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La notion de

consommateur
Réalisé par: Choukri Fouzia Encadré par: Bouhouch lahcen
Ouarrache Oumaima
Ouarrache Fatim-zohra
Introduction

 Le droit de la consommation est né de la volonté d'assurer au consommateur face au


professionnel une protection que le droit commun des contrats ne paraissait pas lui assurer
suffisamment.
 Historique:
 1700 avant J-C: On retrouve dans le code d’Hammourabi des dispositions concernant la
falsification des produits
 450 avant J-C: En droit romain et précisément dans la loi des 12 tables, on trouve une sorte
de garantie des vices cachés.
 Au moyen âge: On trouve des textes relatifs à la nécessité d’exécuter les contrats de bonne
foi et sur la prohibition de l’usure
 Les Etats Unis étaient les précurseurs à la reconnaissance des intérêts des consommateurs,
notamment avec le discours de Kennedy de 1962. Considérant que "les consommateurs
constituent le groupe économique le plus important et le seul à ne pas être effectivement
organisé".

 Le mouvement de consumérisme initié par Ralph Nader fut un modèle à suivre en matière de
protection du droit de consommateur

 Du côté Français, la mise en place du code de consommation est le fruit du regroupement d’un
ensemble de textes apparu au fil du temps .

 C’est au cours du protectorat que le Maroc s’est doté du tout premier dahir dit du 14 octobre 1914
relatif à la répression de la fraude.

 Aujourd’hui l’on assiste à un renforcement du cadre juridique relatif à la -protection du


consommateur à travers la loi N°31-08 promulguée par le Dahir n° 1-11-03 du 18 février 2011
 Problématique:

Qu’est ce qu’on entends par consommateur ? Et qui peut bénéficier de


ce statut ?
Plan :

I- La notion de consommateur en droit interne


1) Le consommateur stricto-sensu
2) Le consommateur en droit marocain

II- La notion de consommateur en droit français


3) Les difficultés soulevées par l’absence de définition légale
2) L’adoption tardive d’une définition légale restrictive de la notion de consommateur
I- La notion de consommateur en droit interne

1) Le consommateur stricto-sensu :

a) Le consommateur, agent économique :

 Un consommateur est l'agent économique (personne physique ou personne


morale) qui choisit, utilise et consomme un service ou un bien et procède de ce
fait à leur destruction partielle ou totale.
 Une consommation est dite :

• « finale », lorsque l'utilisation du bien consommé correspond à un usage personnel


privé (boire une tasse de café, regarder un spectacle...)
• « intermédiaire », lorsque le bien ou le service consommé contribue à la création d'un
autre bien ou service. (un artisan utilise une voiture pour se déplacer chez un client...)
 Les spécialistes du marketing distinguent quant à eux les notions de consommateur : client,
utilisateur, usager… qui doivent être prises en compte de manière distincte, puisque les
motivations ou les besoins ressentis par l'acheteur ne sont pas forcément les mêmes que
ceux de l'utilisateur final.

• Exemple:
 Aliments pour chiens et chats, où le client est le maître de l’animal, et le consommateur
c’est l'animal
 Aliments pour bébés, où le parent est le client et le bébé le consommateur final.
b) Le consommateur, sujet de droit :

 Le consommateur, tel que défini et protégé par le droit de la consommation, est une
personne physique qui se voit proposer ou accepte une offre de contrat portant sur un bien
ou un service à des fins non professionnelles.

 Contrairement au droit communautaire, certain systèmes juridiques élargirons cette


définition pour englober les personnes morales également.
 L’acte de consommation se traduit par un contrat conclu entre un professionnel et un
consommateur.

 Le consommateur est perçu comme l'antithèse du professionnel.

 le professionnel peut être défini comme toute personne physique ou morale, publique ou
privée, qui agit à des fins entrant dans le cadre de son activité commerciale, industrielle,
artisanale, libérale ou agricole, y compris lorsqu’elle agit au nom ou pour le compte
d’un autre professionnel

 Il est, dans l’exercice de son activité, plus informé et plus compétent que le consommateur.
De là naît un déséquilibre qui justifie l’application du droit de la consommation
 La jurisprudence étend parfois la protection du droit de la consommation à certaines personnes
qui ne sont pas des consommateurs, au sens légal du mot, mais qui sont en quelque sorte
assimilées à eux:

 Les professionnels agissant en dehors de leur spécialité : le rapport indirect entre le contrat et la
profession.
• Exemple: Un commerçant qui fait installer un système d’alarme dans son magasin, un avocat
qui achète du matériel informatique pour son cabinet.

 Le caractère direct ou indirect du rapport relève de l’appréciation souveraine des juges du fond.
2- La notion de consommateur en droit interne :

a) Un premier essai de définition:

 Selon la doctrine, le consommateur est toute personne physique qui acquiert ou qui utilise un
bien ou un service pour un usage non professionnel.
 Trois caractéristiques :

• le caractère personnel de l’acquisition et l’utilisation des biens: deux sortes de


consommateurs:
-Ceux qui acquièrent des biens ou des services à des fins non professionnelles.
-Ceux qui utilisent les biens et services.

• l’objet de la consommation: Toute sorte de biens et service peuvent être objet de


consommation.

• la consommation à des fins non professionnelles


 Toutefois les apports de la doctrine en la matière furent critiqués:

• La distinction entre le consommateur et le professionnel se base sur le critère de l’usage


personnel du bien ou service. Or, Un bien acheté par une personne peut, par exemple, être
utilisé par les membres de sa famille, qui sont des tiers au contrat de vente.

• La doctrine a omis la personne morale comme potentiel consommateur.


b) Notion de consommateur dans la loi marocaine:

 Selon le 2ème article de la loi 31-08, le consommateur est « toute personne physique ou morale
qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins non professionnels des produits, biens
ou services qui sont destinés à son usage personnel ou familial ».
 De cette définition, un nombre de conditions doivent être réunies pour qualifier une
personne de consommateur:

• l’identité du consommateur: une personne physique ou morale.


• L’acquisition ou utilisation, personnelle ou familiale, des biens et des services.
• Le but de la consommation doit être à des fins non professionnels.
 une confusion subsiste toujours:
 La qualité de personne morale, qui est une création juridique abstraite, interdit la conception
d’un intérêt personnel ou familial, en ce que le patrimoine de la personne morale est distinct
de celui des personnes qui l’ont créée, et qu’entreprendre un acte d’acquisition ou
d’utilisation à titre personnel ou familial au nom et pour le compte de cette personne
morale, serait illégal.

 L’article 2 de la loi 31-08 restreint l’acte de consommation à la satisfaction de besoins « non


professionnels ». Cela reviendrait donc à exclure de la protection, par exemple, le
restaurateur qui aurait contracté un service de connexion internet Wi-Fi destiné à sa
clientèle.
 La définition légale donnée au consommateur, semble desservir ses intérêts: Alors que
l’hypothèse d’un consommateur personne morale contractant pour ses biens personnels ou
familiaux est impossible, celle du consommateur personne physique qui contracterait
exclusivement pour ses besoins non professionnels, est bien trop restreinte.
II - La notion du consommateur en droit français

 l’absence d’une définition légale et uniformisatrice de la notion du consommateur.


 Jusqu’à l’adoption de la loi Hamon du 17 mars 2014, la notion de consommateur n’était
définie par aucun texte,
 Seulement des articles disparates du Code de la consommation, notamment les dispositions
relatives aux clauses abusives où le législateur a fait le choix de ne pas reprendre celle
prévue à l’article 2, b de la directive 93/13/CEE du Conseil, du 5 avril 1993 qui définit le
consommateur comme « toute personne physique qui, dans les contrats relevant de la
présente directive, agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité
professionnelle »
 Cette absence de définition légale n’a, manifestement, pas été sans soulever de nombreuses
difficultés
1) Les difficultés soulevées par l’absence de définition légale de la notion
de consommateur

 Ce vide juridique fait ressortir Deux principales interrogations à savoir :

• Les professionnels agissant en dehors de leur spécialité pouvaient-ils être regardés comme
des consommateurs ?
• Les personnes morales agissant à des fins non-professionnelles pouvaient-ils également
être assimilées à des consommateurs ?
a) l’assimilation des professionnels agissant en dehors de leur activité à des consommateurs

 L’approche restrictive:
 
 Le consommateur n’est autre que le profane qui agit exclusivement pour ses besoins
personnels et familiaux, soit en dehors de l’exercice de toute activité professionnelle.

 Cette approche repose, sur la qualité du consommateur, lequel serait nécessairement un non-
professionnel.

 Malgré sa simplicité, cette vision s’est heurtée à l’ancien article 132-1 du Code de la
consommation qui prévoyait, que le dispositif relatif aux clauses abusives bénéficiait, tant au
consommateur qu’au non-professionnel, ce qui, dès lors, est susceptible de disqualifier
l’approche restrictive.
 Deux hypothèses se présentent :

- Soit l’on tient les termes « consommateur» et « non-professionnel » pour synonymes auquel
cas on exclut d’emblée l’idée que le professionnel puisse bénéficier de la protection instaurée
par le législateur, peu importe qu’il agisse en dehors de sa sphère de compétence

- Soit l’on considère qu’il n’existe aucune synonymie entre les deux termes, auquel cas rien
n’empêche que les personnes qui contractent dans le cadre de l’exercice de leur profession,
mais en dehors de leur domaine de spécialité puissent bénéficier de la même protection que les
consommateurs.

 D’où le débat qui s’en est suivi sur l’opportunité d’adopter une approche extensive de la
notion de consommateur afin de pallier aux carences de l’approche restrictive
 L’approche extensive:

 La jurisprudence française a envisagé une conception extensive de la notion


de consommateur afin de faire bénéficier des règles protectrices du droit de
la consommation un grand nombre de contractants supposés être en situation
de faiblesse.
 
 La notion de consommateur doit être appréhendée, non pas au regard du
critère de la qualité professionnel de celui qui conclut un contrat de biens ou
de services, mais en considération du critère de sa compétence
 Le consommateur s’apparenterait ainsi à toute personne qui agit en dehors de sa sphère de
compétence habituelle, car dans cette hypothèse, elle est placée dans la même situation que
le profane.
 
 Cette conception permet ainsi d’intégrer dans la catégorie des consommateurs celui qui,
dans le cadre de l’exercice de sa profession, agit en dehors de son domaine de compétence.
Quelle approche a été retenue par la
jurisprudence ?
 Evolution de la jurisprudence

 Dans un arrêt du 15 avril 1982, la Cour de cassation a estimé que le dispositif relatif aux
clauses abusives était parfaitement applicable à un professionnel agissant en dehors de son
domaine de compétence (1ère civ. 15 avr. 1982) : « Le contrat litigieux, qui concernait
l’expertise d’un sinistre, échappait a la compétence professionnelle de l’agriculteur, et
devait en conséquence, être soumis aux dispositions de la loi du 22 décembre 1972 ».

La catégorie des « non-professionnels » peut, en effet, selon cette vision,


parfaitement accueillir les personnes qui agissent dans le cadre de leur profession,
mais en dehors de leur domaine d’activité.
 Dans un arrêt du 15 avril 1986, la Cour de cassation a opéré un revirement de
jurisprudence radical en adoptant une interprétation restrictive de l’article 35 de la loi du
10 janvier 1978. En effet la cour a estimé que la protection instituée par cette loi « ne peut
être invoquée qu’à l’occasion de contrats passés entre professionnels et non professionnels
ou consommateurs». Privant ainsi un assureur ayant souscrit un ordre de publicité du droit
de rétractation prévu par cette loi.
 Il a fallu attendre un arrêt du 24 janvier 1995 pour que la Cour de cassation subordonne
l’application du dispositif relatif aux clauses abusives à l’absence de rapport direct entre
le contrat conclu et l’activité professionnelle de celui qui se prévaut de la protection. Dans
l’affaire opposant une société privée à l’EDF, la cour considère que le contrat conclu entre
EDF et la société requérante avait un rapport direct avec l’activité de cette dernière. D’où
l’impossibilité pour elle d’invoquer le bénéfice du dispositif relatif aux clauses abusives.

 La Cour de cassation abandonne ainsi le critère de compétence en faveur du critère du


rapport direct. Restait alors à déterminer comment ce rapport direct devait-il être
apprécié ?
 Dans un arrêt du 17 juillet 1996, la Cour de cassation estime que l’appréciation du rapport
direct relève du pouvoir souverain des juges du fond ( 1ère civ., 17 juill. 1996). Il ressort
toutefois des décisions ,que pour apprécier l’existence d’un rapport, cela suppose de
s’interroger sur la finalité de l’opération. Plus précisément la question que le juge va se
poser est de savoir si l’accomplissement de l’acte a servi l’exercice de l’activité
professionnel.
b) l’assimilation des personnes morales agissant à des fins non-professionnels

 Le consommateur peut-il par exception, être une personne morale ? réponse affirmative de la
jurisprudence.

 les personnes morales non professionnelles telles que les associations à but non lucratif ou encore
les syndicats de copropriétaires ne seraient pas dans une situation plus favorable que celle du
consommateur.
 La cour d’appel de Paris dans un arrêt du 3 juillet 1998 préconise que « le consommateur est la
personne physique ou morale qui, sans expérience particulière dans le domaine où elle contracte,
agit pour la satisfaction de ses besoins personnels et utilise dans ce seul but le produit ou le
service acquis »

 Ensuite, la cour de cassation est revenue sur sa position pour ne réserver la notion de
consommateur qu’aux seules personnes physiques. Désormais et en conformité avec le droit
communautaire, les personnes morales, ne peuvent plus être assimilées à des consommateurs,
pour autant il leur est permis indirectement de bénéficier de la protection consumériste. Cette
extension résulte de l’exploitation de la notion de non-professionnel.
 La cour de cassation a reconnu dans un arrêt de 23 juin 2011 à un syndicat de copropriétaires le
statut de consommateur et a été autorisé à profiter des dispositions applicables à la reconduction
du contrat par le biais de la notion de non professionnel.

 L’objective poursuivi était de garantir une protection aux personnes morales agissant à des fins
non professionnelles, autrement dit celles qui agissent sans but lucratif, comme les associations,
les syndicats de copropriétaires, et les fondations qui n’exercent pas d’activité professionnels
car par leurs absence d’activité professionnelle, elles se trouvent en situation de vulnérabilité.
 Cette faveur jurisprudentielle exclu les personne morales agissant à des fins
professionnelles telles que les sociétés commerciales qui sont exclus du champ
d’application des dispositions du code de la consommation car elles disposent de
compétences particulière qui leurs permettent de contracter avec un autre professionnel en
connaissance de cause.( arrêt du 6 septembre 2011).
 De ce qui précède, on peut retenir que:

 La jurisprudence estime qu’une société commerciale ne peut jamais bénéficier du dispositif


instauré par le législateur, peu importe qu’elle agisse ou non en dehors de son domaine d’activité.

 Il est dès lors inutile de se demander si un rapport direct existe entre le contrat conclu et l’activité
professionnelle de la personne morale.

 La solution est logique, dans la mesure où conformément au principe de spécialité, la capacité


juridique des personnes morales est limitée à leur objet social.

 Il en résulte qu’elles ne sauraient accomplir aucun acte en dehors dudit objet.


2) L’adoption tardive d’une définition légale restrictive de la notion de
consommateur

 L’article 3 de cette loi a introduit un article liminaire dans le Code de la consommation qui définit
le consommateur comme « toute personne physique qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le
cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole ».

 Qui n’est autre qu’une transposition de l’article 2 de la directive n° 2011/83/UE du 25 octobre


2011 relative aux droits des consommateurs

 Le législateur a opté pour une conception stricte du consommateur.

 La qualité de consommateur est désormais subordonnée à la satisfaction de deux critères :


a) Sur le critère relatif à la finalité de l’acte

 Selon de la loi Hamon, le consommateur est celui qui agit en dehors de l’exercice d’une activité
professionnelle (fin personnelle)

 Quand est-il de l’acte mixte ? aucune réponse dans les textes

 La directive du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 prévoit néanmoins qu’«


en cas de contrats à double finalité, lorsque le contrat est conclu à des fins qui n’entrent qu’en
partie dans le cadre de l’activité professionnelle de l’intéressé et lorsque la finalité
professionnelle est si limitée qu’elle n’est pas prédominante dans le contexte global du contrat,
cette personne devrait également être considérée comme un consommateur.»
b) Sur le critère relatif à la personne du contractant

 L’article liminaire du Code de la consommation prévoit que seule une personne physique peut
être qualifiée de consommateur. Les personnes morales sont donc exclues du bénéfice de cette
qualification

 Peut-on dire que le droit de la consommation leur est inapplicable ?

 Il ressort de la définition du non-professionnel que les personnes morales sont, à l’instar des
personnes physiques, potentiellement éligibles à une application des dispositions consuméristes.
Conclusion

 Retard significatif du Maroc quant à la mise en place d’une définition de la notion de


consommateur

 L’absence d’un code justifie en quelque sorte la carence en matière de loi et jurisprudence au
Maroc

 Le droit Marocain s’est inspiré du droit Français et de sa jurisprudence pour élaborer la loi 31-
08

 La loi 31- 08 étend le champs d’application à la notion de personne morale. Il aurait été
judicieux de remplacer ce terme par non professionnel.

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