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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027

2021-2022

Présentation du cours
Pourquoi étudier le droit de la sécurité sociale ?
- Un droit d’apparence rébarbative, normes très peu lisibles
- Mais aussi un droit traversé par des enjeux considérables. Question du vivre ensemble.
(Budget sécurité sociale : ¼ du PIB, 100 milliards).
- Droit omniprésent. Il nous concerne de façon directe et est omniprésent dans nos vies
quotidiennes, nos parents touchent des allocations familiales, remboursement mutuelle,
médicament, travail, chômage, pension, etc. Nous sommes tous des assurés sociaux.
Nous sommes éligibles, les ayants droits d’un certain nombre de prestation.
- Il est présent dans le débat de société, dans l’espace public, débats publics, actualités,
médias, avenir des pensions, accès aux soins de santé, chômage, CPAS, fédéralisation.
C’est central dans le débat politique car c’est un des piliers de notre état providence,
notre état social, notre société.

Objectifs et philosophie du cours


- Objectif du cours : rendre capable de décrire et d’expliquer les fondements juridiques
du système belge de sécurité sociale. Concepts juridiques et informations factuelles sur
la sécurité sociale.
- Philosophie du cours : une approche contextualisée du droit de la sécurité sociale. C’est
une construction marquée au fer rouge par son histoire. Raison d’être, origine des
normes. Éclairage de nature historique et contexte socio-politique.

Pré-requis
- Droit du travail
- Rappel : position du droit de la sécurité sociale dans l’ordre juridique

Modalités pratiques :
- Mercredi de 14 à 16h. Mercredi 3 novembre, pas cours.
- Supports de cours : Power point. Documents illustratifs. Pas de syllabus sauf pour
certaines petites parties. Code de droit de la sécurité sociale, Kluwer.
- Exam : écrit 3 heures en janvier. Matière tout ce qui est dit au cours et les partis écrites
quand il y en a. questions de restitution, compréhension et d’application.

Quatre parties :
• Introduction générale au droit de la sécurité sociale (construction historique du système
belge, concepts fondamentaux, aperçu comparé et encadrement constitutionnel)
• L’assujettissement, le financement et l’organisation administrative des régimes de
sécurité sociale des travailleurs salariés et des travailleurs indépendants
• Les principales branches du régime de sécurité sociale des travailleurs salariés :
accidents du travail, chômage, pensions de retraite et soins de santé
• L’aide sociale, en particulier le droit à l’intégration sociale

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Partie 1. Introduction générale au droit de la sécurité sociale


(construction historique du système belge, concepts fondamentaux, aperçu comparé et encadrement
constitutionnel)
Secondes des deux volets constitutif de du droit social
- Droit du travail : Relations entre employeurs et travailleurs : droit privé, chapitre dd
droit des contrats. Condition salariale, relation subordonnée.
- Sécurité sociale : système de redistribution des revenus organisés par les pouvoirs
publics pour permettre à tous les citoyens de faire face à la survenance des grands aléas
et risques susceptibles de survenir dans l’existence : droit public.
Nature hybride du droit social.

Chapitre I – La formation du système belge de sécurité


sociale
Un processus éminemment conflictuel, long de deux siècles. Il y a 5 grandes périodes. Quand
on se plonge dans l’histoire de la mise en place de l’état providence, la chose frappante c’est
que c’est le fruit d’un processus qui a été très conflictuel. Grand consensus. Au départ, la SS a
été arrachée par les ouvriers aux autres classes. L’origine de l’origine, l’appel de la mise en
œuvre de la SS c’est la grande révolution éco qi a eu lieu à partir de l’après révolution française,
c’est la révolution industrielle et la naissance du machiniste. On est dans une période ou pour
différente raisons les personnes quittent les milieux ruraux pour les villes, les milieux urbains.
Cette concentration dans les villes de personnes dénuées de moyen d’existence, ça va fournir
aux détenteurs de capitaux la main d’œuvre nécessaire pour faire tourner les machines.
Révolution à l’origine du système capitaliste. Avec ce développement du capitalisme, il y a un
mal social nouveau qui va vite faire son apparition : le paupérisme. L’ouvrier ne peut que mettre
sa force de travail en location au plus vite auprès du premier employeur venu. Les salaires
étaient très bas. L’immense majorité de la classe ouvrière, prolétaire vivait dans un état de
pauvreté totale, permanente et épidémique. Cette situation, ce statut de pauvreté se reproduisait
de génération en génération. Il nait pauvre, le reste et meurt pauvre. Il transmet la pauvreté à la
génération suivante. État de privation extrême pour une part de la population. A la fin de la
révolution française, Sieyès disait que c’était une « foule d’instruments bipèdes sans libertés ».

Section 1 – De la révolution industrielle à la fin du 19ème siècle : le


paupérisme et le dogme de la non-intervention de l’Etat
= l’avant-sécurité sociale

A la fin du 18ème siècle, la révolution industrielle

Dans l’ombre du capitalisme, le paupérisme


Prolétariat = « une foule immense d’instruments bipèdes sans liberté » (Sieyès)

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Dans ce contexte, on voit des aléas de l’existence nouveaux, des risques.


- Accident du travail : avec le développement du machinisme, des subsides, les
accidents sur le lieu de travail se multiplient ainsi que la gravité. A l’époque, les ouvriers
accidentés sont totalement démunis juridiquement. Le canal c’est 1382 du code civil s’il
y a un accident. Pour obtenir une réparation, il faut en vertu de cette disposition prouver
3 choses, une faute, un dommage et un lien de causalité entre cette faute et le dommage.
Le dommage ne pose pas de problème mais à qui la faute dans un contexte économique
où les usines et machines produisent mécaniquement de l’accident. A qui la faute ? si
ce n’est pas précis, c’est galère. Souvent, on disait que c’était l’ouvrir, il ne rentrait pas
dans 1382 et n’avait rien. Le droit de la responsabilité civile est en décalage par rapport
au fait qu’on ne sait pas localiser les fautes.
- Chômage : il y a trop d’ouvriers. Si on est privé de travail, on a aucun moyen de
subsistances. On peut être exposé au danger du chômage.
A côté de ça, on a des risques, des aléas qui existaient déjà et deviennent beaucoup plus présents
- Maladie
- Vieillesse
- Charge d’enfants

Ça existe depuis toujours mais ce qui change, ce qui évolue, c’est que ces risques, aléas ont des
conséquences beaucoup plus graves dans une société qui a connu la révolution industrielle. En
raison des changements, les solidarités de proximité, locale, communautaire ont diminuées.
C’est nouveau, mais une acuité plus grande à partir de la révolution industrielle.

Ces 5 grands risques, ce sont les principaux risques contre lesquels la sécurité sociale nous
protège tous.
Apparition de nouveaux risques sociaux (accidents du travail, chômage) et changement de
signification d’aléas préexistants (maladie, vieillesse, charge d’enfants)

Pour se protéger contre l’insécurité de l’existence très forte, quelles étaient les voies disponibles
à l’époque ? deux grandes vois étaient possible.
- La bienfaisance, la charité, qu’elle soit publique ou privée, elle ne confère aucun droit
subjectif. Elle dépend uniquement de la volonté, de la généreuse donatrice.
- Prévoyance individuelle : réponse standard dans l’imaginaire du code civil, du bon
père de famille, celui qui travaille et met des ressources de côté au cas où un aléa
survient. Il est parfaitement illusoire d’épargner pour tous les aléas.
Face à un tel désastre comme le paupérisme, pourquoi les voies publiques se sont abstenues
d’intervenir ? Dogme de la non-intervention.

Au début 19ème siècle, on a pas tout de suite mesurer l’ampleur de la catastrophe sociale en train
d’arriver mais c’est une excuse. On a eu des grandes enquêtes sur la condition ouvrière. Des
esprits éclairés, juristes, journalistes, documentent les conditions de travail et descendent dans
les usines. Des premiers rapports sont sortis à propos de la crasse dans laquelle vivait la classe
moyenne. Ils n’ont pas toujours su mais on finit par savoir donc pourquoi se sont-ils abstenus
d’intervenir. Un premier blocage est d’ordre politique. À l’époque, on est dans le suffrage

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censitaire pour les hommes. Il n’y a que les hommes et parmi les hommes seuls votent ceux qui
sont les plus riche et qui payent un certain niveau d’impôt au suffrage censitaire. On voit de
catholiques et des libéraux se succéder au provisoire et se disputaient sur beaucoup de choses
mais étaient d’accord sur le fait de ne pas intervenir sur le terrain socio-économique.

Premier facteur d’explication est que la classe ouvrière est privée d’accès à la représentation
politique. Elle n’ont pas de relais pour leurs revendications.

Blocage philosophique : Mais, il y a un autre facteur. Une part de cynisme chez les élites, une
part de calcul, ça arrangeait les grands détenteurs de capitaux. Forme de blocage d’ordre
intellectuel et conceptuel, philosophique. François Ewald, « l’État providence », 1986, dans ce
livre, il montre qu’une part des élites, des libéraux et catholiques au pouvoir avait bien
conscience que la situation sociale n’était pas tenable, il y avait un problème, ça questionne le
dogme de la non-intervention, libéraux éclairés. Mais ils ne voyaient pas comme faire pour
résoudre le problème du paupérisme.

Blocage politique : Les élites se rendent compte que les pauvres ne sont pas tous responsables
de leur pauvreté mais juridiquement on ne voyait pas quelles solutions apporter. La seule façon
d’obtenir réparation est de priver 1382 et ces élites ne voyaient pas comme faire pour venir en
aide aux plus démunis alors qu’une faute n’était pas clairement établie. Comment sortir de la
fiction du bon père de famille et qu’il faut épargner, se prémunir par son sens des responsabilités
des risques de l’existence. Pourquoi ce blocage ? On sort de la révolution française, des grandes
libertés bourgeoises et on a la crainte à l’époque du côté libéral et catholique, c’est que si on
oblige le riche, le bourgeois, les classe possédantes en venir en aide aux plus démunis alors
qu’il n’y a pas de faute, où on va s’arrêter. Si on judiciarise la bienveillance, c’est un processus
liberticide. On va être tenus par des tas d’obligations. Blocage philosophique, au niveau des
représentations. Comment résoudre le problème ?

La double impasse de la bienfaisance et de la prévoyance individuelle

Malgré tout, persistance du non-interventionnisme des pouvoirs publics


• Un blocage d’ordre politique : le suffrage censitaire masculin
• Un blocage d’ordre philosophique (François Ewald, L’Etat-providence, 1986) : la
crainte de dérives liberticides

Période de l’avant sécurité sociale. À l’époque, on a expérimenté, testé en grandeur nature ce


que c’est de vivre dans une société de marché sans formes de protections sociales. On en a vu
le résultat. Qu’est-ce qui fait que la situation a fini par changer ? beaucoup de luttes,
affrontements, tensions et ça a fini par changer.
Ce qui a permis de faire sauter le dogme de la non-intervention, c’est un double déblocage.

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Section 2 – De 1886 à la seconde guerre mondiale : de la liberté


« subsidiée » aux assurances sociales obligatoires
= les prémices du système belge de sécurité sociale

Vers l’interventionnisme public

• Un déblocage politique
Les grèves insurrectionnelles de 1886
Le discours du trône de Léopold II : « La situation des classes laborieuses est hautement digne
d’intérêt et ce sera le devoir de la législature de chercher à l’améliorer. (…) Peut-être a-t-on
trop compté sur le seul effet des principes, par ailleurs si féconds, de liberté. Il est juste que la
loi entoure d’une protection plus spéciale les faibles et les malheureux. »

L’accès de la classe ouvrière à la représentation politique

Sur le plan politique, le tournant sont les grèves insurrectionnelles de 1886. La conjoncture
économique n’est pas très bonne, les capitaines d’industries font des baisses de salaire. Ça, c’est
la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les salaires sont déjà très bas. Des grèves éclatent dans
le pays (Liège et Hainaut). Ils manifestent violement pour exiger une amélioration structurelle
de leurs conditions de vivre. Ces grèves vont être réprimées par l’armée dans le sang, il y a des
morts et c’est un point de bascule. Répression par la force d’une manifestation de misère sociale.
Ça va jouer le rôle de détonateurs. En novembre, discours du trône par Léopold II. Il consacre
son discours à la résolution de la question sociale. Il remet en cause le laissé faire. La tournure
des évènements oblige à changer les choses. Coup d’envoi de l’interventionnisme en matière
sociale. Les législations vont arriver l’année suivante.

Changement du mode de scrutin, suffrage censitaire masculin vers le suffrage plural masculin.
Tous les hommes votent mais le vote des riches compte plus. Ils accèdent tout de même à la
représentation politique. Il y a le parti ouvrier belge (POB). Puis en 1919, suffrage universel
masculin pur et simple. Maintenant le POB accède à la majorité et va dans le gouvernement et
la machine est lancée.

• Un déblocage philosophique, conceptuel, intellectuel


De la responsabilité individuelle à la responsabilité collective

Deux phases dans le déploiement de l’interventionnisme public

§1. La politique dite de liberté subsidiée

Depuis le milieu du 19ème siècle, développement des caisses de secours mutuel du mouvement
ouvrier (maladie-invalidité, vieillesse, chômage)

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A partir de la fin du 19ème siècle, subsidiation des caisses de secours mutuel par le gouvernement
catholique, pour diffuser l’esprit de prévoyance
= système d’assurance libre subventionnée

Limites de la politique de liberté subsidiée

Même les esprits bourgeois plus éclairés envoyaient pas comment faire. L’évidence
sociologique a fini par s’importer. Les représentations libérales la vision du code civil, a fini
par être décrédibilisée. C’est devenu absurde de s’accrocher au principe du bon père de famille
compte tenu de l’impossibilité matérielle d’atteindre cet idéal pour un partie de la population.
Plus ça s’aggravait, plus la pauvreté nous tombait dessus et on ne s’attache plus au pivot de
1382 et au code civil. Pour que les politiques changent, il fallait trouver autre chose.
Basculement de la responsabilité individuelle à la responsabilité collective. Idée qu’on ne peut
pas imputer la faute à chaque pauvre individuellement mais on ne peut pas non plus l’imputer
à tel riche proprio pris individuellement. C’est une responsabilité de l’ensemble de la société.
C’est une responsabilité collective donc la réponse devra être collective aussi. Mécanismes
collectifs. Il faut mutualiser les moyens, les ressources. Mutualisation des risques.

Ce déploiement de l’interventionnisme public a pris quelle forme ? deux étapes qui ont existé
en parallèle. Deux phases de 1886 jusqu’à la seconde guerre mondiale. La première des deux
phases c’est la politique de liberté subsidiée. Depuis le milieu du 19ème siècle déjà, le
mouvement ouvrier a pris des tas d’initiatives relevant de l’auto-protection, des caisses de
secours mutuelle. On s’affilie à une caisse, un pot commun, de verser à échéance régulière une
petite partie du salaire pour qu’on bénéficie d’une aide, un soutien, si un risque prédéterminé
venait à se réaliser. 3 grands secteurs :
- Maladie, invalidité
- Vieillesse
- Chômage

Cette politique renvoi au fait qu’à partir de la fin du 19ème siècle, après le discours, le
gouvernement catholique a commencé à subsidier ces caisses. Si il le fait, cet ouvrier va
bénéficier d’une protection plus importante. Il y a le cotisations des adhérents et des subsides
par les autorités.

Pourquoi on a fait ça ? l’idée est de favoriser de cette manière l’esprit de prévoyance. il est de
bonne chose de rester dans un style d’assurance libre. Il y a un incident, une carotte qui est la
protection un peu meilleure. Le mouvement catholique voulait montrer qu’il allait dans le sens
du mouvement ouvrier.

Cette politique a eu un peu de succès, le niveau des protections a été un peu améliorer mais au
total la part de la population ouvrière affiliée à ces caisses étaient très faible. Une part de la
population n’était pas en mesure de mettre de l’argent dans une caisse.

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À partir du début du 20ème siècle, le mouvement ouvrier et organisations syndicales, POB sont
revenus à la charge pour pousser défendre une nouvelle revendication pour rendre l’affiliation
obligatoire. À un moment donné, l’ensemble de la population doit être protégée pour tous les
grands risques. Pour les catholiques et libéraux, c’était imbuvable cette demande, rendre une
affiliation obligatoire c’est aller en sens contraire par rapport à tout cette idéal du code civil.
Cette revendication a fini par s’imposer. Ce principe a vraiment été conquis, arraché par le
mouvement ouvrier, la sécurité sociale.

Le pivot dans lequel on a fait ce passage ce sont les accidents du travail. Avec la loi de 1903,
première grande loi en matière de sécurité sociale, c’est le premier domaine où on a abandonné
1382 du code civil au produit d’une réparation automatique. Première matière où on a fait échec
au jeu de 1382 du Cciv. l’ouvrier bénéficie d’un accident de travail a une réparation.

§2. Vers les assurances sociales obligatoires

A partir du début du 20ème siècle, émergence d’une nouvelle revendication du mouvement


ouvrier : rendre l’affiliation obligatoire

Le tournant de la loi du 24 décembre 1903 sur la réparation des dommages résultant des
accidents du travail

Au cours de l’entre-deux guerre, sous l’influence des idées du chancelier allemand Bismarck,
extension de l’affiliation obligatoire :
• Aux pensions de retraite (1924-1925)
• Aux allocations familiales (1930 pour les salariés, 1937 pour les indépendants)

Par contre, blocage dans les branches chômage et maladie-invalidité

Le processus de mise en place de couvertures obligatoires a progressé autour de l’entre-deux


guerres. Contexte international favorable car tous les pays voisins se débattent avec les mêmes
grandes difficultés, la révolution industrielle et la question sociale. Dans ces pays voisins, la
question sociale est. Désormais perçue comme un problème politique qui mène à une réaction
de la société. L’Allemagne exerce une grosse influence sur nous. Le chancelier Bismarck est
au commande et met en place un système d’assurance obligatoire. Il faut être affilié pour être
protégé contre les grands risques de l’époque. Ce modèle des assurances sociales obligatoires
circule et fini par arriver chez nous dans le système vieillesse pour la première fois. Passage de
l’assurance libre subventionnée à obligatoire. Depuis 1924-24, les travailleurs devaient être
protégé contre la vieillesse.

En 1930, c’est l’aléa de la charge d’enfants. À salaire équivalent mais plusieurs enfants c’est
pas le même niveau de vie. Tous les travailleurs qui ont des enfants doivent bénéficier en plus
de leur salaire d’allocations familiales qui prennent en charge une partie du coup représenté par
l’éducation d’un enfant. Les indépendants n’existent pas sur le plan de la sécurité sociale
pendant très longtemps, jusque dans les années 50. 1937, c’est la seule exception.

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On essaie de résoudre le problème en subventionnant les caisses de secours mutuelles mises en


place par le mouvement ouvrir. Ça a un peu amélioré le problème mais ça reste marginal. À
partir du 20ème siècle, on a des revendications qui émerge dont cette assurance obligatoire.

Par contre, arrivés en 1939, encore aucune solutions trouvée dans deux autres futurs secteurs
de la sécurité sociale qui est le chômage et la maladie invalidité. Aucunes solutions structurelles
n’ont été trouvées. La seule solution étaient les caisse de secours mutuelles auxquelles on
pouvait s’affilier mais du coup il fallait savoir mettre de sa poche.

Quand la guerre éclate ce qui fait problème dans ces deux branches se ne sont plus à ce moment-
là des réticences des catholiques et de libéraux. En 1939, la cause du blocage se sont de
dissension internes au sein du mouvement ouvrier. Il y a des divergences de vue aux formes
qu’il faut donner aux formes d’assurances obligatoires, place qu’il fallait réserver aux caisses
de secours du. Mouvement ouvrier.

ð Bilan de (ce qui allait devenir) la sécurité sociale en Belgique à la veille de la deuxième
guerre mondiale

À la veille de la deuxième guerre mondiale, invasion de la Belgique, dans la boite à outils, on


a trois choses :
- Mécanisme de prise en charge automatique, indemnisation automatique des accidents
du travail
- Assurances sociales obligatoires en matière de pension de retraite et d’allocation
familiale
- Pour ce qui concerne le chômage et la maladie, la protection c’est le schéma de
l’assurance libre subventionnée.

En 1939-40, l’histoire est encore longue mais on voit en germe, les prémices de notre actuelle
sécurité sociale. Les éléments sont déjà là. Le changement le plus important qui a précédé la
mise en place de ces dispositifs c’est un changement de représentation de vision du monde face
à ce grands risques en partie produits par la vie économique. Responsabilité collective. Réponse
collective.

Et la responsabilité objective ? c’est ce qui a été fait en matière d’accident du travail. Ce qui a
été fait en 1903, c’est une responsabilité sans faute. L’employeur intervient. On a remplacé par
une assurance.

Cours du 29 septembre (S2) :


Rappel : processus conflictuel, la SS n’est pas tombée du ciel. Construction obtenue par le
mouvement ouvrier à la suite de mouvements sociaux difficiles. On voit apparaitre toutes les
composantes de notre système de sécu actuel.

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Section 3 – L’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité


sociale des travailleurs
= la (re)fondation du système belge de sécurité sociale
Durant la guerre, négociation par le comité ouvrier-patronal du « projet d’accord pour la
solidarité sociale » : maintien du marché et de la propriété privée contre redistribution des
richesses

Dans le sillage, adoption par le gouvernement de l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant


la sécurité sociale des travailleurs

L’intention des autorités : cfr le rapport au régent précédant l’arrêté-loi : « Dans le mouvement
général qui porte les nations démocratiques à répartir plus justement les fruits du travail
commun, la Belgique tient à garder une place de premier rang. Le mot d’ordre de cette époque
est de développer la sécurité sociale, de soustraire aussi complètement que possible aux
craintes de la misère les hommes et les femmes laborieux. »
Emprunt du concept de sécurité sociale (social security) à Lord Beveridge (1942)

Seconde guerre mondiale : la sécu a été mise en place en 1944, c’est vrai et faux. Il y avait des
prémices et des composantes déjà là. Des mesures d’auto-protection contre les grands risques
sociaux mis en place par le mouvement ouvrier lui-même. Le mouvement ouvrier a contraint
les pouvoirs publics à renoncer au dogme de la non-intervention. Mais, 1944 est quand même
un mouvement important. Pendant la guerre, des représentants des organisations syndicales et
patronales se sont réunis en secret dans la clandestinité en plein moment de guerre (comité
ouvrier patronal). Ces quelques personnes qui se réunissent en pleine occupation échangent et
constatent qu’on s’affronte. Un jour la guerre va finir, et il faudra pacifier le rapport aux classes.
Dans ce contexte, le comité ouvrier patronal accouche en 1943 d’un texte très important qui est
le « projet d’accord pour la solidarité sociale » = le pacte social.

On y trouve un grand compromis entre les représentants du travail du capital quant aux modèles
socio-économiques que la Belgique devra adopter une fois la guerre finie. Conclut entre
quelques élites patronales et syndicales. Le mouvement patronale reconnait que la population
laborieuse, la classe prolétaire a droit elle aussi à bénéficier des fruits de la croissance, d’une
part de la richesse produite car de par son travail elle contribue à produire cette richesse. Il faut
une certaine redistribution des richesses. En contrepartie, les représentants du mouvement
syndicale reconnait la légitimité de l’autorité patronale, du rapport de subordination. Ce n’était
pas acquis à l’époque cette autorité verticale. Certains disaient qu’il fallait collectiver les
moyens de production.
- Redistribution des richesses
- Maintien du marché, de la propriété privée.

Toute une série de propositions sont faites et en décembre 1944, les autorités publiques qui
viennent de rentrer de l’exil de Londres adopte un texte fondateur qui est l’arrêté-loi du 28
décembre 1994. C’est la bataille des Ardennes.

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Il est précédé d’un rapport dans lequel les autorités explicitent leurs intentions. C’est le rapport
au Régent. Ce rapport s’ouvre par ces lignes très fameuses. Première appariation dans l’ordre
juridique belge de la SS. C’est le but de la SS : soustraire à la crainte de la misère la population
laborieuse.

Juridiquement, deux avancées importantes :


• Généralisation du principe de l’affiliation obligatoire
• Création de l’Office national de sécurité sociale (ONSS)

L’arrêté-loi du 28 décembre 1944, une législation d’urgence, « provisoirement » limitée aux


travailleurs salariés (à l’exclusion donc des travailleurs indépendants et des fonctionnaires
statutaires)

Après, dans l’arrêté-loi, qu’est-ce qu’on retrouve ? Première mentions de la formule SS. Avant,
on parlait d’autre chose, de prévoyance. Les autorités gouvernementales ont découvert le
concept à Londres de Social Security. Beveridge propose de mettre ce nouveau concept dans
son rapport. La sécurité de l’existence est socialisée, partagée. Lees autorités inscrivent ce
concept nouveau de sécurité sociale dans les textes. L’Arrêté-loi vient rationalisé l’existent et
le place sous la coupole nouvelle de sécurité sociale. Ce qui se passe de réellement nouveau :
- Généralisation du principe de la filiation obligatoire. Avant la seconde guerre
mondiale, il y a des secteurs de la future sécurité sociale dans laquelle la filiation n’était
pas obligatoire (chômage, maladie-invalidité). C’était le système d’affiliation libre.
Tous les travailleurs doivent être couverts, protégés. 44 marque un tournant important
car c’est fini la voie de la prévoyance et grande révolution. On ne doit plus anticiper les
aléas de l’existence. Ce n’est pas crédible. On cherche à sécuriser les conditions de
l’existence de toute la population laborieuse, ici et maintenant.
- On crée l’ONSS : Office nationale de sécurité sociale. Établissement public qui
surplombe l’ensemble de la sécurité sociale des travailleurs salariés. On place au
sommet du régime de sécurité sociale. Au-dessus de toutes ces branches, on trouve
l’ONSS dont le rôle principal est d’être la caisse de financement du système. Elle
prélève les cotisations sociales, les ressources et les réaffecte entre les différentes
branches.
Pour le reste, la forme des protections ne changent pas, assurances adossées au travail.

Dans l’esprit des autorités, des membres du comité, tout cela était provisoire. La guerre faisait
encore rage et il fallait paré à l’urgence. Pacifier le rapport de classe et d’envoyer un signal.
Quelles formes allaient prendre les protections ? Le moment venu, y aura des grands débats et
grandes discussions pour donner au système sa confirmation définitive. Ça n’aura jamais lieu.
Conséquence importante qui fait que notre AL concerne uniquement les travailleurs salariés.
Pas tous les travailleurs. Parallèlement continue d’exister un certain nombre de protections
propres aux fonctionnaires statutaires. Ils disposent d’un certain nombre de protections qui leurs
sont propres et continu d’évoluer de leur coté. Il y a aussi les indépendants qui ne sont pas

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englobés dans la sécurité sociale mise en place en 1944. Ils ont déjà protégés pour les allocations
familiales mais pas le reste.

Développement de trois régimes de sécurité sociale parallèles.

La SS en Belgique connait un coup d’envoi définitif en 1944 mais on a pas construit en 1944
un système unique pour l’ensemble de la population. 3 régimes parallèles se sont déployés.
- Employés
- Statutaires
- Indépendants.

Section 4 – De 1944 à 1974 : les Trente Glorieuses, âge d’or de la


sécurité sociale
= l’expansion de la sécurité sociale

Un contexte économique et social particulièrement favorable.

De 1944 jusqu’à aujourd’hui, la SSS a évolué dans deux directions générale radicalement
différentes. D’abord les trois décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Puis le milieu
des années 70 jusqu’à ajd.
- Les trente glorieuses : trois décennies qui ont suivi la guerre. Le contexte est
déterminant, période de grande prospérité économique. forte croissance économique et
progrès social. On fait avancer la SS et se rapproche fort de ce qu’on connait ajd.

§1. L’échec des tentatives de réforme globale

Le provisoire est devenu le définitif :


- Première tentative : en 1949, nomination de deux commissaires d’Etat à la sécurité
sociale, Henri Fuss et Walter Leën
Le Rapport sur la réforme de la sécurité sociale de 1950
- Deuxième tentative : en 1980, nomination d’une commission royale chargée de préparer
la codification, l’harmonisation et la simplification de la législation relative à la sécurité
sociale
L’avant-projet de code de la sécurité sociale du président et du vice-président de la commission
royale, Roger Dillemans (KU Leuven) et Pierre Van der Vorst (ULB), de 1985

à La force de pesanteur du système belge de sécurité sociale

L’arrêté-loi est un texte qui n’avait pas vocation à être permanent. On a essayé deux fois de
revoir les bases de la SS en Belgique mais !a n’a pas marché. Le provisoire est devenu définitif.
- Première tentative en 1949 : les autorités ont voulu tenir leur promesse et de passer à
un système définitif. Le gouvernement désigne deux commissaires d’état à la SS. Un
francophone socialiste et un flamand social-chrétien. Ils ne s’entendent pas et ils

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remettent leur rapport au gouvernement et on trouve deux propositions différentes, deux


propositions distinctes. C’est une tentative.
- Deuxième tentative en 1980 : nouvelle essaie en vue de penser, codifier, simplifier note
législation de SS. Contexte économique et communautaire autre. Le gouvernement
nomme une commission royale chargée de la codification, simplification et
harmonisation de la SS. Elle est composée de parlementaires et de représentants des
interlocuteurs sociaux et présidée par deux profs d’unifs. Cette commission c’est la
tentative la plus ambitieuse qui a été le plus loin à ce jour dans notre pays. 5 ans de
travaux. Les travaux ont été proches d’aboutir, large consensus au sein de la commission
royale. Le parti libéral flamand (openVLD) dit non. Il dit qu’il n’est pas favorable à la
SS telle qu’elle existe. Échec des travaux de la commission royale en 1985. Le président
et le vice-présidents ont remis un avant-projet de code de la sécurité sociale en 1985.
Rien n’en a été fait. Tentative importante et ce code a inspiré plusieurs initiatives. Des
morceaux de codes ont été convertis.

Il y a une forme d’enseignement qui se dégage de ces tentatives. Ça dit de notre système de SS
que tout se passe en sécu comme si plus la réflexion est approfondie, plus on prend le temps de
la réflexion, plus on s’éloigne des compromis, des résultats, des fruits de l’histoire, plus on est
sûr que les propositions vont tomber aux oubliettes. C’est difficile à simplifier et à refondre.
Pourtant, ça change tous les jours.

§2. Un système dominé par les trois grands clivages idéologiques de la société
belge
- Un clivage socio-économique : le conflit capital/travail
Traduction juridique : la gestion paritaire
- Un clivage philosophique : le conflit catholiques/laïcs
Les termes de l’opposition entre socialistes et démocrate-chrétiens
Traduction juridique : le pluralisme institutionnel (sauf en matière de pensions et de maladies
professionnelles), c’est-à-dire maintien des organismes intermédiaires privés couplé à la
création de caisses publiques auxiliaires
- Un clivage linguistique : le conflit communautaire
La demande flamande d’une défédéralisation au moins partielle de la sécurité sociale
Première traduction juridique : la sixième réforme de l’Etat (2014)

Puisque ça a échoué, comment notre système a-t-il évolué ? il a continué à être après la seconde
guerre mondiale très largement marqué et influencé par les grands clivages qui dominent la vie
politique en Belgique. Deux grands clivages dominants en Belgique fin 19ème et début 20ème :
- Socio-économique : conflit capital-travail : l’opposition entre travailleurs et
employeurs, organisations patronales et syndicales. Ce clivage a été apaisé. Pacification
du rapport de classe à la faveur du pacte. Mise en place de la gestion paritaire. Qui gère
la SS ? Désigne le fait que dans notre pays chaque institution publique de SS, sont
administrées par un comité de gestion, organe décisionnelle, est composé pour moitié

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

des représentants des organisations syndicales et patronales. On cogère la SS dans notre


pays.
- Clivage philosophique, confessionnelle : entre le monde catholique et le monde laïque.
Ce clivage a très fortement impacté la SS. Après la guerre, ça a plus marqué. Au sein
du mouvement ouvrier, divergence de sensibilité entre le pilier socialiste et la
démocratie chrétienne, le mouvement ouvrier chrétien.
• Du coté socialiste, Ce qui a toujours été défendu, c’est l’idée que la sécurité
sociale doit couvrir les travailleurs salariés mais toute la population.
§ Ensuite, puisque la SS doit couvrir l’ensemble de la population elle doit
être couverte par l’impôt.
§ Finalement, d’un point de vue structure et organisationnel, ces
prestations devaient être administrées et gérées par un service unique de
la SS. Service centralisé qui couvre toute la population.
• Du côté démocrate-chrétien.
§ On la défend avec des modalités différentes. On défend plutôt l’idée que
les grandes assurances sociales doivent s’adresser principalement aux
travailleurs.
§ Aussi, les assurances sociales adossées au travail subordonnée doivent
continuer à être financées par cotisation, contribution du travailleur et de
l’employeur car dans la doctrine social de l’église, la pacification des
rapports de classe est importante donc ils doivent financer ensemble.
§ Encore, ces assurances sociales adossées au travail fiancées par
cotisation ne doivent pas être confiées à un service publique centralisé,
il faut continuer à exister entre les assurés sociaux et les administrations,
institutions publiques des organismes intermédiaires comme les caisses
d’allocations familiales, mutuelles, qui émanent de la société civile.
Ce clivage confessionnel, comment a-t-il été reçu par notre système de SS. Globalement c’est
plutôt le cote démocrate-chrétien qui l’ emporte. Il est plus marqué par cette vision démocrate-
chrétienne car le cœur des protections sociales sont des assurances adossées au travail, le cœur
de financement sont toujours des cotisations versées par travailleurs et employeurs. Et ceux qui
payent sont organismes intermédiaires. Mais, on a quand même fait des compromis, dans
chaque branche de la sécu on crée un organisme public résiduaire. On maintien les organismes
privés qui émanent de la société civile mais on vient créer une caisse publique résiduaire.
Ex : dans la branche du chômage, il faut s’affilier à un des trois syndicats (FGTB, ouvrier
chrétien et libéraux). Si on ne veut pas, on peut faire appelle à une caisse publique résiduaire.

C’est le pluralisme institutionnel. Dans la plupart des branches, on a maintenu des organismes
privés préexistants en adossant une caisse publique résiduaire.

- Clivage linguistique : le conflit communautaire. On se dispute autour de l’enjeu


culturel-linguistique. Opposition entre flamands et francophones. Depuis la fin des
années 90-2000, des flamands revendiquent une défédéralisation de pans de la SS. 6ème
réforme de l’état qui est venu compliquer notre vie. On a coupé en petit morceau la SS
fédérale. Elle est largement pétrie par les grands clivages belges.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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§3. Aperçu de l’évolution générale dans chacun des régimes


a) Le régime de sécurité sociale des travailleurs salariés
Un double mouvement :
• Élargissements du champ d’application personnel
• Améliorations de la couverture matérielle
b) Le régime de sécurité sociale des agents des services publics (pour mémoire)
Renvoi au cours de Droit social de la fonction publique
c) Le régime de sécurité sociale des travailleurs indépendants
Extension de l’affiliation obligatoire aux pensions de retraite (1954), à la maladie (1964) et à
l’invalidité (1971)
Des écarts persistants par rapport au régime des salariés (et des branches absentes), mais une
nette tendance au rapprochement depuis les années 2000
Renvoi au cours de Droit approfondi de la sécurité sociale

Attention de ne pas confondre entre système et régime


Grands régimes qui constituent l’ensemble de notre système de sécurité sociale :
- Régime des travailleurs salariés : régime général, principal : fort mouvement
d’extension. Marche en avant de la SS. Les clivages persistent. On a connu des forts
élargissement du champ d’application personnel, le cercle des bénéficiaires. Qui
bénéficie de la sécu des salariés ? Les travailleurs qui ont conclu un contrat de travail
mais on est venu inclure dans cette sécu des tas de catégories de personnes qui ne sont
pas des travailleurs salariés. Pas de rapport de subordination mais souvent on constatait
que même sans subordination sur le plan juridique, il y avait de la vulnérabilité, de
l’insécurité donc on les inclut pour les protéger (chauffeurs de taxis indépendants, les
artistes indépendants). On a aussi améliorer le contenu des protections. On donne des
protections plus étendues.
- Statutaires : Ce régime continue à se développer un régime pour les fonctionnaires
statutaires : régime des agents des services publics, hybride et mixte car pour certaines
branches de la sécu, ils sont rattachés aux protections des salariés et pour d’autres c’est
propre.
- Les indépendants : très longtemps resté en dehors de la sécu sauf pour les allocations
familiales. La sécurité sociale a commencé à s’étendre pour les indépendants. Dans les
années 60, une protection très basique contre le risque de maladie. Jusque 2008,
couverture très limitée. À partir des années 70, couverture contre l’invalidité.
Écarts considérables entre le sort des indépendants et des salariés. Une série de branche de la
SS n’existe pas pour les indépendants. Pas de chômage, ni de couverture contre les accidents
de travail.

3 grands régimes de nature professionnelle.

À ces 3 grands régimes professionnels s’ajoute un grand régime : L’aide sociale.


- L’aide sociale : fin des années 60, on redécouvre en Belgique, le problème de la grande
pauvreté, l’exclusion sociale. La SS a été mise en place dans le pays pour éradiquer le
paupérisme. La sécurité sociale grandit dans l’entre-deux guerres puis fort en 1944. À

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partir des années 60, des poches d’exclusion persiste dans notre société. Oubliés de la
croissance, du progrès social. Elles passent entre les mailles du filet des grandes
assurances sociales. Pour achever la sécurité sociale, on met en place à partir de la fin
des années 60 des minimas sociaux, des revenus minimums avec une caractéristique des
clés, c’est contributif, pour en bénéficier, pour être éligible, il faut avoir travailler et
cotiser pendant un certain temps. Les revenus minimums mis en place et qui vont
devenir l’aide social sont des prestations contributives et donc pas d’exigence d’avoir
travaillé. Le public qu’on cherche à protéger sont ceux qui passent entre les mailles du
filet.

5 prestations d’aide sociale.

Raison d’être : pallier les limites des assurances sociales en garantissant des minima sociaux
Principale caractéristique : des prestations non contributives
Consécration successive de cinq prestations à la fin des années 1960 et au début des années
1970 :
– le revenu garanti aux personnes âgées (1969)
– les allocations pour handicapés (1969)
– les prestations familiales garanties (1971)
– le droit à un minimum de moyens d’existence (1974) : Le minimex.
– le droit à l’aide sociale (1976)
Renvoi au cours de Droit approfondi de la sécurité sociale

Bilan de la période : expansion de la protection sociale par la juxtaposition : la SS s’étend mais


attention, la SS ne s’étend pas par la mise en place d’un système unique englobant. On a 4
régimes parallèles de sécurité qui s’appliquent. 3 contributifs et un non-contributif.

Section 5 – Depuis 1975 : la crise de l’Etat-providence


= la sécurité sociale face à l’austérité permanente

A partir du milieu des années 1970, un changement de contexte global


• Un changement économique : la fin du plein emploi. Arrive en Belgique, le
choc terrible de la désindustrialisation. Il y a des pans de l’économie nationales
qui disparaissent comme les industries minières. Ça s’effondre. Choc car ça a
représenté une révolution culturelle et économique. On vivait dans une société
du plein emploi avec peu de chômage. Chômage de masse maintenant. Les
structures économiques ont changé. Problème pour la SS. Car au long des trente
glorieuses ce qui permet de financer les grands élargissements des assurances
sociales, c’est le plein emploi et cette base se rétrécit.
• Un changement démographique : le vieillissement de la population. A partir
de la retraite, pension de retraite qu’il faut financer. Ces deux phénomènes
conjoints prennent en étaux la SS. Base de financement qui se rétrécit et on doit
payer plus pour une part de la population.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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• Un changement idéologique : la diffusion (limitée, en Belgique) des idées


néolibérales. Qui tient aux représentations dominantes. Popularisation des idées
néo-libérales, moins d’état. Moins de SS. En Belgique, c’est compromis,
consensus, donc moins de néo-libéralisme en Belgique. Ce pivot s’est illustré
lors des travaux de la commission royale pour l’harmonisation et la codification
de la SS. Les libéraux flamands promeuvent le néo-libéralisme. Tout bien
réfléchis ça ne nous intéresse pas de participer à ça, on ne veut plus de la SS, on
veut la limiter. Ça ne soutient pas assez l’initiative et la responsabilité
individuelle. Ça crée de l’indépendance, donc il faut un socle de base puis on se
débrouille. Succès limité. Moment clé car rupture dans le monde politique belge
au niveau du consensus sur la SS.

Quel impact sur la sécurité sociale ? Une politique d’austérité budgétaire. Politique
expansionniste à une politique restrictive tout au long des années 80, on cherche à limiter les
dépenses.

Conséquence : la dégradation du niveau moyen des allocations sociales par rapport aux
salaires, et l’affaiblissement de la qualité de la protection sociale. Décrochage du montant
moyen des allocations sociales par rapport au montant des salaires. Les assurances sociales
doivent protéger contre les aléas, les grands risques de la vie. Rapport entre les allocations et le
salaire qu’on touchait auparavant. Dans les années 80, décrochage entre ces deux courbes. Les
salaires augmentent mais le chômage diminue. L’écart se resserre.

Malgré tout, des avancées, dans les années 1990 et 2000 : avancées et réformes ont vue le jour.
Construction importante qui s’étend pour d’autres populations.
• Exemple 1 : grandes avancées dans le statut social des travailleurs indépendants
Rapprochement avec les salariés dans les branches existantes et création de nouvelles
prestations. Dans deux branches on a une égalité totale dans les soins de santé et les allocations
familiales. Système universalisé en matière d’allocations familiales. Là où les écarts persistent
(pensions), mais on tend au rapprochement.
• Exemple 2 : l’informatisation de la sécurité sociale et la loi du 11 avril 1995 visant à
instituer la charte de l’assuré social. Amélioration de la qualité des services aux assurés
sociaux.
Fortes améliorations de la gestion de la sécurité sociale et de la qualité des services au citoyen
Renvoi, à nouveau, au cours de Droit approfondi de la sécurité sociale

Épilogue – L’État social « actif »


= vers un nouveau paradigme ?
De l’État-providence (passif ?) à l’État social actif

5 grandes périodes. Ajd, c’est de savoir si on bascule vers un nouveau modèle pour la sécurité
sociale, nouveau paradigme, point d’émergence en train d’émerger. A l’état providence
succèderait la figure de l’état social actif. Un certain nombre d’autres, de politiques, à tort ou a
raison, dépeignent notre état providence comme passif. Trop passif. Culture de l’assistanat. Par

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contraste, ces partisans d’une évolution disent qu’il faudrait aller vers un état social actif, qui
responsabilise les assurés sociaux. Qui active les bénéficiaires d’allocation sociale comme ne
matière de chômage. Depuis quelques années, il faut être disponible au marché de l’emploi mais
aussi rechercher activement un travail sinon on est exclu. En maladie, on développe des trajets
d’intégration dans le but de nous ramener vers le trajet de l’emploi. État qui responsabilise. Il
faut consacrer des contreparties juridiques aux droits des allocations, des démarches, des efforts
doivent être accomplis en retour. On passe d’un modèle à un autre ?? On est en Belgique, pas
de grand plan de vol. renforcement des devoirs en contrepartie des droits. C’est très controversé.
Risque d’imposé des contraintes trop lourdes avec des risques au niveau de l’égalité.

Cours du 6 octobre (S3) :

Rappel : Notre SS entre dans une nouvelle ère ? Les réformes s’ajoutent les unes aux autres
sans plan très clair.

Chapitre 2. La notion de sécurité sociale


Une définition et deux distinctions cardinales

Section 1. Définir la sécurité sociale ?


Critique de la définition de la sécurité sociale fondée sur le critère de la sécurité d’existence :
une définition trop large. On essaie de capturer l’essence de la SS a partir de sa finalité qui est
de sécuriser les conditions d’existence. Si on met l’accent sur la construction collective de la
sécurité d’existence, on peut aller faire cette définition. Ce serait l’ensemble des dispositifs,
mesures, adoptés par une collectivité publique déterminée pour assurer la sécurité d’existence
d toutes les personnes qui vivent sur son territoire. Définition assez courante et aspiration à
assurer collectivement la sécurité d’existence. On ne retient pas cette définition trop large,
extensive et paresseuse. Si on y réfléchit, ce critère nous amène à englober sous la chapeau SS
d’autres choses. On pourrait aussi faire rentrer la politique du logement, de l’accès à l’emploi,
etc. Fondamentalement, ça vise aussi la sécurité d’existence. Toutes les grandes politiques
socio-économiques de l’état providence y aspirent. Il faut trouver quelque chose de plus
circonscrit.

Une définition pragmatique, inscrite dans le contexte belge :


La sécurité sociale est le système qui, au moyen d’une certaine redistribution financière, garantit
à tout ou partie de la population un certain nombre de revenus. 3 types de revenus :
- Des revenus de remplacement, destinés à pallier la perte des revenus normalement
tirés de l’exercice d’une activité professionnelle ;
- Des revenus de complément : destinés à permettre de faire face aux charges qui pèsent
sur le niveau de vie.
- Des revenus minimums résiduaires : destinés à procurer un socle de ressources, un
minimum. Vital en cas d’impossibilité de disposer de ressources propres ou en cas
d’impossibilité d’accéder aux autres prestations de sécurité sociale.

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Système, machinerie qui repose sur la redistribution, machine à allouer 3 types de revenus. Elle
fait circuler le cash dans notre société.

Différents types de revenus alloués par la SS. Ils visent chacun à nous protéger contre un certain
nombre d’aléas, de situation, des risques sociaux, situations de vie, circonstances qui se
produisent et on nous protège de la conséquence de ces risques.

La SS « machine » à redistribuer les richesses pour protéger contre les principaux aléas de
l’existence.

a) Les revenus de remplacement


Risques sociaux couverts : le manque involontaire d’emploi et l’impossibilité physique de
continuer à travailler.

Quelles sont les différentes prestations sociales qui nous protègent contre ces deux ensemble
de risques sociaux ? Prestations sociales correspondantes :
- Assurance chômage, allocations de chômage (droit passerelle)
- Indemnités de maternité, indemnités des accidents du travail, indemnités de maladie
professionnelle, pension de retraite et de survie principalement, l’incapacité de travail.

b) Les revenus de complément


Pas pour objet de se substituer à la rémunération perdue mais augmenter le revenu parce qu’on
est confronté à une situation, un aléa, une charge qui altère notre niveau de vie. Le niveau de
revenu reste le même. C’est la charge d’enfant ou les dépenses médicales. À salaire régulier, ça
a un impact et pèse sur notre niveau de vie. Ça augmente notre revenu pour faire face à ces frais
supplémentaires. Pour les enfants, le terme risque est délicat et daté.

- Risques sociaux couverts : l’éducation d’enfants et les frais para(médicaux)


- Prestations sociales correspondantes : les allocations familiales et les soins de santé

c) Les revenus minimums résiduaires (ou minima sociaux)


- Risque social couvert : la pauvreté
- Prestations sociales correspondantes : la garantie de revenus aux personnes âgées, les
allocations aux personnes handicapées, le droit à l’intégration sociale (ex-minimex) et
le doit à l’aide sociale. Pendant longtemps, il y a eu des prestations familiales garanties
mais ça n’existe plus car les allocations familiales ont été universalisées.
On nous procure un socle de ressource quand on a rien ou presque, insuffisance des ressources
personnelles et on ne peut pas faire appelle à une autre prestation de sécurité sociale.

Réponse question : Si on perçoit une allocation de chômage bas, en plus on peut bénéficier
d’une aide du CPAS. Dans certains cas, le cumul est possible.

Le droit de la sécurité́ sociale est donc l’ensemble des normes légales et règlementaires qui
organisent le système de SS. À l’échelle internationale, on a dans l’instrumentaire des NU un

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texte de référence qui est la Convention n°102 de l’OIT du 28 juin 1952 concernant la SS qui
est le texte de référence en droit international qui définit la SS. Cette convention énumère les
différentes prestations que les États parties doivent mettre en place pour pouvoir prétendre de
disposer d’un système de SS conforme au droit international. Sauf les revenus minimums car
elle date de 1972 pas encore aide sociale. La Belgique a ratifié cette convention.

Au passage, la Belgique a ratifié cette convention mais uniquement pour les travailleurs
salariés, les indépendants ne disposent pas d’une sécurité́ sociale dans chacune des branches
énumérées dans la convention.

Section 2. Deux distinctions cardinales


§1. La sécurité sociale et les assurances privées
= La sécurité sociale et son autre, externe.

Ce n’est pas un choix neutre, il y a des différences cruciales entre les deux. Dans la définition
de la SS que le prof a proposé́ , il avait dit que la sécu c’est le système qui garantit à tout ou
partie de la population un certain nbr de revenus au moyen d’une certaine redistribution
financière. En quoi la SS redistribue les richesses ? Il faut savoir que choisir de nous couvrir,
de nous protéger contre les grands risques de l’existence en faisant de la SS ou en développant
des assurances privées est un choix politique fondamental. C’est pas du tout la même chose de
chercher à protéger sa population via la SS ou via des assurances privées.

a) Une différence de finalité

Différence de finalité. Objectif de lucre pour les assurances. Finalité lucrative vs finalité non
marchande et redistributive. Pas de but de lucre pour la SS. Le but est d’organiser un système
de redistribution. Cette différence de finalité rejaillit sur les modalités techniques des assurances
sociales et privées. Cette différence se situe à deux niveaux qui est le mode de financement des
prestations et le calcul des prestations elles-mêmes.

b) Des différences techniques


Au niveau du mode de financement des prestations : en fonction du profil de risque
(segmentation tarifaire) vs en fonction de la capacité contributive.

• Mode de financement : assurance privée classique, la prime que l’on doit verser
est liée à notre profil de risque. On ne paie pas la même chose si on est plus ou
moins exposé à la probabilité de voir le risque se réaliser. C’est la segmentation
tarifaire. On modalise la prime en fonction du risque. En SS, pas de segmentation
tarifaire. C’est contraire à la philosophie de la SS. On calcul les contributions en
fonction de notre capacité contributive. La sécu est financée sur base de
cotisations sociales et impôts. Donc on contribue selon l’importance de notre
niveau de revenu. C’est logique.

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• Mode de calcul des prestations : assurances privées, les prestations sont liées
à l’importance des primes versées. Logique actuarielle. Par contraste en SS, pas
de logique strictement actuarielle. Parfois, ça dépend du niveau de cotisation
mais il y a toujours une forme de déconnexion. Objectif de permettre à toute la
population de satisfaire les besoins définis collectivement. Écart par rapport au
montant précis des cotisations, de l’impôt. Cette déconnexion est totale. En
fonction des primes versées (logique actuarielle) vs en fonction des besoins
sociaux.
On cherche à diminuer le poids d’un aléa sur les personnes qui s’assurent mais il y a ensuite
des différences au niveau du financement et des prestations.

ð Assurances privées, sécurité sociale : deux logiques nettement distinctes.


ð Mot d’ode de la sécurité sociale : « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses
besoins »

Une différence fondamentale reconnue en droit européen :


Cfr CJCE, 17 février 1993, Poucet et Pistre, C-159/91 et C-160/91
« Dans le contexte du droit de la concurrence, la notion d’entreprise comprend toute entité
exerçant une activité économique. En sont exclus les organismes de gestion de la sécurité
sociale : ils remplissent une fonction de caractère exclusivement social, dans la mesure où ils
exercent une activité fondée sur le principe de la solidarité. »

Cette différence est consacrée au niveau européen, par le droit de l’UE. La question qui s’est
posée début des années 90, c’est si le droit de l’UE n’allait pas remettre en question cette
distinction cruciale avec le rouleau compresseur du droit de la concurrence.
Faits : les deux monsieur ne veulent pas de la SS. Ces des indépendants et ils ont dit qu’ils ne
voulaient pas paye leurs cotisations car ils voulaient choisir entre la couverture privée et sociale,
avoir un choix. Juridiquement, les organismes français de la gestion de la SS violent le droit de
la concurrence en ne nous donnant pas le choix. elles sont en situation de monopole. L’affaire
sur QP arrive devant la cour de justice.

Elle répond négativement à la QP. Les organismes publics de gestion de SS n’abusent pas de
leur position dominante. On est en dehors du champ du droit de la concurrence qui s’applique
à toutes les entreprises. Ce ne sont pas des entreprises du point de vue du droit de la concurrence
car pas d’activité à caractère économique. Activité fondée sur le principe de la solidarité. C’est
la redistribution des richesses qui découle de la déconnexion entre la auteur des contributions
allouées et la prime que l’on peut recevoir.

Confirmation p.ex. dans CJUE (gde chambre), 11 juin 2020, Dôvera zdravotná poist'ovňa, C-
262/18 et C-271/18
Arrêt de la cour qui va réitérer cette jurisprudence et la confirmer dans d’autres affaires. On
écarte de la concurrence. Récemment, dans un arrêt de 2020 elle a confirmée en grande
chambre.

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Faits : système d’assurance maladie de la Slovaquie. Un assureur privé, Dôvera, qui avait
attaqué en justice le gestionnaire publique de l’assureur soin de santé en Slovaquie, il perçoit
des aides d’états contraires au droit de la concurrence. C’est prohibé par le doit européen de la
concurrence. L’affaire remonte jusqu’au Luxembourg. Le tribunal de l’UE avait donné raison
à Dôvera. Sur pourvoi de l’état slovaque, la grande chambre a annulé l’arrêt du tribunal et à
réitérer sa décision. Pas de question des aides d’états car on est en dehors du champ du droit de
la concurrence. Pas une entreprise car l’activité n’était pas de type économique mais qui met en
œuvre le principe de solidarité. La cours a accentué, branché sous le label principe de solidarité
les deux éléments qui sont le montant des prestations redistribué assuré par notre organisme
public n’est pas directement corrélé à l’importance des cotisations apportées mais aussi
s’agissant du financement, de la façon dont s’est alimenté, ce n’est pas basé sur le profil de
risque. La cour de justice a consacré cette ligne de démarcation entre les assurances privées et
les assurances sociales.

Question : dans la branche pension, où se loge la déconnexion entre l’importance des cotisations
et la hauteur du montant de la pension de retraite que l’on perçoit. Dans le cadre des pensions
de retraite, en Belgique, on a une certaine corrélation, un lien entre l’importance des cotisations
et de la pension de retraite en fonction de notre carrière, du salaire. Y a des branches où c’est
total, là il y a un lien. La connexion est plus forte que dans les épargnes privées. Il y a des
correctifs sociaux qui visent à alimenter le compteur de la pension même à des moments où on
travaillait pas et cotisait pas. Ça fait tourner le compteur de la carrière même si on est malade,
enfants ou autre. On rehausse le montant de la pension jusqu’à à un minimum. Distance entre
l’€ mis dans la balance et le montant qu’on va recevoir.

Question : Toujours d’actualité cette déconnexion avec le passage à l’état social actif ? On veut
responsabiliser les assurés sociaux. Ça peut se traduire par des réformes, dures, différentes.
Peut-être que si ce glissement s’accentue il va réduire la différence entre les assurances sociales
et privées. On doit se responsabilisé financièrement en fonction de nos choix de vie.
Changement de modèle discuté et controversé. Dans cette idée, il y a un parfum de 19ème siècle,
retour à une logique plus libérale. Débat ouvert.

§2. Les assurances sociales et l’aide sociale (l’assistance)


= La summa divisio interne au droit de la SS

a) Les assurances sociales (ou SS au sens strict)


Englobe les revenus de remplacement et les revenus de complément.

Trois caractéristiques :
- Prestations contributives : en règle générale l’éligibilité à un revenu de remplacement
ou de complément est subordonné à l’exigence d’avoir au préalable cotisé ou travaillé.
Exigence de passer de contribution.
- Financement (principalement) par cotisations : financement par de l’impôt de plus
en plus ajd.

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- Pas de référence à l’état de besoin pécuniaire : pas d’état d’indigence. Couvert pour
des accidents du travail, on ne regarde pas si on est pauvre ou non. On a cotisé, notre
employeur a cotisé, un accident du travail, on a droit à la réparation prévu par
l’assurance accident du travail. Logique au regard des assurances sociales qui cherchent
à maintenir le niveau de vie peu importe d’où on part.

b) L’aide sociale (assistance)


Comprend les revenus minimums résiduaires, mis en place pour pallier les limites des
assurances sociales. Attraper les personnes qui passent entre les mailles des assurances sociales.

Trois caractéristiques :
- Prestations non contributives : Il ne faut pas avoir contribuer pendant des années.
C’est parce qu’on est pas en mesure de bénéficier d’une assurance sociale classique.
- Financées par impôt ou solidarité nationale
- Enquêtes sur les ressources : réservées aux personne dans le besoin, ciblées sur celles
qui ont peu de ressources, en dessous des seuils visés par différentes législations. Elles
sont résiduaires. À défaut de ressources personnelles suffisantes. Ici, bien une enquête
sur les ressources. C’est intrusif, on regarde ce qu’on a.

Cette distinction c’est la grand ligne de partage interne en droit de la SS. Il y a des dispositifs
hybrides, qui transgressent cette frontière.
Ex : Les allocations familiales, au départ prestations contributives, depuis 2020, à Bruxelles,
c’est universalisé. Pour toutes les personnes qui résident à Bx reçoivent des allocations
familiales. Mais, c’est quand même du côté assurantiel.
Ex : les allocations d’insertion (Ex- allocations d’attente). Pour les jeunes de moins de 25 ans
qui sortent des études et cherchent du travail. Elles sont non contributives, il ne faut pas avoir
cotiser, on garantit un support aux personnes qui entrent sur le marché de l’emploi et n’ont pas
encore eu de travail. On est dans l’assurance chômage. Présente les deux autres caractéristiques
car financées par cotisation et elles sont déconnectées de l’établissement d’un état de besoin. À
cheval sur assistance et assurance.

Un exemple de cas de figure hybride : les allocations d’insertion (ex-allocations d’attente) dans
le secteur de l’assurance chômage, une prestation non contributive, mais financée par
cotisations et déconnectée de l’établissement d’un état de besoin pécuniaire

Chapitre 3. La diversité des systèmes de SS


Ailleurs, il y a des divergences entre les états. Formes variables d’un état à l’autre. Ça n’a rien
de naturel. Il y a des rapports de force entre capital et travail. On va voir deux manières de
penser, conceptualiser la SS. Avec deux figures clés de l’histoire sociale.

Grandes contingence des solutions nationales.

Section 1. Systèmes Bismarckiens vs. Systèmes Beveridgiens

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2021-2022

= La typologie duale classique : oppose deux idéaux-types

§1. Les systèmes bismarckiens (//Belgique)


Qualifiés en référence à Bismarck, chancelier de Prusse à la fin du 19ème siècle. Politiquement
conservateur et il a mis en place des assurances sociales pour aller dans le sens du mouvement
ouvrier. Dans ce schéma, le modèle de référence est celui des assurances sociales dont la
philosophie est d’assurer le maintien du niveau de vie des travailleurs. Ce schéma, cette
philosophie, rejaillit sur les caractéristiques clés des grandes assurances sociales à la Bismarck.
Dans l’idéal type, pure, dans l’idée, la couverture s’adresse aux travailleurs salariés. Solidarité
à l’intérieur du monde du travail subordonné, effectué dans un rapport d’autorité. Ces
assurances sociales sont financées par des cotisations des travailleurs et des employeurs.
Pacification du rapport de classe, les deux parties mettent de l’argent dans la balance.

Quant aux prestations, dans le modèle, prestations calculées en fonction du devenu perdu.
Maintenir le niveau de vie. Tradition dominante en Europe occidentale et chez nous.

Figure historique de référence : Otto Von Bismarck (homme politique conservateur,


Allemagne, fin du 19ème siècle)
Figure juridique de référence : assurances sociales

Philosophie générale : garantir le maintien du niveau de vie des travailleurs confrontés à un


risque social.

Trois caractéristiques :
- Couverture limitée aux travailleurs en particulier salariés
- Financement par cotisations des employeuse et des travailleurs
- Prestations proportionnelles au revenu professionnel perdu
Tradition dominante en Europe continentale, y compris en Belgique

§2. Les systèmes Beveridgiens


Milieu du 20ème siècle. Économiste Keynésien. Les pouvoirs publics doivent intervenir dans le
marché pour élever le niveau de bien-être. Il s’est fait connaitre en publiant en 1942 un rapport
retentissant à la demande du gouvernement britannique. Feuille de route pour le Royaume-Uni
post guerre mondiale. C’est « Social Security ». Il faut mettre en place un service public
national de la SS qui implique toute la population dans un seul et même système de
redistribution. La SS au sens où il la conçoit doit englober toute la population et son objet n’est
pas que le maintien des acquis mais la réduction des écarts, des inégalités. Aucun pays ne fait
purement ça. On tire plus d’un côté ou de l’autre.

Trois caractéristiques :
- À tout le monde, toute la population. Solidarité qui n’est pas que professionnelle mais
universelle. Le déclencheur des droits sociaux n’est pas l’exercice d’un travail mais
d’être membre de la communauté politique nationale, d’être citoyen.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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- Financement par l’impôt. Pas par les cotisations. Toute la population est mise à
contribution en fonction de ces moyens.
- Prestations forfaitaires : un même standard, un même montant, niveau garantit pour
tout le monde. Ça existe, position dominante dans les pays anglo-saxons et états
scandinaves.
Ajd propositions de classifications plus subtiles que cette distinction rudimentaire.

Figure historique de référence : William Beveridge (économiste keynésien, Grande-Bretagne,


milieu du 20ème siècle)

Figure juridique de référence : service public national de la sécurité sociale

Philosophie générale : affranchir du besoin et égaliser les conditions de vie de la population


Trois caractéristiques :
- Couverture de l’ensemble de la population
- Financement par l’impôt
- Prestations forfaitaires
Tradition dominante dans les pays anglo-saxons et (surtout) scandinaves

Chapitre 4. La sécurité sociale et le droit constitutionnel


Section 1. La sécurité sociale, un droit fondamental ?
Il l’encadre un tout petit peu.
Deux grandes questions :
- Est-ce qu’il existe un droit à la SS ? Pas un droit de la SS. Un droit fondamental.
- Qui est compétent ? quel niveau de pouvoir compétent pour faire évoluer avancer la
SS ? Plusieurs niveaux de pouvoirs.

§1. L’article 23 de la Constitution (depuis 1994)

« Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.

« A cette fin, la loi, le décret ou [l’ordonnance] garantissent, en tenant compte des obligations
correspondantes, les droits économiques, sociaux et culturels, et déterminent les conditions de
leur exercice.

« Ces droits comprennent notamment :


1° le droit au travail (…) ;
2° le droit à la sécurité sociale (…) ;
3° le droit à un logement décent ;
4° le droit à la protection d’un environnement sain ;
5° le droit à l’épanouissement culturel et social;
6° le droit aux prestations familiales. »

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Première question : dans la C°, droit à la SS à l’article 23. On nous dit que ça existe. Au sein
des droits fondamentaux, deux générations de droits fondamentaux : les droits de première
génération (civils et politiques : droit de vote, expression, association, religion, élection).
Grandes libertés classiques. On ne peut nous empêcher de les exprimer. Pas nous interdire de
manifester. Les droits de la seconde génération sont les économiques et sociaux, constitutifs de
l’état providence. Le droit au travail, au logement à al SS, à l’enseignement. Pour réaliser ces
droits, les autorités publiques ne doivent pas s’abstenir mais agir, intervenir activement.

§2. La portée juridique de l’article 23, alinéa 3, 2° C°


a) L’absence d’effet direct
Ce droit quel est sa portée juridique ? que faire de ce droit ? prérogative justiciable ? comment
obtenir un résultat ? Réponse nuancée.
- Non, le droit à la SS n’est pas doté de l’effet direct. Aptitude d’une norme à être
invoquée en justice pour en tirer des droits, des prérogatives. Il faut se rappeler les
critères de l’effet direct. Il faut répondre à deux grands critères :
• Est-ce que la disposition est suffisamment claire et précise ?
• Suffisamment complète ? nécessite des mesures de mise en œuvre ?se suffit à
elle-même ?
Non, pas d’effet direct. Car pas claire et précise et non plus dotée de complétude. Il faut savoir
c’est quoi le droit à la SS (renvoie à toutes les dispositions). Pourtant, 23C° est un outils
puissant. Une absence d’effet direct conforme à la volonté du constituant de 1994. On ne peut
pas s’appuyer dessus pour revendiquer devant un juge l’obtention d’une allocation, un minima.

Notre droit à la SS ne dispose pas d’effet direct, pas de droit subjectif classique. La
jurisprudence va évoluer à partir des années 2010, 2015. On a deux grandes constructions,
raisonnements qui donnent du muscle à ce droit constit à la SS. Premier raisonnement qui
compense l’absence d’effet direct c’est l’effet de Standstill.

Cours du 13 octobre (S4) :

b) Deux palliatifs à l’absence d’effet direct

1° L’effet de standstill (ou effet « cliquet », ou encore principe de non-rétrogression)

Droit à caractère programmatique. On donne au législateur la mission d’effectuer, concrétiser


ce droit à la SS. C’est l’alinéa 2. Il doit faire les choix, définir le concept, le budget. Le
législateur a pour mission en vertu de la constitution de faire advenir le droit à la SS. Ce même
législateur ne peut pas défaire ce qui a été mis en place. Il ne peut pas revenir sur les acquis
sociaux. Raisonnement à contrario. Grande marge d’appréciation mais il ne peut pas reculer.
Principe de non-rétrogression. En règle générale, le législateur ne peut amoindrir le niveau de
mise en œuvre déjà acquis du droit à la SS.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Pourtant au fur et à mesure des réformes, actualités, comment les concilier avec ce principe ?
Effectivement, cet effet n’est pas absolu mais relatif. Ce n’est pas une interdiction pure et
simple, totale. Le principe est celui de l’irréversibilité des acquis sociaux et le constituant l’a
reconnu en 1994. Cet acquis stabilise les acquis sociaux. Possibilité tout de même de
dérogation.

Les conditions selon lesquelles on peut légiférer à rebours des droits déjà garantis, sont bien
précises. Conditions de fond, de nature substantielle, et une exigence plus formelle,
procédurale.

L’irréversibilité (relative) des acquis sociaux


Conditions à respecter pour pouvoir, par exception, déroger au principe de non-rétrogression
ð Trois exigences de fond :
• Le recul opéré doit obéir à un motif d’intérêt général : le législateur doit
revenir sur un acquis social en se prévalant d’un motif d’intérêt général.
Mettre sur la table un motif d’intérêt général. C’est entendu de façon
large par la jurisprudence.
Ex : préserver l’équilibre des finances, promouvoir l’emploi, la
croissance, lutter contre la fraude sociale.
• Le recul doit être approprié et même nécessaire au regard de ce motif :
la mesure régressive prise doit être approprié au regard du but d’intérêt
général poursuivi et ça doit être nécessaire. Le moyen mis en œuvre doit
être pertinent et soit en mesure d’atteindre l’objectif poursuivi. Parmi les
différents scénarios envisageables, les différentes mesures possibles il
faut opter pour la mesure la moins attentatoire au droit de la SS.
• Le recul ne doit pas emporter des conséquences disproportionnées pour
les intéressés : ensuite, quand les autres conditions sont remplies, il faut
s’assurer que la mesure en vertu de ses caractéristiques n’entraine pas
des conséquences disproportionnées. S’assurer que l’impact négatif de
la régression pour les personnes concernées n’est pas disproportionné
par rapport à l’avantage que lui législateur retient. Test de
proportionnalité au sens strict.

ð Une exigence procédurale : obligation de motivation ; il doit s’expliquer sur ce qu’il


fait, argumenter la mesure pour que les juges puissent faire leur contrôle en cas de litige.
Quel est le but ? Le législateur doit montrer qu’il a réfléchit à différents scénarios, voies.
Monter qu’il a essayé d’anticiper les conséquences qui vont découler de la réforme.

Un exemple récent : C.C., 12 mars 2020, n° 41/2020 (allocations aux personnes handicapées) :
principe de plus en plus dont la densité juridique est certaine maintenant. Sous le gouvernement
précédent, une réforme a été prise, mesure qui amoindri. La réforme opérée consistait à
remplacer la condition qui existait de résider en Belgique, pas une exigence de résidence ne
Belgique et de passer de résidence en Belgique depuis au moins 10 ans. Du jour au lendemain,

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des personnes devenaient illégitimes à l’allocation. Recours devant la Cour constit. Qui opère
le test de proportionnalité et qui voit les différentes conditions.
- Intérêt général ? Réduire les dépenses et éviter les abus. Pas très explicite mais ok.
- Conséquences disproportionnées et nécessaires ? c’est compliqué de démontrer quels
sont les abus. Le juge est sensible au caractère soigneux et argumenté de la réforme. Ici,
travail bâclé. La cour constit a considéré que ce n’était pas approprié et nécessaire au
regard du but poursuivi. On n’en sait rien car pas explicite dans les travaux
préparatoires. Annule la réforme. Balise, construction qui fait obstacle à des réformes
qui vont trop loin ou pas bien motivées.

Autres exemples : renvoi au cours de Droit approfondi de la sécurité sociale.

2° La lecture combinée de l’article 23 de la Constitution et des principes d’égalité et de


non-discrimination (articles 10 et 11)

Quand le législateur décide d’avance, à mettre en œuvre le droit à la SS, il ne peut pas le faire
de façon discriminatoire.

Deux domaines d’application privilégiés :


• L’égalité entre hommes et femmes (ex. des pensions) : quand il donne contenu
à la SS, il ne peut pas discriminer entre les hommes et les femmes, avant c’était
le cas pour les pensions. Ils sont allés en justice et fin de cette discrimination.
• L’égalité entre nationaux et étrangers en séjour régulier (ex. des prestations
d’aide sociale)

Réponse nuancée, pas de droit subjectif au sens classique. En revanche deux protections
importantes.

Section 2 – La sécurité sociale, une compétence exclusivement


fédérale ?
§1. La sécurité sociale, une compétence a priori fédérale…

Qui est compétent ? Nous sommes en Belgique donc réponse complexe. On résume en trois
temps :

A l’origine, une compétence résiduaire, donc fédérale. Les communautés et régions disposent
des compétences qui leurs ont été confiées, attribuées. Le législateur c’est confié + Toutes les
compétences résiduaires. Au départ, quand on a créé les communautés et régions, on ne leur a
pas attribué, compétence résiduaire.

En 1988, lors de la troisième réforme de l’état, on a voulu confirmer ça, en inscrivant en toute
lettre dans la loi spéciale de réforme institutionnelle, que la SS est une compétence fédérale

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mais formellement dans la LS, la SS est considérée comme une exception à la compétence
économique des régions. On crée de l’ambiguïté. La SS c’est fédéral, ça nous rassemble tous.

Confirmation expresse (mais un peu maladroite) en 1988, à l’art. 6, §1er, VI, al. 5, 12° de la loi
spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles

§2. … assortie de deux tempéraments importants…


Cette compétence de principe est assortie de deux tempéraments importants.

a) Premier tempérament : la défédéralisation de politiques connexes à la sécurité


sociale

Cfr la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles

Quand on crée les communautés et régions on leur confie des matières liées à la SS même si
elles n’en font pas partie en tant que tel. Ce sont les matières connexes à la SS.

- Les régions : compétentes (notamment) pour la politique de l’emploi (art. 6, §1er, IX) ;
Au titre de cette compétence, matière sociale importante régionalisée, c’est le placement
des chômeurs. Toute l’aide, le soutien, le support aux demandeurs d’emploi.
Articulation entre fédéral et fédéré. L’assurance chômage qui alloue le allocations de
chômage c’est fédéral mais le placement des chômeurs, l’accompagnement des
chômeurs pour les aider à retourner sur le marché de l’emploi c’est fédéré.
ð A ce titre, régionalisation du « placement » des chômeurs

- Les communautés : compétentes (notamment) pour les matières culturelles (art. 4) et


pour les matières personnalisables, soit la politique de santé et l’aide aux personnes (art.
5). A ce titre, une série de dispositifs, de mesures, sortis du giron de compétence de
l’autorité fédérale vers le fédéré. Formation professionnelle, c’est communautaire, la
formation est une compétence des communes. Ensemble de dispositifs proches de la SS
sans en faire partie.
ð A ce titre, communautarisation de la formation professionnelle, la politique de
santé, la politique familiale, la politique d’aide sociale, la politique des personnes
handicapées et la politique du troisième âge.

Le cas particulier de la Communauté française : transfert de (la quasi-totalité de) ses


compétences en matière sociale à la Région wallonne, d’une part, et à la COCOF, d’autre part.
On a des leviers transférés aux régions, d’autres aux communautés. La communauté française
a un petit budget, maillon faible donc quand elle a hérité de ces différents leviers, elle n’a pas
voulu exercer ses compétences car pas en mesure de le faire. Un accord intra-francophone a été
pris. La comm. Française s’est défait de la quasi-totalité au profit de la région wallonne et de la
COCOF.

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b) Deuxième tempérament : « momification » par la Cour constitutionnelle de la


compétence fédérale en matière de sécurité sociale ?

La Cour constit s’en est mêlée dans une affaire célèbre.

Rappel sur le principe de l’exclusivité des compétences : en théorie, pas de compétences


concurrentes en Belgique. En principe, toutes les compétences sont exclusives, ça exclut la
compétence des autres niveaux de pouvoirs. On ne peut pas avoir de concurrence dans un même
domaine ou d’initiative parallèle dans un même niveau de pouvoir.

L’affaire de la zorgverzekering (l’assurance dépendance, soin flamande) : développé par la


communauté flamande en 1999. Toutes les personnes de plus de 26 ans en communauté
flamande doivent s’affilier à une caisse pour être protégé contre la dépendance. Ça complète ce
que fait l’assurance soin de santé qui prend en charge les dépenses médicales par une
intervention dans les dépenses non-médicales liées à la dépendance. On peut avoir besoin
d’aide en cas de perte d’autonomie. Fin des années 90, on se demande si la SS ne doit pas
évoluer pour prendre en compte les nouveaux besoins sociaux dont la perte d’autonomie.
Pourquoi, sur quelle base créée au niveau fédéral ? Mécanisme mise en place c’est s’affilier à
une caisse, payer une cotisation et si un certain risque survient, on perçoit une intervention,
prestation de cette assurance dépendance. C’est de l’aide aux personnes pas de la SS dit la
communauté donc je suis compétente.

Cfr C.A., 13 mars 2001, n° 33/2001 : CC a donné tort à la communauté française et a validé le
décret flamand. L’argument de la communauté française est que les communautés ont reçus des
leviers limitativement énumérés. La prise en charge des personnes n manque d’autonomie ce
n’est pas énuméré. La communauté flamande avait répondu que la compétence de l’état fédéral
pour la SS doit s’entendre de manière restrictive alors que les compétences attribuées doivent
être entendues de façon large. C’est un mécanisme qui fait partie de l’aider aux personnes. Dans
son arrêt la cour a dit que la communauté flamande ap agir. Pour intervenir dans la pris en
charge de la perte d’autonomie au titre de l’aide aux personnes et n’aurait pas pu le faire si elle
avait légiféré dans une matière déjà occupée par l’état fédéral. Ce qui aurait été problématique
c’est que la comm. Flamande occupe un terrain déjà occupé par le fédéral. Les observateurs ont
cru que la CC avait figé la SS fédéral. Ce que le fédéral peut faire, c’est faire évoluer les
branches déjà en place mais les nouvelles mesures de politiques sociales, c’est un ensemble qui
relèverait de la compétence des communautés en tant qu’elles sont compétentes pour la santé
et l’aide au personne.

Propositions de lois en vue de crée une branche et le conseil d’état section législation avait dit
non au vu de ce que la cour avait dit dans 33/2001. Les compétences sont exclusives. Donc, si
fédéré est compétent, fédéral ne l’est plus. L’affaire est revenue devant la CC.

Mais cfr aussi C.C., 21 janvier 2009, n° 11/2009 : la CC précise dans un arrêt 11/2009 qu’il ne
peut pas se déduire de 33/2001 que l’état fédéral ne serait plus compétent pour légiférer sur la
prise ne charge de la perte d’indépendance. Elle dit au CE qu’il la mal comprisse. Elle a dit que

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la communauté flamande pouvait légiférer. Comment réconcilie-t-on cette affirmation avec le


principe de base de l’exclusivité des compétences ? Les niveaux de pouvoirs ne peuvent
s’occuper des mêmes matières mais des mêmes personnes chacun sur les attributions propres.
La communauté flamande peut agir pour soutenir ces personnes au titre de l’aide aux personnes
mais le fédéral de son côté peut aussi intervenir à l’égard des mêmes personnes sur la base de
sa compétence SS.

Comment réconcilier ce second arrêt avec le principe d’exclusivité ?

Conclusion ? chacun peut agir à un titre différent. Si l’état faisait aussi une caisse dépendance ?
Payé deux fois et percevoir deux fois ? on ne sait pas. Second arrêt qui laisse perplexe. La CC
est revenue sur son premier arrêt et l’a nuancé. La frontière, la ligne de démarcation entre SS
d’ordre fédéral et le reste, les mesures d’aide aux personnes et de santé, est poreuse.

§3. … et désormais d’exceptions


Principale mesure décidée lors de la sixième réforme de l’Etat (2014) : la communautarisation
intégrale des allocations familiales

Depuis la 6ème réforme de l’état a tronçonné un morceau de la SS préexistante. On a pris une


branche de la SS, les allocations familiales et on les communautarise entièrement (wallon,
flamand, Bruxelles, germanophone).

Subtilités : dans le cas de Bruxelles on a confié ces premières branches sorties du fédéral, à la
COCOM. On n’a pas voulu à BX que les deux grandes communautés entrent en concurrence.
On ne veut pas dire qu’il y a deux sortes de Bruxellois. Un organisme qui gère tout ça. Pas de
sous nationalités.

Nouvel art. 5, §1er, IV de la loi spéciale du 8 août 1980 introduit en 2014

Les cas de Bruxelles (COCOM, pour éviter les sous-nationalités) et de la Communauté


française (nouveau transfert, pour ce qui concerne la région de langue française, vers la Région
wallonne)

La communauté française a reçu des allocations familiales sauf à Bruxelles, dès qu’elle a reçu
elle les a retransférés à la région wallonne comme par le passé.

Tout l’enjeu, c’est de savoir si on va faire la même chose pour les soins de santé durant la 7ème
réforme de l’état. Désir de la communauté flamande qui aimerait qu’on communautarise
complètement les revenus de complément.

En outre, défédéralisation de certains aspects limités de la parafiscalité, des soins de santé, de


l’assurance chômage et des allocations aux personnes handicapées

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Partie II – L’assujettissement, le financement et l’organisation


administrative du système belge de sécurité sociale

Assujettissement, financement et organisation administrative : trois problématiques étroitement


liées entre elles dans les régimes de sécurité sociale contributifs, avec des différences majeures
entre les travailleurs salariés et les travailleurs indépendants.

Chapitre I – L’assujettissement à la sécurité sociale


Section 1 – Les principes généraux relatifs à l’assujettissement

Quatre principes transversaux


Qui est tenu de payer les cotisations de SS ? La principale porte d’entrée dans la SS c’est le
paiement de cotisations. Il faut avoir/être en train de travailler et cotiser.

§1. Premier principe : toute personne exerçant une activité professionnelle en Belgique
doit être assujettie à un régime de sécurité sociale (contributif)
Matière traversée par des principes généraux.
• « Toute personne exerçant une activité professionnelle… » : l’exercice d’une
activité professionnelle comme condition nécessaire pour être assujetti.
Bismarck, les assurances sociales sont adossées au travail. L’exercice d’une
activité professionnelle est la condition nécessaire pour être assujetti. Toute une
série d’activités jugées non productives par le marché qui échappent à la SS.
• « … doit être assujettie… » : l’exercice d’une activité professionnelle comme
condition suffisante pour être assujetti. Condition suffisante, s’il y a activité pro,
l’assujettissement s’impose à nous.
• « … à un régime de sécurité sociale (contributif) » : salariés vs indépendants. 4
grands régimes.

§2. Deuxième principe : les dispositions légales relatives à l’assujettissement à la sécurité


sociale sont d’ordre public

Rappel de la définition de l’ordre public et de ses conséquences juridiques : une norme est
d’ordre publique à partir du moment où elles touchent aux intérêts les plus fondamentaux de la
collectivité. La SS est une législation d’ordre publique, pilier des modèles de notre société.
Conséquence de la qualification juridique ? Les normes d’ordre publique font échec à
l’autonomie de la volonté. On ne peut pas aménager par l’exercice de la volonté contractuelle,
on ne peut pas les négocier, elles s’imposent à nous. On ne peut pas y déroger sous peine de
nullité. On ne décide pas d’être assujetti à tel ou tel régime.

Incidence pour la matière de l’assujettissement à la sécurité sociale.

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§3. Troisième principe : pour une même activité professionnelle, une personne ne peut pas
être assujettie à plusieurs régimes de sécurité sociale

L’assujettissement à un régime pour une activité professionnelle déterminée est exclusif de


l’assujettissement à un autre pour cette même activité. Ça rend impossible l’assujettissement à
un autre régime pour cette même activité professionnelle.

§4. Quatrième principe : si une personne exerce deux activités professionnelles distinctes,
cette personne peut être assujettie à deux régimes de sécurité sociale

L’hypothèse du double assujettissement. Si on exerce 2 activités professionnelles distinctes


alors on peut être assujetti à 2 régimes de sécurité sociale distincts.

Section 2 – L’assujettissement au régime de sécurité sociale des


travailleurs salariés (régime de SS général).

Base légale : loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité
sociale des travailleurs (loi ONSS)

Général car il est le régime par défaut et englobe l’essentiel de la population active.

§1. Le principe : un contrat de travail (ou un contrat d’apprentissage)

Article 1er, §1er, alinéa 1er : « sont assujettis à la sécurité sociale des salariés les travailleurs et
les employeurs liés par un contrat de travail »

Le déclencheur de l’assujettissement, le point de départ, c’est l’existence d’un contrat de travail


mais sont assujettis à la sécu des travailleurs salariés, les deux parties à la relation de travail
subordonnés. Les deux parties vont payer les cotisations. L’employeur doit faire partir vers
l’ONSS une déclaration pour dire qu’un contrat de travail a été établis et donc l’obligation de
payer une cotisation sociale. Il faut une couverture sociale sinon c’est travail au noir.
ð Déclaration DIMONA.

Deux commentaires :
- La situation des fonctionnaires contractuels : ne dit rien du statut juridique de
l’employeur. Il se peut que l’employeur soit du secteur privé ou public.
- Les présomptions (simples et irréfragables) de contrat de travail ; il existe en droit du
travail toute une série de présomption de contrat de travail, situations où on est présumé
opéré dans les liens d’un contrat de travail et donc pas dans une relation indépendante.
Deux grands types de présomptions de contrat de travail. Présomptions simples sont les
présomptions qui nous tombent dessus dont on peut apporter la preuve contraire (Ex :
étudiant c’est dans le cadre d’un contrat de travail, pharmaciens pas propriétaires de la
pharmacie). Mais, il y a aussi des présomptions irréfragables, on ne peut jamais les

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renverser et dire le contraire (Ex : les intérimaires, sportifs rémunérés, relations de


travail, prestations complémentaires au service d’un employeur où on est déjà lié par un
contrat de travail mais qu’on effectue une prestation similaire).

+ article 1er, §1er, alinéa 2 : « assimilation aux travailleurs et à leurs employeurs des apprentis
et des personnes qui emploient des apprentis »

Article 2 : habilitation du Roi à étendre, limiter et soustraire. Pouvoir exécutif à qui on donne
des prérogatives importantes en matière d’assujettissement. Étendre le périmètre de
l’assujettissement à la SS d’une part, de faire rentrer dans le champ de l’assujettissement des
travailleurs qui ne sont pas des salariés. En sens inverse, le roi peut aussi limiter et exclure
l’assujettissement. Prévoir que pour des travailleurs qui sont bien engagés dans les liens d’un
contrat de travail, l’assujettissement ne va être que partiel, porté que sur centaines branches de
la SS. Exclusion aussi qui pour un nombre de situations le roi peut prévoir que des travailleurs
salariés qui sont bien engagés dans les liens d’un contrat de travail ne sont pas soumis à la SS,
tombe en dehors du filet de la sécu, ça a des conséquences.

à Cfr l’arrêté royal du 28 novembre 1969 pris en exécution de la loi du 27 juin 1969 révisant
l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs (arrêté ONSS)

Arrêté-loi du 28 décembre 1944 : fin seconde guerre mondiale, fondateur, par les autorités
belges, bases du régime de SS des travailleurs salariés. Le texte central qui régit
l’assujettissement au régime général c’est la loi qui révise cet arrêté-loi. Elle a été substituée à
l’arrêté-loi de base mais il continue à exister. L’essentiel des règles c’est la loi de 1969.

Comment le pouvoir exécutif a fait usage des pouvoirs qui lui ont été donnés ?

Cours du mercredi 20/10 (S5) :


Rappel : on a planté le décors, introduction générale au droit de la SS. Et répartition des
compétences en Belgique. Puis, seconde partie qui a pour objet un trio de problématiques
étroitement liées, l’assujettissement, financement et organisation administrative de la SS des
régimes contributifs de la SS. Deux grands régimes socio-professionnels qui sont les
indépendants et salariés. Ici, on voit le régime principal des travailleurs salariés. La loi principal
en la matière du 27 juin 1969, pose un principe en son article 1.

§2. Les extensions


Assujettissement au régime de sécurité sociale des travailleurs salariés en dépit de l’absence
de contrat de travail donc soumis à l’impôt.

Deux sous-hypothèses :

a) Les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, fournissent
contre rémunération des prestations de travail sous l’autorité d’une autre personne

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Les fonctionnaires sous statut (art. 9 à 15), essentiellement pour ce qui concerne l’assurance
soins de santé. Pas les contractuels mais les statutaires. Ils ne sont pas engagés dans les liens
d’un contrat de travail mais nomination unilatérale désignée dans le cadre d’un statut par une
autorité.

Pourtant 3 grands régimes de SS contributif : Salarié, indépendants et agents des services


publics. Donc pourquoi on parle ici des fonctionnaires ? Parce que ce régime est hybride pour
certaines des banches protections propres, distinctes alors que pour d’autres branches les
fonctionnaires sont raccrochés au régime général des salariés. C’est e raccord que fait l’AR.
Différentes dispositions dans l’arrêté d’exécution ONSS qui concernent cette première sous-
hypothèse car beaucoup de sorte de fonctionnaire dans notre pays. L’état fédéral, les
communautés, régions, organismes d’intérêt public, etc…

La plupart de ces fonctionnaires statutaires sont versées dans le régime général des travailleurs
salariés pour ce qui concerne les soins de santé.

b) Les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, exécutent
un travail selon des modalités similaires à celles d’un contrat de travail (art. 2)

Diverses situations de dépendance socio-économique (art. 3, 3bis et 15bis), hors contrat de


travail :
- Exemple 1 : les mandataires d’associations (art. 3, 1°)
- Exemple 2 : les artistes (L., art. 1erbis) :
Si un artiste a un contrat de travail ? que se passe-t-il sur le plan de l’assujettissement ? On
applique l’art. 1, al. 1 et §1 car contrat de travail et assujettissement. Par hypothèse ici, pas de
contrat de travail. Œuvres en dehors des lins d’un contrat de travail. Les donneurs d’ordre sont
multipliés, les commandes fluctuent, pas d’employeur déterminé. C’est ici que les règles
relatives à l’assujettissement interviennent. Réformé après de longues discussions et le statut
des artistes est dans la loi. Pas dans l’arrêté d’exécution mais dans la loi. Qu’est-ce qui est prévu
pour les artistes qui n’ont pas de contrat de travail ? Le texte dit que les personnes qui
fournissent des prestations ou qui produisent des œuvres de nature artistique contre paiement et
en dehors du cercle familial sont assujettis à la SS des travailleurs salariés. On institue au sein
du ministère de la SS (SPF SS), au sein de l’administration, une commission qui est la
commission artiste. Elle est logée au sein de l’administration.

Au sein du SPF sécurité sociale a été institué une commission administrative, la « commission
artiste » qui est composée de fonctionnaires des institutions de sécurité sociale d’une part, et de
représentants des interlocuteurs sociaux d’autre part. Cette commission apprécie, au cas par cas,
si les prestations fournies ou les œuvres produites sont de nature artistique. Lorsque cette
commission décide que c’est de nature artistique, elle délivre un visa artiste qui atteste, pour
une période de 5 ans, que les œuvres et prestations sont de nature artistique. A partir de ce
moment-là, l’artiste sera assujetti au régime des salariés. Ce visa donne donc accès à toute la
protection dont bénéficient les travailleurs salariés (assurances chômages, pensions, …) mais
impose donc aussi l’obligation de payer les cotisations.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Mais, comme il n’y a pas de contrat de travail, qui va payer les cotisations ? Dans
l’assujettissement au régime des salariés, on a toujours deux parties assujetties : l’employeur et
le travailleur. Ici, puisqu’il n’y a pas d’employeur donc se sera le donneur d’ordre (la personne
qui passe commande) qui va être considéré, pour le besoin de l’assujettissement, comme étant
l’employeur. C’est donc cette personne qui va payer les cotisations dues, envoyer la déclaration
DIMONA à l’ONSS, etc.

- Exemple 3 : les chauffeurs de taxi (art. 3, 5°ter)

L’arrêté ONSS, art. 3, 5° ter prévoit que les chauffeur de taxi qui ne sont pas liés par un contrat
de travail sont assujetti à la sécurité sociale des salariés, SAUF si le chauffeur de taxi est titulaire
d’une licence d’exploitation et est propriétaire de son véhicule.
Si ces 2 éléments sont rencontrés, ces chauffeurs de taxi seront assujetti à la sécurité sociale des
indépendants. Donc il y a une présomption que les chauffeurs de taxi qui ne sont pas lié par un
contrat de travail sont assujetti à la sécurité sociale des travailleurs salariés mais cette
présomption peut être renversée en prouvant ces 2 éléments.

- Exemple 4 : les gardiens d’enfants (art. 3, 9°)


L’art. 3, 9 de l’arrêté ONSS prévoit que si le gardien d’enfant travaille dans le cercle familiale,
chez lui, et qu’il a une reconnaissance de la part d’un service d’accueil, alors ce gardien d’enfant
sera assujetti au régime de la sécurité sociale des salariés et le service d’accueil qui l’a agréé va
accomplir les obligations d’employeur alors même qu’il n’y a pas de contrat de travail et qu’il
n’est pas travailleur salarié.

- Exemple 5 : les bénéficiaires d’une bourse de doctorat (art. 3bis)

L’arrêté ONSS, à son art. 3bis, prévoit que les personnes qui réalisent une thèse de doctorat en
bénéficiant d’une bourse sont assujetties à la sécurité sociale des travailleurs salariés.

- Exemple 6 : les activités de nettoyage (L., art. 2/2)

Le législateur a encore mis ça dans la loi et non dans l’arrêté, à l’art. 2/2. Les personnes qui
effectuent des activités de nettoyage, qui relèvent de la commission paritaire nettoyage, sont
assujetties au régime de sécurité sociale des salariés même si elles n’ont pas de contrat de
travail. On présume que ce sont de faux indépendants.

La présomption peut toujours être renversée. La personne peut montrer qu’elle n’est pas en
situation de dépendance socio-économique si elle ne travaille pas pour un seul donneur d’ordre,
elle emploie son propre matériel et elle facture elle-même ses prestations.

En sens inverse, limitations et exclusions de l’assujettissement au régime de sécurité sociale


des travailleurs salariés en dépit de la présence d’un contrat de travail

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Des indépendants juridiquement dans une situation de dépendance socio-économique. Pas de


lien d’autorité sur le plan juridique mais il n’empêche que dans la pratique, sur le plan des
réalités du travail, il y a de la dépendance envers des donneurs d’ordre. Durant les 30 glorieuses,
trois décennies qui suivent la seconde guerre mondiale, mouvement d’extension très marqué de
la SS qui s’était traduit par l’inclusion dans son périmètre de toute une série de catégories de
personnes qu’on considère comme vulnérable et qui pour les besoins de la SS vont être traité
comme s’il s’agissait de salariés. Comment ceci se décline dans les textes ?

§3. Les limitations

Limitation de l’étendue de l’assujettissement à certaines des branches du régime (art. 4 à 8ter)


Réduction à due concurrence des cotisations de sécurité sociale

On vise ici les cas où on a un contrat de travail, mais malgré cela, il n’y a pas assujettissement
entier au régime général. On ne va développer d’exemples pour ces limitations car ce sont des
cas de figure qui sont devenus assez périphériques mais ces situations sont visées aux art. 4 à
8ter de l’arrêté ONSS (ex : coureur cycliste). Quand l’assujettissement est limité, cela coute
moins cher pour l’employeur car il ne faut pas payer des cotisations pour les branches qui ne
s’appliquent pas.

§4. Les exclusions

Non-assujettissement de certaines catégories de travailleurs qui sont engagés dans un emploi


accessoire ou de courte durée (art. 16 à 17sexies)
Pas de cotisations (en tout cas ordinaires) de sécurité sociale

On vise ici les situations où on a bien un contrat de travail, donc, en vertu de l’art. 1er de la loi
ONSS, on devrait avoir un assujettissement au régime général mais ici on prévoit en exception
au principe : il n’y aura pas d’assujettissement. Ici, il n’y a donc 1) pas de cotisations et 2) pas
de protection non plus.

Ici, la compétence donnée au roi a été balisée par le législateur à l’art. 2 de la loi ONSS. Le roi
peut faire, en vertu de cet art. 2, sortir de l’assujettissement les travailleurs qui sont engagé dans
un emploi accessoire ou bien dans un emploi de courte durée. Ex : babysitting pdt pas plus de
8h/semaine.

Ex : les étudiants jobistes (art. 17bis) : le cas des étudiants jobistes (art. 17bis de la loi ONSS) -
> les étudiants jobistes ne sont pas assujetti à la sécurité sociale des salariés lorsque l’occupation
ne dépasse pas 475 heures sur une année civile. Donc, pour l’employeur, ça coute pas cher
d’employé un étudiant jobiste car le brut équivaut presque au net et pour les étudiants c’est
aussi avantageux. . Attention : si on dépasse les 475 heures, on bascule sur l’article 1er de la
loi ONSS et il y a alors assujettissement au régime général (donc payement de cotisation +
ouverture de droits).

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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EN CONCLUSION :

Il y a le principe de base selon lequel les personnes qui sont engager dans le cadre d’un contrat
de travail sont assujetti à la sécurité sociale des travailleurs salariés. Au-delà de cela, il y a 3
grands ensembles :
1) Tombent dans le régime des salariés (avec ce que cela implique en cout et protection) des
personnes qui ne sont pas liés par un contrat de travail en raison de leur position de vulnérabilité
= les extensions
2) Des personnes qui sont liés par un contrat de travail mais qui ne tombe pas sous le champ de
la sécurité sociale des travailleurs salariés pour certaines branches = les limitations
3) Des personnes qui sont liés par un contrat de travail mais qui ne bénéficient pas de protection
(sauf accident du travail) et qui ne doivent pas payer de cotisations = les exclusions.

Section 3 – L’assujettissement au régime de sécurité sociale des


travailleurs indépendants

Cfr l’arrêté royal n° 38 du 27 juillet 1967 organisant le statut social des travailleurs
indépendants
Article 2 : « sont assujettis au statut social des indépendants les travailleurs indépendants (au
sens strict) et les aidants »
Par hypothèse, pas d’employeur
ð Conséquence : l’indépendant supporte seul le poids de ses cotisations sociales

Le texte de référence ici est l’arrêté royal n°38 (arrêté de pouvoirs spéciaux) du 27 juillet 1967
organisant le statut social des travailleurs indépendants. Cet arrêté ne s’est donc substitué à
aucun texte car le statut social des travailleurs indépendants est sorti de terre à ce moment-là.

A ce moment-là, les indépendants disposent des allocations familiales, des pensions et d’une
couverture soins de santé très rudimentaire. En 1967, on est venu chapeauter ce trépied famille-
vieillesse-maladie par cet arrêté royal n°38 qui fixe des règles d’assujettissement communes
aux différentes branches du désormais statut social des indépendants.

Le principe de base est posé par l’art. 2 de cet arrêté royal n°38 : sont assujettis au statut social
des indépendants les travailleurs indépendants et les aidants. On a donc deux types
d’indépendant : les indépendants au sens strict et les aidants (qui ne représentent qu’un infime
pourcentage des indépendants).
-> Ce qui est important de noter ici, c’est qu’il n’y a pas d’employeur. Tout le poids des
cotisations pèse donc sur l’indépendant. L’indépendant assume seul le poids de la parafiscalité.

§1. Les travailleurs indépendants

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a) Le principe : l’exercice d’une activité professionnelle en dehors d’un contrat de travail ou


d’un statut

Article 3, §1er, alinéa 1er de l’AR n°38 : « travailleur indépendant = toute personne physique
qui exerce en Belgique une activité professionnelle en raison de laquelle elle n’est pas engagée
dans les liens d’un contrat de travail ou d’un statut »

Les conditions à remplir pour être assujetti à ce régime des travailleurs indépendants sont :

- Un indépendant doit être une personne physique : on ne vise pas ici les personnes
morale. Ex : une société, une ASBL, une compagnie n’est pas en tant que telle assujetti
à la sécurité social des indépendants, ce sont les personnes physiques derrière qui le
sont.

- L’indépendant doit fournir une activité professionnelle : la jurisprudence a clarifié des


critères permettant de définir « l’activité professionnelle » par contraste à l’activité non-
professionnel. On a deux critères qui se dégagent :

o Il faut une activité habituelle : une activité est habituelle par contraste à une
activité occasionnelle. Une activité est habituelle à partir du moment où elle
repose sur l’accomplissement périodique d’un ensemble d’opérations qui
poursuivent un même objectif.

Cette notion est entendu par l’INASTI (= l’administration) et par les juges de
manière assez large : ils ont tendance à considérer assez vite qu’une activité n’est
pas occasionnelle mais habituelle.

o Il faut que l’activité soit à but de lucre : par opposition ici à une activité à titre
gratuit. Ce qui compte, c’est de tirer un revenu de cette activité (même si on
travaille à perte au début). Si tel est le but, l’activité est alors à but de lucre et
non à titre gratuit.

Cette notion est aussi entendu par l’INASTI et par les juges de manière assez
large.

Ces 2 critères sont entendu assez largement dans une finalité protectrice. L’idée c’est
que toute activité professionnelle en Belgique doit donner lieu à un régime
d’assujettissement.

- Il faut que pour cette activité professionnelle, il n’y ait pas déjà un contrat de travail
ou une nomination statutaire : le statut social des indépendants, c’est le régime qui
englobe toutes les personnes qui fournissent une activité professionnelle sans relever
d’un de 2 autres régimes (régime des salariés et régime des agents des services publics).
C’est le régime résiduaire : à priori on va en priorité dans un des 2 autres régimes mais

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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si ce n’est ni l’in ni l’autre et que l’on exerce tout de même une acticité professionnelle,
il faut qu’on soit à tout le moins assujetti au régime des indépendants. Ce régime des
indépendants est le moins protecteur c’est pour ça qu’à priori il s’applique en dernier
lieu.
Résumé :
- 1° L’absence d’un contrat de travail ou d’une nomination statutaire : Le régime des
travailleurs indépendants comme régime subsidiaire
- 2° L’exercice d’une activité à caractère professionnel : Activité professionnelle =
activité :
• habituelle (par opposition à occasionnelle)
• et à but de lucre (par opposition à à titre gratuit)
Finalité protectrice des interprétations extensives

b) Les extensions
La présomption d’assujettissement des mandataires de sociétés à but de lucre (art. 3, §1er, al. 4)

L’art 3 §1 al. 4 de l’arrêté royal n°38 prévoit que les mandataires de sociétés commerciales,
sont présumés exercer leurs activités professionnelles en tant que travailleurs indépendants.
Pendant longtemps il s’agissait d’une présomption irréfragable. Finalement, la présomption est
devenue simple. Elle peut être renversé en prouvant que le mandat d’administrateur est exercé
à titre gratuit et non à titre de lucre ou en prouvant qu’il n’y a pas d’activité exercé.

c) Les exclusions (depuis 2017)


1° L’économie collaborative
Seuil de revenus (art. 5ter)

Depuis 2017, on a une exclusion très importante introduite dans l’arrêté royal n°38, à l’art. 5ter
et qui fait une brèche au principe selon lequel toute activité professionnel doit donner lieu à un
assujettissement à la sécurité social : l’économie collaborative.
L’’économie collaborative vise les systèmes dans lesquels un particulier fournit des services à
un autre particulier par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne.
Ex : coursiers Deliveroo, ubereats, …

Depuis 2017, la personne qui est active dans cette économie collaborative n’est pas assujetti au
statut social des indépendants lorsque les revenus qu’elle tire de cette activité sont inférieur à
un certain plafond.
-> Quand on ne dépasse pas +- 7000€ brut/an et que cette somme, on la gagne en rendant des
prestations confiées par l’intermédiaire en ligne au profit de particulier, on ne doit pas être
assujetti à la sécurité sociale des indépendants.
Il n’y a donc pas de cotisations à payer mais d’un autre côté, il n’y a aucune couverture. La
seule chose qui est faite, c’est une couverture assurance du travail privée (on a donc une
couverture min contre les accidents du travail mais si on perd notre travail suite à une pandémie
par ex, la sécurité sociale n’intervient pas).

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Remarque : certains coursier ont demandé que la relation indépendante de travail soit requalifié
en contrat de travail. On en connait pas encore l’issue de l’affaire.

2° Les étudiants-entrepreneurs
Seuils de revenus (art. 5quater)
Un statut d’étudiants entrepreneurs a été introduit en 2017. La aussi, l’idée est de développer
la culture de l’entreprenariat et à cet effet, les personnes qui ont entre 18 et 25 ans, qui sont
inscrit dans un établissement d’enseignement et qui n’ont pas de contrat de travail, sont exclues
du régime de la sécurité sociale des indépendants en dessous d’un certain plafond de
revenu/an.

§2. Les aidants

« Aidant = toute personne qui assiste ou supplée un travailleur indépendant dans l’exercice de
sa profession sans être engagée envers lui par un contrat de travail (art. 6) »

Principal cas de figure : les conjoints aidants (art. 7bis) : C’est la situation dans laquelle on est
marié ou en cohabitation légale avec un indépendant et on n’effectue pas nous-même une
activité professionnelle propre qui nous offre des droits. Dans ce cas-là, il y a une présomption
simple que l’on est aidant de notre conjoint. Cette présomption peut être renversée en faisant
une déclaration sur l’honneur disant que l’on ne vient pas en aide à notre conjoint. Le but de
cette protection est de protéger cette personne qui vient en aide à son conjoint pour éviter que,
si un jour il y a séparation, cette personne aidante n’ai plus rien car elle n’existerait pas sur le
plan de la sécurité sociale.

Chapitre II – Le financement de la sécurité sociale


= Comment est financé la sécurité sociale ?
Section 1 – Mise en perspective de la problématique

Budget total de la sécurité sociale (prestations d’aide sociale non comprises) en 2019 : +/- 100
milliards d’euros, soit 28% du PIB belge

Une tendance de fond, dans chacun des deux grands régimes, surtout celui des indépendants :
recul de la parafiscalité et montée en puissance de la fiscalité

Depuis la sixième réforme de l’Etat, un facteur explicatif additionnel : le mode de financement


des prestations défédéralisées (dotations)

Le budget de la sécurité sociale est plus ou moins pour l’instant de 100 milliards d’euro (chiffre
d’avant Corona car avec corona, des mesures temporaires de crise ont été prises), en englobant
les morceaux de la sécurité sociale qui ont été défédéralisés lors de la 6e réforme de l’Etat. Ce

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montant représente un peu plus d’1/4 de la richesse nationale. Ces 100 milliards d’euro sont à
chercher dans 2 grands ensembles de sources de financement :
- Les cotisations sociales = la parafiscalité
- L’intervention de l’état = la fiscalité

Il faut distinguer les règles qui s’appliquent au régime de la sécurité sociale des salariés et celles
qui s’appliquent au régime des indépendants car il n’existe pas pour l’instant en Belgique un
seul système de sécurité sociale.

Remarque : dans les 2 régimes (salariés et travailleurs), on assiste à la même tendance de fond
qui est que la part dans les budgets de la sécurité sociale des cotisations diminuent au profit de
l’intervention de l’état. Si avant ces 2 régimes étaient financé quasi que par les cotisations, ajd
c’est 2/3 de cotisations et 1/3 de financement par l’intervention de l’Etat (et même 60%-40%
dans le régime des indépendants).

Deux facteurs explicatifs :


• La déconnexion croissante de l’octroi des prestations sociales par rapport à
l’assujettissement (en tout cas en matière de soins de santé et d’allocations
familiales) : D’une part car le système de sécurité sociale n’est plus strictement
assuranciel depuis un certain temps. Dans un certain nombre de branches, le lien
entre l’ouverture de droit et le payement de cotisations préalable s’est très fort
distendu, tout particulièrement dans 2 branches : les allocations familiales (où il
n’y a plus de lien) et les soins de santé (où on a une quasi universalisation des
soins de santé).
• Le financement par voie de cotisations sociales aurait tendance à pénaliser
l’emploi : D’autre part, car le financement par voie de cotisation aurait tendance
à pénaliser l’emploi : la charge financière de la sécurité sociale est trop concentré
sur le facteur travail, ce qui rend le travail couteux et pénalise donc l’emploi.
L’idée est d’alors aller chercher des moyens dans d’autres poches que le revenu
du travail (taxé la consommation ou taxé le capital).

A ces 2 facteurs, s’ajoute la 6e réforme de l’Etat, dans le sens où les morceaux de la sécurité
sociale qu’on a sorti de la sécurité sociale pour les donner aux communautés, ces morceaux
(essentiellement les allocations familiales) sont financés par des dotations fiscales.

Section 2 – Le financement du régime des travailleurs salariés


Dans le régime des travailleurs salariés, il y a 2 grandes sources de financement :
- Les cotisations sociales
- L’impôt

§1. Les cotisations sociales


a) Définition et base de calcul

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Notion de rémunération (art. 14, §2 de la loi du 27 juin 1969) :


• Renvoi à l’article 2 de la loi du 12 avril 1965 concernant la protection de la rémunération
des travailleurs
• + habilitation du Roi : cfr articles 19 à 20 de l’arrêté royal du 28 novembre 1969

Les cotisations sociales sont un pourcentage de la rémunération salariale. L’enjeu est de préciser
quelle est l’assiette des cotisations, ce sur quoi on vient prélever ces cotisations.

La loi ONSS ne définit pas elle-même la notion de rémunération. Elle renvoie à l’article 2 de
la loi du 12 avril 1965 concernant la protection de la rémunération des travailleurs. Cette loi de
1965 est une loi de droit du travail. En règle général, on est donc renvoyé à la notion de
rémunération telle qu’elle est circonscrite par cette loi du 12 avril 1965, ce qui veut dire que
toutes les sommes d’argent et tous les avantages que le travailleur reçoit de l’employeur
en raison de son engagement constituent l’assiette des cotisations. Fait donc parti de la
rémunération le salaire de base mais aussi les éventuels compléments de salaire que peuvent
constituer les primes, les participations aux bénéfices, les avantages en nature, …

Cependant, le roi Baudoin a ensuite été habilité en 1969 pour tantôt étendre, tantôt restreindre
la notion de rémunération (cf. articles 19 à 20 de l’arrêté royal du 28 novembre 1969) pour les
besoins du calcul des cotisations. Ce qui a été fait : ainsi, a été inséré dans l’arrêté ONSS une
longue liste d’avantages complémentaires qui sont soustrait de la notion de rémunération pour
les besoins du calcul des cotisations.

2 exemples :

1. Les chèques-repas (art. 19bis):

Les chèques-repas, par exception au principe, ne tombe pas dans l’assiette de la cotisation. En
principe, ils devraient car il s’agit d’un avantage que le travailleur reçoit de l’employeur en
raison de son engagement mais dans l’arrêté d’exécution de la loi ONSS, on a une disposition
qui exempte de cotisation les titres repas, moyennant la condition que les chèques-repas ne
soient pas octroyé à la place de la rémunération en tant que telle. Quand tel n’est pas le cas,
alors il n’y aura pas de cotisations de sécurité sociale.

Remarque : c’est intéressant pour le travailleur et l’employeur MAIS plus on multiplie les
avantages extralégaux, plus on créé des trous dans le financement de la sécurité sociale. Ces
avantages extralégaux sont donc très controversé.

Cours du mercredi 27/10 (S6) :


Rappel : le financement : comment cette pompe à redistribuer les richesses est financée ? Ce a
quoi donne droit la SS ? Chômage, CPAS ? Comment l’ensemble est financé ? Assiette des
cotisations sociales c’est la rémunération salariale. En vertu d’une habilitation donnée au roi, il
existe dans l’AE ONSS il existait différentes exonérations, formules, aspects des packages

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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salariaux qui ne donne pas lieu au prélèvement de la SS. Dérogation au principe, on exonère de
cotisations sociales.

Voitures de sociétés (art. 19, §2, 15°): mise à la disposition de leurs travailleurs par les
employeurs. Pas une exonération totale mais partielle, ordinaire. Cotisation spéciale. En
dérogation à la règle générale les voitures de sociétés sont exonérés des cotisations générales.
Parce qu’il y a un travail exécuté. Système controversé. Les positions sont très partagées. Du
côté patronal, libéral, interlocuteurs sociaux, cette formule d’exonération est considéré comme
un acquis social, intouchable, contre-partie au caractère onéreux du travail en Belgique. Malgré,
le cout élevé du travail, il faut recruté des profils qualifiés en récompensant. Formule écologiste,
syndicale, on critique car ajd, en Belgique, une voiture sur deux est une voiture de société. Pas
top sur le plan de la mobilité, écolo. Du point de vue du financement de la SS, cette formule
définance la SS. Élément de la rémunération qui doit faire l’objet d cotisations mais qui ne le
fait pas, en tout cas pas dans les cotisations ordinaires. C’est un manque à gagner. Pour les
travailleurs qualifiés, haut de l’échelle sociale.

En Belgique, une voiture sur deux en circulation est une voiture de société. Les voitures de
société sont les voitures mises à disposition aux travailleurs qualifiés par leur employeur. Le
principe est que en dérogation à la règle, les voitures de société ne font pas l’objet de
cotisations sociales ordinaires. Cela représente un manque à gagner colossal pour la sécurité
sociale car beaucoup de travailleurs bénéficient d’une voiture de société.

Dans le cas des voitures de société, il y a une exonération de cotisations qui est seulement
partielle car on a une cotisation spéciale qui varie en fonction du taux d’émission de CO2.
L’avantage n’en reste pas moins particulièrement significatif.

Si certains voient en les voitures de société un acquis social, d’autres dénoncent cette formule
par rapport à 4 point de vue :

- D’un point de vue écologique : car elle encourage fortement le recours à la voiture.

- D’un point de vue de la mobilité : car elle contribue substantiellement à encombrer les
routes.

- D’un point de vue de la sécurité sociale : car elle définance la sécurité sociale.

- D’un point de vue social : car elle bénéficie principalement aux revenus supérieurs/aux
haut cadres.

b) Cotisations ordinaires vs cotisations spéciales


Dans le régime de SS général, des travailleurs salariés, sont de deux types.

1° Les cotisations ordinaires

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Caractéristiques : qui frappent tous les travailleurs et tous les employeurs. Affectées au
financement de l’ensemble de la SS, des travailleurs salariés. Dans le régime général, tous les
travailleurs salariés et leurs employeurs engagés dans les liens d’un contrat de louage de travail
sont touchés.

Deux parties :
• Les cotisations personnelles, à charge des travailleurs : part des cotisations qui
pèsent sur les travailleurs.
• Les cotisations patronales, à charge des employeurs

2° Les cotisations spéciales


Caractéristiques : ou bien elles frappent seulement certaines catégories d’employeurs ou de
travailleurs ou alors ne sont pas affectées au financement de l’ensemble du régime de sécu
mais à une cause bien précise. Moins significative en termes de masse financière. Le cout salarié
total résulte des cotisations ordinaires et spéciales.

Exemples : tout ce qui n’est pas dans l’ordinaire. En dérogation au principe, dans les exceptions,
on a une formule de non-assujettissement qui concerne les étudiants en job. Exception à l’article
17bis de l’AE tant qu’on ne dépasse pas un plafond d’heure on n’est pas assujettis à la SS et
pas de paiement des cotisations ordinaires pour nous et les travailleurs. Pas de cotisations
ordinaires mais une cotisation spéciale. Qui est la cotisation de solidarité.
Exemples : les voitures de société. Cotisation spéciale prélevée dessus. Importance dont le
niveau varie en fonction du caractère plus ou moins polluant de véhicule. Correctif au caractère
environnementalement problématique.

b) Perception des cotisations

Comment elles atterrissent dans les caisses de la SS ? Depuis 1944, on est dans un système de
retenue à la source. Création de l’ONSS en 1944 et l’assujettissement à toutes les branches sont
rendues obligatoires. Depuis ce moment-là, c’est retenu à la source par l’employeur. Il se charge
de retenir sur le salaire brut les cotisations personnels. C’est l’employeur qui a dans ses poches
le salaire brut et n retient la cotisation personnelle, la part qi pèse sur le travailleur. Il envoie
l’ensemble des cotisations personnels et patronales à l’ONSS.

Comment calculé ? comment savoir combien envoyer ? l’employeur a déjà été tenu par une
démarche importante au moment où le contrat de travail a été conclu. Assujettissement car
extension de la SS même si pas de contrat de social. Une DIMONA, déclaration légale d’emploi
pour dire à l’ONSS qu’on a engagé un employeur. Tous les trimestres, il faut envoyer à l’ONSS
une DMFA, dedans, on déclare pour chaque travailleur le nombre d’heures prestées, les heures
supp. payées pour obtenir le montant des cotisations à retenir. A la fin de chaque trimestre,
l’employeur doit payer les cotisations dues dont le montant est établi en fonction des documents
envoyés.

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En pratique beaucoup d’employeurs font appel à des secrétariats sociaux qui sont des structures
qui officient, rôle d’intermédiaire entre les employeurs et l’ONSS. Ils font le nécessaire vis-à-
vis de l’ONSS.

Retenue à la source par l’employeur et versement à l’ONSS (loi du 27 juin 1969, art. 23, §1er)
Déclaration trimestrielle de l’employeur à l’ONSS : DmfA (loi du 27 juin 1969, art. 21)
Paiement trimestriel (loi du 27 juin 1969, art. 23, §2)
En pratique, recours fréquent à l’intermédiation d’un secrétariat social

d) Le déplafonnement des salaires et son enjeu

Dans le régime des salariés, les cotisations sont prélevées sur l’intégralité de la rémunération
salariale. Pas de plafond dans ce régime. Plus le salaire est élevé, plus il y a de cotisations
sociales prélevées dessus c’est de la parafiscalité, quasi-impôt. Ça a pour effet de rendre la
parafiscalité de nature linéaire. C’est différent chez les indépendants où elle est régressive.

Comparaison entre le mode de calcul des cotisations et l’impôt. La fiscalité des revenus pro.
(Impôt prélevé sur le revenu du travail) est progressif. Plus le revenu est important plus le taux
d’imposition s’élève.

On a différentes tranches de revenus et l’imposition grimpe en fonction des différentes tranches


de revenus.

Le revenu est progressif donc le taux augmente sur différentes tranches donc si on a 4 millions
de revenus pros sur une année sur ce qi va de 0 à 13 500 se sera 25%, etc. courbe d’imposition
progressive, qui monte. Pour le calcul des impositions, on a fait un plafond qui ne rend ni
linéaire, ni progressive cette imposition. Ça rendait le plafond la parafiscalité régressive.

La fiscalité des revenus professionnels (impôt des personnes physiques – IPP) : une imposition
progressive

Schéma 1 :

45
Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

On regarde la fiscalité, la cotisation sociale, la para-fiscalité, taux d’imposition est linéaire,


proportionnelle en général, on prélève les cotisations à concurrence de X% sur l’ensemble de
notre revenu. Jusqu’au début des années 80, il y avait un plafond, plus de prélèvement de
cotisation sociale. Donc c’est régressif, c’est encore comme ça chez les indépendants. Pour tout
ce qui dépassait le plafond, c’était nul, 0. Si notre revenu est important, on est imposé en terme
réel à concurrence de moins donc quelqu’un dont les revenus se situent en dessous du plafond.
Finalement le plafond a été démantelé dans le régime au début des années 80. On a fait ça car
au début des années 80, crise économique, fin des 30 glorieuses, gros manque à gagner donc
on fait saute le plafond pour aller chercher sur l’entièreté chez les salariés.

X% cette cotisation. Il faut distingue différents types de cotisations.

La parafiscalité des revenus professionnels (cotisations sociales) : une imposition linéaire,


depuis le début des années 1980

e) Taux (nominal) des cotisations ordinaires

Cotisations personnelles : 13,07% du salaire brut : sur les épaules du travailleur mais que
l’employeur envoie à l’ONSS.
+
Cotisations patronales : 24,92% du salaire brut : c’est théoriquement.
=
Taux (théorique) global de parafiscalité : 37,99% du salaire brut

C’est la théorie et il y a des mesures de réduction.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Cout salarial total au salaire proche du travailleur. Le salaire brut c’est 100% de la rémunération.
On va chercher les 24, 92%. Le cout salarial d’un travailleur. Pour l’employeur est de 124, 92%.
Cout salarial de l’embauche. Attention l’essentiel de la parafiscalité c’est cotisations ordinaires
mais aussi spéciales qui frappent certaines catégories. Le taux des cotisations spéciales n’est
pas le même pour tout le monde et varie en fonction du type de travailleur auquel on a affaire.
Ça nous mène toujours à
quelque chose comme 130%
du brut pour avoir le cout
salarial total.

Dans l’autre sens, notre base c’est le brut, on va vers le travailleur qui veut savoir ce qu’il va
avoir dans sa poche. On part du brut et on tire les cotisations sociales, 13,07%. 87% c’est le
revenu imposable. Brut – les cotisations et le fisc, l’impôt passe encore dessus. La fiscalité des
revenus IPP est progressive. On arrive au revenu net. Personne ne touche jamais le brut, base
de référence. Le travail coute cher d’un point de vue théorique mais des nuances sont à apporter.
Taux nominaux prévus par la législation mais qui prévoit des mesures de réduction des
cotisations. On a une réduction structurelle et ciblées.

Du coût salarial total au salaire net, le « feuilleté » de la fiscalité et de la parafiscalité sur le


travail

f) Les mesures de réduction des cotisations sociales


=> Du taux nominal au taux réel d’imposition.

Pourquoi on se complique la vie ? La réduction structurelle n’est pas calculée en % mais en €.


€ à payer en moins sur les cotisations dues et ça fluctue selon différents paramètres.
- Réduction structurelle (forte augmentation dans le cadre du tax shift) : tous les
employeurs en bénéficient. Fortement augmentée dans le cadre du tax shift. Politique
mis en place par le gouvernement Michel. Ça consiste à diminuer le cout du travail au
profit d’autres sources d’impositions sur la consommation. La réduction structurelle a
été augmentée à ce que dans toutes les situations l’employeur ne paye jamais plus de
20% de cotisation patronal. Ça dépend du type de travailleur mais le résultat de
l’opération, ce n’est jamais plus de 20% de cotisation patronal. Quand on embauche des
personnes près du salaire minimum presque plus de cotisations patronales.
- Et réductions groupes-cibles : Elles sont calibrées en fonction d’un certain nombre de
caractéristiques. Ciblées sur des catégories de travailleurs ou secteurs d’activités. Elles
sont établies en fonction des caractéristiques du travailleur (chômeur longue durée,

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

jeune peu qualifié, travailleurs âgés, etc). Certains secteurs qu’on cherche à soutenir
comme l’HORECA.
Dans le cadre de la 6ème réforme de l’état on régionalise, les réductions ciblées établies en
fonction des travailleurs et pas des groupes d’activités. On a des réductions ciblées qui ne sont
plus les mêmes en fonction des régions.

Régionalisation de la politique des groupes-cibles établis en fonction des caractéristiques des


travailleurs dans le cadre de la sixième réforme de l’Etat (loi spéciale du 8 août 1980, art. 6,
§1er, IX, 7°, a)

On multiplie les formules de réduction de cotisations et on accroit cette diminution pour faire
diminuer le coût du travail. Sans changer les taux nominaux. C’est l’état qui compense le
manque à gagner, le trop peu perçu à cause des réductions.

2. L’intervention de l’Etat

Deux volets :

1° La subvention annuelle de l’Etat fédéral


= dotation à charge du budget général de l’Etat fédéral pour financer la SS des travailleurs
salariés. C’est devenu moins important au fil du temps.

2° Le financement alternatif
= recettes fiscales prélevées principalement sur la consommation, qui sont spécifiquement
affectées au financement de la sécurité sociale. Ça s’est fort développé. Pour le financement du
régime des travailleurs salariés.
Exemples : TVA, accises (tabac et alcool).

Section 3 – Le financement du régime des travailleurs indépendants


1. Les cotisations sociales
a) Définition et base de calcul

Cotisations = pourcentage des revenus professionnels, après déduction des éventuels frais
professionnels

Quelle est l’assiette des cotisations ? Le législateur SS n’a pas défini lui-même l’assiette des
cotisations, ce qu’il faut entendre par revenu pro.

Notions de revenus et de frais professionnels


Cfr article 11, §2, alinéa 1er de l’arrêté royal n° 38 du 27 juillet 1967 : renvoi à la législation
fiscale. Ce sont des revenus du point de vue de la législation fiscale d’un indépendant faisant
suite à un assujettissement à la SS. De ce renvoi, il découle que l’assiette des cotisations, c’est
sur tous les profits réalisés en tant qu’indépendant. Cette assiette est le revenu pro tel qu’il est

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

circonscrit par la législation fiscale moins les éventuels frais pro. C’est le revenu brut diminué
des éventuels frais pros. La législation fiscale détermine ce qu’on peut déduire. La base des
cotisations c’est le revenu pro diminué des frais dans les limites déduites par la législation
fiscale. Possibilités extensives. Plus on peut déduire des frais plus on réduit l’assiette des
cotisations.

A court terme, c’est intéressant de déduire des frais pros, réduire l’assiette de cotisation, moins
on remplit l’assiette des cotisations sociales. Point de tension. On crée des manques à gagner
pour le statut social des indépendants. On cherche l’avantage à court terme ou faire grandir la
sécu des indépendants.

b) Perception des cotisations

Pas de retenue à la source : c’est l’indépendant qui touche l’intégralité de son revenu brut, et
chacun doit sortir de ce revenu d’abord ses cotisations puis l’impôt. Différence importante sur
le plan pratique. L’indépendant voit la couleur de ses cotisations, il doit ensuite soustraire les
cotisations de son revenu.

Elles sont versées CASTI. Il doit adresser ses cotisations de SS aux CASTI. Elles font remonter
l’argent à l’INASTI qui est l’équivalent dans le statut social des indépendants de l’ONSS.

Versement des cotisations aux caisses d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (AR
n° 38, art. 15, §1er, al. 1er), qui les transfèrent à l’INASTI
Paiement trimestriel (AR n° 38, art. 15, §1er, al. 1er)

c) Année de référence
Calcul des cotisations sur une base annuelle : on les paye tous les trimestres aux caisses
d’assurances sociales mais le calcul se fait sur une base annuelle car en moyenne le revenu des
indépendants varie beaucoup plus que celui des salariés. A l’intérieur d’une même année, il y a
aussi des fluctuations. On lisse le revenu sur une base annuelle, perçu sur l’ensemble d’une
année. On procède ensuite à un paiement par trimestre. Revenu de quelle année ? ça a changé
il n’y a pas longtemps.

- Ancien système, jusque 2015 : calcul des cotisations dues = « sur la base des revenus
professionnels afférents à l’exercice d’imposition dont le millésime désigne la deuxième
année civile précédant immédiatement celle au cours de laquelle les cotisations sont
dues » (année N-3, on remonte 3 années en arrière).
Ex : donc pour 2021, c’est 2019 on calcul les revenus qui sont dus pour l’année 2018.
Exercice d’imposition 2019 donc année 2018, c’est le n-3.

On ne veut pas se charger pour les indépendants de faire des déclarations régulières aux caisses
d’assurances sociales. On a voulu utiliser les données fiscales mais les données fiscales dans ce
pays ne sont connues qu’avec trois années de retard. Faute d’autre point de repère fiable, le
revenu de trois années plus tôt est le seul arrêté avec certitude. Ça posait beaucoup de problème

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

car il s’est passé pleins de choses en trois ans et que le revenu ne soit plus le même. Décalage
entre le revenu de référence et ce qu’on gagne ajd dans un sens comme dans l’autre. On peut
démarrer et top top puis on se crache et on doit payer des grosses cotisations donc nouveau
système.

- Nouveau système depuis le 1er janvier 2015 : calcul des cotisations = « sur la base des
revenus professionnels afférents à l’exercice d’imposition dont le millésime désigne
l’année civile suivant immédiatement celle au cours de laquelle les cotisations sont
dues » (année en cours) (AR n° 38, art. 11, §2).
Ex : calculés sur la base des revenus de l’année en cours. Ça ne change pas le problème
en cours car aucune connaissance du revenu pro de l’année en cours, le seul sur c’est n-
3.

Donc, on concrétise ce système là mais avec un système de cotisation provisoire.


Provisoirement on doit payer des cotisations sur base de n-3 mais pour essayer de coller le plus
possible à notre situation actuelle, l’indépendant on nous propose des cotisations par défaut,
provisoire mais on peut demander à payer plus ou moins. On en parle avec notre caisse. Pour
pouvoir payer moins, on doit introduire une demande à notre caisse d’assurance social et
invoquer des éléments objectifs et la caisse doit dire oui. Garde-fou.

Un système de cotisations provisoires établies par défaut en fonction des revenus de l’année N-
3 mais révisables à la hausse ou à la baisse, et régularisées après trois ans (AR n° 38, art. 11,
§3)

=> cotisations provisoires et quand dans trois ans, le revenu est connu avec certitude, on procède
à une régularisation, ce qu’on a dû payer par rapport à ce qu’on a payé. On paye la différence
ou la caisse d’assurance sociale nous rembourse. Pas de bonus ou malus sauf attention, sauf si
on a demandé à payer moins que le montant prélevé par notre caisse, si le montant était bien
calculé alors petite pénalité.

Hypothèse du début d’activité : durant les trois premières années, cotisations provisoires fixées
au niveau du forfait minimum, puis régularisation (AR n° 38, art. 13bis). Comment pour ceux
qui commencent ? Pendant les trois premières années d’activité, on paye un forfait minimum.
On paye le plancher mais on peut demander à payer plus. On ne peut pas demander à payer
moins sur le principe car les cotisations provisoires des trois premières années sont les
minimums.

d) Taux des cotisations, plafonds et plancher


Les cotisations sont dégressives. Pas de % stable, il diminue. L’IPP diminue. Plus on s’élève
dans les tranches d’imposition, au plus les cotisations vont diminuer.

Schéma : sur la partie de notre revenu annuel, plafond, on est imposé à concurrence de 20.5%,
récemment, avant la politique de tax shift ou on était à 22%. On veut encourager la création
d’entreprise, l’entreprenariat. Donc le premier des trois taux est 20.5% de 0 jusqu’à un premier

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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plafond, 60.000€ brut moins les éventuels frais pros à l’année. Entre ce plafond intermédiaire
et le plafond supérieur, le taux est de 14.16 si notre revenu ce second plafond de 90.000€, le
troisième taux est de 0%. Plus le revenu est élevé et dépasse le second plafond, plus le taux
s’affaisse. Ce n’est pas débattu, c’est un tabou. C’est curieux, interpellant mais on n’en parle
pas. Les petits indépendants sont moins bien traités que les gros indépendants. Moins de
solidarité à l’intérieur des indépendants que les salariés donc ça limite les moyens de la SS des
indépendants.

Trois taux successifs (AR n° 38, art. 12, §1er) :


• 20,50% (contre 22% avant le tax shift 2016-2018) sur la partie des revenus
professionnels située en dessous du plafond intermédiaire
• 14,16% sur la partie des revenus professionnels située entre le plafond
intermédiaire et le second plafond
• 0% sur la partie des revenus professionnels qui dépasse le second plafond
+ un plancher : application du taux de 20,5% sur un revenu minimum
à Les cotisations forfaitaires minimales (susceptibles d’être réduites pour les « primostarters »
durant les quatre premiers trimestres d’activités)

On a aussi un plancher, le premier des trois taux est toujours appliqué sur un montant minimum.
Toujours calculé sur la base d’un revenu minimum de 14.000€.

Il y a un correctif qui est limité => mécanisme de dispense.

Une imposition dégressive

e) Le mécanisme de dispense temporaire du paiement des cotisations


Pendant un certain temps, on ne paye pas les cotisations dues sans que ça ait trop d’impact sur
notre couverture sociale.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Condition = être temporairement dans une situation financière ou économique difficile (AR n°
38, art. 17)

Examen des demandes par l’INASTI depuis 2019. Mécanisme réformé en 2019. Avant il fallait
montrer qu’on se trouvait dans une situation d’indigence, de pauvreté, bord du gouffre. Peu
conforme à la logique assurantielle de la sécurité sociale. Nouvelle condition retenue plus
appréciée et évaluée en fonction de notre train de vie, celui auquel on est habitué. On raisonne
ne fonction de notre situation habituelle. Quelque chose s’est passé. On s’adresse à l’INASTI.
Service des dispenses de cotisation et on fait valoir tous les éléments pour justifier qu’on n’est
pas en mesure de payer nos cotisations. Si on n’est pas d’accord avec la décision c’est la
Commission de recours qui siège à l’intérieur de l’INASTI. L’avantage est que cette
commission siège très rapidement. Si on n’est pas d’accord recours dans la juridiction interne
de l’INASTI et regarde toutes les pièces jointes. Désavantage, ensuite on peut aller devant le
tribunal de travail mais que contrôle de légalité de la décision. Pas de fond.

Recours possible devant la Commission de recours en matière de dispense de cotisations,


instituée auprès de l’INASTI (AR n° 38, art. 21ter)

Correctif a un effet sur le droit, le plan aux prestations sociales : « trou » dans le secteur des
pensions (AR n° 38, art. 17, §8, al. 1er). L’octroi d’une dispense de cotisation est sans effet sur
les prestations sociales. Mesure de protection (Ex : Corona), sans effets sur notre couverture
sociale sauf dans le secteur pension. Trou dans la couverture donc beaucoup de prudence. Pas
sur le long terme.

2. L’intervention de l’Etat
Si les cotisations sont dégressives, moins élevés, tax shift, si on fait ça et qu’on améliore la
sécu sociale des indépendants, c’est l’état qui paie la facture. Financement général et alternatif.
Ressources sont les mêmes mais la différence c’est que la part de la fiscalité, l’intervention, est
plus élevée chez les indépendants que chez les salariés.
(Renvoi)

Question : rééquilibrage entre la para-fiscalité et la fiscalité. L’impôt lui augmente plus notre
revenu est élevé, à l’inverse des cotisations. L’impôt des personnes physiques est progressif.
Beaucoup d’indépendants qui ont un revenu significatif, c’est l’impôt des sociétés, fortement
réduit ces dernières années. Pas de rééquilibrage, pas d’annulation. L’un n’annule pas l’autre.

Cours du mercredi 03/11 (S7) : /


Cours du mercredi 10/11 (S8):
Chapitre III – L’organisation administrative du système
de sécurité sociale
Section 1 – L’organisation administrative du régime des
travailleurs salariés

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Un mixte d’organismes publics et privés, agencés de manière distincte dans chaque branche.
On est dans le système Bismarckien. Pas de système unifier des différents régimes. On
commence par le régime principal des salariés. Ça renvoie à l’histoire du système. Avant 1944,
différentes branches et législations qui ont évolués. En 1944 quand on introduit en droit Belge
la notion de SS et qu’on introduit l’ONSS, on n’unifie pas, les structures sont multiples en
fonction des différentes branches. Mais, on essaie de trouver une logique.

§1. Vue d’ensemble du régime


a) Trois étages

1° Perception des cotisations sociales et répartition de l’ensemble des ressources


financières entre les différentes branches
Un établissement public coupole : l’Office national de sécurité sociale (ONSS)
Niveau le plus élevé : caisse de financement, collecte des cotisations et redistribution de
l’ensemble des ressources fiscales complémentaires entre chômage, accident de travail, etc.

2° Gestion et contrôle des secteurs


Un établissement public à la tête de chaque branche.

3° Paiement des prestations aux ayants droit


• Pluralisme institutionnel dans la plupart des branches (héritier du clivage
philosophique) : coexistence de différents organismes, privés et publics, entre lesquels
il faut opérer un choix
• Centralisation du contrôle et du paiement dans le secteur des pensions et dans le secteur
des maladies professionnelles : un seul établissement public
• + le cas particulier des accidents du travail : des entreprises d’assurance
Étage le plus proche avec lequel les assurés sociaux interagissent. Plus de disparités d’une
branche à l’autre. Dans la plupart des branches, pluralisme institutionnel, coexistent des
organismes de droit privé et public et entre les deux, il faut opérer un choix. En matière de
chômage, on peut s’affilier aux caisses privées ou public résiduaire si on ne veut pas être affilié
à un syndicat. Résultat d’un clivage important politique belge, le clivage entre catholiques et
socialistes laïques. Le compromis c’est le pluralisme institutionnel de structure publiques et
privées. Dans deux branches pas de pluralisme : pensions et les maladies professionnelles (on
a que deux étages : ONSS et service public).

Terminologie : institutions publiques de sécurité sociale (IPSS) vs institutions coopérantes de


sécurité sociale (organismes privés).

b) Principes communs aux institutions publiques de sécurité sociale


Gestion paritaire par les interlocuteurs sociaux (héritière du clivage capital/travail) : Les IPSS
présentent dans notre pays, toute une caractéristique frappante d’obéir à la gestion paritaire (cf.
Chap. historique chaque institution publique de SS est administrée par un comité de gestion
paritaire). Pour moitié de représentants des organisation syndicales et patronales. Le

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

paritarisme, c’est l’héritier direct du clivage capital/travail. Partiellement pacifié par la


consécration du paritarisme.

Que font-ils ? Ils jouent un double rôle.

Cfr la loi du 25 avril 1963 sur la gestion des organismes d’intérêt public de sécurité sociale et
de prévoyance sociale
Double rôle des comités de gestion :
- Administrateur du système
- Doivent être systématiquement saisis pour avis quand le législateur ou le gouvernement
entend modifier la réglementation dans la branche pour laquelle ils sont compétents.

ð Quel avenir dans le contexte du mouvement de défédéralisation de la sécurité sociale et


de fiscalisation de son financement ? Paritarisme va-t-il survivre ? On découpe notre
système de SS en petits morceaux. Gestion partiaire préservée pour les morceaux de la
SS défédéralisés (allocations familiales), plus financés par cotisation sociale mais
dotations fiscales que l’état fédéral transfert aux communautés et régions selon les cas.
Justification traditionnelle, historique, du paritarisme. Ils sont légitimes pour cogérer la
SS mais ça tombe si plus de cotisations sociales. Que va-t-il se passer ? ça dépend des
endroits.
Pourquoi maintenir la gestion paritaire ? raison pragmatique, développer une expertise
au fil du temps et elle doit être préservée.

§2. L’Office national de sécurité sociale (ONSS)


Principal rôle : collecte cotisations sociales puis répartition des ressources entre les différentes
branches
Évolution importante, 1944 création de l’ONSS. A l’origine, une gestion sectorielle des
moyens financiers. Taux des cotisations 37%, personne ne le paye effectivement. Ce taux
résultait de l’addition de taux sectoriels. Chiffre fixé dans la loi pour les branches de la SS.
Chaque branche avait droit à X% des moyens collectés par l’ONSS. Dans les années 80, ça
devient compliqué. Crise de l’état providence, dépenses qui explosent dans certaines branches
dont le chômage. Mécanisme plus compliqué car en urgence, il fallait voter des lois, transférer
les besoins des secteurs en bonus vers les autres. Fond pour l’équilibre financier de la sécu.
Donc, on passe à une gestion globale qui renforce les prérogatives de l’ONSS.

Depuis 1994 et le cinquantième anniversaire de l’ONSS, la gestion globale. Il arbitre les moyens
entre les différentes assurances en fonction de l’importance des dépenses, des besoins. On fait
remonter la gestion des besoins au niveau de l’ONSS. Qui prend ces décisions d’affecter
l’argent ?

On institue le Comité de gestion de la sécurité sociale (composition tripartite). Il opère les


arbitrages. Pas paritaire mais tripartite. Financement de la sécu a évolué au fil du temps, entre-
temps, la part de la fiscalité dans le budget social de la sécu a très fort. Augmenter. Un tiers des

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ressources qui vient des revenus alternatifs. Donc, en plus des interlocuteurs sociaux,
importante délégation qui représente les pouvoirs publics, l’état fédéral.

§3. Aperçu par branche (Schéma sur UV)

Six branches, dont une défédéralisée depuis la sixième réforme de l’Etat

a) L’assurance chômage
Contrôle : l’Office national de l’emploi (ONEm). Les allocations sont versées par des OP
(niveau le plus proche).
Paiement : organismes de paiement (O.P.), c’est-à-dire caisses syndicales + Caisse auxiliaire
de paiement des allocations de chômage (CAPAC). C’est le pluralisme institutionnel.

b) L’assurance soins de santé et indemnités (ex-assurance maladie-invalidité)


Contrôle : l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI)
Paiement : organismes assureurs (O.A.), c’est-à-dire mutualités + Caisse auxiliaire d’assurance
maladie-invalidité (CAAMI)

c) Les allocations familiales (à Bruxelles)


On communautarise lors de la 6ème réforme de l’état, ce n’est plus fédéral.
Contrôle : Office bicommunautaire de la santé, de l’aide aux personnes et des prestations
familiales (Iriscare, Aviq en Wallonie)
Paiement : caisses d’allocations familiales, c’est-à-dire caisses privées agréées ou Famiris
Schéma classique du pluralisme institutionnel mais pour les pensions et maladies
professionnelles c’est particulier. C’est le même qui gère, contrôle, calcul les pensions et qui
vous paie.

d) Les pensions
Contrôle et paiement : le Service fédéral des pensions (SFP) (anciennement, Office national
des pensions [ONP])

e) Les maladies professionnelles


Contrôle et paiement : l’Agence fédérale des risques professionnels (Fedris) (anciennement,
le Fonds des maladies professionnelles [FMP])

f) Les accidents du travail


Contrôle : l’Agence fédérale des risques professionnels (Fedris) (anciennement, le Fonds des
accidents du travail [FAT])
Gestion et paiement : entreprises d’assurance commerciales, c’est singulier dans le paysage
de la SS.

g) Les vacances annuelles des ouvriers


(Pour mémoire). Formellement une 7ème branche mais on n’en parle pas car rien avoir avec la
logique de base de la SS. C’est la rémunération, c’est de la paye mais pour des raisons

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historiques, on est venu ranger les congés payés, le pécule qui permet de partir en vacances
pour les ouvriers dans l’organe de la SS mais foncièrement ça n’a rien avoir, pas de risque.

Section 2 – L’organisation administrative du régime des


travailleurs indépendants
§1. L’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (INASTI)

Principal rôle : répartition des ressources entre les différentes branches. C’est le miroir de
l’ONSS mais il joue le second rôle de l’ONSS, pas le premier. Il ne collecte pas lui-même les
cotisations, ce sont les caisses d’assurances sociales qui le font.

Depuis 1997, la gestion globale. Évolution similaire au régime général. L’ensemble est
réceptionné par l’INASTI qui répartit dans les branches en fonction de leurs besoins.

Le Comité général de gestion (CGG) pour le statut social des indépendants. Il fait le rôle
d’arbitraire. Qui y siège ? Les organisations représentatives des travailleurs indépendants et les
pouvoirs publics qui tiennent une bonne partie des cordons de la bourse.

§2. Les caisses d’assurances sociales pour travailleurs indépendants


On ne trouve pas différentes institutions publiques mais beaucoup d’organismes privés, des
ASBL organisées par des employeurs et leurs organisations représentatives. Une douzaine de
caisses sociales pour travailleurs indépendants qui existent. Elles jouent le rôle pivot dans les
statuts sociaux des indépendants. Structure pivot qu’est la CNASTI.

Des caisses privées + une caisse publique : la Caisse nationale auxiliaire d’assurances sociales
pour travailleurs indépendants (CNASTI)

Affiliation obligatoire à une caisse avant le début de l’activité professionnelle (AR n° 38, art.
10, §1er) ; affiliation d’office à la CNASTI en cas de négligence (AR n° 38, art. 10, §2, 3°). La
caisse de notre choix et être assujetti. Chaque indépendant doit faire la démarche
individuellement avant de démarrer l’activité professionnelle, on ne le fait pas sans
assujettissement à une caisse. Si on exerce une activité professionnelle sans être affilié à la
caisse, alors, on va d’office être affilié à la caisse résiduaire, la CNASTI.

Rôles des caisses :


• Perception des cotisations sociales : on lui envoie les cotisations sociales dues tous les
trimestres.
• Information des indépendants : on a le plus d’interaction. Devoir d’information.
Paiement de certaines des prestations dans le régime des travailleurs indépendants.
• Octroi de certaines prestations

§3. Les branches

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Trois branches principales : allocations familiales (défédéralisées), pensions et assurance soins


de santé et indemnités. Il manque le chômage. Pas d’assurance chômage ni les accidents de
travails et maladies professionnelles. Pas couvert spécifiquement contre les risques
professionnels. L’absence d’assurance chômage on la nuance, ils ont depuis peu une couverture
spécifique qui est le droit passerelle. Pas de couverture contre le chômage, ni contre les risques
professionnels. Depuis 1997, une quatrième branche : le droit passerelle (ex-assurance sociale
en cas de faillite)

Partie III – Le régime de sécurité sociale des travailleurs


salariés

Chapitre I – L’assurance contre les accidents du travail


Branch pionnière et à part, comme un pied en dehors du système. Dans cette branche,
historiquement, c’est le premier secteur de la future sécu sociale où on est sorti de 1382 du Code
civil. On a cessé de croire à 1382 du code civil. La loi qui est fait le changement c’est celle de
1903.

Section 1 – Vue d’ensemble


Une branche à la fois pionnière et à part

§1. Philosophie générale


La sécu sert à nous protéger des aléas de l’existence.
Depuis la loi du 24 décembre 1903 sur la réparation des dommages résultant des accidents du
travail, un régime de responsabilité sans faute fondé sur la notion de risque professionnel :
indemnisation automatique, mais forfaitaire.
- Veille de noël, loi pacificatrice pour le rapport de classe.
- Cette loi neutralise 1382 du Code civil sur les accidents de travail et met en place un
régime de responsabilité sans faute. L’ouvrier doit obtenir une réparation sans
commencer le jeu de piste de 1382. Ce système est fondé sur la notion nouvelle de
risques professionnels. L’idée est que l’employeur expose, confronte à des risques les
personnes qui travaillent pour lui et qui contribuent à sa prospérité, il tire un profit du
travail de ces travailleurs en les exposant à un risque. Donc, il doit participer à
l’indemnisation de ce risque s’il se produit. C’est une loi de compromis.
- L’indemnisation est automatique mais elle est forfaitaire. On a droit à quelque chose
mais la hauteur du dédommagement est arrivée par la loi, la prise en charge est
forfaitaire. Loi de pacification, prise en charge automatique, ça se passe sans se lancer
dans des procédures judiciaires mais certaine sécurité juridique, on sait à quoi sera la
hauteur de l’indemnisation prédéterminée par la loi ça rompt aussi avec le code civil qui
est le principe de la réparation intégrale du dommage. Pas ici.

Cette philosophie de base, et toujours en vigueur ajd et au cœur du régime. Ce qui a changé,
c’est que la loi de 1903 est plus en vigueur mais c’est la loi de 1971 le siège de la matière.

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Depuis la loi du 10 avril 1971 sur les accidents du travail, siège actuel de la matière, obligation
pour les employeurs de contracter une assurance contre les accidents du travail (art. 49 et 73)
Le débiteur de la réparation est l’« assureur-loi » et lui seul : on substitue au principe de la
responsabilité sans faute, on ne se pose plus la question de la faute mais système assurantiel,
tous les employeurs du pays doivent souscrire à une police d’assurance pour les accidents de
travail aux bénéfices de leurs travailleurs. En cas d’accident, le travailleur ne se retourne pas
vers l’employeur hors-jeu, c’est l’assureur de l’employeur qui intervient. C’est l’assureur-loi
car c’est prévu dans la loi qu’il faut y souscrire. L’intervention de l’assureur sont prédéterminés
par la loi. Le débiteur de la réparation n’est plus le même.

§2. Les spécificités de l’organisation du secteur

Un secteur géré par les sociétés d’assurances commerciales : les intervention ne sont pas prises
en charge par les institutions publique. Celui qui a un but de lucre, c’est unique dans le paysage
de la SS. En 1944, le législateur, autorités qui rentrent d’exil de Londres, elle veulent le confier
à une branche publique mais ça n’a pas plu aux entreprises d’assurances, ils se sont opposés en
projet, bataille des Ardennes en cours donc provisoirement, on les laisse faire. La refonte de ce
projet n’a jamais eu lieu donc c’est toujours là ajd.

Les employeurs ne se font pas membre d’une caisse de sécurité sociale. Ils souscrivent à une
police d’assurance auprès d’un assureur commercial pour assurer les membres de leur
personnel. Les prime à payer sont pas des cotisations de sécurité sociale classique. On doit
payer une prime d’assurance qui varie selon notre profil. Contraire à a logique de base. Les
assurances font la gestion paritaire. Lee montant des primes varient en fonction du caractère
dangereux du secteur, du nombre de travailleurs, du passif.
ð Explication historique
ð Conséquence pour les employeurs : conclusion d’un contrat d’assurance et paiement de
primes proportionnées au risque

Rôle de Fedris (ex-Fonds des accidents du travail) : outre le contrôle des décisions des assureurs
(cfr infra), assureur de substitution en cas de défaillance de l’employeur (art. 58, §1er, 3° et art.
60). Si notre employeur n’a pas souscrit à une police d’assurance, le travailleur n’en subit pas
les conséquences, il y a une couverture. Il intervient comme assureur de substitution. Ce n’est
pas laissé au libre choix de l’employeur, on encourt des sanctions pénales.

Section 2 – Le champ d’application personnel


Cercle des personnes couvertes, assurées. Susceptibles de percevoir une indemnité. Dans le
cercle des personnes assurées pour les aléas du travail.

Article 1er : « sont couverts tous les travailleurs assujettis au régime de sécurité sociale des
travailleurs salariés »

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L’assujettissement est très important car ça a une incidence sur le périmètre des branches de la
sécu.
Tous les travailleurs qui ont un contrat de travail mais aussi les hypothèses d’extension.
Ex : les artistes, les chauffeurs de taxis, etc.
Recouvrement du champ avec le périmètre de l’assujettissement. Si pas assujettis, pas de
couverture accident du travail si accident. Couverture privées en dehors sécu ne protègent pas
aussi bien.

+ article 3, 1° : habilitation du Roi à étendre le bénéfice de la couverture : à des situations qui


ne tombent pas dans le périmètre de l’assujettissement.

Cfr arrêté royal du 25 octobre 1971 étendant le champ d’application de la loi du 10 avril 1971
sur les accidents du travail
Ex : les étudiants jobistes : en règle général, le contrat est de travail donc sécu des salariés mais
dans l’arrêté ONSS, 17bis, si ils ne dépassent pas un plafond, pas assujettis à la sécu.
L’employeur doit conclure avec une assurance sous peine d’être poursuivi.

Section 3 – Le risque couvert


Prise en charge de deux risques sociaux : les accidents du travail et les accidents sur le chemin
du travail depuis la seconde guerre mondiale.
Des concepts assez « plastiques », largement modelés par la jurisprudence. Peu définis par le
législateur. Logique de droit civil avec des concepts modelés par la jurisprudence de la cour de
cassation. C’est casuistique.

§1. La notion-pivot : l’accident


a) Notion
Accident = événement soudain qui cause une lésion
De l’économie de la loi, la jurisprudence a construit cette définition.

1° Un événement soudain
- Soudain ≠ instantané : Pendant une durée assez brève, laps de temps limité. Il y a des
cas de figures évidemment (chute, coup, agression, effort brutal). Mais, c’est beaucoup
plus large que ça. C’est plus expansif que dans le langage ordinaire. Laps de temps
déterminé marqué par une certaine brièveté. C’est circonscrit dans le temps, ça peut
durer une heure, mais c’est une certaine brièveté. Jamais d’arrêt de principe pour définir
la limite. La tendance dans les juridictions de fond est de ne pas dépasser une journée.
- Mais exigence d’une certaine brièveté
- Par contre, pas d’exigence d’anormalité : le cas du geste banal. Cours normal de
l’exécution du contrat de travail. Si on instaure cette notion, c’est inégalitaire. Tous les
métiers les plus dangereux ne seraient plus protégés.
Ex : le démineur qui fait son boulot.
- Le cas du « geste de trop » : quand il y a pleins d’évènements qui se passent. Tensions
dans le personnel, dans l’équipe avec le patron, un jour une réunion se passe mal, congé

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maladie, on craque nerveusement. Évènement soudain ? Selon la tendance de la


jurisprudence, oui ! Si on peut déterminer une situation qui dure mais à la fin une chose
frappante, la réunion qui se passe mal. On peut considérer qu’il s’agit d’un évènement
soudain. C’est la théorie du geste de trop. Pareil physiquement.

2° Une lésion
= atteinte à l’intégrité physique ou mentale.

Trois manifestations possibles, types de conséquences : incapacité de travail, frais médicaux,


décès.

Ne pas confondre l’événement soudain et la lésion. La lésion ne doit pas être soudaine.

But du législateur : protéger les victimes des risques du milieu pro. Donc, des mécanismes qui
facilitent l’administration de la preuve.

b) Preuve
Article 9 : présomption du lien de causalité entre l’événement soudain et la lésion

Une présomption simple : peut-être renversée.

§2. L’accident du travail


a) Notion

Article 7, alinéa 1er : accident du travail = « tout accident qui survient à un travailleur dans le
cours et par le fait de l’exécution du contrat de travail »

1° Un accident survenu « dans le cours » de l’exécution du contrat de travail


= à un moment où le travailleur se trouvait sous l’autorité de l’employeur (concordance
temporelle) : acception lâche, extensive. De loin ou de près. Pas uniquement quand on fait les
tâches inscrites dans le contrat de travail. C’est valable durant la pause de midi.
Ex : Si on participe à un team building, journée annuelle, on est dans le cours de l’exécution du
contrat de travail. C’est très extensif.

2° Un accident survenu « par le fait » de l’exécution du contrat de travail


= en rapport avec le milieu professionnel (lien de causalité) : acception lâche également

Pas de concordance temporelle mais il faut un rapport de causalité. Sur le lieu de travail mais
avec aucun rapport avec l’exécution du contrat de travail. Pas évident pour l’assureur de prouver
ça. C’est compris de façon large. Si le milieu pro a contribuer à produire l’accident, c’est par le
fait. En pratique, on ne se pose pas trop cette question, c’est plus la concordance temporelle.
On a un second mécanisme qui facilite la tâche de la victime.

b) Preuve

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Article 7, alinéa 3 : l’accident survenu dans le cours de l’exécution du contrat est présumé
survenu par le fait de cette exécution. On doit prouver l’évènement soudain et la lésion et on
doit aussi prouver que c’est survenu dans l’exécution du contrat de travail. Si l’assureur veut
pas payer alors il doit prouver que pas de causalité. Pas évident, car dès que le milieu a
contribuer de loin, peut-être à produire l’évènement, on considère en général que le lien de
causalité est établi.

Une présomption simple


Le cas des problèmes de santé préexistants (« cause interne ») : on a mauvaise santé, on est
cardiaque, sur le milieu de travail, les portes claques, on s’effondre. Par le fait de l’exécution
du contrat de travail ? le milieu de travail n’a pas d’incidence avec la survenance de l’accident
mais la charge de la preuve pèse sur l’assureur-loi. Peu importe où la personne était, se serait
arrivé mais si un peu de chance que ce soit due au milieu de travail c’est de son fait.

Ex : Je travaille dans un hôpital, je dois manger seul mon sandwich avec les règles covid. Je
m’étouffe avec mon sandwich et meurt. Je peux dire que c’est dû au fait que je mangeais seul,
que personne n’a pu m’aider, que le temps pour manger est réduit, etc.

§3. L’accident sur le chemin du travail

Article 8, §1er, alinéa 1er : « est également considéré comme accident du travail l’accident
survenu sur le chemin du travail »
Article 8, §1er, alinéa 2 : chemin du travail = « trajet normal que le travailleur doit parcourir
pour se rendre de sa résidence au lieu de l’exécution du travail, et inversement »

Qu’est-ce qu’un trajet « normal » ? problématique cruciale.


La problématique des détours et des interruptions
• Les cas du covoiturage et de la garderie ou école (art. 8, §1er, al. 2, 1° et 2°). Ça
reste dans les limites du chemin du travail.
• Les autres cas : détours et interruptions peu importants, ou importants mais
justifiés par un cas de force majeure. Double ligne fixée par la jurisprudence.
Quand c’est peu important par rapport à notre trajet habituel, on reste dans le
trajet normal.

Cours du mercredi 17/11 (S9):


Rappel : d’abord champ d’application, à qui cela s’applique ? Ensuite, les conditions d’octroi
de l’intervention, les situations de vie qui donnent lieu à l’intervention. Enfin, l’indemnisation.
Section 4 – L’indemnisation
Ce que fait pour nous l’assurance accident du travail.
Caractéristique générale : Une prise en charge automatique mais forfaitaire. Grand compromis
historique dans la loi de 1903. Quand se produit un accident du travail, il va y avoir une

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intervention, une réparation, sans prendre en compte la faute. Mais les contours de la réparation
sont partiels, prédéterminés par la loi du 10 avril 1971.

Trois types d’intervention à charge de l’assureur-loi :


- Indemnités (revenu de remplacement)
- Frais médicaux
- Mortel donc compensation, rente au bénéfice des membres de la famille

§1. Les indemnités en cas d’incapacité de travail


Deux périodes d’incapacité : temporaire, puis permanente
Les modalités de calcul des indemnités ne sont pas les mêmes si c’est temporaire ou permanent.

a) L’incapacité temporaire de travail


= période durant laquelle les lésions évoluent. Tant et aussi longtemps que les lésions évoluent.
Le problème n’est pas stabilisé, c’est susceptible d’évoluer.

Comment on indemnise ?

1° Incapacité temporaire totale (ITT)


Le travailleur n’est pas en mesure de reprendre le travail
Indemnité égale à 90% de la rémunération plafonnée (art. 22)
Prise en charge automatique, on a droit à une intervention mais pas de réparation intégrale. On
tient compte de notre rémunération jusqu’à concurrence d’un plafond et on tient compte de 90%
de cette rémunération plafonnée. Réparation qui n’est pas totale.

2° Incapacité temporaire partielle (ITP)


Le travailleur peut reprendre le travail, le cas échéant à un poste adapté
Si remise au travail, indemnité égale à la différence entre l’ancienne et la nouvelle rémunération
(art. 23).
Un salaire pour le job qu’on effectue et l’assureur-loi ajoute une indemnité qui comble la
différence entre l’ancienne rémunération et la nouvelle rémunération pour le travail effectué.

b) L’incapacité permanente de travail


= période qui suit la consolidation des lésions, elles n’évoluent plus, se solidifient.

Peu importe que le travailleur reprenne ou non le travail


Indemnité fonction du taux d’incapacité permanente (art. 24) : pour le restant de nos jours
incapacité permanente de 10%, 50% ; 80% et on reçoit de l’assureur-loi, une indemnité pour
incapacité de travail x% de notre rémunération antérieur. Que représente ces x%, ce taux
d’incapacité permanente ?

La philosophie de la prise en charge pour basculer de la permanente à la temporaire.


Ici, on ne cherche pas à voir le préjudice réel, on ne cherche pas à mesure le préjudice en revenu
mais la perte de capacité concurrentielle sur le marché du travail. C’est compliqué à faire, notre

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perte de valeur marchande, de valeur économique sur le marché du travail. Peut-on encore
exerce une activité professionnelle quelle qu’elle soit ?

Objet : indemnisation de la perte de capacité concurrentielle de la victime sur le marché du


travail

Critères prétoriens, dégagés par la jurisprudence, la Cour de cassation. Critères pour mesurer ?
- Prendre en compte des données dont l’importance des séquelles
- L’âge de la victime
- Formation professionnelle de la victime
- Facultés de réadaptions, de réorientation
À l’aune de ces différents critères, on arrête un taux d’incapacité permanente.

Au vu de cette logique, il se peut qu’après la fixation du taux d’incapacité permanente on gagne


plus ou moins bien notre vie mais on ne se pose pas la question. Quand on passe à l’incapacité
permanente, on ne cherche pas à calculer le préjudice total, effectivement subi, on fixe le x%
du taux d’incapacité permanente reconnu.

Procédure : proposition de l’assureur-loi à la victime ; si accord de la victime, transmission à


Fedris pour entérinement (art. 65). Il y a un enjeu financier. Quand nos exams médicaux, disent
que c’est stabiliser, l’assureur-loi va faire une proposition. Si la victime marque son accord, la
proposition est transmise pour entérinement à Fedris (garde-fou). C’est l’agence fédérale des
risques professionnels. Institution publique de Ss qui s’occupe de la banche accident du travail.
Rôle plus limité que les autres institutions publiques de SS. Fedris joue un rôle d’assureur de
substitution si notre employeur n’a pas souscrit à une police d’assurance, il intervient comme
fond de garantie. Mais aussi un rôle de contrôleur. Il les entérinent ou non. On garantit au
victime que les propositions ne sont pas trop indécentes.

Si refus de la victime de maquer son accord, devant le tribunal du travail.

Les assureurs-lois ont un but lucratif, pas publique, et ils ne se précipitent pas pour assurer. La
grande majorité sont des petits accidents du travail, ils sont plus sérieux parfois aussi et les
assureurs-lois sont prêts à aller en justice pour pas trop donner. On se demande donc si c’est
une bonne idée de l’avoir confié à des assureurs commerciaux.

§2. Les prestations en cas de décès


C’est forfaitaire, prédéterminé, insécurité économique, d’existence pour les membres de la
famille de la victime.
Articles 10 à 21 : octroi d’une rente à certains membres de la famille de la victime
• P.ex. rente viagère (à vie) s’élevant à 30% de la rémunération plafonnée de la victime
pour le conjoint ou le cohabitant légal survivant
• P.ex. rente s’élevant à 15% de la rémunération plafonnée de la victime pour chaque
enfant percevant des allocations familiales, tant qu’il perçoit celles-ci (jusqu’à 18 à 25
ans)

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§3. La prise en charge des soins de santé

Articles 28 à 33 : remboursement intégral des frais médicaux (pas de ticket modérateur). Une
part dans les frais médicaux est toujours laissé à notre charge, c’est le ticket modérateur, ici ce
n’est pas le cas.

Chapitre II – L’assurance chômage


La branche mal aimée ? branche qui jouit en moyenne d’un soutien moins fort, légitimité
moindre que les autres branches de la SS. Écart marqué entre les préjugés, croyances populaires
et son fonctionnement réel. C’est plus sévère que ce que l’on pense spontanément. Une
explication souvent avancée est que le risque de chômage est socialement distribué de manière
inégale. Tous les grands risques le sont. Statistiquement, le risque de chômage est sur concentré
sur le bas de la classe moyenne et en deçà. Pour les personnes qui ont un travail mal rémunéré.
Intuitivement, on s’y identifie moins. On ne peut pas tous risqué le chômage, on se dit que ça
concerne d’autres personnes.

Section 1 – Vue d’ensemble


§1. Des spécificités héritées de l’histoire
a. Les origines du système
Elle trouve son origine dans des initiatives du mouvement ouvrier. Premières organisations des
travailleurs qui ont entièrement réglementer, organise et financer les premières caisses de
chômage de A à Z. Sans aucune aide des pouvoirs publics au départ qui ont tout fait pour que
ça ne voit pas le jour. Les principales caisses des allocations de chômages sont les organisations
syndicales. Elles tirent leur légitimité de l’histoire selon elles. C’est la chose des syndicats
contre les pouvoirs publics.

Qui ? Le rôle pionnier des syndicats à la fin du 19ème siècle


Les organisations syndicales, principales caisses de paiement des allocations

Pourquoi ? 2 préoccupations complémentaires :


- Protéger les chômeurs… et les travailleurs. Au départ, il n’y avait rien et si on était
victime des fluctuations du marché, aucune sorte de prise en charge. Involontairement
privés de travail.
- Le contrôle de l’assurance chômage, un enjeu de pouvoir majeur. On disait les
travailleurs sans emplois, ils vont retourner sur le marché de l’emploi. Aucune forme
de frein pour les employeurs, obstacles à la dévaluation des salaires. Ça a changé
radicalement depuis. Ça a joué un rôle dans la stabilisation des salaires, du marché de
l’emploi. Frein à la dévaluation de la main d’œuvre. C’est plus compliqué d’abaisser les
salaires qui ne peuvent pas aller en dessous des allocations de chômage. L’assurance
chômage rejaillit très fort sur l’ensemble de l’organisation du marché du travail.

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b. La refondation du système après la seconde guerre mondiale


Les pouvoirs publics s’en sont mêlés. En 1945, s’agissant de la branche chômage deux
modifications qui ont une un impact sur l’architecture générale de notre système.

Deux modifications essentielles au sortir de la guerre :


• L’illimitation dans le temps des allocations de chômage. Rien sur le plan
temporaire. Pas de perte des allocations à cause du temps.
• L’admissibilité à l’assurance chômage des jeunes sur la base des études.
C’est l’assurance chômage quand même.

Physionomie globale du système belge d’assurance chômage : accès lâche et longues périodes
d’indemnisation vs indemnisation médiocre. Pas seulement ceux qui ont cotisé pendant
longtemps. L’accès à l’assurance chômage est plus ouvert dans notre pays que dans. Nos pays
voisins. Plus facile de rester dans l’assurance chômage parce qu’il n’existe pas de limitation
dans le temps, on ne les perd pas pour la seule raison que le temps passe. En contre-partie, les
conditions d’indemnisation, le montant des allocations a eu tendance à être peu favorable, peu
généreux.

Un « équilibre » de plus en plus déstabilisé depuis les années 2000 : fort resserrement des
conditions d’accès et d’octroi, couplé à une dégradation des montants.
ð C’est plus dur par rapport à avant d’être admissible à l’assurance chômage. Les
conditions pour poursuivre ont aussi été renforcées, de plus en plus de contrôle dans la
recherche active d’emploi. Ce double resserrement n’a pas été compensé par un
relèvement des allocations mais plutôt une tendance de diminuer le montant des
allocations, ça diminue plus vite qu’au paravent.

c. Une législation de nature exclusivement réglementaire


Branche très conflictuelle, lieu de pouvoir.
Siège actuel de la matière : arrêté royal du 25 novembre 1991 portant réglementation du
chômage (= code du chômage) et arrêté ministériel du 26 novembre 1991 portant les modalités
d’application de la réglementation du chômage

Nature réglementaire et pas légale, pas exécuté comme l’est une loi mais un arrêté ministériel.

Unique base « légale » : article 7 de l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité


sociale des travailleurs

Dans toutes les autres branches, le législateur est revenu et a repris la main mais pas en
chômage, on n’a jamais franchi le pas. La base légale adoptée par les autorités de toute la
réglementation du chômage est une disposition où on parle de chômeurs involontaires qui on
les allocations qui leurs sont dues.

Conséquence : mainmise du pouvoir exécutif sur la politique du chômage. Qui a la main sur la
politique du chômage ? toute la politique du chômage est dans les mains du pouvoir exécutif.

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Les élus de la nation n’ont pas le moindre mot à dire sur les assurances chômage. C’est par
arrêté royal.

Quelle légitimité démocratique ? Il y a des discussions dans le comité de gestion de l’ONEM,


dans les médias, … L’ONEM est saisi pour avis de l’avant-projet de modification. Dans l’ombre
du comité de gestion de l’ONEM. Pas de débat au parlement, pas d’exposé des motifs, etc.

§2. Le paysage institutionnel de l’emploi et du chômage


a) L’indemnisation des chômeurs (= assurance chômage)
Lien fondamental entre indemnisation (assurance chômage proprement dite) et
accompagnement (aide au retour à l’emploi, coaching, etc). Au départ, les syndicats font les
deux. A l’époque, ce sont des courses pour l’emploi. Cette articulation doit être lue avec les
évolutions du pays.

Une matière restée fédérale, branche de la sécu.


- Répartition des rôles entre (les bureaux régionaux de) l’ONEm (statue sur le droit aux
allocations, conditions d’octroi) et les organismes de paiement (OP) (trois caisses
syndicales + la CAPAC). Les allocations sont concrètement données par les 3 caisses
syndicales ou la CAPAC. C’est le premier gichet avec lequel on a un contact. Tampon
entre nous et l’ONEM.
Avant tout était national. Ce n’est plus le cas depuis 1980, Deuxième réforme de l’état.

b) L’accompagnement des demandeurs d’emploi


Le placement des chômeurs, les envoyés chez un employeur est confié aux régions. La matière
de la formation, reformé, plus de compétences, d’aptitudes c’est pour les communautés.
- Depuis 1980, une matière confiée aux régions (placement) et aux communautés
(formation professionnelle).

Par le biais des transferts de compétences entre collectivités fédérées, restauration du lien entre
placement et formation professionnelle partout, sauf à Bruxelles
– En région de langue néerlandaise : le VDAB. Région et communauté flamande exercent
leurs compétences ensemble.
– En région de langue française : le Forem. Région wallonne donc placement mais aussi
formation car la communauté. Française n’exerce pas ses compétences en matière social, c’est
transféré vers la Wallonie, la région et à Bruxelles, la COCOF. Donc, le forem s’occupe des
deux.
– En région de langue allemande : l’ADG. On a aussi rétabli le lien originaire.
Résultat qui fait que placement et formation sont a nouveau réunis via des transferts de
compétences.

– En région bilingue de Bruxelles-Capitale : Actiris (Région bruxelloise) pour le placement


+ le VDAB (Communauté flamande) et Bruxelles Formation (COCOF) pour la formation
professionnelle. Pas de réunion, 3 organismes interviennent. Le placement est une compétence
régionale. Transfert compétences entre collectivités fédérées mais résultat assez clair sauf BX.

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Section 2 – Les conditions d’admissibilité à l’assurance chômage

Article 27, 7° : conditions d’admissibilité = conditions de stage qu’un chômeur doit remplir
pour pouvoir bénéficier de l’assurance chômage

Qui est bénéficiaire, protégé par la couverture chômage ? êtes-vous éligible ?

Deux bases d’admissibilité distinctes dans notre pays : le travail et les études.

§1. Admission sur la base du travail salarié

Articles 30 à 33 : admission aux allocations de chômage des travailleurs qui ont presté un
certain nombre de journées de travail au cours d’une période de référence. C’est le stage.
Quel type de travail ? Travail assujetti au régime de sécurité sociale des travailleurs salariés,
général, pas les indépendants qui ne sont pas couverts par le chômage.

Durée du stage :
Age Nombre de journées Période de référence

Moins de 36 ans 312/ 1an 21 mois

De 36 à 49 ans 468/ 1 an et demi 33 mois

50 ans et plus 624/ 2 ans 42 mois

§2. Admission sur la base des études


Depuis 1945, seconde porte d’entrée, possibilité d’être admis sur la base des études. C’est en
train de fort changé, réformes successives pour restreindre cette possibilité.
Article 36 : admission aux allocations d’insertion des jeunes âgés de moins de 25 ans, au
moment de la demande d’allocations, qui ont terminé (et, depuis 2014, réussi, s’ils ont moins
de 21 ans) des études

Quelles études ? C’était très large puis on a rétréci. Enseignement professionnel, qualifiant, on
le fait pour les recherches du premier boulot. Crise. Des années 80, le chômage des jeunes
explose et on élargit le spectre des études prisent en considération sur la base desquelles on peut
être admis à l’assurance chômage avec une contrepartie majeure qui est que depuis ce moment-
là, on a élargi le périmètre d’étude, on ne perçoit plus les allocations de chômage normal mais
les allocations d’insertion plus basses que les allocations ordinaires de chômage. Cycle

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supérieur de l’enseignement secondaire général ou cycle inférieur de l’enseignement secondaire


technique et professionnel (cycle supérieur de l’enseignement secondaire pour les moins de 21
ans). Ça doit être terminé. Il ne faut pas obtenir le diplôme mais accomplit toutes les formalités,
qu’on réussisse ou non. Maintenant on commence à vouloir la réussite. Moins de 21 ans, il faut
avoir réussi. On restreint l’admissibilité sur base des études.

Durée du stage d’insertion professionnelle : 310 journées (c’est-à-dire un an) de travail ou de


recherche d’emploi.

Réforme après réforme, tendance à refermer les conditions.

§3. Maintien de l’admissibilité


Système de dispense de stage pendant les trois années qui suivent la fin de l’indemnisation
lorsque l’admissibilité avait été établie (art. 42)

Section 3 – Les conditions d’octroi des allocations de chômage


Article 27, 8° : conditions d’octroi = conditions qu’un chômeur admissible au bénéfice des
allocations doit remplir pour pouvoir les obtenir effectivement
Risque social pris en charge par l’assurance : (uniquement) le chômage involontaire

L’aléa doit intervenir et ça doit être le chômage involontaire et lui seul. Ça se dégage de la
réglementation. Le chômeur involontaire est le travailleur privé de travail et de rémunération
par suite de circonstances indépendantes de sa volonté, disponible pour le marché de l’emploi,
apte à travailler et en âge de travailler. Elles sont réservées aux personnes qui veulent et peuvent
travailler.

§1. Être privé de travail et de rémunération


Article 44 : pour pouvoir bénéficier d’allocations, le chômeur doit être privé de travail et de
rémunération
C’est compris de façon très large, beaucoup d’exigences concrètes.

a) La privation de travail
Article 45, alinéa 1er : est considérée comme travail :

1° L’activité effectuée pour son propre compte qui n’est pas limitée à la gestion normale
des biens propres (art. 45, al. 1er, 1°)
Critère : but de lucre.

Admissible si c’est la gestion normale de ses biens propres. On ne doit pas avoir une inactivité
totale, on peut développer des activités pour son propre compte mais c’est la gestion normale
de ses biens propres. Si on va au-delà de gestion normale c’est du travail donc pas d’allocation
de chômage.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Ex : on repeint son escalier, on fait un kot pour mettre en location dans le grenier, ça ne se limite
pas à la gestion normale, si on fait des réparations avec un but de lucre même limité, on est dans
du travail. Possibilité de sanction.

2° L’activité effectuée pour un tiers qui procure une rémunération ou un avantage


matériel (art. 45, al. 1er, 2°)
Article 45, alinéa 2 : toute activité effectuée pour un tiers est présumée, jusqu’à preuve du
contraire, procurer une rémunération ou un avantage matériel.

On est suspect, c’est sévère. Il faut demander une autorisation à l’ONEM en expliquant
l’activité, l’investissement bénévole que l’on veut faire.

b) La privation de rémunération

Article 46 : est considérée comme rémunération : acception + large.


(Notamment) l’indemnité à laquelle le travailleur peut prétendre du fait de la rupture du contrat
de travail, indemnité compensatoire de préavis.

§2. Être au chômage par suite de circonstances indépendantes de la volonté

Article 44 : pour pouvoir bénéficier d’allocations, le chômeur doit être privé de travail et de
rémunération par suite de circonstances indépendantes de sa volonté
C’est le chômage involontaire. On voit les principaux comportements, circonstances qui sont
de nature à rendre volontaire l’entrée ou le maintien dans le chômage. C’est intrusif, on cherche
à faire une distinction entre le bon et le mauvais chômeur au regard de la réglementation.

a) Les principaux comportements incriminés

Article 51, §1er, alinéa 2 : par chômage par suite de circonstances dépendant de la volonté, il
faut entendre :
1° l’abandon d’un emploi convenable sans motif légitime
2° le licenciement pour un motif équitable : suite d’une faute dont on doit
raisonnablement anticiper que ça pouvait conduire au licenciement. Sinon, privé de travail et
de rémunération à la suite de circonstances indépendantes de notre volonté.
3° le refus d’un emploi (ou d’une formation) convenable : c’est le temps qu’on retourne
au boulot, sinon sanction plutôt sévère.
+ le défaut de présentation au service régional de l’emploi et de la formation

Ce sont des causes de maintien volontaire du chômage. L’objectif de l’assurance chômage est
d’indemniser tant et aussi longtemps qu’on n’est pas en mesure de retourner sur le marché de
l’emploi mais le but est d’y retourner.

b) La notion d’emploi convenable

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Article 51, §2, 1° : habilitation du ministre de l’Emploi, arrêté d’exécution du code du chômage
du 26 novembre 1991.
Cfr l’arrêté ministériel du 26 novembre 1991, articles 22 à 32quater

Notions peu protectrice en Belgique. C’est le prix à payer, la contrepartie du caractère illimité
dans le temps des allocations de chômage (caractère unique en Belgique). On ne peut pas
facilement dire non à un emploi.

Principaux critères :
• La formation ou la profession du chômeur : un emploi n’est pas convenable
( en droit de refuser l’offre) si pendant les 5 mois qui suivent l’inscription comme
demandeur d’emploi ne correspondent pas à la formation professionnelle du
chômeur ou à son métier.
Ex : Futur médecin, on lui demande d’être garagiste. Seulement durant les 5
mois.
Pour les chômeurs de moins de 30 ans, cette période protectrice est limitée à 3
mois. Après on doit accepter tout ce qui est proposé, peu importe notre
formation. Une exigence persiste de tenir compte de l’aptitude du chômeur.
Retour à la formule de G. Leboucher : exclure du chômage tous les chômeurs
qui refusent à deux reprises une offre d’emploi dans un métier en pénurie mais
c’est déjà le cas. La législation est déjà plus dure que ce que l’on croit.
• La rémunération : ne peut pas faire la fine bouche sous cet angle. Rien ne lui
permet de refuser, de décliner les offres d’emploi moindres de ce qu’il avait
avant. On s’en fou de préserver son train de vie. Pas convenable si la
rémunération qu’elle procure est inférieur au montant de l’allocation de
chômage qu’on perçoit. Ça n’arrive pas si souvent que ça, c’est un mythe.
• La distance avec le lieu de travail : l’emploi est réputé non-convenable
uniquement s’il implique une absence de chez soi pendant plus de 12heures par
jour ou si la durée des déplacements est supérieure à 4 heures par jour.
• La non-prise en compte des considérations d’ordre familial : pas d’incidence en
général sauf si elles sont de nature à constituer un empêchement grave.
Évènement qui est exceptionnel et temporaire, sort du commun et très limité
dans le temps.
Ex : enfant malade ok, famille monoparentale n’est pas un empêchement grave.

c) La sanction du chômage volontaire


Articles 52 à 53bis : exclusion du bénéfice des allocations pendant 4 à 52 semaines (4 à 26
semaines en cas de licenciement pour motifs équitables). Privation des allocations pendant des
semaines sélectionnées par l’ONEM parmi une fourchette. En 1 seul refus peut entrainer une
sanction.

Cours du mercredi 24/11 (S10):


Rappel :

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

- Conditions d’admissibilité : circonscrire le périmètre des travailleurs assurés, couverts


contre le risque de chômage. Ils vont être assurés en cas de survenance du risque. 2
grandes conditions :
§ Le travail salarié
§ Les études
- Conditions d’octroi : elles permettent de délimiter le risque limité, couvert, le chômage
involontaire et uniquement lui. Pas d’intervention pour toute forme de privation de
travail et de rémunération.
Travailleur privé de travail et de rémunération mais qui peut et veut travailler.

§3. Être disponible pour le marché de l’emploi


En plus de ne pas se rendre coupable de certains comportements déterminés, il faut aussi
manifester une attitude générale de disponibilité à l’égard du marché de l’emploi. Elles sont
subsidiaires par rapport aux efforts qu’on doit poursuivre pour trouver du boulot. La notion a
été fortement étendue en 2004 au nom de ce changement de paradigme. Elle est devenue plus
sévère. Plus exigence uniquement passive mais aussi active. Deux composantes.

Depuis 2004 et le passage du modèle de l’Etat-providence à celui de l’Etat social actif, deux
dimensions : passive et active

a) La disponibilité passive
Dans la règlementation depuis toujours (cfr. Partie 1).

Deux exigences :
- Article 58, §1er, alinéa 1er : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit être et rester
inscrit comme demandeur d’emploi (auprès du service public régional de l’emploi :
Actiris, Forem, VDAB ou ADG).
- Article 56, §1er, alinéa 2 : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit être disposé
à accepter tout emploi (ou formation) convenable. Ne pas soumettre sa remise au travail
à des réserves qui aux yeux de la notion de « convenable » sont infondées. On ne peut
pas laisser entendre qu’on refuserait telles ou telles types d’offres d’emploi.
N’est pas disposé à accepter tout emploi convenable le chômeur qui soumet sa remise au travail
à des réserves qui, compte tenu des critères de l’emploi convenable, ne sont pas fondées

Sanction : suppression des allocations car on ne répond pas aux conditions.

b) La disponibilité active
Le chômeur indemnisé n’est plus qu’un demandeur d’emploi mais un chercheur d’emploi. Il
faut fournir des efforts pour trouver un emploi. Procédure de disponibilité. Ça relève des
services régionaux de l’emploi maintenant.

Article 58, §1er, alinéa 1er : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit rechercher
activement un emploi
Le chômeur indemnisé, demandeur et chercheur d’emploi

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Articles 58/1 à 58/12 : la procédure de contrôle de la disponibilité active (cadre normatif fédéral,
complété par les régions et mis en œuvre par les services publics régionaux de l’emploi)
Principales étapes :
- Information sur les droits et les devoirs
- Élaboration d’un plan d’action individuel
- Évaluation au moins une fois par an de la mise en œuvre du plan d’action individuel.
- Nouvelle évaluation au plus tard six mois après une évaluation négative
- Sanctions graduelles : avertissement, diminution ou suspension des allocations,
exclusion
***
Sixième réforme de l’Etat : régionalisation complète de la mise en œuvre du contrôle de la
disponibilité, tant passive qu’active (loi spéciale du 8 août 1980, art. 6, §1er, IX, 5°)

Chasse aux chômeurs : le nombre de sanction a augmenté.

§4. Être apte au travail


Articles 60 à 62 : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit être apte au travail au sens de
la législation relative à l’assurance soins de santé et indemnités
Critère des 66% de l’assurance indemnités des travailleurs salariés. C’est quand notre capacité
de travail est réduite des 2/3 on relève de la branche maladie-invalidité.

Elle doit faire partie de la population active. Vocation à indemniser les personnes qui sont
physiquement et mentalement prêtes à retourner au travail. Comment fixer la limite. On n’est
pas apte au travail si on est inapte au sens de l’assurance soin de santé et indemnité. Si on est
inapte au sens de l’assurance, on va relever de cette branche-là de la sécu et pas le chômage.

§5. Être en âge de travailler

Articles 63, §1er : le chômeur ne peut bénéficier des allocations avant la fin de l’obligation
scolaire
Article 64 : le chômeur ne peut plus bénéficier des allocations à partir de son 65ème anniversaire.
On bascule dans la pension.

On ne trouve pas la déchéance des allocations parce que le temps s’écoule, grande particularité
en Belgique de ce caractère illimité dans le temps.

Section 4 – L’indemnisation
§1. Évolution générale
Au cours des années 1980 (choc de la désindustrialisation, crise économique) et 1990 (course
pour rentrer dans l’euro), chute très marquée du montant des allocations de chômage. C’est la
branche mal aimée.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Dans les années 2000, restauration progressive du paradigme assuranciel. Beaucoup de mesures
prises pour relever les montants. C’est une assurance qui garantit un revenu de remplacement
plus ou moins corrélé à notre revenu antérieur.

En 2012 (gouvernement Di Rupo), retour à l’austérité :


- D’une part, net renforcement de la dégressivité des allocations de chômage ordinaires :
les allocations de bases sont dégressives au fil du temps mais ça été accentué.
- Et, d’autre part, limitation dans le temps des allocations d’insertion : auxquels on a droit
quand on a réussi des études d’un certain niveau, sont moindre que les allocations
ordinaires mais elles sont limitées dans le temps, rupture majeur avec ce qui avait été
fait en 1945.
***
Deux filières d’indemnisation totalement distinctes, en fonction de la base d’admissibilité
(passé professionnel ou études). Les deux allocations ne sont pas les mêmes.

§2. Les allocations de chômage ordinaires


Des montants différenciés en fonction de la situation familiale et de la durée du chômage. Durée
du chômage et contexte familiale. Le montant chute au fil du temps.

a) Les catégories de bénéficiaires


Trois catégories : modulation familiale
1° Les travailleurs ayant charge de famille (chefs de ménage)
Article 110, §1er : chef de ménage = travailleur qui cohabite avec un partenaire (marié ou de
fait) ou avec un ou plusieurs enfants ne disposant ni de revenus professionnels, ni de revenus
de remplacement

On circonscrit cette notion de façon étroite, beaucoup plus que dans le langage courant.
Personne qui porte la charge pécuniaire de son ménage grâce uniquement à son allocation de
chômage.
Notion beaucoup plus restrictive que dans le langage courant, personne ne doit rien avoir.

2° Les travailleurs isolés


Article 110, §2 : isolé = travailleur qui habite seul
3° Les travailleurs cohabitants
Article 110, §3 : cohabitant = travailleur qui n’est ni chef de ménage, ni isolé. Tous les
chômeurs qui cohabitent avec des tiers mais englobe aussi la situation dans laquelle le chômeur
vit avec des gens qui ont un revenu de remplacement ou professionnel.

Que perçoivent ces 3 grands types de famille ? On change tout en 2012 dont la logique de
dégressivité (temps qui s’écoule).

b) Le taux des allocations


Trois périodes d’indemnisation, dont la seconde varie en fonction de l’importance du passé
professionnel (art. 114 à 119)

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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- Première période d’indemnisation (un an)


Pour tous les chômeurs, 65% du salaire perdu les trois premiers mois (plafond salarial
supérieur), 60% les trois mois suivants (plafond salarial supérieur) et 60% les six mois suivants
(plafond salarial moyen). Le taux nominal est le même mais après plafond salarial moyen. On
tient compte du salaire perdu jusqu’à concurrence d’un certain niveau. On va avoir moins car
notre salaire était élevé et le plafond est bas.

3 types de plafonds :
- Plafond supérieur : +-2850€brut par mois. Ce n’est pas élevé et c’est le maximum.
- Plafond moyen : 2650
- Plafond inférieur

On ne s’occupe pas ici de la catégorie familiale et le passé de travail.

- Deuxième période d’indemnisation (de 4 mois à 3 ans : part fixe de deux mois + part
variable de deux mois additionnels par année de passé professionnel en tant que salarié)
Pendant, au maximum, un an, 60% du salaire perdu pour les chefs de ménage, 55% pour les
isolés et 40% pour les cohabitant (plafond salarial inférieur)
A partir, au plus tard, de deux ans de chômage, diminution tous les six mois d’un cinquième de
la différence entre le montant perçu et le forfait de la troisième période

On accentue la dégressivité tout en récompensant, valorisant le travail. On reporte l moment où


on tombe dans la troisième période d’indemnisation.

On prend en compte le passé pro. On peut étirer notre période d’indemnisation avant de tomber
dans la 3ème période que les chômeurs veulent éviter où il y a un forfait. 2 mois de partie fixe et
2 mois par année de travail. Les conditions d’admissibilité varie en fonction de l’âge des
travailleurs. Il faut avoir cotiser pendant 1 an pour avoir droit au chômage pour les plus jeunes.
Le minimum requis est de 1 an donc 2 mois de partie fixe + 2 mois additionnels pour l’année
de travail.

Aussi catégorie familiale : cohabitant c’est moins favorable.

A partir du 13ème mois de chômage c’est le plafond inférieur. On peut donc tomber plus bas en
particulier si on est cohabitant.

Après deux ans de chômage, on diminue les allocations de chômage, d’1/5 de la différence du
montant que l’on perçoit et le niveau du forfait de la 3ème période d’indemnisation. Fin des 1é
premiers mois de la deuxième période d’indemnisation, fin de la deuxième année de chômage.
Fin de la phase 2b, tous les 6 mois, c’est 1/5 de la différence entre le montant de l’allocation en
début de deuxième période et le niveau du forfait de la troisième période d’indemnisation. A
plusieurs reprises, on arrive en dernière période d’indemnisation. Si on a un passé professionnel
important, on bascule plus lentement entre la 2ème et la 3ème et inversement.

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- Troisième période d’indemnisation (illimitée)


Allocation forfaitaire mensuelle : 1404,78 € pour les chefs de ménage, 1138,54 € pour les isolés
et 590,72 € pour les cohabitant. Ce n’est plus un pourcentage. On est un peu plus que le revenu
d’intégration, le CPAS. Pour les chefs de ménage et isolés. Pour les cohabitants c’est en dessous
du CPAS.

On ne limite pas dans le temps les allocations de chômage mais plus aucun rapport avec notre
salaire antérieur à partir d’un moment. Dans nos pays voisins, ça se passait comme ça mais en
plus c’était limité dans le temps. On arrive en fin de droit, au bout des allocations de chômage
et on arrive dans un système d’assistance chômage qui verse des allocations à un niveau
intermédiaire. C’est un peu ce qu’on a fait en 2012 mais c’est dans un seul système.

§3. Les allocations d’insertion


Études d’un certain niveau terminées ou réussies si on a entre 21 et 25 ans ou en dessous de 21
ans. Rien avoir avec les allocations de chômage ordinaire car pas calculées sur le salaire
antérieur car par hypothèse pas de revenus antérieurs. Ce sont des forfaits différenciés en
fonction de la situation familiale.

Des montants forfaitaires différenciés en fonction de la situation familiale (art. 124)

Montants alignés sur le revenu d’intégration pour les chefs de ménage et les isolés, montant
inférieur au revenu d’intégration pour les cohabitant. Une assurance sociale garantie un montant
moindre que l’aide sociale qui est le dernier ressort. Pas très généreuses.

Limitation dans le temps depuis 2012 : « crédit » de 36 mois (trois ans), à partir de la première
indemnisation pour les cohabitant et à partir du trentième anniversaire pour les chefs de ménage
et les isolés (art. 63, §2). Compromis négocié.

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Chapitre III – Les pensions de retraite


Les trois régimes contributifs confondus, approximativement 10% du PIB, de la richesse
nationale. Pensions légales.

Section 1 – Vue d’ensemble


§1. Un système structuré en trois « piliers »
Premier pilier : les pensions obligatoires (ou légales), organisées par la sécurité sociale. Tous
ceux qui entrent dans les conditions arrêtées par le système sécu y ont droit.

Deuxième pilier : les pensions complémentaires (ou extralégales) organisées collectivement


par les entreprises. On vient ajouter à sa pension légale, SS. Toutes les pensions
complémentaires dites collectives, par les employeurs pour leurs travailleurs, ou certaines
catégories de travailleurs. Ils souscrivent à des assurances groupes, etc pour garantir à leur
travailleur, une pension complémentaire une fois arrivé à l’âge de la retraite.

Troisième pilier : les pensions complémentaires constituées individuellement par les


travailleurs. Épargne pension. C’est lui qui épargne.

Quelle est la différence, l’enjeu ? On ne parle pas du tout de la même chose, du même univers
de pension. Que faut-il valoriser ?

§2. Capitalisation vs répartition

Dans les pensions extralégales (deuxième Dans les pensions légales (premier pilier),
et troisième piliers), un financement par un financement par répartition :
capitalisation : ça veut dire que les pensions cotisations immédiatement versées dans la
sont financées par des primes versées à pension des personnes actuellement à la
échéance régulière par l’employeur ou le retraite. On cotise pour sa pension mais
particulier. Ça vient former un capital qui techniquement c’est pour ceux à la pension
grandit au fil du temps et est placé sur les actuellement.
marchés financiers. Logique fondamentale
de prévoyance individuelle.

Logique de prévoyance individuelle. Le Logique de solidarité entre les


pactole qu’on va toucher va être plus ou générations : chaque génération paye les
moins significatif en fonction de nos pension de retraite de la génération de travail
placements. précédente. Il y a quand même un calcul en
fonction du revenu et des années de travail.
Flux d’argent horizontal qui repart tout de
suite. Cette logique fonctionne tant que c’est
équilibré au niveau sociodémographique.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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§3. Quel avenir à long terme ?


Débat de société très nourrit dans le monde politique.

(Très) schématiquement, deux grands scénarios en concurrence pour l’avenir :

- Libéral, patronal : Réduire les pensions légales à une protection sociale de base et
soutenir (para)fiscalement les pensions par capitalisation. Encourager la population à
investir dans les autres piliers, pousser la capitalisation. Développer les insistants
fiscaux et para-fiscaux.
Ou
- Syndical et gauche politique : revaloriser les pensions légales et consolider le
financement par répartition. Fort inégalitaire.

§4. Les pensions légales des salariés

Siège de la matière :
Ø Arrêté royal n° 50 du 24 octobre 1967 relatif à la pension de retraite et de survie des
travailleurs salariés (AR n° 50) : de pouvoirs spéciaux.
Ø Arrêté royal du 21 décembre 1967 portant règlement général du régime de pension de
retraite et de survie des travailleurs salariés (AR 1967)
Ø Arrêté royal du 23 décembre 1996 portant exécution des articles 15, 16 et 17 de la loi
du 26 juillet 1996 portant modernisation de la sécurité sociale et assurant la viabilité des
régimes légaux des pensions (AR 1996)

Prise en charge de deux risques sociaux distincts : la vieillesse (pensions de retraite) et le


veuvage (pensions de survie – en voie de démantèlement)

§5. Organisme compétent


Le Service fédéral des pensions statue sur les demandes et paie les prestations (AR n° 50, art.
41, al. 1er)
Mécanisme intéressant, depuis 20 ans, flux électronique : Auto-saisine du SFP lors de l’atteinte
de l’âge de la retraite par un travailleur salarié (AR 1967, art. 10, §3ter). Instruit d’office les
dossiers de pension. Quasi-automaticité des droits à la pension grâce à la banque carrefour de
la SS.

Section 2 – Le champ d’application personnel

§1. Le principe

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« Sont couverts tous les travailleurs assujettis au régime de sécurité sociale des travailleurs
salariés » (AR n° 50, art. 1er, al. 1er, 1° et al. 2). Champ d’application de l’assurance vieillesse
des salariés qui colle avec le périmètre de l’assujettissement à la SS. Question importante des
protections sociales.

§2. Les extensions

Habilitation du Roi à étendre le bénéfice de la couverture (AR n° 50, art. 3, al. 1er, 2° et al. 2)
au-delà des situations où on est assujettis au régime général.

Des extensions facultatives, conditionnées au paiement de cotisations de régularisation.


Extensions limitées car hypothèses restreintes où une demande doit être faite et la cotisation de
régularisation doit être payée.

Principale application : la « bonification » des années d’étude sanctionnées par l’obtention d’un
diplôme (AR 1967, art. 7). On étudie au-delà de l’âge de 20 ans, au moment de l’arrivée à l’âge
du départ à la retraite à 65 ans, on va avoir une carrière incomplète qui est de 45 ans. Trou dans
le montant des pensions. Correctif ici qui existe dans la règlementation. Il est possible de faire
bonifier ses études. On fait comptabiliser les années d’études de manière à compléter notre
carrière pour arriver en bout de course avec une carrière complète. Et il faut payer une cotisation
calculée sur base d’un salaire fictif.

Section 3 – Les conditions d’octroi de la pension de retraite


Une condition d’âge et une condition d’activité : il fallait réduire son activité pro. C’est de
moins en moins le cas.

§1. Avoir atteint l’âge de la retraite


a) L’âge légal du départ à la retraite
§ AR 1996, art. 2, §1er
§ Depuis 2009 : 65 ans, pour les hommes comme pour les femmes : Avant 2009 c’était
65 pour les hommes et 60 ans pour les femmes donc à salaire égal, les femmes
touchaient le même montant que les hommes alors que carrière à 40 ou 45 ans.
Discriminatoire par la cour de justice de l’UE.
§ Report à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030.

b) La retraite anticipée
§ AR 1996, art. 4
§ Durcissement progressif des conditions dans les années 2010, sous le gouvernement Di
Rupo et Michel. On veut augmenter le taux d’activité des seniors.
§ Depuis 2019, autorisée à partir de 63 ans, à condition de justifier d’une carrière
suffisante (42 années)

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Vers une prise en compte de la pénibilité du travail ? si on va à fond de peine, la seule condition
à remplir c’est d’arrivé à l’âge normal sans exigence de durée de travail. Une fois qu’on arrive
à l’âge légal de départ à la retraire, on va nous calculer notre pension. La durée de la carrière
intervient au stade du calcul de la pension du mais pas de si on a droit ou pas. Exigence de durée
de carrière si on veut partir plus tôt, 42 ans de passé de carrière pour partir dès 63 ans au lieu
de 67 ans. Même conditions pour tout le monde. On se demande si on ne doit pas prendre en
compte la pénibilité du travail entre l’ouvrier qui risque sa peau et celui qui est derrière son
bureau, pas les mêmes séquelles sur la santé. On veut différencier les conditions d’admission à
la retraite anticipée. Ce n’est nulle part pour le moment sur le plan législatif. Zéro accord sur le
sujet pour le moment mais ça été dit dans l’accord VIVALDI.

c) Chômage avec complément d’entreprise (anciennement prépension)


Elles sont mal nommées car ce n’est pas une forme de variante de pension.
§ Un mécanisme qui relève de l’assurance chômage : système d’accompagnement social
du licenciement. Des travailleurs âgés sont licenciés et pour amortir le choc, ces
chômeurs admis à l’assurance chômage vont bénéficier d’un complément à charge de
l’employeur qui a procédé au licenciement. Il vient payer une indemnité qui comble la
moitié de la différence entre l’allocation de chômage qu’on percevait et notre ancienne
rémunération.
§ Philosophie : accompagnement social du licenciement. Car quasiment en pension,
cuites pour le marché de l’emploi. Système dans le viseur des autorités car c’est un des
éléments qui explique pourquoi le taux des seniors est faible. Les conditions ont été plus
sévères au niveau de l’âge. C’est réglé selon des conventions collectives. Tendances à
un fort durcissement. Elles doivent quand même manifester une certaine disposition à
retourner sur le marché de l’emploi, disponibilité adaptée, réduite mais quand même
présente.
§ Indemnisation : allocation de chômage à charge de l’ONEm, complétée par une
indemnité à charge de l’ancien employeur. Ça ne relève pas de la pension.
Volonté de resserrer les vices, de colmaté les trous pour sortir de la carrière active. On veut
augmenter le taux d’emploi des seniors. Problématique de l’aménagement des fins de carrière.
Ça ne règle pas le problème de colmater les trous, il faut bien trouver un employeur qui veut
bien d’eux.

Cours du mercredi 01/12 (S11) :


Rappel : Paysage des pensions de retraite en Belgique. Il y a 3 piliers. On a vu le champ
d’application personnelle de l’assurance vieillesse, et il est définit de façon assez simple. Il
recoupe le champ d’application de s’assujettissement à la SS des travailleurs salariés.
Maintenant nous sommes dans les conditions d’octrois des pension de retraite. Double
condition d’âge et d’activité.

§2. Réduire ses activités professionnelles


Une condition (de paiement, techniquement) en voie de disparition ? Techniquement cette
exigence est une condition de paiement et pas d’octroi de droit. Si on ne respecte pas cette
exigence, le versement de la pension de retraite va être suspendu ou diminuer mais le droit est

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établi uniquement sur la base d’un critère d’âge. C’est une condition de versement. Exigence
en voie de disparition. Principe posé par l’AR n°50.

a) Le principe (?)
Sauf dans les conditions déterminées par le Roi, la pension n’est payable que si le bénéficiaire
n’exerce pas d’activité professionnelle (AR n° 50, art. 25, al. 1er).

Par activité professionnelle, il faut entendre toute activité susceptible de produire des revenus
(AR 1967, art. 64, §1er, al. 1er). Ça peut être une activité de salarié ou d’indépendant dans que
ça génère du lucre, c’est en règle, incompatible avec le versement d’une pension de retraite.

Il y a des exceptions au principe. Elles sont telles qu’on se demande si on ne va pas vers une
pension de retraite cumulable avec une activité professionnelle.

b) L’activité autorisée
Le bénéficiaire d’une pension est autorisé à exercer une activité professionnelle pour autant que
le revenu ne dépasse pas certains plafonds (AR 1967, art. 64, §2 et 3). Des seuils sont fixés par
la réglementation et varient en fonction de différents paramètres dont la question de savoir si
on a encore charge d’enfant ou pas, et si notre activité est fonctionnaire, salarié ou indépendant.

Relèvement régulier des plafonds depuis les années 2010. Tendance qui va dans le sens d’un
démantèlement progressif des plafonds.

Supprimer les plafonds ? Déjà fait, depuis 2015, pour tous les bénéficiaires qui ont atteint l’âge
de la retraite ou qui prouvent une carrière d’au moins 45 années (AR 1967, art. 64, §4). Dans
ce cas-là plus de plafond et c’est cumulable de façon illimitée. On se demande si l’exception ne
devient pas le principe. Ça a longtemps fait débat. On permet aux personnes de travailler mais
on ne force personne, ça fait rentrer des moyens dans les caisses de la SS. Cela étant, certains
contre argumentent que le danger si on supprime complètement les plafonds, c’est qu’on risque
de présupposer que la pension est insuffisante pour vivre et c’est nécessaire de la compléter par
la poursuite d’une activité pro. Tout le monde n’est pas en mesure de poursuivre toute activité
pro après un certain âge.

Section 4 – Le calcul de la pension de retraite


On est dans le système des assurances sociales (cfr. Bismarck), logique contributive. Dans notre
système la pension de retraite est corrélée à la durée de la carrière et l’importance des
rémunérations. On n’est pas dans une assurance privée donc pas totalement ne fonction de ce
qu’on a cotiser. Il y a des correctifs sociaux qui nous éloignent de cette logique actuarielle mais
on part de là car on est dans une logique assurantielle. C’est différent dans d’autres pays.

La pension légale de retraite est égale à un pourcentage de la moyenne des rémunérations


gagnées au cours de la carrière professionnelle

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Trois variables : carrière professionnelle, rémunérations, situation familiale

§1. La carrière professionnelle


C’est quoi la carrière, qu’est-ce qui rentre en ligne de compte ?

a) Les périodes de travail et les périodes assimilées


Pas assurance extralégale qui dépend de l’épaisseur de notre portefeuille, il y a des correctifs.
• Les périodes d’activité professionnelle en tant que travailleur salarié
• Les périodes d’inactivité assimilées à des périodes d’activité professionnelle (AR n° 50,
art. 8). Malgré tout elles sont comptabilisées pour les besoins de la pension de retraite
même si on ne cotisait pas, on va faire comme si. Toutes les périodes de notre carrière
pendant lesquelles on a bénéficié d’un revenu de remplacement (incapacité de travail,
allocation de chômage, de maternité, accident du travail). On n’était pas en train de
travailler car un risque social reconnu et indemnisé nous est tombé dessus. Quand on
perçoit un revenu de remplacement c’est comptabilisé au moment de l’âge de retraite
comme si c’était une activité pro.
Sont (principalement) assimilées les périodes durant lesquelles le travailleur a bénéficié d’un
revenu de remplacement (AR 1967, art. 34)
• + rappel : les années d’étude régularisées : années pour lesquelles on a introduit une
demande de bonification pour compter l’année d’étude comme une année de carrière.

b) La durée de la carrière
Pas d’exigence de durée minimum de carrière au stade des conditions d’octroi. La seule
exception c’est la carrière anticipée, il faut que la carrière soit d’une certaine durée pour être
éligible à la pension de retraite. La durée de la carrière joue un rôle important dans le calcul de
la pension de retraite qui est du. On va voir l’incidence de la durée de la carrière sur le montant
de la pension de retraite.

Carrière complète : 45 ans (14 040 jours).


Le dénominateur de la fraction est 45 (AR 1996, art. 5, §1er, al. 2). Ce qui se trouve en dessous
de la barre, il est toujours de 45. On calcul au regard d’un modèle qui est celui de la carrière
complète. La situation la plus fréquente est la situation dans laquelle on arrive à l’âge légale de
pension de retraite. La grosse majorité arrive avec une carrière complète. D’autres personnes
arrivent avec moins de 45 ans. Ce qu’on inscrit au titre du dénominateur de la fraction, c’est
toujours 45. Si on a moins ou plus, on a droit à 42/45ème d’une pension complète à 12/45ème
d’une pension complète ou autre. Plus la carrière est brève plus le revenu moyen va être étalé
car le point de référence est toujours 45 an.

Dans le cas où on arrive avec une carrière plus longue. Pendant longtemps ça n’a pas été
possible. Prévalait le principe de l’unité de carrière. La pension ne pouvait pas s’élever à plus
de 45/45ème = 1. On a levé ça depuis 2019. Si on dépasse 45, carrière plus longue, pas de
diminution. On n’enlève pas les jours qui dépassent le plafond et on enlève les jours moins
favorables sur le plan de la rémunération. Le surcroit de travail produit, au-delà de la carrière
compelte va générer des droits de pension complémentaire.

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à Une année de travail (ou d’inactivité assimilée) = 1/45ème d’une pension complète

§2. La rémunération
a) Rémunération réelle ou rémunération fictive
La rémunération sur laquelle on se base, elle n’est pas la même pour les périodes de travail et
pour les périodes assimilées.
• Pour les périodes d’activité professionnelle : prise en compte de la rémunération
réelle brute (AR 1967, art. 22). Enjeu du mode de calcul des cotisations. Tendance qui
consiste à multiplié les formules, les aspects du package salarial qui sont exemptés de
cotisation sociales. Pour certains travailleurs c’est intéressant mais toutes ces formules
sont critiquées car elles définancent la SS mais pas de prélèvement de cotisations
sociales mais ça se manifeste aussi pour le travailleur quand il arrive à la pension, si ça
ne donne pas lieu au prélèvement de cotisation c’est zéro dans la pension.
• Pour les périodes assimilées : prise en compte, non pas de l’allocation sociale, mais de
la rémunération afférente à l’année civile précédente (AR 1967, art. 24bis, point 1, al.
1er). Correctif social, pas logique d’assurance privée, commerciale. On ne se base pas
sur le revenu de remplacement durant la période indemnisées. Car le revenu de
remplacement est souvent moindre. Pour éviter que la survenance du risque social se
paie assez cher parce qu’on regarde le montant du revenu de remplacement, on se réfère
à la rémunération afférente à l’année civile précédente à celle ou le risque est survenu.

Principales exceptions : depuis 2012, valorisation sur la base du salaire minimum des troisièmes
périodes de chômage (AR 1967, art. 24bis, point 6) et, depuis 2019, des deuxièmes périodes de
chômage (AR 1967, art. 24bis, point 6°bis) ainsi que des périodes de chômage avec complément
d’entreprise (AR 1967, art. 24bis, point 7°bis). (cfr. Cours précédent).

La branche mal-aimée c’est l’assurance chômage. Illustration en matière de pension. Idée qu’il
faut récompenser le travail. Salaire fictif fixé au minimum. Les personnes dont le chômage dure
plus d’un an vont le payer cash au moment de la pension. Toutes ces périodes vont être
valorisées au moment du calcul de la pension de retraite sur la somme d’un montant de salaire
minimum.

b) Plafond
il y a un plafond, toujours pour les revenus de remplacement. Jusqu’à un certain niveau, à
concurrence d’un certain niveau.
Il n’est pas tenu compte de la part du total des rémunérations de chaque année qui dépasse le
plafond annuel (AR n° 50, art. 7, al. 3). Il est fixé pour chaque année civile. Pour 2020, 60.000
brute.

Incidence : si on est un travailleur à bas salaire ou moyen, égale ou inférieur au plafond de


l’année concernée. L’entièreté de notre salaire va être valorisé. Mais, si on dépasse le plafond
annuel, ça va être calculé sur une partie de notre salaire qui sera moins représentative que notre

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rémunération réelle. Tout ce qui dépasse le plafond ne va pas être valorisé. Facteur de difficulté
pour la légitimité de notre système de pension.
On veut un rapport décent avec le train de vie acquis durant l’ensemble de notre carrière. Notre
système remplis bien cette objectif pour les travailleurs à bas et moyen salaire. Le système
remplis moins bien cette fonction assurantielle pour les travailleurs qui dépassent le plafond
annuel. Donc point inscrit à l’accord du gouvernement de relevé le plafond. Face à e constat
deux attitudes possibles :
- La SS ça fonctionne pas bien pour les classes supérieures, il faut encourager ces
personnes à faire des plans d’épargne pension.
- Modifier la SS elle-même en relevant le plafond. Ces dernières années on encourageait
plus les pensions extra-légales mais maintenant, le nouveau gouvernement a fixé à son
agenda un relèvement du plafond pour que le système recouvre une plus grande qualité
assurantielle à ceux qui ont un revenu élevé.

c) Réévaluation
Toutes les rémunérations (plafonnées) prises en compte, qu’elles soient réelles ou fictives, sont
réévaluées au moment de l’octroi sur la base de l’évolution de l’indice des prix à la
consommation (AR n° 50, art. 29bis, §1). Au moment du calcul de la pension de retraite, le
service fédéral des pensions regarde toute la rémunération annuelle pour chaque année de
carrière. On a engrangé une rémunération d’un niveau qui a été plafonnée. On arrive à un certain
montant. Mais 1500€ dans les années 80, ce n’est pas le même qu’ajd. Donc correctif majeur
dans le système qui est un avantage majeur. Mécanisme de réévaluation. On regarde l’évolution
de l’indice des prix à la consommation entre l’année de carrière examine et l’année de prise de
pension. On voit le niveau de vie a été augmenté de 2 par exemple, les choses coutent 2 fois
plus chères ajd. Notre rémunération va alors être multipliée par 2. On rehausse la rémunération
plafonnée en fonction de l’indice des prix à la consommation. Effet protecteur majeur qui
gomme l’inflation. Avantage des pensions légales que n’ont pas les pensions extra-légales. Les
banques et autres promeuvent les pensions extra-légales. Le capital est un montant nominal. A
l’arrivée, on peut nous garantir qu’on va toucher X € mais ils vont valoir combien à l’arrivée.
On ne sait pas ce qu’ils vaudront en termes de pouvoir d’achat réelle dans des années parce
qu’il y a l’inflation. Talon d’Achille de la répartition. Si c’est tenable, elles ont un avantage. On
peut neutraliser les effets de l’inflation.

Neutralisation complète des effets de l’inflation : différence majeure avec les pensions
extralégales financées par capitalisation. Facteur d’incertitude.

§3. La situation familiale


Deux catégories (AR 1996, art. 5, §1er, al. 1er) : elle permet de déterminer le taux de
remplacement. SS pas harmonisée ni codifiée. Les catégories ne sont pas les mêmes selon toutes
les branches. Dénomination officieuses et pas réglementaires.

1° Taux dit « ménage »


Bénéficiaires mariés dont le conjoint a cessé toute activité professionnelle, sauf celle autorisée
par le roi, et ne jouit pas d’un revenu de remplacement

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Taux de remplacement : 75%

Aux couples uniquement mariés à l’intérieur desquels le pensionné est la seule source de
revenu. Dans toutes les autres situations, c’est l’isolé.

2° Taux dit « isolé »


Tous les autres bénéficiaires : la situation dans laquelle le pensionné vit seul mais aussi celle
où le pensionné est non marié, cohabitation légale mais aussi celui qui est marié mais à
l’intérieur desquels l’un des membres du couples perçoit un revenu de remplacement.
Taux de remplacement : 60%
Compte tenu des évolutions socio-démographiques, individualisation de facto grandissante du
montant des pensions de retraite. On a plus des couples dont une personne ramenait les revenus
pour une personne dans le ménage.

§4. Le mode de calcul


a) Le calcul
Étapes successives (AR n° 50, art. 7, al. 1er et AR 1996, art. 5, §1er) :
• Réévaluation de la rémunération – réelle ou fictive, mais toujours plafonnée – de chaque
année de la carrière professionnelle
• Addition des résultats de chaque année et division de la somme par 45, pour obtenir la
rémunération moyenne perçue au cours de l’ensemble de la carrière
• Multiplication de la rémunération moyenne par le taux de remplacement (60 ou 75%
selon la situation familiale)

On prend la rémunération de chaque année de carrière, réelle ou fictive pour la période assimilée
et on plafonne. Et, on la réévalue, on l’augmente en fonction de l’évolution de l’indice des prix
à la consommation entre l’année concernée et l’année de prise de la pension. On additionne les
résultats de chaque année et on divise le total par 45, toujours. Dee manière à obtenir la
rémunération moyenne perçue au cours de l’ensemble de la carrière. Hypothèse d’une carrière
de 45 année même si elle a été moindre. Si plus, on additionne même ce qui dépasse le seuil et
on divise par 45. On ramène sur 45 ans. Enfin, la rémunération moyenne perçue au cours de
l’ensemble de la carrière est multipliée par 0,6 ou 0,75.

b) La pension minimum
Correctif de la pension minimum : il existe une protection très minimum. Correctifs sociaux
que la législation vient greffé sur la logique d’assurance sociale. On veut protéger les personnes
concernées.

Le droit à une pension-plancher, pension minimum en cas de carrière égale au moins aux 2/3
d’une carrière complète (30 ans) (base légale dispersée dans des lois budgétaires de 1980 et
1981). Lorsque la carrière est un peu significative. On a droit à un minimum un certain niveau.
Lorsque la carrière est complète pas moins de 1390€ brute par mois. C’est le montant de la
pension minimum en cas de carrière complète Si c’est moins de 45 ans, le montant est calculé

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au prorata, en proportion de l’importance de notre carrière. En fonction de l’importance de notre


carrière. Si 33 ans de carrière on a droit à 33/45 de 1390€ brut.

Le montant de la pension minimum complète est proratisé en cas de carrière située entre 30 et
44 années.

Si on a une carrière complète, on fait tout le calcul, si le résultat final est inférieur à 1390, on a
1390, on ne peut pas percevoir moins. C’est très important pour les travailleurs à temps partiel
et les personnes qui ont un salaire bas. Rehaussement de la pension minimum pour le
gouvernement en place. On veut renforcer le caractère assurantiel du système. L’objectif de la
coalition Vivaldi est de relève la pension minimum jusque 1500 net d’ici 2024. Plus ou moins
1700€ brut alors qu’on est à 1390. C’est en cours.

Conclusion
Les pensions sont-elles d’un montant suffisant pour vivre ?

– Plutôt oui, pour les travailleurs qui ont eu une carrière complète rémunérée à un niveau proche
du salaire moyen. Elles jouent bien leur rôle pour les travailleurs pour qui le système a été
pensé. Quand le système a été pensé, c’était pour ces travailleurs-là. Trajectoire typique
d’employer moyen, d’ouvrier.

– Plutôt non, pour les travailleurs dont la trajectoire professionnelle ne correspond pas à la
carrière typique d’un ouvrier ou d’un « petit » employé (en particulier travailleurs/ses à carrière
incomplète et à temps partiel, d’une part, et cadres, d’autre part). Ils sont de plus en plus
nombreux. Surtout pour les femmes qui ont eu des enfants. Des paramètre pas bons. L’autre
groupe, ce sont les cadres, les employés supérieurs. Souvent, il étudie longtemps. Quand on a
ce profil, on a une progression salariale fortement salariale. Il se peut qu’ensuite ça se mette à
grimper et que la rémunération finira importante mais notre carrière sera incomplète et si on a
connu cette progression salariale, la pension ne sera pas très généreuse. Il y a le plafond.
***
Vers où notre système doit évoluer ? Vers un système de pensions à points ? Un projet
aujourd’hui enterré. A l’aune de ces constats, des scénarios très importants s’opposent. Système
qui ne fonctionne pas trop mal pour ceux pour qui il a été pensé mais moins efficace pour les
autres. On peut défendre deux voies très différentes :
§ Libérale, patronale : les travailleurs à bas salaire et les cadres qui ont des pensions peu
généreuse, il faudrait soutenir le développement des pensions extralégales,
complémentaires, financées par capitalisation. Développer les incitants fiscaux avec la
difficulté que c’est inégalitaire. Ceux qui en bénéficient (2 et 3 piliers se sont des
hommes fortement qualifiés)
§ Ce qu’il y a lieu de faire ce n’est pas de surinvestir les pensions complémentaires mais
de revoir les pensions SS de premier pilier. Par le biais du relèvement de la pension
minimum et du plafond. C’est ce que le gouvernement en cours veut plutôt faire.
Refonte plus fondamentale de notre système on ne la connait pas encore. On ne sait pas
vers quoi on va aller.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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*
* *
Pour les pensions des travailleurs indépendants et des fonctionnaires statutaires, renvoi aux
cours, respectivement, de Droit approfondi de la sécurité sociale et de Droit social de la fonction
publique.

Chapitre IV – L’assurance soins de santé


Section 1 – Vue d’ensemble
Elle cherche à garantir le droit à la vie. Deuxième pilier plus important après les pensions.

§1. L’assurance soins de santé et indemnités (ex-assurance maladie-invalidité)


Siège de la matière : loi relative à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités,
coordonnée le 14 juillet 1994 et arrêté royal du 3 juillet 1996 portant exécution de la loi relative
à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités

Deux ensembles de prestations distincts : la prise en charge des dépenses de santé/maladie


(revenus de complément)(remboursement des dépenses médicales et paramédicales) et les
indemnités d’incapacité/invalidité de travail et de maternité (revenus de remplacement).
Surcroit de dépenses qui découle des besoins médicaux. Ça permet de compenser des frais
additionelles qui découle de la survenance de charges.

Les mutuelles sont les acteurs principaux. Logiques très différentes.

§2. L’universalité de la couverture santé


Un système unique englobant (quasiment) toute la population : caractéristique unique. Elle est
universelle. Pour les autres il y a des champs d’application lié à l’assujettissement à la SS. Plus
de distinction entre salariés, indépendants et autres, c’est toute la population. Ça rejaillit sur le
paysage administratif de la branche.

Les organismes compétents :


- Une institution publique de sécurité sociale en charge de la supervision du secteur :
l’INAMI
- Des organismes assureurs (O.A.) en charge du remboursement des dépenses médicales
: cinq unions de mutualités privées + une caisse publique, la Caisse auxiliaire
d’assurance maladie-invalidité (CAAMI). Rôle d’intermédiaire qui nous remboursent
et nous paye les indemnités.

Vu les particularités du secteur des soins de santé, des organes de gestion au sein de l’INAMI
à composition quadripartite (avec représentants des organismes assureurs et des dispensateurs
de soins) : une délégation syndicale et patronale mais aussi des représentants des organismes
assureurs (mutuelles qui représentent les patients) et des dispensateurs de soins (qui
représentent les soignants).

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§3. Médecine libérale vs maîtrise du coût des soins vs accessibilité


Le caractère libéral de l’organisation des soins de santé en Belgique : libre choix du prestataire
de soins (art. 127, §1er) et liberté d’appréciation des prestataires de soins (art. 73, §1er). C’est
une double grande liberté. On s’adresse au prestataire de soin de notre choix. le prestataire de
soin soigne conformément à sa déontologie mais il est libre dans la manière de prendre en
charge. Consacrée explicitement dans la législation de 1994 relative à l’assurance obligatoire
de soin de santé.

Ce système a un inconvénient majeur : il rend beaucoup plus difficile le contrôle de


l’augmentation des dépenses. D’autres systèmes ne sont pas libéraux mais plus centralisés,
contrôlés. C’est le prix à payer de notre médecine libérale. Commande centrale assez faible.
L’augmentation continue du coût des soins de santé. Forte augmentation des dépenses de santé.

Des mesures sont prises pour essayer d’encadrer les dépenses comme la norme de croissance.
Il existe dans notre système une norme de croissance. Le budget annuel peut croitre de x%
maximum en fonction de l’inflation. Sinon des coupes doivent être opérées dans les dépenses.
On rembourse moins. Elle a été réduite au fil du temps. On essaye de limité les dépenses induites
par le caractère libéral mais on voit que dès qu’on limite les dépenses, on crée des problèmes
en termes d’accessibilité aux soins. Des catégories sociales ont plus de difficultés à accéder à
des soins. On considère qu’entre le maintien de la médecine libérale, maintien des couts et
accessibilité. On peut progresser sur deux de ces trois paramètres mais les trois ensemble on y
arrive rarement.

Deux causes principales, outre le caractère libéral de l’organisation des soins : le vieillissement
de la population et les avancées technologiques

Efforts de limitation des dépenses, mais problème des reports de soins


à Comment maîtriser l’évolution du coût du système sans porter atteinte à la liberté de choix
et à l’accessibilité des soins ?
Notre système de soin de santé a un challenge compliqué de combiner ces trois grandes
préoccupations partagées. Elles sont difficilement conciliables jusqu’au bout.

Section 2 – Les bénéficiaires (le champ d’application)


Qui est couvert, qui est assuré, qui est protégé ? 99% de la population est couverte et les
étrangers en séjour illégal ne sont pas couvert mais on a que des estimations. La quasi-totalité
de la population est couverte par l’assurance soin de santé.

Les titulaires et les personnes à leur charge (liste de l’article 32). Notre système repose sur
l’addition d’une longue liste de bénéficiaires. De l’addition de ces catégories, 98 à 99% de la
population est couverte. Résultat simple mais chemin compliqué marqué par le passé historique
(travailleurs salariés et leurs familles) puis on a étendu catégories par catégories.

§1. Les titulaires

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Ils ouvrent un droit pour eux-mêmes et les personnes à leur charge.

Principales catégories :

a) Les travailleurs
• Les travailleurs salariés
• Les agents des services publics : fonctionnaires statutaires. (cfr. Chapitre
assujettissement).
• Les travailleurs indépendants : ils bénéficient aussi de l’assurance soin de santé.
Pendant longtemps ça n’en n’allait pas ainsi.
Suppression de la distinction entre « gros risques » et « petits risques » en 2008. Avant, les
indépendants, ce n’était que les gros risques et c’était peu de choses. Facteur de précarité majeur
pour beaucoup de petits indépendants. Fini en 2008. Maintenant, c’est comme les autres
travailleurs.

b) Les bénéficiaires d’un revenu de remplacement


c) Les personnes handicapées : bénéficiaires des allocations aux personnes
handicapées
d) Les étudiants de l’enseignement supérieur
(…) nuance : la grande majorité des étudiants sont bénéficiaires parce qu’ils sont à charge d’un
titulaire, d’un parent titulaire qui s’ouvre un droit propre à l’assurance soin de santé. Si plus à
charge de parents, il faut payer une cotisation et on est titulaire propre.

e) Les personnes inscrites au Registre national des personnes physiques


Refonte du régime des personnes « non encore protégées » en 1998 (quasi-universalisation).
Catégorie décisive. Elle a permis de pratiquement achevé, universalisé la couverture santé.
Jusque 1998,il existait une catégorie résiduaire des personnes non encore protégées, pas
titulaires de l’assurance soin de santé. La difficulté que posait ce système résiduaire, c’est que
pour être titulaire en tant que personne non encore protégées, il fallait accomplir un stage
d’attente et payer une cotisation pour compenser le fait qu’on n’était pas couvert en tant que
travailleur ou ancien travailleur. Ça posait des problèmes. Souvent c’étaient des personnes qui
connaissent la précarité.

En 1994, 50ème anniversaire du refondement de la sécu, on a dressé un inventaire des difficultés.


L’absence de couverture médicale fiable est un facteur de précarité majeure. On a réformé le
dispositif. Si on n’est pas couvert, bénéficiaire à un titre autre, on peut l’être parce qu’on est
inscrit dans le registre national des personnes physiques. Réseau informatique qui englobe
toutes les données qui figurent dans le registre de données des communes. Méta registre qui
met en relation tous les registres détenus par les communes (population et étrangers). Quand on
apparait dans ce registre on peut prétendre à être titulaire de l’assurance soin de santé sans stage,
en revanche, encore une cotisation requise mais son montant est dégressif en fonction de notre
niveau de revenu (restes historiques). Le montant diminue t est nul quand notre niveau de
revenu est égal ou inférieur au montant d’intégration (CPAS et minimex). La cotisation est alors
de 0. On a largement résolu le problème.

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Pourquoi 98 à 99% sont couverts et pas 100%. Les étrangers en séjours illégales, on ne sait pas
combien ils sont. Ces personnes-là n’existent pas sur le plan de l’assurance soin de santé. Il
n’existe que l’aide médicale urgente. Ils n’apparaissent pas dans ce registre.
L’autre limite, ce sont les étrangers qui séjournent légalement en Belgique sans titre de séjour
de moins de 3 mois. Situation de touriste donc pas dans les registres, la situation n’est pas assez
stable.

Ce serait plus simple d’avoir un seul critère mais on est héritier de son histoire.

§2. Les personnes à charge d’un titulaire


Droit indirect. Lien privilégié avec un titulaire.
Personne à charge = conjoint ou partenaire de vie, descendants âgés de moins de 25 ans et
ascendants (AR, art. 123)
Technique des droits dérivés : on attribue un droit social sur base d’un lien qu’on a avec une
personne.

Conditions, sauf pour les descendants : ne pas disposer de revenus et partager la même résidence
(AR, art. 124, §1 et 2).
***
Une couverture quasi-universelle : approximativement 99% de la population

Cours du mercredi 08/12 (S12) :


Rappel : important surtout en période de pandémie. Le résultat dans notre pays c’est 98 à 99%
de la population assurée. Mais, c’est un chemin complexe. Le résultat de ce taux est atteint par
l’addition de nombreuses catégories de bénéficiaires dans la loi.

Section 3 – Les conditions d’octroi des prestations


Des conditions d’octroi (délibérément) très lâches, et à charge uniquement des titulaires

Plus d’exigence de stage d’attente (art. 121, §2), depuis 1998.

Très peu de conditions. On voit la différence de philosophie avec le chômage par exemple. Ce
n’est pas un parcours du combattant même s’il reste des difficultés. C’est ce que fait la SS pour
contribuer au droit à la vie.

§1. Être affilié à un organisme assureur

Les titulaires doivent être affiliés à une mutualité ou inscrits à la Caisse auxiliaire d’assurance
maladie-invalidité (CAAMI) (art. 118). 5 unions nationales de mutualité privée. Pluralisme
institutionnel. Pas d’affiliation automatique à la CAAMI si on n’a pas choisi de mutualité. Des
personnes ont le statut de titulaire mais si pas d’affiliation, pas de remboursement de la SS.

§2. Disposer d’un « document de cotisation »

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Article 121, §1 : habilitation du Roi à régler le sort des travailleurs assujettis, des bénéficiaires
d’un revenu de remplacement, des étudiants et des personnes inscrites au Registre national des
personnes physiques

Ill faut disposer d’un bon de cotisation qui dit qu’on paie les cotisations dues. C’est très daté.
La réglementation emploie toujours le terme mais en pratique il ne faut rien faire grâce à
l’information de la SS. Des flux qui vont de l’ONSS/INASTI vers l’organisme assureur. Ça dit
qu’on est en ordre de paiement des cotisations.

Seuls les étudiants de l’enseignement supérieur qui ont accès aux soins de santé non pas n tant
que personne à charge mais que titulaire. Se crée un droit propre en payant une cotisation, ils
doivent déposer ce document de cotisation. Et aussi ceux qui sont seulement inscrits au registre
des personnes physiques mais pas ceux dont les cotisations sont de 0. C’est une part de la
population très réduite.

Section 4 – L’intervention dans le coût des prestations de santé

§1. L’objet de l’intervention (quoi ?)


Qu’est-ce qu’elle fait pour nous, ça donne droit à quoi ?
Comment fait-on pour déterminer ce qui rentre dans le panier de l’assurance.

a) Les catégories de prestations de santé


Article 34 : liste des types de prestations et de fournitures donnant lieu à l’intervention de
l’assurance (soins courants, hospitalisations,…).
On identifie les différents ensemble, qui donnent lieu à une intervention. La liste est longue.
L’assurance n’intervient pas dans les prestations accomplies dans un but esthétique

b) La nomenclature des prestations de santé


Article 35 : le Roi établit la nomenclature des prestations de santé
Arrêté royal du 14 septembre 1984 établissant la nomenclature des prestations de santé en
matière d’assurance obligatoire soins de santé et indemnités
Énumération exhaustive de tous les actes (para)médicaux donnant lieu à une intervention,
détermination de leur valeur relative et précision des éventuelles conditions à respecter

L’attestation de soin comprends toujours un numéro à 6 chiffres qui correspond à cette


nomenclature. Chacune des prestations a un numéro unique à 6 chiffres.

Pour chaque prestation, acte médical couvert, donne lieu à une ligne dans la nomenclature et
deux informations importantes. Elle donne la valeur relative de la prestation. Chaque acte est
associé à un code qui comprend une lettre ou un chiffre. La lettre identifie la catégorie de soin
de santé dans laquelle on se trouve. Cette lettre est suivie par un chiffre qui permet de déterminer
la valeur relative de la prestation. Se donner une idée de la valeur de la prestation.

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Aussi, on précise les éventuelles conditions à respecter pour bénéficier d’une prise en charge.

§2. La hauteur de l’intervention (combien ?)


a) La détermination du tarif conventionnel des prestations de santé
Prise en charge de combien ? Il est essentiel d’avoir une commande sur le cout des prestations
de santé. Prise sur le cout des prestations de soin de santé. Sécurité tarifaire pour assurer
l’accessibilité des soins de santé.
Accessibilité des soins (sécurité tarifaire) vs médecine libérale

Mais, on est dans un système de médecine libéral et pas d’état. Il y a une liberté thérapeutique.
Les prestataires de soins sont attachés à une liberté tarifaire. Il faut arbitrer entre ces deux
préoccupations contradictoire. Le système mis en place dans les années 60 est un système de
codétermination de tarif des prestations de soin de santé. On s’inspire de la répartition sociale
dans les relations de contrat de travail.

Dans chaque profession (para)médicale, système de co-détermination, au sein d’une


commission paritaire (tous les deux ans), de la valeur réelle des prestations servant de base au
calcul de l’intervention de l’assurance soins de santé. Représentants des malades et des
médecins qui arrêtent le tarif des soins de santé qui les concerne.
Exemple des médecins (art. 50) : tous les deux ans se réuni au sein de l’INAMI des
représentants des syndicats de médecin et les organismes assureurs. Négociation tous les deux
ans d’un accord médico-mutualiste au sein de la Commission nationale médico-mutualiste entre
les organisations professionnelles représentatives du corps médical et les organismes assureurs.
Cet accord détermine le coefficient de validation des prestations de soin de santé. On arrête le
coefficient qui permet de converti le point de départ en une somme précise en €. On multiplie.

Construction qui a fait l’objet d’un compromis. Préoccupation du corps des médecins qui
veulent disposer d’une certaine liberté tarifaire. Le système de compromis mis en place est que
quand l’accord est publié au MB, on est présumé adhéré à l’accord comme prestataire de soin
sauf si on notifie à l’INAMI qu’on ne veut pas être lié. On peut notifier à l’INAMI qu’on ne
veut pas être lié, alors on n’est pas prestataire de soin conventionné mais on applique le tarif
libre, on est non-conventionné. Pour beaucoup de personnes, c’est un enjeu majeur si on a un
conventionné ou non-conventionné. Si conventionné, le tarif est arrêté et on peut le savoir avant
d’aller. S’ils est non-conventionné, il pratique des tarifs libres. Dans le milieu des mutuelles,
c’est un sujet de préoccupation. Dans notre pays, la plupart sont conventionnés mais on observe
un phénomène de déconventionnement qui progresse dans certaines catégories de spécialistes
(dermatologues, gynécologues, etc. ). La sécurité tarifaire est mise à mal et on aussi des
disparités importantes selon les types d’établissements.

Présomption d’adhésion aux accords et effet de l’adhésion

Avantages sociaux au bénéfice des prestataires conventionnés


Tarifs libres en cas de notification d’un refus d’adhésion

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Le problème du déconventionnement chez certaines catégories de spécialistes : information


souvent déficiente des patients et suppléments d’honoraires. C’est une grosse difficulté. Les
prestataires de soin non-conventionnés doivent le faire savoir à leurs patients.

b) L’intervention de l’assurance soins de santé dans le coût des prestations


1° Le régime général

Un remboursement partiel, toujours calculé sur le tarif conventionnel des prestations : une
quote-part personnelle est laissée à charge du patient (= ticket modérateur), à laquelle s’ajoutent
les éventuels suppléments d’honoraires

La prise en charge est toujours partielle. C’est adossé au tarif conventionnel des soins de santé
sans tenir compte des suppléments d’honoraires. On donne des taux d’intervention, de
remboursement en fonction des catégories de soin. Mais, en règle générale c’est toujours partiel.
Généraliste : 75% du tarif conventionnel. La différence, c’est le ticket modérateur, qui ne donne
pas lieu à une prise en charge de la SS, c’est la part qu’on paye.

Si pas conventionné, c’est le ticket modérateur + supplément d’honoraires.

Pourquoi seulement partiel ? Ticket modérateur, on veut responsabiliser le patient et éviter


pleins de dépenses. La médecine n’est pas gratuite. Les soins sont payants en partie. Mais, il y
a des correctifs. Deux correctifs qui tempèrent ce principe général.

2° Premier correctif : l’intervention majorée


Taux de remboursement plus élevé pour les bénéficiaires du statut BIM (anciennement VIPO)
Statut accordé automatiquement pour les bénéficiaires d’une prestation d’aide sociale (BIM
avantage), sur demande pour les personnes éligibles en raison de leur niveau de revenus
imposables (BIM revenus).

Certaines catégories de patients, bénéficient d’un taux de prise en charge, de remboursement


est plus élevé que le taux ordinaire. Qui est bénéficiaire de l’intervention majorée ? Il y a les
avantages et les revenus. Avantage, ça désigne toutes les personnes bénéficiaires de l’assurance
soin de santé et qui bénéficient d’une prestation d’aide sociale (non-contributive). Mais aussi,
tous les ménages dont le niveau de revenu est inférieur à certains seuils. C’est le revenu. Pas
l’allocation que l’on perçoit mais le niveau de revenu.

Si c’est avantage, c’est octroyer automatiquement, notre mutuelle sait qu’on bénéficie par
exemple du Minimex et elle nous octroie l’intervention majorée. Ceux des revenus, une
demande doit être introduite après de la mutuelle. Autre problème, il faut faire une demande.
Ce n’est pas automatique. On nous demande de faire une démarche. Correctif très important
qui atténue l’existence du ticket modérateur.

3° Deuxième correctif : le maximum à facturer (MàF)

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
2021-2022

Plafonnement du montant annuel des tickets modérateurs, à un niveau fonction des revenus
imposables
Application automatique.

Tous les bénéficiaires en bénéficient mais le plafond fixé est dégressif, il diminue avec le niveau
de revenu du ménage. Sur l’ensemble d’une année civile. Pas d’autres tickets modérateurs
peuvent être facturés.

On ne joue pas sur le % du remboursement comme dans le cas du statut BIM. Dans le cas du
MAF, on plafonne l’importance des tickets modérateurs sur une année civile. On joue sur les
€. Si on a un statut BIM. On bénéficie d’un remboursement à 90% au lieu de 75% mais si o,
doit voir souvent le prestataire de soin, il peut y avoir beaucoup à la fin. Le maximum à facturer
plafonne le total des tickets modérateurs peuvent être à notre charge au cours d’une année civile.
C’est pour tout le monde et c’est automatique, on est intégralement remboursé. Au tarif
conventionnel, si pas conventionnel, supplément d’honoraire c’est toujours pour notre poche.

3. Les modalités de l’intervention (quand et comment ?)


a) Un remboursement a posteriori et à l’acte
– A posteriori : c’est le principe de base. On va chez le prestataire de soin, on paye, on est
remboursé après. On va à la mutuelle, on donne l’attestation de soin, et on nous rembourse et
le ticket modérateur reste à notre charge.
– A l’acte : En règle générale, chaque acte qui fait l’objet d’une ligne dans la nomenclature est
facturé.

Il y a des correctifs, des protections qui tempèrent.

b) Exception au principe du remboursement a posteriori : le système du tiers payant


Facturation de la part remboursée par l’assurance soins de santé directement à l’organisme
assureur, e.a. pour les hospitalisations et pour les BIM qui se rendent chez le médecin
généraliste (art. 53, §1er et arrêté royal du 18 septembre 2015 portant exécution de l’article 53,
§1er, alinéa 9 de la loi relative à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnité, relatif au
régime du tiers payant).

On ne doit pas débourser de notre poche le cout de l’intégralité avant d’obtenir après cout le
remboursement. Notre mutuelle prend à charge d’emblée tout. On ne doit régler que le ticket
modérateur. C’est l’organisme assureur qui paie directement. Ce système existe dans les
structures qui veulent bien le pratiquer.
Ex : les planning familiaux.

Obligatoire dans le cas des hospitalisations et aussi pour les BIM qui se rendent chez le
généraliste. On ne veut plus de barrières pour les accès au soin de santé. Pour éviter le report
de soin, on a ce tempérament.

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c) Exception au principe du remboursement à l’acte : les enveloppes forfaitaires (pour


mémoire)
L’exemple des maisons médicales au forfait (art. 52). Pas de facturation à l’acte.

Titre IV- L’aide sociale

Différentes prestations assistancielles de l’aide sociale. Avant on avait vu les principales


branches du régime général des travailleurs salariés de la SS. Ces différentes assurances sont
contributives et reposent sur l’assujettissement. L’aide social c’est non-contributif, pas
conditionné par l’exercice préalable d’un travail, de paiement de cotisations. On veut offrir une
couverture sociale minimale, de dernier ressort, pour les personnes qui n’ont pas travaillé. Cette
non-contributivité a un prix à payer, contre-partie qui est la résiduarité. On n’y a droit que si on
n’a pas de ressources propres, on regarde dans notre portefeuille.

Chapitre I – Aperçu rapide des différentes prestations non


contributives
Traits communs : non-contributivité et résiduarité. On en a 4 :
- Garantie de revenus aux personnes âgées
- Allocations aux personnes handicapées
- Les droit à l’intégration sociale.
- Le droit à l’aide sociale.

§1. La garantie de revenus aux personnes âgées (GRAPA)

Revenu minimum garanti pour les personnes âgées de plus de 65 ans qui n’ont pas de ressources
suffisantes.
Octroyé en complément d’une pension contributive si le montant de celle-ci est inférieur à la
GRAPA. Elle peut être très petite si on a eu des longs moments d’arrêt, on a une GRAPA
complémentaire.
Siège de la matière : loi du 22 mars 2001 instituant la garantie de revenus aux personnes âgées

Administration compétente : le Service fédéral des pensions. Il s’occupe des deux. L’avantage
c’est que si on a droit à une pension faible, le SFP va automatiquement regarder si on n’a pas
droit à une GRAPA complémentaire. On évite ces situations où des personnes sont éligibles
mais n’en bénéficie pas effectivement.

Construction de l’aide sociale dans la période de 1969, golden sixties, on complète les pensions
de retraite avec la GRAPA.

§2. Les allocations aux personnes handicapées


Deux prestations distinctes :

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• L’allocation de remplacement de revenus : minimex pour les personnes


souffrant d’un handicap et ayant pas les moyens. C’est un revenu plancher
permettant de vivre de façon suffisante.
• L’allocation d’intégration (ou l’allocation pour l’aide aux personnes âgées, si le
handicap survient au-delà de 65 ans). Elle permet de faire face à tous les frais
additionnels et dépenses qui découlent du handicap. Ça permet de financer les
besoins additionnels en raison de ce handicap.

Siège de la matière : loi du 27 février 1987 relative aux allocations aux personnes handicapées

Administration compétente : direction générale Personnes handicapées du SPF Sécurité sociale


(sauf, depuis la sixième réforme de l’État, pour l’allocation pour l’aide aux personnes âgées,
communautarisée)

§3. Le droit à l’intégration sociale (ex-minimex)


Cfr infra, chapitre II
Date de 1974, ultime filet de sécurité d’existence. Prestation assurantielle généraliste.

§4. Le droit à l’aide sociale (ou aide sociale au sens strict)


L’aide nécessaire pour permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine
Siège de la matière : loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’action sociale
Administration compétente : les centres publics d’action sociale
Prestation très indéterminée. Tout ce que le CPAS peut faire en plus pour nous aider à mener
une vie conforme à la dignité humaine. Aides complémentaires que le CPAS peut fournir en
plus du revenu d’intégration.

Chapitre II – Le droit à l’intégration sociale


Section 1 – Vue d’ensemble
Le dernier filet de sécurité d’existence. Prestation centrale, entourée d’une symbolique
particulière.

Siège de la matière : loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration sociale et arrêté royal
du 11 juillet 2002 portant règlement général en matière de droit à l’intégration sociale

Une mise en œuvre fortement décentralisée : décentralisation de l’intégration sociale. Loi


fédérale unique et complétée par un arrêté d’exécution. Mais la différence, c’est que cette loi
fédérale est mise en œuvre par les 581 CAS de ce pays. Pas une institution publique de SS.
C’est le CPAS qui est compétent et il y en a une dans chacune des communes de ce pays. Dès
lors, on a aussi 581 politiques locales de l’aide sociale. Disparités significatives et majeures
d’une commune à l’autre. Loi fédérale unique qui régit la matière mais ce droit à un régime
juridique beaucoup moins détaillé que les grandes assurances sociales vues.

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Droit de la sécurité sociale – DROIC4027
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Administration compétente : les centres publics d’action sociale (CPAS) des communes (art. 2,
al. 2)
Disparité des (581) politiques locales d’aide sociale : ça dépend de la couleur politique du
conseil de l’action sociale. L’organe décisionnel c’est le conseil de l’action social qui est
composé de mandataires politiques. Ils ont une étiquette politique élus au second degré. Quand
on vote dans les élections communales, on vote pour eux au conseil communal pour ce conseil
de l’action social. Élus par des personnes directement élus. Et ça dépend donc des majorités
politiques au sein de la commune. Ça pose question en fonction de l’égalité des citoyens devant
la loi.

Une prestation marquée du sceau de l’Etat social actif

La problématique des transferts de l’assurance chômage vers l’aide sociale : très forte
augmentation du nombre de bénéficiaires : ajd, le monde des CPAS, du droit à l’intégration
sociale, depuis le début des années 2000, transfert de l’assurance chômage vers le CPAS. On
renforce les conditions d’accès, c’est durci, plus de sanctions, moins de personnes éligibles,
phénomène de vase communiquant entre le CPAS et l’assurance chômage. On l’exclut de
l’assurance chômage et il atterrit dans le CPAS. Les pouvoirs locaux se plaignent beaucoup de
ces transferts.

Section 2 – Le champ d’application personnel


Pas d’exigence d’assujettissement, de cotisation. Versant assistanciel de la SS. 3 exigences :

§1. La résidence

Article 3, 1° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit avoir sa
résidence effective en Belgique, car c’est financé par la collectivité nationale.

« Est considéré comme ayant sa résidence effective en Belgique celui qui séjourne
habituellement et en permanence sur le territoire du royaume, même s’il ne dispose pas d’un
logement ou s’il n’est pas inscrit dans les registres de la population » (AR, art. 2).

Il faut se trouver sur le territoire belge, du royaume. Si pour des raisons de difficulté
administrative, si on est SDF, ça ne devrait pas faire obstacle à notre éligibilité au droit à
l’intégration sociale. Beaucoup de difficultés en pratique.

§2. L’âge

Article 3, 2° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être
majeure ou assimilée à une personne majeure

Sauf si Article 7 : « est assimilée à une personne majeure la personne mineure d’âge qui,
- soit est émancipée par mariage,

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- soit à un ou plusieurs enfants à sa charge,


- soit prouve qu’elle est enceinte »

On veut éviter qu’un enfant né dans une situation de pauvreté, subisse encore plus la situation
de pauvreté. On veut éviter que l’enfant se retrouve confronté à la pauvreté.

Cours du 15/12 (S13) :


§3. La nationalité
On a assisté à une évolution, ultime filet de l’existence. Au départ, on met en place le minimex
en 1974, c’était réservé aux belges. On a des engagements supranationaux, contrainte des droits
fondamentaux, droits de l’homme donc ce critère est plus lâche qu’auparavant.

Article 3, 3° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit :


• Soit posséder la nationalité belge
• Soit bénéficier en tant que citoyen de l’Union européenne, ou en tant que
membre de sa famille, d’un droit de séjour de plus de trois mois (et cette
catégorie de personne ne peut bénéficier du droit à l’intégration sociale qu’après
les trois premiers mois du séjour)
• Soit être inscrite comme étranger au registre de la population : il y a différents
registres dans notre société.
§ Registre de la population : les belges et les étrangers qui ont été autorisé
à s’établir en Belgique. Avoir été autorisé à demeurer à durée indéfinie
sur le territoire. La principale porte d’entrée est d’avoir résidé de façon
ininterrompue et légale de 5 ans en Belgique, on rentre dans le registre
de la population. Ceux dont le titre de séjour est d’une durée limitée, on
tombe dans le registre des étrangers.
§ Registre des étrangers
§ Registre d’attente.
• Soit être un apatride ou un réfugié, ou bénéficier de la protection subsidiaire :
qui en raison du parcours de vie chaotique bénéficient d’une protection
internationale. La protection subsidiaire est un statut octroyer à des personnes
qui ne répondent pas au statut de réfugier en tant que tel mais pour lesquels on
a de sérieuses raisons de croire que s’ils rentreraient dans leur pays, ils subiraient
des atteintes graves à leur intégrité physique.
Éligibilité au droit à l’aide sociale pour les étrangers inscrits au registre des étrangers

Problème qui fait beaucoup parler dans l’angle du CPAS : sous l’angle de la loi du 26 mai 2002,
sous l’angle du droit des étrangers, entrées et sorties sur le territoire du Royaume. Pour qu’un
européen puisse rester plus de trois mois, il doit avoir des ressources suffisantes pour ne pas
devenir une charge pour le système d’assistance de l’état d’accueil. On est susceptible de perdre
notre titre de séjour, donc plus de titre de séjour de plus de trois mois, donc plus d’aide sociale.
Les deux droits entrent en contradiction. Sous l’angle de la loi du 26 mai 2002, il est éligible
mais quand il fait appel au CPAS, un flux électronique part du CPAS vers l’office des étrangers
qui après un certain temps va nous retirer notre titre de séjour. Boucle contre-intuitive. Ça ne

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fait pas grand bruit dans le débat de société. Mais c’est récent, c’est une des conséquences de
la traque aux abus et des flux électroniques.

Section 3 – Les conditions d’octroi du droit à l’intégration sociale


Rappel : Caractère assistanciel, non-contributif. En contre-partie, elles sont résiduaires, ciblées
sur les personnes qi n’ont pas ou peu de revenus. 3 grand régimes contributifs et 1 régime non
contributif qui est l’aide social. Tout ça constitue en un grand système. On regarde le droit à
l’intégration sociale et son caractère décentralisé. Elle est administrativement mise en œuvre
par les centres publics d’actions sociales. Réglé par une loi fédérale. On trouve dans le monde
des CPAS des trucs bizarres qu’on ne trouve pas dans les autres branches de la SS. Le mode
des fonctionnements des CPAS en est la cause et son mode de décision aussi. C’est le conseil
de l’action sociale l’organe décisionnel. Ce sont des mandataires politiques de second degré.
Désignés par les élus du conseil communal. Dans certains CPAS on voit donc des décisions
curieuses. Comme si le plan politique prenait le pas sur la loi.

Bien avoir le schéma en tête :


Le champ d’application : cercle des bénéficiaires : Pas d’exigence d’assujettissement, de
cotisation, d’avoir travaillé. Résidence, âge et nationalité. Seules conditions.
- Conditions d’octroi
- Prestation

Le droit à l’intégration sociale est strictement résiduaire : on va voir la façon dont la


réglementation la traduit en exigence. Contrairement à ce qu’on pense parfois, c droit à
l’intégration social n’est pas accordé à la seule condition qu’on dispos d ressources
insuffisantes. Oui il faut être démuni sur le plan pécuniaire mais il y a d’autres critères. Si on
peut vivre décemment par un autre canal que le CPAS, il faut d’abord aller vers ces canaux. Ça
intervient en dernier ressort.

Sanction du non-respect des conditions : refus d’octroi

Comp. avec l’assurance chômage : dans la plupart des cas, la sanction qui frappe c’est
l’exclusion des allocations de chômages pendant X semaines. Ici, on n’interrompt pas, on coupe
le droit à l’intégration sociale. Sanction stricte.

3 conditions d’octroi + 1 facultative. Le CPAS peut l’imposer.

§1. Ne pas disposer de ressources suffisantes

Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit ne pas disposer de ressources
suffisantes (art. 3, 4°). Il faut montrer qu’on est dans un état de besoin, d’indigence. Quand nos
ressources sont nulles ou inférieures au revenu d’intégration, on est éligible.

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Sauf les exceptions prévues par le Roi, toutes les ressources, quelle qu’en soit la nature ou
l’origine, dont dispose le demandeur sont prises en considération (art. 16). On prend tout en
compte. C’est le prix à payer de la non-contributivité. C’est très intrusif, on va voir chez nous,
dans notre portefeuille.

L’enquête sociale (art. 19 et AR du 1er décembre 2013). L’assistant social vient chez nous voir
comment on est installé, s’il semble avoir des moyens ou non. Il faut se mettre à nu. Il y a quand
même des tempéraments et des types de ressources qui par exception au principe ne sont pas
comptabilisées, exonérées et cumulable avec le revenu d’intégration. On nous permet de
conserver ces ressources. Le principe c’est l’intrusion.

Le calcul des ressources (AR, art. 22 à 35).

Les ressources exonérées, cumulables avec le revenu d’intégration :


Exemples : les allocations familiales, les pensions alimentaires et les bourses d’études (AR, art.
22, §1er, al. 1er, b, c et g). C’est pour s’occuper des enfants et bourse, c’est pour le surcoût des
études.

§2. Être disposé à travailler


Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être disposé à travailler, à moins
que des raisons de santé ou d’équité l’en empêchent (art. 3, 5°). Il y a des tempéraments. On ne
doit pas être pauvre, démuni de ressources uniquement mais aussi prêt à travailler. Résiduarité
de l’aide social. Si on peut être sur le marché de l’emploi on doit y aller. C’est si d’une mesure
ou d’un autre on ne sait pas aller sur le marché du travail. Notion pas définie par la
réglementation.

a) La disposition au travail (« La personne doit être disposée à travailler… »)


Présent de la loi depuis 1974 mais pas définie alors qu’en pratique elle pose régulièrement des
difficultés. On exige une disposition à travailler de personnes très éloignées du marché de
l’emploi.

Deux balises jurisprudentielles

• Négativement, autonomie de la notion de disposition au travail par rapport aux critères


de la disponibilité pour le marché de l’emploi propres à la réglementation du chômage.
Dit ce que la disposition à travailler n’est pas. Ces exigences sont sans impact directe
du droit à l’intégration sociale. Deux branches distinctes. Le CPAS est mis en place
pour rattraper les personnes qui échappent aux mailles des assurances sociales. Les
éventuelles sanctions de l’ONEM sont sans conséquence sur ce plan du droit à
l’intégration sociale. Il n’y a pas de lien automatique. Le CPAS doit voir ce qui en est
du point de vue CPAS et droit à l’intégration sociale. Le CPAS ne peut pas sortir de
conséquences des sanctions de l’ONEM du point de vue chômage.
• Positivement, exigence d’une appréciation « raisonnable », c’est-à-dire contextualisée,
de la disposition au travail. Il faut être disposé à travailler du point de vue de la loi du

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26 mai 2002. Être prêt à entrer dans un processus de réinsertion socio-professionnelle.


Le CPAS doit évaluer cette attitude de manière raisonnable, souple, de manière
individualisée. Différence très importante avec la disponibilité. Une erreur et c’est la
sanction pour une durée qui peut aller jusque 52 semaines. Pas la même rigidité en droit
de l’intégration sociale, il faut tenir compte de son âge, de sa formation, des difficultés
qu’elle rencontre, de son parcours pour voir si elle est disposée à fournir des efforts.

D’un CPAS à l’autre, on ne comprend pas cette exigence de la même manière. Certains sont
plus souples d’autres moins.

b) Les motifs exonératoires (« … à moins que des raisons de santé ou d’équité l’en
empêchent »)
1° Les raisons de santé
Il y a un porte de sortie, on ne nous impose pas d’être disposé à travailler. On ne retrouve pas
cette échappatoire en chômage. Clarifier par la jurisprudence, beaucoup de problèmes de santé.
Les raisons de santé peuvent être d’ordre physique ou psychologique

2° Les raisons d’équité


Cas les plus fréquents : analphabétisme, garde d’enfants, suivi ou reprise d’études. Pas définies
pour tenir compte de toutes les circonstances particulières que le bénéficiaire peut faire valoir.
On voit de nouveau l’écart avec l’assurance chômage. Caractère convenable de l’emploi, on ne
tient pas compte de la garde d’enfant sauf si c’est exceptionnel. C’est sévère sous l’angle de la
conciliation entre vie privée et vie du travail. Ici, la garde d’enfant permet une levée.

c) Les contrats contenant un projet individualisé d’intégration sociale


Construction juridique particulière depuis 2002 : figure du contrat. Signe du passage à l’état
social actif. Établir un contrat avec ce projet individualisé. Quand c’est le cas, l’assuré social et
le CPAS prennent des engagements réciproques. Le CPAS annonce ce qu’il va faire pour nous
aider et on doit indiquer les différents efforts qu’on va entreprendre. Quand un projet est établi,
et qu’on respecte le projet, on répond à l’exigence d’être disposé à travailler. Cette exigence
générale est de respecter le contenu du contrat qui a été établit, c’est notre disponibilité à
travailler.
L’octroi et le maintien du revenu d’intégration peuvent être assortis d’un projet individualisé
d’intégration sociale (art. 11)

Que trouve-t-on dans ce contrat où les personnes ne sont pas sur pied d’égalité ? Selon les
besoins de la personne, le projet individualisé portera
- Soit (et de préférence, depuis 2016) sur l’insertion professionnelle,
- Soit sur l’insertion sociale : projet va avoir pour objet sur la levée des freins, des
barrières, qui se situent en amont du retour au travail.
Ex : disputes violentes dans le couple, SDF, etc. insertion plus sociale que
professionnelle. On met d’abord de l’ordre dans la situation du logement, familiale,
administrative avant de nous emmener sur le marché de l’emploi.

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Mais, le législateur a pour préoccupation de privilégier le retour au travail, sur le marché de


l’emploi. Depuis 2016, on prévoit que l’insertion professionnelle prime sur la sociale. En
pratique, ça ne change pas grand-chose car on explique que la situation des gens est très
difficile.

La conclusion d’un projet individualisé est obligatoire lorsque l’intéressé ou le CPAS en fait la
demande. Il vint concrétiser, exemplifier, l’exigence de principe de la disposition à travailler.
C’est quand une des deux parties le demande. De nouveau, la pratique varie en fonction des
CPAS.

Sanction particulière du non-respect d’un contrat contenant un projet individualisé d’intégration


sociale : le paiement du revenu d’intégration peut être suspendu partiellement ou totalement
pour une période d’un mois au maximum (art. 30, §2). Sanction particulière. Normalement,
c’est un retrait ou non-octroi de la prestation. Ici, si contrat pas respecté, on suspend pendant 1
mois. Il faut manier les sanctions avec prudence parce que si on coupe ce droit plus grand chose
ne peut intervenir.

§3. Faire valoir ses droits aux autres prestations sociales

Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit faire valoir ses droits aux
prestations dont elle peut bénéficier en vertu de la législation sociale belge et étrangère (art. 3,
6°). Résiduaire par apport à nos ressources propres. Si on sait aller chercher des ressources sur
le marché de l’emploi ou d’autres branches de la SS, on doit y aller en priorité. Durant l’enquête
sociale, on se renseigne sur notre situation pécuniaire mais aussi juridique et sociale. On regarde
si on n’est pas éligible à ces autres branches de la SS. C’est le dernier ressort l’aide sociale.
Dernier filet de sécurité de l’existence. Le CPAS a pour mission de nous accompagner dans les
démarches. Il peut même introduire une action en justice pour notre compte.

§4. Faire valoir ses droits à l’égard des débiteurs d’aliments (le cas échéant)
Il peut être imposé à l’intéressé de faire valoir ses droits à l’égard des personnes qui lui doivent
des aliments, ces dernières étant limitées à son conjoint, ou son ex-conjoint, ses parents et ses
enfants (art. 4, §1er). C’est la facultative. Le CPAS peut nous demander de faire appel à la
solidarité familiale.

Ex : jeunes de 18 ans qui prennent leur autonomie. Le CPAS peut nous renvoyer vers les
débiteurs d’aliments. Conjoints, enfants et parents. C’est une faculté. La jurisprudence joue une
fonction de contrôle mais il faut un recours. Il faut faire preuve de bon sens et se renseigné sur
la situation familiale dans l’enquête sociale. Il faut voir si ça se justifie de nous renvoyer vers
les débiteurs d’aliment.

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Section 4 – La notion de droit à l’intégration sociale


Avant 2002, le minimex était un revenu minimum d’un certain montant. Au vu du passage de
l’état social passif à actif, en principe le droit à l’intégration sociale est plus large. Plus
simplement un revenu mais une des modalités du droit à l’intégration sociale.

Depuis le passage du minimex au droit à l’intégration sociale, en 2002, une prestation qui ne se
limite théoriquement plus à un revenu minimum.

Le droit à l’intégration sociale peut prendre la forme d’un emploi et/ou d’un revenu
d’intégration, assortis ou non d’un projet individualisé d’intégration sociale (art. 2, al. 1er). Ils
peuvent être doublé d’un projet. Caractère ambigu du projet. Rôle double
ð Le projet individualisé, à la fois condition d’octroi et partie de la prestation. Contrat
qu’il faut respecter sinon sanction mais d’autre part, quand il est établi, il fait aussi partie
de la prestation elle-même. Ça fait partie du contenu du droit à l’intégration sociale.

Un âge-pivot (beaucoup moins central qu’auparavant, depuis 2016) : 25 ans. Quand on a fait la
loi en 2002, état social actif, priorité aux jeunes. Un peu distinct pour les moins de 25 ans. La
loi reste rédigée comme ça, en deux parties distinctes. Maintenant, plus vraiment de différence.

On se demande en quoi ça consiste le droit à l’intégration sociale :


- L’emploi
- Le revenu d’intégration
- Le projet individualisé.
§1. Le régime applicable aux demandeurs âgés de moins de 25 ans
Sur le plan des principes, priorité à l’emploi. L4emploi doit passer avant le revenu de
l’intégration.

a) L’emploi

Toute personne âgée de moins de 25 ans a « droit » à l’intégration sociale par l’emploi (art. 6,
§1er). Droit à l’emploi ? N’existe pas vraiment dans notre pays. Très vite, en jurisprudence, on
s’est dit que l’obligation qui pèse ici sur les CPAS, c’est une obligation de moyen et pas de
résultat. Il doit faire son possible, tout ce qu’il peut. Mais, les moyens dont disposent les CPAS
sont limités. Le principal canal est une formule des emplois articles 60. Consiste pour le CPAS
a engagé lui-même un de ses bénéficiaires, il se fait employeur en lieu et place du revenu
d’intégration. Art. 60, §7 de la loi de 1976 sur les CPAS. Ça prend plus souvent la forme d’un
revenu d’intégration, + de 90%.
ð Obligation de moyen à charge du CPAS

b) Le revenu d’intégration

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Dans l’attente d’un emploi, ou si la personne ne peut travailler pour des raisons de santé ou
d’équité, elle a droit à un revenu d’intégration (art. 10). Ce n’est que l’ancien minimex, revenu
minimum d’un certain montant.

1° Les catégories de bénéficiaires


Pas de % d’un salaire perdu.

Des montants forfaitaires soumis à la modulation familiale, composition du ménage : comme


les allocations de chômage en bout de course.

3 catégories : on différencie les montants en fonction de la situation de vie personnelle. On


rentre dans notre vie privée. L’enjeu est important pour la personne.
- Les personnes cohabitantes
Il faut entendre par cohabitation le fait que des personnes vivent sous le même toit (critère
géographique), d’une part, et règlent principalement en commun leurs questions ménagères
(critère économique), d’autre part (art. 14, §1er, 1°). Importance de voir l’égard entre le sens
courant et le sens dans la réglementation. Variations importantes d’une branche à l’autre. Le
législateur a codifié un arrêt ancien de la Cour de cassation. Deux critères dans cette notion de
cohabitation. Double exigence : géographique (vivre sous le même toit) et ensuite, critère de
nature économique (réglé en commun les questions ménagères).

Une notion déconnectée de la situation affective ou sexuelle : on peut former une cohabitation
avec des amis, frères, etc. L’important c’est si on mutualise les principes ressources, charges à
assumer. C’est uniquement ça qui compte. Former un ménage sur le plan économique.

- Les personnes isolées (art. 14, §1er, 2°) : vivent seules mais aussi habiter à la même
adresse sans être un cohabitant sous l’angle du droit à l’intégration. Ne forment pas un
ménage sur le plan économique.
Ex : on loge dans un kot mais on ne partage pas les ressources.

- Les personnes vivant avec une famille à charge


Ce droit s’ouvre dès qu’il y a présence d’au moins un enfant mineur; il couvre également le
droit de l’éventuel conjoint ou partenaire de vie (art. 14, §1er, 3°). Peu importe le nombre de
parents dans le ménage. Quand on perçoit ce taux, le ménage, l’ensemble de ces personnes vont
percevoir un revenu d’intégration unique au taux famille à charge.

2° Les montants
Montants du revenu d’intégration au 1er septembre 2021, sur une base mensuelle : 682,99 €
pour les personnes cohabitantes, 1 024,49 € pour les personnes isolées, 1 384,54 € pour les
personnes vivant avec une famille à charge.

Le taux de référence, intermédiaire est celui des isolés, 1000€/mois pour assurer la dignité
humaine.

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Deux précisions
§ Un revenu différentiel : le montant du revenu d’intégration est diminué des ressources
du demandeur (art. 14, §2). Si on n’a rien, on reçoit 1000€. Si on a des ressources basses
mais insuffisants, c’est partiel et ça comble l’écart entre nos ressources propres et le tarif
de 100€ de la dignité humaine dans notre pays.
§ Prise en considération des ressources des personnes avec lesquelles le demandeur
cohabite : obligatoire lorsqu’il s’agit du conjoint ou du partenaire de vie ; facultative
lorsqu’il s’agit d’ascendants ou de descendants majeurs du premier degré ; interdite dans
tous les autres cas (AR, art. 34). Attention, on est en aide sociale, on fait de la résiduarité.
On regarde aussi parfois dans le portefeuille des personnes avec qui on cohabite.
Caractère fort intrusif de l’aide sociale. La loi distingue trois situations :
o Cohabite avec un partenaire de vie : la prise en compte des ressources de ce
partenaire est obligatoire. S’il a des ressources, on les déduit de notre revenu
d’intégration.
Ex : la personne a 800€/mois. Situation de taux cohabitant. À l’intérieur de ces
800€ par mois qu’il gagne. Le taux cohabitant va rester à la personne. Elle va en
garder 700 pour lui. Les 100€ que notre partenaire gagne ils vont être déduit de
notre revenu d’intégration. On va toucher 700 – 100 car on considère qu’on va
le chercher dans la poche de notre partenaire de vie.
o Avec des enfants majeurs ou parents : la prise en compte de ces ressources est
facultative. Si le CPAS décide de prendre en compte, notre revenu d’intégration
peut diminuer ou qu’on n’y soit pas éligible du tout. Pouvoir d’appréciation du
CPAS.
o D’autres personnes : dans tous les autres cas, pas de prise en compte des
ressources. On ne peut pas. On a droit au revenu d’intégration.
Une partie du public reçoit un revenu partiel, diminué pour ces raisons.

Des montants (largement) inférieurs au seuil de risque de pauvreté : 1000€ par mois. Comment
juger ce montant ? L’indicateur le plus pris ajd, c’est le seuil de risque de pauvreté. Utilisé pour
tous les pays européens. A parti de quand on considère qu’un personne vit sous le seuil de
pauvreté ? Indicateur relatif qui situe notre revenu par rapport à celui de la population qui nous
entoure. Le seuil, est fixé statistiquement à 60% du revenu national médian. Niveau de revenu
que partage la population du pays en deux moitiés exactement équivalentes. La moitié a moins
et la moitié à plus. Par convention, on considère qu’on est exposé à u n risque significatif de
pauvreté quand son niveau de revenu à soi est inférieur à 60% de ce revenu médian.
Ex : 1200€ en Belgique. C’est un risque de pauvreté. Une chance élevée de se sentir à la traine
par rapport aux personnes qui nous entoure.

Donc ce revenu d’intégration est en dessous du seuil de risque de pauvreté à l’échelle


européenne. Donc, individualisation des montants ?

Individualiser les montants ? Demande récurrente dans les milieux sociaux et de les porter au
niveau du seuil de pauvreté. Deux difficultés. Ce n’est pas un même montant pour tout le
monde, on tient compte de notre situation de vie.

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Ex : si on se met en ménage avec quelqu’un, on touche un revenu d’intégration moindre que


sinon vivait seul. Différenciation des montants.

Ça pénalise la solidarité informelle. On se rapproche de quelqu’un on perçoit moins. Donc


demande qui est là depuis longtemps de déconnecter le montant garantit de la situation de vie
personnelle. Montant à la traine aussi par rapport au seuil de pauvreté donc idée d’individualise
les montants et de porter ce niveau de revenu d’intégration jusqu’au seuil de risque de pauvreté.

§2. Le régime applicable aux demandeurs âgés de 25 ans ou plus


Le droit à l’intégration sociale peut être réalisé par un emploi (de préférence, depuis 2016) ou
par l’octroi d’un revenu d’intégration (art. 13, §1er). Avant distinction entre les moins de 25 ans
ou plus. La loi suit cette ligne de partage mais en pratique pas de différences depuis 2016. Ça
n’a pas fondamentalement changé en pratique.

Pas de limite dans le temps au revenu d’intégration. On est en aide sociale. Denier filet de
sécurité, après il n’y a plus rien donc pas de limite dans le temps.
Question : 4 semaines de séjour à l’étranger autorisées.

Consignes pour l’examen :


13 janvier : 4 auditoires distincts. Écrit, 3 heures

Exigences : document sur l’UV.

Matière : cours oral. + quelques parties sylla. Répartition des compétences, financement de la
SS, accidents du travail et soin de santé. Deux en lignes depuis hier soir et le reste bientôt en
ligne.
Avoir le code.

Exemple de questionnaire antérieur en ligne : 4 questions, mettre la réponse dans le cadre.


Voulu pour être plié en 2 bonnes heures mais brouillon, réfléchir, donner les meilleures
réponses.

Attentes :
- Rigoureuses et précises. S’exprimer de la façon la plus univoque possible. Pas deviner
ce qu’on veut dire. Ça doit apparaitre de façon claire, qu’on comprenne ce qu’on veut
dire. Sur le plan de la terminologie, de la rigueur, ça doit être irréprochable. Pas matière
énorme mais il faut bien la connaitre, la maitriser et la maître en mot.
- Répondre à la question : toute la question mais rien que la question. Faire tout le
cheminement indispensable pour justifier la réponse finale. Raisonnement à faire
correctement, qui fait sens. Retracer toutes les étapes du cheminement qui justifie la
réponse. Mais rien qu’à la question. Tout doit être pertinent et lié à l’énoncé.
- En français, phrases claires, sujet verbe complément et point à la fin. Pas de flèches,
d’abréviations, etc.

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Table des matières

Partie I. Introduction générale au droit de la sécurité sociale 2


Chapitre I – La formation du système belge de sécurité sociale 2
Section 1 – De la révolution industrielle à la fin du 19ème siècle : le paupérisme
et le dogme de la non-intervention de l’État 2
Section 2 – De 1886 à la seconde guerre mondiale : de la liberté « subsidiée »
aux assurances sociales obligatoires 5
Section 3 – L’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des
travailleurs 9
Section 4 – De 1944 à 1974 : les Trente Glorieuses, âge d’or de la sécurité sociale
11
Section 5 – Depuis 1975 : la crise de l’Etat-providence 15

Chapitre 2. La notion de sécurité sociale 17


Section 1. Définir la sécurité sociale ? 17
Section 2. Deux distinctions cardinales 19
Chapitre 3. La diversité des systèmes de SS 22
Section 1. Systèmes Bismarckiens vs. Systèmes Beveridgiens 22
Chapitre 4. La sécurité sociale et le droit constitutionnel 24
Section 1. La sécurité sociale, un droit fondamental ? 24
Section 2 – La sécurité sociale, une compétence exclusivement fédérale ? 27

Partie II – L’assujettissement, le financement et l’organisation administrative du système


belge de sécurité sociale 31
Chapitre I – L’assujettissement à la sécurité sociale 31
Section 1 – Les principes généraux relatifs à l’assujettissement 31
Section 2 – L’assujettissement au régime de sécurité sociale des travailleurs
salariés (régime de SS général). 32
Section 3 – L’assujettissement au régime de sécurité sociale des travailleurs
indépendants 37

Chapitre II – Le financement de la sécurité sociale 40


Section 1 – Mise en perspective de la problématique 40
Section 2 – Le financement du régime des travailleurs salariés 41
Section 3 – Le financement du régime des travailleurs indépendants. 48

Chapitre III – L’organisation administrative du système de SS 52


Section 1 - L’organisation administrative régime salariés 52
Section 2 – Organisation administrative régime indépendants 55

Partie III. Le régime de SS des travailleurs salariés 57

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Chapitre I. L’assurance contre les accidents du travail 57


Section 1. Vue d’ensemble 57
Section 2. Le champ d’application personnel 58
Section 3. Le risque couvert 59
Section 4. L’indemnisation 61
Chapitre II. L’assurance chômage 64
Section 1. Vue d’ensemble 64
Section 2. Les conditions d’admissibilité à l’assurance chômage 67
Section 3. Les conditions d’octroi des allocations de chômage 68
Section 4. L’indemnisation 72
Chapitre III. Les pensions de retraite 76
Section 1. Vue d’ensemble 76
Section 2. Le champ d’application personnel 77
Section 3. Les conditions d’octroi de la pension de retraite 78
Section 4. Le calcul de la pension de retraite 80
Chapitre IV. L’assurance soins de santé 86
Section 1. Vue d’ensemble 86
Section 2. Les bénéficiaires 87
Section 3. Les conditions d’octroi des prestations 89
Section 4. L’intervention dans le cout des prestations de santé 90

Partie IV. L’aide sociale 94


Chapitre I. Aperçu rapide des différentes prestations non contributives 94
Chapitre II. Le droit à l’intégration sociale 95
Section 1. Vue d’ensemble 95
Section 2. Le champ d’application personnel 96
Section 3. Les conditions d’octroi du droit à l’intégration sociale 98
Section 4. La notion de droit à l’intégration sociale 102

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