Vous êtes sur la page 1sur 22

HISTOIRE DE LA PROTECTION

SOCIALE
Cours de Ninon Maillard

INTRODUCTION
Section 1 - Définition de l’histoire de la protection sociale
V° « Protection sociale », Vocabulaire juridique, CORNU :

Précaution qui, répondant au besoin de celui ou de ce qu’elle couvre et correspondant en


général à un devoir pour celui qui l’assure, consiste à prémunir une personne ou un bien contre
un risque, à garantir sa sécurité, son intégrité par des moyens juridiques ou matériels ; désigne
aussi bien l’action de protéger que le système de protection établie.
4 axes principaux dans le principe de la protection sociale :
o Le temps de la protection
Champ lexical qui correspond au terme précaution et prémunir  prévoyance (l’idée
c’est d’agir par anticipation, qui va garantir la sécurité car l’individu a confiance
qu’il est dans une tranquillité d’esprit car il sait que grâce à sa prévoyance il y aura
dans une certaine mesure, une prise en charge). On va limiter les conséquences
néfastes, sociales de cet accident. La notion de prévoyance caractérise la différence
entre assistance et assurance (deux aspects fondamentaux de la protection sociale).
Dans le cas de l’assistance : intervention a posteriori du « protecteur » sans
investissement obligatoire du protégé. C’est une sorte de secours unilatéral.
Assurance au contraire : le protégé a lui mm cotisé à priori ce qui lui garantit une
prestation en cas de réalisation du risque.
Au début du 20e on a des grands lois d’assistance (aux vieillards, infirmes, incurables
etc.) puis il y a la loi de 1910 sur les retraites ouvrières où on va s’orienter vers un
système d’assurance. La distinction va perdurer, elle est devenue fondamentale :
prévoyance rattachée à l’assurance (avec la notion d’obligation et puis l’assistance
publique qui elle dépend du ministère. Dualité des notions, qui se complètent.
L’universalité de la PP dépend de la combinaison qui va être opéré entre l’assurance
et l’assistance.
o La cause de la protection (élément générateur qui déclenche la protection c’est
une situation de fait = la nécessité (« besoin »).

Histoire du droit de la protection sociale


1
Le besoin c’est ce qui est nécessaire. Ca exprime bien la pauvreté. Précaution
répondant au besoin. La question de la correspondance entre l’offre de la protection
et le besoin/demande de protection. Oui pour la maladie car lorsqu’on offre une prise
en charge des frais d’hospitalisation et des frais médicaux, et puis non concernant la
vieillesse et les retraites car c’est en relation avec les années des cotisations et le
montant de ces cotisations. Le terme besoin renvoie toujours à une situation précise
ou à une catégorie de personnes déterminées (ceux qui ne peuvent pas subvenir à
leurs besoins). Deux catégories : dépendance prévisible (ceux qui en raison de leur
Age par exemple ne peuvent pas subvenir à leurs besoins ou en raison de leurs
conditions physiques (les invalides, handicapés) et dépendance accidentelle (ceux qui
ne peuvent pas momentanément travailler et subvenir à leur besoins come les femmes
enceintes, les chômeurs, les malades), cette dépendance accidentelle renvoie à la
notion de risque. Ce risque existe mais ne va pas forcément se concrétiser. Il y a des
mesures qui appartiennent à la p° sociale qui sont une sorte de « parade ». la
protection sociale a vocation a couvrir à la fois les besoins et les risques donc on va
avoir des mesures qui vont être liés à la pauvreté et des mesures qui vont être liés à la
maladie, aux Accidents du travail etc.  caractère hétérogène de la p° sociale.

o Le fondement de la protection sociale et ses limites. D’un point de vue


philosophique : qu’est ce qui motive l’intervention d’autrui, de la communauté
face aux besoins d’un individu ? face à sa nécessité ?  « devoir » (ce à quoi on est
obligé soit par la loi, par la morale, soit par sa conscience etc).
Quel que soit son fondement, celui qui protège, le fait par obligation. Comme la
charité qui est un devoir chrétien, elle fait partie de ses obligations. A partir du 20 e
siècle on parle d’aide sociale (caractère obligatoire des cotisations). Principe
d’obligation, évoquée mm par le code civil (ex. obligations au sein de la famille comme
les obligations alimentaires, c’est une obligation légale qui oblige des individus a
prendre en charge d’autres individus qui sont dans le besoin ici qui sont liés par un
lien de famille).
« Garantir » : notion de responsabilité, assurer sous sa responsabilité. La question de
l’engagement du protecteur, jusqu’où la protection peut-elle aller, a ton une
obligation de moyens ou de résultats ? Question pertinente notamment concernant
l’assistance liée à la pauvreté : intervenir par rapport à la pauvreté est ce qui c’est
éradiquer la pauvreté ou simplement en limiter les conséquences de la pauvreté ou
encore rendre acceptable la situation de pauvreté ?
o Les moyens de la protection sociale 
« Moyens juridiques, matériels, actions, système ». Action + système = organisation,
administration, on pense à des services qui vont être mise en place pour assurer cette
protection sociale. La notion de système est très récente dans l’histoire de la P° sociale
(milieu 20e). Le système c’est un ensemble cohérent avec un gouvernement, une
organisation, des structures qui vont du central au local. Le système dépasse l’individuel.
La protection individuelle est base sur la propriété, laquelle permet l’épargne. D’un coté
il y a celui qui est propriétaire par son travail, et il peut épargner en plus et du coup il
peut assurer sa subsistance et subvenir a ses besoins quand il ne peut plus travailler. Le
système français du 20e siècle hérite de ce lien entre P° sociale et travail. Le système social
français s’est développé avec la généralisation du salariat.

Remarque sur l’expression « risque social » = la perte d’emploi par exemple, la maladie,
l’accident, l’invalidité, la vieillesse, le décès etc. la protection sociale est un système qui protege
les indiividus de tous ces risques. Participent de cette P° sociale la sécurité sociale, les
institutions de prévoyance, l’assistance publique, un gd nb de mesures (législatives notamment)
liées aux mineurs, liées au handicap, etc. pas vraiment de cohésion. La définition de Cornu

Histoire du droit de la protection sociale


2
renvoie à beaucoup de domaines. Et le système français de P° sociale est issu de législations
extrêmement segmentées. Cette P° sociale ne s’est pas construit à partir de droits qui auraient
été prédéfini. Toute l’histoire de La p° sociale est en réalité, l’histoire d’un compromis (des
compromis très circonstanciels). Cette p° sociale est le produit d’équilibre très difficile à
trouver.

La réflexion autour de droits fondamentaux est très récente car elle est le résultat d’un échec.
On se rend compte qu’il y a toujours de l’exclusion et de la précarité, donc on a commencé à
réfléchir en termes de droits fondamentaux.

Section 2 – L’histoire de la Protection sociale, une matière interdisciplinaire.


L’histoire politique
L’histoire économique : La protection sociale a un cout, d’un point de vue économique. Qui est
supporté par la charité, par les établissements de l’Etat.
L’histoire démographique : natalité, mortalité, politique de la famille, vieillesse, retraite…
La P° sociale est aussi une histoire de l’Etat, c’est à l’Etat de faire des choix politiques en matière
sociale. On a un effet de centralisation de P° sociale sous l’Ancien régime. A partir du 19 e s4iecle on a
une réflexion autour de l’Etat libéral et de ses interventions qui touchent les domaines sociaux : le
travail, la fiscalité….
L’histoire de la démocratie/bureaucratie
L’histoire du travail et du chômage : le travail des enfants, des femmes, le logement ouvrier, le
développement de notre système de P° sociale est en lien avec le monde du travail à partir du 19 e s.
L’histoire judiciaire : l’histoire d’une répression du mendiant, on parlait d’une « police des pauvres »
L’histoire militaire : cette catégorie des combattants est une catégorie qui a été déterminante dans
l’histoire de la protection sociale car les combattants ont été les premiers à bénéficier de mesures de
protection, le fait d’être défenseur de la patrie a justifié une protection privilégiée.
Histoire diplomatique car ça dépasse les frontières. On parlera aussi d’histoire européenne (la taxe
des pauvres en Angleterre, l’exemple allemand avec Bismarck…
L’histoire de la médecine, de l’hôpital…
L’histoire religieuse : car l’église a pris en charge la P° sociale pendant plusieurs siècles.
L’histoire philosophique avec de grandes notions : la solidarité, justice, égalitarisme, droit/ devoir de
l’individu vis-à-vis de la société.
L’histoire de l’enfance et l’histoire de la femme qui sont deux catégories privilégiées en P° sociale.

 Interdisciplinarité de cette histoire de la protection sociale.


Les métamorphoses de la protection sociale, de R. castel (ouvrage intéressant à lire).
Il y a toujours une tranche de la population en dessous du seuil de pauvreté, on parle de permanence
(de la place qui est dévolue dans la société à la personne en situation de pauvreté, en dehors de
toute assistance évidemment). Si les manifestations des difficultés sont différentes entre les sociétés
d’avant et celles d’aujourd'hui, la dynamique est la même : on va vers l’exclusion. Il faut résoudre
l’énigme de la cohésion sociale selon Castel, il faut réduire la fracture sociale voire l’éviter.
 Objectif : maintenir l’intégration sociale de tous les individus dans la société, dans la
communauté. L’intégration est un intérêt majeur pour la société.

Histoire du droit de la protection sociale


3
 Solidarité sociale comme un élément du contrat social (idée philosophique)
 La P° sociale : aspect nécessaire de cette notion du « vivre ensemble »
 La « justice sociale », ce débat sur le « juste » date de l’antiquité. Il prend une
orientation nouvelle avec le christianisme qui a conféré un sens mystique à la pauvreté et
qui a fait des « mesures sociales un devoir du chrétien ».
Dans ces conceptions, il ne s’agit pas de réduire les inégalités, mais d’en réduire les effets pour
maintenir la cohésion sociale. A travers les mesures de p° sociale on va découvrir un certain
conservatisme. On veut maintenir la cohésion.
Avec les lumières et la révolution on va dénigrer le fondement caritatif au profit d’une vision plus
politique de la p° sociale et une vision laïcisée de cette protection sociale, avec de nouvelles notions :
« fraternité »n une justice sociale qui relève du droit naturel. La république.
Palier de l’industrialisation : lien fort entre travail et protection dans un contexte d’émergence d’un
conflit anti luttes des classes. Avec un tiraillement fondemental entre libéralisme et intervention
sociale. Contexte de la guerre qui donne naissance à l’Etat providence et à la sécurité sociale en
1946. Développement de l’économie de marché par le biais d’une société démocratique.
On découvre que notre système est fragile et fragilisé par son lien avec la démographie et l’économie
(lesquels ont évolué depuis la fondation des systèmes).
La protection sociale répond à des situations concrètes qui mettent en péril la cohésion sociale. Du
coup d’autres mesures répondent à ce danger, notamment par le maintien de l’ordre. La dualité
entre justice sociale et maintien de l’ordre, on la retrouve dès l’antiquité à travers des mesures
sociales qui répondent à des difficultés qui sont encore d’actualité.
Il y a une distinction fondamentale entre ceux qui sont capables de travailler et ceux qui ne sont pas
capables (ceux-là ont toujours existé d’ailleurs, les vieillards, indigents, enfants, infirmes etc.).
L’auteur Robert Castel parle d’une « handicapologie ». Toutes ces personnes incapables ont en
commun le fait de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins et ils sont dédouanés de leur obligation de
travail au regard de leurs conditions physiques et de leur handicap. Là il n’y a pas de problème de
principe pour assister ces populations, mais un véritable consensus. Mais les difficultés apparaissent
quand les personnes en difficulté peuvent travailler comme l’indigent valide, ou l’étranger (à
l’époque étranger à la communauté, à la paroisse etc.).
 Difficile de faire la différence entre capacité et incapacité.

III. Pourquoi protéger, qui protéger, comment protéger ?


Plusieurs traditions. Tout d’abord il y a une assistance d’origine religieuse : le rôle de l’église est
importante, elle est une institution prédominante dans l’histoire de la p° sociale ;
L’assistance locale : le lieu de protection a été pendant longtemps le lieu de proximité : la paroisse, la
commune, le métier, l’entreprise au 19 e siècle. Ce n’est que très récemment que la p° sociale a pris
une dimension nationale (donc le rôle de l’état est tardif et l’état est venu unifier le système de
protection locale). Donc l’état s’est inspiré des infrastructures sociales qui existaient.
3e héritage : la prévoyance individuelle ; le débat de l’épargne a alimenté une opposition contre la
mise en place du système de p° sociale.
Objection libérale : c’est le plaidoyer pour une prévoyance qui repose sur le volontariat et sur
l’individu. C’est une opposition à tout système qui serait étatique et obligatoire.
Les sociétés de bienfaisance : elles ont structuré à leur manière la protection sociale pendant tt
l’ancien régime et début du 19e siècle. Confréries, communautés de métiers au MA…
Tradition de la mutualité : une protection sociale au sein du milieu du travail, des sociétés qui sont à
la limite entre bienfaisance et prévoyance.

Histoire du droit de la protection sociale


4
Et puis la modernisation de cette p° sociale c’est l’intervention de l’Etat, cette intervention ne se
concrétise pas tout de suite mais commence avec des lois sociales que l’on étudiera a partir de la
seconde moitié du 19e siècle pour aboutir à un véritable système de protection : retraite maladie, au
20e siècle.

TITRE I. LE TEMPS DE L’ASSISTANCE : Antiquité, Moyen Âge,


Epoque moderne
CHAPITRE I. Les mesures sociales dans l’Antiquité

ARISTOTE, Constitution d’Athènes, XVI :


« Pisistrate, comme nous l'avons dit, gouverna la cité moins en tyran qu'en citoyen respectueux de la
Constitution. Il avait l'abord facile et plein de douceur, et se montrait indulgent à toutes les fautes. Il faisait aux
pauvres, pour l'exploitation de leurs terres, des avances d'argent qui leur permettaient de ne pas interrompre
leurs travaux de culture. Il agissait ainsi pour deux raisons : il voulait qu'au lieu de vivre à la ville, ils fussent
dispersés dans la campagne, et que parvenant à l'aisance et préoccupés de leurs seuls intérêts, ils n'eussent ni
le désir, ni le loisir de s'occuper des affaires publiques. En même temps, plus on cultivait la terre, plus ses
propres revenus s'accroissaient : car Pisistrate percevait la dîme (l’impôt) des fruits. ». Donc la cité s’enrichit
et maintien du niveau de vie des pyasans et éviter l’exode rural donc là on a un intérêt d’intérêt/ordre public,
bon fonctionnement de la cité. Intérêt politique (conserver le pouvoir), il reste sur leur terre et évite de se mêler
des histoires politiques. Devenir propriétaire c’est quelque part devenir conservateur, c’et avoir qqch à
préserver. Cette « action sociale » de pisistrate on en retrouve d’autres aspects : on a fourni du travail aux
artisans en difficulté. Il ne s’agit pas de réduire les inégalités sociales, il y a dans la politique de cet H un
objectif connu des historien qui est de réduire l’influence de l’aristocratie sur la paysannerie. Or pour réduire
l’influence d’un groupe social sur un autre, il faut assurer et permettre l’indépendance matérielle à tous. La
politique de lH tend d’assurer l’indépendance de la population rural vis-à-vis de l’aristocratie (pas de réduire
les indégalités)/ relever le niveau d evie des ruraux pour leur permettre d’être indépendant.

DEMOSTHÈNE. 34. 37-39


[37] Voilà ce qu'il a fait, juges, et pourtant il avait son domicile à Athènes, il y avait laissé sa femme et ses
enfants, et les lois menaçaient des peines les plus sévères quiconque demeurant à Athènes porterait du blé
ailleurs qu'au port athénien (29). Dans ce même moment, ceux d'entre vous qui habitent la ville recevaient des
rations de farine à l'Odéon (distribution de nourriture, de matière première, c’est la mesure sociale ici sous la
condition du lieu d’habitation, il faut être citoyen et appartenir à la communauté) (30), ceux qui demeurent au
Pirée achetaient leurs pains au prix d'une obole, et l'arsenal maritime, et se pressaient en foule au grand
portique pour obtenir par tète un demi-setier (31) de farine. En preuve de ce que j'avance, prends-moi le
témoignage et la loi. Différence de traiteme,nt en matière d’approvisionnement.
TÉMOIGNAGE, LOI.
[38] Avec Lampis pour associé et pour témoin, Phormion prétend nous dépouiller, nous qui avons passé notre
vie à amener du blé sur votre place, qui, par trois fois, en des circonstances pressantes pour la République,
avons constamment écouté l'appel fait par vous au dévouement des amis du peuple. Lorsque Alexandre marcha
sur Thèbes (32), nous vous donnâmes un talent d'argent. [39] Déjà auparavant, le prix du blé s'étant élevé
jusqu'à seize drachmes, nous avions introduit plus de dix mille médimnes de grains et nous les avions distribués
au prix ordinaire de cinq drachmes le médimne (33). Vous le savez, puisque vous avez tous participé à cette
distribution dans le magasin des fêtes publiques (34). L'année dernière, enfin, lorsqu'on fit venir du blé pour la
nourriture du peuple, nous donnâmes un talent, mon frère et moi. Lis-moi les témoignages.

I. Une réponse à la crise sociale

A. Une réponse d’ordre politique


Cf. texte Aristote plus haut

Histoire du droit de la protection sociale


5
B. Une réponse symptomatique

La crise de ravitaillement > cf. texte Démosthène. Athènes vit par ses citoyens, c’est une démocratie
directe. Idée du contrôle au moyen age avec la chasse aux « mauvais pauvres ».
Liste , inscription et enregistrement des bénéficiaires (et il y a aussi des non bénéficiaires). Ca existait
déjà à l’époque.
On retrouve cette tradition antique à rome et le caractère hybride de l’intervention entre intérêt eco
et politique et …
A Rome on parle des lois : la distribution alimentaire est légale, ensemble de lois qui portent un nom
les « lois frumentaires » (lois imposé par les frères graques). Il s’agit d’assurer la vente équitable de
blé, voire une distribution gratuite lorsqu’il y a pénurie. On trouve dans ces lois, la détermination
précise des bénéficiaires : les citoyens romains, masculins, adultes, et habitant Rome. Chaque citoyen
romain avait le droit tous les mois, d’acheter une certaine quantité de blé à un prix fixé. Assurer la
répartition de la matière première au sein des citoyens. Là on peut parler de critères.
o Condition d’âge
o Condition de résidence
o Condition de sexe
o Condition de citoyenneté
Cette sélection des bénéficiaires c’est une permanence en matière de protection sociale ;
Intérêt : voir que certaines interventions sociales se comprennent dans un cadre politique plus
général.
Dans les textes romains on fait directement référence au contrôle (le contrôle des ayants droits
renvoie à la notion de privilège de pouvoirs accédés à cette distribution de nourriture). Des
distributions récurrentes pendant tout l’empire.

II. UNE PROTECTION CATEGORIELLE

A. l’invalide

Leur mobilité réduite ne leur interdit pas la mobilisation en cas de guerre, on va leur attribuer tout un
tas de tâches adaptés en fonction de leur incapacité. Ils ne forment pas une communauté dans la
communauté, ils sont aidés mais restent complètement intégrés à la vie de la cité.
Texte sur « le secours aux invalides » ESCHINE.
Bien sur la cité n’oblige pas ce jeune homme a prendre en charge l’oncle qui l’a élevé, aucune
obligation légale, en revanche il y a une condamnation morale, le jeune qui délaisse son parent âgé
et invalide est moralement condamnable. La cité se substitue à la famille défaillante. Ce qui revient à
dire que le premier cercle de protection reste la famille.
Il y a un certains nombres de conditions pour être bénéficiaire de la pension journalière, lorsque
celles-ci sont remplies le bénéficiaire est inscrit sur une liste de recensement. Donc la prise en charge
suppose une comptabilisation et des démarches d’instruction. Suppose aussi un contrôle. Ce sont des
critères objectifs, citoyenneté, domicile, critère de religion etc.
Texte d’Aristote : le mot a souligné est le mot « loi », c’est donc une obligation légale. Le Conseil
examine les infirmes. L’examen va porter sur l’appréciation de l’état de santé du citoyen qui se
présente au conseil comme étant infirme, est-il diminué dans ses aptitudes physiques au point de ne
plus subvenir à ses besoins. On va confronter les infirmités corporelles à l’aptitude au travail. à cela

Histoire du droit de la protection sociale


6
s’ajoute une condition de revenu, de ressources. L’octroi de l’aide légale est conditionnée au regard
des revenus et de l’état de santé sans sa relation avec sa capacité de travailler. Par ailleurs, le texte
évoque une aide régulière, une pension, une aide quotidienne.
On retrouve tous ces aspects dans le discours de Lysias « pour l’invalide ». C’est un citoyen qui
bénéficie de cette pension, qui est dénoncée par un autre, en tant que fraudeur. Les deux conditions
sont remises en question, le citoyen n’est pas infirme et il a suffisamment de revenu. L’allocation est
un droit, elle peut être révoquée, elle ne va pas dépendre de la volonté arbitraire d’un magistrat, elle
est exigible par le bénéficiaire et elle dépend de critère définit qui sont déterminés par la loi. Lorsqu’il
n’y a pas d’enfant, l’ultime recours c’est la cité. A priori le critère de l’invalidité n’est pas le seul
critère pris en compte pr bénéficié de l’aide. Puisque ce citoyen avant d’être touché par l’âge et la
faiblesse était bénéficiaire alors qu’il était jeune et fort. Ces mesures en quelque sorte ont pour but
de maintenir la cohésion de la société. Or lorsque le prévenu dit « prenez-garde » le secours aux
pauvres et aux infirmes est une condition de la paix sociale.
Cette loi est justifiée par le devoir et l’idéal démocratique, la cité doit secours aux bons citoyens qui
ne sont pas en mesure de subvenir à ses besoins.
La question de la preuve, comment prouver l’invalidité. A priori le contrôle des bénéficiaires est assez
régulier et d’autres textes évoquent la question des abus et des fraudes. Un certain nombre
d’invalides qui vivent grâce à la cité profitent de leur bonne relation avec leur médecin. Donc il y
avait déjà dans l’Antiquité ce problème de fraude autour de cette pension.
B. L’orphelin
C’est l’exemple type de la personne vulnérable qui demande l’aide. La cité vient pallier ce manque en
offrant une pension, mais là encore, sous condition. La condition est intéressante, Texte p. 6 Lysias la
loi pose un critère de légitimité, seuls les enfants légitimes sont bénéficiaires. Or Lysias dit que ce
critère objectif de la légitimité dit que c’est un critère injuste. Celui qui le plus besoin de l’aide c’est
l’enfant illégitime. Il s’agit ici de faire coïncider la mesure d’aide avec la situation concrète du
bénéficiaire. Ces mesures sociales reposent sur des fondements qui sont des fondements politiques,
qui sont des fondements parfois éthiques, mais ces mesures ne sont pas fondées sur l’Homme et sur
ses souffrances.
III. Un idéal de justice : le stoïcisme
Les fondateurs du S n’ont pas pr objectif de réfléchir sur le partage des intérêts dans la cité. Ils ne
traitent pas de justice sociale. Mais c’est une pensée déterminante car les S affirment l’égalité des
Hommes entre eux, ils ont une doctrine de fraternité humaine. Egalité au-delà des clivages qui
existent dans la société Antique. Et ça c’est intéressant. On a là une affirmation de l’unité du genre
humain. Ce n’est plus pour l’intérêt de la cité qu’elle doit se faire, mais vis-à-vis de l’intérêt de
l’humanité.
IV. L’influence du christianisme
On a un changement de regard sur la pauvreté et sur l’Homme pauvre. On va aider le pauvre non
plus pour maintenir la cohésion sociale mais plus essentiellement par amour du prochain. Donc le
christianisme a teinté l’aide d’une nouvelle notion, avec l’idée d’une « compassion ». Et le
christianisme a mis la charité au centre des devoirs individuels. La charité est le plus grand
commandement social de l’Eglise et cela va avoir des répercussions sur tout le système de la sécurité
sociale. Les fondements de l’intervention de la cité Antique et les fondements de la charité
chrétienne qu’elle soit individuelle ou institutionnelle, sont différents. L’aide de la cité repose sur une
nécessité économique, sociale et politique. Il s’agit finalement de maintenir un équilibre, logique
rétributive. Donc l’intervention de la cité c’est le moyen pour elle de se conserver et d’assurer un
principe de justice sans que le facteur humain soit pris en compte. La charité chrétienne se fonde sur
un impératif moral. On va générer une nouvelle image du pauvre, dans une certaine mesure le

Histoire du droit de la protection sociale


7
pauvre devient un modèle puisque le Christ lui-même était pauvre. Pour autant, on a tout de même
dans les textes une distinction entre la pauvreté subie et la pauvreté volontaire.
A. La pauvreté volontaire et la pauvreté subie
La pauvreté volontaire est la pauvreté évangélique, celle qui est décidée par certains pour suivre une
voie religieuse. Cela n’a rien à voir avec une misère qui perdure, subie, qui est indépendante de tout
choix. Par ailleurs on a un grand nombre de texte de l’Ancien Testament qui associe pauvreté et
punition divine. On a par ailleurs un texte qui condamne la pauvreté souvent associée à la paresse, et
à une faute individuelle.
Texte tiré des « proverbes » le mauvais pauvre : la fourmi travaille pour subvenir à ses besoins, on n’a
pas besoin d’ordre, chacun doit subvenir à ses besoins et doit organiser sa prévoyance. Tandis que le
pauvre, la pauvreté est une conséquence de la paresse. La pauvreté= pas de moyen de subsistance,
et la pauvreté est un malheur, mais malheur qui a une explication qui est l’absence de travail. Ces
textes expliquent la mentalité, la mentalité de la pauvreté suspecte, le mauvais pauvre. Avec une
justification qui est que si on n’a pas envie de secourir le pauvre valide c’est qu’il est là par sa faute.
Celui qui détient la richesse doit épargner, il doit se montrer prévoyant.
Texte la pauvreté du christ : nourriture, visite aux exclus, soins aux malades. Cette vocation du soin
des malades est à l’origine de l’hôpital. Ce texte signifie que secourir un pauvre c’est secourir le
christ. Puis il nous propose un panel de situation de nécessité. Les pauvres, les étrangers, les sans-
abris, les infirmes ou les malades et les prisonniers. Donc pauvreté au sein de la société mais aussi
vis-à-vis des exclus. Le secours a vis-à-vis des prisonniers, a vocation à ressouder le lien rompu avec la
communauté. Ce qui est assez logique puisqu’il s’agit de maintenir la cohésion d’une nouvelle
communauté. On ne parle plus de la cité mais de la communauté chrétienne. Jean Chrysostome ne
pas donner aux pauvres c’est se rendre coupable de vol (rapine). Il y a deux chefs d’inculpation le
riche qui ne donne pas au pauvre, et l’homicide. Le riche qui ne donne pas au pauvre vol le pauvre
c’est qu’au point de vue juridique c’est qu’on a là l’idée d’une créance du pauvre contra le riche, ce
que le riche détient le pauvre a déjà un droit dessus. Concernant l’homicide, ne pas donner aux
pauvres c’est se rendre coupable d’homicide, car c’est en quelque sorte ne pas venir en aide aux
personnes en danger, il y a là l’idée d’une dépendance la vie du pauvre est entre les mains du riche.
La vie du pauvre tient à la générosité du riche. La mort du pauvre est donc imputable au riche. Ces
sanctions, par rapport au vol et à l’homicide, il n’aura pas le salut. On a là toute la conception
eschatologique, le lien entre la vie après la mort. Donner au pauvre n’est pas ici l’idée de la
répartition des richesses, la charité na pas pour vocation de bouleverser l’ordre social. La charité
n’est pas une solution à la pauvreté, on ne raisonne pas dans ces termes-là, c’est juste un moyen de
maintenir la cohésion de la communauté chrétienne. Et d’aller au-delà de cette fracture qui pourrait
opposer le riche au pauvre. Là on n’oppose pas on lie le pauvre au riche. Le pauvre est dépendant du
riche pr sa vie, le riche est dépendant du pauvre pr son salut.
B. Regard sur L’empire Chrétien
Basile de Césarée a dvp une véritable assistance publique, il est célèbre pour un complexe
architectural que l’on appelle la basiliade. C’est un ensemble qui en grecque s’appelle le Ptôcheion
ptô = pauvre et cheion = lieu, donc le lieu des pauvres. C’est une structure d’hébergement à la fois
pour les voyageurs, pr les pauvres pr les malades, et cette diversité des publics c’est toute l’histoire
de l’hôpital sous l’Ancien régime. le Xenodochium est un établissement qui va avoir le statut
d’établissement religieux cad qu’il est placé sous l’évêque ce qui signifie que l’assistance sera tâche à
l’Eglise. Ce qui est confirmé de ce que l’on sait de l’Empire Chrétien, on a là des dispositions
juridiques à travers les compilations justiniennes. Regarder l’empire chrétien c’est justifier l’influence
du christianisme sur le droit romain. Et c’est évoquer les relations entre Eglise et Etat autour de ces
établissements d’assistance.
1. Le droit de Justinien et la mission de l’Eglise

Histoire du droit de la protection sociale


8
La prohibition de l’aliénation des biens ecclésiastiques. C’est une nouvelle de 536 qui pose ce
principe dans un contexte particulier, on a un afflux de pauvre à Constantinople, de personnes qui
demandent assistance. Or c’est à l’Eglise de faire face à cette demande. Il faut que l’Eglise ait les
moyens d’aider autant que possible, et prohiber la vente des biens ecclésiastiques c’est protéger les
biens de l’Eglise pour que l’Eglise puisse faire face à sa mission sociale. L’Etat byzantin a confié à
l’Eglise le secours tout en se concentrant sur le rôle répressif. A côté de tout un tas de mesures qui
entourent l’Eglise qui la protège, on trouve d’autres mesures qui constituent un arsenal pénal contre
la mendicité. Architecture de l’action sociale du Moyen Âge, avec toutes les mesures sociales +
l’arsenal pénal.
2. L’arsenal pénal contre la mendicité
Justinien va créer un magistrat chargé de contrôler les individus à l’entrée de Constantinople. Ce
contrôle a pr effet soit d’assurer le refoulement des individus, soit d’assurer un emploi sur place des
individus. L’aide ne va pas être gratuite c’est une aide contre travail. le critère de validité, c’est une
distinction entre valide et invalide, avec une condamnation des pauvres valides qui sont considérés
comme des individus en état de rupture sociale. Considérés comme des individus potentiellement
dangereux. Ces mesures impériales sont intéressantes dans l’histoire de la PS car on voit là la longue
histoire de la répression, en matière de mendicité, avec déjà du travail forcé à Constantinople, et des
mesures qui ont vocation à avoir une double efficacité. Assurer à moindre frais une production par le
travail des pauvres et débarrasser les rues de la mendicité. La longue histoire de la répression et la
longue histoire des deux critères fondamentaux, pauvre valide et pauvre invalide, pauvre locaux et
pauvres étrangers.
3. Les établissements d’assistance
On trouve une nomenclature qui constitue un catalogue des misères du temps, des hospices de
vieillards, des établissements d’accueil pour les enfants, des orphelinats qui sont protégés par la
législation de Justinien. Et des établissements qui accueillent de manière indifférenciées les malades,
les étrangers, les pauvres. Mais cette nomenclature atteste de l’apparition de l’hôpital dans le monde
chrétien de l’Antiquité, avec une fonction d’hospitalisation des malades, mais qui se double d’une
mission plus vague d’hébergement de l’indigence.
On a tout un tas de texte qui sont relatifs à la perception de dons, la loi autorise l’Eglise à percevoir
des legs, et au 5ème siècle cette possibilité est étendue aux établissements que l’on appelle les
établissements pieux. Les testaments en faveur des pauvres ne pourront plus être attaqués pour
incertitude sur les destinataires. Cela veut dire que les legs pieux étaient contestés par les familles
qui se retrouvaient dépossédées des biens. Pourquoi la pratique des legs pieux ? Pour répondre au
devoir chrétien, le chrétien avant de mourir qui estime qu’il n’a pas été asse généreux, entend avant
de mourir racheter ses pêchés. Et c’est cela qui va financer les établissements pieux, il va les donner
à l’Eglise et c’est ça son financement. Le droit romain va donc prévoir la protection de ses biens. ils
sont placés sous un régime spécial. Interdiction de les aliéner, immunité fiscale. Le droit justinien va
favoriser la création d’un patrimoine destiné aux pauvres. Et ce patrimoine c’est le patrimoine des
établissements d’assistance, de l’Eglise.
Cette politique va susciter l’octroi de privilèges à l’Eglise mais va susciter aussi des mesures de
contrôle de l’Etat à l’Eglise, car l’Eglise doit poursuivre le but de la mission qui lui est confiée. Les
biens de l’Eglise sont entièrement dévolus à l’assistance. En occident il n’y a pas véritablement eu de
délégation aussi limpide, là on a un état fort avec l’Eglise, des relations très fortes. Mais en Occident
l’Eglise va prendre en charge le soutien au pauvre, aux malades etc. donc on retrouve ce soutien, car
c’est une vocation de l’Eglise universelle.

CHAPITRE II. L’ASSISTANCE DANS LA FRANCE MEDIEVALE

Histoire du droit de la protection sociale


9
L’histoire de la protection sociale est une institution en lien avec l’institution ecclésiastique, avec
cette idée d’aumône et l’idée de la créance du riche. L’homme fort dans cette structure
ecclésiastique c’est l’évêque, et c’est lui qui va être chargé de la gestion de l’aumône.
1. L’assistance au Haut Moyen Age
a) le devoir d’aumône
Césaire d’Arles page 10 on retrouve la notion de rachat des pêchés, de responsabilisation du riche
vis-à-vis du pauvre, le droit de créance etc. l’aumône est un devoir le chrétien doit donner ce qu’il a
en trop. Le chrétien a une dette envers le pauvre, les richesses ne lui appartiennent pas. Il n’est
propriétaire de rien. Donc dans cette mentalité le droit virtuel du pauvre sur la chose du riche se
comprend mieux. Riches et pauvres qui forment un ordre social voulu par Dieu, issu de la volonté
divine. On a cette expression de la complémentarité du riche et du pauvre avec le texte de Saint
Thomas d’Aquin p.10 le riche doit se montrer généreux et le pauvre doit se montrer patient.
b) les structures d’assistances
La conséquence pratique de cette philosophie du rachat du salut, c’est qu’elle a permis le
financement de l’assistance pendant plusieurs textes. Et ce financement se fait via des structures
établies par l’Eglise. L’entretien et l’accueil des pauvres faits partis des règles monastiques. C’est
surtout à travers eux qu’on reçoit le Christ. On a un véritable service d’entretien qui est évoqué par
les textes. On a une assimilation concrète des biens de l’Eglise avec les biens des pauvres, ceux qui
portent atteintes aux biens d’Eglise sont considérés comme les assassins des pauvres. Concile de
Tours p.10 à chaque cité ses pauvres, le service d’entretien des pauvres est propre à chaque cité, il
s’agit d’éviter la délinquance, le vagabond est un délinquant, se balader comme ça sans attache n’est
pas du tout dans l’ordre mondial médiéval, donc c’est suspect. Aider les pauvres c’est aussi pr la cité
maintenir l’ordre en évitant la délinquance par l’exclusion et le vagabondage.
Ce service d’entretien assuré par les Grecques va prendre la forme d’une structure particulière qu’on
appelle la « matricule » des pauvres. Les pauvres sont inscrits sur une liste qui prouve leur
appartenance à une Eglise. On trouve des exemples de ces listes vers le 6 ème siècle. Le service
d’entretien des pauvres ne concernent donc pas l’ensemble des pauvres, il y a une sélection qui est
opérée, on retrouve un public privilégié dans ces services de matricules (ex : les veuves). On a donc 3
catégories de pauvres au regard des sources :
 Les infirmes
 Les lépreux
 Les pèlerins
Qui vont être reçus dans un certains nbr d’établissement particulier. On a une sélection de pauvres
« privilégiés » qui sont entretenus par l’Eglise. Et puis il y a tous les autres, la masse de ceux qu’on
retrouve à la sortir de l’Eglise, la masse des vagabonds, la masse des mendiants. La prise en charge
est limitée, il y a un nbr limité de place dans les établissements d’aides, et au sein de l’Eglise
paroissiale. Parce que pr les pauvres qui sont pris en charge dans le cadre de la matricule, ces
pauvres sont logés, on leur donne nourriture et vêtement. Et la plupart du temps ces pauvres se
retrouvent au service de l’Eglise. Alors progressivement la matricule a été détournée. La matricule a
pu être ouverte aux plus jeunes, on a un certain nombre de texte Hincmar de Reims 9è siècle qui
rappelle que les pauvres pris en charge par la matricule doivent être des vieillards, des infirmes, des
hommes affligés par le malheur, et il précise « tous originaires de la paroisse ». On retrouve donc ce
critère d’appartenance à la communauté. Cette tradition de la matricule on la retrouve au sein de
toutes les grandes structures monastiques. Et Georges DUBY évoque ce qu’il appelle « les
pensionnés » dont le nombre est strictement fixé, et ils sont intégrés à l’intérieur de la communauté.
Et l’entretien des pauvres est vu comme une exigence spirituelle. On sait que les rois de France

Histoire du droit de la protection sociale


10
entretiennent un certain nombre de pauvre dans leur maison, il parle d’un groupe indispensable et
domestique où peut s’exercer la charité du maître. Il parle aussi d’une pauvreté institutionnelle.
Section II. L’assistance et la société féodale : assistance et dépendance
La période féodale dislocation de l’Etat, il n’y a plus d’Etat, c’est une période d’invasion, de guerre, et
donc d’insécurité. On a un éparpillement des prérogatives de puissance publique.
Le monde de la seigneurie, c’est un monde plus ou moins fermé sur lui-même. Et on présente
souvent le monde féodal comme un monde conflictuel, où les intérêts du seigneur s’oppose aux
intérêts des autres et donc au monde rural. Mais il faut dépasser ce préjugé et envisager aussi la
relation seigneuriale comme une relation d’échange. Et peut-être mettre de côté l’image oppressive
du seigneur pour évoquer la sociabilité qui s’est créée dans le cadre de la seigneurie. Ce qui
caractérise ce monde c’est l’inter dépendance. Chaque individu est pris dans un réseau assez
complexe qui le soumet à des obligations mais qui le fait bénéficier d’une protection. On a un
échange obligation => contre protection. On a une dépendance d’un grand nombre d’individu par
rapport au seigneur, mais cette dépendance va inscrire l’individu dans un système de solidarité. Ce
que l’on peut constater c’est qu’il y a une solidarité naturelle au sein des communautés villageoise.
L’abandon et l’exclusion des individus en collectivité nuit à la cohésion du groupe, et on constate
donc que les individus en difficulté sont pris en charge alors même qu’il n’y a pas de structure
d’assistance.
Cette générosité nécessaire provoquait certainement dans la société rurale des redistributions de
biens. Le seigneur ce qu’il propose lui c’est une protection militaire, du travail, on retrouve cet aspect
protectionniste dans le « contrat de vassalité ». C’est un échange qui n’a rien à voir avec la charité,
qui va fonder la société féodale dans des liens d’inter dépendance. Une protection en échange de
service. C’est une protection conditionnelle. La pauvreté est considérable certes, mais elle ne se pose
pas en terme de question sociale, les pauvres ne représentent pas un facteur de déstabilisation
sociale, ce qui fait que les historiens parlent véritablement d’une harmonie sociale, dans le sens où la
société est équilibrée. Et pourtant ce contrat de vassalité s’insère dans le cadre de la société, il ne
concerne pas que les exclus, et les sources médiévales opposent déjà les riches et les pauvres.
Petit à petit la littérature médiévale va s’éloigner de la littérature ecclésiastique o on exalte la
pauvreté et c’est dans la littérature profane que petit à petit on va entendre des voix discordantes, et
ces voix discordantes considèrent la pauvreté comme une cause de problème. Le courant littéraire
s’appelle le « courant littéraire bourgeois » (dans le sens lié au dvp des villes, habitant du bourg).
Dans cette littérature, la pauvreté est synonyme de malheur, de misère, elle n’est pas du tout
exaltée. Mais à partir du 13ème siècle elle est même synonyme d’agitation sociale, les pauvres agissent
en élément indépendant, ils agissent en opposition aux autres catégories de la population. Cette
littérature bourgeoise n’est pas une littérature sociale. Les pauvres sont mentionnés dans les sources
comme étant des groupes instables, et source de malheur, de misère, mais aussi potentiellement
source d’agitation. Progressivement le pauvre se retrouve diabolisé, se sont des hommes pernicieux
qu’il va falloir détruire. A partir du 13 ème siècle le pauvre est potentiellement un criminel.

SECTION III. Assistance et Association

A. Confréries de métiers
Il est liée à un phénomène qui est le renouveau urbain, et cela prend une forme économique et
politique. Les confréries et les communautés de métiers, leur statut révèlent un certain nombre de
mesures qui sont prises et qui ont un caractère social avéré, leur différence, est que les
communautés de métier s’organisent autour de la pratique d’un métier commun. Tandis que la
confrérie a un aspect plus religieux, elles se regroupent autour d’un même saint.
 Communauté de métier 

Histoire du droit de la protection sociale


11
On va avoir un statut professionnel, et pour tout ce qui est œuvre sociale, ces communautés de
métier vont créer des confréries de métiers. Qui se multiplient à partir du 14 ème siècle. Et les fonctions
de ces confréries de métiers, des fonctions religieuses et caritatives. Ces confréries sont l’illustration
d’une pratique d’assistance, seulement il faut tempérer. Cette entraide est le privilège de métier
suffisamment riche pr l’assuré. Il faut que la communauté puisse financer ses œuvres sociales et ce
n’est pas donné à tous les métiers, donc il faut relativiser la place de l’entraide dans les métiers
médiévaux. La dimension la plus ancienne et la plus communément partagée de cette entraide
mutuelle est de nature religieuse, et l’assistance de base est garantir la sépulture décente et assurer
le salut du confrère, par le financement de prière.
A côté de cela nous trouvons dans un certain nombre de statut, d’autres dispositions qui concernent
les pauvres. Les statuts et privilèges des orfèvres de Paris et l’article 13 des statuts dispose
« hospitalité exercée envers les pauvres du corps en sa maison commune ». le métier va financer un
établissement c’est en l’espèce la maison hospitalière des pauvres, qui va servir à accueillir un public
en difficulté, les pauvres maîtres orfèvres, donc des confrères en difficulté, et puis les veuves de
maître. Financer sur quoi ? Le produit annuel des aumônes du corps. La charité va financer
l’assistance pendant tout le moyen âge et l’ancien régime.
Dans les statuts de la confrérie de Carcassonne des cordonniers, il est dit que les secours sont
proportionnés à la situation des pauvres, et aux ressources de la communauté. Le secours va durer le
temps où le pauvre est dans le besoin. Et si les pauvres secourus reviennent à une fortune meilleure,
alors ils rembourseront les avances faites par la communauté. Cette pratique de la solidarité au sein
des métiers, on la retrouve au sein des métiers jusqu’au 18 ème siècle. Arrêt de parlement de 1777 qui
concerne les ouvriers imprimeurs , la recette de la confrérie sera divisée par trois, une part est
dévolue aux ouvriers qui travaillent depuis 30 ans dans le même atelier, une part distribuée aux
anciens ouvriers infirmes ou hors d’état de travailler dont la conduite a été exempt de reproche, et
une part pr les ouvriers obligés de suspendre leur travail pr cause de maladie ou qui ont besoin de
secours.
On a une assistance assez précise et efficace qui obéit aux besoins d’entraide et qui répond à des
nécessités universelles comme la vieillesse, la maladie, l’infirmité. Cette une entraide qui fonctionne
ds le cadre des valeurs dominantes de la société, qui sont à l’époque des valeurs chrétiennes avec la
dimension eschatologique. Et on retrouve donc la préoccupation du devoir de charité, voilà pq on se
tourne aussi vers la pauvreté extérieure.
B. Confréries de dévotion
Une distribution ponctuelle qui se fait en fonction du calendrier chrétien. Les pauvres de la localité
sont les bénéficiaires de ces mesures. Les auxiliaires des autorités municipales, de la paroisse pour
l’assistance, et leur activité reste marginale tout de même.
Ces confréries évoluent vers une piété de plus en plus marquée, et elles vont s’orienter vers l’aide
aux malades. Ces confréries vont se féminiser, et ces femmes vont constituer le vivier du personnel
hospitalier jusqu’au 19è siècle. L’exemple de ces confréries orientées vers la piété et qui se focalisent
sur le soin des malades sont les « filles de la charité ». Une assistance corporelle et spirituelle.

CHAPITRE 3. L’ASSISTANCE ET LA POLICE DES PAUVRES SOUS L’ANCIEN REGIME

Les personnes qui s’associent dans le cadre des confréries sont des laïques. Et donc l’investissement
des confréries dans l’assistance est symptomatique d’une évolution considérable, c’est-à-dire que
l’Eglise n’a plus le monopole dans l’assistance. C’est l’émergence du nouveau monde. En revanche,
l’assistance prodiguée par les laïques reste inscrite dans une dimension religieuse. Mais il est vrai que
l’assistance sous l’ancien régime devient l’affaire de tous. L’Eglise et les laïques (les villes, et le

Histoire du droit de la protection sociale


12
pouvoir royal). Donc c’est à partir de là que va se dvp al compétence municipale en matière
d’assistance et la compétence du pvr royal dans ce même domaine.
I. Compétence municipale et rôle de l’Etat royal en matière d’assistance
A partir du dvp des villes, va s’opérer un transfert dans le tissu urbain des institutions d’assistance. Le
lieu va centraliser les établissements d’assistance, on ne les trouve plus dans la campagne mais dans
les villes. Progressivement les institutions municipales vont organiser cette assistance prendre en
charge cette assistance et d’un point de vue plus normatif le pvr royal va multiplier les législations sur
l’assistance à partir du 16ème siècle.
A. La compétence municipale
1. Le schéma conceptuel de l’assistance municipale
Les organisations municipales vont prendre leur part dans la gestion de l’indigence qui est devenue
un problème commun. Donc les pauvres qui sont secourus par les municipalités sont bénéficiaires
d’une aide en nourriture, en argent et ils sont immatriculés auprès des organismes d’assistance. Mais
il ne s’agit pas seulement de s’inscrire, l’immatriculation suppose une identification permanente. Et
cette identification se concrétise par la « marque des pauvres ». Il s’agit d’être reconnu en tant que
bénéficiaire de l’aide municipale. Cette marque n’est pas à présenter au moment des distributions
mais à porter de manière permanente, qui est à coudre sur les vêtements à une place apparente.
Cette marque des pauvres illustre une nouveauté, elle répond à un besoin de régulation de
l’assistance. Elle est un moyen de réduire la fraude lors des distributions publiques.
Si le pouvoir séculier ne règle pas cette question de la pauvreté, on court à la délinquance. Les
pauvres s’adonnent aux vices lorsque leurs besoins ne sont pas couverts, vols, agressions etc. donc si
on analyse la pensée de Jean-Louis VIVES c’est que les pauvres ne sont pas responsables, mais ils
sont potentiellement dangereux. C’est là la base de l’organisation de l’assistance municipale. Le texte
de VIVES « de subventione pauperum » c’est la traduction de l’assistance aux pauvres. Donc il va
présenter dans ce livre de façon détaillée, le plan conceptuel qui sera celui de l’assistance modèle, il
préconise l’intervention séculière dans l’assistance. La pauvreté intéresse à la fois l’OP et la santé. On
a des questions prioritaires de gestion/contrôle. Le nouveau système d’assistance repose sur une
identification individuelles des pauvres, on va recenser les pauvres de la ville, identifier les étrangers,
les malades, les vagabonds. Et on va offrir un traitement spécifique en fonction de la catégorie à
laquelle appartient le pauvre identifié. Et là on a 2 critères :
- Pauvre étranger / pauvre local
- Pauvre valide / pauvre invalide
16ème siècle on inaugure cette logique d’enfermement que l’on retrouve tout au long de l’ancien
régime, un enfermement qui est pr VIVES à allier avec une politique disciplinaire. Les magistrats
municipaux ne doivent pas donner aux pauvres ce dont ces derniers croient avoir besoin. Ce que le
magistrat doit offrir aux pauvres c’est de la discipline, de l’industrie et de l’encadrement religieux. Le
mot clé de cette logique d’assistance c’est la soumission du pauvre. Et le travail c’est la médecine
universelle. Cette réforme de l’assistance selon VIVES doit être universelle, elle doit être appliquée
simultanément sur tout le territoire, pour ne pas créer de déséquilibre entre les villes. Pour que les
pauvres récalcitrants ne puissent pas s’échapper. Ce système est un succès en France et au milieu du
16ème on a une soixantaine de villes européennes qui ont pris des dispositions pour l’assistance, qui
sont inspirées du projet de VIVES.
Puisque ces politiques municipales reposent sur des ppes simples, exclusion des étrangers,
interdiction de la mendicité, dénombrement et classification des indigents, et secours différenciées
en fonction des catégories. Le modèle VIVES c’est le modèle de la ville d’Ypres c’est le modèle des
institutions municipales d’assistance. L’assistance des pauvres est prise en charge par le pvr séculier,
les ressources sont centralisées, et le travail est le remède proposé contre la mendicité. Ce qui est

Histoire du droit de la protection sociale


13
intéressant est de voir comment l’Eglise a réagi face à cette ingérence municipale face aux soucis des
pauvres, et on a un texte très important :
- Les théologiens de la Sorbonne : on soumet l’administration de l’assistance d’Ypres aux
théologiens de la Sorbonne. Et on a un texte qui est l’avis d’un magistrat de la Sorbonne
d’Ypres. Il dit que les anciennes formes d’assistance favorisent la mendicité et la fainéantise.
Et il expose son projet :
o Création d’une bourse commune des pauvres gérée par la ville
o Interdiction de la mendicité
o Refus de secourir les étrangers plus de quelques jours
La pensée de l’Eglise : Le théologien dit oui sur le principe l’idée d’une bourse commune n’est pas
incompatible avec l’Evangile, avec les ppes chrétiens. Le mot « ardue » prend tout son sens, car oui
cela est en accord avec les ppes religieux, seulement la tâche est tellement difficile que cela va être
dure dans le temps de rester en compatibilité avec les textes religieux. Ils émettent quelques
réserves, la méthode doit être générale et universelle car il faut qu’elle couvre tous les besoins
« suffisamment et honnêtement ». Il ne faut pas que l’exclusion de l’étranger soit réduite à la misère,
on ne peut pas laisser mourir de faim l’étranger. On ne peut pas interdire la mendicité si les finances
ne sont pas suffisantes. Cela n’exempt pas le chrétien d’accomplit son devoir vis-à-vis des pauvres en
exerçant la charité.
La faculté de théologie et donc plus largement l’Eglise n’est pas hostile à l’assistance municipale,
mais ils démontrent avec finesse que les conditions à remplir pour que l’assistance soit satisfaisante,
ces conditions restent très difficiles à remplir.
2. Les réalisations concrètes : aumônerie générale, bureaux des pauvres…
Il y a une multiplication du nbr de pauvres qui occasionnent un débordement des structures
traditionnelles. Donc les distributions doivent être prises en main d’une manière plus efficace. Et
c’est à cet objectif que répond l’institution d’une assistance municipale. Plusieurs exemples : ville
Franche en 1573 il y a une grave disette, les échevins (magistrats municipaux) se réunissent et
prennent un certain nombre de décision, de placer des garder aux bords de la ville pr empêcher les
pauvres étrangers de rentrer. Il faut nourrir les pauvres qui leur sont attribué et les « donner » aux
riches de la ville pr les prendre en charge. Les échevins établissent une liste des pauvres. On retrouve
les pauvres assistés qui vont devoir coudre sur l’épaule une marque, on retrouve l’interdiction de
mendier sous peine de fouet. Il faut charger un homme pour chasser les pauvres étrangers et tenir
les autres en sous-gestion, cad les soumettre à un certain nombre de règles qui en cas de non-
respect serait sanctionner. On a donc dans un premier temps des mesures ponctuelles, qui vont
dans la plupart des cas se transformer en institution pérenne, cad une institution qui va durer.
Comme par exemple le grand bureau des pauvres de Paris fondé au 16ème siècle. Il est fondé par le
roi, mais celui-ci délègue au magistrat parisien le soin des pauvres et la police des pauvres. Le grand
bureau des pauvres est géré par des notables, et il y a deux collèges de commissaires qui vont
s’investir dans ce grand bureau.
- Dans le premier collège : on retrouve à la tête des conseillers du Parlement (6), un conseiller
de la cour des comptes, 4 avocats du parlement, et des ecclésiastiques. Ces conseillers vont
chapoter le grand bureau et vont être secondé. Cette institution repose sur un tri effectué
des pauvres. Les étrangers sont expulsés, les pauvres « honteux » sont aidés de manière
discrète voire secrète, et les pauvres identifiés (inscrit) sont bénéficiaires de distribution.
Les commissaires du quartier reçoivent les demandes d’admission des pauvres et par ailleurs ils
président à la distribution de secours. L’inscription sur la liste des bénéficiaires se fait soit à titre
définitif, soit à titre temporaire. En tout état de cause il y a une enquête du commissaire. Une
enquête qui s’opère par un certain nombre de visite à domicile, et par une enquête de voisinage.

Histoire du droit de la protection sociale


14
- Article 23 du règlement du grand bureau de paris : le commissaire va devoir apprécier si
cette personne a oui ou non les moyens de subvenir à ses besoins, s’intéresse aux personnes
âgées, de plus de 60 ans, personnes natives, résident depuis un certain temps etc.
Il y a un juge des pauvres qui contrôle et qui dépiste les impostures et déguisement de maladie. Car il
y a parfois de faux certificats, et puis il y a des pauvres qui trompent les médecins en feintant des
maladies diverses. Et puis troisième fraude, il y a les pauvres qui sont inscrit mais qui refusent d’être
rationné et qui tentent d’obtenir plus que le minimum vital en ayant recours à la mendicité. A paris le
grand bureau des pauvres est secondé par un personnel qu’on pourrait dire « policier ».
Deuxième exemple : Lyon connaît aussi une grave crise de subsistance, et donc un certain nbr de
projet voient le jour pr essayer d’organiser l’assistance municipale. Cette assistance va porter le nom
d’aumône générale de Lyon. Reprend le même système que le précédent. et précise à chaque fois
l’affectation des pauvres en question, comme les orphelins qui seront recueillis dans un
établissement particulier où ils vont recevoir une éducation religieuse et seront mis en
apprentissage. Les pauvres malades seront à l’hôtel dieu. Les pauvres gens de métier avec charge
d’enfant seront étudiés très précisément, on considérer les revenus du couple, si insuffisance on leur
fera un taux pr chaque semaine, ils seront aidés de manière hebdomadaire afin d’éviter que les
enfants tombent en mendicité. On a une sorte de complément de revenu. C’est un projet qui va se
concrétiser puisque l’aumône général va s’installer par la suite et on a une réglementation de
l’aumône générale qui va être publiée en 1539 par la suite et sui va reprendre tout. Pas d’imposition
forcée, mais taxation volontaire du clergé. Cette aumône générale va fonctionner jusqu’en 1614.
Que ce soit l’exemple de paris ou de Lyon, ce ppe de l’assistance municipale, ce fonctionnement des
bureaux des pauvres correspond à une première tentative de rationalisation de l’assistance et de
gestion publique de l’assistance. La marque est l’outil du contrôle et ce contrôle obéit à une volonté
d’efficacité. Une volonté de ne pas gaspiller le soutien collectif. La marque n’est pas infamante car il y
a une démarche volontaire du pauvre, elle est attribuée après une requête. Donc dans l’esprit la
marque en question ne vise pas à exclure, au contraire elle vise à inclure les bénéficiaires au sein
d’un système d’assistance. Cela dit, cette marque est tout de même le signe d’un assujettissement du
démuni vis-à-vis du notable qui le nourrit. Elle introduit une ressemblance, une assimilation de
chaque pauvre à un autre, dans une marque commune et cette marque c’est le signe d’une
domination de ceux qui impose la sélection. Un certain nombre de personne cherche à dissimuler la
marque car c’est une publicité permanente de leur condition d’assisté.
Cette assistance municipale correspond a une évolution des mentalités, mais pas à un
bouleversement des mentalités. Le pauvre au moyen âge fait déjà l’objet d’un examen attentif, et la
distinction entre bon pauvre et mauvais pauvre existe déjà. C’est cette distinction qui va fonder la
sélection moderne. Le pouvoir séculier ne va faire que systématiser une sélection qui préexiste. Ce
qui change finalement c’est la solution proposée, qui correspond à une ampleur de la pauvreté qui
est devenue un problème.
B. La législation royale
Les mesures municipales sont reprises au niveau central, on a un certain nombre de texte qui émane
du droit et qui vont dans le même sens que le dvp de l’assistance municipale. Extrait de l’ordonnance
de Moulins de février 1566, la politique royale est que chaque ville doit prendre en charge ses
pauvres, donc ce qu’on a dit sur l’assistance municipale, le roi en fait une obligation, chaque ville va
devoir assister chaque pauvre de sa ville. On reprend là, les ppes qui ont été mis en place dans le
cadre de l’assistance municipale, condition de nationalité ou de résidence. Les habitants seront
« tenus à contribuer », là la taxe des pauvres on la ressent bien. Ça nous en dit BCP sur le
financement. Le roi impose aux villes de prendre en charge financièrement aussi l’entretien des
pauvres. La politique royal conforte le dvpt empirique de cette assistance municipale et il en conforte
tous les principes, prise en charge et répression. Or, pour que ce système d’assistance municipale

Histoire du droit de la protection sociale


15
fonctionne de manière correcte, il faut opérer la sélection dont nous parlions précédemment, et
donc il faut identifier un certain nombre de catégorie.
II. L’importance des catégories
A. Qu’est-ce qu’un pauvre
Une notion très floue au moyen âge et encore aujourd’hui. En ce qui concerne le moyen âge, la
pauvreté ce caractérise par son hétérogénéité elle renvoie à des groupes très distincts. On a tout
d’abord la catégorie des gens qui sont hors société. Les vagabonds, les prostitués, les truands. Et on a
d’autres catégories avec ceux qu’on appelle les journaliers cad les ouvriers agricoles payés à la
journée. Une notion large qui rassemble ceux qui sont pour une raison ou pr une autre dans la
misère. Sans qu’aucun texte ne précise à partir de quelle sphère on est considéré comme étant dans
la misère, avec un « seuil de pauvreté » comme aujourd’hui. La notion de pauvreté au Moyen âge ne
se mesure pas en gain annuel, elle se mesure en relation avec le travail. On est pauvre lorsqu’on a
que son travail pour subsister. Le travail du jour paie la nourriture du jour. Jacques De Vitry = le
pauvre c’est celui qui travaille pour se nourrir au jour le jour, à la fin de la journée il a déjà consommé
ce qu’il a gagné il n’a plus rien. Deuxième illustration Saint Thomas d’Aquin = association entre
travail et pauvreté est absolument limpide. Celui qui travaille au jour le jour pr gagner un bout de
pain c’est lui le pauvre. Jean pierre CAMU = celui qui n’est pas pauvre c’est celui qui peut vivre sans
travailler, tous les autres sont des pauvres. Le travail est le seul patrimoine du pauvre, il faut qu’il
travaille ou qu’il mendie.
On a donc un lien entre travail / pauvreté qui est important à saisir, le travail est la preuve de la
pauvreté. C’est très important pour comprendre la notion de « pauvre honteux » on les aide en
secret, le pauvre honteux c’est précisément celui qui normalement au regard de son statut social
devrait vivre sans travailler, c’est l’homme qui est dans une logique de déclassement social, c’est
celui qui se retrouve dans l’obligation de travailler s’il veut continuer à subvenir à ses besoins, or
socialement ça n’est pas possible, cad que lorsqu’on appartient à une catégorie sociale exempt de
travail, il est hors de question d’aller travailler car on perd sa noblesse, donc c’est inconcevable. Le
travail manuel est méprisable. Dans le cas de ces gens aisés qui sont ruinés, la question de l’aptitude
au travail ne se pose même pas, il y a là une question d’honneur, de statut social. Les pauvres
honteux ne sont pas inscrits dans les registres, on les aide en secret. On les appelle les pauvres
honteux car ils ne veulent pas avouer qu’ils sont passés par ce statut. Alors que le pauvre de
naissance est endurci aux travaux, robuste etc. il assume plus car il n’a pas le choix.
B. Qu’est-ce qu’un mendiant ?
JP CAMU opère une distinction entre le pauvre et le mendiant, le pauvre peut subvenir à ses besoins
en travaillant, tandis que le mendiant n’a pas de travail, ni de bien. il n’a pas la possibilité de travailler
soit pr cause d’infirmité soit chômage. Or la mendicité est un problème crucial sous l’Ancien régime,
elle est vécue comme un fléau véritablement. Et c’est à cette mendicité que va répondre la solution
de l’internement, et toutes les mesures répressives que nous avons vu et que nous allons voir.
Caractéristique de l’Ancien régime = criminalisation de la mendicité, cad la mendicité qui va devenir
un délit et qui de ce fait va justifier la répression. Une mobilité qui s’oriente principalement des
campagnes vers les villes, la mobilité d’une main d’œuvre en quête de travail, de moyen de
subsistance. Car il existe un lien très fort entre mendicité et vagabondage.
C. Qu’est-ce qu’un vagabond ?
Edit royal du 17ème siècle sont considérés comme vagabond ceux qui n’ont aucune attache, le
vagabond n’a pas de communauté susceptible de le prendre en charge, susceptible de répondre de
lui. Le vagabond est en marge de la société, de toute communauté. Or, ça c’est un problème car la
société de l’Ancien régime est une société où l’individu n’a pas de sens, ce qui compte c’est le
groupe, le corps, la communauté. Le vagabond est dangereux car il s’est exclu de tout cadre social. Et
on porte un jugement moral sur cette exclusion qui témoigne d’un rejet des contraintes sociales. Le

Histoire du droit de la protection sociale


16
choix de l’errance est condamnable. Et le vagabond cumule le handicap, il est en dehors de l’ordre de
la sociabilité, a priori il est étranger partout où il va. Il est en dehors du cadre du travail, il se déplace
sans raison. Le délit de vagabondage existe à partir de la seconde moitié du 17 ème siècle. Le vagabond
est l’objet même de la répression et certainement pas le bénéficiaire de l’assistance.
On retrouve sous l’Ancien régime et jusqu’au 18 ème siècle cette distinction entre les pauvres, dans par
exemple le répertoire universel et raisonné de jurisprudence établie à partir de la seconde moitié du
18ème. On l’ouvre au terme « mendient » et on y trouve trois sortes de pauvres.
Ceux qui souffrent chez eux des besoins auxquels ils ne peuvent pourvoir, faute de santé ou de
moyens de travailler. C’est le cas du bon pauvre qui doit être secouru. On a là une résidence,
une intention de travailler mais qui est contrarié par du chôme ou maladie.
Ceux qu’on appelle invalides, la catégorie de pauvre privilégié, exempté de travailler.
Ceux qui quoi que valide préfère au travail une vie oisive et errante en abusant des aumônes.
C’est par définition le mauvais pauvre.
La Cour du tribunal de paris opère toujours cette distinction. On a un arrêt du 30.12.1740 prend des
mesures répressives contre les mendiants et les chômeurs volontaires. Mais la Cour reconnaît la
nécessité de secourir ceux qui ont besoin d’assistance à cause de leur âge, de leurs infirmités ou du
trop grand nombre d’enfant dont ils sont chargés.
III. Répression ou prise en charge
Ce qui caractérise la période de l’Ancien régime c’est cette obsession de maitriser voir d’éradiquer la
mendicité. D’où le caractère répressif des mesures qui concernent un certain nbr de pauvre. Et
lorsqu’il y a assistance, la question fondamentale tourne autour du financement de cette prise en
charge.
A. La répression de la mendicité
Cette répression va se systématiser à partir du 16 ème siècle. Le fait de créer un service d’assistance qui
propose à des personnes valides une aide, incite à la concentration des pauvres dans les villes. La
distribution de l’aide incite à l’oisiveté. L’assurance de l’aumône, engendre ces conséquences. C’est
une certitude qui est préjudiciable d’un point de vue moral car le bénéficiaire reste sans travailler, et
parce qu’il prend la place d’un vrai pauvre. Ces vrais pauvres sont les invalides et les malades, cad
ceux qui ne peuvent pas travailler, on retrouve ce critère de l’inaptitude à travailler. Donc la solution
qu’apport le texte est de prendre en charge les vrais pauvres, et on va proposer aux autres la
possibilité de travailler sur des chantiers publics. Pour les autres pauvres invalides on les distribue
dans les hôpitaux. Et pour les autres ils seront secourus à domicile dans le cadre des paroisses, ils
recevront une aumône raisonnable, assortie d’une obligation qui est l’interdiction de mendier.
Le financement se fera par charité, si il ‘y a pas assez de riches pr subvenir aux pauvres, au sein
d’une paroisse, alors les paroisses voisines devront venir en aide. On va organiser un système de
compensation entre les paroisses parisiennes, les paroisses riches aideront les paroisses les plus
pauvres.
La question de l’efficacité et de la pertinence de l’aide. Le fait qu’il y ait un service d’assistance attire
tous les pauvres, autant les mendiants valides que les invalides que les artisans chômeurs etc. Les
valides spolient les invalides. Les étrangers spolient les locaux. Une question d’ordre morale,
l’assistance conforte dans l’oisiveté. Voilà ce qui ressort du texte, donc philosophiquement ça pose
un problème. Et puis une solution : les aumônes l’aide doit être réservée aux invalides, le travail doit
être fournit aux valides. Lorsqu’on donne du travail les pauvres dépendent du salaire et plus de
l’aumône, ils réintègrent l’ordre social par le travail. Et puis c’est une aide réciproque. Donc on a un
double effet, une double vertu qui est attendue de cet Edit de 1745. Eviter le vagabondage, l’exode
vers les centres d’aides et puis préserver les bénéficiaires prioritaires, c’est-à-dire les invalides, les
malades. Enfin, maintenir l’ordre social en intégrant les valides par le travail. Le travail c’est un lien
social. On a beaucoup de textes qui sont relatifs à cette organisation de l’assistance, qui sont pr la

Histoire du droit de la protection sociale


17
plupart date du 17ème siècle. On a des créations très importantes au 17 ème et notamment l’Hôpital
général en avril 1656, avec une généralisation en province en juin 1662. La création milieu du 18 ème et
plus exactement par ordonnance 1764 le dépôt de mendicité. C’est la structure type de ce que
Michel Foucault c’est le grand renfermement, tous les établissements qui vont servir la répression de
la mendicité. La structure type c’est le dépôt de mendicité qui est un lieu qui est à côté de l’Hôpital,
établissement d’accueil mais un accueil qui a un fort caractère répressif et coercitif. C’est un lieu de
contrainte, on contraint le mendiant au travail, on va le corriger de ses vices (la paresse).
Ordonnance du Conseil de 1764. A priori ces dépôts de mendicité sont créer pr les vagabonds, les
mendiants « professionnels ». L’ordonnance de 1764 s’envisage comme un progrès car le travail
forcé a des vertus de correction des mendiants. On réinsère le mendiant dans une logique de
réciprocité. Une perspective pénale ce qui est puni ce n’est pas la pauvreté mais la mendicité. Car
elle est considérée comme un fléau.
Il y a l’idée d’une politique pénale exemplative et intimidante. Les travaux forcés ne touchent qu’une
minorité (les boucs émissaires) l’étape du grand renfermement c’est une étape supplémentaire cad
que pr forcer les pauvres à travailler il faut les interner. Et l’évolution ultérieure, c’est le 18 ème avec
TURGO attendant du Limousin, qui organise des travaux publics pour les pauvres valides, et qui veut
donner une autre dimension à ces travaux publics autre que la punition. Il propose de proposer le
travail comme une alternative au dépôt de mendicité. De dissocier travail et internement. Avec
TURGO c’est la première fois que les travaux publics sont présentés comme une mesure d’assistance
que comme une mesure coercitive. L’assistance par le travail se manifeste de diverses façons. E
pauvre valide qui refuse cette offre de travail et mendie alors il reste l’objet de mesure coercitive.
TURGO a voulu supprimer les dépôts de mendicité, car ce sont un échec, et un gros défaut qui est
l’absence quasi-complète de travail, promiscuité, sur peuplement, hygiène lamentable, prolifération
des maladies. Alors l’idée des ateliers de secours était a priori une bonne idée, mais ils vont proposer
que des travaux de terrassement, cad du travail très pénible, qui ne prennent absolument pas en
compte la qualification de la personne qui demande du secours.

B. Le financement de la prise en charge


Le premier financement repose sur le clergé et d’un autre coté le financement municipal repose sur
les dons des bourgeois de la ville qui alimentent la bourse commune. Des bourses (sans contraintes)
parce qu’il s’apparente à une taxe. Une taxe qui s’appelle la « taxe des pauvres ». Une taxe qui se
fonde sur la base de volontariat, mais si la somme s’avère insuffisante elle se transforme en taxe. Il
s’agit de financer des établissements cad des structures, des bâtiments avec le financement d’un
matériel et notamment pour le soin des malades. Il s’agit aussi de financer des distributions de
nourriture, de vêtement. En Angleterre, « contre la taxe des pauvres » TEXTE la taxe est devenue
obligatoire. L’impôt dépersonnalise l’aide. Le bourgeois cotise et c’est ensuite la municipalité qui
distribue, il n’y a plus de lien direct entre celui qui donne l’aide et celui qui la reçoit. L’aide est
désormais administrée par une institution au sein de la communauté. L’impôt est dénoncé car il est
mal aimé, il suscite le mécontentement.
En France le rôle de l’Etat reste un rôle d’encadrement, de directive, mais l’Etat ne finance pas
l’assistance. Le financement de l’assistance quel que soit le public concerné, repose en grande partie
sur la charité publique. Il est le fruit de contribution privée qui sont néanmoins régulière, dont le
niveau est évalué, mais ça reste des contributions volontaires qui vont alimenter une caisse. Ce qui
fait bien apparaître cela c’est le système des « fondations ». Le ppe est que le bienfaiteur (soit par
don/testament) va octroyer des fonds à un établissement d’assistance. On va tenter de rationnaliser,
de centraliser la distribution. Le seul établissement qui fait exception c’est le dépôt de mendicité, qui
fait l’objet d’un financement direct par le pouvoir central, car c’est un établissement qui est
l’instrument de la politique répressive de l’Etat royal vis-à-vis des pauvres, ce que l’on appelle la
police des pauvres sous l’Ancien régime.

Histoire du droit de la protection sociale


18
Quelques points particuliers :
IV. Les mesures sociales
A. Les accidents professionnels
Dans certains secteurs on trouve les premières mesures sociales qui tendent à prendre en charge les
personnes qui subissent un accident dans le cadre de leur travail. Et c’est le cas du secteur pionnier
en la matière qui est le secteur des mines. Textes « Edit des mines » les mines sont excentrées et la
première assistance est une assistance spirituelle, donc là on lit cette première assistance
fondamentale qui est celle d’assurer au chevet du mourant une assistance spirituelle pour lui fournir
le dernier sacrement. Deuxième mesure c’est l’assistance corporelle.
Concernant le financement, on va prendre un pourcentage de ce que rapporte la mine pour financer
cette assistance qui sera offerte gratuitement à ceux qui travaillent dans la mine. C’est donc
l’employeur qui va prendre sur ses bénéfices pour financer cette assistance.
Autre exemple, l’ordonnance de la marine août 1681, le marin blessé ou malade bénéficie de la
gratuité des soins.
B. Les invalides
Il existe la fondation des 15-20. La fondation a souvent pour vocation de cibler un public particulier,
c’est une fondation qui concerne les croisées devenues aveugles. On finance pour un public
particulier. Fin 17ème siècle, en règle générale l’armée royale prévoit des pensions pour ces militaires
invalides. L’Etat leur prévoit des pensions.
Sous l’Ancien Régime on utilise ce terme de pension mais ne correspond pas vraiment à l’acception
que nous lui donnons. C’est plus une gratification qu’une rentre. C’est davantage une grâce qu’un
droit. se met en place alors un système de pension de retraite. Là encore on parle de système mais
les pratiques restent très réduites à certains départements, certaines branches de l’administration.
Exemple le cas particulier des fermiers généraux. Pour ces fermiers généraux on a une délibération
de 1768 dans laquelle on obtient certains éléments d’information sur cette pratique de la retraite.
Les agents inférieurs vont verser 2.5% de leur émolument à la caisse commune. En échange, ils
perçoivent une pension de retraite. Une retenue est utilisée sur les pensions des supérieurs, pour
accroître la pension des inférieures.
C. Les allocations aux familles nombreuses
Les mesures qui concernent les familles nombreuses entrent dans le cadre d’une politique nataliste.
Bien sûr qu’il s’agit d’une mesure d’assistance mais on voit bien que le fondement premier est un
fondement politique. Plus d’enfant c’est à terme plus de soldat. Ces mesures sont : des exemptions
d’impôts à partir du 10ème enfant. Les mesures municipales, sont plus fréquentes, et plus
raisonnables. Exemple de Rouen fin 18 ème on a des mesures d’aides aux familles de plus de 3 enfants.
D. les services de médecine gratuite
Un service de sagefemme est proposé au foyer en difficulté, pauvre comme riche. On retrouve ces
exemples de consultation subventionné, dans un certain nombre de commune, de municipalité dans
le royaume de France. Dans les manufactures on a la préfiguration d’une sorte de médecine du
travail.
E. Les services de type « sociaux »
On a donc un service d’enseignement gratuit, là encore financé par les municipalités, notamment
pour les jeunes filles pauvres.

CHAPITRE IV. L’HOPITAL

Histoire du droit de la protection sociale


19
On va essayer d’atteindre une assistance spirituelle par l’assistance corporelle. L’Eglise finance les
Hôpitaux. Début 16ème siècle évolution des mœurs, le progrès de la médecine, il faut secourir les
misères physiques, il faut agir pour le bien être des hommes. La tentative de rationalisation va
s’appliquer à l’Hôpital. Ce que l’on observe c’est la présence du corps médical dans les hôpitaux à
partir de la Révolution, on va s’orienter vers la création d’un véritable service hospitalier confié aux
autorités municipales.
I. L’hôpital (H) établissement de charité
A. Les origines
On retrouve des établissements de vieillesse, ou de soins, mais lorsqu’on se penche sur ces
institutions, on se rend compte que ce sont davantage des institutions cultuelles, lieu de pèlerinage,
que des établissements de soins. Ces établissements s’appellent les « asclepions » qui sont donc des
temples mais aussi des sortes d’écoles de médecine, et des cliniques de l’époque. Le traitement que
subisse les malades est un traitement rituel, cad qu’il s’agit davantage d’attendre la guérison dans un
sanctuaire. On trouve des fondations qui visent à secourir un public très divers, mais on ne peut pas
véritablement parler d’Hôpital à une exception près, dans la rente impériale il existe des infirmeries
militaires érigés dans les provinces pr les troubles. Mais ce sont des infirmeries fermées au
population civile et aux pauvres. Au sein de l’Eglise les premiers établissements que l’on compare aux
ancêtres des hôpitaux sont les diaconies. Sous l’impulsion des évêques, les établissements
hospitaliers se multiplient.
Exemple du Concile de Nicée « des hôpitaux et de leurs administrateurs » l’établissement est confié à
l’évêque qui désignera une personne étrangère (pour une impartialité totale, il est donc
désintéressé, et est lui-même hautement qualifié pour accueillir les étrangers.
Ces établissements sont compris dans l’acceptation du terme d’hôpital. Ils disposent de la
personnalité morale, placés sous la direction de l’évêque. Ils se dvp en Orient tout d’abord, en
Occident c’est un peu plus lent.
Puis le 19ème c’est le temps de l’hôpital monastique, d’autant que finalement les ecclésiastiques et
plus particulièrement les moines sont ceux détenteurs du savoir médical, les connaissances en
médecine sont véhiculés dans les milieux monastiques. On a une trace de ces connaissances à travers
les encyclopédies médicales qui reprennent les connaissances en art médical. Dans l’Abbaye de Saint
Gall on distingue une abbaye, une jardinière, et un bâtiment qui est la résidence des médecins, on
trouve une pièce qui correspond à la pharmacie. Une maison, spécialement assignée pour les
saignées et les purges, une chambre pour les malades à risque. Un autre bâtiment abrite une
hôtellerie pour le repos des étrangers, avec une chambre commune et un réfectoire.
Dimension eschatologique avec le monastère de Saint Pierre le Vif. Il soigne les pauvres qui se
présentent au monastère pr se faire soigner. Donc on a la définition de la médecine qui est la science
qui protège ou restaure la santé.
Il existe des ordres hospitaliers qui sont spécialement fondés pour soigner les malades. Au départ cet
art médical est pratiqué par les monastères. Mais la méfiance à l’égard de cet art médical se fait au
13ème siècle. On va tenter d’écarter les ecclésiastiques de cette vocation médicale. C’est le Concile de
LATRAN 2ème de 1240 qui va imposer des limites des pratiques médicales par les moines.
Les caractéristiques de la période qu’on vient de couvrir = les soins spirituelles priment sur les soins
du corps. L’évêque tient le rôle principal, depuis les Diaconies jusqu’au Hôpitaux, et les ressources
des hôpitaux sont des ressources privées à chaque fois particulières qui ne font l’objet d’aucune
réglementation particulière.
B. L’Hôpital au Moyen-Age
C’est l’âge d’or de l’hôpital, 12 ème/13ème siècle. On est encore dans une dimension qui privilégie l’âme
au corps. Toujours cet aspect de la charité. La fondation d’un hôpital est un acte de piété. On a

Histoire du droit de la protection sociale


20
l’exemple du chancelier de Bourgogne. Fondateur de l’Hôtel Dieu de Beaune. NICOLAS ROLIN : La
dimension du salut de l’âme, aucun objectif humanitaire, il met de côté toute sollicitude humaine, le
moteur de son action c’est le salut. On parle de transaction, il échange contre des biens célestes (cad
le salut de Dieu), les biens temporels qui lui ont été accordés durant sa vie. Cette transaction va
s’opérer par la fondation d’un Hôpital pour les pauvres malades, c’est l’Hôtel Dieu de Beaune. ROLIN
désigne le public qui va désigner de sa probation, il créé un ordre religieux hospitalière dont il rédige
la règle. Cet établissement est l’expression d’une volonté. On pourrait multiplier les exemples, tous
les établissements sont liés à un fondateur qui précise l’emploi qu’il attend des fonds qu’il investit
dans les établissements. La seule exception est l’établissement pour les lépreux où on trouve une
certaine cohérence. Le dvpt de la maladie est telle que la lèpre devient une préoccupation publique
elle est du ressort des autorités laïques. On ne peut pas véritablement parler d’hôpital car il ne s’agit
pas de soigner mais de parquer les lépreux pr éviter les contagions.
Mais la technique médicale est au second plan voire inexistant. Il n’y a aucun médecin qui soit
attaché à un établissement, on a des visites de celui qu’on appelle le barbier ou du médecin de la
ville. Le nombre des praticiens est toujours inférieur à celui du personnel religieux jusqu’à l’extrême
fin du Moyen âge.
L’administration de ces H au MA, chaque établissement est issu d’une initiative locale, mais il y a un
certain nombre de point commun, l’évêque a le rôle ppal. C’est le gardien des biens des pauvres, et
donc le gardien des biens hospitaliers. Il assure donc la surveillance des établissements, qui
concrètement se traduit par une visite, plus ou moins régulière des établissements en question. Il y a
deux exceptions de cette direction et de cette mainmise de l’évêque :
- La fondation royale qui est sous le contrôle du Grand aumônier royal
- Les maisons fondées par les municipalités dans ce cas l’administration est confiée à un
magistrat de la ville et non plus à l’évêque.
Le titulaire du bénéfice conserve les revenus, ce qui fait que les bâtiments tombent en ruine, les
pauvres, les malades, ne sont plus soignés, l’Hôpital ne remplit plus sa mission d’accueil des pauvres
ou des malades. La solution du Concile de Viennes est d’inventer un autre mode de direction qui
s’appelle la « direction par simple administration », on est plus dans le cadre du bénéfice, le titulaire
n’est plus inamovible, il peut être destitué, on fait un inventaire à son entrée de charge et sa sortie
de charge, on contrôle le niveau des biens de l’H est le même ou supérieur. Il doit par ailleurs prêter
serment, il s’engage devant Dieu de respecter les biens des pauvres. Et surtout cet administrateur est
un laïque qui est nommé pour 3 ans. Or, les effets attendus n’ont pas eu lieu, car l’Eglise n’a pas
voulu porter atteinte à la volonté du fondateur qui est donc resté libre de revenir sur le bénéfice.
L’engagement auprès des pauvres et des malades est envisagé comme un service rendu au prochain.
Cet engagement c’est une tâche spirituelle, c’est un engagement chrétien. Du coup, on ne peut pas
dire qu’il y a un statut unique pour tout le personnel du MA. Le statut est variable d’un établissement
à un autre.
Les finances : le principe de la fondation est un financement qui repose sur la charité, mais ensuite,
une fois que l’établissement est fondé, il y a souvent une dote immobilière, cad des terres
cultivables, des bâtiments d’habitations, qui sont prévus au moment de la fondation et qui ont pr
vocation d’assurer des revenus réguliers à l’Hôpital. Les établissements sont sensés s’auto financer
par la suite. Et puis bien sûr des quêtes organisées à l’occasion de fêtes chrétiennes.
II. L’intervention laïque dans l’administration hospitalière
La situation particulière du 14ème siècle, avec la guerre de 100 ans qui a porté un coup dur aux
établissements hospitaliers. Avec une augmentation du nombre de démunis. Et une baisse des
ressources. Et puis un aspect plus moral qui est la conséquence du Grand Chiisme de l’Occident.
L’Eglise se trouve scindé en deux. Cela occasionne une perte de confiance. Et on ose de plus en plus à
dénoncer la mauvaise gestion de l’Eglise dans les hôpitaux. Donc on a toute une construction

Histoire du droit de la protection sociale


21
historiographique autour de la mauvaise gestion hospitalière. Ce qui est certain c’est qu’il y a une
crise hospitalière, et on assiste à une municipalisation des hôpitaux. Les corps de villes, les
institutions municipales vont être intégrées dans la gestion hospitalière.

Histoire du droit de la protection sociale


22

Vous aimerez peut-être aussi