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DROIT DE LA SECURITE SOCIALE

PLAN DU COURS

CHAPITRE INTRODUCTIF : APERCU SUR LA SECURITE SOCIALE

A) Historique

B) L’organisation du système de sécurité sociale

CHAPITRE I : LA BRANCHE DES RISQUES PROFESSIONNELS

SECTION I : CONDITIONS D’ADMISSION AU BENEFICE DES PRESTATIONS AT


ET MP

Paragraphe I : Conditions de fond

A) CONDITION DE FOND EN MATIERE D’A.T

B) CONDITIONS DE FOND EN MATIERE DE MALADIE PROFESSIONNELLE

Paragraphe II : Conditions de forme

SECTION II : LES PRESTATION DE L’ASSURANCE A.T. ET M.P.

Paragraphe I : Les prestations en nature

Paragraphe II : Les prestations en espèces

Paragraphe III : L’incidence de la faute sur les prestations

CHAPITRE II : LA BRANCHE DES PENSIONS

SECTION I : L’ASSURANCE D’INVALIDITE

Paragraphe I : Conditions d’admission

Paragraphe II : Les prestations

SECTION II : L’ASSURANCE VIEILLESSE (OU RETRAITE)

Paragraphe I : Conditions d’admission

Paragraphe II : Les prestations

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SECTION III : LA PENSION DE SURVIVANT (OU DE DECES)

CHAPITRE III : LES PRESTATIONS FAMILIALES ET DE MATERNITE

SECTION I : CONDITIONS D’OUVERTURE AU BENEFICE DES PRESTATIONS


FAMILIALES

Paragraphe I : Conditions de fond

Paragraphe 2 : Conditions de forme

SECTION II : LES PRESTATIONS

Paragraphe 1: Les prestations en nature

Paragraphe 2 : Les prestations en espèces

CHAPITRE IV : LE CONTROLE ET LE CONTENTIEUX DE LA SECURITE


SOCIALE

SECTION I : LE CONTROLE

Paragraphe I : L’intervention de l’inspection du travail

Paragraphe II : Les agents de contrôle de la caisse

SECTION II : LE CONTENTIEUX DE LA SECURITE SOCIALE

Paragraphe I : Le contentieux général

Paragraphe II : Le contentieux technique ou médical

Paragraphe III : Les autres types de contentieux

CHAPITRE INTRODUCTIF : APERCU SUR LA SECURITE SOCIALE

A) Historique

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La sécurité sociale était au départ une branche du droit du travail. Elle est aujourd’hui
devenue une discipline distincte du droit du travail. Mais ces deux disciplines
demeurent liées à plusieurs points de vue :

- toutes deux conservent le même champ d’application, à savoir celui des


relations entre employeurs et travailleurs ;

- elles poursuivent un but commun : la protection du travailleur, même si la


sécurité sociale est plus extensible au plan des personnes concernées ;

- enfin, elles utilisent beaucoup de notions communes, sans toutefois que


les définitions soient toujours identiques (ex. : notion de travailleur, de
salaire, etc.)

Cette proximité a parfois conduit à réunir les deux disciplines sous


l’appellation de droit social.

La sécurité sociale qui s’est progressivement détachée du droit du travail, est


de nos jours perçue comme le droit de la protection sociale de l’individu (au moins
dans les pays développés où la protection s’étend au delà des travailleurs salariés).
Il ne s’agit pas seulement de la protection du travailleur à l’égard de l’employeur
(comme en droit du travail), mais de la protection de l’individu dans la société.

L’idée de protection sociale est conçue de manière large en relation avec le


développement des techniques et des moyens de protection.

L’élargissement de l’idée de protection est perceptible à travers les étapes


historiques du développement des systèmes de protection.

Avant l’apparition de la sécurité sociale, la protection de l’individu contre les


risques sociaux reposait sur les systèmes suivants :

- d’abord, il y avait un système inorganisé essentiellement fondé sur les


techniques de l’épargne et de l’assistance ;

- ensuite apparaîtront des formes spontanées d’organisation (en dehors de


la puissance publique) qui reposent sur les techniques de l’assurance et de
la mutualité. L’assurance est une vieille technique apparue depuis le 16 ème
siècle dans les transports maritimes. La mutualité consiste en une mise en

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commun de fonds pour faire face à des risques (exemple : cantine) : c’est
une variante de l’assurance, avec l’avantage d’être non commerciale. Ces
systèmes sont peu efficaces, en ce sens que le nombre de bénéficiaires,
de même que les risques couverts demeuraient très limités.

- Enfin, dans une troisième étape, l’Etat intervient pour organiser cette
protection. C’est le système actuel de sécurité sociale, dont l’expression
elle-même n’est consacrée qu’à partir de 1935 avec la loi du 14/10/1935
sur la « social security act » de Franklin Roosevelt (cette loi faisait partie
de la législation du New Deal). Ainsi peut-on considérer la sécurité sociale
comme un ensemble d’institutions prévues par l’Etat pour garantir l’individu
contre les risques sociaux.

On entend ici, par risques sociaux, des évènements divers, qui peuvent avoir
une incidence sur la situation économique de l’individu : maladie, accident de travail,
vieillesse, invalidité, chômage, etc. Ces évènements entraînent pour l’individu, soit
une baisse de revenu, soit une augmentation de dépenses. Il ne s’agit donc pas de
tout risque social : en sont exclues, les guerres, les calamités, les crises
économiques.

L’OIT, dans la norme 102 (adoptée en 1952 à la 35 ème session) a retenu neuf
(9) branches de risques que devraient chercher à couvrir les systèmes nationaux de
sécurité sociale. Ces 9 branches de risques embrassent les risques les plus
courants. Ce sont :

- la maladie qui se décompose en deux risques :

 les soins

 les indemnités compensant la perte de revenu

- le chômage (+)

- la vieillesse (+)

- l’accident du travail et la maladie professionnelle (+)

- la maternité

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- l’invalidité (+)

- le décès (+)

- les charges familiales.

L’Etat qui accepte de ratifier cette convention doit assurer une protection qui couvre
trois au moins de ces neuf éventualités, et les trois risques couverts doivent être
choisis parmi les six risques suivants : chômage, vieillesse, accident du travail et
maladie professionnelle, invalidité, décès.

Les 9 branches de risques peuvent être regroupées en trois catégories de la sécurité


sociale.

- Première catégorie : les assurances sociales qui comprennent la maladie, la


maternité, l’invalidité, la vieillesse, le décès.

- Deuxième catégorie : les prestations familiales

- Troisième catégorie : les accidents du travail et M.P. (+ le chômage).

Dans chaque pays, le système de sécurité sociale peut couvrir partiellement


ou totalement, certaines de ces 9 branches.

B) L’organisation du système de sécurité sociale

Le droit de la sécurité sociale est, d’une manière générale, un droit étatique en ce


sens que c’est la loi qui en fixe les principes fondamentaux d’une part et, d’autre part,
ce sont les règlements des pouvoirs centraux et des organes de la caisse de sécurité
sociale qui fixent les rapports entre les tiers et les organismes du système de la
sécurité sociale.

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De cette source étatique découle certains caractères de la sécurité sociale :

- La sécurité sociale a un caractère territorial, c’est-à-dire que tous ceux qui se


trouvent sur le territoire et qui remplissent les conditions d’assujettissement à
la sécurité sociale sont couverts ;

- Elle a un caractère d’ordre public : on ne peut pas renoncer au bénéfice de la


sécurité sociale ;

- La protection est plus ou moins étendue selon le niveau de développement du


pays.

- Suivant les champs de risques sociaux couverts, le système de sécurité


sociale du pays peut se différencier en plusieurs régimes.

Quels sont les régimes existants au Burkina Faso et Quels sont les critères
d’assujettissement ?

1) Les régimes de sécurité sociale

D’une manière générale, on peut être bénéficiaire de la sécurité sociale par le biais
soit d’une assurance obligatoire, soit d’une assurance volontaire ou facultative.

L’assurance obligatoire concerne les personnes qui, remplissant certaines


conditions, doivent être obligatoirement assujettis à la sécurité sociale. L’assurance
volontaire est une exception permettant d’étendre le bénéfice de la sécurité sociale à
des gens ne remplissant pas les conditions de l’assurance obligatoire.

L’assuré peut être soumis à divers types de régimes de sécurité sociale.

Au Burkina Faso, il y a deux institutions, la caisse nationale de sécurité sociale


et la caisse autonome de retraite des fonctionnaires.
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La CARFO est chargée de la gestion du régime de sécurité sociale des
fonctionnaires, des militaires et des magistrats.

Quant à la CNSS, elle gère le régime de sécurité sociale des travailleurs salariés
institué par la loi n°015-2006/AN du 11 mai 2006. Cette loi a remplacé la loi
n°13/72/AN du 28 décembre 1972 portant code de sécurité sociale en faveur des
travailleurs salariés.

La loi n°015-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de sécurité sociale applicable


aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso distingue deux types
d’assurance :

- l’assurance obligatoire pour les salariés (équivalent au régime général en


France) et ;

- l’assurance volontaire.

Il n’y a pas encore de régime de cotisation complémentaire pour tous ceux qui
touchent de hauts salaires mais il est probable qu’il soit institué compte tenu des
besoins exprimés par les syndicats (à moins que l’on ne déplafonne simplement le
salaire soumis à cotisation).

Le régime d’assurance volontaire en vigueur sous l’ancienne loi (la loi n°13/72/AN
portant code de sécurité sociale) n’était qu’une assurance facultative continuée
ouverte à toute personne qui, ayant été affiliée au régime de sécurité sociale pendant
un certain temps au moins, cesse de remplir les conditions d’assujettissement. Cette
personne a la faculté de demeurer volontairement affiliée à certaines branches de la
sécurité sociale sous certaines conditions.

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Sous la loi n°015-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de sécurité sociale des
travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso, le régime de l’assurance volontaire
qui était en vigueur sous la loi n°13/72/AN a été revu et élargi à d’autres catégories
de travailleurs. Ainsi, en plus des travailleurs ayant été obligatoirement affiliés au
régime, le champ de l’assurance volontaire a été étendu aux personnes exerçant une
activité professionnelle qui ne les assujettit pas à un régime de sécurité sociale. Il
s’agit notamment des travailleurs indépendants de l’économie informelle et ceux
exerçant des professions libérales.

2) Les critères d’assujettissement

Aux termes de l’article 3 de la loi n°015-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de


sécurité sociale applicable aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso,
sont assujettis au régime de sécurité sociale, tous les travailleurs occupés en ordre
principal sur le territoire national pour le compte d’un ou plusieurs employeurs. Le
critère d’assujettissement est la qualité de travailleur dépendant.

Comme en droit du travail, plusieurs critères avaient été avancés à l’origine : la


subordination juridique, la dépendance économique, la rémunération, l’existence
d’un contrat de travail.

En définitive, pour être assujetti à la sécurité sociale, il faut être un travailleur au sens
du code du travail, c’est-à-dire réunir les critères de la subordination juridique et de la
rémunération, qui constituent le salariat. Sont donc obligatoirement assujettis les
travailleurs salariés.

Mais des exceptions sont faites au profit de certaines personnes qui, bien que n’étant
pas des travailleurs salariés, peuvent bénéficier de la sécurité sociale. Ce sont :

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- les élèves des écoles professionnelles, et les apprentis, qui sont assimilés aux
salariés ;

- les salariés ayant perdus cette qualité et qui peuvent devenir des assurés
volontaires ;

- les travailleurs indépendants.

Les critères qui donnent vocation à acquérir la qualité d’assuré social sont
plus souples qu’en droit du travail. En effet selon l’article 3 § 1 « Sont assujettis au
régime de sécurité sociale institué par la présente loi tous les travailleurs soumis aux
dispositions du code du travail sans distinction de race, de nationalité, de sexe et
d’origine lorsqu’ils sont occupés en ordre principal sur le territoire national pour le
compte d’un ou plusieurs employeurs, nonobstant la nature, la forme, la validité du
contrat, la nature et le montant de la rémunération ».

Les particularités dans cette définition sont :

- 1° le travailleur peut être occupé pour le compte d’un ou plusieurs


employeurs ;

- 2° il n’est pas tenu compte de la nature ou de la validité du contrat, ni du


montant de la rémunération (sauf exigence du SMIG pour le total).

Les personnes assujetties au régime de sécurité sociale entrent effectivement


dans le système de sécurité sociale par la formalité de l’immatriculation.

L’immatriculation est l’acte par lequel une personne assujettie obligatoirement


à la sécurité sociale se trouve officiellement inscrite par la caisse sur la liste des
assurés sociaux.

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La caisse lui attribue un numéro matricule à 13 chiffres et une carte
d’immatriculation et d’affiliation (carte de sécurité sociale). Cette formalité est
accomplie une fois pour toute. Elle n’a pas à être renouvelée. L’assuré conserve le
même numéro quelque soit les changements intervenus d’employeurs ou de lieu de
travail.

L’immatriculation est une formalité obligatoire pour les employeurs et pour


tous les travailleurs. En effet tout employeur de personnel salarié est tenu de
demander son immatriculation à la sécurité sociale dans les 8 jours soit de son
premier embauchage de personnel, soit de l’ouverture ou de l’acquisition de
l’entreprise. La demande d’immatriculation du travailleur incombe aussi à
l’employeur.

Il faut distinguer l’immatriculation de l’affiliation. Celle-ci ne désigne pas une


formalité à accomplir, mais la situation de droit résultant de l’immatriculation. Le
travailleur immatriculé est affilié c’est-à-dire rattaché à une caisse particulière (caisse
régionale ou section). Il est inscrit sur la liste des assurés de cette caisse particulière.

Par exemple, lorsqu’il perd son emploi, il conserve son numéro


d’immatriculation, mais il peut être radié de la liste des affiliés de la caisse (de la liste
des bénéficiaires de prestations) s’il n’a pas contracté d’assurance volontaire.

La gestion du système de sécurité sociale

La sécurité sociale burkinabè a été créée en 1955 avec une seule branche, celle des
prestations familiales (arrêté N° 1 029/ITLS/VV du 6 décembre 1955). Son siège était
fixé à Bobo-Dioulasso et la caisse portait le nom de caisse de compensation des
prestations familiales.

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En 1959 a été créée la branche des risques professionnels comprenant les accidents
du travail et les maladies professionnelles (loi N°3/59 du 30 janvier 1959). La caisse
pris le nom de caisse de compensation des prestations familiales et des accidents de
travail (CCPF & AT).

En 1960 on a ajouté la branche des pensions (loi N° 78/60/AN du 6/10/1960)  ; ce qui


conduit à un nouveau changement du nom en caisse de prévoyance sociale.

Le siège fut transféré en 1963 à Ouagadougou.

Par la loi N° 13/72/AN du 28 décembre 1972 portant code de sécurité sociale, fut
adopté le nom actuel de caisse nationale de sécurité sociale.

Aux termes de la loi N°015-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de sécurité


sociale applicable aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso, le régime
des salarié comprend trois branches :

- la branche des prestations familiales ;

- la branche des accidents de travail et maladies professionnelles ou


branche des risques professionnels ;

- la branche des pensions, comprenant les assurances vieillesse, invalidité,


décès.

Ces différentes branches sont gérées par un établissement public de prévoyance


sociale, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

1) Organisation administrative de la CNSS

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Anciennement établissement public à caractère industriel et commercial, la Caisse
nationale de sécurité sociale est devenue un établissement public de prévoyance
sociale depuis l’adoption de la loi n°016-2006/AN portant création de la catégorie
d’établissements publics de prévoyance sociale. Elle est dotée de la personnalité
morale et de l’autonomie financière.

Les organes de la caisse comprennent : le conseil d’administration, la


commission permanente, la direction, les commissaires aux comptes.

2) Ressources de la caisse

Les ressources de la CNSS sont constituées par :

- Les cotisations destinées au financement des différentes branches du régime


de Sécurité Sociale ;

- Les pénalités encourues pour cause de retard dans le paiement des


cotisations ou dans la production des déclarations nominatives de salaire;

- Le produit des placements des fonds de la CNSS;

- Les dons et legs.

Les cotisations dues à la CNSS sont assises sur l'ensemble des rémunérations
perçues par les personnes assujetties y compris les indemnités, primes, gratifications
ainsi que les avantages en nature, mais à l'exclusion des remboursements de frais et
des prestations familiales et dans la limite d'un plafond de 600 000 F CFA par mois.

Chaque branche du régime de sécurité sociale dispose de ses propres recettes qui
servent à couvrir les dépenses de la branche. Celle-ci fait donc l’objet d’une gestion
distincte. Les recettes sont constituées des cotisations des employeurs et des
travailleurs. Suivant les branches, le taux de la cotisation varie :

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- le taux est de 11% du salaire en ce qui concerne la branche des pensions
reparties à concurrence de 5,5% chacun entre l’employeur et le travailleur.

- il est de 7% pour la branche des prestations familiales, supportées par


l’employeur seul.

- Pour la branche des risques professionnels, le taux est de 3,5%, à la charge


de l’employeur.

Au total, les cotisations sont de 21,5% dont 5,5% à la charge du travailleur et


16% à la charge de l’employeur.

L'employeur est débiteur vis-à-vis de la CNSS de l'ensemble des cotisations dues.


La part mise à la charge du travailleur est précomptée sur la rémunération mensuelle
de celui-ci lors de chaque paie. La contribution de l'employeur reste exclusivement à
sa charge.

Les cotisations sont assises sur l’ensemble des rémunérations du travailleur,


c’est-à-dire le salaire de base plus les accessoires de salaire.

La notion de salaire est ici entendue de façon très large. On inclut dans
l’assiette des cotisations les avantages en nature, les pourboires, les primes et
gratifications ; mais à l’exclusion des indemnités de licenciement, des indemnités
journalières compensatrice de la rémunération perdue pour cause de maladie ou
d’accident professionnelle, des prestations familiales, des frais de logement, ou toute
somme constituant un remboursement de frais réels.

L’assiette de cotisation est comprise entre un plancher (minimum) qui est le


SMIG, et un plafond qui est de 600 000 francs par mois.

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Les majorations encourues pour retard dans le versement des cotisations sont
de 1,5% de majoration.

Les majorations pour non déclaration de salaire sont de 25% auxquels on


ajoute 1,5% pour le retard subséquent.

La non production des bordereaux trimestriels nominatifs des salariés donne


lieu à une pénalité de 2% du SMIG pour chaque salarié non déclaré.

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CHAPITRE I : LA BRANCHE DES RISQUES PROFESSIONNELS

Cette branche comprend les accidents du travail et les maladies


professionnelles. Elle vise à protéger les travailleurs contre les risques inhérents à
l’exercice de l’activité professionnelle. Nous distinguerons les conditions à remplir
pour bénéficier de cette protection d’une part, et les différentes prestations qui sont
servies, d’autre part.

SECTION I : CONDITIONS D’ADMISSION AU BENEFICE DES


PRESTATIONS AT ET MP

Rappelons que les conditions générales pour bénéficier de la couverture de la


sécurité sociale sont d’être immatriculé et affilié à une caisse déterminée et d’être en
règle vis-à-vis des cotisations. A ces conditions générales s’ajoutent les conditions
spécifiques de fond et de forme.

Paragraphe I : Conditions de fond

Il y a lieu de faire la distinction entre accident du travail et maladie


professionnelle.

A) CONDITION DE FOND EN MATIERE D’A.T

La condition de fond est relative à la notion d’accident du travail dont il convient d’en
donner une définition générale avant de préciser la notion d’accident, son caractère
professionnel et le cas de l’accident de trajet.

1) Définition générale

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Selon l’article 51 de la loi n°015-2006/AN portant régime de sécurité sociale des
travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso (LSST), « est considéré comme
accident du travail, qu’elle qu’en soit la cause, l’accident survenu à un travailleur par
le fait ou à l’occasion du travail, qu’il y ait ou non faute de sa part ».

L’accident du travail couvre en fait deux évènements : l’accident du travail


proprement dit, et l’accident de trajet c’est-à-dire l’accident survenu entre le lieu de
travail et les lieux suivants :

- Le lieu de résidence ;

- Le lieu où le travailleur prend habituellement son repas ;

- Le lieu où il perçoit sa rémunération ;

- Le lieu où il se rend habituellement pour motif d’ordre familial

En France, on prend en compte la résidence principale et la résidence secondaire


(cf. tableau ci-dessus de J.J. Dupeyroux p. 523).

Est considéré comme A.T. l’accident survenu pendant le voyage du travailleur


dont les frais sont supportés par l’employeur (déplacement du travailleur).

La formule de l’article 51 est très large : elle englobe tous les accidents
survenus au travailleur dans l’exercice de ses fonctions, quel qu’en soit le lieu.

Mais que recouvre la notion d’accident ?

2) Définition de l’accident

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Il n’y a pas de définition légale de l’accident.

La jurisprudence traditionnelle retenait comme critères « l’action soudaine et violente


d’une cause extérieure provoquant une lésion de l’organisme humain » (soc. 20 mai
1950, D. 1950. 469 ; so. 31 avril 1956). Quatre critères étaient ainsi retenus :
l’extériorité, la violence, la soudaineté et la cause extérieure (voy.J.J. Dupeyroux, la
notion d’accident du travail, D. 1964 chr. P. 23. ; Saint jours, Traité T.1, 1980 p. 294
et s.).

Cette conception a été abandonnée parce que les critères de la violence et de la


cause extérieure sont souvent inopérants et constituent des exigences restrictives.
Par exemples constitueraient des éléments extérieurs, la voiture, le marteau, l’arme.
Mais les juridictions admettent des évènements qui ne sont pas extérieurs à la
victime comme constitutifs d’un accident. C’est le cas lorsqu’une personne fourni
beaucoup d’efforts au cours de son travail et se blesse (entorse, faux mouvements,
etc.). Le critère d’extériorité peut par conséquent être inopérant.

Le critère de la violence n’est pas précis car il n’est pas fait de distinction entre
violence physique et violence psychique. Les juges y font rarement état (arrêt du 20
mai 1950. Typhus contracté lors du travail).

Le seul critère nécessaire est celui de la soudaineté, car c’est le critère qui
distingue l’accident du travail de la maladie professionnelle. Ça serait une maladie
professionnelle s’il y avait évolution lente. Mais l’aggravation ou la révélation
soudaine par l’effet du travail, d’un état pathologique préexistant est un accident du
travail (SO. 21 oct. 1965, Bull. civ., IV, p. 581 n° 690 ; D. 1966, 86).

« L’accident de travail serait donc, une brusque survenance d’une lésion de


l’organisme aux temps et lieu de travail » (Revue fiduciaire n° 517, p. 163). Au critère
de la soudaineté qui caractérise l’accident s’ajoutent d’autres critères (au temps et

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lieu ; par le fait ou l’occasion du travail) qui donnent un caractère professionnel à
l’accident.

3) Le caractère professionnel de l’accident

Des difficultés peuvent naître lorsqu’il s’agit de déterminer le caractère


professionnel de l’accident. Comment prouver que l’accident est survenu par le fait
ou à l’occasion du travail ? (théorie risque – profit – subordination juridique).

Il faut que l’activité soit exercée sous la subordination juridique du chef


d’entreprise. Si l’accident est survenu sur les lieux et pendant les heures du travail, il
y a présomption du caractère professionnel. Mais on peut rapporter la preuve
contraire. Par exemple, lorsque la victime quitte son poste de travail pour se livrer à
des activités personnelles, il s’est soustrait à l’autorité de l’employeur.

Toutefois, le non respect des ordres (par ex. non respect des mesures de
sécurité), la désobéissance ne veut pas dire soustraction à l’autorité c’est-à-dire
absence de subordination. Dans ce cas là, le travailleur encourt seulement des
réductions de prestations pour faute inexcusable (s’il pénètre dans un lieu interdit, ça
veut dire que c’est en connaissance de cause des conséquences dommageables et
qu’il a accepté ces conséquences).

La présence sur les lieux de travail peut être étrangère à l’accident : le


travailleur peut être victime d’une crise cardiaque qui résulte d’un état pathologique
et non pas du travail.

Si l’accident s’est produit hors des lieux de travail et en dehors des heures
normales de travail, il faut apprécier selon les circonstances. Ex. il y a accident de
travail si un travailleur est envoyé dans une localité et il est victime d’une calamité

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survenue dans la zone (tremblement de terre en Guinée…). La causalité est ici
présumée (préjudice tenant à l’accident).

Dans le cas de l’accident de trajet, le travailleur est protégé s’il se rend dans
les deux sens : de son lieu de travail à sa résidence principale, (à sa résidence
secondaire en France si celui-ci présente un caractère de stabilité), au lieu où il
prend habituellement ses repas, et au lieu où il se rend habituellement pour motif
d’ordre familial.

Le lieu de travail s’entend de tout lieu ou le travailleur se rend sur ordre de son
employeur. Ce n’est pas nécessairement le lieu où est situé l’entreprise ou l’atelier.
Mais il est à noter qu’il n’est pas protégé s’il n’y allait pas pour travailler (ex.
travailleur en congé) qui se rend au lieu de travail pour des raisons personnelles ;
travailleur en grève qui s’y rend pour faire le piquet.

4) Interruption de trajet

Dans quelques cas, le travailleur sera couvert lorsqu’il a eu à interrompre ou à


détourner son trajet. Il en est ainsi si le trajet a été interrompu ou détourné dans
l’intérêt du travail (achat d’instrument de travail). Il ne sera pas couvert si le détour a
été fait dans un intérêt personnel.

B) CONDITIONS DE FOND EN MATIERE DE MALADIE


PROFESSIONNELLE

Il n’y a pas de définition de la maladie professionnelle. Sont des maladies


professionnelles celles causées par l’exercice de certaines professions bien
déterminées. Il est établi une liste de maladies professionnelles, indiquant les
travaux, professions ou emplois qui exposent au risque de les contracter.

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Depuis l’adoption de la loi 015-2006/AN portant régime de sécurité sociale applicable
aux travailleurs salariés, la notion de maladie professionnelle va au-delà des
maladies inscrites sur la liste. Elle s’étend à des maladies ne figurant pas sur le
tableau des maladies professionnelles. Dans ce cas, il devra être prouvé que la
maladie en question est essentiellement et directement causée par le travail de la
victime. Cette innovation introduite par le législateur se justifie par le fait qu’il ne
parait pas réaliste de pouvoir établir une liste exhaustive des maladies
professionnelles.

Les causes des maladies professionnelles proviennent :

- Soit d’agents chimiques : mercure, phosphore, chlorure, plombs, ciment,


acides, etc. Ces agent chimiques sont causes de diverses maladies (ex :
saturnisme pour le plomb…).

- Soit d’affections dues à l’ambiance et aux attitudes particulières exigées par le


travail : salariés qui utilisent des marteaux pneumatiques ; travaux dans des
conditions atmosphériques anormales ;

- Soit d’infections microbiennes : ex. charbon, tétanos, dermatose (emplois de


lubrifiants) brûcelose ou fièvre ondulante (travaux dans les laiteries, abattoirs,
boucherie) silicose, fibrose pulmonaire due à la poussière, forage, mines (loi
n° 3/59/AL du 3/1/1959. Recueil annexe 71, Décret 96.355 du 11 octobre
1996 fixant la liste des maladies professionnelles voy. code social p. 569 et
s.).

Le travailleur qui estime être touché par une maladie professionnelle doit
établir :

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- qu’il est atteint d’une maladie inscrite sur la liste des maladies
professionnelles ou, si elle n’est pas inscrite sur la liste, apporter la preuve
qu’elle est essentiellement et directement causée par son travail habituel;

- qu’il a exercé une activité susceptible de faire contracter la maladie prévue au


tableau des maladies professionnelles ;

- que le délai d’incubation n’est pas dépassé. La date du délai d’incubation


prend pour base la date de cessation de l’activité.

Si ces éléments ci-dessus sont remplis, il y a présomption que la maladie est


effectivement due à l’activité professionnelle.

La maladie professionnelle est assimilée à l’A.T au point de vue du régime de


prestations.

Paragraphe II : Conditions de forme

Les conditions de forme concernent essentiellement l’accident de travail


puisqu’en cas de M.P. conditions de fond et de forme se confondent.

La victime ainsi que l’employeur doivent accomplir certaines formalités afin


que les prestations soient servies.

Lorsqu’il s’agit d’un accident du travail, la victime doit déclarer l’accident à


l’employeur ou à son préposé ou le faire déclarer dans les 24 heures.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 21


Aucune sanction n’est prévue en cas de non respect de ce délai de
déclaration à l’employeur, sinon que la victime coure le risque de perdre le bénéfice
de la présomption de causalité (la relation entre l’accident et le travail). L’employeur
doit à son tour déclarer l’accident dans un délai de 48 heures ouvrables à la CNSS et
lui fournir tous les renseignements nécessaires au calcul des indemnités (période de
travail, nombre de journées, montant du salaire, date de la paie…). Il doit remettre au
salarié une feuille d’accident de travail (pour le bénéfice des prestations en nature).

En cas de carence ou d’impossibilité de l’employeur, la victime, ses


représentants ou ses ayants droits peuvent faire la déclaration jusqu’à l’expiration
d’un délai de deux (2) ans suivant la date de l’accident du travail ou de la maladie
professionnelle. Il s’agit là d’une innovation introduite par le législateur en 2006. En
effet, la rédaction ancienne n’était pas favorable à la victime qui pouvait perdre le
bénéfice de la réparation des conséquences de l’accident du fait d’un employeur trop
négligeant. La nouvelle formulation est, du reste, conforme à l’article 142 du code du
travail.

Dans les 48 heures, l’employeur doit de même déclarer l’accident à


l’inspection du travail. Cette déclaration a pour but de permettre à l’inspecteur de
déclencher s’il y a lieu une enquête sur les causes et les circonstances de l’accident.
L’enquête est obligatoire s’il y a décès ou une personne gravement blessée.

Les causes et circonstances de l’accident entre en ligne de compte pour le


calcul des droits de la victime. L’employeur qui néglige de faire les déclarations
d’accident s’expose à des sanctions pénales ou civiles. Au plan pénal, il encoure une
amende de 10 000 à 50 000 frs et en cas de récidive dans le délai d’un an, l’amende
passe de 50 000 à 100 000 frs.

Les sanctions civiles consistent en l’action en remboursement des prestations


versées à l’assuré par la caisse.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 22


SECTION II : LES PRESTATIONS DE L’ASSURANCE A.T ET M.P.

Les prestations de la branche des risques professionnels sont de deux types :


les prestations en nature et les prestations en espèce.

Paragraphe I : Les prestations en nature

La caisse prend directement en charge un certain nombre de frais qui sont


compris dans le terme de soins médicaux. Les frais de soins médicaux prix en
charge comprennent voir art. 58 LSST

1) les frais médicaux et chirurgicaux (assistance médicale, examens de


radiologie et de laboratoire, analyses médicales) ;

2) les frais pharmaceutiques ;

3) les frais d’hospitalisation

4) les frais de prothèse dentaire : ces frais sont généralement remboursés à


des taux faibles (taux : …) ;

5) les frais de transport de la victime du lieu de l’accident à la formation


sanitaire la plus proche ou à sa résidence. Les frais de transport de la
résidence au cabinet médical ne sont pas pris en charge ;

6) les frais d’appareillage. La caisse fournit, entretien et renouvelle les


appareils de prothèse et d’orthopédie reconnus nécessaires par le

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 23


médecin de la caisse (les appareils d’orthopédie sont des appareils
destinés à corriger les affectations des membres ; les appareils de
prothèse sont eux destinés à remplacer un membre). La victime peut
exercer un recours devant la commission d’appareillage si le médecin de la
caisse rejette la demande d’appareil ;

7) les frais de réadaptation fonctionnelle, de rééducation professionnelle et de


reclassement.

- La réadaptation fonctionnelle consiste à faire subir un traitement en vue de la


récupération totale ou partielle d’une aptitude physiologique. Ce traitement peut être
prescrit à la demande de la victime ou sur l’initiative de la caisse, après un examen
médical spécial effectué par le médecin traitant et le médecin de la caisse. En cas de
désaccord entre ces deux médecins, la décision est prise par une procédure
d’expertise. L’expert est désigné d’un commun accord par le médecin traitant et le
médecin de la caisse. La décision de l’expert n’est pas susceptible d’un recours
contentieux.

- La rééducation professionnelle concerne la victime qui, à la suite d’un


accident ou d’une maladie professionnelle, est devenue inapte à exercer sa
profession ou ne peut plus le faire qu’après une nouvelle adaptation. Le travailleur
est soit admis gratuitement dans un établissement public ou privé de rééducation
professionnelle, soit placé chez un employeur pour s’y réadapter à sa profession ou
apprendre une autre profession. C’est très fréquemment une rééducation en vue
d’occuper un nouvel emploi (contrat type de rééducation).

- Le reclassement professionnel concerne la situation ou la victime d’un


accident du travail ou d’une maladie professionnelle est atteinte d’une réduction de
capacité la rendant inapte à occuper son ancien emploi. Selon la réglementation du
travail, le contrat de travail du salarié victime d’un A.T. ou d’une M.P. est simplement
suspendu et non rompu. Aussi l’employeur doit reprendre le salarié après sa

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 24


guérison. Si celui-ci est atteint d’une incapacité permanente, l’employeur doit
l’affecter à un poste correspondant à ses aptitudes. Si l’employeur ne dispose
d’aucun emploi permettant le reclassement, il soumet le licenciement du travailleur à
la décision de l’inspecteur du travail. L’article 115 de l’arrêté n° 1318/FPT du 24
décembre 1976 fait obligation aux employeurs de réserver une part de leurs emplois
aux mutilés du travail. (En France parfois la caisse primaire peut accorder les primes
de fin de rééducation ou des prêts d’honneur pour faciliter le reclassement. Y. Saint-
jours, Traité T.1, p. 324).

Paragraphe II : Les prestations en espèces

Les prestations en espèce ont pour but de compenser les pertes de revenus
résultant, pour la victime, de son incapacité temporaire de travailler ou de son
incapacité permanente. Il est servi à la victime d’A.T. ou de M.P. des indemnités
journalières, en cas d’incapacité temporaire, et une rente, en cas d’incapacité
permanente.

1°) L’indemnité journalière en cas d’incapacité temporaire (art. 60 LSST)

La victime a droit, pendant toute la période qui précède la guérison, la consolidation


de la lésion ou le décès, à une indemnité journalière dont le montant est égal aux
deux tiers (2/3) de sa rémunération journalière moyenne.

SJM  2
i. j. 
3

La rémunération journalière moyenne (SJM) est obtenue en divisant le total


des rémunérations soumises à cotisation des trois derniers mois par 90.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 25


Total RM  3
SJM 
90

Le salaire soumis à cotisation comprend le salaire de base + les primes + les


indemnités (à l’exclusion de celles qui constituent des remboursements de frais) +
les gratifications + les commissions + la contre-valeur des prestations en nature,
jusqu’à concurrence du plafond de cotisation. Ce plafond est de 600 000 francs CFA
par mois ou 1800 000 par trimestre. Les prestations familiales ne sont pas prises en
compte.

1er Exemple :

1er mois : salaire de base (S.B.) 55 000, Indemnité 25 000, soit un total de
rémunération (T.R) de 80 000

2ème mois : S.B.=55 000. Indemnités = 30 000. T.R = 85 000

3ème mois : S.B. = 55 000. Indemnités= 30 000. T.R = 90 000

Total Salaire des 3 mois = 80 000 + 85 000 + 90 000 = 255 000

255 000
SJM   3 500
90

SMJ  2 3 500  2
I .J .    2 333,33
3 3

2ème Exemple

1er mois S.B. 35 000

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 26


Ind = 10 000

Total = 45 000

2ème mois S.B. 35 000

Ind 8 000

Total R = 43 000

3ème mois S.B. 35 000

Ind 12 000

Total R = 47 000

Salaire des 90 derniers jours = 45 000 + 43 000 + 47 000 = 135 000

135 000
SJM   1 500
90

SMJ  2 1 500  2
I .J .    1 000
3 3

I.J par mois = 1 000 x 30 = 30 000.

L’indemnité journalière est payée pour chaque jour d’incapacité, y compris les
dimanches et jours fériés. La caisse commence à lui verser cette indemnité le 2 ème
jour de l’arrêt de travail, l’employeur devant supporter la rémunération du jour de
l’arrêt de travail.
DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 27
L’indemnité est payée selon la même périodicité que le salaire, sans pouvoir
être inférieur à 7 jours ou supérieur à 1 mois.

Elle peut être révisée lorsqu’il y a une augmentation générale de salaire après
l’accident et que l’interruption de travail atteint 3 mois.

L’assuré est astreint à certaines obligations pendant le versement de


l’indemnité journalière. Il n’a pas le droit de travailler. Cependant on peut l’autoriser
exceptionnellement et sous certaines conditions à reprendre un travail léger : si cela
peut permettre la guérison et sur autorisation du médecin traitant avec l’accord du
médecin de la caisse. En ce cas l’indemnité journalière peut être partiellement ou
totalement maintenue.

Le versement de l’indemnité journalière prend fin avec la guérison ou la


consolidation. S’il y a guérison, le travailleur reprend le travail. S’il y a seulement
consolidation, il passe dans une autre catégorie. Il y a consolidation quand la
blessure est médicalement stabilisée.

2) La rente d’incapacité permanente

On dit qu’il y a incapacité permanente quand l’accident ou la maladie a entraîné une


réduction définitive de la capacité de travail de la victime. Cette incapacité peut être
partielle ou totale. Le degré d’incapacité permanente est déterminé d’après la nature
de l’infirmité, l’état général de la victime, son âge, ses facultés physiques et
mentales, ses qualifications professionnelles, et sur la base d’un barème indicatif
d’invalidité. Exemples :

- les deux yeux 100%, 1 œil 25 à 30%


DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 28
- les deux jambes 90 à 100%

- la main droite 70%, la main gauche 65% (ou l’inverse si c’est un gaucher) etc.

Selon le degré d’incapacité permanente, il est servi à la victime une rente ou une
allocation. Il lui est servi une rente d’incapacité permanente (I.P) lorsque le degré
d’incapacité est au moins égal à 15%. Une allocation lui est versée en une seule fois
si le degré d’incapacité est inférieur à 15%.

La rente d’incapacité permanente totale (RIPT) est égale à 85% de la


rémunération mensuelle moyenne, celle-ci étant déterminée selon les mêmes
critères que précédemment.

Ainsi :

SMM = SJM x 30 = Rémunération mensuelle moyenne = 30 fois la


rémunération journalière moyenne

SJM  30  85 SMM  85
RIPT  RIPT 
100 ou 100

La RIPT est égale à 30 fois la rémunération journalière moyenne divisé par 100
multiplier par 85.

Si on a une rémunération journalière moyenne de 3 000 francs, cela donnera :

RJM = 3 000, alors

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 29


3 000  30  85
RIPT   76 500
100

La rente d’incapacité permanente partielle (IPP) est proportionnellement


calculée à partir d’une rente d’incapacité permanente totale fictive. Par exemple si
l’incapacité permanente partielle est de 20%, la RIPP sera :

I
RIPP  RIPT 
100

SMM  85 I
RIPP  
100 100

Soit, si le SJM est de 3 000 et I (taux d’incapacité) de 20% on aura :

3 000  30  85 20 76 500  20
RIPP     15 300
100 100 100

L’allocation d’incapacité est de trois fois le montant annuel de la rente fictive


correspondant au degré d’incapacité (article 63 alinéa 3 L.SST)

Exemple : pour une incapacité de 10% l’allocation sera :

Soit RIPT de 76 500, dans l’exemple précédent,

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 30


10 76 500  10
Allocation  RIPT   12  3   12  3  275 400
100 100

La rente est versée trimestriellement. Mais elle peut être versée


mensuellement si le taux d’incapacité est élevé (presque total car le montant dépend
de la rémunération et du degré d’incapacité).

La rente, comme l’indemnité journalière, est insaisissable et incessible dans


les mêmes conditions que le salaire.

La rente peut être révisée dans le sens de la diminution ou de l’augmentation


s’il y a modification de l’Etat de l’assuré, c’est-à-dire, s’il y a aggravation ou
diminution de son incapacité. Pour permettre de suivre les modifications éventuelles
de son état, l’assuré est obligé de se soumettre aux examens médicaux requis par la
caisse. Ces examens peuvent être périodiquement organisés à intervalle de 6 mois
ou d’un an. Si l’assuré refuse de se soumettre à ces examens, la rente peut être
suspendue.

La rente peut être majorée pour assistance d’une tierce personne. Cela arrive
quand la victime est dans l’impossibilité d’accomplir seul les actes de la vie courante
et est donc obligée de recourir aux services d’une tierce personne. La majoration est
de 50%.

La rente peut être rachetée (article 73 L.SST). Le rachat consiste en une


conversion de la rente en capital. Mais ce rachat est soumis à plusieurs conditions :

- il ne peut avoir lieu qu’après un délai de cinq ans ;

- il doit être demandé dans les deux ans qui suivent ce délai de 5 ans ;

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 31


- le rachat n’est possible que si l’assuré peut prouver qu’il bénéficie de la
garantie d’un emploi judicieux du capital racheté ;

- on ne peut racheter la totalité de la rente. Le montant du capital racheté varie


avec l’âge de l’assuré et le degré d’incapacité.

3) Les droits des survivants

Si l’accident ou la maladie professionnelle entraîne le décès de la victime, ses


proches bénéficient de certains droits. Une rente de survivants leur est versée. Les
bénéficiaires de cette rente de survivants sont les ayants droit, c’est-à-dire les
personnes envers lesquelles l’assuré était tenu d’une obligatoire alimentaire. Ce
sont : le conjoint ou la ou les conjointes, les ascendants et descendants qui étaient à
la charge de l’assuré.

- La veuve ou le veuf a droit à 50% de la rente d’incapacité permanente. S’il y a


plusieurs veuves, elles se partagent les 50%.

- Chaque enfant orphelin a droit à 40% de la rente d’incapacité permanente. S’il


y a plusieurs orphelins, ils se partagent les 40% ;

- Chaque ascendant à charge a droit à 10%.

L’ensemble des rentes des survivants ne peut dépasser 85% du salaire mensuel
moyen de l’assuré c’est-à-dire le montant de la rente d’incapacité permanente totale.

Paragraphe III : L’incidence de la faute sur les prestations

Le régime d’indemnisation peut être modifié s’il y a faute commise lors de


l’accident. On distingue la faute lourde, la faute inexcusable, la faute intentionnelle.

1) La faute lourde
DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 32
La faute lourde n’a aucune incidence sur le droit à réparation. Elle n’est pas
considérée de la même façon qu’en droit du travail. En matière de sécurité sociale,
ses effets sont moins graves. La faute lourde est celle que n’aurait pas commise le
travailleur le plus inexpérimenté en la matière. Elle contient une idée de
connaissance supposée, mais pas un élément intentionnel.

Seules les fautes intentionnelles et inexcusables ont une incidence sur la réparation.

2) La faute intentionnelle

C’est la faute commise en toute connaissance des résultats de l’acte et en vue de la


production de ces résultats constitutifs de dommage. Il y a ici un élément
connaissance et un élément intentionnel.

En cas de faute intentionnelle de la victime elle-même, celle-ci ne touche


aucune prestation au titre de l’assurance accident du travail et maladie
professionnelle.

En cas de faute intentionnelle de l’employeur ou de l’un de ses préposés, la


victime touche normalement les prestations sur la base forfaitaires, mais elle a le
droit d’intenter une action en justice sur la base de l’article 1382 c. civ. en vue
d’obtenir un complément de réparation du préjudice patrimonial. De plus, elle peut
demander la réparation du préjudice extrapatrimonial, la caisse ne réparant pas ce
type de préjudice.

La caisse aura le droit de demander le remboursement des prestations


versées par elle à l’auteur de la faute intentionnelle.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 33


3) La faute inexcusable

Selon la cour de cassation française la faute inexcusable « s’entend de celle d’une


gravite exceptionnelle dérivant d’un acte ou d’une omission volontaire, de la
conscience du danger que devait en avoir son auteur et l’absence de toute cause
justificative et se distinguant par le défaut d’un élément intentionnel de la faute
intentionnelle » (C. Cass., 16 juillet 1941, D. 41, 117).

Les éléments de cette définition sont :

- la gravité exceptionnelle,

- l’élément connaissance,

- l’absence de cause justificative (exemple de cause justificative, porter secours


à une personne en danger),

- l’absence d’élément intentionnel.

En d’autres termes, la faute inexcusable est « la faute d’une gravité exceptionnelle,
commise en toute connaissance des conséquences dommageables de l’acte ou de
l’omission et caractérisée par l’acceptation téméraire de ces conséquence sans
motifs ».

La faute inexcusable de la victime elle-même n’a pas d’incidence sur les


prestations en nature et les indemnités journalières, mais elle a une incidence sur la
rente d’incapacité permanente : il y a possibilité de diminuer le taux de la rente et, en
cas de décès, de diminuer la pension versée aux ayants droits.

En cas de faute inexcusable de l’employeur ou de son préposé la victime


touche toutes les prestations ordinaires, mais lorsqu’il y a lieu à versement d’une

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 34


rente, celle-ci est majorée en raison de la gravité de la faute. L’employeur peut être
amené à payer une cotisation supplémentaire.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 35


CHAPITRE II : LA BRANCHE DES PENSIONS

La branche des pensions comprend : l’assurance d’invalidité, l’assurance vieillesse


et l’assurance décès (ou survivant).

SECTION I : L’ASSURANCE D’INVALIDITE

On examinera les conditions d’admission au bénéfice de cette assurance


avant d’aborder la nature des prestations qui sont servies.

Paragraphe I : Conditions d’admission

Trois types de conditions doivent être remplies :

- la condition tenant à l’invalidité,

- la condition tenant à la qualité du bénéficiaire,

- la formalité à remplir c’est-à-dire la demande

Les deux premières constituent les conditions de fond.

1) Conditions de fond : l’invalidité et la qualité du bénéficiaire

a) L’invalidité

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 36


Dans la conception classique, l’invalidité est l’altération d’une faculté physique. La
sécurité sociale a une conception moins large. Pour elle, un coureur professionnel
qui se casse une jambe est invalide, mais pas un standardiste. De même un pianiste
qui perd un doigt est invalide, mais pas un footballeur. L’invalidité est liée à
l’incapacité d’exercer sa profession.

Selon l’article 82 de la L.SST, est considéré comme invalide l’assuré qui, par suite de
maladie ou d’accident d’origine non professionnel, a subi une diminution permanente
de ses capacités physiques ou mentales le rendant incapable de gagner plus qu’un
tiers de la rémunération qu’un travailleur ayant la même qualification ou la même
formation peut se procurer par son travail. L’invalidité est constatée par le médecin
de la caisse.

b) La qualité de bénéficiaire

Pour avoir la qualité de bénéficiaire, l’assuré doit avoir été immatriculé à la caisse
depuis au moins cinq (5) ans et doit totaliser six (6) mois d’assurance au cours des
12 derniers mois précédant le début de l’invalidité. L’assuré ne doit pas avoir atteint
l’âge de départ à la retraite fixé entre 56 ans et 63 ans selon la catégorie
socioprofessionnelle.

Mais est dispensé des conditions de 5 ans d’immatriculation et 6 mois


d’assurance dans les 12 derniers mois, l’assuré qui est devenu invalide par suite
d’un accident. Cet assuré doit seulement avoir occupé un emploi assujetti à
l’assurance à la date de l’accident et être immatriculé avant cette date.

2) Les formalités à accomplir

L’assuré introduit une demande pour bénéficier de la pension d’invalidité. Son état
d’invalidité fera l’objet d’une constatation par certificat médical.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 37


Paragraphe II : Les prestations

Le montant mensuel de la pension d’invalidité est égal à 2% de la


rémunération mensuelle moyenne multiplié par le nombre de périodes de 12 mois
d’assurance. Pour les périodes antérieures à 2006, c’est le taux de 1,33% qui est
appliqué.

On considère comme mois d’assurance tout mois pendant lequel l’assuré a travaillé
18 jours au moins. Pour le calcul de ses mois d’assurance, les années comprises
entre l’âge de la retraite et l’âge effectif de l’invalide à la date où la pension prend
effet sont assimilées à des années d’assurance à raison de six mois par année. Par
exemple, si l’assuré devient invalide à 50 ans, les années comprises entre 56 et 50
sont prises en compte à raison d’une ½ année par an. Soit : 6 ans : 2 = 3 ans
d’assurance si l’on considère 56 ans comme âge légal de la retraite.

La pension d’invalidité prend effet soit à la date de la consolidation ou de la


stabilisation de l’état de l’assuré soit à l’expiration d’une période de 6 mois
consécutifs d’incapacité si de l’avis du médecin, l’incapacité devait durer
probablement encore 6 mois au moins.

Le salaire mensuel moyen s’obtient en divisant par 60 le total des


rémunérations soumises à cotisation au cours des cinq meilleures années de la
carrière de l’assuré. Pour les périodes antérieures à 2006, le salaire mensuel moyen
s’obtient en divisant par 36 ou par 60 le total des rémunérations soumises à
cotisation au cours des trois ou des cinq dernières années. SMM = TR x 1/36 ou TR
x 1/60 (TR = total des rémunérations des 3 ou 5 dernières années).

Selon l’article 87, alinéa 2, « le montant mensuel de la pension de vieillesse


ou d’invalidité ou de la pension anticipée ne peut être inférieur à 60% du salaire

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 38


mensuel minimum interprofessionnel garanti le plus élevé correspondant à une durée
de travail hebdomadaire de 40 h. Ce montant minimal ne peut dépasser cependant
80 pour cent de la rémunération mensuelle de l’assuré ».

Exemple de calcul

Un assuré ayant 18 ans d’immatriculation avant 2006, devient invalide à 47


ans.

Pour calculer le montant de la pension, c’est la loi n°13/72/AN portant code de


sécurité sociale qui s’applique.

Temps de cot isation  18  12 


53  47  12  216  36  252 mois
2

Majoration du taux 
252  180 1,33%  72  1,33%  6  1,33  7,98%
12 12

Taux de la pension  20  7,98%  27,98%

Rémunérations des 3 dernières années = 260 000

240 000

220 000

-------

TR = 720 000

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 39


S mm 
720 000  1  20 000
36

20 000  27,98
Pension Invalidité   5 596 par mois
100

Ce montant est inférieur à 60% du SMIG i.e.

30 684  60  18 411


100

Mais 60% du SMIG (18 411) est supérieur à 80% de 20 000. Il lui sera alors
servi une pension d’un montant mensuel égal à 80% de 20 000 soit 16 000.

La pension sera augmentée de 50% si l’assuré est obligé de recouvrir à une


tierce personne pour les actes de la vie courante.

La pension n’a pas un caractère définitif : elle peut être révisée, suspendue ou
même supprimée. Elle est révisée en augmentation ou en diminution s’il y a
modification de l’état de l’invalide, par exemple si son état s’aggrave ou au contraire
s’il trouve un emploi rémunéré.

Elle peut être suspendue si l’invalide trouve un emploi qui lui assure 50% de
sa rémunération antérieure. Elle est supprimée si son nouveau travail assure un
salaire atteignant celui d’avant.

La pension d’invalidité est transformée en pension de vieillesse si l’assuré


atteint l’âge de la retraite.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 40


Signalons que les ayants droits du pensionné invalide auront, comme en
matière d’assurance vieillesse, droit à certaines prestations en espèces et en nature,
en cas de décès de l’assuré. Il s’agit du conjoint survivant et des enfants à charge.

SECTION II : L’ASSURANCE VIEILLESSE (OU RETRAITE)

Quelles sont les conditions d’admission au bénéfice et les prestations servies


au titre de cette assurance ?

Paragraphe I : Conditions d’admission

La première condition parmi les plus importantes tient à la notion de vieillesse.


Dans l’acception médicale, un individu est vieux quand ses tissus sont fatigués.
Cette conception est d’application difficile car même les spécialistes ne sont pas
sûres de l’évaluation de la vieillesse. Une deuxième conception, sociologique celle-
là, se fonde sur l’utilité sociale du travailleur. L’individu a travaillé pendant par
exemple 30 ans, il est tout à fait normal qu’on lui verse des prestations quand il ne
peut plus travailler. Cette conception sociologique veut donc que l’on accorde la
retraite à partir d’un certain âge. La sécurité sociale retient cette conception avec des
aménagements consistant à autoriser la retraite avant l’âge fixé.

Les autres conditions de fonds ouvrant droit au bénéfice des prestations de


retraite sont :

- avoir atteint la limite d’âge de départ à la retraite,

- avoir cotisé pendant 180 mois au moins,

- enfin, avoir cessé toute activité professionnelle.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 41


En ce qui concerne les conditions de forme, (ou formalités à accomplir), l’assuré doit
déposer une demande de liquidation de pension ou de rente à la Caisse et produire
les pièces justificatives.

Lorsqu’il s’agit d’un assuré qui demande à prendre une retraite anticipée,
c’est-à-dire avant légal de départ, il doit réunir les conditions suivantes :

- être âgé de 50 ans

- avoir cotisé pendant 180 mois

- avoir cessé toute activité

- produire à l’appui de sa demande de pension anticipée une attestation de son


employeur indiquant qu’il est inapte à remplir ses fonctions et un certificat
médical établissant l’usure prématurée de ses facultés. La caisse peut faire
effectuer une enquête auprès de l’employeur et un examen médical par son
médecin. En cas de désaccord entre le médecin de la caisse et le médecin de
l’assuré, il est procédé à une expertise médicale. L’avis de l’expert n’est pas
susceptible de recours.

Paragraphe II : Les prestations

Les droits de l’assuré dépendent de ses années de cotisation. Il a droit à une


pension s’il a cotisé pendant 15 ans, à une allocution ou à remboursement s’il n’a
pas atteint 15 ans de cotisation.

1) La pension de vieillesse

Selon l’article 87 de la loi n°015-2006/AN, le montant mensuel de la pension de


vieillesse est égal à 2% du salaire mensuel moyen pour chaque période de 12 mois
de cotisation. Mais la même loi stipule que, pour les périodes de cotisation

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 42


antérieures à son entrée en vigueur c'est-à-dire Mai 2006, ce sont les dispositions de
la loi 13/72/AN qui s’appliquent (art 129 LSST).

En clair, le montant de la pension sera obtenu en additionnant deux montants :

- le premier montant est déterminé par application des dispositions de la loi


13/72/AN aux périodes de cotisations antérieures à mai 2006 ;

- le second montant est déterminé par application des dispositions de la loi


n°015-2006/AN.

En tout état de cause, le montant mensuel de la pension ne peut être inférieur à 60%
du SMIG mensuel correspondant à une durée hebdomadaire de travail de quarante
heures par semaine (art. 87 al 2). Si tel était le cas, il est servi à l’assuré le montant
minimal de 60% du SMIG. Toutefois ce montant minimal ne doit pas dépasser 80%
de la rémunération mensuelle moyenne de l’assuré.

La pension de vieillesse, la pension d’invalidité et la pension anticipée se


calculent de la même façon : 20% du salaire de référence (SR1) majoré de 1,33%
pour chaque période de 12 mois au delà de 180 mois pour les périodes antérieures à
mai 2006 et 2% du salaire de référence (SR2) pour chaque année de cotisation pour
les périodes après.

Le salaire de référence SR1 est définie comme la soixantième partie du total des
rémunérations soumises à cotisation au cours des 5 ou 3 dernières années.

Le salaire de référence SR2 est définie comme la soixantième partie du total des
rémunérations soumises à cotisation au cours des 5 meilleures années de la
carrière.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 43


Exemple

Si l’assuré a cotisé pendant 16 ans (192 mois) et si ces cotisations ont été
effectuées avant mai 2006, il a droit à 20% du salaire de référence (avec une
majoration de 1,33 pour la période de 12 mois au delà de 180 mois. Sa pension sera
calculée sur la base de 21,33% du salaire mensuel moyen et non sur 20%.

Si l’assuré a cotisé pendant 16 ans dont une année après mai 2006, il a droit
20% de SR1 augmenté de 2% de SR2.

La pension de vieillesse est payée trimestriellement. Les mêmes règles jouent


en ce qui concerne la pension anticipée.

Remarque : En plus de la pension, l’assuré a droit à une bonification pour


enfants à charge, jusqu’à 6 enfants au maximum.

Sont considérés comme enfants à charge, les enfants jusqu’à 15 ans révolus
qui vivent avec l’assuré et dont celui-ci assume de façon permanente l’entretien,
ceux jusqu’à 18 ans qui sont placés en apprentissage et ceux jusqu’à 21 qui
poursuivent des études (Voy. art. 37 L.SST.).

Entrent dans les catégories d’enfants à charge :

- les enfants de l’assuré(e)

- les enfants du conjoint ou ceux placés sous la tutelle de l’un des conjoints ;

- les enfants adoptés par l’assuré ou son conjoint conformément aux règles du
code civil ;

- les enfants des mères célibataires salariés ;

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 44


- les enfants d’un travailleur déclaré incapable et placé sous tutelle ;

- les enfants d’un travailleur décédé placés sous tutelle.

2) L’allocation de vieillesse

L’assuré qui a atteint l’âge de départ à la retraite sans avoir réuni 15 ans ou 180 mois
de cotisation a droit à une allocation de vieillesse versée en une seule fois pour
toute.

« Le montant de l’allocation de vieillesse est égal à autant de mensualités de


la pension de vieillesse à laquelle l’assuré aurait pu prétendre au terme de 180 mois
d’assurance, qu’il a accompli de période de 6 mois d’assurance » (art.88).

Par exemple, s’il a cotisé pendant 12 ans soit 144 mois, cela fait 24 périodes
de 6 mois. Il aura donc 24 fois sa pension mensuelle fictive de vieillesse. Si les
cotisations ont été effectuées avant mai 2006, l’allocation se calcule comme suit :

soit un salaire mensuel moyen de 150 000 frs sa pension fictive sera de

150 000  20
 30 000
100

son allocation sera de 30 000 x 24 = 720 000.

SECTION III : LA PENSION DE SURVIVANT (OU DE DECES)

En cas de décès d’un assuré ou d’un pensionné :

- La veuve ou le veuf a droit à 50% de la pension qu’avait ou qu’aurait eu droit


le défunt. S’il y a plusieurs veuves, elles se partagent les 50% ;

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 45


- L’enfant orphelin a droit à 50% de la pension qu’avait ou qu’aurait eu droit le
défunt. S’il y a plusieurs orphelins, ils se partagent les 50% ;

- Si le défunt est célibataire sans enfant, chaque ascendant en ligne directe a


droit à 25% de la pension qu’avait ou qu’aurait eu droit le défunt.

L’ensemble des pensions de survivants ne peut dépasser 100% de la pension


qu’avait ou qu’aurait eu droit le défunt (art 91 LSST).

Les survivants n’ont droit à ces pensions que si l’assuré défunt justifiait de 180
mois d’assurance. Si l’assuré ne remplissant pas ces conditions, les survivants (la
veuve ou le veuf invalide ou à défaut, les orphelins) bénéficieront d’une allocation de
survivant versée en une seule fois. Cette allocation est calculée comme à l’article 88
(montant égal à autant de mensualités de la pension de vieillesse à laquelle l’assuré
aurait pu prétendre au terme de 180 mois d’assurance qu’il avait accompli de période
de 6 mois d’assurance à la date du décès).

Sont considérés comme survivants : (art. 90 LSST)

- Le conjoint survivant à condition que le mariage ait été contracté avant le


décès. Le droit s’éteint en cas de remariage. En France depuis un arrêt de
l’assemblée plénière du 30 janvier 1970 (D. 70. 221 concl. Lindon, note
Dupeyroux), la concubine peut être bénéficiaire des prestations de l’assurance
décès.

- les enfants à charge du défunt tels qu’ils sont définis à l’article 38 de la loi ;

- les ascendants en ligne directe qui étaient à la charge de l’assuré célibataire


sans enfant.

CHAPITRE III : LES PRESTATIONS FAMILIALES ET DE


MATERNITE

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 46


La branche des prestations familiales comprend : les allocations familiales, les
allocations prénatales et les prestations de maternité.

Les personnes couvertes par cette branche bénéficient aussi bien de prestations en
nature et en espèce.

Les conditions générales d’ouverture au bénéfice de ces prestations sont


d’ordre professionnelles (exercice d’une activité salariée) ou familiales (grossesse,
enfant à charge).

SECTION I : CONDITIONS D’OUVERTURE AU BENEFICE DES


PRESTATIONS FAMILIALES

Les personnes qui bénéficient des prestations familiales sont des femmes
assurées sociales elles-mêmes, ou les femmes des assurés sociaux. Il faut donc
faire la distinction entre l’allocataire et l’attributaire. L’allocataire est la personne du
chef de laquelle les prestations sont dues (généralement le mari ou l’enfant).
L’attributaire est la personne entre les mains de laquelle le paiement est fait (la mère
normalement ou le père ou le tuteur).

Ces précisions faites, quelles sont les conditions de fond et de forme ?

Paragraphe I : Conditions de fond

Il y a les conditions générales et des conditions particulières :

- La première condition générale de fond est d’ordre professionnel : le


travailleur doit être immatriculé à la caisse de sécurité sociale et justifier de 3
mois de travail consécutif chez 1 ou plusieurs employeurs. Si c’est une
personne non en activité, elle remplit les conditions requises s’il s’agit soit d’un

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 47


titulaire d’une pension de vieillesse ou d’invalidité ayant des enfants à charge,
soit d’une veuve d’un allocataire décédé qui n’était pas titulaire d’une pension.

- La seconde condition générale tient à la situation familiale c’est-à-dire les


charges de famille.

Les allocations familiales sont attribuées à l’assuré pour chacun des enfants à
charges dans la limite de six enfants (art. 37 LSST). La limite d’âge des enfants pris
en compte est de 15 ans. Mais cet âge est porté à 18 ans pour l’enfant placé en
apprentissage et à 21 ans pour l’enfant poursuivant des études. Pour cela, il a déjà
été dit, il faut que l’enfant entre dans une des catégories suivantes :

- les enfants de l’assuré(e)

- les enfants du conjoint ou ceux placés sous la tutelle de l’un des conjoints ;

- les enfants adoptés par l’assuré ou son conjoint conformément aux règles du
code civil ;

- les enfants des mères célibataires salariés ;

- les enfants d’un travailleur déclaré incapable et placé sous tutelle ;

- les enfants d’un travailleur décédé placés sous tutelle.

Les enfants à charge sont « ceux qui vivant avec l’assuré et dont il assure de
façon permanente l’entretien ».

Les conditions particulières qui peuvent s’y ajouter tiennent au type de


prestations : par exemple, pour les prestations de maternité, il faut que la femme soit
en état de grossesse.

Paragraphe 2 : Conditions de forme

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 48


L’assuré doit faire une demande de prestations familiales. La caisse lui
attribue un matricule d’allocation et un livret familial d’allocataire.

La femme de l’assuré ou la femme elle-même assurée est tenue d’accomplir les


formalités ci-après :

- 1°) faire la déclaration de grossesse accompagnée d’un certificat médical.


Cette déclaration est faite dans les trois premiers mois de la grossesse (par
lettre ou au guichet). Le retard de déclaration entraîne la perte des 3 mois
d’allocations prénatales. La caisse lui remet un carnet de grossesse et de
maternité.

- 2°) se soumettre aux examens médicaux et à la surveillance médicale. Il y a


trois examens médicaux prénataux effectués au cours du 3 ème mois, du 6ème et
du 8ème mois. Des examens post-nataux sont aussi faits après
l’accouchement. La femme soit se prêter à ces examens et respecter les
conseils des assistantes sociales ou infirmières.

SECTION II : LES PRESTATIONS

On distingue les prestations en nature et les prestations en espèce. Mais


l’effort principal de la caisse de sécurité sociale se portent sur les prestations en
nature (hormis l’indemnité journalière de maternité)

Paragraphe 1: Les prestations en nature

Ces prestations se constituent essentiellement :

- 1° de la prise en charge par la caisse des examens médicaux prénataux et


post-nataux ;

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 49


- 2° de la prise en charge des frais d’accouchement et de la femme salariée
dans une formation sanitaire agréée, ainsi que, le cas échéant, des soins
médicaux nécessaires pendant la période de congé de maternité ;

- 3° de l’aide à la mère et au nourrisson par des dons de matériels ou de


produits (lait par exemple). Cette aide est fournie sur le fonds d’action
sanitaire et sociale (art. 93 LSST.). Ce fonds est alimenté par le produit des
majorations de retard perçues à l’encontre des employeurs qui ne versent pas
les cotisations en temps utile, et par prélèvement sur les recettes des
différentes branches de la sécurité sociale si la situation des réserves de ces
branches le permet (art. 24 LSST. sur la réserve technique et la réserve de
sécurité).

Paragraphe 2 : Les prestations en espèces

Ces prestations sont constituées :

- les allocations familiales

- des allocations prénatales

- des indemnités journalières de maternité de la femme salariée (chap. VII art.


68 et S. du C.S.S.).

a) Les allocations prénatales

La femme salariée ou le conjoint femme d’un travailleur salarié bénéficie


d’allocations prénatales à compter du jour de la déclaration de grossesse. Si cette
déclaration a été faite dans les trois premiers mois de la grossesse, les allocations
prénatales sont dues pour les 9 mois ayant précédé la naissance. Son taux est de
350 francs CFA par mois soit 3 150 frs pour les 9 mois. Le paiement de ces
allocations est subordonné à l’observation des prescriptions médicales (art. 50 arrêté
n° 1318 – perte si examen non subi).

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 50


b) Les allocations familiales

Les allocations familiales sont liquidées sur la base de 2 000 frs par mois et par
enfant à charge. Elles sont en principe payées à terme échu tous les trois (3) mois,
entre les mains de la mère. Mais elles peuvent être directement payées par
l’employeur au travailleur allocataire. Le paiement de ces allocations est subordonné
à des obligations particulières. L’allocataire doit justifier :

- d’une activité salariée car l’allocation est payée par mois d’assurance. On
entend ici par mois d’assurance, tout mois civil pour lequel l’allocataire a
justifié d’une activité salariale d’au moins 18 jours ou d’au moins 120 heures
(la justification est faite par un bulletin de présence signé de l’employeur) ;

- fournir un certificat de visite médicale tous les deux mois pour chaque enfant
de moins d’un an ;

- fournir un certificat de vie ou de scolarité tous les ans pour ceux de 1 à 6 ans ;

- fournir un certificat de scolarité ou d’apprentissage pour ceux de 14 à 21 ans,


ou un certificat médical pour les infirmes. (voir statistique des prestations de la
CNSS dans « Echo de la CNSS n°3, 2ème trimestre 1983).

c) L’indemnité journalière de maternité

La femme salariée a droit, pendant les 14 semaines de congé de maternité, à une


indemnité journalière égale à 100% de son salaire soumis à cotisation (ainsi qu’à la
prise en charge des frais d’accouchement). Elle conserve donc la totalité de son
salaire à la charge de la CNSS (et non plus à 50% à la charge de la caisse et 50% à
la charge de l’employeur comme c’était le cas jusqu’en 1981). L’indemnité journalière
ne se cumule pas avec les allocations prénatales.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 51


Dans le cas d’un repos supplémentaire justifié par une maladie résultant de la
grossesse ou de la fausse couche, l’indemnité journalière peut être payée jusqu’à
concurrence d’une période supplémentaire de trois semaines. S’il y a erreur du
médecin dans l’estimation de la date d’accouchement, elle conserve son droit à
l’indemnité journalière à compter de la date indiquée sur le certificat jusqu’à la date
de l’accouchement.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 52


CHAPITRE IV : LE CONTROLE ET LE CONTENTIEUX DE LA
SECURITE SOCIALE

La réglementation de sécurité sociale est soumise au même type de contrôle


administratif qu’en matière de droit du travail. Par exemple, le contentieux de la
sécurité sociale, bien que faisant une large part à la compétence des juridictions du
travail, connaît de nombreuses particularités.

SECTION I : LE CONTROLE

Le contrôle de l’application par les employeurs de la réglementation en


matière de sécurité sociale est assuré par les agents de contrôle de la caisse et par
les inspecteurs et contrôleurs du travail.

Paragraphe I : L’intervention de l’inspection du travail

L’inspection du travail intervient dans le contrôle de l’application de la


législation et de la réglementation de sécurité sociale à deux titres :

- D’abord par le fait que certaines directions extérieures du travail peuvent être
chargées des services de la caisse de sécurité sociale là où la caisse n’en
dispose pas.

- Ensuite par l’obligation faite aux employeurs de faire certaines déclarations à


l’inspection du travail, qui concernent aussi la réglementation de sécurité
sociale.

Par exemples :

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 53


L’employeur est tenu de produire une déclaration trimestrielle indiquant pour
chacun des salariés qu’il a occupé au cours de la période, le montant total des
rémunérations ou gains perçues ainsi que la durée du travail effectué. Cette
déclaration est transmise à la CNSS et à l’inspection du travail (art. 17 LSST).

L’employeur est tenu de déclarer à la caisse et à l’inspecteur du travail, dans


un délai de 48 heures, tout accident de travail et toute maladie professionnelle dont
est victime un travailleur (art. 55 LSST). L’inspecteur du travail doit procéder à une
enquête si la blessure paraît entraîner la mort ou une incapacité permanente totale
ou partielle d’au moins 15%, ou lorsque la victime est décédée (article 18 et s. de
l’arrêté n° 1318 du 24/12/1976).

Et aussi par le fait que l’inspecteur du travail donne son avis quant le Directeur
de la caisse veut user des procédures de contraintes contre un employeur pour le
recouvrement des cotisations (art. 20 et 21 LSST).

(Pour toutes ces raisons l’inspecteur du travail était dénommé inspecteur du


travail et de la sécurité sociale, puis inspecteur du travail et des lois sociales.
Aujourd’hui, la loi de 1992 retient l’appellation simple d’inspecteur du travail).

Paragraphe II : Les agents de contrôle de la caisse

Le contrôle est surtout assuré par les agents de contrôle de la CNSS. Ceux-ci
ont à peu près les mêmes statuts et attributions que les contrôleurs du travail (art.
113 LSST).

SECTION II : LE CONTENTIEUX DE LA SECURITE SOCIALE

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 54


L’existence d’un contentieux particulier en matière de sécurité sociale se
justifie par le caractère technique des litiges d’ordre médical et par le fait que la
caisse de sécurité sociale est un organisme public.

Bien de difficultés se posent quand il faut faire la délimitation de compétences


entre celle du tribunal de travail, qui est la juridiction normalement compétente en
matière de sécurité sociale, et celles des autres juridictions relevant d’un autre
contentieux. Par ailleurs, tous les litiges relevant du contentieux particulier de la
sécurité sociale ne suivent pas la même procédure de règlement.

Ainsi peut-on distinguer deux types de contentieux de la sécurité :

- le contentieux général

- et le contentieux technique ou médical.

A ces deux types s’ajoutent les contentieux relevant des juridictions civiles, pénales
ou administratives.

Paragraphe I : Le contentieux général

Au termes de l’article 116 (LSST), « les litiges auxquels donne lieu


l’application des législations et réglementations de sécurité sociale visant les
assurés, les employeurs et la caisse, à l’exception des affaires pénales et des litiges
qui appartiennent exclusivement par leur nature à un autre contentieux, seront réglés
par le tribunal du travail dans le ressort duquel se trouve la résidence habituelle de
l’assuré ou le siège social au Burkina Faso de l’employeur intéressé ».

1) La compétence du tribunal du travail

La compétence du tribunal du travail repose sur deux critères : l’applicabilité des lois
et règlements de sécurité sociale, la portée habituelle ou générale de la décision.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 55


a) L’applicabilité des lois et règlements de sécurité sociale

Il faut que le litige donne lieu à l’application des lois et règlements de sécurité
sociale, mais que ceux-ci ne relèvent pas, par leur nature, d’un autre contentieux.

Les litiges visés par l’article 116 sont essentiellement ceux relatifs : à
l’assujettissement au régime de sécurité sociale, au recouvrement des cotisations, et
au service des prestations des divers régimes.

Relèvent ainsi du contentieux général :

1°) Les litiges concernant les assurés et relatifs :

- à l’affiliation ou le refus d’affiliation ;

- au caractère professionnel ou non professionnel de l’accident ou de la


maladie ;

- à la faute inexcusable de la victime ou de l’employeur ;

- à la faute intentionnelle de la victime ;

- aux contestations sur l’attribution ou sur le montant des prestations etc…

2°) Les litiges concernant les employeurs et relatifs :

- au montant des cotisations et des majorations de retard ;

- à la faute inexcusable du préposé de l’employeur ;

- au remboursement des prestations à la caisse etc…

3°) Les différends entre la caisse et les bénéficiaires et les employeurs, etc.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 56


Seront par contre exclus de la compétence du tribunal du travail, les litiges
concernant le fonctionnement de la caisse, c’est-à-dire ceux qui opposent la caisse à
l’autorité de tutelle, aux fournisseurs et dans une certaine mesure, au personnel. Ces
litiges relèvent des juridictions civiles ou administratives. (Mais en ce qui concerne
les litiges entre la caisse et son personnel ceux-ci relèvent en général de la
compétence du tribunal du travail, et exceptionnellement de la compétence de la
juridiction administrative, pour les fonctionnaires détachés ou soumis à un contrat de
droit public).

b) La portée des décisions

Compte tenu de la nature d’organisme public de la caisse, ses décisions peuvent


être à la portée générale ou individuelle.

Si la décision est de portée individuelle, le litige relève par nature de la


compétence de la juridiction normale de sécurité sociale, c’est-à-dire le tribunal du
travail.

Si la décision est de portée générale, il faut faire la distinction entre les


décisions de caractère réglementaire et celles non réglementaires.

Les décisions de caractère réglementaire relevant de la compétence de la


juridiction administrative.

Les actions dans le cadre du contentieux général peuvent être engagées par
les assurés, les employeurs ou la caisse. Ces contestations sont portées d’abord
devant une commission de recours gracieux, puis devant le tribunal du travail.

2) La procédure en matière de contentieux général

La procédure comprend trois phases : une phase gracieuse devant la commission de


recours gracieux, une phase contentieuse devant le tribunal du travail, et la
possibilité d’exercer des recours en appel et en cassation.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 57


a) La commission de recours gracieux

Cette commission est constituée au sein du conseil d’administration de la caisse et


comprend cinq membres (cf statuts particuliers de la CNSS) :

- le président du conseil d’administration, membre de droit :

- deux représentants travailleurs ;

- et deux représentants employeurs.

Les 4 derniers membres sont désignés pour un an renouvelable.

Le recours devant cette commission est une procédure obligatoire et préalable


à la saisine du tribunal. La décision de la commission doit être motivée et notifiée à la
partie plaignante. Si dans un délai de deux mois à compter de la date de
réclamation, la partie plaignante n’a pas reçu notification de la décision, elle peut
considérer sa demande comme rejetée et se pourvoir devant le tribunal dans un
délai de 2 mois. Mais ce délai peut être interrompu par la notification faite par la
caisse.

L’article 16 de l’arrêté n° 1317 du 24 décembre 1976 prévoit que l’employeur à


qui est appliqué une majoration de retard pour non acquittement des cotisations dans
les délais prescrits, peut formuler une demande gracieuse en réduction de la
majoration devant le Directeur de la caisse, qui est compétent pour statuer si la
demande ne dépasse pas un montant initial fixé chaque année par le conseil
d’administration. Au delà de ce chiffre, c’est la commission qui statue.

b) La procédure devant le tribunal du travail et les recours

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 58


Le requérant dispose d’un délai de deux (2) mois à compter de la date de notification
de la décision de la commission de recours gracieux pour saisir le tribunal du travail
(ou un délai de deux mois après la date présumée de rejet).

Le tribunal statue dans les conditions prévues par le Code du travail. Il n’est plus
exigé une phase de conciliation devant l’inspecteur du travail.

L’appel est exercé dans les conditions prévues par le Code du travail.

Le recours en cassation est exercé dans les conditions de droit commun devant la
chambre judiciaire de la cour suprême.

En matière de recouvrement des cotisations, la caisse dispose de moyens


d’actions plus promptes pouvant lui éviter la voie judiciaire : ce sont la mise en
demeure et la contrainte.

Si un employeur ne paie pas ses cotisations dans les délais requis, la caisse
le met en demeure par lettre recommandée d’avoir à régulariser sa situation dans un
délai de 15 jours au moins et de trois mois au plus (art 20 LSST) .Cette mise en
demeure est préalable à toute poursuite.

Si après la mise en demeure, l’employeur ne s’exécute pas, la caisse peut lui


délivrer, après avis de l’inspecteur régional du travail, une contrainte (Art 21 LSST).
Cette contrainte est visée et rendue exécutoire par le président du tribunal du travail.
Elle vaut titre exécutoire et comporte tous les effets d’un jugement (exécution par
mandataire de justice).

L’employeur peut obtenir l’interruption de l’exécution de la contrainte en


saisissant le tribunal en contestation de la réalité du montant de la dette. Le
paiement des cotisations et des majorations de retard est garanti par un privilège sur
les biens meubles et immeubles du débiteur, qui prend rang immédiatement après
celui garantissant le paiement des salaires. (La majoration de retard est de 1,5% par
mois ou fraction de mois appliquée sur les cotisations qui n’ont pas été acquittées
dans les délais (art 16 LSST). Les cotisations sont acquittées mensuellement dans
les 15 premiers jours du mois suivant ou trimestriellement si l’entreprise emploie au
moins de 20 travailleurs art. 15-1 et 2 de l’arrêté n° 1317 du 24/12/76. Si défaut de

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 59


déclaration nominative, la majoration est de 2% du SMIG pour chaque travailleur non
déclaré art. 19 arrêté 1317.

En ce qui concerne les cotisations dues par les collectivités locales et autres
personnes morales de droit public, la caisse peut saisir l’autorité de tutelle de la
personne morale débitrice. L’autorité de tutelle ordonne, dans les trois mois suivant
la date d’échéance des cotisations, le paiement d’office des sommes dues par arrêté
tenant lieu de mandat de l’ordonnateur de la personne morale débitrice. Cette
procédure se justifie par le fait que les cotisations sont des dépenses obligatoires (cf.
art. 119 LSST).

L’ordonnateur de la personne morale débitrice est tenue : d’exécuter


immédiatement l’ordre de paiement si des fonds sont disponibles ou de suspendre
tout autre paiement à l’exception des salaires, jusqu’à exécution totale de l’ordre.
Cette procédure ne semble pas réellement utilisée puisque les personnes morales
visées sont souvent lourdement débitrices à l’égard de la CNSS.

Paragraphe II : Le contentieux technique ou médical

Le contentieux technique a pour objet de trancher les contestations relatives à


l’état de l’assuré (cf. article 117 LSST). Suivant l’énumération de cet article, entrent
dans le champ de ce contentieux les contestations portant sur :

- la date de consolidation en cas de réalisation d’un risque professionnel


(accident du travail ou maladie professionnelle) ;

- le taux d’incapacité permanente ;

- l’existence d’une usure prématurée des facultés physique ou mentale c’est-à-


dire l’état d’inaptitude du travailleur en matière d’assurance vieillesse ;

- l’existence ou la gravité de l’invalidité

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 60


Ces contestations donnent lieu à l’application d’une procédure d’expertise
médicale. Un médecin expert est désigné d’un commun accord par le médecin
traitant et le médecin de la CNSS. A défaut d’accord, l’expert est désigné par le
Ministre de la Santé sur une liste établie par lui. L’expert rédige un rapport qu’il remet
à la caisse et au médecin traitant dans le délai d’un mois de sa saisine (art. 122 de
l’arrêté n° 1317 du 24 décembre 1976).

L’avis de l’expert n’est pas susceptible de recours. Il s’impose à la caisse et à


l’assuré (N.B. la procédure semble peu utilisée au Burkina Faso). Cette autorité
absolue de l’avis ne souffre d’exception que dans les cas :

- d’irrégularité de forme ou de fond de l’expertise ;

- ou de nécessité de complément d’expertise, lorsque l’avis n’est pas clair,


précis et non équivoque.

En matière d’appareillage, il est crée, auprès du Ministre de la Santé, une


commission d’appareillage qui statue sur :

- les rejets de demande de fourniture, de réparation, de renouvellement ou de


remplacement d’appareils de prothèse ou d’orthopédie ;

- le refus par la caisse de l’appareil choisi par la victime ou le médecin traitant.

Paragraphe III : Les autres types de contentieux

Certaines contestations peuvent relever des juridictions pénales, civiles ou


administratives.

1) Les juridictions pénales

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 61


Les juridictions pénales sont compétentes pour sanctionner les infractions au droit de
la sécurité sociale, de même qu’elles peuvent, par voie d’exception, se prononcer sur
le fond du différent (qualifier par exemple un accident de professionnel).

Selon l’article 121 LSST, l’employeur qui a contrevenu aux prescriptions de la


loi et de ses textes d’application peut être poursuivie devant les juridictions pénales
soit à la requête du ministère public, de sa propre initiative ou à la demande du
Ministère du travail, soit à la requête de la caisse ou de toute partie intéressée.

Les infractions visées, du chef de l’employeur, concernent essentiellement :

- La non déclaration par l’employeur, d’un accident de travail ou d’une maladie


professionnelle (cf. article 55 LSST.) ; cette infraction est punie d’une amende
de 10 000 frs CFA ; (art. 124 LSST).

- Le détournement de précompte, c’est-à-dire le fait pour l’employeur de retenir


par-devers lui, indûment, la contribution du salarié au régime des pensions (cf.
l’article 15 LSST) ; l’employeur est débiteur vis-à-vis de la caisse de
l’ensemble des cotisations dues. Il est responsable de leur versement y
compris la part mis à la charge du travailleur). Cette infraction est passible
d’un emprisonnement d’un mois à trois mois ou/et d’une amende de 50 000 à
300 000 frs. En cas de récidive dans le délai d’un an, ces peines passent à un
emprisonnement de deux mois à cinq mois et/ou une amende de 300 000 à
600 000 frs CFA (article 123 LSST).

- Les oppositions ou obstacles aux agents de contrôle de la caisse, qui


encourent les mêmes peines qu’en ce qui concerne l’inspecteur du travail
(articles 113 et 114 LSST).

- L’article 122 prévoit d’une manière générale, des peines d’amendes allant de
5 000 à 50 000 frs, et en cas de récidive de 50 000 à 100 000 frs, pour les
contraventions aux codes et à ses textes d’application. Cette disposition est
applicable par exemple au non paiement des cotisations, sans préjudice des
majorations pour retard ou non production des bordereaux nominatifs de
salariés. L’action publique contre l’employeur ou son préposé est prescrite
après un an, l’action civile par 5 ans.

DROIT DU TRAVAIL ET DE LA SECURITE SOCIALE 62


Le salarié peut aussi être poursuivi pour fraude ou fausse déclaration en vue
de bénéficier des prestations qui ne sont pas dues (art. 125). La sanction applicable
est une amende de 30 000 à 300 000 frs et/ou un emprisonnement d’un mois à trois
ans, sans préjudice du remboursement des sommes indûment payées.

2) Les juridictions civiles

Elles peuvent avoir à connaître des litiges relatifs à la sécurité sociale, soit en raison
de dispositions expresses (contestations électorales, question d’état, vérification
d’écriture…), soit par la mise en jeu de responsabilité délictuelle d’un tiers, de
l’employeur, de la caisse, etc.

Elles peuvent aussi avoir à statuer par voie d’exception en vertu du principe
selon lequel le juge de l’action est juge de l’exception.

3) La compétence des juridictions administratives

Cette compétence découle du caractère d’organisme public de la caisse nationale de


sécurité sociale.

Relèvent de la compétence des juridictions administratives :

- les litiges qui engagent directement l’autorité de tutelle ;

- les problèmes d’appréciation de la légalité des règlements (décrets, arrêtés,


circulaires ministérielles) et des décisions générales de la caisse ;

- les litiges entre la caisse et le personnel fonctionnaire détaché ou bénéficiant


d’un contrat de droit public.

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Je vous remercie !

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