Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Semestre 1
L’état de nécessité
Préparé par :
Sommaire
Introduction
Conclusion
Bibliographie
Introduction
L’état de nécessité a certes été explicité récemment par de nombreux législateur mais
cette notion a toujours exister.
Ainsi, la Chine pourrait être l’un des premiers pays à consacrer la théorie de l’exercice
d’un droit illégal, en particulier en ce qui concerne l’impunité du vol commis en période de
famine et de sécheresse, en raison de son caractère contraignant et nécessaire.
En Inde les lois de Manou, qui remonte à plus de douze siècles, comprenait des textes
et des passages permettant la justification et l’impunité des actes interdits et prohibés en raison
de la nécessité. Ceci permettant ainsi aux militaires privilégiées d'exercer l'une des occupations
interdites dans leurs classes (dans un système social basé sur le système de classes) s'ils étaient
dans la misère. Il permettait également à toute personne exposée au risque de faim de manger
du bœuf et des chiens pour rester en vie, même si la consommation de viande était interdite.
Selon Cicéron, homme d’état, avocat et écrivain dans son œuvre sur la République
romaine relève des infractions nécessaire tels que l’autorisation de la personne la plus forte de
jeter son faible collègue à la mer et de saisir la planche pour échapper à la mort si cela est
inévitable et que le canot ne supporte pas plus d'une personne. En effet pour les romains la
nécessité suspend le droit mais ne le supprime pas «necessitas non tollit jus sed suspendit .
Les juristes à travers différents versets et hadiths ont établi une règle selon laquelle les
nécessités autoriseront les interdictions.
Actuellement, l’état de nécessité constitue l’une des circonstances prévues par la loi
française et marocaine permettant de supprimer le caractère infractionnel d'un comportement.
Ces circonstances sont des faits justificatifs tant en droit marocain qu’en droit français
Dés lors il convient de nous demander dans quelles mesures et limites l’état de nécessité
peut être considéré comme un fait justificatif qui supprime l’infraction?
De ce fait il est primordial d’étudier dans un premier temps la notion d’état de nécessité
a travers une approche comparative (chapitre 1) pour ensuite en élucider les conditions du fait
justificatif prévue distinctement par le législateur marocain et français (chapitre 2).
Chapitre 1) La notion d’état de nécessité en droit comparé
En principe à la réunion d’un élément légal (l’infraction doit être prévue par la loi),
l’élément moral (intention coupable) et matériel (l’auteur doit avoir commis les actes), l’auteur
présumé d’une infraction pourra voir sa responsabilité pleinement engagée.
Toutefois, dans certaines hypothèses l’un des éléments constitutifs de l’infraction est
manquant, de sorte que la responsabilité pénale de son auteur devra être atténuée ou bien
écartée. Le nouveau code pénal français dans ses articles 122-1 à 122-8 a procédé à une
redéfinition des causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité tout en légalisant
des créations jurisprudentielles comme l’état de nécessité.
Ainsi pendant longtemps l’état de nécessité n’était pas admis officiellement comme pouvant
être cause d’impunité pour l’agent. Seules quelques dispositions légales se référaient plus ou
moins explicitement à l’état de nécessité pour justifié l’acte normalement interdit (la
justification législative de l’encombrement de la voie publique ; le mauvais traitement des
animaux n’était punissable qui si la personne avait agi sans nécessité).
L’état de nécessité n’était alors considéré que comme variante de la contrainte. En effet, en
l’absence d’un texte légal, les juges français avaient tendance à assimiler l’état de nécessité à
la contrainte morale, prévue par l’article 64 de l’ancien Code pénal. Mais, cette confusion n’a
pas été à l’abri de la critique doctrinale, étant donné qu’à la différence de la contrainte morale,
cause de non imputabilité, l’état de nécessité constitue traditionnellement un fait justificatif qui
neutralise l’élément légal de l’infraction.
Soulignons ici que dans les deux cas, la personne est amenée à commettre l’infraction du
fait d’une pression qui s’exerce sur sa volonté. La différence tient à l’intensité de la pression
qui s’exerce sur la volonté de l’agent, dans la contrainte :il faut que l’abolition de la volonté
soit totale (choix de l’agent est inexistant), force irrésistible alors que dans l’état de nécessité :il
n’y a pas d’abolition totale malgré son caractère urgent, il laisse à l’agent quelques marges de
réflexion et de manœuvre, il a la liberté de décision, car il choisit de commettre une infraction
pour éviter la réalisation d’un dommage plus important.
Une telle solution à été illustré dans l’affaire Ménard de 1898 1, cette femme vivait avec sa
mère et son fils, âgé de deux ans, né de père inconnu. La mère et la fille sont sans travail et
vivent des allocations que leur verse le bureau de bienfaisance de la commune. Mais, elles ne
sont pas suffisantes pour nourrir trois personnes. Le 22 février 1898, alors que Louise, sa mère
et son fils n’ont pas mangé depuis 36 heures, elle vole, à la devanture d’une boulangerie, un
pain de trois kilos. Le boulanger, qui n’est autre que son cousin, porte plainte pour vol. Les
gendarmes transmettent la plainte au parquet et Louise est convoquée au tribunal de Château-
Thierry le 4 mars 1898 pour répondre du délit de « vol simple ». Elle n’a pas d’avocat, comme
la plupart des pauvres de cette époque. Le juge Magnaud relaxe l’accusée sur le terrain de la
contrainte, or dans ce cas de figure il n’y avait pas de contrainte, l’abolition de la volonté de la
mère n’était pas totale. Elle avait choisi de voler pour nourrir son enfant. Situation de l’état de
nécessité, et non pas de la contrainte… il a retenu cela, affaire de 1898 époque ou la
Jurisprudence n’a pas dégagé encore comme un fait justificatif, le seul fondement en droit était
la contrainte. Cette notion sera reprise ensuite par de nombreux juristes, mais ce n’est qu’un
siècle plus tard, le 1er mars 1994, qu’elle sera inscrite dans les textes. Et ce n’est qu’en 1956
que le Tribunal Correctionnel de Colmar va pour la première fois se fonder sur l’état de
nécessité pour relaxer une personne pour l’état de nécessité, soit « la situation dans laquelle se
trouve une personne qui pour sauvegarder un intérêt supérieur, n’a d’autre ressource que
d’accomplir un acte défendu par la loi pénale. A titre d’exemple le vol d’un canot pour sauver
une personne de la noyade.
Le Code Pénal reprend ces faits dans son article 122-72 et reconnait l’état de nécessité, en
le soumettant tout de même à un certaine contions.
Par ailleurs il parait opportun de rappeler que l’état de nécessité correspond à la nécessité
dans laquelle se trouve une personne de commettre une infraction pour sauver un autre intérêt.
A contrario la légitime défense ne s’opère que dans le cas d’une attaque. La nécessité est une
notion plus large.
Toutefois, au Maroc l’état de nécessité en tant que fait justificatif, doit être induit des
dispositions particulières du Code pénal. En effet celui-ci n’est pas expressément formulé par
le législateur. Ainsi, on relève huit textes qui en font une application univoque.
3
Art.222 CPM
4
Art.261 CPM
5
Art 453 CPM
6
Art 454 CPM
7
Art 479 CPM
8
Art 602 et 603 CPM
9
Art 608 al 10 CPM
10
Art 609 al 3 CPM
11
Art 456 CPM
Certes la responsabilité pénale est effacé, toutefois l’état de nécessité ne supprime pas
la responsabilité civil de l’auteur tenu d’indemniser la victime.
Section 2) Le fondement de l’état de nécessité
Comme nous l’avons déjà évoqué, parfois l’infraction est commandée par la nécessité
où se trouve une personne de sauvegarder une vie, un bien ou un droit. N’étant pas
irrésistiblement contraint à l’infraction, l’agent commet volontairement et délibérément celle-
ci, portant ainsi atteinte à la vie, aux biens ou aux droits d’une autre personne.
La loi marocaine offre ainsi, en cas de nécessité, le choix entre deux maux : elle permet
l’accomplissement d’une infraction pour éviter un mal qu’elle estime encore plus grave. Ce
choix fondé sur une permission de la loi, c’est l’état de nécessité.
Il s’agit de se demander comment fonder la justification d’une infraction commise
délibérément par un agent à qui la loi consent exceptionnellement une option entre deux maux ?
Un tel fondement peut-il être subjectif et correspondre soit à la contrainte morale, soit au
mobile ? Est-il au contraire purement objectif et partant susceptible de se confondre avec
l’intérêt social ?
Concernant le fondement subjectif, la lecture de l’article 453 du Code pénal marocain,
justifiant l’avortement nécessaire nous pouvons déduire que la contrainte morale peut fonder
l’état de nécessité Cependant cette considération subjective qui, en l’espace, peut déterminer le
choix du médecin, ne peu fonder d’autres justifications, en effet un musulman ne saurait, par
exemple, être contraint moralement à rompre le jeune. En droit pénal marocain, les états
passionnels ou émotifs « ne peuvent, en aucun cas exclure ou diminuer la responsabilité »12.
C’est au contraire l’état de nécessité qui peut, en certains cas exceptionnels, venir justifier
l’infraction lorsque celle-ci est fondée sur une contrainte morale spécifique, telle celle qui est
décrite par l’article 538 du Code pénal marocain13.
A défaut de contrainte morale, peut-on retenir cette cause impulsive et déterminante de
l’infraction que peut être le mobile généreux (exemple : le vol nécessaire pour nourrir sa
famille). La règle posée, en droit marocain, est celle de l’indifférence des mobiles; ils peuvent,
tout au plus, permettre au juge d’accorder le bénéfice des circonstances atténuantes, mais ne
sauraient, en aucun façon, justifier l’infraction qui demeure punissable.
Parfois l’infraction est commandée par la nécessité ou se trouve une personne de sauvegarder
une vie, un bien ou un droit. N’étant pas irrésistiblement contraint à l’infraction, l’agent commet
volontairement et délibérément celle-ci partant aussi atteinte à la vie, aux biens ou aux droits
d’une autre personne.
La loi marocaine offre ainsi, en cas de nécessité , le choix entre deux maux, elle permet
l’accomplissement d’une infraction pour éviter un mal qu’elle estime encore plus grave, ce
choix fondée sur une permission de la loi, c’est l’état de nécessité.
L’état de nécessité, fait justificatif, n’étant pas expressément formulé par le droit pénal
marocain, on peut l’analyser comme un principe général du droit qui s’il n’est pas formulé
explicitement par le législateur, se trouve véritable ou suspension dans l’esprit de notre droit14.
Condition :
Il est bien évident que l’infraction nécessaire doit être subordonnée à de strictesconditions, si la
transgression du droit pénal peut être justifiée par un péril actuel et injuste, encore faut-il qu’elle
soit nécessaire etmesurée.
Un péril actuel :
L’actualité du péril ressortissant des huit textes du code pénal. C’est ainsi qu’aux termes de
l’article 435 du code pénal marocain.
Un péril injustifiable :
Le péril ne doit pas avoir été causé par une faute de l’agent , si par exemple la destruction
d’animaux prévus par l’art 602 alinéa 1 du code pénal marocain a été réalisée à la suite d’une
violation de clôture , (selon l’art 202 alinéa 2 du code pénal marocain) l’infraction ne saurait
être justifiée quand bien même la vie de l’agent on était sérieusement menacée , il en va de
même dans le cadre de l’art 603 alinéa 2 du code pénal marocain lorsque après avoir pénétré
dans une propriété privée au mépris d’une interdiction , l’agent a été contraint pour se défendre
, de détruire l’animal.
Les huittextes du code pénal marocain sont univoques, l’agent a le choix entre deux maux,
aucune alternative ne lui est offerte, l’infraction est l’unique moyen de conjurer le péril. Aux
termes de l’art 453 du code pénal marocain, par exemple : le médecin est contraint de pratiquer
un avortement car c’est le seul moyen de sauvegarder la santé de la mère
Il n’est pas douteux qu’une certaine proportionnalité soit exigée pour justifier l’infraction.
Une infraction justifiable : si le bien sauvegardéà une valeur supérieure au bien sacrifié, l’intérêt
social exige la transgression de l’ordre pénal et l’infraction est justifiée.
Une infraction injustifiable : si c’est la vie une personne qui est en jeu.Ex : pour
sauver sa propre vie an automobiliste tue une autre personne? Une réponse négative s’impose ;
si le la permission de la loi ouvre en droit marocain un choix, ce choix est mesuré, il ne peut,
en effet déboucher sur un homicide nécessaire qui état par hypothèse,délibéré, ne pourrait être
défini que comme un meurtre, l’art 329 du code pénal marocain, si on justifiait le meurtre
nécessaire, on ne pourrait qu’approuver la torture nécessaire.
Si le bien sauvegardée a une valeur dérisoire au regard du bien sacrifié, il ne parait pas
douteux que l’infraction, estimée nécessaire par l’agent, soit injustifiable.
Il ne peut aller différemment qu’on certains cas de légitime défense mais le conflit agressé peut
déterminer de telles conséquences que le législateur a préférée règlementer cette application
particulière de l’état de nécessite en
En droit français
Elles sont pour partie au moins posées par l'art 122-7 du code pénal. On peut les grouper en
deux catégories. Les conditions peuvent être les conditions relatives au danger et les conditions
relatives à l'infraction15.
Peu importe la nature ou l'objet du danger (personne, intégrité morale ou biens). Un arrêt de la
Cour de Colmar de 1957 admet un danger moral : un père avait violé le domicile de sa femme
en instance de divorce pour soustraire sa fille à des scènes de débauche. Le danger doit présenter
deux caractéristiques: il doit être actuel ou imminent16, comme dans la légitime défense) et il
doit être réel. Un danger simplement éventuel ne saurait justifier la commission de
l'infraction17.
Le danger ne doit pas être la conséquence d'une faute préalable.Par exemple, un marin arrêté
pour ivresse ne peut invoquer ce fait pour échapper à la sanction infligée pour n'avoir pas rejoint
son navire au départ18.Dans un arrêt de la Cour d'appel de Rennes de 1954, un camion allant
trop vite n'avait pu s'arrêter à un passage à niveau et avait été bloqué dessus. Le conducteur,
pour éviter un train qui arrivait, avait brisé la barrière (délit de bris de clôture). « C'est par sa
propre faute que le conducteur s'était placé en état de danger ». Cette jurisprudence a été
critiquée parce qu'elle est contraire au fondement de l'état de nécessité 19.
Il faut que le danger n'ait été évité qu'en commettant l’infraction, l’art. 122-7 le dit
expressément. Tout est affaire d'appréciation. Ex où la nécessité n'a pas été retenue 20.Une
personne était gênée par des abeilles d'un apiculteur et avait volontairement détruit le nid des
Avant cet arrêt, la jurisprudence n'était pas unifiée : Cour d'appel de Pau 1968. Un infirme avait été
condamné pour avoir laissé sa voiture en stationnement irrégulier devant la porte du médecin chez
lequel il devait se rendre.
18Cass, chambre criminelle, Audience publique du samedi 29 janvier 1921, Bull. crim. N° 52
19Phèdre Kalamatianou,L’état de nécessité sous l’angle du droit comparé et de la justice pénale
C'est conforme au fondement de l'état de nécessité : le mal provoqué ne doit pas être supérieur
au danger.Ex: Dame Ménard n'aurait pas pu tuer le boulanger. L'arrêt le plus récent en la
matière est un arrêt de la Cour d'appel de Poitiers du 11 avril 199722.
Dans cette affaire, une mère avait été surprise dans un grand magasin après avoir volé 6 kg. De
viande et seize paquets de charcuterie. En première instance, l'état de nécessité a été admis.La
Cour d'appel de Poitiers a refusé en estimant qu'il y avait disproportion entre le danger et le
moyen employé.L'état de nécessité est beaucoup plus rarement utilisé que la légitime défense.
Conclusion
En guise de conclusion nous pouvons affirmer que l’état de nécessité constitue un fait
justificatif qui se fonde bel et bien sur un intérêt social permettant de supprimer l’infraction
pénal en France comme au Maroc a la réunion de certaines conditions. Toutefois celle-ci ne
supprime nullement la responsabilité civil de l’auteur.