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COURS PROTEC SOC CORRIGE.

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UNIVERSITE MOHAMED V

FSJES AGDAL-RABAT

PR. Fathallah EL MENOUALI

« Parcours licence en sciences en droit des affaires »

2019-2020
LA PROTECTION SOCIALE

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INTRODUCTION GENERALE :

Au sens moderne, le système de la protection sociale a été mis en place essentiellement après la
seconde guerre mondiale dans le cadre d’aide à la reconstitution et la relance économique.

Dans les pays en voie de développement, la protection sociale mise en place en raison de l’état de
développement, n’est pas pleinement développée et subit les contraintes du nouveau contexte de la
mondialisation et font actuellement l’objet de réformes. En fonction des réalités nationales, ce
système diffère d’un pays à un autre. Toutefois, la quasi-totalité du système se heurte à de nombreux
défis inhérents aux mutations économiques et sociales qui constituent des enjeux politiques et
sociaux, d’où la grande problématique de l’avenir de la protection sociale1.

Par ailleurs, le déficit social qui touche quelque trois-quarts de la population est tel qu’il constitue un
facteur potentiel d’instabilité, susceptible de mener la cohésion nationale et de constituer un
handicap sérieux aux mutations économiques nécessaires pour faire face aux défis de la
mondialisation. Ce déficit se manifeste dans les disparités de revenu, d’accès aux commandités de
base, tel que l’eau potable, l’électricité, l’alphabétisation, l’école, l’emploi ou l’accès aux soins de
santé.

Ce déficit social est d'autant plus grave que notre protection sociale institutionnelle est faible. Au
caractère limité des régimes marocains en matière de risques couverts, s’ajoute un faible taux de
couverture sociale. Le système de protection institutionnelle au Maroc est limité. Il ne profitait qu’à
3.5 millions de personnes avant l’entrée en vigueur du système de l’assurance maladie obligatoire en
janvier 2006, alors qu’actuellement ce nombre est de 5.3 millions de personnes.

La protection sociale désigne tous les mécanismes de prévoyance collective, permettant aux individus
de faire face aux conséquences financières des « risques sociaux ». Il s’agit de situations susceptibles
de compromettre la sécurité économique de l’individu ou de sa famille, en provoquant une baisse de
ses ressources ou une hausse de ses dépenses : vieillesse, maladie, invalidité, chômage, maternité,
charges de famille, etc.

1 DUPEYAUX J.J, sécurité sociale, précis Dalloz, 7émé édition, 1976, n°73, p 75

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La protection sociale repose sur plusieurs types de prestations ; celles qui sont versées directement
aux ménages, qui peuvent être en espèces (pensions de retraite) ou en nature (remboursements de
soins de santé) (prestations sociales), et celles qui désignent l’accès à des services fournis à prix réduit
ou gratuitement (crèches, hôpitaux) (prestations de services sociaux). Elles peuvent répondre à trois
raisons :
· Assurance sociale, dont l’objectif est de prémunir contre un risque de perte de revenus (chômage,
maladie, vieillesse, accident de travail). Les prestations sociales sont financées par des cotisations sur
les salaires (comme pour une assurance privée) et sont donc réservées à ceux qui cotisent ;

· Soutien, qui a pour objectif d’instaurer une solidarité entre les individus pour lutter contre les
formes de pauvreté. La prestation assure alors un revenu minimum, qui ne couvre pas forcément un
risque spécifique. Il est versé sous condition de ressources, mais non de cotisations préalables
(revenu de solidarité active, allocation adulte handicapé) ;

· Protection globale, qui a pour but de couvrir certaines catégories de dépenses pour tous les
individus. Les prestations sont donc accordées sans conditions de cotisations ni de ressources, mais
sont les mêmes pour tous (prestations familiales).

Le régime marocain de la protection sociale couvre les salariés du secteur public et ceux du secteur
privé. Il assure aux intéressés une protection contre les risques de maladie, maternité, invalidité,
vieillesse, survie, décès et il sert les prestations familiales.

Depuis novembre 2002, l’assurance accident du travail-maladies professionnelles est devenue


obligatoire pour tous. Les entreprises doivent souscrire une police d’assurance pour le compte de
leurs employés auprès d’une Société d’Assurance et de Réassurances.

Finalement, il ya lieu de souligner que le cadre de la protection sociale est plus large que nous
imaginons, il couvre des catégories socioprofessionnelles diversifiées et multiples comme nous avons
cité auparavant. C’est pour cela, et afin de cerner notre cours, nous allons le structurer d’une
manière très lumineuse, en abordant tout d’abord la couverture médicale d’une manière plus large
en vue de connaitre mieux ce système et ses principaux organismes actifs. Nous allons s’attarder par
la suite sur l’étudier des différents types de prestations.

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1- Les notions de base :

Les notions de protection sociale et de sécurité sociale ont évolué au fil du temps et sont utilisées de
diverses façons dans le monde entier. Etant donné la pluralité de leurs acceptions aujourd’hui, il est
très difficile d’en proposer une définition parfaitement claire, d’autant que leur emploi diffère d’un
pays ou d’une organisation internationale à l’autre. Qui plus est, toute une série de nouveaux termes,
tels que transferts sociaux, transferts en espèces, conditionnels et inconditionnels, Socle de
protection sociale, sont venus se greffer sur l’ancienne terminologie. Il n’entre donc pas dans le
propos de cette parie de formuler des définitions universelles, mais uniquement de préciser le sens
de certains notions et concepts clés, tels qu’ils sont utilisés dans plusieurs rapports internationaux en
la matière et, d’une manière générale, par ceux de l’OIT.

 Protection sociale

La protection sociale est l’ensemble des dispositifs de prévoyance collective et de protection qu’une
société accorde à ses membres pour les assurer et les aider à faire face aux principaux risques de
l’existence, notamment sur le plan financier.

Le terme «protection sociale» revêt souvent un sens plus large que celle de «sécurité sociale» (et
englobent notamment la protection mutuelle des membres d’une famille ou d’une collectivité).
L’expression est également utilisée dans certains contextes dans un sens plus étroit (auquel cas elle
sert à désigner uniquement les dispositifs destinés aux membres les plus pauvres ou les plus
vulnérables ou aux exclus de la société). «Protection sociale» et «sécurité sociale» sont souvent
utilisées de manière interchangeable, ce qui est regrettable. Dans le présent cours, par souci de
pragmatisme, le terme «protection sociale» désignera la protection offerte par les systèmes de
sécurité sociale contre certains risques et besoins sociaux.

 Sécurité sociale :

Etymologie : La Sécurité Sociale est une institution officielle regroupant plusieurs organismes de
gestion qui ont pour objet de protéger les citoyens contre les conséquences d’événements ou de
situations qualifiées de risques sociaux. Elle leur apporte des garanties minimales de prise en charge
des conséquences de ces risques sociaux (maladie, maternité, accidents du travail ou de la vie privée,
invalidité…).

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Elle est organisée en branches (Maladie, Accidents, Famille, Vieillesse), la Sécurité Sociale est
constituée de divers organismes, souvent de droit privé, auxquels la loi a conféré une mission de
service public pour la gestion des régimes obligatoires couvrant les risques sociaux des salariés ou
non, ainsi que des professions libérales.

La Sécurité Sociale2 est basée sur la solidarité nationale, elle rend obligatoire l’affiliation au régime
général de la Sécurité Sociale pour tous les salariés ou autres travailleurs, quelles que soient leurs
rémunérations et la nature de leur contrat de travail. Le financement de la Sécurité Sociale est
principalement assuré par des cotisations sociales :

- sur le travail salarié avec une part salariale et une part patronale,

- sur les revenus de toute nature (Contribution Sociale Généralisée ou CSG).

La notion de Sécurité Sociale retenue ici couvre l’ensemble des dispositifs de prestations, en espèces
ou en nature, visant à garantir une protection contre, notamment :

– L’absence de revenu tiré du travail ou son insuffisance, imputable à l’un des facteurs suivants :
maladie, invalidité, maternité, accident du travail et maladie professionnelle, chômage,
vieillesse, décès d’un membre de la famille ;
– Le manque d’accès ou l’accès inabordable aux soins de santé ;
– L’insuffisance du soutien familial, en particulier pour les enfants et les adultes à charge ;
– La pauvreté et l’exclusion sociale en général.

Les régimes de sécurité sociale peuvent être contributifs (assurance sociale) ou non contributifs.

 Transferts sociaux :

Les transferts sociaux sont une redistribution du revenu qui s’opère soit en nature (accès à des biens
et services sociaux), soit en espèces, d’une catégorie sociale à une autre (par exemple des actifs à la
population âgée). Peuvent prétendre en bénéficier les personnes qui se sont acquittées de certaines
obligations (par exemple le versement de cotisations) ou qui remplissent certains critères sociaux ou
fonctionnels (maladie, pauvreté, emploi dans les travaux publics). Depuis quelques années, on utilise
cette

2 En France, un embryon de politique sociale a été progressivement élaboré par la IIIe République :

- Assistance médicale gratuite en 1893,

- Couverture des accidents du travail en 1898,

- Lois sur les vieillards et les infirmes en 1905,

- Ministère du Travail et de la Prévoyance en 1906,

- Loi sur les retraites ouvrières et paysannes en 1910.

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Expression pour désigner les régimes universels qui délivrent des prestations à l’ensemble de la
population, la résidence étant la seule condition d’ouverture des droits, ou les dispositifs d’aide
sociale qui imposent d’autres obligations concrètes aux bénéficiaires (on parle de «transferts en
espèces soumis à conditions».

 Aide sociale :

On parle généralement d’aide sociale pour désigner les prestations sociales dont l’octroi est
subordonné au niveau de revenu du bénéficiaire et qui sont donc soumises à des conditions de
ressources ou autres (ciblage géographique). Ces prestations visent généralement à atténuer ou à
réduire la pauvreté. Elles peuvent être fournies en nature ou en espèces.

Les dispositifs d’aide sociale soumis à conditions imposent aux bénéficiaires (et/ou aux membres de
leurs familles), notamment, de participer à des programmes publics déterminés (en matière de santé
ou d’éducation). Depuis quelques années, on parle de systèmes ou mécanismes de transferts en
espèces soumis à conditions pour désigner les dispositifs de ce type.

L’aide sociale est généralement financée par l’impôt, et l’ouverture des droits aux prestations n’est
pas subordonnée à une contribution directe du bénéficiaire ou de son employeur.

Les transferts sociaux, par leur nature même, relèvent de la responsabilité des pouvoirs publics ; ils
sont généralement effectués par des institutions publiques, et leur financement est assuré soit par
des contributions, soit par l’impôt.

La gestion de la sécurité sociale peut toutefois être confiée – ce qui est d’ailleurs fréquemment le cas
– à des organismes privés. De nombreuses institutions privées (compagnies d’assurances, groupes
d’entraide, collectivités locales ou mutuelles) sont en outre susceptibles de prendre en charge
certaines des fonctions normalement dévolues aux institutions de sécurité sociale (notamment dans
le domaine des régimes de retraite professionnels), et de compléter ainsi les prestations des régimes
publics de sécurité sociale.

 Stade historique de la protection sociale :

Le besoin de se protéger contre les risques est ancien. Il a longtemps été renvoyé à la charité, à la
solidarité familiale dont les limites apparaissent rapidement. C’est un besoin antérieur au mode de
production capitaliste.
Dans les sociétés anciennes avoir beaucoup d’enfants constituait la meilleure garantie des vieux jours,
la solidarité entre les générations était assurée à l’intérieur de la famille. Les collectivités religieuses
vont quadriller l’Europe d’un réseau d’hôpitaux et d’hospices, les corporations organiseront la
solidarité, ainsi

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Que les nobles, les propriétaires terriens. Les artisans nourrissaient et logeaient leurs serviteurs, les
vieux travailleurs et leurs ouvriers. L’État monarchique créa, sous Saint- Louis, l’Hôpital des Quinze-
Vingt et, sous Louis XIV, les Invalides pour les militaires. Ces activités se placent sous le signe de la
charité ou de l’assistance, sauf pour les corporations où existe une notion de solidarité. Au total, la
réponse aux risques subis par les populations restait faible, aléatoire, sauf pour les mines, la Marine
royale et l’armée.

La première réponse cohérente au problème de la pauvreté vient de l’Angleterre élisabéthaine,


précurseur avec ses lois successives donnant aux pauvres une certaine protection. La plus importante
de ces lois date de 1601 et demeure en vigueur jusqu’en 1834. Elle confère un droit à l’assistance à
tous les membres d’une paroisse et à celle-ci l’obligation de l’assister en argent s’il s’agit d’un enfant
ou d’un invalide, sous forme de travail s’il s’agit d’un indigent valide (à domicile ou dans des ateliers
collectifs). Ce droit est remis entre les mains de l’Église et des notables3.

Les mesures de protection des pauvres aussi répressives qu’elles soient susciteront bien des
controverses. Les économistes classiques, Adam SMITH, RICARDO, MALTHUS, fondateurs du
libéralisme économique, reprochent aux lois sur les pauvres de multiplier leur nombre, en favorisant
une natalité excessive, provoquant la baisse des salaires et le chômage.

Les premières formes de protection sociale seront des créations ouvrières. C’est l’invention d’un
mécanisme de solidarité, la nécessité de dépasser les limites du salaire à partir de la conscience d’une
même situation devant les risques, tels la maladie, les accidents du travail fréquents : à Paris en 1826,
sur 244 chutes d’échafaudages 72 sont mortelles. Les risques ce sont aussi la perte de l’emploi et les
maladies, beaucoup sont professionnelles. La vieillesse est redoutable, souvent accompagnée
d’invalidité, d’une mort désespérée à l’hospice. En réaction vont naître les Sociétés de Secours
Mutuels.

Le développement du capitalisme se poursuit, les difficultés de l’existence aussi et font que


mutualités et résistances ne satisfont plus aux exigences ouvrières. On va passer à la Chambre
Syndicale et, progressivement, à d’autres stades : fédéralisme professionnel et interprofessionnel,
confédéralisme national et international. Parallèlement à ces propres rythmes, il y a formation d’une
conscience politique.

3 PALIER (B). (2005), Gouverner la sécurité sociale, Edition PUF, Collection Quadrige, Essais Débats, p.
65.

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La période qui ira de 1920 à 1940 se caractérise dans le monde capitaliste développé par une
généralisation des résultats obtenus par une minorité de travailleurs à l’ensemble des salariés, voire
de la population. La crise économique met l’accent sur le risque de chômage. Les théories
keynésiennes qui commencent à être connues justifient l’intervention de l’État et la distribution de
revenus de remplacement. Les Assurances sociales créées à cette époque dans le monde sont
obligatoires. En moyenne, un salarié sur deux en Europe bénéficiait d’une assurance
vieillesse/chômage en 1940.

Depuis 1930, les Assurances sociales offrent en France une protection contre les conséquences de la
maladie, de l’invalidité et du décès ainsi qu’une indemnisation pour la maternité et un droit à la
retraite.

Le système dans un premier temps ne concerne que les salariés payés au-dessous d’une certaine
somme – c’est le système du plafond -, il concerne les personnes jugées incapables de faire preuve
suffisante de prévoyance individuelle. Le plafond est toutefois fixé assez haut pour correspondre au
salaire maximum d’un ouvrier qualifié. Il sera supprimé en 1942 pour les seuls ouvriers. Les
Assurances sociales avaient sept millions de cotisants à la Libération et un effectif de bénéficiaires
sans doute deux fois supérieur, si l’on tient compte des ayants droit et des jeunes. Le financement est
assuré par une cotisation, de 8% des salaires, retenue à la source, c’est-à-dire 4% pour les salariés et
4% pour les patrons, 80% des frais médicaux sont pris en charge par le système. Une indemnité
journalière est versée en cas d’absence pour maladie, elle est théoriquement de 50% du salaire4.

Les retraites sont basées sur la capitalisation. Les sommes versées seront mises à la disposition de
l’économie par l’intermédiation de la Caisse des Dépôts et Consignations, les fonds sont utilisés pour
acquérir les créances sur les actifs destinées à financer les pensions. Le système basé sur la
capitalisation des versements a l’inconvénient grave de reporter à un terme lointain la liquidation des
pensions à taux plein… vers les années 1960 ! Devant les insuffisances du système en 1941, après une
tentative avortée de Daladier en 1939, un dispositif complémentaire sera créé, c’est l’AVTS (Allocation
aux vieux travailleurs salariés).

Parallèlement, on l’a vu, à la création des Assurances sociales seront instituées à l’initiative du
patronat les Allocations familiales au bénéfice des salariés chargés de famille.

4 Dupuis J-M. (1994), Le financement de la protection sociale, Edition, Que sais-je ?,P 78.

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Les accidents du travail sont considérés comme un risque industriel. Depuis la loi de 1898 un système
de réparation forfaitaire est à la charge exclusive de l’employeur. Celui-ci peut s’assurer, ce qu’il fera,
au bénéfice des Compagnies d’assurances. Mais les tracasseries, les modalités de cette
reconnaissance entraînent un mécontentement profond des accidentés et des invalides.

En 1945, la Sécurité sociale s’impose comme une pièce essentielle des réformes voulues par la nation
au sortir de la Résistance. Le modèle français est une synthèse originale et constitue l’une des
réalisations les plus durables issues de la Libération.

Le développement de la Sécurité Sociale est un phénomène mondial, mais la couverture dispensée


est très inégale selon les pays. Elle est très faible aux USA où elle est en partie assurée par les
compagnies d’assurances privées, dans un système à plusieurs vitesses. Elle est faible voire
inexistante dans les PVD.

Au Maroc, La solidarité sociale remonte loin dans l’histoire nationale. Elle a enraciné la continuité des
liens familiaux, communautaires et professionnels du pays. Les préceptes de l’islam en ont étendu et
systématisé les fondements. La «Zakat» prescrit au musulman de redistribuer annuellement une
partie de ses biens aux nécessiteux. Par le «Wakf» ou habous, le musulman peut dédier tout ou
partie de ses biens à une œuvre ou à un établissement de bienfaisance.

Parallèlement à ces règles de solidarité, et jusqu’aux deux premières décennies du protectorat, la


production et l’échange s’organisaient au sein des corporations de métiers, lesquelles associaient les
apprentis, les aides, les ouvriers et les maîtres en leur édictant des liens, souvent précis et impérieux,
de solidarité face aux aléas de la maladie et des accidents.

Avec le protectorat, les premières industries s’installent au Maroc créant un prolétariat urbain. Cette
mutation s’est accompagnée par la mise en place progressive d’une réglementation fondée sur une
logique d’assurance sociale.

La nouvelle prévoyance était, dans son financement et son champ matériel d’application, reprise de la
législation française et principalement destinée à la population européenne.

Le Maroc a d’abord connu la promulgation du dahir du 25 juin 1927 relatif à la réparation des
accidents du travail dont les dispositions ont été étendues aux maladies professionnelles par le dahir
du 31 mai 1943.

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En 1930, un régime de pensions civiles réservé aux fonctionnaires français a été institué. Ce régime,
chargé de servir des pensions de vieillesse et de survie, s’est prolongé depuis l’indépendance
nationale dans l’actuelle Caisse Marocaine de Retraites (CMR).

Une Caisse d’Aide Sociale, généralement considérée comme l’ancêtre de la CNSS, a été créée par
dahir du 24 avril 1942. Elle constituait un organisme corporatif et coopératif créé par le patronat pour
servir des allocations familiales aux travailleurs des grandes entreprises et des indemnités
journalières de maternité. Jusqu’en 1950, le montant des allocations familiales servies aux salariés
marocains était inférieur à celui attribué aux travailleurs européens.

En 1949 la Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraites (CIMR) est mise en place. Cet
organisme est chargé, pour la première fois au Maroc, de servir les pensions de vieillesse et de
réversion aux travailleurs du secteur privé. Cependant, seule une infime partie de salariés s’est
trouvée protégée, du fait que l’adhésion à cette caisse est facultative.

Par ailleurs, dans le cadre de la couverture médicale, des sociétés de secours mutuels ont vu le jour.
Ces sociétés se sont regroupées pour donner naissance à des mutuelles à caractère sectoriel et par la
suite fédéral5.

L’indépendance nationale a consacré par la suite la création d’un système moderne, obligatoire et
universel de sécurité sociale, inspiré des principes de la Convention n°102 de l’Organisation
Internationale de Travail.

En 1959, le régime de la sécurité sociale des salariés de l’industrie, du commerce et des professions
libérales, a visé à protéger les assurés contre les risques de suppression de leur revenu en cas de
maladie, de maternité, d’invalidité, et de vieillesse, de leur servir des allocations familiales, tout en
attribuant à leurs ayants droit, une allocation décès et une pension de survivants.

Ce régime dont la gestion est confiée à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) est financé par
des contributions patronales et salariales assises sur les rémunérations mensuelles brutes des
salariés. Les excédents des recettes sur les dépenses sont déposés à la Caisse de Dépôt et de Gestion
(CDG).
5 FADLALLAH M-F. (1986), « Sociologie de la sécurité sociale au Maroc », Thèse pour le doctorat de
3ème cycle en sociologie, Faculté des Lettres et des Sciences Humaine, Université de Nancy II, p. 23.

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Entré en vigueur le 1er avril 1961, ce régime a été étendu depuis aux secteurs de l’agriculture et de
l’artisanat. Il a, par ailleurs, connu des améliorations des prestations servies et la mise en place d’un
réseau d’établissements sanitaires sous forme de polycliniques.

Parallèlement, un Régime Collectif d’Allocation de Retraites (RCAR), dont la gestion est confiée à la
Caisse Nationale de Retraites et d’Assurance (CNRA) a été créé en 1977 pour le service des pensions
aux agents temporaires, occasionnels et vacataires de l’état ainsi qu’aux agents des établissements
publics.

Ainsi, à fin décembre 2008, la population couverte par l’ensemble des régimes obligatoires de
prévoyance sociale (CNSS – CMR- RCAR) a atteint 3.041.647 assurés sur une population active
occupée égale à 10.056.000 soit un taux de couverture globale de 30,25%6.

La CNSS est la seule, dans le dispositif national de protection sociale, à gérer dans le cadre d’un
régime unique, une pluralité de risques : prestations pour la famille ; prestations à court terme ;
prestations à long terme et actions sanitaires et sociales.

En effet, La sécurité sociale est une chaîne de solidarité organisée. Entre les générations et au sein
des générations, entre actifs et inactifs, entre jeunes et moins jeunes, entre les hauts et les faibles
revenus, les biens portants et les malades ou invalides. Ce que la sécurité sociale met en commun,
pour le redistribuer entre et au sein des générations, est un salaire différé. En cela, elle contribue à
sécuriser le salarié et sa famille en apportant à la société en général, ainsi qu’au monde du travail et
aux entreprises en particulier, ce surcroît de stabilité, de confiance et de cohésion indispensables à
une saine production et à une saine recherche d’amélioration des performances de tous7.

Par son envergure, la solidarité ainsi organisée joue un rôle économique, et il est de tout premier
plan. La sécurité sociale met en circulation, sur des cycles courts, d’importantes ressources qui
soutiennent la demande globale.

Mais, un régime de sécurité sociale n’est jamais lui-même qu’un sous-système de son environnement
productif et social, et c’est bien sûr en relation avec

6 Les assurés sociaux du régime de sécurité sociale, géré par la CNSS sont pour la même année,
2.040.000 et représentent 62,47% de l’ensemble de la population couverte par les régimes
obligatoires de prévoyance sociale.

7GIOVANNT Tomburi, la sécurité sociale et les problèmes de formation du capitale dans les pays
envoie de développement, Cahiers africains, n°1, mars 1967,pp 64-106.

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Le système économique globalement considéré, avec l’état du marché de l’emploi et le niveau des
salaires, et avec l’évolution démographique, qu’il convient d’en assurer l’équilibre. Le régime de
sécurité sociale géré par la CNSS a démarré dans un contexte d’extrême jeunesse de la population, de
croissance économique forte et longtemps soutenue, mais sur fond de niveaux de salaires et de
cotisations nécessairement modérés. Confronté aux mêmes défis que les entreprises qui lui sont
affiliées, il doit être apprécié à la une d’une économie nationale jeune, en restructuration, à celle d’un
marché de l’emploi dont de larges secteurs sont encore en voie de formalisation et à celle d’une
population qui entre dans la seconde phase de sa transition démographique.

Cette complexité étant souvent mal connue ou méconnue, il arrive que la sécurité sociale dans notre
pays comme ailleurs soit l’objet de jugements rapides, voire sévères, lesquels peuvent traduire aussi,
à la vérité, de vraies attentes sociales pleinement légitimes. Or, la nature et le niveau des prestations
sont, par nécessité, liés au volume de la masse salariale distribuée par les employeurs et aux effectifs
réellement déclarés sur le marché de l’emploi.

Consciente des attentes de ses affiliés et face au développement des prestations offertes, à la
volumétrie des activités et aux défis futurs à relever, la modernisation, l’innovation et la
communication sont désormais considérées comme les leviers importants de la satisfaction des
besoins des partenaires sociaux de la CNSS. C’est dans cet esprit que les réformes pour le régime de
la sécurité sociale ont porté essentiellement sur les mesures suivantes :

•La mise en place du système de télé-déclaration des salaires via le portail Damancom ;

•L’actualisation du Dahir de 1972 relatif au régime CNSS.

Cette réforme apporte de nouvelles avancées dont notamment :

-Le prolongement de l’indemnisation du congé de maternité de 12 à 14 semaines ;

-L’instauration du principe de la retraite anticipée à 55 ans, en cas d’accord entre l’employeur et le


salarié ;

-La modernisation du système de contrôle de la déclaration des salariés et du recouvrement des


cotisations ;

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