 du Code pénal). La réunion de ces actes est nécessaire pour constituer l’infraction.
Les infractions d’habitude sont celles qui sont constituées par la répétition de plusieurs actes de même
nature (commettre l’acte une seule fois ne constitue pas une infraction). Exemple : l’exercice illégal de la
médecine (article L4161-1 du Code de la santé publique). L’infraction est constituée à partir du deuxième
acte médical.
Pour les infractions complexes et d’habitude, le point de départ du délai de prescription de l’action publique
est fixé au dernier acte. Exemples :

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 En matière d’escroquerie, le point de départ du délai de prescription est fixé à la date
de la remise de la chose.
 En matière d’exercice illégal de la médecine, le point de départ du délai de
prescription est fixé au dernier acte médical.

1.2.2.2.2 Le résultat du comportement

Généralement, l’élément matériel de l’infraction est constitué si le comportement a produit le résultat visé
par le texte d’incrimination. On parle d’infraction consommée.
Mais parfois, l’élément matériel de l’infraction est constitué alors même que le comportement n’a pas
produit le résultat visé. On parle d’infraction tentée.
§ L’infraction consommée
Toute infraction vise à protéger une valeur (exemples : la vie, l’intégrité physique…). Généralement,
l’élément matériel de l’infraction suppose une atteinte à cette valeur. Mais parfois, un comportement
simplement susceptible de porter atteinte à cette valeur est suffisant pour que l’élément matériel soit
constitué (sans même que l’atteinte n’ait à se produire). C’est pourquoi parmi les infractions consommées,
on distingue les infractions matérielles des infractions formelles.
Les infractions matérielles sont celles qui requièrent la survenance du résultat redouté. Exemple : Le
meurtre est une infraction matérielle ; il est constitué à la mort de la victime.
Les infractions formelles sont celles qui ne requièrent pas la survenance du résultat redouté.
Exemple : L’empoisonnement est une infraction formelle ; le simple fait d’attenter à la vie d’autrui par
l’emploi ou l’administration de substances de nature à entraîner la mort suffit à constituer l’infraction
(article 221-5 du Code pénal). Ainsi, l’infraction sera consommée même si la victime survit.
Pour les infractions matérielles, le point de départ du délai de prescription de l’action publique est fixé au
jour de la survenance du résultat.
Pour les infractions formelles, le point de départ du délai de prescription de l’action publique est fixé au
jour du comportement.
§ L’infraction tentée
La tentative est l’activité tendant à la commission d’une infraction mais qui n’aboutit pas au résultat
incriminé par la loi.
La tentative est punissable si 2 conditions sont réunies (article 121-5 du Code pénal).
Il faut d’abord un commencement d’exécution : le simple projet de commettre une infraction ne suffit pas
à constituer la tentative. Il faut que le projet se soit concrétisé par des actes qui ne soient pas de simples
actes préparatoires. Il existe 2 conceptions du commencement d’exécution :
 La conception objective : Selon la conception objective, le commencement d’exécution
requiert l’accomplissement d’un acte qui est apte à causer le résultat et proche de sa
réalisation. Exemple : Le fait de remettre des fonds à un tueur à gages ayant finalement
renoncé à passer à l’acte « n’a pas pour conséquence directe et immédiate de consommer le

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crime d’assassinat » (Cass. Crim., 25 oct. 1962, Lacour). Dès lors, il ne s’agit pas d’une
tentative de meurtre mais d’un acte préparatoire.
 La conception subjective : Selon la conception subjective, le commencement d’exécution se
caractérise par l’intention de l’agent, sa volonté de commettre l’infraction.
Au final, la jurisprudence n’a pas tranché entre ces 2 conceptions, et retient une conception mixte : pour
qu’il y ait commencement d’exécution, elle exige des actes qui tendent « directement au délit
avec intention de le commettre » (Cass. Crim., 11 juin 1975, n° 75-90.235).
La deuxième condition pour que la tentative soit punissable est l’absence de désistement volontaire :
même en cas de commencement d’exécution, la tentative ne sera pas punissable si l’agent décide de
renoncer à commettre l’infraction. Pour que la tentative soit punissable, il faut donc que la défaillance du
résultat résulte de circonstances indépendantes de la volonté de l’agent. Exemple : en cas d’arrestation
par la police.
A noter que la tentative est également punissable lorsque l’agent n’a simplement pas réussi à atteindre le
résultat. Exemple : l’agent qui tire sur sa cible mais qui la manque.
La tentative sera réprimée de manière différente selon le type d’infraction tentée Voir 1.2.1.2.
L’auteur de la tentative est assimilé à l’auteur de l’infraction ; il encourt la même sanction (article 121-
4 du Code pénal).

1.2.2.3 Les éléments constitutifs de l’infraction : l’élément moral ou intentionnel

Précision (élément moral # mobile) : Les mobiles ne jouent pas dans la qualification de l’infraction et ils
jouent uniquement que pour le juge.
Il ne suffit pas d’avoir été l’auteur du comportement puni par la loi pour engager sa responsabilité pénale.
Au sein des éléments constitutifs de l’infraction, il existe également un élément moral (Cons. Const., 16
juin 1999, n° 99-411 DC). L’élément moral de l’infraction comprend :
 La culpabilité : l’agent doit avoir commis une faute.

 L’imputabilité : l’agent doit avoir eu conscience de ce qu’il faisait.

1.2.2.3.1 L’imputabilité

Pour engager sa responsabilité pénale, l’auteur du comportement puni par la loi doit avoir agi selon
sa propre volonté et être doté de discernement ; il doit être capable de comprendre les conséquences de
ses actes. Ne seront donc pas pénalement responsables :
 Les personnes atteintes de troubles mentaux
 Certains mineurs
 Les personnes qui ont agi par contrainte
 L’ordre de la loi et de l’autorité légitime
 La légitime défense (absence de responsabilité civile également) : la légitime défense est
présumée pour celui qui accomplit l'acte pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction,

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violence ou ruse dans un lieu habité ou pour se défendre contre les auteurs de vols ou de
pillages exécutés avec violence.
- sinon, il faut prouver l’atteinte, la nécessité et la proportionnalité
 L’état de nécessité : danger actuel et imminent, nécessité et proportionnalité entre moyens
employé et gravité de la menace (à la différence de la légitime défense, l’état de nécessité ne
supprime pas la responsabilité civile de l’auteur de l’acte)
§ Les troubles mentaux
N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble
psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes (article 122-1
alinéa 1 du Code pénal). Il faut donc 2 conditions pour que le trouble mental entraîne l’irresponsabilité
pénale :
Le trouble mental doit avoir existé au moment des faits. A noter :
 Il n’a pas nécessairement à être permanent (exemple : la schizophrénie). Il peut tout à fait être
temporaire (exemples : une crise de paranoïa, de somnambulisme) ; il doit simplement avoir
existé au moment des faits.
 L’ivresse est toutefois un cas particulier. Dans cette hypothèse, on tient compte de la volonté
de l’agent dans l’abolition de son discernement. Si l’agent s’est volontairement enivré afin de
commettre une infraction, voire s’il a seulement eu conscience de cet enivrement sans l’avoir
recherché, il sera pénalement responsable. A l’inverse, s’il s’est enivré sans en avoir eu
conscience, il ne sera pas pénalement responsable. Exemple : l’agent qui a consommé une
boisson en ne sachant pas qu’elle contenait de l’alcool.
 Le discernement doit avoir été totalement aboli ; il faut que le trouble ait supprimé la
conscience ou le contrôle des actes. A noter que la personne qui était atteinte, au moment des
faits, d’un trouble mental ayant simplement altéré son discernement ou entravé le contrôle de
ses actes demeure pénalement responsable. Mais le juge tient compte de cette circonstance
lorsqu’il détermine la peine et en fixe le régime ; il peut décider de diminuer la peine encourue
(article 122-1 alinéa 2 du Code pénal).
§ La minorité
La personne de moins de 18 ans au moment des faits, et qui est incapable de discernement, n’est pas
pénalement responsable. A contrario, les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables
(article 122-8 du Code pénal ; article L11-1 alinéa 1 du Code de la justice pénale des mineurs).
La loi n° 2021-218 du 26 février 2021 ratifiant l’ordonnance du 11 septembre 2019 portant partie
législative du code de la justice pénale des mineurs a instauré deux présomptions reposant sur le critère du
discernement. Ainsi, les mineurs de moins de 13 ans sont présumés ne pas être capables de
discernement, tandis que les mineurs d’au moins 13 ans sont présumés être capables de
discernement (article L11-1 alinéa 2 du Code de la justice pénale des mineurs).

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Il s’agit de présomptions simples, qui peuvent donc être renversées. Dès lors, un mineur de moins de 13
ans est par principe considéré comme irresponsable, sauf si le juge dispose d’éléments attestant de son
discernement.
Cette notion de discernement est aujourd’hui définie à l’article L11-1 alinéa 3 du Code de la justice pénale
des mineurs, selon lequel « est capable de discernement le mineur qui a compris et voulu son acte et
qui est apte à comprendre le sens de la procédure pénale dont il fait l’objet ».
§ La contrainte irrésistible
N’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou d’une contrainte à
laquelle elle n’a pu résister (article 122-2 du Code pénal).
La contrainte peut être :
 Une contrainte physique : Il s’agit d’une force physique qui agit sur le corps de l’agent et
restreint sa liberté de mouvement. Elle peut être d’origine externe (exemples : une
tempête, du verglas…) ou interne (exemples : une maladie, un malaise…).
 Une contrainte morale : Il s’agit de pressions psychologiques qui vont annihiler la volonté
propre de l’agent. Elle est nécessairement d’origine externe (exemple : des menaces). Une
contrainte morale d’origine interne qui résulterait des passions ou des convictions de
l’agent ne peut entraîner son irresponsabilité pénale.
Pour entraîner l’irresponsabilité pénale, la contrainte doit réunir 2 conditions. Elle doit être :
 Irrésistible : Il faut que l’agent n’ait pas pu agir autrement, qu’il ait été dans
l’impossibilité de se conformer à la loi. Exemple : Le devoir d’obéissance à son employeur
n’est pas une contrainte irrésistible.
 Imprévisible : Il faut que l’agent n’ait pas pu prévoir la situation. Ainsi, si l’agent pouvait
se prémunir contre la situation, la contrainte ne sera pas considérée comme imprévisible.
Exemple : Le malaise d’un automobiliste n’est pas une contrainte imprévisible si
l’automobiliste savait qu’il y était sujet (Cass. Crim., 27 oct. 2015, n° 14-86.983).

1.2.2.3.2 La culpabilité

La culpabilité est la seconde composante de l’élément moral de l’infraction. Elle requiert qu’une faute ait
été commise.
Pour les crimes et les délits (ainsi que certaines contraventions), la faute doit être intentionnelle (article
121-3 du Code pénal).
Pour les contraventions (ainsi que certains délits), la faute peut être non intentionnelle.
Nature de l’infraction Nécessité d’une faute intentionnelle

Crime Oui

Délit Oui, sauf si la loi prévoit le contraire

Non, sauf pour certaines contraventions. Mais, cela ne signifie pas que
Contravention
la contravention est dépourvue d’élément moral.

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§ La faute intentionnelle2
La faute intentionnelle correspond à la volonté de commettre l’infraction.
Elle suppose d’abord une connaissance de l’illégalité de l’acte : la personne doit être consciente que son
comportement viole la loi pénale. Ainsi :
 N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par une erreur sur le
droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, pouvoir légitimement accomplir l’acte (article
122-3 du Code pénal). La personne doit donc démontrer qu’elle a fait tout ce qui était en son
pouvoir pour se renseigner. Exemple : Ne commet pas une erreur sur le droit inévitable
l’employeur qui n’a pas consulté l’inspection du travail pour connaître ses obligations en
matière d’embauche (Cass. Crim., 20 janv. 2015, n° 14-80.532).
 N’est pas pénalement responsable la personne qui a commis une erreur de fait sur un
élément essentiel de l’infraction. Exemple : La personne qui s’empare d’une chose qu’elle
croit lui appartenir ne commet pas un vol. Mais l’erreur de fait est indifférente si elle laisse
subsister l’intention. Exemple : Si la personne, en visant mal, tire sur B au lieu de tirer sur A,
l’intention de commettre un meurtre existe toujours ; la personne est pénalement responsable.
Outre la connaissance de l’illégalité de l’acte, la faute intentionnelle suppose également une volonté de
violer la loi : la personne doit avoir eu la volonté de son comportement et du résultat pouvant découler
de la violation de la loi. Exemple : Une personne qui roule à une vitesse supérieure au maximum autorisé
a la volonté de son comportement, mais n’a pas forcément la volonté de tuer quelqu’un. Si cela se produit,
il s’agit alors d’un homicide involontaire, et non d’un meurtre.
 La faute non intentionnelle

La faute non intentionnelle résulte d’une imprudence.


Elle peut consister en une imprudence simple ou en une imprudence qualifiée.
L’imprudence simple est la faute la moins grave. Il s’agit de la « faute d’imprudence, de négligence ou
de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement » (article
121-3 alinéa 3 du Code pénal). Elle est suffisante en matière de contravention et pour les délits d’homicide
involontaire (article 221-6 du Code pénal) et d’atteintes à l’intégrité (article 222-19 du Code pénal).
En ce qui concerne l’imprudence qualifiée, il en existe 2 types :
 La faute délibérée

 La faute caractérisée

La faute délibérée est la faute la plus grave. Il s’agit d’une faute non intentionnelle, mais la personne a tout
de même conscience du résultat pouvant découler de son acte (sans l’avoir recherché). Elle correspond à
une « violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue
par la loi ou le règlement » (article 121-3 alinéa 4 du Code pénal).

2
On distingue le dol général, du dol spécial. Le dol général (volonté de transgresser la loi). Le dol spécial : pour certaines
infractions, la loi inclut la production d’un résultat (ex : dans le cas de présentation de comptes infidèles, est exigée la volonté de
dissimuler la véritable situation de la société)

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Elle permet la répression même si le résultat ne se produit pas : le fait, par cette faute délibérée,
d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une
mutilation ou une infirmité permanente, est une infraction (article 223-1 du Code pénal).
Elle est réprimée plus sévèrement que la faute simple : lorsque le résultat s’est produit, le fait qu’il
résulte d’une faute délibérée constitue une circonstance aggravante.
La faute caractérisée, quant à elle, est celle qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qui
ne pouvait être ignoré (article 121-3 alinéa 4 du Code pénal).
Elle est moins grave que la faute délibérée dans le sens où la personne n’avait pas conscience du résultat
pouvant découler de son acte. Mais elle ne pouvait ignorer le risque.
Pour engager la responsabilité pénale des « personnes physiques qui n’ont pas causé directement le
dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dommage ou
qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter » (article 121-3 alinéa 4 du Code pénal), il faut soit
une faute caractérisée, soit une faute délibérée. Une faute simple n’est pas suffisante.
Par exemple, un maire poursuivi du chef de blessures involontaires pour ne pas s’être assuré de la stabilité
d’une cage de buts mobiles dont la barre transversale avait blessé un enfant ne sera punissable pénalement
qu’en cas de faute caractérisée ou délibérée (Cass. Crim., 4 juin 2002).
On limite la responsabilité pénale des personnes indirectement responsables du dommage, tout en
permettant une indemnisation civile de la victime.

1.3 LA PERSONNE PÉNALEMENT RESPONSABLE

1.3.1 L’AUTEUR DE L’INFRACTION ET LE COAUTEUR


1.3.1.1 La responsabilité pénale des personnes physiques

L’auteur et coauteur de l’infraction est celui qui réalise l’infraction, càd celui qui réunit les éléments
matériels et moraux de l’incrimination légale.

1.3.1.1.1 La responsabilité pénale personnelle du dirigeant de l’entreprise

Les infractions prévues par le Code de commerce visent les dirigeants de droit ou de fait.
§ Le dirigeant de droit : est celui qui détient, légalement, un mandat social pour gérer ou
administrer : gérant de SARL, PDG, administrateurs, DG, membres du directoire, membres du
conseil de surveillance, ...
§ Le dirigeant de fait : est celui qui, directement ou par personne interposée, aura, en fait, exercé la
direction, l’administration ou la gestion de la société sous le couvert ou en lieu et place des
représentants légaux. La jurisprudence exige, en outre, l’accomplissement des actes de gestion en
toute indépendance.
§ La responsabilité pénale : en principe, le dirigeant engage sa responsabilité pour les infractions
qu’il commet personnellement. Il peut, en outre, est tenu responsable des infractions commises
dans l’entreprise, car il est tenu à un devoir de surveillance et de sécurité. Cette responsabilité

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pénale s’applique pour les infractions du Code de travail, les délits d’imprudence liés aux règles
relatives à l’hygiène ou à la sécurité du travail, fraudes fiscales, en matière de respect des règles
du Code de la consommation.
§ L’exonération de la responsabilité pénale : cas de délégation de pouvoirs, cas lorsque
l’infraction est due exclusivement à la désobéissance soudaine d’un exécutant dont la faute a
causé un dommage à autrui.

1.3.1.1.2 Le titulaire d’une délégation de pouvoirs

Il convient de distinguer la délégation de pouvoirs qui exonère le dirigeant de sa responsabilité pénale, de


la représentation légale de la société qui est soumise aux formalités de publicité au RCS.
En principe tous les pouvoirs du dirigeant peuvent être délégués, sauf si la loi en dispose autrement.
Cependant les pouvoirs propres de celui-ci ne peuvent être délégués car le dirigeant dispose sur ceux-ci
d’une compétence exclusive.
L’étendue de la délégation doit être prouvée à cette fin par écrit.
La délégation peut être écrite ou orale et peut être établie par tous moyens.
Le titulaire de la délégation peut tout aussi subdéléguer les pouvoirs qu’il a reçus par délégation.
L'autorisation du chef d'entreprise n’est pas nécessaire à la validité de la subdélégation de pouvoirs.
§ Les conditions de validité de la délégation de pouvoirs
 La nature des missions ou fonctions délégués : la délégation doit être précise et
dépourvue d’ambiguïté. Les instructions doivent être plus précises.
 L’antériorité de la délégation : la délégation doit être antérieure à la commission de
l’infraction
 L’acceptation du délégataire : le délégataire doit avoir accepté la délégation en tout état
de cause.
 La qualité du délégataire : le délégataire peut être salarié ou non pourvu qu’il ne soit pas
étranger (tiers) à l’entreprise.
 La compétence, l’autorité et les moyens du délégataire : les compétences techniques et
juridiques du délégataire doivent être en rapport avec l’objet de la délégation. Le
délégataire doit disposer d’un pouvoir de commandement suffisant pour obtenir des
salariés placés sous sa surveillance l’obéissance nécessaire au respect de la loi. Il doit, en
outre, disposer de tous les moyens nécessaires pour assumer réellement ses obligations de
sécurité.
 La réalité de la délégation : la délégation ne doit pas être seulement et purement
formelle. Elle doit être réelle.
 La non-immixtion du chef d’entreprise
Remarque :

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1) il faut distinguer la représentation légale de la société des délégations de pouvoir pouvant être données
par les dirigeants à un ou plusieurs préposés (ex : pouvoir de licencier). Les délégations de pouvoir ne
nécessitent pas le respect de formalités particulières (ex : immatriculation au RCS).
2) la codélégation est prohibée.
3) la subdélégation est valable et entraîne le transfert de la responsabilité pénale.
4) la délégation doit être effective. Si la délégation est purement formelle, elle ne peut pas exonérer la
responsabilité du dirigeant.
5) la délégation n’est pas forcément assortie d’une durée déterminée.
6) en cas de modification de la personne du déléguant, la délégation reste valable. Le changement de
fonctions du délégataire au sein de l’entreprise n’a pas d’impact sur la délégation. En revanche, lorsque la
société a disparu à la suite d’une fusion-absorption, la délégation antérieurement consentie par le dirigeant
de cette entreprise devient caduque.
7) l’absence du délégataire au moment des faits n’est pas susceptible de remettre en cause la validité de la
délégation.

1.3.1.2 La responsabilité pénale des personnes morales

La possibilité d’engager la responsabilité pénale des personnes morales figure à l’article 121-2 du Code
pénal.
Selon cet article, les personnes morales, à l’exclusion de l’Etat, sont responsables
pénalement des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants (article
121-2 alinéa 1 du Code pénal).

1.3.1.2.1 Le domaine de la responsabilité pénale des personnes morales

Il faut d’abord préciser que la responsabilité pénale d’une personne morale ne peut être engagée que si la
personne poursuivie est bien dotée de la personnalité morale.
A ce titre, l’article 121-2 du Code pénal vise les « personnes morales », et non les groupements.
Ainsi, ne peuvent pas voir leur responsabilité pénale engagée : les sociétés en participation, les sociétés
créées de fait, les groupes de sociétés (bien entendu, il est possible d’engager la responsabilité pénale
d’une société au sein de ce groupe de sociétés).
Ceci étant dit, il faut comprendre que la catégorie des personnes morales pénalement responsables est très
large.
 Les personnes morales susceptibles d’être pénalement responsables
A l’exception de l’Etat, toutes les personnes morales, de droit privé (exemples : sociétés, associations,
fondations, syndicats, groupements d’intérêt économique…) comme de droit public (exemples :
collectivités locales, établissements publics), peuvent être pénalement responsables.

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Toutefois, comme on l’a dit, l’Etat ne peut pas voir sa responsabilité pénale engagée. L’article 121-2 du
Code pénal le dit très clairement : « les personnes morales, à l’exclusion de l’Etat, sont responsables
pénalement ».
Cela s’explique par le principe de souveraineté de l’Etat et le principe de séparation des autorités
administratives et judiciaires.
Les autres personnes morales de droit public, comme les collectivités locales et les établissements publics,
peuvent engager leur responsabilité pénale.
Mais les collectivités locales et leurs groupements ne peuvent engager leur responsabilité pénale que pour
les infractions commises dans l’exercice des activités susceptibles de faire l’objet d’une délégation de
service public. Ces activités sont les activités pouvant être concédées, comme par exemple les transports en
commun, la distribution d’eau, les cantines scolaires, ou encore le ramassage des ordures ménagères. A
l’inverse, les activités ne pouvant pas être concédées, généralement caractérisées par des prérogatives de
puissance publique, comme l’enseignement public par exemple, ne permettent pas d’engager la
responsabilité pénale des collectivités locales et de leurs groupements.
Quoi qu’il en soit, le juge pénal n’est pas compétent pour réparer les conséquences dommageables d’une
faute engageant la responsabilité d’une personne morale de droit public à l’occasion de la gestion d’un
service public administratif (Cass. Crim., 24 octobre 2017, n° 16-85.975).
 Les infractions susceptibles d’être reprochées aux personnes morales
Auparavant, les personnes morales ne pouvaient engager leur responsabilité pénale que pour certaines
infractions prévues par la loi ou le règlement. C’est ce qu’on appelait le principe de spécialité de la
responsabilité pénale des personnes morales.
Mais depuis la loi Perben II du 9 mars 2004, la responsabilité pénale des personnes morales est générale ;
les personnes morales peuvent être pénalement responsables de toute infraction.
Aujourd’hui, il n’est donc plus nécessaire de rechercher un texte spécifique pour engager la responsabilité
pénale d’une personne morale.
Inversement, il existe des cas prévus par la loi où la responsabilité pénale des personnes morales est exclue.
Exemple : les infractions de presse (Cass. Crim., 11 juillet 2017, n° 16-84.859).

1.3.1.2.2 Les conditions de la responsabilité pénale des personnes morales

La responsabilité pénale d’une personne morale peut être engagée à une double condition :
 L’infraction doit avoir été commise par un organe ou un représentant de la personne morale
 L’infraction doit avoir été commise pour le compte de la personne morale
Il n’est en effet pas exigé que la personne morale commette elle-même l’infraction. Cela se comprend
facilement ; une personne morale n’est pas faite de chair et d’os, et ne peut donc pas directement commettre
l’infraction.

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C’est pourquoi la Cour de cassation a cassé à de nombreuses reprises des décisions des juges du fond qui
avaient retenu que la personne morale avait elle-même commis les éléments constitutifs de
l’infraction (Cass. Crim., 18 janvier 2000, n° 99-80.318 ; Cass. Crim., 1er avril 2008, n° 07-84.839).
 Une infraction commise par un organe ou un représentant de la personne morale
Un organe est une personne à qui la loi ou les statuts confèrent les pouvoirs d’administration ou de
direction de la personne morale (exemples : le membre du conseil d’administration d’une société anonyme,
le maire d’une commune…).
Un représentant est une personne à qui la loi confère le pouvoir de représentation de la personne morale
(exemples : un administrateur judiciaire, un liquidateur…) ou qui bénéficie d’une délégation de pouvoirs de
la part de la personne morale (Cass. Crim., 25 mars 2014, n° 13-80.376).
Ainsi, pour engager la responsabilité pénale de la personne morale, l’infraction doit avoir été commise par
une personne physique chargée d’administrer, de diriger ou de représenter la personne morale.
Il n’est pas nécessaire d’établir une faute propre à la personne morale et distincte de celle commise par
l’organe ou le représentant (Cass. Crim., 26 juin 2001, n° 00-83.466 ; Cass. Crim., 23 février 2010, n° 09-
81.819) ; la commission de l’infraction par l’organe ou le représentant engage la responsabilité de la
personne morale. Quelque part, la personne morale est personnellement responsable du fait d’autrui.
En outre, en vertu du principe de responsabilité personnelle, la responsabilité pénale de la personne morale
ne nécessite pas qu’ait été préalablement engagée la responsabilité pénale de l’organe ou du représentant.
La personne morale commet elle-même l’infraction, par l’intermédiaire de son organe ou représentant.
Toutefois, une question subsiste : faut-il que l’organe ou le représentant ayant commis la faute soit identifié
? La jurisprudence n’a pas réellement tranché cette question. Certains arrêts ont considéré que
la responsabilité pénale de la personne morale peut être engagée sans qu’il soit besoin d’identifier l’organe
ou le représentant ayant commis la faute dès lors que « l’infraction ne peut avoir été commise que par un
organe ou un représentant » (Cass. Crim., 20 juin 2006, n° 05-85.255 ; Cass. Crim., 25 juin 2008, n° 07-
80.261). Mais d’autres arrêts affirment que la responsabilité pénale d’une personne morale ne peut être
engagée que si l’organe ou le représentant est identifié (Cass. Crim., 11 avril 2012, n° 10-86.974 ; Cass.
Crim., 16 avril 2019, n° 18-84.073).
 Une infraction commise pour le compte de la personne morale
L’organe ou le représentant doit avoir agi pour le compte de la personne morale.
Ainsi, la personne morale ne verra pas sa responsabilité pénale engagée si l’organe ou le représentant a agi
dans son intérêt personnel.
Mais la notion d’infraction commise pour le compte de la personne morale est entendue de manière large.
Ainsi, la Cour de cassation a affirmé que les infractions qui ont favorisé la marque commerciale d’une
société ont nécessairement été commises pour son compte (Cass. Crim., 5 avril 2018, n° 15-86.574).
On peut considérer qu’une infraction est commise pour le compte de la personne morale si elle est commise
dans le cadre d’une opération qui est dans son intérêt ou qui lui est profitable.

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1.3.1.2.3 Les conséquences de la responsabilité pénale des personnes morales

Les peines encourues par les personnes morales


§ L’amende
Comme les personnes physiques, les personnes morales peuvent être condamnées à payer une amende.
Le montant de l’amende applicable aux personnes morales est cinq fois supérieur à celui prévu par la
loi pour les personnes physiques.
En présence d’un crime pour lequel aucune peine d’amende n’est prévue à l’encontre des personnes
physiques, l’amende encourue par les personnes morales est de 1 000 000 euros (article 131-38 du Code
pénal). Exemples : les crimes contre l’humanité, le meurtre et le meurtre aggravé, le viol, etc…
Les peines spécifiques
Les autres peines que peuvent encourir les personnes morales ne sont encourues que si la loi le prévoit
expressément. Exemples : la dissolution, le placement sous surveillance judiciaire, la fermeture définitive
ou temporaire de l’un ou de plusieurs des établissements de l’entreprise… (article 131-39 du Code pénal).
§ Le possible cumul de responsabilités
Selon l’article 121-2 alinéa 3 du Code pénal, « la responsabilité pénale des personnes morales n’exclut
pas celle des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits ».
Autrement dit, les deux responsabilités ne sont pas exclusives l’une de l’autre ; elles peuvent se
cumuler (la personne morale et son organe ou représentant sont tous deux condamnés) ou au contraire ne
pas se cumuler (la personne morale ou son organe ou représentant est condamné(e)).
Ainsi, une même infraction peut permettre d’engager la responsabilité pénale à la fois de l’organe ou du
représentant et de la personne morale pour le compte de laquelle l’infraction a été commise.
Le fait que l’organe ou le représentant ait commis l’infraction en cette qualité et pour le compte de
la personne morale ne lui permet pas d’échapper à sa responsabilité pénale ; celui qui a commis la faute est
en effet personnellement responsable, même lorsqu’il agit comme organe ou représentant
d’une personne morale (Cass. Crim., 6 décembre 2016, n° 15-85.152).

1.3.2 LE COMPLICE
1.3.2.1 Classification de la complicité

 Complicité par collaboration : est complice d’un crime ou d’un délit, la personne, qui, sciemment,
par aide ou par assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
 Complicité par instigation : est également complice, la personne, qui par don, promesse, menace,
ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué une infraction ou donnée des instructions pour
la commettre.

1.3.2.2 Les éléments constitutifs de la complicité

 Élément légal : infraction punissable par la loi pénale

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 Élément matériel : aide, assistance, provocation
 Élément intentionnel : le complice a conscience de participer à une infraction qu’un autre va
commettre
La complicité doit être antérieure ou concomitante à la commission de l’infraction.

1.3.2.3 Sanctions liées à la complicité

Le complice est réputé juridiquement avoir accompli lui-même l’infraction commise matériellement par un
autre. Voilà pourquoi le complice est puni comme l’auteur de l’infraction.
La responsabilité du complice est indépendante de celle de l’auteur de l’infraction. En effet, le complice
d’un auteur jugé irresponsable pénalement ou décédé sera poursuivi et encourt la peine prévue pour
l’infraction principale.

1.4 LA PEINE

1.4.1 L’AGGRAVATION DE LA PEINE


Les circonstances aggravantes sont des faits définis par la loi qui ont pour effet d’augmenter la peine
encourue. Concrètement, une infraction est commise dans une situation particulière qui la rend plus
répréhensible, et qui augmente donc la peine encourue.
Pour rappel, la peine encourue correspond au quantum maximum fixé par la loi. Par exemple, l’article 311-
3 du Code pénal dispose que « le vol est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros
d’amende ». Ce texte fixe donc la peine maximale qu’il est possible de prononcer pour des faits de vol.
Ainsi, en présence d’un vol, le juge ne pourra pas prononcer une peine supérieure à trois ans
d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Cela n’est toutefois valable que si le vol n’est pas commis avec des circonstances aggravantes. En effet, si
le vol est commis avec des circonstances aggravantes, la peine encourue sera supérieure à trois ans
d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Par exemple, le vol est puni de vingt ans de réclusion
criminelle et de 150 000 euros d’amende lorsqu’il est commis soit avec usage ou menace d’une arme, soit
par une personne porteuse d’une arme soumise à autorisation ou dont le port est prohibé (article 311-8 du
Code pénal).
Parfois, une circonstance aggravante peut modifier la nature de l’infraction, et ainsi transformer une
contravention en délit ou un délit en crime. Reprenons l’exemple du vol. Lorsqu’il est commis sans aucune
circonstance aggravante, le vol est un délit. Mais en présence de la circonstance aggravante d’usage ou
menace d’une arme, il devient un crime puni de 20 ans de réclusion (article 311-8 du Code pénal).
Point important : les circonstances aggravantes sont prévues par la loi. En vertu du principe de légalité,
le juge ne peut dégager lui-même des circonstances aggravantes.
Pour autant, le juge apprécie souverainement l’existence d’une circonstance aggravante. C’est
pourquoi le fait que la cour d’assises statuant en premier ressort n’ait pas retenu

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une circonstance aggravante ne demeure pas acquis à l’accusé qui comparaît en appel (Cass. Crim., 11
septembre 2002, n° 01-85.435).
En outre, la circonstance aggravante augmente la peine encourue, mais pas nécessairement la peine
prononcée par le juge. Ce dernier reste libre de choisir le quantum de la peine, dans la limite de la peine
encourue augmentée par la circonstance aggravante.
On distingue les circonstances aggravantes spéciales des circonstances aggravantes générales
 Généralement, les circonstances aggravantes sont spéciales : les dispositions qui répriment
l’infraction énoncent également la circonstance qui l’aggrave et précisent l’élévation de la peine
encourue.
 Mais il existe aussi des circonstances aggravantes générales, qui s’appliquent à des
infractions pour lesquelles le texte d’incrimination ne prévoit pas la circonstance aggravante.

1.4.1.1 Les circonstances aggravantes spéciales

Comme expliqué précédemment, les circonstances aggravantes spéciales ne s’appliquent que si le texte
d’incrimination les prévoit. Elles ne peuvent aggraver que telle ou telle infraction.
Par exemple, la préméditation est, entre autres, une circonstance aggravante du meurtre ; s’il est prémédité,
le meurtre devient un assassinat. Alors que le meurtre simple est puni de trente ans de réclusion criminelle
(article 221-1 du Code pénal), le meurtre avec préméditation est puni de la réclusion criminelle à perpétuité
(article 221-3 du Code pénal).
Mais la préméditation est également une circonstance aggravante de l’infraction de violences. Ainsi, les
violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sont punies de quinze ans de réclusion
criminelle lorsqu’elles sont commises sans préméditation (article 222-7 du Code pénal). Mais elles le sont
de vingt ans de réclusion criminelle lorsqu’elles sont commises avec préméditation (article 222-8 du Code
pénal). De même, les violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente qui,
sans circonstance aggravante, constituent un délit puni de dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros
d’amende (article 222-9 du Code pénal), constituent, lorsqu’elles sont préméditées, un crime puni de quinze
ans de réclusion criminelle (article 222-10 du Code pénal), etc…
Outre le meurtre et l’infraction de violences, la préméditation est aussi une circonstance aggravante du
crime d’empoisonnement et du crime de tortures ou actes de barbarie.
Mais l’idée est la suivante : la préméditation est une circonstance aggravante spéciale qui ne s’applique que
pour les infractions précitées. Pour chacune de ces infractions, les dispositions d’incrimination la prévoient.
En dehors de ces infractions, elle ne s’applique pas.
On classe généralement les circonstances aggravantes spéciales en deux catégories distinctes. Ainsi, les
circonstances aggravantes spéciales peuvent être :
 Réelles, c’est-à-dire liées à la manière dont l’infraction est commise. On peut citer comme
exemples la préméditation, dont on a déjà parlé, mais également l’effraction, l’usage ou menace

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d’une arme, la dissimulation de son visage, le guet-apens, la commission en bande organisée, la
commission en état d’ivresse, la concomitance avec une autre infraction, etc…
 Personnelles, c’est-à-dire liées à la qualité de l’auteur de l’infraction (exemples : dépositaire de
l’autorité publique, fonctionnaire…) ou de la victime (exemples : personne vulnérable, dépositaire
de l’autorité publique, policier…), ou même à la relation entre l’auteur de l’infraction et la
victime (exemples : auteur et victime ascendants, conjoints, concubins ou partenaires liés par un
PACS)
Puisqu’elle est liée à la manière dont l’infraction est commise, une circonstance aggravante réelle peut être
retenue à l’égard de tous les coauteurs et complices de l’infraction. A l’inverse, une circonstance
aggravante personnelle, liée à la qualité de l’auteur de l’infraction, ne s’applique qu’à l’auteur de
l’infraction en la personne de qui elle existe, à l’exclusion de tous les coauteurs. Il faut toutefois noter que
la circonstance aggravante liée à la qualité de l’auteur de l’infraction s’applique également au complice
(Cass. Crim., 7 septembre 2005, n° 04-84.235).

1.4.1.2 Les circonstances aggravantes générales

A la différence des circonstances aggravantes spéciales, les circonstances aggravantes générales peuvent


aggraver tout type d’infractions. Elles ne nécessitent pas d’être prévues par les dispositions
d’incrimination pour aggraver la peine encourue.
La récidive est la principale circonstance aggravante générale. Il s’agit de la situation où une personne
commet une infraction après avoir été condamnée pour une précédente infraction. Dans un tel cas, la peine
encourue pour la seconde infraction est aggravée.
On peut également citer comme circonstance aggravante générale l’utilisation d’un moyen de
cryptologie. Les moyens de cryptologie sont des moyens utilisés, dans le commerce électronique, pour
assurer la confidentialité des communications. Ainsi, si un tel moyen a été utilisé pour commettre un crime
ou un délit, la peine encourue sera aggravée (article 132-79 du Code pénal).
Enfin, les mobiles racistes (article 132-76 du Code pénal) ou sexistes (article 132-77 du Code pénal) sont
des circonstances aggravantes générales.

1.4.1.3 La réitération d’infractions

Il y a réitération d’infractions lorsqu’une personne condamnée définitivement pour un crime ou délit


commet une nouvelle infraction qui ne répond pas aux conditions de la récidive légale. Dans ce cas, les
peines prononcées pour l’infraction commise en réitération se cumulent, sans limitation de quantum et sans
possibilité de confusion avec celle prononcées lors de la condamnation précédente.

1.4.2 LA PERSONNALISATION DES PEINES


La juridiction prononce les peines dans les limites fixées par la loi, en fonction des circonstances de
l’infraction et de la personnalité de son auteur. L’amende sera fixée en tenant compte des ressources et des
charges de l’auteur de l’infraction.

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Le juge peut prononcer une peine avec sursis. Le sursis à l’exécution de la peine peut être décidé de façon
totale ou partielle, il peut être simple ou assorti d’une mise à l’épreuve ou d’obligations particulières (ex :
travail d’intérêt général). Si le condamné ne fait pas preuve de bonne conduite, le sursis sera révoqué et la
peine devra exécutée.
L’exécution de la peine, après son prononcé, peut subir des modalités allant dans le sens de son allègement
(semi-liberté, réductions, fractionnement, dispense ou ajournement de la peine) ou dans le sens de son
aggravation (période de sûreté pendant laquelle le condamné ne pourra pas avoir sa peine aménagée dans
le sens de l’allègement).

1.4.3 LA PERSONNALITÉ DES PEINES


Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait. Il en résulte que seule la personne déclarée
coupable doit subir les peines correspondantes.
Ce principe s’applique sans difficulté aux personnes physiques. Mais qu’en est-il des personnes morales,
notamment en cas de fusion-absorption des entreprises coupables ?  Voir fiche 05 et 07

1.4.4 L’EXTINCTION DE LA PEINE


 La disparition de l’auteur responsable pénalement
 La prescription
 La grâce : décision du PR qui emporte seulement dispense d’exécuter la peine. Elle n’affecte
pas la peine et n’empêche pas la réparation du préjudice de la victime causé par l’infraction
 L’amnistie : celle-ci relève du Parlement, elle efface la condamnation prononcée et entraîne,
sans donner lieu à restitution, la remise de toutes les peines. L’amnistie ne préjudicie pas aux
tiers.
 La réhabilitation : toute personne frappée d’une peine criminelle, correctionnelle ou
contraventionnelle peut bénéficier, soit d’une réhabilitation de plein droit, soit d’une
réhabilitation judiciaire accordée dans les conditions prévues par le Code de procédure pénale.

1.5 QUELQUES INFRACTIONS DU DROIT COMMUN


Nature de
Élément légal Élément matériel Élément intentionnel Peines
l’infraction
Escroquerie art. 313-1, Code Le fait, soit par l'usage d'un faux Une simple 5 ans
Pénal nom ou d'une fausse qualité, soit imprudence ne suffit d’emprisonnement et
par l'abus d'une qualité vraie, soit pas de 375 000 €
par l'emploi de manœuvres d’amende
frauduleuses, de tromper une
personne physique ou morale et de
la déterminer ainsi, à son préjudice
ou au préjudice d'un tiers, à
remettre des fonds, des valeurs ou
un bien quelconque, à fournir un
service ou à consentir un acte
opérant obligation ou décharge.
Faux et usage de art. 441-1 du Constitue un faux toute altération Intention frauduleuse 3 ans
faux Code pénal frauduleuse de la vérité, de nature à résultant de la d'emprisonnement et
causer un préjudice et accomplie conscience de l’agent de 45 000 €

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par quelque moyen que ce soit, dans d’altérer la vérité et de d'amende.
un écrit ou tout autre support son intention de nuire.
d'expression de la pensée qui a pour
objet ou qui peut avoir pour effet
d'établir la preuve d'un droit ou
d'un fait ayant des conséquences
juridiques.
Abus de art. 314-1 du C’est le fait par une personne de Conscience, et même 5 ans
confiance Code pénal détourner, au préjudice d'autrui, des l’intention de l’auteur, d'emprisonnement et
fonds, des valeurs ou un bien de commettre une de 375 000 €
quelconque qui lui ont été remis et fraude d'amende.
qu'elle a acceptés à charge de les
rendre, de les représenter ou d'en
faire un usage déterminé.

Recel art. 321-1 du C’est le fait de dissimuler, de Ce délit est 5 ans


Code pénal détenir ou de transmettre une chose, intentionnel : le d'emprisonnement et
ou de faire office d'intermédiaire receleur doit savoir de 375 000 €
afin de la transmettre, en sachant que la chose provient d'amende.
que cette chose provient d'un crime d’un crime ou d’un
ou d'un délit. délit
Constitue également un recel le fait,
en connaissance de cause, de
bénéficier, par tout moyen, du
produit d'un crime ou d'un délit.

Blanchiment art. 324-1 du Le fait de faciliter, par tout moyen, Ce délit est 5 ans
Code pénal la justification mensongère de intentionnel d'emprisonnement et
l’origine des biens ou des de 375 000 €
revenus de l’auteur d’un crime ou d'amende.
d’un délit ; le fait d’apporter un
concours à une opération de
placement, de
dissimulation ou de conversion du
produit direct ou indirect d’un
crime ou d’un délit

Page 27 sur 41
2 DROIT PÉNAL SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS ET DES
AFFAIRES
2.1 L’ABUS DES BIENS SOCIAUX (ABS)
ABUS DE BIENS SOCIAUX OU ABS34
Personnes Auteur : dirigeants de droit, dirigeants de fait, un Complice : les complices sont poursuivies
punissables dirigeant sous contrôle de la société mère peut être lorsqu’ils permettent la commission du délit
responsable de l’ABS par leur aide ou leur assistance.
Éléments Élément légal : Élément matériel Élément intentionnelle
constitutifs - SARL, sociétés par actions, 1- Un acte d’usage de biens, de Mauvaise foi des dirigeants qui
sociétés européennes (art. L. crédit, de pouvoirs ou de voix savent que l’usage des biens, du
241-3, art. L. 242-6, art. L. 242- 2- Un usage contraire à l’intérêt crédit, de pouvoirs ou de voix est
30, L. 243-1, L. 244-1 , L. 244-5 social de la société contraire à l’intérêt social.
du Code de commerce) - Atteinte au patrimoine social Cette mauvaise foi est présumée
- SCPI (Code monétaire et - Exposition à un risque dès lors que l’infraction est
financier, art L.231-11). anormal d'appauvrissement dissimulée ou que le dirigeant a
- Dans les SNC, on parlera - Risque pour la société de conscience de l’avantage retiré de
d’abus de confiance commettre une infraction l’infraction.
- Filiales étrangères des interdite par loi (risque
sociétés mères françaises anormal de sanctions pénales
ou fiscales, ex : corruption)
- Concours financier accordé
dans le cadre d’un groupe5

Conséquences Conséquences civiles Conséquences pénales


civiles et pénales C’est à la société qui a subi un préjudice direct et Emprisonnement de 5 ans et une amende de
personnel qu’appartient l’action civile. 375 000 €
Par conséquent, l’action civile est refusée aux associés La tentative n’est pas punissable
agissant individuellement, aux salariés et aux
créanciers.
L’action sociale peut être exercée par les nouveaux
dirigeants (action ut universali), par un ou plusieurs
associés (action ut singuli6) ou par une association
d’actionnaires.
Délai de prescription :
- Agissements répétés : renouvellement du délit à chaque
usage ; 6 ans à compter de la commission de la dernière
infraction.
- Agissements dissimulés : le délai part à compter du
jour de la révélation du délit. Un délai butoir est prévu à
compter du jour de la commission de l’infraction.

3
Distinguer ABS de l’abus de confiance dans les sociétés de personnes de de la banqueroute en cas d’ouverture d’une procédure
collective

4
Une même personne peut être coupable des mêmes faits sous plusieurs qualifications (usage de faux et ABS), dès lors que les
délits d’usage de faux et d’ABS protègent des intérêts sociaux différents et qu’une seule peine a été prononcée.

5
Le concours financier porté par une société à une autre du même groupe n’est pas constitutif du délit d’ABS, à conditions que :
- le concours financier soit dicté par un intérêt commun, économique, social ou financier, élaboré dans le cadre d’une politique
d’ensemble.
- le concours financier ne soit pas démuni de contrepartie ou ne rompe pas l’équilibre entre les engagements
respectifs de ces sociétés concernées ni excéder les possibilités financières de la société sollicitée.
La jurisprudence refuse de prendre en compte l’autorisation donnée à l’accomplissement de l’acte abusif, même si l’approbation a
été donnée à l’unanimité.

6
L’action ut singuli est un droit propre à l’associé qui agit au profit de la société sans qu’il ne doive le mentionner.

Page 28 sur 41
2.2 LA DISTRIBUTION DE DIVIDENDES FICTIFS
DISTRIBUTION DE DIVIDENDES FICTIFS
Personnes Auteur Complice
punissables Dirigeants de droit, dirigeants de fait Toute personne ayant participé à
l’établissement de l’inventaire frauduleux
conduisant à la distribution de dividendes
fictifs.
Éléments Élément légal Élément matériel Élément intentionnel
constitutifs - SARL, sociétés par actions, 1- L’existence de dividendes L’élément intentionnel consiste
sociétés européennes (art. L. 241- fictifs dans la connaissance de
3, art. L. 242-6, art. L. 242-30, L. 2- La répartition des dividendes l’inexactitude de l’inventaire et
243-1, L. 244-1 , L. 244-5 du fictifs de la fictivité des bénéfices.
Code de commerce) 3- le défaut d’inventaire ou
- SCPI (Code monétaire et inventaire frauduleux
financier, art L.231-11).
Conséquences Conséquences civiles Conséquences pénales
civiles et L’action civile appartient à la société, aux associés Emprisonnement de 5 ans et une amende
pénales individuellement et aussi aux créanciers car le prélèvement de 375 000 €
sur les réserves porte atteinte à leur droit de gage sur le La tentative n’est pas punissable
capital social
La prescription de l’action sociale est de 6 ans, à compter
du jour où les dividendes sont mis à la disposition des
associés.

2.3 LA PRÉSENTATION OU LA PUBLICATION DE COMPTES


ANNUELS INFIDÈLES7
PRÉSENTATION OU PUBLICATION DE COMPTES ANNUELS INFIDÈLES
Personnes Auteur 8 Complice
punissables Dirigeants de droit, dirigeants de fait Ceux qui ont aidé à commettre l’infraction,
les EC et les CAC
Éléments Élément légal Élément matériel Élément intentionnel
constitutifs - SARL, sociétés par actions, 1- Inexactitudes La présentation ou la publication de
sociétés européennes (art. L. 2- Présentation ou publication comptes infidèles constitue un délit
241-3, art. L. 242-6, art. L. 242- des comptes intentionnel (dol spécial) - intention
30, L. 243-1, L. 244-1 , L. 244-5 de dissimuler la véritable situation
du Code de commerce) de la société. Refuser de se
- SCPI (Code monétaire et conformer aux préconisations d'un
financier, art L.231-11). rapport d'audit établi par un CAC
suffit à établir l’intention
frauduleuse de l’auteur du délit.
Le rejet du bilan ou la connaissance
par les actionnaires n’empêche pas
la constitution du délit.
Conséquences Conséquences civiles Conséquences pénales
civiles et L’action civile appartient à la société, aux associés Emprisonnement de 5 ans et une amende de
pénales individuellement et à toute personne qui subirait un 375 000 €
préjudice direct et personnel du fait de cette infraction. La tentative n’est pas punissable
La prescription de l’action publique est de 6 ans à compter
du jour où les comptes annuels sont présentés aux associés
ou mis à la disposition du public

7
Les deux faits sont indépendants. Si après avoir été présentés, les comptes inexacts ont fait l’objet d’une publication, un
nouveau délit est alors commis (notamment, dans les sociétés par actions).

8
Précision : le principe est la non-application de la loi française aux sociétés étrangère. Cependant, ce principe n’est pas absolu.
La restriction d’application du délit d’ABS n’est pas applicable à l’égard des filiales étrangères des sociétés françaises. Si le siège
social réel de la société est situé en France, elle doit être considérée comme de nationalité française.

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Remarque : La présentation du bilan aux actionnaires marque le point de départ du délai de prescription, et
le jour de la publication, qui fait naître un délit distinct, constitue le point de départ d'un nouveau délai de
prescription.

2.4 QUELQUES AUTRES INFRACTIONS

2.4.1 INFRACTIONS RELATIVES À LA CONSTITUTION DES SOCIÉTÉS


Infractions Élément légal Élément matériel Élément moral Sanctions
Infractions Code de -Procéder à une offre au public des Non intentionnel Amende de 18 000
valeurs commerce titres financiers ou de faire admettre euros.
mobilières des actions sur un marché
dans la SAS réglementé.
Infractions Code de Émission de certaines valeurs Non intentionnel 6 mois de prison et
valeurs commerce mobilière (interdites par la loi) par les 9000 euros d’amende.
mobilières gérants
dans la SARL
Infraction Code de - Faire attribuer frauduleusement à un Mauvaise foi doit 375 000 euros
surévaluation commerce apport en nature une évaluation être prouvée d’amende et 5 ans
apport nature supérieure à sa valeur réelle. d’emprisonnement
SARL, SA, -Auteur : toute personne ayant
SCA et SAS participé à la surévaluation
frauduleuse d’un apport en nature :
apporteur, CAA, dirigeant
Infraction Code de -Contraventions relatives à l’émission Non intentionnel
d’émission commerce ou à la négociation d’actions ou de
d’actions dans coupures d’actions commises dans
la SA, SCA, certaines conditions (émission avant
SAS immatriculation de la SA) par
dirigeants

2.4.2 INFRACTIONS RELATIVES AUX AG


Infractions Élément légal Élément matériel Élément moral Sanctions

Infractions Code de Les gérants peuvent être punis pour : Non intentionnel : 9000 euros
relatives aux commerce Contravention : l’intention n’est d’amende
AG dans SARL -de non établissement pour chaque exercice pas recherchée.
des comptes annuels, de l’inventaire et du
rapport de gestion.
-de non soumission des comptes annuels et
du rapport de gestion à l’assemblée des
associés.

Infractions Code de Les dirigeants peuvent être punis pour : Contravention non 6 mois
relatives aux commerce Contravention de non établissement pour intentionnelle : la d’emprisonnemen
AG dans SA chaque exercice des comptes annuels, de seule abstention t et 9000 euros
l’inventaire et du rapport de gestion. suffit. d’amendes.
-Délit de non soumission des comptes
annuels et du rapport de gestion à
l’assemblée des associés.

Délits relatifs à Code de -Empêcher un actionnaire de participer à une Délit intentionnel 2ans
participation commerce AG doit être prouvé d’emprisonnemen
actionnaires à -Infractions relatives au vote, trafic t et 9000 euros
une AG dans d’influence, corruption passive ou active. d’amendes
une SA

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Contravention Code de Contravention de non dépôt au greffe les Non intentionnelle 1500 euros
de non dépôt commerce comptes annuels d’amendes
des comptes
annuels dans les
société
commerciales

2.4.3 INFRACTIONS RELATIVES AUX DROITS SOCIAUX


Infractions Élément légal Élément matériel Élément moral Sanctions
Infractions Code de Contraventions relatives à la détention Non intentionnelle
relatives aux commerce directement ou indirectement des actions à
valeurs dividende prioritaire sans droit de vote de la
mobilières société qu’ils dirigent
Code de Délits relatifs à la participation aux assemblées Doit être prouvé
commerce d’obligataires : toute personne peut être punie
d’empêcher un obligataire de participer à une
assemblée

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2.4.4 INFRACTIONS RELATIVES AUX MODIFICATIONS DU CAPITAL
Infractions Élément légal Élément matériel Élément moral Sanctions
Infractions Code de Délit commis par les dirigeants et les CAC qui Doit être prouvé 2ans
relatives aux commerce fournissent ou confirment des indications d’emprisonnem
augmentations inexactes dans les rapports présentés à l’AG ent et 18 000
de capital dans chargée de décider de la suppression du DPS. euros
les SA et SCA d’amendes
Infractions Code de Contravention par les dirigeants qui procède à Non intentionnelle 30 000 euros
relatives à la commerce une réduction de capital sans respecter l’égalité d’amende
réduction de des actionnaires
capital dans la
SA et la SCA
Infractions Code de -Idem pour condition fond augmentation capital Non intentionnelle 6mois
relatives aux commerce -Le président ou un dirigeant de ne pas consulter d’emprisonnem
augmentations les associés dans les conditions prévues par les ent et 7500
de capital dans statuts en cas d’augmentation de capital euros
les SAS d’amende.
Infractions Code de -Procéder à une réduction du capital sans Non intentionnelle 30 000 euros
relatives à la commerce respecter l’égalité des actionnaires. d’amende et
réduction de -Le président ou un dirigeant de ne pas consulter pour l’autre 6
capital dans la les associés dans les conditions prévues par les mois
SAS statuts en cas réduction de capital d’emprisonnem
ent et 7500
euros
d’amende.

Page 32 sur 41
2.4.5 INFRACTIONS RELATIVES AU CONTRÔLE DES SOCIÉTÉS
Infractions Élément légal Élément matériel Élément moral Sanctions
Code de Non désignation d’un CAC Non intentionnelle 2ans
Délit de non commerce lorsqu’une telle nomination est d’emprisonnement et
désignation d’un obligatoire. 30 000 euros
CAC Même sanction en cas de non
convocation du CAC aux AG
Code de Obstacle aux vérifications des CAC Doit être prouvé 5ans
Délit d’obstacle
commerce par toutes personnes. d’emprisonnement et
aux contrôles des
75 000 euros
CAC
d’amende
Code de -Usage du titre de CAC sans être Non intentionnelle Amende 15 000 € et
commerce régulièrement inscrit sur la liste de 1 an
CAC d’emprisonnement
-Exercice illégal de la profession de
CAC
Le délit d’exercice
-Non-respect de mesure d’interdiction
illégal des
ou de suspension temporaire
fonctions de CAC
Incompatibilité mais conserve les Intentionnelle 6 mois
fonctions de CAC d’emprisonnement et
7 500 € d’amende

Code de Révélation d’une information En connaissance de 15 000 euros


commerce confidentielle à des personnes cause, doit être d’amende et 1 an
auxquelles le secret est opposable. prouvé. d’emprisonnement
* Volontaire et
Le délit de consciente ; la seule
violation de secret imprudence ne
professionnel suffit pas à
caractériser
l’élément
intentionnel du
secret professionnel
Code de -Ne relève pas au procureur de la L’intention 5 ans
Le délit de non- commerce république les faits délictueux dont il frauduleuse est d’emprisonnement et
révélation de faits a connaissance à l’occasion de présumée 75 000 euros
délictueux l’exercice de sa mission dans une d’amendes.
entité qu’il contrôle (ex : ABS)
Le délit de Code de -Donne ou confirme des informations Mauvaise foi doit 5 ans
fourniture ou de commerce mensongères sur la situation de la être prouvé d’emprisonnement et
confirmation personne morale 75 000 euros
d’informations d’amendes.
mensongères
Code de Fait pour le CAC d’accepter ou de Non intentionnel Amende 15 000 € et
Délit relatif à
commerce conserver les fonctions de CAA 1 an
l’exercice des
malgré les incompatibilités et d’emprisonnement
fonctions de CAA
interdictions légales

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2.4.6 INFRACTIONS RELATIVES AU FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS FINANCIERS
Infractions Élément légal Élément matériel Élément moral Sanctions
Délit d’initié Code monétaire -Par les dirigeants PP ou PM des SA Intention 5ans d’emprisonnement
et financier (initié de droit) ou personne dans frauduleuse, et 100 millions euros
l’exercice de leur profession (initié de Doit être prouvé d’amende
fait)
-Existence d’informations privilégiées
-Utilisation d’informations privilégiés de
manière illégale pour réaliser sur le
marché boursier une opération avant le
public.
Délit de fausses Code monétaire -Personne qui aura sciemment répandu Intention 5ans d’emprisonnement
informations et financier dans le public, des informations fausses frauduleuse, et 100 millions euros
ou trompeuses sur les perspectives ou la Doit être prouvé d’amende
situation d’un émetteur dont les titres
sont négociés sur un marché règlementé
-Même peine que le délit initié

2.4.7 LES INTERDICTIONS PROFESSIONNELLES


L’interdiction d’exercer une profession L’interdiction de diriger ou de La faillite personnelle.
commerciale ou industrielle contrôler une société
Peut intervenir dans les cas suivants : -Peut être prononcé judiciairement -Lors de la mise en redressement ou
-A titre de peine complémentaire en cas de dans différentes hypothèses. liquidation judicaire d’une entreprise, le
condamnation pour certains crimes (durée -Durée maximale de 15 ans. tribunal peut prononcer une mesure de faillite
max 15ans) -Possibilité de mesure de relèvement personnelle à l’encontre de l’entrepreneur
-A titre de peine alternative (durée max de l’interdiction si démontre sa individuel ou du dirigeant de l’entreprise qui
5ans) capacité à diriger ou contrôler une ont enfreint certaines règles du droit des
-En cas de faillite personnelle ou société. procédures collectives.
d’interdiction de gérer. -Max 15ans
En cas de non-respect, il s’agit d’une -La faillite personnelle emporter interdiction
infraction pénale sanctionnée par 2ans de gérer une entreprise.
d’emprisonnement et 375 000 euros
d’amende.

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3 PROCÉDURE PÉNALE
3.1 LES POURSUITES
Lorsqu’une infraction est commise, l’ordre public est atteint et une personne subit un préjudice. Pour
réparer les dommages ainsi causés, la loi prévoit deux types d’actions en justice :
 L’action publique : Vise à réparer le trouble causé à l’ordre public
 L’action civile : Vise à réparer le préjudice causé à la victime

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L’action publique L’action civile
Conditions Elle est exercée par : Elle est exercée par :
d’exercice de -Les magistrats du ministère public -La victime, partie civile ou ses héritiers
l’action -Fonctionnaire habilités (commissaire de police, -La partie civile non victime (association, ordre
agent de douane, maire) professionnel)
Les conditions : Les conditions :
-Application du principe d’opportunités des -Le dommage doit être matériel, corporel ou
poursuites par le procureur de la république : moral
-Soit ne pas poursuivre : classement sans suite ou -Directement causé par l’infraction (préjudice
conditions direct et personnel)
-Soit recourir à une mesure alternative aux -Un lien de causalité doit être établit entre
poursuites (ex : médiation) l’infraction et le dommage
-Soit poursuite (ex : citation directe devant le Personnes visées :
tribunal correctionnel) : * peut faire des -Auteur et complices de l’infraction (ou leurs
réquisitions pour poursuites nécessitant une héritiers)
instruction préparatoire. -Personnes civilement responsables des auteurs et
Personnes visées : complices
-Auteur et complices de l’infraction

Mise en L’action publique est exercée par : L’action civile est exercée par la partie civile qui
mouvement de -Le procureur de la république recueille les peut agir :
l’action plaintes
-La partie civile peut faire une citation directe -Soit devant la juridiction pénale (ex : tribunal
devant la juridiction de jugement correctionnel)
-Elle peut aussi, déposer une plainte devant le juge -Par citation directe (avant que le procureur ait
d’instruction engagé l’action publique)
Lorsque la partie civile dépose une plainte devant -Par dépôt d’une plainte avec constitution de
le JI, le ministère public ne peut plus faire de partie civile auprès du juge d’instruction
classement sans suites. -Soit devant la juridiction civile par voie
d’assignation
-L’action civile est séparée de l’action publique
-Ne peut plus être exercé devant une juridiction
pénale
Prescription des Prescription des poursuites : Prescription des poursuites :
poursuites et -Contravention : 1ans -> Tribunal de police -Exercée devant une juridiction civile par 5ans en
extinctions des -Délit : principe
actions Prescription 6ans à partir de la découverte si Extinction des peines :
infraction dissimulée avec date butoir 12ans -> -L’action civile est éteinte notamment si l’action
tribunal correctionnel est engagée devant la juridiction répressive après
-Crime : 20ans, en principe, si infraction le délai de prescription de l’action publique.
dissimulée avec date butoir 30ans -> cour
d’assises NB : l’absence de faute non intentionnelle ne fait
Extinction des peines : pas obstacle à l’exercice d’une action civile
-Décès du prévenu (juger devant TC, TP, relaxé ou
condamné) ou de l’accusé (juger devant la cour
d’assises, acquitté ou condamné)
-Prescription (3, 6, 20ans)
-Amnistie, contraventions
-Abrogation de la loi pénale
-Chose jugée, amende forfaitaire
-Transaction
-Retrait de la plainte

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3.2 L’INSTRUCTION

3.2.1 LE JUGE D’INSTRUCTION 


3.2.1.1 La saisine du juge d’instruction

Les infractions visées Les personnes concernées


-Obligatoire en matière de crime Peut être saisi par :
-Facultative en cas de délit -Le ministère public
-Exceptionnelle en cas de contravention -La victime

3.2.1.2 Le pouvoir du juge d’instruction :

La conduite de l’information judiciaire Les pouvoirs juridictionnels


Mesures nécessaires à la manifestation de la vérité grâce à : Le juge d’instruction prend certaine décision qu’on appelle
-Le pouvoir d’enquête, la mise en examen, les mandats, la des ordonnances qui interviennent :
commission rogatoire. -En cours d’instruction (ordonnance de mise sous contrôle
judiciaire, de placement en détention)
-En fin d’instruction (ordonnance de non-lieu, de renvoi)

3.2.2 LE JUGE DES LIBERTÉS ET DE LA DÉTENTION


Magistrat du siège désigné par le président du TGI, et a le pouvoir d’ordonner ou de prolonger le placement
en détention provisoire d’une personne mise en examen et de statuer sur les demandes de mise en liberté.

3.2.2.1 La chambre de l’instruction :

C'est une juridiction d'instruction du second degré, chambre spécialisée de la cour d’appel composée de
trois magistrats et d’un représentant du ministère public. Intervient en cas de contentieux de la détention
provisoire et du contrôle judiciaire.

3.2.2.2 La police judiciaire :

Lorsqu’une instruction est ouverte, la police judiciaire exécute les ordres du juge d’instruction afin de faire
avancer son enquête.
L’enquête préliminaire L’enquête de flagrance
L’enquête préliminaire est une investigation réalisée par la Une infraction est flagrante (crime ou délit) lorsqu’elle est en
police judiciaire pour rechercher les auteurs d’une train de se commettre ou vient d’être commise.
infraction et rassembler des preuves afin de permettre des Les pouvoirs de la police judiciaire :
poursuites judiciaires. -Perquisitions, saisies en présence, auditions, contrôle
Les pouvoirs de la police judiciaire : d’identité, garde à vue.
Auditions, perquisitions, contrôle d’identité, gardes à vue.

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3.2.3 LE JUGEMENT 
Les juridictions de jugement Le déroulement de l’audience Les voies de recours
-Elle se prononcent sur la culpabilité -Le président présente l’affaire 1) L’appel :
ou l’innocence de la personne -Il interroge les accusé, témoins, Les juridictions d’appel :
poursuivie et les peine à lui infliger. expert -Chambre des appels correctionnels, la
-L’avocat de la partie civile fait sa cour d’assises d’appel
1) Les juridictions de droit plaidoirie, suivi du ministère public Les conditions d’appel :
commun : qui présente le tribunal enfin l’avocat -Contravention dans certains cas
-Le juge de proximité (intervient pour de la défense plaide à son tour. -Délit toujours possible
certaines contraventions commises par -Il y’a alors délibération puis annonce -Crime possible si cour d’assises
les PP) de la décision. La procédure d’appel :
-Le tribunal de police (contravention) -elle a un effet suspensif et dévolutif.
-Le tribunal correctionnel (délit) L’appel n’est pas ouvert à l’accusé
-La cour d’assises (crimes) jugé par défaut.
2) L’opposition :
2) Les juridictions d’exceptions : -En cas de délit ou de contravention
-Juge pour enfant, (permet d’obtenir un nouvel examen
Tribunal pour enfants, cours d’assises de l’affaire par la même juridiction)
des mineurs, haute cour, cour de - Soit le prévenu régulièrement cité à
justice de la république. personne n’a pas comparu, mais il a
fourni une excuse reconnue comme
valable ;
- Soit le prévenu n’a pas eu
connaissance de la citation, car la
citation n’a pas été délivrée à
personne.

3) Le pourvoi en cassation :
Il peut être dans l’intérêt des parties
ou de la loi

4) Demande de révision : afin de


corriger les erreurs judiciaires

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4 COMPLÉMENTS : RÉSOLUTION DES CAS
PRATIQUES EN DROIT PÉNAL
Les questions relatives au droit pénal sont posées des manières suivantes :
 Quelles sont les différentes qualifications pénales susceptibles d’être effectivement caractérisées ?
 Quelles peuvent être les conséquences juridiques (pénale, civile, en droit des sociétés) de cette
surévaluation artificielle du loyer du bail commercial entre la SCI et la SA opérationnelle ?
 Est-ce que les opérations posent problème au regard du droit pénal ?
 Cette opération appelle-t-elle une ou plusieurs qualifications pénales ?
 Cette succession d’opérations est-elle susceptible d’une qualification pénale ?
 Vous vous interrogerez sur les qualifications juridiques (pénale, civile, en droit des sociétés)
pourrait appeler la situation.
 Ces opérations sont-elles constitutives d’une infraction ? Si oui, laquelle ? Si non, pourquoi ?
 Une infraction est-elle commise ?
 Le comportement de Mme X est-il répréhensible ?
 Caractérisez-la ou les infractions commises par M. Y.

4.1 PLAN DU CAS PRATIQUE


Si vous être invité à relever une infraction, à l'analyser et à préciser son application concrète, la méthode la
plus simple est de suivre le cheminement suivant. Pour chaque infraction à étudier :
1. Tout d'abord, il faut faire un bref rappel des faits en quelques lignes.
2. Puis, il convient de mettre en relief le point de droit.
3. Ensuite, vous devez exposer les éléments théoriques relatifs au problème juridique : c'est la tranche
de cours relative au point de droit. Vous préciserez les éléments constitutifs de celle-ci, à savoir,
l'élément légal, l'élément matériel et, enfin, l'élément moral. Cette phase est indispensable.
4. Enfin, vous allez mettre en relief la solution concrète : c'est l'application aux faits des éléments
théoriques, la réponse au problème de droit. Vous devez rechercher très précisément dans le libellé
du cas pratique tout ce qui peut vous permettre d'argumenter en faveur de la démonstration des
éléments constitutifs de l'infraction que vous avez préalablement énoncés au niveau théorique.
Attention : étant non juriste, le jour de l’examen, il ne sera pas exigé que vous citiez les numéros des
articles concernés, ni les références de la jurisprudence.

4.2 REPÈRES
Dans le cadre de l'analyse d'un cas pratique, certains éléments ne sont pas négligeables, ils vous serviront
au niveau de raisonnement. Voici une liste qui n’est pas exhaustive.
§ La preuve de l'élément légal, de l'élément matériel, et de l'élément moral de l'infraction : vous
devez rechercher très précisément dans le libellé du cas pratique tout ce qui peut vous permettre

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d'argumenter en faveur de la démonstration des éléments constitutifs de l'infraction que vous avez
préalablement énoncés au niveau théorique ;
§ La présomption d'innocence : si la preuve de la culpabilité d'un individu faite par le ministère
public ou par la partie civile est insuffisante et qu'il subsiste un doute il doit être acquitté ou relaxé.
Si le libellé est catégorique au niveau des faits, vous n'aurez aucun problème à cet égard ; a
contrario s'il est évasif sur certains points ou laisse planer un doute, vous devez poser des
hypothèses et souligner, en tout état de cause, la présomption d'innocence ;
§ L’action publique est principalement mise en mouvement par le ministère public. Cependant,
l'action publique peut être déclenchée par la victime qui porte son action civile devant la juridiction
répressive alors que l'action publique n'avait pas encore été déclenchée par le ministère public
(plainte avec constitution de partie civile, citation directe pour saisir la juridiction de jugement en
cas de contravention ou de délit) ;
§ Titulaire de l’action civile (la solution n’est pas identique concernant l’abus de biens sociaux et
d’autres infractions en droit des affaires) ;
§ Le problème de la prescription de l'action publique et du point de départ de celle-ci
(dissimulation) ;
§ La juridiction compétente : compétence matérielle en considération de la nature de l'infraction, et
compétence territoriale. Précisez-s ’il s'agit d'un crime, d'un délit ou d'une contravention, et en
conséquence la juridiction compétente (par exemple, l’abus de biens sociaux est un délit, c’est de
la compétence du tribunal correctionnel) ;
§ La distinction entre l'auteur de l'infraction, le coauteur, et le complice (donc, si les faits
concernent plusieurs personnes, une infraction peut être commise par ces différentes personnes
tantôt en tant qu’auteur, tantôt en tant que complice) ;
§ Par une succession d’opérations, une personne peut commettre plusieurs infractions (par
exemple, un dirigeant peut commettre les délits de présentation et de publication de comptes
infidèles et le délit de distribution de dividendes fictifs) ;
§ Le cas d'un recel à rechercher éventuellement ;
§ L’infraction est-elle consommée, ou est-on en présence d'une tentative ;
§ Le principe du non cumul de peines de même nature ;
§ Si l'entreprise est en redressement ou liquidation judiciaires (par exemple, banqueroute).
Si le cas pratique se situe dans le cadre d'une société vous devez, en outre, réfléchir notamment sur les
points suivants :
 Le type de société (SA, SARL, SNC ...) et les conséquences que cela peut entraîner : par exemple,
l'abus de biens sociaux pourra s'appliquer aux dirigeants d'une SA ou d'une SARL ou d'une
commandite par actions ou encore d'une société par actions simplifiée, mais pas aux dirigeants
d'une SNC ou d'une commandite simple ou d'une société civile ;
 Distinguer abus de biens sociaux, abus de confiance et banqueroute ;

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 SAS : certaines infractions ne s’appliquent pas aux SAS (par exemple, le délit de ne pas soumettre
les comptes à l’AG)
 La qualité du dirigeant : dirigeant de droit et recherche, le cas échéant, d'un dirigeant de fait ;
 Si dans cette société il y a un commissaire aux comptes : le CAC a-t-il pu exercer librement sa
mission ? le CAC a-t-il lui-même commis une infraction ? Le CAC n’a pas révélé au Procureur de
la République des faits délictueux constatés lors de l’exercice de sa mission ?
 Le problème de la responsabilité pénale de la personne morale ;
 Cumul de responsabilité pénale de la personne morale et de la personne physique ;
 Ne pas faire de confusion entre les dispositions pénales du Code de commerce et celles du Code
pénal (de nombreuses infractions sont dispersées dans des lois particulières ou dans d’autres
codes).

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