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LES PROCEDURES BUDGETAIRES DE L'AVENIR

ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES

Paris

58429

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Also available in English under the title :

Budgeting for the Future

© OCDE, 1997
Les demandes de reproduction ou de traduction doivent
être adressées à :
M. le Chef du Service des Publications, OCDE
2 rue André-Pascal, 75775 Paris Cedex 16, France.

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PREFACE

Ce rapport passe en revue et analyse les techniques utilisées actuellement par les pays
Membres de l’OCDE pour intégrer une perspective à plus long terme dans la procédure budgétaire. Il
se compose de trois chapitres distincts qui traitent chacun un aspect particulier de la question. Le
premier chapitre se concentre sur l’utilisation du cadre budgétaire pluriannuel ; le deuxième chapitre
analyse la comptabilité par génération et le troisième et dernier chapitre est consacré à la loi néo-
zélandaise sur la responsabilité budgétaire.

Le rapport a été préparé par Jon Blondal du Service de la gestion publique de l’OCDE, avec
également la contribution de David Shand. L’assistance technique a été assurée par Jocelyne Feuillet-
Allard et Judy Zinnemann.

Le rapport est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE.

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TABLE DES MATIERES

PREFACE ................................................................................................................................................3

Chapitre 1
LES CADRES BUDGETAIRES PLURIANNUELS .............................................................................5

Chapitre 2
COMPTABILITE PAR GENERATION ...............................................................................................13

Chapitre 3
LA LOI NEO-ZELANDAISE SUR LA RESPONSABILITE BUDGETAIRE....................................19

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................25

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Chapitre 1
LES CADRES BUDGETAIRES PLURIANNUELS

Ce chapitre examine les conditions dans lesquelles a été modifiée la procédure budgétaire
traditionnelle pour intégrer une orientation à plus long terme par l'utilisation de cadres budgétaires
pluriannuels.

On utilise dans ce chapitre le terme « cadres budgétaires pluriannuels » mais il ne s'agit pas,
on le souligne, de véritables budgets pluriannuels portant ouvertures de crédits mais de plans ou de
prévisions de recettes et de dépenses à horizon mobile concernant les années à venir qui sont mis à
jour périodiquement. On peut donc les considérer comme des instruments de gestion budgétaire et
non pas comme des instruments financiers ayant valeur juridique.

Ce chapitre comprend 4 sections. La première présente le contexte général des cadres


budgétaires pluriannuels et expose les problèmes rencontrés initialement dans leur application, la
seconde examine les objectifs essentiels de ces cadres. La troisième examine la méthode utilisée et les
principaux problèmes d’application. La quatrième section présente en conclusion certaines
observations générales sur les cadres budgétaires pluriannuels.

Contexte général

Les budgets sont votés annuellement dans les pays membres. Cet horizon à court terme est
souvent critiqué parce qu'il empêcherait une gestion efficace des dépenses publiques. Les décisions
d'affectation des ressources seraient prises sans vue d'ensemble et sans tenir compte des répercussions
des décisions antérieures et présentes au delà de l'année suivante. Cette critique n'est ni récente ni
nouvelle. La plupart des pays membres ont eu recours sous une forme ou sous une autre aux cadres
budgétaires pluriannuels pour surmonter les inconvénients reconnus de l'annualité budgétaire.

Les cadres budgétaires pluriannuels ne sont pas toutefois sans poser eux-mêmes des
problèmes. Le Royaume-Uni qui a montré la voie dans le domaine des cadres budgétaires
pluriannuels dans les années 60 et 70 s'est heurté à des problèmes notables qui ont été également
rencontrés pour la plupart par d'autres pays membres. Ces problèmes peuvent être divisés en trois
catégories.

• En premier lieu, on a eu tendance à surestimer la croissance future de l'économie, ce qui


a conduit à prévoir trop de ressources disponibles et a créé une pression à la hausse sur
les dépenses publiques.
• En second lieu, les ministères et départements ont considéré leurs dépenses
prévisionnelles comme des droits acquis, ce qui rendait difficiles des révisions à la baisse
ultérieures des dépenses, même lorsqu'il devenait évident que les hypothèses
économiques à partir desquelles ces dotations avaient été calculées n'étaient pas
correctes.

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• En troisième lieu, les cadres budgétaires pluriannuels étaient établis en valeur réelle et
non en valeur nominale. Lorsque la croissance économique a chuté et que l'inflation s'est
accélérée fortement au cours des années 70, les prévisions de dépenses ont été
automatiquement ajustées en fonction de la hausse des prix. Ceci a créé des pressions
supplémentaires sur les finances publiques.

Nombreux sont ceux que cette expérience a conduit à considérer les cadres budgétaires
pluriannuels avec une certaine suspicion. Il faut toutefois observer que les premières expériences de
cadres budgétaires pluriannuels ont eu lieu dans un environnement de croissance rapide des dépenses
et non pas de freinage des dépenses comme c'est le cas actuellement. Quoi qu'il en soit, des mesures
ont été prises pour corriger les problèmes spécifiques mentionnés ci-dessus. En premier lieu, les pays
membres formulent généralement des hypothèses économiques plus « prudentes ». Le nombre
croissant des organismes privés qui établissent des prévisions économiques a également conduit à un
renforcement de la discipline en la matière. L'utilisation d'hypothèses économiques plus prudentes a
tendu à supprimer le deuxième problème mentionné ci-dessus. En troisième lieu, les cadres
budgétaires pluriannuels sont désormais établis systématiquement en valeur nominale et non en
valeur réelle.

On se concentrera dans la suite de ce chapitre sur la partie du budget qui concerne les
dépenses. L'importance du recours à des hypothèses économiques prudentes pour la partie concernant
les recettes est toutefois capitale dans la mesure où ces hypothèses jouent un rôle essentiel dans la
prévision du niveau global des ressources disponibles.

Objectifs

Pour examiner les objectifs spécifiques des cadres budgétaires pluriannuels, il est nécessaire
de distinguer les cadres à moyen terme et les cadres à long terme. Les premiers sont ceux qui
couvrent les 3 à 5 années au delà de l'exercice budgétaire suivant tandis que les cadres à long terme
peuvent être définis comme ceux couvrant plusieurs décennies.

La plupart des pays membres établissent des cadres budgétaires à moyen terme en
particulier à horizon de 3 ans. Les cadres à long terme ne sont pas aussi largement utilisés la situation
à cet égard étant différente selon les pays. Certains pays membres n'emploient pas de cadres
budgétaires à long terme tandis que d'autres comme les Etats-Unis et le Danemark établissent des
cadres très complets concernant à la fois la partie recettes et la partie dépenses du budget et couvrant
une période de 30 à 40 ans. Entre les deux, on trouve des exemples représentant un large éventail de
cadres budgétaires à long terme systématiques et spécifiques dans les pays membres.

Cadres budgétaires à moyen terme

Les cadres budgétaires à moyen terme sont généralement destinés à renforcer la discipline
en matière de dépenses publiques, ce qui implique la combinaison des moyens suivants:

• La fixation d'objectifs globaux de politique budgétaire et l'annonce explicite des


conditions dans lesquelles ils seront atteints sur un certain nombre d'années et la
traduction de ces objectifs en termes opérationnels ce qui permet de fixer un plafond de
dépense.

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• L'indication du coût de la poursuite des actions en cours. Cette opération montre souvent
que des ressources supplémentaires très limitées sont disponibles si les objectifs de la
politique budgétaire du gouvernement doivent être atteints. Ceci permet d'imposer une
autodiscipline aux ministères dans l'élaboration de leurs propositions de dépenses
nouvelles et d’alerter le gouvernement sur les décisions qu’il devra éventuellement
prendre dans l’immédiat pour atteindre les objectifs futurs.
• La mise en évidence des conséquences budgétaires de certaines décisions actuelles sur
les budgets des années à venir et qui ne sont pas reflétées en totalité dans le budget
actuel. Il peut s'agir: (1) des coûts d'exploitation de nouveaux projets d'équipement, (2)
de programmes qui démarrent au cours de l'exercice budgétaire et dont les coûts
n'apparaissent pas en totalité dans le budget la première année, (3) de programmes dont
les conséquences en termes de dépenses ne sont pas totalement reflétées au cours de
l'exercice budgétaire actuel mais qui prendront de l’ampleur par la suite.

Ce dernier aspect est particulièrement utile à titre préventif lors de la préparation du budget
en exposant la totalité des coûts des propositions des ministres et en montrant si leur acceptation et
leur mise en oeuvre sont compatibles avec la réalisation des objectifs à moyen terme de la politique
budgétaire.

On notera, par ailleurs, que les cadres budgétaires pluriannuels ne fournissent pas toujours
des indications sur l’enveloppe des crédits destinés aux diverses administrations et aux programmes
spécifiques pour la période couverte par les prévisions ; ils opèrent seulement au niveau global
comme instrument de planification du budget. On évite ainsi que les administrations et programmes
se considèrent comme “propriétaires” de cette enveloppe au cas où il faudrait procéder à des révisions
à la baisse. En revanche, certains pays se servent des cadres pluriannuels pour fournir des indications
sur les enveloppes au niveau de l’administration ou du programme. On considère que ce faisant, on
engage les administrations ou les programmes dans la stratégie budgétaire générale en fixant
clairement les limites.

D’aucuns ont critiqué les cadres budgétaires pluriannuels qui permettent de différer les
décisions nécessaires jusque dans les années suivantes si les changements nécessaires sont proposés
pour les années suivantes mais ne se produisent pas. A ce propos, bien des choses peuvent dépendre
du degré de transparence des cadres budgétaires et de leur examen minutieux par des examinateurs
extérieurs. Bien des pays membres publient leurs cadres budgétaires et cette transparence, à laquelle
s’ajoute le fait qu’ils soient à horizon mobile, aide à établir les cadres de façon réaliste. Si le budget
de l’année en cours s’écarte sensiblement de ce qui avait été indiqué, cela devient très visible.

Les pays membres ont une grande expérience en matière de cadres budgétaires à moyen
terme et ils semblent généralement satisfaits de leur application et de leur rôle dans le renforcement
de la discipline budgétaire.

Cadres budgétaires à long terme

Les objectifs des cadres budgétaires à moyen terme ont un caractère opérationnel et ne sont
pas adaptés à un horizon de prévision à long terme. Les objectifs des cadres budgétaires à long terme
doivent présenter un caractère plus stratégique.

Le principal objectif des cadres budgétaires à long terme est de détecter et de mettre en
évidence les tendances défavorables en matière de dépenses c'est-à-dire d'agir comme un système

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d'alerte avancée. Ceci permet de prendre à temps les décisions nécessaires pour éviter, atténuer ou
financer ces dépenses. A défaut, ces dépenses peuvent rester indétectées jusqu'au moment où il est
trop tard pour agir sur elles et leur ampleur excède alors les montants qui auraient été nécessaires. Les
cadres budgétaires à long terme servent aussi à attirer l’attention sur la difficulté de poursuivre à long
terme les politiques en cours.

La principale utilité des cadres budgétaires à long terme a été de faire apparaître l'incidence
de l'évolution démographique sur les finances publiques : l’effet sur le budget du vieillissement de la
population est, en effet, de loin le plus grave problème en matière de dépense auquel sont confrontés
les gouvernements. Les autres domaines de dépenses ne font généralement pas l'objet de prévisions
détaillées : on leur applique un pourcentage global de progression supposée. Cette façon de faire
s'explique par deux raisons. En premier lieu, le degré de progression des autres catégories de dépenses
est plus modeste et il n'est pas possible en pratique d'effectuer des prévisions détaillées pour chacune
d'elles. En second lieu, un doute pèse sur l'utilité et la fiabilité des prévisions à long terme en général.
Le fait de pouvoir présenter les cadres à long terme comme incluant exclusivement l'effet des
tendances démographiques connues permet d'atténuer ce doute et les rend plus acceptables.

Comptabilité d’engagements

Deux pays membres, la Nouvelle-Zélande et l’Islande ont adopté un système de comptabilité sur la
base des engagements pour les budgets et les comptes de l’ensemble des administrations publiques. Cette
décision a plusieurs conséquences du point de vue de l’intégration des aspects à long terme. Tout d’abord, les
dépenses sont enregistrées au moment où elles sont contractées et non pas au moment où elles sont payées. De
ce fait, les dépenses qui s’accumulent progressivement mais qui ne deviennent payables qu’ultérieurement sont
néanmoins inclus enregistrées dans la loi de finances (et comme élément de passif dans le bilan). En second lieu,
un bilan retraçant l’ensemble des actifs est établi. Par exemple, en Nouvelle-Zélande, les routes et les autres
infrastructures sont considérées comme des actifs de l’Etat. Ceci a conduit à accorder davantage d’attention à la
gestion de ces actifs et à la préservation de leur valeur. En troisième lieu, le bilan enregistre la totalité des
engagements de l’Etat. Par exemple, en Islande, les retraites par répartition de la fonction publique sont
considérées comme des dettes. Ces engagements sont beaucoup mieux connus depuis leur inclusion dans le
bilan. L’adoption de la comptabilité au niveau des engagements a donc eu pour effet de renforcer la prise de
conscience des problèmes à long terme dans les deux pays.

Il y a toutefois des limites à l’aide que peut apporter la comptabilité d’engagements. Premièrement,
tous les engagements de dépenses futures ne répondent pas nécessairement à la définition de “dépense” ou
d’“exigibilité”. Ainsi, bien que les obligations afférentes aux régimes de pension des fonctionnaires soient
généralement prises en compte dans les états financiers d’engagements, les coûts futurs et exigibilités au titre des
programmes de sécurité sociale ne le sont généralement pas.

D’ailleurs, si un certain nombre de pays membres ont porté de l’intérêt à cette forme de comptabilité,
c’était plus dans le contexte d’états financiers agrégés rétrospectifs que dans le cadre d’un mécanisme budgétaire
ex ante qui, dans certains cas, n’a pas été modifié. Seules la Nouvelle-Zélande et l’Islande ont pleinement
harmonisé leurs plans comptables et leurs systèmes de budgétisation.

Pour une analyse détaillée de la comptabilité d’engagements dans le secteur public voir “La
comptabilité pour quoi ? l’utilité de la comptabilité d’entreprise dans le secteur public”. (Etudes de l’OCDE sur
la gestion publique, 1993).

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Les cadres budgétaires à long terme sont beaucoup moins courants que les cadres à moyen
terme auxquels la plupart des pays membres ont recours, comme on l'a déjà noté. Dans certains pays
membres, les prévisions couvrant plusieurs décennies sont écartées presque par principe. D'autres
pays membres reconnaissent les limites inhérentes à la prévision à long terme mais considèrent que
ces cadres sont utiles pour faire apparaître l'incidence de l’évolution démographique et de la
conjoncture sur les finances publiques. Leur principal intérêt serait toutefois, selon certains, d'obliger
à faire porter la réflexion sur l'avenir, les chiffres n'étant pas, en eux mêmes, le principal.

Méthodes et problèmes essentiels

La présente section est consacrée à l'examen des méthodes et des problèmes essentiels liés à
l'élaboration de cadres de dépenses pluriannuels. On s'intéressera essentiellement aux cadres de
dépenses à long terme dès lors que les cadres à moyen terme sont généralement établis selon des
méthodes et des procédures analogues à celles utilisées pour la préparation du budget annuel, bien
qu’ils puissent inclure des éléments des méthodes utilisées pour l'établissement des cadres à long
terme qui sont décrites ci-après.

Pour l'établissement des cadres à long terme, on divise généralement les dépenses publiques
en trois catégories: (1) les dépenses qui sont directement sensibles à l'évolution démographique (2) les
dépenses qui ne sont pas directement sensibles à l'évolution démographique (3) les frais financiers.
Les méthodes de prévision de chacune de ces catégories de dépenses sont examinées ci-après.

Les cadres à long terme sont généralement élaborés à politiques inchangées, ce qui
correspond au scénario de référence. Des variantes qui incluent l'incidence de certains changements
de politique proposés ou envisagés peuvent aussi être établies.

Dépenses sensibles à la démographie

Comme on l'a déjà mentionné, les cadres de dépense à long terme ont principalement pour
but faire apparaître l'incidence de l'évolution démographique sur les finances publiques. La première
étape consiste donc à déterminer les parties du budget qui sont sensibles aux facteurs
démographiques.

La détermination de l'ensemble des parties du budget qui sont sensibles aux facteurs
démographiques peut s'avérer difficile. Certaines sont faciles à détecter du fait que l'éligibilité aux
programmes dépend de l'âge des individus: les pensions de retraite en constituent un exemple évident.
D'autres nécessitent une étude plus approfondie du fait que l'âge n'est pas une condition d'éligibilité
bien que les bénéficiaires appartiennent essentiellement à certains groupes d'âge. Une étude
approfondie de chaque programme de dépense publique menée récemment au Danemark afin de
déterminer ceux qui sont sensibles aux facteurs démographiques, a conclu que les dépenses suivantes
pourraient être caractérisées comme telles :

• Services de garde d'enfants


• Ecoles primaires
• Ecoles secondaires
• Universités
• Aide financière aux étudiants
• Education des adultes

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• Aide au logement

• Indemnités de chômage
• Indemnités de reclassement (éducation)

• Soins de santé primaires


• Hôpitaux
• Indemnités de maladie
• Allocation de maternité

• Pensions d'invalidité

• Maisons de retraite
• Aides à domicile

• Pensions de retraite
• Retraites de la fonction publique

Outre les programmes dont les critères d'éligibilité sont fondés sur l'âge des bénéficiaires, la
liste ci-dessus montre que des programmes tels que les aides au logement, les indemnités de chômage,
les pensions d'invalidité et les hôpitaux sont sensibles aux facteurs démographiques.

Pour prévoir ces dépenses, on suit généralement une procédure en trois étapes. On divise
d'abord les dépenses de chaque programme entre les bénéficiaires en fonction de leur âge. On obtient
ainsi pour chaque programme un coût par tête par tranche d'âge. Or ce n’est pas toujours facile
comme on le verra dans le chapitre suivant sur la comptabilité par génération. En second lieu, les
coûts par tête estimés de chaque programme sont affectés d'un certain pourcentage de croissance qui
est examiné plus en détail dans le chapitre suivant. En troisième lieu, on projette le profil
démographique futur du pays et les dépenses de chaque programme évoluent parallèlement à
l'évolution de la population de chaque groupe d'âge et du taux estimé d’utilisation des prestations.

Le taux d’utilisation des prestations se réfère au pourcentage de la population de chaque


groupe d'âge qui est bénéficiaire d'un programme donné. Il est généralement fonction des taux
d'activité de la population dont la variation va donc affecter le taux d’utilisation. Le groupe d'étude
australien sur la modélisation des revenus de pensions de retraites a procédé à une analyse détaillée de
ces questions. Les principaux facteurs agissant sur le taux d’utilisation des prestations sont, selon lui,
les suivants.

• variation du taux de chômage ;


• augmentation du taux d'activité des femmes ;
• évolution du comportement des femmes en matière de taux d'activité résultant de
l'évolution de l'âge auquel elles ont leur premier enfant ;
• diminution du taux d'activité à partir d'un certain âge notamment chez les hommes ;
• diminution de la durée de la période d'activité du fait de l'allongement de la scolarité ;
• tendance à l'accroissement de la part du travail à temps partiel dans le travail total .

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Tous ces facteurs doivent être pris en compte pour déterminer si une variation future du taux
d’utilisation des prestations d’un programme donné est probable. Par exemple quel sera l'effet d'une
augmentation des taux d'activité des femmes sur la demande de services de garde d'enfants?

Les autres incertitudes qui entourent les projections démographiques concernent notamment
l'estimation des taux de fécondité et de mortalité. Ces incertitudes touchent particulièrement
l'estimation des taux de mortalité futurs lorsque les individus vivront plus longtemps sous l'effet de
l'amélioration actuelle de l'hygiène de vie. Les pays avec des flux d'immigration importants sont
confrontés à une incertitude supplémentaire.

Les coûts futurs de certains programmes, notamment ceux concernant les soins de santé et la
prise en charge des personnes âgées sont également difficiles à prévoir du fait de l’évolution
technologique. La technologie progresse si rapidement dans ce domaine qu’une lourde incertitude
pèse sur la prévision de coûts à des dizaines d'années de là, établie à partir de la technologie actuelle.

Dépenses non sensibles à l'évolution démographique

Les programmes dont la sensibilité directe à la démographie n'a pas été déterminée sont
censés croître suivant un pourcentage donné. Chaque programme ne fait pas l'objet d'une estimation
distincte, le pourcentage fixé étant appliqué à un niveau agrégé. Ce pourcentage est également
appliqué aux coûts par tête des programmes sensibles aux facteurs démographiques mentionnés ci-
dessus.

Les pourcentages utilisés sont très variables. Au Danemark, on suppose ou plutôt on entend
que les dépenses n'augmentent pas en termes réels : autrement dit, l'augmentation nominale reflétera
exclusivement la hausse des prix. En Nouvelle-Zélande, on retient une croissance de 1 pour cent en
valeur réelle des dépenses pour le scénario prévisionnel de référence, avec une variante de 3% pour
l’analyse de sensibilité. Au Japon, on pratique aussi une analyse de sensibilité qui utilise pour les
prévisions de dépenses trois scénarios différents comportant une croissance nominale de 1, 2 et 3%.
Dans plusieurs autres cas, la croissance des dépenses est supposée identique à celle prévue pour
l'économie dans son ensemble.

Le recours à des pourcentages fixes traduit l'impossibilité pratique avérée de prévoir chaque
élément de dépense au niveau micro-économique pour un horizon à long terme.

Frais financiers

Le niveau des frais financiers dépend de trois éléments. En premier lieu, le volume global de
la dette. En second lieu, sa structure (bons à court terme et obligations à long terme, libellé en
monnaie nationale et libellé en devises, dette indexée et dette non indexée etc.). En troisième lieu, le
taux d'intérêt de chaque catégorie de dette. Le niveau global de la dette est obtenu à partir du résultat
du reste du cadre budgétaire. On considère généralement que la structure de la dette reste constante à
moins que de nouvelles orientations aient été fixées. Le taux d'intérêt applicable est donc la
principale question à résoudre. Il convient de souligner toutefois que la gestion de la dette est une
fonction très dynamique. Par exemple, l’évolution de la structure de la dette et l'utilisation de
différents moyens de couverture pouvant avoir un effet substantiel sur le niveau général des frais
financiers.

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Les pays membres font appel à diverses méthodes pour déterminer le taux d'intérêt
prévisionnel à appliquer. Aux Etats-Unis, on utilise les taux d'intérêt courants. Au Japon, on utilise
une moyenne des taux d'intérêt des cinq dernières années. Au Danemark on se base sur les prévisions
officielles des taux d'intérêt allemands auxquels on applique une certaine marge.

Les efforts d'assainissement budgétaire sont souvent encouragés en raison de leur incidence
positive sur les taux d'intérêt à long terme. Qu'en est-il, toutefois, de la prévision des taux d'intérêt
lorsque des mesures d'assainissement budgétaire sont intégrées dans les projections? Aux Etats-Unis,
on suppose que les taux d'intérêt vont diminuer sensiblement à long terme du fait de la suppression du
déficit. De même, au Danemark la marge ajoutée aux taux allemands s’amenuise régulièrement à
mesure que progressent les efforts d'assainissement. Au Japon, en revanche, il n'est pas tenu compte
d'une baisse des taux d'intérêt dans les scénarios d'assainissement budgétaire. Il s'agit d'un domaine
très sensible où la prudence est de rigueur de même que pour toutes les hypothèses économiques qui
sous-tendent les cadres pluriannuels.

Observations générales

Les pays membres ont reconnu les problèmes que pose l'annualité de la procédure
budgétaire traditionnelle et ont mis en oeuvre certaines techniques permettant d'incorporer un horizon
à plus long terme dans cette procédure.

Après des difficultés initiales, la plupart des pays membres utilisent actuellement des cadres
budgétaires à moyen terme et se déclarent généralement satisfaits de leur usage. Un certain nombre
d'entre eux établissent des cadres budgétaires à long terme et leur nombre augmentera probablement
dans le proche avenir. Ces prévisions se bornent toutefois à faire apparaître l'incidence budgétaire de
l’évolution démographique c'est-à-dire du vieillissement de la population. Les autres problèmes à
long terme tels que celui de l'adéquation des infrastructures n'ont pas été pris en compte dans ces
prévisions.

La transparence des cadres budgétaires vis-à-vis de l’extérieur varie au sein des pays
Membres. Les pratiques varient aussi selon que ces cadres servent à établir les montants indicatifs
des crédits aux différentes administrations et aux différents programmes pour la période couverte par
les prévisions, ou qu’ils opèrent au niveau global exclusivement.

L'expérience de la comptabilité d’engagements (comptabilité d'entreprise) appliquée aux


budgets et aux comptes de l'ensemble des administrations publiques est limitée à deux pays membres,
la Nouvelle-Zélande et l'Islande. Dans ces deux pays, ce système a servi à attirer l'attention sur les
questions d'avenir. Cette expérience laisse penser que la comptabilité d’engagements a des
possibilités non négligeables à cet égard.

Les cadres budgétaires pluriannuels comporteront toujours une incertitude et le choix des
hypothèses de départ sera toujours sujet à controverse. Il est donc important de spécifier clairement
toutes ces hypothèses afin que l’on puisse en analyser la validité.

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