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Volume II
Du contrôle de la dépense à la gestion des services publics (1914-1967)
http://books.openedition.org
Édition imprimée
Date de publication : 1 juin 2013
ISBN : 9782111293731
Nombre de pages : 684
Référence électronique
BEZES, Philippe (dir.) ; et al. L’invention de la gestion des finances publiques. Volume II : Du
contrôle de la dépense à la gestion des services publics (1914-1967). Nouvelle édition [en ligne].
Paris : Institut de la gestion publique et du développement économique, 2013 (généré le 30
mai 2016). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/igpde/2886>. ISBN :
9782821830332.
Ce document a été généré automatiquement le 30 mai 2016.
The Invention of Public Finance Management: From Expenditure Control to Public Service
Management (1914–1967, volume I Philippe Bezes, Florence Descamps, Sébastien Kott, Lucile Tallineau
(dir.)
This work analyses the increasing importance of controls, as well as effectiveness and productivity in
the management of public finances between 1914 and 1967. Using a unique political-administrative
micro-chronology, it studies the development of expenditure control techniques on the one hand, and
management tools on the other hand. The liberal State – shaken by two wars and an unprecedented
economic crisis, and mobilised in 1945 for the reconstruction of France after several changes in
regime – was obliged to rethink the management of its finances. This work describes the efforts to
introduce a rationalised system of expenditure control prior to 1945, and then, following the
Liberation, the emergence of management tools for measuring the efficiency and results of public
service actions. It analyses how the public finance system found itself caught between a legal
rationale that deployed its full potential, and a management rationale that was in the process of
drawing up its initial concepts and tools. Both approaches found themselves in competition with
macroeconomics. The volume thus offers a new look at the intersecting influences between public and
private sectors. Offering a broad sweep of stakeholders, institutions, techniques and skills at the heart
of the "financial system" between 1914 and 1967, this second volume is the continuation of a history of
"public finance governance".
En el segundo volumen de esta obra se examina la importancia que fue cobrando entre 1914 y 1967 la
problemática del control en la gestión de las finanzas públicas, primero, y la cuestión de la eficacia y
productividad, posteriormente. Recurriendo a una microcronología político-administrativa inédita,
este estudio examina el desarrollo de las técnicas de control del gasto, por un lado, y de los
instrumentos de gestión, por otro lado. Azotado por dos guerras y una crisis económica sin
precedentes y movilizado para la reconstrucción del país tras varios cambios de régimen político, el
Estado liberal francés se vio obligado a replantearse la gestión de sus finanzas. Este libro describe los
esfuerzos realizados para elaborar un sistema racionalizado de control del gasto antes de 1945, así
como el surgimiento de dispositivos de gestión después de la Liberación para medir el rendimiento y
los resultados de la acción de los servicios públicos. También analiza cómo el sistema financiero
público se encuentra encajonadoentre una racionalidad jurídica que despliega todo su potencial y
una racionalidad de gestión que elabora sus primeros conceptos e instrumentos, al mismo tiempo que
la macroeconomía compite con ellas. Así, este estudio ofrece una nueva perspectiva sobre los
fenómenos de influencia mutua entre el sector público y el privado. Este segundo volumen, que
presenta un vasto panorama de los protagonistas y las instituciones, técnicas y competencias
esenciales del “sistema financiero” entre 1914 y 1967, es una continuación de la empresa acometida
para elaborar una historia del “gobierno de las finanzas públicas”.
PHILIPPE BEZES
Philippe Bezes est chargé de recherche CNRS au Centre d’études et
de recherches de sciences administratives et politiques (CERSA,
Université de Paris 2) et enseignant à Sciences po.
FLORENCE DESCAMPS
Florence Descamp est maître de conférences en histoire à l’Ecole
pratique des Hautes Etudes.
SÉBASTIEN KOTT
Sébastien Kott est maître de conférences, habilité à diriger des
recherches à l’Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.
LUCILE TALLINEAU
Lucille Tallineau est agrégée de droit public, professeur émérite à
l’Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.
Lucille Tallineau holds an agrégation in public law and is an
Emeritus Professor at the Université de Paris-Ouest-Nanterre-La
Défense.
Gabriel Ardant, le Comité central d’enquête sur le coût et les rendements des
services publics, 1946-1953 : vers une évaluation des résultats de l’action
administrative ?
Florence Descamps
Introduction
I. La création du CCECRSP : aboutissement ou innovation ?
II. Les ambitions de Gabriel Ardant : faire du CCECRSP un organe permanent de la réforme
administrative ?
III. L’organisation du travail au CCECRSP : entre respect des traditions et innovations
IV. Résultats et bilan des travaux du CCECRSP
L’évaluation du prix de revient dans les années 1950 : le contrôle financier des
administrations centrales
Sébastien Kott
Introduction
I. L’évolution du contrôle des dépenses engagées vers le contrôle financier central
II. Évolution des contrôleurs ou évolution des administrations ?
Conclusion
Annexe
Bibliographie
Index des noms de personnes
Introduction
Florence Descamps
NOTES
1. P. Bezes, F. Descamps, S. Kott, L. Tallineau (dir.), L’invention de la gestion des finances
publiques, Élaborations et pratiques du droit comptable et budgétaire au XIXe siècle, 1815-1914,
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2010.
2. Un certain nombre de communications orales présentées au cours du séminaire ont fait
l’objet de publications dans un autre cadre, auxquelles on se reportera avec profit, comme
O. Dard, Jean Coutrot, De l’ingénieur au prophète, Besançon, Presses de Franche-Comté, 1999 ;
D. Berthereau, L’expertise de la commission de vérification des comptes des entreprises publiques
(1948-1976), thèse d’histoire, Paris IV, 2005 ; O. Henry, « L’impossible professionnalisation du
métier d’ingénieur-conseil (1880-1954) », Le Mouvement social, n° 214, janvier-mars, 2006 et
Les guérisseurs de l’économie. Sociogenèse du métier de consultant (1900-1950), Paris, CNRS
Éditions, 2012 ; R. Boulat, Jean Fourastié, un expert en productivité. La modernisation de la France
(années trente-années cinquante), Besançon, PUF, 2008 ; N. Carré de Malberg, Le grand état-
major financier : les inspecteurs des Finances, 1918-1946, Paris, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France/IGPDE, 2011, notamment la deuxième partie sur le
métier d’inspecteur des Finances, mis en ligne le 27 octobre 2011, consulté le 9 février 2012.
URL : http://igpde.revues.org/95.
3. Les travaux sur la première moitié du XIXe siècle montrent que sous les monarchies
censitaires, la construction du droit budgétaire et comptable n’est pas séparable d’un «
souci gestionnaire » ; c’est notamment le cas de l’ordonnance de 1838 qui organise de façon
cohérente la liaison entre la loi des comptes et le budget et qui, en se livrant à une
description concrète et détaillée du contrôle sur l’activité des ministères, manifeste une
préoccupation de gestion qui va jusqu’à l’exigence de résultats.
4. Nous appelons « approche gestionnaire » le raisonnement qui consiste à prendre en
compte l’efficacité (la réalisation des objectifs) et l’efficience (les coûts) dans l’allocation et
l’utilisation des ressources budgétaires. Sur la distinction entre les notions de régulation,
administration, gestion et management, nous renvoyons à l’introduction de P. Bezes dans le
volume I, qui a présenté toutes les nuances et toutes les dynamiques historiques de ces
concepts.
5. Depuis 2005, le propos du séminaire est d’étudier l’histoire du « système financier » tel
qu’il a été défini par le marquis d’Audiffret, concepteur et organisateur de la comptabilité
publique au XIXe siècle, à savoir l’histoire du système de gestion des finances publiques.
Cette histoire, qui s’intéresse à la « machinerie » budgétaro-comptable et non aux flux
financiers, qui privilégie l’analyse politico-institutionnelle sur l’analyse économique des
masses budgétaires, est plus largement une histoire de l’État vue depuis la gestion des
deniers publics, et plus particulièrement, une histoire de la gestion de la dépense (règles,
principes juridiques, techniques, pratiques comptables et budgétaires, savoirs et outils de
pilotage, d’allocation et d’utilisation des ressources financières de l’État).
6. L’expression est à entendre comme l’espace des administrations publiques autant que
comme les enceintes publiques du débat et de la concertation, de la doctrine et de l’opinion
autour des finances publiques.
7. Certains projets élaborés dès avant 1914 n’aboutissent qu’à la fin des années 1930 (le
contrôle financier a posteriori) ; des idées ébauchées pendant l’entre-deux-guerres ne
trouvent un début de réalisation qu’après 1950 (les premières mesures des résultats de
l’administration) et certaines des intuitions des années 1950 ne trouveront une forme
aboutie qu’avec la LOLF en 2001 (le budget de programme et les indicateurs de
performance).
8. Le lien avec les travaux en histoire de la comptabilité privée (B. Colasse, N. Praquin, M.
Nikitin, Y. Lemarchand, B. Touchelay pour ne citer que quelques chercheurs), qui se sont
beaucoup développés depuis plusieurs années, n’a malheureusement pu être établi autant
qu’il aurait été nécessaire. L’histoire comparée de la question comptable dans le secteur des
entreprises et dans la sphère publique, l’étude de leurs interactions, de leurs points de
divergence ou de convergence, la comparaison des rythmes de l’innovation comptable dans
un secteur et dans l’autre et l’analyse des éventuels transferts ou emprunts qui ont pu
intervenir à tel ou tel moment du XXe siècle constituent un chantier de recherches à lui
tout seul, qui pourrait donner lieu dans l’avenir à des travaux fructueux.
9. La notion de contrôle, pourtant très usitée en finances publiques, curieusement, n’a
guère suscité de définitions théoriques formelles dans notre période, contrairement au
terme « contrôle de gestion » qui dans le dernier quart du XXe siècle a une signification
bien précise (voir infra). Le terme contrôle est utilisé dans les manuels le plus souvent à des
fins distinctives pour désigner les pouvoirs et les différentes procédures que l’État et le
Parlement ont à leur disposition pour « vérifier », « examiner », « surveiller », voire
sanctionner les administrations et les services. On parlera du contrôle hiérarchique ou du
contrôle de tutelle, du contrôle de légalité ou d’opportunité, du contrôle administratif,
parlementaire ou juridictionnel, du contrôle de la préparation ou de l’exécution, etc.
Retenons que le contrôle a toujours quelque chose à voir avec la comparaison entre ce qu’a
été une activité administrative et ce qu’elle aurait dû être ou devrait être. Ou que le
contrôle consiste à « s’assurer qu’une chose est bien telle qu’on l’a déclarée ou telle qu’elle
doit être par rapport à une norme donnée » (J.-F. Fabre, Le contrôle des finances publiques,
Paris, PUF, 1968, p. 8). Voir aussi Traité des sciences administratives, ouvrage collectif, Paris/La
Haye, EPHE/Mouton, 1966 (notamment D. Levy, « Aspects généraux du contrôle », p. 633).
10. Contrôle a priori/contrôle a posteriori ; contrôle des dépenses engagées central/local ;
contrôle des ordonnateurs/contrôle des administrateurs ; contrôle juridictionnel/contrôle
parlementaire ; contrôle des comptes/contrôle des comptables/contrôle des
administrations ; contrôle budgétaire des collectivités locales/contrôle financier des offices
et des sociétés d’économie mixte/contrôle des associations subventionnées.
11. S. Kott, Le contrôle des dépenses engagées, Évolutions d’une fonction, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 2004.
12. L’État manifeste donc précocement sa volonté de mettre en place des dispositifs de
contrôle budgétaire ; à cet égard, il ne démontre pas de retard particulier par rapport aux
entreprises, au contraire. En revanche, le contrôle de la gestion des administrations n’est
pas encore un contrôle de gestion, au sens moderne du terme. Sur la chronologie de la mise
en place du contrôle budgétaire dans les entreprises au XXe siècle, N. Berland, L’histoire du
contrôle budgétaire en France, thèse, université Paris-Dauphine, 1999.
13. L. Tallineau, « Quarante ans de propositions de réforme de l’ordonnance du 2 janvier
1959 », RFFP, n° 73, 2001, p. 19-29.
14. La question comptable est donc dans l’entre-deux-guerres tout aussi prégnante pour
l’État que pour les entreprises ; là encore, il n’y pas d’effet retard dans l’administration par
rapport au secteur privé.
15. Pour la commission de vérification des comptes des entreprises publiques (CVCEP) qui
appartient à la même séquence réformatrice, on se reportera à la thèse de D. Berthereau, op.
cit.
16. Sur ce sujet, on se reportera à la thèse de D. Berthereau sur la CVCEP, op. cit.
17. Le constat de cette lacune a d’ailleurs conduit les organisateurs du séminaire à intégrer
ce type d’étude pour l’analyse de la RCB et de son acclimatation dans les années 1970 et
pour l’éclosion de nouveaux outils gestionnaires dans les années 1980 et 1990.
18. Si la décennie 1970 voit émerger la notion de contrôle de gestion, il faut attendre les
années 1990 et surtout 2000 pour que le concept et les pratiques qui y sont attachées
s’installent dans le paysage des finances publiques. Selon la circulaire du 21 juin 2001 du
ministère du Budget, le contrôle de gestion est « un système de pilotage mis en œuvre par
un responsable dans son champ d’attribution en vue d’améliorer le rapport entre les
moyens engagés – y compris les ressources humaines – et soit l’activité développée, soit les
résultats obtenus dans le cadre déterminé par une démarche stratégique préalable ayant
fixé des orientations [...] Il permet d’assurer, tout à la fois, le pilotage des services sur la
base d’objectifs et d’engagements de service et la connaissance des coûts, des activités et
des résultats ». Forum de la performance, http://www.performance-
publique.budget.gouv.fr/la-performance-de-laction-publique/approfondir/le-controle-de-
gestion/les-missions-et-activites-du-controle-de-gestion.html.
19. La RCB, sa naissance et son développement dans le système de gestion publique ont fait
l’objet de plusieurs séances du séminaire en 2010 et 2011 ; cette nouvelle poussée
gestionnaire, sans continuité aucune avec les expérimentations des années 1950, sera
étudiée dans le volume III, à paraître.
AUTEUR
FLORENCE DESCAMPS
Introduction
Si, durant tout le XIXe siècle, des principes nouveaux et des
méthodes en constante évolution ont contribué à une régulation
accrue des finances publiques, la Grande Guerre l’a fait voler en
éclats, au point qu’on ne peut même pas retrouver dans les pratiques
des ministères qui se succèdent d’août 1914 à octobre 1919 les
principes énoncés en 1814 par le baron Louis : l’exécutif est
incapable de préparer un budget et de le soumettre aux Chambres et
le ministère des Finances ne peut fournir au Parlement un état
annuel des dépenses. C’est ce que constate devant la Chambre le 7
juin 1920 François Marsal, ministre des Finances du gouvernement
Millerand, qui déclare :
« Depuis six ans, nous vivons sous un régime précaire et provisoire, auquel les
circonstances créées par la mobilisation nous ont condamnés. L’application de
presque toutes les règles qui faisaient la force de notre comptabilité publique a
dû être suspendue. La plus grande partie des recettes et des dépenses n’ont pu,
jusqu’à ce jour, recevoir d’imputations définitives. Les écritures d’aucun des
exercices postérieurs à 1914 n’ont pu être arrêtées. Aucune affectation n’a pu
être donnée au produit des emprunts. Dans les livres des comptables comme
dans ceux du Trésor se sont multipliés les comptes d’attente qui présentent des
soldes de plusieurs milliards formés aussi bien de dépenses, dont chaque jour
passé rend la régularisation plus difficile, que de véritables avances, dont, avec le
temps, le recouvrement apparaît de plus en plus compromis. Il est impossible,
sans avoir débrouillé ce chaos et apuré cet arriéré, de rétablir dans nos affaires la
clarté indispensable, de fixer les prescriptions d’après lesquelles devront
désormais s’effectuer les services, de tracer les cadres budgétaires dans lesquels
ils devront rentrer, d’instaurer véritablement un contrôle des dépenses
publiques, à la création duquel les Chambres n’ont cessé, depuis dix ans,
1
d’apporter leur attention ».
Les difficultés, le chaos qu’évoque Marsal persistent en 1923 :
Lasteyrie, son successeur au ministère des Finances dans le
gouvernement Poincaré, reconnaît que ses services sont incapables
d’estimer avec exactitude le montant des bons de la Défense en
circulation et, revenant sur les difficultés de son ministère, il évoque
« la formidable activité dépensière de tous les services » et constate
que « les comptables [du Trésor], débordés, se trouv[ent] incapables
de se conformer aux règles traditionnelles qui assurent la
centralisation des écritures des dépenses de l’État 2 ».
La guerre, par sa durée, par la mobilisation de tous les hommes et de
toutes les forces économiques de la nation, a créé une situation que
l’appareil de l’État a dû affronter dans l’urgence, sans y être préparé,
dans une constante improvisation. En matière budgétaire comme
dans l’ensemble de leurs domaines de compétences, les relations
entre le Gouvernement et le Parlement ont été modifiées. Quant au
ministère des Finances, il a dû, pour faire face à une explosion inouïe
des dépenses, renoncer à certaines règles de la comptabilité publique
: l’essentiel était de répondre aux demandes des ministères
dépensiers, la Guerre et l’Armement surtout, alors même que la
mobilisation l’avait privé d’une partie de ses fonctionnaires le
laissant dans une situation de sous-effectifs pendant toute la durée
du conflit.
Conclusion
On peut retenir que, durant la Grande Guerre, le principe de
l’autorisation de dépenses par le pouvoir législatif a été au moins
formellement respecté, tout en notant que le Gouvernement qui les
demandait, pas plus que le Parlement qui les votait, n’avait les
moyens de prévoir leur importance et de vérifier leur utilisation. Les
efforts du Parlement pour contrôler au sein des commissions –
commission du budget de la Chambre, commission des finances au
Sénat et commissions d’enquête sur les marchés de guerre – n’ont eu
que des résultats limités.
Quant au ministère des Finances, les nécessités de la défense
nationale l’ont placé dans une situation difficile et inédite. Face aux
demandes sans cesse croissantes des ministères impliqués dans
l’effort de guerre – principalement la Guerre, l’Armement, mais aussi
le Commerce et l’Industrie – il ne pouvait guère que couvrir les
dépenses engagées, sous peine d’apparaître comme un frein à la
nécessaire mobilisation militaire et économique de la nation. Dans
ces conditions, sa fonction de contrôle ne pouvait que passer au
second plan et cela d’autant plus que les ministères dépensiers
étaient dans l’incapacité de prévoir leurs besoins, même à court
terme, et de faire respecter les procédures régulières sur lesquelles
ce contrôle aurait dû s’exercer. En outre, pas plus que ceux des
autres ministères, ses services n’étaient préparés à gérer les
relations nouvelles qui s’instauraient entre les industriels et l’État.
Seul acheteur des armements et des équipements, amené
progressivement à organiser les achats à l’étranger pour le
ravitaillement du pays en denrées alimentaires et en matières
premières et à en assurer la répartition, l’État, par les sommes qu’il
avançait aux industriels, s’était aussi fait prêteur, voire associé de
certaines entreprises. Toutes ces activités ont donné lieu à des
contrats dont le ministère des Finances n’était pas en mesure de
vérifier les clauses ni d’y garantir les intérêts de l’État. Si, en outre,
on prend en compte la levée des emprunts, à l’intérieur comme à
l’extérieur du pays, et la pénurie de personnel, on ne s’étonnera pas
des insuffisances de la gestion des finances publiques durant le
conflit. Leurs effets se feront sentir après la guerre où ils
participeront des difficultés des années 1920 et 1930. En se limitant à
la période de la guerre proprement dite, on peut en revanche
estimer que le laxisme de la gestion a été un des facteurs qui a
permis la mobilisation économique et, ce faisant, participé à la
victoire…
NOTES
1. Cité par Gaston Jèze, Les dépenses de guerre de la France, Dotation Carnegie pour la Paix,
Paris, 1926, 215 p., p. 24.
2.Ibid., p. 27.
3. Le portefeuille des Finances n’a eu que trois titulaires pendant toute la guerre. Il est
d’abord aux mains d’Alexandre Ribot du 26 août 1914 au 21 mars 1917. Celui-ci, devenu
président du Conseil, le confie à Joseph Thierry (21 mars-12 septembre 1917). Louis-Lucien
Klotz le reprend dans le gouvernement Painlevé et le conserve dans le cabinet Clemenceau.
4. Éditorial du 2 mai 1915.
5. Sur ce point, voir Fabienne Bock, Un parlementarisme de guerre, Belin, 349 p., 2002.
6. Inventaire de la situation financière de la France au début de la Treizième législature,
décembre, Journal officiel, Documents parlementaires, Chambre, 1924, annexe n° 441.
7. Le ministre de la Guerre, Alexandre Millerand, réunit les principaux industriels français
le 20 septembre 1914 à Bordeaux où le Gouvernement s’est replié.
8. Robert Pinot, secrétaire du Comité des Forges, a donné une vision idyllique de cette
collaboration dans un livre de souvenirs, Le Comité des forges au service de la nation (août 1914-
novembre 1918), Paris, 1919, 348 p.
9. À titre d’exemple, on peut noter que les bénéfices nets de la firme Hotchkiss passent de 1
572 000 F en 1913 à 14 057 000 en 1916 et 22 264 000 F en 1917 (Annuaire Desfossés, 1920).
10. Archives nationales, archives Albert Thomas, 94 AP 60, note non datée.
11. A. Claveille était jusqu’à cette date directeur des Chemins de fer de l’État. Il quitte la
présidence de la commission des contrats pour devenir directeur des fabrications à
l’Armement.
12. Créateur et directeur de l’Office du travail.
13. Les pouvoirs d’enquête donnent aux commissions des prérogatives qui avoisinent celles
d’une enquête judiciaire.
14. Cf. F. Bock, Un parlementarisme..., op. cit. et « Les commissions d’enquête dans la tradition
parlementaire française », communication au colloque du CIHAE, septembre 2006. Actes à
paraître en 2012.
15. G. Jèze, Les dépenses de guerre ..., op. cit. , p. 201.
16.Ibid. p. 199.
17. Commission des marchés de la Chambre, procès-verbaux des auditions. Archives
nationales, C 7736.
18. Rapport de la commission d’enquête, Journal officiel, Documents parlementaires,
Chambre, 1919, annexe n° 7067, p. 3034. Sur l’ensemble des questions relatives aux marchés
de guerre, voir F. Bock, Un parlementarisme..., op. cit.
19. La direction du Budget, la seule innovation de la période au ministère des Finances, n’a
été créée qu’en 1919 ; cf. Nathalie Carré de Malberg, « La naissance de la direction du Budget
et du Contrôle financier et les grandes étapes d’un développement contrasté », La direction
du Budget entre doctrines et réalités, 1919-1944, Comité pour l’histoire économique et financière
de la France, Paris, 2001, p. 65-105.
20. Cité par Nathalie Carré de Malberg, Ibid., p. 74-75.
21. Voir à ce sujet, Pierre Renouvin, Les formes du gouvernement de guerre, Dotation Carnegie
pour la Paix, Paris, 1925, et Fabienne Bock, « L’exubérance de l’État », Vingtième Siècle, n° 3,
juillet 1984, p. 41-51.
22. Ministère de la Guerre, publication du Bulletin officiel.
23. Certains de ces organismes constitués au début de la guerre ont déjà disparu à cette
date, d’autres seront créés avant la fin de la guerre et le recensement, fort difficile, n’est
sans doute pas exhaustif.
AUTEUR
FABIENNE BOCK
Fabienne Bock est professeur émérite à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, (ACP). Elle a
publié notamment Un parlementarisme de guerre – 1914-1918, Paris, Belin, 2002. Elle a
contribué à divers ouvrages collectifs, en particulier : « Intérêt national et intérêts
industriels : un aspect de la question de l’aluminium en France pendant la Grande Guerre »,
in La politique et la guerre, éd. Agnès Vienot/Noesis, 2002, p. 94-107, « Parlement, pouvoir
civil, pouvoir militaire (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni) », in Encyclopédie de la
Grande Guerre, sous la direction de Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker,
Bayard, 2004, p. 495-508, « Clemenceau président de la commission des Affaires étrangères
et de la commission de l’Armée du Sénat », in Clemenceau et la Grande Guerre, 1906-1929, Geste
éditions, 2010 et Fabienne Bock et Thierry Bonzon, « Il faut que vous sachiez ce qui se passe
chez nous… 246 lettres de militaires français au Parlement en 1917 » in Obéir/désobéir Les
mutineries de 1917 en perspective, sous la direction de André Loez et Nicolas Mariot, La
Découverte, 2008, p. 153-166.
Du contrôle de la dépense à la réforme
du système financier. Les ambitions
de la commission Selves (1917-1918).
Une commission matrice ?
Florence Descamps
Introduction
À la fin du XIXe siècle, alors que la IIIe République cherche à assurer
plus solidement ses fondations parlementaires et démocratiques,
s’ouvre un long cycle de réflexion et de réforme sur le contrôle de la
dépense publique et des ordonnateurs 1 , depuis le contrôle de la
préparation du budget jusqu’au contrôle de son exécution, en
passant par la réforme de la comptabilité publique et celle du
contrôle des dépenses engagées. Un cycle du contrôle, ponctué de
projets et d’expérimentations, de réussites et d’échecs, d’impasses et
d’innovations, dans lequel s’impliquent tour à tour les commissions
des finances du Parlement 2 , certains ministres des Finances ou du
Budget plus volontaristes que d’autres 3 , la Cour des comptes et des
hauts fonctionnaires réformateurs ; un cycle de cinquante années,
qui va durer jusqu’à la Libération, date à laquelle de nouvelles
priorités, plus économiques et plus économistes, prendront le pas sur
les préoccupations de contrôle 4 . L’importance de cette thématique
dans les discours, les préoccupations et l’action des acteurs
politiques et financiers nous autorisent à y voir une figure
privilégiée, voire exclusive, de la préoccupation gestionnaire sous la IIIe
République : gérer, c’est contrôler ! Il nous semble que c’est en effet
dans la définition, l’extension, le renforcement et l’ajustement des
contrôles que les pouvoirs publics cherchent à cette époque la réponse
à la question de la bonne gestion (administration) des finances
publiques…
Au cours de ce cycle, qui est marqué par la poussée continue du
ministère des Finances en matière de régulation et de contrôle sur
les finances publiques, mais qui laisse largement subsister d’autres
acteurs, se donne à voir un système de pouvoirs encore non stabilisé
entre le ministère des Finances et les autres ministères techniques,
entre le ministère des Finances et les commissions des finances des
assemblées, entre le ministère des Finances et la Cour des comptes.
La guerre de 1914-1918 qui se situe au milieu de ce cycle constitue un
événement charnière car elle déstabilise, par les désordres, les
contraintes et les changements qu’elle engendre, l’ensemble du
système, obligeant les acteurs du système financier public à se
repositionner et à proposer des ajustements ou des réformes plus
structurelles.
La commission Selves, du nom de son président, créée par le
ministre des Finances Klotz par le décret du 17 octobre 1917 et
installée le 8 décembre 1917, se situe à un moment historique
intéressant. Sa création s’inscrit dans la continuité et dans la
filiation des travaux sur le contrôle, menés depuis 1909 par les
ministres et les commissions des finances, qui n’ont pas abouti mais
que les pouvoirs publics veulent désormais mener à leur terme 5 .
Cette création est significative de la pression accrue que les
parlementaires entretiennent depuis le début du conflit pour
contraindre le Gouvernement à rendre compte de sa gestion devant
les Chambres, et ce d’autant plus que ce dernier, pour conduire la
guerre, s’est affranchi de bon nombre de règles comptables et
budgétaires. Les commissions financières sont donc décidées à
accroître le contrôle parlementaire sur l’exécutif. Enfin, les
responsables des finances publiques, même s’ils ne mesurent pas
encore totalement les désordres comptables et financiers introduits
par quatre années de conflit 6 , pressentent que le système financier 7
hérité du marquis d’Audiffret et du XIXe siècle a vécu et que le
moment est venu de réfléchir d’une manière prospective à la
rénovation et à la réorganisation du système de gestion des finances
publiques.
La commission Selves se situe donc à un moment de basculement
entre le XIXe et le XXe siècle, à un moment comme suspendu entre
un avant-guerre riche en idées et en projets, mais modeste en
réalisations, et un après-guerre marqué par l’urgence, la contrainte
budgétaire et les désordres financiers. Au début de cette année 1918,
alors que les responsables politiques et administratifs commencent à
percevoir l’étendue du choc de la guerre et de ses conséquences
sociales, économiques, monétaires, administratives et
organisationnelles, ils peuvent encore croire qu’il leur est possible
de réfléchir, « en chambre » et « à froid », à la reconstruction
rationnelle du système financier, en faisant abstraction de la
conjoncture et des contraintes structurelles qui vont peser sur lui.
De fait, il est frappant de voir combien dans les débats de la
commission est rare toute allusion ou toute référence à la guerre, à
la conjoncture économique et financière ou à la situation dans les
services administratifs qui étaient pourtant à cette date déjà
extrêmement désorganisés. En creux, dans cette distance (délibérée
?) à l’égard de l’actualité, dans cette curieuse absence de connexion
au réel, sans doute peut-on lire l’autonomie du champ administratif
qui fonctionne en quelque sorte en roue libre, selon ses propres
principes et ses propres normes.
Composée de hauts fonctionnaires et de parlementaires, la
commission Selves constitue un lieu intéressant pour dresser l’état
du système de gestion des finances publiques en 1918, pour
distinguer les doctrines et les positions institutionnelles, pour
observer les rapports de force politico-administratifs en présence,
pour repérer les filiations avec les héritages du passé et discerner les
nouvelles idées qui émergent. Le mandat reçu du ministre par la
commission est en effet plus large que celui des précédentes
commissions, plus techniques ou plus strictement organisationnelles
: la réflexion doit porter sur « les réformes à apporter dans
l’organisation du contrôle de l’exécution du budget ». Non soumise à
des objectifs d’économies ni à la pression de l’urgence, c’est à la fois
une commission de synthèse, qui va récapituler tous les travaux
précédents et s’intéresser à la totalité de la chaîne du processus
budgétaire, et une commission de réforme, tournée vers l’avenir,
explicitement conçue comme telle par un ministre lui-même
fortement impliqué dans les questions de finances publiques 8 .
La commission Selves, point de basculement entre deux périodes,
constitue une étape de maturation importante pour les acteurs du
système de gestion des finances publiques, par l’embrassement
qu’elle autorise de la totalité du système financier, par la prise de
conscience qu’elle permet des dysfonctionnements, par les
rencontres et les échanges qu’elle provoque, par l’inventaire des
problèmes et des solutions d’avenir qu’elle propose 9 . Nous nous
intéresserons donc aux analyses produites par cette commission,
mais aussi à ses membres et à ses chefs de file : quel diagnostic
portent-ils sur le système financier ? Qui sont les principaux acteurs
de cette réflexion, quel est leur poids respectif au sein de la
commission et qui y prend l’avantage ? Quelles propositions font-ils
? Quelles sources d’inspiration ou quelles références utilisent-ils ?
Quelles ont été les suites de ces préconisations ? Notre propos
s’organisera autour de deux points successifs :
1. Les travaux qui ont précédé la commission Selves, 1909-1917.
2. Les travaux des trois sous-commissions, leurs discussions et leurs préconisations.
1. Principes généraux
5. Corps de contrôle
B. Débats et résultats
V. La sous-commission du Contrôle
parlementaire
A. Composition
B. Programme de travail
C. Les résultats
4. Vote
Sur le maintien du vote des recettes après le vote des dépenses 163 et
sur le maintien du vote public (et non secret) 164 , la sous-
commission se prononce à l’unanimité.
6. Unité budgétaire
Conclusion
Quelles ont été les suites de la commission Selves ? Rarement citée
dans les années 1920 (aucun rapport général n’a été publié), elle fait
partie de ces commissions qui semblent n’avoir laissé de traces
qu’archivistiques. Pour le bonheur des historiens. Pourtant, par
l’ampleur de ses travaux qui couvrent l’ensemble du système de
gestion des finances publiques, la commission Selves est une
commission matrice pour la maturation et l’incubation d’idées qui
vont circuler tout au long de l’entre-deux-guerres et qui, pour
beaucoup, aboutiront sous la pression de la contrainte extérieure et
de la crise budgétaire et politique des années 1930. À très court
terme, la scission de la direction générale de la Comptabilité
publique et la création d’une direction du Budget autonome en 1919
au ministère des Finances par Klotz en sont des fruits directs ; au
tout début des années 1920, plusieurs projets de réforme à la Cour
des comptes reprennent les pistes ouvertes par le projet de loi
Caillaux et par la commission Selves, tandis que certaines des
réflexions des hauts fonctionnaires de la sous-commission Courtin
trouvent un aboutissement dans la loi Marin de 1922 sur le contrôle
des dépenses engagées… À moyen terme, les années 1930 verront
retravaillées et concrétisées des propositions explorées par la
commission Selves : la réforme de la comptabilité publique et des
nomenclatures en 1930-1934, l’instauration d’un contrôle financier
local en 1930-1936, la création des Comités ministériels de contrôle
financier en 1935, la réforme de la Cour des comptes en 1936 et la
création d’un Comité supérieur de contrôle financier… D’une
décennie à l’autre, il y a eu diffusion par capillarité des idées et des
propositions ; la transmission et la maturation des projets se sont
faites par l’intermédiaire d’institutions dotées d’une forte mémoire
administrative (la Cour des comptes) ou d’une belle continuité
politique (la commission des Finances du Sénat avec Caillaux ou
Chéron), ainsi que par des personnages clés tels que Caillaux pour le
monde politique ou Bloch pour la haute administration. Ce
phénomène a été facilité par l’étroitesse du milieu des experts en
matière de finances publiques.
De fait, le milieu des « techniciens » en finances publiques est en
1918 extraordinairement étroit, homogène, consanguin pourrait-on
dire, constitué d’un tout petit nombre de ministres experts, d’une
poignée de parlementaires, d’un ou deux professeurs de droit et
d’une dizaine de hauts fonctionnaires qui se répartissent les postes
de responsabilité au ministère des Finances, à la Cour des comptes et
au contrôle des dépenses engagées. Il est d’ailleurs difficile de faire
un sort distinct aux inspecteurs des Finances, aux directeurs, aux
magistrats de la Cour et aux contrôleurs des dépenses engagées, car
compte tenu de l’étroitesse du recrutement, du petit nombre de
postes concernés et du déroulement des carrières, la plupart de ces
hauts fonctionnaires cumulent au cours de leur parcours plusieurs
de ces qualités ou fonctions. Le seul sang neuf provient des
ministères techniques, à savoir, d’un côté, du ministère du
Commerce, de l’Industrie ou des Postes et Télégraphes, et de l’autre
du Contrôle général de la Guerre et de la Marine. Mais les
représentants de ces ministères ne jouent qu’un rôle tout à fait
mineur dans les études produites et dans les discussions. À l’opposé,
grâce à leur ancienneté, leur expérience, leur parcours varié, leur
position au sein du système financier et à la tête des commissions de
réforme (les magistrats de la Cour sont vice-présidents ou
rapporteurs), et grâce au temps dont ils disposent 171 , les membres
de la Cour des comptes jouent un rôle majeur dans les débats :
Payelle, Courtin, Bloch, Féret du Longbois mènent la réflexion,
proposent des solutions et font pression sur les parlementaires.
L’Inspection des finances en tant que corps de contrôle apparaît plus
effacée, mais, forte de son expérience au contrôle des dépenses
engagées, se voit confier les tâches d’étude et d’appui (Petit,
Pignerol) 172 . Il n’en reste pas moins qu’une alliance objective se
noue entre la Cour des comptes et l’Inspection des finances 173 , en
vue d’augmenter dans un même mouvement les pouvoirs et les
attributions du ministère des Finances et ceux de la Cour des
comptes 174 . La marque et l’influence de Caillaux restent fortes et
l’impulsion de Klotz décisive. On notera pour terminer que nombre
de ces hauts fonctionnaires ne joueront pas de rôle opérationnel
dans la réforme du système de gestion des finances publiques au-
delà de 1921, à l’exception notable de Bloch, soit en raison de leur
âge et de leur départ en retraite, soit du fait d’un changement de
fonctions, soit d’un décès prématuré. En revanche, le magistère de
Jèze s’étendra sur tout l’entre-deux-guerres, même si le professeur
ne sera plus associé directement aux commissions de réforme des
années 1930.
S’élabore au sein de ce petit milieu d’experts, tout au long de ces
séances de travail, un véritable corps de doctrines en finances
publiques, dans le domaine du budget, des recettes, de la
comptabilité et du contrôle ; les hauts fonctionnaires budgétaires
apportent là une contribution notable à la nouvelle discipline des
finances publiques en cours de constitution depuis la fin du XIXe
siècle. De ce processus d’élaboration, Courtin est un des
représentants les plus éloquents et son principal interlocuteur est
Jèze, avec qui il a des échanges nourris et argumentés, même si, dans
une claire dissymétrie, l’autorité ultime revient bien souvent au haut
fonctionnaire. Soulignons aussi l’existence de Victor de Marcé,
spécialiste de la comptabilité publique et du commentaire du décret
de 1862, qui va devenir dans les années 1920 le spécialiste de droit
comparé en matière de systèmes de contrôle étrangers. Ces experts
issus des principales institutions financières détiennent des
positions d’autorité à l’École libre des sciences politiques et à
l’Institut. À la Faculté de droit de Paris et à la tête de la Revue de
science et de législation financière, Jèze, expert reconnu des pouvoirs
publics, a conquis et dispose d’un espace pour développer ses
analyses et les pousser en avant ; il est le grand pourvoyeur d’études
et d’analyses sur les modèles étrangers, auprès desquels les
réformateurs puisent l’inspiration pour réfléchir, amender ou
perfectionner le système de gestion publique français. Le
benchmarking est donc largement pratiqué à l’époque, tant pour
renouveler le stock d’idées que pour légitimer certains changements
ou au contraire pour valoriser les valeurs françaises. Dans la
commission, deux modèles sont très présents, d’un côté le modèle
anglais et ses pratiques parlementaires rigoureuses et encadrées, de
l’autre, le modèle italien dans lequel la Cour des comptes joue un
rôle non seulement juridictionnel, mais gestionnaire.
Paradoxalement, alors que les parlementaires étaient invités par
Klotz à présider la commission et à jouer un rôle décisif dans les trois
sous-commissions, c’est de leur côté que le bilan apparaît le plus
modeste. Concentrés (cantonnés ?) dans la seule sous-commission du
contrôle parlementaire, minoritaires et absentéistes, privés de ténor
politique ou d’expert de premier plan 175 , divisés, ils se laissent
dominer par les stratégies offensives des hauts fonctionnaires ou par
les analyses de Jèze, et se replient sur une défense du
parlementarisme budgétaire. Les résolutions ou les propositions de
réforme formulées (imposées ?) par Jèze et Féret du Longbois ne
seront guère suivies d’effet dans les années 1920 et ne connaîtront
un début de réalisation que dans les années 1930, dans un contexte
de crise budgétaire et politique aiguë, grâce aux décrets-lois.
La commission Selves, libre de toute préoccupation d’économies
budgétaires, n’a pas encore pris la mesure du désastre comptable et
financier engendré par quatre années de conflit ou, du moins, elle
n’a pas pour mission de le résoudre 176 ; écartant les préoccupations
conjoncturelles, elle met au cœur de ses priorités prospectives la
question structurelle du contrôle de la dépense. Présidée par des
parlementaires, elle essaie de penser la rénovation du système de
gestion des finances publiques dans le cadre démocratique et
parlementaire du régime républicain : comment permettre au
Parlement de contrôler plus efficacement l’emploi des crédits votés,
en instaurant plus de transparence, plus de sincérité et plus de clarté
dans le contrôle de la préparation et de l’exécution du budget ? Mais,
dominée par les hauts fonctionnaires « budgétaires », en l’absence
d’un leadership politico-parlementaire, elle ne peut se prononcer en
définitive qu’en faveur du renforcement des pouvoirs de contrôle du
ministère des Finances. En dépit d’un contexte propice (la guerre et
ses dérapages financiers), l’occasion de basculer du côté du contrôle
parlementaire est manquée… Il n’en reste pas moins que la
commission Selves, première commission tripartite du XXe siècle
(hauts fonctionnaires, parlementaires et universitaires), est l’une des
rares commissions sous la IIIe République à avoir eu conjointement
une réflexion technique sur la réorganisation du système des
finances publiques et une réflexion critique sur la répartition du
pouvoir budgétaire entre l’exécutif et le Parlement. Focalisée sur la
question de l’information budgétaire et de sa clarté, elle ne se pose
pas encore la question du rendement et de l’utilité de la dépense,
thèmes que les années 1920 et 1930 se chargeront bien vite de mettre
à l’ordre du jour.
NOTES
1. Voici le bilan que trace René Stourm du système de contrôle des finances publiques en
France : « Absence de contrôle vis-à-vis des ordonnateurs, contrôle administratif partiel sur
les subordonnés seulement ; contrôle judiciaire totalement absent », in Le budget, 1896, p.
564, cité par Sébastien Kott, Le contrôle des dépenses engagées, évolutions d’une fonction, Paris,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2004, p. 105.
2. Cette poussée continue en faveur du contrôle est à mettre principalement à l’actif des
commissions des finances. C’est d’abord sur le contrôle des dépenses engagées que celles-ci
se mobilisent : en 1890, l’article 59 de la loi de finances du 26 décembre prévoit la tenue
d’une comptabilité des dépenses engagées ; en 1893, le décret du 14 mars installe un
contrôleur des dépenses engagées dans chaque ministère. Grâce à l’article 78 de la loi de
finances du 30 mars 1902, ce dernier est désormais nommé conjointement par le ministre
des Finances et le ministre intéressé, et le décret de nomination est contresigné par les deux
ministres (loi de finances du 31 mars 1903). Parmi les parlementaires les plus impliqués
dans les questions de contrôle et plus généralement dans les questions de gestion des
finances publiques, entre 1880 et 1918, on peut citer : Faure, Brisson, Pradon, Proust,
Gotteron, Bozérian, Doumer, Gérard, Cazeneuve, Leroy-Beaulieu, Milliès-Lacroix, Bérenger,
Reinach, Brousse, Noulens, Caillaux, Dausset, Grodet, Bokanowski, Tissier, Jobert, Revault,
Veber, Marin…
3. Parmi les ministres des Finances les plus impliqués avant 1914, citons Rouvier, Caillaux,
Klotz…
4. La préoccupation du contrôle ne disparaît pas totalement dans l’après-1945, elle subsiste
dans les années 1950 (cf. la réforme du contrôle financier et la réforme du contrôle d’État
sur les entreprises publiques dans les années 1950, et celle du contrôle financier local en
1970-1971), mais elle perd le caractère stratégique et prioritaire qu’elle avait dans la
période précédente tout en suscitant des perfectionnements constants.
5. Sur la généalogie des lois, règlements et pratiques du contrôle avant 1914, S. Kott, Le
contrôle des dépenses engagées..., op. cit.
6. C’est à l’occasion de la commission Courtin (1918) et de la commission qui étudie « les
conditions du règlement de l’exercice 1914 » que les responsables des finances publiques
prennent conscience de l’immensité et de la gravité des désordres engendrés par la gestion
d’une économie de guerre : nouvelles pratiques comptables, vacances des postes
comptables, comptabilités non tenues, dépassements de crédits, irrégularités, comptes
d’attente, comptes spéciaux en tout genre et en tous sens, création d’Offices, etc.
7. Cf. C.-G. d’Audiffret (marquis), Le système financier en France, Paris, 1863, 6 volumes.
8. Louis-Lucien Klotz, né en 1868, député de la Somme à partir de 1898, rejoint en 1914
l’Union républicaine radicale et socialiste. Il est cinq fois ministre des Finances entre 1911 et
1913, il est également le ministre de la fin de la guerre et du retour à la paix dans le
gouvernement de Clemenceau (novembre 1917-mars 1920). Il a écrit ses souvenirs en 1924,
De la guerre à la paix. Il est connu pour avoir exigé de l’Allemagne des réparations, mais il a
également une œuvre importante dans le domaine des finances publiques ; ministre des
Finances de Caillaux puis de Poincaré, du 27 juin 1911 au 21 janvier 1913, il s’intéresse de
près aux questions de contrôle.
9. La commission a travaillé pendant quatre mois environ et laissé une documentation
conséquente. Le SAEF conserve sous la cote B 33 972 les procès-verbaux des trois sous-
commissions, ainsi qu’une documentation annexe qui permet d’étudier les méthodes de
travail de la commission.
10. La commission Selves a elle-même listé les projets d’initiative gouvernementale ou
parlementaire concernant le contrôle budgétaire déposés entre 1903 et 1916 et en a
dénombré 19.
11. B 33 972, Note sur les travaux de la commission instituée en 1909 pour la réorganisation du
contrôle administratif de l’exécution du Budget, 31 décembre 1917.
12. Joseph Caillaux, né en 1863, inspecteur des Finances (1891), député puis sénateur de la
Sarthe, président du parti radical à partir de 1912, ministre des Finances de 1898 à 1902,
puis de 1906 à 1909, président du Conseil en 1911-1912, ministre des Finances en 1913-1914,
a à son actif une œuvre considérable en matière de finances publiques. Il est passé à la
postérité pour sa réforme de l’impôt sur le revenu votée in extremis en 1914, mais son
tropisme réformateur ne s’est pas limité à la fiscalité : il s’est appliqué à l’ensemble du
système financier. De 1909 à 1914, il s’attaque résolument au contrôle de la gestion des
administrations. Il agit de concert avec Klotz, ministre des Finances, avec lequel il partage
le poste de ministre des Finances entre 1909 et 1917.
13. La question comptable n’est pas en tant que telle à l’ordre du jour en 1917 alors qu’elle
va devenir centrale à la fin des années 1920 ; il faut attendre la prise de conscience de l’état
de délabrement dans lequel se trouve le système comptable après la guerre pour que la
réforme de la comptabilité publique soit mise à l’agenda politique.
14. SAEF, B 13 383, circulaire du ministre des Finances, 1er mars 1912 sur l’application de la
loi.
15. S. Kott, op. cit., p. 164.
16. Le dispositif n’a pas les résultats escomptés et en 1924 le dispositif sera abrogé,
remplacé par une réforme du rapport public.
17. Composition (décret du 13 novembre, JO du 17 novembre 1912, p. 9718) : Bloch,
directeur général de la CP, Delamotte, directeur de la comptabilité aux Affaires étrangères,
Célier, sous-directeur à la CP, Corréard, chef de service de l’Inspection des finances, Fabry,
inspecteur des Finances, Féret du Longbois, directeur du contrôle des administrations
financières, Bolley, directeur au ministère du Commerce.
18. B 33 972, Note du procureur général à la Cour des comptes, 14 mars 1914.
19. Les ministères bénéficiant de corps de contrôle sont les suivants : le ministère des
Finances (Inspection générale des finances réorganisée le 20 mai 1831 et le 26 juillet 1907) ;
le ministère des Colonies (inspection générale créée le 20 juillet 1887) ; le ministère de
l’Intérieur (inspection générale réorganisée le 20 décembre 1907) ; le ministère des Armées
(contrôle général institué par la loi du 16 mars 1882) ; le ministère de la Marine (contrôle
général organisé par la loi du 2 mars 1902).
20. Le projet est sanctionné par le décret du 7 mai 1918.
21. La commission n’a traité ni du ministère des Affaires étrangères ni du ministère des
PTT.
22. B 33 316. Dans les années 1920, la commission Bloch se concentre sur les Travaux
publics, l’Instruction publique, les Régions libérées, la Marine marchande, les Anciens
Combattants, l’Agriculture, les Offices dépendant de ces départements ministériels… Les
travaux avancent extrêmement lentement, en raison des résistances, des marchandages et
des manœuvres dilatoires opposées par les ministères à la nomination d’inspecteurs des
Finances à la tête de ces Comités ; pour certains ministères, les discussions ont duré
jusqu’en 1933, voire en 1935.
23. René Stourm, né en 1837, fils de sénateur, entre dans l’administration des Finances en
1856 ; inspecteur des finances en 1863, il est chef de cabinet du ministre des Finances Magne
de 1867 à 1870, puis administrateur des Contributions indirectes à partir de 1874. Mis en
disponibilité par les Républicains en 1879, il se consacre à la publication des Finances de
l’Ancien Régime et de la Révolution (1882). En 1885, l’École libre des sciences politiques lui offre
la chaire d’économie politique de Leroy-Beaulieu qu’il occupe jusqu’en 1896, date à laquelle
il rejoint l’École pratique des hautes études à la chaire d’économie politique, statistiques,
finances, succédant ainsi à L. Say. Membre de l’Institut depuis 1896, il est nommé en 1913
secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques et meurt brutalement
le 23 décembre 1917. Il a publié son cours à l’École libre des sciences politiques sur Le
Budget, qui a connu 7 éditions entre 1889 et 1913 et qui est devenu un classique des finances
publiques.
24. Laurent, premier président de la Cour des comptes, Courtin, président de chambre,
Privat-Deschanel, procureur général à la Cour des comptes, Bloch, directeur général de la
Comptabilité publique, Féret du Longbois, directeur du Contrôle des administrations
financières, et Celier, sous-directeur à la direction générale de la Comptabilité publique.
25. Paul Cauwès, professeur d’économie politique à la Faculté de droit de Paris, est le
fondateur avec Charles Gide de la Revue d’économie politique en 1887.
26. En 1913, Gaston Jèze, né en 1869, est déjà un expert reconnu des pouvoirs publics.
Professeur à la Faculté de droit de Paris depuis 1909, il est considéré comme l’un des
fondateurs de la discipline des finances publiques en France, reconnue officiellement par
l’Université en 1899. Dès 1896, il publie avec Marcel Boucard, maître des requêtes au Conseil
d’État, un premier manuel, les Éléments de la science des finances et de la législation financière
française. En 1903, il fonde la Revue de science et de législation financière et en 1910, il publie
son Traité de science des finances. Le budget : théorie générale, les pouvoirs du Gouvernement et des
chambres législatives en matière de dépenses et de recettes publiques, qu’il remaniera plusieurs
fois dans le cadre de ses cours de finances publiques à la Faculté de droit de Paris dans les
années 1920 et 1930.
27. CHAN, 317 AP 43. Liste des rapports préparatoires : 1. Rapport Courtin sur les mesures
réglementaires susceptibles d’accélérer la discussion du Budget ; 2. Rapport Laurent-Cauwès
sur la composition et le fonctionnement des commissions financières du Parlement ; 3.
Rapport Privat-Deschanel sur la modification de la date d’ouverture de l’année financière ;
4. Rapport Jèze sur le Budget, qui recouvre lui-même trois contributions distinctes, la
première sur le maintien en vigueur du budget précédent, sur le vote du budget par
acomptes et sur la régularisation des douzièmes provisoires ; la deuxième sur la division du
budget en lois distinctes en vue d’accélérer la discussion et le vote du budget ; la troisième
sur la réduction du nombre de chapitres de dépenses comme moyen d’accélérer le vote du
budget
28. G. Jèze, Rapport général, Journal officiel, Annexe, 27 novembre 1917, p. 279-290. Le rapport
comporte des développements importants sur les exemples étrangers, qui annoncent les
études de droit comparé dont Jèze se fera une spécialité, tant dans la Revue de science et de
législation financières qu’au sein de l’Institut de droit comparé créé en 1935 à la Faculté de
droit de Paris. Il comporte également une étude historique récapitulative sur le Budget
français, de 1896 à 1913.
29. Réduction du nombre de chapitres et regroupement des services, ouverture des
commissions des finances aux minorités politiques, spécialisation de sous-commissions par
ministères, restriction du pouvoir d’initiative des commissions des finances, refus des
adjonctions budgétaires, limitation de la durée de discussion (sans interruption),
réglementation des douzièmes provisoires.
30. N° 3379, 10e législature, en trois articles. Pour le détail, voir infra.
31. Voir aussi la proposition de loi du député Pradon, 17 mai 1888, n° 2686, Journal officiel du
24 juillet 1888, Annexe, p. 665 sqq., reproduite in S. Kott, op. cit., p. 449-450.
32. B 33 972, Note sur l’organisation actuelle du contrôle…, op. cit., p. 25.
33. Quelques semaines plus tard, le député Tissier, qui estime que le ministère des Finances
s’ingère par trop dans les comptes des ministères dépensiers, fait une proposition de loi le
19 mai 1903 tendant à la mise en place d’un service de contrôle administratif global,
incluant le contrôle des dépenses engagées, le contrôle économique et le contrôle de
gestion. Les fonctionnaires de ce service seraient recrutés par concours, au sein du
personnel des ministères et leurs rapports seraient directement transmis au Parlement.
Dans ce dispositif, la Cour des comptes et le ministère des Finances seraient tous deux
court-circuités, les contrôleurs communiquant directement avec les parlementaires. Voir S.
Kott, op. cit., p. 137.
34. De nombreuses propositions de loi, de résolutions, de rapports ou de questions écrites
manifestent la volonté des parlementaires de renforcer le contrôle de l’exécutif. Voir, par
exemple, le 20 mai 1915 et le 19 novembre 1915, les deux propositions de Jobert (n° 933 et n°
1468) ayant pour objet de reconnaître aux membres du Parlement un droit permanent
d’enquête sur les services de la nation et de contrôle des dépenses publiques (séance du 1er
juillet 1915), la proposition Veber (n° 1558) sur la nomination de commissions permanentes
de contrôle dans les ministères (n° 1558), la proposition Grodet du 24 juin 1916 sur la
nomination d’une commission de 22 membres chargés d’examiner les propositions et
projets de loi en général, toutes les questions se rapportant à l’organisation du contrôle de
l’exécution du budget de l’État et à l’emploi des deniers publics (n° 2249) ou la question
écrite de Louis Marin sur le contrôle parlementaire de l’exécution du budget et de
l’utilisation des crédits…
35. Justin de Selves, né en 1848, avocat, préfet dans plusieurs départements entre 1880 à
1890, directeur général des Postes et Télégraphes de 1890 à 1896, préfet de la Seine de 1896
à 1991, sénateur du Tarn-et-Garonne de 1909 à 1927 ; ministre des Affaires étrangères de J.
Caillaux en 1911-1912.
36. Gaston Thomson, né en 1848, proche de Gambetta, député de Constantine à partir de
1877, membre de la Gauche républicaine et de l’Alliance démocratique ; ministre de la
Marine dans les cabinets Clemenceau et Rouvier, intéressé par les questions de contrôle.
37. Alexandre Bérard, né en 1859, député de l’Ain à partir de 1893, sénateur à partir de 1908
jusqu’en 1923, appartient à la Gauche démocratique, puis à la Gauche radicale et enfin à
l’Union démocratique à partir de 1902 ; il est sous-secrétaire d’État aux Postes et
Télégraphes de 1902 à 1907.
38. Paul Boivin-Champeaux, né en 1864, sénateur du Calvados de 1907 à 1921.
39. Henry Chéron, né en 1867, député à partir de 1906, sénateur à partir de 1913 ; sous-
secrétaire d’État à la Guerre en 1906, sous-secrétaire d’État à la Marine en 1910, ministre du
Travail en 1913, futur ministre des Finances de 1928 à 1930.
40. Maurice Couyba, né en 1866, député puis sénateur de la Haute-Saône de 1897 à 1920,
ministre du Commerce et de l’Industrie en 1911-1912 dans le cabinet Caillaux, et du Travail
en 1913.
41. Louis Perchot, né en 1867, sénateur des Basses-Alpes de 1912 à 1921.
42. Charles Riou, né en 1840, sénateur du Morbihan de 1900 à 1920.
43. Vincent Auriol, né en 1884, député socialiste de Muret en Haute-Garonne à partir de
1914, futur ministre des Finances de Léon Blum en 1936.
44. Emmanuel Brousse, né en 1866, député radical des Pyrénées-Orientales de 1906 à 1924,
montre un grand intérêt pour les questions de budget et de contrôle des finances publiques
; il a été le rapporteur général de la commission des comptes définitifs. Le 12 juillet 1907,
Brousse fait un rapport général sur le projet de loi portant règlement définitif du budget de
l’exercice 1907 et développe différents aspects du contrôle parlementaire. Lors de la
discussion de la loi de finances de 1913, E. Brousse et J. Reinach déposent des amendements
tendant à faire reconnaître par la loi le droit pour les commissions financières de la
Chambre et du Sénat d’obtenir communication des rapports de contrôle et des suites
données aux observations et propositions formulées dans ces rapports, à l’exception des
parties pouvant renfermer des renseignements concernant le secret de la Défense
nationale. Les amendements sont disjoints et les rapports de contrôle conservent pour
quelque temps encore leur caractère confidentiel. Jusqu’en 1917 où les commissions
financières obtiennent la communication des rapports de contrôle. Le 19 mars 1914,
Brousse pose une question (n° 5287) sur les suites données par le ministère des Finances aux
observations formulées par la commission des comptes définitifs sur l’exécution des
budgets de 1910 et 1911, et fait un rapport sur les articles de la loi de finances de l’exercice
1914 concernant le renforcement du contrôle des dépenses engagées (n° 3379).
45. Émile Bender, né en 1871, député d’Odenas dans le département du Rhône à partir de
1914.
46. René Besnard, né en 1879, député d’Indre-et-Loire de 1906 à 1919, ministre du Travail en
1913.
47. Joseph Denais, né en 1877, député de la Seine de 1911 à 1917.
48. Louis Dubois, né en 1859, député membre de la Fédération républicaine, futur ministre
des Postes et Télégraphes dans le second gouvernement Clemenceau (1919).
49. Édouard Eymond, né en 1859, député de Gironde à partir de 1912.
50. Abel Gardey, né en 1882, député radical du Gers de 1914 à 1919 ; futur ministre des
Finances en 1933.
51. Adolphe Landry, né en 1874, économiste, député de Corse à partir de 1910, Union
républicaine radicale et radicale-socialiste.
52. Marcel Sembat, né en 1862, député socialiste de la Seine à partir de 1893 ; ministre des
Travaux publics de 1914 à 1916.
53. Eugène Treignier, né en 1853, député de la Creuse de 1906 à 1919, président de la
commission des comptes définitifs et des économies ; il obtient en 1916 contre l’avis de
Ribot, ministre des Finances, des pouvoirs d’enquête parlementaires et suit de près les
budgets de la Guerre, des Travaux publics et des chemins de fer.
54. François-Auguste Arnauné, né en 1855, est entré en qualité de commis à
l’administration centrale des Douanes où il a grimpé tous les échelons jusqu’à celui, en 1890,
de chef de bureau, en alternance avec divers postes en cabinet ministériel. Directeur du
Contrôle des administrations financières et de l’Ordonnancement le 14 mai 1895, directeur
du Personnel et Matériel le 11 novembre 1898, caissier payeur central le 9 janvier 1900,
directeur de l’administration des Monnaies et Médailles le 9 février 1900. Nommé conseiller
maître le 19 juillet 1907, il assure par intérim la direction de l’administration des Monnaies
et Médailles du 3 août 1914 au 8 octobre 1914. Il est le chef du cabinet du ministre des
Finances Ribot le 29 août 1914, puis son directeur de cabinet quand ce dernier cumule la
Présidence du Conseil et les Affaires étrangères du 21 mars 1917 au 12 septembre 1917. Il est
nommé président de chambre à la Cour le 27 février 1923.
55. Maurice Bloch, né en 1861, inspecteur des Finances (1890), est directeur général des
Contributions directes de 1908 à 1912, puis directeur général de la Comptabilité publique de
1912 à 1913. Il est procureur général près la Cour des comptes de 1913 à 1932. Il préside ou
participe à de nombreuses commissions, parmi lesquelles celle de 1909, celle de 1911, celle
de 1913 décrites plus haut ; il est à nouveau membre de la commission pour l’étude du
changement de point de départ de l’année financière en 1919. Il préside le Comité supérieur
d’enquête sur les économies institué en 1920 auprès du ministère des Finances. Il est
nommé premier président en 1933 et meurt la même année.
56. Alexandre Célier, né en 1881, inspecteur des Finances (1908), au cabinet du ministre des
Finances en 1912 (Klotz), sous-directeur de la Comptabilité publique de 1911 à 1917, chef de
cabinet du ministre des Finances en 1917 (Klotz) et directeur du Mouvement général des
fonds en 1918-1921.
57. Auguste Chauvy, né en 1871, attaché au secrétariat du Parquet à la Cour des comptes de
1896 à 1898, inspecteur des Finances (1900), contrôleur des dépenses engagées au ministère
du Commerce, Industrie, Travaux publics, Travail et prévoyance sociale de 1907 à 1909 ;
chef de cabinet du ministre des Finances en 1909 (Caillaux) ; démissionnaire en 1913 ;
mobilisé en 1914-1918 ; chef du Service financier du ravitaillement en 1917 ; sous-directeur
de la Comptabilité publique par intérim en 1917 et directeur de la Comptabilité publique en
1919. À partir de 1920, il rejoint le monde des affaires.
58. Louis Courtin, né en 1858, polytechnicien (1878), inspecteur des Finances (1888), chef
adjoint au cabinet du ministre des Finances en 1894 et en 1896, directeur du Personnel au
ministère des Finances en 1898, directeur de la Dette inscrite en 1898, directeur du Contrôle
des administrations financières et de l’Ordonnancement en 1899, directeur général des
Contributions indirectes en 1900, président de la première chambre à la Cour des comptes
en 1903. Professeur à l’École libre des sciences politiques à partir de 1894.
59. Gaston Delaire, né en 1846, conseiller maître le 8 décembre 1903. Membre du Comité du
centenaire de la Cour et du Comité de jurisprudence.
60. Antoine Fravaton, né en 1850, surnuméraire de l’administration de l’Enregistrement en
1869, engagé militaire pendant la guerre de 1870, secrétaire à l’Enregistrement en 1870,
receveur le 6 août 1872, conservateur des Hypothèques de première classe à Rambouillet le
9 juin 1897 puis à Versailles. Chef du cabinet du ministre des Finances Klotz en 1910.
Directeur du Personnel et du Matériel au ministère des Finances en 1912. Conseiller maître
en 1913.
61. Eugène Féret du Longbois, né en 1860, polytechnicien, surnuméraire puis rédacteur à
l’administration centrale des Finances ; directeur adjoint de la Comptabilité publique en
1908, directeur du Contrôle des administrations financières et de l’Ordonnancement,
contrôleur des dépenses engagées du ministère des Finances en 1912, directeur du
Mouvement général des fonds en 1913 et conseiller maître en 1917. Il est le président en
1919 de la commission de simplification des services de l’administration centrale du
ministère des Finances. Il est membre de la commission d’étude du point de départ de
l’année financière en 1919 et membre en 1920 du Comité supérieur d’enquête.
62. Jean Maret, né en 1863, inspecteur des Finances (1892), mobilisé en 1914-1917, chef de
service par intérim de l’Inspection de 1917 à 1919.
63. Henri de Mouÿ né en 1855, auditeur au Conseil d’État en 1879 ; président de la section
des finances à partir de janvier 1915.
64. Georges Payelle, né en 1859, avocat à la Cour d’appel de la Paris, chef de cabinet du
ministre des Finances en 1894 (R. Poincaré), directeur du Personnel et du Matériel au
ministère des Finances en 1894, caissier payeur central du Trésor public en 1895, directeur
général des Contributions directes en 1900, procureur général près la Cour des comptes en
1908, premier président de la Cour des comptes en 1912.
65. Lucien Petit, né en 1873, polytechnicien (1893), inspecteur des Finances (1899).
66. Henri Pignerol, né en 1878, polytechnicien (1898), inspecteur des Finances (1907),
membre du cabinet du ministre du Finances en 1909 (J. Caillaux), contrôleur des dépenses
engagées au ministère du Commerce, PTT, Travaux publics et Transports de 1911 à 1917 ;
contrôleur des dépenses engagées du ministère du Blocus et des Régions libérées en 1918 ;
directeur du Contrôle des administrations financières, du Budget et de la Comptabilité dans
le même ministère de 1918 à 1923. Directeur des Services financiers de la Ville de Paris en
1923.
67. Georges Privat-Deschanel, né en 1868, polytechnicien (1887), inspecteur des Finances
(1893), ancien chef de cabinet de J. Caillaux, ministre des Finances en 1899, directeur du
Personnel et du Matériel au ministère des Finances de 1900 à 1902, directeur de la Dette
inscrite de 1902 à 1905 et du Contrôle des régies en 1905, directeur des Manufactures de
l’État de 1905 à 1907 ; directeur de la Comptabilité publique de 1907 à 1912 et à nouveau de
1913 à 1919, en même temps qu’il est secrétaire général du ministère des Finances.
procureur général de la Cour en 1912-1913 ; il prend sa retraite en 1920. Il est membre de la
commission Stourm chargée d’étudier les mesures pour le vote du Budget à sa date normale
en 1913 et de la commission de Selves en 1917-1918.
68. Pierre Le Boucq de Ternas, né en 1866, inspecteur des Finances (1895), chargé du Service
de l’Inspection générale des finances en 1909-1910 et de 1914 à 1919, maître de conférence à
l’École libre des sciences politiques.
69. Max Daniel, né le 17 février 1876 à Paris, auditeur à la Cour des comptes (1907).
Conseiller référendaire le 26 février 1911. Chef de cabinet du sous-secrétaire d’État des
Finances Émile Métin en 1917.
70. Georges Jouasset, né en 1888, inspecteur des Finances (1916), chargé de mission au
Mouvement général des fonds en 1914, à la direction de la Comptabilité publique de 1915 à
1919, sous-directeur puis directeur de la Comptabilité publique en 1920.
71. Pignerol est pour le ministère des Finances l’expert du contrôle des dépenses engagées.
72. Parmi les hauts fonctionnaires des Finances, cinq sont polytechniciens.
73. Paul Delombre, né en 1848, avocat républicain, député d’Allos de 1899 à 1906 dans le
département des Basses-Alpes, artisan du centenaire de 1889 et de l’Exposition universelle
de 1900 ; ministre du Commerce et de l’Industrie dans le quatrième cabinet Dupuy du 1er
novembre 1898 au 18 février 1899, ancien président de la commission du Budget, spécialiste
du contrôle des dépenses engagées et des problèmes comptables.
74. Joseph Reinach, proche de Gambetta, député des Basses-Alpes de 1889 à 1914, défenseur
de Dreyfus. Pendant toute la guerre, il écrit sous le pseudonyme de Polybe (Les commentaires
de Polybe) ainsi qu’une histoire au quotidien de la guerre et des soldats. Il s’intéresse à partir
de 1911 au contrôle des finances publiques (cf. son discours le 11 avril 1911, lors du rapport
général de la commission du Budget de la Chambre). Il dépose avec P. Leroy-Beaulieu le 7
juillet 1911 une proposition de loi tendant à organiser le contrôle préventif des dépenses (n°
1140). Dans ce projet, les contrôleurs des dépenses engagées devront être choisis parmi des
agents des Finances ; toute mesure tendant à augmenter directement ou indirectement les
charges de l’État devra être soumise au visa du contrôleur ; toute mesure ayant donné lieu à
un refus de visa sera soumise au Conseil des ministres et présentée au visa de la Cour des
comptes ; en cas de refus de la Cour des comptes, celle-ci pourra se voir imposer
l’enregistrement sur requête du président du Conseil et du ministre des Finances. Le 12
juillet 1911, Brousse fait le rapport général sur le projet de loi portant règlement définitif
du budget de l’exercice 1907 (Considérations sur le contrôle en général et notamment sur le
contrôle parlementaire, n° 1226). Deux ans plus tard, lors de la discussion de la loi de finances
de 1913, Brousse et Reinach déposent trois amendements tendant à faire reconnaître par la
loi le droit pour les commissions des finances de la Chambre et du Sénat d’obtenir
communication des rapports de contrôle et des suites données aux observations et
propositions formulées dans ces rapports, à l’exception des parties pouvant renfermer des
renseignements concernant le secret de la Défense nationale. Ces amendements sont
disjoints. Par la loi du 31 mars 1917, les commissions des finances obtiennent la
communication des rapports des corps de contrôle.
75. André Liesse, né en 1854, journaliste, économiste et chroniqueur. Élu à l’Académie des
sciences morales et politiques en 1912, section Économie politique, statistiques et finances.
Il écrit régulièrement des chroniques de finances publiques et d’économie dans la Revue de
science et de législation financière dans les années 1925-1930.
76. Peu de temps après sa nomination, Stourm meurt brutalement le 23 décembre 1917,
quelques jours après le décès de l’un de ses fils sur le front.
77. Projet de loi Noulens du 9 juillet 1914 portant organisation du Contrôle de l’exécution
du budget (n° 313).
78. Proposition de loi du 13 mars 1914 sur le contrôle administratif des départements
ministériels (n° 3686).
79. Proposition de loi ayant pour objet de reconnaître aux membres du Parlement le droit
permanent d’enquête sur les services de la nation et de contrôle des dépenses publiques
(séance du 20 mai 1915, n° 933) ; proposition de résolution ayant pour objet d’assurer le
contrôle efficace de toutes les dépenses publiques (séance du 19 novembre, n° 1468).
80. Projet de résolution n° 1558 concernant la nomination de commissions permanentes de
contrôle dans les ministères, séance du 10 décembre 1915, reprise de la proposition du 18
mars 1907, n° 861.
81. Proposition du 24 juin 1916 ayant pour objet la nomination d’une commission de 22
membres chargée d’examiner les propositions et projets de loi et en général toutes les
questions se rapportant à l’organisation du contrôle de l’exécution du budget et à l’emploi
des deniers publics (n° 2249).
82. Quelques propositions de Marin dans le domaine des finances publiques : projet de
résolution tendant à modifier le point de départ de l’exercice financier lors de la séance du
20 décembre 1898 (n° 563), reprise lors de la séance du 4 avril 1911 (n° 916), reprise en
proposition de loi lors de la séance du 17 mars 1911 (n° 837) puis à nouveau lors de la séance
du 5 décembre 1917 (n° 4015) ; proposition de loi le 12 juillet 1912 sur la clarté, la sincérité
et l’unité des écritures budgétaires ; question écrite n° 111, 1917 sur le contrôle
parlementaire de l’exécution du budget et de l’utilisation des crédits ; projet de loi du 28
novembre 1921, Annexe, n° 3419, Annexe, p. 3429. Voir aussi CHAN, 317 AP 43 et 46.
83. Les magistrats de la Cour sont les plus nombreux et les plus actifs au sein des deux sous-
commissions du contrôle judiciaire et du contrôle parlementaire. La participation des
directeurs et des administrateurs du ministère des Finances remonte un peu au sein de la
sous-commission du contrôle administratif.
84. Klotz est un spécialiste des finances publiques et manifeste une grande continuité de
vues (loi du 13 juillet 1911 sur le CDE, création d’une commission des Référés en 1911,
création d’une commission permanente auprès du ministre des Finances chargée de suivre
les rapports annuels des corps de contrôle en 1912, loi du 31 mars 1917 sur la
communication des rapports des contrôleurs des dépenses engagées et des corps de
contrôle sur l’exécution du budget aux commissions financières des deux chambres).
Dernière pièce à l’édifice, le 17 mars 1918, il crée une commission sur la réforme de
l’administration centrale des Finances et c’est lui qui fera voter l’érection d’une direction
du Budget autonome au ministère des Finances (loi du 20 octobre 1919). cf. N. Carré de
Malberg, « La naissance de la direction du Budget et d’un contrôle financier et les grandes
étapes d’un développement contrasté, 1919-1940 », in La direction du Budget entre doctrines et
réalités, 1919-1944, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Paris, 2001,
p. 65-104.
85. Cette dernière sous-commission est composée de Selves, Sembat, Treignier, Thomson et
des rapporteurs de chaque sous-commission.
86. B 33 972, Note sur le contrôle de l’exécution du budget et les principales réformes en cours ou en
projet, et Note sur le contrôle de l’exécution pendant la guerre et son amélioration.
87. Une liste de 19 projets, documents, projets de loi, propositions de lois, rapports, lettres,
questions écrites ayant trait au contrôle budgétaire entre 1903 et 1917 est établie.
88. La proposition de Jèze de faire en sorte que tous les documents de travail de chaque
sous-commission soient communiqués aux autres sous-commissions n’est pas acceptée ; en
revanche, le principe de la communication à tous les membres des propositions définitives
l’est, ainsi que celui de la communication des procès-verbaux des séances.
89. Le président est Sembat, les vice-présidents Boivin-Champeaux et Landry ; les autres
membres sont Perchot, Bender, Besnard, Dubois, Adam, Arnauné, Chauvy, Courtin, Bloch,
Épinay, Jèze, Liesse, Maret, Ogier, Pasquet, Petit, Pignerol, Serres, Le Boucq de Ternas,
Cordonnier et Daniel (secrétaire).
90. Courtin est professeur à l’École libre des sciences politiques depuis plus de vingt ans.
Voici la liste de ses exposés : le contrôle administratif ; le contrôle des recettes fiscales et
non fiscales ; le contrôle administratif des dépenses ; le contrôle de l’engagement des
dépenses ; le contrôle de l’exécution du service ; l’application du contrôle des engagements
de dépenses aux crédits d’engagement délégués ; le contrôle de la liquidation et de
l’ordonnancement des dépenses ; le contrôle des paiements ; le contrôle des budgets
départementaux et communaux ; la responsabilité des administrateurs.
91. Trois autres experts apportent des éclairages complémentaires : Chauvy, inspecteur des
Finances et sous-directeur à la Comptabilité publique, sur le contrôle des recettes non
fiscales ; Pignerol, inspecteur des Finances et contrôleur des dépenses engagées, sur les
comptes spéciaux ; Jèze, sur la responsabilité pécuniaire des administrateurs et sur les
exemples étrangers d’institutions judiciaires jugeant la responsabilité des ordonnateurs.
92. Adam propose que soit adopté le système du Contrôle général de la Guerre, de la Marine
ou des Colonies, qui concentre entre ses mains les différentes formes de contrôle. Bloch
explique pourquoi la duplication de ce modèle est impossible, en particulier aux Finances :
il faudrait un contrôleur auprès de chaque agent de recette, ce qui entraînerait le
doublement des cadres actuels.
93. PV de la 4e séance, 2 janvier 1918, p. 12.
94. À l’appui des conclusions viennent des documents annexes (résolutions, notes
techniques ou explicatives) sur des sujets précis tels que les comptes spéciaux, le
renforcement du contrôle des dépenses engagées, le contrôle de la trésorerie en Grande-
Bretagne, le renforcement du rôle du ministère des Finances dans la préparation du budget
ou le renforcement des directions de la Comptabilité dans les ministères techniques.
95. Jèze, lors de la 7e séance, recommande que les hauts fonctionnaires qui ont des
responsabilités financières (marchés, adjudications) acquièrent « des compétences choisies
dans le monde du commerce et de l’industrie ».
96. Cf. les réflexions menées à la même époque par le conseiller d’État Chardon sur
l’organisation de la République publiées entre 1904 et 1911, réunies dans un ouvrage Les
deux forces, le nombre, l’élite, Paris, 1921. Henri Chardon, né en 1861, entré au Conseil d’État
en 1885, a partagé la première partie de sa carrière entre des postes en cabinet ministériel
ou en administration et des présidences de commissions. Entre 1916 et 1919, il est directeur
du Personnel et de la Comptabilité au ministère des Travaux publics.
97. L’organisation des services comptables et du contrôle des dépenses engagées dans les
départements ministériels est un sujet débattu depuis la fin du XIXe siècle par les Finances,
le Parlement et les ministères dépensiers. Cf. la proposition de loi du député Pradon du 17
mai 1888, n° 2686, Journal officiel du 24 juillet 1888, Annexe, p. 665 sqq., reproduite in S. Kott,
op. cit., p. 449-450. Deux ans plus tard, la loi de 1890 instaure une comptabilité des dépenses
engagées dans les ministères, mais sans préciser l’articulation entre contrôle des dépenses
engagées et comptabilité. En 1900, hormis le cas particulier du ministère de la Guerre, la
dualité des deux services reste la règle commune et le Rapport Brunnet en date du 27
octobre 1900 évaluant les premiers résultats de l’application de la loi de 1890 sur le contrôle
des dépenses engagées ne préconise pas du tout leur fusion, mais le maintien de leur
séparation. En revanche, dès 1903, les parlementaires ont l’idée de réunir les deux fonctions
(cf. la proposition de loi du 19 mai 1903 in S. Kott, op. cit, p. 129-137). Dans le cadre de la
commission Selves, Courtin, adoptant le même point de vue, propose à son tour de réunir
Comptabilité et contrôle des dépenses engagées, avec la nomination d’un représentant du
ministre des Finances à la tête de cette nouvelle entité et l’extension des attributions du
contrôleur des dépenses engagées à toutes les phases du contrôle du budget (préparation,
engagement, exécution). Pignerol présente un projet d’avis dans le même sens à la 5e
séance (cf. sa Note au sujet des réformes à apporter aux attributions actuelles des agents chargés du
contrôle des dépenses engagées, 18 janvier 1918). Cette proposition de fusion est
catégoriquement refusée par les membres de la Cour des comptes au nom de la séparation
des rôles et des fonctions : le directeur de la Comptabilité ne doit pas être un représentant
du ministre des Finances et le contrôleur des dépenses engagées ne saurait être juge et
partie. La loi Marin de 1922 réunira dans un même service comptabilité et contrôle des
dépenses engagées, mais les deux fonctions de directeur de la Comptabilité et de contrôleur
resteront distinctes.
98. Dès 1888, les Finances ont essayé d’obtenir que les directeurs de la Comptabilité des
ministères techniques soient nommés par le ministre des Finances, sans succès, compte
tenu de la résistance des ministères dépensiers. En 1890, les députés Proust et Gotteron
reprennent le dossier (séance du 10 mai 1890, Annexe, n° 549, p. 704, art. 1) mais
n’obtiennent aucune avancée. En 1912, la commission du Budget essuie un nouvel échec,
ainsi que Marin en 1918 (projet de loi du 28 novembre 1921, Annexe, n° 3419). Voir S. Kott,
op. cit., p. 171-173 et p. 450 et p. 469. Consciente des résistances administratives et
politiques, la sous-commission Courtin propose ici un compromis : le directeur de la
Comptabilité serait nommé par le ministre « dépensier », mais sa nomination serait munie
du contreseing du ministre des Finances. C’est ce qui a été fait en 1902 pour les contrôleurs
des dépenses engagées (loi de finances du 30 mars 1902, article 78). La loi Marin de 1922
placera les contrôleurs des dépenses engagées sous la seule autorité du ministère des
Finances ; ils devront être issus de l’administration des Finances et ne pourront exercer
d’autres fonctions en dehors de leur service de contrôle.
99. Au même moment, l’article 57 du projet de loi portant fixation du budget ordinaire des
services civils déposé à la Chambre le 13 novembre 1917 (n° 3941) demande à ce que les
directeurs de la Comptabilité soient nommés par décret contresigné par le ministre des
Finances et que les propositions budgétaires établies par les services soient centralisées par
le directeur de la Comptabilité, qui les soumettra à l’approbation du ministre assorties de
son avis et observations, en même temps qu’elles seront communiquées au ministre des
Finances.
100. Courtin rejette l’intervention de la Cour des comptes dans l’administration directe et
dans le contrôle administratif, inspirée de l’exemple italien (PV de la 6e séance) et préfère
celle d’un comité à caractère collégial. L’idée sera reprise, sous une forme plus coercitive en
1935.
101. « Un tel organisme est nécessaire pour donner une garantie au Parlement qui, lorsqu’il
est appelé à voter le budget, doit avoir l’assurance que les évaluations qui lui sont
présentées sont sincères, conformes aux textes organiques et qu’elles ont été
rigoureusement établies » ; « cet organisme est également nécessaire au ministre des
Finances qui, responsable de l’équilibre budgétaire et du crédit du pays, doit, comme le
Parlement lui-même, avoir l’assurance que les évaluations sont la traduction financière
rigoureuse et vraie des lois organiques, et doit avoir l’assurance qu’on ne l’amène pas à
demander au contribuable un nouveau sacrifice injustifié ». Cet organisme devra être en
mesure de se prononcer sur deux points : « la judicieuse répartition en chapitres des crédits
et, pour chaque chapitre, l’exacte évaluation des charges ». Cet organisme « doit être un
organisme dépendant de l’administration et en particulier du ministre des Finances » et
doté d’une forme réglementaire et non pas « rudimentaire » comme aujourd’hui au sein de
la direction de la Comptabilité publique (PV de la 5e séance, 4 février 1918, p. 7-10).
102. La commission Courtin, chargée de la réorganisation de l’administration centrale des
Finances, se réunit du 26 avril 1918 au 7 août 1918 (B 59 119) ; actualisant une ancienne
proposition de l’inspecteur des Finances Drouineau en mai 1914, elle conclut à l’urgence de
créer une direction du Budget autonome.
103. Courtin, qui reçoit le soutien de Bloch et de Petit, fait un exposé important sur
l’application du contrôle des engagements de dépenses aux crédits d’engagements délégués
et sur la nécessité pour les ordonnateurs secondaires de tenir une comptabilité des
dépenses engagées. La sous-commission conclut à l’urgence d’une réglementation générale
concernant les délégations de crédits d’engagements et à la nécessaire soumission des
crédits délégués au contrôle des engagements de dépenses. On notera que les
préconisations sur le contrôle local des dépenses engagées et le contrôle des ordonnateurs
secondaires, pourtant âprement discutées en séance, n’apparaissent pas dans les
conclusions finales de la sous-commission.
104. Courtin ne distingue pas de seuil financier pour l’examen de projets ministériels par le
contrôleur, Petit, lui, évoque l’idée d’un montant de dépenses au-dessous duquel le projet
ne serait pas examiné par le contrôleur.
105. L’instauration du visa préalable et obligatoire sur toute proposition d’engagement de
dépense sera définitivement réalisée par la loi Marin de 1922.
106. Pignerol, quant à lui, suggère la fusion du service de l’ordonnancement avec le
contrôle des dépenses engagées ; cette solution devient impossible dès lors que la sous-
commission choisit le principe de la séparation de la direction de la Comptabilité et du
contrôle des dépenses engagées.
107. Courtin fait l’exposé sur le contrôle de l’exécution des services (service fait, contrôle
des résultats, efficacité, zèle des agents). Il hésite à rendre publics tous les rapports des
corps de contrôle et à les communiquer aux chambres ; en revanche, reprenant certaines
des dispositions du projet de loi Caillaux de 1914, il réclame qu’ils soient envoyés
systématiquement à la Cour des comptes, qui à son tour déciderait d’y donner suite soit par
référés soit par le biais du rapport public, la Cour devenant l’organe de centralisation de
tous les rapports de contrôle. En commission, le chef de service de l’Inspection s’oppose
catégoriquement à la communication systématique des rapports particuliers des inspecteurs
des Finances et réaffirme leur confidentialité.
108. Courtin fait l’exposé sur le contrôle des paiements. Selon lui, les nomenclatures sont
d’une très grande importance et répondent à une nécessité de bonne gestion ; ce sont sur
elles que repose « l’efficacité du contrôle sur pièces ». Lorsqu’elles ne sont pas de bonne
qualité, l’administration risque de rencontrer ou de susciter une paperasserie outrancière,
l’irréalité, l’insincérité, la non-transparence… Une révision générale s’impose donc, avec «
des vues générales et un principe directeur », qui devra être confiée à une commission
spéciale.
109. Courtin, ancien directeur de la Comptabilité publique, soutenu par Bloch et Arnauné,
s’insurge contre la suppression des écritures mensuelles de la Comptabilité publique au
profit d’écritures finales en fin d’année. Selon lui, cette mesure imposée par le Parlement au
ministère des Finances, pour des raisons d’économies budgétaires et de réduction de
personnel, est une réforme dangereuse, car elle a supprimé des garanties indispensables et
provoqué « un relâchement qui est devenu général ». Il préconise de rétablir de toute
urgence les écritures mensuelles, avant qu’un grand désordre ne s’installe dans la tenue des
comptabilités, dans la gestion des balances et dans la surveillance des comptables. Après la
rationalisation des nomenclatures, c’est la seconde préconisation qui a directement trait
aux questions comptables. La réorganisation de la comptabilité publique sera dans les
années 1930 au cœur des préoccupations des responsables des finances publiques (1930-
1936).
110. Cf. la note sur le contrôle des comptes spéciaux de Pignerol (avril 1918), sur leur
nécessaire soumission aux corps de contrôle (loi du 13 juillet 1911) et sur la nécessaire
transmission des rapports de ces derniers au ministre des Finances.
111. La sous-commission se montre fort prudente à l’égard des prérogatives du ministère de
l’Intérieur, toujours très susceptible sur la tutelle des collectivités locales ; elle n’avance que
très précautionneusement sur la voie d’un contrôle des dépenses engagées local. Aucune
conclusion officielle n’est reprise sur ce sujet, en dépit d’une séance ambitieuse menée par
Courtin. Il faudra attendre 1930 pour que le principe d’un contrôle des dépenses engagées
local soit reconnu par la loi et six années de plus pour que les pouvoirs publics élaborent un
premier dispositif qui ne sera d’ailleurs appliqué que de façon tronquée.
112. PV de la 12e séance. Courtin fait l’exposé sur le contrôle des budgets départementaux
et communaux, qui échappent, au niveau des dépenses comme des recettes, au contrôle des
Finances.
113. Sur le modèle de ce qui avait été prévu lors du projet de statut des fonctionnaires de
1910, à savoir un comité composé de représentants du Conseil d’État, de la Cour de cassation
et de la Cour des comptes. Cf. le projet de résolution rédigé par Petit en faveur de la
création d’un conseil de discipline financière, composé de membres de grands corps, 10 juin
1918.
114. Cf. les propositions alternatives de Drouineau, inspecteur des Finances et ancien
contrôleur des dépenses engagées sur le contrôle des dépenses publiques, 19 décembre
1917.
115. La sous-commission du contrôle administratif a une divergence sur ce point avec la
sous-commission du Contrôle judiciaire ; cette dernière logerait le comité spécial de
discipline à la Cour des comptes plutôt qu’au ministère des Finances.
116. Courtin fait l’exposé sur la responsabilité pécuniaire des administrateurs, dans lequel il
rappelle les objections faites à cette responsabilité et les difficultés pour appliquer la
moindre sanction. Il conclut à l’impossibilité de trouver un système probant. La loi Marin,
très ambitieuse sur ce point, échouera également à mettre en place un système crédible et
applicable. L’ouvrage sera remis sur le métier en 1936 et sous Vichy, sans succès ; il faut
attendre 1948 et la Cour de discipline budgétaire et financière pour qu’une nouvelle
tentative soit faite de façon plus durable, mais pas forcément plus convaincante.
117. Jèze dénonce ce renoncement et fait un exposé sur la faute administrative et sa
réparation, en prenant des exemples historiques et des exemples à l’étranger, aux États-
Unis, en Italie et en Grande-Bretagne. Il propose de distinguer faute lourde et faute légère
de service, de permettre aux agents de « protester » et d’attribuer à la Cour des comptes la
compétence de statuer sur les fautes des administrateurs et de les juger. Les divergences
entre Jèze et les membres de la Cour des comptes présents sont extrêmement fortes. La
sous-commission se prononce par le vote contre la responsabilité pécuniaire des
administrateurs, Jèze reste isolé.
118. L’un des rares points de référence communs reste le projet Caillaux du 15 janvier 1914
qui donne mission à la Cour des comptes de signaler au Parlement les errements relevés par
les corps de contrôle. C’est l’un des points de repli possibles pour l’ensemble des
réformateurs.
119. PV de la 3e séance, 12 janvier 1918. Courtin fait l’exposé sur les principes du contrôle
administratif en général, puis sur le contrôle des recettes fiscales qui ne relève que de
l’administration des Finances, cette dernière ayant seule la charge de la vérification des
droits. À l’administration des Finances, Courtin, ancien directeur du Contrôle des
administrations financières et des Contributions indirectes, adresse un satisfecit appuyé, au
grand dam de Jèze.Ce dernier, qui est la seule personnalité de la sous-commission
n’appartenant pas à la haute fonction publique financière, se montre beaucoup plus critique
; il remet en cause le droit de transaction ou de remise du ministère des Finances, qui
occasionne de nombreux abus, et propose plusieurs mesures : instaurer la responsabilité
pécuniaire des administrateurs, sur le modèle anglais et italien ; créer un contrôle
administratif sur les recettes qui saisirait immédiatement le Parlement des irrégularités
constatées et étendre sur elles le contrôle de la Cour qui s’exerce trop tard et avec trop de
mansuétude. Ces propositions soulèvent instantanément des objections de la part des
membres de la Cour, qui protestent contre la mise en cause des administrateurs et des
ministres. Et puis, souligne Bloch après Courtin, comment mettre un agent de contrôle
derrière chaque agent de recettes ? Le contrôle des recettes fiscales n’est donc pas retenu
dans les conclusions. La sous-commission du Contrôle judiciaire se montrera, elle, plus
offensive, réclamant le contrôle des recettes fiscales et non fiscales.
120. PV de la 4e séance, exposé de Chauvy sur le contrôle des produits divers à caractère
non fiscal. Selon lui, des recettes non fiscales échappent au contrôle des Finances,
notamment dans les budgets annexes ou dans les comptes spéciaux, et il convient
d’instaurer sur ces recettes le contrôle du ministre des Finances. Il demande à ce que le
contrôle de ces recettes soit organisé dans les ministères sur le même modèle que le
contrôle des dépenses engagées et qu’il soit placé entre les mains de représentants du
ministère des Finances (décrets contresignés par les Finances ; avis préalable et contrôle
d’exécution placé sous la direction du contrôle des dépenses engagées ; soumission au
contrôle de l’Inspection des finances). Il est décidé de confier une enquête à ce sujet aux
contrôleurs des dépenses engagées.
121. Le président est le député radical-socialiste Treignier ; les autres membres sont Bérard,
Riou, Eymond, Gardey, Bloch, procureur général, Célier, inspecteur des Finances et sous-
directeur à la direction de la Comptabilité publique, Delaire, conseiller maître, Delombre,
ancien président de la commission du Budget, Desforges, directeur de la Comptabilité
générale à la Marine, Féret du Longbois, conseiller maître, de Mouÿ, président de Section au
Conseil d’État, Payelle, premier président à la Cour, Petit, inspecteur des Finances,
Cordonnier, chef adjoint de cabinet du ministre des Finances, secrétaire. Jèze ne participe
pas à cette sous-commission.
122. Une réunion est annoncée pour le 21 mars et on trouve une note de Petit sur le
contrôle judiciaire datée de mai 1914…
123. La documentation rassemblée par la sous-commission comporte une note anonyme «
sur l’organisation et les attributions actuelles de la Cour des comptes en France », une note
sur le renforcement du contrôle de l’emploi des deniers publics par Petit, inspecteur des
Finances, et un volumineux rapport de droit comparé sur « le contrôle des Finances à
l’étranger, Allemagne, Angleterre, Russie, Italie » de V. de Marcé, mars 1918, 57 p. Victor de
Marcé, né en 1864, conseiller référendaire, est l’auteur d’un Traité de la Comptabilité publique
paru en 1905. Il entame une série d’articles de droit comparé, le premier en 1892 sur « La
Cour des comptes et la comptabilité publique en Belgique », puis en 1900 sur « Le contrôle
de l’exécution du Budget en Angleterre » dans la Revue politique et parlementaire. Il prépare
dès les années 1910 un grand Traité du Contrôle des finances publiques en France et à l’étranger et
en publie une première partie en 1919 sur La Cour des comptes en Italie et en Allemagne (Picard,
1919 et Alcan, 1920).
124. PV de la 2e séance, 9 janvier 1918.
125. V. de Marcé est chargé d’un rapport sur le contrôle préventif de la Cour sur les
dépenses en Italie, mais nulle trace n’en a été trouvée.
126. Cette idée avancée par Bloch était également présente dans le projet Caillaux ainsi que
dans le rapport de Brousse sur la proposition de loi de 1914 attribuant une voix délibérative
aux commissaires du Gouvernement et contrôleurs appelés devant la Chambre du Conseil.
127. Seul, ce dossier a laissé des archives complètes.
128. PV de la 5e séance, 7 mars 1918.
129. PV de la 3e séance du 7 février 1918.
130. Cf. le contrôle de la légalité des taxes municipales qui sera soumis au contrôle de la
Cour des comptes en 1935 (décret-loi du 30 octobre). La sous-commission judiciaire est
d’accord sur ce point avec la sous-commission du contrôle administratif.
131. PV de la 5e séance, 7 mars 1918.
132. PV de la 4e séance, 28 février 1918. Payelle, Bloch, Delaire et Petit appuient fortement
la résolution de demander la communication obligatoire et systématique des rapports des
corps de contrôle à la Cour des comptes et ils insistent dans l’autre sens sur la
communication des référés de la Cour des comptes à l’Inspection des finances. Idem avec le
Conseil d’État. La question de la communication des rapports particuliers de l’Inspection
des finances n’est pas soulevée ; seuls semblent concernés les rapports d’ensemble annuels.
Petit, dans sa note sur le contrôle de l’emploi des deniers publics, insiste sur la coordination
à mettre en place entre la Cour des comptes, les corps de contrôle, les contrôleurs des
dépenses engagées, la commission des Référés instituée en 1911 et la commission chargée
de suivre les rapports annuels des corps de contrôle (1912). La loi du 10 août 1922 sur le
contrôle des dépenses engagées prévoira la transmission du rapport d’ensemble annuel des
contrôleurs au ministre concerné, au ministre des Finances, aux commissions financières
des deux chambres et à la Cour des comptes, mais pas ceux de l’Inspection.
133. PV de la 3e séance, 7 février 1918 et annexe.
134. Il y a donc une divergence entre la sous-commission du Contrôle judiciaire qui
préconise que la responsabilité des ordonnateurs soit mise en cause et établie par la Cour
des comptes puis pointée dans le rapport public, et la sous-commission du contrôle
administratif qui, sur l’insistance de Jèze, a proposé de créer un comité spécial auprès du
ministère des Finances.
135. PV de la 6e séance, 14 mars 1918. Le scepticisme des magistrats à l’égard de la
responsabilité pécuniaire des administrateurs s’exprime à nouveau fortement.
136. PV de la 6e séance, 14 mars 1918.
137. Le décret du 13 mars 1924, complété par le décret du 5 décembre 1929, imposera à
l’administration des Finances un délai de 7 mois à compter de la publication du rapport
public pour réunir et publier les éclaircissements fournis par les différents services en
réponse aux observations de la Cour. Ce qui aura pour principal effet de rallonger encore les
délais de publication du rapport public. Il faut attendre la loi du 12 mars 1936, article 18, et
le décret-loi du 2 mai 1938 pour voir le rapport public distribué aux chambres et publié au
Journal officiel en même temps qu’il est remis au président de la République.
138. Voir la note anonyme de 25 pages sur l’organisation actuelle du Contrôle de l’exécution
du Budget : seul le ministère des Finances, constate l’auteur, a un contrôle sur les recettes
(agents supérieurs du Trésor, inspecteurs des Régies financières et inspecteurs des
Finances).
139. Petit, inspecteur des Finances, se situe dans la filiation du projet Caillaux : il veut faire
de la Cour le lieu de centralisation de tous les rapports de contrôle financier. La position du
chef de service de l’Inspection est en revanche beaucoup plus réservée.
140. Le président est le député Thomson ; les autres membres sont Chéron, Couyba, Auriol,
Brousse, Denais, d’Alombert, Delombre, Fravaton, Jèze, Mauclère, Privat-Deschanel,
Reinach, Stourm, Jouasset (secrétaire).
141. Privat-Deschanel, directeur de la Comptabilité publique, n’a participé à aucune séance,
et Mauclère, directeur des Poudres, disparaît dès la 4e séance.
142. Jèze a rédigé dans le cadre de la commission Stourm, outre le rapport général, trois
autres rapports, l’un sur le vote du budget, le deuxième sur les douzièmes provisoires et le
troisième sur la division du budget en plusieurs lois et sur la réduction du nombre de
chapitres. Les trois rapports sont distribués aux membres de la commission. Les
propositions de Jèze, faute de consensus, sont demeurées très générales : en finir avec les
retards apportés au vote du budget, qui portent atteinte au caractère démocratique du
régime ; réformer les mœurs parlementaires ; rendre « coûteuse » et impopulaire la
procédure des douzièmes provisoires…
143. G. Jèze, Rapport Sommaire sur les mesures propres à assurer le vote du Budget à sa date
normale, Paris, le 8 mars 1918, 11 p.
144. G. Jéze, Note sur la procédure du vote des crédits (estimates) par la Chambre des communes en
Angleterre, 28 janvier 1918, 6 p.
145. Tous les procès-verbaux des séances ont été conservés, sauf pour la 11e séance, fixée
au 25 mars 1918, qui devait être consacrée aux comptes spéciaux. On ignore s’il y a eu
d’autres séances.
146. Depuis l’installation de la République en 1876, le droit du Sénat d’augmenter les
dépenses est contesté par la Chambre des députés ; ce flou constitutionnel est lié à la
naissance « par défaut » du régime républicain en 1876. À partir de 1879, les rapports entre
les deux chambres se normalisent, la Chambre des députés conserve la préséance sur le
Sénat, mais accepte ponctuellement des amendements budgétaires de la part de la Chambre
haute.
147. Reinach est le principal représentant de cette manière de voir ; comme Thomson, il
invoque la pensée de Gambetta ; il réclame notamment la suppression des pouvoirs
budgétaires du Sénat au profit d’un simple contrôle et la suppression du pouvoir d’initiative
du Parlement en matière de dépenses. Chéron, en revanche, défend les droits du Sénat.
148. PV, 2e séance, 15 décembre 1917, p. 3.
149. La sous-commission adopte une attitude prudente à l’égard de la commission du
Budget, mais elle aimerait bien revenir sur certains des acquis des commissions.
150. Jèze, qui essuie un nouveau revers sur la question du changement de date de l’année
financière, se voit éclipsé progressivement par Féret du Longbois.
151. PV de la 3e séance du 22 décembre 1917.
152. Avant la guerre de 1870, il y avait environ 300 chapitres ; à la veille de 1914, ils
dépassent selon Jèze 1 500 chapitres… Ce travail de rationalisation sera effectué en 1930 !
153. Jèze met à part le cas particulier des crédits d’armement qui ont besoin d’être étalés
sur plusieurs exercices et qu’il ne faut pas perdre d’une année sur l’autre.
154. Cette question occupe trois séances (16 janvier 1918, 2 février 1919 et 9 février 1918).
Le 16 janvier, seules trois personnes sont présentes : Reinach, Jèze, Delombre.
155. Une nouvelle proposition de loi déposée à la Chambre par Bon et Jobert vient de
remettre le sujet sous les feux de l’actualité.
156. Le calendrier proposé par Reinach est le suivant : présentation du budget avant le 20
janvier, transmission en l’état au Sénat au plus tard au 31 octobre, et promulgation le 31
décembre dans l’état où il a été présenté par le Gouvernement même si son examen par le
Sénat n’est pas achevé. Reinach se prononce pour la prééminence de la Chambre en matière
budgétaire, conformément à la doctrine radicale. Ses propositions sont rejetées comme
contraires aux libertés parlementaires.
157. En définitive, le repoussement de la date d’ouverture de l’année financière sera voté
par la loi du 27 décembre 1929, mais la réforme sera finalement rapportée le 31 mars 1932.
158. Cette confusion des pouvoirs est une des hantises de Jèze.
159. PV des 6e, 7e et 8e séances.
160. Au même moment, proposition de résolution de Breton, député, tendant à délimiter les
discussions budgétaires, n° 1205.
161. Cf. l’article 60 du règlement de la Chambre des députés, adopté en 1911 et appliqué une
seule fois en 1913, qui limite, lorsque le budget est discuté en commission générale, le temps
de parole des orateurs à 15 minutes.
162. Cf. le vote par la Chambre des députés le 8 novembre 1911 d’une règle interdisant les
interpellations pendant la discussion du budget.
163. PV de la 9e séance, 8 mars 1918. Selon Jèze et Féret du Longbois, « les dépenses
constituent la seule légitimation de l’impôt » ; c’est un principe républicain et
démocratique, instauré par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Delombre
approuve : « Dans une démocratie, l’impôt ne peut être autre chose que la contrepartie des
dépenses d’intérêt général, ces dernières doivent être arrêtées en premier lieu », p. 2-4.
164. PV de la 9e séance 8 mars 1918, p. 4-5.
165.Ibid., p. 5-6. C’était déjà une des préconisations de la commission Stourm. Jèze souligne
que la droite a toujours été exclue de la commission des finances du Sénat.
166. Procès-verbal de la 1re, de la 5e et de la 9e séance.
167. PV de la 9e séance. « Le président estime que les résolutions qui ont été adoptées sont
bonnes dans l’ensemble, tout en faisant quelques réserves sur une tendance un peu trop
marquée à la limitation des droits du Parlement ».
168. PV de la 4e et de la 8e séance.
169. Ce débat, qui porte la marque du marquis d’Audiffret, organisateur du « système
financier » français au XIXe siècle, opposera plus tard deux directeurs du Budget successifs
de la IVe République, Goetze et Devaux ; le premier, principal artisan du décret organique
de juin 1956, parle du budget comme d’un « acte » politique, tandis que le second, principal
auteur de l’ordonnance organique de janvier 1959, parle du budget comme d’un « ensemble
de comptes »…
170. PV de la 7e séance. « Le président souhaiterait que l’exposé de ce qui se passe à
l’étranger figurât à l’appui des travaux de la sous-commission et fût mis sous les yeux du
Parlement : si celui-ci voyait qu’en Angleterre, vieux pays parlementaire, on n’accepte pas
un rouage qui est considéré chez nous comme indispensable, qu’aux États-Unis, des
limitations rigoureuses ont été imposées à la liberté de discourir, cela constituerait une
indication très heureuse ».
171. Les directeurs d’administrations centrales, débordés, ne participent pas en personne à
la commission, notamment ceux des Finances ; au mieux, ils y envoient leurs adjoints. La
réforme appartient à ceux qui ont le temps d’y réfléchir, les corps de contrôle.
172. Elle résiste néanmoins avec succès à la communication de ses rapports particuliers à la
Cour des comptes.
173. Ce sont en réalité les mêmes personnes, mais à des âges différents de leur carrière.
174. Cette compréhension réciproque de l’intérêt commun et des intérêts de chacune des
parties contraste avec ce qui se passera dans les années 1930 où les projets de Labeyrie à la
Cour des comptes rencontreront la résistance du ministère des Finances et où la réforme de
1936 sous le Front populaire viendra étendre le rôle de la Cour des comptes aux dépens du
ministère des Finances.
175. Ni Caillaux ni Marin ne siègent dans la commission.
176. C’est au cours des travaux de la commission Courtin de 1918 que les responsables
budgétaires et comptables prennent la mesure du bouleversement suscité par la guerre (cf.
B 59119, exposé introductif de Privat-Deschanel, 26 avril 1918, p. 2-4).
AUTEUR
FLORENCE DESCAMPS
Introduction
La République de Weimar constitue, en Allemagne, une période de
transition entre un contrôle des finances publiques centré sur une
vérification de la régularité des comptes et un contrôle portant sur
l’efficacité de la gestion publique. Il est vrai que les années qui
suivirent la première guerre mondiale réunissaient les conditions
politiques et financières propices à cette évolution 1 , alors que les
dépenses publiques se devaient d’être sévèrement réduites pour
financer à la fois le paiement des réparations de guerre et l’effort de
reconstruction.
Or, l’Allemagne affronte à cette époque une crise financière sans
précédent. La dette du Reich atteint 144 milliards de marks en 1919,
contre 5 milliards de marks en 1913, car le Gouvernement a
largement financé la guerre par un endettement à long terme 2 . Les
conséquences de ces finances de guerre, qui firent de l’emprunt le
moyen principal de couverture des dépenses 3 , s’additionnaient aux
autres conséquences économiques et financières des années de
guerre. De 1914 à 1920, le nombre d’emplois dans la fonction
publique avait ainsi considérablement augmenté par une
multiplication des emplois superflus.
Le traité de Versailles et l’obligation pesant sur l’Allemagne de
réparer les dommages de guerre, puis le poids des réparations fixées
à la suite de la conférence de Londres de mai 1921 à 132 milliards de
marks-or, rendirent encore plus évidente l’exigence d’un
assainissement complet des finances publiques, d’une augmentation
des impôts, ainsi que de massives suppressions d’emplois. Cet
assainissement se trouvait d’autant plus nécessaire que les
flottements sur le montant des réparations de guerre avaient mis les
éventuels créanciers de l’Allemagne dans l’incertitude sur sa
solvabilité. Le pays se trouva ainsi pendant un certain temps « dans
l’incapacité de contracter des prêts étrangers à long terme 4 ».
Malgré la création, dès décembre 1919, d’une contribution
extraordinaire sur la fortune, le lancement d’un emprunt forcé et
diverses augmentations d’impôts, le budget du Reich restait
largement déficitaire 5 . En 1919, le déficit était ainsi équivalent au
budget de 1913 6 . La situation politique et financière imposait des
mesures urgentes. Fort heureusement, une prise de conscience
générale avait permis de comprendre que les aménagements à la
marge ne seraient plus suffisants. La recherche d’économies et
d’efficacité dans l’utilisation des deniers publics nécessitait
d’améliorer la performance de la gestion publique.
Cette volonté de rationalisation prit une double direction. La
création d’un commissaire aux économies (I), d’une part, et
l’affirmation d’un principe d’efficacité de la gestion publique, d’autre
part, principe du reste érigé comme norme du contrôle confié à la
Cour des comptes (II).
NOTES
1. H. A. Dommach, « Der Rechnungshof während der Amtszeit seines Präsidenten Saemisch
(1922-1938) », in Die Kontrolle der Staatsfinanzen, Geschichte und Gegenwart, 1714-1989, Duncker
& Humblot, Berlin, 1989, p. 66.
2. L’État fédéral ne disposait alors que de faibles ressources fiscales propres,
essentiellement les droits de succession et l’impôt sur la fortune votés en 1913. L’impôt sur
le revenu, ou Einkommensteuer, ne deviendra, en effet, un impôt fédéral qu’après 1920.
3. Sur ce point, H. Laufenburger, Crédit public et finances de guerre (Allemagne, France, Grande-
Bretagne, États-Unis), Librairie de Médicis, Paris, 1944, p. 29 sqq.
4. Heinrich A. Winkler, Histoire de l’Allemagne, XIXe-XXe siècle, le long chemin vers l’Occident,
Fayard, 2005, p. 352.
5. G. Castellan, L’Allemagne de Weimar, 1918-1933, A. Colin, 1969, p. 154 sqq.
6. A. Wahl, L’Allemagne de 1918 à 1945, A. Colin, 1999, p. 34.
7. Sur ce point, « Schriftenreihe des Bundesbeauftragten für Wirtschaftlichkeit in der
Verwaltung », 50 Jahre Bundesbeauftragte für Wirtschaftlichkeit in der Verwaltung, Verlag W.
Kohlhammer.
8. H.A. Winkler, Histoire de l’Allemagne..., op. cit., p. 354.
9. « Schriftenreihe des Bundesbeauftragten… », art. cité.
10. H. A. Winkler, op. cit., p. 365.
11. Qui restera président de la Cour des comptes de 1922 à 1938, cette stabilité contraste
évidemment avec l’instabilité gouvernementale ; car de 1919 à 1929, ce sont 13 ministres
des Finances qui vont se succéder. F. Saemisch était entré au ministère des Finances du
Reich aux lendemains de la première guerre mondiale et fut dès octobre 1919 conseiller
auprès du ministre des Finances Erzberger pour la préparation de la réforme financière à
adopter, mais il ne travailla pas personnellement sur la préparation de la loi RHO. Voir H. A.
Dommach, « Der Rechnungshof während der Amtszeit... », art. cité, p. 70.
12. G. Lachapelle, Les finances de la IIIe République, Flammarion, 1937, p. 110.
13.Ibid., p. 117.
14. Le Rentenmark. Monnaie provisoire introduite le 15 novembre 1923 et garantie par des
dettes hypothécaires sur l’industrie et l’agriculture qui permit la stabilisation du cours du
mark par rapport au dollar à son taux d’avant-guerre.
15. H. A. Dommach, art. cité, p. 83.
16.Ibid., p. 84 sqq.
17. Sur ce point, Jens-Hermann Treuner, Der Bundesbeauftragte für Wirtschaftlichkeit in der
Verwaltung, p. 8.
18. Voir l’énoncé des motifs de la décision gouvernementale créant le commissaire fédéral
pour l’efficacité dans l’administration : « La situation financière de l’État exige le plus haut
degré d’efficacité de l’ensemble des administrations. Pour atteindre ce but, une limitation et
une évaluation minutieuse des dépenses publiques sont insuffisantes. L’administration doit
aussi être remodelée rationnellement par des mesures tenant à son organisation même »,
Kabinettsbeschluss vom 8. Januar 1952 betreffend Einsetzung eines Bundesbeauftragten für
Wirtschaftlichkeit in der Verwaltung, in Bundes Anzeiger, 5. Juli 1952, p. 6.
19. J.-H. Treuner, Der Bundesbeauftragte..., op. cit.
20. Kabinettsbeschluss vom 8. Januar 1952 betreffend Einsetzung eines Bundesbeauftragten
für Wirtschaftlichkeit in der Verwaltung, in Bundes Anzeiger, 5. Juli 1952, p. 6.
21. Pour cela, il lui est également demandé de réfléchir à la délimitation des compétences
entre les diverses autorités fédérales, mais aussi à la répartition des missions confiées à la
Fédération, aux États fédérés et aux communes, Lignes directrices de 1952, note 1.
22. L’expression est de H. A. Dommach.
23.Bundesrechnungshofgesetz.
24. Sur ce point, F. von Pfuhlstein, « Der Weg von der preussischen Generalrechenkammer
zum Bundesrechnungshof », in 250 Jahre Rechnungsprüfung, Frankfurt am Main, 1964, p. 72.
25. Il existait des dispositions tout à fait similaires en Autriche au XIXe siècle. L’ordonnance
de 1866 donnait à la Cour des comptes autrichienne la mission de rechercher si le revenu de
l’État ne pouvait être accru avec les dispositions existantes, si les recettes avaient été
recouvrées dans les délais, si l’emploi des crédits avait été fait avec le maximum d’économie
possible, si l’on pouvait diminuer les dépenses d’administration ou le montant des crédits
affectés à tel ou tel objet.
26. La définition que donnait la loi organique de 1922 de la notion de Wirtschaftlichkeit a
été analysée comme comportant à la fois le principe du minimum quant à l’utilisation des
moyens et celui du maximum quant à leur efficacité eu égard aux objectifs poursuivis, H. H.
von Arnim, « Wirtschaftlichkeit als Massstab des Rechnungshof », in Die Kontrolle der
Staatsfinanzen, Geschichte und Gegenwart, 1714-1989, Duncker & Humblot, Berlin, 1989, p. 261.
27. H. G. Zavelberg, « 275 Jahre staatliche Rechnungsprüfung in Deutschland, Etappen und
Entwicklung », in Die Kontrolle der Staatsfinanzen, Geschichte und Gegenwart..., op. cit., p. 47.
28. Une loi du 21 mars 1910 avait certes autorisé les contrôles sur place dans certaines
hypothèses, mais ceux-ci étaient restés exceptionnels. La loi de 1922 étendit cette possibilité
qui fut désormais laissée à l’appréciation de la Cour des comptes.
29. H. G. Zavelberg, art. cité, p. 52.
30. H. A. Dommach, art. cité, p. 89.
31. Dans le cadre du plan Dawes, et jusqu’en 1929, un agent général des réparations (deux
américains occuperont successivement ce poste), installé à Berlin, surveille le respect par
l’Allemagne du dispositif mis en place pour assurer le paiement des réparations de guerre,
et en particulier les ressources budgétaires affectées à ce paiement (impôts indirects sur le
tabac et l’alcool, taxe sur les transports…), ainsi que les hypothèques sur les grosses
entreprises industrielles du Reich et la Reichsbahn…
32. F. von Pfuhlstein, « Der Weg von der preussischen Generalrechenkammer… », art. cité,
p. 77.
33. H. G. Zavelberg, op. cit., p. 49.
34. Intégrant notamment la comptabilité commerciale.
35. Sur ce point, H. A. Dommach, « Der Rechnungshof während der Amtszeit… », art. cité, p. 98
sqq.
36. Elle mettra, d’ailleurs, cette disposition en application à l’égard du parti nazi et de ses
organisations après avoir eu connaissance de pratiques irrégulières au sein des SA. La
conception de Schwartz, trésorier du parti nazi, qui lui refusait le droit de mettre le nez
dans ses affaires, ne trouva pas de soutien auprès de la direction du parti et, notamment, de
Rudolf Hess, proche d’Hitler, pour qui la Cour des comptes devait pouvoir contrôler toutes
les formations financées par l’État. H. A. Dommach, « Der Rechnungshof während der
Amtszeit... », art. cité, p. 107.
37. Les termes de contrôle de la gestion économique et budgétaire de la Fédération sont
ceux qui figurent encore aujourd’hui à l’article 114 de la Constitution de 1949 pour définir
les missions de la Cour des comptes fédérale. « La Cour des comptes, dont les membres
bénéficient de l’indépendance des juges, contrôle les comptes ainsi que l’efficience et la
régularité de la gestion budgétaire et économique de la Fédération », article 114, al. 2 de la
Loi fondamentale.
AUTEUR
STÉPHANIE FLIZOT
Introduction
« L’impôt est une prestation pécuniaire requise des particuliers par
voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue de la
couverture des charges publiques ».
Il s’agit là de la définition de l’impôt donnée par Jèze et reprise
invariablement dans bon nombre de cours de droit fiscal général à
l’heure actuelle : elle sert de base à la définition contemporaine des
impositions de toute nature compte tenu des évolutions qu’a
connues la notion d’impôt. Si la mémoire de Gaston Jèze se perpétue
ainsi aujourd’hui, c’est essentiellement pour son apport décisif à
l’élaboration d’une théorie générale de l’impôt qui constitue
toujours la donnée première et essentielle de tout enseignement de
droit fiscal digne de ce nom.
De manière assez surprenante, l’influence contemporaine de Jèze en
termes de dépenses publiques ne se veut pas identique. Tout au plus
lui attribue-t-on la paternité de l’adage célèbre caractéristique des
finances classiques « Il y a des dépenses, il faut les couvrir », sans
d’ailleurs en trouver trace explicitement dans ses écrits principaux.
Or, de manière tout à fait paradoxale, Jèze a élaboré une très
intéressante théorie générale des dépenses publiques dont il n’est
absolument pas fait état à l’heure actuelle...
L’objectif premier de ces développements va consister à se replonger
dans l’œuvre de Jèze pour ces aspects oubliés propres à la dépense
publique, afin d’en montrer tout l’intérêt au regard d’une approche
de la notion de dépense définie par rapport à son utilité publique.
Une telle référence à l’utilité publique de la dépense chez ce grand
juriste du premier tiers du XXe siècle se veut nécessairement
pertinente d’un point de vue historique, à l’égard de mécanismes
gestionnaires précurseurs qui peu à peu tendent à investir la sphère
du droit budgétaire pour nous amener progressivement, à terme, à
mettre en œuvre une approche de type LOLF.
L’objectif subsidiaire de ce travail va être de s’efforcer d’apporter un
début d’explication aux raisons pour lesquelles cette démarche très
spécifique et a priori, de première importance, a été occultée par ses
collègues juristes financiers et sacrifiée – à l’évidence – sur l’autel
des finances modernes. Il est tout de même assez édifiant de pouvoir
lire dans l’hommage post mortem réalisé en 1954 par la Revue de
législation et de science financières sous la plume de son nouveau
directeur, le professeur à la faculté de droit de Paris, Henry
Laufenburger, que la dépense publique était « un des rares points
faibles des travaux de Jèze 2 ». La Revue de législation et de science
financières après cinquante années de parution effective se
transformera en Revue de science financière très rapidement ensuite
en 1956, un changement de dénomination qui se veut tout sauf
fortuit, en tout état de cause absolument pas mineur contrairement
à ce qui fut dit à l’époque 3 . Jèze a créé la Revue de législation et de
science financières en 1903. Il convient avant tout de faire une
présentation de son œuvre. Sera nécessairement exposée ici,
parallèlement, la carrière de celui qui, dans les milieux
universitaires, reste présenté aujourd’hui comme l’un des principaux
promoteurs de la science financière en tant qu’enseignement
autonome dans les universités.
Gaston Jèze est né à Toulouse le 2 mars 1869. « Une attention toute
particulière doit être donnée à son premier ouvrage et à sa date 4 »
puisque c’est en 1896 que paraît Éléments de la science des finances et de
la législation financière française, sous la double signature de Max
Boucard et de Gaston Jèze par conséquent 5 . Jèze est tout jeune,
puisqu’il n’a que 27 ans, et l’ouvrage, selon Claude-Albert Colliard, «
fait figure de nouveauté sinon de révolution » : « Ce livre va être
véritablement le premier traité d’une jeune science qui tend, dès
lors, à un développement autonome ». Lorsque cet ouvrage paraît, la
législation financière ne fait partie que depuis sept ans seulement du
programme officiel d’enseignement des facultés de droit. Le décret
du 24 juillet 1889 portant réforme de la licence en droit avait
timidement introduit la législation financière au nombre des neuf
matières constitutives des options de la troisième année et dont trois
devaient être choisies par les étudiants. Pour Claude-Albert Colliard,
cet ouvrage fait tout simplement de Jèze le « fondateur de la science
financière en France », à considérer les autres ouvrages de finances
disponibles alors des René Stourm, Léon Say et Paul Leroy-Beaulieu.
Une telle reconnaissance est d’autant plus remarquable que c’est en
tant que simple docteur en droit que Jèze s’est lancé dans l’écriture :
sa thèse, soutenue quatre ans plus tôt en 1892, est une thèse de droit
romain (Les lois agraires sous la République) et de droit civil
(Interprétation de l’article 1408 du Code civil) comme il est d’usage alors.
C’est en tant que simple chargé de cours à la faculté de droit d’Aix-
en-Provence que sortira la seconde édition de ce traité en 1902.
L’année suivante, en 1903, il se lance dans une autre aventure, celle
de la Revue de science et de législation financières (RSLF), créée toujours
avec son ami Max Boucard, maître des requêtes au Conseil d’État.
Celle-ci se révélera déterminante quant à l’avènement de cette
discipline des sciences financières dont la caractéristique première
est d’appréhender le processus financier dans toutes ses dimensions,
qu’elles soient de nature économique, politique, sociale et bien
évidemment juridique. L’apport de Jèze sur ce dernier aspect se veut
tout simplement décisif. « Jèze juriste financier n’est pas différent de
Jèze juriste tout court : le premier ne fait que transposer dans un
domaine particulier, en les adaptant, les principes et les techniques
définis par le second 6 ». Jèze se révélera être tout autant un grand
administrativiste, promoteur de la notion de service public en lieu et
place de la notion de puissance publique 7 .
Ce début de XXe siècle apportera aussi la consécration universitaire
puisqu’il fut institué agrégé à Lille, où il restera jusqu’en 1909 pour
rejoindre alors Paris. C’est en 1910 que le professeur agrégé à la
faculté de droit de l’université de Paris, Gaston Jèze, fait paraître son
célèbre Traité de science des finances – Le Budget : « Le livre que je
présente aujourd’hui au public est le premier volume du Traité de
science des finances que j’ai le dessein d’écrire et dont j’ai esquissé le
plan dans la quatrième édition de mon Cours élémentaire de science des
finances et de législation financière française. Mon intention est de
consacrer une douzaine de volumes à la Science des finances. C’est
une œuvre de longue haleine 8 ». Un tel projet ne verra pas le jour,
nécessairement contrarié par la guerre : les problèmes posés par le
financement de cette dernière lui permirent en contrepartie de
développer un des autres pans essentiels de son œuvre 9 . La
cinquième édition de 1912 de son Cours élémentaire de science des
finances reste, selon Maurice Duverger, « le dernier tableau
d’ensemble brossé par l’auteur dont il ne reprendra plus tard que des
parties séparées dans ses cours de doctorat 10 ». Il y aura bien
encore en 1922 une sixième édition du Cours de science des finances et
de législation financière française, qui ne constitue cependant plus
qu’une étude spécifiquement limitée aux seules « dépenses publiques
» et « théorie générale du crédit public » en l’espèce 11 . À compter
de l’année universitaire 1924-1925, et cela jusqu’à l’année 1935-1936,
sera édité le Cours de finances publiques professé à la faculté de droit
de l’université de Paris au second semestre par Jèze, développant
normalement à chaque fois une thématique différente 12 .
L’année 1936 est marquée par les manifestations étudiantes anti-Jèze
de la droite nationaliste réclamant sa démission qui font suite à son
acceptation de défendre devant la Société des nations Hailé Sélassié,
le Négus d’Éthiopie, chassé d’Addis-Abeba par les troupes italiennes
de Mussolini. Président de l’Institut international du droit 13 , Jèze
fut le conseiller de divers gouvernements étrangers comme aussi du
Gouvernement français. Théoricien des finances publiques, il réussit
à se transformer en praticien à l’occasion. Il présenta ainsi le 9 mars
1914, au nom de la commission instituée au ministère des Finances le
29 janvier 1913, le rapport général sur les mesures propres à assurer
le vote du budget à sa date normale 14 ; il fut encore membre du
Comité des experts réuni en 1926 afin d’élaborer un plan de
redressement économique et financier destiné à stabiliser le franc 15
. Jèze mettra un terme à son activité universitaire en 1937, mais il
continua de s’intéresser aux phénomènes financiers jusque dans les
toutes dernières années de sa vie, puisque, à plus de quatre-vingts
ans, il donnait toujours des articles au Journal des finances. Il meurt à
Deauville le 5 août 1953.
Il a été fait référence précédemment au Cours de science des finances et
de législation financière française de 1922 ; celui-ci, avons-nous dit, ne
se veut plus, après la guerre, qu’une approche approfondie de
thématiques financières déterminées. Au regard de la problématique
initialement posée, on constate que cette sixième édition est
notamment dédiée aux dépenses publiques. Les cours de doctorat
qui vont par la suite faire l’objet de publications annuelles
présenteront des sujets d’étude normalement différents d’une année
sur l’autre et exclusifs de l’aspect dépenses, à trois exceptions près :
les cours des années 1928-1929, 1929-1930 et 1930-1931 emportent le
même titre « Théories générales sur les phénomènes financiers, les
dépenses publiques, le crédit public, les taxes, l’impôt 16 ». Au
regard des considérations développées en termes de dépenses
publiques en 1922, ce cours a pour principale qualité de nous
montrer la progression de la réflexion de Jèze sur le sujet : il
convient d’y voir au regard des difficultés que soulevait
antérieurement l’auteur, des hypothèses émises, une pensée cette
fois véritablement et définitivement aboutie. Le Cours de finances
publiques 1929-1930 – qui va nous servir de référence ici – se veut un
ensemble de « Théories générales sur les phénomènes financiers 17
». Au même titre que le crédit public, les taxes ou l’impôt, les
dépenses publiques se voient donc appréhender sous l’angle
ambitieux et nouveau de la théorie générale. Le point de départ de la
réflexion de Jèze réside ici dans l’imprécision des termes et le sens
large qui entourent l’expression « dépenses publiques », « même
dans les ouvrages de comptabilité publique ». Il considère que les
mots « dépenses publiques » s’appliquent indifféremment aux
crédits, c’est-à-dire aux autorisations données par le Parlement, aux
engagements de dépenses, aux dettes elles-mêmes, aux ordres de
paiement ou encore aux paiements. Il est nécessaire selon lui que
soit précisée au moyen d’un qualificatif la dépense que l’on vise :
dépense autorisée, dépense engagée, dépense constatée, dépense
ordonnancée, dépense payée. Mais plus encore, il invite le lecteur à
dépasser ce premier stade de « l’opération complexe » que constitue
la dépense, pour mieux se plonger dans une théorie générale des
dépenses publiques.
« Dans une théorie générale des dépenses publiques, il y a lieu
d’étudier :
1. L’aspect politique et l’aspect financier des dépenses publiques ;
2. Les éléments essentiels de la notion de dépense publique ;
3. Les caractéristiques des dépenses publiques par comparaison avec les dépenses des
individus ;
4. Le fait et les causes de l’accroissement des dépenses publiques, ainsi que la mesure
dans laquelle une dépense publique entraîne une charge pour les individus ;
18
5. Le classement et la classification des dépenses publiques .»
Ces cinq thèmes de réflexion correspondent aux titres donnés aux
cinq chapitres qui vont donc structurer le livre premier de ce cours
professé en 1930 et intitulé « Les dépenses publiques ». Chacun de
ces thèmes est à appréhender pour lui-même et naturellement aussi
dans une perspective globale et agrégative les uns par rapport aux
autres. Il conviendra ici de présenter cette théorie générale dont la
caractéristique essentielle est de se voir construite précisément
autour de l’utilité publique de la dépense (partie I) et d’où il ressort,
par ailleurs, que les préoccupations de l’auteur se situent
étonnamment dans le droit-fil des logiques réformistes
contemporaines (partie II).
Conclusion
Pour conclure, il peut être particulièrement judicieux, dans un
premier temps, d’apprécier la permanence susceptible d’exister
entre, d’une part, cette approche des années 1930 de la dépense
publique fondée sur son utilité publique et, d’autre part, l’œuvre de
reconstruction financière entreprise après 1945 en établissant un
parallèle avec l’article de Gabriel Ardant paru dans la Revue de science
et de législation financières de 1949 intitulé « Fondements économiques
et sociaux des principes budgétaires 48 » (et tout particulièrement
au regard de la seconde partie de l’article : « Insuffisance des
principes traditionnels. Nécessité de les compléter par la mesure du
coût et de l’utilité des services publics 49 »). Cet article témoigne de
la volonté de Jèze d’ouvrir les pages de la Revue dont il assure la
direction, aux idées neuves qui émergent après-guerre en termes de
dépenses publiques : ces idées neuves sont en relation directe avec la
création en 1946 du Comité central d’enquête sur le coût et le
rendement des services publics dont Gabriel Ardant, Inspecteur des
finances, fut précisément le premier secrétaire général 50 .
Pour autant, il convient aussi, dans un second temps, de s’interroger
sur le fait qu’une telle continuité nous échappe totalement
aujourd’hui : cette réflexion d’avant-guerre de Jèze sur la dépense
publique est tout simplement occultée, absente de tout
référencement contemporain. Il est ainsi particulièrement choquant
de constater qu’à aucun moment Ardant ne lui fait référence dans
cet article : Jèze n’y est jamais cité alors même que la modernité de
sa réflexion relative à l’utilité des dépenses publiques qui viennent
d’être exposées transcende ses écrits d’avant-guerre. Pour reprendre
ses propres mots, Ardant renvoie essentiellement aux travaux des «
techniciens » de l’époque comme Robert Jacomet, présidant la
commission en charge de l’avant-projet de loi organique devant
régler le mode de présentation du budget prévu par l’article 16 de la
Constitution du 27 octobre 1946, pour mieux rejeter les auteurs du
début du siècle comme Leroy-Beaulieu, qualifiés alors de « libéraux
». Il est dommage que ce travail de Gabriel Ardant, considéré
aujourd’hui par la doctrine comme « Le » grand article sur les
dépenses publiques de l’après-guerre, ne se soit pas révélé
intellectuellement un peu plus honnête à l’égard de Jèze : en 1949, ce
dernier a 75 ans et son œuvre derrière lui… En termes d’explication,
il y a très certainement ici à avancer l’orientation générale prise par
les Finances publiques de l’après-guerre et le rejet en effet d’une
certaine conception libérale des finances qu’incarne indirectement
Jèze, au profit des logiques keynésiennes triomphantes d’alors. En
portera ainsi définitivement la marque l’article de Pierre Lalumière
paru à la Revue de science financière de 1963 « Les cadres sociaux de
la connaissance financière », dans lequel Jèze se voit directement et
nommément pris à partie 51 .
À l’heure où cependant la LOLF, entre autres objets, revient à une
conception de la loi organique débarrassée du dogme keynésien, il
n’est certainement pas totalement inutile de se replonger dans les
écrits de Jèze relatifs à cette dépense publique, dont on considérera,
en tout état de cause, qu’ils ne sont pas aussi « classiques », comme
certains ont trop souvent voulu, et malencontreusement, le laisser
penser.
NOTES
1. Cette publication fait suite à une communication prononcée le 12 juin 2007 dans le cadre
de l’Institut de la gestion publique et du développement économique, séminaire « Histoire
de la gestion des finances publiques de 1815 à nos jours », organisé par le Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, Institut de la gestion publique et du
développement économique.
2. « Gaston Jèze, économiste financier », RSLF 1954, p. 32.
3. Henry Laufenburger et M. Cluseau, « La Revue a cinquante ans », RSLF 1956, p. 5.
4. Claude-Albert Colliard, « Gaston Jèze, théoricien des finances publiques », RSLF 1954, p. 8.
5. Paris, Giard et Brière.
6. Maurice Duverger, « Gaston Jèze, juriste financier », RSLF 1954, p. 21.
7. Cf. les éditions chez Giard des ouvrages Les principes généraux du droit administratif (6
volumes) à partir de 1925 et Les contrats administratifs (4 volumes) à compter de 1927.
8. Paris, V. Giard et E. Brière libraires-éditeurs. Préface p. VI. Le plan proposé est le suivant :
I – Le budget. Théorie générale. Les pouvoirs du Gouvernement et des chambres législatives
en matière de dépenses et de recettes publiques ; II – Le budget. La procédure et les
méthodes budgétaires. La période budgétaire ; III – La comptabilité publique. L’engagement
et le paiement des dépenses publiques. La création et le recouvrement des recettes
publiques ; IV – Le service de la trésorerie ; V – Le contrôle des opérations financières ; VI –
Les dépenses publiques ; VII – Le crédit public. La dette publique ; VIII – Les revenus publics.
Théorie générale. Le domaine. Les exploitations industrielles et commerciales. Les taxes ; IX
– Théorie générale de l’impôt ; X et XI – Étude particulière des différents impôts ; XII – Les
finances des administrations locales et spéciales : budget, comptabilité, contrôle, dépenses
et recettes.
9.Les finances de guerre (1914-1918), édité par Marcel Giard entre 1915 et 1919 pour la France,
comporte quatre volumes ; entre 1915 et 1923 pour l’Angleterre, il en comporte sept. Voir P.
Coulbois, « Gaston Jèze et les finances de guerre », RSLF 1954, p. 37 sqq.
10. « Gaston Jèze, juriste financier », op. cit., p. 19.
11. Paris, Marcel Giard libraire-éditeur.
12. Voir, annexée à l’hommage que rend à Jèze après sa mort la Revue de Science et de
Législation financières 1954, la bibliographie complète des Cours de finances publiques édités
par Marcel Giard, p. 52 (1924-1925 : La technique du crédit public. Le remboursement de la
dette publique ; 1925-1926 : La date de remboursement de la dette publique. Histoire de
l’amortissement en France ; 1926-1927 : La date de remboursement de la dette publique.
Histoire de l’amortissement en Angleterre ; 1927-1928 : Théories générales sur les
phénomènes financiers. Le crédit public. Les taxes. L’impôt ; 1928-1929, 1929-1930 et 1930-
1931 : Les dépenses publiques. Le crédit public. Les taxes. L’impôt ; 1931-1932 : Théorie
générale sur les revenus publics. Les revenus du domaine et des exploitations d’État. Les
taxes. L’impôt ; 1932-1933 : Théorie générale des revenus publics. Théories générales des
taxes et de l’impôt ; 1933-1934 : Théorie générale des revenus publics. Théories générales
des taxes et des impôts. Étude particulière des différents impôts (impôts personnels) ; 1934-
1935 : Théorie générale des revenus publics. Théories générales des taxes et des impôts.
Étude particulière des différents impôts ; 1935-1936 : Théorie générale de l’impôt. Étude
particulière des différents impôts).
13. Gaston Jèze est l’auteur en 1896 d’une Étude théorique et pratique sur l’Occupation comme
mode d’acquérir des territoires en droit international.
14.JO du 27 novembre 1917, annexe p. 279 sqq.
15. Voir C. Rist, « Gaston Jèze : l’homme », RSLF 1954, p. 5-6 et M. Cluseau, « Gaston Jèze et la
monnaie », RSLF 1954, p. 33 sqq. Gaston Jèze publie en 1932 La stabilisation des monnaies.
16. Cf. supra la note de bas de page n° 11.
17. Paris, Marcel Giard libraire-éditeur, 1930.
18.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 36.
19. « Les éléments constitutifs de la dépense publique dans les États modernes », p. 365.
20. « Aspect politique des problèmes financiers », p. 26.
21.Op. cit., p. 372-373.
22.Op. cit., p. 48-49.
23.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 77.
24.Cours de science des finances et de législation financière française, op. cit., p. 51. Dans l’édition
de 1922, il est fait renvoi pour la mise en œuvre de cette classification entre dépenses utiles
et dépenses inutiles aux théories générales sur le crédit public p. 242 sqq.
25.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 49 (mais antérieurement aussi RSLF 1911, p.
371-372).
26. Titre donné au chapitre II du livre premier du Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit.,
p. 43.
27. Se reporter ici pour les développements qui vont suivre aux pages 47 à 51 du Cours de
finances publiques 1929-1930. L’article « Les éléments constitutifs de la notion de dépense
publique dans les États modernes », paru à la RSLF 1911, exposait déjà l’essentiel de ces
différents points en des termes très souvent identiques.
28.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 77. La formule se retrouve également au
terme du chapitre II de la première partie du livre premier du Cours de science des finances et
de législation financière française de 1922, op. cit., p. 51.
29. Se reporter ici pour les développements qui vont suivre aux pages 71 à 74 du Cours de
finances publiques 1929-1930. Le Cours de science des finances et de législation financière française
de 1922 exposait déjà l’essentiel de ces différents points en des termes très souvent
identiques (p. 46 sqq).
30.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 73.
31.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 112-113.
32.Ibid., p. 112. Postulat antérieurement inscrit dans le Cours de science des finances et de
législation financière française de 1922, mais dans le cadre de la présentation des théories
générales sur le crédit public, op. cit., p. 242.
33.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 112.
34.Op. cit., p. 111.
35.Op. cit., p. 71.
36.Op. cit., p. 112.
37.Op. cit., p. 73.
38.Op. cit., p. 215-217. Cf. supra IA.
39.Op. cit., p. 75.
40.Op. cit., p. 74.
41.Op. cit., p. 75.
42.Op. cit., p. 35.
43. Les extraits utilisés ici sont issus du chapitre premier du livre premier du Cours de
finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 37-42. Ce chapitre avait quasiment au mot près fait
l’objet d’une publication au sein de la RSLF 1928 sous le titre « Aspect politique des
problèmes financiers », p. 26.
44.Cours de finances publiques 1929-1930, op. cit., p. 122-127. Cf. supra I. B.
45.RSLF 1914, Chronique, p. 503-504. L’article 98 de la loi de finances du 15 juillet 1914 y est
reproduit.
46. Cf. tout d’abord le rapport sur les comptes du ministère des Affaires étrangères pour
l’exercice 1907, Chambre des députés, n° 1170, 11 juillet 1911, suivi de la proposition de loi
tendant à assurer la clarté, la sincérité et l’unité des écritures budgétaires, n° 2196, 12 juillet
1912.
47.RSLF 1914, Chronique, p. 99 sqq.
48.Op. cit., p. 406 sqq.
49.Op. cit., p. 429.
50. Cf. Florence Descamps, « La création du Comité central d’enquête sur le coût et le
rendement des services publics : 1946-1950 », Revue française d’administration publique hors-
série 2007/5, p. 27 sqq.
51.Ibid., p. 35 : « Les seuls problèmes réels des finances publiques du XIXe siècle ont été des
problèmes politiques et par conséquent des problèmes juridiques. En faisant du Parlement
source de toute légalité la pièce maîtresse de leur système, les auteurs classiques donnaient
forcément dans leurs études la primauté au droit. L’enrobement juridique a été une
conséquence de leur parti pris politique. Certains auteurs ont pu ainsi de bonne foi (par
exemple G. Jèze) défendre une conception politique de la science des finances et ne traiter
en réalité que l’aspect juridique des finances publiques (en pratique les diverses techniques
financières). Cette position était d’une grande habileté tactique. En abritant derrière une
réglementation juridique leur volonté politique, les financiers classiques et les milieux
libéraux donnaient mauvaise conscience à leurs adversaires. Le droit financier a été utilisé
comme une arme de combat idéologique au service d’une certaine conception des rapports
politiques. C’est en ce sens que l’on peut dire que dans le contexte du XIXe siècle la science
des finances classiques a été « progressiste ».
AUTEUR
MATTHIEU CONAN
Introduction
Il est communément admis que, depuis les grandes réformes
budgétaires et comptables de la Restauration et de la monarchie de
Juillet qui ont renforcé le rôle de la Cour des comptes fondée en 1807
par Napoléon Ier 1 jusqu’aux innovations de la Libération et de la IVe
République commençante, la Cour des comptes, appuyée sur
l’indestructible monument du décret de 1862 sur la Comptabilité
publique, aurait vécu un long fleuve tranquille, celui des institutions
vénérables et établies, placées à l’écart de la gestion des affaires
courantes. Pourtant, pouvait-elle traverser la première moitié du
XXe siècle, deux guerres mondiales, une crise politique, financière et
budgétaire majeure de l’État, un changement de régime politique,
sans voir sa place réexaminée au sein du système de gestion des
finances publiques ? Pouvait-elle échapper au vaste ébranlement qui,
dans l’entre-deux-guerres, a atteint l’État, ses missions, son
organisation, son fonctionnement et sa représentation ? De fait, le
premier XXe siècle apparaît pour la Cour des comptes comme un
moment particulièrement dense en questionnements, en projets et
même en réalisations, signant son réveil après un long
assoupissement et marquant son irruption sur le devant de la scène
de la réforme de l’État et de la gestion publique. Alors que les
contraintes politiques, économiques et financières de l’entre-deux-
guerres font du contrôle budgétaire une préoccupation centrale des
pouvoirs publics, ces derniers pouvaient-ils ne pas s’intéresser à la
place et au rôle de la Cour des comptes dans le contrôle de la
dépense ? Cette dernière devait-elle rester inféodée au ministère des
Finances, devenir l’auxiliaire active du Parlement ou bien se
constituer en troisième pôle indépendant dans une triangulation la
reliant d’un côté au pouvoir exécutif (le ministère des Finances ou la
Présidence du Conseil) et de l’autre au pouvoir législatif (les
commissions des finances de deux Chambres) ? Jusque-là cantonnée
à la toute extrémité de la chaîne de l’exécution budgétaire, assignée
au strict jugement des comptes et des comptables, sous-utilisée, ne
pouvait-elle prendre une part accrue dans le contrôle des
ordonnateurs et dans le contrôle de la gestion des administrations,
voire dans leur gestion tout court ? Pour ce faire, quelle mue devait-
elle accomplir et quels outils de gestion devait-elle forger ? C’est de
cette ambition que nous voulons tracer les linéaments, en essayant
de restituer les tâtonnements et les initiatives qu’ont prises en
faveur de la rénovation de la Cour des comptes les différents acteurs
du système financier entre 1914 et 1941.
7
B. La commission Selves de 1917-1918
Trois ans et demi plus tard, Louis Klotz, ministre des Finances de
Clemenceau, à la fois continuateur et compétiteur de Caillaux dans
l’ordre des finances publiques, reprend le dossier et installe en
décembre 1917 une commission « chargée d’étudier les réformes à
apporter dans l’organisation du Contrôle de l’exécution des budgets
». Présidée par le sénateur et ancien ministre Justin de Selves, mais
animée principalement par des magistrats de la Cour des comptes, la
commission organise son travail autour de trois axes : le contrôle
administratif, le contrôle « judiciaire » (on ne dit pas encore
juridictionnel), le contrôle parlementaire. Le projet de loi Caillaux
sert de base de travail en sous-commission, non sans quelques
divergences entre les rapporteurs. Ainsi, soucieuse de ne pas laisser
la Cour empiéter sur les prérogatives de l’exécutif, c’est rue de Rivoli
et non rue Cambon que la sous-commission Courtin du contrôle
administratif loge le comité budgétaire central et le Conseil de
discipline financière envisagés. À l’opposé, la sous-commission
Payelle du Contrôle juridictionnel, s’inspirant directement du projet
Caillaux, souhaite « fortifier le contrôle judiciaire » et accorder à la
Cour « des moyens nouveaux et des pouvoirs plus étendus,
notamment en ce qui concerne la gestion des ordonnateurs sur
laquelle elle n’a pas un droit de regard suffisant ». Sont ainsi
réclamées l’instauration d’un contrôle de la Cour sur les recettes et
les comptes spéciaux du Trésor, l’obtention d’un droit d’enquête au
sein des administrations, la transmission des rapports des corps de
contrôle des ministères à la Cour, notamment ceux du contrôle des
dépenses engagées et de l’Inspection générale des finances 8 , la
possibilité de convoquer les contrôleurs pour une discussion
contradictoire qui viendrait enrichir d’une procédure orale une
procédure jusque-là uniquement écrite (référés, déclarations
générales de conformité, rapport annuel). En revanche, le conseiller
maître Féret du Longbois se montre sceptique face à l’idée de
Courtin de créer un Conseil de discipline financière et ne reprend
pas non plus l’idée de Caillaux d’une section supérieure de contrôle
budgétaire logée à la Cour des comptes, il préfère opter pour une
publicité renforcée du rapport annuel. En dépit des divergences et
des hésitations qu’elles manifestent, les réflexions de Courtin,
Payelle, Bloch et Féret du Longbois, qui s’inspirent toutes du projet
Caillaux, attestent de l’existence d’un courant modernisateur en
faveur d’une rénovation du rôle de la Cour des comptes et d’un
rapprochement entre cette dernière et la gestion des
administrations.
9
C. Le projet Féret du Longbois de 1921
Alors que le nouveau projet de loi est adopté par la Chambre des
députés le 26 juin 1936 100 , Labeyrie peut enfin croire toucher au
but, mais la commission des finances du Sénat refuse la création de
postes des contrôleurs comptables, qui constitue pourtant la
proposition pivot du système labeyrien. Les raisons de ce refus sont
sans doute à la fois budgétaires 101 , techniques, doctrinales,
organisationnelles et administratives 102 , voire politiques, car il ne
faut pas sous-estimer la rivalité et les divergences qui peuvent
opposer Caillaux, président de la commission des Finances du Sénat,
et Auriol ministre socialiste du gouvernement Blum, dont Labeyrie
s’est rapproché depuis la constitution du Front populaire. En
définitive, les sénateurs, jugeant que les cadres de la comptabilité
publique définis en 1930 et mis en place en 1934-1935 sont suffisants,
estiment que la priorité consiste dans l’achèvement de l’édifice
pyramidal du contrôle financier et surtout dans la réforme de la Cour
des comptes 103 .
Se ralliant au point de vue du Sénat, de Petsche et de Caillaux 104 ,
Auriol abandonne les contrôleurs comptables de Labeyrie 105 , scinde
en deux son projet de loi, avec d’un côté les décrets du 1er septembre
1936 sur la comptabilité administrative et le contrôle des dépenses
engagées local, et, de l’autre, la loi du 13 août 1936 sur le contrôle
financier supérieur. Dans son étude, C. Descheemaeker montre
comment la réforme de la comptabilité administrative de 1936, en
dépit de l’échec quasi immédiat du contrôle des dépenses engagées
local, a fini au terme d’un cheminement long et sinueux par
atteindre ses objectifs et par renouveler profondément le contrôle de
la gestion des administrations par la Cour des comptes. À l’inverse, la
loi de finances du 13 août 1936 (art. 21 et 22) sur le contrôle
supérieur financier qui a pourtant connu un succès immédiat n’a pas
perduré au-delà de 1940.
La loi du 13 août 1936, voulue expressément par les parlementaires,
institue donc à la Cour des comptes un comité supérieur de contrôle
financier, qui « a pour mission de coordonner l’action des comités de
contrôle financier institués par l’article 8 du décret du 25 octobre
1935 106 et de préparer le rapport annuel 107 ». Très inspiré du
projet Petsche de 1930, ce Comité supérieur de contrôle financier,
présidé par le premier président, comprend le procureur général, un
président de chambre 108 et six conseillers maîtres. Des conseillers
référendaires et des auditeurs sont adjoints audit comité en qualité
de rapporteurs ; suite à leur nomination, ces derniers doivent
effectuer un stage d’un an dans les services de contrôle des
différents ministères. L’article 21 précise que les présidents des
comités de contrôle financier institués dans chaque ministère par le
décret du 25 octobre 1935 assistent aux séances du comité supérieur
de contrôle avec voix consultative pour les affaires ressortissant à
leur département.
Le comité supérieur de contrôle se confond donc désormais avec le
comité du rapport public lui-même rénové par la mise en place de la
réforme de la comptabilité administrative et par la création d’une
IVe chambre chargée d’instruire le rapport annuel 109 . Dans une note
aux rapporteurs, le premier président Guinand précise :
« La IVe chambre est chargée essentiellement de réunir les éléments du rapport
public ; elle ne rend pas d’arrêt ; elle est dotée non pas d’un greffe mais d’un
secrétariat ; elle est en quelque sorte l’organe d’instruction du comité supérieur
de contrôle lequel, présidé par le premier président, comprend le procureur
général, les membres de la IVe chambre, et, en outre, avec voix consultative, les
présidents des Comités de contrôle financier et les commissaires de
gouvernement. Des conseillers référendaires et des auditeurs sont désignés pour
participer aux travaux de la IVe chambre ; en principe, ils assureront les
fonctions de rapporteurs auprès du comité supérieur. Les membres de la IVe
chambre ainsi que les conseillers référendaires et les auditeurs attachés à celle-ci
seront, sous réserve d’un roulement ultérieur, spécialisés dans l’étude des
110
questions ressortissant à un ministère déterminé ».
Ainsi donc, du gouvernement Laval au gouvernement Blum, le
renforcement du contrôle de la gestion des administrations est un
sujet qui a fait consensus à droite comme à gauche, au ministère des
Finances, à la Cour des comptes comme au sein des commissions des
finances, et qui a mobilisé de 1930 à 1936, dans un effort de
persévérance, de cohérence et de rationalisation, toutes les énergies
des réformateurs des finances publiques 111 . Au terme d’un
processus de réforme qui a duré plus de vingt ans, ce que Caillaux,
ministre des Finances, n’a pu obtenir en 1914, la triple alliance de
Caillaux, président de la commission des finances du Sénat, de
Petsche, membre de la commission des finances de l’Assemblée, et de
Vincent Auriol ministre des Finances, a fini par l’obtenir 112 .
Conclusion
Entre 1914 et 1948, la Cour des comptes connaît un moment
réformiste particulièrement dense, qui n’a pas d’équivalent selon
nous au XXe siècle, jusqu’à la séquence de la LOLF votée en 2001.
Cette séquence s’explique par une configuration exceptionnelle : un
contexte de crise budgétaire qui place la gestion des finances
publiques au premier plan des préoccupations gouvernementales,
des hommes politiques intéressés par la rénovation du « système
financier » et plus particulièrement par le rôle de la Cour au sein de
ce système, (Caillaux, Chéron, Petsche, Maulion, Gardey, Mauger,
Auriol, Bouthillier), des hauts fonctionnaires entrepreneurs de
réformes, convergents, persévérants et appuyés politiquement
(Courtin, Féret du Longbois, Bloch, Labeyrie, Drouineau, Bouthillier),
des objectifs clairs (mettre en place un contrôle de la gestion des
administrations), des réformes « gestionnaires » discrètes, en
apparence modestes mais réellement mises en œuvre (la réforme
comptable, la réforme du contrôle financier, la réforme de la Cour
des comptes), l’apprentissage de méthodes de travail nouvelles et
l’acquisition de métiers nouveaux (conseil, enquête, contrôle sur
place…). La Cour prend dans ces années-là des initiatives
administratives et politiques de premier plan et se voit soutenue à
partir des années 1930 tant par le pouvoir exécutif que par les
commissions des finances qui se préoccupent de sa place dans le
système financier ; elle renforce son contrôle en matière de
comptabilité et de gestion pour les administrations centrales, étend
ses interventions vers le secteur économique (les offices) et social
(les associations), prend pied dans la réforme administrative et la
réorganisation des services et déborde à l’extrême fin de la période
sur le pouvoir budgétaire… Cette dynamique l’autorise à faire jeu
égal dans la période avec un ministère des Finances qui ne connaît
pas encore l’expansion quantitative et qualitative qui sera la sienne
dans l’après 1948 et lui permet de disputer à ce dernier, voire de
prendre, momentanément, le leadership dans la réforme du système
de gestion des finances publiques et de l’État.
NOTES
1. La mission dévolue à la Cour des comptes par Napoléon Ier réside essentiellement dans le
jugement des comptes des comptables de l’État ; les réformes de la Restauration et de la
monarchie de Juillet ont confié à la Cour le contrôle supérieur des finances de l’État en lui
demandant notamment de garantir par une déclaration annuelle la conformité des comptes
des comptables qu’elle juge, avec les comptes administratifs ministériels et avec le compte
général de l’administration des Finances. Sur l’échec de cette ambition, voir la contribution
de C. Descheemaeker dans ce même volume.
2. Projet de loi n° 3390, 10e législature, 15 janvier 1914.
3. Selon la loi du 22 avril 1832, le Rapport annuel de la Cour doit être imprimé et distribué
aux chambres, mais le décret du 31 mai 1862 (art. 447) a précisé que le rapport devait être
désormais accompagné des « éclaircissements de l’administration », ce qui ralentit
considérablement la procédure de publication puisqu’il faut désormais attendre les
réponses des services aux observations de la Cour… Le resserrement du calendrier, réclamé
par Caillaux, est donc tout à fait stratégique : il permettrait à la Cour de peser dans la
préparation du budget, ainsi que dans les débats parlementaires qui accompagnent la
discussion et le vote du budget.
4. Il est difficile de dire si des magistrats de la Cour ont contribué directement à ce projet de
loi ; en revanche, on sait que, de 1917 à 1936, ils en ont fait la référence de tous leurs projets
de réforme. Nous n’avons pas d’informations particulières sur l’élaboration et la rédaction
de ce projet de loi, qui à ce jour a pour seul auteur identifié Joseph Caillaux. Notons que son
jeune chef de cabinet est à l’époque Émile Labeyrie dont il sera question plus loin.
5. La Cour des comptes se compose en 1914 de trois chambres. Outre le premier président,
le procureur général, l’avocat général et le greffier en chef (futur secrétaire général à partir
de 1925), on décompte trois présidents de chambre, 18 conseillers maîtres, 92 conseillers
référendaires, 27 auditeurs, soit au total 144 magistrats. Nous remercions J. F. Potton de
nous avoir communiqué ces informations.
6. Il faut attendre 1933 pour voir nommer un premier président et un procureur général
issus de la Cour : Maurice Chotard issu de l’auditorat et Émile Labeyrie, en provenance de la
première présidence.
7. SAEF, B 33 972.
8. Une seule de ces préconisations sera reprise dans la loi Marin du 10 août 1922 sur le
contrôle des dépenses engagées : la communication à la Cour des comptes des rapports
d’ensemble des contrôleurs des dépenses engagées (art. 7), mais pas ceux de l’Inspection des
finances. Sur la loi Marin, son contenu, ses prolégomènes et ses enjeux, Sébastien Kott, Le
contrôle des dépenses engagées, Évolutions d’une fonction, Paris, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 2004.
9. Séances du 4 et du 11 mars 1921, archives de la Cour des comptes, Registre des
conférences des présidents 1895-1922, 2004 001/1.
10. Sur les retards et les désordres comptables, F. Faure et Fleury-Navarin, « La Cour des
comptes et le contrôle des dépenses publiques », in Revue politique et parlementaire, 1921, p.
5-26. Les comités d’économies et les réformes administratives se succèdent entre 1920 et
1922 : commission Selves 1917-1918, commission Courtin en 1918-1919, commission
d’économies Hébrard de Villeneuve à l’été 1919, création de la direction du Budget en
octobre-novembre 1919, Comité supérieur d’enquête sur les économies dit comité Bloch en
1920, comité Marin de réforme administrative en 1922…
11. La direction du Budget est instituée par la loi du 21 octobre 1919 et le décret du 7
novembre 1919. Cf. Nathalie Carré de Malberg, « La naissance de la direction du Budget et
d’un contrôle financier et les grandes étapes d’un développement contrasté 1919-1940 », in
colloque Comité pour l’histoire économique et financière de la France, La direction du Budget
entre doctrines et réalités 1919-1944, Paris, 2001, p. 65-104.
12. Proposition de loi Fleury-Ravarin, Documents parlementaires, Chambre des députés,
Journal officiel, annexe n° 2065, p. 763, 1921, 8 articles. « Nous voudrions un organe chargé de
la vérification méthodique des opérations effectuées, des pièces comptables et des comptes,
dans lesquels est retracée toute la vie financière de l’exercice écoulé, un organe qui vienne
dire au Parlement tout ce qu’il y a d’intéressant dans ces comptes, toutes les infractions au
budget ou aux volontés du Parlement, tous les abus, toutes les dépenses paraissant inutiles,
tout ce qui annonce ou peut faire redouter le gaspillage des deniers publics ». Selon le
député, cet organe ne saurait être que la Cour, qui reprendrait les attributions du Comité
supérieur d’enquête de 1920 et qui serait dotée des plus larges pouvoirs d’enquête sur
pièces et sur place. Son rapport annuel, complété des référés et des réponses des
administrations, serait adressé avant le 1er juillet, à l’instar de la Grande-Bretagne, de
l’Italie ou de la Belgique aux commissions des finances de la Chambre et du Sénat qui
pourront convoquer devant elles le procureur général, le ministre des Finances et les chefs
de service des administrations contrôlées pour des séances contradictoires. Outre le
renforcement des pouvoirs de contrôle du Parlement et plus particulièrement des
commissions des finances, le projet parlementaire est marqué par la volonté d’associer la
Cour au contrôle administratif de la dépense et de « rajeunir » les méthodes de travail de la
Cour (contrôle sur pièces, droit d’enquête, séances contradictoires orales, référés, rapport
public, communication des rapports d’inspection, etc.). Fleury-Ravarin, né en 1861,
sénateur puis député du Rhône, a réussi avec succès l’auditorat du Conseil d’État ; il s’est
intéressé avant 1914 aux questions de fiscalité et aux budgets des chemins de fer. Sur les
propositions de Faure et Fleury-Navarin, « La Cour des comptes et le contrôle des dépenses
publiques », op. cit.
13. Séance du 11 mars 1921, Registre des conférences des présidents 1895-1922, 2004 001/1.
14. La conférence des présidents de manière significative se refuse à autoriser la Cour à
communiquer ses référés au Parlement, au nom de l’indépendance de la juridiction.
15.Mémoires de G. Denoix, premier directeur du Budget, in La direction du Budget entre
doctrines et réalités 1919-1944, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France, 2001, p. 521-569.
16. Préparé par la commission Colson en 1921, le projet de loi gouvernemental déposé le 8
novembre 1921 est voté le 29 décembre 1923.
17. SAEF, B 59 119, commission Courtin, 7 août 1918.
18. Conférence des présidents, 29 novembre 1922, 2004 001/2, et lettre du ministre des
Finances au premier président de la Cour des comptes (SAEF, B 12 387).
19. Pierre Brin, né en 1882, est conseiller référendaire en 1921 et conseiller maître en 1930.
Il fait ses premières armes dans la réforme administrative en tant que secrétaire rapporteur
du Comité d’enquête sur les économies administratives de 1920 à 1925. Président de la
commission de réforme de la comptabilité du département de la Guerre le 30 juin 1930, il
assure le secrétariat de la commission sur les Offices de 1933-1934 et en rédige le rapport
général, publié en 1936. Vice-président du Conseil supérieur des assurances sociales en
1936, il est nommé président de chambre en 1937, procureur général en octobre 1944 puis
premier président en 1948. Il préside à partir de 1946 le Comité central d’enquête sur les
coûts et les rendements des services publics.
20. On mesure le chemin que va parcourir Brin, futur président du Comité d’enquête sur le
coût et le rendement des services publics après 1945.
21. Registre des conférences des présidents de chambre, 29 novembre 1922, p. 9.
22. En 1946, Brin, présidera le Comité d’enquête sur le coût et le rendement des services
publics ; cet organisme aura pour principale activité la réalisation d’enquêtes sur pièces et
sur place dans les services publics.
23. Le rapport Marin est publié au Journal officiel le 10 décembre 1923, mais nulle mesure de
réforme n’a été prévue pour la Cour des comptes par la commission Marin, qui compte
pourtant le procureur général Bloch parmi ses membres.
24. Le comité des experts, créé le 31 mai 1926, alerte néanmoins les pouvoirs publics sur les
offices, qui se sont multipliés depuis la guerre et qui échappent au contrôle du ministère des
Finances comme à celui de la Cour.
25. Le vote de la loi Marin sur le contrôle des dépenses engagées en 1922 est inséparable de
la mise en place à la même époque des premières politiques publiques d’économies et de
réduction des effectifs de fonctionnaires, de l’apparition des premiers Comités d’économies
budgétaires et de réforme administrative et de la prise d’autonomie de la direction du
Budget à partir de 1920.
26. Note de Brunet, sous-directeur, sur les retards accumulés dans la reddition des comptes,
s. d., SAEF, B 50 366.
27. R. Jacomet, Les budgets. Le contrôle de leur exécution. Domat-Montchrestien, Paris, 1935 et
L. Tallineau, « Le questionnaire ayant pour but de faire ressortir les traits généraux du droit
budgétaire (1935) », in colloque La direction du Budget entre doctrines et réalités 1919-1944, Paris,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, p. 317-381.
28. Conférence des présidents, 10 mars 1927, 2004 001/2.
29. Conférence des présidents, séances du 10, 11, 19 et 28 mars, 27 juillet, 30 novembre 1927,
2004 001/2.
30. Cf. la note de Bloch, procureur général, aux rapporteurs en août 1926, son exposé en
conférence des présidents le 24 janvier 1927, sa mercuriale du 31 janvier 1927 et sa note du
8 février 1927. Bloch a été directeur de la Comptabilité au ministère des Colonies en 1900-
1901, directeur des Contributions directes au ministère des Finances et directeur de la
Comptabilité publique en 1912-1913.
31. Par exemple, pour plus d’efficacité, l’idée est émise de créer une « chambre coloniale »
ou de regrouper les comptes afférents à l’Empire dans une même chambre ; idem pour le
contentieux. Mais des divergences importantes au sein de la Conférence opposent les
partisans de la spécialisation et ceux de la tradition : selon l’ordonnance de 1838 et le décret
du 31 mai 1862, « le principe de la juridiction financière, c’est le roulement, non la
cristallisation des magistrats ».
32. Conférences des présidents, 1er mai, 30 juillet 1929, 7 novembre 1930, 2004 0001/2.
33. La proposition est bien en retrait de celle de Caillaux en 1914.
34. F. Monnet, Refaire la République, André Tardieu, une dérive réactionnaire (1876-1945), Paris,
Fayard, 1993.
35. G. Jèze, professeur à la Faculté de droit de Paris, fondateur de la discipline des finances
publiques, est l’un des plus actifs militants de la modification de la date d’ouverture de
l’année financière ; il défend cette mesure depuis la commission Stourm de 1913 et invoque
les modèles anglais, allemand, américain qui ont tous choisi la date du 1er avril. Il se heurte
à l’époque à l’opposition unanime des magistrats de la Cour des comptes et des directeurs
des Finances. Sa deuxième tentative en 1918 au sein de la commission Selves se solde par un
échec ; en 1919, la commission Bloch chargée à nouveau d’étudier le changement du point
de départ de l’année financière semble se rallier à la solution de Jèze, mais la commission
des finances de l’Assemblée emmenée par Marin s’y oppose ; le ministère des Finances en
1920 présente à son tour un projet de loi en ce sens, mais aucun vote n’intervient. En 1926,
le Comité des experts revient à la charge, précédé de plusieurs rapports d’experts,
notamment le rapport Peytral de 1926. SAEF, B 50 364.
36. SAEF, B 33317 et décret du 21 janvier 1930, JO du 22 janvier 1930, p. 725. La commission a
été modifiée par décret le 19 mars 1931 et le 27 mai 1932 afin de proroger sa mission en ce
qui concerne l’amélioration et la simplification des règles de la CP (JO du 1er avril 1931 et du
27 mai 1932). Elle rassemble, sous la présidence de Petsche sous-secrétaire d’État aux
Finances, Laurent, premier président honoraire de la Cour des comptes, Privat-Deschanel,
procureur général honoraire, Bloch, procureur général, Tardit, président de section au
Conseil d’État, Chotard, président de chambre, Fochier, conseiller d’État, Labeyrie,
conseiller maître, Fouchier, conseiller maître, Sauvalle, inspecteur général des Finances,
Drouineau, inspecteur général des Finances, Labussière, directeur de la Comptabilité de
l’Intérieur, Guérin, directeur de la CP, Villard, directeur du Budget et du Contrôle financier,
Guiraud, receveur, Veraguth, TPG, Goby, contrôleur de l’Armée. Lui sont adjoints des jeunes
rapporteurs, Saint-Raymond et Lainé, conseillers référendaires, Hervé-Gruyer, auditeur,
Ripert, Boissard et Allix, inspecteurs des Finances.
37. Au même moment, conformément à certaines préconisations de la commission et sur la
pression du Parlement, le gouvernement Tardieu parachève la loi de 1922 sur le contrôle
des dépenses engagées en l’étendant aux dépenses des ordonnateurs secondaires (loi de
finances du 16 avril 1930, art. 133). La direction du Budget met à l’étude les modalités de ce
nouveau contrôle (B 33 316).
38. Quelques jours après le décret du 16 décembre 1930 portant application du changement
de date de l’année financière, la conférence des présidents de chambre essaie d’évaluer les
conséquences du nouveau dispositif sur les comptables, sur la présentation des comptes
départementaux, sur les arrêts de caisse et sur les transmissions à la Cour. Les magistrats
réitèrent leur opposition à la nouvelle formule qu’ils qualifient d’« illogique et
d’inutilement compliquée » (séance du 19 décembre 1930, 2004 001/2. p. 327). En 1931, en
dépit du nouveau dispositif, le vote du budget n’évite pas les retards habituels. Un an plus
tard, la loi du 31 mars 1932 abroge la loi du 27 décembre 1929.
39. Sur la réforme de la CP qui s’est déroulée de 1930 à 1936, B 33 230, 33 317, 50 367, 50 366,
50 365, 33 357.
40. Drouineau insiste sur le fait que la sous-commission doit se concentrer sur la réforme
des écritures qui n’exige pas de loi, mais une simple décision ministérielle (PV du 5 mai
1930). Celle-ci prendra effet avec l’instruction du 20 novembre 1933 et sera parachevée par
les décrets-lois de juin 1934.
41. Y compris les articles concernant le contrôle des dépenses engagées, les marchés
publics, la procédure et la nomenclature budgétaire ou la Cour des comptes…
42. Pour un bilan des travaux de la commission, SAEF, B 50 366, note du 21 décembre 1933.
43. Drouineau et Bloch veulent intégrer la comptabilité des offices, qui échappe au contrôle
des Finances et de la Cour.
44. Labeyrie se montre très critique dans son rapport de 1933 sur les travaux de cette sous-
commission, parlant de « mesures fragmentaires dont l’application apportera sans doute
quelques améliorations de détail, mais ne constitue nullement la réforme attendue à l’effet
d’établir une comptabilité claire, complète, rapide de toutes les recettes et les dépenses de
l’État » (Rapport, p. 79). En réponse, la direction de la Comptabilité publique dans sa note
bilan du 21 décembre 1933 se félicite du travail accompli, notamment du fait qu’une «
situation du Budget et du Trésor sera désormais établie et publiée mensuellement ; [qu’elle]
permettra au Parlement de suivre en cours d’exercice l’emploi des crédits budgétaires, la
marche du recouvrement des recettes, les variations de la situation comptable de la
Trésorerie ».
45. B 33 317, séance du 17 mai 1934. L’inspecteur général des Finances Drouineau s’oppose
comme à l’accoutumée à la communication à la Cour des rapports de l’Inspection. Quant aux
projets de Labeyrie sur la réforme comptable de 1930 et 1933, ils ne sont pas évoqués et leur
auteur n’est pas auditionné.
46. Bloch et Labeyrie se prononcent d’entrée de jeu en faveur de l’extension des
attributions de la Cour en matière de contrôle des ordonnateurs, au profit du Parlement (B
33 317, séance du 4 février 1930).
47. E. Labeyrie, qui a démarré sa carrière à la Cour des comptes en 1900 comme secrétaire
auprès de son père Henri Labeyrie, premier président, est une « créature » de Caillaux : chef
de son secrétariat particulier en février 1902 rue de Rivoli, il est nommé conseiller
référendaire en septembre de la même année ; en 1913-1914, il est son chef de cabinet, puis
en 1925 son directeur de cabinet sous le cartel des gauches ; il est nommé conseiller maître
en 1925.
48. SAEF, B 50 317, Note Labeyrie du 26 juillet 1930, p. 54-56. Cette note a été précédée d’une
première mouture, présentée le 1er mars 1930 à la Cour des comptes ; elle n’a pas été
discutée au sein de la deuxième sous-commission Chéron consacrée à la comptabilité !
L’antagonisme Drouineau-Labeyrie trouve-t-il ici sa source ?
49. SAEF, B 50 366. Au cours de la discussion du budget 1932, le 30 mars 1931, Caillaux à la
tribune du Sénat reprend le même argumentaire ; la CP assure sa défense auprès du
ministre le 14 avril 1931. Le même thème sera repris dans le rapport Labeyrie de 1933 puis
dans le rapport du sénateur Maulion de 1934, « Étude sur la réforme du Contrôle financier
et de la Cour des comptes » (voir infra).
50. SAEF, B 50 317, note de J. Brunet, sous-directeur, 5 août 1930 et B 50 366, note au
ministre de Guérin, directeur de la Comptabilité publique, 25 octobre 1930. Des propositions
de Labeyrie, le sous-directeur retient la création d’une inspection des comptables
directement placée sous l’autorité de la Comptabilité publique, le rattachement des
contrôleurs généraux des Finances à la direction du Budget et le renforcement de la Cour. Il
ironise sur le caractère « révolutionnaire » des mesures et suggère de ne pas diffuser
prématurément la note.
51. Archives de la Cour, dossier de P. Brin. Les travaux de cette commission aboutissent à un
premier décret du 25 décembre 1932, suivi de deux autres en 1934 et 1935. Pour ses services,
Brin reçoit à deux reprises en 1932 et en 1936 les félicitations de Daladier, ministre de la
Guerre, ainsi que les deux conseillers référendaires qui l’ont assisté, Grandsaignes et Walter,
et le jeune auditeur Devillez.
52. B 50 317.
53. Les interventions de Petsche sur la réforme administrative sont repérées dès 1930 par
L’État moderne. En 1932, Petsche, toujours associé à P. Reynaud, s’intéressera au contrôle des
offices.
54. Le procureur général Bloch semble avoir pris une part active dans l’élaboration du texte
Petsche ; en conférence des présidents, c’est lui qui présente le projet et qui répond aux
objections présentées par les autres magistrats. Sont successivement évoqués le problème
des commissaires du Gouvernement qui apparaissent comme « juges et parties » au sein du
Comité de contrôle financier, le principe de la nomination des membres par le ministre des
Finances, grave entorse à l’indépendance de la Cour, mais qui pourrait se résoudre par une
désignation préalable par le premier président, le souhait du premier président de voir
siéger au Comité les trois présidents de chambre à l’instar du Comité du rapport public. Une
lettre est envoyée en ce sens à Petsche (note au ministre du 29 novembre 1930). Selon Bloch,
les réunions du Comité de contrôle financier devront être fréquentes. (Conférence des
présidents, séance du 28 novembre 1930, 2004 001/2).
55. Commission Chéron, séance du 24 novembre 1930, B 50 366 et 50 317 ; conférence des
présidents, séance du 28 novembre 1930, 2004 001/2 ; Rapport Labeyrie de 1933.
56. Cette proposition est la seule véritable innovation introduite depuis le projet Caillaux ;
elle trahit l’origine de Petsche, ancien auditeur à la Cour des comptes, et pointe l’effort de
modernisation que d’aucuns voudraient voir faire par la Cour des comptes.
57. Conférence des présidents, 28 novembre 1930.
58. Selon Labeyrie, le projet Petsche aurait été enterré par les Finances (Rapport 1933, p. 77-
79). Aucun document dans les archives de la CP ne confirme à ce jour cette affirmation et la
CP semble avoir relayé normalement le projet auprès du ministre (cf. notes au ministre du
directeur, 5 mars et 14 avril 1931, B 50 366). En revanche, la mise en place d’un contrôle des
ordonnateurs rencontre une opposition intraitable du conseiller d’État Tardit, qui reste
néanmoins isolé.
59. Dans les trois gouvernements radicaux de l’année 1933 (Daladier, Sarraut et
Chautemps), se succèdent au Budget Lamoureux, Gardey et Marchandeau, tandis qu’aux
Finances se maintient Bonnet. Les ministres du Budget et des Finances s’accordent pour
poursuivre et accentuer la politique d’économies amorcée par leurs prédécesseurs,
Palmade, Chéron et Germain-Martin (dispositif Palmade du 15 juillet 1932, création du
Comité supérieur d’économies le 22 octobre 1932 ; décret Chéron de janvier 1933
suspendant le recrutement des fonctionnaires ; loi d’économies du 28 février 1933 ; plan
d’économies de Gardey de novembre 1933 ; loi d’économies Marchandeau du 23 décembre
1933).
60. Le poste de secrétaire général aux Finances, occupé pour la dernière fois par Privat-
Deschanel entre 1913 et 1919, a disparu après la guerre ; dans les années 1920 et au début
des années 1930, c’est le directeur du Contrôle des administrations financières qui en fait
office ; en 1932, c’est Bouthillier qui occupe le poste. En décembre 1932, contre tous les
usages, alors qu’aucun magistrat de la Cour n’a jamais été nommé directeur rue de Rivoli,
Labeyrie est nommé secrétaire général du ministère des Finances par Palmade, ministre du
Budget… De façon éphémère puisque, dès le mois d’avril, Labeyrie est de retour à la Cour
des comptes. Bouthillier continue d’occuper de 1932 à 1935 le poste de chef du Service du
contrôle des administrations financières et deviendra secrétaire général du ministère des
Finances en 1938, après le rétablissement du poste par V. Auriol en 1936.
61. Bonnet et Labeyrie fréquentent tous deux les banquets de L’État moderne qui s’apparente
à l’époque à ce que l’on pourrait appeler à la fois un club et un think tank pour les
gouvernements radicaux-socialistes d’avant 1936, notamment sur la réforme de l’État ou
sur la réforme fiscale. Est-ce en compensation de son départ du secrétariat général des
Finances que Bonnet a confié à Labeyrie la rédaction de ce rapport ?
62. Cf. son rapport p. 42-46.
63. Le rapport Labeyrie se trouve au SAEF (B 50 366) et à la bibliothèque de la Cour des
comptes. Long de 93 pages, il comporte quatre annexes : une note de Le Vert, auditeur à la
Cour, sur le service des comptables centralisateurs régionaux de l’administration des PTT,
une note historique de Grandsaignes, conseiller référendaire, sur l’organisation des services
financiers de l’État en France, le discours de Labeyrie du 2 juin 1933 lors de son installation
comme procureur général et une seconde note de Grandsaignes sur la comptabilité publique
italienne.
64. Labeyrie n’appartient pas à l’Inspection des finances ni à la caste des grands directeurs
de la rue de Rivoli ; il a effectué la majeure partie de sa carrière sous la protection de
Caillaux puis de Palmade et Bonnet et vient de quitter le poste transversal de secrétaire
général des Finances pour le poste (inamovible) de procureur général à la Cour. Il a une
liberté, voire une brutalité de ton, qui tranche avec les préconisations feutrées des
traditionnelles commissions de la rue de Rivoli.
65. Labeyrie annonce clairement que leurs émoluments devront être « considérablement
réduits » (p. 46).
66. Cette procédure contradictoire sera précisément celle retenue par le Comité supérieur
de contrôle financier de 1936, mais aussi par le CCECRSP en 1946 et par la CVCEP en 1948.
67. Le cas italien semble bien connu des experts des finances publiques français. Étudié par
l’inspecteur général des Finances Certes en 1887-1888, il l’est à nouveau de façon détaillée
par le conseiller maître V. de Marcé pour le compte de la commission Selves en 1918, puis
par l’inspecteur des Finances H. de Peyster, qui se spécialise dans les missions d’études
internationales ; ce dernier se rend notamment en Italie en 1921 pour le compte du ministre
des Finances Doumer. En 1933, Labeyrie commande une note sur la Cour des comptes
italienne à Grandsaignes, conseiller référendaire. Dans cette note, l’auteur expose le
contrôle préventif qu’effectuent les agents de la Cour des comptes italienne auprès des
ordonnateurs (double visa) et les différentes réformes qui ont affecté cette organisation
entre 1869 et 1928. Il montre comment « la comptabilité administrative est établie et
contrôlée au jour le jour, ce qui facilite la reddition des comptes au Parlement et la rend
très rapide. En même temps, le contrôle préalable assure d’une façon parfaite l’exactitude et
la sincérité de la comptabilité ». D’une façon générale, les travaux menés au sein des
commissions préparatoires de la SDN entre 1926 et 1932 en vue de la conférence sur le
désarmement, ont permis de grands progrès dans l’étude comparative des systèmes
budgétaires et financiers des pays représentés. À la suite de cette expérience fondatrice, R.
Jacomet, contrôleur général de l’Armée et représentant de la France à la SDN, créera en
1935 avec le doyen Allix la section des finances publiques de l’Institut de droit comparé. Le
30 avril 1935, c’est à l’Institut de droit comparé que Grandsaignes prononce une conférence
sur le contrôle préventif italien et ses avantages, publiée dans la Revue de droit comparé en
1937 (p. 43-70). Lors de cette séance, sont présents l’inspecteur général des Finances
Peyster, V. de Marcé, conseiller maître et spécialiste des systèmes comparés de comptabilité
publique et de contrôle financier en Europe, Labeyrie, procureur général, et Mauger,
président de la commission des comptes définitifs du Sénat. La discussion est vive entre
Grandsaignes partisan d’un contrôle préventif des dépenses et des recettes confié à un
grand corps indépendant « qui ne négligerait pas la critique de la gestion », Peyster plus
âgé, peu favorable au contrôle préalable en raison de la dilution des responsabilités et
sceptique sur son efficacité sur le terrain, Marcé, qui rappelle ses propres travaux d’avant-
guerre, Labeyrie, qui revient à la charge sur la nécessité de comptes plus exacts et plus
rapides, et Mauger, très offensif sur la reddition des comptes définitifs et virulent contre le
ministère des Finances.
68. Depuis 1932, Caillaux est président de la commission des Finances du Sénat.
69. Selon l’expression utilisée par le sénateur Maulion dans son rapport d’août 1934 (p. 8,
voir infra).
70. Labeyrie dans son rapport de 1933 pointe le motif budgétaire dans l’échec de la création
en 1930 d’un contrôle des dépenses engagées local : « Sans doute a-t-on reculé devant
l’importance des crédits qui eussent été nécessaires à la création d’au moins 90 emplois
nouveaux de contrôleurs de dépenses engagées dans les départements » (p. 42). Il ne semble
pas voir que son projet en 1933, alors que la réduction des effectifs des fonctionnaires est un
des objectifs prioritaires du Gouvernement, se heurte au même obstacle ! Dans son rapport,
pas une fois il n’aborde la question du financement de sa réforme et la façon dont il pense
obtenir du Parlement les créations de postes correspondantes.
71. On ne connaît pas les réactions des chefs de service de la rue de Rivoli, mais on peut
imaginer qu’en écrivant ce rapport, Labeyrie ne s’est pas fait que des amis. Parmi eux,
Drouineau, et surtout Bouthillier, inspecteur des Finances, avec qui il va croiser le fer à
partir de 1934 jusqu’à l’épisode final en juillet 1940.
72. Séance solennelle, le 3 juillet 1934, 2004 001/27. Le rapport fait en revanche l’objet d’une
note défensive de la part de la CP le 21 décembre 1933 (B 50 366).
73. Quatorze magistrats sont concernés selon le premier président. Labeyrie dénonce une «
loi de sacrifice » et parle des magistrats « sacrifiés en expiation des prodigalités du Budget
et de la Trésorerie » (2004 001/27. discours, p. 1).
74. Depuis son installation comme procureur général, Labeyrie ne cesse de vouloir
moderniser les méthodes de travail de la Cour, qu’il s’agisse de la reddition des comptes et
du travail juridictionnel, des relations avec les administrations publiques, de l’information
du Parlement ou du contrôle de l’exécution du budget (cf. son discours de rentrée le 23
septembre 1933). Une commission interne dite des vacations est créée le 17 novembre 1933
pour mieux apprécier le travail des magistrats et leur productivité. Le retard qui s’accumule
et qui enfle à partir de 1932, alors que la direction de la Comptabilité publique semble avoir
amélioré ses résultats, met en cause la responsabilité de la Cour. Lors de l’audience
solennelle du 1er août 1934, l’avocat général Saint-Raymond déclare que le nombre de
comptes en attente est passé de 12 213 à 14 373 entre juillet 1932 et juillet 1934 et conclut
sévèrement : « La Cour ne juge guère plus des deux tiers des comptes qui lui sont
annuellement adressés ». Face à cette carence de l’institution, il réclame un changement
dans l’organisation du travail : « La division du travail, la spécialisation des tâches sont, en
matière industrielle, la condition nécessaire du développement de la production. […]
Transposées dans le domaine de la vérification comptable, ces principes gardent leur
valeur, mais rencontrent de sérieuses difficultés d’application. L’une des principales dans
notre système de comptabilité publique provient du fait que les justifications relatives à
chaque service sont dispersées dans la comptabilité de 90 départements. Les mêmes
errements s’y reproduisent, les mêmes questions se présentent à l’examen des différents
rapporteurs. Il importe que les pertes de temps et d’efforts qui en résultent soient
désormais évitées. La généralisation du travail par équipe, sous la direction de magistrats
expérimentés, doit permettre à ceux-ci de répartir entre leurs collaborateurs l’étude de
diverses questions, de les guider dans leurs tâches, de les aider à résoudre les problèmes qui
seront posés devant eux. De fréquents contacts entre les différentes équipes, la
réorganisation des services de documentation, faciliteront cette économie des forces,
conditions essentielles pour que la Cour puisse remplir le rôle qui lui a été dévolu par nos
institutions » (2004 001/27).
75. L’objectif prioritaire est l’établissement rapide et synthétique de situations de trésorerie
trimestrielles.
76. Sénateur radical-socialiste du Morbihan, inscrit au groupe de la gauche démocratique,
Paul Maulion a été vice-président de la commission d’administration générale,
départementale et communale. En août 1934, il est le rapporteur général de la commission
de la réforme de l’État.
77. Archives de la Cour des comptes, Rapport Maulion, 10 août 1934, « Étude sur la réforme
du contrôle financier et de la Cour des comptes, présentée à la commission de la réforme de
l’État du Sénat », le 10 décembre 1934.
78. Caillaux, depuis sa présidence de la commission des Finances du Sénat, tonne sur la
mauvaise gestion des finances publiques et en appelle sans se lasser à une nouvelle
comptabilité budgétaire, exacte et fiable : « On nous propose et nous votons des chiffres qui
sont des prévisions, démenties nécessairement par les réalités, qu’il s’agisse de recettes ou
de dépenses. Ce n’est que des années après que sont connus les résultats exacts », cité par G.
Berstein in colloque sur La direction du Budget entre les deux guerres, op. cit., p. 186 (Journal
officiel, Débats, séance du 26 février 1934). L’une des autres marques de cette attention
accrue du Sénat pour la reddition des comptes est la mise en place le 24 janvier 1934 d’une
commission des comptes définitifs ; composée de 18 membres, elle est vice-présidée par
Chéron, ancien ministre (1934-1936) et présidée par Mauger, sénateur radical-socialiste
jusqu’en 1938.
79. Selon Maulion qui a compris qu’il fallait anticiper les objections budgétaires, le coût
serait équivalent à tous les corps de contrôle superposés ou juxtaposés déjà existants.
80. « La comptabilité administrative, centralisée à la Cour des comptes, permettra
l’établissement très rapide des comptes de l’État. Les opérations ayant été vérifiées au fur et
à mesure de leur réalisation, le rapport annuel de la Cour pourra être remis très peu de
temps après la clôture de l’exercice. D’autre part, la vérification des comptes de la
trésorerie, opération presque matérielle et faite trimestriellement, prendra également fort
peu de temps. Les Chambres pourront donc être saisies en temps utile des documents
nécessaires à l’exercice de leur contrôle. Il a paru opportun de laisser au ministre des
Finances le soin de présenter lui-même le compte des opérations de la Trésorerie, qui sont
de son ressort exclusif et dont la Cour se borne à vérifier l’exactitude. Les nouvelles
dispositions entraîneront une modification profonde des méthodes de travail et de la
procédure de la Cour des comptes. Cette haute assemblée perdra son caractère de
juridiction incompatible avec les attributions qui lui sont dévolues. Elle se bornera en effet à
exercer un contrôle sur les comptes de ses délégués et un contrôle sur les comptes de la
Trésorerie, elle ne statuera plus par voie d’arrêt. Elle deviendra une grande administration
indépendante, assimilable en tout point à l’Audit Office de Grande-Bretagne », Rapport
Maulion, p. 26-27.
81. La politique de déflation budgétaire initiée par Germain-Martin atteint son acmé sous le
gouvernement Laval, avec les décrets-lois d’économies de Régnier (réduction des dépenses
publiques de 10 %, abattement sur les traitements des fonctionnaires, chasse aux cumuls
des rémunérations et aux abus, réduction des subventions, prélèvements supplémentaires,
etc.) Les archives de la Cour attestent du soutien du premier président Chotard à la
politique de rigueur gouvernementale (séance solennelle, 2004001/27) ; le 19 juillet 1935,
Chotard déclare : « La Cour des comptes est de tous les grands corps de l’État celui qui a la
mission la plus directe de l’aider dans ce sauvetage des finances […] Nous sommes tous plus
que jamais avec le Gouvernement, avec la légalité, avec le droit, pour la réalisation des
réformes qui mettront dans le fonctionnement de l’État, la souplesse et la moralité ». Le 16
octobre 1935, il se félicite de la contribution des magistrats au redressement financier, soit
dans les cabinets ministériels, soit dans les commissions de réforme administrative
instituées dans les différents ministères, soit dans les Comités chargés de la révision des
pensions et dirigés par le procureur général. Le 25 novembre 1936, il affiche sa satisfaction
d’avoir obtenu un assouplissement du statut des magistrats, qui autorise « la position de
mise en disponibilité pour exercice de fonctions publiques », « sans les enlever
définitivement à la Cour » et qui permet de multiplier leurs concours au Gouvernement.
82. La question de la comptabilité et de sa réforme se situe dès 1920 et particulièrement
dans la période 1930-1934 au cœur des préoccupations des responsables des finances
publiques, qu’il s’agisse des ministres des Finances ou du Budget (Klotz, Lasteyrie, Chéron,
Petsche, Palmade, Bonnet, Germain-Martin et Auriol), des hauts fonctionnaires des Finances
(Célier, Chauvy, Privat-Deschanel, Denoix, Guérin, Brunet, Drouineau, Bizot, Devaux), des
magistrats de la Cour des comptes (Fouchier, Féret du Longbois, Labeyrie, Bloch, Chotard,
Brin, Pomme de Mirimonde, Marcé, Hervé-Gruyer, Grandsaignes), des experts des
ministères techniques (R. Jacomet) ou des parlementaires experts en finances publiques
(Fleury-Ravarin, Milliès-Lacroix, Bérenger, Marin, Faure, Brousse, Caillaux, Chéron, Petsche,
Maulion, Mauger, Schmidt, Gardey). La référence à l’époque n’est pas seulement le modèle
britannique souvent cité et commenté, notamment par Jèze et Jacomet, mais aussi
l’exemple italien, bien connu des hauts fonctionnaires financiers français (Peyster, Marcé,
Grandsaignes, Labeyrie). Cette préoccupation comptable est partagée dans les années 1930
par les professeurs de droit et de finances publiques (Jèze, Allix, Cassin, Reuter), qui dans la
dynamique des travaux de la SDN, à partir de 1935, se mobilisent au sein de l’Institut de
droit comparé et de sa toute nouvelle section des finances publiques. À cet égard, le
diagnostic posé sur la comptabilité publique par les juristes de l’Institut de droit comparé
rejoint largement celui de Labeyrie dans ses rapports de 1930 et 1933 : insuffisance des
comptes des ministres, poids de la comptabilité de caisse, importance du ministère des
Finances dans l’établissement des écritures, faiblesse de la comptabilité des
ordonnancements, faiblesse du contrôle de la Cour sur l’exécution budgétaire et non
participation au contrôle préventif des dépenses, faiblesse du contrôle parlementaire,
focalisation sur la présentation des budgets aux dépens de la reddition et de la certification
des comptes, etc. Sur l’Institut de droit comparé et la question budgétaro-comptable, L.
Tallineau, « Le questionnaire ayant pour but de faire ressortir les traits généraux du droit
budgétaire (1935) », in La direction du Budget 1919-1944, Paris, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 1999, p. 342-348.
83. Sur ces deux réformes, C. Descheemaeker infra.
84. SAEF, B 33 330 et B 33 316.
85. Loi du 28 février 1933, articles 78, 79 et 80, Journal officiel, Lois et décrets, 1er mars 1933, p.
2000. Rattachée à la Présidence du Conseil, cette commission est chargée d’examiner « dans
un délai de trois mois à dater de la présente loi les statuts et les comptes des divers Offices
autonomes dépendant de l’État, soit pour les incorporer dans les services normaux des
ministères, soit pour apporter à leur organisation et à leur gestion toutes les modifications
suggérées par l’expérience et imposées par les nécessités d’économies et le souci de clarté ».
Elle est composée de quatre parlementaires, du directeur du Budget, de Decron, inspecteur
général des Finances, de Brin, conseiller maître, de Laurent, secrétaire général de la
Fédération générale des fonctionnaires, d’un conseiller référendaire et d’un auditeur à la
Cour des comptes (secrétaire).
86.Rapport général, P. Brin, commission des Offices, 15 septembre 1935, JO, annexe, 4 juin
1936, p. 437-446 et rapport public pour 1937-1938, Paris, JO, 15 décembre 1938, p. 29-34.
87. Par exemple, le décret du 19 avril 1934 fusionne l’Office des mutilés et celui des pupilles
de la nation.
88. La mise en œuvre de cette déclaration spéciale de sincérité et de conformité prévue par
l’article 22 du décret du 15 décembre 1934 est précisée par différents textes pour chacun
des offices concernés, par exemple l’Office des combustibles liquides (décret-loi du 25
novembre 1935), le service des Alcools (décret du 18 décembre 1935), les Chemins de fer de
l’État (arrêté ministériel du 11 mai 1936), l’Office industriel de l’azote (décret du 30 juillet
1936), l’Office national de la navigation (décret du 3 novembre 1936). Après la réforme de
1936 et la création de la IVe chambre, la nouvelle réglementation est précisée et complétée
lors de la conférence des présidents du 5 février 1937, sur le rapport du conseiller maître
Calan (2004 001/27, p. 367-369) : 1° jugement des comptes par la chambre juridictionnelle et
arrêt rendu sur la responsabilité du comptable ; 2° examen du « deuxième cahier »
d’observations par la IVe chambre avec présence du conseiller maître qui a rapporté à la
chambre juridictionnelle et qui a voix délibérative à la IVe chambre ; 3° réunion de la
chambre juridictionnelle et de la IVe chambre sous la présidence du premier président pour
adopter le rapport, prononcer la déclaration spéciale de conformité et arrêter les termes du
rapport qui devra accompagner cette déclaration. Voir aussi la note aux rapporteurs n° 195
du 12 février 1937, 2004 001/52.
89. En 1935, les contrôleurs financiers sont au nombre de dix ; en 1938, ils sont quinze,
parmi lesquels cinq inspecteurs des Finances (Le Bec, Delsériès, Sergent, Tournier, Turquet)
et sept membres de la Cour des comptes (Barrié, Devillez, Grandsaignes d’Hauterive, Hervé-
Gruyer, Janton, Lorain). La direction centrale compte par ailleurs trois autres inspecteurs
des Finances chargés de mission (Wailly, Herrenschmidt, Macaux).
90. Dès 1933, Labeyrie, qui soupçonne la direction du Budget de vouloir disposer de postes
de débouchés pour ses administrateurs, juge les contrôleurs financiers de la direction du
Budget coûteux et inutiles !
91. Les modalités de contrôle par la Cour des comptes sont précisées par la note du premier
président aux magistrats n° 195 du 23 février 1939.
92. C’est le premier président Drouineau et le procureur général Godin sous Vichy qui
organiseront le contrôle des associations subventionnées, désormais soumises au contrôle
de la Cour des comptes (conférence des présidents, séance du 19 mai 1941 et arrêté du
même jour, 2004 001/2) ; à cette fin, est mis en place un comité interne, qui établit des
rapports et des notes à destination des départements ministériels, concluant soit au
maintien soit à la suppression de la subvention.
93. La création de ces comités de contrôle financier ministériels, à caractère collégial,
coiffant le contrôleur des dépenses engagées, a été évoquée dès 1918 par la commission
Selves chargée d’étudier le contrôle administratif ; c’est notamment une des grandes idées
de Courtin président de chambre à la Cour, qui voulait confier à de tels comités la
préparation du budget ministériel en même temps que le contrôle de son exécution. Le
nouveau premier président, Guinand, lors de son installation le 16 octobre 1936, en fait
l’éloge.
94. Les ministères de la Guerre et de la Marine ont obtenu dans un premier temps la
réduction des comités de contrôle financier à deux membres, dont un représentant des
Finances (décret du 7 décembre 1935), mais en 1937, ils finissent par s’aligner sur le régime
général.
95. Bouthillier, directeur du Budget, considéré comme le principal artisan de la politique de
déflation budgétaire et administrative, est envoyé en disgrâce à la direction des finances de
la Ville de Paris et du département de la Seine. Sur cette scission et les vicissitudes
administratives que subit la direction en 1935-1936, N. Carré de Malberg, Le grand état-major
financier : les inspecteurs des Finances 1917-1946, Les hommes, le métier, les carrières, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France, 2011, p. 252-258.
96. CHAN, 552 AP 21 et SAEF, B 46 061.
97. En 1938, le contrôle des dépenses engagées compte 17 contrôleurs et 11 contrôleurs
adjoints ; parmi eux, seulement deux inspecteurs des Finances (Cornille et Veyrac). Sous
Vichy, le Budget recouvrera progressivement le contrôle des offices et des établissements à
caractère administratif, industriel et commercial, puis le contrôle des colonies et des
collectivités locales… et les postes de contrôleurs financiers des offices afférents.
98. Le cabinet Auriol compte trois membres de la Cour des comptes, Flouret et
Grandsaignes, conseillers référendaires, et Janton, auditeur, qui suivent les dossiers de
finances publiques, notamment la réforme de la comptabilité et des contrôles.
99. CHAN, 552 AP 21, Projet de loi n° 348, 18 juin 1936, JO, p. 959-960, un article unique, très
général. Il est fait mention d’une coordination accrue des contrôles administratif,
juridictionnel et parlementaire, de la mise en place d’un contrôle des administrateurs
défaillants et d’un contrôle resserré des Offices.
100. Sur les débats parlementaires qui ont entouré le projet Auriol au cours de l’été 1936,
voir le rapport Schmidt au nom de la commission des finances de la Chambre (n° 436, 25
juin 1936, JO, p. 1016-1019), le rapport Gardey au nom de la commission des finances du
Sénat (n° 543, 9 juillet 1936), le rapport Gardey sur le collectif portant création du comité
supérieur de contrôle (Sénat, 13 août 1936, JO, p. 1312), l’avis Mauger présenté au nom de la
commission des comptes définitifs (n° 578, 21 juillet 1936), l’avis Maulion présenté au nom
de la commission de réforme de l’État (Sénat, n° 586, 22 juillet 1936, JO, p. 343-347), le
rapport Petsche au nom de la commission des finances de la Chambre sur le projet de
création du Comité supérieur de contrôle (n° 1055, 8 août 1936, JO, p. 1650-1651). CHAN,
Archives Vincent Auriol, 552 AP 21.
101. Le Front populaire mettant fin à la politique d’économies budgétaires du
gouvernement Laval, Labeyrie a pu croire que le Parlement lui octroierait les postes de
contrôleurs comptables dont il a besoin pour sa réforme… Espérance déçue par le blocage
du Sénat, ultime gardien des deniers publics.
102. La commission des Finances du Sénat récuse le projet d’une Cour des comptes qui
cesserait « de juger les comptes des payeurs pour se consacrer uniquement au contrôle et à
l’examen critique de la gestion des ordonnateurs ». Gardey rappelle ainsi les principes qui
doivent guider selon lui la mission de la Cour : « Quiconque a pénétré même sommairement
dans les services comptables ne peut manquer d’avoir été frappé du souci constant qui y
règne de ne pas donner prise à la moindre observation du juge des comptes […] D’autre
part, si la Cour des comptes perdait ses attributions juridictionnelles pour devenir une sorte
de surintendance générale, devrait-elle conserver son inamovibilité et son titre de cour ? Et
si elle le conserve, ne peut-on entrevoir la possibilité de circonstances où le Parlement
trouverait, non plus à son côté, mais en face de lui le corps dont il aurait si
considérablement accru le rôle ? » (Rapport n° 543, p. 17). Le rapporteur conclut donc qu’il
faut laisser les réformes comptables de 1934-1935 porter leurs fruits et ne pas légiférer à
nouveau, alors même que la réforme commence à peine d’être appliquée et qu’il est risqué
de toucher à « une administration établie » telle que la Comptabilité publique. On imagine
aisément que Brunet, nouveau directeur de la Comptabilité publique et coauteur de la
réforme de 1934 n’a pas souhaité rouvrir le dossier !
103. La commission des comptes définitifs du Sénat, présidée par Mauger, sénateur radical-
socialiste, se prononce elle aussi en faveur d’une réforme de la Cour des comptes, ainsi que
Petsche pour la Chambre.
104. Caillaux, depuis la fin des années 1920, estime que les projets de budget ne sont ni
sincères ni crédibles ; depuis la crise de 1934 et l’adoption des décrets-lois, les budgets ne
sont plus votés selon la procédure normale, mais selon des procédures exceptionnelles qui
ne permettent pas à la commission des Finances du Sénat de procéder à un examen sérieux
des propositions budgétaires (cf. G. Berstein, in colloque sur La direction du Budget entre les
deux guerres, op. cit., p. 192). Sa conclusion est qu’il faut aller vers plus de contrôle a posteriori
conformément à son intuition de 1914.
105. Avec l’abandon des contrôleurs comptables, la réforme du ministère des Finances
tombe elle aussi ; le réseau des comptables du Trésor est maintenu et les trésoriers payeurs
généraux demeurent les pivots du système financier à l’échelon local. La résistance de
l’administration des Finances, l’opposition du Sénat et le manque de moyens budgétaires se
sont ligués pour empêcher toute modification de l’organisation héritée du passé. Quant à la
réforme de l’administration centrale des Finances, elle s’oriente dans une tout autre
direction ; la scission de la direction du Budget, la création d’une direction du Contrôle
financier et des Participations publiques, la recréation d’un secrétariat général absorbant la
direction du Personnel et le Service du contrôle des régies financières, la création de
comités consultatifs pour la réforme de la fiscalité et pour la gestion des régies financières
doivent davantage au nouveau secrétaire général du ministère des Finances, G. Mer,
fondateur de L’État moderne, haut fonctionnaire syndicaliste de l’Enregistrement et
spécialiste du système fiscal, qu’à Labeyrie, réformateur du système comptable.
106. Le rapporteur du Sénat a pris soin de préciser que le comité supérieur de contrôle «
remplira, dans des conditions à déterminer, une mission permanente de contrôle, mais sans
intervenir dans le fonctionnement des services. Les examens sur place ne devront jamais
avoir le caractère d’une inspection. Le comité coordonnera l’action des comités spéciaux de
contrôle financier, mais ne pourra se substituer à eux » (Sénat, débats parlementaires, 1936,
A. Gardey, séance du 13 août 1936).
107. Il faudra attendre la loi du 12 mars 1936 et le décret-loi du 2 mai 1938 pour que le
rapport public soit dans le même temps distribué aux deux chambres, remis au président de la
République et publié au Journal officiel.
108. On se souvient qu’en 1930, la Cour aurait voulu que les trois présidents de chambre
soient membres de droit du Comité supérieur de contrôle financier.
109. Archives de la Cour, plumitif du comité du rapport public 2004 001/53 et 60.
110. Archives de la Cour, 2004 001/52, note aux rapporteurs n° 188, p. 2.
111. Le rapport au président de la République du 31 août 1936 signé par Auriol explicite très
clairement cette filiation et cette continuité entre la commission Chéron, le projet de loi
Petsche, le rapport Labeyrie, les décrets-lois de l’été 1934, les décrets du 30 octobre 1935 et
la loi du 13 août 1936.
112. C’est compter sans la vigilance de Labeyrie qui, dès l’installation du nouveau premier
président, Guinand, le 16 octobre 1936, fixe déjà un nouveau cap à la réforme du contrôle : «
la réglementation de la responsabilité des ordonnateurs. Ce n’est que lorsque ceux-ci, qui
détiennent une partie des pouvoirs de l’État, sauront que leurs fautes seront
obligatoirement soumises à des juges chargés, en toute indépendance, d’en déterminer la
gravité et d’appliquer des sanctions fixées par la loi, que le contrôle de leurs actes trouvera
toute son efficacité ». La cour de discipline financière chère à Courtin resurgit à son tour…
113. SAEF, B 33 230 ; archives de la Cour et rapports publics 1936, 1938 et 1939.
114. En 1938 (tome XXXVI, p. 531-533) et en 1939 (tome XXXVII, p. 245-286), la Revue de
science et de législation financières fait le point sur la mise en place des comités de contrôle ;
elle mentionne passim que certains des rapports du contrôle des dépenses engagées de tel
ou tel ministère ne parviennent toujours pas à la Cour.
115. Archives de la Cour, dossier personnel de Brin.
116. Le Comité supérieur de contrôle est composé du premier président (Guinand), du
procureur général (Labeyrie), du président de la IVe chambre (Fouchier), des présidents des
comités de contrôle financier ministériels et des commissaires de Gouvernement. Lui sont
adjoints des rapporteurs : Savin, Bresson, Priem, Simonnet, Crépey…
117. Ce sera fait dans la loi de finances du 31 décembre 1938 (art. 63).
118. C’est l’occasion de renforcer certains principes expérimentés ou amorcés dans les
années antérieures (la spécialisation des chambres et des magistrats), d’élaborer des
nouveaux outils (le retour aux deux cahiers d’observations) ou de les transformer
radicalement (le rapport public).
119. Plumitif du comité du rapport public, 2004 001/60. Le 5 novembre 1936, c’est la
première séance de la toute nouvelle IVe chambre ; toute une série de rapports de comités
de contrôle financier ministériels y sont examinés et discutés ; il en résulte la
programmation d’une série de notes aux présidents des comités de contrôle financiers
ministériels concernés. Le 12 novembre 1936, il est précisé que les relations et les
correspondances entre la Cour et les comités de contrôle financier se feront par
l’intermédiaire du président de la IVe chambre, Louis de Fouchier ; idem pour les
contrôleurs des dépenses engagées. Le président de la IVe chambre peut envoyer des
instructions générales aux présidents des comités de contrôle financier avec lesquels il
correspond de manière très suivie. C’est ainsi par exemple que le 26 novembre 1936, le
président de la IVe chambre prévoit une note générale à tous les présidents de comités de
contrôle financier sur les abus en matière d’honoraires d’architectes. Le 10 décembre 1936,
c’est avec le ministère des Finances, avec le président du comité de contrôle financier des
Finances et avec le président du comité de contrôle financier du ministère des Colonies que
le président Fouchier décide de correspondre.
120. Plumitif du comité du rapport public 2004 001/60, séance du 13 mai 1937. Cf. le rapport
public de 1938, dernier rapport à avoir été publié au Journal officiel avant la guerre, qui
reproduit les observations issues des rapports annuels des comités ministériels de contrôle
financier pour la gestion 1936-1937. Le rapport pour 1939 (non publié) est lui aussi nourri de
développements tirés des rapports des comités de contrôle financier et des travaux du
comité supérieur de contrôle.
121. Un exemple : les résultats de l’enquête de l’Inspection des finances sur le service du
contrôle des dépenses engagées et sur le service des approvisionnements de la commune de
Toulouse sont communiqués à la IVe chambre (2004 001/60, séance du 19 novembre 1936 et
séance du 4 février 1937).
122. 2004 001/60, séance du 26 novembre 1936. La Cour et la direction du Budget se sont
mutuellement promis de se donner communication du contenu de leurs correspondances
respectives avec les comités de contrôle financier.
123. 2004 001/61. La note n° 185 aux rapporteurs du 25 juin 1936 énumère les questions
auxquelles il conviendra désormais de s’intéresser : les achats d’essence et l’absence de
centralisation des achats de fournitures, les marchés publics et la « théorie de l’imprévision
» ; les révisions de prix pour les marchés ; les primes d’avance et d’exactitude dans les
marchés de fournitures et de travaux ; les retards dans l’exécution des marchés de travaux ;
toutes les questions se rapportant aux subventions, etc.
124. Plumitif du comité du rapport public 2004 001/60, séances du 5 novembre 1936, 10 et
17 décembre 1936, 14 janvier 1937, 21 janvier et 29 janvier 1937, 4 février 1937, 17 et 18 mars
1937, 8 avril, 15 avril, 22 avril et 29 avril 1937, 13 mai et 27 mai 1937.
125. Séance du 29 janvier 1937. Faut-il ou non assujettir la Caisse au contrôle financier de
l’État ? Sur cette question importante, c’est Brin qui mène le débat et qui fait part de son
expertise.
126. Le 15 avril 1937, à l’ordre du jour, la réorganisation du ministère de l’Intérieur, le 29
avril 1937, celle de l’Éducation nationale et des Universités, le 27 mai 1937, celle du
ministère des Colonies.
127. SAEF, B 33 230.
128. Voici quelques extraits des ordres du jour : séance du 4 mai 1938 : contrôle des
dégrèvements ; sociétés des HBM et de crédit immobilier ; services de préservation
antituberculeuse ; office d’HBM de Courbevoie ; détournements de M. X. Séance du 11 mai
1938 : contrôle des subventions de l’État aux compagnies de navigation ; contrôle des taxes
aux affectations spéciales ; contrôle du musée du Trocadéro. Séance du 25 mai 1938 :
contrôle des dépenses engagées de la Ville de Paris ; cumul des rémunérations publiques ;
contrôle des recettes à l’impôt et aux Domaines. Séance du 1er juin 1938 : situation
financière du budget annexe des PTT ; défaut d’envoi à la Cour des comptes des offices
industriels marocains ; participations dans les mines de potasse et attributions aux
départements d’Alsace-Lorraine ; ONIA. Séance du 8 juin reportée au 15 juin : comptes
d’Alsace-Lorraine ; chemins de fer d’Alsace-Lorraine ; réorganisation du régime des chemins
de fer d’intérêt général ; caisse de solidarité contre les calamités agricoles ; frais de
trésorerie ; mise en vigueur de la réforme de la comptabilité instituée par le décret du 1er
septembre 1936 ; clôture des recouvrements des contributions directes. Séance du 22 juin
1938 : sous-évaluation des dépenses obligatoires au moment de la présentation du budget ;
procédures de règlement amiable en matière de marchés de travaux publics. Séance du 29
juin 1938 : prélèvement de 1 % en faveur des asiles de Vincennes et du Vésinet. Séance du 20
juillet 1938 : rapports du comité supérieur de contrôle financier et des comités de contrôle
financier des différents ministères avec les contrôleurs financiers des offices et des
établissements autonomes.
129. La réforme de 1936 sera parachevée par le décret-loi du 2 mai 1938 qui fixe de
nouvelles règles pour la publication du rapport public au Journal officiel.
130. 2004 001/27. Séance solennelle d’installation, 16 octobre 1936, discours de V. Auriol
ministre des Finances et allocution du premier président Guinand qui insistent tous deux
sur les interventions croissantes de l’État dans l’économie et dans les relations sociales : «
L’extension incessante des attributions de l’État et des collectivités publiques, leurs
interventions toujours plus nombreuses dans le domaine de l’activité économique, rendent
particulièrement nécessaire l’application stricte des règles tutélaires qui sont de tous les
temps et de tous les pays » (V. Auriol).
131. Le premier président Guinand, lors de son installation le 16 octobre 1936, affirme que
la réforme de 1935-1936 « doit permettre d’une part la production rapide des comptes en
vue d’éclairer à chaque instant le ministre des Finances et de renseigner le Parlement au
moment même où ils sont appelés à prendre des décisions budgétaires, l’examen des
comptes devant devenir l’élément essentiel de la justification des comptes ; d’autre part, le
renforcement du contrôle que rendent nécessaire l’ampleur des dépenses publiques, la
multiplicité des formes qu’elles revêtent et la complexité des services qu’elles doivent
permettre d’assurer » (2004 001/27).
132. Le procureur général Godin lors de la séance solennelle du 4 octobre 1938 (2004
001/28) présente le bilan de la IVe chambre dite « administrative » pour 1937-1938. Sur les
400 questions dont a été saisie la IVe chambre, si plus de la moitié sont venues des chambres
juridictionnelles, 60 sont issues d’« observations administratives » ou d’études réalisées par
des rapporteurs de la Cour et 70 proviennent des comités de contrôle financier ministériels.
Ces travaux ont alimenté 47 insertions au rapport public, 72 référés, 35 notes aux comités
de contrôle financier, 16 notes au Parquet et préparé les 7 séances du comité supérieur de
contrôle financier.
133. D’un côté Bouthillier, jeune inspecteur des Finances né en 1901, conseiller budgétaire
et financier de Germain-Martin, ministre de droite, parfaite figure du jeune technocrate,
antiparlementariste et partisan d’un régime d’autorité, directeur du Budget et principal
artisan de la politique de déflation budgétaire de Laval, adversaire des syndicats de
fonctionnaires ; de l’autre, Labeyrie, né en 1877, l’homme de Caillaux, arrivé à la Cour par la
faveur politique, proche des milieux parlementaires radicaux-socialistes et socialistes,
partisan du syndicalisme des fonctionnaires, ancien secrétaire général des Finances,
adversaire de la politique « anti-fonctionnaires » de Doumergue et Laval, conseiller d’Auriol
ministre SFIO… Entre ces deux hommes que tout oppose, la rivalité personnelle,
générationnelle et politique se double d’une rivalité administrative et doctrinale dans la
conception et la réforme du système de gestion des finances publiques.
134. Drouineau devenu premier président en 1941 se montre très critique à l’égard du
système de contrôle financier mis en place dans l’entre-deux-guerres : « Le contrôle
financier ne se suffit pas à lui-même. Il n’est qu’un moyen […] Un contrôle financier même
rudimentaire sera efficace si ses constatations sont suivies de sanctions. À l’inverse, le
contrôle financier pourra être savamment et puissamment organisé, s’il n’aboutit pas à des
sanctions, il est inutile. C’est pour avoir méconnu cette réalité que, durant les cinquante
dernières années on a sans cesse multiplié, réaménagé, superposé les organismes de
contrôle financier, en croyant que leur inefficacité constatée venait de leur insuffisance. Le
régime nouveau fondé sur la responsabilité effective des administrateurs peut permettre un
renversement complet » (discours du premier président Drouineau lors de la réception à la
Cour des comptes de M. Yves Bouthillier, ministre secrétaire d’État à l’Économie nationale
et aux Finances, le 5 juin 1941, p. 9, 2004 001/28). Le ministre des Finances, Bouthillier, n’est
pas plus amène et parle dans sa réponse à Drouineau de la « manie verbale du contrôle »
sous la IIIe République, « qui provoquant le pullulement des contrôles ruinait le contrôle
même » (discours de Bouthillier, le 5 juin 1941, p. 2, 2004 001/28).
135. Les archives de la direction de la CP attestent de la coopération qui s’est établie entre
la Cour des comptes, le Comité supérieur de contrôle, la direction du Budget et la CP dans
les années 1936-1939.
136. SAEF, B 33 316. À partir de 1937, la direction du Budget et le CDE du ministère de la
Défense nationale, maintes fois mis devant le fait accompli, protestent contre les multiples
transgressions de la réglementation des marchés, des commandes et des engagements de
dépenses commises par les services de la Guerre et du Réarmement…
137. Discours du premier président Drouineau lors de la réception à la Cour des comptes de
M. Yves Bouthillier ministre secrétaire d’État à l’Économie nationale et aux Finances, le 5
juin 1941, 2004 001/28.
138. Le comité budgétaire a tenu 14 sessions, jusqu’en juillet 1944.
139. 21 exactement. L’Inspection des finances fournit le même nombre de rapporteurs,
parmi lesquels Rueff, Ardant, Clappier, Delouvrier…
140. Les rapporteurs appartiennent à la Cour et à l’Inspection des finances. À partir de la loi
du 16 mai 1941, la Cour connaît une hausse des effectifs de ses conseillers maîtres ; elle
compte désormais 36 conseillers maîtres (8 par chambre), 70 conseillers référendaires et 34
auditeurs, auxquels s’ajoutent les quatre présidents de chambre, le procureur général et
l’avocat général, ainsi que le premier président et le secrétaire général. La IVe chambre
créée par la réforme Auriol-Labeyrie devient à partir du 30 octobre 1940 une chambre
comme les autres.
141. Discours de Drouineau, 5 juin 1941.
142. Drouineau, en parlant ainsi, est d’une parfaite mauvaise foi ; c’était exactement le but
de la réforme de 1936, dans son volet comptabilité administrative comme dans son volet
Comité supérieur de contrôle financier.
143. 2004 001/62. Drouineau définit soigneusement dans une note aux rapporteurs en date
du 7 mai 1941 les relations entre le comité budgétaire et la Cour dans son contrôle de la
comptabilité administrative : « La vérification des pièces de dépenses des chapitres
spécialement signalés au budget de 1941 commencera aussitôt la réception des pièces à la
Cour. Elle ne doit pas être une vérification par épreuves ni par sondages, mais une
vérification intégrale et approfondie. Les observations mettant en cause la responsabilité
des payeurs telles que : paiements injustifiés, erreurs de décomptes, etc. seront renvoyées
au rapporteur du compte de gestion. Les observations mettant en cause la responsabilité
des ordonnateurs telles que : irrégularités dans les marchés, critiques d’ordre administratif,
etc. feront l’objet d’un référé. Les observations relatives au mauvais emploi des crédits
seront renvoyées au secrétariat général du comité budgétaire. Les rapporteurs pourront
consulter sans déplacement les dossiers du secrétariat général. En outre, les rapporteurs
établiront en fin d’exercice le tableau général de l’emploi des crédits, selon un cadre de
développement qui sera nécessairement approprié à chaque chapitre et sur lequel ils se
mettront préalablement d’accord avec le secrétaire général du comité budgétaire. J’appelle
tout spécialement l’attention de MM. les rapporteurs sur l’importance de ce travail. C’est en
effet une des lacunes les plus graves de l’organisation actuelle que l’absence de ce compte
rendu que seule la Cour des comptes est en mesure d’établir. En effet, le compte rendu par
le ministre est purement financier et global. Les directeurs de divers établissements
adressent bien à leur ministre un rapport annuel qui dans une certaine mesure pourrait
atteindre le but recherché ; mais cette production est très fragmentaire. Les contrôleurs des
dépenses engagées auraient avec leurs fiches d’engagement les éléments nécessaires pour
établir ces relevés ; mais en fait, ils ne le font pas et d’ailleurs ils ne connaissent pas, par le
détail, les dépenses faites sur les crédits de délégation. Seule donc la Cour a tous les
éléments de cette récapitulation et les seuls éléments valables, puisque ce sont des
paiements effectués. L’établissement de tous ces relevés, tous les enseignements
comparatifs que l’on pourra en tirer, seront pour l’autorité budgétaire (quelle que soit la
forme définitive que celle-ci puisse recevoir) un document capital pour la détermination
des dotations budgétaires – ainsi que pour le jugement à porter sur le bon emploi que les
administrations font des crédits qui leur sont alloués ». Le 5 octobre 1943, dans sa note pour
les rapporteurs n° 256 au sujet de la comptabilité administrative, il insiste : « Il peut arriver
que l’examen des mandats et pièces justificatives vous permette, non pas de relever des
irrégularités indiscutables, mais de constater que des dépenses régulières en la forme sont
inutiles, excessives, critiquables du point de vue d’une saine et économique gestion des
crédits. Dans cette hypothèse, la seule suite à donner à vos découvertes, c’est le renvoi au
comité budgétaire. Vous ne devez pas craindre de multiplier ces renvois. Le comité
budgétaire en effet, lorsqu’il est saisi de demandes d’augmentation de crédits formulés par
les administrations, manque le plus souvent d’éléments certains sur le point de savoir si les
dotations des chapitres sont excessives ou insuffisantes. Tous les renseignements que vous
lui communiquerez sur la gestion des crédits, tous les exemples de gaspillage que vous lui
apporterez lui seront donc précieux ; ils constitueront en quelque sorte un témoignage de
moralité sur le degré de confiance que l’on peut accorder à tel ou tel service. Ils lui
fourniront ainsi une base solide de discussion pour écarter les demandes injustifiées de
crédits » (2004 001/52).
144. Cf. de son propre aveu Bouthillier lui-même, Le drame de Vichy, Paris, Plon, 1950, p. 368-
372. Voir aussi la lettre alarmiste adressée par le président du comité budgétaire
(Drouineau) le 22 décembre 1941 au maréchal Pétain concernant « la progression constante
et rapide des dépenses »,comité budgétaire, Rapport au Maréchal de France, chef de l’État sur le
budget de l’exercice 194, p. 21-22 et le rapport du comité budgétaire sur le budget de l’exercice
1944 où le président du comité budgétaire déplore la création de 190 000 emplois nouveaux
en cinq ans, soit près de 40 000 par an (p. 15).
145. Les insertions au rapport public ont cependant disparu ainsi que la procédure
contradictoire orale, marque distinctive du Comité supérieur de contrôle financier.
146. Rapport public 1939 non publié, 28 juillet 1939, p. 26- 30, 2006 001/43.
147. Discours du premier président Drouineau lors de la réception à la Cour des comptes de
M. Yves Bouthillier, ministre secrétaire d’État à l’Économie nationale et aux Finances, le 5
juin 1941. En dépit de ses déclarations, Drouineau n’est guère précis sur la définition des
responsabilités des administrateurs ni sur la nature des sanctions qui pourraient être
introduites dans le droit comptable et budgétaire.
148. Selon Jean-François Potton, La Cour des comptes pendant les années noires (1939-1945),
Paris, La Documentation française, 2010, p. 40, c’est l’auditeur Costa qui aurait rédigé
plusieurs notes et rapports sur cette question ; leurs conclusions sont adoptées par le
premier président et le comité budgétaire en 1943.
149. Conférence du président Brin à l’ENA le 12 octobre 1950, dossier personnel, Archives
de la Cour. L’auteur indique deux raisons à l’abandon des comités de contrôle financier : ils
« enserraient vraiment trop l’action du ministre » et « les corps de contrôle ministériels ne
tenaient pas à être placés sous la tutelle de la Cour des comptes qui elle-même n’avait
nullement réclamé une telle réforme ». P. Brin se montre ici bien oublieux de la réforme de
1936 et du soutien apporté par les responsables de la Cour des comptes à la mise en place du
dispositif pyramidal de contrôle financier. D’ailleurs en 1947, le rapport public sur la
gestion des administrations entre 1939 et 1945 n’est pas aussi catégorique et souligne bien
que le contrôle de la gestion des administrations et des offices n’est plus aussi aisé,
maintenant que l’ancien dispositif a disparu. Sans doute, en 1950, P. Brin veut-il se faire
discret sur une réforme associée à E. Labeyrie, dont le nom depuis 1946 n’est plus en odeur
de sainteté auprès des nouveaux pouvoirs publics. Sur l’opprobre jeté sur E. Labeyrie à la
Libération, J.-F. Potton, La Cour des comptes..., op. cit., p. 20 ; 86-91.
150. La Cour des comptes, moins impliquée politiquement dans le régime du Vichy et dans
la collaboration avec l’occupant, placée en retrait de la gestion économique au jour le jour
de l’État sous l’Occupation, ne subit pas en 1944-1946 le même discrédit que l’Inspection des
finances ni les mêmes mises en cause politiques ; entre 1946 et 1948, elle perçoit les
dividendes de sa discrétion politique et de sa relative bonne tenue et voit ses missions
étendues.
151. Archives de la Cour, séance solennelle du 30 juillet 1946, 2004001/29. « Devant
l’augmentation des crédits budgétaires demandés par les diverses administrations, le
Gouvernement et l’Assemblée constituante ont estimé que la Cour des comptes, qui seule
connaît l’emploi fait des crédits budgétaires, était bien placée pour donner à la commission
des finances des renseignements lui permettant de réduire en connaissance de cause des
crédits exagérés ; et en application de la loi du 28 févriers 1946, consacrant cette nouvelle
procédure, 24 magistrats de la Cour ont été adjoints, à titre de conseillers techniques » aux
rapporteurs de la commission des finances. Trois mois plus tard, lors de la séance solennelle
du 8 novembre 1946, le nouveau premier président Le Conte dit sa satisfaction de voir
reconnue la place de la Cour dans le fonctionnement des institutions : « L’Assemblée
nationale pourra charger la Cour des comptes de toutes les enquêtes et études se rapportant
à l’exécution des recettes et des dépenses publiques ou à la gestion de la trésorerie »
(2004001/29).
AUTEUR
FLORENCE DESCAMPS
Normalienne et agrégée d’histoire, Florence Descamps est maître de conférences en histoire
à l’École pratique des hautes études (EPHE). Elle y anime un double séminaire sur la création
et l’utilisation des témoignages oraux en histoire contemporaine et sur l’histoire du
ministère des Finances au XXe siècle. Elle participe depuis 2005 au groupe de pilotage du
séminaire Histoire de la gestion des finances publiques XIXe-XXe siècles et a codirigé la
publication du premier volume des actes L’invention de la gestion des finances publiques.
Élaborations et pratiques du droit comptable et budgétaire au XIXe siècle (1815-1914). Elle a publié
de nombreux articles sur le ministère des Finances au XXe siècle et sur la réforme de l’État.
Dernièrement, elle a publié « La RCB 1966-1971 : une première expérience managériale au
ministère des Finances ? », in E. Godelier, M. Le Roux, G. Garel, A. David et E. Briot (dir.),
Pensée et pratiques du management en France. Inventaire et perspectives 19e-20e siècles, 2011,
consultable en ligne sur http://mtpf.mlab-innovation.net/fr/sommaire/chapitre-2/la-rcb-
1966-1971-une-première-expérience-managériale-au-ministère-des-finances.html?
PHPSESSID=6a35f3663f90efc5f44bf6a739069703 ; « Les inspecteurs des Finances et la
réforme de la gestion publique au XXe siècle », in F. Cardoni, N. Carré de Malberg et M.
Margairaz (dir.), Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France/IGPDE, 2012, p. 141-150 et « Les
techniciens des Impôts et la naissance d’une expertise fiscalo‑financière : L’État moderne
1928-1939 », in F. Monnier et J.-M. Leniaud (dir.), Experts et décisions, Paris/Genève, Droz,
2013, p 47-57.
Labeyrie et la comptabilité
1
administrative de l’État
Christian Descheemaeker
Introduction
Les années 1930 ont été riches en projets de réformes comptables et
les propositions d’Émile Labeyrie, qui fut procureur général près la
Cour des comptes puis premier président de cette juridiction, y
occupent en 1930-1933 une place importante. La comptabilité de
l’État est en effet un sujet essentiel dans les projets destinés à
améliorer la gestion publique et ces propositions font partie de
l’histoire de la gestion publique. Le présent article traite d’une
grande ambition comptable et d’un échec, mais d’un échec qui n’est
que partiel : une réforme a bien lieu, même si ce n’est pas
exactement celle qui était proposée et voulue par son auteur.
Le contexte des propositions de réforme de Labeyrie est
mouvementé. La France, qui connaissait les graves séquelles
financières de la Grande Guerre, subit certes la crise économique
plus tardivement et moins violemment que d’autres pays ;
néanmoins, quelques années d’optimisme économique sont vite
remplacées par la rigueur budgétaire.
Émile Labeyrie (1877-1966) commence sa carrière en 1900 à la Cour
des comptes comme attaché au secrétariat du premier président,
c’est-à-dire de son père, Henri Labeyrie (1844-1901). Par cette voie
étroite qui permet de contourner les aléas du concours de l’auditorat
et est ouverte au népotisme républicain, il devient conseiller
référendaire en 1902. Sa carrière, ses idées et son influence ne se
comprennent que si l’on tient compte des liens qui l’unissent
pendant plus de trente ans à Joseph Caillaux, dans le secrétariat ou le
cabinet duquel il œuvrera dès 1902, puis en 1913-1914 et encore en
1925.
C’est précisément en 1925 que Labeyrie est promu conseiller maître
et c’est avec ce grade qu’il siège à la commission Chéron à partir de
1930 – début de la période étudiée – puis qu’il est chargé en avril
1933 de préparer une réforme comptable. En juin 1933, avant d’avoir
remis ce rapport, il est nommé procureur général. En mai 1936, sous
le Front populaire, il accepte de remplir les fonctions de gouverneur
de la Banque de France, mais sans être remplacé dans son poste au
parquet de la Cour des comptes. En juillet 1937, il retrouve son poste
puis est nommé en octobre premier président de la Cour, à un
moment où des mesures qu’il avait préconisées – et d’autres qui
s’écartent de ses propositions – commencent à être appliquées 2 . La
guerre survient alors que celles des réformes prônées par Labeyrie
qui sont passées dans la réalité administrative sont à peine entrées
en vigueur, ce qui a évidemment une incidence sur leur effectivité.
Certaines seront durables, d’autres éphémères.
Avec le recul, les changements que l’on doit à Labeyrie concernent
bien moins la façon dont les services du ministère des Finances
tiennent la comptabilité administrative de l’État – son objectif
premier – que la façon dont la Cour des comptes contrôle la gestion
des services de l’État – son objectif second.
I. L’ambition de Labeyrie : donner la première
place à la comptabilité administrative de
l’État
Labeyrie considère qu’un État ne peut être correctement gouverné
sans l’outil de gestion de base que constitue une comptabilité exacte.
Il formule sur ce sujet ses propositions en deux occasions dans une
période où la comptabilité de l’État est en mauvais état et où les
projets de réforme sont nombreux. À l’époque, il siège à la Cour des
comptes et, s’il est nommé secrétaire général du ministère des
Finances le 21 décembre 1932, il n’y fait qu’un passage éclair. Deux
documents retracent ses propositions de réforme : en 1930 et en
1933.
Pour que l’État dispose d’une comptabilité fiable, Labeyrie propose
une réorganisation des services du ministère des Finances et des
divers contrôles existants. Il veut aussi transformer la façon dont la
Cour des comptes contrôle les finances de l’État. La comptabilité
administrative de l’État – c’est-à-dire celle des ordonnateurs,
distincte de celle des comptables – est au centre de ses
préoccupations, qu’il s’agisse de la façon dont les services la tiennent
ou des contrôles qui s’exercent sur eux.
Conclusion
Labeyrie a fait ressortir avec acuité en 1930 et 1933 une grave lacune
dans la gestion publique : la comptabilité de l’État était mal tenue et
les comptes étaient faux. Ses propositions de réforme partent de ce
constat pour dessiner ce que doit être un dispositif administratif
capable de tenir convenablement la comptabilité. Ce faisant, il
attaque de front le ministère des Finances pour son incapacité à
produire depuis des années des comptes fiables, instrument essentiel
de la gestion publique. Il fait un choix : rétablir la comptabilité
administrative, au sens précis de l’expression, et lui donner la
priorité sur la comptabilité de caisse privilégiée par le ministère et
son réseau de comptables. Pour y parvenir, il préconise une
réorganisation administrative qui ne se fera pas. Néanmoins la
comptabilité administrative de l’État s’améliore et, si elle ne devient
pas l’instrument principal de pilotage financier que Labeyrie avait
l’intention et la volonté de rétablir, celui-ci peut estimer à juste titre
que des progrès réels ont été accomplis sous son influence.
C’est la Cour des comptes qui a le plus changé sous l’influence de
Labeyrie. En 1986, le procureur général Moinot 72 évoquait « la
réforme de 1935 faite sous l’autorité du procureur général Labeyrie »
et notait à cette occasion qu’en plus d’un siècle, « la Cour avait à
peine vieilli ». Ces remarques étaient une façon discrète d’évoquer le
« grand réveil 73 » de l’institution de la rue Cambon et de le dater
non pas de 1945, mais des années 1930. Les idées qui ont été
retracées, et qui ne sont pas seulement celles de Labeyrie, ne
s’inscrivent pas dans un mouvement linéaire de rénovation des
modes de gestion et de contrôle des services de l’État. Les points de
vue n’ont pas toujours convergé, les résistances n’ont pas manqué et
certaines réformes comme les comités de contrôle financier n’ont
été que des parenthèses administratives. Retracer les réformes
imaginées, proposées ou réalisées dans les années 1930-1940 est une
tâche qui dépasse les limites du présent travail. Le foisonnement est
indéniable, les redites et reprises fréquentes 74 .
Les préoccupations de Labeyrie et le mouvement de réforme dans
lequel il a été largement impliqué n’en ont pas moins abouti au
palais Cambon à des changements marquants et durables. La Cour a
connu une évolution réelle, même pendant l’Occupation, tandis que
s’amorçaient et mûrissaient d’autres réformes qui seront menées
après la fin de la guerre : extensions successives du champ de
compétence propre de la Cour, inscription d’une de ses missions
dans la Constitution de 1946, création d’institutions dites associées
que sont le Comité d’enquête sur le coût et le rendement des services
publics, la Commission de vérification des comptes des entreprises
publiques, la Cour de discipline budgétaire et financière.
La mémoire collective de la Cour des comptes attache le nom de
Labeyrie à une réforme qui est celle des contrôles des services de
l’État : les contrôles dits de « comptabilité administrative », manière
entièrement renouvelée d’exploiter les pièces justificatives des
comptables principaux de l’État. Le rapport Labeyrie de 1933 décrit
une réforme de la comptabilité administrative de l’État qui est autre.
Cette situation est paradoxale, mais l’étude des propositions et des
réformes ne fait ressortir ni attribution erronée à Labeyrie de ce qui
reviendrait à un autre, ni usurpation. Le glissement sémantique est
en revanche incontestable. Il s’est produit à la Cour des comptes où
l’expression « comptabilité administrative » a été durablement
utilisée avec une signification qui est trompeuse, ce qui donne raison
à Pol Regnault, déjà cité, qui commence son ouvrage de 1937 sur la
réforme de la comptabilité publique par un chapitre entier sur la
terminologie, car il en connaît l’obscurité. Ainsi expliquée, la
réforme Labeyrie de 1935-1936 n’est pas le projet Labeyrie de 1930-
1933, mais son auteur conserve et mérite sa réputation de
rénovateur. À ce titre, il a sa place dans l’histoire de la gestion
publique en France et dans l’histoire de la Cour des comptes.
NOTES
1. Le présent article est tiré d’une partie des deux exposés présentés avec Florence
Descamps le 16 mars 2007 à Bercy et le 23 avril 2007 à Noisiel (Seine-et-Marne), dans les
locaux de la chambre régionale des comptes d’Île-de-France, dans le cadre du séminaire.
Voir Florence Descamps et Christian Descheemaeker, « Le rapport Labeyrie ou la
réinvention de la comptabilité administrative 1933-1940 », Revue française de finances
publiques, n° 101, mars 2008.
2. Il est révoqué par Vichy en octobre 1940.
3. Du nom du ministre des Finances du gouvernement Tardieu. Voir Revue de science et de
législation financière, 1930, p. 539.
4. Sur la commission Chéron, voir Florence Descamps dans le même volume.
5. Voir le commentaire qu’en fait Pol Régnault La réforme générale de la comptabilité publique,
Paris, 1937, et Revue de science et de législation financière, 1934 et 1935.
6. Le projet de loi Caillaux de 1914 préconisait la communication des rapports des corps de
contrôle à la Cour des comptes ; déposé par Caillaux, ministre des Finances, voté par la
Chambre des députés le 31 mars 1914, il fut ensuite transmis au Sénat qui, en raison de la
guerre, ne le vota pas. La commission de 1917-1918 réclamait la transmission des rapports
de contrôle à la Cour et était tombée d’accord sur la communication systématique des
rapports annuels, à défaut des rapports particuliers tenus simplement à la disposition de la
Cour.
7. Le projet de loi Caillaux déjà cité.
8. Décret du 8 avril 1933, article 1er : « Dans un délai de six mois, sera soumis aux ministres
des Finances et du Budget un projet de réorganisation complète de la comptabilité publique,
comportant toutes améliorations et simplifications susceptibles d’être apportées aux règles
de la comptabilité publique et au contrôle des finances publiques. Ce projet s’appliquera
également aux établissements annexes de l’État ». Article 2 : « M. Labeyrie, conseiller maître
à la Cour des comptes, est chargé de la préparation et de la présentation dudit projet ».
9. Le rapport Labeyrie se trouve notamment à la bibliothèque de la Cour des comptes. Il est
commenté dans l’ouvrage collectif La Cour des comptes publié en 1984 par le CNRS, p. 657 à
660. Une analyse du document figure dans P. Regnault, La réforme générale..., op. cit.
10. Audiffret, Le système financier de la France, Paris, imprimerie et librairie administratives
de Paul Dupont, 1863, 6 volumes.
11. Sur le projet de loi Petsche, voir Florence Descamps dans ce même volume.
12. La réforme du contrôle de l’engagement des dépenses décidée par la loi du 24 décembre
1890 et reprise par la loi de 1922 a été étendue aux dépenses des ordonnateurs secondaires
par la loi de finances du 16 avril 1930 (art. 133). Aucune mesure d’application n’a encore été
prise quand Labeyrie rédige son rapport.
13. Il le fait avec une grande brutalité de ton. Sur la réforme du ministère des Finances, voir
Florence Descamps dans le même volume.
14. Sébastien Kott, « Les prescriptions budgétaires et comptables dans les grands textes
financiers », Revue française de finances publiques, n° 86, avril 2004, pages 57 à 73.
15. Puisqu’elles attestaient la conformité entre des éléments de comptabilité issus non pas
de deux ensembles différents – les ordonnateurs et les comptables – mais du même
ensemble, la comptabilité de caisse tenue par les comptables.
16. Au-delà d’un seuil financier donné ; la Cour juge les comptes des comptables, et contrôle
aussi les comptes administratifs des ordonnateurs et, de fait, leur gestion.
17. P. 85 et 90 respectivement.
18. Repris en annexe du rapport.
19. Le discours de Labeyrie à l’audience solennelle de la Cour du 2 juin 1936 est plus clair
que son rapport : la Cour aura à sa disposition les informations que les grands corps
d’inspection – l’Inspection des finances n’est pas mentionnée, mais c’est elle qui est visée en
premier lieu – recueillent sur place (archives de la Cour, 2004-001, cote 27).
20. Jean-Baptiste Say, Cours complet d’économie politique pratique ; l’économie des sociétés, tome
VI, Paris, Raspilly, 1829, p. 213.
21. Même s’il s’éloigne pendant un an de la Cour des comptes pour occuper les fonctions de
gouverneur de la Banque de France (1936-1937) au moment du changement de statut de la
Banque centrale.
22. Florence Descamps, « L’État moderne, une contribution originale des fonctionnaires des
Finances à la réforme de l’État, 1928-1940 », Revue française d’administration publique, n° 120,
décembre 2006.
23. Auquel le rapport Labeyrie donnait peu de place mais qui s’est inséré dans les réformes
comptables.
24. Pour l’exposé des motifs des décrets-lois sur la comptabilité de l’État, voir le rapport au
président de la République en date du 25 juin 1934, Revue de science et de législation financière,
1934.
25. Mesure déjà préconisée par L. Courtin, président de chambre à la Cour, au sein de la
commission de réforme de 1917-1918. D’autres mesures sont prises concernant :
– d’une part, la comptabilité des collectivités locales : décret-loi du 25 juin 1934 relatif à la
comptabilité communale (textes législatifs) ; le décret-loi du 8 août 1935 reprendra cette
réforme et corrigera le dispositif de 1934, jamais appliqué et qui n’allégeait que peu la tâche
d’apurement de la Cour ; décret réglementaire du 27 juillet 1934 relatif à la comptabilité
communale (textes réglementaires) ; la liste de ces textes de 1934 est donnée dans la Revue
de science et de législation financières de 1934, p. 421.
– d’autre part, celle des établissements publics administratifs, industriels et commerciaux,
la prolifération des offices étant une importante préoccupation de l’époque : décret du 15
décembre 1934 qui organise un système complexe : jugement des comptes du comptable
public ; déclaration annuelle sur la conformité de la balance générale avec le bilan proposé
par le conseil d’administration à l’approbation des ministres (c’est en fait une certification
des comptes qui est instituée, ce qui est à la fois innovant et difficile à appliquer. On
retrouvera une disposition de même nature lors de la création en 1948 de la commission de
vérification des comptes des entreprises publiques, laquelle doit émettre un avis sur les
comptes des organismes).
26. Pol Regnault en fait une présentation trop critique (p. 78) : il n’y voit qu’une
comptabilité de paiement, ce qui est excessif. Sa critique vient du fait que la réforme
consiste à faire tenir des écritures comptables sans justificatifs, ceux-ci restant attachés à la
comptabilité de paiement. Pour Pol Regnault, comptabilité signifie écritures comptables
appuyées de pièces justificatives.
27. Étude, p. 244 à 287.
28. D’autres mesures importantes sont prises : elles ne concernent pas la comptabilité de
l’État, mais celle des collectivités locales.
29. Décrets du 4 août 1934 et du 15 décembre 1934 ; décrets-lois du 25 octobre 1935 ; décret
du 30 octobre 1935. Sur le contrôle des offices, voir Alain Chatriot et Florence Descamps,
dans le même volume.
30. Sébastien Kott, Le contrôle des dépenses engagées – Évolutions d’une fonction, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France 2004, p. 321 à 371 ; Robert Ludwig, « Le
contrôle local des engagements de dépenses en France – de l’histoire d’un échec (1936) à
l’espoir d’une réussite (1970) », Revue de science financière, 1971, p. 505-620.
31. Premier président de septembre 1936 à août 1937, successeur de Chotard (1933-1936) et
prédécesseur d’Émile Labeyrie.
32. Robert Ludwig, article de 1971 : l’instruction qui devait régler les conditions
d’application ne vit jamais le jour. « Il n’y eut donc jamais ainsi de visa préalable des
engagements locaux de dépense pas plus que de comptabilité des dépenses engagées. Le
contrôleur local des dépenses engagées ne pouvait en conséquence conseiller les
administrateurs et les ordonnateurs locaux comme les textes le prévoyaient. Leurs relations
avec les contrôleurs centraux demeureront inexistantes ».
33. Décret du 28 septembre 1939 confiant à titre provisoire le service local du contrôle des
dépenses engagées au TPG ; décret du 6 octobre 1939 supprimant le visa du contrôleur des
dépenses engagées sur les documents signés également par le TPG.
34. Il illustre son propos d’un compte rendu anecdotique de la visite d’un magistrat de la
Cour dans une trésorerie générale. « Que le second fondé de pouvoirs de la trésorerie
générale ne vise pas un mandat émis par le préfet et son propre chef (le trésorier général)
ne pourra payer ce mandat. Si bien que ces deux hommes, le trésorier général et son second
fondé de pouvoirs seront, à l’égard l’un de l’autre, tantôt chef et tantôt subordonné ». Suit
un long dialogue entre un magistrat de la Cour et un second fondé de pouvoirs qui illustre
l’échec complet non seulement du contrôle local de l’engagement des dépenses, mais aussi
de la tenue d’une comptabilité administrative distincte de la comptabilité de caisse. Une
comparaison peu flatteuse est faite avec l’administration byzantine du Xe siècle.
35. Voir à cet égard le constat désabusé mais réaliste que Labeyrie, premier président, fait
dans son introduction au dernier rapport public de la IIIe République (non publié, 28 juillet
1939, p. 26-30 ; bibl. Cour des comptes).
36. Décret-loi du 8 août 1935 : la Cour des comptes, juge de droit commun et non plus juge
d’attribution. Institution de l’apurement administratif des comptes des petites communes
par les TPG. La procédure sera précisée par un décret du 18 mars 1936. Le décret-loi avait
été précédé par un décret du 25 juin 1934 qui retirait déjà aux conseils de préfecture leurs
compétences pour instituer un apurement administratif, mais qui n’était pas bien conçu.
Cette réforme organise le régime de contrôle des petites communes qui sera en vigueur
jusqu’à la création des chambres régionales des comptes en 1982 puis à nouveau à partir de
1988.
37. Décret du 15 décembre 1934 fixant la comptabilité des établissements industriels et
commerciaux de l’État et organisant leur contrôle.
38. Décret-loi du 30 octobre 1935 ; plus tard, décret-loi du 20 mars 1939 donnant à la Cour
des comptes le droit de contrôler les associations ainsi que les fondations reconnues
d’utilité publique dont plus de la moitié des ressources est fournie par l’État. Les mesures
d’application seront plus tardives (notamment un arrêté du premier président du 19 mai
1941, archives de la Cour, 2004-001, cote 19).
39. Décret-loi du 23 octobre 1935 donnant à la Cour la faculté d’infliger une amende à un
comptable de fait. Sans rapport avec la commission de réforme de 1930, cette mesure tient à
la gestion de fait découverte dans la gestion des hospices civils de Lyon et à l’insuffisance de
mesures répressives existantes. Ce décret-loi, mal rédigé et qui soulevait des difficultés
d’application, sera remplacé par l’article 3 de la loi n° 129 du 25 février 1943.
40. Sont consacrés dans cette loi des principes défendus par Caillaux dans son projet de loi
de 1914. Vingt-deux ans après, Caillaux et Labeyrie sont parvenus à leurs fins (cf. conclusion
de l’article de Florence Descamps, « De la persévérance en matière de réforme
administrative ou comment Caillaux est parvenu à ses fins dans l’entre-deux-guerres »,
Comptes et nouvelles, n° 72, janvier 2008, revue de l’association des magistrats de la Cour des
comptes).
41. Le contexte était propice. De même que la tenue des comptes s’est améliorée vers 1933,
de même la production des comptes des comptables publics a repris un rythme à peu près
normal après des années au cours desquelles les retards s’étaient accumulés. À l’audience
solennelle de la Cour du 16 octobre 1935, il est indiqué que les comptes de 1933 sont déjà
parvenus à la Cour et que ceux de 1934 sont annoncés à très bref délai, ce qui signifie que les
délais réglementaires de production sont sur le point d’être respectés, changement majeur.
42. Réforme de procédure introduite par la loi du 5 janvier 1988.
43. Remis au président de la République en mai 1940, mais jamais publié.
44. Article de 1971, p. 521.
45. La Cour en comptait trois depuis 1807. Une cinquième chambre verra le jour en 1950
lorsque la Cour recevra compétence sur la Sécurité sociale, une sixième et une septième
chambre en 1976 lorsque la commission de vérification des comptes des entreprises
publiques (CVCEP) sera intégrée à la Cour.
46. À lire le résumé des interventions du procureur général Labeyrie à la conférence des
présidents de la Cour lors de sa mise en place, la quatrième chambre est bien le résultat
immédiat de sa réforme.
47. Que préside Louis de Fouchier (1869-1962), qui vient d’être nommé à ce grade et restera
en fonction jusqu’à sa retraite en 1940.
48. Et, activité fort différente, le contrôle des taxes municipales.
49. La substitution se fait exactement le 5 novembre 1936 (archives Cour des comptes, 2005-
006, cote 53). À noter que, dès le début de 1936, le comité du rapport public avait vu ses
compétences s’étendre dans un sens qui annonce la quatrième chambre qui naîtra à la fin
de l’année (note du premier président n° 180 du 10 février 1936). Les changements étaient
dans l’air, comme le montre la note du premier président aux magistrats n° 185 du 25 juin
1936 qui indique aux rapporteurs de comptabilités juridictionnelles des thèmes qui
pourraient faire l’objet d’un renvoi au comité du rapport public : la Cour cherche à aborder
de manière transversale des sujets intéressant la gestion de l’État malgré l’éparpillement
des opérations entre tous les TPG. Les contrôles de comptabilité administrative n’auront pas
d’autre objet.
50. Les chiffres figurent dans le discours du procureur général Godin (1872-1954, procureur
général d’octobre 1937 – il succède à Labeyrie – à janvier 1942) à l’audience solennelle du 4
octobre 1938 (archives de la Cour, 2004 – 001, cote 26, audiences solennelles 1937-1941) ; le
total des questions examinées par la quatrième chambre dans l’année judiciaire 1936-1937
est de 400 environ.
51. Dénommée, dans la terminologie de la Cour alors en vigueur, note « du » Parquet.
52. À lire l’étude d’Emmanuel Chalandon dans la Revue de science et de législation financières,
1937, p. 527, on croirait le contraire : que la réforme de 1936 a vraiment rendu secondaire le
contrôle de la comptabilité des paiements par la Cour des comptes et prioritaire le contrôle
de la comptabilité des ordonnateurs.
53.Manuel de vérification interne à la Cour, 3e partie, chapitre I, feuillets datés de 1978,
exemplaire de l’auteur.
54. Pas au point de disparaître : la mercuriale annuelle du Parquet (statistique des contrôles
effectués) l’utilise encore.
55. Procureur général Godin, dans son discours lors de l’audience de rentrée de la Cour du 4
octobre 1938.
56. La théorie de l’expérimentation en matière de réforme administrative n’est pas
l’exclusivité de la Ve République, elle a été mise en pratique sous Vichy dans le cadre de la
mise en place de nouvelles méthodes de contrôle.
57. Le procureur général Bouthillier, le 13 mai 1943, tient des propos assez prudents : «
L’institution de la vérification sur place est une réforme plus profonde. Commandée, sinon
imposée, par les événements, en particulier par la difficulté des échanges de
correspondance et, dans certains cas, d’envois des pièces justificatives, elle n’est, au surplus,
qu’une expérience déjà féconde mais dont les enseignements restent à tirer. […] au moment
où certains d’entre vous vont gagner les départements où s’exercera leur mission, nous
ajouterons […] quelques recommandations. La vérification sur place n’est en aucun cas une
inspection des services ».
58. Un travail qui attend un chercheur…
59. Note du premier président aux magistrats n° 188. Elle prévoit que les rapporteurs
chargés de contrôler les comptes des TPG établissent désormais deux cahiers au lieu d’un
seul rapport. Le premier est relatif aux aspects juridictionnels et il sera examiné par la
chambre juridictionnelle compétente pour cette comptabilité ; le second cahier, portant sur
des sujets ne pouvant donner lieu qu’à des interventions de nature administrative de la
Cour, sera délibéré par la quatrième chambre, la chambre juridictionnelle en ayant
toutefois connaissance. Le dispositif est, dans le détail, d’une grande complexité.
60. Note du premier président du 11 mars 1937 : l’une « explore », l’autre « étudie ».
61. Arrêté du premier président du 19 novembre 1937 (archives de la Cour 2004-001 cote
19).
62. Après une période où, à cause de la mobilisation de 1939 et d’un premier transfert
provisoire de la Cour à Saumur, tous les moyens sont concentrés sur les trois chambres
juridictionnelles.
63. L’arrêté n° 293 du 8 août 1940 est ainsi motivé : « Considérant que, bien que la
démobilisation ait rendu à la Cour un certain nombre de rapporteurs qui, depuis un an,
n’avaient plus participé à ses travaux, il importe de poursuivre sans désemparer
l’apurement des comptes rendus par les comptables de façon que la juridiction puisse se
trouver bientôt sans arriéré important et en mesure d’appliquer son contrôle aux
opérations récentes des services publics ; considérant d’autre part que la nécessité dans
laquelle va se trouver la France d’apporter de profondes modifications à l’organisation de
ses services et à ses méthodes de gestion diminuera l’intérêt, sans les événements de ces
derniers mois, des observations critiques et des vues de réformes sur l’administration
financière ; que la Cour peut donc, sans inconvénient grave, n’appliquer qu’une partie
moins importante qu’en temps normal de ses moyens d’action à l’examen des comptabilités
administratives de la période d’avant-guerre et de la période de guerre ».
64. « C’est ainsi que […] la centralisation, la présentation des pièces et leur envoi à la Cour
avaient donné lieu à de graves mécomptes. Les envois mensuels, en particulier, ne purent
être régulièrement assurés parce qu’ils exigeaient, à intervalles très rapprochés, une
centralisation laborieuse ; cette centralisation eut lieu d’abord à intervalles irréguliers,
tantôt d’un seul mois, tantôt de deux ou trois mois, quelquefois de quatre ; le principe des
envois trimestriels fut finalement adopté pendant les années de guerre, mais la Cour a dû
constater récemment que l’envoi des pièces de la comptabilité administrative avait
tendance à devenir de plus en plus tardif et, alors qu’il devait permettre de suivre en
quelque sorte au jour le jour l’exécution des opérations, il n’a lieu, aujourd’hui, qu’après un
délai de plus d’un an ; ce n’est en effet qu’en novembre 1945 que sont parvenues à la Cour
les pièces justificatives du 3e trimestre 1944 » (rapport de la Cour des comptes sur les
années 1940 à 1945, publié en 1947, p. 4).
65. De façon non moins ambitieuse, le premier président Le Conte (1876-1960, premier
président de 1946 à 1948 après en avoir exercé les fonctions à partir de juillet 1945), dans
son discours du 30 juillet 1945, considère comme possible de vérifier chaque année les
dépenses de l’État de l’année précédente, objectif qui donnerait toute sa valeur au contrôle
a posteriori.
66. La Restauration et la monarchie de Juillet connaissaient non pas une, mais deux
déclarations générales de conformité.
67. Bertrand Schwerer, « La déclaration générale de conformité », Revue administrative,
1989, n° 250.
68. C’est-à-dire la formation la plus solennelle de la Cour des comptes.
69. En application de l’article 58-5 de la LOLF.
70. Sébastien Kott, « Le développement des relations entre la Cour des comptes et le
Parlement 1815-1832 », Revue française de finances publiques, numéro spécial Bicentenaire de
la Cour des comptes, septembre 2009, p. 201 à 212.
71. Devenu, en application de l’article 115 de la loi de finances rectificative pour 2008 du 30
décembre 2008, le conseil de normalisation des comptes publics.
72. Dans l’éloge funèbre d’Albert Pomme de Mirimonde le 14 janvier 1986, après le décès de
ce magistrat (1897-1985) qui, sous un aspect « vieille Cour », a été l’un des acteurs de la
rénovation de l’institution, mais qui est étonnamment absent des réformes évoquées dans le
présent article (il a préparé en revanche la réforme du contrôle des collectivités locales).
73. Selon l’expression de Florence Descamps in « La contribution de la Cour des comptes à la
réforme du système de gestion des finances publiques 1918-1940 », Revue française de
finances publiques, numéro spécial, août 2009, dans sa conclusion p. 53 et titre de sa
communication dans ce même volume.
74. Quelques lacunes peuvent aussi être relevées, à propos en particulier du régime de
responsabilité personnelle et pécuniaire des comptables publics sur lequel repose l’activité
juridictionnelle de la Cour des comptes. Il est à cet égard surprenant que Labeyrie, si
préoccupé de rénover la comptabilité administrative et de doter les services de l’État d’un
outil de gestion fiable, n’ait pas abordé la question de la responsabilité personnelle et
pécuniaire des trésoriers-payeurs généraux et que, si prompt à critiquer le ministère des
Finances, il n’ait pas fustigé l’usage abusif du pouvoir de remise gracieuse du ministre des
Finances en cas de débet infligé par le juge des comptes, voire son principe même.
AUTEUR
CHRISTIAN DESCHEEMAEKER
Christian Descheemaeker est président de chambre à la Cour des comptes depuis 2007 après
avoir été notamment président de la chambre régionale des comptes de Rhône-Alpes (1999-
2001) puis de la chambre d’Île-de-France (2001-2007). Vice-président de l’Institut français
des sciences administratives, membre du bureau de l’Association française pour l’histoire
de la Justice, il préside depuis 2009 le comité d’histoire de la Cour des comptes et des
juridictions financières. Il est l’auteur de La Cour des comptes Documentation française, trois
éditions en 1992, 1998 et 2005, de trois fascicules du Jurisclasseur administratif sur les
juridictions financières et d’articles sur divers aspects des activités de la Cour des comptes,
des chambres régionales des comptes et de la Cour de discipline budgétaire et financière. Il
a publié avec Florence Descamps « Le rapport Labeyrie de 1933 : la réinvention de la
comptabilité administrative » dans la Revue française de finances publiques n° 101, février
2008.
Les offices : une innovation
institutionnelle ou un problème pour
le contrôle budgétaire ?
Alain Chatriot
Introduction
La création de très nombreux offices entre le début du XXe siècle et
le milieu des années 1930 a fait l’objet de très nombreux débats
politiques, juridiques, économiques. Si leur inscription dans la
thématique large de la réforme de l’État est importante 1 , on peut
aussi tenir les offices comme des créations institutionnelles qui
répondent à un problème de gestion des dépenses publiques… tout
en en créant de nouveaux !
La catégorie juridique des offices est particulièrement floue. Le
député Paul Jacquier souligne dès 1932 cette confusion dans un
rapport pour la commission des finances :
« L’office autonome n’a été défini par aucun texte législatif. Des établissements
portant le nom d’office ne présentent aucune des formes d’indépendance qui
caractérisent ceux que nous examinons. Au contraire, des organismes portant les
noms les plus divers : “instituts, expositions, réunions”, rentrent dans cette
catégorie, car ils possèdent l’autonomie financière et l’indépendance
2
administrative ».
Si les historiens se sont peu intéressés à ces formes institutionnelles
hybrides, la littérature consacrée à ces questions durant les années
1920 et 1930 est massive : les professeurs de droit dirigent des thèses
sur les sujets 3 , y consacrent articles et synthèses 4 . Cet
investissement des juristes correspond surtout à l’imprécision de la
catégorie et l’un d’entre eux précise ironiquement en 1930 : « Les
offices forment une forêt très dense et dont l’obscurité paraît
souvent avoir été recherchée à dessein 5 ». D’autres insistent sur la
nouveauté du questionnement de l’entre-deux-guerres en
comparaison avec les formes des services publics définies au début
du siècle : « Alors que monopoles ou régies sont d’anciens types
d’exploitation, dont les modalités ont été depuis longtemps fixées,
l’office est une forme récente, confuse et diverse, d’une complexité
reconnue par tous 6 ».
Conclusion
« De tout temps, la question des offices a été chaotique. Les offices, nés de
circonstances fortuites, se sont multipliés rapidement, au hasard des lois et des
ministères, ont été organisés sans règles fixes, ont fonctionné chacun isolé dans
sa sphère. Partout et toujours a régné la plus grande incohérence. Après une
période de faveur extraordinaire, subitement le vent a tourné : un courant
96
d’hostilité sans cesse accrue s’est développé ».
Ce commentaire d’un des docteurs en droit qui a consacré sa thèse
en 1936 à cette question révèle assez bien la nature incertaine et les
évolutions des discussions à la fois théoriques et politiques sur les
offices. Presque vingt ans plus tard, Gabriel Ardant posait le même
diagnostic : « L’engouement pour la formule des offices fut suivi
d’une réaction en sens contraire 97 ».
Le débat sur les offices, au-delà de l’imprécision des termes et des
polémiques très vives qui le caractérisent, permet en fait de suivre
une partie des transformations des modes d’intervention de l’État
durant l’entre-deux-guerres. L’essor de ce type ambigu
d’établissements publics issus principalement de la première guerre
mondiale et des nouvelles fonctions remplies alors par
l’administration, repose en fait les nombreuses questions touchant
au contrôle budgétaire (du Parlement, de la Cour des comptes et du
ministère des Finances), à la place des services publics (c’est aussi la
période d’élaboration par le Conseil d’État du statut des
établissements publics industriels et commerciaux), à la
catégorisation juridique des nouvelles structures institutionnelles.
Enfin, même si elle est de nature quelque peu différente, la question
des budgets annexes 98 trouve un autre aboutissement durant les
années 1920 avec le vote de la loi de 1923 qui instaure un budget
annexe pour les PTT 99 après, là aussi, de nombreux débats et le
fameux rapport très critique d’Henri Fayol sur « l’industrialisation
des PTT 100 ». Plus largement, les polémiques sur les offices
renvoient donc à ce qu’un juriste appelait dans sa thèse en 1948 « les
crises de la notion d’établissement public 101 ». Dans le même temps,
les débats sur le contrôle financier des établissements publics se
poursuivent durant toute la seconde moitié du XXe siècle et restent
un objet de luttes politiques.
NOTES
1. On se permet de renvoyer sur ce point à Alain Chatriot, « Les offices en France sous la IIIe
République. Une réforme incertaine de l’Administration », Revue française d’administration
publique, 120, 2006, p. 635-650 et « Discours et pratiques de réformes de l’administration
française (1910-1939) » in Silvia Marton, Anca Oroveanu, Florin Turcanu (dir.), L’État en
France et en Roumanie aux XIXe et XXe siècles, acte du colloque tenu les 26 et 27 février 2010,
Bucarest, New Europe College, 2011, p. 21-52.
2. Rapport n° 1534, Journal officiel de la République française, Documents parlementaires,
Chambre des députés, 9 mars 1933, p. 399-422, p. 400 pour la citation.
3. Jean-Claude Debray, L’autonomie financière des services publics, Paris, Au commerce des
idées, 1930 ; Paul Hugon, De l’étatisme industriel en France et des offices nationaux en particulier,
Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1930 ; Roger André-Thomas, La question des offices publics et
autonomes et les principes de la législation financière, Paris, PUF, 1934 ; André Jeannin, Les offices.
Étude de celles des finances de l’État qui sont soumises à des règles particulières, Paris, PUF, 1935 ;
André Fuzier, Contribution à l’étude des offices publics nationaux : statut et réforme, Montpellier,
Imp. de la Presse, 1936 et Gilles Chaillot, Les offices publics et établissements autonomes, Paris,
Librairie technique et économique, 1936.
4. Henri Berthélemy, Jean Rivero, Cinq ans de réformes administratives, 1933-1938 : législation,
réglementation, jurisprudence ; Supplément à la XIIIe édition du Traité élémentaire de droit
administratif, Paris, A. Rousseau, 1938, p. 20-22.
5. P. Hugon, De l’étatisme…, op. cit., p. 43.
6. A. Fuzier, Contribution…, op. cit., p. 13.
7. Louis Rolland, « Chronique administrative. § 1 La personnification des services publics
(création d’offices dans les administrations centrales) », Revue du droit public et de la science
politique en France et à l’étranger, XXIX-3, juillet-août-septembre 1912, p. 480-493, p. 480.
8. Premier « office national » créé en France, il n’obtient son autonomie véritable qu’en
1919.
9. Gabriel Galvez-Behar, La République des inventeurs. Propriété et organisation de l’innovation en
France (1791-1922), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008.
10. Jean Luciani (dir.), Histoire de l’Office du travail (1890-1914), Paris, Syros, 1992 et Isabelle
Lespinet-Moret, L’Office du travail 1891-1914. La République et la réforme sociale, Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2007.
11. L. Rolland, « Chronique… », art. cité, p. 484.
12. Rolland écrit : « Nous croyons, avec M. Duguit, que si l’on veut réorganiser notre
administration française, ce n’est pas seulement à la décentralisation territoriale qu’il faut
recourir, c’est aussi à la décentralisation par services », art. cité, p. 489.
13. Maurice Hauriou, Précis de droit administratif et de droit public, Paris, Dalloz, réimp. 12e
édition de 1933, 2002, note 10 p. 287.
14. Rapport n° 1534, op. cit., p. 400.
15. Fabienne Bock, « L’exubérance de l’État en France de 1914 à 1918 », Vingtième siècle, revue
d’histoire, 3, juillet 1984, p. 41-51. L’expression est employée initialement en 1925 par
l’historien Pierre Renouvin. Cf. surtout John F. Godfrey, Capitalism at War. Industrial Policy
and Bureaucracy in France 1914-1918, New York, Berg, 1987 et précédemment : Stéphane Rials,
Administration et organisation. De l’organisation de la bataille à la bataille de l’organisation dans
l’administration française, Paris, Beauchesne, 1977.
16. Pierre Renouvin, Les formes du gouvernement de guerre, Paris, New Haven, PUF, Yale
University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1925, p.
55.
17. Henri Chardon, L’organisation de la République pour la paix, Paris, New Haven, PUF, Yale
University Press, Publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale, 1927, p.
20 et 30.
18. Danièle Fraboulet, « Les permanents patronaux », in Jean-Claude Daumas, Alain
Chatriot, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson et Hervé Joly (dir.), Dictionnaire historique des
patrons français, Paris, Flammarion, 2010, p. 1077-1082.
19. Robert Fabre, « La quatrième incarnation de l’étatisme : “caisses de crédit” et “caisses de
prêt” », Revue politique et parlementaire, 386, janvier 1927, p. 47-61, p. 48.
20. Adolphe Delemer, Le bilan de l’étatisme, Paris, Payot, 1922 ; Albert Schatz, L’entreprise
gouvernementale et son administration, Paris, Grasset, 1922.
21. Henri de Peyerimhoff, « Préface », in D’Armonnel, L’Office des houillères sinistrées du Nord
et du Pas-de-Calais et les charbons de réparations, Paris, Jouve et Cie, 1933, p. IX.
22. Stephen D. Carls, Louis Loucheur, ingénieur, homme d’État, modernisateur de la France 1872-
1931, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du septentrion, 2000.
23. Le Conseil économique du travail est une structure créée par la CGT juste après la
première guerre mondiale pour proposer sa vision de la politique économique. L’institution
fonctionne peu de temps mais propose un programme détaillé de nationalisations.
24. Raoul Dautry, Rapport sur l’aéronautique marchande française, présenté au Conseil
national économique les 23 et 24 novembre 1928, Journal officiel de la République française,
annexes administratives, 17 janvier 1929, p. 1-54.
25. Alain Chatriot, La démocratie sociale à la française. L’expérience du Conseil national
économique 1924-1940, Paris, La Découverte, 2002, p. 196-200.
26. Charles Petiet, Les routes, rapport présenté au Conseil national économique, Journal
officiel de la République française, annexes administratives, 28 avril 1928, p. 225.
27. Ernest Peyromaure-Debord, Le tourisme, le thermalisme et le climatisme, rapport au
Conseil national économique, Melun, Imprimerie administrative, 1935, p. 146-162.
28. Cf. Impressions parlementaires, Chambre des députés, n° 188 et n° 595 annexes aux procès-
verbaux des séances des 21 juin et 16 juillet 1932 et n° 3429 du 24 mai 1934.
29. J.-C. Debray, L’autonomie…, op. cit., p. 21.
30. P. Hugon, De l’étatisme…, op. cit., p. 61.
31. J.-C. Debray, L’autonomie…, op. cit., p. 182.
32. J.-C. Debray, L’autonomie…, op. cit., p. 183.
33. R. André-Thomas, La question des offices…, op. cit., p. 54-55.
34. R. André-Thomas, La question des offices…, op. cit., p. 23.
35. J.-C. Debray, L’autonomie…, op. cit., p. 184.
36. Roland Maspétiol, Pierre Laroque, La tutelle administrative. Le contrôle des administrations
départementales, communales, coloniales et des établissements publics, Paris, Librairie du Recueil
Sirey, 1930, p. 246-261 et 338-346.
37.Ibid., p. 255-256.
38. P. Hugon, De l’étatisme…, op. cit., p. 136.
39. R. Maspétiol, P. Laroque, La tutelle administrative…, op. cit., p. 340-341.
40.Ibid., p. 344.
41. G. Chaillot, Les offices…, op. cit., p. 145.
42. Jean Charpy, L’industrie de l’azote en France, avant, pendant et après la guerre, Paris, Jouve et
Cie éditeurs, 1925, p. 81-92.
43. Pour une bonne présentation de ces tentatives : P. Hugon, De l’étatisme…, op. cit., p. 92-
145 et les documents en annexes p. 157-188. L’auteur publie le texte de la loi du 11 avril 1924
qui institue l’office, p. 184-188.
44. Georges Léon, L’Office national industriel de l’azote et le problème de l’azote en France, Paris,
Librairie du recueil Sirey, 1930, p. 84.
45. Michel Samsoen, Le régime de l’industrie de l’azote en France, Paris, Société anonyme du
recueil Sirey, 1925, p. 163.
46. E. Rouland, « Une nouvelle industrie d’État. La fabrication de l’ammoniaque synthétique
», L’Économiste français, 3 mai 1924, p. 547-548.
47. Michel Barras, Histoire de l’arsenal de Roanne 1916-1990, Lyon, éd. lyonnaise d’art et
d’histoire, 1998 et pour une étude réalisée à la sortie du conflit mondial : Claude-Joseph
Gignoux, L’arsenal de Roanne et l’État industriel de guerre, Roanne, Imp. de l’union républicaine
de Roanne, 1920.
48. Édouard Bernard, Le problème de l’azote en France, agriculture, industrie, défense nationale,
Amiens, Imp. Gaillard & Jumel, thèse de droit, université de Poitiers, 1933.
49.Ibid., p. 139 et 146.
50. De Fels, « Les richesses de l’État français. L’office industriel », Revue de Paris, 1er janvier
1928, p. 180-193, p. 181, 186 et 190 pour les citations respectives.
51. De Fels, « Les richesses de l’État français. Un engrais étatiste », Revue de Paris, 1er
octobre 1928, p. 673-690, p. 679.
52.Ibid., p. 689.
53. Gérard Dally, Un établissement public industriel : l’Office national industriel de l’azote, thèse de
doctorat, sous la direction de P. Reuter, université de Paris, 1955. L’auteur mentionne en
particulier un avis émis le 15 juin 1934 par un collège de conseillers d’État (p. 22-33).
54. Raymond d’Argila, L’étatisme industriel, Paris, imp. du Montparnasse et de Persan-
Beaumont, 1929.
55. R. Maspétiol, P. Laroque, La tutelle administrative…, op. cit., p. 340.
56.Rapport du comité des experts, Paris, Imprimerie nationale, 1926, p. 17.
57. Alain Chatriot, « Fayol, les fayoliens et l’impossible réforme de l’administration durant
l’entre-deux-guerres », Entreprises et histoire, 34, décembre 2003, p. 84-97 et Odile Henry, «
Un entrepreneur de réforme de l’État : Henri Fayol (1841-1925) », Actes de la recherche en
sciences sociales, 193, 2012, p. 38-55.
58.Rapport du comité des experts, op. cit., p. 28.
59.Ibid., p. 103-104.
60. Blaignan s’exclame : « Il faudrait la plume de Courteline pour vous expliquer comment
des jeunes gens inscrits à l’école de droit trouvent le moyen de se faire embaucher pour
deux ou trois mois – le temps de réparer la brèche ouverte dans le portefeuille – comme
aides chimistes et d’assurer, à l’aide du code ou des pandectes, le contrôle ou, plus
exactement, le non-contrôle des fabrications », Journal officiel de la République française,
Débats parlementaires, Sénat, 2e séance du 30 juin 1930, p. 1376.
61.Ibid., p. 1377.
62. Ibid.
63.Ibid., p. 1378.
64.Journal officiel de la République française, Débats parlementaires, Sénat, 2e séance du 30
juin 1930, p. 1379.
65.Impressions parlementaires, Chambre des députés, n° 5402, annexe au procès-verbal de la
séance du 30 juin 1931, p. 2.
66.Impressions parlementaires, Chambre des députés, n° 1156, annexe au procès-verbal de la
séance du 27 décembre 1932, p. 2 (on retrouve parmi les signataires de la proposition de loi
Maurice Petsche et Paul Reynaud).
67. Rapport n° 1534, op. cit., p. 401.
68. Il estime l’ensemble à 14,5 milliards dont 7,3 pour la Caisse d’amortissement qu’il
associe à un office, 1,7 pour les mines domaniales de la Sarre, 3,5 pour les Chemins de fer de
l’État et 1,5 pour ceux d’Alsace-Lorraine ; le chiffre qu’il donne concernant plus strictement
les offices est donc d’un milliard à un milliard et demi. Ibid., p. 402.
69. Ibid.
70. Rapport n° 1534, op. cit.
71.Ibid., p. 402-403.
72. Les articles 78, 79 et 80 (Journal officiel de la République française, Lois et décrets, 1er mars
1933, p. 2000), appartiennent au chapitre « Compression des dépenses » d’une loi qui porte
sur l’ouverture sur l’exercice 1933 de crédits provisoires applicables au mois de mars 1933
et sur l’autorisation de percevoir pendant le même mois les impôts et revenus publics, et
tendant au redressement budgétaire (ce que l’on nomme traditionnellement un « douzième
provisoire »).
73. Rapport général de la commission des offices, Journal officiel de la République française,
annexes administratives, 4 juin 1936, p. 437-446.
74.Ibid., p. 438.
75. Pierre Brin, 1882-1969, reçu auditeur à la Cour en juin 1908, fait l’intégralité de sa
carrière rue Cambon et se spécialise dans les commissions liées aux questions d’économies
publiques (dont le Comité de la « Hache » en 1938 et le Comité central d’enquête sur le coût
et le rendement des services publics en 1946), il est nommé premier président de la Cour
des comptes le 8 janvier 1948 après en avoir été le procureur général à partir d’octobre
1944.
76. Malgré des tentatives répétées, les archives de cette commission n’ont pas été
retrouvées ni aux archives du ministère des Finances, ni aux Archives nationales (fonds de
la Présidence du Conseil) ni à la Cour des comptes. En plus des nombreux rapports préparés,
il devrait exister des procès-verbaux des 81 séances tenues par la commission entre avril
1933 et septembre 1935.
77. D’après un décret du 29 mars 1935 cité dans le rapport général, les membres sont MM.
Hervey et Chéron, sénateurs, Louis-Dreyfus et Ernest Lafont, députés, le directeur du
Budget ou son représentant, Decron, inspecteur général des Finances, Brin, conseiller
maître à la Cour des comptes, Laurent, secrétaire général de la fédération générale des
fonctionnaires, représentant le comité supérieur des économies, de La Lande de Calan,
conseiller référendaire à la Cour des comptes. Laurent démissionne en juin 1934 et n’est pas
remplacé, le comité ayant cessé ses travaux. Chéron et Lafont, devenus ministres, sont
remplacés par MM. Mauger, sénateur, et Léon Roche, député. À ces membres permanents
est adjoint, pour l’examen de chaque office, un représentant du ministre dont dépend
l’établissement. Les fonctions de secrétaire sont assurées par M. Berthoud, auditeur à la
Cour des comptes.
78. Rapport général…, op. cit., p. 437.
79.Ibid., p. 438.
80. Rapport général, op. cit., p. 439.
81.Ibid., p. 440.
82. Ibid.
83. En annexe du rapport sont publiés le détail des mesures proposées établissement par
établissement ainsi que les suites données aux conclusions de la commission, Rapport
général…, op. cit., p. 444-446.
84.Ibid., p. 443.
85. Rapport général, op. cit.
86. Ces textes, publiés au Journal officiel du 31 octobre, sont reproduits en annexes, p. 202-
214, par A. Fuzier, Contribution…, op. cit.
87. G. Chaillot, Les offices…, op. cit., p. 188.
88. Alain Chatriot, « Jaurès et les débats sur le protectionnisme agricole », Cahiers Jaurès, n°
195-196, janvier-juin 2010, p. 21-48.
89. Jean Sirol, Les problèmes français du blé, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1934, thèse de
doctorat de droit de l’université de Toulouse, p. 370-371.
90. Sur ces débats parlementaires très vifs, cf. Édouard Lynch, Moissons rouges. Les socialistes
français et la société paysanne durant l’entre-deux-guerres (1918-1940), Villeneuve d’Ascq, Presses
universitaires du Septentrion, 2002, p. 349-354.
91. Robert O. Paxton, Le temps des chemises vertes. Révoltes paysannes et fascisme rural 1929-1939,
Paris, Le Seuil, 1996, p. 34 et 176.
92. Louis Salleron, « L’Office du blé », Revue politique et parlementaire, 501, 10 septembre
1936, p. 421-435.
93. Suzanne Berger, Les paysans contre la politique. L’organisation rurale en Bretagne, 1911-1974,
Paris, Le Seuil, 1975, p. 154.
94. Alain Chatriot, Edgar Leblanc, Édouard Lynch (dir.), Organiser les marchés agricoles. Le
temps des fondateurs, des années 1930 aux années 1950, Paris, Armand Colin, 2012.
95. Archives nationales, CE 96, Procès-verbal de la séance de la commission permanente du
CNE du 10 mai 1937.
96. A. Fuzier, Contribution…, op. cit., p. 191.
97. Gabriel Ardant, Technique de l’État : de la productivité du secteur public, Paris, PUF, 1953, p.
11.
98. En 1930, on compte neuf budgets annexes : les Monnaies et Médailles, l’Imprimerie
nationale, le service des Manufactures de l’État en Alsace-Lorraine, la Légion d’honneur, le
service des Poudres et Essences, l’école centrale des Arts et Manufactures, les Postes,
Télégraphes et Téléphones, la Caisse nationale d’épargne et la Caisse des invalides de la
Marine, cf. J.-C. Debray, L’autonomie…, op. cit., p. 25.
99. Muriel Le Roux, Benoît Oger, « Aux origines du budget annexe des PTT », in La direction
du Budget entre doctrines et réalités 1914-1944, Paris, Comité pour l’histoire économique de la
France, 2001, p. 129-137.
100. Henri Fayol, L’incapacité industrielle de l’État : les PTT, Paris, Dunod, 1921.
101. Roland Drago, Les crises de la notion d’établissement public, Paris, Imp. Saint-Gilles, 1950,
université de Paris, faculté de droit, thèse de doctorat soutenue en 1948.
AUTEUR
ALAIN CHATRIOT
Introduction
Dès les années 1920, la Cour a cessé d’être la simple « gendarmerie
des comptes 1 » créée par Napoléon Ier. Ses rapports s’attachent en
effet dès cette époque à apprécier l’économie et l’efficience de la
gestion publique 2 , qu’elle y dénonce le gaspillage, le défaut
d’organisation des services ou l’absence de pilotage dans l’allocation
des subventions. En ce sens, ses travaux s’insèrent étroitement aux
réflexions qui guident doctrine et pouvoirs publics dans la définition
et la mise en œuvre des réformes administratives et dont les maîtres
mots sont déjà la prévision, l’organisation et le contrôle 3 . L’examen
de la gestion, de ses coûts, voire de ses résultats ne pourra en être
que l’indispensable complément.
Dans un article publié en 1935, A. Pomme de Mirimonde tentera, du
reste, de tordre le cou à « la fable selon laquelle une opinion mal
avertie attribue à la haute juridiction des méthodes et des
préoccupations surannées 4 ». L’auteur appuie son propos sur la
présentation du rapport annuel de 1935, lequel se compose de deux
types d’insertions. Les premières, traditionnelles, ont trait « aux
opérations proprement budgétaires des collectivités publiques » ; les
secondes portent sur les « opérations extrabudgétaires relatives soit
à des établissements de caractère économique gérés par des
collectivités publiques, soit à des services publics et commerciaux
confiés à des entreprises privées ». La Cour y dénonce les errements
qu’elle observe tout en préconisant les réformes qui « donneraient
aux usagers la possibilité d’obtenir au plus juste prix les prestations
auxquelles ils ont droit 5 ».
Il est vrai que ses observations relatives à la qualité de la gestion,
qu’il s’agisse de monographies, offices par exemple, ou
d’observations générales communes à plusieurs ministères,
imprègnent de plus en plus ses rapports au cours des années 1930. Il
existe certes des différences notables entre les rapports annuels de
la Cour des comptes d’avant et d’après la seconde guerre mondiale ;
mais ces différences tiennent plus largement à la modification
profonde qui découle de la réforme de 1936, qu’au désintérêt que la
Cour aurait précédemment porté à la qualité de la gestion publique.
« Avant l’introduction de la comptabilité administrative et des
contrôles sur place, […] le rapport ne pouvait être qu’une sorte
d’échantillon prélevé sur la masse des observations présentées à
propos du jugement des comptes 6 ».
Contrairement à un contrôle organisé seulement à partir de caisses
publiques, qui par nature donnent une vision parcellaire, morcelée
et incomplète de la gestion publique, on dispose alors d’un
classement des pièces justificatives, grâce en particulier aux
bordereaux récapitulatifs qui les accompagnent, par ministère,
chapitre, mois ou exercice. Saisie depuis le 1er janvier 1937 de la
comptabilité administrative, la Cour reprend ses traditionnelles
observations, mais en formulant désormais des observations plus
générales. Elle peut alors porter une appréciation sur le
fonctionnement des administrations et dénoncera, en particulier,
leur cloisonnement.
« Les services de l’État chargés des achats, des ventes, des travaux, des
subventions ne procèdent pas à leurs opérations d’une façon logique. Étrangers
les uns aux autres, ils ne sont pas organisés pour mettre à profit les avantages
7
qu’ils retireraient dans bien des cas d’une action commune .»
Cette vision d’ensemble va également lui permettre de porter des
appréciations sur l’absence de vision prospective et la logique de
guichet qui en résulte.
« Au lieu d’établir tout d’abord un programme fondé sur les besoins de chaque
région et d’en faire la base des améliorations à apporter à l’équipement national,
l’administration se borne le plus souvent à attendre les occasions qui s’offrent, à
instruire les demandes qui lui sont présentées comme si chacune d’elles
8
apportait une contribution à l’œuvre générale .»
Mais c’est également pour elle la possibilité d’apprécier la manière
dont services centraux et services déconcentrés coopèrent :
« pour obtenir l’équilibre désirable, les départements ministériels devraient être
très exactement informés de la totalité des besoins auxquels ils ont à pourvoir,
mais ce renseignement fait défaut parce qu’il n’existe pas une coordination
suffisante entre les services locaux et les services centraux et que ceux-ci ne
disposent pas de la documentation et des statistiques qui seraient indispensables
9
à leur action ».
Mais, si la réforme comptable des années 1930 va permettre
d’élargir, d’approfondir et de donner tout son essor au contrôle sur
la gestion, la Cour s’est déjà résolument orientée en ce sens. Si ses
insertions sur la qualité de la gestion publique vont, il est vrai, dans
un premier temps rester centrées sur un service ou un organisme, et
demeurer donc assez peu globales, très tôt cependant, la Cour va
s’efforcer de formuler des observations générales relatives au
fonctionnement des administrations publiques 10 , de sorte que
ceux-ci ne sont déjà plus une simple collection de cas d’espèces. On
pense, par exemple, aux démembrements de l’administration, aux
marchés et contrats publics, aux subventions, aux dépenses
d’investissements, etc.
Il lui a, pour cela, fallu vaincre certaines résistances. Elle procédera,
du reste, à une mise au point très claire sur la compétence qui est la
sienne dans l’introduction de son rapport de 1934.
« Il paraît nécessaire d’insister sur ce point : les dispositions d’ordre financier qui
se sont succédé depuis la Révolution française et se sont adaptées avec une
logique rigoureuse au développement du régime parlementaire, ne sauraient
prêter à la moindre erreur d’interprétation. Si la Cour des comptes ne possède
aucun pouvoir de juridiction sur les ordonnateurs, elle n’en a pas moins un droit
de contrôle sur les gestions des deniers publics et c’est en vertu de ce droit
supérieur qu’elle a le devoir, à l’occasion de la vérification minutieuse des pièces
comptables, de poursuivre ses investigations et de porter son examen critique
sur les méthodes défectueuses, les défaillances de l’administration, l’irrégularité
11
ou l’imprévoyance des contrats ».
Il est notable également que ses méthodes de travail évoluent, que
ses moyens d’information s’enrichissent, tandis qu’elle se trouve
placée à partir de 1935 au cœur du processus de rationalisation et de
centralisation des contrôles. La Cour bénéficie, par ailleurs, du
décret du 28 avril 1934 qui permet à son premier président, sur avis
conforme du procureur général, d’apporter à l’organisation de son
travail toute modification permettant d’améliorer son rendement.
Au-delà de la refonte du cadre juridique et comptable, il convient
également d’insister sur l’importance des évolutions techniques qui
vont permettre une meilleure centralisation des pièces comptables
12
. La mécanographie est, en effet, au cœur des opérations de
centralisation des mandatements effectuées par la Comptabilité
publique, avant transmission à la Cour des comptes des pièces qui lui
sont envoyées. À partir des bordereaux établis par les contrôleurs
des dépenses engagées donnant par chapitre budgétaire et par
ordonnateur le total des dépenses du mois, « on établit des cartes
perforées, comportant, entre autres, les indications suivantes :
exercice, mois, ministère, ordonnateur, dépenses du mois, dépenses
du mois antérieur, total des dépenses de l’exercice 13 ». On procède
ensuite à la centralisation de ces données et à « l’établissement de
nombreux bordereaux récapitulatifs. La Cour des comptes peut ainsi
faire porter son contrôle à son choix sur un chapitre budgétaire
déterminé ». La comptabilité publique est alors « en voie de
transformation » et tend « à devenir une comptabilité d’opérations
14
».
Il existe enfin une certaine continuité dans les travaux de la Cour des
comptes. De sorte que si l’on compare les thèmes de prédilection de
ses insertions entre la première et la seconde guerre mondiale et
ceux qui concentrent l’essentiel de ses critiques entre la Libération
et le début des années 1960, on s’aperçoit que ceux-ci sont souvent
les mêmes, les acteurs ont parfois changé, les compétences de la
Cour ont évolué, mais ses préoccupations sont largement identiques.
Le fait tient à ce que la première guerre et les crises économiques
ont profondément modifié les conditions de la gestion et si
profondément accru la tâche de l’administration qu’il est plus que
jamais nécessaire « d’assurer l’économie dans la gestion des services
publics » pour « répondre à l’importance de l’effort à accomplir et
pour le seconder ». Or, en matière de dépenses, « l’ordre,
indispensable à toute activité féconde est le plus souvent compromis
par des méthodes défectueuses 15 ». On peut, du reste, mettre en
perspective les rapports de la Cour des comptes des années 1920 à
1938 avec l’analyse que présentera Gabriel Ardant en 1949 16 selon
laquelle la répartition des dépenses « entre les différents emplois
possibles doit assurer le maximum de bien-être à la collectivité » et
permettre « d’assurer la gestion la plus économique des services
publics 17 ». Ces préoccupations sont indéniablement déjà celles de
la Cour des comptes. Si l’on entend, en effet, par contrôle sur la
gestion un contrôle portant sur le coût et le rendement de la
dépense publique, c’est-à-dire sur l’économie et l’efficience de la
gestion publique, il est alors évident que, dès les années 1920, la Cour
s’approprie ces analyses 18 .
La Cour va cependant entourer ses premières observations relatives
au fonctionnement des services de maintes précautions. Son angle
d’attaque tient le plus souvent à ce que le défaut d’organisation du
service a conduit au gaspillage des deniers publics. Un exemple très
significatif de cette stratégie se trouve dans son rapport annuel de
1923 au sujet du fonctionnement du service des Réfugiés : « la Cour,
sans formuler un jugement d’ensemble sur le fonctionnement
administratif du service […], doit, en raison des répercussions
financières qui ont pu en résulter, signaler le long laps de temps qui
s’est écoulé entre les débuts du fonctionnement du service et sa
réglementation définitive, qui trop tardivement, a apporté un peu
d’ordre dans les opérations et remédié au gaspillage des deniers
publics 19 ».
Progressives donc, et accélérées par les réformes comptables des
années 1930, ces évolutions se rattachent, du reste, à un ensemble de
facteurs : évolution des modes de gestion, augmentation des
dépenses publiques, affermissement des attentes du Parlement. Mais
également, il ne faut pas l’oublier, aux réflexions menées sur l’objet
même de la comptabilité publique qui, non plus exclusivement
centrée sur le contrôle d’un agent, va progressivement recouper les
fonctions traditionnellement dévolues à la comptabilité privée. Et il
n’est pas étonnant que la Cour des comptes soit la première à
relativiser l’importance de cette distinction lorsqu’il s’agira
d’apprécier la gestion et, par voie de conséquence, le maintien de ses
compétences.
Tenant compte d’une manière croissante du coût et du rendement de
la dépense publique (I), la Cour développera ainsi sur la période de
l’entre-deux-guerres une analyse centrée sur la notion de prix de
revient (II).
Conclusion
Il apparaît, au terme de ce rapide survol de la période de l’entre-
deux-guerres, que se trouve alors posée de manière évidente
l’existence de liens indissociables entre examen de la gestion,
réorganisation des administrations, perfectionnement des méthodes
administratives et évolution du cadre comptable, et que s’amorce
ainsi un ensemble de réflexions qui permettront non seulement la
poursuite de l’effort de rationalisation administrative, mais aussi des
évolutions ultérieures parfois profondes du cadre de gestion. Mais
ces constats posent également des questions de fond entre qualité de
la gestion et responsabilité, et entre efficacité de la dépense et
fixation de priorités. Des constats récurrents qu’elle établit en
examinant la gestion des collectivités locales, la Cour en arrive, en
particulier, à une critique portant sur leur mode de financement. La
propension de l’État de subventionner les investissements locaux est
en cause. Les « subventions exagérées ont ainsi la double
conséquence particulièrement fâcheuse d’imposer à l’État des
dépenses qui pourraient être évitées et d’inciter les communes à
faire elles-mêmes des sacrifices sans réelle utilité 101 ». Tout comme
l’est le mode déresponsabilisant de financement par l’impôt du
secteur public local. Critiquant l’attribution aux communes d’une
partie des contributions indirectes et de l’impôt sur le chiffre
d’affaires, la Cour considère que, par la mise à disposition de
ressources que les communes « n’ont pas à demander aux taxes
communales, ces lois ont favorisé le gaspillage et méconnu le
principe essentiel d’une bonne gestion des deniers publics : la
responsabilité des assemblées locales devant le contribuable 102 ».
Les observations de la Cour des comptes sur cette période illustrent
également les enjeux que présentent les systèmes d’information
dans la décision de dépense et la coordination des acteurs, tout
comme l’importance d’une approche prospective au regard des
besoins à venir. C’est ainsi de l’examen des errements qu’elle a pu
observer dans les dépenses d’investissement que la Cour tirera la
nécessité d’une planification nationale.
« L’absence de plans sérieusement étudiés, dans le cadre desquels seraient
classés, selon l’intérêt qu’ils présentent et l’urgence qui s’attache à leur
réalisation, tous les projets de travaux faisant l’objet de demandes de subvention,
a entraîné dans le passé […] les plus nuisibles conséquences. Il paraît
indispensable de procéder enfin à une sélection. [Mais] l’élaboration de pareils
plans à l’échelon national suppose que les administrations centrales auront à
leur disposition une documentation précise et soigneusement tenue à jour.
L’établissement de la carte sanitaire et de la carte scolaire constituerait, à cet
égard, un progrès important […] Au moment où de nouveaux programmes de
grands travaux sont à l’ordre du jour, la Cour a cru nécessaire d’attirer
l’attention des pouvoirs publics sur les errements et les vices de méthode dont la
prolongation risque de compromettre l’efficacité de l’effort qui est ainsi
103
demandé à la nation ».
Il en va de même du pilotage des services déconcentrés.
« Pour obtenir l’équilibre désirable, les départements ministériels devraient être
très exactement informés de la totalité des besoins auxquels ils ont à pourvoir,
mais ce renseignement fait défaut parce qu’il n’existe pas une coordination
suffisante entre les services locaux et les services centraux et que ceux-ci ne
disposent pas de la documentation et des statistiques qui seraient indispensables
104
à leur action ».
Partant de l’examen des comptabilités, la question de l’insuffisance
de la documentation statistique officielle deviendra récurrente, la
Cour y voyant le levain indispensable à l’amélioration de la gestion
publique. Cette question lui paraît particulièrement importante dans
le domaine des marchés publics pour lesquels « les administrations
doivent se mettre d’accord avec l’entrepreneur ou le fournisseur sur
le cours exact des matières premières au moment de la signature du
contrat. La détermination des bases qu’il faut adopter suppose une
documentation statistique complète, pratiquement utilisable et
d’une indiscutable objectivité. Or, une semblable documentation
n’existe que très imparfaitement, à l’heure actuelle en France, [de
sorte que] les administrations […] se voient souvent obligées de
recourir aux index établis par diverses publications dues à l’initiative
privée. [Or la Cour] estime qu’il n’est pas sans danger de laisser à des
groupements privés le soin d’enregistrer des cours qui seront
ensuite admis sans discussion 105 ».
Au-delà de ce point précis, la Cour demande, à la veille de la seconde
guerre mondiale, que l’on procède à une réorganisation des services
officiels de statistique qui apparaissent insuffisamment coordonnés.
Cette réforme est une nécessité « à l’heure où se multiplient les
interventions de l’État dans le domaine économique et où les
mouvements de prix, par le jeu des formules de révision, ont une
répercussion parfois considérable sur les finances publiques ».
« La recherche et la publication des renseignements statistiques se trouvent, en
effet, dispersées entre de nombreux ministères, voire même, comme c’est le cas
pour le ministère des Finances, entre plusieurs directions d’un seul département
ministériel. Cet éparpillement auquel l’existence de Conseil supérieur de
statistique, conçu comme un organe de centralisation et de coordination,
n’apporte qu’un remède insuffisant, nuit aussi bien à l’établissement complet et à
la présentation rationnelle des documents qu’à leur prompte utilisation.
L’absence d’une vue d’ensemble, rend, par ailleurs, à peu près inévitables les
106
lacunes et les doubles emplois ».
NOTES
1. L’expression est de Roger Léonard, premier président de la Cour des comptes, « La Cour
des comptes et le contrôle des finances publiques », RPP, n° 737, septembre 1963, p. 3.
2. Le contrôle des trois « E » porte sur l’économie et consiste à s’assurer que les coûts soient
minimisés, l’efficience porte sur le rendement et vérifie que l’option correspondant au
rendement maximum a été choisie, l’efficacité compare les moyens engagés et les résultats
obtenus.
3. Pour une analyse d’ensemble, Stéphane Rials, Administration et organisation (1910-1930), de
l’organisation de la bataille à la bataille de l’organisation dans l’administration française,
Bibliothèque Beauchesne, 1977, p. 93-180, la doctrine administrative.
4. A. P. de Mirimonde et H. Devillez, « Le rapport public de la Cour des comptes et les
réformes financières actuelles », RSLF, 1935, p. 419.
5.Ibid., p. 419-420.
6. Pierrette Rongère, La Cour des comptes, thèse de la Fondation nationale des sciences
politiques sous la direction de M. Bernard Gournay, 1963, dactylographiée, p. 216.
7. Rapport public sur les années 1937-1938, JO, 15 déc. 1938, p. 1.
8. Rapport public..., op. cit.
9.Ibid., p. 4.
10. Il existe quelques tentatives antérieures. Dans son rapport publié en 1912, et après avoir
année après année relevé les mêmes faits, la Cour considère qu’il convient de reprendre « la
question de principe en l’envisageant dans toute sa généralité […] et à la signaler d’une
manière spéciale à l’attention des pouvoirs publics ». La conclusion de son rapport,
consacrée sur plusieurs pages à ces questions, se veut générale. La Cour précise que « la
méconnaissance des prescriptions légales présente au point de vue de la gestion des
services publics les dangers les plus sérieux », en raison de l’importance de ces dépenses
dans les budgets publics ; la Cour insiste en particulier sur le fait que les règles qui s’y
appliquent ont bien pour objet de « créer des garanties spéciales en faveur des services
publics », Rapport sur les comptes de 1910 remis au président de la République le 15 juillet
1912 p. 79. Pour synthèse de ce rapport, RSLF 1912 p. 681-694.
11. Rapport 1934, p. 13-14.
12. M. Thomazeau, inspecteur des finances, « La mécanographie au ministère des Finances
», L’État moderne, p. 37-42.
13. M. Thomazeau, « La mécanographie... », op. cit., p. 40.
14. René Carmille, La mécanographie dans les administrations, Sirey, Paris, 1942, p. 76.
15. Rapport public 1938, p. 1.
16. « Fondements économiques et sociaux des principes budgétaires », RSLF 1949, p. 406-
445.
17.Op. cit., p. 407.
18. On ne peut comparer sans autre précision les rapports publics avant et après la réforme
de 1956 qui va détacher l’exécution budgétaire pour la renvoyer dans un rapport spécifique,
« le rapport public s’attachant plus spécialement à l’aspect administratif et financier de la
gestion des services publics », Christine Berthon-Goffin, Réforme administrative et Cour des
comptes, thèse dactylographiée, Paris II, 1976, p. 43.
19. Rapport sur les comptabilités vérifiées en 1921-1922, Paris, 1923, p. 34.
20. M. Tardieu, À quoi sert la Cour des comptes ?, Hachette, 1967, p. 121.
21.Ibid.
22. Rapport public 1927, p. 61.
23.Op. cit., p. 92-93.
24. Rapport public 1938 (JO, 15 décembre 1938), p. 37.
25. Rapport public 1938, op. cit., p. 34.
26. Rapport public 1922, p. 106.
27. Rapport public 1938 (JO, 15 décembre 1938), p. 37.
28.Op. cit., p. 1.
29.Op. cit., p. 5.
30.Op. cit., p. 1.
31. Répondant aux préoccupations de la Cour des comptes qui dénonce régulièrement les
dépenses de personnel des collectivités locales et l’existence de dépenses exagérées ou
abusives, un décret-loi du 20 juillet 1935 va créer un Comité supérieur de l’administration
départementale et communale qui a pour mission de rechercher les dépenses excessives.
32. Rapport 1925, p. 118.
33. Rapport 1923, p. 136.
34. Rapport sur les comptabilités vérifiées en 1936 et 1937, Imprimerie nationale 1938, p.
163.
35. Ibid.
36.Ibid., p. 164.
37. Rapport 1933, p. 38.
38. Rapport public sur les années 1940 à 1945, p. 6.
39. Ibid.
40. Ces critiques récurrentes sont également celles que l’on va assez régulièrement
retrouver dans les rapports postérieurs à la seconde guerre mondiale. Le rapport public de
1948 sera à ce sujet cinglant « les départements, lorsqu’ils entreprennent de grands travaux
de construction, ne sont pas toujours animés d’un souci suffisant d’économie ; leurs
initiatives aboutissent en effet trop souvent à des résultats décevants, sinon désastreux »,
rapport public 1948, JO, 28 décembre 1948, p. 150.
41. J. B. Veraguth, conseiller maître à la Cour des comptes, « Organisation du contrôle des
finances départementales et communales », L’État moderne, 1939, p. 218.
42.Op. cit., p. 137.
43.Op. cit., p. 138.
44. Rapport public 1925, p. 99 à 101.
45.Op. cit., p. 101.
46. Rapport public 1927, p. 100.
47. Ibid.
48.Op. cit., p. 219.
49. Ces critiques seront réitérées lorsque ces dépenses s’effectueront au travers de
syndicats intercommunaux, comme en témoignent ses rapports des années 1953, 1954 ou
1958. La Cour reprochera à certains syndicats intercommunaux d’entreprendre « des
travaux d’une ampleur dispendieuse sans se soucier ni des facultés contributives des
usagers, ni de l’importance réelle des plus-values que procurent les sommes investies »,
rapport public 1958, p. 43.
50. Rapport public 1931, p. 138.
51.Op. cit., p. 145.
52. Rapport public 1923, p. 136.
53. Dans son rapport de 1910, la Cour écrivait, par exemple, que si ses observations
rejoignent largement celles de l’Inspection générale du ministère de l’Intérieur, elles font
également « apparaître la mauvaise volonté des préfets pour l’application des lois toutes les
fois qu’une question politique est en jeu », « Observations de la Cour des comptes sur les
comptes de 1910 », RSLF 1912, p. 690.
54. Rapport public 1923, p. 136.
55. Dans ce rapport, ses observations sur les services de l’État sont ainsi regroupées en trois
sections : le budget général, les comptes spéciaux et les offices et établissements divers de
l’État.
56. Exemples : « les frais d’installation, correspondant à l’acquisition ou à la location
d’immeubles, atteignent souvent un prix élevé, auquel s’ajoutent des charges d’entretien
plus ou moins considérables », Rapport de 1925, p. 80-81. « Parmi les dépenses de matériel
qui auraient pu être évitées ou réduites si le service avait été géré par l’État, on doit signaler
l’acquisition coûteuse de l’immeuble affecté à l’Office national du commerce extérieur ». Cet
immeuble, acheté par une société en 1919 pour 1 300 000 francs, « a été revendu à l’office un
an après pour 2 500 000 francs ». À cette somme, il convient « d’ajouter les dépenses
d’aménagement et de mobilier qui ont encore absorbé près d’un million », Rapport annuel
1927, p. 78.
57.Op. cit., p. 80.
58. Rapport public 1925, p. 80-81.
59.Op. cit., p. 79.
60. Le Parlement se montre très sensible à ces questions comme en témoigne, par exemple,
l’intervention d’A. Tardieu à la Chambre le 8 novembre 1927 : « Personne dans l’état actuel
ne fabrique de l’azote aussi cher que l’État français ». Voir S. Rials, Administration et
organisation (1910-1930)..., op. cit., p. 217.
61.Op. cit., p. 32.
62.Op. cit., p. 82.
63. Rapport au président de la République et observations de la Cour des comptes sur les
comptabilités vérifiées en 1930-1931, Paris, 1933, p. 115.
64.Op. cit., p. 116.
65.Op. cit., p. 118.
66.Op. cit., p. 87.
67. Rapport public 1931, p. 88.
68. Rapport public 1927, p. 80.
69. Rapport public 1933, p. 119.
70. Rapport public 1931 sur les comptabilités vérifiées en 1928-1929, p. 25.
71. Le Sénat adopte lors de sa séance du 14 février 1924 une résolution demandant au
Gouvernement de faire établir les comptes de tous les ministères, de toutes les entreprises
industrielles, de toutes les administrations dont il a la charge, suivant les règles de la
comptabilité en partie double. Le sénateur Mauger demanda lors de ces débats à ce que l’on
fournisse au Parlement l’ensemble des informations dont il avait besoin pour connaître la
situation financière véritable de l’État et considérait que l’application de la comptabilité
commerciale faciliterait le contrôle parlementaire, Débats, p. 92.
72. Voir, par exemple, Marcel Soquet, La réforme de la comptabilité publique, Paris, Dunod,
1934, et la thèse de M. Alfred Guerlet, Le bilan de l’État, Alger, 1916.
73. Les principes budgétaires classiques, annualité, unité et universalité, sont fortement
critiqués au nom de l’efficacité de la gestion publique. On pense évidemment à Léon Say
demandant en 1888 que l’on dresse enfin un bilan de l’État, la comptabilité ne permettant
alors qu’un bilan du Trésor car « est-il possible de faire apparaître dans nos écritures cette
situation exacte de l’actif et du passif, que tout commerçant doit étudier tous les soirs pour
se rendre compte de l’état de ses affaires » ?, Sénat, séance du 26 mars 1888.
74. Pierre Baudin, Le budget et le déficit, p. 12.
75.Op. cit., p. 18.
76.Op. cit., p. 12.
77. Rapport public 1928, p. 21.
78.Op. cit., p. 142.
79. Voir sur ce point la contribution sur les offices dans ce volume.
80. Rapport public 1928, p. 142-143.
81. Rapport public 1928, p. 22.
82. Rapport public 1928, p. 21.
83.Op. cit., p. 22.
84.Op. cit., p. 22.
85.Op. cit., p. 142.
86.Op. cit., p. 143.
87. Rapport 1922, p. 77-78.
88. Voir A. P. de Mirimonde et H. Devillez, op. cit., p. 435.
89. Voir, par exemple, E. Allix, « La réorganisation financière des PTT », RPP 1923, p. 130-
141, et Georges Bouctot, « La Grande usine des PTT, du budget annexe à l’autonomie
budgétaire », RPP 1926, p. 170-186.
90. Rapport 1923, p. 68-69.
91.Op. cit., p. 69-70.
92. Rapport public 1922, p. 38-39.
93.Op. cit., p. 41.
94.Op. cit., p. 41-42.
95.Op. cit., p. 42.
96. Rapport public 1925, p. 55.
97. Rapport public 1922, p. 43.
98.Op. cit., p. 42.
99. Rapport public 1925, p. 55.
100.Op. cit., p. 5.
101. J. B. Veraguth, op. cit., p. 219 ; ces critiques ont déjà été formulées par la Cour des
comptes dans son rapport de 1922.
102. Rapport public 1923, p. 136.
103. Rapport public 1938, p. 6.
104.Op. cit., p. 4.
105. Rapport public 1938, p. 4.
106.Op. cit., p. 5.
AUTEUR
STÉPHANIE FLIZOT
Stéphanie Flizot est maître de conférences en droit public, titulaire de l’habilitation à
diriger les recherches. Ses travaux et publications portent sur les finances et la gestion
publiques, appréciées sous un angle historique et de droit comparé, ainsi que sur la fiscalité.
Sa thèse consacrée aux relations entre les institutions supérieures de finances publiques et
les pouvoirs publics dans les pays de l’Union européenne a obtenu le prix de la Cour des
comptes et est parue à la LGDJ. Elle a également publié récemment « Les règles
constitutionnelles de limitation de l’endettement, l’exemple allemand », in Jus politicum n°
8, juillet 2012 ; « L’organisation de la Cour des comptes européenne, enjeux et défis »,
audition devant le Comité du contrôle budgétaire du Parlement européen, COCOBU, 30 mai
2012, Future Role of the European Court of Auditors : Challenges ahead and possible reform,
http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/201205/20120514ATT45035/201
20514ATT45035FR.pdf ; « Les services locaux du ministère des Finances : enjeux et débats
aux lendemains de la Première Guerre mondiale », Gestion et Finances publiques – La revue,
numéro spécial Histoire des finances publiques, mars 2012 ; « L’évaluation des fraudes fiscales,
panorama européen », Gestion et Finances publiques – La revue, numéro spécial Contrôle fiscal,
décembre 2011 ; « La mise en place des Cours des comptes en Europe, XIVe-XIXe siècles », in
A. Dubet et M.-L. Legay, La Comptabilité publique en Europe, 1500-1850, Presses universitaires de
Rennes, 2011, p. 93-106 ; « Les tendances relatives à l’organisation et aux réformes du
contrôle de l’État sur les collectivités locales en Europe », in A. Hastings-Marchadier, La
performance et les contrôles financiers de l’État sur les collectivités locales, LGDJ, 2011, p. 319-333.
Les comités de réforme administrative
et d’économies budgétaires, 1919-1959
: vie et mort d’une politique de gestion
publique ?
Florence Descamps
Introduction
Au-delà des difficultés monétaires, sociales et économiques qu’elles
ont engendrées, les deux guerres mondiales ont eu un impact
considérable sur l’administration, impact que les pouvoirs publics de
l’époque (ministres, administrateurs, contrôleurs, magistrats
financiers, parlementaires) ont résumé dans les deux cas sous deux
termes péjoratifs, « désordres » et « gonflement ». Désordres et
irrégularités comptables et budgétaires, affaiblissement des
contrôles, vacances de postes et gonflement des effectifs 1 ,
difficultés de recrutement et créations irrégulières de postes,
multiplication des auxiliaires, fixation ou attribution irrégulières de
traitements et d’indemnités, expansion des organigrammes,
multiplication des postes parallèles de chargés de mission et de
postes d’encadrement, création de nouveaux organes administratifs
soit au sein de l’administration (nouvelles directions, nouveaux
services, nouveaux ministères), soit en dehors ou à côté de l’appareil
administratif (offices, sociétés d’économie mixte, entreprises
nationales, associations), infractions à la réglementation des
marchés publics, acquisitions et locations immobilières somptuaires,
attributions irrégulières de subventions et gestion de fait, apparition
de doubles emplois et de chevauchements d’attributions, problèmes
de coordination… Les doléances sont nombreuses dans les rapports
de contrôle, dans les documents parlementaires, dans les archives du
ministère des Finances et dans les rapports de contrôle de la Cour
des comptes. Suite à ce diagnostic qui est à la fois répliqué et
amplifié d’une guerre à l’autre, se fait jour la volonté des dirigeants
politiques et administratifs, du Parlement et de l’opinion de
remettre de l’ordre dans la gestion de l’État. Pour les plus libéraux et
les plus hostiles à l’État, il s’agit de revenir à l’état ante, considéré
comme la référence normale, c’est-à-dire un État moins
interventionniste, moins étendu et moins nombreux ; pour les plus
réalistes ou pour les plus ardents partisans d’une rénovation du rôle
de l’État, il s’agit d’adapter et de mettre à jour les structures et les
modes de fonctionnement de l’État face aux nouveaux défis que ce
dernier doit affronter. À la croisée de cette triple volonté de retour à
la normale, de retour à l’ordre juridique comptable et budgétaire et
d’aggiornamento, émerge le concept de réforme administrative, qui va
progressivement, tout au long de l’entre-deux-guerres et jusque sous
la IVe République, devenir un topos du discours et de l’action des
pouvoirs publics et rechercher non sans tâtonnements les voies de
son institutionnalisation en politique publique.
Tandis qu’en 1918-1919, une série de commissions consultatives
(Selves, Courtin, Bloch, Hébrard de Villeneuve) préparent le retour à
une gestion publique de paix et élaborent, en même temps que les
mesures d’urgence indispensables, un programme de réforme à long
terme (procédure budgétaire, contrôle financier, comptabilité
administrative, réorganisation des structures ministérielles
notamment celles des Finances, reclassement des fonctionnaires), la
réforme administrative se voit rattrapée par la croissance de la dette
et par les déficits budgétaires. C’est au sein de la commission
Hébrard de Villeneuve de 1919 chargée de la revalorisation des
traitements des fonctionnaires qu’est célébré pour la première fois
au XXe siècle le mariage officieux de la réforme administrative et de
« la réduction du train de vie de l’État ». Coexistant dans les années
1920 et 1930 avec d’autres versions de la réforme administrative 2
portées par des acteurs aussi divers que le Conseil d’État (Chardon,
Blum), les juristes (Jèze, Laferrière, Barthélémy), les ingénieurs
(Fayol, Coutrot, Detoeuf, J. Milhaud), les représentants du patronat
(Mercier, Citroën) ou les syndicalistes (Budon, Mer, Patouillet), cette
version budgétaire de la réforme administrative connaît ses premiers
linéaments empiriques entre 1919 et 1924. Suite au redressement
Poincaré, elle s’éclipse un temps pour réapparaître en 1932 lors de
l’aggravation de la crise des finances publiques et de l’adoption par
le Gouvernement d’une politique de déflation budgétaire et
administrative (1932-1935 et 1938-1939).
Reléguée temporairement au second plan sous Vichy, la version
budgétaire de la réforme administrative resurgit à la Libération et
mobilise la scène publique jusqu’en 1950 ; elle s’éclipse entre 1950 et
1958, coexistant avec plusieurs autres entreprises de réforme
administrative, éclatées entre différents pôles d’impulsion, le
ministère des Finances, le ministère de l’Intérieur, la Cour des
comptes, la Présidence du Conseil. Dans un contexte de crise
budgétaire aggravée, la réforme administrative reprend sa liaison
fatale avec les économies, exhalant son dernier souffle en 1959-1960
avec la commission de réforme administrative dite de l’article 76 3 …
La version budgétaire de la réforme administrative est donc
identifiable sur l’ensemble de la période 1919-1959 ; elle présente,
par-delà les nuances politiques et partisanes des gouvernements qui
l’ont mise en œuvre et par-delà les trois régimes politiques
concernés, des réplications frappantes. Notre hypothèse est que la
période 1919-1950 voit naître et se développer une politique
publique de réforme administrative bien déterminée, celle des
économies budgétaires, menée par des autorités publiques qui à
cette occasion mettent en circulation des discours politiques et
administratifs sur la gestion des administrations et des services
publics, confient cette politique à des organismes ad hoc (les
commissions d’économies) ou à des organismes permanents dédiés
(direction du Budget, Cour des comptes) et inventent les outils du «
rationnement budgétaire ». Cette version budgétaire de la réforme
administrative a pu être présentée à partir des années 1950 par ses
détracteurs comme illégitime ou inefficace, mais il n’en reste pas
moins que, portée par l’ensemble des acteurs politiques et
administratifs de 1919 à 1950, avec une résurgence exceptionnelle en
1959, elle constitue dans la période une voie bien identifiée de la
gestion de l’État, dont les fondements s’enracinent dans une
conception libérale du rôle de l’État : un État neutre, limité dans ses
attributions et dans sa taille, contrôlé et économe des deniers
publics. Il s’agit donc de prendre au sérieux cette politique et d’en
étudier les concepteurs, les acteurs institutionnels, les objectifs, les
séquences chronologiques et leurs éventuels résultats.
Afin d’étudier cette politique de gestion publique, nous avons choisi
de nous intéresser ici aux dispositifs administratifs incarnant
explicitement cette politique : les commissions d’économies et de
réforme administrative qui en portent le nom ou qui sont
directement attachées à cet objectif. Ces commissions sont
caractérisées par un ensemble de traits communs bien spécifiques :
collégiales, temporaires, précaires, aux contours flous (on sait quand
elles naissent, on ne sait pas toujours quand elles finissent), à la
composition mouvante, aux « produits » indéterminés (qu’est-il
attendu d’elles, une expertise, des chiffres, des propositions, des
conseils, un rapport, un programme ou un plan, des projets de textes
?), elles relèvent de cette administration consultative qui se
développe de façon exponentielle sous la IIIe République, non sans
controverses d’ailleurs 4 . Une autre entrée possible aurait pu être
l’étude des gouvernements, des ministres et des coalitions partisanes
qui portent cette politique, ou l’étude des partis ou des
parlementaires qui s’en font les champions, qu’ils soient de droite ou
de gauche. Une autre encore aurait pu être celle de la presse, très
virulente à l’époque, qui alimente les représentations d’une
administration budgétivore et parasite et qui influence fortement
l’opinion. Enfin, une dernière approche pourrait consister à faire
l’étude quantitative des masses budgétaires et à retracer dans le
détail l’évolution de la dépense publique ministère par ministère,
pour voir si l’apparition des commissions de réforme administrative
et d’économies coïncide ou non avec des pics de déficit budgétaire et
surtout si elles précédent ou non un ralentissement, une
stabilisation ou une réduction des dépenses ou du nombre de
fonctionnaires 5 .
Afin d’étudier ces organes consultatifs qui nous semblent une
marque distinctive de la période, nous nous interrogerons sur les
instances qui les ont créées : sont-elles d’origine gouvernementale,
ministérielle ou parlementaire, donnée capitale puisque nous nous
trouvons sous la IIIe et sous la IVe République dans un régime
parlementaire dont l’équilibre n’est pas stable ; nous nous
intéresserons à leur rattachement (Présidence du Conseil ou
ministère des Finances), à leur composition (hauts fonctionnaires,
parlementaires, syndicats), à leur positionnement au sein de
l’administration et à leur secrétariat, à leur mode de fonctionnement
et à leurs méthodes de travail, à leur calendrier, à leurs résultats et à
l’appréciation portée sur leurs travaux, par eux-mêmes ou par les
observateurs extérieurs…
NOTES
1. Les ministères les plus concernés par la croissance des effectifs sont sans surprise après
1918 la Guerre, les Pensions et les Finances (le paiement des pensions, les dommages de
guerre, la dette) et, après 1945, les Armées et les administrations économiques.
2. Deux grands axes de réforme sont identifiables : « le désencombrement de l’État » qui
consiste à restituer au secteur privé certaines activités de l’État, en particulier les activités
industrielles, et « l’industrialisation de l’État » qui consiste à introduire dans
l’administration les « méthodes industrielles » des entreprises, c’est-à-dire l’organisation
scientifique du travail. Cf. S. Rials, Administration et organisation (1910-1930). De l’organisation
de la bataille à la bataille de l’organisation dans l’administration française, Paris, Beauchesne,
1977.
3. Il faut attendre les années 1980 et surtout les années 1990 pour voir les pouvoirs publics
renouer officiellement et publiquement avec les grandes commissions de réforme
administrative et d’économies. Cf. P. Bezes, Réinventer l’État. Les réformes de l’administration
française (1962-2008), p. 262 et 372-388.
4. Sur l’administration consultative, C. Colson, « Le Conseil supérieur de la marine
marchande et la défense des intérêts généraux », Revue politique et parlementaire, n° 263, 10
octobre 1916, p. 5-21 ; G. Dauphin, L’administration consultative centrale, Librairie Marcel
Rivière, 1932 ; M. Lachaze, « Le règne des conseils ou la polysynodie dans l’administration
française », Revue politique et parlementaire, n° 478, 10 septembre 1934, p. 483-494 ; H. Puget,
« L’administration consultative centrale : conseils et commissions », in A. de Monzie, H.
Puget et P. Tissier (dir.), Encyclopédie française, tome X, L’État moderne : aménagement, crise,
transformations, Comité de l’Encyclopédie éditeur, 1935 ; J. Cahen-Salvador, La représentation
des intérêts et les services publics, Recueil Sirey, 1935 ; Y. Weber, L’administration consultative,
LGDJ, 1968 ; A. Chatriot, « Les instances consultatives de la politique économique et sociale
», in G. Morin et G. Richard (dir.), Les deux France du Front populaire : chocs et contre-chocs,
Actes du colloque du 4-6 décembre 2006, L’Harmattan, 2008, p. 255-266 ; F. Descamps, «
Administration consultative et administration active : le cas des Comités d’économies et de
réforme administrative de l’entre-deux-guerres », Revue administrative, n° 373, janvier-
février 2010, p. 75-83.
5. Sur la question des effectifs des fonctionnaires et de leur « comptage », nous renvoyons
aux travaux d’E. Ruiz, cf. « Compter : l’invention de la statistique des fonctionnaires en
France (19890-1930) », in P. Bezes et O. Join-Lambert, « Comment se font les administrations
», Sociologie du travail, 52 (2), avril-juin 2010, p. 212-233.
6. C’est notamment le point de vue de L’État moderne et du syndicat de l’Enregistrement (A.
Budon et G. Mer). Cf. J. Siwek-Pouydesseau, Le syndicalisme des fonctionnaires jusqu’à la guerre
froide, 1848-1948, Paris, Presses universitaires de Lille, 1989, p. 248-250.
7. Précisons qu’à l’époque, la statistique des fonctionnaires est encore embryonnaire et que
ce sont les ministères eux-mêmes, les directions du personnel et les directions de la
comptabilité des ministères techniques qui tiennent la comptabilité de leurs emplois grâce
à leurs fichiers de paye. Les contrôleurs des dépenses engagées n’ont pas encore les moyens
de contrôler l’action des administrations en matière de recrutement et de rémunération, ce
qu’ils obtiendront avec la loi de 1922 (visa préalable). La première tentative de mesurer
scientifiquement les effectifs des fonctionnaires date de 1932, avec la publication de l’étude
de Raymond Rivet, « Les statistiques des fonctionnaires en France et en divers pays »,
Bulletin de la SGF, octobre-décembre 1932.
8. J. Siwek-Pouydesseau, op. cit ., 224-227.
9. SAEF, B 59 119.
10. E. Féret du Longbois, né en 1860, polytechnicien, a occupé successivement de 1907 à
1917 le poste de directeur de la Comptabilité publique puis du Contrôle des administrations
financières, de contrôleur des dépenses engagées au ministère des Finances et de directeur
du Mouvement général des fonds. Il a été nommé conseiller maître à la Cour des comptes en
1917.
11. SAEF, commission Courtin et Féret du Longbois, B 59 119.
12. M. Bloch né en 1861, inspecteur des Finances, a occupé le poste de directeur de la
comptabilité au ministère des Colonies (1900), puis aux Finances celui de directeur général
des Contributions directes (1908) et de directeur général de la Comptabilité publique (1912).
Il a été nommé procureur général près la Cour des comptes en 1913.
13. Né le 4 juillet 1882, P. Brin accomplira toute sa carrière à la Cour des comptes, selon une
trajectoire exemplaire qui le mènera de l’auditorat en 1908 jusqu’à la Première Présidence
en 1948, en passant par le poste de président de chambre en 1937, de procureur général en
1944 et de président du Comité central d’enquête sur les coûts et rendements des services
publics de 1946 à 1952.
14. Bloch président, l’inspecteur général des Finances Sauvalle, Lavit contrôleur général de
l’Armée, Monod représentant du ministère des Régions libérées, Féret du Longbois
conseiller maître à la Cour des comptes.
15. Les commissions tripartites doivent être créées dans un délai d’un mois à partir de la loi
de finances du 1er juillet 1923 : révision des cadres, simplifications, réforme des méthodes
de travail, hausses du rendement, recherche d’économies et réduction du personnel… Cf.
CHAN, 317 AP 48 ; L’État moderne, n° 1, janvier 1929 ; n° 2, mars 1929, p. 13-17 et p. 24-31 ; J.
Siwek-Pouydesseau, op. cit., p. 237-238.
16. E. Labeyrie, futur procureur général en 1933 et futur réformateur du système de gestion
des finances publiques, est son directeur de cabinet.
17. Selon la Fédération générale des fonctionnaires, les travaux n’auraient abouti qu’à « un
immense bluff », in J. Siwek-Pouydesseau, op. cit., p. 249.
18. CHAN 317 AP 48. Dans les archives de Louis Marin, on trouve trace des difficultés du
comité Bloch : échec des enquêtes écrites diligentées par Bloch, résistances des chefs de
service, délais de réponse sans cesse rallongés, fermeture des ministères aux demandes et
aux enquêtes, menaces de renvoi des contrôleurs des dépenses engagées, campagnes de
presse fomentées par les ministères et les intérêts locaux…
19. CHAN 317 AP 48. Il tient sa première séance le 10 août 1922 et siège pendant plus d’une
année.
20. Charles de Lasteyrie, lui-même inspecteur des Finances, ancien directeur des Services
financiers du Blocus, s’attache résolument à la remise en ordre du ministère des Finances :
réorganisation de l’administration centrale des Finances (décret du 28 juin 1923) et de la
gestion du réseau des percepteurs et des personnels du Trésor, résorption et mise en place
d’un service d’apurement des comptes spéciaux du Trésor (loi du 1er décembre 1922),
création et organisation du contrôle des dépenses engagées (loi du 10 août 1922)…
21. Louis Marin, député de Meurthe-et-Moselle, rapporteur général du budget de 1917 à
1919, a fait partie d’un grand nombre de commissions à l’Assemblée : budget, finances,
comptes définitifs, réorganisation économique, affaires étrangères, enseignement, traités
de paix, Alsace-Lorraine, suffrage universel, programmes électoraux et règlement. En 1923,
il est vice-président de la Chambre.
22. Paul Magny, ancien préfet de la Meuse et ancien directeur des affaires départementales
à la préfecture de la Seine, directeur honoraire au ministère de l’Instruction publique et des
Cultes, sénateur radical-socialiste à partir de 1914, président de la commission
d’administration générale, départementale et communale, membre de la commission des
finances des régions libérées d’Alsace-Lorraine.
23. Emmanuel Brousse, député de la Gauche démocratique, membre de la commission des
crédits, vice-président des commissions de la marine et des finances après le conflit, sous-
secrétaire d’État aux Finances dans les gouvernements Millerand et Leygues, spécialiste des
finances publiques et partisan des économies budgétaires.
24. À la date de mars 1924, les commissions tripartites Blum ne sont toujours pas toutes
constituées. Cf. second rapport Marin de mars 1924. CHAN 417 AP 109.
25. L. Marin procède d’ailleurs à un chiffrage de son plan de réforme et il évalue les fruits de
sa première tranche de réorganisation à 650 millions de francs d’économies, avec l’espoir
que son plan total aboutira au final à 4 milliards d’économies.
26. L. Marin est ainsi l’un des premiers hommes politiques à demander la création d’un
grand ministère de l’Économie nationale, plus de dix ans avant le Front populaire.
27. Sur la pénétration du fayolisme dans les administrations, A. Chatriot, « Fayol et les
fayoliens et l’impossible réforme de l’administration durant l’entre-deux-guerres »,
Entreprises et histoire, n° 34, décembre 2003, p. 84-97.
28. CHAN 317 AP 42.
29. Le rapport n’est guère disert sur les méthodes de travail du comité ; faute de moyens
spécifiques, ces dernières n’ont sans doute pas été très différentes de celles des deux
comités d’économies précédents : enquêtes écrites, questionnaires envoyés aux ministres et
traités par les directions du personnel, lecture des rapports des corps de contrôle, travail
sur les documents budgétaires et parlementaires…
30. Sur la réception du rapport Marin, CHAN 317 AP 42, 48 et 109 et conclusion du rapport
Marin, JO, p. 953. Louis Marin prend la peine de lister toutes les manœuvres qui lui ont été
opposées par les chefs de services, notamment : refus de renseignements, renseignements
incomplets ou inintelligibles, réponses à côté, délais répétés pour fournir le moindre
chiffre, protestations mal sonnantes, campagnes de presse organisées, refus de réponses…
31. CHAN 317 AP 48. Dans le projet de son deuxième rapport destiné à compléter le premier,
Louis Marin prévoit d’ajouter aux suppressions des recettes et des perceptions la fusion de
la régie de l’Enregistrement et de celle des Contributions directes, ainsi que celle des
Contributions indirectes et des Douanes. Le Comité des experts au printemps 1926
reprendra la proposition de fusionner les services des Contributions directes et de
l’Enregistrement et Poincaré, de retour au pouvoir, mettra en œuvre pendant l’été 1926 la
suppression de 153 recettes et la fusion de l’Enregistrement et des Contributions directes.
32. N. Carré de Malberg, « La naissance de la direction du Budget et d’un contrôle financier
et les grandes étapes d’un développement contrasté 1919-1940 », in colloque Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, La direction du Budget entre doctrines et
réalités 1919-1944, Paris, 2001, p. 65-104.
33. Commission Courtin et commission Féret du Longbois, SAEF, B 59 119.
34. Ces mécanismes sont bien connus des parlementaires spécialistes de finances publiques,
des gestionnaires aussi bien que des syndicats de fonctionnaires. Cf. les analyses de L’État
moderne en 1932-1933.
35. Face à la crise monétaire et financière qui secoue le cartel des gauches, R. Péret,
ministre des Finances du gouvernement Briand, par le décret du 31 mai 1926, met en place
un comité des experts qui doit établir des propositions pour un programme
d’assainissement économique et financier. Les membres en sont Sergent, Duchemin,
Fougère, Jèze, Lewandowski, Masson, Moreau, Oudot, de Peyerimhoff, Philippe, Picard, Rist
et Simon. Le rapport rendu le 3 juillet 1926 propose de nombreuses mesures monétaires et
financières (consolidation volontaire et progressive des bons de la défense nationale,
création d’une caisse de gestion de ces bons administrée par la Caisse des dépôts et
alimentée par les recettes du monopole des tabacs, stabilisation monétaire, accroissement
de l’autonomie de la Banque de France, mesures budgétaires et fiscales, etc.), mais, il
comporte aussi un petit volet de réforme administrative et d’économies (réduction des
subventions aux collectivités locales, rationalisation des services locaux, fusion des
administrations des Contributions directes et de l’Enregistrement en vue d’améliorer
l’efficacité du contrôle fiscal et le rendement de l’impôt sur le revenu…)
36. Du mois d’août 1926 jusqu’à la fin décembre 1926, plus de 70 décrets de suppressions
d’emplois sont pris par le Gouvernement.
37. Toutefois, un décret du 1er mars 1932 institue auprès de P. Reynaud, garde des Sceaux
et vice-président du Conseil, un service de contrôle des administrations publiques, chargé
de centraliser tous les rapports des corps de contrôle et d’inspection des différents
ministères, de mettre en œuvre « la simplification » des rouages administratifs et de
promouvoir la réforme administrative. L’initiative n’a pas de suite, stoppée par la chute du
cabinet Tardieu en juin 1932, mais elle inspirera les travaux des conseillers de G.
Doumergue sur la rénovation de la Présidence du Conseil après la crise de février 1934.
38. Circulaire de la DB du 6 février 1933, SAEF, B 33 452.
39. Décret du 22 octobre 1932, article 4, SAEF, B 33 452.
40. Décret du 27 juin 1933.
41. Le secrétaire général est Lorain, conseiller référendaire à la Cour des comptes, les trois
secrétaires rapporteurs sont Charnacé auditeur à la Cour, Closset auditeur au Conseil d’État
et Ardant inspecteur des Finances.
42. SAEF, B 33 316, circulaire DB du 27 décembre 1932. Les réponses des contrôleurs des
dépenses engagées s’échelonnent de décembre 1932 à mars 1933, plus ou moins innovantes,
plus ou moins incisives (organisation, structures, auxiliaires, comptabilité, emplois,
indemnités, subventions, travaux, contrôle). Les rapports des CDE insistent sur le nécessaire
renforcement du contrôle sur les offices et certaines de leurs propositions seront reprises
dans le cadre des travaux de la commission des offices de 1933.
43. SAEF, B 33 452. Entre autres, notes DB du 10 février, du 1er mars, du 7 mars 1933, du 30
mars 1933. La DB sert en réalité de secrétariat au comité supérieur des économies ; c’est elle
qui instruit les demandes, suit les dossiers, relance et centralise les réponses des services.
44. M. Bloch demande à chaque ministre de lui faire parvenir un ou plusieurs tableaux lui
faisant connaître la liste des indemnités ou suppléments de toute nature, remises ou
allocations attribuées aux fonctionnaires, militaires, employés ou ouvriers au service de
l’État, sur les crédits du budget général ou les budgets annexes. Il demande également des
informations sur la nature de ces indemnités, leur taux, leur justification, la référence aux
textes législatifs ou réglementaires qui les autorisent, le nombre et la catégorie des agents
bénéficiaires, la dépense totale que représente chaque indemnité et le chapitre du projet de
budget de 1933 dans lequel s’inscrit cette dépense. Le même exercice est demandé aux
offices et aux établissements publics, qui arguent de leur statut pour essayer de se
soustraire aux demandes de renseignements. En décembre 1933, le président du comité
d’économies, E. Labeyrie, exige du ministre des Finances que les indemnités, primes, jetons
de présence, versés aux administrateurs de l’État dans les sociétés dont l’État est
actionnaire, soient soumises à la révision générale prescrite par le Parlement. Les réponses
des directions des Finances se font attendre…
45. Pour les Finances, c’est le contrôleur général des Armées Bralley qui est en charge de
l’enquête. Le principe du « regard extérieur », développé par le Comité de réforme
administrative de 1938 puis par le Comité central d’enquête sur le coût et le rendement des
services publics de 1946, a donc été mis en œuvre dès 1933 par le comité Bloch II.
46. SAEF, B 33 452. Décret du 22 octobre 1932, article 5, décret du 20 novembre 1932 et loi
du 28 février 1933, article 74. « Il sera institué dans chaque administration de l’État, office
ou administration autonome, une commission d’économies qui sera chargée de proposer les
simplifications possibles dans l’administration et les réformes applicables aux méthodes de
travail. Cette commission procédera à une révision générale des cadres, elle proposera les
réductions possibles de personnel ». Ces commissions tripartites sont composées à part
égale de représentants des « organisations du public » (usagers, chambres de commerce,
chambres syndicales), de membres représentant l’administration désignés parmi les hauts
fonctionnaires et de représentants du personnel. Une soixantaine de commissions
tripartites sont prévues. Pour les Finances, il est prévu une commission tripartite pour
l’administration centrale, pour chacune des trois régies financières, pour la Comptabilité
publique, pour les Douanes, pour les manufactures de l’État, pour l’Imprimerie nationale,
pour les Monnaies et Médailles et pour le Service des laboratoires. Les archives des
commissions tripartites du ministère des Finances nous renseignent sur les revendications
et les propositions des services ainsi que sur l’attitude de la hiérarchie, plutôt conciliante,
qui relaie avec bonne volonté les préconisations à caractère « gestionnaire ». Il semblerait
que certaines d’entre elles aient été reprises dans certains des décrets-lois Doumergue du
printemps 1934, mais cela reste à vérifier. En revanche, sans surprise, la suppression des
indemnités fait l’objet d’un rejet parfaitement consensuel !
47. B 33 452. Selon les réformateurs de l’après-guerre, l’expérience des commissions
tripartites aurait avorté ; mais les archives de la DB, ainsi que les articles de L’État moderne
en 1933 (par exemple sur la réforme du Service des laboratoires) montrent que les
commissions tripartites ont remonté des propositions à destination du comité supérieur, au
grand bénéfice des directions du personnel et de la direction du Budget, qui faisant office
d’intermédiaires obligés, ont amélioré leurs connaissances des services et des effectifs. Voir
F. Descamps, « Une expérience de réforme administrative d’en bas en France : les
commissions tripartites de 1933 ou la première tentative de cogestion administrative au
ministère des Finances », in Actes du colloque Les réformes administratives vues d’en bas
organisé par le CERAP, Université libre de Bruxelles, 14-15 mai 2009, volume III, Pyramides,
n° 19, Bruxelles, Presses Universitaires de Bruxelles, 1er semestre 2010, p. 153-178.
48. B 33 452, circulaires DB du 28 septembre 1933 et du 12 février 1934.
49. Circulaires DB du 9 avril 1934 et circulaire du 21 juillet 1934. Idem pour les offices. En
octobre 1934, la DB s’attaque aux indemnités versées pour l’utilisation de véhicules
personnels dans le cadre du service.
50. N. Carré de Malberg, Le grand état-major financier : les inspecteurs des finances, 1918-1946. Les
hommes, le métier, les carrières, Paris, CHEFF, 2011, p. 254-255. Si Y. Bouthillier est considéré
généralement comme le principal artisan de la politique de déflation budgétaire sous Laval,
il est clair qu’E. Haguenin partage la même responsabilité sous Doumergue. L’histoire a
retenu le nom du premier, mais le second n’a pas été en reste !
51. SAEF, B 33 452, Décrets-lois du 4 avril 1934, Journal officiel, « Réalisation d’économies en
exécution de l’article 36 de la loi du 28 février 1934 ». Le rapport au président de la
République expose en six points le diagnostic et l’argumentaire du gouvernement
Doumergue (l’analyse de la situation ; la nécessité de l’équilibre budgétaire ; l’œuvre de
réforme ; la lutte contre les abus et la réforme administrative ; les sacrifices demandés aux
personnes ; subventions et dépenses de matériel) dans le cadre du plan de sauvetage des
finances publiques. Ce texte porte principalement la marque de Germain-Martin, ministre
des Finances, et de ses deux bras droits, Bouthillier, son chef de cabinet, directeur du
Service de contrôle des administrations financières et Haguenin, directeur du Budget ; la
patte de R. Dautry, conseiller du président du Conseil, hostile à l’abattement forfaitaire et
partisan des méthodes d’organisation scientifique du travail et des services des ingénieurs-
conseils privés, n’est guère perceptible, mais il aura sa revanche en 1935, au cabinet de
Laval. Cf. les archives Dautry, CHAN, 307 AP 95 à 100.
52. B 33 452, circulaire DB du 7 avril 1934.
53. Les traitements inférieurs à 12 000 francs, jusqu’ici exonérés par la loi du 23 décembre
1933, sont réduits de 5 %, les traitements supérieurs à 100 000 francs de 10 % et les
traitements intermédiaires voient leur prélèvement accru.
54. S’engage parallèlement le travail d’élaboration des décrets et des arrêtés d’application,
ministère par ministère. Pour le ministère des Finances, les décrets s’échelonnent du 21
avril au 30 juin 1934 et énumèrent catégorie par catégorie les emplois supprimés dans les
services extérieurs et à l’administration centrale.
55. Archives Dautry, CHAN, 307 AP 96, note du 20 septembre 1934, p. 10.
56. Au début des années 1930, la direction du Budget et son service des personnels civils et
militaires (PCM), alliée au comité supérieur d’économies, tente d’améliorer sa connaissance
des effectifs des agents publics. L’enquête de mars 1933 sur les indemnités, qui vise à
obtenir des informations sur les rémunérations « réelles » des agents publics, en est un des
moyens ; au même moment, en 1932, R. Rivet, à la SGF s’intéresse à la statistique des
fonctionnaires.
57. Décret du 4 avril, Journal officiel, 5 avril 1934, p. 3499.
58. La circulaire du 7 avril 1934 constitue un véritable discours sur la méthode concernant
la réforme administrative vue depuis la direction du Budget.
59. SAEF, B 33 316, circulaire DB du 22 juin 1935 et réponses des CDE.
60. Tout se passe comme si s’aiguisait la concurrence entre la présidence du Conseil,
conseillée par R. Dautry, J. Toutée et J. Branger, et le ministère des Finances où c’est
désormais Y. Bouthillier qui en tant que directeur du Budget pilote la déflation
administrative et budgétaire. CHAN 307 AP 98, 18 juillet 1935.
61. Près de 400 décrets ont été pris en exécution de la loi du 8 juin 1935.
62. Les petits traitements inférieurs à 8 000 F sont soumis à un prélèvement de 3 % ; ceux
compris entre 8 000 et 10 000 à un taux de 5 %.
63. Décret-loi du 3 juillet 1935. La commission prévoit la participation d’un président de
chambre de la Cour (Amet président), d’un conseiller d’État (Bouffandeau), d’un recteur
(Charlety), d’un président de section du conseil supérieur des Ponts et Chaussées ou des
Mines (Kerviler), d’un inspecteur général des Finances (Poisson) et du directeur du Budget,
ainsi que la nomination de conseillers maîtres pour diriger les missions de contrôle dans les
ministères. Chaque mission est composée de deux enquêteurs, un membre du Conseil d’État
et un inspecteur des Finances.
64. Décret-loi du 2 juillet 1935. Il est institué un comité supérieur des méthodes et des
résultats de la gestion des administrations de l’armée, de la marine et de l’air, afin de
rechercher et proposer toute mesure tendant à assurer cette gestion dans les conditions les
plus économiques, tant en ce qui concerne les dépenses de personnels que de matériel. Il est
composé d’un président de section du Conseil d’État (Chardon), d’un président de chambre
(Valette), d’un inspecteur général des Finances (Boullay), de trois contrôleurs généraux des
trois armes, et de rapporteurs pour enquêter dans les départements, sous la responsabilité
de sous-commissions ministérielles.
65. Décret-loi du 17 et du 30 juillet 1935. Le comité supérieur de l’administration
départementale et communale est chargé de veiller à la stricte application du contrôle en ce
qui concerne les administrations départementales et communales ainsi que les
établissements publics et de rechercher un nouveau statut financier pour les départements,
communes et établissements publics. Il est présidé par E. Herriot ministre d’État assisté des
ministres des Finances et de l’Intérieur, et comprend un président de section au Conseil
d’État, un président de chambre à la Cour des comptes, un inspecteur général des services
administratifs, le directeur de l’administration départementale et communale, le directeur
du Budget, le directeur de la Comptabilité publique, le président de l’association des maires
de France, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône.
66. Décrets-lois du 9 juillet et 15 juillet 1935. Dans chaque ministère, le comité d’économies
est « chargé de rechercher et de proposer toute mesure tendant à la réduction ou à la
suppression des dépenses, à l’amélioration des services publics par la simplification des
rouages administratifs, la fusion ou la suppression de services ou d’emplois, la modification
des méthodes et moyens de travail selon les procédés les plus modernes et l’amélioration du
rendement du personnel ». La recherche traditionnelle des économies et la réforme
administrative s’augmentent des nouvelles méthodes venues de l’industrie ou des cabinets
de conseil en organisation que R. Dautry souhaite voir acclimater dans les administrations
publiques. Les rapports des comités d’économies sont attendus à la présidence du Conseil
pour le 1er septembre, mais ils s’échelonnent jusqu’au 25 septembre ; faute de directives, ils
revêtent une forme hétérogène et ne comportent pas toujours les textes réglementaires
attendus. Chaque comité d’économies ministériel est vice présidé par un conseiller maître
ou un conseiller d’État ; il est composé d’un inspecteur ou d’un membre du corps de
contrôle financier, d’un conseiller d’État ou d’un conseiller maître ; s’y ajoutent trois
représentants du président du Conseil dont un membre du Conseil national économique et
trois représentants du ministère concerné. Le principal élément innovant réside dans la
participation de représentants de la présidence du Conseil, souvent choisis dans le milieu
des ingénieurs et des organisateurs privés (cf. la lettre de J. Milhaud à R. Dautry, 24 juillet
1935 ou le rapport général pour le ministère des Travaux publics de Robert Satet, membre
du CNOF, CHAN, 307 AP 98). Au ministère de l’Air, le comité de réorganisation est présidé
par H. Chardon, président de section au Conseil d’État et le rapporteur général est J. Toutée.
Au ministère des Finances, le comité d’économies, créé le 15 juillet 1935, réunit Fochier,
conseiller d’État, vice-président, Allix, professeur de la Faculté de droit de Paris, Fournier,
membre du Conseil national économique, Compagnon, secrétaire général du CNOF,
Fouchier, conseiller maître à la Cour, Decron et Drouineau, inspecteurs généraux des
Finances, Veraguth TPG, membre de L’État moderne et futur magistrat de la Cour des
comptes, ainsi que le directeur du Budget.
67. Décret de création du 4 juillet 1935, Journal officiel du 5 juillet 1935 p. 7163 et décret du 4
décembre 1935, JO, p. 12780. La commission supérieure de révision des pensions est présidée
par un conseiller d’État et composée d’un magistrat de la cour, d’un représentant du
ministère des Pensions, d’un représentant du ministère des Finances, d’un médecin des
hôpitaux et de quatre anciens combattants ; elle est subdivisée en sections et fonctionne sur
mémoires. Les différentes sections de la commission supérieure des pensions sont présidées
par un conseiller d’État ou un magistrat de la Cour des comptes ; la vice-présidence de la
commission est confiée également à un conseiller maître ; des auditeurs peuvent être
adjoints comme rapporteurs. Les commissions de révisions, dans les ministères, sont
composées d’un membre de la Cour des comptes, d’un magistrat, de contrôleurs des Armées
et de la Marine, d’un représentant des anciens combattants et des pensions, d’un médecin…
Cinquante commissions au moins sont prévues.
68. De fait, leur installation a pris un temps infini et suscité de nombreuses résistances de la
part des ministères contraints de se soumettre au contrôle des représentants du ministère
des Finances (SAEF, B 33 316).
69. CHAN, 307 AP 98, Note de J. Branger, août 1935, proposant de créer un conseil supérieur
d’organisation des services publics, présidé par le président du Conseil et chargé de
coordonner les travaux et les décisions des différents comités d’économies.
70. Pour une tentative d’évaluation à l’époque, « Note sur les travaux des commissions
d’économies dans les ministères », et rapports ministériels correspondants, CHAN, 307 AP
100. L’auteur (Dautry ? Branger ?) fait état des difficultés à obtenir l’assentiment des
ministres pour les mesures d’économies préconisées par les comités d’économies, à obtenir
les projets de décrets correspondants et à chiffrer financièrement les mesures de
réorganisation. À notre connaissance, aucun bilan administratif et budgétaire d’ensemble
n’a été entrepris rétrospectivement.
71. Décret-loi de création du 12 novembre 1938, en application de la loi du 5 octobre 1938,
JO, p. 12888.
72. Exposé des motifs, p. 12888.
73. Cité par E. Bonnefous, La réforme administrative, Paris, PUF, 1958, p. 76-77. Voir aussi
CHAN, 74 AP 17, le discours de P. Reynaud à la radio le 12 novembre 1938 où il affirme son
refus de l’abattement forfaitaire. De fait, dès 1935, certains hauts fonctionnaires de la
présidence du Conseil ont dénoncé l’utilisation de l’abattement forfaitaire et « l’uniformité
des compressions effectuées », « sans qu’il ait été fait de distinctions suffisantes suivant
l’utilité plus ou moins grande des services » (CHAN, 307 AP 100, Rapport présenté par le
Comité chargé de rechercher et de proposer toutes mesures tendant à la suppression ou à la
réduction des dépenses publiques au ministère des Finances, p. 3).
74. Né en 1867, G. Pichat a été vice-président du Conseil d’État en 1937-1938. Le 3 avril 1938,
il est nommé par Léon Blum à la présidence de la Cour supérieure d’arbitrage, créée pour le
règlement des conflits collectifs du travail.
75. R. Villard, né en 1894, inspecteur des Finances, directeur du Budget et du Contrôle
financier de 1929 à 1932, est en 1938 sous-gouverneur du Crédit foncier.
76. L. Hyon, administrateur des Douanes, proche des milieux syndicalistes et de L’État
moderne, partisan d’une modernisation des méthodes de travail et favorable à la «
collaboration » des agents, des usagers, des syndicats et de la hiérarchie, est nommé
directeur général des Douanes par le Front populaire en novembre 1936, en même temps
que G. Mer, nommé secrétaire général rue de Rivoli. Il conserve ce poste jusqu’à sa
nomination au CRA le 21 novembre 1938, puis prend sa retraite en octobre 1939. Cf. J.
Bordas, Les directeurs généraux des Douanes, L’administration et la politique douanière 1801-1939,
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2004, p. 719-724.
77. T. Rosset, professeur de philologie, proche du parti radical, directeur de l’enseignement
supérieur de 1938 à 1941.
78. J. Toutée, maître des requêtes, a été l’un des adjoints de R. Dautry au sein du cabinet de
Doumergue en 1934.
79. A. Boissard, né en 1901, inspecteur des Finances, chef adjoint du cabinet Laval, président
du Conseil, chef du service des prestations en nature du ministère des Finances de 1935 à
1938.
80. Le CRA est réputé pour avoir employé jusqu’à 80 enquêteurs rapporteurs ! Cf. la liste des
rapporteurs incluse dans le décret du 13 décembre 1938, p. 1359. Parmi les personnes
associées aux travaux du CRA, on compte une vingtaine de membres de la Cour des comptes
: Brin, Chalandon, Berthoud, Savin, Le Conte, Merveilleux du Vignaux, de Thoré, Brouillet,
Delaporte, Escoube, Walter, Hamelin, Priem, Lorain, Favier, Marcus, Parent, Forbin,
Willier… Et au moins autant d’inspecteurs des Finances : Amaudric du Chaffaut, Boissard
(Adéodat et Henri), Auboyneau, Colas des Francs de Parabère, Ardant, Richard, Fayol,
Salaün, Marcotte de Sainte-Marie, Chomereau de Saint-André, Redouin, Gregh, Gruson,
Schweitzer, Cardin, Mourre, Grièges, Brunet (André), Donati, Fayol, Fouchier, Fourmon,
Frédet, Redouin, Devaux, etc.
81. SAEF, B 33 230/1. Bribes des archives de gestion du CRA (enquêteurs, rémunérations,
frais de mission, indemnités, organisation des missions). Les frais de mission des enquêteurs
et les indemnités sont payés par la direction du personnel du ministère des Finances et les
paiements ont duré jusqu’en juin 1939. Chaque mission ministérielle est dotée d’une
documentation particulière sur le ministère étudié (liste des directions et services, liste des
commissions, conseils et comités et crédits affectés à leur fonctionnement, liste des services
dépendant de l’administration centrale, liste des services extérieurs dotés ou non
d’autonomie). A. Boissard entretient une correspondance avec les chefs de mission,
notamment pour la restitution des rapports. La correspondance avec le ministre transite au
cabinet par D. Leca, conseiller de Paul Reynaud ; A. Boissard correspond également avec le
secrétaire général du ministère, Y. Bouthillier. De nombreuses interventions parlementaires
dont la trace subsiste dans les archives relaient les inquiétudes des syndicats et des
associations de fonctionnaires face à la menace de suppressions d’emplois et d’économies.
82. Par exemple, Henri Solus, professeur de droit à la faculté de droit de Nancy.
83. B 33 230/1. On possède le questionnaire d’enquête de la mission « Fonctionnaires »
dirigée par Colas des Francs de Parabère, inspecteur général des Finances. Les questions
étudiées sont les suivantes : conditions d’accès aux postes de rédacteur, accès à ces postes
par les membres des services extérieurs ou détachements, postes discrétionnaires à la
discrétion du ministre, qualifications et procédure de recrutement, concours communs,
contrôle de l’absentéisme et de l’assiduité, contrôle des rendements, aménagement des
locaux et des tâches, conflits d’intérêt dans les commissions de contrôle, personnels «
inaptes » à l’emploi, possibilité de retraites anticipées pour ces personnels, possibilité de
supprimer ces postes, possibilité de supprimer les postes de gardiens de bureau ou
d’hommes de service par sous-traitance à entreprises privées, emplois ouverts aux femmes.
Bizarrement, la fiche ne mentionne pas la question des effectifs…
84. SAEF, 1A 401. Lettre d’A. Boissard, secrétaire général, à Y. Bouthillier, secrétaire général
du ministère des Finances, 13 janvier 1939. Il demande que ces directions « formulent dans
des notes résumées les propositions de réforme ou d’économies qui leur paraissent pouvoir
être réalisées le plus efficacement possible et le plus rapidement possible. Ces directions
devraient d’autre part signaler les services où elles estiment que le comité aurait intérêt à
diriger le plus rapidement possible l’activité de ses rapporteurs ». Ces directions sont en
effet « particulièrement informées, en raison de leurs attributions, des défectuosités qui
existent dans certains secteurs administratifs et qui sont dès maintenant en mesure de
fournir des suggestions précises tendant à corriger ces défectuosités ».
85. SAEF, 1 A 401.
86. SAEF, 1 A 401 et CHAN, 74 AP 17, discours de P. Reynaud, 21 avril 1939. Dans ce discours,
il annonce des économies sur les grands travaux, la réforme du service des Alcools, la
réforme de l’Office du blé, la liquidation des participations de l’État, la réforme de la
préfecture de Paris et de la Seine…
87. E. Bonnefous, La réforme administrative, Paris, PUF, 1958, p. 77-78.
88. SAEF, B 57 035. Le décret Chéron entraîne en 1930 un afflux des demandes de
dérogation.
89. Pour un bilan macrobudgétaire, voir A. Sauvy, Histoire économique de la France entre les
deux guerres (1931-1939), Paris, Fayard, 1967, p. 150-180 ; C. André, R. Delorme et G. Terny, «
Les dépenses publiques françaises depuis un siècle », Économie et statistique, Année 1973,
volume XLIII, p. 3-14 ; J. Bouvier, « Histoire financière et problèmes d’analyse des dépenses
publiques », Annales. Économies Sociétés Civilisations, 33e année, n° 2, mars-avril 1978, p. 207-
215 ; C. André et R. Delorme, L’État et l’économie. Un essai d’explication de l’évolution des dépenses
publique de la France (1870-1980), Paris, Le Seuil, 1983.
90. Il existe depuis 1924 une instance de concertation et d’association des « forces vives » de
la nation en matière économique et sociale, le Conseil national économique. Cf. A. Chatriot,
La démocratie sociale à la française, L’expérience du Conseil national économique, 1924-1940, Paris,
La Découverte, 2002
91. E. Haguenin manifeste son tropisme réformiste et rationalisateur dès 1929, alors qu’il
est directeur du contrôle des dépenses engagées rue de Rivoli ; son rapport annuel sur le
budget 1928 est un modèle du genre et atteste des ambitions du futur directeur du Budget
et du Contrôle financier quant à sa conception du rôle du contrôle des dépenses engagées,
SAEF B 33 330, 30 octobre 1929. Voir quelques années plus tard sa circulaire aux contrôleurs
des dépenses engagées du 26 avril 1933 sur le contenu de leurs rapports ou celle du 14 mars
1933 sur le contrôle des offices, SAEF, B 33316.
92. Sur le comité budgétaire et son incapacité à endiguer le flot des dépenses publiques et
l’augmentation des effectifs de fonctionnaires, rapports d’activités au Maréchal Pétain 1942
et 1944, rapports publics de la Cour des comptes 1947 et 1948 et rapports du CCECRSP 1947
et 1948.
93. Ordonnance du 6 janvier 1945, article 2, SAEF, B 48 448.
94. Séance solennelle du 30 juillet 1945, archives de la Cour des comptes, 2004001/29.
95. Créations irrégulières d’emplois, désordres dans les traitements et les indemnités,
avancement dans les grades, recrutement abusif d’auxiliaires, dépassements d’effectifs, «
gonflement » du nombre d’agents techniques, chasse aux subventions abusives aux
associations et aux fondations, emploi abusif d’automobiles, chasse aux frais de
déplacement, etc.
96. Séance solennelle du 30 juillet 1946, Archives de la Cour, 2004001/29. Pour gagner du
temps, la vérification de la comptabilité administrative du ministère est désormais confiée
au magistrat chargé d’assister le rapporteur du Budget du même ministère à la commission
des Finances de l’Assemblée
97. Jean Biondi, né en 1900, député SFIO, ancien résistant. Réélu député en 1945 et 1946, il
entre dans le gouvernement Blum (décembre 1946-janvier 1947), dernier gouvernement
provisoire et premier gouvernement purement socialiste du XXe siècle. De novembre 1947 à
février 1950, il est continûment secrétaire d’État à la Fonction publique ou à la Réforme
administrative. Il a été rapporteur de nombreuses lois, celle sur la nouvelle Constitution,
celle du reclassement de la fonction publique et celle sur les budgets des collectivités locales
et a porté, de bon ou mauvais gré, la politique d’économies et de réforme administrative de
la fin des années 1940.
98. Cf. la circulaire de la Présidence du Conseil sur la constitution des commissions de
révision ministérielles, 31 janvier 1945, SAEF, B 48 448. Ces dernières ont 6 mois pour rendre
leur rapport.
99. La loi prévoit tous les dispositifs possibles (à l’exception de la baisse nominale des
traitements et indemnités) : retraites prononcées d’office, recul de la limite d’âge pour la
retraite, gel des recrutements, mise en détachement, mise à disposition obligatoire du
Centre d’orientation et de réemploi (SAEF, B 57 035).
100. SAEF, B 57 035.
101. Circulaire de la DB du 4 janvier 1947, SAEF, B 57 035.
102. Affaires étrangères 45 ; Commissariat général aux affaires allemandes 7202 ;
Agriculture 1885 ; Anciens combattants 1553 ; MEN 1000 ; Éducation nationale 1500 ;
Finances 3500, FOM 163 ; Justice 786 ; Intérieur 3041 ; Ravitaillement 3000 ; Production
industrielle 1639 ; Santé publique 1728 ; Travaux publics 1000 ; Radio 265 ; Défense nationale
265 ; Air 6500 ; Guerre 8200 ; Marine 2740 ; Présidence du Conseil 4800, etc.
103. SAEF, B 57 035. La direction du Budget se montre sceptique. Le plan de réduction des
effectifs a bien engendré quelques innovations institutionnelles, telles que la création du
Centre d’orientation et de réemploi au ministère du Travail (décret du 10 février 1946).
Mais, créé pour centraliser les demandes d’emplois d’agents dont le poste a été supprimé et
pour organiser leur reclassement, soit dans le public soit dans le privé, le COER présente un
bilan contrasté et controversé (cf. le rapport de l’inspecteur des Finances Marcille, en date
du 22 mars 1949, SAEF, B 57 035 et B 10 495).
104. Décret du 8 juillet 1947. Selon P. Huet (AO, Comité pour l’histoire économique et
financière de la France, entretien avec O. Feiertag, n° 5, 20 décembre 1990), le terme «
Guillotine » aurait été substitué au terme « Hache », pour faire plus moderne (sic).
105. Philippe Huet, inspecteur des Finances, directeur de cabinet de Ramadier, chargé de
suivre les travaux de la commission, décrit combien la direction du Budget était mobilisée
dans cet exercice, notamment par « l’épluchage » un par un des budgets pour « en élaguer
les aspects jugés les moins utiles, secondaires, superflus, excessifs ». Il raconte aussi les
auditions finales, qui se sont déroulées de juillet à octobre 1947, à Paris et à Champs-sur-
Marne, avec convocation des ministres devant le président du Conseil, le ministre des
Finances jouant le rôle du procureur, entouré d’experts et de spécialistes, et décisions
finales de suppressions de crédits ou d’emplois (entretien avec Olivier Feiertag, n° 5, du 20
décembre 1990, AO, Comité pour l’histoire économique et financière de la France).
106. La loi du 6 janvier 1948 est aussi celle qui institue la commission de vérification des
comptes des entreprises publiques.
107. E. Bonnefous, op. cit., p. 86.
108. La loi du 17 août 1948 donne au Gouvernement la possibilité de faire la réforme
administrative en utilisant la voie réglementaire.
109. Dans le gouvernement Queuille, J. Biondi est toujours secrétaire d’État à la Réforme
administrative, tandis que M. Petsche, ministre des Finances, est secondé par A. Poher au
Budget et E. Faure aux Finances.
110. SAEF, B 59 109. Les commissions départementales enquêtent sur la croissance des
effectifs entre 1939 et 1949, sur l’implantation des services et la superficie des locaux
occupés et sur les dépenses de matériel. Chaque service départemental fait l’objet d’une
séance et d’une fiche spécifique ; le tout est regroupé ensuite par ministère. Les conclusions
sont transmises, avec l’avis du préfet.
111. SAEF, B 10 495.
112. Loi de finances du 31 janvier 1950, article 31 et article 32.
113. M. Petsche est ministre des Finances et des Affaires économiques et E. Faure secrétaire
d’État aux Finances.
114. À la suite de la commission nationale d’économies, R. Goetze fait appel à P. Planus pour
la réorganisation et la modernisation de la direction du Budget ; de véritables innovations
suivront cette intervention. F. Descamps, « Lorsque la direction du Budget faisait appel à un
cabinet de conseil privé pour sa propre réorganisation… », Revue française d’administration
publique, n° 131, décembre 2009, p. 513-525.
115. La direction du Budget établit les instructions qu’elle notifie par voie de circulaire au
ministre concerné, ce dernier répond par écrit, puis est auditionné par la commission.
116. PH 42/97. Cours de Millet à l’ENA sur le budget et plus particulièrement sur le budget
de reconstruction et d’équipement (BRE). La loi de finances du 24 mai 51 comportera
l’intégralité des dépenses de reconstruction et d’équipement, de réparation des dommages
de guerre et d’investissements économiques et sociaux.
117. Et Bonnefous de conclure en 1957, dans son ouvrage, p. 103, non sans acidité : « Il suffit
aussi de lire cette liste pour voir que bien peu des mesures proposées furent suivies d’effets
».
118. Introduction, rapport général de la CNE, p. 13.
119. Le prélèvement sur traitement ou sur pension, l’abattement forfaitaire sur les
rémunérations sont abandonnés, ainsi que le retardement de l’avancement ou la suspension
de l’avancement (excepté pour les auxiliaires). SAEF, B 57 035.
120.SAEF, B 10 494. Par exemple, la DB demande par circulaire le 4 octobre 1948 « un état
comparatif des personnels au 31 décembre 1938 et au 31 décembre 1948 avec précisions et
observations sur l’augmentation des effectifs depuis 1938 » et « l’état des immeubles
occupés aux mêmes dates par les services ».
121. SAEF, B 10 494. La mobilisation technique et statistique de la direction du Budget se lit
dans la multiplication des tableaux de chiffres manuscrits conservés dans le Fonds Budget.
La direction chiffre l’augmentation du nombre des fonctionnaires en 1950 à + 408 064
emplois supplémentaires par rapport à 1939.
122. SAEF, B 57 035 et B 10 494. Voir aussi SAEF, Archives Malécot, Rapport au ministre sur
les perspectives budgétaires de l’année 1952, 12 juillet 1951, annexe XIII, 11 p.
123. SAEF B 57 035 et B 10 494.
124. Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Archives privées Goetze ;
SAEF, PH 42/97.1, cours à l’ENA de Millet, administrateur civil de la direction du Budget
(conférences du 17 mai 1951 et du 7 juin 1951).
125. En quelques années, une génération entière de « gestionnaires » de l’État – F.-D. Gregh,
R. Goetze, G. Ardant, F. Bloch-Lainé, P. Brin, E. Léonard, A. Saramite, J. Dayre, R. Grégoire, E.
Bonnefous, R. Catherine, P. Questiaux, ou R. Gaudriault – s’est déprise de la politique
d’économies budgétaires…
126. Le contexte politique de l’après-guerre, la puissance des syndicats et du parti
communiste, l’existence d’une direction de la Fonction publique ouverte à la négociation,
l’inflation, rendent impossibles des mesures aussi agressives à l’égard des fonctionnaires
que dans les années 1930.
127. Toutes les « notes au ministre » de R. Goetze de 1950 à 1956 manifestent ce glissement
d’une priorité vers l’autre, archives privées, Comité pour l’histoire économique et
financière de la France.
128. La direction du Budget est chargée en février 1967 par le ministre Ramadier de
présenter un plan d’économies.
129. Ses membres sont Alexandre, de l’ordre des experts comptables, Brasart, président de
la section des finances du Conseil d’État, Gignoux, membre de l’Institut, économiste,
journaliste et ancien responsable du patronat français, Guyot, inspecteur des Finances et
associé-gérant chez Lazard, Jeanneney, professeur à la Faculté de droit et de sciences
économiques, Lorain, président de la Société Générale, Rueff inspecteur des Finances et
ancien directeur du Mouvement général des fonds en 1936, Saltes sous-gouverneur de la
Banque de France, Vitry président de Péchiney.
130. Aux dires de M. Caradet, administrateur du Budget (entretien avec P. Masquelier,
entretien n° 4, du 25 mai 1998, AO du Comité pour l’histoire économique et financière de la
France), J. Rueff et P. Questiaux auraient été placés dans le même bureau à la direction du
Budget.
131. Ce défaut, souligné par les contemporains dès 1958 alors que le décret organique de
juin 1956 venait à peine d’être pris, ne sera pas davantage résolu lors de la rédaction de
l’ordonnance de janvier 1959 ; à partir du milieu des années 1960, la question des services
votés nourrit la réflexion sur la rationalisation des choix budgétaires.
132. SAEF, PH 180/185 ; B 54 788 ; 8 D1 et 8 D2 ; 9 D1 à 9 D3. Arrêtés de création du 13 février
1959 et du 16 février 1959.
133. Article de Combat du 5 et 7 septembre 1947, SAEF, B 48 448.
134. Allocution du secrétaire d’État, SAEF 8 D1.
135. Il n’y a eu qu’une enquête en 1958…
136. Après cette reprise en main et cette redynamisation du CCECRSP, le CCE évolue dans le
sens d’un organisme d’étude sur les grands problèmes d’administration et de fonction
publique. La préoccupation budgétaire des coûts et des rendements chère à G. Ardant
s’efface…
137. Le jeune secrétaire d’État aux Finances qui a déjà fait ses classes budgétaires auprès
d’Edgar Faure en 1952 s’implique dans l’animation de la commission et dans l’organisation
du travail. SAEF, 9 D1.
138. Groupe n° 1 : Services du Premier ministre ; groupe n° 2 : Justice et PTT ; groupe n° 3 :
Intérieur ; groupe n° 4 : Éducation nationale ; groupe n° 5 : services et organismes du
ministère des Finances et des Affaires économiques (présidé par Barjot, conseiller d’État,
composé de Coubet, ingénieur des Ponts et Chaussées, Pilliard, conseiller référendaire, et
Rousseau, contrôleur de l’Armée) ; groupe n° 6 : Agriculture, Industrie et Commerce ;
groupe n° 7 : Travaux publics et Transports ; groupe n° 8 : Travail, Santé publique,
Population, Anciens combattants ; groupe n° 9 : Armées ; groupe n° 10 : Sécurité sociale ;
groupe n° 11 : SNCF et RATP ; groupe n° 12 : EDF ; groupe n° 13 : Charbonnages de France ;
groupe n° 14 : préfecture de la Seine et de Paris ; groupe n° 15 : Postes départementaux. Un
groupe de travail particulier est constitué un peu plus tard, en novembre 1960, sur les
problèmes relatifs aux pensions civiles et militaires (9 D1), ainsi que sur les problèmes
mécanographiques (9 D2). Un certain nombre de questions transversales sont aussi confiées
par V. Giscard d’Estaing à P. Questiaux tels que les marchés publics, les ensembles électro-
comptables (9 D2) ou les ateliers industriels (9 D 3).
139. Les 15 présidents des groupes de travail sont Chasserat, Matthey, de Buffévent,
Plouvier, Barjot, Crépey, Martin, Dobler, Favier, Habemont, Le Gall, Mettas, Béchet, Arnaud,
Erhardt, soit sept magistrats de la Cour des comptes, trois inspecteurs généraux des
Finances, trois conseillers d’État, un contrôleur général de l’Armée, un ingénieur général
des Ponts et Chaussées.
140. Chaque groupe de travail compte trois à cinq membres, tous hauts fonctionnaires, sans
aucun expert externe : 9 membres du Conseil d’État, 22 membres de la Cour des comptes, 6
inspecteurs des Finances, 2 ingénieurs des Mines, 2 administrateurs civils, 2 contrôleurs
d’État, 2 ingénieurs des Ponts et Chaussées, 4 inspecteurs généraux de l’administration, 8
contrôleurs généraux de l’Armée, 2 contrôleurs de la sécurité sociale, 1 ingénieur des
Manufactures de l’État, 1 ingénieur du Génie rural, 1 ingénieur des Eaux et Forêts, 1
conseiller civil, 1 commissaire du Gouvernement, 1 contrôleur civil, 1 ingénieur en chef des
services agricoles. Dans les groupes de travail, les grands corps dominent, notamment les
membres de la Cour des comptes qui viennent largement en tête, suivis des corps de
contrôle, alors que le corps des administrateurs civils créé en 1945 est très faiblement
représenté.
141. Pour le Premier ministre comme pour son secrétaire d’État, cette règle préserve la «
liberté » et la « nouveauté de l’appréciation et du jugement » (cf. allocution d’installation,
SAEF, 8 D1).
142. Sur l’organisation du travail, SAEF, 8 D1.
143. SAEF, 8 D1. « Problèmes de personnels » : effectifs comparés 1939-1950 et 1959 (mise à
jour des tableaux de la CNE de 1950) ; conditions d’attribution des heures supplémentaires
compte tenu des horaires et des temps de travail réels ; recensement et comparaison des
effectifs employés à des travaux d’administration générale ; simplifications à apporter à la
liquidation et au paiement des pensions des agents de l’État ; simplification à apporter dans
les modes de liquidation et de paiement des rémunérations ; simplification dans la gestion
des crédits et l’émission des ordonnances.
144. SAEF, 8 D1. « Problèmes de matériel » : utilisation des locaux à usage administratif ;
acquisition du matériel ; conditions d’utilisation des ateliers et du matériel
mécanographique.
145. SAEF, 8 D1. « Problèmes d’organisation et de structure » : regroupement éventuel sur
le plan local des services multiples d’un même ministère ; détection de doubles emplois
entre services départementaux des ministères et divisions des préfectures ; recherche des
compétences parallèles des différents ministères sur des problèmes de même nature
(commerce extérieur, planification, productivité, normalisation…)
146. 8 D1. Évaluation des effectifs des agents affectés à ces tâches, comparaison entre les
administrations, évaluation du coût en personnel et en francs d’une opération
administrative, définition des normes d’utilisation du personnel et du rendement.
147. SAEF, 9 D1.
148. SAEF, 9 D2.
149. G. Ardant, commissaire général à la Productivité, qui a fait le choix de la fidélité
politique à Mendès France, fait les frais de cette reprise en mains de l’État et quitte après
1959 la scène de la réforme administrative…
150. SAEF, PH 180/185.
151. SAEF, 9 D1 et Archives Michel Debré, FNSP 4 D2. Voir aussi F. Descamps, « Michel Debré
et la réforme du ministère des Finances 1937-1968 », in Actes du colloque du 8 janvier 2004
organisé à Bercy par le Comité pour l’histoire économique et financière de la France, et
Michel Debré, un réformateur aux Finances 1966-1968, Paris, Comité pour l’histoire économique
et financière de la France, 2005, p. 145-181.
152. SAEF, 9 D1.
153.SAEF, 9 D1. Restent par exemple en suspens pour les Finances les questions concernant
un bureau central de liquidation des pensions, les achats centralisés des matériels et
fournitures de l’État, la fusion entre l’INSEE et le SEEF. Sur ce dernier dossier, en dépit d’une
décision de principe de Michel Debré, le ministre de Finances n’obtempère pas, refusant de
laisser s’immiscer le Premier ministre dans son organisation interne. La question sera
finalement réglée par une réorganisation des deux organismes en 1962, sans fusion, mais
avec une nouvelle répartition des tâches.
154. SAEF, 9 D1. Note bilan de la commission.
155. Cf. A. Terray, Des francs-tireurs aux experts, L’organisation de la prévision au ministère des
Finances, 1948-1968, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2002.
156. Décret du 14 octobre 1960.
157. Cf. la lettre de M. Debré en date du 21 décembre 1960 au président du CCE, où le
premier ministre insiste particulièrement sur les « suites » données aux décisions.
158. SAEF, 9 D1, note – bilan de P. Questiaux.
159. SAEF, B 54 788. Décret du 4 février 1959. Une commission d’étude est créée le même
jour pour mettre en œuvre la fusion, sous la présidence de V. Giscard d’Estaing.
160. SAEF, B 54 788. La suppression de la DGCEEN avait déjà été étudiée par un groupe de
travail animé par Lauré, inspecteur des Finances. La commission d’étude créée par décret le
4 février 1959, toujours sous la présidence de V. Giscard d’Estaing, organise le dépècement
de l’ancienne direction du Quai Branly entre la direction du Budget, la direction du Trésor
et la direction des Prix, qui se répartissent également les conseils d’administration et les
commissions afférentes.
161. SAEF, 8 D2 et 9 D1. Certains groupes de travail ont instruit jusqu’à 75 fiches, comme
aux Armées. Au total, à l’échelle de la commission tout entière, 512 mesures ont été étudiées
et discutées, contradictoirement avec les services, et arbitrées. Les fiches du groupe n° 5 ont
été examinées en présence de M. Debré lui-même le 16 mai 1959.
162. A. Terray, Des francs-tireurs aux experts, L’organisation de la prévision au ministère des
Finances, 1948-1968, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2002.
163. SAEF, 8 D2 et 9 D3. La direction du Personnel joue un rôle d’intermédiation non
négligeable entre le groupe de travail n° 5, le cabinet du ministre et les services concernés
dans cette stratégie de retardement ; elle élabore des contre-propositions, propose des
nouvelles commissions pour étudier la faisabilité des mesures ou des délais d’application
allongés, notamment pour le plan de résorption des perceptions rurales.
164. La Comptabilité publique obtient par force d’inertie le report de cette décision et mai
1968 ruine définitivement l’ambitieux plan de rationalisation du réseau des perceptions un
temps envisagé par le ministre et ses conseillers.
165. SAEF, 8 D2. Divers dossiers sur les mouvements de réforme et de rationalisation aux
Finances dans la période.
166. SAEF, 9 D3.
167. SAEF, 9 D2.
AUTEUR
FLORENCE DESCAMPS
Normalienne et agrégée d’histoire, Florence Descamps est maître de conférences en histoire
à l’École pratique des hautes études (EPHE). Elle y anime un double séminaire sur la création
et l’utilisation des témoignages oraux en histoire contemporaine et sur l’histoire du
ministère des Finances au XXe siècle. Elle participe depuis 2005 au groupe de pilotage du
séminaire Histoire de la gestion des finances publiques XIXe-XXe siècles et a codirigé la
publication du premier volume des actes L’invention de la gestion des finances publiques.
Élaborations et pratiques du droit comptable et budgétaire au XIXe siècle (1815-1914). Elle a publié
de nombreux articles sur le ministère des Finances au XXe siècle et sur la réforme de l’État.
Dernièrement, elle a publié « La RCB 1966-1971 : une première expérience managériale au
ministère des Finances ? », in E. Godelier, M. Le Roux, G. Garel, A. David et E. Briot (dir.),
Pensée et pratiques du management en France. Inventaire et perspectives 19e-20e siècles, 2011,
consultable en ligne sur http://mtpf.mlab-innovation.net/fr/sommaire/chapitre-2/la-rcb-
1966-1971-une-première-expérience-managériale-au-ministère-des-finances.html?
PHPSESSID=6a35f3663f90efc5f44bf6a739069703 ; « Les inspecteurs des Finances et la
réforme de la gestion publique au XXe siècle », in F. Cardoni, N. Carré de Malberg et M.
Margairaz (dir.), Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France/IGPDE, 2012, p. 141-150 et « Les
techniciens des Impôts et la naissance d’une expertise fiscalo‑financière : L’État moderne
1928-1939 », in F. Monnier et J.-M. Leniaud (dir.), Experts et décisions, Paris/Genève, Droz,
2013, p 47-57.
Deuxième partie. Innovations et
premières tentatives d’évaluation de
la dépense
Gabriel Ardant, le Comité central
d’enquête sur le coût et les
rendements des services publics,
1946-1953 : vers une évaluation des
résultats de l’action administrative ?
Florence Descamps
Introduction
En 1945, c’est le désordre qui caractérise l’appareil administratif de
l’État, gonflé par quatre années du régime de Vichy et par
l’instauration d’une économie d’occupation et de pénurie ; la
Libération à son tour vient apporter son lot de créations
administratives d’organes ministériels et de services. Aucun secteur
de l’activité gouvernementale n’est épargné par la surenchère,
jusqu’au domaine de la réforme administrative elle-même qui voit se
multiplier en ordre dispersé les initiatives et les organismes les plus
divers 1 . Les doubles emplois, les chevauchements d’attributions
suggèrent l’effervescence des idées et la pression budgétaire ; mais la
concurrence des pôles d’impulsion en matière de réforme
administrative laisse aussi transparaître la faiblesse d’une
Présidence du Conseil émergente mais encore fragile, aux côtés d’un
ministère des Finances certes ébranlé, mais peu disposé à lâcher le
contrôle des administrations. Parmi les institutions nouvellement
créées, le Comité central d’enquête sur le coût et les rendements des
services publics (CCECRSP abrégé en CCE), créé sur le rapport du
ministre des Finances par le décret du 9 août 1946, attire l’attention
par son intitulé et par sa « préoccupation gestionnaire » explicite : le
coût et les rendements des services publics. Sous cet habillage
euphémisé, le CCE n’est-il que le dernier-né de la grande famille des
Comités d’économies budgétaires de l’entre-deux-guerres ou est-il
porteur d’innovations dans la conduite de la réforme administrative
et dans le contrôle de la gestion des administrations ? Est-il à
l’origine de nouveaux outils budgétaires et gestionnaires ? A-t-il eu
un impact sur la gestion des administrations ou des finances
publiques ? Quelle a été sa contribution à la réflexion sur la gestion
de l’État ?
Les points de ressemblance avec les Comités de réforme
administrative et d’économies budgétaires de l’entre-deux-guerres
sont indéniables : le double ancrage institutionnel, Présidence du
Conseil et ministère des Finances ; des compétences
interministérielles et un champ d’intervention qui s’étend des
administrations centrales aux associations en passant par les
organismes parapublics, les sociétés d’économie mixte et les
entreprises nationales, consacrant l’extension du contrôle opérée
par la Cour des comptes depuis les réformes de 1935 et 1936 ; une
composition qui rapproche davantage le CCE d’un super corps de
contrôle que d’un Comité exécutif 2 … Quant à ses missions, elles
reprennent des formulations usées jusqu’à la corde depuis les années
1920 :
« Rechercher et proposer les mesures propres à réaliser des économies dans le
fonctionnement des ministères, des établissements publics, des collectivités
locales, des sociétés ou des organismes dans lesquels l’État possède une
participation financière supérieure à 20 % du capital social ainsi que des services
ou organismes ayant bénéficié de subventions, d’avances ou de garanties du
Trésor ».
En revanche, contrairement aux Comités d’économies d’avant 1940,
le CCE se voit doté d’un caractère permanent et n’obéit pas à un
échéancier contraignant. En définitive, un seul élément tranche
véritablement, c’est la place faite aux parlementaires 3 et aux
syndicats 4 , ce qui fait entrer le CCE dans la famille des organes de
concertation créés à la Libération tels que le Commissariat général
au Plan, les Comités techniques paritaires ou le Conseil économique
et social. Quoi qu’il en soit, si l’on en reste à la seule formulation des
missions, le CCE apparaît bien comme le dernier-né d’une longue
lignée de commissions d’économies, inaugurée aux lendemains du
premier conflit mondial. Mais c’était compter sans Gabriel Ardant et
les ambitions qu’il a eues pour son Comité d’enquête sur le coût et les
rendements des services publics, nom qui résume à lui tout seul le
projet innovant de son auteur.
A. Héritages et inspirations
ANNEXES
Annexes
Annexe 1 : Fiche « Commission des méthodes aux Finances »
150
« Dans le dossier de la commission des Méthodes du ministère des
Finances, les enquêteurs trouveront un certain nombre d’indications
qu’il a paru utile de résumer ici (…) ». Les points à étudier sont les
suivants :
A. Dépenses générales
C. Pensions
D. Rentes
1° Contributions Directes
2° Contributions Indirectes
3° L’enregistrement
I. Les dépenses
153
Annexe IV : Fiche « Mécanographie »
1947-1948
1949
1950
SEITA
1952-1953
1954-1958 155
Premier ministre
N° 214, Sur l’organisation du travail dans les administrations et
entreprises publiques (Flandin, Gonot, 1956) ; n° 215, Sur
l’intervention des organisateurs privés dans les services publics
(Gaudriault, s.d.).
Finances
Priem (conseiller-maître), Hanotte (Contrôle général des Armées),
Guillot-Tantay (inspecteur des Finances), Villers (Cour des comptes),
Bisson (Cour des comptes), Ardant (inspecteur des Finances),
Dommel (inspecteur des Finances), Sézerat (inspection générale des
PTT), Lionnet (Contrôle général des Armées), Labe, Pilliard, Brissaud
(administrateur civil aux Finances), Labarraque, Charrier (Cour des
comptes), Gaudriault (administrateur INSEE), Chassaigne (inspecteur
des Finances).
NOTES
1. Mission provisoire de réforme de la fonction publique (1944), direction de la Fonction
publique (1945), commissions d’économies budgétaires et de révision des emplois (1945-
1946), commission des méthodes dans les ministères (1945-1946), Comité de la réforme
administrative (1946), premiers comités techniques paritaires (1945-1946), établissement
par la commission des Finances de l’Assemblée, assistée de magistrats de la Cour des
comptes, d’un programme d’économies (1946), commission de la Hache (1946), commission
de la Guillotine (1947)…
2. Hormis les représentants des élus et des syndicats, outre le représentant du Comité
supérieur de la réforme administrative désigné par le vice-président du Conseil chargé de la
réforme administrative, le CCE compte sept représentants des corps de contrôle : un
membre du Conseil d’État, un membre de l’Inspection générale des finances, un membre de
l’Inspection générale des services, un membre de l’Inspection générale des colonies, un
représentant des corps de contrôle de la Marine ou de l’Air, un membre de l’Inspection
générale de l’économie nationale.
3. Deux députés membres de la commission des Finances de l’Assemblée nationale
constituante siègent au CCE. Les procès-verbaux pour l’année 1946-1947 ne montrent guère
d’assiduité de leur part (CHAN, F 60939).
4. On compte cinq représentants des syndicats de fonctionnaires, quatre CGT et un CFTC. La
participation active des syndicalistes aux réunions du secrétariat général est attestée pour
les années 1946 et 1947.
5. Comité d’enquête sur les économies de 1920, Comité supérieur d’économies en 1932-1933,
Commission des pensions et Commission des offices en 1933, Commission des cumuls en
1935, comités d’organisation et comités de contrôle financier en 1935, Comité de
réorganisation administrative en 1938…
6. Pierre Brin (1882-1969), conseiller maître à la Cour des comptes puis procureur général
près la Cour des comptes à partir de 1945, a été secrétaire rapporteur du Comité d’enquête
sur les économies en 1920, secrétaire rapporteur du Comité supérieur d’enquête institué
auprès du ministère des Finances le 2 juillet 1925, membre de la commission Chéron sur la
réforme de la comptabilité publique en 1930, président de la commission de réforme de la
comptabilité du département de la Guerre le 30 juin 1930, rapporteur général de la
commission des Offices de 1933, deuxième vice-président du Conseil supérieur des
assurances sociales le 20 février 1936 et membre du Comité de réforme administrative de
1938.
7. Gabriel Ardant (1906-1977), inspecteur des Finances, a été secrétaire rapporteur du
Comité supérieur d’économies de 1932 et rapporteur au sein du Comité de réforme
administrative de 1938.
8. Voir par exemple le rapport de comptabilité administrative 1943 sur l’exercice 1942
concernant le fonctionnement et la gestion du Service social des armées, M. Martin,
archives de la Cour des comptes.
9. Cf. les premiers rapports annuels de comptabilité administrative rédigés par les
contrôleurs de la Cour et le premier rapport public issu de la réforme qui les a utilisés, celui
de 1939 portant sur l’exercice 1938 (jamais publié), archives de la Cour des comptes. Ce
rapport comporte les premiers chapitres transversaux consacrés à une question générale :
la simplification des formalités relatives à la liquidation et à l’ordonnancement des
traitements ; la construction et l’entretien des bâtiments civils de l’État ; la nécessaire
rationalisation et coordination centralisée des services d’information et d’expansion
française à l’étranger ; l’utilisation par les administrations publiques des machines à
statistiques et à comptabilité. Dans la seconde partie qui traite des services généraux de
l’État, un chapitre important réclame « la centralisation des commandes de fournitures
intéressant diverses administrations centrales, l’extension et la réorganisation de services
d’achats en commun ». Pour son rapport sur la mécanographie, la Cour des comptes a
procédé à une série de visites et d’enquêtes sur place pour établir le bilan des
expérimentations et pour évaluer le bien-fondé de l’implantation des centres
mécanographiques dans les services de l’État.
10. Cf. le rapport de comptabilité administrative sur la Présidence du Conseil de 1937, 20
décembre 1938, suivi de celui de 1938. Un chapitre est consacré à la réorganisation du
service de la Statistique générale de la France et de la Documentation. Les propositions sont
l’élimination des doublons et la chasse aux doubles emplois, le rattachement à la Présidence
du Conseil, la mutualisation des « machines statistiques », la rationalisation des structures,
la centralisation des achats et des marchés, la coordination, la standardisation des
documents et des formulaires, la centralisation et la constitution d’une documentation…
Autant de sujets d’enquête chers au futur CCE.
11. Grâce à la mise en place des contrôles de comptabilité administrative, la Cour s’est dotée
des moyens qui lui manquaient pour pouvoir proposer des réformes à l’échelle d’un service
ou d’un département ministériel tout entier. Cf. le rapport public 1939 sur la réorganisation
des services de recherche scientifique ou le rapport de comptabilité administrative sur le
ministère des Affaires étrangères pour l’exercice 1937. Dans ce dernier rapport, le
rapporteur préconise la rationalisation et le regroupement de toutes les subventions
versées aux associations spécialisées dans la promotion de la France à l’étranger dépendant
des ministères techniques, soit dans un service du ministère des Affaires étrangères soit
dans un nouveau service de la Propagande et de l’Information sur le modèle allemand. Le
rapporteur prend l’exemple de Goebbels (sic). Un même souci rationalisateur s’exprime à
propos des services de presse étrangère disséminés dans les différents départements
ministériels ou des marchés de fourniture (cf. les tarifs d’électricité critiqués par le
rapporteur dans le rapport de comptabilité administrative 1938 sur le ministère des Affaires
étrangères), Archives de la Cour.
12. SAEF, 5A 182, Note de G. Ardant « Les dépenses publiques », p. 16.
13. J.-F. Potton, La Cour des comptes pendant les années noires (1939-1945), Paris, La
Documentation française, 2011 et N. Carré de Malberg, Le grand état-major financier : les
inspecteurs des Finances 1918-1946, Les hommes, le métier, les carrières, Paris, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, 2011, p. 129-143.
14. Les commissions tripartites d’économies de 1933 relèvent de cette inspiration, comme la
création rue de Rivoli en 1936 de deux conseils tripartites, l’un sur la politique fiscale et
l’autre sur la politique de personnel aux Finances, ainsi que les commissions des méthodes
de 1945-1946.
15. Le terme « rendements » désigne dans l’entre-deux-guerres à la fois le produit des
services administratifs (par exemple celui de l’impôt), le volume quantitatif des résultats de
l’activité administrative et le rapport existant entre ces résultats et les moyens accordés
pour les obtenir. Nombreux sont les rapports de l’Inspection sur les voies et moyens
d’augmenter le rendement ou « la productivité » de l’impôt (cf. N. Carré de Malberg, op. cit.,
p. 114 et rapports d’ensemble du service de l’Inspection en application de la loi du 13 juillet
1911 sur le contrôle pour les années 1911-1934, aimablement communiqués par N. Carré de
Malberg).
16. Cf. la commission Courtin sur la réforme de l’administration centrale du ministère des
Finances en 1918 ou la commission Féret du Longbois (SAEF, B 59 119).
17. Cf. les remarques faites sur le sujet par les représentants de la Cour au sein de la
commission Selves sur la réforme de l’exécution du budget, dans les commissions de
réforme administrative (Comité Marin), dans les commissions de réforme de
l’administration centrale des Finances ou de la comptabilité publique, dans les rapports
publics. Les magistrats l’emploient même à leur propre endroit lorsqu’ils s’interrogent sur
les moyens d’accroître le nombre de leurs travaux de vérification (registres des conférences
des présidents de Chambre 1926-1945, archives de la Cour des comptes, 2004 001/2).
18. Cf. les exposés des motifs des décrets-lois de 1934-1935, les textes autour de la création
du Comité supérieur d’économies et des commissions tripartites, les discours d’audiences
solennelles de la Cour, les interventions d’E. Labeyrie procureur général, les rapports de
comptabilité administrative à partir de 1937, les rapports des Comités de contrôle financier
à partir de 1936, les rapports publics de la Cour en 1938 et 1939…
19.Rapport sur le budget de l’exercice 1944, IN, 1944, p. 18, et annexe VII, « Organisation et
rendement du travail administratif », séance du 19 mai 1943. Par ailleurs, le régime de
Vichy s’est montré sensible aux discours des « organisateurs » privés sur la hausse des
rendements, surtout en 1943-1944 quand la pénurie de fonctionnaires s’est fait sentir, cf. M.
O. Baruch, Servir l’État français, Paris, Fayard, 1997, p. 467- 474.
20. G. Jèze, Cours de finances publiques 1929-1930, Théories générales sur les phénomènes financiers,
les dépenses publiques, le crédit public, les taxes, l’impôt, p. 118-119, cité in M. Conan, « Gaston
Jèze et l’utilité de la dépense publique. L’élaboration d’une théorie générale des dépenses
publiques chez Jèze », Revue du Trésor, février 2008, p. 158.
21. Sur J. Coutrot et le COST, M. Margairaz, L’État, les finances et l’économie. Histoire d’une
conversion, 1932-1952, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France,
1991, p. 348-363 et O. Dard, Jean Coutrot. De l’ingénieur au prophète, Besançon, Presses
universitaires franc-comtoises, 1999.
22. Ce n’est qu’en novembre 1936, lors d’un colloque du CNOF, que le thème de
l’organisation scientifique du travail dans les services publics est publiquement développé
devant un auditoire de hauts fonctionnaires (publication des actes dans l’État moderne, n° 2
et 3, février et mars 1937). C’est aussi à cette occasion que J. Milhaud, fondateur de la CEGOS
et futur fondateur de l’ITAP dans l’après-guerre, présente sa première mission
d’organisation dans l’administration pour les services du protectorat du Maroc. État
moderne, n° 3 mars 1937. Au même moment, de 1936 à 1940, J. Coutrot, nommé à la tête du
COST au ministère de l’Économie nationale, déploie de nombreux efforts pour introduire
l’organisation scientifique du travail et le concept de prix de revient dans les services
publics (CHAN, 468 AP 18).
23. Sur R. Dautry et les premiers recours aux cabinets d’organisation en 1934 et 1935 pour la
réforme administrative, CHAN 307 AP 95 à 100. Voir aussi R. Baudouï, Raoul Dautry 1880-1951,
Le technocrate de la République, Paris, Balland, 1992, p. 151-152.
24. CHAN, 468 AP 18. J. Coutrot directeur du COST au ministère de l’Économie nationale
rend visite en 1937 au nouveau secrétaire général du ministère des Finances, G. Mer, afin de
lui présenter ses idées en matière de hausse des rendements dans l’administration. Ce
dernier s’illustre par des propos prudents, ne prend guère d’engagements et lui conseille
d’aller voir le directeur de la Comptabilité publique et surtout celui des Douanes auprès
duquel il trouvera une oreille favorable. G. Mer, militant de la réforme administrative et de
la réorganisation des services fiscaux, se garde bien d’ouvrir à J. Coutrot le vaste champ des
directions fiscales dont il a la responsabilité en tant que secrétaire général. C’est F. Hekking,
conseiller au cabinet de C. Spinasse et proche du Syndicat national des Contributions
directes qui ouvrira la porte des Contributions directes à J. Coutrot en 1938…
25. Sur J. Milhaud, conseiller en organisation pour les administrations publiques, A.
Weexteen, Le conseil aux entreprises et à l’État en France : le rôle de Jean Milhaud (1898-1991) dans
la CEGOS et l’ITAP, Paris, thèse EHESS, 1999.
26. Sur les difficultés que posent la définition et le calcul du prix de revient dans les services
administratifs non commerciaux et sur la prudence des chefs de service, A. Weexteen, Le
conseil aux entreprises et à l’État, op. cit., vol. II, p. 360-363.
27. La notion de prix de revient est familière aux PPT, qui possèdent depuis la loi du 30
janvier 1923 un budget annexe et qui en 1931 ont créé un service central d’achat et des prix
de revient. Sur le budget annexe des PTT, M. Le Roux et B. Oger, « Aux origines du budget
annexe des PTT », in La direction du Budget entre doctrines et réalités 1919-1944, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France, 129-137. Sur l’introduction des
méthodes modernes de gestion aux PTT, CHAN, 307 AP 98, note de J. Milhaud à R. Dautry, le
24 juillet 1935.
28. N. Carré de Malberg, op. cit., p. 116-117.
29. Rapport présenté par M. André Citroën au nom de la commission chargée d’étudier les
questions concernant l’organisation et le fonctionnement des monopoles des tabacs et des
allumettes. Paris, Imprimerie nationale, 1925. C’est ce rapport qui a nourri en partie la loi
du 7 août 1926 créant la Caisse d’amortissement et qui a conduit à donner plus d’autonomie
de gestion au nouveau Service d’exploitation des tabacs (SEITA).
30. Rapport public 1939 sur l’exercice 1938, non publié, juillet 1939, Archives de la Cour.
31.Ibid., Section IV, p. 4, 5, 12.
32.Ibid., section XII, p. 2-4.
33.Ibid., section XIX, p. 3. Quelques années plus tard, dans le rapport public consacré aux
années 1939-1945 et 1946-1947, publié au JO du 28 décembre 1948, un important chapitre est
consacré au prix de revient et au prix de journée à l’Assistance publique de Paris. Cf. Les
rapports de la Cour des comptes 1946-1947 et 1949-1945, Paris, Univers-Éditions, 1949
(préfacé par P. Reynaud).
34. Archives de la Cour des comptes, J. Delaporte, rapport de comptabilité administrative du
ministère de l’Intérieur sur l’exercice 1941, séance du 9 mars 1942 et rapport de
comptabilité administrative sur l’exercice 1942, séance du 7 mars 1944, section consacrée à
la gestion des camps d’internement. Le rapporteur fait un rapport détaillé sur les différents
postes de dépenses et de recettes, ce qui lui permet de déterminer le « prix de revient d’une
journée dans un camp d’internement » et de calculer « le coût de l’entretien d’un interné ».
Le rapporteur souligne également les irrégularités en matière de recettes, à savoir le non-
remboursement au Trésor public par les internés de leurs frais de journée ou de pension et
de leur « coût d’entretien »… Évidemment, l’environnement auquel est appliqué le concept
de « prix de revient » est particulièrement choquant, mais les développements du rapport
attestent que la notion de prix de revient est parfaitement connue à la Cour des comptes.
35. Rapport public 1947, années 1940 à 1945, JO, 1947, p. 17.
36. « La mécanisation des travaux administratifs dans les services publics » et « Les
conséquences du travail dans les ateliers de mécanographies sur la santé des personnels et
la sélection du personnel mécanographe », rapports cités par L. Rouban, « Réformer l’État :
Henry Puget et la fondation Alexis Carrel 1943-1946 », Revue administrative, n° 344, 2005, p.
133.
37. R. Gaudriault, rédacteur, commence sa carrière au ministère des Finances dans le
service statistique de René Carmille ; intégré au sein de l’INSEE en 1945, il est mis à
disposition du CCE. Il poursuit sa carrière au Commissariat général à la Productivité à partir
de 1953.
38. Rapport général de la commission des offices, P. Brin, 15 septembre 1935, JO, annexe, 4
juin 1936, p. 437-446.
39. À la Libération, une commission de réforme de l’Inspection des finances est créée le 3
novembre 1944 par le ministre des Finances Lepercq. G. Ardant y participe avec quatre
autres inspecteurs, P. Arnoult, F. Bloch-Lainé, A. Postel-Vinay et A. Fayol, chef du service. La
commission reçoit trois missions : réfléchir à la réforme du recrutement, à celle du statut et
à celle des méthodes de travail et des travaux d’inspection, du point de vue « de leur intérêt
et de leur efficacité ». Dans son rapport, G. Ardant déplore le « cloisonnement trop étanche
entre l’administration centrale des Finances et l’Inspection générale des finances »,
l’absence de suites données aux rapports et la non-implication des inspecteurs dans leurs
conclusions, faute de responsabilité et d’association dans le suivi des préconisations, la
déformation professionnelle liée à la seule position critique, la coupure d’avec les réalités
administratives et locales et le formalisme. Il préconise un rapprochement entre le ministre
des Finances, l’administration centrale des Finances et l’Inspection. A. Postel-Vinay
préconise de son côté que l’Inspection ne fasse plus de contrôle ni de vérification et qu’elle
se concentre sur ses fonctions d’encadrement et de direction, d’enquêtes, de conseil au
ministre et de préparation des réformes ; il propose en compensation la création d’un corps
des contrôleurs des services civils (SAEF, 5 A 182).
40. A. Philip, prenant la suite de Caillaux en 1914, d’Auriol en 1936 et de Bouthillier en 1940,
cherche à son tour à résoudre la question de la coordination des corps de contrôle en
matière de finances publiques. Sur ce projet, N. Carré de Malberg, op. cit., p. 152-155. Le
projet de loi n° 969, « portant création et organisation d’un corps de contrôle des finances
publiques » est déposé sur le bureau de l’Assemblée le 10 avril 1946.
41. SAEF, 5A182.
42. Sur le relatif discrédit attaché aux commissions d’économies, SAEF 5 A182 ; exposé des
motifs du décret du 26 juin 1946 portant création du CCECRSP, rapports du CCECRSP de 1947
et 1948, rapport public de la Cour en 1948 ; conférences de G. Ardant à l’ENA les 28
novembre et 5 décembre 1949 ; SAEF B 62186 ; G. Ardant, Technique de l’État, Paris, PUF, 1953.
43. Note pour le président au sujet de la réalisation du programme d’économies (services
civils), 23 février 1946, SAEF 5A182. Selon un modèle éprouvé dans les années 1930, le projet
de comité de réforme administrative en cours de rédaction à la vice-présidence du Conseil
prévoit un comité supérieur, des commissions par ministère et des enquêteurs. « Le
principe de cette triple série d’organismes est excellent », commente G. Ardant, mais il
faudrait un « comité technique » permanent, à vocation interministérielle. Son souhait sera
exaucé grâce à la création du CCE ; les commissions ministérielles de premier degré ne
verront jamais le jour.
44. SAEF, 5A182. Sous cette cote figure une série de notes de G. Ardant au président du
gouvernement provisoire portant sur un programme de redressement économique et
financier (fiscalité, économie, monnaie) et sur un programme d’économies budgétaires et
de réforme administrative.
45. Note du 23 février 1946, SAEF 5A 182.
46. Note du 18 juillet 1945, SAEF 5A 182, « Note sur une politique d’économies et de réforme
administrative ». Dans son programme de réforme, G. Ardant décline six domaines
prioritaires : liquidation ou réduction des services devenus inutiles du fait du retour de la
paix en Europe ; révision générale des dépenses publiques en fonction de leur utilité ;
révision des méthodes de décision et de contrôle ; simplification et regroupement des
services ; révision des circonscriptions ; révision du régime des retraites. La sévérité du
programme de réforme administrative de G. Ardant fait miroir avec l’austérité du
programme monétaire, économique et financier de P. Mendès France, dont il est l’un des
proches collaborateurs.
47. SAEF, 5 A 182. « Surveillance du fonctionnement général des services par des enquêtes
immédiates confiées à des membres du Conseil d’État, de la Cour des comptes, des corps de
contrôle […]. Détermination du prix de revient ; révision et mise au point des méthodes
d’exploitation et de contrôle des établissements industriels et commerciaux de l’État. Une
commission devrait en être chargée en liaison avec la commission de réforme
administrative et la commission du plan comptable » ; […] Amélioration ou organisation de
la surveillance des services eux-mêmes […] Des membres des corps de contrôle pourraient,
travaillant temporairement pour le président du Gouvernement, par des enquêtes sur place
déterminer les insuffisances des services et les lacunes de la réglementation ».
48. Au programme : examen des services du Ravitaillement ; examen de la répartition des
matières premières ; examen des liaisons entre le contrôle fiscal, le contrôle économique et
le contrôle de l’utilisation des matières premières ; examen de la taxation des prix et du
contrôle économique ; examen des travaux de reconstruction publics et privés.
49. Où l’on voit que l’adoption du calcul du prix de revient pose immédiatement la question
des nomenclatures budgétaires et comptables.
50. Dans la pensée originelle de G. Ardant, les syndicats ne sont pas représentés au sein du
Comité.
51. R. Schuman est ministre des Finances du 24 juin au 18 décembre 1946 dans le
gouvernement Bidault. Sur la création du CCE, entretien de F. Bloch-Lainé avec A. Terray n°
1 du 13 décembre 1993 et entretien avec Aude Ferray, n° 5 du 13 février 1989, AO du Comité
pour l’histoire économique et financière de la France. Pour le jugement de F. Bloch-Lainé
sur G. Ardant, La France restaurée, Paris, Seuil, 1976, p. 82 et Hauts fonctionnaires sous
l’Occupation, Paris, Seuil, 1996, p. 180-181.
52. En 1946, tous les postes de directeurs d’administration centrale aux Finances sont déjà
attribués ; la non-affectation de G. Ardant, auréolé de sa résistance et de sa guerre, de sa
participation à la libération du territoire et de sa proximité avec P. Mendès France, devient
embarrassante ; il faut lui trouver un poste !
53. Cette compétition est un héritage de l’entre-deux-guerres, pendant lequel l’impulsion
en matière de réforme administrative a oscillé entre le ministère des Finances (direction de
la Comptabilité publique, direction du Budget, les ministres et leur cabinet) et la Présidence
du Conseil (Poincaré, Tardieu, Doumergue, Laval, Blum, Reynaud), mais elle va se renforcer
sous la IVe République, du fait du rôle constitutionnel de la Présidence du Conseil, de la
création de la direction de la Fonction publique et de l’existence d’un ministre d’État ou
d’un secrétaire d’État à la réforme administrative.
54. Dans une note de l’automne 1946, G. Ardant s’interroge : « Doit-on considérer que le rôle
essentiel d’un Comité d’enquête est de réaliser des réductions de personnel ; n’est-ce pas
l’objet plus vaste d’améliorer le rendement des services publics ? N’est-ce pas induire
l’opinion publique en erreur que de lui faire croire que l’on peut se dispenser du travail de
révision profonde ? ». G. Ardant essaie de s’opposer au tropisme gouvernemental qui
consiste à utiliser le Comité comme une commission d’économies budgétaires, mais fin
1946, en dépit de ses objurgations, le CCE est sommé de contribuer au programme
d’économies budgétaires (CHAN, F 60 939) ; en 1948, les rapporteurs du CCE travaillent dans
le cadre du décret du 6 septembre 1948 portant suppression d’emplois de direction dans les
administrations centrales (CAC, 1979-0742).
55. Dans une note de 1944 « Esquisse de la politique financière de la France », délégation du
Commissariat aux Finances, il fait allusion aux travaux réalisés avant-guerre sur la hausse
des rendements, efforts qui ont été « sporadiques », et « qui devront être repris avec un
désir ferme d’aboutir ». Dans sa note programmatique du 18 juillet 1945, « Note sur une
politique d’économies et de réforme administrative », il préconise « le calcul et la
comparaison systématique, organisée du prix de revient et de l’utilité » des services, la
réforme de la structure du Budget et de la comptabilité administrative (qui a été la grande
affaire des années 1930), la réduction des contrôles a priori, le développement « des
contrôles en fonction des résultats » et des contrôles a posteriori. Il veut transformer le
contrôle sur pièces en un contrôle des rendements, fondé sur le prix de revient unitaire et
remettre en place un contrôle budgétaire « sur place » dans les ministères. Il annonce la
nécessité de la codification des lois et des règlements administratifs, suggère la
réorganisation des services fiscaux et esquisse un programme de fusion des départements
en « petites régions » ; idem en matière communale (SAEF, 5A 182).
56. SAEF, 5A 182, ses deux conférences à l’ENA en 1949 (SAEF B 62186), les rapports
d’ensemble 1947, 1948 et 1950, et Technique de l’État, PUF, 1953.
57. G. Ardant énumère dans l’Instruction générale n° 1 les effets de l’extension des
attributions de l’État et de l’Occupation : le gonflement des effectifs, l’inertie et la résistance
au commandement, les modifications de structures et d’effectifs suite au retour des
prisonniers, l’arrêt des licenciements, la création de services pour échapper au STO, la
suspension des contrôles (contrôle parlementaire, administratif et financier) et « la
moindre attention au rendement ».
58. Il y a chez G. Ardant une analyse du fonctionnement de la bureaucratie et de sa logique
propre ; il affirme explicitement que les administrations n’ont qu’un objectif : persévérer
dans leur être. Il est un des rares hauts fonctionnaires de sa génération à avoir pointé du
doigt ce phénomène et à avoir voulu lutter contre. Chez F. Bloch-Lainé, qui s’est illustré
dans la création de nombreux organismes dans sa propre sphère d’intervention à la tête de
la direction du Trésor ou à celle de la Caisse des dépôts, rien de tel, ni chez M. Debré qui en
dépit d’un fort tropisme rationalisateur a été un grand créateur d’institutions
administratives.
59. À cet égard, ses analyses sont parfaitement convergentes avec le rapport public de la
Cour portant sur la gestion des années 1939-1945, publié en 1947.
60. CHAN F 60 939, « Le ministère des Finances, n’ayant pas une connaissance suffisante de
l’organisation des services ministériels, se trouve contraint d’imposer un procédé
forfaitaire pour réaliser la compression des effectifs : 10 % pour les ministères anciens ; 30 %
sur les fonctionnaires nouveaux depuis 1936 ».
61. Pour Ramadier, le CCE a une « double tâche : faire apparaître le prix de revient des
services publics, considérés dans leur extension la plus large, et proposer les méthodes
d’abaisser ces prix par compression, coordination, rénovation des différentes activités de
l’administration » (Lettre du 21 février 1947, SAEF, B 63197).
62. SAEF, 5A182, conférence à l’ENA, le 5 décembre 1949, dactylographie, CAEF, B 62186.
63. Avant le CCE, rares ont été les expériences d’enquêtes sur place dans les services des
Finances, menées par des hauts fonctionnaires extérieurs aux Finances ; c’est une
prérogative de l’Inspection des finances et encore l’Inspection ne vérifie-t-elle que les
services extérieurs et n’intervient-elle que très rarement à l’administration centrale des
Finances. Avec le CCE, ce sont des membres de la Cour des comptes (Priem, Hamelin, Bisson,
Villers, Charrier), des contrôleurs généraux de l’Armée (Hanotte, Lionnet, Le Hénaff), un
inspecteur de l’Industrie et du Commerce (Nollet), des conseillers d’État (Boris,
Marchandise, Legaret), un inspecteur général des PTT (Sézerat), un ingénieur au corps des
Mines (Gardent), des administrateurs civils ou de l’INSEE (Legatte, Gaudriault, Gardellini,
Labarraque, Brissaud, Martin), un contrôleur de l’Aéronautique (Villemin), qui vont se
pencher sur l’organisation des services des Finances et des Affaires économiques.
64. A. Saramite, conseiller référendaire, est nommé secrétaire général adjoint aux côtés de
G. Ardant ; il prend la succession de G. Ardant à son départ en 1953, tandis qu’E. Parent
succède à P. Brin. La Cour des comptes prend alors la totalité des commandes du CCE. À
partir de 1954, le CCECRSP entre en sommeil…
65. CHAN, F 60 939 et rapport d’ensemble de 1947. La préoccupation des usagers est
partagée par l’ensemble des membres du CCE ; au nom de l’usager, le député MRP A. Burlot,
spécialiste du contrôle budgétaire, de la comptabilité et de la réforme administrative,
réclame la diminution de la paperasserie et du nombre de questionnaires, le regroupement
des services administratifs dans un même bâtiment, la création de bureaux de
renseignement et l’édition d’organigrammes par service.
66. On se rappelle que c’était une des idées-forces de la réforme du Comité supérieur de
contrôle financier en 1936 d’auditionner les chefs de service sur l’exécution de leur budget.
Le CCE a choisi d’envoyer ses conclusions préliminaires par écrit à l’administration
concernée qui répond elle aussi par écrit, mais en séance, la discussion orale réunit le
secrétariat général, les rapporteurs du CCE, les représentants de l’administration concernée
et un représentant de la direction du Budget. Voici ce que dit G. Ardant de cette procédure
contradictoire orale : « Un des caractères du CCE actuel, c’est qu’il entend toujours toutes
les administrations concernées, quelle que soit la nature des critiques faites, même si elles
sont très violentes, les intéressés sont amenés à s’expliquer et à s’expliquer même très
franchement. Et quelquefois, ils prennent à partie assez vivement le rapporteur, et nous
écoutons ce qu’ils ont à dire, et prenons les conclusions en tenant compte souvent assez
largement de ce qu’ils nous ont dit » (conférence du 5 décembre 1949, SAEF, B 62 186).
67. On a vu plus haut que dès juillet 1945, G. Ardant parle de l’utilisation du calcul du prix
de revient pour évaluer « l’utilité » de la dépense publique (SAEF, 5A 182). Fin 1946, G.
Ardant souligne que les commissions de méthode des ministères n’étudient pas les
problèmes assez à fond « et que le souci du prix de revient ne prédomine pas. De telles
réformes risquent de n’aboutir à grands frais qu’à un modeste résultat » (CHAN, F 60 939).
68. Sur sa « foi » dans la révolution que constituent les études de prix de revient, voir sa
conférence le 28 novembre 1949 à l’ENA, devant les promotions Jean Moulin et Nations
Unies (SAEF, B 62186).
69. On notera la vision économique de l’administration comme productrice de services. «
Un service public à qui on ouvre un crédit doit fournir en échange une certaine quantité,
une certaine dose de sécurité ou de commodité, ou même de progrès, ou même d’agrément,
et ce n’est peut-être pas là un produit au propre du mot, mais c’est son équivalent. Cette
dose de sécurité, ce progrès, cet agrément, ce sont là des éléments qui sont susceptibles
d’être mesurés » (conférence du 28 novembre 1949 à l’ENA).
70. G. Ardant a pressenti immédiatement « les résistances très longues et très tenaces » que
cette méthode allait provoquer dans les services (28 novembre 1949 à l’ENA, SAEF, B 62 186).
71. SAEF, B 62186. Conférence à l’ENA du 28 novembre 1949, où G. Ardant parle d’évaluer la
qualité des routes en calculant le nombre d’accidents de la route. En 1953, le CCE publie l’un
de ses premiers rapports sur une politique publique de santé : la lutte contre l’alcoolisme.
Ces deux études, faites l’une dans le domaine de l’équipement, l’autre en santé publique,
renvoient étonnamment aux deux futures grandes études pilotes de la RCB : sécurité
routière et périnatalité.
72. « Ainsi pourrons-nous substituer une détermination rationnelle des crédits aux
marchandages qui précèdent l’établissement et le vote du budget. La mission essentielle des
pouvoirs publics, choisir ce qui est le plus utile, pourra enfin être remplie » (ibid.).
73. SAEF, 5A182.
74. Conférence ENA du 28 novembre 1949. Quelque temps plus tard, Goetze, directeur du
Budget, s’intéresse lui aussi au budget fonctionnel américain et aux travaux de la
commission Hoover ; il envoie plusieurs de ses administrateurs en mission aux États-Unis.
75. Ardant prend langue avec le directeur du Budget hollandais, qui lui aussi s’intéresse au
budget fonctionnel. Conférence à l’ENA du 5 décembre 1949 (SAEF, B 62 186).
76. De 1946 à 1950, G. Ardant n’épargne aucun effort pour faire entendre ses propositions.
En vain. Nous ignorons les relations que G. Ardant entretenait avec F. D. Gregh, inspecteur
des Finances et directeur du Budget de 1945 à 1949, qui a lui aussi œuvré à Alger au temps
du CFLN. Ce n’est qu’à partir de 1951 que les propositions de G. Ardant trouveront un écho
auprès des responsables de la réforme administrative et surtout auprès de R. Goetze,
directeur du Budget jusqu’en 1956, lui aussi un ancien collaborateur de P. Mendès France à
Alger.
77. D’après le rapport public de 1948, sur 80 enquêteurs qui ont travaillé pour le CCE, 20
sont membres de la juridiction. Pendant l’année 1947, les enquêteurs appartiennent tous,
sauf deux exceptions, aux corps de contrôle : Cour des comptes (25), Inspection des
finances, (12), Conseil d’État (8), Contrôle général des Armées (4), Mines (2), Inspection
générale de l’administration (2), inspection des Colonies (2), PTT (1), Ponts et Chaussées (2),
Contributions indirectes (1), Manufactures de l’État (1). On remarquera le faible nombre de
polytechniciens, qui ont pourtant été en pointe dans les milieux de l’organisation dans
l’entre-deux-guerres. Visiblement, pour eux, les priorités sont désormais ailleurs. P.
Gardent, ingénieur au corps des Mines, est une exception : il dirige plusieurs missions sur le
secteur de l’aéronautique, mais après 1949, il rejoint Charbonnages de France.
78. Chefs d’équipe appartenant à l’Inspection : Chalandon, Garnier, Feuilhade de Chauvin,
Chalendar, Valls, Nespoulous-Neuville, Morette-Bourny, Martin, Rogez, Guillot-Tantay,
Lamy, Chassaigne, Dommel, Moussa. Dès 1950, le nombre d’inspecteurs des Finances
impliqués diminue pour presque disparaître à partir de 1954, suite au départ de G. Ardant.
La plupart n’effectuent qu’une seule mission, contrairement à ce qu’espérait Ardant. Une
des dernières enquêtes menées par des inspecteurs des Finances fera date, c’est celle de
Flandin et Gonot en 1953-1955 sur la nécessité d’introduire l’organisation scientifique du
travail dans les services administratifs.
79. Le Conseil d’État, sollicité officiellement, se laisse tirer l’oreille ; finalement il y aura
Huisman pour le Comité central, Boris et sept auditeurs pour les enquêtes, Aubépin de
Lamothe Dreuzy, Boitreaud, Holleaux, Kahn, Legaret, Marchandise et Mayras (lettre du
secrétaire général du Conseil d’État à Ardant, 6 août 1946, SAEF, B 62186). M. Debré, sollicité
personnellement par Ardant, se récuse le 1er août 1946 en invoquant son rang, son âge et sa
lassitude (SAEF B 62 186). On retiendra surtout le nom de G. Boris, chef d’équipe et principal
rédacteur des notes et rapports sur la réforme du ministère de l’Économie nationale.
80. Rapport public 1948, p. 102. Voir aussi la note aux rapporteurs de Brin, n° 295, du 18
février 1948, où il indique que « les rapporteurs de la comptabilité administrative seront
désormais convoqués aux séances du CCE concernant le département ministériel dont ils
sont chargés » (registre de la première présidence, archives de la Cour). De nombreux
rapporteurs travaillent donc parallèlement pour les deux institutions ; les observations, les
renvois, les rapports et les conclusions sont autant de méthodes de travail communes aux
deux structures.
81. Cette réforme sera décidée en 2007 dans le cadre de la RGPP.
82. Le CCE, spécialiste de la chasse aux doublons administratifs, fait doublon avec la Cour
des comptes, avec la direction du Budget, avec les commissions d’économies de 1945-1950 et
avec le Commissariat général à la Productivité. Ce paradoxe n’échappera pas en 1959 à M.
Debré qui en tirera les leçons !
83. AN, F 60 939.
84. Un certain nombre de notes préparatoires ou préliminaires ne sont pas discutées, elles
restent à l’échelon du secrétariat général et ne sont donc pas communiquées aux syndicats.
Certains sujets sont visiblement plus sensibles que d’autres, par exemple, l’enquête de
Sézerat sur les coûts administratifs des services du Trésor (CCECRSP, rapport n° 191,
octobre 1954).
85. AN, F 60 939.
86. Affaires allemandes et autrichiennes ; Agriculture ; Anciens Combattants ; Éducation
nationale ; Finances ; Forces armées ; Industrie et Énergie ; Intérieur ; PTT ; Présidence du
Conseil-Information-Documentation-Diffusion ; Services économiques ; Santé ; Travaux
publics ; Mécanographie ; Services géographiques et topographiques ; Offices ; Parafiscalité.
87. Dès septembre 1946, le secrétariat général évoque la difficulté de trouver des
enquêteurs. Le 17 octobre 1946, P. Brin soupire : « On demande à une administration
désorganisée de réorganiser l’administration ! ». Ardant ajoute qu’il n’arrive pas à
s’adjoindre les spécialistes d’organisation, car tous sont engagés dans leur service à plein-
temps (CHAN, F 60 939).
88. La définition de la mission Répartition est âprement discutée entre Ardant et Faure,
inspecteur général de l’Économie nationale, qui divergent sur les objectifs de la mission et
son programme de travail. Ardant est partisan d’une enquête très large portant sur le
contrôle, les principes et les objectifs économiques de ces services (économie dirigée), alors
que Faure est partisan d’une simple enquête d’organisation et de coûts/rendements. Le
compromis se fait finalement sur une enquête approfondie d’organisation.
89. En 1946, Ardant fait une première série de propositions, le programme est discuté en
séance et complété à la suite des remarques de R. Grégoire directeur de la Fonction publique
qui souhaite ajouter un volet sur le contrôle des dépenses engagées. Au final, la fiche
comporte un important volet sur les dépenses et le budget, sur les recettes et l’organisation
fiscale, sur les problèmes de caisse, sur les crédits, sur les comptes spéciaux et les EPIC. Ce
programme de travail sera étalé sur presque dix ans, avec des intermittences, partagé en
deux phases, 1947-1948 et 1950-1953. Il existe aussi une fiche-programme Commerce et
finances extérieures (voir en annexe II, CHAN, F 60 939).
90. La Mission Mécanographie a donné lieu à huit rapports étalés sur 1947 et 1948, voir
annexe IV (CHAN, F 60 939).
91. Le système Bedaux, du nom de son inventeur, C.-E. Bedaux (1886-1944), est un système
de chronométrage des tâches et de salaire au rendement, très répandu dans l’entre-deux-
guerres, notamment dans les entreprises automobiles ou dans les mines, et très impopulaire
auprès des ouvriers.
92. R. Gaudriault, rapport n° 215 « sur l’intervention des organisateurs privés dans les
administrations et les entreprises publiques » ; rapport d’enquête 215 bis « sur les résultats
de M. Paul Planus à l’établissement régional du matériel de Vincennes (avril 1949) » et «
note relative à la généralisation des réformes apportées à l’organisation administrative de
l’établissement régional du matériel de Vincennes » (post-Planus). R. Gaudriault, mis à
disposition du CCE par l’INSEE, suivra Ardant au Commissariat général à la Productivité
pour y assurer la responsabilité du secteur organisation et administration ; en 1959, il sera
nommé chef du Service central d’Organisation et Méthode (SCOM), rattaché à la direction
du Budget, lors de la suppression du Commissariat général à la Productivité.
93. Sur les méthodes d’enquête de l’Inspection, N. Carré de Malberg, op. cit., p. 97.
94. Six instructions générales auraient été rédigées. Le rapport d’ensemble de 1947
mentionne celle sur les circonscriptions et sur la coordination des enquêtes (CHAN, F 60
939), sur la mesure du coût et du rendement et sur le problème de la codification.
L’instruction sur le calcul des coûts et rendements est reproduite dans le rapport
d’ensemble de 1948. Ardant dans sa note sur la présentation du budget de juin 1947 en
donne également certains éléments.
95. Dans le rapport 1948, on trouve plusieurs exemples d’études de coûts et de prix de
revient, qui ont servi de vitrine au CCE.
96. Pour la mission XII Services à caractère économique, on trouve 11 notes intermédiaires ou
complémentaires ; pour la mission V Finances 9 notes, pour la mission XVI Mécanographie 7
notes.
97. Au fil des années, le dossier d’enquête s’étoffe et se normalise. À partir de la fin des
années 1950, le dossier d’enquête comporte les éléments suivants : ordres de mission, fiches
d’indemnités, correspondance, questionnaire d’enquête, documents de travail, avant-
projets et projets de rapport et de conclusions, feuilles de séance du CCE, rapport et
conclusions définitives, annexes au rapport, suites données au rapport (CAC Fontainebleau,
répertoire 79-0742).
98. Dans ses conférences à l’ENA, non sans mauvaise foi puisqu’il en a utilisé les résultats, G.
Ardant minimise les apports des commissions des méthodes de 1945 ; selon lui, c’est à la
direction du Personnel et des Services généraux que doit revenir la mission d’organiser
l’administration centrale des départements ministériels.
99. Voir Annexe I.
100. Avec le Comité de réforme administrative dont le CCE est l’auxiliaire, Ardant souhaite
mettre en place une politique de complémentarité et de réciprocité. Pour un exemple de
travail réalisé en commun, voir l’instruction n° 3 sur les circonscriptions géographiques
(CHAN F 60 939).
101. CAC, répertoires 79 0742.
102. Entre 1947 et 1949, 45 rapports n’ont pas fait l’objet de conclusions publiques.
103. En 1950, 16 rapports pour 14 chefs d’équipe ; en 1951, 26 rapports pour 20 chefs
d’équipe ; en 1952, 23 rapports pour 15 chefs d’équipe ; en 1953, 16 rapports pour 12 chefs
d’équipe et en 1954, 8 rapports pour 8 chefs d’équipe. En 1957 et 1958, il n’y aura que deux
équipes, qui rendront seulement deux rapports.
104. La détermination du coût inclut les frais généraux, l’amortissement du matériel, les
stocks, les bâtiments, etc. L’instruction générale n° 1 insiste sur le niveau de détail des
enquêtes : « Pour être efficaces, ces enquêtes doivent être approfondies, de celles qui ne se
contentent pas de l’examen des papiers et de l’entretien avec le chef de service. On ne
connaît un service que lorsqu’on l’a vu fonctionner à tous les échelons qui le composent
jusqu’au dernier ou au premier […]. C’est souvent la considération du travail le plus
modeste qui permet par voie de généralisation les réformes les plus fécondes ».
105. Pour le détail des rapports consacrés au ministère des Finances et à l’ancien ministère
de l’Économie nationale, voir l’annexe V.
106. Il ne semble pas par exemple que le CCE ait été consulté ni associé d’une quelconque
manière à la création de la direction générale des Impôts en 1948.
107. Cf. le rapport Lauré sur la suppression des emplois de direction et la réorganisation de
l’administration centrale des Finances en 1948, dans le cadre du programme d’économies de
1948 (cf. le décret du 6 septembre 1948 portant suppression de certains emplois de direction
dans les administrations centrales des ministères), SAEF, B 58 857.
108. Annexe V.
109. Annexe V.
110. Dans la période 1948-1954, le ministère des Finances et des Affaires économiques
commande 66 rapports, l’Agriculture 44, la Défense 24, l’Équipement-Reconstruction-
Transports 21, l’Industrie 16, l’Intérieur 15, les services du Premier ministre 8 et la direction
de la Fonction publique 4.
111. L’instruction générale n° 3 porte sur la coordination des enquêtes et sur les Problèmes
communs : l’information ; les statistiques ; les problèmes de reconstruction et d’équipement ;
les problèmes de locaux administratifs ; les questions financières ; les relations avec
l’étranger ; les relations avec les affaires allemandes ; les problèmes de répartition ; la main-
d’œuvre ; l’immigration…
112. L’instruction générale n° 2 s’insère dans les travaux de la commission de réforme
administrative : comment découper au mieux les circonscriptions géographiques et
administratives ? (CHAN, F 60 939).
113. Annexe V.
114. On peut évaluer le nombre de rapports consacrés à ces organismes à une cinquantaine ;
la plupart ont été demandés par le ministère des Finances, qui est le premier
commanditaire et le premier utilisateur des enquêtes du CCE, suivi de l’Agriculture ou de
l’Industrie.
115. Le CCE a produit un grand nombre de « monographies » sur l’organisation ou la gestion
des services, très semblables aux rapports de comptabilité administrative réalisés à la Cour
des comptes.
116. Avec la création de la Commission de vérification des comptes des entreprises
publiques en 1948, le CCE abandonne les entreprises publiques.
117. « Rapport sur les réformes à apporter à la présentation du Budget en vue de faire
ressortir le coût et le rendement des services publics », CHAN F 60 939. Sur la pensée
budgétaire de G. Ardant, sa conférence du 5 décembre 1951 à l’ENA, op. cit., son article « Les
fondements économiques et sociaux des principes budgétaires » dans la Revue de Science et
de législation financière, 1949, p. 406 à 446 et SAEF, 5A182.
118. Conférence à l’ENA, le 5 décembre 1949. Mendès France, réélu député en novembre
1946, est membre de la commission des Finances et du contrôle budgétaire ; il dépose le 31
décembre 1948 une proposition de résolution invitant le Gouvernement à déposer sur le
bureau de l’Assemblée nationale le projet de loi organique réglant le mode présentation du
budget et à s’inspirer à cet égard des suggestions du CCECRSP (annexe, n° 6015). Voir à ce
sujet la correspondance entre P. Mendès France et G. Ardant le 6 février 1949 (archives
privées P. Mendès France).
119. E. Bonnefous, La réforme administrative, PUF, 1958, p. 96-98.
120. Note « La réforme de l’administration : le troisième rapport du Comité d’enquête »,
anonyme, SAEF, B 62 186.
121. Le rapport propose une série de réformes propres à chaque administration, compte
tenu de sa mission et de son organisation. Il suggère pour chaque administration des
indicateurs d’activités et de coûts : coût de la tonne kilométrique transportée sur chaque
voie de communication, coût par élève de l’enseignement dispensé, coût par opération des
travaux administratifs, coût moyen de chaque affaire jugée, etc. Il préconise un gros effort
de codification de la matière réglementaire et législative et appelle à une réforme drastique
des services départementaux et des bureaux des préfectures.
122. À partir de 1950, et jusqu’au milieu des années 1980, il n’y aura plus que des rapports
de réforme consacrés à un secteur ou à un seul département ministériel (le rapport Bloch-
Lainé en 1956 ou le rapport Huet en 1971 sur le ministère des Finances). En revanche, les
années 1980 et 1990 renoueront avec les grandes commissions de réforme administrative
(rapport Gisserot en 1986, commission « Efficacité de l’État » du Xe Plan en 1988,
commission Blanc en 1992, commission Picq en 1993, Commissariat à la Réforme de l’État en
1995).
123. Note « La réforme administrative », p. 2, SAEF, B 62186.
124. La Commission nationale d’économies, créée par décret le 10 février 1950
conformément à la loi de finances du 31 janvier 1950, est chargée de faire la synthèse des
commissions départementales d’économies instituées le 7 juin 1949 et d’établir un plan
d’économies dans les départements ministériels ; elle recrute pour ce faire une quarantaine
d’enquêteurs. Elle rend le 8 août 1950 un rapport général qui analyse des mesures adoptées
par le comité interministériel et se place dans la filiation de la commission Marin de 1922-
1923 ; le rapport conclut à la nécessité de la création d’un « organe spécial qui en liaison
avec le ministère du Budget suivrait les questions de réforme et d’économies intéressant les
différentes administrations et les reprendrait périodiquement, indépendamment de la
conjoncture budgétaire et de ses impératifs », SAEF, B 57 035.
125. Le CCE n’est pas représenté en tant que tel, mais par le biais du premier président de la
Cour des comptes ; en revanche, les rapporteurs du comité assistent la commission.
126. Le décret du 22 avril 1953 relatif à la détermination du coût et du rendement des
services s’inspire des travaux du CCE pour établir le coût des services (regroupement des
dépenses d’un même service, ventilation des crédits inscrits aux chapitres généraux du
ministère des Finances, prise en compte des charges telles que les immeubles et le matériel
ou les stocks) et pour évaluer les « résultats » de l’activité des services, avec l’établissement
d’indicateurs simples.
127. Outre le président, ce comité n’est composé que de quatre personnes : Parent,
président du CCE, Ardant, secrétaire général du CCE, Maspétiol, conseiller d’État, et
Bonnaud-Delamare, préfet (arrêté du 5 mai 1953).
128. Circulaire Budget n° 02-E/55.11.24/55.12, du 25 novembre 1955, « Analyse et
détermination des coûts et des prix de revient des services administratifs de l’État ».
L’exposé des motifs atteste du ralliement de la direction du Budget aux études coûts et
rendements : « La connaissance des coûts et des prix de revient doit permettre aux pouvoirs
publics de disposer de données quantitatives pour apprécier l’organisation des services, les
moyens dont il convient de les doter, les réformes à entreprendre, les répercussions que
peuvent entraîner l’extension de la diminution de leur activité. Sur le plan administratif,
elle doit offrir aux échelons supérieurs la possibilité de contrôler l’action de leurs
subordonnés et d’encourager leurs initiatives et constituer une source de renseignements
adaptée à la recherche des améliorations susceptibles d’être apportées à la marche des
services dont ils ont la charge ». Compréhensive et bienveillante, la direction du Budget, qui
fournit la méthode de calcul, annonce une période de rodage et d’initiation, mais elle
indique qu’il faudra intégrer la valeur des biens meubles et immeubles mis à disposition du
service, les dépenses faites pour le fonctionnement du service par d’autres services et
notamment les collectivités locales, la valeur locative des locaux occupés, la valeur des
stocks de matériels, des denrées ou des produits et leurs variations, l’amortissement des
matériels et la valeur des immobilisations. Afin de pouvoir mesurer objectivement l’activité
des services, des indicateurs chiffrés simples sont proposés aux services tels que le nombre
d’objets fabriqués ou vendus, le nombre de journées d’élèves, les hectares de forêts
surveillés, les kilomètres construits ou entretenus, le nombre de dossiers instruits ou
transmis… Un premier tableau à remplir, mis au point par la direction du Budget,
récapitule, selon la nomenclature budgétaire, les différents types de dépenses qui
constituent « le coût brut » du service, ainsi que les différentes recettes, ce qui permet
ensuite de déterminer « le coût net » du service. La dernière partie du tableau sert à la
détermination du prix de revient, ou plus exactement de la « dépense unitaire ». Un second
tableau, par nature de dépenses, sert à la mesure du « coût de gestion administrative », à
partir des dépenses concernant « le fonctionnement interne » du service (dépenses de
fonctionnement, dépenses de constitution de stocks, dépenses d’investissement et de gros
entretien). À partir de 1956, la procédure budgétaire intègre le calcul des coûts et
rendements des services publics dans les documents préparatoires que la direction du
Budget réclame aux services (cf. la circulaire Budget du 18 mai 1956 concernant la
préparation du budget voté de l’exercice 1956 pour les services civils).
129. Sur ce nouveau chantier « Productivité des services administratifs » de la direction du
Budget, voir les circulaires Budget, n° 17-2 B1 du 25 mai 1955, n° E2-11 du 10 mars 1956 et n°
E2-17 du 25 février 1958.
130. Il faut attendre 1951-1952 pour voir apparaître dans les intitulés des rapports de
l’Inspection les termes « efficacité », « coût », « rendements », « coûts et rendements », mais
à la fin des années 1950, en 1958-1959, ce type d’enquête semble être devenu familier aux
inspecteurs. Les études s’appliquent soit à une taxe (chiffre d’affaires) ou à un allégement
fiscal, soit aux coûts comparés d’activités d’un territoire à l’autre, soit à un service (un
service départemental ou national, un atelier). SAEF, 4A 2241 ; 4A 2281 ; 4A 2313 ; 4A 2336 ;
4A 2337 ; 4A 2338 ; 4A 2346 ; 4A 2365.
131. Cf. le rapport Flandin-Gonot n° 214, 1956, sur l’organisation du travail dans les
administrations et entreprises publiques, qui conclut à la nécessité de multiplier les
bureaux Organisation et Méthode dans les ministères. Cette recommandation sera reprise
dans la circulaire Marcellin du 12 décembre 1957 relative à la modernisation administrative,
qui fait la synthèse de toutes les initiatives de la IVe République en matière de réforme
administrative (JO, 20 décembre 1957).
132. Cf. les rapports rédigés par l’inspecteur général Sézerat pour le CCE sur les coûts et
rendements comparés au sein du Trésor public et des services financiers des PTT, voir
annexe V. Au cours de la seconde moitié des années 1950, le service des études de la
direction de la Comptabilité publique procède à la mise à jour du « barème » concernant la
mesure des rendements des services.
133. L’article 52 du décret de 1956 dispose qu’une annexe présentera le « coût des services
par grandes fonctions et les éléments qui permettront d’apprécier leur activité ». La
circulaire Budget du 2 août 1957, n° E2/44, insiste sur la nécessité pour les services de faire
connaître ces informations qui doivent désormais être communiquées légalement aux
assemblées dans le cadre de l’examen du projet de budget et rappelle la méthode qui doit
être suivie. Le décret de 1956 constitue donc l’aboutissement des travaux « coûts et
rendements » du CCE et de la direction du Budget ; il est aussi la marque de l’intérêt que les
commissions des finances ont porté à cette question, apportant leur appui à une cause que
ni le CCE de G. Ardant ni la direction du Budget de R. Goetze ne seraient parvenus à imposer
seuls.
134. La présentation fonctionnelle du Budget et des coûts des services perdure sous la
forme d’une annexe à la loi de finances, remplissant un rôle essentiellement d’information
et de pédagogie vis-à-vis du Parlement et de l’opinion. Sur la présentation fonctionnelle du
Budget et sa difficile acclimatation en France, J. Grangé, Le Budget fonctionnel en France, Paris,
LGDJ, 1963.
135. Cf. l’ordonnance du 4 février 1959 portant loi de finances rectificatives. L’article 76
crée la commission de réforme administrative chargée de rationaliser les structures
administratives et de réduire le coût du fonctionnement des services publics, annoncée
dans le plan de redressement économique et financier de décembre 1958.
136. Exemples de réformes proposées par le CCE : la carte judiciaire et la réforme du
ministère de la Justice, les Armées, les Voies navigables, les Affaires étrangères et les lycées
français à l’étranger, la suppression des centres d’apprentissages et leur fusion avec les
collèges d’enseignement technique, la réforme du ministère de l’Intérieur et de la fonction
préfectorale, les Eaux et Forêts, l’Agriculture et le regroupement des services techniques, la
réforme des services départementaux du ministère de la Santé et de la Population, la
réforme du service des Alcools, etc.
137. L’année 1949 est une grande année pour le ministère des Affaires économiques qui fait
l’objet d’au moins une dizaine de rapports d’enquête sous la direction de G. Boris, conseiller
d’État.
138. SAEF, 5A182. En 1948, la Cour des comptes reconnaît la valeur ajoutée du CCE : « Dans
l’ensemble, la collaboration avec le Comité d’enquête a bénéficié au contrôle de la Cour, en
l’élargissant, en le vivifiant et en lui fournissant une connaissance plus exacte du
fonctionnement réel des services dans le temps et dans l’espace », rapport public 1948, p.
102.
139. Entre 1948 et 1954, on constate peu de demandes de la part de la direction de la
Fonction publique, visiblement absorbée par d’autres sujets : le statut général des
fonctionnaires, la création des administrateurs civils et de l’ENA, l’établissement de la grille
des traitements et des carrières, le reclassement des fonctionnaires, la loi sur les auxiliaires
de 1950… Quatre rapports seulement sont demandés par la DFP dans la période : un rapport
en 1948 sur le parc automobile (n° 9), un rapport en 1949 sur la coordination
mécanographique (n° 65), un rapport sur la limite d’âge en 1953 (n° 167), un rapport en 1954
sur les cumuls de fonctions et de rémunérations publiques (n° 187). Il faut attendre 1956
pour que les choses semblent bouger ; sont ainsi successivement commandés au CCE en 1956
un rapport sur l’organisation du travail dans les administrations et les entreprises
publiques (n° 214), en 1957 deux rapports, l’un sur l’intervention des organisateurs privés
dans les services publics (n° 215) et l’autre sur l’organisation et le fonctionnement des
administrations chargées de l’élaboration et de l’exécution des plans régionaux d’expansion
du territoire (n° 219), en 1958, un rapport sur la politique d’aménagement de la région
parisienne (n° 222), en 1959, deux rapports, l’un sur le secret professionnel et l’échange
d’informations entre administrations (n° 224) et l’autre sur le logement des fonctionnaires
(n° 231). Le vrai changement se produit en 1960, lorsque le CCE bascule dans la sphère
d’influence du Premier ministre et du ministre de la Fonction publique, abandonnant pour
partie les orientations initiales données par Ardant.
140. Dans sa conférence du 5 décembre 1949 à l’ENA, Ardant indique qu’« au fur et à mesure
que le Comité d’enquête obtenait des résultats, que ses propositions étaient suivies, [ils]
avaient de plus en plus de difficultés à trouver des enquêteurs. Tous les ministres n’ont pas
été ravis de nous voir poursuivre nos investigations et obtenir des résultats ».
141. Conférences à l’ENA 28 novembre et 5 décembre 1949 (SAEF, B 62 186). Ardant, bien
conscient des freins au changement, parle « d’incompréhension, de révolte et de scandale »
de la part des responsables de l’administration ; désabusé, il place son espoir dans les
nouvelles générations de hauts fonctionnaires formés à l’ENA.
142. Ardant, dès la fin 1946, souligne que « leur action s’est constamment heurtée à des
difficultés d’ordre politique inhérentes à l’hétérogénéité du Gouvernement. Souvent les
ministères d’une provenance politique autre que celle du chef du Gouvernement rendent le
travail de l’enquêteur difficile sinon impossible, ralentissant ainsi le rythme de leurs
travaux », CHAN, F 60 939.
143. C’est là l’un des secrets de la réussite du Bureau de statistiques économiques et
financières (BSEF) de C. Gruson, qui, abrité et parrainé par la puissante direction du Trésor
de F. Bloch-Lainé et financé par la Banque de France, a pu prospérer et devenir le
prestigieux SEEF.
144. Entre 1945 et 1948, la Cour des comptes a vu ses attributions de contrôle élargies aux
associations subventionnées (loi du 8 août 1947), aux organismes de Sécurité sociale (loi du
31 décembre 1949) et aux entreprises publiques (loi du 6 janvier 1948). Son rôle budgétaire
d’auxiliaire du Parlement s’est également considérablement renforcé : depuis la loi
constitutionnelle du 27 octobre 1946 (art. 18), la Cour est associée aux travaux de
l’Assemblée nationale, qui peut la charger de toute enquête et étude se rapportant à
l’exécution du budget ou à la gestion de la trésorerie ; depuis la loi du 13 décembre 1945
(art. 2), elle assiste les rapporteurs particuliers de la commission des finances pour
l’établissement du budget ; depuis la loi du 25 juin 1947 portant réalisation d’économies, elle
est chargée de suivre l’état d’exécution des économies prescrites. Enfin, elle accueille en son
sein la toute nouvelle Cour de discipline budgétaire et financière (loi du 25 septembre 1948)
puis en 1950, la nouvelle chambre sur la Sécurité sociale.
145. Lors du plan de redressement économique et financier de décembre 1958, R. Goetze,
qui est l’un de ses principaux auteurs, ancien directeur du Budget et conseiller du général
de Gaulle, donnera de la même manière la priorité à la résolution de la crise monétaire,
financière et économique du pays, laissant à une future commission de corps de contrôle le
soin de se débrouiller de la réforme administrative.
146. F. Bloch-Lainé et P. P. Schweitzer à la direction du Trésor, C. Gruson et J. Saint-Geours
au SEEF, P. Delouvrier et M. Lauré à la direction générale des Impôts, R. Goetze à la direction
du Budget, etc.
147. C’est cette inspiration qui guidera le directeur du Budget lorsqu’il rattachera en 1959 à
sa direction le secteur « Organisation » du Commissariat général à la Productivité sous le
nom de SCOM.
148. C’est la décision qui sera prise en 2007 dans le cadre de la RGPP, 60 ans après la
création du CCE.
149. G. Ardant, Technique de l’État, PUF, Paris, 1953, p. 60 et p. 62-118.
150. CHAN, F 60 939, 4 p.
151. CHAN, F 60 939.
152. CHAN, F 60 939, 9 p.
153. CHAN, F 60 939, 4 p.
154. L’année 1948 constitue du point de vue du ministère des Finances et du ministère de
l’Économie nationale l’année la plus féconde en notes et rapports. Cette intense activité
traduit les intérêts propres de Gabriel Ardant, inspecteur des Finances, ainsi que les
urgences qui se présentent à l’époque aux pouvoirs publics : les questions fiscales et
budgétaires, les interventions économiques de l’Etat, la rationalisation des services
financiers et postaux, le contrôle financier, le crédit etc. Le CCECRSP fait ici office de service
d’études externalisé pour le ministère des Finances
155. Le tournant de 1954 – et le départ de Gabriel Ardant – sont bien visibles, manifesté par
la chute du nombre de rapports dans la sphère du ministère des Finances et des Affaires
économiques.
156. Pourquoi ces rapports n’ont-ils pas été examinés par le CCECRSP ? Par manque de
temps ? Parce que trop « sensibles » ? On remarquera que nombre de ces notes non rendues
publiques ont trait à l’organisation des services, aux emplois, aux effectifs et aux
personnels.
157. Il semblerait que le CCECRSP ait voulu en 1953 s’attaquer à la direction de la
Comptabilité publique et aux Services extérieurs du Trésor en diligentant une série
d’enquêtes et d’études « coûts et rendements » dans ces services ; cette dernière mission qui
fait office de testament intellectuel et administratif de G. Ardant juste avant son départ ne
semble pas avoir abouti, du moins publiquement. A-t-elle suscité des résistances
particulières ? Aucune archive à cette heure n’est venue nous renseigner sur cette question,
mais les rapports figurent en bonne place dans les archives du Service des Etudes et de la
Coordination de la direction de la Comptabilité publique (SAEF, B 65 106) . Quoi qu’il en soit,
après cette enquête, plus aucune mission CCECRSP n’effectuera d’étude « coûts et
rendements » au sein des services financiers.
AUTEUR
FLORENCE DESCAMPS
Introduction
En 1951, le secrétaire général du Comité supérieur pour le coût et le
rendement des services publics, Gabriel Ardant, déclarait :
« Par contraste avec les défauts de la gestion publique, la gestion privée paraîtra
peut-être douée de toutes les vertus, de la vertu de la productivité tout au moins.
Ce serait méconnaître les nombreuses causes d’improductivité qui, dans un pays
tel que la France, affectant le secteur privé, et dont l’exagération de certains prix
1
de revient constitue un témoignage certain .»
Cette remarque, où l’on sent poindre une certaine exaspération, ne
donne pas au secteur privé quitus de sa bonne gestion et de son
avance supposée dans le perfectionnement des méthodes par
rapport au secteur public.
On peut en trouver maints exemples. À la création de la commission
générale d’organisation scientifique du travail (CGOST) en 1926,
commission spécialisée du syndicalisme patronal, la CGPF, le secteur
privé des entreprises était dans un état de désorganisation
préoccupant. Quelles qu’en soient les raisons, quand fut abordée par
exemple la question de l’établissement d’une méthode uniforme du
calcul du prix de revient, une bonne part des entreprises considéra
cela comme une manœuvre de l’État pour ponctionner encore un
peu plus les bénéfices des entreprises. La plupart de celles-ci ne
savaient pas comment se répartissaient les coûts impactant leur prix
de revient et avaient pour seul objectif de vendre moins cher (voire à
pertes) que leur concurrent. D’où un nombre très important de
faillites en chaînes dont il serait intéressant de connaître la part
dans celles que l’on attribue traditionnellement à la crise de 1929,
dont les conséquences se sont fait sentir en France à partir de 1931.
Compte tenu de ce degré d’avancement relativement faible des
entreprises, comment expliquer dans ce cas qu’on ne se lasse pas,
depuis longtemps, d’appeler l’administration à prendre exemple sur
les avancées accomplies dans le secteur privé, dans les entreprises ?
Sans doute cela est-il fonction des périodes historiques : cela
supposerait que, dans les années 1930, l’administration et les
entreprises étaient au même niveau de perfectionnement, l’une
ayant finalement peu de choses à envier aux autres. La dynamique
de changement aurait été depuis ce temps davantage du côté des
entreprises. C’est une hypothèse qu’il faudra vérifier.
D’autre part, comparer les secteurs privé et public comme s’il
s’agissait de blocs délimités permet des simplifications commodes
alors que la réalité est plus complexe : bien des acteurs des périodes
historiques que l’on se propose de parcourir, des années 1930 à la fin
des années 1950, ont été en contact avec des entreprises privées et
des services d’administration, et se sont rendu compte que les avis
ne pouvaient pas être aussi tranchés 2 .
Les innovations existent de part et d’autre et c’est là le plus
intéressant. C’est ce qui fait l’intérêt que l’on porte aux « passeurs
d’idées ». Il s’agit non seulement des personnes, mais des structures
et des organisations qui se sont proposées pour perfectionner les
méthodes des entreprises privées et celles des administrations. Cela
regroupe à la fois les cabinets de conseil ou d’organisation, les
multiples comités ou organismes de perfectionnement et d’échanges
d’idées comme le CNOF 3 par exemple, les revues et conférences
nationales ou internationales, ou bien encore les techniciens et
organisateurs. Il faut y ajouter la masse des anonymes qui en interne
mettent en œuvre des perfectionnements auxquels il n’est pas donné
une grande publicité alors qu’ils sont souvent opportunément
recyclés 4 .
Le thème des passeurs d’idées est lui-même fonction de l’avancée ou
de la réduction des prérogatives de l’État comme par exemple dans
l’accroissement de ses pouvoirs à l’occasion de l’organisation de
l’économie de guerre ou de la pénurie sous l’Occupation. Alors que,
selon la « tradition », les porteurs de réformes viennent
essentiellement de l’extérieur de l’administration, lorsqu’ils entrent
dans le giron de l’État à la faveur de la reprise par celui-ci de
nouvelles prérogatives, les porteurs d’innovation deviennent en
quelque sorte des innovateurs internes à l’État. La création
d’organismes de perfectionnement au statut un peu ambigu, soit
comme un faux nez de l’État ou avec une participation publique
forte, est assez éloquente de ce point de vue. Tant que l’État conserve
ces nouvelles prérogatives, les organismes de perfectionnement dans
lesquels les passeurs d’idées se sont exercés, les innovations mises en
pratique proviennent de l’État et pas du secteur privé. Être passeur
d’idées entre secteur privé et secteur public est donc une fonction
qui suit le flux et le reflux des compétences de l’État au gré des
périodes historiques. Ce fait est d’une très grande importance car on
découvre là le champ d’exercice des intervenants qui forgent leurs
credo grâce à l’administration et à l’État pour retourner vers eux le
moment venu. Il ne s’agit plus là d’être passeur d’idées, mais plutôt
de formaliser les découvertes de différentes avancées çà et là, de les
conceptualiser et de voir dans quelle mesure elles sont
généralisables.
Enfin, compte tenu de la distinction entre secteur privé et public,
quelle place peut-on réserver aux entreprises publiques, aux
administrations de service dans ce schéma ? Celles-ci peuvent-elles
jouer le rôle d’un terrain d’expérimentation pour l’application de
méthodes venues du secteur privé ? Ce serait à ce moment un
transfert en deux temps des innovations du privé vers le public en
examinant comment, par exemple, à la SNCF ou dans d’autres
entreprises publiques, les améliorations ont été appliquées avant
d’être adaptées aux administrations proprement dites. Ce serait le
cas également dans des administrations de service comme les PTT
par exemple. Mais une fois les avancées obtenues dans les
entreprises publiques, tout ceci ne résout pas forcément le problème
de l’adaptation de nouvelles méthodes de travail aux
administrations. Et bien des innovations adoptées dans les
entreprises publiques ou des services opérationnels ne sont pas
transférables telles quelles à une administration.
Au cours de cette étude, nous aborderons dans une première partie
consacrée aux années 1930 comment des études dans les entreprises
privées menées par des organismes de coordination ont pu
influencer et même inspirer des réformes dans l’administration.
Dans une deuxième partie, durant l’épisode de Vichy, on montrera
comment l’administration des entreprises s’est développée en créant
un substrat de réflexion pour les futurs perfectionnements dans les
administrations de l’État. Enfin, la troisième partie sera dédiée, à
partir de la Libération, à l’émergence de multiples acteurs de la
productivité vue comme une valeur universelle par-delà les
frontières des secteurs privé et public.
La fondation de l’ITAP
Conclusion
Nonobstant la prise en compte par Milhaud des difficultés à
transposer les méthodes de réforme du privé vers le public, une
conviction s’affirme au fil du temps chez lui : bien des problèmes
rencontrés par les entreprises privées dans leur gestion sont
comparables à ceux rencontrés dans les administrations. Milhaud
l’affirme dans une note manuscrite des archives de l’ITAP :
« Quels sont les problèmes communs qui se posent dans les administrations ?
Exactement comme dans les entreprises ; il y a des problèmes de direction de
personnel ; il y a des problèmes d’approvisionnement ; il y a des problèmes
d’organisation et méthode ; il y en a toute une série, et autour de chacun de ces
problèmes nous avons créé des réunions autour d’une table, d’hommes situés
88
dans des services très divers mais ayant à se préoccuper de ces problèmes ».
Autrement dit, ce sont surtout les directions fonctionnelles des
administrations sur lesquelles il faut agir en s’inspirant des
perfectionnements issus du secteur privé. Ce faisant, Milhaud a
donné à la CEGOS des nouvelles directions de développement alors
qu’elle n’était principalement connue que pour son action sur la
mise au point d’une méthode uniforme du calcul du prix de revient
dans les entreprises privées depuis les années 1920 et 1930. Bien des
commentateurs ont estimé totalement illusoire de vouloir comparer
des systèmes comptables privés et publics très différents et qui
n’avaient d’ailleurs pas la même finalité. S’échiner à calculer le prix
de revient d’un service d’État paraissant illusoire pour certain, c’est
devenu au fil du temps un indicateur d’une comptabilité virtuelle
très utile pour identifier les postes d’économies potentielles et
opérer des réformes. Du reste, les contemporains de cette période
ont pratiquement été unanimes à considérer l’étude sur le prix de
revient, au même titre que d’autres sujets touchant à la
rationalisation des méthodes de travail, comme universelle et donc
commune aux secteurs privé et public, mais sans voir les obstacles
pratiques à surmonter.
Mais cette volonté de s’affranchir des frontières a subi des
fluctuations au cours du temps. D’abord parce qu’il existe une inertie
qui n’est pas le propre de l’État mais plutôt des mentalités. On est
frappé de voir que des questions évoquées dans les années 1930 se
retrouvent pratiquement posées dans les mêmes termes dans les
années 1950. Ainsi, tout se passe comme si à chaque période
historique, les réformateurs s’efforçaient de convaincre du bien-
fondé de leur vision jusqu’à ce que, proches d’y parvenir, une
période de bouleversement mette à mal tous leurs efforts. Les
fluctuations sont fonction ici de ces allers et retours où, à chaque
début de période historique, les mêmes questions sont reposées avec
parfois une modulation dans les termes. Les progrès accomplis
durant les années 1930 sont regardés avec suspicion durant la
période de Vichy. L’économie de guerre durant l’Occupation
allemande permet d’avancer sur des objectifs de régulation, de
réflexion sur le juste prix des marchandises et des actes de manière
quasi transversale. La « parenthèse » de Vichy ne peut pourtant pas
servir d’exemple à la Libération où le maître mot est de faire des
économies pour se séparer entre autres des effectifs importants de
fonctionnaires ayant grossi à la faveur de la mise en place d’une
économie de guerre. Voilà pourquoi s’affranchir des frontières
public/privé pour mieux partager les expériences et les
améliorations est une idée ancienne, remise périodiquement au goût
du jour. Il faut donc convaincre périodiquement de la validité de
cette idée et considérer tous les changements qui se sont opérés
autour d’elle, puisque les instruments à mettre en œuvre, eux,
varient : les expériences mécanographiques menées dans le privé, les
améliorations qui en découlent, les apports du secteur public dans le
développement des matériels de ce type pour les grandes enquêtes
statistiques. Une fois ces échanges mis en place à force de
persuasion, les instruments deviennent électromécaniques puis
numériques, nécessitant de nouveaux échanges sur l’innovation,
nimbée du culte du secret qui l’entoure souvent et qui est assez
propre à la France. Une solution comme les échanges d’expériences a
paru utile à bien des réformateurs en France depuis les années 1930,
mais avec plus ou moins de bonheur. Rares en effet sont les groupes
qui intègrent véritablement les spécialistes d’un service entre
secteurs privé et public à parité égale pour qu’ils échangent leurs
points de vue, leurs méthodes, leurs solutions. De tels groupes ont
été mis en place soit entre techniciens du privé, soit entre
techniciens du public, mais peu entre ceux du privé et du public. Une
des raisons qui peut l’expliquer est la véritable méfiance des gens du
public à l’égard du monde « peccamineux » de l’entreprise où chaque
innovation est susceptible d’être accaparée à des fins commerciales,
munie de l’estampille d’un propriétaire supposé de l’idée à vendre.
Lorsque la méthode dite du Training Within Industry (TWI) a fait
florès à partir de la Libération en France jusqu’au début des années
1950, une bataille très dure a eu lieu entre une multitude d’officines
de conseil revendiquant chacune la paternité de cette « innovation »,
au besoin en la remodelant, alors qu’elle était née dans
l’administration des armées américaines et qu’aucune règle du «
libérateur » n’imposait d’hypothétiques royalties sur l’idée. Le
monde de l’administration est donc plus enclin à partager ses savoirs
entre les membres d’un même secteur. Les avancées semblent plus «
échangeables » entre des administrations et des entreprises ou
établissements du secteur public, où d’abord les modes de gestion
sont proches, et où, chez les deuxièmes, les services opérationnels
sont plus en pointe des innovations et des perfectionnements. Ce
n’est pas par hasard si les expériences faites au PLM, à la SNCF, à
EDF, au monopole des tabacs, etc. ont servi d’exemple et de
laboratoire d’idées à la CEGOS et à d’autres intervenants : André de
Peretti au monopole des tabacs, Guy Palmade à EDF, le cabinet
Planus à la SNCF, Milhaud aux PTT. Ainsi, il apparaît comme plus
fructueux de considérer comme lieu d’échanges d’expériences pour
l’administration les entreprises et monopoles du secteur public
plutôt que d’entrer de plain-pied dans les expériences faites
directement dans les entreprises privées.
AUTEUR
ANTOINE WEEXSTEEN
Introduction
La place des entreprises publiques dans l’économie française s’étant
considérablement agrandie après la Libération, le contrôle de leur
gestion, de leurs investissements et de leur financement revêt alors
une importance particulière, au moins durant la période qui couvre
les « Trente Glorieuses ». Du fait des nationalisations de 1944-1948 –
au moins un tiers de la capitalisation boursière –, le poids
économique et financier du secteur public devient stratégique. Ces
nationalisations sont l’un des éléments du consensus de la Libération
selon lequel l’État doit prendre en charge la reconstruction et la
modernisation du pays : les fonds publics forment entre 60 % (en
1949) et 24 % (en 1957) des sources de financement de
l’investissement 1 . Or, les besoins d’investissement des entreprises
publiques sont énormes car c’est vers elles, porteuses des secteurs de
base, que les priorités du Plan sont orientées – du moins celles du 1er
Plan de modernisation et d’équipement (1946-1953). C’est dans ce
secteur que se concentrent les grands enjeux de la politique
industrielle et énergétique, générant des innovations technologiques
importantes ; il représente aussi la vitrine sociale du nouvel État
keynésien et modernisateur.
Dans ce contexte, il n’est pas inintéressant de se pencher sur la
manière dont la tutelle administrative 2 a envisagé de gérer ce
secteur en se concentrant sur trois points. Tout d’abord, qui sont les
acteurs de ces relations entre tutelle financière et entreprise ? Nous
verrons en effet que de part et d’autre, les acteurs sont pluriels et
que cela implique une analyse fine des relations, des doctrines en jeu
et des pratiques. Dans un second temps, nous verrons quelles sont
les missions dévolues aux entreprises publiques au lendemain de la
guerre, quels objectifs sont assignés à leur gestion. Enfin dans une
troisième partie, nous verrons que les doctrines évoluent, on assiste
à partir de 1958 à une remise en question de l’État-actionnaire –
sinon dans la pratique, du moins dans le discours.
I. L’impératif de financement
A. Des acteurs divers, une tutelle empirique
NOTES
1. Selon les rapports de la commission des investissements et du conseil de direction du
FDES.
2. Dans le cadre de cet ouvrage centré sur la gestion des finances publiques, ce chapitre se
concentre sur la tutelle du ministère des Finances.
3. Voir Georges Lescuyer, Le contrôle de l’État sur les entreprises nationalisées, Paris, LGDJ, 1959.
4.Rapport sur les entreprises publiques, dit rapport Nora, La Documentation française, p. 19.
5. Laure Quennouëlle, « La direction du Budget, la direction du Trésor et le financement
public des investissements, 1946-1957 », in La direction du Budget dans les années cinquante,
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 587-607.
6. Cette mission réunit les commissaires du gouvernement des banques d’affaires – qui sont
privées mais finalement plus surveillées que les banques de dépôt nationalisées.
7. André Bisson, Institutions économiques et financières de la France, Paris, Berger-Levrault,
1960.
8.Rapport sur les entreprises publiques, dit rapport Nora, op. cit.
9. En revanche, le Trésor apparaît plus réticent pour les emprunts des régies d’État, sans
doute jugées moins solvables (sauf la Régie autonome des pétroles).
10. AP Saint-Geours, note sur le financement des entreprises nationales, automne 1953.
11. AEF, fonds Trésor, 23 D1, communication de Pierre Besse à la commission des
investissements, 1949.
12. François Caron, rapport de synthèse, « La direction du Budget et les entreprises » in La
direction du Budget face aux grandes mutations des années cinquante, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 1998, p. 694.
13. Voir par exemple, AEF B 42268, PV de la commission des investissements du 12 août
1948.
14. Témoignage de Jean Saint-Geours, entretien n° 3 et 4 des 5 et 19 avril 2002 avec l’auteur,
fonds d’archives orales du Comité pour l’histoire économique et financière de la France,
1994.
15. AEF, fonds Budget, B 8636, note du 18 avril 1959.
16. Entretien de l’auteur avec Jacques Desazars de Montgailhard, entretien n° 1, cassette n°
1, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1995. Administrateur civil,
il est chargé de la gestion de la régie Renault à la 2e sous-direction du Trésor.
17. AN F 60897, P-V du Comité économique interministériel, séance du 18 décembre 1944 ;
Pierre Dreyfus, La liberté de réussir, Paris, Simoën, 1977, p. 38.
18. Pierre Dreyfus, La liberté…, op. cit., p. 38.
19. Cette cession des participations de l’État est demandée également par la CVCEP en juillet
1952.
20. Selon le témoignage de Paul Delouvrier, inspecteur des finances, directeur de cabinet de
René Pleven en 1945 puis de René Mayer en 1947-1948, administrateur d’Havas en 1949.
Entretien avec Anne Rasmussen, entretien 13, cassette 13, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France.
21. Pascal Lefebvre, « L’agence Havas et l’audiovisuel, 1923-1987 », thèse pour le doctorat
d’histoire sous la direction de P. Fridenson, EHESS, 1995.
22. AEF, fonds Trésor, B 13176, note du 2 décembre 1953 pour le directeur de cabinet Robert
Blot, sans doute du sous-directeur du Trésor, Maurice Sergent.
23. Qui seront fusionnées en 1969 pour former la SNIAS.
24. Il s’agit en grande majorité de fonctionnaires des Finances : présidé par Maurice Lauré,
inspecteur des Finances, le groupe de travail comprend Henri Lorain, président de la
CVCEP, Pierre du Pont, directeur de la Coordination économique et des entreprises
nationales, H. Barrault, sous-directeur au Budget, Jean Saint-Geours, sous-directeur au
Trésor, ainsi qu’un contrôleur d’État et un ingénieur des Mines.
25. AEF, fonds Administration générale, B28220, rapport du groupe de travail chargé de
l’étude du contrôle des entreprises publiques.
26. Il n’obtiendra à court terme que la diminution de la part de l’État à 51 % dans Havas. Sur
le recentrage de l’État-actionnaire, voir L. Quennouëlle-Corre, L’État-banquier et la croissance.
La direction du Trésor 1947-1967, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France, 2000, p. 472 sqq.
27. AEF, fonds Trésor, B 11732 et B 11765, notes pour le ministre de M. Pérouse du 8 février
1963 et du 26 novembre 1965.
28. AEF, fonds Trésor, B 11746, note pour le ministre du 14 mai 1964.
29. Lettre de mission du Premier ministre à M. Nora, président du groupe de travail, Rapport
Nora, op. cit.
30.Rapport Nora,op. cit., p. 43.
31.Rapport Nora, op. cit., p. 48.
32.Rapport Nora,op. cit., p. 103.
33. Ce qui rejoint en partie la suggestion de Jean Saint-Geours de programme
d’investissements pluriannuels, AEF, fonds Trésor, 23 D7, PV de la réunion du conseil de
direction du 15 septembre 1966.
34.Rapport Nora, op. cit., p. 107.
35. Cette proposition audacieuse qui ne fait pas l’unanimité parmi les membres du groupe
de travail fait long feu. Bien que de statut différent, l’idée de holding centrale offre des
similitudes avec l’Agence des participations de l’État qui sera créée en 2003.
AUTEUR
LAURE QUENNOUËLLE-CORRE
Introduction
Le contrôle des ordonnateurs a longtemps été conçu comme de
nature essentiellement politique, l’ordonnateur principal est le
ministre auquel est confié un budget et sur lequel pèse l’obligation
de rendre compte. Or, le principe consistant à rendre le ministre
responsable de l’ensemble de son administration a, jusqu’à la
création de la Cour de discipline budgétaire, abouti à ce que toute
responsabilité, autre que comptable, soit quasi inexistante en cas de
violation des règles budgétaires et comptables. Malgré la
multiplication des clauses de style rappelant la responsabilité
personnelle du ministre ordonnateur aux lendemains de la première
guerre mondiale, cette responsabilité qui se voulait juridique se
ramenait en réalité à la responsabilité politique des intéressés,
permettant ainsi à Georges Vedel d’écrire en 1948 que « l’histoire des
textes organisant la responsabilité des administrateurs est faite de
désillusions 1 ». Car, au-delà des débats anciens entre responsabilité
civile et responsabilité pénale, la mise en jeu de la responsabilité
personnelle des ordonnateurs nécessitait aussi de dissocier la
responsabilité du ministre de celle de ses subordonnés. Sanctionner
un ordonnateur impliquait, en effet, de dépasser la fiction selon
laquelle la responsabilité politique du ministre englobe toutes les
autres. La logique ayant présidé à la création de la Cour de discipline
budgétaire (CDBF) allait ainsi distinguer très nettement la
responsabilité du ministre, que l’on n’a jamais su véritablement
détacher de la responsabilité politique, de celle des autres
ordonnateurs.
Cette mise en jeu de la responsabilité de l’ordonnateur avait déjà été
abordée à plusieurs reprises au cours des décennies qui précédèrent
l’adoption de la loi du 25 septembre 1948. Les travaux de la
commission de révision du décret du 31 mai 1862 mise en place en
1878 par Léon Say abordèrent, notamment, ce sujet. Les discussions
qui eurent lieu en son sein envisagèrent la création d’une
responsabilité pécuniaire de l’ordonnateur qui serait le pendant de
celle pesant sur le comptable public, mais sans qu’aucune avancée
concrète n’en résulte 2 . Le débat va évoluer progressivement après
l’adoption de la loi du 10 août 1922 relative au contrôle des dépenses
engagées. La proposition de loi de Louis Marin 3 déposée lors de la
séance du 28 novembre 1921, qui allait donner naissance à la loi de
1922, était très courte et tenait en trois articles. L’un d’eux 4 donnait
au contrôle des dépenses engagées son efficacité en rendant les
ministres ordonnateurs personnellement responsables en cas de
non-soumission d’une ordonnance au visa du contrôleur des
dépenses engagées. C’est à ce moment que se joue en réalité l’acte I
d’un processus qui va conduire vingt-six ans plus tard à la création
de la Cour de discipline budgétaire. L’article 9 de la loi du 10 août
1922 va, en effet, regrouper au sein d’un même régime de
responsabilité ministre et fonctionnaires. Cette disposition
sanctionne alors tant les ministres, secrétaires d’État, que tout
fonctionnaire qui aurait soustrait un acte au contrôle des dépenses
engagées. Cette extension à « tous les fonctionnaires publics » fut
faite au cours de l’examen parlementaire du texte à la demande de
M. Alexandre Ribot lors de la séance du 14 mars 1921. C’est la
reconnaissance du principe qui sera consacré en 1948 que le meilleur
contrôle est celui que chaque agent exerce sur lui-même. La loi du 25
septembre 1948 créant la Cour de discipline budgétaire met ainsi en
place un régime de responsabilité pécuniaire et personnelle en
définissant un certain nombre d’infractions financières. La sanction
de cette responsabilité sui generis, ni civile, ni pénale, ni disciplinaire
est, par ailleurs, confiée à une juridiction nouvellement créée.
Or, « l’existence de cette juridiction particulière de l’ordre
administratif, à mi-chemin entre une instance disciplinaire et une
juridiction pénale, ne va pas de soi 5 » et mérite que l’on se penche
attentivement sur les motivations qui ont guidé les auteurs d’un
dispositif aujourd’hui en cours de réexamen dans le cadre du projet
de réforme des juridictions financières. Ces motivations sont, du
reste, également intéressantes au regard des enjeux actuels de la
gestion publique. Les débats qui précèdent l’adoption de la loi de
1948 montrent ainsi clairement que la responsabilité des
gestionnaires publics, on dit alors administrateurs, apparaît comme
un élément de bonne gestion. Le Gouvernement explique ainsi lors
de l’examen parlementaire du projet de loi créant la Cour de
discipline budgétaire que la violation des règles budgétaires est
source de gaspillage. « Dans sa volonté d’aboutir à des économies, il
lui [a] semblé indispensable de voter immédiatement l’institution de
l’organisme qui sanctionnerait la responsabilité des administrateurs
6
». C’est également sur ce créneau que se lance le secrétaire d’État
au Budget, M. Alain Poher, qui reprend au mot près des décennies de
récriminations parlementaires :
« Ce texte va permettre d’affirmer la politique d’économies voulue par le
Gouvernement, car il ne servirait à rien de réaliser des économies, de voter un
budget en équilibre, si les ordonnateurs pouvaient impunément dépasser les
crédits ouverts […] de graves déficits de trésorerie peuvent être constatés si
certaines administrations dépassent les crédits ouverts, comme celle de
reconstruction pour plus de 30 milliards ou celle de l’air, il n’y a pas très
longtemps, pour plus de 10 milliards… Il est indispensable que tous les
ordonnateurs de ce pays sachent qu’ils vont être responsables de leur gestion et
que, dans le cas où ils croiraient pouvoir dépenser sans crédits, ils seront punis
avec une extrême rigueur ».
Mais la mise en jeu de cette responsabilité se veut mesurée.
L’absence de rapport entre la responsabilité susceptible d’être
encourue par l’agent et sa fortune avait longtemps conduit les
auteurs à écarter l’idée de toute responsabilité pécuniaire des
administrateurs envers l’État pour les fautes commises par eux. Le
doyen Allix pensait, notamment, que cette disproportion rendait
cette responsabilité « platonique parce qu’inapplicable 7 ». L’exposé
des motifs de la loi du 25 septembre 1948 créant la Cour de discipline
budgétaire reprendra cette idée :
« Le Gouvernement n’entend pas revenir sur le principe traditionnel de
l’irresponsabilité des ordonnateurs : abandonner ce principe essentiel de notre
droit public amènerait à prévoir le remboursement des sommes indûment
dépensées ou la réparation du préjudice subi par l’État. Comme entre la capacité
des fortunes privées et la conséquence d’une faute administrative lourde il n’y a
pas de commune mesure, une telle disposition resterait, sans aucun doute, lettre
8
morte ».
Le projet de loi créant la CDBF s’inspire donc des propositions faites
par la doctrine pour pallier ces inconvénients. L’analyse développée
entre les deux guerres repose sur le fait qu’une condamnation
pécuniaire proportionnée permettrait de graduer la somme « en
veillant à la fois à ne pas paralyser l’initiative des agents par la
crainte des responsabilités pécuniaires et à ne pas favoriser leur
négligence par la certitude qu’ils échapperont à toute sanction
matérielle 9 ». Il serait par exemple possible, écrivait J. Appleton
dans son Traité de contentieux administratif publié en 1927, d’imaginer
un système dans lequel le Conseil d’État déterminerait la mesure
dans laquelle, compte tenu des circonstances de l’espèce,
l’administrateur pourrait être condamné à une réparation
pécuniaire. L’on s’oriente donc en doctrine vers l’idée d’une sanction
pécuniaire, car il n’y a plus dans ces propositions de rapport entre le
montant de la condamnation encourue et le montant du préjudice
subi par la personne publique. Or, à partir du moment où la
condamnation prend plus ou moins la forme d’une sanction, ou
devient beaucoup plus une sanction à l’encontre de l’agent qu’une
réparation du préjudice, son montant peut être calculé en fonction
de la gravité de la faute commise et non en fonction de l’importance
du dommage subi par la personne publique.
La loi du 25 septembre 1948 s’appuiera sur ces principes. Lors de
l’examen parlementaire du projet de loi, le rapporteur général de la
commission des Finances de l’Assemblée nationale rappellera ainsi «
que ce n’est pas en assujettissant les administrateurs, dans leurs
rapports avec l’État, aux réparations civiles prévues par l’article 1382
du Code civil, qu’il convient de rechercher la sanction des fautes qui
leur sont imputables… Aussi, votre commission s’est-elle ralliée au
principe de l’amende administrative qui lui était proposé ».
Et de poursuivre : « l’application de l’article 1382 aurait d’ailleurs
l’inconvénient majeur de permettre aux administrateurs de se
couvrir par l’assurance contre les risques inhérents à leur
responsabilité pécuniaire 10 ». Le fait que la loi du 25 septembre
1948 sanctionne des infractions nécessitait, en soi, une évolution par
rapport à une conception civiliste de la responsabilité. La
responsabilité civile est fondée sur l’obligation de réparer le
dommage causé à autrui par son fait ou celui de personnes
dépendant de soi et ne dépend pas nécessairement de la gravité de la
faute, mais de l’étendue du dommage. Or, jusqu’à l’adoption de ce
texte, le débat sur la responsabilité des administrateurs s’était
largement appuyé sur la notion de responsabilité civile.
Cet article présentera ainsi comment la remise en cause progressive
de l’irresponsabilité des ordonnateurs s’est accompagnée de
l’émergence doctrinale, puis juridique, d’une responsabilité sui
generis, ni civile, ni pénale, ni disciplinaire (I). Mais la loi de 1948 va
également, et à la différence des débats entourant le vote de la loi du
10 août 1922 relative au contrôle des dépenses engagées, tirer des
conclusions de la difficulté que l’on a toujours eue à dissocier la
responsabilité budgétaire et financière du ministre de sa
responsabilité politique. Pour cette raison, les responsables
ministériels ne relèveront pas du champ de compétence de la
juridiction nouvellement créée et cette exemption s’étendra
largement aux autres ordonnateurs politiques (II).
Lorsque s’engagent les débats sur la loi du 10 août 1922 qui entend
réduire les engagements irréguliers de dépenses et les dépassements
de crédits, l’enjeu est de renforcer la responsabilité des
administrateurs en les rendant pénalement et civilement
responsables. Le fait d’engager des dépenses qui ne résultent pas de
l’application de lois ou qui dépassent les crédits ouverts, sous
réserve des dispositions édictées à l’article 9, y est qualifié de
forfaiture et rend passible des peines édictées par le Code pénal, soit
la dégradation civique 56 . Selon les termes du rapporteur général de
la commission des Finances du Sénat, les ministres seront «
responsables à peine de forfaiture et subsidiairement, civilement
responsables ». La loi de 1922 reprend ainsi la teneur des débats qui
eurent lieu 90 ans auparavant lorsqu’il fut discuté de la
responsabilité civile les ministres. La Chambre des députés fut saisie
en 1832 de divers textes, projets et propositions de lois visant à
organiser la mise en jeu de cette responsabilité conformément à
l’article 69 de la Charte de 1830 qui annonçait une loi « sur la
responsabilité des ministres et des autres agents du pouvoir 57 ».
Entre 1832 et 1836, il sera ainsi débattu de la question de savoir s’il
n’est pas possible d’envisager une responsabilité civile des ministres
pour faute lourde, même en l’absence de crime. Une commission fut
constituée. Ses propositions furent acceptées par le Gouvernement
et M. Barthe, alors garde des Sceaux, les reprit dans le projet de loi
qu’il préparait. Mais de changements ministériels en nouveaux
projets, ce texte fut finalement abandonné et l’on en revint à la
liaison responsabilité pénale/responsabilité civile. En 1835 fut ainsi
proposée une disposition prévoyant que :
« lorsqu’un ministre aura dépassé les crédits ouverts par le budget à son
département et que les crédits supplémentaires par lui demandés auront été
rejetés, la Chambre des députés pourra, suivant les circonstances, l’accuser de
prévarication. La Cour des pairs, statuant sur l’accusation, pourra mettre à la
charge du ministre tout ou partie de la dépense rejetée ».
La loi du 10 août 1922 organisant le contrôle des dépenses engagées
reste sur ce schéma classique, la Haute Cour se prononçant le cas
échéant sur la réparation civile accessoirement à la condamnation
pénale, comme cela se fait devant les juridictions criminelles saisies
d’une action civile jointe à l’action publique. Ce système fut critiqué,
notamment par Louis Trotabas qui reprochait à cette loi de « mettre
la responsabilité civile à la remorque de la responsabilité pénale 58
». Pourtant, les débats parlementaires montrent que ces questions
ne furent point ignorées. Le rapporteur général de la commission
des Finances de la Chambre des députés proposa de supprimer de
l’article 9 les termes « à peine de forfaiture », écartant l’exigence
d’une infraction pénale, et proposa de retenir tout simplement la
responsabilité civile « des ministres et des agents qui violeraient
sciemment la loi en ordonnant des mesures nouvelles, ne résultant
pas de lois antérieures, et entraînant des augmentations de dépenses
». Mais le Sénat repoussa cette initiative pour maintenir la
qualification de forfaiture. Le rapporteur général de sa commission
des finances, Henry Bérenger, justifia ce choix de la manière
suivante :
« un ministre ne peut impunément, dans la crise financière extrêmement grave
que le pays traverse, se livrer à des dépenses non autorisées par les lois
existantes, en dépassant les crédits ouverts et en dehors des assemblées qui
59
seules ont qualité constitutionnelle pour voter le budget ».
En seconde lecture, la commission des finances de la Chambre des
députés proposa quant à elle inversement de supprimer des
dispositions de l’article 5 le terme « civilement », rajouté au texte
lors de son adoption par le Sénat, et de laisser seulement «
personnellement responsable ». Son rapporteur général, M. Maurice
Bokanoswski, expliquait assez justement que les mots «
responsabilité civile resteront sans portée pratique tant que
n’auront pas été déterminées la juridiction appelée à connaître des
infractions reprochées aux ministres, ni la procédure à suivre pour
déclencher l’action publique 60 ». Dès l’origine, la loi de 1922 sera
critiquée par la doctrine. Une thèse soutenue en 1923 résume, du
reste, ces critiques en indiquant que le désir du Parlement
d’organiser la responsabilité pécuniaire des ministres provient «
d’une fausse assimilation des infractions administratives aux cas du
Code civil » en s’appuyant tant sur l’obligation de réparer le
dommage à autrui que des obligations du mandataire envers son
mandant, alors que les rapports d’un ordonnateur avec l’État sont
d’un ordre spécial 61 .
1. L’avant-projet de loi
La première ébauche de ce projet s’intitule : « projet de loi tendant à
réprimer les infractions aux règles budgétaires et portant création
d’une cour spéciale pour juger les auteurs de ces infractions ». Le
nom qui sera celui de cette juridiction n’a pas encore été décidé. Une
note, vraisemblablement rédigée par Charles Frappart, accompagne
ce texte. Elle sera ensuite reprise et constituera la trame, quand ce
ne sont pas les mots mêmes de l’exposé des motifs de la loi. La Cour y
est alors désignée sous le nom de Cour de contrôle des ordonnateurs,
avec la mention selon laquelle « cette dénomination serait à revoir,
car il est possible que des fonctionnaires n’ayant pas la qualité
juridique d’ordonnateur, engagent des dépenses irrégulièrement et
soient passibles de sanctions infligées par cette juridiction ». La visée
répressive du projet est manifeste et le style y emprunte tout
l’arsenal du vocabulaire pénal. On y lit notamment « toute fausse
imputation entraînera une sanction pénale adaptée à la gravité de
l’infraction », « l’acte d’accusation sera notifié à l’inculpé ». Les
annotations manuscrites portées sur ce document y ajoutent un
certain nombre d’éléments tout à fait significatifs. Leur objet montre
un examen sur le fond très soigné (comme par exemple, l’indication
selon laquelle la Cour des comptes belge prononce également ce type
d’amende, argument qui sera repris ultérieurement par le
rapporteur général de la commission des Finances de l’Assemblée
après consultation de la Cour ; ou celle mentionnant le caractère
d’ordre public des amendes et posant la question des assurances
éventuelles). Au cours de cet exercice vont se voir écarter un certain
nombre des infractions envisagées par le pré-projet, et notamment
le fait pour des fonctionnaires d’avoir par « une négligence ou à
raison d’une faute commise dans l’exercice de leurs fonctions
provoqué, soit la mise à la charge de l’État d’une dépense que celui-ci
n’aurait pas dû normalement supporter, soit une perte de recettes,
soit enfin la perte, la détérioration, la destruction ou le vol de biens
mobiliers ou immobiliers appartenant à l’État », infraction qui,
reprenant l’ensemble des fins de non-recevoir opposées par la
jurisprudence du Conseil d’État en matière de responsabilité civile
des agents publics envers l’État, sera réduite dans son champ
d’application aux infractions à la gestion des biens.
On retrouve dans cet avant-projet l’idée d’une responsabilité civile
des agents publics concernés. Le montant maximum de la sanction
prévue pour cette infraction est, en effet, déterminé soit par rapport
au montant de la dépense ainsi mise à la charge de l’État, soit par
rapport au préjudice par lui subi. Il est manifeste également que cet
avant-projet vise l’ensemble des agents publics. Il y intègre
expressément ceux du ministère des Finances, au rang desquels les
comptables publics et les contrôleurs des dépenses engagées. Une
infraction leur est spécifiquement consacrée en cas de visa donné
malgré une insuffisance de crédits, une violation des lois, une
mauvaise imputation. L’opposition qu’a dû rencontrer cette
disposition dans l’entourage du ministre des Finances Robert
Schuman conduira à la disparition de ces dispositions dont on
rediscutera encore lors de la modification de la loi de 1948 en 1971.
Sont également expressément visés les comptables publics pour
lesquels une amende est prévue en cas de paiement sur une caisse
autre que celle sur laquelle la dépense aurait dû être affectée. Chose
plus évidente encore, va disparaître dans le projet de loi définitif
l’infraction relative aux recettes publiques. Nous verrons qu’elle
réapparaîtra dans le rapport Barangé établi au nom de la
commission des Finances de l’Assemblée nationale pour être
finalement adoptée par le Parlement. L’avant-projet contenait une
disposition ainsi formulée : « tout fonctionnaire ou agent de l’État
qui aura provoqué une perte de recettes en omettant soit de liquider
les droits de l’État, soit d’établir le titre de perception sera passible
d’une amende… » D’autres dispositions connaîtront le même sort : la
faculté pour la Cour de condamner l’agent public à payer des intérêts
moratoires au créancier entre l’engagement de la dépense et
l’ouverture des crédits, la réduction de moitié du montant de
l’amende lorsque la Cour aura déclaré les circonstances atténuantes
ou l’article prévoyant que « tout fonctionnaire qui, dans l’exercice de
ses fonctions, acquerra la connaissance d’une des infractions prévues
par la présente loi sera tenu d’en donner avis immédiatement au
ministre des Finances (direction du Budget) ».
Les ajouts tiennent en particulier à la composition de la Cour. De
trois conseillers d’État et de trois conseillers maîtres à la Cour des
comptes, ce nombre passe à un pour chacun de ces deux corps,
tandis qu’y sont adjoints deux conseillers à la Cour de cassation et
que l’exigence selon laquelle les intéressés doivent être en activité
est précisée. Quant à l’instruction des affaires, l’avant-projet prévoit
la création d’une commission d’instruction, présidée par un
conseiller d’État et composée de deux membres du Conseil d’État et
deux membres de la Cour des comptes, ainsi que d’un représentant
du ministère des Finances. Mais ce modèle initial se voit remplacer
d’un coup de crayon par la désignation de rapporteurs choisis parmi
les membres du Conseil d’État, de la Cour des comptes et de
l’Inspection générale des finances. Quant aux autorités de saisine,
elles vont disparaître entre cet avant-projet et celui qui sera déposé
au Parlement par les présidents des commissions des finances.
Mention manuscrite interrogative est par ailleurs portée dans la
marge pour y ajouter les autres ministres et le Comité central
d’enquête sur le coût et le rendement des services publics, avant que
cette mention ne soit également supprimée pour cet organisme. Sur
ce point, et l’avenir allait lui donner raison, la possibilité donnée à la
Cour des comptes de saisir la juridiction nouvellement créée
apparaissait à Georges Vedel comme « la garantie la plus certaine
que la nouvelle loi ne tombera pas dans le gouffre des textes
inappliqués 88 ». Précisons enfin que l’auteur de cette relecture de
l’avant-projet propose dans la marge un nom pour cette Cour
spéciale : « Cour spéciale de justice des ordonnateurs et des comptes
», avant de préférer « Cour spéciale de justice budgétaire » et pour
laquelle est rajouté le fait que ses audiences ne sont pas publiques.
La note jointe à cet avant-projet explique à ce sujet, que « pour
éviter toute publicité inopportune à certains scandales éventuels, la
procédure doit être rigoureusement secrète ». Un certain nombre
des modifications ou ajouts ainsi opérés disparaîtront lors de
l’examen parlementaire du texte. Il en sera ainsi des dispositions
relatives au contrôle des recettes fiscales ou à l’exclusion des
membres de l’Inspection des finances de la liste des rapporteurs
potentiels, ce qui laisse penser que certaines influences ont ici
encore été exercées.
Le projet de loi qui avait été soumis au Parlement dès 1947 sera
finalement examiné selon la procédure d’urgence en septembre
1948. C’est une résolution, proposée par M. Alain Poher, rapporteur
de la commission des Finances du Conseil de la République, et votée
à l’unanimité au cours de l’examen du projet de loi portant
reconduction du budget de 1947, qui invitera ainsi le Gouvernement
à demander à l’Assemblée nationale la discussion d’urgence. On
retrouve dans les modifications au projet de loi effectuées lors de
l’examen parlementaire du texte les échos des critiques faites par la
Cour des comptes dans son rapport publié à la Libération. Ce rapport
avait, en effet, connu un grand retentissement auprès du Parlement
et de l’opinion publique. Furent ainsi ajoutés aux justiciables de la
CDBF les agents des établissements publics de l’État à caractère
administratif, des organismes subventionnés soumis au contrôle de
la Cour des comptes, de tout organisme bénéficiant du concours
financier de l’État ou dont les résultats d’exploitation intéressent le
Trésor. L’Assemblée nationale souhaitait ainsi étendre le champ
d’application de ce texte à l’ensemble des opérations affectant le
patrimoine de l’État (dépenses, recettes, gestion des biens
domaniaux), ainsi qu’aux opérations de même nature effectuées
pour le compte d’un grand nombre d’organismes para-étatiques
(entreprises nationalisées, associations subventionnées et sociétés
mixtes). Il résultera, du reste, de ces extensions une modification de
l’intitulé de loi auquel fut ajouté : « et de diverses collectivités ».
Cette volonté d’étendre le champ des dispositions figurant au projet
de loi se retrouve également quant aux infractions visées par
l’article 5 du texte. Au-delà du fait que cette disposition ne
s’appliquait initialement qu’aux seuls agents de l’État, le projet du
Gouvernement ne visait que les dépenses (et non les recettes) et
exigeait la faute lourde. Cette exigence fut supprimée sur
proposition de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.
Cette extension parut capitale aux membres de la commission des
finances, l’article 5 de la loi visant « une généralité d’infraction aux
règles de la comptabilité publique ».
Le rapport Barangé justifiait l’extension aux recettes publiques par
le souci qu’en avait toujours eu le législateur « à la fois sous l’angle
de l’assiette et sous celui du recouvrement ».
« Si pour les recettes fiscales aucune précaution nouvelle ne semblait s’imposer,
il n’en va pas de même pour les recettes étrangères à l’impôt [car] les
administrations dépensières ne portent qu’une faible attention aux recettes dont
la liquidation leur incombe [… pour cette raison] la menace d’une amende
pécuniaire inciterait les administrateurs à ne point se montrer négligents dans
l’assiette et le recouvrement de recettes publiques relevant de leurs compétences
102
».
Le projet gouvernemental prévoyait que :
« Tout fonctionnaire civil et militaire, tout agent de l’État, tout membre du
cabinet d’un ministre qui, en dehors des cas prévus aux articles précédents, se
sera, en enfreignant les règles relatives à l’exécution des dépenses de l’État,
rendu coupable d’une faute lourde ne constituant pas une gestion de fait…, sera
passible d’une amende ».
L’exigence de faute lourde, présente dans le projet initial, fut
supprimée au motif :
« qu’en introduisant dans la loi, comme le Gouvernement nous le propose, la
notion de faute lourde dont le sens très précis en droit a été nettement dégagé
par la jurisprudence des tribunaux judiciaire et par celle des tribunaux
103
administratifs, on risquerait de rendre inopérant le texte à intervenir ».
L’exposé des motifs du projet de loi justifiait l’exigence d’une faute
lourde par la volonté du Gouvernement de « rassurer les
fonctionnaires qui en raison de la difficulté de leur tâche et la
complexité de la réglementation, sont amenés parfois à commettre
des irrégularités vénielles ou excusables 104 ».
Pour autant, le Parlement repoussa cette analyse.
« La notion de faute lourde est […] à exclure du texte […] La Cour de discipline
budgétaire aurait ainsi la possibilité de frapper toutes les infractions aux règles
relatives à l’exécution des recettes et des dépenses des collectivités visées à
l’article 5 ou à la gestion des biens leur appartenant [car] n’est-il pas, en effet,
préférable de laisser à la haute juridiction le soin d’établir elle-même sa propre
jurisprudence sans être liée par celle du Conseil d’État ou de la Cour de cassation
105
en matière de faute lourde ? ».
Cette volonté de donner à la Cour plénitude de juridiction se
retrouve également dans la suppression de la cause exonératoire de
responsabilité prévue par le projet gouvernemental qui ne rendait
les agents publics passibles d’aucune sanction en cas de force
majeure.
« Le cas de l’administrateur ayant cru trouver, dans les circonstances jugées par
lui impérieuses, la justification d’une infraction […] sera apprécié par le
ministère public, maître de l’action, et qui aura la faculté de trouver dans les faits
matière à classement dûment motivé. Si l’action est mise en mouvement, la Cour
elle-même aura toute latitude pour prononcer un arrêt d’acquittement fondé sur
106
les circonstances de l’infraction ».
De la même manière furent précisés lors de l’examen parlementaire
du texte les pouvoirs d’instruction des rapporteurs. Il fut ajouté à
leurs pouvoirs d’investigation sur place la possibilité d’interroger
tous témoins. Un élément essentiel est « l’audition et l’interrogatoire
de tous témoins » ; il convient donc de permettre la citation de
témoins qui seraient entendus sous la foi du serment sous les mêmes
formes, conditions et sanctions que ce que prévoit le Code
d’instruction criminelle 107 . L’article 5 posait également de manière
incidente la question de savoir s’il ne fallait pas sanctionner
également les faits de mauvaise gestion ou de gaspillage qui ne
constitueraient pas des infractions aux règles de la comptabilité
publique. Une telle extension n’est pas possible conclut M. Barangé,
car « attribuer compétence à cet organisme juridictionnel lorsqu’une
violation formelle de la législation ou de la réglementation en
vigueur n’a pu être relevée […] reviendrait à le faire juge de
l’opportunité de l’acte administratif au même titre que le ministre
sous l’autorité duquel il a été accompli ». L’article 6 est quant à lui le
fruit du Conseil de la République qui ajouta les dispositions relatives
aux agents publics procurant aux cocontractants de l’État ou d’une
autre collectivité des avantages anormaux. Dans sa rédaction
originelle, telle qu’adoptée en 1948, cette disposition prévoyait que
tout fonctionnaire qui dans l’exercice de ses fonctions :
« aura procuré, ou tenté de procurer à ceux avec lesquels il contracte un bénéfice
au moins double, à dire d’experts, du bénéfice normal, en omettant soit : 1.
d’assurer une publicité suffisante aux opérations qu’il effectue ; 2. d’organiser la
concurrence des cocontractants, dans la mesure où elle est compatible avec la
nature et l’importance des mêmes opérations ; 3. généralement de faire toute
diligence pour faire prévaloir les intérêts dont il a la charge sera passible d’une
amende qui ne pourra être inférieure à 10 000 francs… »
Le rapporteur général de la commission des finances du Conseil de la
République expliquait cette extension par la nécessité de soumettre
à la juridiction de la CDBF l’ensemble de ceux qui dans l’exercice de
leurs fonctions « vendent, achètent, et, d’une façon générale,
contractent pour le compte de ces mêmes organismes ». Il s’agit de
lutter contre le fait que des « agents d’innombrables d’organismes
récemment créés pouvaient, sous le couvert d’une surveillance
souvent illusoire et parfois nulle, compromettre par leur
incompétence, voire même par leur vénalité, des sommes
considérables ». S’agissant de domaines où les règles comptables
sont moins strictes que celles applicables à l’État, la rédaction de
l’article 6 répondait au souci de donner une arme pour sanctionner «
les cas visiblement scandaleux 108 ».
Conclusion
Soixante après la création de la Cour de discipline budgétaire, la
responsabilité financière des gestionnaires publics reste au cœur des
enjeux tendant à une amélioration de la qualité de la gestion
publique. Les débats qui ont suivi l’entrée en vigueur de la LOLF en
témoignent 109 . Cette question, et cette étude a tenté de le montrer,
est en réalité au cœur des débats qui durant des décennies ont
précédé la loi du 25 septembre 1948 : responsabiliser les
gestionnaires publics, lutter contre les gaspillages, renforcer le
crédit de l’État en sont les leitmotivs. Mais l’autre dimension qui
imprègne l’ensemble de ces débats est le lien entre sanction et
contrôle, la sanction conditionnant l’efficacité même des contrôles.
Cette sanction se voulant une alternative à une mise en jeu de la
responsabilité civile et pénale ; l’émergence même d’une
responsabilité financière résultant précisément de cette alternative.
L’autre élément à signaler est le lien entre responsabilité des
gestionnaires et allégement des contrôles a priori qui opère un
glissement de responsabilité du comptable vers l’ordonnateur.
Étudiant les opérations d’exécution du budget, une étude publiée en
1954 dans le cadre des travaux de la commission Jacomet
mentionnait la récente création de la Cour de discipline budgétaire
et l’insérait dans le contexte d’un glissement de la responsabilité de
l’exécution du budget du comptable vers l’ordonnateur sur qui était
reportée la charge essentielle de l’exécution du budget et concluait
que « cette évolution semble être dans la nature des choses,
restituant sa valeur à l’acte d’autorité qui est celui de l’ordonnateur,
véritable consommateur des deniers publics, et ramenant le
comptable à son rôle véritable qui est celui d’un exécutant 110 ». On
retrouvera du reste ce fondement lors de l’adoption de la loi du 13
juillet 1971 réformant la CBDF, alors que le décret du 13 novembre
1970 vient d’instituer pour les services extérieurs de l’État un
contrôle financier au niveau départemental confié au TPG, lequel ne
délivre pas un visa, mais un simple avis. L’exposé des motifs de la loi
de 1971 précise ainsi que l’allégement des contrôles a priori doit
s’accompagner de la responsabilisation des ordonnateurs
secondaires, « cette nécessité étant d’autant plus impérieuse que
l’allégement des contrôles a priori rendait nécessaire l’aménagement
des contrôles a posteriori et au premier chef celui exercé par la Cour
de discipline 111 ».
On peut également mentionner l’analyse faite en 1954 au sujet des
évolutions devant accompagner le budget fonctionnel qui donne, par
opposition au budget de moyens, au ministre et aux administrateurs
un crédit pour accomplir une mission déterminée :
« La gestion s’en trouve à certains égards simplifiée, mais cette simplification
doit avoir sa contrepartie dans un renforcement de la responsabilité des
ordonnateurs et des administrateurs. Il ne serait pas raisonnable d’adopter une
telle présentation budgétaire si la responsabilité des administrateurs et des
112
ordonnateurs n’était, par ailleurs, renforcée ».
L’on peut enfin, tout en replaçant les événements dans leur contexte,
mentionner l’acuité de la réflexion exprimée au cours de la première
moitié du XIXe siècle quant aux missions dévolues à la Cour des
comptes et qui trouveraient largement à s’appliquer à la CDBF :
« L’administration des Finances avait besoin du contrôle de la Cour des comptes,
sur lequel elle s’est appuyée non seulement pour établir l’ordre dans ses propres
écritures […] mais aussi, mais surtout pour établir ce même ordre dans les
opérations et dans les écritures des autres administrations. L’administration des
Finances, avec ses seuls moyens, ne résisterait pas aux exigences toujours
disposées à se reproduire ; son contrôle isolé serait impuissant pour réprimer et
113
en prévenir le retour ».
La diversification des modes de gestion publique renforce sans doute
encore la pertinence de cette analyse.
NOTES
1. « La responsabilité des administrateurs devant la Cour de discipline budgétaire », RSLF 1949, p.
118.
2. Sur ce point, P. Masquelier, « L’histoire de la direction de la Comptabilité publique de
1870 à 1940 : de l’administration des choses au gouvernement des hommes ? », in La
Comptabilité publique, continuité et modernité, actes du colloque des 25 et 26 novembre 1993,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1995, p. 51.
3. Chambre, documents parlementaires, 1921, annexe n° 3419, p. 237.
4. « Aucune ordonnance de dépenses n’est valable que si elle porte visa du contrôleur des
dépenses engagées. Les ministres ordonnateurs seront personnellement responsables des
décisions prises à l’encontre de cette décision ».
5. C. Descheemaeker, « La responsabilité des ordonnateurs devant les juridictions
financières », in La Comptabilité publique, continuité et modernité, actes du colloque des 25 et 26
novembre 1993, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1995, p. 320.
6. M. Lionel de Tinguy, rapporteur suppléant, 2e séance du 18 septembre 1948, annales de
l’Assemblée nationale, p. 6693.
7.Traité élémentaire de Sciences des Finances et de Législation financière française, 5e édition, p.
434.
8. Projet de loi tendant à sanctionner la violation des règles relatives à l’exécution des
dépenses de l’État et portant création d’une cour de discipline budgétaire présentée au nom
de M. Paul Ramadier, président du Conseil des ministres, par M. Pierre-Henri Teitgen,
ministre d’État, vice-président du Conseil, par M. Robert Schuman, ministre des Finances et
par M. André Marie, garde des sceaux, documents parlementaires, Assemblée nationale,
séance du 12 juin 1947, annexe n° 1653.
9. J. Appleton, Traité élémentaire du contentieux administratif, 1927, n° 138.
10. M. Charles Barangé, Documents parlementaires, séance du 20 mai 1948, annexe n° 4275,
p. 1001.
11. Arrêt Baron, 10 juillet 1874, S 1876.
12. Cité in G. Montagnier, Le Trésorier-payeur général, Paris, LGDJ, 1966, p. 264.
13. « Considérant que la responsabilité pécuniaire d’un fonctionnaire autre qu’un
comptable public ne saurait être engagée envers l’État à raison des fautes par lui commises
à l’occasion de ses fonctions, à moins d’une disposition législative spéciale qui autorise le
ministre compétent à le déclarer débiteur ; considérant qu’en l’absence de toute disposition
de cette nature, c’est à tort que l’administration a mis à la charge de… par la décision et
l’ordre de reversement attaqués, une somme… à titre de réparation du préjudice qu’il aurait
causé à l’État en engageant par son fait la responsabilité du service public ». Conseil d’État,
28 mars 1924.
14. RDP, 1924, p. 608.
15. Inversement, sous l’empire de la loi du 25 septembre 1948, un tel manquant aurait, le
cas échéant, été susceptible d’être sanctionné sur le fondement de la violation des règles
relatives à la gestion des biens conformément aux principes appliqués, par la CDBF. Voir
notamment, l’arrêt Musée Rodin du 18 juin 1997, n° 115-347.
16. Conformément aux dispositions du décret du 1862 dont les articles 14 et 17 visent les
fonctions des administrateurs et ordonnateurs d’une part, des comptables d’autre part.
17. G. Montagnier, Le Trésorier-payeur général, Paris, LGDJ, 1966, p. 263.
18.De la Comptabilité publique en France, Paris, 1840.
19. Cité in P. Masquelier, « L’histoire de la direction de la Comptabilité publique de 1870 à
1940 : de l’administration des choses au gouvernement des hommes ? », in La Comptabilité
publique, continuité et modernité, actes du colloque des 25 et 26 novembre 1993, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, 1995, p. 42.
20.La réforme de la Cour des comptes, Thèse de doctorat, comportant dans le jury de
soutenance MM. Allix et Jèze, Librairie du Recueil Sirey, 1923, p. 60.
21. Un maire fait réaliser des travaux sur une voie passant devant sa propriété sans avoir
sollicité l’autorisation du conseil municipal comme l’y obligeait la loi de 1884. À la suite d’un
changement de majorité, la commune demanda à son ancien maire de l’indemniser des
dépenses ainsi engagées.
22. Cité in Félix Bolley, Étude sur la responsabilité civile des fonctionnaires envers la collectivité
dont ils dépendent, G. Burdeau, président du jury, 1942, Paris, Imprimerie Berthod, p. 53.
23.Ibid.
24. Thèse Ninkovitch, La responsabilité civile des agents administratifs vis-à-vis des personnes
morales de droit public, Thèse de doctorat, Imprimerie Gouëz, Paris, 1941, p. 199.
25.Op. cit. p. 65.
26. Chambre des députés, Séance du 14 juin 1883, annexe n° 1991, p. 11.
27. Cette disposition renvoyait à une loi organique le soin de déterminer les cas de
responsabilité, formes et conditions des poursuites qui seraient exercées contre les agents
et dépositaires de l’autorité publique.
28. Sur ce point, le Ve rapport de M. Charles Barangé, documents parlementaires, séance du
20 mai 1948, annexe n° 4275, p. 1001.
29. Notamment, Félix Bolley, Étude sur la responsabilité civile des fonctionnaires envers la
collectivité dont ils dépendent, G. Burdeau, président du jury, 1942, Paris, Imprimerie Berthod ;
Ninkovitch, La responsabilité civile des agents administratifs vis-à-vis des personnes morales de
droit public, Thèse de doctorat, Imprimerie Gouëz, Paris, 1941.
30. Thèse Ninkovitch, op. cit. p. 149.
31. « Le contrôle financier et les moyens de l’améliorer », Revue politique et parlementaire,
mai 1922.
32. J. Appleton, Traité élémentaire du contentieux administratif, 1927, p. 224.
33. Cette réforme change fondamentalement la logique s’appliquant en la matière puisque
la somme restant à la charge du comptable va dépendre du degré de la faute qui lui
incombe.
34. Dans le cadre de l’apurement des comptes des collectivités locales et de l’examen par le
TPG des comptes de gestion qui lui sont soumis, est instituée par le décret du 8 août 1935
une amende, prononcée par la Cour des comptes sur saisine du TPG, en cas de retard dans la
production des comptes imputable à un comptable public négligent.
35. Jean Rieu, Les nouvelles attributions de la Cour des comptes d’après les réformes récentes, Paris,
Librairie sociale et économique, 1938, p. 36.
36.JO du 25 octobre 1935, Lois et décrets, p. 11266.
37. Lors de la séance solennelle de la Cour des comptes du 16 octobre 1936, JO du 20 octobre
1936, Lois et décrets, p. 11329.
38. Chambre des députés, documents parlementaires, Séance du 14 mai 1895, annexe n°
1314, p. 48.
39. A. Cultru, La réforme de la Cour des comptes, Thèse de doctorat, comportant dans le jury de
soutenance MM. Allix et Jèze, Librairie du Recueil Sirey, 1923, p. 16.
40. Chambre, doc. parlementaire, annexe n° 620, JO, 21 août 1920, p. 594.
41.Op. cit., p. 595.
42. Cette proposition de loi n’est pas été publiée, mais a été référencée dans les documents
parlementaires de la Chambre des députés, sous l’annexe n° 2184, séance du 11 juillet 1912.
43. Sur ce point, voir Florence Descamps, « La Cour des comptes et le contrôle financier des
administrations publiques : histoire d’une tentation, histoire d’une tentative », in RFAP,
2007, n° 4, p. 659-672.
44. Sur le système italien, voir S. Flizot, « La Cour des comptes italienne », RFFP, février
1998, n° 61, p. 87-103.
45. M. Maulion, Étude sur la réforme du contrôle financier et de la Cour des comptes, présentée à
la commission de réforme de l’État du Sénat. Dans ce projet, aucun acte portant engagement
de dépense, aucun titre de recette, aucune ordonnance ou mandat de paiement n’est valable
s’il n’est revêtu de la double signature de l’ordonnateur et d’un représentant de la Cour des
comptes. La Cour voyait d’ailleurs sa position institutionnelle renforcée, en étant placée
sous l’autorité du président du Conseil.
46.Le budget, Paris, Alcan, 1912, p. 521.
47. « L’Assemblée nationale règle les comptes de la Nation. Elle est, à cet effet, assistée de la
Cour des comptes. L’Assemblée nationale peut charger la Cour des comptes de toutes
enquêtes et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques ou à la
gestion de la trésorerie », rédaction proposée par le rapporteur général M. Coste Floret et
résumant, selon ses propres termes, « la formule de M. Pineau ».
48. Cité par Mme Lucile Tallineau, communication de 2007 au Comité pour l’histoire
économique et financière de la France sur l’avant-projet de loi organique 1949-1952, à
paraître.
49. « Le contrôle financier et les moyens de l’améliorer », Revue politique et parlementaire,
mai 1922, p. 193.
50. Chambre des députés, documents parlementaires, séance du 28 janvier 1921, annexe n°
2065, p. 763.
51. Par application des principes posés par l’article 1382 du Code civil selon lequel « Tout
fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel
il est arrivé à le réparer ».
52. Voir les références doctrinales mentionnées par Félix Bolley dans sa thèse soutenue en
1942 avec G. Burdeau, comme président du jury, Étude sur la responsabilité civile des
fonctionnaires envers la collectivité dont ils dépendent, Paris, Imprimerie Berthod, p. 7.
53. M. Planiol, Traité élémentaire de droit civil, 11e édition P. II, p. 302.
54. Conclusions du commissaire du gouvernement Bédarrides sous l’arrêt du Tribunal des
conflits du 29 juillet 1876, affaire Lecoq.
55. Sur la période 1790-1807, voir S. Flizot, « La genèse de la loi du 16 septembre 1807 créant
la Cour des comptes », Revue du Trésor, n° 12, décembre 2005, p. 658-662.
56. Mais aucune juridiction n’est désignée, rendant de fait ces dispositions inopérantes,
malgré l’opinion exprimée par le rapporteur général de la commission des Finances du
Sénat pour lequel le tribunal compétent en cas de forfaiture est le Sénat constitué en haute
cour de justice.
57. Léon Duguit, Traité de droit constitutionnel, 2e édition, Paris, 1924, p. 869.
58. Cité par Félix Bolley dans sa thèse soutenue en 1942, Étude sur la responsabilité civile des
fonctionnaires envers la collectivité dont ils dépendent, Paris, Imprimerie Berthod, p. 30.
59. Sénat, documents parlementaires, séance du 9 juin 1922, p. 403.
60. Chambre des députés, documents parlementaires, rapport au nom de la commission des
finances suite aux modifications adoptées par le Sénat, M. Maurice Bokanowski, rapporteur
général, séance du 24 mars 1922, annexe n° 4150, p. 463.
61. Voir du Mesnil du Buisson, Le contrôle des ordonnateurs du budget de l’État, thèse de
doctorat, Paris, 1923, Jouve et Cie éditeurs.
62. Bisson, Institutions financières et économiques de la France, Berger-Levrault, 1960 p. 99, cité
par J. Rossinol, « Le nouveau visage de la Cour de discipline budgétaire et financière » (la loi
du 13 juillet 1971), Revue de science financière, 1972, p. 732.
63. L’amendement prévoyait, en effet, de limiter les cas d’engagement possible de la
responsabilité pécuniaire des agents concernés en cas de non-respect des règles applicable
au contrôle des dépenses engagées lorsque l’acte en question a pour objet d’engager une
dépense dont le montant dépasse 500 000 francs.
64. Alain Poher, intervention lors de la séance du 23 septembre 1848, annales du Conseil de
la République, p. 3290.
65. « Le contrôle financier et les moyens de l’améliorer », Revue politique et parlementaire,
mai 1922.
66. « Des sanctions administratives nouvelles, mieux adaptées que celles du passé à la
gravité réelle des fautes commises, et qui consistent essentiellement dans des amendes sui
generis dont le taux maximum correspond à la rémunération des intéressés », cité in G.
Montagnier, Le Trésorier-payeur général, Paris, LGDJ, 1966, p. 262.
67. Rapport fait au nom de la commission des finances sur le projet de loi tendant à
sanctionner la violation des règles relatives à l’exécution des dépenses de l’État et portant
création d’une Cour de discipline budgétaire, Assemblée nationale, documents
parlementaires, séance du 20 mai 1948, annexe n° 4275.
68. Le texte initial était ainsi conçu : « Les amendes prononcées en vertu de la présente loi
n’ont pas le caractère pénal. Le recouvrement de ces amendes, qui seront assorties, outre
l’hypothèque judiciaire, du privilège prévu à l’article 320 bis du Code de l’enregistrement,
sera effectué dans les mêmes conditions que le recouvrement des amendes en matière de
procédure civile ».
69. Rapport Barangé, op. cit. p. 1005.
70. Sur ce point, voir du Mesnil du Buisson, Le contrôle des ordonnateurs du budget de l’État,
thèse de doctorat, Paris, 1923, Jouve et Cie éditeurs, p. 114.
71. Chambre des députés, débats, séance du vendredi 27 novembre 1903.
72.Op. cit., p. 788.
73. Loi n° 46-2154 du 7 octobre 1946 (JO du 8 octobre 1946 p. 8500).
74. Cette disposition sera reprise par l’article 27 de la loi du 25 septembre 1948 créant la
CDBF. L’Assemblée nationale ayant souhaité, lors de l’examen de la loi du 25 septembre 1948
que soit coordonnées « dans un texte unique les différentes procédures extra-pénales
tendant à sanctionner les fautes de gestion commises au préjudice de l’État et de diverses
collectivités », rapport de M. Charles Barangé, documents parlementaires, séance du 20 mai
1948, annexe n° 4275, p. 1001.
75. M. Waline, « De l’irresponsabilité des fonctionnaires pour leurs fautes personnelles et
des moyens d’y remédier », RDP 1948, p. 5 sqq.
76. « L’objet réel de la loi n’est évidemment pas la répression, mais à travers la répression,
la prévention », « La responsabilité des administrateurs devant la Cour de discipline
budgétaire », RSLF 1949, p. 133 et L. Philip, « La CDBF », Revue de science financière, volume 56,
octobre-décembre 1964, p. 744.
77. S 1918-1919-3-41.
78. J. Rossinol, « Le nouveau visage de la Cour de discipline budgétaire et financière (la loi
du 13 juillet 1971) », Revue de science financière, 1972, p. 733.
79.Histoire de la Cour des comptes, édition du CNRS, 1984, p. 904.
80. Chambre des députés, documents parlementaires, séance du 8 novembre 1894, annexe
n° 963.
81. Cité in du Mesnil du Buisson, Le contrôle des ordonnateurs du budget de l’État, thèse de
doctorat, Paris, 1923, Jouve et Cie éditeurs, p. 119.
82.Traité de la juridiction administrative et du recours contentieux, 1886, p. 618.
83. Cité in A. Cultru, op. cit. p. 60.
84. Voir S. Flizot, « La genèse de la loi du 16 septembre 1807 créant la Cour des comptes »,
Revue du Trésor, n° 12, décembre 2005, p. 658-662.
85. R. Jacomet, « Discipline budgétaire », Revue politique et parlementaire, juillet/août/sept.
1947, p. 39.
86.Op. cit., p. 37.
87.Histoire de la Cour des comptes, édition du CNRS, 1984, p. 904.
88. G. Vedel, op. cit., p. 131.
89. Conseil de la République, séance du 23 septembre 1948, p. 3290.
90. Observations de M. Andrieu, président de section au Conseil d’État, sur le projet de
création d’une chambre de discipline budgétaire.
91.Op. cit., p. 12.
92.Op. cit., p. 14.
93. M. Faustin Merle, intervention lors de la séance du 23 septembre 1848, annales du
Conseil de la République, p. 3289.
94. Avis donné au nom de la commission de la réforme administration, rapport de M. Kuhn,
n° 1980.
95.Op. cit., p. 3290.
96. Rapport de M. Charles Barangé, documents parlementaires, séance du 20 mai 1948,
annexe n° 4275, p. 1003.
97. Assemblée nationale, séance du 12 juin 1947, annexe n° 1653, p. 1321.
98.Ibid.
99.Op. cit., p. 1003.
100.Ibid.
101.Op. cit., p. 1004.
102. Rapport de M. Charles Barangé, Documents parlementaires, séance du 20 mai 1948,
annexe n° 4275, p. 1002.
103. Rapport Barangé, op. cit.
104. Assemblée nationale, séance du 12 juin 1947, annexe n° 1653, p. 1321.
105.Loc. cit.
106. Rapport de M. Charles Barangé, documents parlementaires, séance du 20 mai 1948,
annexe n° 4275, p. 1003.
107. Rapport Barangé, op. cit., p. 1004.
108. M. Dorey, rapporteur général de la commission des finances, Conseil de la République,
séance du 23 septembre 1948, p. 3289.
109. Voir notamment le discours de clôture du premier président Philippe Séguin au
colloque organisé au Conseil économique et social les 5 et 6 avril 2005, « Finances publiques
et responsabilité : l’autre réforme ? », actes publiés in RFFP novembre 2005, n° 92.
110. M. André, contrôleur général de la Marine, « Opérations d’exécution du budget
(Dépenses publiques) », in La réforme budgétaire, tome II, études de finances publiques
publiées sous les auspices du centre français de droit comparé, Éditions de l’épargne, 1954,
p. 111.
111. Sur ce point, voir J. Rossinol, « Le nouveau visage de la Cour de discipline budgétaire et
financière (la loi du 13 juillet 1971) », Revue de science financière, 1972, p. 743.
112. Dans le cadre d’une étude réalisée dans le cadre des travaux de la commission Jacomet
chargé de la rédaction d’un avant-projet de loi organique sur la présentation du budget et le
contrôle de son exécution. J. Rossard, « La réforme de la présentation des dépenses dans le
Budget français », in La réforme budgétaire, tome II, études de finances publiques publiées
sous les auspices du Centre français de droit comparé, Éditions de l’épargne, 1954, p. 44.
113. « De la Cour des comptes en 1838 », Revue française, octobre 1838, p. 17.
AUTEUR
STÉPHANIE FLIZOT
Stéphanie Flizot est maître de conférences en droit public, titulaire de l’habilitation à
diriger les recherches. Ses travaux et publications portent sur les finances et la gestion
publiques, appréciées sous un angle historique et de droit comparé, ainsi que sur la fiscalité.
Sa thèse consacrée aux relations entre les institutions supérieures de finances publiques et
les pouvoirs publics dans les pays de l’Union européenne a obtenu le prix de la Cour des
comptes et est parue à la LGDJ. Elle a également publié récemment « Les règles
constitutionnelles de limitation de l’endettement, l’exemple allemand », in Jus politicum n°
8, juillet 2012 ; « L’organisation de la Cour des comptes européenne, enjeux et défis »,
audition devant le Comité du contrôle budgétaire du Parlement européen, COCOBU, 30 mai
2012, Future Role of the European Court of Auditors : Challenges ahead and possible reform,
http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/201205/20120514ATT45035/201
20514ATT45035FR.pdf ; « Les services locaux du ministère des Finances : enjeux et débats
aux lendemains de la Première Guerre mondiale », Gestion et Finances publiques – La revue,
numéro spécial Histoire des finances publiques, mars 2012 ; « L’évaluation des fraudes fiscales,
panorama européen », Gestion et Finances publiques – La revue, numéro spécial Contrôle fiscal,
décembre 2011 ; « La mise en place des Cours des comptes en Europe, XIVe-XIXe siècles », in
A. Dubet et M.-L. Legay, La Comptabilité publique en Europe, 1500-1850, Presses universitaires de
Rennes, 2011, p. 93-106 ; « Les tendances relatives à l’organisation et aux réformes du
contrôle de l’État sur les collectivités locales en Europe », in A. Hastings-Marchadier, La
performance et les contrôles financiers de l’État sur les collectivités locales, LGDJ, 2011, p. 319-333.
L’évaluation du prix de revient dans
les années 1950 : le contrôle financier
des administrations centrales
Sébastien Kott
Introduction
Introduit en 1890 et formalisé par la loi dite Marin du 10 août 1922,
le contrôle de la régularité des dépenses des administrations est
renforcé dans l’entre-deux-guerres. D’une part, les décrets des 25 et
30 octobre 1935 étendent son champ d’application aux offices et
établissements dotés de l’autonomie financière, d’autre part, le
décret du 1er septembre 1936 intègre les ordonnateurs secondaires
dans le dispositif en établissant un contrôle local des dépenses
engagées. Après la seconde guerre mondiale, l’extension du contrôle
financier des administrations se poursuit. Il est un temps question de
fusionner le contrôle des dépenses engagées et l’Inspection générale
des finances. Ce projet, porté par André Philip, suscite une réaction
virulente de l’Inspection qui ne voit dans le contrôle qu’une «
machine à signer et parapher 1 ». La critique, pour péjorative qu’elle
se veut, n’en dénote pas moins une réalité. Le contrôle de la
régularité financière des engagements de dépenses a peu évolué, il
reste cantonné à sa mission originelle de respect du cadre financier
posé par la loi de finances. Cette tâche est certes essentielle au
maintien de la démocratie financière. Les contrôleurs des dépenses
engagées peuvent légitimement revendiquer, grâce à la tenue de la
comptabilité des engagements de dépenses, le rôle de dernier
rempart entre les velléités dépensières des administrations et la
lettre de la loi de finances. Mais dans un contexte d’accélération de
l’intervention de l’État et de réorganisation de ses modalités de
contrôle, la question de son évolution devait être posée.
La création du Comité central d’enquête sur le coût et le rendement
des services publics par le décret du 9 août 1946, la
constitutionnalisation des missions de la Cour des comptes en 1946
par l’affirmation de son rôle d’assistance au Parlement, ainsi que
l’extension de ses missions aux caisses de sécurité sociale avec la loi
du 31 décembre 1949, traduisaient cette évolution. Il ne s’agissait
plus d’apprécier la simple régularité des opérations financières et de
laisser l’appréciation de la « bonne administration » aux services,
mais d’orienter les acteurs financiers traditionnels vers un nouvel
axe d’analyse de la dépense publique : celui de la bonne gestion.
Cette perspective d’évolution du système suscita de fortes
divergences à la tête du ministère des Finances comme l’illustre
l’opposition entre deux grandes figures de cette époque, Roger
Goetze et Gilbert Devaux. Pour le second, alors directeur général de
la Comptabilité publique, l’ordre public financier est avant tout
juridico-comptable. Le point d’orgue de cette logique réside dans les
décrets des 30 septembre et 14 novembre 1953 2 . Ils poursuivent
l’effort de déploiement d’une logique comptable organisée autour
des comptes de l’État. La comptabilité des engagements de dépenses,
déployée au plus profond de l’appareil administratif, permet
d’étendre la tenue de « comptes » à l’ensemble des administrations.
La circulaire du 17 décembre 1955 3 qui organise la comptabilité des
engagements de dépenses à l’échelon local s’inscrit dans cette
perspective. Tel que pensé par Devaux, l’ordre comptable règne sur
l’ensemble de l’administration 4 .
Parallèlement à l’œuvre de Gilbert Devaux, Roger Goetze, directeur
du Budget de 1949 à 1956, souhaite imprimer au budget une logique
plus économique. La promotion de ce regard sur les finances
publiques se traduit en de nombreux endroits de l’ordre juridico-
financier. Au niveau organique, Goetze crée le bureau des études de
la direction du Budget (le premier bureau) qui traduit une volonté de
pilotage financier de la dépense publique 5 . Au niveau budgétaire,
Goetze est le rédacteur final du décret du 19 juin 1956 déterminant le
mode de présentation du budget de l’État qui situe le budget dans
son contexte économique tout en intégrant la notion de politique
globale 6 . Cette position suscitera la réprobation de Gilbert Devaux
qui dénonce la position des experts financiers au sein de
l’administration. Il s’oppose à ce qu’il considère comme une
tentation de substitution d’un ordre technocratique à l’ordre
juridique existant.
Cette opposition entre les tenants d’un ordre juridique et les
partisans d’une approche plus « économique » de l’ordre financier
allait aussi se traduire au sein des services. Avec le décret du 23
janvier 1956, le contrôle des dépenses engagées devient le contrôle
financier central. Derrière le terme « financier », cette réforme
impliquait-elle une rénovation du contrôle vers une approche
gestionnaire des dépenses de l’État ?
Symptomatique de l’évolution des années 1950, le décret du 23
janvier 1956 propose bien un cadre rénové dont l’orientation
financière est indiscutable, pour autant, sa réception par les
contrôleurs est très variable traduisant la difficulté à faire évoluer
les pratiques… même au sein de l’administration financière !
A. L’avis financier
B. Le rapport
Au-delà des avis financiers remis par les contrôleurs, ces derniers
doivent produire un rapport annuel. Selon les termes de l’article 7 de
la loi du 10 août 1922 :
« Chaque année, les contrôleurs des dépenses engagées établissent un rapport
d’ensemble relatif au budget du dernier exercice écoulé, exposant les résultats de
leurs opérations et les propositions qu’ils ont à présenter ».
Le même article précise la forme du document « Ces rapports sont
dressés par chapitre budgétaire et par ligne de recettes » ainsi que
ses destinataires :
« ils sont, ainsi que les suites données aux observations et propositions qui y sont
formulées, communiqués par les contrôleurs des dépenses engagées au ministre
des Finances et aux ministres intéressés et, par l’intermédiaire du ministre des
Finances, à la Cour des comptes et aux commissions financières des deux
Chambres ».
Les rapports constituent donc théoriquement une source
d’information financière précieuse quant à la gestion de la dépense
publique des administrations d’État.
Conclusion
Au regard des divergences constatées, tant au niveau des contrôleurs
financiers centraux que des administrations, il est difficile d’établir
un mouvement global d’évolution de la fonction de contrôle
financier des administrations. Il est évident que la résistance des
administrations à une trop forte présence des « finances » au cœur
de leur action a constitué un frein puissant à l’analyse des coûts et
rendements. Les « bureaux » ont pu légitimement considérer que
l’analyse du coût d’une opération militaire, ou de la justice pénale,
ne devait pas être envisagée. Au mieux ont-ils pu considérer que la
question présentait peu d’intérêt. Force est de constater que certains
contrôleurs financiers centraux ont, au moins partiellement,
conforté cette idée.
Inversement, là où les administrations se sont lancées dans
l’expérience d’une forme de contrôle de gestion, les contrôleurs ont
pu relayer la démarche au-delà des attentes des services… suscitant
peut-être l’inquiétude. Fallait-il que la rue de Rivoli connaisse avec
autant de finesse la qualité de la gestion administrative ? Sur ce
dernier point, il est vraisemblable que le changement de directeur
du Budget n’aura pas incité à généraliser les expériences. Succédant
à Roger Goetze, Gilbert Devaux a certainement montré peu
d’empressement à encourager l’émergence d’experts financiers
susceptibles de porter un regard autre que strictement juridique sur
la dépense publique. C’est en fait une dérive vers le contrôle de
l’opportunité des décisions qu’il convenait d’éviter et sur ce point,
en l’absence d’un soutien fort de la hiérarchie, les contrôleurs ne
pouvaient pas aller au-delà de la loi de 1922, a fortiori contre des
administrations jalouses de leurs prérogatives.
Enfin, la diffusion des rapports des contrôleurs financiers aura, elle
aussi, entravé le développement d’une analyse financière pertinente.
Centralisés par la direction du Budget, les rapports sont ensuite
distribués à la Cour des comptes et aux commissions des finances du
Parlement. Malgré la Ve République et la « rationalisation » des
pouvoirs des élus, au regard de l’évolution des rapports, leur
relecture, voire leur réécriture (le caviardage), devient une étape
importante. Les rapports des années 1960 en témoignent, certains
contiennent une note du bureau C1 de la direction du Budget qui
synthétise les informations importantes et précise dans quelle
mesure le rapport doit ou ne doit pas être modifié avant
transmission à la Cour des comptes 75 . Dès lors, les facteurs de
résistance à l’évolution des rapports étaient trop importants pour
leur permettre de changer de dimension.
NOTES
1. BREF, daté du samedi 6 avril 1946, archives privées Nathalie Carré de Malberg.
2. Son article 1er situe très clairement les choses. « Les règles de la comptabilité publique ont
pour objet de déterminer les obligations et les responsabilités des ordonnateurs de dépenses
publiques, des ordonnateurs de recettes publiques et des comptables publics. »
3. Circulaire du 17 décembre 1955 (n° 12 B61 63-17 et n° 3928 CD), JO du 18 décembre 1955,
p. 12277.
4. Voir dans ce volume Philippe Masquelier, p. 445-518.
5. Nathalie Carré de Malberg, Entretiens avec Roger Goetze, haut fonctionnaire des Finances,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1997, p. 237-254.
6. Lucile Tallineau, « L’inspiration keynésienne du décret du 19 juin 1956 », La direction du
Budget face aux grandes mutations des années cinquante, acteur… ou témoin ?, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 163-185.
7. « Le changement de titre de contrôleur des dépenses engagées en contrôleur financier
s’est fait à la demande de l’association pour montrer que les contrôles ne s’exerçaient pas
que sur les dépenses engagées, mais sur tout ce qui était financier et concernaient la gestion
financière », témoignage d’André Caussin, contrôleur financier, entretien avec Laure
Quenouëlle, n° 4 du 11 avril 1991, archives orales, Comité pour l’histoire économique et
financière de la France, cassette n° 5.
8. Article 5 du décret du 23 janvier 1956 : « Peuvent être nommés contrôleurs financiers de
2e classe :
– les magistrats de la Cour des comptes ayant au moins le grade de conseiller référendaire ;
– les inspecteurs des Finances appartenant au moins à la 2e classe ;
– les directeurs, chefs de service, directeurs adjoints et sous directeurs de l’administration
centrale des Finances ;
– les contrôleurs d’État justifiant d’un minimum de trois ans d’ancienneté dans leur grade ;
– le secrétaire général, le caissier général, les directeurs adjoints et sous directeurs de la
Caisse des dépôts et consignations ;
– les administrateurs civils de l’administration centrale du ministère des Finances, des
services centraux des administrations financières et de la Caisse des dépôts et consignations
appartenant au moins à la première classe de leur grade. »
9. André Caussin, contrôleur financier, archives orales, Comité pour l’histoire économique
et financière de la France, cassette n° 5.
10. « Bien entendu, ces avis motivés doivent être donnés d’un point de vue essentiellement
financier et le contrôleur ne saurait, à l’occasion de l’examen des projets qui lui sont
transmis, formuler des observations sur des questions d’opportunité dont les ministres
demeurent seuls juges. » Circulaire n° 6-1-B/3 du 29 janvier 1954, SAEF PH 196.
11. Instruction du 10 août 1924 : les avis doivent « relever toutes répercussions directes ou
indirectes, immédiates ou à venir, aussi bien en recettes qu’en dépenses, qu’une mesure est
susceptible d’entraîner pour le Trésor public ».
12. Les trois directeurs du Budget de 1949 à 1966 : R. Goetze (juillet 1949 – décembre 1956),
G. Devaux (janvier 1957 – juin 1960), R. Martinet (juillet 1960 – avril 1966).
13. Circulaire n° 6-1-B/3 du 29 janvier 1954, SAEF PH 196.
14. Circulaire n° 6-1-B/3 du 29 janvier 1954, SAEF PH 196.
15. Circulaire n° F 1-11 du 20 février 1957, SAEF PH 196.
16. Circulaire n° F 3-21 du 25 avril 1961, SAEF PH 196.
17. La forme de ces avis n’a pas changé depuis 1922. Les termes de la documentation des
contrôleurs financiers de 1985 sont extrêmement proches de ceux figurant dans son édition
de 1942. Éléments de documentation relatifs au contrôle des dépenses engagées, Imprimerie
nationale, 1942, pages 22 à 30.
18. Documentation des contrôleurs financiers, I Db-01, page 43.
19. Rossard, La prévision en matière budgétaire, conférence du 16 novembre 1951, Paris, ITAP,
page 6.
20. Pour une illustration, rapport du contrôleur des dépenses engagées près le ministère de
l’Éducation nationale pour l’exercice 1937, SAEF B33329.
21. Circulaire n° 02-E/55.11.24/55.12 du 25 novembre 1955 adressée à Messieurs les
ministres et secrétaires d’État signée Gilbert-Jules et Pflimlin.
22. « La connaissance des coûts et des prix de revient doit permettre aux pouvoirs publics
de disposer de données quantitatives pour apprécier l’organisation des services, les moyens
dont il convient de les doter, les réformes à entreprendre, les répercussions que peut
entraîner l’extension de la diminution de leur activité », circulaire du 25 novembre 1955.
23. Circulaire B3/24 du 12 juin 1956 signée R. Goetze.
24. Circulaire B3/24 du 12 juin 1956 signée R. Goetze.
25. « Rédigé selon la circulaire B3/24 du 12 juin 1956 et par la note B3/57 du 26 octobre
1957, le présent rapport comprend trois parties », rapport du contrôleur financier sur la
gestion 1956 du secrétariat aux affaires économiques, (Noury) SAEF, B 28217. « Le présent
rapport, établi conformément à la circulaire du 12 juin 1956, comporte 4 parties ». Rapport
du contrôleur financier près le ministère d’État chargé des affaires culturelles pour
l’exercice 1959 (Guy Germain de Saint-Pierre), SAEF, B 30 957.
26. Rapport du contrôleur financier près l’Assistance publique à Paris « établi
conformément à la circulaire du 12 juin 1956 » (Chadzinsky puis Musnier de Pleigne), SAEF
B 30 960.
27. « Au lieu et place du rapport annuel que doit produire chaque contrôleur financier, et
comme la circulaire n° B3-24 du 12 juin 1956 en donne la possibilité, j’ai l’honneur de vous
faire parvenir, sous ce pli, une étude sur l’Agence comptable des chancelleries
diplomatiques et consulaires ». Étude sur la réorganisation de l’Agence comptable des
chancelleries diplomatiques et consulaires, 16 pages, signé Rambeaud, 12 mars 1959, SAEF, B
30 958.
28. « À vrai dire, peu de problèmes se rapportant à la gestion 1959 méritent, par leur
importance, d’être évoqués dans le rapport annuel et d’ailleurs ils ont donné lieu à des
échanges de communications écrites ou verbales qui ont permis d’aboutir à leur règlement
plus ou moins rapide ». Jacquet, rapport du contrôleur financier du ministère de l’Intérieur
sur la gestion 1958, juin 1959, 21 pages, B 30964.
29. « La gestion des crédits de matériel ouverts aux divers services du secrétariat d’État aux
Affaires économiques n’a pas appelé d’observations particulières. Il a toutefois été
remarqué qu’a l’approche de la date limite des engagements de ces crédits (30 novembre)
les services gestionnaires ont, selon l’habitude, présenté des propositions d’engagement
absorbant la presque totalité de la marge disponible ». Noury, rapport du contrôleur
financier sur la gestion 1956 du secrétariat aux affaires économiques, SAEF, B28217.
30. « Malgré cette prise de position, de nouveaux ordres de mission furent présentés dans le
courant du mois de décembre postérieurement à la date de départ, bien que dans la quasi-
totalité des cas il eut été possible de les établir en temps utile. Dès lors, il était difficile
d’éviter un incident qui se produisit au sujet de la présentation, le 12 décembre, d’un ordre
de mission concernant M. Z., contrôleur d’État, daté de la veille, pour un déplacement qui
avait eu lieu le 6 décembre. Cette mission fut en définitive régularisée dans un but
d’apaisement, au vu des explications fournies par le bureau du cabinet ». Noury, rapport du
contrôleur financier sur la gestion 1957 du secrétariat aux affaires économiques, SAEF,
B30958.
31. « Cette note examinera successivement : dans une première partie, les résultats de la
gestion, le rythme de la consommation des crédits et les remarques qu’appellent ces
données numériques ; dans une seconde partie, la critique d’errements administratifs à la
lumière de l’exercice du contrôle sur les activités du ministère ; cet examen portera cette
année sur la gestion des crédits afférents aux dépenses de personnel et aux vacations, celle
de certains crédits d’équipement (industries agricoles et alimentaires, élevage), enfin sur
l’éventualité d’une modification dans la gestion des crédits de paiement ». Rapport sur
l’exécution du budget 1969 du ministère de l’agriculture, SAEF B30958.
32. Bertin Mourot, rapport du contrôleur financier près le ministère des Armées (Air) pour
l’année 1960, SAEF B30959.
33. Bertin Mourot, rapport du contrôleur financier près le ministère des armées (air) sur le
contrôle du budget de la section Air de la défense nationale de l’année 1958, SAEF, B30959
34. « Bien que plus de 25 400 visas aient été demandés en 1959, peu de dossiers ont motivé
des observations qui mériteraient d’être rappelées dans le présent rapport. Il convient de
signaler à nouveau que ceci est dû en grande partie au travail très efficace et très important
effectué au sein des commissions consultatives centrales des marchés de l’Air à l’activité
desquelles je participe ». Bertin Mourot, rapport du contrôleur financier près le ministère
des Armées (Air) pour l’année 1959, SAEF B30959.
35. Chapitre II : Observations et suggestions du contrôleur financier.
1 : Visa préalable du contrôleur financier.
2 : Exécution des marchés par anticipation.
3 : Lettres de commande avant marché.
4 : Durée d’établissement et d’approbation des marchés et avenants.
5 : Fractionnement des commandes : – dans le cadre de marchés – hors marchés
6 : Exécution des dépenses de transport de matériel.
7 : Dotation en matériel roulant.
8 : Remarques particulières aux dépenses d’équipement : – dotations disponibles en fin de
gestion – comptabilité des opérations d’investissement.
Ebner, rapport du contrôleur financier près le ministère des armées (air) sur le contrôle du
budget de la section Air des armées de l’année 1962, SAEF B30959.
36. Ebner insiste sur les progrès accomplis par le ministère sur ce point « l’importance des
résultats qui ont été obtenus au cours de l’effort poursuivi pour ramener le montant des
reports à une valeur normale, […] pouvant être au surplus considéré comme satisfaisant eu
égard aux problèmes que pose la gestion de crédits de paiement d’investissement tels que
ceux de la section Air du budget des Armées », rapport du contrôleur financier près le
ministère des Armées (air) sur le contrôle du budget de la section Air des Armées de l’année
1963, SAEF B30959.
37. « À l’intérieur d’un même budget, les crédits de paiement ouverts pourraient être sans
limitation virés d’un chapitre d’équipement à un autre par simple arrêté du ministre des
Finances et des Affaires économiques », Ebner, rapport du contrôleur financier près le
ministère des Armées (air) sur le contrôle du budget de la section Air des armées de l’année
1961, SAEF B30959.
38. Noury, rapport du contrôleur financier sur la gestion 1956 du secrétariat aux affaires
économiques, SAEF B28217.
39. Au ministère de l’Intérieur, « s’il s’agissait de réaliser des économies de quelque
importance, compte tenu des retards dans son équipement, il faudrait nécessairement
réduire ses effectifs, c’est-à-dire pratiquement ceux des compagnies républicaines de
sécurité ». Babault, rapport sur la gestion des exercices 1965 et 1966, 4 septembre 1967,
SAEF B30964.
40. « Le sérum physiologique revient à 90 francs le litre, alors qu’il coûte 135 francs dans le
commerce. Néanmoins, nous persistons à penser qu’il ne serait pas judicieux d’étendre
considérablement les fabrications de la Pharmacie centrale et d’adjoindre à celle-ci une
usine dont les frais d’établissement et de fonctionnement ne seraient pas couverts par une
production qui, malgré son volume, resterait évidemment très inférieure à celle des
entreprises industrielles ». Chadzinsky, rapport du contrôleur financier près l’Assistance
publique à Paris, exercice 1958, SAEF B30960.
41. « Nous avions signalé, dans notre précédent rapport, qu’il était nécessaire d’utiliser tous
les morceaux provenant des animaux abattus et de mettre fin à la pratique, très onéreuse,
d’achats “d’avants” de bestiaux et de revente à des tiers “d’arrières”. Une meilleure
organisation de la Boucherie charcuterie, qui produit des pâtés, du bœuf en gelée, des
saucissons, a permis l’utilisation de la totalité des animaux et l’achat “d’avants” à cessé. » Le
contrôle financier ne peut que se féliciter de l’application de ces nouvelles méthodes qui ont
pour effet de réduire très sensiblement les dépenses de viande. Chadzinsky, rapport du
contrôleur financier près l’Assistance publique à Paris, exercice 1958, SAEF B30960.
42. « Par ailleurs, les ambulances doivent être dotées d’un appareil récepteur de radio,
comme les voitures de police, afin d’éviter, en cours de journée, des retours au garage,
suivis de nouveaux départs. Nous demandions, par ailleurs, la suppression de l’infirmière
diplômée qui accompagne toutes les ambulances, et son remplacement par une aide-
soignante apte au brancardage. Ces infirmières diplômées sont, en effet, immobilisées sans
utilité et leur emploi dans les services hospitaliers apparaît bien préférable ». Chadzinsky,
rapport du contrôleur financier près l’Assistance publique à Paris, exercice 1958, SAEF
B30960.
43. « Bien que le Quai d’Orsay ait paru en saisir l’importance, la démarche du contrôle
financier n’eut alors que peu de résultat et ne se traduisit par aucune mesure efficace. Le
problème n’a, cependant pas été perdu de vue, ainsi que j’ai pu le constater à diverses
reprises au cours d’entretiens avec le directeur du personnel des Affaires étrangères. Ce
haut fonctionnaire m’a même fait savoir récemment que son ministre s’y intéressait
particulièrement ». Rambeaud, étude sur la réorganisation de l’Agence comptable des
chancelleries diplomatiques et consulaires, 12 mars 1959, SAEF B30958.
44. Tixier, contrôleur financier près l’administration générale de l’Assistance publique à
Paris, rapport sur l’exercice du contrôle au cours de l’année 1959, SAEF B 30960.
45. Ibid.
46. « Il est certain que c’est par le développement de ce mode de soins dont le prix de
revient est nettement inférieur à celui des hôpitaux qu’il sera possible de limiter les charges
que représente pour les organismes de sécurité sociale l’hospitalisation de malades dans les
services d’aigus ou même de convalescence ». Op. cit., p. 21.
47. Rouzoul, rapport du contrôleur des dépenses engagées près le ministère des PTT sur les
opérations de l’exercice 1957 « Paiement des dépenses de personnel sans ordonnancement
préalable », 26 juin 1958, 25 pages, SAEF B30966.
48. Rouzoul, rapport du contrôleur financier près le ministère des PTT, sur les opérations
de l’exercice 1958 « service social des PTT », 43 pages, SAEF B30966.
49. Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1959 « Musée
postal, habillement des agents des PTT », 42 pages, SAEF B30966.
50. « L’importance réelle d’un musée ne se mesure pas à celle des visiteurs qu’il reçoit. On
peut le déplorer sur le plan financier mais n’aurait-elle pour résultat que de favoriser les
recherches de spécialistes, d’enrichir l’esprit de quelques curieux, de susciter le désir et le
besoin de connaître chez les jeunes, l’existence d’un musée se justifierait suffisamment.
Ainsi en est-il du Musée postal dont l’organisation ne prête pas à critiques sérieuses, qui
renferme des collections de grande valeur et qui mériterait d’être plus fréquenté ».
Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1959 « Musée
postal, habillement des agents des PTT », SAEF B30966.
51. I : Historique ; II : Évolution ; III : Organisation administrative ; IV : Personnel
d’exécution ; V : Moyens financiers ; VI : Matériel ferroviaire et matériel de transbordement
; VII : parc automobile ; VIII : Garage et ateliers ; IX : Différents contrôles appliqués au
Service automobile ; X : Auto-école : remboursement des frais d’obtention du permis de
conduire ; XI : Accident et contentieux ; XII : Achat de matériel roulant ; XIII : Les marchés ;
XIV : Étude des prix de revient ; XV : Action de l’administration centrale sur le
fonctionnement du service automobile.
52. Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1960 « Services
des transports des postes et télécommunications », SAEF, B30966, page 45.
53. Il s’agit au niveau régional de ventiler les différentes dépenses de fonctionnement
(carburant, huile, pneumatiques, pièces détachées et frais de réparation. Frais de personnel
des garages ateliers, dépenses d’outillage, mobilier, matériel et fournitures de bureau,
charges annuelles de loyer, entretien d’immeubles, eau, gaz, électricité, dépenses
consécutives aux accidents et dommages ; taxes fiscales) et au niveau national de prendre
en compte l’ensemble des fonctions d’encadrement (amortissement des véhicules et intérêt
du capital ; frais généraux – personnel, bâtiment et matériel de l’administration centrale et
de l’inspection générale – ; frais de service à caractère national, coût des prestations
fournies à d’autres services et travaux remboursables).
54. Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1960 « Services
des transports des postes et télécommunications », SAEF, B30966, page 47.
55. « L’administration remplace assez rapidement les fourgonnettes de la distribution
postale et les véhicules de série qui sont d’une revente relativement facile ; elle conserve au
contraire les véhicules spécialement aménagés pour ses services, plus difficiles à revendre ;
par ailleurs, l’examen des fiches de réparation est susceptible de déceler l’existence de
défectuosités de certains organes ou de relever des négligences dans l’utilisation des
véhicules et de permettre d’y remédier ». Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les
opérations de l’exercice 1960 « Services des transports des postes et télécommunications »,
SAEF, B30966, page 51.
56. « Enfin, pour l’organisation et le contrôle des services et du parc, les comparaisons d’un
département ou d’une région à l’autre et d’une année à l’autre donnent des résultats
appréciables ; sur la consommation de carburant, qui représente presque le tiers du prix de
revient kilométrique total ; sur les réparations et le fonctionnement des ateliers, grâce à la
connaissance du nombre d’heures de réparation aux 1 000 kilomètres, du prix de l’heure de
réparation et du coût kilométrique des pièces détachées et des travaux confiés aux ateliers
privés ». Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1960 «
Services des transports des postes et télécommunications », SAEF, B30966, page 52.
57. Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1960 « Services
des transports des postes et télécommunications », SAEF, B30966, page 53.
58. Un problème plus intéressant est posé par l’installation dans des localités relativement
peu importantes d’ateliers de réparation. On peut se demander en effet si l’existence de ces
ateliers, dans des endroits où le personnel et les machines-outils ne seraient pas
suffisamment employés, n’amènerait pas l’administration à payer plus cher qu’elle ne le
ferait si elle avait recours à l’industrie privée. Le contrôle financier s’en est préoccupé dès
1954 et a demandé : « l’administration des PTT a-t-elle avantage financier à étendre le
système des réparations en régie ? S’il est rentable dans certaines conditions, l’est-il partout
? […] Toute la question est là en effet et ce n’est pas l’ensemble du parc administratif qu’il
faut considérer mais le nombre de véhicules à garer et à entretenir sur le plan local. […]
L’étude des prix de revient en facilitant le choix entre la régie administrative et le recours à
l’industrie privée, paraît de nature à prévenir toute aventure. » Rouzoul, rapport du
contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1960 « Services des transports des
postes et télécommunications », SAEF, B30966, page 55.
59. « Quoi qu’il en soit, il faut souligner que l’administration des Postes et
Télécommunications a su créer un service des transports qui se caractérise par une
organisation rationnelle, un contrôle efficace de la gestion, un entretien aussi satisfaisant
que dans le secteur privé, pour un coût moindre et une étude très sérieuse des prix de
revient qui permet de suivre de près la marche du service et de corriger les défaillances,
sinon de les prévenir ». Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de
l’exercice 1960 « Services des transports des postes et télécommunications », SAEF, B30966,
page 56.
60. Rouzoul, rapport du contrôleur financier sur les opérations de l’exercice 1960, «
Services des transports des postes et télécommunications », SAEF, B30966, page 57.
61. Bessière, rapport du contrôleur des dépenses engagées près le ministère de l’Éducation
nationale pour 1953 (rédigé en mars 1954), SAEF, B30962.
62. Bessière, rapport du contrôleur des dépenses engagées près le ministère de l’Éducation
nationale pour 1953 (rédigé en mars 1954), SAEF, B30962.
63. Bessière, rapport du contrôleur financier près le ministère de l’Éducation nationale sur
l’exécution du budget de l’exercice 1956, SAEF B30962.
64. « C’est là, dira-t-on, essentiellement œuvre de techniciens, qui doivent faire prédominer
l’esprit d’économie lors de l’implantation des bâtiments, de l’étude des avant-projets, de la
définition des procédés de construction ou du choix des matériaux. Nous verrons que
l’objectif ne peut être atteint si ne sont associés à cet effort ni les futurs utilisateurs des
constructions mises en chantier, ni le secteur administratif chargé de gérer les crédits de
programme. Et dès le choix du terrain, ces derniers doivent être mis devant leurs
responsabilités ». Bessière, rapport du contrôleur financier près le ministère de l’Éducation
nationale sur l’exécution du budget de l’exercice 1957, SAEF B30962.
65. « Les cessions gratuites de mauvais terrains sont à l’origine de dépenses
supplémentaires d’une telle importance que l’État aurait souvent intérêt à y renoncer et à
acquérir directement des terrains mieux adaptés ». Bessière, rapport du contrôleur
financier près le ministère de l’Éducation nationale sur l’exécution du budget de l’exercice
1957, CAEF B30962.
66. Bessière, rapport du contrôleur financier près le ministère de l’Éducation nationale pour
l’année 1958, SAEF B30962, p. 3.
67. Bessière, rapport du contrôleur financier près le ministère de l’Éducation nationale pour
l’année 1958, SAEF B30962, p. 3.
68.Op. cit., p. 10.
69.Op. cit., p. 11.
70.Op. cit., p. 13.
71. « Il ne semble pas absurde de se demander si des enfants de 2 à 5 ans ne pourraient être
confiés à la garde de personnels d’une qualification moins élevée, et par conséquent plus
faciles à recruter, libérant ainsi un nombre important d’institutrices titulaires qui
pourraient être utilisées de manière plus efficace ». Op. cit., p. 14.
72. Bessière, op. cit., p. 21.
73.Op. cit., p. 25.
74.Op. cit., p. 33.
75. Voir précisément les rapports des contrôleurs financiers près l’Assistance publique à
Paris, SAEF, B30960.
AUTEUR
SÉBASTIEN KOTT
Sébastien Kott est maître de conférences, habilité à diriger des recherches, en droit public à
l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense. Il enseigne les finances publiques, le droit
fiscal et le droit du service public. Ses recherches portent sur l’encadrement juridique de la
gestion publique. Il a soutenu une thèse sur le contrôle financier central exercé par le
ministère des Finances publiée aux éditions du Comité pour l’histoire économique et
financière de la France en 2004 sous le titre : Le contrôle des dépenses engagées, évolutions d’une
fonction. Ses publications récentes s’inscrivent dans un cadre interdisciplinaire : « La
coordination des politiques publiques à travers la préparation du budget » dans le cadre du
colloque organisé par le laboratoire d’économie « Economix » et intitulé Coordination et
sciences sociales ; « Le développement des relations entre la Cour des comptes et le
Parlement 1815-1832 », paru dans la Revue française de finances publiques.
Une tentative de politique de
productivité dans les services publics
: Gabriel Ardant et le Commissariat
général à la Productivité, 1954-1959
Florence Descamps
1. La formation
2. Les interventions
1. Le binôme Métayer-Marcellin
En juin 1958, alors que la crise de mai 1958 vient à peine de trouver
sa résolution, Ardant propose à nouveau son projet de CIOM à Guy
Mollet, ministre d’État en charge du statut des fonctionnaires, et à
André Boulloche ministre délégué à la Réforme administrative dans
le gouvernement du général de Gaulle 159 . Sans réponse. Avec le
début de l’été 1958 s’ouvre une période d’incertitude et d’attente ;
Boulloche demande au Commissariat à la Productivité de
n’entreprendre aucune action nouvelle et Gaudriault en vient même
à émettre l’idée d’envoyer toute l’équipe suivre une formation à la
CEGOS ! Finalement, le 22 août 1958, en réponse à une commande de
Guy Mollet du 10 août 1958, Ardant présente un rapport sommaire
définissant les grandes lignes d’un programme de modernisation des
administrations publiques, en même temps qu’il soumet à Boulloche
« des propositions détaillées en ce qui concerne les projets du
Commissariat général à la Productivité en matière de réforme
administrative, et notamment sur la création d’un instrument
destiné à diffuser rapidement, dans les services publics, les
techniques et les méthodes modernes d’organisation et de
simplification du travail 160 ».
Les discussions s’engagent entre Francis Raison et Jean Mascard,
conseiller budgétaire de Boulloche et administrateur du bureau B2 à
la DB. Le projet remis par Gabriel Ardant reprend à nouveau l’idée
d’un grand CIOM 161 , organe d’impulsion, de coordination et de
formation, doté d’un corps d’organisateurs publics (une trentaine de
spécialistes et 158 000 francs de crédits), financé par des crédits
provenant à la fois du budget du Commissariat et du budget des
charges communes, mais rattaché cette fois-ci à la DFP. Le projet
Ardant, qui affiche clairement son choix de la Présidence du Conseil,
est communiqué sous diverses formes à André Boulloche, à Antoine
Dupont-Fauville au cabinet du général de Gaulle, à Henri Yrissou au
cabinet d’Antoine Pinay et au cabinet de Michel Debré, garde des
Sceaux ; il circule jusqu’en décembre 1958 entre les différents
cabinets et la DB, sans qu’aucune décision ne soit prise.
4. La naissance du SCOM
Conclusion
De 1955 à 1959, grâce à la présence à sa tête de Gabriel Ardant et
grâce au développement du secteur Organisation et administration, le
Commissariat général à la Productivité prend pied dans le champ de
la réforme administrative et dans la rénovation de la gestion
publique. Tournant le dos à la réforme par le haut, il propose une
autre réforme administrative, cette fois-ci par le bas, qui consiste à
rénover la gestion des services administratifs en introduisant
l’organisation scientifique du travail. Il est rejoint dans la
construction de cette politique publique de « productivité
administrative » par la DB qui depuis le début des années 1950 a
décidé de devenir un acteur majeur de la réforme des
administrations, ainsi que par la Présidence du Conseil qui tente de
reprendre la main sur le dossier de la réforme administrative avec
l’aide du CCE. L’alliance triangulaire, conjoncturelle et opportuniste,
nouée par Gabriel Ardant entre le Commissariat général à la
Productivité, la DB et les instances de la Présidence du Conseil éclate
sous les coups simultanés de la crise budgétaire, de la fin de la IVe
République et de la compétition structurelle entre la DB et la DFP ; la
victoire revient finalement à la DB qui annexe le SCOM et s’assure le
monopole de la gestion et du contrôle des crédits de productivité.
Le détour par le Commissariat général à la Productivité a cependant
permis une première acculturation dans l’administration des
techniques d’organisation scientifique du travail et une première
recherche systématique de gains de productivité, sous le nom
d’Organisation et Méthodes. Cette importation des méthodes de travail
des entreprises, certes limitée aux tâches d’exécution, constitue une
expérience intéressante d’échanges public/privé et s’accompagne
d’une timide percée des techniques pré-managériales de l’époque
(psychosociologie du travail, gestion des réunions, commandement,
gestion du personnel, information, participation des agents.). C’est
aussi au sein du Commissariat qu’est mis en œuvre le compromis
historique entre l’État et les organisateurs privés : le recours à ces
derniers est toléré, de façon limitée et régulée, sous la surveillance
du SCOM, pseudopode discret de la DB. Dans ce système, la DB
apporte un soutien budgétaire et institutionnel au SCOM ainsi
qu’aux BOM ministériels, en échange d’un contrôle des interventions
des organisateurs privés dans les ministères. Le choix du maintien
dans le système des organisateurs privés a pour contrepartie (et
réciproquement) la fin du rêve d’un grand centre interministériel
d’ingénieurs-organisateurs-conseil publics, porté de 1946 à 1960 par
Raymond Gaudriault 195 .
En matière d’innovation administrative et gestionnaire,
l’acclimatation de l’O & M dans les administrations présente des
similitudes frappantes avec la mise en place de la RCB entre 1965 et
1973 : découverte d’une nouvelle méthode de gestion en provenance
des entreprises ; affirmation de l’axiome selon lequel les méthodes
de gestion du secteur privée sont applicables au secteur public ;
importation de ces techniques au sein de l’administration par une
poignée de militants en position minoritaire ou marginale par
rapport à l’ensemble du système administratif ; adoption de cette
innovation par un chef de service influent et soucieux d’accroître
son emprise administrative ; recherche d’un parrainage politique
capable d’imposer ou de porter la réforme ; recherche d’alliés à
l’extérieur et à l’intérieur de l’administration et formation d’une
coalition ; construction d’un discours consensuel susceptible de
convaincre et élaboration d’un programme de travail ; diffusion des
nouvelles techniques sur la base de la persuasion et du volontariat ;
réalisation d’études pilotes et création de services test pour prouver
l’intérêt des nouvelles méthodes ; mise en place d’un dispositif
spécifique de financement interministériel, notamment pour les
études et pour la rémunération des spécialistes contractuels venus
de l’extérieur ; essaimage des cellules spécialisées dans les
ministères ; prise de conscience de l’importance du « facteur humain
», véritable goulot d’étranglement, et de la nécessité de la formation
continue ; recyclage des agents publics et formation de spécialistes ;
accent mis sur le changement d’esprit et des mentalités
administratives…
Les réformateurs de la RCB se sont-ils inspirés du système O & M ?
On peut sérieusement en douter tant les promoteurs des deux
systèmes sont éloignés les uns des autres, mais on ne peut exclure
totalement que certaines initiatives O & M aient été connues des
responsables RCB, notamment à la DB : l’idée du séminaire des
directeurs, les stages de recyclage et de formation continue, la
création et l’utilisation d’un fonds du budget des charges communes,
le recours aux contractuels et la mise en place de procédures de
rémunération dérogatoires… Quoiqu’il en soit, dans les deux cas,
l’innovation gestionnaire a trouvé sa source au ministère des
Finances, et plus particulièrement au sein de la direction du Budget,
qui sans cesse depuis 1920 cherche à consolider ses positions dans le
champ de la réforme administrative et de la gestion publique. Dans
les deux cas, les deux systèmes ont connu un processus identique de
mise sur orbite, d’acclimatation et d’expansion, puis de routinisation
et de dissolution dans l’appareil administratif… Ainsi sans doute en
va-t-il des processus d’innovation (des modes ?) en matière de
gestion publique, tant qu’ils ne s’inscrivent pas dans le marbre du
droit budgétaire et comptable.
NOTES
1. La Constitution de 1946 confie à la Cour des comptes le règlement des comptes de l’État
(article 18) et peut charger cette dernière de toute enquête ou étude se rapportant à
l’exécution des recettes ou de la dépense ou à la gestion de la trésorerie. Outre ce nouveau
rôle d’assistance au Parlement, de nouvelles attributions entre 1945 et 1950 viennent élargir
le champ de contrôle de la Cour des comptes : la Sécurité sociale, les entreprises publiques,
les associations, les coûts et rendements des services publics… La création en 1948 de la
Cour de discipline budgétaire et financière tente de résoudre la question de la
responsabilité des ordonnateurs.
2. La Constitution de 1946 renvoie dans son article 16 le règlement de la présentation du
budget à une loi organique dont l’élaboration est confiée, sous la responsabilité de la sous-
commission des lois organiques de la commission des Finances de l’Assemblée, à Robert
Jacomet, contrôleur général des Armées, expert financier et budgétaire à la SDN de 1926 à
1933, fondateur en 1935 avec le doyen Allix de l’Institut de droit comparé de l’Université de
Paris, secrétaire général du ministère de la Guerre de 1936 à 1939 et chargé du programme
budgétaire du réarmement français.
3. 1946, commission de la Hache, 1947, commission de la Guillotine, 1948, plan de
redressement économique et financier, 1949, commissions départementales d’économies,
1950, commission nationale d’économies…
4. La réflexion sur le prix de revient dans l’administration connaît ses premiers linéaments
dans les années 1920 dans les manufactures de l’État, dans les services des Postes et au sein
des Offices ; elle connaît un nouvel élan dans les années 1930, avec les premières initiatives
des cabinets d’ingénieurs-conseil en organisation en 1934-1935, dans le sillage du CNOF puis
au sein du CNOST de Jean Coutrot au ministère de l’Économie nationale à partir de 1936 et
dans le cadre des contrats de réarmement de la Défense nationale prévus par la loi de
nationalisation du 11 août 1936 qui instaure un contrôle a posteriori des prix de revient par
les commissaires du Gouvernement. Du côté des administrations centrales, les travaux sont
plus tardifs, mais progressent à la Cour des comptes, au sein de la fondation Alexis Carrel
sous Vichy… Sur ce sujet, S. Rials, administration et organisation (1910-1930). De l’organisation de
la bataille à la bataille de l’organisation dans L’administration française, Paris, Beauchesne, 1977 ;
M. Margairaz, L’État, les finances et l’économie. Histoire d’une conversion, 1932-1952, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France, p. 348-363 ; MO. Baruch, Servir l’État
français, Paris, Fayard, 1997, p. 467-474 ; O. Dard, Jean Coutrot. De l’ingénieur au prophète,
Besançon, Presses universitaires franc-comtoises, 1999 ; A. Weexteen, Le conseil aux
entreprises et à l’État en France : le rôle de Jean Milhaud (1898-1991) dans la CEGOS et l’ITAP, Paris,
thèse EHESS, 1999 ; F. Paulhac, Les accords de Munich et les origines de la guerre de 1939, Paris,
Librairie Vrin, 1988, p. 76-98 ; Luc Rouban, « Réformer l’État : Henry Puget et la fondation
Alexis Carrel 1943-1946 », Revue administrative, n° 344, 2005, p. 127-142.
5. Voir les premiers rapports d’ensemble 1947, 1948 et 1950 du CCE ; G. Ardant, Technique de
l’État, Paris, PUF, 1953, p. 8-13, p. 15-29, p. 42 et p. 45-55.
6. Archives privées Goetze, Comité pour l’histoire économique et financière de la France ;
SAEF, B 46 678, note du groupe Organisation le 22 novembre 1954 faisant le bilan des
tentatives de réforme administrative entre 1946 et 1954 ; E. Bonnefous, La réforme
administrative, Paris, PUF, 1958, p. 68-76 et 84-86.
7. CAEF B 46 467, article de R. Catherine dans la Revue administrative, n° 21, mai-juin 1951.
8. Le décret Bonnefous du 5 mai 1953 crée bien un Comité exécutif de la réforme
administrative chargé de décider les réformes proposées par le CCE, mais la chute du
gouvernement Mayer interrompt tous les projets. Cf. E. Bonnefous, op. cit., p. 134-140.
9. Cf. Les décrets du 11 mai, 9 août et 30 septembre 1953 sur la tutelle et le contrôle de la
gestion des entreprises nationales.
10. B 46 559. Cf. le constat désabusé qui se dégage des conclusions du CCE sur la
détermination et l’analyse des coûts et des prix de revient des services administratifs de
l’État, adoptées le 15 octobre 1954.
11. Sur les travaux de la commission Jacomet, Institut de droit comparé de l’Université de
Paris, section des finances publiques, La Réforme budgétaire, tome I, II et III, Les éditions de
l’Épargne, 1954 et 1956. L’avant-projet organique issu des travaux de la commission Jacomet
(1949) fait figurer en annexe au projet de loi fixant les crédits par chapitre des
développements justificatifs destinés à faire apparaître le coût et le rendement de chaque
service et fraction des services (article 43).
12. En 1948, Ardant obtient de Mendès France qu’il dépose une proposition de loi à
l’Assemblée nationale, intégrant les propositions du CCE en matière de nomenclature
budgétaire et de coûts et rendements. Sans succès.
13. Décret n° 53-356 du 22 avril 1953 relatif à la détermination du coût et des rendements
des services, cf. E. Bonnefous, op. cit., p. 129-133.
14. Sur l’ITAP, A. Weexteen, L’ITAP et la CEGOS, op. cit. et J. Siwek-Pouydesseau, « L’Institut
technique des administrations publiques, entrepreneur militant de la productivité
administrative (1947-1968) », RFAP, n° 120, 2006/4, p. 711-720. Voir aussi B 46 485, la liste
des sessions de formation organisées par l’ITAP de 1949 à 1955.
15. CAEF, B 46 469, Note au secrétaire d’État au Budget, dite note Filippi, 31 janvier 1956, p.
2, où Ardant parle de la lenteur des réformes, des vicissitudes politiques, du découragement
des réformateurs…
16. J. Lacouture, Pierre Mendès France, Paris, Seuil, 1981, p. 389.
17. SAEF, B 46 470, 46 467 et 46 468. Entre 1950 et 1958, 358 missions regroupant 3 860
personnes ont été envoyées aux États-Unis. Sur la politique de productivité en France dans
les années 1950, R. Boulat, Jean Fourastié un expert en productivité, La modernisation de la France
(années trente-années cinquante), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2008.
18. B 46 467. Les accords Buron-Labouisse de 1953 sont prolongés par les nouveaux accords
entre F. Gaillard et J. W. Tuthill le 4 septembre 1957. Une partie des crédits va à l’Agence
européenne de productivité, l’autre partie est divisée entre un fonds de prêts et un fonds de
subventions.
19. B 46 467 et B 46 468.
20. J. Dayre, conseiller technique au Comité national de Productivité, dans une lettre à
Buron du 26 juillet 1953, oppose « les dignitaires de l’Église » et « les missionnaires » et
laisse supposer qu’Ardant n’aurait pas le profil de l’emploi ! Cité par R. Boulat, in « Jean
Fourastié, la productivité et la modernisation de la France dans les années 1950 », Revue
Gestion et finances publiques, n° 3-4, mars-avril 2010, p. 250-254.
21. P. Grimanelli, né en 1905, polytechnicien, ingénieur des manufactures de l’État,
inspecteur général de l’Économie nationale, est directeur des Programmes au ministère des
Affaires économiques de 1947 à 1953 ; en compensation du poste de commissaire général à
la Productivité échu à Ardant, il est nommé directeur général de la SEITA, poste qu’il occupe
jusqu’à son décès en 1966. Il a été président de l’AFAP et vice-président du CNOF.
22. G. Ardant, né en 1906, inspecteur des Finances, est délégué général pour
l’administration des territoires libérés pour le GPRF de 1944 à 1946 et chef de la section
financière de la mission militaire de liaison administrative ; c’est un des conseillers
économiques de Mendès France à partir de 1943 à Alger jusqu’au ministère de l’Économie
nationale créé en 1945, et il reste l’un de ses proches tout au long des années 1950. En juin
1946, conseiller technique au cabinet de F. Gouin président du gouvernement provisoire, il
est nommé par R. Schuman ministre des Finances, secrétaire général du CCE.
23. B 46 469, note de G. Ardant, du 25 janvier 1956, adressée le 31 janvier 1956 par le
secrétaire d’État aux Affaires économiques au ministre des Finances, sur l’action du
Commissariat en matière d’organisation dans le secteur public. Cette idée lui a été soufflée
dès 1954 par ses collaborateurs. C’est ainsi que R. Gaudriault dans une note du 21 juin 1954
(B 46 467) écrit : « La productivité de l’État doit servir à la fois d’exemple et de cadre pour la
productivité de l’économie générale » (fiscalité, aménagement du territoire, organisation de
la recherche, documentation, réglementations et formalités imposées aux entreprises, etc.)
Il suggère donc de demander pour le Commissariat à la Productivité et le Comité national de
la productivité une délégation du président du Conseil « pour étudier les problèmes
d’organisation, de méthodes, de coût et de rendement intéressant les administrations
publiques ». Pour appuyer sa demande, il se réfère au précédent du CNOST, créé en 1937 au
ministère de l’Économie nationale et confié à J. Coutrot, « qui avait reçu compétence pour le
secteur privé comme pour le secteur public et qui, de 1936 à 1941, a consacré une notable
partie de son temps à l’étude des problèmes de rationalisation administrative ». Au même
moment, J. Dayre, un autre chargé de mission du nouveau Commissariat, conclut ainsi sa
note programme du 4 février 1954 : « la recherche d’une meilleure efficience du secteur
public s’inscrit dans les perspectives plus larges de la politique nationale de la productivité
» (B 46 467, p. 30).
24. G. Ardant, Technique de l’État, op. cit., p. 4-5.
25. G. Ardant, ibid., p. 42. Son ouvrage Technique de l’État est un manifeste en même temps
qu’un manuel, destiné à assurer les bases, les principes et les méthodes d’une gestion
publique des services publics (cf. p. 57-60 et p. 62-118). Sur son idée de « forger des
méthodes spécifiques au cas du public », voir aussi sa conférence à l’IHEDN, 20 novembre
1951, B 46 467.
26. Ardant exprime ici la vulgate des grands corps, et plus particulièrement celle de
l’Inspection des finances. De façon significative et selon un habitus technocratique
largement hérité de l’entre-deux-guerres, il ne cite ni la discussion démocratique ni le
consentement populaire ni le rôle du Parlement !
27. G. Ardant, Technique de l’État, op. cit., p. 60.
28. Interview de G. Ardant, été 1955 (B 46 469), « L’administration peut-elle rajeunir ses
méthodes ? » Ardant expose les deux alternatives de la réforme administrative : « Ou bien
on agit du dehors et par en haut en modifiant les structures administratives, ou bien on agit
du dedans, à l’intérieur même des structures existantes, en améliorant sans perte de temps
les méthodes de travail. Divers organismes tels que par exemple le CCECRSP ainsi que des
commissions parlementaires se sont déjà attachées au premier aspect du problème. En ce
qui me concerne, je crois qu’il est utile de remédier en premier lieu à l’organisation
défectueuse, au défaut de méthodes qui alourdissent et entravent le fonctionnement de
notre administration ».
29. Ardant désigne ainsi les ministères « dépensiers » qui refusent de se plier aux
injonctions de la rationalisation administrative, et sans doute aussi les syndicats, même s’il
reste toujours assez prudent sur le sujet. Par ailleurs, dans une note du 25 janvier 1956, il
fait allusion aux changements intervenus depuis la fin de la guerre dans l’administration et
souligne l’apparition « d’un certain état d’esprit qu’on doit bien accepter comme un fait et
l’évolution générale des notions d’autorité et de commandement ». La vieille administration
militaire n’est plus et le pouvoir hiérarchique a été amoindri par les réformes sociales et
syndicales de la Libération. Ardant, au tempérament abrupt et péremptoire, issu de la
vieille Inspection et marqué par son expérience militaire à la Libération, est contraint de
s’adapter au nouveau rapport de forces.
30. R. Gaudriault, son bras droit pour l’organisation, défend la même position : il ne faut pas
s’occuper des problèmes juridiques ni des problèmes politiques, dont les exemples types
sont la comptabilité publique ou le statut général des fonctionnaires et qui sont de
véritables « impasses » (B 46 472, Réunion du 16 juin 1958).
31. B 46 469, note du 25 janvier 1956, p. 10. Il affirme, en parlant de la réforme des méthodes
de travail : « Plus d’une telle série de telles mesures conduites avec compétence et tact que
d’une construction intellectuelle audacieuse mais irréalisable, il faut attendre cette
modernisation de l’administration française dont le coût de fonctionnement se trouvera
allégé et l’efficacité immédiate heureusement accrue au bénéfice de l’économie nationale
tout entière ».
32. B 46 469, interview de G. Ardant. On ne réforme pas par décret ! Dès 1954, J. Dayre, son
conseiller, conclut dans son rapport-programme (B 46 467, février 1954, p. 30) : «
L’administration ne se réformera pas d’elle-même par une inspiration des dirigeants
traduite en projets de loi ou de décrets. L’administration se réformera avec le concours de
son personnel et des usagers ». Plus tard, H. Baratin, spécialiste des bureaux O et M, parlera
lui aussi d’une nécessaire « coopération entre organisateurs et organisés » (op. cit., p. 204).
33. Il souligne que les cabinets-conseil, eux, n’interviennent qu’à la demande des clients.
34. Interview de G. Ardant, op. cit. « On doit attendre de cette amélioration des méthodes
une administration plus souple et plus rapide répondant mieux aux besoins de l’usager ».
35. Sur le CHEA, M. Debré, Revue de Droit Public, juillet-août 1948, p. 407-415. Cet organisme
créé en même temps que l’ENA par l’ordonnance de 1945 et rattaché à l’École, a pour but de
parfaire « la formation nécessaire à l’exercice des hautes fonctions publiques » (article 10) ;
il s’adresse prioritairement aux fonctionnaires issus des anciens concours de recrutement
des administrations centrales, dans le but de leur donner le même type d’enseignement que
les nouveaux énarques. Il regroupe dans des sessions de trois mois, à temps partiel, une
trentaine d’auditeurs (fonctionnaires, officiers, cadres du secteur privé), pour des travaux
communs et des enquêtes sur le terrain à partir d’une question d’actualité. Le CHEA a
fonctionné de 1947 à 1964, mais ne semble pas avoir rempli tous les espoirs mis en lui,
notamment en matière d’accès aux postes dirigeants.
36. Sur les programmes d’action de rénovation administrative élaborés par l’ITAP et la
compétition qui s’ensuit avec le Commissariat, B 46 467, note du 13 décembre 1954 et B 46
559, Rapport Gaudriault, juin 1952, p. 25-26.
37. Faisant dix ans plus tard le même diagnostic concernant la formation des cadres des
administrations centrales et la nécessité de changer « l’esprit » de l’administration, les
responsables de la RCB appliqueront, mais cette fois-ci à grande échelle, un programme de
formation continue aux techniques modernes d’aide à la décision et au management.
38. J. Dayre, ingénieur du génie rural, a travaillé dès l’entre-deux-guerres sur les questions
d’organisation administrative. En 1938, il fait au CNOF une communication sur la «
codification permanente » puis une seconde sur « le prix de revient d’un texte isolé dans
une collection documentaire ». En novembre 1942, il rend un rapport intitulé « Plan pour
l’organisation rationnelle de la diffusion des textes officiels ». En 1943, il est le secrétaire de
la commission d’étude sur l’information législative créée le 18 novembre 1943 à la demande
du CNOF, présidée par Migeon, commissaire du pouvoir. De février à août 1944, il anime un
groupe de travail sur « l’organisation de la documentation administrative en France » et
remet le 17 août 1944 un rapport général sur la documentation administrative et la
diffusion des textes officiels (CHAN F 60 994). Ces travaux seront en partie recyclés dans le
cadre de la création de la Documentation française en 1945. En 1946, il est membre de la
commission de la main-d’œuvre au Commissariat général au Plan et il est rapidement
associé aux nombreux travaux sur la productivité qui mobilisent alors J. Fourastié et son
équipe. Il publie en 1952 une étude sur : « La productivité, mesure du progrès » et fait partie
en 1953 du groupe de travail sur les concepts et la terminologie de la productivité du Centre
d’études et de mesures de la productivité au Plan. En 1954, il est conseiller technique au
Commissariat général à la Productivité, en charge du secteur public. Sur Jean Dayre, R.
Boulat, op. cit., p. 131-137.
39. B 46 467 et 46 678, rapport Dayre, « Esquisse d’un programme pour l’amélioration de la
productivité dans l’administration publique », 4 février 1954.
40. B 46 467 et 46 678, note « Éléments d’un programme pour l’amélioration de la
productivité dans les administrations publiques. La politique du personnel », 1er mars 1954.
41. Certains groupes de travail ne verront jamais le jour, comme celui sur l’assouplissement
du statut des fonctionnaires ou l’intéressement des agents publics aux gains de
productivité…
42. La cote 46 678 qui regroupe les écrits de J. Dayre est particulièrement riche. On y trouve
notamment la « Note sur les conditions de succès des réformes » rédigée en vue de la
préparation de la réunion du 22 novembre 1954 avec le groupe de travail Organisation
(Davost, Fontaine, Gaudriault), qui liste les difficultés rencontrées par les promoteurs des
réformes administratives ; une « Esquisse pour un plan de réforme administrative », du 7
décembre 1954, préparée pour l’ITAP ; une note sur « Quelques thèmes de recherches
fondamentales à suggérer au Conseil supérieur de la réforme administrative » du 26 août
1955 ; une note « Fonction publique » du 25 octobre 1955 ; une note « Programme » remise à
F. Raison le 27 octobre 1955 sous forme de fiches et une seconde version de l’ensemble en
date des 3 et 4 novembre 1955 (14 fiches dont une sur le budget fonctionnel et les coûts et
rendements) ; un projet d’enquête sur un futur centre d’orientation administrative du 3
novembre 1955 ; une note récapitulative des projets de réorganisation administrative du 4
novembre 1955 ; un rapport préliminaire sur les objectifs et les conditions d’une
réorganisation administrative du 16 août 1956, suivi d’un rapport complémentaire en date
du 4 décembre 1956, transmis à F. Raison le 21 décembre 1956 ; plus une liste de projets
ayant trait à la simplification des formalités administratives dans le cadre du rapport de
synthèse des travaux de la commission Administration et productivité.
43. Sur la création et le travail de cette commission, B 46 467, 46 468, 46 485 et 46 678. Après
une séance de travail préparatoire le 10 février 1954, la commission est installée
officiellement le 2 mars 1955 ; elle est composée de 23 membres, hauts fonctionnaires,
membres des organismes de productivité, représentants des syndicats, auxquels s’ajoute un
cabinet de conseil en organisation, Paul Planus, bien connu des administrations et ancien
membre de la commission nationale des économies en 1950. Sa première tâche consiste à
faire l’inventaire des organismes publics, semi-publics et privés qui concourent aux progrès
des techniques administratives (B 46 485). Son programme de travail est le suivant :
améliorer les relations entre administration et administrés ; promouvoir l’amélioration des
méthodes de travail ; susciter la création de bureaux O & M sur le modèle anglo-saxon ;
prévoir la formation de fonctionnaires aux techniques de l’O & M.
44. B 46 467 et 46 468 ; B 46 470, B 46 484 et B 46 485. Le groupe O & M est composé de
Brillaud et Mascard de la direction du Budget, de Girod pour la préfecture de la Seine, de
Bize, Baratin et Alibert pour le Commissariat à la Productivité, de Davost inspecteur des
Finances, de Béquart professeur à l’école Centrale, de Gaudriault de l’INSEE et de Planus.
Dès le début, Planus indique que les cours d’O & M n’ont d’efficacité que sur des
fonctionnaires expérimentés ayant une expérience pratique de l’administration, que
l’enseignement de l’O & M aux élèves de l’ENA n’est d’aucune utilité et qu’il faut viser les
directeurs ! Après avoir fait le bilan de la réforme administrative entre 1946 et 1954 (B 46
678), le groupe de travail retient deux axes principaux de réflexion : information et
formation des agents et des cadres de l’administration ; moyens d’améliorer l’O & M dans
l’administration (bureaux O & M, création d’un bulletin, consultation des cabinets de
conseil privés). Le groupe de travail se réunit tous les mois et rend un rapport final le 15
mai 1955 rédigé par H. Davost. La priorité est donnée à la réforme des taches d’exécution et
de gestion plutôt qu’à la réforme des structures, en commençant par les services extérieurs
et par les services des administrations centrales effectuant des tâches d’exécution. Il s’agit
bien de promouvoir la réforme administrative par le bas. Deux thèmes sont
particulièrement étudiés : les BOM (sur le modèle anglais) et la formation des personnels (à
tous niveaux, y compris ENA et CHEA) ; le groupe préconise de passer par une circulaire du
président du Conseil. Beaucoup d’autres suggestions sont faites : la création d’un organe
central chargé de la coordination, de la centralisation et de la diffusion de l’information, de
la normalisation des méthodes administratives (par exemple, la tenue de la comptabilité
administrative et la réforme de la comptabilité publique), la mise en place d’un service
central des achats et de formation des acheteurs, la formation et le perfectionnement des
comptables… Rappel est fait de la nécessité de poursuivre les études de coût et prix de
revient et le travail de codification des textes. Un lexique sur la productivité administrative
est entrepris.
45. B 46 467, B 46 469 et B 46 470. Le 15 septembre 1955, J. Dayre rend son rapport, qui traite
de sujets aussi divers que les marchés publics, les droits universitaires, les billets collectifs
SNCF, l’emploi des pères de famille, les fournitures de bureau, les relations humaines…
46. Deux sujets sont travaillés plus spécialement, la création d’un centre interministériel
d’orientation du public et l’amélioration des conditions de réception des malades dans les
hôpitaux.
47. B 46 678, note du groupe O & M, 22 novembre 1954 et B 46 485, projet de rapport du
groupe de travail O & M. Au même moment, l’ITAP dresse un constat identique le 13
décembre 1954 dans sa note intitulée « Programme d’action de rénovation administrative »
(B 46 467). À propos des résistances opposées à l’introduction de l’O & M, l’ITAP souligne
que « la crainte des licenciements continue à provoquer dans les services publics de fortes
réticences à l’égard d’une politique de rendements ».
48. R. Gaudriault, né en 1912, docteur en droit, entre dans l’administration du ministère de
la Guerre comme auxiliaire, passe le concours de rédacteur en 1936 et y occupe le poste de
chef d’atelier mécanographique. Détaché au ministère des Finances en 1940 puis intégré en
1941 dans le service national de la Statistique dirigé par le contrôleur général René
Carmille, chef de section en 1943, il collabore avec J. Trouvé, sous-chef de bureau aux
Finances, aux travaux du Centre des problèmes administratifs d’H. Puget au sein de la
fondation Alexis Carrel ; il rédige une série de rapports, notamment en 1943, sur « La
mécanisation des travaux administratifs dans les services publics », en 1944 sur « Les
conséquences du travail dans les ateliers de mécanographie sur la santé des personnels et la
sélection du personnel mécanographe », en 1945 sur « Le calcul du prix de revient des
travaux administratifs dans les services publics ». En 1945, il est intégré dans le corps des
administrateurs de l’INSEE. Il réalise à partir de 1949 des travaux d’enquête pour le CCE,
notamment sur « Les résultats de l’intervention de M. Paul Planus à l’établissement régional
du Matériel de Vincennes » (1949) et sur « Les résultats de l’intervention du cabinet A. Vidal
au MRU » (1951). Il rédige en septembre 1951 un rapport d’ensemble sur les résultats des
organisateurs-conseil dans les services publics (Planus, Vidal, CORT) et un second en 1952
sur « l’étude des méthodes de travail dans les administrations publiques » (B 46 559) où il ne
réfute pas par principe l’intervention des ingénieurs-conseil mais en circonscrit les
modalités.
49. B 46 470 et B 46 475. Cette mission est la première mission de productivité consacrée aux
techniques administratives, ouverte aux membres de l’administration (il y en a eu trois en
1953 pour les organisateurs-conseil privés). Peu nombreuses ont été les missions de
productivité concernant l’administration des Finances ; on peut citer la mission de
productivité fiscale de 1951, à laquelle a participé M. Lauré, inspecteur des Finances, et qui
l’a inspiré dans ses travaux sur la réorganisation du contrôle fiscal et sur la création des «
brigades de polyvalents » (voir AO, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France et Fonds Budget B 33 455, conférence prononcée par M. Lauré le 9 décembre 1952 sur
« Impôts et productivité » publiée en janvier 1953). Il faut aussi mentionner en septembre
1953 la mission Statistiques financières et INSEE. Comptabilité nationale (B 33 455). Citons enfin
en 1951, envoyée par R. Goetze, directeur du Budget, celle de J. Rossard, administrateur
civil, consacrée au budget américain, mais qui ne relevait sans doute pas à strictement
parler des missions de productivité.
50. Par exemple, le rapport Gaudriault sur les structures administratives des services
publics et privés, B 46 475.
51. B 46 467, note du 21 juin 1954.
52. B 46 469, note du 28 octobre 1954. On voit dans le même carton que R. Gaudriault a fait
venir du matériel de bureaux des États-Unis.
53. B 46 678 ; 46 469 et B 46 467.
54. B 46 467. P. Pflimlin reprend là un ancien projet du MRP (cf. la proposition de loi Fagon
du 20 avril 1948, débattue le 23 février 1949). Voir aussi les articles de R. Catherine dans la
Revue administrative, n° 18, 1949 et n° 21, 1951 ; l’expérience de Guy Petit en 1952 et la
proposition de loi Marcellin du 20 mars 1953. Ce Commissariat à la Réforme administrative
serait « habilité à rationaliser les méthodes de l’administration, à y introduire comme on le
fait dans les entreprises privées la notion d’OST et à opérer les coordinations nécessaires.
Passé un certain délai, cette refonte peu spectaculaire mais utile permettrait de dégager des
économies dont le montant serait versé aux fonctionnaires », Le Figaro, 28 juin 1955. Selon
les Échos du 21 juillet 1955, ce serait la première fois que le Gouvernement songerait à imiter
le secteur privé en empruntant les méthodes de l’OST. Selon L’Aurore du 28 juillet 1955, les
nouveaux mots d’ordre sont « simplification, mécanisation, modernisation des techniques,
réduction des coûts des services, coordination, réformation ». La presse reprend avec succès
cette idée d’une autre réforme administrative, toutes les autres ayant en apparence
échoué…
55. B 46 467. La mission serait composée de 20 à 25 fonctionnaires civils et militaires
délégués par les différents ministères.
56. B 46 467.
57. B 46 485, décret du 26 juillet 1955 tendant à assurer une meilleure efficacité des
structures et des méthodes administratives, JO, p. 7502.
58. J. Flaissier est ingénieur-conseil. Le secteur Organisation rencontre de grosses difficultés
pour donner à ses organisateurs contractuels des rémunérations comparables à celles du
secteur privé et pour fidéliser ses personnels d’intervention. Voir B 46 472, « Note sur les
conditions administratives dans lesquelles se poursuit actuellement l’action de
réorganisation dans les services publics et solutions proposées pour permettre l’extension
de cette action », annexe III, mars 1957, et l’entretien de J. Flaissier avec P. Masquelier, n° 1
du 3 février 1999, AO Comité pour l’histoire économique et financière de la France.
59. H. Baratin est fonctionnaire détaché de l’Éducation nationale.
60. B 46 678. L’ensemble des documents budgétaires conservés pour les années 1955-1956
montre que la négociation du budget du secteur Organisation se fait directement entre
Gaudriault et Mascard, administrateur au bureau B2 à la DB.
61. B 46 479. Le premier cycle de formation organisé en juin 1955 accueille 16 auditeurs,
majoritairement issus des entreprises publiques, qui ont été particulièrement ciblées cette
année-là par le Commissariat général.
62. B 46 483. Les sessions se succèdent : administrateurs civils, inspecteurs des Finances,
corps de contrôle, officiers supérieurs des armées, cadres moyens des administrations
centrales, contrôleurs, DREE, contrôleurs des Armées, dactylographes, monitrices, etc. Le
cycle Administrateurs civils du ministère des Finances (10 juin-4 juillet 1958), demandé
expressément par Yves Malécot, directeur du Personnel le 2 juin 1958 et en partie conçu par
lui, réunit 15 administrateurs (12 sur 15 sont énarques) ; parmi eux, 4 administrateurs du
Budget. Mais l’évaluation de ce stage par le chef du secteur Formation fait apparaître qu’il y a
eu un fort absentéisme. Sur l’organisation des cycles de formation entre 1955 et 1958 et la
difficulté à attirer les stagiaires, B 46 568, B 46 472, B 46 478, B 46 479, B 46 480 et B 46 481.
Sur le cycle Inspecteurs des Finances (janvier 1956, organisé à l’initiative de Fayol, chef de
service, sur la proposition de Flandin), B 46 478 et 46 479.
63. Cycles « collaborateurs O & M ou spécialistes », B 46 472, B 46 480 et 46 481.
64. B 46 472, note du 29 août 1956 de R. Gaudriault à la direction du Budget.
65. B 46 479. Par exemple, P.-R. Bize professeur de psychotechnique au CNAM ou M. Crozier
jeune chercheur au CNRS qui vient de publier Petits fonctionnaires au travail aux éditions du
CNRS (1955). Sur le développement de la psychotechnique au CNAM, T. Le Bianic « Le
Conservatoire des Arts et Métiers et la « machine humaine ». Naissance et développement
des sciences de l’homme au travail au CNAM (1910-1990) », Revue d’Histoire des Sciences
Humaines 2/2004, n° 11, p. 185-214.
URL : www.cairn.info/revue-histoire-des-sciences-humaines-2004-2-page-185.htm. DOI :
10.3917/rhsh.011.0185.
66. B 46 478, 46 479 et 46 480.
67. B 46 479.
68. 2 en 1955, 4 en 1956, 8 en 1957 et 9 en 1958.
69. B 46 469, Note du 25 janvier 1956. G. Ardant considère que son action de sensibilisation
et de formation a permis de créer cinq BOM, au MRU, à la Santé Publique et Population, au
Secrétariat de l’Air, à l’Éducation nationale et au secrétariat général à l’Aviation civile.
70.Ibid., p. 8.
71. B 46 472 et entretien de J. Flaissier avec P. Masquelier, n° 1 du 3 février 1999. AO Comité
pour l’histoire économique et financière de la France.
72. B 46 472, Programme d’action de l’année 1957 en matière d’organisation administrative
dans les services publics, et budget correspondant, F. Raison, 29 août 1956.
73. Par exemple, en 1966-1968 puis en 1970, le SCOM intervient à la DB pour réorganiser de
fond en comble les circuits du courrier et ceux de la transmission des notes, totalement
engorgés, faute de système de priorité pour les documents (B 46 518).
74. B 46 472. Conformément à la doctrine O & M, on ne trouvera rien en matière de
réorganisation globale, rien sur les structures, rien sur la comptabilité publique et rien les
questions de statuts du personnel. Cf. B 46 501, Conférence de R. Gaudriault devant la CEGOS
le 1er juin 1959.
75. B 46 469, Note Filippi, p. 9.
76. B 46 490 et B 46 472.
77. B 46 472, Prix de revient et coûts des services suite à la circulaire Budget du 25
novembre 1955.
78. B 46 470 et B. 46 469, Interview de G. Ardant, op. cit.
79. B 46 472.
80. B 46 468. Il existe une abondante revue de presse sur le mouvement O & M.
81. B 46 469, note du 25 janvier 1956.
82. B 46 472, Le secteur Organisation est abonné à toutes les revues françaises et
internationales de science administrative et d’O & M, en Allemagne et en Grande-Bretagne,
mais surtout aux États-Unis (6 revues américaines). De même, le matériel de bureau utilisé
par le secteur organisation est largement américain.
83. B 46 472, PV de la réunion de coordination du 4 juin 1956. Dans cette réunion, il est
question des « différents graphiques d’analyse » qu’utilisent les analystes du secteur O & M
et qui proviennent notamment de Planus et du cabinet B. G. Proposition est faite d’unifier
ces outils « afin que les organisateurs « parlent la même langue ». Baratin et Chassaing sont
chargés de mettre au point la « méthode officielle » qui devra comprendre « à la fois le
graphique d’analyse et les autres imprimés de travail ».
84. B 46 559, rapport Gonot, CCE, 1955, p. 41-42. J. Gonot précise que le chef de service doit
utiliser le BOM comme « un auxiliaire du commandement » et qu’il appartient aux
responsables « de fixer les données du problème » ou « les règles du jeu » et de « faire les
choix fondamentaux des conditions à respecter et des buts à atteindre ».
85. B 46 478, 46 479, 46 480, 46 481.
86. B 46 510, rapport Baratin sur les BOM dans les administrations publiques, CCE, 1960,
notamment p. 11 à 15. Baratin décrit de façon détaillée les méthodes d’intervention ou
d’étude des BOM et souligne les difficultés provoquées par la nature et la forme des
rapports d’analyse ou d’exécution. Voir aussi son ouvrage, H. Baratin, Organisation et
méthodes dans l’administration publique, Paris, Berger-Levrault, 1971, p. 64-141.
87. On notera l’effort fait pour que soit distinguée l’activité d’un BOM de celle d’une mission
de contrôle, d’inspection ou de vérification.
88. CAEF, B 33 330. Cf. le premier rapport annuel du contrôle des dépenses engagées au
ministère de l’Économie nationale (MEN) rédigé par le contrôleur financier Jacquet, 1945, 50
p, p. 45-49. On apprend dans le rapport que Planus aurait quelque peu forcé la main du MEN
pour obtenir un contrat de conseil en organisation au service Importations/Exportations du
MEN et qu’il aurait déjà des antécédents en la matière en 1942 au ministère de l’Agriculture
et au Ravitaillement. Face au refus de visa du contrôleur financier, la décision financière
remonte jusqu’à Cusin, secrétaire général du MEN.
89. CHAN, F 60 1419. La Cour des comptes se montre sévère sur les organisateurs privés qui
sont intervenus dans l’administration sous Vichy et qui auraient commis des « abus » (cf.
référé en mars 1942). La Cour met notamment en cause les rémunérations excessives
allouées aux cabinets de conseil et le principe même d’une telle intervention ; la Cour
estime « qu’il n’appartenait pas à des particuliers ou à des sociétés privées d’assumer, même
en partie, une mission dont la charge et la responsabilité incombent aux seuls responsables
de l’autorité et qu’il n’était pas sans danger de confier le secret de gestion administrative à
des personnes ne présentant pas les garanties exigées de l’État ».
90. B 46 559, Note Flandin, CCE, 14 septembre 1955, p. 2.
91. En 1946, lors des premières séances du CCE, Ardant se montre réticent à l’emploi des
cabinets de conseil, rejoint sur ce point par le représentant du Conseil d’État. En 1949, le
CCE enquête sur les contrats et les résultats des cabinets de conseil en organisation ; ses
conclusions concernant les services chargés de l’organisation du travail dans
l’administration, sont mitigées. Quelques années plus tard, la note Flandin remise au CCE le
14 septembre 1955 (p. 2) invoque deux griefs : « Leur attitude exagérément critique à
l’encontre des méthodes administratives traditionnelles » et « leur méconnaissance
administrative ».
92. F 60 1419. En 1947-1948, la DB a une position moins tranchée et plus pragmatique que la
Cour des comptes. Sollicitée sur la question des cabinets de conseil en organisation, elle
propose une procédure de contrôle et de validation des interventions : « Les contrats ou
conventions seraient soumis pour avis au CCE et au ministère des Finances, ainsi que les
prorogations, les rapports et les conclusions de ces cabinets privés ». La DB va jusqu’à
mettre au point un projet de décret transmis le 30 janvier 1948 au SGG (n° 1049), qui restera
sans suites. L’exposé des motifs dévoile l’alliance CCE-DB : « Le concours des spécialistes
étrangers à l’administration peut dans certains cas se révéler très précieux. En raison de
l’énorme accroissement de l’activité de l’État et de l’extrême complexité des tâches
multiples auxquelles il doit faire face, il peut être quelquefois nécessaire de faire appel à des
techniciens particulièrement au courant des méthodes du Commerce ou de l’Industrie. Il ne
saurait donc être question d’interdire d’une façon absolue ou définitive aux administrations
publiques, soit de confier certaines études d’organisation des services à des particuliers qui
se sont acquis une large expérience et une certaine notoriété, soit de faire assister de ces
particuliers les fonctionnaires chargés de ces études. Il s’agit seulement de réglementer et
d’organiser cette collaboration entre les techniciens privés et les services publics afin de la
rendre plus féconde et de mettre fin aux abus […] La solution, c’est donc de soumettre pour
avis au CCECRSP les contrats des cabinets de conseil en organisation […] Le CCE qui a pour
mission de proposer la réforme du fonctionnement, de la structure ou de l’organisation des
administrations semble en effet particulièrement qualifié pour apprécier l’opportunité des
appels que les services peuvent être amenés à faire aux spécialistes non-fonctionnaires et
des travaux qui peuvent être confiés à des spécialistes. La liaison étroite qui pourra ainsi
s’établir entre les enquêteurs du Comité et les techniciens privés ainsi que la
communication au CCE des rapports, conclusions et suggestions de ces derniers, faciliteront
grandement la lourde tâche de cet organisme ». Le projet reste sans suite, car les ministères
techniques n’ont évidemment aucune envie de se lier les mains ni de soumettre au CCE ou à
la DB les interventions des cabinets de conseil ! C’est pourtant ce qui va se passer, non pas
avec le CCE, mais à partir de 1956 avec le Commissariat à la Productivité et puis à partir de
1959 avec le SCOM. Dans ce projet, on voit que F. D. Gregh, directeur du Budget, se montre
assez ouvert aux questions d’organisation scientifique du travail ; de fait, en septembre
1948, il accueille favorablement le Bureau du Personnel des Nations-Unies qui le sollicite
pour créer un Institut international d’administration publique qui serait chargé de former
les fonctionnaires, de développer les sciences administratives et l’OST dans les services
administratifs, en liaison avec l’IISA et l’Unesco (B 10 496). Son successeur, Goetze, se
montrera encore plus intéressé par ces questions d’organisation ; siégeant avec Planus à la
commission nationale d’économies en 1950, il engage ce dernier en 1950-1951 pour la
réorganisation de la DB et il aurait bien aimé « s’attacher les services permanents d’un
organisateur-conseil du secteur privé » si les tarifs des organisateurs n’y avaient pas fait
totalement obstacle (cf. rapport Gaudriault de 1952, B 46 559).
93. B 46 502, Note de F. Raison, 22 août 58.
94. B 46 467.
95. B 46 469.
96. Ardant ne ménage pas sa peine, il écrit des notes aux ministres, destinées aux directeurs
du Personnel des ministères « dépensiers » ; à partir de 1955, il sollicite et obtient le soutien
du directeur du Budget, Goetze, et en interne, celui du directeur du personnel du ministère
des Finances, Verny.
97. B 46 479, 46 480 et 46 481.
98. B 46 481, note du 16 juillet du responsable Formation, Constant, à Gaudriault. Les stages
RCB dans les années 1970 rencontreront les mêmes écueils !
99. B 46 472.
100. B 46 472 et 46 479. L’IESTO a pour objet la formation et le perfectionnement des
spécialistes des fonctions supérieures d’organisation dans les secteurs privé et public ; le
cycle de formation dure 9 mois, alternant théorie et stages pratiques.
101. B 46 469, Interview de G. Ardant, op. cit., et note de G. Ardant du 25 janvier 1956.
102. Sur le Séminaire Dirigeants, 22 juin 1955, Rapport de présentation, B 46 468 et B 46 484.
103. B 46 485.
104. B 46 559 et B 46 467. ITAP, « Un programme d’action en vue de l’amélioration de
l’organisation et du fonctionnement des administrations publiques », juin 1962 et «
Programme d’action de rénovation administrative », 13 décembre 1954.
105. B 46 559, rapport Gaudriault, CCE, 1952 sur « Les services s’occupant d’organisation du
travail dans les administrations publiques », où un long volet est consacré au rôle récent de
la DB et du bureau B1 en matière de réforme administrative, p. 15-17 et B 46 485, inventaire
des organismes publics concourant au progrès des techniques administratives (fiche
descriptive du bureau B1).
106. Création d’un bureau des études budgétaires, mission aux États-Unis sur le Bureau of
Budget, travaux sur le budget fonctionnel, réforme de la présentation des documents
budgétaires et de la nomenclature budgétaire, circulaire sur la comptabilité des
investissements, travaux internes de préparation de la réforme constitutionnelle, travail
sur les budgets économiques, articulation avec la comptabilité nationale, etc.
107. B 46 568 et archives Goetze, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France. L’intervention de Planus en vue de la réorganisation et de la redéfinition des
missions de la DB se déroule du 1er février eu 14 août 1951. Dans le rapport final, figurent
des préconisations sur la réforme administrative, le budget fonctionnel et le calcul du prix
de revient des services.
108. J. Rossard est envoyé aux États-Unis en 1950 pour se renseigner sur le budget
fonctionnel et sur le Bureau of Budget (archives Goetze, Comité pour l’histoire économique
et financière de la France). Cf. J. Rossard, « La réforme de la présentation des dépenses dans
le budget français », in Institut de droit comparé de l’Université de Paris, Études de finances
publiques, La Réforme budgétaire, t. II, Les éditions de l’Épargne, 1954, p. 39 à 52.
109. J. Gallois fait partie de la mission des techniques administratives de janvier 1954 aux
États-Unis.
110. B 46 502. Conférence de J. Mascard à l’ITAP, 27 mai 1955, sur les nouvelles attributions
de la DB en matière d’O & M et de réforme administrative.
111. B 46 559, circulaire DB-B1 du 25 novembre 1955, signée P. Pflimlin et Gilbert-Jules. La
circulaire paie largement sa dette au CCE et propose une annexe méthodologique pour aider
les services à calculer le prix de revient (tableaux à remplir : coût d’un service selon la
nomenclature budgétaire, dépenses, recettes, coût net, prix de revient, coût d’un service
par nature de dépenses, dépenses de personnel, frais de matériel, dépenses immobilières ;
dépenses de constitution de stocks, dépenses d’investissement administratif, dépenses
administratives, dépenses d’activités). La démarche est présentée avec modestie, sous forme
d’initiation, comme une étape transitoire et provisoire…
112. B 46 518.
113. Sur la création de ce fonds et sur la procédure d’attribution des crédits, B 85 04 et B 46
518, circulaire E2-11 du 10 mars 1956, reprise et complétée par la circulaire du 25 février
1958.
114. CAEF, B 46 518.
115. SAEF, B 46 518, circulaire du 10 juillet 1954, p. 2.
116. B 46 685 et B 10 496. Projet de loi Metayer, déposé le 30 avril 1957 avec le soutien du
Commissariat général à la Productivité (J. Dayre). L’idée est d’« intéresser les fonctionnaires
et agents des services publics à la conception et à l’application des réformes administratives
» et de « vaincre par ce moyen les réserves ou les réticences que les agents des services
publics peuvent être tentés d’opposer à des mesures susceptibles de modifier profondément
leurs attributions ou leurs méthodes de travail ». En effet, selon les auteurs de l’exposé des
motifs, « les projets de réforme administrative suscitent certaines réticences de la part des
fonctionnaires. Ces réticences se fondent sur des éléments d’appréciation d’ordre négatif ou
positif, dont principalement le fait que, depuis une trentaine d’années, les projets de
réforme ont eu souvent pour conséquence directe ou indirecte des mesures restrictives à
l’encontre des agents des services publics, ainsi qu’une tendance à sous-estimer les
avantages possibles des changements et à surestimer les inconvénients qui pourraient en
résulter. Il convient donc de rechercher les moyens propres à obtenir l’appui des
fonctionnaires ». Selon le texte, cette mesure de restitution des gains de productivité serait
rendue possible par l’article 1er de la loi du 17 août 1948 mais surtout par l’article 21 du
décret du 19 juin 1956 réglant le mode de présentation du budget de l’État.
117. Sont ici particulièrement visées les primes de productivité des entreprises
nationalisées, les primes de rendement dites « de l’article 5 et 6 » des services financiers et
certaines primes des ministères techniques (cf. par exemple le décret no 55-1002 du 26
juillet 1955 sur les primes pour services rendus des agents conducteurs des travaux publics).
118. B 46 485. Lors de la préparation du budget 1955, la DB a proposé un système «
d’encouragement à la productivité des services publics » ; les services qui obtiendraient des
économies à la suite d’un effort d’organisation pourraient disposer de ces économies pour
développer leur effort d’amélioration de la productivité.
119. B 85 04. C’est le nouveau bureau E2 qui sera chargé de gérer les crédits « Productivité »
pour les services publics.
120. B 46 472 et 46 478. Les archives attestent de la collaboration étroite mise en place entre
la DB et le secteur Organisation du Commissariat en 1955-1956 sur des sujets divers, l’O & M,
la comptabilité des engagements, la comptabilité des investissements, le calcul du prix de
revient, l’organisation des cycles de formation (circulaire conjointe DB/Commissariat à la
Productivité à partir de 1955), la création de l’IESTO…
121. B 10 496.
122. P. Chatenet, conseiller d’État, directeur de la Fonction publique en 1955, est lui aussi
acquis à l’O & M. Cf. sa lettre à G. Ardant en décembre 1955 insistant sur la nécessité de
former des spécialistes O & M (B 46 502).
123. B 46 467 et B 46 559, R. Gaudriault, rapport d’enquête sur les résultats de l’intervention
du cabinet A. Vidal au MRU, février 1951 ; rapport d’ensemble sur les résultats
d’organisateurs-conseils dans les services publics, septembre 1951 ; note relative à la
généralisation des réformes apportées à l’organisation administrative de l’établissement
régional du Matériel à Vincennes ; rapport d’enquête sur l’étude des méthodes de travail
dans les administrations publiques, janvier-juin 1952.
124. L’ITAP développe le même projet et rattache son centre interministériel d’O & M
(CIOM) à la Présidence du Conseil et au ministre de la Réforme administrative, B 46 467,
Programme ITAP, 13 décembre 1954.
125. B 46 559.
126. B 46 559. « Conclusions sur la détermination et l’analyse des coûts et des prix de
revient des services administratifs de l’État », 15 octobre 1954 ; projet de circulaire de la
direction du Budget (E1) concernant les coûts et les prix de revient des services
administratifs de l’État en date du 21 avril 1955.
127. Pendant sa scolarité à l’ENA, J. Gonot, qui sortira à l’Inspection, effectue son stage
d’entreprise chez Péchiney, dans un service d’O & M ; c’est là qu’il prend connaissance des
méthodes d’OST d’inspiration américaine. Témoignage de Jean Gonot, entretien avec
Florence Descamps, n° 1, du 25 février 2009, AO Comité pour l’histoire économique et
financière de la France.
128. B 46 559. Rapport Gonot-Flandin, 14 septembre 1955, examiné le 4 mai 1956, approuvé
en juin 1956.
129. B 46 559. Conformément aux propositions du rapport de 1955, Flandin dit avoir obtenu
un accord pour que l’O & M soit présentée à l’ENA, tandis que le service de l’Inspection
accepte le principe d’une session de formation O & M pour les jeunes adjoints à l’Inspection
130. B 46 559. Rapport Flandin-Gonot, p. 4 et Note Gonot, 18 juin 1956.
131. Le même rapport 1957 revient par ailleurs sur la nécessité d’élaborer un budget
fonctionnel.
132. B 46 483, B 46 479 et B 46 472. Y. Malécot, directeur de la Monnaie et des Médailles, dès
1957 essaie d’introduire la productivité dans ses services ; c’est lui qui crée, en 1958 à la
direction du Personnel et du Matériel, le BOM de l’administration centrale des Finances, et
qui recrute H. Baratin, formé par le Commissariat à la Productivité. C’est enfin lui qui
demande en 1958 au Commissariat d’organiser des cycles de formation O & M pour les
administrateurs civils des Finances.
133. B 46 568, B 46 472, B 46 479, B 46 480. On trouvera sous ces cotes la liste des cycles de
formation organisés par le secteur organisation et les listes nominatives des participants de
l’administration centrale des Finances aux cycles de formation O & M entre 1955 et 1959,
par corps (inspecteurs des Finances, administrateurs civils et attachés d’administration,
dactylographes, etc.), par direction et par année. Le service Formation fait état pour l’ACF
de 228 personnes, parmi lesquelles la DGI vient largement en tête.
134. B 46 479. Cf. également les études d’indicateurs d’activités réalisées à la DGI et le calcul
du nouveau barème à la direction de la Comptabilité publique par J. Farge, les études de
rendements au bureau E2 à la DB, au BOM des Finances et au BOM de la DGI, etc.
135. B 46 472, note pour la DB, 29 août 1956, Programme d’action de l’année 1957 en matière
d’organisation administrative dans les services publics, et budget correspondant, signée F. Raison.
136. B 46 472 et B 46 678.
137. B 46 472. R. Gaudriault avait demandé dans son budget prévisionnel 30 millions de
francs, pour en obtenir 20, il en obtint finalement 9 (note du 21 février 1957).
138. Pour un exposé détaillé des coupes budgétaires, voir B 46 472 et B 46 678.
139. Le même phénomène s’est produit en 1948, lorsque contre toutes ses déclarations de
principe, G. Ardant a été conduit à mettre en avant les capacités du CCE pour établir une
liste de mesures d’économies en vue du plan de redressement économique et financier du
gouvernement de R. Mayer.
140. B 46 472 et B 46 478. « Note relative à une participation du Commissariat général à la
Productivité à une action générale de réorganisation administrative », 4 mars 1957, signée
G. Ardant, avec son annexe n° 2 dans laquelle Ardant énumère toutes les économies en
personnel et en matériel qu’il est parvenu à faire ou à faire faire dans tel ou tel service et
son annexe n° 3, « Note sur les conditions administratives dans lesquelles se poursuit
actuellement l’action de réorganisation dans les SP et solutions proposées pour permettre
l’extension de cette action ».
141. Il propose de recruter une vingtaine de spécialistes parmi les anciens stagiaires du
secteur.
142. B 46 472 et B 46 678, note Gabriel Ardant du 4 mars 1957 et annexe I sur les
répercussions des actions d’organisation du Commissariat général à la Productivité en
matière d’économies.
143. B 46 678. Note du 26 juillet 1957.
144. B 46 678. Rapport Dayre sur « les conditions de la productivité dans les administrations
publiques », 10 octobre 1957 et B 46 485, rapport d’activités de la commission «
Administration et productivité ».
145. B 46 678 et B 46 485. Rapport Fontaine, novembre 1957 sur la réforme administrative.
146. B 46 502. R. Gaudriault conserve dans ses archives un projet de loi daté de 1946 portant
création d’un service d’O & M et d’un statut du personnel spécialiste des travaux
d’organisation et de mécanographie dans les administrations publiques. Ce SOM serait
rattaché à l’INSEE. En est-il l’auteur ? Vraisemblablement.
147. B 46 678. Rapport sur les services publics, 20 p.
148. B 46 472, p. 2.
149. R. Gaudriault liste les nouvelles techniques qui devraient être enseignées :
électronique, informatique, recherche opérationnelle, « procédés modernes de gestion »…
150. B 46 678.
151. B 46 678.
152. B 46 678, note du 16 décembre 1957. Dans le brouillon de la note percent l’acrimonie de
l’auteur à l’égard de la DB et son tropisme Présidence du Conseil : « Les crédits évoqués ci-
dessus sont gérés par la DB sans aucun lien avec la DFP qui a cependant mission,
conformément à la loi du 19 octobre 1946, de promouvoir la réforme administrative ». Le
chiffon brûlerait-il entre le Commissariat et la DB ? Est-ce l’une des conséquences des
coupes budgétaires de l’hiver et du printemps 1957 ou d’une concurrence accrue ?
153. B 46 678.
154. B 46 678.
155. B 46 678. Dossier de janvier 1958, note relative à un projet de décret portant création
d’un centre interministériel d’O & M, projet de circulaire à la signature du président du
Conseil, diverses notes annexes, fiches techniques. Les attributions du CIOM sont les
suivantes : organisation de cycles d’information sur les techniques administratives ;
sélection, formation et perfectionnement des spécialistes de l’organisation administrative ;
aide aux ministères pour la création et la mise en place de BOM ; interventions à la demande
des services ; études et essais de matériels, équipements, méthodes ; tenue et mise à jour
d’une documentation spécialisée sur l’O & M. Il est précisé que, dans l’idée de concurrencer
ou de « battre en brèche le monopole anglo-saxon » (on compte 1 expert français pour 50
anglo-saxons), « le Centre est obligatoirement consulté pour la recherche et la désignation
d’experts en organisation scientifique qui peuvent être nécessaires au titre de l’assistance
technique ». Un champ nouveau semble également s’ouvrir, celui des « ensembles
électroniques de gestion » dont le CIOM devra relever le défi technologique et bureautique.
Le texte comporte enfin un projet de statut pour un corps de futurs « organisateurs »
publics, capable de supporter la concurrence du privé et de rompre avec la politique de
bouts de chandelle pratiquée par les pouvoirs publics (personnels prêtés ou mis à
disposition, détachés, contractuels rémunérés par l’AFAP sur le chapitre 34-93).
156. B 46 678. Note « Création d’un bureau central d’O & M », 7 mars 1958.
157. B 46 678. Dossier janvier 1958, fiche 1-A-1 sur le coût et rendement des services et sur
le prix de revient : « Le Commissariat général à la Productivité élabore actuellement une
méthode détaillée de calcul des coûts qui devrait faciliter l’application dans les services des
circulaires de la DB. Cette méthode est en même temps appliquée à titre expérimental au
secteur « Organisation administrative » du Commissariat. Sur un plan général, il semble que
peu d’études de coût aient été faites dans les administrations ».
158. G. Devaux, La comptabilité publique, Paris, PUF, 1957. C’est Devaux qui assurera la
majeure partie de la rédaction de l’ordonnance organique de janvier 1959. Nous avançons
l’hypothèse d’une compétition triangulaire en 1956-1959 entre Goetze, Ardant et Devaux
autour de la réforme administrative et budgétaire, compétition de personnalités et
d’inspecteurs des Finances autant que de doctrines et de modèles budgétaro-comptables.
159. B 46 502 et B 46 472. Note sur l’action du Commissariat général à Productivité en
matière d’organisation administrative dans le secteur public, juin 1958.
160. B 46 502 et B 46 472. L’idée d’un CIOM ne peut qu’éveiller un écho favorable auprès d’A.
Boulloche, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, ancien haut fonctionnaire du
ministère de l’Air et des Travaux publics au Maroc. Ancien responsable de la Résistance
dans l’Armée secrète, ancien directeur de cabinet de P. Ramadier et homme de gauche, il est
pour G. Ardant un interlocuteur plus facile qu’A. Pinay, ministre des Finances.
161. B 46 472 et B 46 502. C’est R. Gaudriault qui se voit confier le dossier et qui rédige les
papiers, notamment les projets de statuts pour le nouveau corps d’ingénieurs publics en
organisation, en lien avec P. Questiaux, du bureau E2, et J. Coti, de la sous-direction PCM de
la DB ; c’est également lui qui étudie la meilleure solution statutaire pour le CIOM :
établissement public ou fondation ? À cette occasion, il prend contact avec J. Touchard à
l’IEP de Paris et à la FNSP. Le projet prévoit également de créer un institut national
d’organisation qui serait rattaché à l’ENA pour former des ingénieurs d’État en organisation
en deux ans.
162. Plus connu pour ses préconisations économiques, financières et monétaires, le Comité
Pinay-Rüeff n’a pas négligé la question de la modernisation de l’État ; il s’agit d’« alléger les
dépenses, accroître l’efficacité et la rapidité de l’administration ; simplifier ses rapports
avec les administrés ». Le rapport liste une série d’actions prioritaires telles que « réviser
l’architecture des administrations centrales », revoir « le découpage administratif du
territoire », entamer « la révision minutieuse de tous les détails de fonctionnement »,
engager « la suppression des formalités inutiles et étudier à fond les possibilités nouvelles
qu’étendent chaque jour les progrès des techniques d’organisation ». Le Comité va jusqu’à
préconiser la création d’un bureau Organisation et Méthode dans chaque ministère et
l’importation des méthodes des cabinets privés de conseil, ainsi que la nomination dans
chaque ministère d’un fonctionnaire spécialisé dans ces questions, le tout coordonné par un
membre du Gouvernement. On reconnaît là le programme de travail du bureau E2 à la DB,
du CCE et du Commissariat général à la Productivité… et la patte de P. Questiaux.
163. B 46 502. Lors de la remise au printemps 1959 d’une « Note sur l’action du
Commissariat général à la Productivité en matière d’organisation administrative », dotée de
nombreuses annexes, V. Giscard d’Estaing, secrétaire d’État au Budget, manifeste son
intérêt pour « la productivité administrative » et pour les économies qui pourraient en
résulter.
164. B 85-04. Note de G. Devaux, 10 avril 1959.
165. B 46 502.
166. B 46 502. Note manuscrite, non signée. La récupération du SCOM fait l’unanimité des
autorités du ministère des Finances : la direction du Personnel (Verny), la direction du
Budget (Mascard, Coti) et Antoine Dupont-Fauville (directeur de cabinet de Michel Debré
premier ministre, mais inspecteur des Finances gardien des intérêts de la rue de Rivoli).
167. B 46 502.
168. A. Boulloche, le 8 janvier 1959, devient ministre de l’Éducation nationale dans le
gouvernement de M. Debré.
169. Notons que, bizarrement, l’année 1959 a vu disparaître le portefeuille de la Réforme
administrative, auquel succède celui de l’Administration générale (P. Chatenet) puis de la
Fonction publique (L. Joxe).
170. B 46 556. En 1964, alors que la mission Racine pour la réforme administrative travaille
sur un énième plan de réforme administrative, R. Flaissier, responsable des interventions au
SCOM, se déclare favorable à un CIOM rattaché au premier ministre, « instrument
d’application » du CCE, constitué d’une soixantaine d’organisateurs, appuyé sur des BOM
ministériels de 5 à 10 personnes. En juillet 1968, la question d’un éventuel rattachement du
SCOM ou d’une mise à disposition du SCOM auprès du secrétaire d’État à la Réforme
administrative, P. Malaud, resurgit. La DB dit accepter l’idée de partenariats avec la
Réforme administrative, mais réaffirme fermement ses droits sur le SCOM. « Je ne verrais
aucun inconvénient à ce qu’il prête son concours dans le cadre de sa vocation normale et
sous mon contrôle à des études tendant à des réformes de l’administration », peut ainsi
écrire R. de La Genière (Note pour le Ministre, 28 octobre 1968), mais en post-scriptum, il
ajoute à la main : « Le SCOM constitue un instrument important de rationalisation des
méthodes administratives et je considère comme essentiel qu’il ne cesse pas de dépendre de
moi ».
171. B 46 559.
172. B 46 559, R. Gaudriault, note brève de présentation du SCOM, 1967. En 1963, le SCOM
compte un chef de service et quatre chefs de secteurs : interventions (Chassaing, IG des
PTT) ; études (Flaissier, chargé de mission) ; formation (Papounaud, chargé de mission) ;
documentation et publications (Dumoulin, administrateur civil). En 1967, il compte quinze
cadres spécialistes et une dizaine d’agents subalternes.
173. Le SCOM a la charge de la publication du Bulletin O & M.
174. Études O & M, implantation des bureaux et de guichets, accueil du public, archives, etc.
175. Le SCOM est invité à jouer auprès des BOM un « rôle d’assistance technique spécialisé
dans les problèmes d’organisation ou d’automatisation », mais il n’a pas de pouvoir
hiérarchique sur eux.
176. À partir de 1960, le volet Formation des spécialistes O & M va diminuer, relayé par
l’IESTO qui forme quinze organisateurs par an. Le SCOM en revanche continue d’assurer les
stages interministériels de formation et d’information des cadres et des agents publics.
177. B 46 559, circulaire p. 2. Cette précaution oratoire vise à rassurer les services et à
désamorcer les réflexes anti-budget et anti-économies de personnels.
178. B 46 472, B 46 469, B 46 518, B 46 572. Le secteur Organisation, relayé par le SCOM à
partir de 1960, donne son avis sur les demandes de crédits productivité dès 1956. La
procédure, soigneusement contrôlée, est la suivante : la demande de crédits arrive à la DB
au bureau E2, elle est transmise au SCOM qui l’étudie et la valide (étude de rentabilité, gains
de productivité, évaluation des économies à en attendre, contrôle de l’emploi des fonds,
contrôle des devis et des coûts, négociation des devis, disponibilité des crédits, évaluation
du calendrier et de la faisabilité de la mission, demande d’avis au contrôleur financier). La
procédure concernant les interventions de cabinets de conseil est également très contrôlée :
tout doit être validé par le SCOM ou la DB (demande officielle par le service, programme
d’intervention, projet de contrat, échéancier, correspondant O & M, lettre d’instruction,
objectifs, jours d’activité facturés). Le SCOM peut contester le bien-fondé d’une
intervention, il demande alors des justifications supplémentaires aux services et, si
nécessaire, mobilise le réseau des BOM ou se déplace sur place. Il discute également les
devis et les tarifs proposés par les ingénieurs-conseil privés et conseille les administrations
dans le choix de tel ou tel cabinet. Les honoraires des cabinets ne sont versés qu’après
validation par le SCOM des comptes rendus d’activités de quinzaine établis par les cabinets
de conseil (progression du chantier) ; les rapports des cabinets sont établis en trois
exemplaires, dont un pour le SCOM, et ils demeurent confidentiels. En 1964, le financement
SCOM couvre un peu plus de 3 000 journées réparties entre 10 cabinets d’organisateurs-
conseil pour l’ensemble des administrations publiques (Séminaire des BOM, 1964, B 46 572).
179. B 46 518, note de Questiaux à Gaudriault le 8 juillet 1960 : « Pourriez-vous faire
effectuer une enquête rapide et me donner votre avis sur ces six projets (MAE). J’aimerais
connaître en particulier quelle serait la rentabilité des dépenses envisagées et quelles
économies de personnel on pourrait en attendre ». Ou encore, B 46 518, en août 1960, sur
une idée de Gonot chef de service à la direction des Prix et des Enquêtes économiques, le
SCOM est mobilisé pour étudier la réorganisation du service des enquêtes économiques.
180. B 46 518.
181. B 46 558. Tableau des contrats de conseil en organisation passés par le SCOM entre
1961 et 1965, établi par le SCOM (à la demande de la Cour des comptes en 1966). On y trouve
le nom des cabinets, les dates des contrats, le montant des contrats, la durée de la mission,
la date du dépôt du rapport, le nom du chef de mission. Le total des contrats se monte à 4
millions de francs pour la période de 1961 à 1965. Faut-il imputer à la présence du SCOM le
verrouillage du MEF, qui de 1951 à 1971, entre le contrat Planus à la DB et le contrat
MacKinsey à l’INSEE, n’a plus fait l’objet d’aucune intervention de la part d’un cabinet en
organisation privé ? Ou faut-il en chercher la cause du côté des directions elles-mêmes, qui
refuseraient de faire appel à des organes extérieurs et préféreraient mobiliser leurs
ressources internes (corps de contrôle, ingénieurs d’État, etc.) ? On repère néanmoins aux
Finances deux interventions en 1961-1962 mais latérales : l’une à la Dette publique dans le
cadre du transfert du service des émissions (réduction d’effectifs et des surfaces de
bureaux), et la seconde, expérimentale, dans une trésorerie générale.
182. B 85 01 et B 85 04 ; B 46 510.
183. B 46 510. Rapport Baratin 1960, p. 15. « D’un côté les services du Budget,
professionnellement préoccupés par le coût de l’administration publique, conditionnent
l’octroi des crédits qu’ils allouent aux économies effectives et évidentes que les BOM
considèrent comme un de leurs devoirs de réaliser. D’un autre côté le service à réorganiser
espère que les organisateurs l’aideront à se pourvoir en matériel neuf, en mobilier
fonctionnel à l’américaine, sans envisager que leur passage pourra aboutir à une diminution
numérique sensible du personnel ».
184. B 46 559, article pour La Vie Française, 24 avril 1956, rédigé par Gaudriault sur le bilan
du Commissariat général à la Productivité. Voir aussi le dossier de janvier 1958, B 46 678,
fiche II-C.
185. B 46 510. Rapport Baratin sur les BOM de l’administration publique, juillet 1960, suite à
l’enquête réalisée en mai et juin 1960 pour le compte du CCE, cinq ans après le rapport
Gonot de 1955. D’après le rapport Baratin, 65 % des BOM ont été créés depuis 1955, date à
laquelle ont commencé les cycles de formation du Commissariat général à la Productivité,
stimulés par la circulaire Marcellin du 12 décembre 1957 et soutenus par les crédits
productivité de la DB. Les BOM partagent leur rattachement entre les services
d’administration générale, du matériel ou du personnel, ou sont parfois directement
rattachés au directeur lui-même. En 1960, les services O & M semblent stabilisés (une
vingtaine) mais les effectifs restent faibles, répartis sur une vingtaine de bureaux (entre 2 et
4 organisateurs par bureau), soit environ 165 organisateurs sans compter les
correspondants.
186. B 46 510, B 46 508, B 46 562 et B 46 568. Le 3 décembre 1963, sur la demande de la DB, le
SCOM lance une enquête pour répertorier les BOM, voir quels ont été les progrès accomplis
dans l’administration depuis la circulaire Marcellin du 12 décembre 1957 et évaluer leurs
résultats. Un questionnaire à remplir par bureau ou par service est mis au point et adressé à
tous les ministères. L’idée est d’établir un répertoire des BOM, d’identifier les responsables
(selon Gaudriault, il y aurait plus de 50 BOM au sein des Armées) et de faire circuler
l’information entre cellules O M et avec le SCOM.
187. B 46 572 et B 46 562.
188. B 46 508, B 46 510, B 46 562 et B 46 568. Le cas du ministère des Finances et des Affaires
économiques est particulièrement intéressant (cf. la note de la DPSG le 14 avril 1963 et la
note du BOM des Finances en date du 3 décembre 1963, qui décrit toutes les cellules O & M
des administrations financières). À la DGI, trois bureaux du nouveau service de
l’administration générale créé en 1960 lors de la réorganisation des services centraux,
s’occupent d’organisation ; ces bureaux sont mobilisés dans la réorganisation en cours des
services extérieurs de la DGI qui se prépare à fusionner les régies (unification des
circonscriptions territoriales permettant de constituer des « centres des impôts » où seront
regroupés tous les services des anciennes administrations financières). Ces bureaux
s’occupent aussi de l’amélioration de l’organisation et des méthodes de travail des services
extérieurs (duplication, mécanographie) et de l’amélioration de la fonction statistique à la
DGI (création d’une section spécialisée, adaptation des imprimés en liaison avec l’INSEE,
sondages divers en liaison avec la DB et l’INSEE, études coûts et rendements et mise sur pied
d’un barème de charge statistique puis normatif). Aux Douanes, il existe depuis 1948 un
bureau des études, qui est devenu en 1954 le bureau Études et organisation, rattaché à la
division de l’administration générale. En 1959, devenu BOM, il fait partie de la division de
l’organisation et de l’exécution des services. Outre la réorganisation des circuits des
déclarations, les travaux de mécanisation et la simplification des méthodes de perception
des droits sur les marchandises importées par les voyageurs, le Bureau s’attache à définir «
les moyennes » ou « les normes » d’activité permettant le calcul des effectifs et
l’établissement de circonscriptions idéales. À la Monnaie, il y a depuis 1958 un BOM qui a
été intégré dans le service chargé de mettre au point le système de comptabilité analytique
confié à R. Lapassade. À la direction des Prix et des Enquêtes économiques, le BOM a été
créé en 1959 sur la décision du chef du service des enquêtes économiques, J. Gonot, auteur
en 1955 du rapport Flandin-Gonot sur les BOM. Lui sont rattachés les ateliers d’imprimerie
et de reproduction. Ce bureau effectue le planning des enquêtes, l’échantillonnage, la
centralisation et le dépouillement des relevés bimensuels de prix effectués à l’échelon
départemental sur une centaine de produits et établit les fiches correspondantes ; il
contribue à la définition de la méthode de notation du personnel (1 400 agents), à la
mécanisation de la paye des agents des services extérieurs et à l’établissement d’un système
permettant le dépouillement semestriel des enquêtes effectuées par les services
départementaux en vue d’évaluer l’activité du service. À la Comptabilité publique, il existe
un service des études qui est notamment chargé de l’établissement du barème des
rendements et à la Dette publique, certains agents sont formés à l’O & M, de même qu’au
service des Alcools. Pour certains BOM, un bilan des résultats ou des réalisations est établi
en matière de suppressions d’emplois et d’effectifs.
189. B 46 518. Note de R. Gaudriault à C. Dupuis, chef de cabinet du directeur, 20 février
1963, à propos de la notice du SCOM dans le Bottin administratif.
190. Le SCOM a constamment souffert d’un manque d’ingénieurs et de techniciens de
l’organisation. N’étant lui-même, ni membre d’un grand corps ni membre d’un corps
technique de l’État, ni ancien élève de l’ENA, Gaudriault lui-même a du mal à se positionner
face aux grands chefs de service et il demeure partagé entre ses velléités d’indépendance,
son refus d’être assimilé à la DB et à sa politique d’économies budgétaires et le souhait
d’être soutenu administrativement par cette même direction (crédits, autorité, pouvoir,
prestige).
191. Sur les résistances rencontrées dans l’administration par le mouvement O & M, B 46
479. De façon générale, les services rechignent à envoyer leurs agents se former aux
techniques O & M : calendrier trop chargé, exigences du service qui empêchent l’absence
d’un agent, nombre trop important de vacances de postes, impossibilité de distraire un
agent pour l’O & M. Mais H. Baratin pointe aussi dans son rapport de 1960 (p. 190) les «
difficultés d’ordre psychologique » qui entravent l’adoption de l’O & M dans les
administrations : le scepticisme, l’ironie, le dédain, la méconnaissance, l’attachement aux
méthodes traditionnelles de travail, la moindre croyance dans le progrès technique que
dans le secteur privé, l’absence de l’aiguillon de la concurrence, l’assimilation de
l’organisateur à un contrôleur, l’absence de compensations ou de récompenses (indemnités
ou avantages salariaux), la préférence pour les réformes juridiques ou pour les réformes de
structure plus gratifiantes pour leurs promoteurs, le positionnement marginal des BOM
dans l’organigramme, l’indifférence des chefs de service, le problème général du « climat »
social, l’insuffisance des effectifs et la faiblesse de la position statutaire et hiérarchique des
organisateurs, l’absence de débouchés et d’évolution possible et les problèmes de formation
tout autant que de reconnaissance…
192. Rapport Baratin, B 46 510, 1960, p. 16 et 17 ; J. Dayre, B 46 485, rapport d’activités, 10
octobre 1957 et rapport du 21 novembre 1957 ; B 46 480.
193. B 46 559 et B 46 558 ; B 46 573.
194. B 46 503. Cf. les propositions que fait la DPSG en matière de formation en 1971 aux
cadres de l’ACF ou les sessions du CESMAP.
195. Au sein du nouveau SCOM, le rêve d’un corps d’organisateurs publics survit cependant
jusqu’au début des années 1960, porté par Gaudriault, ainsi que par quelques
administrateurs de la DB, Mascard, Coti, Questiaux, jusqu’en 1962 (B 46 534 et B 46 502). En
1959-1960, Gaudriault, en liaison avec E2 et avec la sous-direction PCM, rédige encore des
projets de statut et de déroulement de carrière, calqués sur d’autres corps d’ingénieurs
d’État : INSEE, Manufactures, Ponts, ingénieurs du CEA… Cette solution d’un corps
technique d’ingénieurs d’État spécialisés en organisation aurait permis, selon ses
promoteurs, de donner une meilleure assise et une plus grande stabilité aux organisateurs
publics et d’enrayer les départs des spécialistes vers le secteur privé.
AUTEUR
FLORENCE DESCAMPS
Normalienne et agrégée d’histoire, Florence Descamps est maître de conférences en histoire
à l’École pratique des hautes études (EPHE). Elle y anime un double séminaire sur la création
et l’utilisation des témoignages oraux en histoire contemporaine et sur l’histoire du
ministère des Finances au XXe siècle. Elle participe depuis 2005 au groupe de pilotage du
séminaire Histoire de la gestion des finances publiques XIXe-XXe siècles et a codirigé la
publication du premier volume des actes L’invention de la gestion des finances publiques.
Élaborations et pratiques du droit comptable et budgétaire au XIXe siècle (1815-1914). Elle a publié
de nombreux articles sur le ministère des Finances au XXe siècle et sur la réforme de l’État.
Dernièrement, elle a publié « La RCB 1966-1971 : une première expérience managériale au
ministère des Finances ? », in E. Godelier, M. Le Roux, G. Garel, A. David et E. Briot (dir.),
Pensée et pratiques du management en France. Inventaire et perspectives 19e-20e siècles, 2011,
consultable en ligne sur http://mtpf.mlab-innovation.net/fr/sommaire/chapitre-2/la-rcb-
1966-1971-une-première-expérience-managériale-au-ministère-des-finances.html?
PHPSESSID=6a35f3663f90efc5f44bf6a739069703 ; « Les inspecteurs des Finances et la
réforme de la gestion publique au XXe siècle », in F. Cardoni, N. Carré de Malberg et M.
Margairaz (dir.), Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France/IGPDE, 2012, p. 141-150 et « Les
techniciens des Impôts et la naissance d’une expertise fiscalo‑financière : L’État moderne
1928-1939 », in F. Monnier et J.-M. Leniaud (dir.), Experts et décisions, Paris/Genève, Droz,
2013, p 47-57.
Troisième partie. Rationalité
juridique ou rationalité gestionnaire ?
La Comptabilité publique de Gilbert
Devaux : un plaidoyer pour le
maintien d’une gestion publique des
finances publiques en France dans les
années 1950
Philippe Masquelier
Introduction
« Le souci du prix de revient ne peut pas être dominant dans l’esprit
d’un administrateur. » D’une phrase, Gilbert Devaux tranche l’une
des problématiques majeures de l’histoire de la gestion des finances
publiques en France depuis 1815. À la question : « Y a-t-il une
manière publique de gérer les finances, distincte de celle en vigueur
dans le secteur privé ? », d’emblée il répond « oui ». À celle de savoir
si les paradigmes gestionnaires managériaux inspirés du privé
doivent l’emporter sur les principes juridiques de la comptabilité
publique (CP) en matière de gestion des finances publiques, il répond
implicitement « non ».
Il revendique cette position dans les années cinquante en tant
qu’inspecteur général des Finances, directeur de la CP puis du
Budget. Il la développe dans La comptabilité publique 1 , ouvrage
publié en 1957 à partir d’un cours qu’il dispense à partir de 1953 à
l’ENA. Alors que commencent à se répandre au sein de
l’administration des conceptions gestionnaires, au sens managérial,
inspirées du privé, il y décrit les grands principes du système
financier public français à dominante juridique dont il se veut à la
fois l’héritier et le réformateur. Quelque peu « Rabourdin 2 » en son
siècle, Devaux développe sur deux cent cinquante pages sa
conception de l’évolution de ce système. En grand commis de l’État,
il énonce des vues en partie conditionnées par sa fonction de
directeur, son engagement administratif et l’époque où ils
s’inscrivent. Acteur et témoin, il n’embrasse pas le point de vue du
chercheur patenté. L’effort d’analyse qu’il accomplit se démarque
d’une approche externe, objective et scientifique. Devaux se situe à
l’orée de l’époque où l’administration commence à se penser elle-
même ou à admettre qu’on la pense à l’aide des sciences sociales. À
bien des égards, il appartient déjà à ces « hauts fonctionnaires
proches du pouvoir exécutif ou occupant des positions d’expertises
ou de surplomb, de sorte qu’ils revendiquent une forte “conscience
gouvernementale” ou se vivent comme des “organismes de
réflexion” 3 ».
Le faible écho reçu par La comptabilité publique lors de sa parution, sa
rapide obsolescence et l’oubli quasi complet dans lequel est tombé
l’ouvrage depuis, incitent à faire l’impasse sur un document dont la
résonance historique est ténue. Pourtant, s’il a peu compté dans
l’histoire de la gestion des finances publiques, un tel ouvrage permet
de l’éclairer dans ses ressorts profonds 4 . Le point de vue depuis
lequel Devaux envisage la CP, bien qu’isolé en 1957, n’est pas sans
intérêt. Il s’inscrit dans la perspective de la tradition administrative
française et, ainsi, l’exprime et la dévoile. Cherchant à réformer le
système financier public français tout en en prolongeant les
principes, il contribue à en révéler les interactions avec la culture
dont il procède. Réciproquement, il souligne l’emprise sur celle-ci
des rouages de la comptabilité publique. Ce faisant, il offre une
description, précieuse pour le chercheur, du fonctionnement
traditionnel du mécanisme administratif à dominante juridique
fondé sur la distinction gestion publique/gestion privée, qui régit les
finances publiques. Une telle distinction ne va pas de soi. Loin de
toujours s’opposer historiquement, gestions publique et privée des
finances procèdent aussi d’une évolution commune. Par le système
d’obligations qu’il impose, le droit produit une forme de gestion qui
s’est souvent confondue avec lui. Sous la Restauration, le paradigme
gestionnaire est déjà présent dans le système juridique de gestion
des finances publiques 5 . Dans les années 1950, la frontière entre
public et privé se brouille au point qu’un regard historique conduit à
mettre en doute l’idée d’une distinction majeure entre une gestion
publique des finances régie par le droit public et une gestion privée
des finances centrée sur des conceptions managériales. En la
réaffirmant au nom d’une tradition juridique et administrative
française, c’est la valeur et la portée d’une telle distinction que
Devaux invite le chercheur d’aujourd’hui à discuter. En la supposant
fondée, reste à savoir comment s’obtient une telle séparation : est-ce
par une accumulation de petites différences ou par une forte
distinction préalable ? Correspond-elle à une donnée préexistante et
permanente, à un moment historique, à une construction
dogmatique cohérente ou à une multitude de situations concrètes
qui relativisent toute vision schématique du sujet ? Devaux,
théoricien de sa propre pratique, nous offre des éléments de
réflexion. Ils arrivent comme en écho anticipé au vœu de Jacques
Caillosse, souhaitant qu’on se livre à « l’examen critique des
pratiques juridiques du ministère de l’Économie et des Finances, ou
plus précisément de ceux qui en ont la charge », pratiques qui, selon
lui, se dissimulent derrière « la dénonciation récurrente des rigidités
auxquelles le droit des finances publiques condamne la gestion
administrative 6 ». On trouvera enfin, dans La comptabilité publique,
la trace des difficultés d’adaptation de l’ancien système financier
face à l’émergence, dans les années 1950, d’une nouvelle figure de
l’État compris comme acteur économique majeur. Décrivant les
règles de la CP, Devaux nous rappelle que celles-ci sont
originellement liées à l’idée d’un État économiquement neutre et
restreint dans ses prérogatives. Il souligne combien les mécanismes
administratifs du système financier public sont à comprendre
comme ceux d’une bureaucratie dont la mission paradoxale est
précisément d’endiguer la bureaucratie et de limiter son périmètre. C’est au
regard de cette vocation de départ qu’on appréciera les évolutions
d’aujourd’hui.
Bien que daté, le point de vue développé par Devaux, auteur en titre
de l’ordonnance du 2 janvier 1959, entre en phase avec l’actualité
liée à la mise en œuvre de la Loi organique sur les lois de Finances
(LOLF). Les réformes du système financier induites par celle-ci
remplacent l’effort de codification qu’il a accompli à la fin des
années 1950. Son ouvrage éclaire la conception générale de la
gestion des finances publiques qui a inspiré celui-ci. Aussi les
problématiques qu’il développe méritent-elles par leur ampleur
d’être confrontées aux évolutions d’aujourd’hui. Faisant un état des
lieux du système financier public dans les années 1950, il offre un
point de repère qui permet de mesurer le chemin parcouru.
Rappelant les principes de la CP, il évoque un passé occulté par les
réformes en cours. Permettant la confrontation entre les
conceptions héritées de l’histoire et celles d’aujourd’hui, il ouvre la
possibilité d’un dialogue avec le présent. Celui-ci sera le révélateur
des facteurs de mutation qui, sur cinquante ans, ont tendu à
superposer, en cherchant à le faire prévaloir, un système de pilotage
nouveau, à dominante managériale à un mécanisme plus ancien, à
dominante juridique. Dans quelle mesure ces deux systèmes
peuvent-ils et ont-ils fusionné ? Entre l’un et l’autre y a-t-il eu plutôt
addition ou substitution ? Enfin, de l’un à l’autre, y a-t-il eu rupture
ou continuité ? La lecture de La comptabilité publique en tant que
document témoin d’une période offre des pistes de réflexion, en
particulier pour saisir les interactions entre les dimensions
culturelles propres au système financier français et l’évolution des
normes et pratiques en matière de gestion des finances publiques. Il
dresse le décor sur le fond duquel se dessinent les mutations en ce
domaine à la fin du XXe siècle.
Riche en substance et caisse de résonance des réformes présentes,
l’ouvrage de Devaux mérite donc qu’on le sorte de l’oubli et qu’on
l’expose aux problématiques formalisées par les disciplines parties
prenantes à l’histoire du système financier public. À la croisée d’une
tradition administrative fortement ancrée et d’un courant historique
nouveau et puissant, La comptabilité publique apparaît comme la
pierre de touche d’une évolution contradictoire. Au demeurant,
offerte au miroir des travaux ultérieurs de juristes, sociologues,
économistes ou historiens, la pensée de Devaux paraît moins isolée
qu’elle ne le semble a priori.
Ajoutons qu’en raison de l’envergure du sujet et malgré les sources
disponibles 7 , nous ne saurions prétendre à une recherche
exhaustive. Tout au plus peut-on asseoir des hypothèses et formuler
des problématiques sous l’angle spécifique de la distinction entre les
conceptions managériale et juridique de la gestion des finances
publiques. Cherchant plus à ouvrir des pistes de travail qu’à apporter
des réponses définitives, nous montrerons que La comptabilité
publique constitue : un document inséparable de l’expérience de
Devaux, de sa carrière et du contexte où se déroule celle-ci ; un
document qui témoigne de sa volonté de réinscrire la gestion des
finances publiques dans une dynamique historique à dominante
juridique et, enfin, un document qui pénètre au cœur des
problématiques liées à l’histoire de la gestion des finances publiques.
Dans ses intentions comme dans son ton, l’ouvrage de Devaux relève
de la pédagogie, de l’apologie parfois polémique et du témoignage
autour de la préservation et de la réforme du système financier
public hérité de la Restauration.
Même s’il avertit le lecteur lorsqu’il écrit « Les idées que j’énonce
sans aucune prétention d’expert sont simplement celles que je crois
bonnes », Devaux ne manque pas de rattacher celles-ci : « à une
certaine conception de l’État que l’administration des Finances
persiste à défendre avec passion ». Aussi n’est-il guère aisé de
démêler ce qui ressort des convictions de l’auteur de ce qui est
imputable à un corps de doctrine issu de la tradition, des usages et
des règles de droit. La volonté de convaincre, la « passion » imputée
à la rue de Rivoli mais qu’assurément Devaux partage, jointes à sa
formation intellectuelle d’inspecteur des Finances brouillent les
pistes. L’aspect « témoignage » de l’ouvrage peut disparaître aux
yeux du lecteur derrière une rhétorique brillante et séduisante,
caractéristique de l’Inspection des finances, dont il est parfois
difficile de se déprendre. Il en va ainsi du chapitre V intitulé «
L’évolution moderne et “les brèches dans la muraille” » qui porte sur
la période 1945-1956. Celle-ci est décrite en deux temps. Le premier,
qualifié de « mouvement centrifuge », court de 1945 à 1947. Le
second, intitulé « La réaction centripète », s’étend de 1948 à 1956. La
position de Devaux diffère selon qu’il évoque le premier ou le second
de ces deux moments. Dans un cas, sa réintégration dans les cadres
de l’inspection n’intervenant qu’en 1947, il est simple observateur.
Dans le second il est acteur à part entière au sein, puis à la tête de la
direction de la CP. Sans doute cette différence de posture explique-t-
elle le caractère démonstratif très rhétorique de la description du «
mouvement centrifuge » et l’aspect plus pragmatique et hésitant que
prend « la réaction centripète ». L’une est le fait du témoin-
observateur, l’autre du témoin-acteur. Ajoutons que, publié au
moment où il arrive à la direction du Budget, le tome I de La
comptabilité publique peut aussi être compris comme le testament de
son auteur 101 . Quoi qu’il en soit, témoin fiable et informé, Devaux
permet au chercheur d’appréhender un point de vue occulté par les
nécessités de l’époque, par la conversion doctrinale des esprits et par
le développement d’une figure de l’État désormais tournée vers
l’intervention économique. Sans doute est-ce pourquoi il a tenté
d’élargir l’horizon de la comptabilité publique en l’inscrivant dans sa
dimension historique et en la rattachant à l’ensemble du corps
social, soit qu’elle en soit le produit, soit qu’elle l’influence.
S’il n’entend pas prolonger le passé, Devaux ne prétend pas non plus
rompre avec la tradition propre à la CP. Si son but est « de lever le
voile, de sortir l’idole de sa niche », ce n’est nullement pour la briser
mais bien pour « la présenter telle qu’elle est 142 ». S’il réprouve le
fétichisme dont les règles compilées au XIXe siècle font trop souvent
l’objet lorsqu’il dénonce le « respect excessif dont les experts ont
témoigné à l’égard du vieux décret de 1862 », c’est pour engager la
CP à mieux prendre conscience d’elle-même et à puiser dans son
propre fond afin de se rénover 143 . À cet égard, la réalisation de son
projet est exemplaire de ce constat de B. Latour selon lequel : « en se
transformant de fond en comble, le corpus du droit administratif ne
fait que devenir encore davantage, si l’on ose dire, le même
qu’auparavant 144 … » Le débat sur les modes de gestion public ou
privé n’est pas dissociable de ce rapport au temps si caractéristique
du droit administratif. Là où les méthodes induites par le plan
comptable général ou la comptabilité nationale revendiquent de
faire du neuf 145 , la comptabilité publique est tributaire du caractère
tautologique, intemporel et permanent du droit public. Avec Devaux
réformant celle-ci, comme avec le Conseil d’État opérant un
renversement de jurisprudence, nous sommes dans ce curieux cas de
figure noté par B. Latour où « rien n’est censé se passer que
l’expression plus ferme de ce qui avait toujours été déjà là 146 ».
Devaux n’exprime pas autre chose lorsqu’il écrit : « Le code en
préparation a l’ambition de faire surtout une présentation de règles
communes, applicables à l’ensemble du secteur public ; par suite il doit
être plus clair et plus stable 147 ». Lorsqu’il cherche à puiser dans la
tradition juridique française pour imprimer un souffle nouveau à son
administration, il est, en fin connaisseur du Conseil d’État, un acteur
respectueux de ce jeu juridique paradoxal selon lequel « plus ça
change, plus c’est pareil 148 ». Rompre, ce serait rompre avec la CP
dans ce qui la fonde : son socle juridique exorbitant du droit
commun qui légitime l’existence d’une gestion publique des finances
publiques.
Aussi, Devaux s’efforce-t-il plutôt à un retour aux sources. C’est bien
le sens de son propos lorsqu’il écrit : « Dans une très large mesure,
les règles de la comptabilité publique se fondent sur des traditions
149
, ou sur des interprétations. Il est donc impossible de les
comprendre, et même de les connaître, si l’on ne parvient pas à les
rattacher à un cadre logique ». Répondant à la difficulté que
présente une « perpétuelle évolution », il poursuit :
« Nul ne peut garantir qu’une règle valable aujourd’hui le demeurera demain. La
continuité de l’action administrative n’est pas douteuse, mais elle se marque par
la fidélité à des idées, beaucoup plus que par la défense d’un mécanisme
déterminé. Il est donc plus souvent utile d’étudier les idées qui ont inspiré les
150
mécanismes, plutôt que les mécaniciens eux-mêmes ».
Après s’être demandé s’il est « légitime […] d’invoquer une unité de
conception pour expliquer l’œuvre accomplie par de multiples
fonctionnaires qui se sont succédé au cours d’un siècle et demi d’une
histoire fertile en bouleversements », il énonce ce qu’il appelle « le
thème de la comptabilité publique » comme le principe qui irrigue
en amont l’ensemble des règles et des traditions qui la constituent :
« Les opérations financières ne sont pas dominées par la notion de “profit”, mais
par la notion de “service” ; par suite, les recettes et les dépenses ne dépendent
pas les unes des autres ; elles sont arrêtées a priori selon un plan d’ensemble
établi collectivement par des assemblées ou par un conseil. La fonction
essentielle de la comptabilité publique est d’assurer l’exécution de ce plan en
151
substituant divers contrôles automatiques au contrôle par le rendement ».
C’est à partir de ce thème, d’où procède la raison d’être de la CP, que
Devaux envisage son œuvre de codification en reprenant à nouveaux
frais l’ensemble de la réglementation en la matière.
Conclusion
Administration-frontière, la Comptabilité publique a été érigée dès
l’origine en bureaucratie chargée d’endiguer l’État au nom d’une
distinction forte, héritée du libéralisme du XIXe siècle, entre gestion
publique et gestion privée, entre missions régaliennes du secteur
public et liberté d’initiative du secteur privé. Devaux apparaît avec
son ouvrage comme le garant ultime de cette distinction comprise
comme le préalable déterminant d’une gestion publique des finances
publiques. C’est pourtant le principe même de cette frontière qui est
mis à mal dans les années 1950, alors qu’il rédige La comptabilité
publique. La spécificité bureaucratique de l’action administrative se
trouve fortement remise en cause en même temps que l’État est
amené à déborder les limites qu’il s’était fixées. Ainsi que le souligne
P. Bezes à propos de cette période : « L’administration
bureaucratique n’est plus la solution, l’institution qu’il faudrait
parfaire pour renforcer l’efficacité du pouvoir : elle est devenue le
problème 256 ». En marquant son attachement à l’existence, en
matière de gestion des finances publiques, d’un climat distinct de
celui propre aux affaires privées, Devaux s’expose aux vents
contraires de l’histoire. Ceux-ci ont finalement balayé de l’horizon
intellectuel des années 1950 et des suivantes le point de vue «
comptabilité publique » traditionnel en matière de gestion des
finances publiques. C’est le mérite de son ouvrage de nous le donner
à voir une dernière fois dans toute son ampleur et dans toute
l’emprise qu’il conserve alors sur le fonctionnement de
l’administration française comme sur l’ensemble du corps social.
Centralisation, clivage affirmé entre secteur public et secteur privé,
caractère exorbitant du droit public, primat des règles juridiques et
culture de la défiance de l’administration envers ses propres agents
sont les traits propres au système de gestion des finances publiques
français. À ce titre, il apparaît bien différent et des dispositifs
étrangers, et des modes de gestion du secteur privé. Aussi la gestion
des finances publiques qu’incarne la Comptabilité publique a-t-elle
subi la conversion à l’intervention de l’État dans l’économie en
termes de contradictions : contradiction entre l’action des décideurs
encadrée par le droit public et les techniciens, les spécialistes et les
experts, contradiction entre la tradition française et l’influence
anglo-saxonne, contradiction entre le contrôle juridique et
l’évaluation chiffrée, contradiction entre la volonté de Devaux de
maintenir le principe d’une séparation gestion publique/gestion
privée et la réalité d’une perméabilité toujours plus grande du
secteur public aux méthodes du privé.
À l’origine de chacune de ces contradictions il y a ce que Devaux
appelle de façon globale « la technique » qui, si elle recouvre surtout
l’émergence au sein de l’administration d’une expertise spécialisée
requise par la multiplication des domaines d’intervention de l’État,
s’applique aussi à l’apparition et au perfectionnement d’une
appréhension chiffrée du réel qui tend à prévaloir sur le droit. À
suivre Devaux, l’irruption de « la technique » dans l’histoire comme
moteur du développement économique promu par l’administration
bouleverse l’équilibre juridique dans le cadre duquel les dépenses de
l’État, originellement limitées à ses fonctions régaliennes, devaient
être contenues. La rencontre du développement par sauts souvent
sporadiques et inattendus du progrès technique et de l’État devenu
acteur majeur de l’économie est un choc considérable pour le
dispositif juridique traditionnel de gestion des finances publiques.
L’idée de rupture qu’introduit l’irruption par paliers de plus en plus
rapprochés de générations technologiques nouvelles met en cause le
continuum d’une culture et d’une tradition juridiques longtemps
restées presque exclusivement à la source de l’action administrative.
De même Devaux montre-t-il comment « la technique », à travers les
figures nouvelles du technicien, de l’expert et du spécialiste, s’invite
comme tiers étranger dans le face-à-face traditionnel de
l’ordonnateur et du comptable, perturbe la distinction française
traditionnelle opportunité/régularité et finalement contribue
grandement à brouiller « la frontière entre le “public” et le “privé”
». « La technique » encore, par les expertises qu’elle suscite dans la
prise de décision, corrode le système de commandement centralisé à
la française au profit de la décision collective issue de la tradition
anglo-saxonne qu’il estime incompatible avec la nôtre. L’expertise
comptable, aussi, à couvert du développement de l’économie comme
prisme nouveau et prévalant d’interprétation de la réalité, tend à
substituer le chiffre au droit comme fondement de l’action
administrative et de son évaluation. Enfin, c’est pour l’essentiel en
raison du mouvement général par lequel la technocratie recouvre
l’ancienne bureaucratie d’essence juridique qu’échoue, sur le plan
des décrets d’application, la réforme du droit financier conduite par
Devaux jusqu’à l’adoption des deux décrets-lois des 9 août et 30
septembre 1953.
Mouvement inéluctable que celui du progrès technique comme
moteur de l’économie, Devaux le reconnaît lui-même, mais aussi
mouvement encouragé et démultiplié par l’espoir d’ériger
l’économie en science exacte et « de transporter le politique dans un
monde enfin scientifique » 257 : c’est à quoi Devaux, à travers
l’ensemble de sa réflexion, se refuse implicitement. À l’enthousiasme
des thuriféraires de l’économie et de la technique, il oppose la
permanence et l’homéostasie des règles juridiques. Face à un
phénomène dont il redoute les conséquences sur le contrôle
démocratique de l’agir administratif, le droit lui paraît devoir rester
l’horizon indépassable de l’action administrative sous peine de ne
pouvoir endiguer les excès de pouvoir auxquels celle-ci risque de
conduire. Aussi le point de vue qu’il développe mérite-t-il d’être pris
en considération par les chercheurs de différentes disciplines.
Certes, le caractère inachevé du processus qu’il tente de décrire en
1956 ne lui permet pas de situer le curseur entre impératifs
juridiques, nécessités techniques et degré de liberté d’action de
l’ordonnateur. La réalité historique qu’il observe n’est pas stabilisée
et lui-même se trouve pris dans une dynamique qui, malgré ses
efforts, l’empêche d’avoir le recul du chercheur. S’il prend acte du
développement du rôle de l’État, il cherche encore à le contenir au
nom du droit et d’un héritage libéral dont il estime implicitement
qu’il conserve droit de cité. Il n’envisage pas l’administration comme
le lieu d’internalisation et de résolution de l’ensemble des risques
encourus par la société (risques fabriqués par le progrès technique
qui s’ajoutent aux risques exogènes), conception qui abolit l’idée
d’une séparation essentielle entre secteurs public et privé. Pourtant,
s’il n’est plus possible de maintenir cette séparation dans son
principe le plus général, Devaux soulève bien des raisons d’en
conserver la trace en matière financière à partir de l’accumulation
de multiples différences qui démarquent dans les faits la gestion des
finances publiques des méthodes gestionnaires du privé.
Malgré diverses tentatives d’aménagement, l’annualité, l’unité de
trésorerie liée à la centralisation, l’universalité liée à la non-
affectation des recettes et des dépenses qui constituent les grands
principes de la comptabilité budgétaire conservent une spécificité à
la gestion des finances publiques par rapport aux techniques
gestionnaires du privé. Cette spécificité se justifie à la fois en raison
de l’énormité de l’administration et des missions de souveraineté
qu’elle assume que Devaux caractérise par les notions d’intérêt
public, de service public et de sens de l’État. Paradoxalement la mise
en œuvre de celles-ci passe par le constat d’une nécessaire limitation
juridique de l’administration par elle-même au nom de la difficulté
qu’elle rencontre, par rapport au privé, à s’appliquer les notions de
rendement et de profit. L’administration, dépourvue de bornes
financières visibles à son action, tente de se neutraliser
préventivement par un équilibre de psychologies variées entre
ordonnateur et comptable encadré par un droit spécifique, garant de
la distinction opportunité-régularité. Peu utile au fonctionnement
d’une organisation à but lucratif, la recherche par l’administration
de cet équilibre au nom d’une harmonie générale est à la source
d’une vaste bureaucratie aux mécanismes complexes qui n’est rien
d’autre que le prix à payer d’une conception à la fois libérale et
démocratique de la gestion des finances publiques. À suivre Devaux,
malgré les assauts de la technocratie, la place du droit public
exorbitant du droit commun y demeure essentielle. L’enveloppe
juridique qui l’enserre reste pour l’administration un horizon
indépassable là où le privé peut affirmer le primat du critère
gestionnaire au sens managérial, financier et chiffré comme mobile
premier et cadre essentiel de son action. Si la nécessité de gérer n’a
jamais été absente des préoccupations de l’administration, au point
qu’il serait historiquement, sur un temps long, artificiel de séparer
gestion publique et gestion privée, Devaux nous rappelle combien,
entre l’une et l’autre, les objectifs, plus que les modalités, diffèrent.
Ni d’ordre purement financier, ni lié à un souci d’efficacité
économique mesurable, l’ensemble des buts poursuivis par la gestion
des finances publiques s’avère d’ordre politique et psychologique. Le
modèle bureaucratique sous-tendu par la régularité liée au droit
administratif ne prétend pas d’abord répondre à la préoccupation
d’un emploi optimal des ressources publiques. Il répond avant tout
au quadruple souci d’encadrer de façon cohérente l’action
administrative, de faire face au domaine de « l’extraordinaire »,
c’est-à-dire de l’imprévisible, d’assurer la transparence et la
sincérité des comptes de l’État et de fonder la foi en cette
transparence par de multiples garanties contre la prévarication. Ce
n’est qu’à la marge, à suivre Devaux, que l’on peut ajouter à
l’instauration de la confiance en la gestion des finances publiques, la
quête de la performance dans leur emploi. S’il paraît difficile de
maintenir l’idée d’une séparation statique, théorique et préalable
entre gestions publique et privée des finances, il existe bien un
faisceau d’indices qui convergent pour distinguer l’une de l’autre.
En définitive, l’opposition relevée entre droit et gestion tient plutôt
à des moments de l’histoire : sur un siècle et demi, le secteur public a
tendu à afficher sa différence au nom du droit ; en sens contraire,
depuis cinquante ans, il cherche à s’extraire de sa gangue juridique
au nom de principes gestionnaires managériaux issus du privé.
L’ouvrage de Devaux paraît à la charnière de ces deux périodes. Dans
les deux cas, l’opposition droit/gestion se développe plus sur le
registre idéologique, doctrinal voire fétichiste, qu’elle ne s’inscrit
dans le domaine pragmatique de la réalité administrative telle
qu’elle fonctionne et évolue sur le terrain. Reste qu’après 1945, la
place relative du « juridique » dans la gestion des finances publiques
s’est sensiblement modifiée. Moins qu’une limite à l’action
administrative, le droit public en est devenu une modalité, certes
importante, mais non plus exclusive dans le cadre d’une figure
nouvelle de l’État régulateur socio-économique et d’une réduction de
l’asymétrie traditionnelle public/privée. Aussi pourrait-on suivre
l’hypothèse de J. Caillosse lorsqu’il écrit : « le “droit administratif”
n’a pas seulement changé de forme ou de registre, il a changé
d’identité. C’est bien pourquoi la question se pose de la
dénomination de ce phénomène juridique inédit : peu à peu le droit
de l’action publique prend la relève du vieux droit administratif 258 ».
Sans doute y a-t-il là matière à cristalliser un consensus innovant
entre conceptions juridico-gestionnaires et conceptions
managérialo-gestionnaires autour d’une gestion des finances
publiques renouvelées dont la LOLF est peut-être porteuse ?
Quoi qu’il en soit, une relecture de l’ouvrage de Devaux prend sens
aujourd’hui par les problématiques qu’il fait surgir, en particulier
autour des rapports entre l’équilibre juridique propre à
l’administration et l’impact du progrès technique sur cet équilibre,
auquel s’ajoute l’ambition totalisante de l’appréhension chiffrée du
réel. De même, le regard que porte l’auteur sur les diverses
modalités de gestion entre secteurs privé et public invite au
développement d’une sociologie financière susceptible de
conceptualiser ses vues de praticien 259 . À cet égard La comptabilité
publique se lit comme un point de repère important dans la
compréhension de l’évolution de la gestion des finances publiques
que Devaux éclaire sous un angle largement occulté sinon tout à fait
inédit. Il appartient aux chercheurs des disciplines concernées d’en
poursuivre l’exégèse.
NOTES
1. Gilbert Devaux, La comptabilité publique, Tome I, Les principes, Paris, PUF, 1957.
2. On se souviendra que Rabourdin est le fonctionnaire intègre et réformateur des Employés
de Balzac.
3. Philippe Bezes, Réinventer l’État, Les réformes de l’administration française (1962-2008), Paris,
PUF, 2009, p. 28.
4. Pierre Lalumière, dans la bibliographie de son ouvrage sur les Finances publiques, note à
propos du livre de Gilbert Devaux : « ouvrage fondamental » (p. 379). Il s’inspire en partie
des réflexions de celui-ci, in Les finances publiques, Paris, Armand Colin, 1980, en particulier
p. 319 à 333.
5. Cf. sur ce point les trois articles de Sébastien Kott in L’invention de la gestion des finances
publiques, Élaborations et pratiques du droit budgétaire et comptable au XIXe siècle (1815-1914),
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2010, en particulier « La
gestion publique dans l’ordre juridique des monarchies censitaires », p. 169 à 190 et «
L’invention d’outils “gestionnaires” dans le système financier de la Restauration », p. 229 à
240.
6. Jacques Caillosse, La constitution imaginaire de l’administration, Paris, PUF, 2008, p. 274.
7. Citons la réponse écrite de Devaux au questionnaire que lui a adressé Nathalie Carré de
Malberg pour sa recherche sur l’IGF ainsi que le plan de ses mémoires. Je remercie celle-ci
de m’avoir transmis ces documents qui m’ont permis de me livrer à plusieurs études de
l’ouvrage de Devaux, notamment : « Gilbert Devaux et la direction du Budget en 1956 : un
état d’esprit commun ? » in La direction du Budget face aux grandes mutations des années
cinquante, acteur… ou témoin ?, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France, 1998, p. 549 à 586 et « Une volonté de réforme du système financier de la France : le
cas de Gilbert Devaux, haut fonctionnaire au ministère des Finances de 1930 à 1960 » in « La
formation des textes financiers », Revue française de finances publiques, Paris, LGDJ, n° 86,
avril 2004, p. 87 à 105.
8. Né le 21 octobre 1906 à Neuilly-sur-Seine, Gilbert Walter Devaux, fils d’Albert Devaux,
médecin psychiatre, et de Marie Studemund, est licencié en droit et diplômé supérieur de
droit. Après avoir étudié à l’École libre des sciences politiques et avoir été secrétaire de
l’attaché financier à Londres (1929-1930), il est reçu adjoint à l’Inspection générale des
finances le 1er mai 1932. Il est ensuite chargé de mission à la commission des finances du
Sénat et à la direction de la CP le 10 juin 1935, sous-directeur à la CP (contentieux et agence
judiciaire du Trésor) le 16 août 1938, chef adjoint du cabinet du président du Conseil le 25
mars 1940, réfugié en Angleterre le 20 juin 1940, révoqué par le gouvernement de Vichy le
30 septembre 1940, réintégré et détaché sous-directeur à l’administration des Finances le 22
octobre 1946, chevalier de la Légion d’honneur le 27 août 1948, chef de service à l’aide
américaine le 1er janvier 1949, directeur de la CP le 20 août 1949, officier de la Légion
d’honneur le 30 août 1953, directeur du Budget le 1er janvier 1957, commandeur de la
Légion d’honneur le 9 décembre 1957, inspecteur général le 1er novembre 1959, directeur
général honoraire au ministère des Finances et des Affaires économiques le 30 juin 1960,
président-directeur général de la société nationale d’assurances « L’Urbaine-incendie » le
1er novembre 1960, président (1960-1972) puis conseiller technique (1972-1974) de la
Compagnie nationale du Rhône, membre du Rotary-club de Paris et président général du
Demi-Siècle. Voir aussi Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances (1801-2009), F.
Cardoni, N. Carré de Malberg, M. Margairaz (dir.), Paris, Comité pour l’histoire économique
et financière de la France, 2012, p. 154-155 et 627-628.
9. Sur la formation reçue par Devaux et le parrainage propre à l’IGF de l’époque, voir N.
Carré de Malberg, Le grand état-major financier : les inspecteurs des Finances 1918-1946, Les
hommes, le métier, les carrières, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France, 2011, en particulier p. 170 et 172.
10. Cf. Florence Descamps, « Le grand réveil de la Cour des comptes (1914-1941), du
jugement des comptes au contrôle de la gestion des administrations », voir supra.
11. Sur ce point, voir Matthieu Conan « La loi de règlement, victime collatérale de la guerre
de 1870 », in L’invention de la gestion des finances publiques…, p. 209 à 228.
12. Cf. Sébastien Kott, Le contrôle des dépenses engagées, Évolutions d’une fonction, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France, 2004.
13. Voir sur ce point La direction du Budget entre doctrine et réalités, 1919-1944, Paris, Comité
pour l’histoire économique et financière de la France, 2001 et F. Descamps « Le grand
réveil… », supra.
14. Voir supra, A. Chatriot, « Les offices… ».
15. Cf. Doc 3.947 L/C 3.571 du 6 février 1935, p. 2 ; SAEF, fonds « Comptabilité publique »,
B50367.
16. Sur ces points, voir F. Descamps, « Le grand réveil… », supra et P. Masquelier « L’histoire
de la direction de la Comptabilité publique de 1870 à 1940 : de l’administration des choses
au gouvernement des hommes ? » in La Comptabilité publique, Continuité et modernité, Paris,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1995, p 41 à 77 et Marcel
Soquet, La réforme de la Comptabilité publique, Paris, 1934. Celui-ci écrit p. 7 : « Actuellement il
n’existe que des comptes de détail ; il n’y a pas de comptes collectifs ou si peu, et on ne tire
pas un réel parti de ceux qui ont été créés. Et c’est là le défaut capital de la Comptabilité
publique. Elle est constituée d’écritures et de chiffres non groupés, susceptibles de rendre
des services dans le contrôle de détail mais impuissants à donner ces résumés saisissants
qui permettent, à l’aide de quelques chiffres, d’apprécier une situation. On est toujours dans
les galets de la falaise, on ne monte jamais vers le faîte ».
17. Décrets des 25 juin et 15 décembre 1934 et décrets-lois des 25 et 30 octobre 1935, voir
supra A. Chatriot, « Les offices… ».
18. Gilbert Devaux, « Synopsis de synopsis d’un livre sur : “L’aventure est-elle une règle de
vie ?” », texte dactylographié, p. 7.
19. Sur ce point, on pourra se référer à Pierre Legendre, Trésor historique de l’État en France,
l’administration classique, Paris, Fayard, 1992, p. 407, 408, 591 et suivantes notamment.
20. G. Devaux, op. cit., p. 15.
21. P. Legendre, op. cit., p. 316.
22. Maurice Hauriou, cité par P. Legendre, ibid., p. 413.
23. Richard F. Kuisel, Le capitalisme et l’État en France, modernisation et dirigisme au XXe siècle,
Paris NRF Gallimard, 1984, p. 45
24. Tenant de cette première option, Albert Schatz, professeur de sciences économiques et
politiques, écrit en 1922 : « L’État, incapable par nature d’administrer une entreprise
commerciale ou industrielle, dépourvu de ressources, débordé par les exigences de son
personnel, a pour premier devoir et pour impérieuse obligation, de désencombrer son
programme d’action. S’il peut encore être organe de Gouvernement, c’est à condition de
n’être rien d’autre et de concentrer sur l’administration gouvernementale proprement dite
et aussi simplifiée que possible, tous ses efforts et toutes ses disponibilités. Telle est au point
de vue de la doctrine administrative, la condition préalable de toute réorganisation utile des
méthodes administratives de gouvernement. » Il conclut : « Il est vain de s’attarder à
rajeunir les méthodes de l’État ; il faut le désencombrer, par dépossession pure et simple de
ses exploitations qu’il est radicalement incapable de gérer ». L’Entreprise gouvernementale et
son administration, 1922, citée in Éric Gristi, La réforme de l’État, Paris, Vuibert, 2007, p. 71.
Voir également Stéphane Rials, Administration et organisation, 1910-1930, Paris, Beauchesne,
1977.
25. René Favareille, Réforme administrative par l’autonomie et la responsabilité des fonctions (self-
administration) 1919, cité in É. Gristi, ibid., p. 70. Voir aussi O. Dard, Jean Coutrot 1895-1941, de
l’ingénieur au prophète, PUFC, 1999, p. 166 et supra A. Chatriot sur le développement des
offices.
26. H. Chardon, cité in É. Gristi, ibid., p. 43.
27. Le rapport de M. Bauchard, du 13 novembre 1962 à propos du projet de décret portant
règlement de la CP, date de la loi de 1922 sur le contrôle des dépenses engagées le passage
de la défense de la caisse à la défense du Budget, archives du Conseil d’État p. 9 et 16.
28. « De 1683 au premier plan quinquennal du gouvernement soviétique en Russie, aucun
effort conscient et dirigé pour développer la vie industrielle d’une nation n’a été si loin que
celui de Colbert », C. Woolsey Cole, Colbert and a century of french mercantilism, New York,
1939, II, p. 326 sqq. Cité par P. Legendre, op. cit., p. 326.
29.Idem.
30.Ibid., p. 335. Au rôle de l’État dans l’économie et aux circonstances liées à la guerre, il
faut ajouter le rôle de la démocratisation dans l’accroissement structurel des dépenses
publiques en raison de l’alternance politique et du souci de plaire au peuple, « souverain
nécessiteux », introduction de Philippe Bezes et Alexandre Siné, Gouverner (par) les finances
publiques, Paris, Éditions de Sciences-po, 2011, p. 34.
31. Jacques Chevallier et Danièle Lochak, La science administrative, Paris, PUF, 1987, p. 110.
32. Auguste Vivien (1799-1854), Études administratives, Free Edition, www.ebookslib.com, p.
55 et cité in P. Legendre, op. cit., p. 410.
33.Ibid., respectivement p. 410 et 409.
34. Émile Faguet (1847-1916), Le Libéralisme, Paris, Société française d’imprimerie, 1903, p. 5.
35. P. Legendre, op. cit., p. 414.
36. G. Devaux, « Synopsis de synopsis d’un livre…», p. 22.
37. Robert Belot « Les enjeux politiques du contrôle budgétaire. Quelques aspects du
fonctionnement de l’État français sous l’Occupation », Revue française de finances publiques, n°
54, 1996, p. 161-184.
38. On trouve de multiples témoignages sur la désorganisation de la Comptabilité publique
en tant qu’administration sur le terrain pendant la seconde guerre mondiale dans Vies de
percepteurs, Fragments autobiographiques, 1918-1993, morceaux choisis et commentés par
Catherine Jumeau, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Paris, 2001,
p. 137 à 140 et p. 383 à 385. Citons par exemple le résumé d’un des récits utilisés : « Tous les
personnels du Trésor de Vesoul étant repliés en zone libre, [Paul Lautier] est promu “chef
des services départementaux du Trésor”, chargé d’ouvrir la trésorerie générale au public et
de trouver un agent de guichet. Mais bientôt les billets de banque viennent à manquer. Le
préfet confie alors à un imprimeur le soin de fabriquer des billets qui sont ensuite revêtus
du cachet de la trésorerie générale. Cette monnaie de papier d’une légalité douteuse fut
retirée de la circulation dès que la Banque de France eut repris son activité. » op. cit., p. 384.
39. Yves Bouthillier, Le drame de Vichy. II. Finances sous la contrainte, Paris, Plon, 1950-1951, p.
248, cité par Michel Margairaz in L’État, les finances et l’économie. Histoire d’une conversion, 1932-
1952, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1991, p. 537, voir
aussi François Bloch-Lainé et Claude Gruson, Hauts fonctionnaires sous l’occupation, Paris,
Odile Jacob, 1996, notamment p. 72-73.
40. Cf. les citations de Jean Bichelonne et François Lehideux in M. Margairaz, L’État, les
finances et l’économie…, op. cit., p. 538 et 539.
41. Y. Bouthillier, Le drame de Vichy…, op. cit., p. 256.
42. « Certains Français avaient, dès avant la dernière guerre, compris que les principes du
libéralisme qui avaient fait la fortune du XIXe siècle étaient périmés » et chapitre XI où sont
évoquées les positions de Jean Coutrot et Auguste Detœuf notamment, M. Margairaz, op. cit.,
p. 537 et p. 315 à 364.
43. « …la défaite offre l’occasion de rejeter les mécanismes libéraux, non seulement pour le
temps des hostilités, mais aussi pour l’après-guerre ». Ibid., p. 539.
44. Henri Chatenet, Les dépenses et les recettes de la France du 1er août 1914 au 1er janvier 1942,
préface de Lucien Petit, inspecteur général des Finances honoraire, éditions A. Pédone,
1942, p. 106, et André Bisson, Finances publiques françaises, Paris, Berger-Levrault, 1941, p.
271-272, tous deux cités in R. Belot, « Les enjeux politiques… », op. cit.
45.Ibid., p. 502-503.
46.Ibid., p. 1337, texte en italique souligné par l’auteur.
47. Y. Bouthillier, op. cit., p. 13.
48. Bruno Latour, Un monde pluriel mais commun, Entretiens avec François Ewald, Éditions de
l’Aube, 2003, p. 47.
49. G. Devaux, « Synopsis de synopsis… », p. 17.
50. Pierre Rosanvallon souligne que l’intervention de l’État n’est pas, par elle-même, un
phénomène nouveau L’État en France de 1789 à nos jours, Paris, Le seuil, 1990, p. 200 à 202.
S’agissant des principes gestionnaires, Stéphanie Flizot montre par exemple que la Cour des
comptes s’y réfère déjà dans les années 1930, cf. supra « Qualité de la gestion… ».
51. P. Rosanvallon, op. cit., p. 250 à 252.
52. On trouvera confirmation des liens entre technocratie et plan comptable dans Oussama
Ourriemmi, L’histoire de la normalisation comptable en France 1936-1944, mémoire de recherche
à l’Institut d’administration des entreprises, CEREGE, université de Poitiers, 2007-2008, en
ligne sur le net www.management.free.fr/formations/Contenu/Ouriemmi.pdf, p. 68 et 74.
53. SAEF, carton B55187, rapport présenté à la commission de normalisation des
comptabilités par M. Chezleprêtre, 6 décembre 1940. Celui-ci précise que « la comptabilité
doit servir en même temps les intérêts de l’entreprise et ceux de la puissance publique ». On
retrouve la même idée plus approfondie dans un document de décembre 1942 : « Le plan
comptable doit répondre à un triple objectif et être conçu de manière à ce que la
comptabilité puisse satisfaire aux besoins des entreprises, des organismes directeurs de la
profession et de la puissance publique responsable de la direction de l’économie », SAEF,
carton B55188, « Étude sur le plan comptable », document anonyme daté de décembre 1942.
On remarquera que le plan comptable général de 1942 n’est appliqué en définitive qu’à des
établissements gérés directement ou indirectement par l’État, tel l’Imprimerie nationale et
les usines domaniales de potasse d’Alsace, et non pas au secteur privé, O. Ourriemmi, op. cit.,
p. 90. Préconisant l’alignement de la comptabilité de l’État sur celle des entreprises J.
Anthonioz écrit, semble-t-il en 1947 : « Il n’y aura pas d’organisation de la comptabilité
nationale sans [une réforme de la comptabilité publique] ; et nous émettrons la prétention
de voir cette réforme prendre pour base le même cadre général, le même concept
économique, proposé pour les entreprises afin de pouvoir, concurremment, gravir les
mêmes échelons pour atteindre les mêmes sommets. On a dit et répété que la comptabilité
de l’État et des collectivités ne pouvaient pas ressembler à celles des entreprises. Il nous
semble, quant à nous, que cette opposition n’est pas raisonnable et qu’elle ne porte pas en
elle une part suffisante de réflexion. Il ne faut pas oublier, en effet que la comptabilité
publique, ainsi que celle des collectivités, n’enregistrent que des faits économiques, tout
comme la comptabilité des entreprises », commission de normalisation des comptabilités,
rapport de M. J. Anthonioz, rapporteur de la 4e sous-commission, p. 8-9, SAEF, carton
B55191.
54. Jacques (Gustave, Eugène) Chezleprêtre, né en 1897, contrôleur adjoint stagiaire avant
1921, contrôleur des contributions directes du département de la Seine en 1926, docteur en
droit (1927), chef de bureau à la direction générale des Contributions directes (DGCD) en
1939, directeur des enquêtes régionales et de la documentation nationale à la DGCD en
janvier 1940. Il est révoqué sans pension le 5 janvier 1945 pour avoir voulu imposer le plan
comptable général en recherchant l’appui des autorités allemandes. Sur le détail de la
carrière et de l’action de Jacques Chezleprêtre, on pourra se référer utilement à O.
Ourriemmi, op. cit., p. 70.
55. Étude sur le plan comptable, document anonyme daté de décembre 1942, p. 9, SAEF,
carton B55188.
56. Hubert Davost, « La comptabilité nationale », conférence du 26 octobre 1956, ITAP, p. 3.
57. Charles, Louis, Gaston, marquis d’Audiffret, Le système financier de la France, tome V,
Paris, Paul Dupont et Guillaumin & Cie, 1864, p. 12, souligné par nous.
58. Marquis d’Audiffret, op. cit., p. 12.
59. J. Anthonioz, « Introduction à l’organisation nationale de la comptabilité », 5 décembre
1941, p. 35. Texte souligné par nous, SAEF, carton B55187.
60. J. Anthonioz, rapport à la commission de normalisation…, déjà cité, p. 3
61.Ibidem, texte en italique souligné par nous. Un demi-siècle plus tard, les illusions sont
tombées : ainsi que le souligne Marc Amblard, « Le modèle comptable ne relève pas d’une
vérité immanente mais repose sur une symbolique et des mécanismes qui résultent de choix
humains à un moment donné », in « Conventions et comptabilité : vers une approche
sociologique du modèle », Comptabilité, Contrôle, Audit, n° spécial, juin 2004, p. 47-68.
62. J. Anthonioz est membre du Conseil supérieur de la comptabilité créé le 16 janvier 1947
sous la mention « directeur de comptabilité », arrêté du 21 mars 1947 portant nomination
des membres du Conseil supérieur de la comptabilité, SAEF, carton B 55197.
63. « L’homme est très complexe. Il n’est pas semblable à lui-même d’abord et est très
différent de son prochain (sic). C’est ce qui explique toutes les difficultés d’observations le
concernant aussi bien dans sa vie courante, dans la famille, chez lui, que dans la société,
dans son travail, à propos de ses aptitudes et de sa sélection et enfin dans son organisation
ou le libéralisme doit céder la place à un autoritarisme intelligent. » J. Anthonioz, « Introduction…
», 5 décembre 1941, p. 4, texte en italique souligné par nous, voir aussi F. Bloch-Lainé et
Claude Gruson, op. cit., p. 72-73.
64. Alain Desrosières évoque « l’efficace promotion du thème de “l’homme moyen”, si
“raisonnable et prévisible” », par Quetelet et ses disciples déjà au XIXe siècle, Formes d’État
et figures de l’intervention économique : la naissance d’un nouveau langage statistique, entre 1940 et
1960, INSEE, Paris, 2001, p. 3.
65. M. Margairaz, op. cit., préface de François Bloch-Lainé, p. XIV.
66. Adolphe André Brunet (1902-1986), notamment rapporteur de la commission de réforme
de la comptabilité publique (1934) puis du Comité de réorganisation du ministère des
Finances (1935), conseiller technique au Comité de réorganisation administrative (1938),
devient contrôleur d’État chargé des fonctions de commissaire du Gouvernement auprès du
Conseil supérieur de l’ordre des experts comptables (1945-1968), Dictionnaire historique des
inspecteurs des Finances (1801-2009), op. cit., p. 544-545 et la notice de Béatrice Touchelay p.
272-273.
67. Premières épreuves corrigées du rapport général rédigé par André Brunet présenté au
nom de la commission de normalisation des comptabilités, 1947, SAEF, carton B55191,
souligné par nous. Encore en 1969, on pouvait noter « le peu de relations [de la CP] avec les
secteurs économiques du département » et identifier « les freins organisationnels internes
au développement d’un rôle économique du TPG », François d’Arcy et Pierre Grémion, Les
services extérieurs du ministère de l’Économie et des Finances dans le système départemental,
rapport de pré-enquête, CNRS, CSO, Paris, 1969, p. 24 et 42.
68. Marcel Soquet a été expert-comptable près la chambre de commerce de Brest, délégué
de la Société de la Comptabilité de France et membre du Comité national de l’organisation
française.
69. M. Soquet, « La notion de prix de revient en matière de comptabilité publique », La
Revue du Trésor, janvier 1952, p. 43-48.
70. G. Devaux, op. cit., p. 12-14. Notons toutefois que G. Devaux écrit « géré par la nation » et
non pas par l’État. Mais quel peut-être le relais gestionnaire de la nation sinon l’État lui-
même ?
71.Ibid., p. 185.
72. De ces conflits plus ou moins latents on trouve la trace notamment dans une note pour
le cabinet du 23 janvier 1948 à propos de la codification de l’arrêté du 30 décembre 1947,
signée du directeur de l’Organisation économique et du Contrôle des entreprises publiques,
par laquelle celui-ci évoque Devaux se défendant de vouloir « faire échec à la compétence
de la direction de l’Organisation économique et du Contrôle des entreprises publiques »,
SAEF carton B55191.
73. M. Margairaz, op. cit., préface de François Bloch-Lainé, p. XIV.
74. Sur la crainte de Gaston Cusin que l’administration des Finances ne parvienne à
assujettir les entreprises publiques « au contrôle tatillon inspiré de la comptabilité publique
», Michel Margairaz conclut : « Plus qu’un débat de fond, d’ordre économique et financier,
ou, a fortiori, politique, la querelle apparaît bien davantage comme une rivalité de services, de
corps et de personnes », souligné par l’auteur, op. cit., p. 1083.
75. G. Devaux, op. cit., p. 22, souligné par nous.
76.Ibidem, souligné par l’auteur.
77. Gaston Cusin, 1903-1993 : après avoir dirigé plusieurs cabinets ministériels entre 1936 et
1939, il est contrôleur financier, commissaire de la République à Bordeaux et délégué du
gouvernement provisoire au ministère de l’Économie nationale (1944-1945), puis secrétaire
général du Comité économique interministériel (1945) et inspecteur général de l’Économie
nationale entre 1946 et 1951.
78. Cité par Michel Margairaz, op. cit., p. 1082, SAEF, 5A15, doc. Félix Gaillard.
79.Ibid., p. 1083, SAEF, 5A17, observations sur le projet du ministère des Finances tendant à
la nomination conjointe de contrôleurs d’État, 22 octobre 1947, signées Gaston Cusin, 4 p.
80.Ibidem, SAEF, 5A18, secrétariat du CEI, note de Gaston Cusin, 27 octobre 1948, p. 10. Il faut
mettre en regard des plaintes de Cusin et des inquiétudes de Devaux l’analyse en 1969 de
Robert Catherine et Guy Thuillier : « il arrive que l’administration soit conduite à opérer en
marge de son habituel formalisme, lorsqu’il s’agit par exemple de lancer des innovations,
roder des procédures nouvelles, faire face à certains impératifs techniques. D’où ces conflits
permanents avec les ministères, les corps de contrôle, chargés d’assurer la régularité des
choses et de veiller à l’orthodoxie financière. Ainsi s’étendent dans le prolongement de
l’administration “classique”, les zones de semi-liberté “non formaliste” constituées par les
services – généralement à mission économique – en concurrence avec le secteur privé. À
titre exceptionnel, l’administration est là bien obligée de leur “faire confiance”, de courir
certains risques de gaspillage et de détournement de pouvoir, compte tenu de son
incapacité à administrer des intérêts étrangers au service public, stricto sensu, et du jeu des
passions et des mobiles privés. L’efficacité de ces services s’en trouve accrue, la vitesse de
réaction de l’administration devant l’événement n’étant plus freinée par le respect de
certaines formes, dont celles qui tiennent par exemple à la rigidité de l’affectation des
crédits. » Guy Thuillier et Robert Catherine, Introduction à une philosophie de l’administration,
Paris, Armand Colin, 1969, p. 167-168.
81. G. Devaux, op. cit., p. 187, souligné par l’auteur.
82.Ibid., p. 197.
83. Une note pour le cabinet du ministre de l’Économie nationale, probablement vers 1948,
signée du directeur de l’Organisation économique et du Contrôle des entreprises publiques
se fait l’écho de cette guérilla de frontière sur arrière-fond doctrinal en matière de gestion
publique ou privée. Ainsi écrit-il à propos d’une interprétation de la notion de deniers
publics par les Finances (sans doute par la CP) qu’il qualifie « de quelque peu hardie » : «
Mal fondée dans son principe juridique, la nouvelle thèse soutenue par le département des
Finances aurait pour résultat de réduire presque à néant les attributions que possèdent
dans ce domaine les Affaires économiques puisque ma direction verrait sa compétence
réduite aux sociétés d’économie mixte dont l’État ne possède pas la majorité du capital,
c’est-à-dire à quelques rares et en général peu importantes sociétés ». SAEF, carton B55191.
84. La convergence a d’autant plus de relief qu’à notre connaissance P. Legendre ne
mentionne pas La comptabilité publique dans ses bibliographies.
85. P. Legendre, op. cit., p. 10.
86. G. Devaux, op. cit., p. 1.
87. Pierre Henri Allix, 1904-1960, inspecteur général des Finances, directeur de la CP de
1943 à 1949, Règles de la comptabilité publique en France, Paris, Centre de documentation
universitaire, 1944, 272 p.
88. Michel Prada, André Sonrier, La comptabilité publique, Paris, Berger-Levrault, 1978.
89. « Depuis 1953 on assiste à une nouvelle tentative de codification » ou encore « Une
expérience partielle d’harmonisation a été tentée en 1953 par deux décrets-lois du 9 août et
du 30 septembre », op. cit., p. 36.
90. Cf. P. Masquelier, « L’action administrative de Gilbert Devaux, directeur aux finances
dans les années 1950 : sous le masque de l’anonymat, quelle personnalisation effective ? » in
La décision et la personnalisation de l’action administrative, sous la direction de Jean-Michel
Leniaud et François Monnier, Paris, EPHE, 2010, p. 103 à 115.
91. En 1978, l’histoire ayant invalidé sa réforme, Devaux change de ton et n’hésite pas, lors
d’un colloque sur la responsabilité personnelle et pécuniaire des comptables publics, à
engager publiquement la polémique sur le sort finalement réservé à ses textes. À propos de
l’abrogation de l’article 8 du décret du 9 août 1953, il intervient sèchement : « Je
m’expliquerai en dehors de cette séance avec Monsieur Prada et Monsieur Hirsch, sur les
modifications apportées au décret de 53, modifications que pour ma part je n’apprécie pas
du tout », Annales de l’université des sciences sociales de Toulouse, Toulouse, 1979, p. 414.
92. Précisons que ce vocabulaire est symptomatique de la posture de citadelle assiégée de la
Comptabilité publique et du Budget notée par Alexandre Siné in L’ordre budgétaire,
L’économie politique des dépenses de l’État, Paris, Economica, 2006, p. 304 et suivantes. À bien
des égards, il symbolise aussi l’idée de frontière entre gestions publique et privée.
93. G. Devaux, op. cit., p. 64.
94.Ibid., p. 139.
95. Il écrit à propos de la tendance d’après-guerre à solliciter les Finances dans le sens de
l’affectation des fonds : « Le “centre vital” qui doit en toute éventualité demeurer hors
d’atteinte c’est l’unité de la Trésorerie », ibid., p. 138.
96. « Si j’avais adopté le ton d’un traité le lecteur aurait pu croire – en raison des fonctions
que j’occupe – que j’exposais une “doctrine officielle”. Or il n’y a pas de “doctrine officielle”
; il n’y a que des “décisions administratives” intervenant dans un flot mouvant de
discussions collectives », ibid., p. VI.
97.Ibidem.
98. « J’avoue que je ne parviens pas à approuver la tendance consistant à confier des
opérations financières de droit public à des “alliés du Trésor”. Le rôle du ministre des
Finances est de défendre un mécanisme cohérent et complet », ibid., p. 234.
99. G. Thuillier et R. Catherine, op. cit., p. 192.
100. G. Devaux, op. cit., p. 162.
101. Encore à la fin des années 1970, Devaux écrit : « À l’ENA, sept années de suite, j’ai
exposé les principes auxquels je crois et je les ai résumés dans un livre que les étudiants se
transmettront comme une bible ». Réponse au questionnaire de N. Carré de Malberg, déjà
cité, p. 37.
102. G. Devaux, op. cit., respectivement p. 15, 183 et 216.
103.Ibid., p. 145. Ces principes correspondent aux trois premiers chapitres de La comptabilité
publique.
104. À noter que le rapport de M. Bauchard, déjà cité, s’inspire très largement de la lecture
historique de Devaux à propos de l’évolution de la CP depuis la caisse jusqu’au « Trésor en
tant qu’entité économique et souverainement dynamique de la nation », rapport, p. 16.
105.Ibid., respectivement, p. 64 et 65.
106. P. Legendre, Le Trésor…, op. cit., p. 14.
107. G. Devaux, op. cit., respectivement p. 189 et V.
108. Cf. également ce qu’écrit P. Legendre : « De très récentes études, dirigées vers
l’appréciation des données psychologiques du système [bureaucratique français], soulignent
l’importance extrême de la frontière séparant les deux univers, secteur public et secteur
privé… », op. cit., p. 592.
109.Ibid., p. 15, 88, 188, 216, 70, 16, 47, 187 et 103.
110.Ibid., p. 161.
111. Guy Thuillier, Pour une histoire de la bureaucratie en France, Paris, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 1999, « Comment faire l’histoire psychologique de
l’administration ? », p. 141 à 153.
112.Ibid., p. 6.
113.Ibid., p. 65. Afin d’illustrer ce point, voir : Vies de percepteurs, fragments autobiographiques,
1918-1993, morceaux choisis et commentés par C. Jumeau. L’auteur évoque « L’attachement
compulsif des percepteurs à leur caisse, emblématique d’un respect des règles de la
comptabilité publique érigé en norme suprême », p. 608. Ainsi que le note un des témoins
cités : « Le comptable du Trésor, responsable de sa caisse, doit prendre toutes les
précautions indispensables à la conservation des fonds qui lui sont confiés. L’instruction sur
le service général de la comptabilité de 1859 prévoit même qu’il doit “coucher ou faire
coucher un homme sûr dans le lieu où il tient ses fonds” », André Nicoulin, p. 618. D’autres
confirment la scrupuleuse mise en pratique de cette recommandation : « Appliquant au pied
de la lettre l’instruction générale de 1859, mon père avait son coffre-fort au pied du lit
conjugal », Claude Lhorty, p. 552 ; ou encore : « Comme il n’est pas prudent de balader le
cartable contenant le numéraire et les valeurs hors du circuit de responsabilité du
comptable ni que je l’emmène coucher chez moi, je coucherai in situ avec la caisse et, faute
d’autre chose, dans le lit même du patron, la caisse sous le lit », Pierre Caro, percepteur
intérimaire en Alsace, 1946, p. 552. Autre exemple : « Elle “couchait” tous les soirs dans ma
chambre. Le fin du fin consistait à la placer – que dis-je, placer ! – la lancer sous le lit d’un
coup de pied dégagé mais énergique qui avait pour effet de la soustraire aux regards
éventuellement indiscrets. Naturellement, le lendemain, une petite séance de plat-ventre
était nécessaire à la récupération du trésor », Roger Calvanus, p. 552-553.
114. G. Devaux, op. cit., respectivement p. 4 et 81.
115. Évoquant le cas d’un comptable dont la responsabilité est mise en jeu, René Magniez,
TPG, témoigne du poids psychologique qu’elle représentait : « Pendant de nombreuses
années, le comptable vint me rendre visite. Il ne cessait de supputer ce qui lui serait
réclamé et de mettre en regard ses biens personnels dont il se demandait si le produit de
leur vente serait ou non de nature à apurer sa dette. J’avoue qu’au début, les calculs
auxquels il se livrait devant moi m’agaçaient profondément. Mais à mesure que le temps
passait, j’en arrivais à partager sa peine. Un jour, longtemps après, la décision fut prise.
Heureusement pour lui, elle ne fut pas à la mesure de ses craintes. Mais qu’importe ! Il avait
été responsable, il en avait souffert cruellement, durablement. La responsabilité, je l’ai alors
appris, ne se mesure pas seulement en deniers », C. Jumeau, op. cit., p. 638.
116. Devaux rappelle que la responsabilité personnelle et pécuniaire comporte « la faculté
et même l’obligation de ne pas obéir à tout ordre contraire aux règles de la comptabilité
publique », op. cit., p. 69.
117. G. Devaux, op. cit., p. 183.
118.Ibid., p. 2.
119.Ibid., p. 22.
120. Ainsi pourra-t-on s’inspirer des considérations de M. Amblard, « Conventions et
comptabilité… », déjà cité, pour les appliquer aux principes de la CP.
121. G. Devaux, op. cit., p. 16.
122.Ibid., p. 106.
123. On retrouve notamment l’importance accordée au caissier et à la caisse dans le
décalque qui en a été fait depuis le début du XIXe siècle au sein des caisses d’épargne dont
chacune, jusque dans les années 1980, était encore le plus souvent dirigée, c’est-à-dire
conservée en l’état sans aucune préoccupation de gestion managériale, par un caissier
responsable sur ses propres fonds de la justesse de sa caisse. L’emprise des règles de la CP
sur les mentalités françaises serait alors un des facteurs explicatifs d’une certaine stérilité
de l’épargne en France et d’une absence d’initiative du corps social au-delà du secteur
public.
124. Exemple parmi d’autres, citons Yug Sellas pour illustrer la dimension pratique de ce
souci d’exactitude en même temps que la distinction vécue sur le terrain entre comptabilité
publique et comptabilité privée du petit commerce : « …un soir, la caisse présentait une
différence de 0,10 F en moins ; je n’étais personnellement pas qualifié pour rechercher cette
erreur. MM. A. et P. ont compté et recompté la caisse, pointé et repointé les pièces de
dépenses, les timbres-poste et les timbres-quittances que nous détenions alors. Tous ces
comptes vus et revus laissaient toujours ressortir 0,10 F de différence. Et l’heure tournait
(…) et j’avais mes douze kilomètres à bicyclette à faire dans la nuit. N’y tenant plus, (…) je
me souviens avoir sorti une pièce trouée de 10 centimes pour mettre un terme à ces vaines
recherches qui retardaient mon départ…pour si peu ! Ce geste-là me valut de vertes
remontrances à la base desquelles il était bien précisé qu’en perception “on ne faisait pas de
la comptabilité d’épicier”. Je devais me le tenir pour dit ! », C. Jumeau, op. cit., p.120. On
trouvera d’autres exemples tout aussi éloquents, en particulier p. 391-392 et 399-400.
125. Sans doute y a-t-il là matière à un développement qui s’inscrirait dans la perspective
sociologique proposée par A. Siné et P. Bezes afin d’« analyser les enjeux de pouvoirs,
d’autorité, de domination, de mobilisation, de légitimation, de socialisation ou de
citoyenneté », Gouverner…, p. 32.
126. G. Devaux, op. cit., p. 180.
127.Ibid., p. 182.
128.Ibid., p. 15.
129.Ibidem, cf. aussi G. Thuillier et R. Catherine, op. cit., « L’administration est toujours
maîtresse de sa doctrine », p. 162 à 166.
130. Philippe d’Iribarne, La logique de l’honneur, gestion des entreprises et traditions nationales,
Paris, Seuil, 1989, p. 58. Il y a là un autre angle de recherche possible sur les spécificités du
système financier public français.
131. Cf. G. Thuillier et R. Catherine, op. cit. : « [L’administration] a pour principe de ne pas
faire confiance », écrivent-ils avant de citer Balzac : « L’administration calomnie
l’administration pour le salut de l’administration », p. 158-159.
132. Boucher de Perthes dénonçait : « cette hiérarchie de suspicions, ces contrôleurs des
vérificateurs, ces inspecteurs des contrôleurs […], on dépense un sou pour empêcher qu’on
ne vole deux liards », ibid., cité in op. cit. p. 159. Dans la même veine, en 1908-1909, le
rapporteur du Budget Chaumet écrivait « Notre comptabilité n’est point faite pour nous
renseigner sur l’emploi de nos deniers, pour nous permettre, en étudiant leur utilisation,
d’en rechercher une autre plus économique. Elle n’a qu’un but : nous garantir contre
l’improbité possible des comptables […]. Nos règlements […] traitent [les chefs de la marine]
comme s’ils nous avaient donné des raisons décisives de mettre en doute leur honnêteté.
Nous les enserrons dans un réseau de formalités vexatoires […]. Laissons-leur donc plus
d’initiative avec plus de responsabilité ». De même l’ingénieur André Lamouche évoque
pour l’entre-deux-guerres le « système stérile et déprimant du contrôle à répétition
[traduisant le principe de méfiance] » cités in Bernard Lutun, Marine militaire et comptabilité :
une incompatibilité ? Contribution à l’histoire des finances de l’État français, Roubaix, Bernard
Lutun autoédition, 2010, p. 255-256.
133. G. Devaux, op. cit., p. 41.
134. P. Legendre, op. cit., p. 407 et 592.
135. J. Caillosse, op. cit., p. 303.
136. Sur la question de l’importance de la reconnaissance du groupe en matière de
comptabilité on pourra se référer à Marc Amblard, « Conventions et comptabilité… », op. cit.
137. J. Caillosse, op. cit., p. 303.
138. François Burdeau cité par P. Legendre, op. cit., p. 401.
139. G. Devaux, op. cit., p. 190, souligné par l’auteur.
140. G. Devaux, op. cit., p. 34, souligné par l’auteur.
141.Ibid., p. 34-35.
142. G. Devaux, op. cit., p. 1.
143. Cf. le paragraphe sur la « Définition juridique moderne » de la comptabilité publique,
ibid., p. 6 à 9.
144. B. Latour, La fabrique du droit, une ethnographie du Conseil d’État, Paris, La Découverte,
2002, p. 231.
145. Ainsi, par exemple, trouve-t-on dans le rapport Bayot du 11 novembre 1940 : « Faire de
la profession organisée [des experts comptables], un champ d’expérience où œuvreront des
hommes d’élite satisfaisant tout à la fois à la fonction privée et à l’idéal national, n’est-ce
pas créer quelque chose de bien français, de neuf et de beau. » (souligné par nous), SAEF,
carton B55187.
146. B. Latour, La fabrique…, op. cit., p. 199.
147. G. Devaux, op. cit., p. 36, souligné par l’auteur, puis par nous.
148. B. Latour, La fabrique…, op. cit., p. 197.
149. Encore dans les années 1960, on retrouve sur le terrain l’importance des traditions : «
L’originalité des services extérieurs des Finances tient à un certain patrimoine commun à
défendre. C’est de se montrer digne d’un corps considéré […] comme ayant un certain
caractère de traditionalisme » (Trésor), F. d’Arcy et P. Grémion, op. cit., p. 17.
150. G. Devaux, op. cit., p. 20.
151. G. Devaux, op. cit., p. 21. La raison d’être des mécanismes de la comptabilité publique se
justifie par ce constat rapporté par Bernard Lutun pour les années 1920, op. cit., p. 257 : « …il
manquera toujours à la comptabilité des arsenaux ce qu’on trouve dans celle de l’industrie :
la sanction ».
152. Décret du 10 mai 1948, É. Gristi, op. cit., p. 116.
153. Cf. La réforme budgétaire, Travaux de la commission Jacomet, Paris, Les Éditions de
l’Épargne, 1954.
154. Édouard Bonnefous, cité par É. Gristi, ibid., p. 117, Voir également supra les deux
communications de F. Descamps sur l’action de G. Ardant au CCECRSP, puis au Commissariat
général à la productivité.
155. G. Devaux, op. cit., p. 15.
156.Ibid., p. 48.
157.Ibid. respectivement p. 103, 69, 4-5 et 78 à 81.
158. J. Caillosse, op. cit., p. 274.
159. Cf. « Les régimes distincts de responsabilité des ordonnateurs et des comptables », G.
Devaux, op. cit., p. 69-86.
160.Ibid., respectivement p. 69 à 102, 82 et 86.
161.Ibid., p. 85.
162. Décrire le processus de ce mouvement centrifuge est l’objet des sous-parties du
chapitre V « L’évolution moderne et les brèches dans la muraille » intitulées « Les diverses
manifestations de l’éclatement des règles de la comptabilité publique » et « Les
conséquences du mouvement centrifuge », ibid., p. 191 à 217.
163. « Le rôle social des fonctionnaires du Trésor (II) », Marcel Mompezat, La revue du Trésor,
n° 7, juillet 1954, p. 241 et 242.
164. R. Catherine et G. Thuillier, op. cit., p. 191.
165. Lettre manuscrite sur papier à en-tête du Conseil d’État en date du 1er septembre 1962,
signature illisible, archives du Conseil d’État.
166. Rapport de M. Bauchard du 13 novembre 1962, 19 p. et 4 annexes, archives du Conseil
d’État.
167. Cf. S. Kott, « Les prescriptions budgétaires et comptables dans les textes financiers » in
« La formation des textes financiers », Revue française…, op. cit., p. 64-67.
168. Lettre manuscrite sur papier à en-tête du Conseil d’État en date du 1er septembre 1962,
signature illisible, archives du Conseil d’État.
169. « Pourquoi les travaux de Devaux n’ont pas abouti : ce n’était pas une raison politique
mais il y avait peut-être une petite rivalité entre les deux directeurs successifs de la
Comptabilité publique » et « je pense qu’il y a eu une certaine animosité personnelle [du
successeur de Devaux] à vouloir marquer, à vouloir prendre barre sur son prédécesseur et
puis aussi à marquer son passage à la direction par un acte important », témoignage de
Gilbert Rey, entretien avec l’auteur, n° 5 du 12 février 1992, fonds d’archives orales du
Comité pour l’histoire économique et financière de la France.
170. G. Devaux, op. cit., p. 40.
171. Sur ce point, voir Valérie Pernot-Burckel, « L’élaboration du décret du 29 décembre
1962 portant règlement général sur la comptabilité publique », La Comptabilité publique,
continuité…, op. cit., p. 101 à 122.
172. P. Legendre, op. cit., p. 401.
173. M. Margairaz, op. cit., préface de F. Bloch-Lainé, p. XIV.
174. G. Devaux, op. cit., p. 22.
175. M. Margairaz, « La direction du Budget, les ministres et l’administration des Finances
et des affaires économiques de 1949 à 1957 : le tournant keynésien, Rapport de synthèse »,
La direction du Budget face aux grandes mutations des années cinquante, acteur… ou témoin ?,
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998, p. 512.
176. Pour une définition plus complète et générale de « la technique » telle que nous
l’entendons ici, voir Jacques Ellul, Le système technicien, Paris, Calmann-Lévy, 1977, réédition
Le Cherche-midi, 2012, en particulier le chapitre III « La technique comme facteur
déterminant », p. 63-85 et, notamment, les p. 67 à 71 à propos de l’influence de la technique
sur l’État.
177. G. Devaux, op. cit., p. 241.
178. H. Chardon soulignait déjà le rôle prépondérant des progrès scientifiques dans le
développement des offices. Voir supra, A. Chatriot, « Les offices… »
179. G. Devaux, op. cit., p. 208.
180. Voir supra p. 451.
181. G. Devaux, op. cit., respectivement p. 217, 17, 185 et 212 à 214.
182.Ibid., p. 190 et 47. Ces deux citations recoupent les propos de Roland Maspétiol et Pierre
Laroque rapportés par A. Chatriot concernant les offices sur le risque de laisser les
techniciens engager la dépense, voir supra. En 1969, F. d’Arcy et P. Grémion notent
également, à propos du comptable public notamment, « un amoindrissement des facultés
d’arbitrage lié à la multiplication de contre-experts », op. cit., p. 93.
183.Ibid., respectivement p. 47, 44 et 213-214.
184.Ibid., respectivement p. 41, 47 et 47 à nouveau.
185.Ibid., respectivement p. 22 et 217.
186. P. Legendre, op. cit., p. 17.
187. G. Devaux, op. cit., respectivement p. 138, 203, 217 et 234.
188. P. Rosanvallon, op. cit., p. 60.
189.Ibid., p. 58-59.
190. G. Devaux, op. cit., p. 103-104.
191. P. Bezes, op. cit., p. 23.
192. P. Legendre, op. cit., p. 418-419.
193.Ibid., p. 418.
194.Ibid., p. 14 et 15.
195. Michel Crozier, Le phénomène bureaucratique, 1963, p. 14.
196.Ibid., p. 15.
197. G. Devaux, op. cit., p. 239.
198.Ibid., p. 76. Voir supra les deux communications de F. Descamps sur Gabriel Ardant.
199. J. Caillosse, op. cit., p. 317.
200.Idem.
201. Pierre Legendre, Histoire de l’administration de 1750 à nos jours, cité par E. Gristi, op. cit., p.
121.
202. P. Legendre, Le Trésor… op. cit., p. 16.
203. B. Latour La fabrique… op. cit., p. 258.
204. Voir supra, p. 459 et 460.
205. B. Latour, Un monde pluriel mais commun…, op. cit., p. 47.
206.Ibid., p. 24.
207. John Dewey, 1859-1952, fondateur du pragmatisme aux États-Unis.
208. B. Latour, Un monde…, op. cit., p. 32.
209.Ibid., p. 39.
210.Ibid., p. 189.
211. Ibidem.
212. P. Legendre, Histoire de l’administration de 1750 à nos jours, cité par E. Gristi, op. cit., p. 121.
213. G. Devaux, op. cit., p. 184.
214.Ibid., respectivement p. 239-240, 233 et 230.
215.Ibid., respectivement p. 231, 238 et 241.
216. P. Legendre, op. cit., p. 414-415, souligné par nous.
217. G. Devaux, op. cit., p. 233, souligné par nous.
218.Ibidem, souligné par nous.
219.Ibid., p. 239.
220.Ibid., p. 233-234.
221.Ibid., p 17.
222. P. Legendre, op. cit., p. 418.
223. Cf. supra p. 479-480.
224. B. Latour, La fabrique…, op. cit., p. 258.
225. F. d’Arcy et P. Grémion constataient en 1969 : « Il s’est […] constitué autour des
fonctions traditionnelles des services extérieurs des Finances un certain nombre
d’équilibres stables au maintien desquels ont intérêt les différents acteurs concernés », op.
cit., p. 91. Mais peut-être est-ce plus le droit que les acteurs eux-mêmes qui a « intérêt » à ce
maintien ? Faut-il pour autant en déduire une faculté d’adaptation à ce point limitée ?
226. P. Legendre, op. cit., p. 14.
227. G. Devaux, op. cit., p. 80.
228. Cf. Sébastien Kott, « L’invention d’outils “gestionnaires” dans le système financier de la
Restauration », in L’invention de la gestion des finances publiques…, op. cit., p. 415.
229. Évoquant ce texte, F. Descamps note que les notions de coûts et rendements passent au
second plan, cf. supra.
230. G. Devaux, op. cit., p. 16.
231. Cf. supra p. 475-476 et Ph. d’Iribarne, op. cit., « Accomplir les devoirs de son état », p. 21
à 28.
232. G. Devaux, op. cit. p. 16-17.
233. Dans la version dactylographiée de son cours de 1955, Devaux évoque même « le
triomphe de “la fin justifie les moyens” qui est toujours la maxime de la dictature dans les
pays où l’on a perdu le respect de la loi », p. 12-13.
234. G. Devaux, op. cit., p. 234.
235.Ibid., p. 1.
236. « Lorsque [la réglementation financière] disparaît, tout devient beaucoup moins clair.
Chaque cellule administrative s’isole et, ne pouvant plus se justifier par des chiffres, elle
s’abrite derrière un nuage de mystère. Chacun s’efforce en tâtonnant de travailler dans le
secret, la confidence et la nuit », ibid., p. 213.
237.Ibid., respectivement p. 236, 235, 179, 195, 235 et 240.
238.Ibid., p. 32 et 33.
239. B. Latour, La fabrique…, op. cit., p. 288.
240.Ibid., p. 284.
241.Ibid., respectivement p. 288, 294-295 et 299.
242. G. Devaux, op. cit., p. 10.
243. P. Bezes, « Perspectives de recherche pour une histoire de la régulation des finances
publiques. Le regard d’un politiste » in L’invention de la gestion des finances publiques,
Élaborations…, p. 13.
244. J. Caillosse, La constitution…, p. 13-14.
245. P. Legendre, Ce que nous appelons le droit, Gallimard, « Le débat », n° 74/1993, p. 107 cité
in J. Caillosse, ibid., p. 14-15..
246. P. Bezes et A. Siné écrivent sur ce point « Le traitement de l’argent public semble […]
relever d’une culture du sacré et du profane » et « Les pratiques sont encadrées par des
règles de droit et une technicité spécifiques […] qui confèrent une sacralité à la gestion de
l’argent public », in Gouverner…, op. cit., p. 26.
247. G. Devaux, op. cit., p. 1.
248. J. Caillosse, op. cit., p. 285.
249. P. Legendre Trésor…, op. cit., p. 15.
250. Commission de normalisation des comptabilités, rapport de J. Anthonioz, rapporteur à
la 4e sous-commission, p. 7, SAEF carton B55191. Texte en italique souligné par nous.
251. Sur ce point, voir ce qu’écrit Olivier Dard à propos de Jean Coutrot qui se comportait
davantage comme un exalté et comme un croyant que comme un intellectuel épris de
rationnalité (ce qu’il prétendait pourtant être). Olivier Dard, Jean Coutrot, 1895-1941, de
l’ingénieur au prophète, Presses universitaires franc-comtoises, 1999, p. 406.
252. G. Thuillier et R. Catherine, op. cit., p. 210.
253. Celle-ci ne concerne pas seulement le public mais également au premier chef
l’administration elle-même : « Le savoir de l’administrateur est largement tributaire de sa
propension à croire », ibid., p. 191.
254. En réalité « Le problème n’est pas d’apporter une vérité comptable objective qui
engendrerait la confiance comme le pensent la plupart des praticiens et de nombreux
auteurs comptables, mais d’apporter une croyance, un bien commun, une référence
commune qui permettrait aux principaux acteurs un moment donné, de dialoguer, de
s’affronter, d’effectuer des transactions, de négocier », Michel Capron, « La comptabilité :
faut-il y croire pour avoir confiance ? », Gérer et comprendre, décembre 1990, p. 75-83.
255. Hanna Arendt, Condition de l’homme moderne, 1961, cité par Véronique Chanut, « Pour
une nouvelle geste évaluative », in Évaluer les politiques publiques pour améliorer l’action
publique, une perspective internationale, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière
de la France, 2009, p. 171. Dans la même optique on peut citer Michel Crozier et Erhard
Friedberg, : « Pour apprendre il faut agir sans encore connaître, donc prendre un risque
qu’un calcul trop serré des coûts et avantages rendrait impossible », in L’acteur et le système,
Paris, Seuil, 1977, p. 273.
256. P. Bezes, Gouverner…, p. 23
257. Selon la formule de B. Latour déjà citée supra p. 456, Un monde…, p. 47.
258. J. Caillosse, op. cit., p. 407.
259. Citant Finanztheorie und finanzsoziologie (1959, p. 162) de Fritz Karl Mann, Sébastien Guex
estime que celui-ci ouvre « une ultime piste dont il est difficile de ne pas voir l’intérêt au
jour d’aujourd’hui » lorsqu’il souligne « un important phénomène socio-économique actuel
: la proportion dans laquelle les besoins propres au budget public et à l’économie financière
ont provoqué l’expansion d’entreprises publiques et semi-privées et ont donc modifié les
rapports du secteur privé avec le secteur public de l’économie. », cité in « Une approche des
finances publiques : la sociologie financière », L’invention…, op. cit., p. 406.
AUTEUR
PHILIPPE MASQUELIER
1. Le contexte
2. Les réalisations
Conclusion
Le décret du 19 juin 1956 et l’ordonnance du 2 janvier 1959 n’ont pas
le même vécu. L’un a été mis en application une fois, pour le budget
de 1957, l’autre a été en vigueur pendant quarante ans. L’ordonnance
a été interprétée. La lecture du seul texte de l’ordonnance est parfois
difficilement séparable des décisions du Conseil constitutionnel, des
pratiques parlementaires et des observations de la Cour des comptes.
Trente-quatre propositions de réformes ont été déposées. Parmi
celles-ci, certaines concernaient directement l’exercice de la gestion,
que ce soit celles relatives à la réforme des « services votés » dans le
but d’améliorer les structures et les procédures administratives ou
encore celles proposant d’ajouter au texte organique des dispositions
relatives aux contrôles.
Le décret du 19 juin 1956, cependant, avec les anticipations qu’il
comporte, annonçait des évolutions. Ainsi, il est possible de lui
rattacher les dispositions de l’article 53 du décret du 29 décembre
1962 portant règlement sur la comptabilité publique et
l’introduction dans notre système comptable de la comptabilité
analytique. Cette dernière ayant pour objet de permettre le calcul du
coût des services rendus ou du prix de revient des produits fabriqués
et de contrôler le rendement des services.
Mais c’est par le rôle accordé aux documents annexes à partir dudit
décret, rôle qui sera confirmé et amplifié dans la LOLF, qu’on peut
mesurer combien cette technique, dont la juridicité n’a cessé de
croître, joue un rôle important en matière de gestion.
Dans la définition donnée des lois de finances à l’article 1er de la
LOLF, il est mentionné que lesdites lois « tiennent compte des
objectifs et des résultats des programmes qu’elles déterminent ». La
mise en œuvre de ces dispositions nécessite l’utilisation des
documents annexes d’information. Nous écarterons ici le problème
spécifique de la répartition par « programme ». Les programmes,
comme les chapitres dans le cadre de l’ordonnance de 1959, ne font
pas partie du projet de loi de finances au sens strict. La ventilation
des crédits en programmes est contenue dans un document annexe
soumis au Parlement en même temps que le projet de loi. La
répartition n’est donc pas donnée dans le dispositif de la loi de
finances (art. 34). C’est une fois la loi promulguée que sera faite cette
répartition. Comme dans l’ordonnance de 1959 pour les chapitres,
les décrets devront reprendre impérativement les dispositions
contenues dans la ventilation indicative en y incorporant les votes
du Parlement. Cette dernière ventilation sera possible grâce à un
mécanisme lié à la forme des amendements 86 . Les unités de gestion
ont une nature réglementaire. Elles viennent compléter la loi de
finances qui ne répartit les crédits que par mission.
Mais toutes les annexes obligatoires et soumises à la règle des délais
n’acquièrent pas, en droit budgétaire, une juridicité incontestable du
fait de la reprise de leur contenu, dans un acte réglementaire. Il est
ainsi des annexes à l’annexe présentant la ventilation indicative des
crédits en programme et qui sont étroitement liées à ces
programmes. La loi organique du 1er août 2001 en précise le contenu.
Il s’agit des informations concernant le projet annuel de
performance. Ce dernier doit comprendre, obligatoirement, les
actions, les coûts associés, les objectifs poursuivis, les résultats
obtenus et attendus pour les années à venir au moyen d’indicateurs
précis dont le choix est justifié. La logique de ces annexes est
renforcée par l’obligation qui est faite, en exécution, de les joindre
au projet de loi de règlement dans les rapports annuels de
performance 87 . Le problème de leur juridicité est nouveau et va au-
delà du droit budgétaire puisqu’il touche, en particulier, le domaine
de la fonction publique.
NOTES
1. Roger Goetze, ancien directeur du Budget et rédacteur à ce titre du projet de décret du 19
juin 1956, était alors conseiller technique au cabinet du général de Gaulle, siégeait
également à ladite commission constitutionnelle en tant que commissaire du
Gouvernement.
2. M. le président : « Cette loi organique n’est-elle pas une sorte de régularisation, de
constitutionnalisation, du décret du 19 juin 1956 ? »
M. Solal-Cligny, rapporteur : « Oui »
M. le président : « Je dois dire que ce décret a été appliqué et respecté au Parlement, malgré
un certain nombre de parlementaires qui se sont aperçus qu’il donnait une extension
considérable aux pouvoirs du Gouvernement. Il ne faudrait pas que ce procédé soit
compromis le jour où vous le présenterez en loi organique ».
M. Devaux : « Mais nous ne pensons pas que la question se posera de cette façon-là. Nous
espérons tous qu’elle n’existera pas sous cet aspect ; en tout cas, l’intention du
Gouvernement est certainement d’utiliser très largement les dispositions du décret actuel,
dispositions qui devront toutefois être modifiées sur certains points pour être mises en
accord avec la Constitution ». Travaux préparatoires des institutions de la Ve République,
volume III, La Documentation française, p. 144.
3.Archives constitutionnelles de la Ve République, La Documentation française, volume II, p. 521
à 615
4. René Pleven, débats, Assemblée nationale, 1re séance du 12 novembre 1959, JO, p. 2320
5. Études de finances publiques, Paul Hervieu, Rapport général sur la présentation du budget,
avril 1949, Éditions de l’épargne, Paris, 1954, TI, 21 à 79. Armand Le Hénaff, Rapport sur le
contrôle de l’exécution du budget, Paris, 1952, Éditions de l’épargne, 1954, TI, p. 87 à 147.
6. Voir pour une analyse détaillée de l’avant-projet de loi organique l’article d’Huguette
Durand et de Joël Pascal Biays intitulé : « Avant-projet de réforme de loi organique portant
réforme budgétaire élaboré par la commission Jacomet », Histoire du droit des finances
publiques, t. I, Economica, 1986, p. 227 à 248.
7. Henri Puget fait valoir qu’il n’y avait pas de contrôle de constitutionnalité possible. Le
Comité constitutionnel ne pouvant être saisi que dans le délai de promulgation de la loi par
le président de la République et le président du Conseil (art. 91 et 92). Archives du Conseil
d’État, n° 267622, notes manuscrites d’Henri Puget.
8. Qui selon toutes probabilités a été entièrement rédigé par Roger Goetze.
9. La première loi d’habilitation du 2 avril 1955 ne prévoyait que l’avis conforme de la
commission des finances de l’Assemblée nationale, la commission des finances du Conseil de
République ne devait donner qu’un simple avis. Les promesses faites en juillet 1955 par le
président Edgar Faure au Conseil de la République se concrétisèrent par une modification
apportée dans la seconde loi d’habilitation du 6 août 1955.
10.JO, débats, Assemblée nationale, 3e séance du 29 mars 1955, p. 2084 et 2085.
11.JO, doc., Conseil de la République, séance du 31 mars 1955, annexe n° 215, p. 461.
12.JO, doc., Conseil de la République, séance du 28 juillet 1955, annexe n° 483. Les
propositions de la commission relatives au texte organique sont comprises dans la IVe et la
Ve parties de ce rapport, p. 791 à 802.
13. Seront totalement absentes du projet de décret les dispositions relatives à la
présentation des ressources de trésorerie dans leur nature et leur montant, ainsi que la
notion d’endettement qui devait permettre de rendre moins imprécise la notion de dette
publique. De telles mentions furent proposées dans les propositions de modifications de
l’ordonnance du 2 janvier 1959. C’est la LOLF qui finalement leur donnera un caractère
organique.
14. Archives du Conseil d’État n° 267.622.
15. Cet avis fut transmis aux Chambres le 26 juillet 1955. La commission des finances du
Conseil de la République arrêta, en première lecture, le texte des modifications le 21 juillet.
La commission des finances de l’Assemblée nationale devait les arrêter, en première lecture,
le 26 juillet.
16. Comme en ce qui concerne la reconnaissance de la responsabilité du ministre des
finances en matière d’équilibre entre les ressources et les charges et que le Conseil de la
République voulait maintenir contre l’avis du Conseil d’État. Ce fut le point de vue de la
commission des finances de l’Assemblée nationale qui prévalut et la mention disparaîtra.
17.Études de finances publiques, Éditions de l’épargne, t. I, p. 9 à 13, Annales de finances
publiques n° 2, 1937, p. 1, Annales de finances publiques, n° 6, 1947, p. 3 et 4.
18. Exemple : dans le texte initial de la direction du Budget, il était mentionné à l’article 61
que « dès l’intervention du vote définitif de la loi de finances et compte tenu de ce vote, le
Gouvernement promulgue des décrets, portant répartition… », le Conseil d’État devait
proposer une rectification : « Dès la promulgation de la loi de finances le Gouvernement
prend des décrets… portant répartition. » Formule qui deviendra classique, qu’on retrouve
aussi bien dans l’ordonnance de 1959 que dans la LOLF.
19. Exemple : le caractère « exceptionnel des affectations », sur l’intitulé du titre IV
consacré aux « dépenses de transfert, autres que celles imputées sur les dépenses
d’investissement », la Haute Assemblée fit ajouter : « relatives notamment aux
interventions de l’État en matière économique, sociale et culturelle ». Fut supprimée
également et finalement imposée à la commission des finances du Conseil de la République
par la commission des finances de l’Assemblée nationale la mention selon laquelle le
ministre des Finances assumait « la responsabilité de l’équilibre entre les ressources et les
charges du budget », ou encore la suppression du mot « fonction » à propos de la spécialité
des crédits.
20. Voir texte adopté en première lecture le 21 juillet 1955 par la commission des finances
du Conseil de la République : JO, Conseil de la République, séance du 23 mars 1956, annexe,
n° 407, annexe III, p. 394 à 398. Texte adopté en première lecture par la commission des
finances de l’assemblée le 26 juillet 1955, Archives Goetze.
21.JO, doc., Conseil de la République, séance du 23 mars 1956, annexe n° 407, p. 374 à 393. Ce
rapport intègre toutes les modifications apportées par les commissions des finances au
projet de la direction du Budget. Bien entendu, il intègre celles proposées par le Conseil
d’État qui ont eu leur accord. La confrontation entre ce texte synthétique et l’avis donné par
le Conseil d’État permet de voir quelle est l’origine de ces modifications. Devait rester en
suspens l’article 60 relatif au mécanisme de répartition des décrets de répartition des
crédits par chapitre. L’avis conforme des commissions des finances était requis, en cas de
divergence. L’avis de la commission des finances du Conseil de la République pouvait-il
primer ? Cette question fut amplement discutée au Conseil de la République, elle mettait en
jeu des principes constitutionnels fondamentaux concernant l’exercice du pouvoir
budgétaire.
22. Pour intégrer en particulier le décret du 14 novembre 1955 généralisant le système de la
gestion.
23. Formule utilisée dans l’avant-propos du décret organique.
24. Sur le point de savoir quelles sont les influences prédominantes qui ont prévalu quant à
l’élaboration du décret de 1956, la distinction entre le cadre de la gestion et l’exercice de la
gestion, Jacques Basso et Jean-Marie Raynaud écrivaient, en 1986, que « le décret avait été
l’occasion d’un véritable débat constitutionnel et que si le texte est d’origine
gouvernementale il est de contenu parlementaire » (« Le décret organique du 19 juin 1956
déterminant le mode de présentation du budget de l’État » in Histoire du droit des finances
publiques, Economica, 1986, p. 272 à 287). Plus récemment, Robert Hertzog remettait en
cause cette appréciation en soulignant l’importance du projet initial élaboré par la direction
du Budget. Il mettait en valeur l’avis du Conseil d’État tout en minimisant les initiatives
parlementaires (« Aux origines du droit budgétaire contemporain : élaboration et
innovation du décret du 19 juin 1956 », in La direction du Budget face aux grandes mutations des
années cinquante, acteur… ou témoin ?, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France, 1998, p. 129 à 161).
En ce qui concerne le cadre de la gestion, la pluralité d’auteurs nous apparaît évidente mais
nous rejoignons Jacques Basso et Jean-Marie Raynaud : la trame du texte émane de la
direction du Budget, le Conseil d’État a apporté des précisions non négligeables, que ce soit
par ses ajouts, ses suppressions ou certaines reformulations. Certaines propositions ont
touché le fond comme le caractère exceptionnel des affectations ou encore la suppression
de la mention selon laquelle le ministre des Finances assumait « la responsabilité de
l’équilibre entre les ressources et les charges du budget », mention qui figurait sous une
forme un peu différente dans l’avant-projet organique. Mais cette proposition de
suppression de la mention qui figurait dans l’avis du Conseil d’État a donné lieu à des débats
dans les deux commissions. La commission des finances de l’Assemblée nationale
approuvait la suppression mais la commission des finances du Sénat était attachée aux
dispositions initiales du projet de décret du Conseil d’État. Il s’est incliné en définitive avec
regret devant la commission de l’Assemblée nationale. Mais, cela dit, l’apport des
commissions des finances est prépondérant. Une comparaison entre le texte initial, l’avis du
Conseil d’État et les propositions de la commission des finances du Conseil de la République
transmises à la direction du Budget et à la commission des finances de l’Assemblée
nationale du 28 juin 1955 et publiées le 28 juillet en témoignent.
En revanche, les commissions des finances n’ont pas manifesté d’intérêt particulier pour ce
qui touche les innovations en matière d’exercice de la gestion et c’est l’apport de la
direction du Budget qui est ici essentiel. Voir sur ce point Florence Descamps, « Roger
Goetze, la direction du Budget et la réforme de l’État 1949-1958 », Revue française de finances
publiques, septembre 2007, p. 123 à 135.
25. Voir principalement : Maurice Duverger, « L’évolution de la notion de finances
publiques », Revue de science et législation financière, 1946.
26. Paul Reuter, « Le budget et l’économie nationale », in Le budget de l’État dans le cadre de
l’économie nationale, Recueil Sirey 1949, p. 39.
27. Les parlementaires se montrent très impliqués et, dans les propositions du 28 juin 1955
préparatoires au décret, ils s’interrogent longuement sur leur adaptation à l’activité
économique et proposent des modifications.
28. Les prévisions budgétaires de tous les autres organismes publics devant être fournies
aux commissions financières du Parlement lorsque celles-ci en font la demande.
29.JO, doc., Conseil de la République, Séance du 23 mars 1956, n° 407, p. 380
30. À l’initiative de la commission des finances de l’Assemblée nationale figurera, dans le
décret, la mention suivante : « Le rapport économique et le rapport financier résument, en
annexe, les éléments essentiels de la situation économique et financière dans les pays
d’Europe, susceptibles d’être comparés à ceux de la France ».
31.JO, débats, Assemblée nationale, 2e séance du 1er décembre 1956, p. 5040 à 5046.
32. Très tôt cependant, le Gouvernement, par la voix de son secrétaire d’État au Budget,
Valéry Giscard d’Estaing, en même temps qu’il indiquera aux parlementaires qu’il sera tenu
compte des intentions manifestées lors des débats en matière de dotation des chapitres,
promettra un retour à la « tradition » en inversant l’ordre institué par l’ordonnance. Donc,
malgré les dispositions précises de l’ordonnance, reprises du décret organique, le vote se
fera par la suite par ministère et par titre.
33. Voir Conseil de la République, annexe n° 483, op. cit., p. 792.
34. Disposition initiale : les dépenses en capital comprennent les dépenses exécutées par
l’État en vue de la création et de la modernisation ainsi que le cas échéant de la
reconstruction et de la reconstitution des biens de l’État.
35. Conseil de la République, annexe n° 407, op. cit., p. 386.
36. Conseil de la République, annexe n° 407, op. cit. p. 375.
37.Ibid., p. 379.
38. Proposition de loi organique du 5 mai 1960, Sénat, 2e session ordinaire, 1959-1960, n°
162, p. 2.
39. Elle n’est plus mentionnée comme dans le décret organique à propos de la comptabilité
publique ni même à propos des budgets annexes et des comptes de commerce.
40.Archives constitutionnelles de la Ve République, op. cit., p. 585 à 588.
41. La proposition de réforme de l’ordonnance de 1959 de 1960 qui reprendra les
dispositions du décret de 1956 concernant la comptabilité nationale introduira le plan dès
l’article 1er sous une forme différente.
42.JO, Assemblée nationale, débats, 3e séance du 29 mars 1955, p. 2085 et 2086.
43. René Cassin, Conseil d’État, commission constitutionnelle, 25 et 26 août, 1958, L’Histoire
de l’élaboration de la Constitution du 4 octobre 1958, La Documentation française, 1991, p. 144.
44. Article 10 du décret du 19 juin 1956 : Aucune mesure législative ou réglementaire
susceptible soit d’entraîner une dépense nouvelle, l’accroissement d’une dépense déjà
existante, ou une majoration de la charge nette résultant de la gestion des comptes spéciaux
du Trésor, soit de provoquer une perte de recettes ou encore, soit d’accroître les charges,
soit de réduire les ressources des départements et communes ou des divers régimes
d’assistance ou de sécurité sociale, ne peut intervenir en cours d’année sans avoir fait
l’objet, s’il y a lieu, d’une ouverture préalable de crédits et sans qu’aient été dégagées, pour
un montant équivalent, soit des ressources nouvelles ne figurant pas parmi les recettes
prévues au budget, soit des économies entraînant la suppression ou la réduction d’une
dépense antérieurement autorisée.
45. Les dépenses des budgets annexes et des comptes spéciaux sont votées par budget
annexe et par compte spécial.
46. Le Gouvernement répartira également par décret par comptes particuliers les
opérations des comptes spéciaux du Trésor.
47. Il s’agit des charges de la dette publique et des dépenses en atténuation de recettes ; des
dépenses des pouvoirs publics ; des frais de fonctionnement des services existants ; des
prestations et contributions qui résultent de lois ou de conventions approuvées ou
autorisées par la loi ou qui, permanentes en leur objet, sont énumérées dans un état annexé
à la loi de finances pour l’année en cours ; des dépenses résultant de la poursuite des
investissements effectués.
48. Pour le budget général, chaque budget annexe et chaque compte spécial.
49. On peut ajouter que la technique du « transfert » n’était pas prévue dans le décret de
1956. Dans l’ordonnance de 1959, le transfert d’un chapitre à un autre est possible par la
voie d’un arrêté du ministre des Finances pour modifier la détermination du service
responsable de la dépense sans modifier la nature de cette dernière. En revanche les
virements qui modifient la nature de la dépense interviennent dans des conditions aussi
restrictives dans les deux textes, mais le décret de 1956 les rend possibles par simple arrêté
du ministre des Finances alors que l’ordonnance de 1959 exige un décret pris sur rapport
des ministres.
50. Voir Statistiques et Études financières, « Finances comparées », 1950, n° 2 et 6.
51. Exemple donné : la direction de la Sûreté nationale comprend plusieurs catégories de
services au sens large du mot : les compagnies républicaines de sécurité, les polices
régionales de l’État, la surveillance du territoire, etc.
52.JO, doc., Assemblée nationale, séance du 31 décembre 1948, annexe n° 6015.
53.Statistiques et Études financières, 1950, « Finances comparées », n° 5 et 6.
54. La notion de performance dans un sens économique renvoie à celle de résultats, de
comportement. Dans une perspective industrielle, elle évoque le rendement. Celle de
tasksetting est relative au cadrage des tâches. Les fins apparaissent ici étroitement liées aux
moyens mis en œuvre pour obtenir les résultats. Alors que le recours à la notion de budget
fonctionnel évoque les missions de l’État et met l’accent sur les finalités. Les difficultés de la
traduction ont été mises en valeur par Jesse Burkhead dans un article sur le budget de
réalisation aux États-Unis. À partir de la notion de budget de performance, l’auteur
distingue le budget de réalisation du budget de programme. « Le budget de réalisation aux
États-Unis », Revue de science et de législation financières, 1955, p. 260 à 282.
55. Voir à ce sujet : Jacques Edmond-Grangé, Le budget fonctionnel en France, LGDJ, 1963.
56. Edgar Faure, « Réflexions sur le budget », conférence prononcée le 3 mars dans le cadre
des conférences des ambassadeurs, Agence économique et financière du 6 mars 1950.
57. L’autre grande question étant les relations entre le plan et le budget.
58. Respectivement, article 31 et article 56 ; il s’agit là de la reprise des dispositions de
l’article 6 de la loi du 29 juin 1831.
59. Rapport général, op. cit., t. I, p. 145.
60. Rapport général. Voir également sur ce point Gabriel Ardant, « Fondements
économiques et sociaux des principes budgétaires », Revue de science et de législation
financières, 1949, p. 406 à 446.
61. Ministère du Budget, direction du Budget, n° 20-I B/I-9 B/2, 5 mars 1952, SAEF.
Ministère des Finances, direction du Budget, 2e bureau, n° 57- 28 B2, le 11 août 1952, service
des Archives économiques et financières. Voir également pour leur commentaire : nouvelle
nomenclature budgétaire applicable aux dépenses de fonctionnement, direction du Budget,
1er bureau, 1952, SAEF.
62.Statistiques et Études financières, n° 12, juin 1952, p. 501.
63. Jean Rossard, « La réforme de la présentation des dépenses dans le budget français »,
Études de finances publiques, décembre 1951- mars 1954, Les éditions de l’épargne, TII, 1954, p. 39
à 52.
64. Georges Plescoff, « Nécessités et principe d’une réforme budgétaire », La Revue
administrative, 1950, p. 631 à 154.
65. Jean Rossard, op. cit., p. 47.
66. Voir sur les Appropriations, Gabriel Pallez, in Finances publiques, 1963-1964, Les cours de
droit, p. 102 à 105.
67. Cette faculté joue sous certaines réserves ; des limites sont imposées par catégories de
dépenses ; pour les emplois supérieurs de l’administration notamment, le montant des
rémunérations est fixé, ainsi que l’effectif maximum.
68. Ceci n’a pas empêché cependant qu’elle ne soit que très partiellement mise en œuvre,
étant donné la résistance du Congrès.
69. Voir sur ce point, Roger Grégoire, « La conception de la fonction publique aux États-Unis
d’Amérique », La Revue administrative, 1952, p. 544 à 553.
70.Statistiques et Études financières, n° 1, mars 1953, p. 204.
71. Curieusement, cette définition ne concerne que les seules dépenses ordinaires, donc les
dépenses de fonctionnement, mais aussi le titre IV, dont les parties et chapitres reposent
sur un découpage fonctionnel. En ce qui concerne les dépenses en capital, présentées avec
moins de rigueur, il est simplement mentionné que les crédits sont spécialisés par «
chapitre » sans que leur intitulé soit précisé. On peut en déduire que la définition leur est
applicable et qu’il s’agit là de crédits groupés par destination. L’ordonnance de 1959 ne
reprend pas ce découpage en dépenses ordinaires et en dépenses en capital, la définition du
chapitre est donnée de façon générale pour l’ensemble des crédits.
72. Doc. Conseil de la République, annexe, 407, op. cit., p. 389.
73. Voir J. Edmond Grangé, Le budget…, op. cit., 1963.
74. Le service des études économiques (SEEF), rattaché à la direction du Trésor, et qui avait
pour mission principale d’établir les comptes de la Nation, estimait qu’une ventilation des
dépenses de l’ensemble des administrations publiques (État, collectivité territoriale,
établissement public administratif et sécurité sociale) améliorerait ses projections à moyen
terme et permettrait de vérifier les résultats provenant d’autres sources. À partir de 1957, le
SEEF publiera, en annexe des comptes de la nation puis du rapport économique et financier,
un rapport ventilant les dépenses des administrations publiques en dix fonctions. Si on
estime généralement que la présentation manquait de rigueur, l’ambition de représenter
une ventilation complète des dépenses publiques montre l’intérêt que l’on portait à cette
époque à la fois à la comptabilité nationale et aux coûts des activités publiques.
75. Par ses conclusions, le comité d’enquête estimait possible et souhaitable de déterminer
de façon systématique les coûts ainsi que les prix de revient dans les administrations. Dans
lesdites conclusions, le Comité demandait au ministre des Finances d’en prendre l’initiative.
76. En 1972, la réforme a porté sur les subdivisions des chapitres en articles et paragraphes,
distinctions destinées à la gestion interne des crédits et qui sont à la disposition du
ministre. Ladite distinction apparaissait dans les « verts », établis une fois le budget voté et
transmis au Parlement. La réforme a conduit à superposer à la nomenclature traditionnelle
deux nomenclatures supplémentaires destinées à préciser le contenu interne des chapitres :
le code sectoriel qui constitue un inventaire des secteurs élémentaires correspondant aux
services, sous-services, actions et sous-actions de l’État. Chaque dépense est donc regroupée
en fonction des différentes actions de l’État et en fonction des services qui les
accomplissent. On peut retrouver ici les préoccupations relatives aux organes et aux
fonctions de 1952.
Le code économique se situe, lui, au niveau du paragraphe. Son objectif est de repérer
toutes les dépenses budgétaires en fonction de leur nature, selon des critères qui tiennent
compte à la fois du cadre comptabilité nationale et du plan comptable général des
entreprises afin de préciser l’impact économique des dépenses accomplies. On peut
retrouver ici les préoccupations des commissions des finances quant au souci des relations
des types de comptabilité avec la nomenclature budgétaire. L’utilisation des codes sectoriels
et économiques (article et paragraphe) permet de dégager plus facilement, à l’intérieur du
budget traditionnel, les lignes d’action de leurs objectifs. Son principal intérêt réside dans
l’amélioration importante de la classification fonctionnelle des dépenses de l’État. À partir
de 1973, le budget fonctionnel va s’inspirer directement du code sectoriel pour chiffrer les
fonctions et les sous-fonctions. Combiné avec le code économique, il donne naissance à des
modules élémentaires qui permettent toute une série de regroupements et facilitent les
liaisons budget-plan comptable. Voir sur ce point, Les finances de l’État, Michel Paul,
Economica, p. 311 à 350.
77. Il était, en particulier, très apprécié par les étudiants en finances publiques.
78. Elle apportera une amélioration notable en faisant sortir les « prêts et les avances » du
titre VI consacré aux transferts à l’investissement.
79. Article 145 de l’ordonnance royale portant règlement général sur la comptabilité
publique du 31 mai 1838 : « À l’appui de la loi des comptes, et pour chaque exercice, il est
présenté aux Chambres un tableau spécial des travaux exécutés pour le perfectionnement
de la navigation des rivières, ainsi que du montant des sommes fournies par le Trésor public
et par les propriétaires riverains ».
80. Henri Puget, notes manuscrites, op. cit.
81. Commission constitutionnelle, amendement n° 174, p. 360.
82. L’Assemblée nationale et le Conseil de la République peuvent constituer au sein de leur
commission des finances, avec l’adjonction éventuelle de membres appartenant aux autres
commissions, une sous-commission chargée de vérifier et de contrôler sur pièces et sur
place l’état des effectifs militaires, du matériel et des approvisionnements de défense
nationale et une sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la gestion des
entreprises nationalisées et des sociétés d’économie mixte. Cette dernière sera assistée à cet
effet de la commission de vérification des comptes des entreprises publiques. Il devra leur
être fourni tous les renseignements et moyens matériels de nature à faciliter leur mission.
83. A. Le Hénaff, « Rapport général sur le contrôle de l’exécution du budget », 1952, Études
de finances publiques, Les Éditions de l’épargne t. I, 1954, p. 87 à 148.
84.Ibid., p. 145 à 146.
85. Décision n° 2001-448 du 25 juillet 2001.
86. Voir en ce qui concerne les programmes : Pierre Avril, « L’intégration des pratiques
budgétaires dans la loi organique de 1er août 2001 », actes du colloque sur « La formation
des textes financiers », Paris X-Nanterre, mai 2003, in Revue française de finances publiques,
avril 2004, n° 86, p. 183 à 192.
87. Ceux-ci doivent comprendre, entre autres, les objectifs, les résultats attendus et
obtenus, les indicateurs et les coûts associés.
AUTEUR
LUCILE TALLINEAU
Agrégée de droit public, Lucile Tallineau est professeur émérite à l’université de Paris-
Ouest-Nanterre-La Défense (Paris X). Elle a été doyen de l’UFR de sciences juridique,
administrative et politique de 1998 à 2006 et responsable du Centre de recherche de droit
public de l’université de Paris X-Nanterre de 2005-2008. Ses travaux sont orientés vers la
recherche de la juridicité et la formation des textes financiers. Ses principaux travaux sont :
Les actes non créateurs de droits, essai critique des droits acquis en droit administratif (Thèse,
Poitiers, 1972) ; « Les tolérances administratives » (Revue de l’Actualité juridique du droit
administratif, 1978) ; « Une annexe budgétaire en quête d’identité » (Revue de droit public,
1987) ; « L’inspiration keynésienne du décret du 19 juin 1956 » in La direction du Budget face
aux grandes mutations des années cinquante, acteur… ou témoin ?, Comité pour l’histoire
économique et financière de la France, 1998, p. 163 à 185. « Le questionnaire ayant pour but
de faire ressortir les traits généraux du droit budgétaire (1935). Contribution à la doctrine
budgétaire en droit comparé », La direction du Budget entre doctrines et réalités 1914-1944,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Paris, 2001, p. 317-355, « La loi
organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances » (RFDA, 2001) ; « Quarante ans de
propositions de réforme de l’ordonnance du 2 janvier 1959 » (RFFP, 2001) ; Organisation
scientifique et synthèse du colloque La formation des textes financiers à l’université de
Paris-X Nanterre en mai 2003 (RFFP, 2004) ; « Les annexes budgétaires et la modernité »
(Mélanges Loïc Philip, LGDJ, 2007) ; « De l’administration de l’impôt » (mélanges Michel
Bazex, éd. Litec, Lexis-Nexis, 2009) ; « Paul Reuter, juriste financier » in Réformes des Finances
Publiques et Modernisation de l’Administration, Mélanges en l’honneur de Robert Hertzog,
Economica 2010 ; « Le cadre juridique de la gestion financière de l’État » in L’invention de la
gestion des finances publiques, Comité pour l’histoire économique et financière de la
France/IGPDE, 2010.
Le décret du 29 décembre 1962,
toilettage juridique ou contribution
au renouvellement de la gestion des
finances publiques ?
Perception et restitution au travers des écrits qui lui furent
consacrés 1
Matthieu Conan
Introduction
L’heure est indéniablement au bilan, à l’aube d’une réécriture
inéluctable du décret n° 62-1587 du 29 décembre 1962 portant
règlement général sur la comptabilité publique. Les dispositions
comptables inscrites dans la loi organique relative aux lois de
finances (LOLF) du 1er août 2001 imposent en effet, à terme, un tel
exercice. Il n’est dès lors pas inutile d’apprécier quelle a pu être la
dimension théorique et conceptuelle du décret de 1962 dont les
implications pratiques se veulent tout à fait essentielles encore à
l’heure actuelle.
L’approche est importante, car le décret comporte des dispositions la
plupart du temps méconnues ou ignorées, et pourtant relatives
notamment à l’instauration de logiques de comptabilité patrimoniale
qui se veulent aujourd’hui au centre du nouveau dispositif en cours
de gestation quand il n’est pas déjà en application. Son article 49
vient ainsi indiquer que « La comptabilité des organismes publics […]
est organisée en vue de permettre [entre autres,] la connaissance de
la situation du patrimoine ». Comptabilité générale et comptabilité
analytique, pour lesquelles la LOLF semble innover dans ses articles
27 et suivants, sont évoquées à l’article 51 du décret aux termes
duquel « La comptabilité comprend une comptabilité générale et,
selon les besoins et les caractères propres à chaque organisme
public, une comptabilité analytique ». L’article 52 pour sa part
dispose que « La comptabilité générale retrace […] les mouvements
du patrimoine et des valeurs d’exploitation » et que « la
nomenclature des comptes ouverts en comptabilité générale […]
s’inspire du plan comptable général ». Quant à l’article 53, il vient
principalement définir l’objet de la comptabilité analytique qui est,
d’une part, de « faire apparaître les éléments du calcul du coût des
services rendus ou du prix de revient des biens et produits fabriqués
» et, d’autre part, de « permettre le contrôle du rendement des
services ». La mise en œuvre du décret ne s’est pas spécialement
caractérisée par une application de ces dispositions au regard d’une
dimension que l’on qualifierait volontiers aujourd’hui de «
gestionnaire ». Elles ne se sont pas particulièrement imposées dans
la pratique au titre de ces nouveaux « principes fondamentaux »
devant alors régir la comptabilité publique 2 et l’on se doit
aujourd’hui d’apprécier les responsabilités nées des prises de
position adoptées vis-à-vis du décret de 1962. Or, force est de
constater que la doctrine universitaire s’est montrée très discrète à
son égard.
Appréciations et commentaires en la matière se font en effet assez
rares durant ce demi-siècle aujourd’hui écoulé. Le décret n’a guère
inspiré les universitaires à l’exception des quelques ouvrages
spécifiquement consacrés à la comptabilité publique dans lesquels il
trouva naturellement sa place 3 . Ce sont principalement les
fonctionnaires de l’administration des Finances qui lui consacreront
les plus importants développements au sein d’articles parus pour
l’essentiel dans la Revue du Trésor. Ce dernier constat se veut somme
toute parfaitement logique : le décret a fait l’objet durant cette
période de deux mises en œuvre techniques qui ont nécessairement
ponctué sa destinée et les praticiens de la comptabilité publique
étaient tout simplement les mieux placés pour en préciser la portée
à ces deux instants. L’application à l’État d’un nouveau cadre
comptable s’inspirant du plan comptable général au 1er janvier 1970
d’abord, au 1er janvier 1988 du fait de la révision de ce même plan
comptable général ensuite, s’est opérée au regard de deux
instructions qui ont normalement suscité vis-à-vis du décret de 1962
un regain d’intérêt. Les analyses qui vont suivre s’inscrivent dans le
prolongement de la publication, dans un premier temps, de
l’instruction n° 69-124 PR du 5 novembre 1969 (I), puis de celle, dans
un second temps, de l’instruction n° 87-128 PR du 29 octobre 1987
(II).
NOTES
1. Cette publication fait suite à une communication réalisée le 31 mars 2009 dans le cadre de
l’Institut de la gestion publique et du développement économique et du séminaire « Histoire
de la gestion des finances publiques de 1815 à nos jours » organisé par le Comité pour
l’histoire économique et financière de la France.
2. Les articles 49 à 57 du décret sont constitutifs du Titre IV « Comptabilité » de la première
partie intitulée « Principes fondamentaux ».
3. Quand ces ouvrages ne sont pas l’œuvre de praticiens étroitement associés à
l’université…
4. « Libero Docente di Ragioneria Pubblica presso l’Università di Bologne e Preside
dell’Istituto Tecnico Commerciale di Lugo di Romagna (Italia) ».
5.RSF, 1963, p. 738 à 767.
6.La comptabilité publique – Les principes, PUF, 1957.
7.Comptabilité publique, PUF, 1978, coll. « Thémis », p. 19.
8.Op. cit, p. 15.
9.Op. cit, p. 18.
10.RSF, 1971, p. 380 et suiv.
11.Le droit de la comptabilité publique, Armand Colin 1971, coll. « U ».
12.Comptabilité publique, op. cit.
13.Principes de comptabilité publique, Précis Dalloz 2e éd. 1981, p. 6.
14.Comptabilité publique, op. cit., p. 17.
15.Finances publiques, PUF, coll. « Thémis », 10e éd. 1984, p. 397 : « Sur la comptabilité
publique, cf. J. Magnet, Comptabilité publique, 1978 (coll. Thémis) ; voir aussi G. Devaux, La
comptabilité publique, 1957 ; L. Di Qual, Le droit de la comptabilité publique, 1971 ; J. Dupont, La
réforme de la comptabilité de l’État (Bulletin de l’adm. centr. de l’Économie et des Fin., 1970,
juill.-sept. p. 41, et oct.-déc., p. 36) ; Le plan comptable et la comptabilité de secteur public (Stat.
et étud. fin., 1959, p. 1553 ; de Grandsaignes d’Hauterive, La réforme de la comptabilité
publique, Annales de finances publiques, n° 4). A.-P. de Mirimonde, La comptabilité publique et
la comptabilité industrielle de l’État (ibid.) ».
16. Signé P. C. et G. M., p. 175-176.
17. P. 207-208. L’article avait été préalablement publié par la Revue française de comptabilité
dans son numéro de février 1963.
18.Bulletin n° 20, janvier-mars 1963, p. 78-79.
19. Article paru dans le quotidien Le Figaro du 3 janvier 1963, reproduit dans le numéro
spécial de novembre 1987 que La Revue du Trésor consacra aux 25 ans du décret de 1962, p.
703.
20. Article signé Jean-Pierre Adine, et paru dans le quotidien Combat du 3 janvier 1963,
reproduit dans le numéro spécial de novembre 1987 que La Revue du Trésor consacra aux 25
ans du décret de 1962, p. 703.
21.Revue du Trésor, juillet-août 1972, p. 221-248.
22.Op. cit., p. 219.
23. « Une convergence sous-jacente sur des concepts évolutifs », Revue du Trésor, novembre
1987, p. 743.
24. « Le décret de 1962 : l’ouverture à une description comptable conforme aux principes
généralement admis », Revue du Trésor, novembre 1987, p. 741. Extraits : « Le texte de 1962
était particulièrement novateur dans la mesure où, pour la première fois, la comptabilité
publique se référait à la doctrine comptable communément admise à l’époque… Une
nouvelle étape a été franchie en 1970 par la mise en vigueur d’une nouvelle comptabilité de
l’État qui complète la description de l’exécution des opérations de lois de finances, analysée
à partir des flux de trésorerie par une comptabilité de type patrimonial ». Étape qui en
appelle de nouvelles : « Reste que, comme toute œuvre, celle-là reste inachevée, ne serait-ce
qu’en raison des enrichissements apportés par le plan comptable de 1982. La rénovation de
l’instrument technique doit permettre de répondre aux nouvelles exigences d’une gestion
efficace ».
25.Revue du Trésor, novembre 1987, p. 704.
26.Op. cit., p. 706.
27. « À propos du 25e anniversaire du décret du 29 décembre 1962 portant règlement
général sur la comptabilité publique », Revue du Trésor, novembre 1987, p. 700.
28.Op. cit., p. 701.
29. « Le décret du 29 décembre 1962 et l’enseignement universitaire », Revue du Trésor,
novembre 1987, p. 732.
30.Les finances publiques, Armand Colin, coll. « U », p. 324.
31.Op. cit., p. 361 à 365.
32.Droit budgétaire, Litec, p. 745 à 748.
33. Études coordonnées par Henri Isaia et Jacques Splindler, Économica, coll. « Finances
publiques ».
34. « Le décret du 29 décembre 1962 portant règlement général sur la comptabilité publique
et le décret du 13 novembre 1970 relatif à la déconcentration du contrôle financier », in
Histoire du droit des finances publiques, op. cit., p. 358 et suiv.
35. In La réforme du budget de l’État – La loi organique relative aux lois de finances, ouvrage
coordonné par Jean-Pierre Camby, LGDJ, coll. « Système Droit », p. 186-187.
36. J.-F. Berthier, juillet 1988, p. 416 et suiv.
37. J.-P. Cordeau, août-septembre 1988, p. 498 et suiv.
38. E. Bertuzzi, novembre 1988, p. 648 et suiv.
39.Revue du Trésor, mai 1989, p. 241 et suiv.
40. « Renouveau du service public et procédures budgétaires et comptables, où en sommes-
nous ? », Revue du Trésor, novembre 1992, p. 710.
41. « Comptes de l’État, les synthèses budgétaires et de trésorerie, un outil important de
pilotage et de contrôle des finances publiques », Revue du Trésor, janvier 1994, p. 19.
42. Il s’agit plus exactement de l’intervention de M. Perreault réalisée dans le cadre du
colloque des 4 et 5 mai 1995 CIGAR (Comparative International Governmental Accounting
Research).
43. « Le système français de comptabilité publique, appliqué aux comptes de l’État », Revue
du Trésor, octobre 1995, p. 591.
44.Ibid., p. 594.
45. Cf. le rapport d’information Lambert n° 37 (session 2000-2001) en date du 19 octobre
2000.
46. Cour des comptes, rapport sur l’exécution des lois de finances en vue du règlement du
budget de l’exercice 1999, « Note sur les innovations introduites dans les comptes, le bilan et le
rapport de présentation du CGAF 1999 », juin 2000, JORF n° 4401, p. 394. Voici, pour entrer un
peu plus dans les détails, la teneur des améliorations apportées au CGAF 1999 et constatées
par la Cour dans les pages précédentes de son rapport : « Le système comptable de l’État est
caractérisé par une articulation entre des nomenclatures budgétaires et une nomenclature
de comptabilité générale. Cette dernière permet de retracer la situation patrimoniale de
l’État, en particulier sous forme d’un bilan. La nécessité d’améliorer les informations
comptables publiées, afin de fournir dans le bilan dans les commentaires qui
l’accompagnent une description plus complète des créances et des dettes de l’État a été
évoquée de longue date. Les services du ministère de l’Économie, des Finances et de
l’Industrie, chargés de la préparation des comptes publics ont réalisé des progrès
considérables en ce domaine. La Cour, pour sa part, n’a pas manqué de les saluer, tout en
souhaitant que de nouvelles étapes soient franchies. Tel est le cas pour le compte général de
l’administration des Finances (CGAF) pour 1999 et pour son rapport de présentation. Ce
dernier comporte une description détaillée du système comptable de l’État et énonce le
cadre général de la réforme de la comptabilité de l’État qui est engagée, et dont le CGAF
1999 ne constitue que la première étape. Quatre innovations principales ont été réalisées :
– présentation de la dette en “droits constatés” ;
– provisionnement des principales créances fiscales ;
– refonte et amélioration des informations comptables relatives au patrimoine de l’État :
nouvelle évaluation des immobilisations corporelles et clarification pour les données
publiées relatives aux dotations et participations ;
– publication, dans le rapport de présentation, d’une véritable annexe au bilan, fournissant
de nouvelles informations sur les engagements hors bilan… ».
47.Op. cit., p. 400-401.
48. Proposition de loi organique relative aux lois de finances, doc. A.N. n° 2540, 11e
législature, 11 juillet 2000.
AUTEUR
MATTHIEU CONAN
Introduction
Praticien plus que théoricien de la comptabilité publique, j’ai
cherché à identifier quelques idées permettant de mieux
comprendre la genèse du décret n° 62-1587 modifié du 29 décembre
1962 portant règlement général sur la comptabilité publique, que
tant l’administration que le juge des comptes appellent plus
volontiers le règlement général ou le RGCP. Ce sont l’une ou l’autre
de ces appellations qui seront utilisées ci-après.
Pour préparer cette intervention, outre le fruit de mon expérience
personnelle, j’ai utilisé les actes du colloque organisé par le Comité
pour l’histoire économique et financière de la France en 1992 pour
célébrer les trente ans du RGCP, les archives du ministère public de
la Cour des comptes ainsi que les archives d’autres administrations
ou instances consultatives.
Parler du règlement général, c’est évoquer un monument, un chef-
d’œuvre de la production administrative qui touche chaque
contribuable lorsqu’il doit s’acquitter de ses obligations fiscales et
chaque agent public directement lorsqu’il est chargé de gérer les
aspects financiers d’une politique publique, ou lorsqu’il se trouve
confronté à exposer des dépenses qui lui seront remboursées ou
bien, indirectement, lors du paiement de ses émoluments et, plus
tard, de sa pension de retraite lorsqu’il s’agit d’un agent titulaire.
Parler du RGCP suppose beaucoup de révérence. Pourquoi marquer
de la révérence à l’égard du RGCP ? Ce texte faisait la synthèse de
plus de cent cinquante ans de pratique de la recette et de la dépense
publiques, en cela c’était un texte de codification, comme le montre,
si l’on était tenté d’en douter, l’impressionnante liste des textes ou
dispositions dont l’abrogation est prononcée ou la caducité constatée
par son article 228, liste qu’il convient d’augmenter de celle
constituant l’état G de la loi de finances pour 1963, s’agissant des
textes de portée législative qui avaient jalonné la formalisation du
principe de responsabilité personnelle et pécuniaire des comptables
publics. Au-delà de la codification, c’était aussi un texte rendu
nécessaire par l’étiolement du règlement général précédent du 31
mai 1862, progressivement abrogé. Une première tentative prévue
par le décret-loi n° 53-714 du 9 août 1953 1 avait échoué, les
nombreux « règlements d’administration publique » prévus pour son
application et conditionnant explicitement son entrée en vigueur
n’étant jamais intervenus. L’ordonnance n° 59-2 du 2 janvier 1959
portant loi organique relative aux lois de finances prescrivait
d’ailleurs des mesures d’application en loi de finances pour
l’imposition aux agents des services publics de responsabilités
pécuniaires mentionnée au second alinéa de l’article premier et des
mesures d’application par voie réglementaire dans son article 45 qui
disposait :
« Des décrets en Conseil d’État, pris sur le rapport du ministre des Finances,
pourvoiront en tant que de besoin à l’exécution de la présente ordonnance. Ils
contiendront notamment toutes dispositions de nature à assurer la bonne
gestion des finances publiques et relatives à la comptabilité publique. Ils
régleront la présentation comptable du budget général, des budgets annexes et
des comptes spéciaux, et notamment la nomenclature des dépenses ordinaires et
en capital, des investissements et des prêts et le plan comptable de l’État. »
Le règlement général a pu sembler tellement parfait qu’il n’y a été
porté que très peu de modifications depuis 1962. La décentralisation
ainsi que la révision de l’organisation budgétaire des collectivités
territoriales commencée en 1994 avec les communes et en 2002 pour
les établissements publics de santé a laissé l’édifice intact, mais au
prix de renvois multiples ou de reproduction de ses dispositions
dans les différentes législations ou réglementations applicables. En
outre, la codification n’avait pas été complète et le texte de 1962
avait laissé de côté un certain nombre de dispositions. Cette longue
période de stabilité s’est prolongée au-delà du vote et de la mise en
œuvre progressive de la loi organique relative aux lois de finances
(LOLF). Préparé dans les mêmes délais et à la même époque que le
concile Vatican II, il ne fait pas de doute que le RGCP a besoin
aujourd’hui d’un « aggiornamento ».
Il convient tout d’abord de redéfinir le concept de comptabilité
publique. S’il fallait résumer à très peu de choses l’essence de la
comptabilité publique, il faudrait partir des deux causes successives
qui la rendent irréductible à la comptabilité privée. La première,
c’est la nécessité de veiller au respect de l’autorisation de percevoir
les recettes et d’exécuter les dépenses quelle que soit la personne
morale de droit public qui l’a accordée. La seconde cause est
d’assurer la continuité des services publics en assurant la
disponibilité des fonds correspondant aux autorisations, à tout
moment et pour l’ensemble des organismes. Pour y parvenir, la
France s’est servie du système prévalant sous l’Ancien Régime, où
existait une séparation entre celui qui prescrit la recette ou la
dépense, l’ordonnateur, et celui qui exécute matériellement
l’encaissement de la recette ou le décaissement de la dépense, le
comptable. Il s’agit là de la seconde cause, successive de la première.
Pour s’assurer que l’autorisation budgétaire est respectée, le
comptable est institué pour surveiller l’ordonnateur. Le comptable
est placé dans une ligne hiérarchique différente de l’ordonnateur et il
est responsable sur ses biens propres du respect des obligations que
la loi lui impose. Cette responsabilité peut être mise en cause à tout
moment par le ministre chef de l’administration dont dépendent
tous les comptables publics. Cette responsabilité se trouve également
engagée sur les comptes annuels que le comptable public adresse au
juge des comptes.
L’organisation administrative qui a été choisie à la Révolution et qui
n’a jamais été remise en cause depuis lors fait de l’État son propre
caissier. Il a ainsi déployé, au soutien de ces principes, une
administration financière étendue. En ces temps de réorganisation à
marche forcée des processus administratifs et de recherche de
rationalisation de l’action administrative, on peut se demander si ce
dispositif très particulier se justifie encore. Dans les pays qui ne
connaissent pas ce système, comme au Royaume Uni, des principes
de base restent identiques quant à l’objet de la comptabilité publique
:
« The relationship between the government, acting on behalf of the Crown, and
Parliament, representing the public, is central to how public resources are managed.
Ministers seek to implement government policies, and deliver public services, through
public servants ; but are able to do so only when Parliament grants the right to raise,
commit and spend resources. It falls to the Treasury to respect and secure the rights of
2
both government and Parliament in this process .»
Et aux obligations qui en découlent : « The duty to safeguard public
funds is invariant. But how it is carried out will change over time 3 . »
Toutefois, ce sont les banques commerciales qui manient les fonds
des administrations et les effectifs de la Treasury comme ceux des
administrations fiscales sous les ordres directs du chancelier de
l’Échiquier sont réduits. Cette conception philosophique de la
comptabilité publique doit cependant trouver un point d’appui
pratique.
En s’essayant à donner une définition de la comptabilité publique,
Jacques Magnet observait que pour la première fois, à l’occasion des
décrets-lois précités, pris en application d’une loi d’habilitation, des
9 août (n° 53-714) et 30 septembre 1953 (n° 53-948), un texte
réglementaire posait une définition de la comptabilité publique dans
les termes suivants : « Les règles de la comptabilité publique ont
pour objet de déterminer les obligations et les responsabilités des
ordonnateurs de dépenses publiques des ordonnateurs de recettes
publiques et des comptables publics. » Jacques Magnet estimait,
néanmoins, que cette définition légale était, d’une part, caduque, ce
texte par ailleurs jamais appliqué ayant été abrogé en 1963 4 et,
d’autre part, incomplète. En effet, les qualités d’ordonnateur et de
comptable n’étant pas immanentes, manquait encore la définition de
ce qu’ils faisaient ainsi que celle des règles ne s’appliquant pas
exclusivement à l’exercice de leurs fonctions. Selon lui, la
comptabilité publique sera donc constituée de l’ensemble des règles
juridiques et techniques applicables aux opérations financières des
organismes publics 5 . Pour autant, l’identification de ces règles n’a
jamais été un exercice aisé. Droit de praticiens, écrit, appliqué et le
plus souvent arbitré par eux, ce droit est resté soumis avec une
intensité variable au respect de la hiérarchie des normes.
Je citerai quelques exemples pour illustrer mon propos. Le décret de
1862 avait une ombre, l’instruction générale sur le service et la
comptabilité du 20 juin 1859. Cette instruction est un des textes
d’applications du décret de 1862. Cette instruction constitue encore
une curiosité historique. En effet, elle rassemblait en un document
unique l’ensemble des règles que les comptables devaient connaître
pour occuper n’importe quel poste sur le territoire. Sa lecture donne
au lecteur d’aujourd’hui un panorama détaillé de l’organisation
administrative du milieu du XIXe siècle. C’est elle qui pose le
principe d’immutabilité du compte. De même, le décret de 1962 est
une règle d’application d’une loi qui lui est postérieure, la loi de
finances du 23 février 1963. On a aussi, en matière de contrôle
économique et financier, un décret du 9 août 1953 qui est une
mesure d’application d’un décret de mai 1955. Il y a là le constat
d’une collection de textes qui s’accumule et qui est connue de tous
ceux qui sont chargés de les appliquer. Ce droit de la comptabilité
publique est aussi un droit qui connaît un contentieux peu
développé. En effet, au sein des administrations d’État, aucune des
parties prenantes n’a d’intérêt pour agir. Un ministre ne peut pas
attaquer les textes du ministre chargé des Finances. Le contentieux
n’est possible que lorsque il y a des personnes civiles distinctes. Ce
système peut ainsi fonctionner pendant très longtemps sans remise
en cause 6 . Ce système conduisant à accumuler des règles de droit
au moyen d’instruments divers est juridiquement éminemment
critiquable. Il emportait aussi d’autres défauts, notamment l’absence
de certitude quant à l’exhaustivité des recueils de normes.
Et je crois qu’un des problèmes du fonctionnement de la
comptabilité publique, c’est bien cela. C’est une collection de textes
de toutes natures, tous niveaux juridiques et qu’il faut arriver de
temps en temps à remettre en ordre pour s’y retrouver. C’est
pourtant avec un peu d’irrévérence que commencera cette
contribution. On pourrait dire, en effet, du règlement général sur la
comptabilité publique qu’il ne s’agit pas d’un règlement, qu’il n’est
pas vraiment général et que, somme toute, il parle assez peu de
comptabilité publique.
I. Pourquoi un nouveau règlement général en
1962 ?
On distinguera le contexte préexistant à l’intervention du RGCP (A)
de la méthode suivie pour l’élaborer (B).
Pendant les cent années qui se sont écoulées entre le 31 mai 1862 et
le 29 décembre 1962, qu’est-il advenu à la comptabilité publique ?
On peut distinguer entre les évolutions institutionnelles ou
réglementaires (1) et les évolutions tenant à celle des mentalités (2).
a. Évolutions institutionnelles
b. Évolutions réglementaires
a. Quelles comptabilités ?
b. Quelles collectivités ?
En 1962 encore, le secteur public local ne pesait pas d’un poids
déterminant. Les régions n’existaient pas. Les départements avaient
pour exécutif un agent de l’État, le préfet, les communes étaient
soumises à la tutelle administrative et financière de l’État. Depuis
1982, la perspective a été renversée. C’est en partie à cause du
secteur public local entendu au sens large, c’est-à-dire incluant
encore les établissements publics de santé, que j’indiquai en
commençant cette intervention que le règlement n’était général qu’à
titre déclaratif. De fait, en dehors des services de l’État non dotés de
l’autonomie financière, chaque organisme ou chaque catégorie
d’organismes publics est soumis au règlement général par une
disposition de nature législative ou réglementaire. Le règlement
général a donc une double nature juridique. Il est, pour ce qui
concerne l’État et ses dépendances et démembrements, une
manifestation du pouvoir réglementaire autonome du Premier
ministre 16 . Lorsqu’il s’agit de collectivités créées par la loi, la
soumission aux règles de la comptabilité publique résulte de cette loi
elle-même, ou bien des règlements pris pour leur application.
B. La méthode
La Cour des comptes est saisie par lettre du 29 septembre 1961. Elle
crée un groupe de travail sous la direction d’un président de
chambre 17 et ayant pour secrétaire un conseiller référendaire 18 .
L’examen en détail du texte va durer jusqu’en février 1962. Le projet
qui lui a été adressé couvre l’ensemble constitué par la loi de 1963 et
le décret de 1962. Les observations de la Cour des comptes furent
cosignées par le premier président Léonard et le procureur général
Bourrel le 28 février 1962. La Cour signalait, à titre liminaire, qu’il
n’était plus possible, comme en 1862, de régler par la voie
réglementaire celles des dispositions concernant la juridiction
relevant désormais du domaine de la loi 19 . La Cour tient, ensuite,
l’instruction générale précitée du 29 juin 1859 comme faisant partie
du droit positif 20 . Les observations de la Cour, d’inégales longueur
et portée, concernaient cinq domaines :
la comptabilité patrimoniale : la Cour, se référant à un référé n° 10198 du 27 février
1954 concernant les collectivités locales, rappelle sa position réservée sur l’application
de la comptabilité patrimoniale intégrale ; elle envisage sous un jour favorable les
possibilités de description plus précise de la variation des créances et des dettes de
l’État ainsi que des « valeurs dites inactives » : en revanche, la Cour recommande la
plus grande prudence s’il s’agit de comptabiliser des matériels hors commerce ou des
immeubles du domaine public « dont l’appréciation ne pourrait être qu’arbitraire et la
réévaluation compliquée, en face d’avantages incertains » ;
la responsabilité des comptables : la Cour s’est réjouie de l’unification des
responsabilités des comptables en matière de conservation et de mise en recouvrement
des titres de créances ; de même que des possibilités de mise en recouvrement sans
titre de créances établies par des actes dont les comptables assurent la conservation ;
elle demande que les comptables restent chargés de vérifier l’exactitude des calculs de
liquidation des créances étrangères à l’impôt ; en ce qui concerne le contrôle de
légalité, la Cour constate que le décret-loi précité du 30 septembre 1953 donnait au
comptable le pouvoir de s’assurer de la validité de la créance notamment au regard des
règles posées par les lois et les règlements relatifs aux obligations des ordonnateurs,
pouvoir équilibré par l’ouverture aux ordonnateurs du droit de réquisitionner les
comptables, elle réitère ses objections formulées dès 1955 au regard, d’une part, de
l’impréparation des comptables à cette forme de contrôle et, d’autre part, du risque de
généralisation de « conflits dont le règlement encombrerait les administrations
centrales et ralentirait le fonctionnement des services » ; la Cour propose d’étendre à
21
tous les comptables la disposition de l’article 1003 de l’instruction générale de 1859
, ouvrant la voie à la solution de compromis finalement adoptée dans l’article 37
autorisant la suspension du paiement et son corollaire, la réquisition du comptable
prévue à l’article 8 ; la Cour se préoccupa de la question des régisseurs ; elle ne fut pas
suivie et le sujet ne fut définitivement réglé qu’en 2004, 41 années après la publication
du RGCP, laps de temps nécessaire pour venir à bout du problème posé par la
responsabilité successive du régisseur et du comptable public ;
la Cour propose une nouvelle rédaction des dispositions relatives à la gestion de fait, de
manière à « sauvegarder la jurisprudence de la Cour » et réintroduire dans le champ de
la gestion de fait les « mandats fictifs » et la gestion irrégulière de « deniers privés
réglementés » ;
sur les compétences et les prérogatives de la Cour, celle-ci rappelle la rédaction alors
22
en vigueur de l’article 47 de la Constitution et demande que celle-ci soit citée dans
le décret ; elle formule également le vœu de voir affirmé son monopole en matière de
quitus à donner aux comptables de l’État, elle souhaite que l’apurement des petites
comptabilités par les trésoriers payeurs généraux soit qualifié d’administratif,
s’appuyant sur la formulation des décrets-lois du 25 juin 1934 et du 8 août 1935 alors en
vigueur, enfin la Cour soulève la question de la responsabilité des receveurs des
23
administrations financières dont le contrôle lui avait été retiré en 1936 , du fait de
l’absence de mesure d’application de l’article 19 du décret du 14 septembre 1936 ;
la dernière observation porte sur le régime des établissements publics à caractère
industriel et commercial, la Cour affirme son souci de voir maintenue la plus grande
unité d’organisation possible entre ces établissements, qu’ils soient ou non dotés d’un
comptable public, « de manière à éviter toute interférence entre les attributions de
l’agent comptable et les missions conférées aux administrateurs d’État et au Contrôle
24
d’État ».
3. L’impact de la décentralisation
Conclusion
L’ampleur des déficits budgétaires et sociaux constatés au début des
années 1990 a conduit à s’interroger sur l’efficacité de la législation
financière et de sa capacité à répondre à son objet. Le modèle
institutionnel construit autour de l’ordonnance de 1959 apparaît
grippé. Les procédures et les règles posées en 1959 et laissées
intactes n’ont en aucune manière permis d’enrayer la dégradation
significative des comptes publics, surtout à compter de 1992.
L’élaboration de la loi de finances devient de plus en plus complexe.
En l’absence de remise en cause des missions légales qui leur étaient
assignées, les administrations « dépensières » ne pouvaient que
chercher à exploiter toutes les possibilités de résistance à la remise
en cause de leurs moyens. Indépendamment de l’effet du
ralentissement de la croissance économique sur les recettes fiscales,
celles-ci se trouvent significativement affectées par les succès de la
lutte contre l’inflation à compter de 1985 60 . En effet, pour que la
fiscalité ne devienne pas confiscatoire, tous les gouvernements
depuis 1986 ont dû réduire l’assiette des impositions. Le renouveau
des doctrines libérales a trouvé alors d’autant plus d’écho que le
poids réel de la fiscalité était ressenti avec force en l’absence d’effet
anesthésiant de la progression simultanée et rapide des prix et des
revenus.
Dans ce contexte la procédure budgétaire s’est enrayée. Elle a cessé
de consister en un débat pouvant être réglé de manière technique
par les services, seules quelques questions pouvant être soumises à
l’arbitrage des ministres. Progressivement, c’est l’ensemble des
questions techniques qui sont devenues des enjeux de niveau
ministériel, voire gouvernemental. En l’absence de tout système
fiable d’information comptable et de mesure des effets des politiques
publiques, les différentes formes données aux ambitions de «
renouveau du service public » ou de « réforme de l’État » butaient
sur l’ignorance des effets et des causes. Ces constats faits, chacun à
sa place, par tous les acteurs de l’élaboration, de l’exécution et du
contrôle de la politique financière, ont conduit à l’heureuse
conjugaison des volontés ayant permis l’intervention de la LOLF.
Celle-ci porte les éléments d’une réforme comptable en exigeant la
tenue d’une comptabilité générale selon les usages de l’industrie et
du commerce, sauf pour les matières spécifiques à l’État.
La LOLF n’est pas incompatible avec le règlement général de 1962.
Elle a, en revanche, fait prendre conscience des retards
considérables pris par les administrations financières dans
l’application du progrès technique et, avec l’arrivée de celui-ci à
marche forcée, de la nécessité de moderniser les procédures de mise
en œuvre des actes d’encaissement et de décaissement des fonds
publics ainsi que de la manière d’en conserver la trace et la
justification. En cette fin d’hiver 2009, le budget de l’État a
fonctionné en « mode LOLF » depuis trois exercices sans que le RGCP
ait été significativement modifié. Un projet de « toilettage », discuté
entre la direction générale de la Comptabilité publique et la Cour des
comptes au cours de l’année 2007 n’a pas abouti. La réorientation des
priorités ministérielles en direction de la fusion des services des
impôts et du Trésor laisse craindre qu’une révision du RGCP ne
puisse avoir lieu au mieux, désormais, que pour son cinquantenaire.
Nul doute que l’administration ne cherche à cette occasion à jeter à
nouveau les bases de ce code de comptabilité publique qu’elle
ambitionne de voir édicter avec constance depuis les démêlés du «
bureau de comptabilité révolutionnaire » avec la « Trésorerie »,
ambitions qui étaient encore les siennes en 1953 et en 1962, et dont
on vient de voir qu’elle est loin d’être satisfaite.
NOTES
1. Lui-même modifié ou complété par l’article 18 de la loi n° 53-1336 du 31 décembre 1953
relative aux comptes spéciaux du Trésor pour l’exercice 1954 et les décrets n° 53-948 du 30
septembre 1953, 54-973 du 30 septembre 1954 et 55-1205 du 9 septembre 1955 qui en
étendaient l’application aux comptables publics relevant des possessions françaises d’outre-
mer. L’ensemble ne constituant, selon l’exposé des motifs du décret n° 53-948, que « la
première étape d’une œuvre plus générale, ayant pour objet de rénover et de modifier
toutes les règles de portée législative concernant la comptabilité publique, puis les
compléter par un règlement d’administration publique se substituant au décret du 31 mai
1862 ».
2. « La relation entre le Gouvernement qui agit au nom de la Couronne et le Parlement qui
représente le public détermine à titre principal la manière dont les ressources publiques
sont gérées. Les ministres visent à mettre en œuvre les politiques gouvernementales et à
délivrer les prestations des services publics à l’aide des agents publics, mais ils ne peuvent y
parvenir que si le Parlement accorde l’autorisation de collecter les ressources, d’engager
puis de dépenser ces ressources. Il incombe au Trésor de respecter et d’assurer les droits
tant du Gouvernement que du Parlement dans ce processus ». (Managing public money – Her
Majesty’s Treasury, octobre 2007, p. 11).
3. « L’obligation de protéger les fonds publics est permanente. La manière de la respecter
pourra varier avec le temps. » (Ibid., p. 9).
4. Cf. État G de la loi de finances n° 63-156 du 23 février 1963 (2e partie – Moyens des
services et dispositions générales).
5. Jacques Magnet, Comptabilité publique, PUF, coll. « Thémis », 1978, p. 23.
6. Je donnerai un autre exemple : j’ai été chef du bureau chargé notamment du ministère de
la Culture à la direction du Budget. Pour des raisons historiques, ce bureau était chargé, en
liaison avec un bureau de la direction de la Comptabilité publique, de la conservation de la
doctrine de la direction du Budget en matière de réglementation budgétaire des
établissements publics nationaux à caractère administratif. Il lui revenait, en conséquence,
l’insigne honneur de présenter chaque année une instruction à la signature des directeurs
qui déléguait aux contrôleurs financiers ou aux contrôleurs d’État la compétence du
ministre en matière d’approbation des budgets de ces établissements. Pendant les cinq
années où j’ai exercé cette responsabilité, j’ai fait préparer cette instruction sans me poser
la moindre question d’ordre légal. Un de mes successeurs, qui était sans doute plus attentive
que moi, s’est demandé comment une compétence réglementaire pouvait être déléguée par
simple circulaire. Elle a trouvé que c’était un décret-loi du 21 avril 1939 relatif à des
simplifications administratives en matière d’offices qui prévoyait effectivement cette
possibilité de délégation. Elle y a fait mettre bon ordre. Comme il s’agissait toutefois d’un
décret en Conseil des ministres, le décret fut publié plus de deux ans après son départ de la
direction.
7. Sébastien Kott, Le contrôle des dépenses engagées, évolutions d’une fonction, Comité pour
l’histoire économique et financière de la France, Paris, 2004, 543 pages.
8.La direction du Budget entre doctrines et réalités, 1919-1944, Comité pour l’histoire économique
et financière de la France, Paris, 2001, 591 pages.
9. Henri Navarre, Agonie de l’Indochine (1953-1954), éditions Plon, 1956, 348 pages.
10.La direction du Budget face aux grandes mutations des années cinquante, acteur… ou témoin ?,
Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Paris, 1998, 864 pages.
11. Ce décret fut pris sur le fondement d’une habilitation législative donnée au
Gouvernement par l’alinéa A bis de l’article unique de la loi n° 55-349 du 2 avril 1955,
prorogée sans condition de délai par l’article 8-1 de la loi n° 55-1043 du 6 août 1955.
12. Voir l’article de Christian Descheemaecker dans ce volume.
13. Rappelons que jusqu’au 1er janvier 1991, cette administration était soumise aux règles
de la comptabilité publique et ses comptables principaux étaient justiciables de la Cour des
comptes.
14. Albert Pomme de Mirimonde, La Cour des comptes, Paris, 1947.
15. Nous l’avons retrouvé, dans les mêmes termes, lorsqu’il s’est agi de mettre en œuvre la
LOLF. Comment faire pour valoriser des actifs dont la valeur marchande n’avait pas
beaucoup d’intérêt parce qu’on ne peut pas s’en défaire ? Mais on verra que le contexte a
depuis lors beaucoup changé.
16. Depuis l’abrogation de l’ordonnance du 2 janvier 1959, il n’existe plus de disposition
législative de portée générale prévoyant l’existence d’un tel règlement sur la comptabilité
publique.
17. M. Hervé-Gruyer.
18. M. Dorange.
19. On doit ainsi trouver dans l’abrogation du règlement général de 1862 la source
d’inspiration de ce qui devint la loi n° 67-483 du 22 juin 1967 relative à la Cour des comptes
et son décret d’application n° 68-827 du 20 septembre 1968 pris pour son application. La
conférence des présidents adopta, en effet, le 6 novembre 1964, deux avant-projets en vue
de leur transmission au ministre chargé des Finances.
20. Cette instruction rendue opposable par arrêté ministériel et n’ayant, à notre
connaissance, été abrogée par aucun texte subséquent, il en ressort, comme l’estimait
également Jacques Magnet, qu’elle reste applicable aux situations qui n’ont pas été
concernées par des dispositions normatives intervenues ultérieurement.
21. Cet article placé au chapitre premier « service des communes » du Titre V « Service des
communes et des établissements de bienfaisance » dispose : « Les comptables n’ont point
qualité pour apprécier le mérite des faits auxquels se rapportent les pièces à l’appui de
chaque mandat. Il suffit, pour garantir leur responsabilité, qu’elles soient visées, et par
conséquent attestées par l’ordonnateur.
Si cependant un comptable s’apercevait ou avait de suffisantes raisons de croire que
l’ordonnateur a été trompé, il devrait, nonobstant l’apparente régularité des pièces,
suspendre le paiement et avertir l’ordonnateur sans aucun retard ; mais, si ce dernier lui
donne alors l’ordre de payer, il doit s’y conformer immédiatement. »
22. « La Cour assiste le Parlement et le Gouvernement dans le contrôle de l’exécution des
lois de finances ».
23. Cette demande fit l’objet de l’annotation suivante : « La Cour ne nous demande pas de
modifier le décret. Nous saisissons la DGI d’un problème qu’il convient en effet de résoudre
», ce que fit le décret n° 77-1017 du 1er septembre 1977 relatif à la responsabilité des
receveurs des administrations financières.
24. À l’époque et jusqu’au 1er janvier 1977, le contrôle des entreprises publiques relevait
d’une institution associée à la Cour, la commission de vérification des comptes des
entreprises publiques (CVCEP), créée en 1948 et présidée par un président de chambre à
temps plein et où siégeaient des magistrats et des représentants des administrations.
25. MM. Bauchard, conseiller d’État, et Ducoux, maître des requêtes.
26. Loi de finances pour 1963 n° 62-1529 du 22 décembre 1962 (Première partie – Conditions
générales de l’équilibre financier).
27. Décret n° 64-685 du 2 juillet 1964 relatif à la constitution et à la libération du
cautionnement exigé des comptables publics.
28. Décret n° 64-1022 du 29 septembre 1964 relatif à la constatation et à l’apurement des
débets des comptables publics et assimilés, remplacé par le décret n° 2008-228 du 5 mars
2008.
29. Décret n° 66-850 du 15 novembre 1966 relatif à la responsabilité personnelle et
pécuniaire des régisseurs.
30. Décret n° 77-1017 du 1er septembre 1977 relatif à la responsabilité des receveurs des
administrations financières et au contrôle de la Cour des comptes.
31. Décret n° 81-58 du 23 janvier 1981 relatif aux conditions d’octroi du sursis de versement
aux comptables du trésor.
32. Décret n° 79-124 du 5 février 1979 relatif à la signature des comptes de gestion des
comptables publics, modifié par le décret n° 93-283 du 1er mars 1993. Bien qu’elles n’aient
pas figuré dans les listes de textes abrogés ou déclarés caducs par le RGCP ou l’article 60 de
la loi n° 63-156, les dispositions des lois des 11 frimaire et 13 brumaire an VII sur
l’affirmation des comptes ont semblé ne plus pouvoir être opposées aux comptables puisque
la rédaction initiale du décret en reprend le libellé.
33. Cf. pour ce qui concerne l’État l’article de M. Conan.
34. Loi n° 68-1250 du 31 décembre 1968 relative à la prescription des créances sur l’État, les
départements, les communes et les établissements publics.
35. Décret n° 86-451 du 14 mars 1986 pris en application de l’article 16 de l’ordonnance n°
59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances en ce qui concerne
la comptabilisation des recettes et des dépenses de l’État.
36. EPA : « M 9-2 ».
37. EPA : « M 9-3 » : établissements publics à caractère scientifique, culturel et
professionnel.
38. EPIC : « M 9-4».
39. EPIC : « M 9-5-1 ».
40. EPA : « M 9-7 ».
41. EPA : « M 9-9 » : établissements publics locaux d’enseignement et de formation agricole,
« M 9-10 », établissements nationaux ayant le même objet.
42. Selon René Barberye qui est arrivé en 1966 à la Comptabilité publique et qui en a été le
directeur entre 1986 et 1992.
43. Décret n° 61-481 du 13 mai 1961.
44. Temps partagé.
45. Nouvelle dépense locale.
46. Avec « ACCORD » pour application coordonnée de contrôle et de règlement de la
dépense.
47. L’instruction « M 11 » de 1974 est remplacée par l’instruction « M 14 » applicable à
compter de 1994 aux communes et aux établissements publics communaux et
intercommunaux à caractère administratif.
48. L’instruction « M 51 » datant de 1964 est remplacée par l’instruction « M 52 » à compter
de 2005.
49. Jusqu’au 1er janvier 2005, les régions ont appliqué l’instruction comptable des
départements. Après cette date une instruction « M 71 » spécifique leur a été consacrée.
50. Les nombreuses réformes de l’organisation de ces établissements ont conduit à une
production intense de réglementation comptable sous l’appellation « M 21 ».
51. Un numéro dans la nomenclature des « codificatrices », « M 9-6 » avait été réservé pour
ces établissements. La réglementation encore applicable en 2009 relevait d’une collection de
circulaires interministérielles dont les principales dataient de 1988, 1991 et 1993.
52. Pour une description détaillée de ces limites, se reporter aux Grands arrêts de la
jurisprudence financière, 5e édition, Dalloz, 2007, n° 21, 22, 26 et 28.
53. Les établissements publics régionaux créés par la loi n° 72-619 du 5 juillet 1972 voient
leurs comptes tenus par le TPG de la région. Leur disparition, dès 1982, fit que les arrêts
rendus sur leurs comptes sont peu nombreux.
54. Cf. article 31 du décret n° 68-827 du 20 septembre 1968 relatif à la Cour des comptes et
articles 191 et 192 du code de l’administration communale, alors en vigueur.
55. En fait, elle n’examinait que les taxes levées par les collectivités les plus importantes.
56. La Cour l’avait relevé, dès les travaux préparatoires.
57. Décret n° 2004-737 du 21 juillet 2004.
58. Nicolas Baverez « La Cour des comptes : une juridiction introuvable », Dalloz 1992,
chronique pages 173-179, Jacques Magnet, Éric Hemar, « Qui cherche trouve : actualité de la
juridiction des comptes », Recueil Dalloz, 1993, Chronique, pages 41-44.
59. Régime fixé jusqu’à son abrogation le 24 février 2012 par le décret n° 90-144 du 14
février 1990 relatif à la comptabilité des matériels de la défense.
60. La hausse moyenne annuelle des prix à la consommation passe définitivement en
dessous de 3 % en 1986 et est restée en dessous de ce montant depuis.
AUTEUR
VINCENT FELLER
Vincent Feller est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, titulaire d’une maîtrise
de droit public et ancien élève de l’École nationale d’administration. De 1984 à 1995, il a été
administrateur civil à la direction du Budget, puis attaché financier près l’ambassade de
France en Allemagne. Nommé à la Cour des comptes en 1995, il y a exercé les fonctions de
rapporteur jusqu’en 2002. Simultanément, il a participé aux activités de commissariat aux
comptes du Programme alimentaire mondial, assisté l’administration pénitentiaire dans la
préparation d’un avant-projet de loi sur les prisons et la direction des Nations unies du
ministère des Affaires étrangères à l’occasion du mandat donné à la France au comité
financier de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). Il
est conseiller maître à la Cour des comptes, délégué dans les fonctions d’avocat général
depuis le 5 août 2002.
Le contrôle du bon emploi des fonds
publics : un premier aboutissement en
1967 ?
Stéphanie Flizot
A. Un texte de compromis
Les dispositions relatives au contrôle du bon emploi des fonds
publics furent celles dont l’adoption fut la plus laborieuse de toutes
les dispositions de la loi de 1967. Il s’agit de consacrer pour la
première fois un texte législatif au contrôle sur la gestion et de lui «
donner un fondement indiscutable 90 ». La reconnaissance de cette
mission doit se faire en trouvant « une bonne mesure entre des
attributions conformes à la pratique actuelle et les domaines
traditionnels de contrôle des corps d’inspection administratifs 91 ».
Le projet du Gouvernement prévoit donc que « dans
l’accomplissement de ses missions, [la Cour] exerce un contrôle a
posteriori sur la gestion financière des services de l’État […] et sur
celle des autres personnes morales de droit public ». Les termes a
posteriori expriment l’idée que ce contrôle est différent de celui
qu’exercent les corps d’inspection ministériels et en particulier
l’Inspection des finances 92 . La rédaction se veut neutre et « n’ouvre
ni ne ferme aucune porte, tant à la Cour qu’aux corps généraux
d’inspection 93 ». Ces termes ont, du reste, déjà été employés lors
des débats parlementaires précédant l’adoption de la loi du 31
décembre 1949 étendant le contrôle de la Cour sur les organismes de
Sécurité sociale 94 . Si cette distinction des rôles respectifs de la Cour
des comptes et de celui des corps de contrôle et d’inspection n’est
pas nouvelle 95 , la Cour craignit que cette rédaction ne vienne
limiter le contrôle qu’elle exerçait déjà sur la gestion financière des
ordonnateurs, mission qui lui semblait tout aussi fondamentale que
ses autres missions. Cette crainte fut partagée par certains
parlementaires redoutant que le texte proposé par le Gouvernement
n’aboutisse à une régression des missions exercées par la Cour.
La liaison qui était faite avec les autres attributions de la Cour parut
ainsi restrictive au Parlement en semblant « subordonner la mission
de contrôle de la Cour des comptes sur la gestion financière des
ordonnateurs à l’exercice de celle de juge des comptes et d’auxiliaire
» des pouvoirs publics. Il fut donc proposé par l’un des membres de
la commission des Finances de l’Assemblée nationale de modifier la
rédaction initiale du texte en indiquant que la Cour « vérifie la
régularité des recettes et des dépenses publiques ; elle s’assure du
bon emploi des deniers gérés par les services de l’État et […] par les
autres personnes morales de droit public 96 ». Selon Valéry Giscard
d’Estaing, alors président de la commission des finances de
l’Assemblée, l’amendement Voilquin « s’inspirait très étroitement du
texte sur lequel semblaient s’être mis officieusement d’accord, au
mois de décembre 1966, les représentants de la Cour des comptes, en
présence du président et du rapporteur général de la commission
des finances d’alors 97 ».
Mais cette formulation fit pourtant craindre au Gouvernement «
qu’une interprétation extensive […] ne conduise ultérieurement la
Cour à déborder de ses attributions actuelles et à s’ériger en juge de
l’opportunité des actes des ordonnateurs 98 ». La formule de
compromis retenue par l’article 1er de la loi du 22 juin 1967 fut donc
que :
« La Cour des comptes […] vérifie la régularité des recettes et des dépenses
décrites dans les comptabilités publiques et s’assure, à partir de l’examen de ces
dernières, du bon emploi des crédits, fonds et valeurs gérés par les services de
l’État […] et par les autres personnes morales de droit public ».
Le fait que ce contrôle s’exerce à partir des comptabilités « limite les
interprétations extensives qu’encouragerait l’imprécision des termes
de l’article 1er de la loi du 22 juin 1967. Elle trace la frontière à ne pas
franchir 99 ». La portée de cette liaison avec la comptabilité fut
précisée par le secrétaire d’État Robert Boulin : les termes «
comptabilités publiques » visent « toutes les écritures, pièces
justificatives et documents tenus ou établis par les services
ordonnateurs ou comptables, aux stades successifs de l’exécution des
dépenses et, le cas échéant, les comptabilités de prix de revient 100
». Cette interprétation ne faisait, d’ailleurs que reprendre les
dispositions des articles 51 à 54 du décret du 29 décembre 1962
portant règlement général sur la comptabilité publique.
B. Un texte de consolidation
NOTES
1. Sur ces expériences, voir la contribution de F. Descamps dans ce volume.
2. « Ce contrôle se justifie de lui-même à l’égard d’organismes qui assument la gestion d’un
service public d’une particulière importance », exposé des motifs du projet de loi tendant à
étendre le contrôle de la Cour des comptes aux organismes de Sécurité sociale, annexe n°
6140, séance du 21 janvier 1949, déposé par M. Petsche, ministre des Finances.
3. « L’Assemblée nationale règle les comptes de la Nation. Elle est, à cet effet, assistée de la
Cour des comptes. L’Assemblée nationale peut charger la Cour des comptes de toutes
enquêtes et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques ou à la
gestion de la trésorerie ».
4. Doc. Parl, Ass. nat., proposition de loi de MM. Paul Reynaud et Charles Barangé, séance du
20 novembre 1951, annexe n° 1624.
5. Rapport de C. Barangé, annexe n° 2003 à la séance du 13 décembre 1951.
6. Tel sera le cadre fixé par la loi n° 52-37 du 7 janvier 1952 ; la loi du 22 juin 1967 imposera
à nouveau que ces réponses soient jointes en annexe au rapport remis aux chambres.
7. Exposé des motifs de la proposition de loi précitée.
8. Son article 47 prévoit alors que « la Cour des comptes assiste le Parlement et le
Gouvernement dans le contrôle de l’exécution des lois de finances ».
9. J.-R. Guyon, Principes d’une réforme administrative, Paris, Delmas, 1949.
10. Op. cit. , p. 61.
11. Op. cit. , p. 60.
12. Op. cit. , p. 24.
13. D’autres dispositions visent ce contrôle, comme l’article 10 de la loi du 22 juin 1967 : « La
Cour procède aux enquêtes qui lui sont demandées par les commissions des finances du
Parlement sur la gestion des services et organismes qu’elle contrôle », disposition
aujourd’hui codifiée sous l’article L 132-4 du CJF.
14. Le Comité central d’enquête sur le coût et le rendement des services publics créé par le
décret du 9 août 1946 peut se voir confier l’étude de mesures de rationalisation ; il est
habilité à proposer des mesures susceptibles de générer des économies et d’accroître
l’efficacité des services. Ses méthodes de travail sont à l’origine assez éloignées de celles
alors suivies par la Cour. La présence de membres de l’Inspection des finances n’y est
certainement pas étrangère. Voir les communications de F. Descamps dans ce volume.
15. Voir A. Paysant, L’évolution de la commission de vérification des comptes des entreprises
publiques (1948-1976), RSF 1977 p. 117-259 ; ainsi que la thèse de D. Berthereau, L’expertise de la
commission de vérification des comptes des entreprises publiques (1948-1976), Paris IV, 2005.
16. Rapport public 1948, JO 28 décembre 1948, p. 102.
17. La Cour renvoie en note aux rapports du Comité d’enquête et de l’Inspection générale de
finances ; rapport public 1953, p. 9.
18. Rapport public 1961, p. 40.
19. Rapport public 1956, p. 38.
20. Rapport public 1958, p. 1.
21. Op. cit. , p. 1.
22. Rapport public 1963, p. 22.
23. La Cour observera dans son rapport public de 1963 que malgré l’évolution de la
réglementation « la théorie s’adapte difficilement aux faits ». L’une des difficultés à
appliquer la nouvelle réglementation tient à la difficulté qu’ont de nombreuses
administrations à désigner un fonctionnaire responsable des marchés ; « cette prescription
ne convient qu’à des administrations simples, à structure préalablement déconcentrée ». Il
convient également, dit la Cour, de définir la notion de responsabilité de manière
compatible avec les nécessités des services (p. 23).
24. M. Roger Léonard, « La Cour des comptes et le contrôle des finances publiques », Revue
politique et parlementaire, n° 737, sept. 1963, p. 6.
25. Rapport public 1956, p. 42.
26. « La Cour des comptes… », op. cit., p. 3-9.
27. Op. cit. , p. 4.
28. Op. cit. , p. 7.
29. La Cour fait, par exemple, très tôt des observations sur la gestion du parc automobile :
dans son rapport public de 1948 s’agissant du nombre excessif de véhicules de tourisme mis
à la disposition des fonctionnaires ou dans son rapport public de 1958 sur la gestion du parc
automobile du ministère de la Défense…
30. « La mise en place d’un appareil administratif qui fait parfois double emploi avec celui
du ministère alourdit le fonctionnement du service public ». « Nouveaux échelons de
transmission, mécanismes supplémentaires pour approuver ou élaborer les budgets,
tentation permanente d’augmenter les effectifs, octroi d’avantages particuliers au
personnel : tout concourt à compliquer la gestion et à en accroître le coût », rapport public
1963, p. 42.
31. La Cour reproche, notamment, à certains syndicats intercommunaux d’entreprendre «
des travaux d’une ampleur dispendieuse sans se soucier ni des facultés contributives des
usagers, ni de l’importance réelle des plus-values que procurent les sommes investies »,
rapport public 1958, p. 43.
32. Rapport public 1956, p. 104.
33. Rapport public 1961, p. 47.
34. Rapport public 1960, p. 67 s.
35. Op. cit. , p. 70.
36. Rapport public, 1961, p. 43.
37. Op. cit. , p. 57.
38. Exposé des motifs de la proposition de loi tendant à réaliser la réforme administrative
déposée par E. Barthe, Chambre, Doc. parl., séance du 31 mai 1934, annexe n° 3464.
39. Rapport publié en 1953, p. 12.
40. Op. cit. , p. 22.
41. Rapport public 1953, p. 23.
42. Rapport public 1961, p. 56.
43. Rapport public 1960, p. 20.
44. Op. cit. , p. 35.
45. Ibid.
46. Rapport public 1958, p. 15.
47. La recherche de cohérence visée par l’ordonnance du 4 octobre 1945 posant le principe
d’une structure unique par circonscription territoriale, soit une caisse primaire à l’échelon
local, une caisse régionale au stade intermédiaire et une caisse nationale, ont été remis en
cause par la création ultérieure des caisses d’allocations familiales et d’assurance vieillesse
des travailleurs salariés (rapport public 1960, p. 87). Le système initial n’était déjà pas, selon
la Cour, exempt de défauts en termes de cohérence ; elle avait ainsi demandé dans son
rapport public de 1956 une meilleure répartition des compétences entre les caisses
primaires et les caisses régionales.
48. Op. cit. , p. 91.
49. Rapport public 1958, p. 53.
50. Rapport public 1952.
51. Rapport public 1958, p. 89.
52. Voir supra, rapport Rivain, p. 1533.
53. Rapport public 1961, p. 33.
54. Op. cit. , p. 32.
55. Op. cit. , p. 35.
56. Op. cit. , p 33.
57. Elle réitérera ces orientations dans le préambule de son rapport suivant : « la Cour […]
tend de plus en plus à s’élever à la conception d’études d’ensemble de nature à contribuer à
l’amélioration et à la réforme de l’organisation administrative », rapport public 1963, p. 1.
58. « Les officiers et fonctionnaires de rang élevé prétendent chaque jour avec plus
d’insistance être logés par l’État. Ils veulent en outre être luxueusement meublés », rapport
public 1948, JO, 28 décembre 1948, p. 111.
59. Paris, L’Élan, 1949.
60. « Pour des milliers de Français, la Sécurité sociale dépense des milliards à acheter des
châteaux, la Reconstruction ne construit que des immeubles inutilisables, le Budget gaspille
l’argent des contribuables en subventions inutiles », P. Carcelle, G. Mas, « Les documents
financiers officiels et le public », RA mai-juin 1958 p. 294.
61. Sur ce point, voir la thèse de Pierrette Rongère, p. 241.
62. Op. cit. , p. 40.
63. Préambule, p. 1.
64. Elle précisera dans son rapport public de 1961 que « les suggestions présentées en vue
d’améliorer cette situation ne mettent pas en cause la qualité d’un personnel de haute
valeur » s’agissant du service de santé des armées (p. 20).
65. Op. cit. , p. 5.
66. Rapport public 1960, p. 49.
67. Op. cit. , p. 50.
68. Rapport public 1961, p. 49.
69. Op. cit. , p. 48.
70. Sur ce point, C. Berthon-Goffin, Réforme administrative et Cour des comptes, thèse
dactylographiée, Paris II, 1976, p. 271-273.
71. Rapport public, 1966, p. 31.
72. Op. cit. , p. 35.
73. Rapport public 1960, p. 81.
74. Jean Delaporte, conseiller référendaire à la Cour des comptes, Le rapport public de la Cour
des comptes, RA 1950, p. 339.
75.Ibid.
76. Préambule de son rapport public 1960.
77.Ibid.
78. C. Berthon-Goffin, Réforme administrative et Cour des comptes, thèse dactylographiée, Paris
II, 1976, p. 42.
79. Rapport public 1958, p. 13.
80. La Cour relève que plus de la moitié des occupants de certains HLM ont une large
aisance, alors que ces logements auraient dû être réservés aux foyers modestes, rapport
public 1960, p. 14.
81. Rapport public 1953, p. 25.
82. Rapport public 1961, p. 80.
83. Les chiffres donnés par les ministères diffèrent entre eux ; pour un même département,
le ministère de l’Intérieur évalue leurs bénéficiaires à 1 670 personnes, quand ce chiffre est
pour la même année de 2 583 pour le ministère de la Santé.
84. La Cour consacre des développements spécifiques à cette question dans son rapport
public 1961, p. 88 sqq.
85. Ibid. , p. 88.
86. Rapport public 1961, p. 24.
87. Rapport public 1958, p. 17.
88. Sous le n° 2030. Le Gouvernement déposera un projet de loi modifié (n° 140, séance du
25 avril 1967) contenant de nouvelles dispositions sur le contrôle de la Caisse des dépôts et
consignations.
89. Discours du secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances R. Boulin, Assemblée
nationale, 25 mai 1967 (JOAN, p. 1310).
90. Op. cit.
91. Philippe Rivain, rapporteur général, AN, séance du 25 mai 1967, p. 1310.
92. A. Tardieu, À quoi sert la Cour des comptes ?, Hachette, 1967, p. 109.
93. Doc. parl., Assemblée nationale, rapport Rivain fait au nom de la commission des
finances, séance du 11 mai 1967, annexe n° 178, p. 1530.
94. « Ce contrôle fait a posteriori laisse intacts les services de contrôle permanents déjà
existants et relevant des différents ministères intéressés par la gestion des caisses de
sécurité sociale », rapport fait au nom de la commission des Finances de l’Assemblée
nationale par M. Ramette, annexe n° 7827, séance du 8 juillet 1949.
95. Lors, par exemple, de la discussion de la loi du 13 août 1936, les débats parlementaires
furent l’occasion de préciser que le Comité supérieur d’enquête « remplira une mission
permanente de contrôle, mais sans intervenir dans le fonctionnement des services. Les
examens sur place ne devront jamais avoir le caractère d’une inspection. Le Comité
coordonnera l’action des comités spéciaux de contrôle, mais ne pourra se substituer à eux ».
Intervention d’Abel Gardey, Sénat, Doc. Parl. séance du 13 août 1936, p. 1313.
96. M. Voilquin.
97. Rapport Rivain précité, p. 1531.
98. M. Rivain, rapporteur général, Assemblée nationale, 25 mai 1967, JOAN p. 1310.
99. A. Tardieu, À quoi sert la Cour des comptes ?, Hachette, 1967, p. 109.
100. JOAN 25 mai 1967, p. 1311.
101. Doc. parl., séance du 25 avril 1967, annexe n° 140.
102. Op. cit. , p. 554.
103. Francis J. Fabre, « Les dispositions du décret du 20 septembre 1968 relatives au
contrôle de gestion de la Cour des comptes », RA 1968, p. 722-723.
104. Rapport de M. Louis Vallon fait au nom de la commission mixte paritaire, séance du 26
juillet 1963, annexe n° 507.
105. Elle pouvait dès le décret n° 50-509 du 8 mai 1950 demander le concours de
fonctionnaires des administrations de tutelle et de contrôle s’agissant de la vérification des
organismes de sécurité sociale.
106. M. Roger Léonard, op. cit. , p. 4.
107. Article 9.
108. L’amendement est le fait du sénateur Marcel Pellenc qui fut sous la IVe République
président de la sous-commission chargée de suivre la gestion des entreprises nationalisées
et qui deviendra en 1954 rapporteur de la commission des finances du Conseil de la
République, puis membre de la commission des finances du Sénat sous la Ve République,
avant d’en devenir rapporteur général en octobre 1963, puis d’en assurer la présidence à
partir de 1971.
109.Le Monde du 20 novembre 1963, cité par F. J. Fabre, « Les dispositions du décret du 20
septembre 1968 », op. cit., p. 723.
110. C. Berthon-Goffin, thèse précitée, p. 36.
111. 13e rapport de la commission de vérification des comptes des entreprises publiques, JO
doc. adm. n° 18, 23 mars 1974, p. 577.
112. Sur l’expérience des années 1936-1940 au sein du Comité supérieur de contrôle, voir la
contribution de C. Descheemaeker.
113. Victor de Marcé, « Le contrôle de l’exécution du budget de l’État en Angleterre, Vue
d’ensemble et conclusions critiques », RPP, 1900, p. 354.
114. « Rapport public de la Cour des comptes sur l’exercice 1909 », RSLF 1912, p. 67.
115. Du reste, les sanctions en cas de refus de communication seront calquées sur les
dispositions fiscales qui s’appliquent au droit de communication.
116. Pendant la guerre, à compter de 1941, la Cour des comptes a pu compléter
l’information que lui donne l’examen des pièces comptables par des contrôles sur place.
Cette expérience temporaire, qui a duré trois ans et porté sur 28 départements et 387
comptabilités, lui a permis de procéder à des vérifications sur place des comptabilités
locales dans un certain nombre de départements. « Une telle méthode devait, semble-t-il
permettre d’accélérer le travail des rapporteurs en les mettant à même de faire compléter
immédiatement, pour chaque compte, les justifications présentées et de faire rectifier,
avant que soit prononcé l’arrêt, des erreurs de peu d’importance. Elle devait au surplus
donner à la Cour toutes facilités pour prendre plus aisément et plus rapidement des
solutions définitives, au vu des observations étudiées contradictoirement par les
rapporteurs et par les comptables ». La Cour écrit à ce sujet à la Libération que « si la
centralisation et l’examen des pièces à Paris doivent demeurer la règle, il n’en est pas moins
indispensable que les magistrats puissent, après en avoir déterminé l’objet précis et quand
la Cour le jugera opportun, poursuivre, sur les lieux mêmes, leurs enquêtes et leurs
recherches. Cette faculté apparaît aujourd’hui d’autant plus nécessaire que, par l’extension
des attributions de l’État et des collectivités publiques, les comptabilités à examiner sont
devenues plus nombreuses, plus complexes et exigent du juge des comptes des
investigations plus approfondies et des décisions plus rapides », rapport public sur les
comptabilités vérifiées de 1940 à 1945, p. 6. Sur cette période, voir J. F. Potton, La Cour des
comptes pendant les années noires (1939-1945), LGDJ, 2011.
117. La loi du 31 décembre 1922 portant statut budgétaire du Reich prévoit dans son article
90 que la Cour des comptes « peut, dans l’intérêt de la vérification des comptes, prescrire,
pour son information, des enquêtes sur place visant le fonctionnement des organismes
existants pour l’administration des caisses et pour la tenue des livres, ainsi que les détails
de l’administration ».
118. La Cour des comptes fédérale possède des « antennes » au sein de l’administration
active par une formule que l’on peut qualifier de déconcentration du contrôle externe. Ce
point est très étroitement lié au développement du contrôle de la Cour sur la gestion. Les
services de précontrôle préparent le travail de la Cour qui peut davantage se concentrer sur
l’efficacité de la gestion. Du reste, le système, réformé seulement en 1997, est allé en
accentuant ce trait, la loi renforçant dans le même temps les dispositifs de mesure des coûts
et de la rentabilité : voir S. Flizot, Les relations entre les institutions supérieures de contrôle
financier et les pouvoirs publics dans les pays de l’Union européenne, LGDJ, 2003, p. 312. Au-delà
de l’Italie, la proposition Maulion de 1930 s’inspirera sans doute aussi de cet exemple en
prévoyant que des délégués de la Cour des comptes étaient placés auprès des ministères
pour exercer les attributions assignées par les lois en vigueur aux contrôleurs des dépenses
engagées et aux comptables publics.
119. Rapport public 1956, p. 40.
120. Rapport public 1948, p. 3.
121. Rapport public 1956, JO 17/02/1956, doc. adm., p. 38.
122. Rapport public 1961, p. 63.
123. Thèse précitée, p. 181-182.
124. Ibid.
125. Op. cit. , p. 186.
126. Op. cit. , p. 185.
127. Son article 13 renvoie à un décret la détermination des conditions dans lesquelles
s’exercera le contrôle de la Cour compte tenu du statut particulier de cet établissement.
128. La Cour peut contrôler la gestion des organismes qui ne sont pas assujettis aux règles
de la comptabilité publique lorsqu’ils bénéficient d’un concours financier quelle qu’en soit
la forme de la part de l’État, d’un établissement public, d’une collectivité locale ou d’une
autre personne publique ou d’une participation au capital ou d’une subvention (art. 33),
sont donc concernés les garanties d’emprunt, les prêts, les avances, les participations en
capital…
129. Mais ce contrôle ne s’exerce qu’avec l’accord du ministre des Finances lorsque le
concours financier ne revêt pas la forme d’une subvention ou d’une taxe parafiscale (al. 1).
130. Il faudra attendre la loi du 22 juin 1976 pour que cette compétence lui revienne
complètement et que soit supprimée la commission de vérification des comptes des
entreprises publiques. A. Delion, L’État et les entreprises publiques, 1959 et R. Muzellec, Le
contrôle de la Cour des comptes sur les entreprises publiques, AJDA 1976 p. 540-551.
131. AN, séance du 25 mai 1967, intervention du député Jean Valentin, p. 1311.
132. Sénat, rapport n° 289, annexe au PV de la séance du 8 juin 1967, p. 17.
133. « Sur la réforme de la Cour des comptes », RA 1969, p. 185-189 et p. 466-469.
134. Op. cit. , p. 469.
135. Dès 1951, le décret n° 51-583 du 19 mai 1951 avait prévu cette possibilité pour les
établissements publics de l’État dotés d’un comptable public, qui tout en présentant
certains caractères d’établissements industriels et commerciaux, avaient une activité
principale assimilable à celle d’établissements publics de caractère administratif. Avec la loi
de 1967, ce transfert est possible pour tout établissement de caractère industriel et
commercial doté d’un comptable public.
136.Ibid.
137. Après la seconde guerre mondiale, les rapports publiés par la Cour des comptes sur les
opérations réalisées entre 1940-1945 et sur les années 1946-1947 vont donner lieu à la mise
en place de commissions dites « des gaspillages » ; le Parlement se saisit également de la
question des suites à donner aux gaspillages dénoncés par la Cour. Voir, notamment, la
proposition de résolution n° 5973, Assemblée nationale, séance du 30 décembre 1948 et les
débats lors de la 3e séance du 31 décembre 1948.
138. Le dispositif est issu de l’article 2 de la loi du 4 avril 1941.
139. AN, Séance du 25 mai 1967, intervention du député Jean Valentin, p. 1311.
140. Proposition de loi déposée par M. Poniatowski, annexe n° 478, séance du 25 octobre
1967.
141. M. Roger Léonard, op. cit. , p. 8.
142. La commission devient permanente à compter de 1973 avec l’arrêté interministériel du
24 septembre 1973 qui prévoit que « la commission devra chaque année avant le 1er juillet
faire rapport des mesures à prendre comme suite aux observations présentées dans le
dernier rapport public de la Cour des comptes et examiner à cette occasion les suites
réservées à ses recommandations antérieures ». La commission placée auprès du ministère
des Finances comprend le chef de l’Inspection générale des finances ou son représentant ; le
directeur général de l’administration et de la fonction publique ou son représentant ; le
directeur du Budget ou son représentant. Il s’agit donc d’une commission qui ne compte
aucun membre de la Cour et qui fonctionne de manière parfaitement autonome. Les mêmes
causes produisant les mêmes effets, la commission des suites trouvera l’occasion de
manifester quelques points de désaccord avec l’analyse de la Cour ; il arriva même que son
rapport tranche même en faveur de l’administration un différent qui opposait celle-ci à la
Cour. Berthon-Goffin, Réforme administrative et Cour des comptes, thèse dactylographiée, Paris
II, 1976, p. 259 à 264, l’auteur y voit cependant une expérience réussie
143. Francis J. Fabre, « Sur la réforme de la Cour des comptes (II), Deuxième objectif d’une
réforme : une meilleure organisation des travaux », RA 1969, p. 466-469.
144. Ibid. , note 29, p. 466.
145. Proposition citée, exposé des motifs, doc. parl., p. 764.
146. Francis J. Fabre, op. cit., note 30, p. 466.
147. Op. cit. , p. 467.
148.Ibid.
149. Projet de loi n° 2001 portant réforme des juridictions financières, AN, Treizième
législature, 28 octobre 2009.
150. Op. cit. , p. 469.
AUTEUR
STÉPHANIE FLIZOT
12 décembre 2006
Nathalie Carré de Malberg, docteur en histoire, maître de conférences en
histoire contemporaine à l’université Paris X-Nanterre : « Le métier
d’inspecteur des Finances dans la première moitié du XXe siècle :
quels moyens, quelle efficacité dans la gestion des finances publiques
?»
Invité : Patrice Cahart, inspecteur général des Finances.
16 janvier 2007
Alain Chatriot, chargé de recherche au CNRS, Centre de recherches
historiques, Approches historiques des mondes contemporains : « Discours
et pratiques de réforme de l’administration durant l’entre-deux-
guerres, Chardon, Fayol et les autres ».
13 février 2007
Xavier Cabannes, maître de conférences en droit public à Paris-V : « Laval
et la politique de déflation (1935) ».
20 mars 2007
Florence Descamps, maître de conférences à l’École pratique des hautes
études, Section des sciences historiques et Christian Descheemaeker,
président de la chambre régionale des comptes d’Île-de-France : « Le
rapport Labeyrie (1933) et la réforme de l’État ».
23 avril 2007
Florence Descamps, maître de conférences à l’École pratique des hautes
études, Section des sciences historiques et Christian Descheemaeker,
président de la chambre régionale des comptes d’Île-de-France : « La
réforme de la Cour des comptes 1930-1945 ».
12 juin 2007
Matthieu Conan, professeur de droit public à l’université de Bretagne
occidentale, « Gaston Jèze et l’utilité de la dépense publique » ou
l’élaboration d’une théorie générale de la dépense publique.
23 octobre 2007
Florence Descamps, maître de conférences à l’École pratique des hautes
études, Section des sciences historiques : « Gabriel Ardant et la création
du Comité central d’enquête sur les coûts et rendements des services
publics, 1946-1950 ».
Invité témoin : Brigitte Beaucourt, secrétaire général adjoint du Comité
d’enquête sur le coût et le rendement des services publics.
18 décembre 2007
Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul
Verlaine (Metz) : « Rationalisation et administration dans la France
des années trente : discours et pratiques ».
28 avril 2009
Sébastien Kott, maître de conférences en droit public à Paris-X Nanterre, «
L’évolution des contrôles dans les années cinquante : vers un
contrôle de l’efficacité ? ».
24 mai 2011
Stéphanie Flizot, maître de conférences en droit public à l’université de
Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, « Le développement du contrôle de
gestion par la Cour des comptes : un premier aboutissement en 1967
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A
Adam (inspecteur général des Colonies) 37, 42, 43
Adenauer (Konrad) 69
Alombert (Paul-Claude Goget d’) 37, 54
Alexandre (Justin) 237
Allix (Edgard) 111, 116, 217, 349, 355, 358, 363, 367, 401, 521
Allix (Pierre) 102, 466
Alphand (Hervé) 413
Andrieu (André) 372
Anthonioz (J.) 458, 459, 514
Appleton (Jean) 349, 354
Ardant (Gabriel) 6, 11-14, 88, 128, 178, 212, 220, 223, 226, 236, 240,
247, 255, 256, 260-272, 274, 278-280, 282, 284-286, 303, 325, 326, 403-
412, 414, 415, 418‑420, 425, 427-434, 436, 441, 481, 496
Argila (Raymond d’) 168
Arnaud (Désiré) 240
Arnauné (François-Auguste) 37, 39, 42, 47, 94
Arnould (Maurice) 211
Arnoult (Pierre) 261
Arthuis (Jean) 571
Auboin (Roger) 309
Auboyneau (Jacques) 220
Audiffret (Charles-Louis-Gaston, marquis d’) 1, 28, 61, 109, 111, 137,
145
Auriol (Vincent) 13, 36, 54, 115, 118, 119, 120, 125-128, 132, 141, 145,
261
B
Balzac (Honoré de) 476
Barangé (Charles) 232, 363, 369, 373-375, 377, 378
Baratin (Henry-Louis) 407, 410, 413, 414, 417, 427, 438, 440
Barberye (René) 589
Barjot (Alain) 240
Barrault (Henry) 341
Barrié (Jean) 117
Barthe (Félix) 361
Barthélémy (Anatole) 202
Bauchard (Charles) 471, 486, 586
Baumgartner (Wilfrid) 239, 246
Béchet (Henri) 240
Bedaux (Charles-Eugène) 272
Bender (Émile) 36, 42
Benton (William) 403
Béquart (Georges) 410
Bérard (Alexandre) 36, 50
Bérenger (Henry) 27, 116, 361
Bernard (Édouard) 167
Berthoud (Jacques) 173, 220
Berthouin (Jean) 232
Bertin-Mourot (René) 390
Bertrand (Maurice) 412
Besnard (René) 36, 42
Besse (Pierre) 337
Bessière (Roger) 394, 397, 398, 399
Beullac (Christian) 338
Bidault (Georges) 227, 232, 264
Biondi (Jean) 227, 230, 232, 422
Bisson (André) 267, 455
Bizaguet (Armand) 563
Bize (Pierre) 410, 414
Bizot (Jean-Jacques) 115
Blaignan (Raymond) 170
Bloch (Maurice) 13, 31-33, 37, 39, 40, 42, 43, 45-47, 49-53, 62, 94, 95,
99-102, 104, 107, 109, 115, 124, 132, 202, 205-209, 211-213, 220, 223,
224, 240, 247
Bloch-Lainé (François) 236, 261, 264, 266, 267, 284, 285, 337, 338, 453,
460, 487
Blot (Robert) 239, 427
Blum (Léon) 36, 120, 121, 126, 202, 206, 213, 223, 227, 229, 264, 266
Bodin (Jean) 80
Boissard (Adéodat) 102, 126, 219, 220, 223
Boissard (Henri) 220
Boitreaud (Jacques) 270
Boivin-Champeaux (Paul) 36, 42
Bokanoswski (Maurice) 27, 362
Bolley (Jean-Ernest) 32
Bon (Jean) 57
Bonnaud-Delamare (Roger) 280
Bonnefous (Édouard) 221, 223, 230, 232, 236, 280, 402, 403, 421, 425,
481
Bonnet (Georges) 108, 109, 110, 115, 116, 136, 223
Boris (Georges) 267, 270, 283
Bossut (contrôleur militaire général) 22
Boucard (Max) 76
Boucher de Perthes (Jacques) 476
Boud’hors (Jacques) 206
Bouffandeau (Tony) 216
Boulin (Robert) 614
Boullay (Georges) 216
Boulloche (André) 432, 433, 436
Bourgès-Maunoury (Maurice) 227, 430
Bourrel (Vincent) 561, 584
Bouthillier (Yves) 13, 14, 109, 112, 116, 118, 124, 126, 128-130, 132,
151, 153, 214, 216, 219, 220, 223, 225, 256, 261, 265, 454-456
Bozérian (Gaston) 27, 357, 366
Bralley (Louis) 212
Branger (Jacques) 216, 218
Brasart (Charles) 237
Breguet (Charles-Louis) 305
Bremond (Michel) 568
Bresson (René) 122, 128
Breton (Jules-Louis) 58
Briand (Aristide) 32, 210
Brillaud (Maxime) 410, 420
Brin (Pierre) 97-99, 106, 115, 116, 122, 126, 131, 173, 205, 206, 209,
211, 219, 220, 223, 232, 236, 255, 260, 265, 267, 271, 272, 404
Brissaud (Jean) 267
Brisson (Henri) 27
Brouillet (René) 220
Brousse (Emmanuel) 27, 36, 39, 52, 54, 116, 207, 223
Brunet (André) 220, 239, 461
Brunet (Jacques) 115, 120, 239
Budon (Adrien) 202
Buffévent (Michel de) 240
Buit (Jean du) 206
Burlot (André) 267
Buron (Robert) 403, 404
C
Cahen-Salvador (Georges) 177
Caillaux (Joseph) 13, 14, 27, 30, 31, 34, 35, 39-41, 43, 47, 49-52, 61-63,
92-96, 99, 104-108, 110, 111, 113-116, 120, 121, 124, 126, 132, 133, 135,
136, 139-141, 145, 170, 206, 211, 223, 261, 448, 453
Calan (Pierre de La Lande de) 117, 173
Calmette (Gaston) 94
Calvanus (Roger) 472
Caradet (Maurice) 237
Cardin (Christian) 220
Carl (Friedrich) 66
Carmille (René) 411
Caro (Pierre) 472
Carrel (Alexis) 260, 402, 411
Cassin (René) 116, 370, 520
Catherine (Robert) 236, 312, 430, 431
Caussin (André) 383
Cauwès (Paul) 33
Cazeneuve (Paul) 27
Célier (Alexandre) 32, 33, 37, 39, 50, 115
Chaban-Delmas (Jacques) 441
Chadzinsky (Gustave) 392, 393
Chaffaut (Max Amaudric du) 220
Chaillot (Gilles) 175
Chalandon (Emmanuel) 128, 220, 270
Chalendar (Jacques de) 270
Chandernagor (André) 565
Chardon (Henri) 44, 161, 202, 208, 216, 217, 265, 451, 488, 489
Charlety (Sébastien) 216
Charnacé (Yves Gautier de) 212
Charra (Georges) 124
Charrier (James) 267
Chassaigne (Claude) 270
Chassaing (André) 412, 437
Chasserat (Pierre) 240
Chatenet (Henri) 239, 424, 425, 436, 455
Chaumet (Charles) 476
Chautant (Jules-Didier) 326, 412
Chautemps (Camille) 108
Chauvy (Auguste) 37, 39, 42, 43, 45, 49, 115
Chenard (Jean) 389
Chéron (Henry) 36, 54-56, 61, 102, 104, 106-108, 112, 113, 115, 116,
121, 132-134, 136, 141, 142, 173, 211, 222, 223
Chezleprêtre (Jacques) 458
Chomereau de Saint-André (Yves de) 220
Chotard (Maurice) 94, 101, 102, 103, 112, 115, 206
Citroën (André) 202, 259
Clappier (Bernard) 128
Claveille (André) 21
Clemenceau (Georges) 18,19, 30, 35
Clémentel (Étienne) 21, 162
Closon (Francis-Louis) 223, 246
Closset (Pierre) 212
Colas des Francs de Parabère (Xavier) 220
Colbert (Jean-Baptiste) 452
Colliard (Claude-Albert) 76
Compagnon (Joseph) 217
Compère-Morel (Adéodat) 175
Constant (Gilbert) 413, 419
Cordonnier (chef adjoint de cabinet) 38, 42, 50
Cornille (Léon) 119
Corréard (Jules) 32, 208
Costa (Jean-Louis) 131
Coti (Jean) 433, 435, 442
Coubet (ingénieur des Ponts et Chaussées) 240
Coudé du Foresto (Yvon) 620
Courtin (Louis) 13, 33, 37, 42-50, 53, 61-63, 94, 95-97, 99, 122, 131, 132,
142, 202
Coutrot (Jean) 202, 258, 402, 405
Couyba (Maurice) 36, 54
Crépey (André) 122, 240
Crozier (Michel) 414, 496
Cusin (Gaston) 418, 462, 463, 464, 508
D
Daladier (Édouard) 106, 108, 127, 218
Daniel (Max) 38, 42
Dausset (Louis) 27
Dautry (Raoul) 214, 216, 217, 218, 223, 228, 258, 265
Davost (Hubert) 409, 410, 414, 427, 459
Dawes (Charles G.) 72
Dayre (Jean) 236, 324, 326, 404, 405, 407, 408, 409, 410, 411, 423, 429,
436
Debré (Michel) 14, 226, 239, 240, 242, 244, 246, 266, 270, 279, 282, 341,
433, 434, 435, 441
Decron (Henri) 116, 173, 217
Delahaye (Dominique) 170
Delaire (Gaston) 37, 50, 52, 53
Delamotte (Gabriel) 32
Delaporte (Jean) 220
Delbos (Yvon) 229
Delmas (Jacques) 421, 427
Delombre (Paul) 39, 50, 53, 54, 56, 57, 59, 60
Delouvrier (Paul) 128, 285
Delsériès (Edmond) 117
Denais (Joseph) 36, 54, 232
Denoix (Georges) 97, 115, 225
Desforges (Pierre) 37, 50
Detoeuf (Auguste) 202, 321
Devaux (Gilbert) 11-14, 61, 115, 220, 239, 381, 382, 385, 400, 427, 432,
435, 436, 445-448, 450, 453, 456, 457, 460-496, 498, 500-506, 508, 510,
514-520, 531, 559, 579, 580
Devillez (Hubert) 106, 117
Di Malta (Pierre) 567
Di Qual (Lino) 559
Dobler (Edmond) 240
Dommel (Daniel) 270
Donati (Charles) 220
Dorange (André) 584
Dorgères (Henry) 176
Doumer (Paul) 27, 97, 99, 363, 364
Doumergue (Gaston) 34, 112, 114, 126, 142, 210, 214, 216, 218, 221,
223, 264
Dreuzy (Pierre Aubépin de Lamothe) 270
Drevon (Pierre) 206
Dreyfus (Alfred) 39
Drouineau (Jean-Marcel) 13, 46, 48, 102, 103, 104, 115, 117, 126, 128,
129, 130, 132, 151, 152, 211, 217
Dubois (Louis) 36, 42
Dubost (Jean) 317
Duchemin (René) 210
Ducoux (Jacques) 586
Dufau-Pérès (Louis) 313
Duguit (Léon) 160
Dumont (Charles) 170
Dupont (Jean) 564
Dupont-Fauville (Antoine) 433, 435
Duverger (Maurice) 560
Duvernoy (Georges) 307
E
Ebner (René) 390, 391
Épinay (Jules) 37, 42
Erhardt (Jean-Pierre) 240
Escoube (Pierre) 220
Eymond (Édouard) 36, 50
F
Fabre (Francis J.) 620
Fabre (Robert) 162
Fabry (Joseph de) 32
Fagon (Yves) 322
Faguet (Émile) 452
Faure (Edgar) 227, 230, 231, 232, 240, 337, 374, 404, 522, 541
Faure (Fernand) 27, 116
Faure (inspecteur général de l’Économie nationale) 271, 272
Favareille (René) 451
Favier (André) 220, 240
Fayol (André) 261, 414, 425
Fayol (Henri) 169, 178, 202, 208, 220, 307, 308, 310
Fels (Edmond, comte de) 168
Féret du Longbois (Eugène) 13, 32, 33, 37, 39, 50-56, 58, 59, 60, 62, 63,
94, 95, 96, 97, 99, 108, 115, 132, 205, 206, 209
Feuilhade de Chauvin (Tanneguy de) 270
Filippi (Jean) 414, 427
Flaissier (Robert) 413, 415, 436, 437
Flandin (Rémi) 270, 414, 417, 418, 425, 426, 427, 438, 439
Fleury-Ravarin (Henry) 95, 96, 97, 116, 359, 622
Flouret (Marcel) 119
Fochier (Louis) 102, 217
Fontaine (Jacques) 409, 410, 412, 429
Forbin (Henri de) 220
Fouchier (Louis de) 94, 102, 115, 122, 123, 148, 217
Fouchier (Jacques de) 220
Fougère (Étienne) 210
Fourastié (Jean) 404, 405, 409
Fourmon (Jacques) 220
Fournier (Pierre) 217
Francois (Jean-Jacques) 571
François-Marsal (Frédéric) 17, 19, 205
Frappart (Charles) 368, 371, 372, 375
Fravaton (Antoine) 37, 39, 54, 94
Frédet (René) 220
Frey (Roger) 340
G
Gaillard (Félix) 427, 430, 431
Gallois (Jean) 412, 421
Gambetta (Léon) 36, 39, 55, 57
Gardellini (Robert) 267
Gardent (Paul) 267, 270
Gardey (Abel) 36, 50, 108, 116, 119, 127, 132
Garnier (François) 270
Gaudriault (Raymond) 236, 260, 267, 272, 405, 406, 409-415, 419, 425,
428-431, 433, 436-440, 442
Gaulle (Charles de) 227, 237, 238, 285, 433, 434, 621
Geddes (Sir Eric Campbell) 274
Géo-Gérald (Georges) 27, 357
Germain-Martin (Louis) 107, 108, 112, 115, 116, 118, 126, 214, 216, 223
Gide (Charles) 33
Gignoux (Claude-Joseph) 237
Gilbert-Jules (Jean) 413
Girod (Charles) 410
Giscard d’Estaing (Valéry) 239, 240, 245, 246, 342, 343, 434, 435, 441,
529, 562, 563, 613
Goby (contrôleur de l’Armée) 102
Godin (Pierre) 117, 125, 144, 149, 153
Goebbels (Joseph) 256
Goetze (Roger) 11, 12, 13, 14, 61, 223, 232, 235, 236, 238, 269, 281, 282,
285, 381, 382, 384, 385, 388, 400, 411, 418-421, 424, 425, 427, 432, 433,
440, 453, 520, 522, 579, 580
Gonot (Jean) 270, 414, 417, 425, 426, 427, 438, 439
Gotteron (André) 27, 45
Gouin (Félix) 227, 228, 229, 261, 262, 404
Goupy (Mlle) 413
Gozard (Gilles)232
Grandsaignes d’Hauterive (Robert de) 106, 109, 111, 115, 116, 117, 119
Gregh (Didier) 220, 235, 236, 269, 384, 418
Grégoire (Roger) 236, 261, 271, 321
Grièges (Dominique Tabard de) 220
Grimanelli (Pierre) 404
Grodet (Louis) 27, 35, 40
Gruet (sous-intendant) 22
Gruson (Claude) 7, 11, 12, 220, 246, 284, 285
Guérin (Roger) 102, 115
Guichard (Victor) 354
Guillot-Tantay (André) 270
Guinand (Pierre) 118, 121, 122, 125, 127, 144, 206
Guiraud (receveur des Finances) 102
Guyon (Jean-Raymond) 227
Guyot (Jean) 237
H
Habemont (Adrien) 240
Haguenin (Érik) 14, 116, 212, 214, 223, 225
Hailé Sélassié 78
Hamelin (Georges) 220, 267
Hammer (Jacques) 412
Hanotte (contrôleur général de l’Armée) 267
Hauriou (Maurice) 160, 161, 365, 505
Hauterive (Alexandre-Maurice Blanc de Lanautte, comte d’) 506
Hébrard de Villeneuve (Henry) 95, 202, 205, 224
Heimann (Hugo) 71
Hekking (Francis) 258
Hermes (Andréas) 70
Herrenschmidt (Pierre) 117
Herriot (Édouard) 208, 211, 217, 223
Hervé-Gruyer (Gilbert) 102, 115, 117, 584
Hervey (Maurice) 173
Hervieu (Paul) 521
Hess (Rudolf) 74
Hirsch (Robert) 239, 467
Hitler (Adolf) 73, 74
Holleaux (André) 270
Hoover (Herbert) 269, 541
Hua (Georges) 206
Huet (Philippe) 229, 427
Huisman (Georges) 270, 272
Hyon (Louis) 219
I
Imbert (Armand) 211
Iribarne (Philippe d’) 475
J
Jacomet (Robert) 12, 13, 14, 88, 100, 111, 116, 226, 278, 282, 368, 379,
401, 402, 481, 520, 521, 522, 551
Jacquet (Robert) 389, 418
Jacquier (Paul) 161, 171
Jagerschmidt (Henri) 351
Janet (Pierre) 317
Janton (Henri) 117, 119
Jaurès (Jean) 175
Jeanneney (Jean-Marcel) 237
Jèze (Gaston) 6, 12, 13, 18, 21, 22, 33, 39, 42, 43, 44, 46, 48, 49, 50, 54-
63, 75-89, 102, 116, 202, 210, 257, 351, 352
Jobert (Aristide) 27, 35, 40, 57
Jouasset (Georges) 38, 54
Joxe (Louis) 328, 436
Joxe (Pierre) 593
Junillon (Lucien) 324
K
Kahn (Jean) 270
Kerviler (Georges Pocard du Cosquer de) 216
Keynes (John Maynard) 457
Klotz (Louis-Lucien) 13, 18, 27, 28-32, 35, 37, 39, 40-42, 46, 55, 61, 62,
63, 92, 94, 97, 115, 205
L
Labarraque (Jacques) 267
Labeyrie (Émile) 13, 14, 62, 94, 102, 104-106, 108-117, 119-122, 124,
126-128, 131, 148-157, 211-214, 223, 257, 265, 356, 358, 580
Labeyrie (Henri) 104, 133
Labouisse (Henry) 403, 404
Labussière (André) 102
Lafay (Bernard) 404
Laferrière (Édouard) 367
Laferrière (Julien) 88, 202
Lafond (Henri) 232
Lafont (Ernest) 173
La Genière (Renaud de) 436
Lagrange (Maurice) 371, 372, 376
Lainé (Jacques) 102
Lalumière (Pierre) 89, 446, 566
Lamouche (André) 476
Lamoureux (Lucien) 108, 109, 116
Lamy (Emmanuel) 270
Landry (Adolphe) 36, 42
Landucci (Alfred) 239
Laniel (Joseph) 403, 404
Laroque (Pierre) 165, 166, 169, 239, 353, 414, 490
Lasies (Joseph) 364
Lasteyrie (Charles de) 17, 23, 97-99, 115, 207, 209, 223
Laufenburger (Henry) 76
Lauré (Maurice) 285, 341, 411
Laurent (Charles) 33, 94, 102, 116, 173
Lautier (Paul) 454
Laval (Pierre) 115, 119, 121, 126, 214, 219, 223, 258, 264
Lavergne (Alexandre de) 309
Lavit (de) (contrôleur général de l’Armée), 206
Le Bec (Jean) 117
Leblond (Maurice) 430
Le Boucq de Ternas (Pierre) 38, 42
Leca (Dominique) 220
Le Coguiec (Isidore-Édouard) 413
Leconte (contrôleur général de la Marine) 206
Le Conte (Alexandre) 131, 153, 220, 226
Lecourt (Robert) 522, 532
Lefaucheux (Pierre) 339
Lefèbvre (Pierre) 569
Le Gall (Louis) 240
Legaret (Jean) 267, 270
Legatte (Paul) 267
Le Hénaff (Armand) 267, 521, 542, 553
Léonard (Roger) 179, 236, 584, 602
Lepercq (Aimé) 261
Leroy-Beaulieu (Paul) 27, 33, 39, 76, 88, 452
Lesage (Maurice) 239
Levacher-Duplessis (Antoine) 367
Lewandowski (Dominique) 210
Lhorty (Claude) 472
Liesse (André) 39, 42
Limal (Bernard) 570
Lionnet (contrôleur général de l’Armée) 267
Lorain (Henri) 117, 212, 220, 237, 341
Loriot (Louis) 232, 375, 376
Loucheur (Louis) 107, 162
Louis (Joseph-Dominique, baron) 17
Louis-Dreyfus (Louis) 173
M
Macaux (Marcel) 117
MacKinsey 438
Magnet (Jacques) 559, 560, 584
Magniez (René) 472
Magny (Paul) 207
Malaud (Philippe) 436
Malécot (Yves) 414, 422, 427
Mann (Fritz Karl) 518
Marcé (Victor de) 51, 63, 111, 115, 116, 616
Marcellin (Raymond) 230, 413, 424, 426, 430, 435, 438, 439
Marchandeau (Paul) 108
Marchandise (Jacques) 267, 270
March (Lucien) 21
Marcotte de Sainte-Marie (Gabriel) 220
Marcus (Jean) 220
Maret (Charles) 38, 42
Marie (André) 227, 230, 349
Marin (Louis) 9, 27, 35, 40, 44-46, 49, 61, 63, 87, 95, 97, 99, 100, 102,
116, 207, 208, 209, 210, 218, 222-224, 232, 233, 280, 347, 358, 381, 384
Martial-Simon (Étienne) 586
Martin (Jean-Paul) 267
Martin (Roger) 240
Martin (Yves) 270
Martinet (Raymond) 385
Martinez (Jean-Claude) 567
Mascard (Jean) 410, 414, 421, 433, 435, 442
Maspétiol (Roland) 165, 166, 169, 280, 490
Massé (Pierre) 338, 434
Masson (Robert) 210
Mathey (Raymond) 240
Mauclère (Eugène) 54
Mauger (Hippolyte) 111, 113, 116, 119, 120, 127, 132, 173, 192
Maulion (Paul) 106, 111-114, 116, 119, 124, 132, 358
Mayer (Josef) 74, 227, 230, 280, 428, 481
Mayer (René) 227, 230, 280, 428, 481
Mayras (Henri) 270
Mazeaud (Henri) 359
Mazeaud (Léon) 359
Mendès France (Pierre) 226, 243, 262, 264, 265, 278, 339, 403, 404, 434,
526, 540
Mer (Georges) 110, 120, 124, 202, 213, 214, 219, 258, 267
Mercier (Ernest) 202
Merveilleux du Vignaux (Charles-Henri) 220
Métayer (Pierre) 423, 424, 428, 430
Métin (Émile) 38
Mettas (Jean) 240
Meunier (Jean) 430
Meunier (Pierre) 373
Migaud (Didier) 573
Migeon (Henri) 409
Milhaud (Jean) 202, 258, 305-311, 318-321, 323, 326-329, 331, 420
Millerand (Alexandre) 17, 18, 20, 205
Milliès-Lacroix (Raphaël) 27, 35, 116
Moch (Jules) 230
Moinot (Pierre) 156
Mollet (Guy) 237, 424, 432, 433
Mollien (Nicolas-François, comte) 127
Monnet (Jean) 279
Monod (Jean) 206
Montagnier (Gabriel) 560, 566
Montcloux (Hippolyte de) 352, 353, 367
Moody (Blair) 403
Moreau (Émile) 210
Morette-Bourny (Jacques) 270
Moretti (inspecteur des Colonies) 211
Morin (Jean) 232
Mougniot (Roger) 431
Moureaux (conservateur des hypothèques) 22
Mourre (Edgar) 220
Moussa (Pierre) 270
Mouÿ (Henri de) 38, 50
Musnier de Pleigne (Étienne) 392
N
Napoléon Ier 91, 138, 179, 367
Nesme (Roger) 412
Nespoulous-Neuville (André) 270
Nicoulin (André) 472
Nollet (Paul) 267
Nora (Simon) 11, 334, 341-344
Noulens (Jean-Baptiste) 27, 34, 39, 94
Noury (Jean) 389, 391
O
Ogier (Émile) 38, 42
Oudinot (Jules) 376
Oudot (Émile) 210
P
Pagès (Max) 317
Paira (René) 410, 420
Pallez (Gabriel) 280, 421, 427
Palmade (Guy) 317, 331
Palmade (Maurice) 108, 109, 110, 115, 211
Papounaud (James) 437
Parent (Édouard) 220, 267, 280, 375, 403
Pérouse (Maurice) 342
Pasquet (Louis) 38, 42
Patouillet (Joseph) 110, 202, 214, 267
Paul-Boncour (Joseph) 211, 223
Payelle (Georges) 38, 50-53, 62, 94, 95, 108
Pellenc (Marcel) 530, 615
Pelletier (Émile) 232
Perchot (Louis) 36, 42
Péret (Raoul) 210, 223
Peretti (André) 317
Perreault (Jacques) 570, 571
Perrier (Léon) 162, 167
Pétain (Philippe) 130, 453, 455
Petiet (Charles) 163
Petit (Lucien) 38, 42-46, 48, 50, 51, 53, 62
Petit (Guy) 413
Petsche (Maurice) 102, 104-108, 114-116, 119, 120, 121, 132, 137, 227,
230, 231, 339
Peyerimhoff (Henri de) 162, 208, 210
Peyster (Henry de) 111, 116
Peytral (Victor) 102
Pflimlin (Pierre) 341, 412, 424, 430
Philip (André) 227, 229, 261, 262, 264, 381
Philippe (Raymond) 210
Picard (Roger) 210
Pichat (Georges) 126, 219, 223
Piétri (François) 112
Pignerol (Henri) 38, 39, 42, 43, 47, 48, 62
Pilliard (François) 240
Pinay (Antoine) 340, 433
Pineau (Christian) 227, 230, 358, 552
Pinot (Robert) 20
Planus (Paul) 232, 272, 283, 331, 410, 411, 418, 420, 421, 438
Pléven (René) 226, 227, 228, 265
Plouvier (Michel) 240
Poher (Alain) 227, 230, 348, 370, 376
Poincaré (Raymond) 17, 68, 97, 99, 102, 202, 206, 207, 209, 210, 223,
225, 232, 264
Poisson (André) 177, 216
Pomme de Mirimonde (Albert) 115, 156, 179, 581
Pompidou (Georges) 342
Pont (Pierre du) 245, 341
Popitz (Johannes) 73
Postel-Vinay (André) 261
Pouderoux (Noël) 318
Pozzy (Leone) 559
Prada (Michel) 466, 467
Pradié (Pierre) 355
Pradon (Christophe) 27, 44
Priem (Jean) 122, 220, 267
Privat-Deschanel (Georges) 33, 38, 39, 54, 94, 102, 109, 115
Proust (Antonin) 27, 45
Pruja (Jacques) 272
Puget (Henri) 260,411, 522, 523,551
Q
Questiaux (Paul) 236, 237, 238, 240, 241, 244, 280, 421, 427, 433-435,
438, 442
Queuille (Henri) 227, 230
R
Raison (Francis) 404, 409, 419, 428, 431, 433
Ramadier (Paul) 227, 229, 264, 266, 349, 427, 428, 433
Rathenau (Walter) 67
Redouin (Alfred) 220
Regnault (Pol) 156
Régnier (Marcel) 115, 223
Reinach (Joseph) 27, 36, 39, 54, 55, 56, 57
Renouvin (Pierre) 161
Rény (Jacques) 389
Reuter (Paul) 116, 526
Revault (Louis) 27
Rey (Gilbert) 486, 564
Reynaud (Paul) 107, 126, 218, 220-223, 227, 230, 232, 233, 242, 264,
265, 268, 407, 453
Ribbentrop (Joachim von) 73
Ribot (Alexandre) 18,19, 36, 348
Richard (Henri) 211, 220
Rimailho (Émile) 303, 308
Riou (Charles) 36, 50
Ripert (Joseph) 102
Rist (Charles) 210
Rocard (Michel) 570
Roche (Léon) 173
Roclore (Marcel) 229
Rogez (Jean) 270
Rolland (Louis) 160
Romieu (Jean) 351, 352
Roos (Joseph) 239
Rossard (Jean) 386, 412, 421, 544
Rosset (Théodore) 128, 219
Roubert (Alex) 530
Rousseau (Guy) 240
Rouvier (Maurice) 27
Rouzoul (Charles) 389, 394, 395
Rueff (Jacques) 128, 237-239, 433, 434
S
Saemisch (Friedrich) 67, 73
Saint-Geours (Jean) 285, 338, 341
Saint (Lucien) 308
Saint-Raymond (Fernand) 102, 112
Salaün (Yves) 220
Salleron (Louis) 176
Saltes (Jean) 237
Salustro (Édouard) 564
Sanglier (Guy) 563
Saramite (André) 236, 267, 425
Sarget (Charles)128
Sarraut (Albert) 108
Satet (Robert) 217
Sautter (Christian) 571
Sauvalle (Charles) 102, 206
Sauvy (Alfred) 223
Savin (Jean) 122, 220
Say (Jean-Baptiste) 80, 139
Say (Léon) 33, 76, 192, 347
Schatz (Albert) 451
Scherrer (Marc) 235
Schloesing (Jean) 339
Schmidt (Jammy) 116
Schuman (Robert) 227, 229, 230, 264, 349, 364, 368, 370, 404, 481
Schwartz (Franz-Xaver) 74
Schweitzer (Pierre-Paul) 220, 285, 340
Séguin (Philippe) 623
Sellas (Yug), anagramme de Guy Salles 474
Selves (Justin de) 27-30, 35, 36, 40, 41, 55, 61, 63, 64, 94, 95, 96, 108,
111, 115, 130, 202
Sembat (Marcel) 36, 41, 42
Sergent (Charles) 117, 210, 259
Sergent (Maurice) 340
Serres (contrôleur général de la Marine) 38, 42
Sézerat (André) 267, 271, 276
Simon (Joseph) 210
Simonnet (André) 122
Sirol (Jean) 176
Smith (Adam) 80
Solus (Henri) 220
Sonrier (André) 466
Soquet (Marcel) 106, 461
Soubeyrand (Jean) 211
Soudin (C.) (chef de mission au SCOM) 413
Spinasse (Charles) 258
Stoetzel (Jean) 328, 329
Stourm (René) 27, 32, 33, 39, 40, 54, 55, 57, 59, 60, 76, 102, 358
Strauss-Kahn (Dominique) 571
T
Tardieu (André) 101-103, 107, 134, 210, 223, 264
Tardieu (Michel) 183
Tardit (Michel) 102, 104
Teitgen (Pierre-Henri) 227, 229, 349
Thierry (Joseph) 18
Thomas (Albert) 20, 162
Thomson (Gaston) 36, 41, 54, 55, 56
Thoré (Jean Gerbé de) 220
Thorez (Maurice) 227, 228, 262
Tirman (Alexandre) 206, 207
Tissier (Louis) 27, 34, 40
Tixier (Michel) 393
Touchard (Jean) 433
Tournier (Jacques) 117
Toutée (Jean) 216, 217, 219
Treignier (Eugène) 36, 41, 50
Trotabas (Louis) 361
Trouvé (Jean) 411
Turquet (François) 117
V
Vacquier (contrôleur général de la Marine) 206
Valette (Charles) 216
Valls (André) 270
Veber (Adrien) 27, 35, 40
Vedel (Georges) 365, 370
Veraguth (Jean-Baptiste) 102, 217
Verny (René) 419, 435
Veyrac (Raymond de) 119
Vidal (cabinet) 283, 411
Viénot (Marc) 237
Villard (René) 102, 219
Villemin (Jean) 267
Villers (Bernard) 267
Vincent (Paul) 425, 427
Vitry (Raoul de) 237
Viviani (René) 19, 34, 94
Vivien (Auguste) 452
Voilquin (Albert) 613
W
Wagner (Adolph) 85
Wailly (Gilles Warnier de) 117
Waline (Marcel) 365
Walker (Maurice) 232
Walter (François) 106, 220
Willier (Marcel) 220
Wirth (Joseph) 66, 67
Y
Yrissou (Henri) 433