Vous êtes sur la page 1sur 13

A- La protection sociale en Europe

Pourtant le concept de la Sécurité Sociale n’était pas ignoré dès l’Antiquité : la Grèce
Antique a connu la Société de Secours Mutuels, Rome, la Société Mutuelle.D’autres
techniques ont précédé la Sécurité Sociale et ont été mises en œuvre pour prévenir Les
risques sociaux. Dans les sociétés pré-industrielles ,la protection sociale de l’individu
reposait sur la notion D’assistance. C’est de là qu’est ressorti les différents modèles de
la protection sociale.

A- La naissance de la protection sociale

1) La mise en place de la protection sociale


La protection contre les risques sociaux ne date pas de la création de la Sécurité
sociale en 1945. Pendant l’Antiquité et au Moyen Âge des dispositions existaient pour
faire face aux aléas de la vie. Elles sont de nature charitable, puis des travailleurs se
regroupent par corporations pour s’entraider, le principe de solidarité est né. C’est le
début d’un long processus qui aboutit à la constitution de la protection sociale, sans
que l’assistance ne disparaisse pour autant. Pendant une vingtaine d’années, ses
prestations s’améliorent, avant qu’elle ne subisse de multiples attaques qui pourraient
la détruire si la mobilisation sociale n’est pas suffisamment puissante.
Au Moyen Âge le clergé et la noblesse considèrent que l’aumône apportée aux pauvres
est un devoir moral. Les hospices fondés par l’Église sur tout le territoire ont pour
fonction de nourrir et d’héberger les plus indigents. Cette charité ne réduit qu’à la
marge la misère qui touche la grande majorité de la population et facilite aussi le
contrôle social des plus miséreux . Pendant toute le Moyen Âge, la solidarité entre
travailleurs d’une même profession s’établit au sein de confréries, de corporations, de
compagnonnages. La première association à s’intituler « Société de secours mutuel »
(SSM) est créée après la révolution française par les ouvriers charpentiers de Paris.
Mais la loi Le Chapelier, promulguée en 1791 proscrit tout regroupement
professionnel. En 1793, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen reconnaît le
droit de chaque citoyen à l’assistance : « La société doit la subsistance aux citoyens
malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister ».
Des confréries « de bienfaisance mutuelle » se forment mais la philanthropie est loin
de répondre aux besoins et aspirations des travailleurs d’une société qui s’industrialise
durant le 19e siècle. Ces mutuelles répondent à des besoins sociaux, et organisent des
travailleurs. Elles deviennent ainsi le ferment des premières luttes ouvrières. Quatre
ans après la révolution de 1848 un décret légalise leur existence en créant les «
sociétés de secours mutuel approuvées » (SSM).

2) Les objectifs de la protection sociale

En matière de protection sociale, la construction européenne a consisté principalement,


jusqu’à présent, à promouvoir des mesures ou des procédures visant à ne pas pénaliser
le développement du marché unique, puis à favoriser le bon fonctionnement de
l’UEM.

Objectif de la protection sociale est d’abord d’amener les différents Etats à prendre les
dispositions législatives nécessaires, en matière de sécurité sociale, pour appliquer le
principe de libre circulation des travailleurs inscrit dans le traité de Rome. La
coordination a été mise en œuvre dès 1958, puis elle a été redéfinie par un règlement

en 1971, qui en constitue toujours le socle. Elle est fondée sur quatre principes :
l’unicité de la législation applicable, qui est celle du pays d’emploi ; l’égalité de
traitement entre les nationaux et les non-nationaux ; l’agrégation des périodes de
cotisation ; et le maintien des droits acquis, c’est-à-dire l’obligation d’étendre les
prestations acquises aux travailleurs résidant sur le territoire d’autres Etats membres.
Ces principes se déclinent dans les différentes branches de la sécurité sociale selon des
dispositions propres. Cette coordination, dont les modalités concrètes laissent souvent
à désirer, pousse néanmoins à une harmonisation accrue des conditions d’accès aux
prestations. Les systèmes de protection sociale aident les individus et leurs familles, et
plus particulièrement les ménages pauvres et vulnérables, à affronter les crises et les
chocs, trouver un emploi, gagner en productivité, investir dans la santé et l’éducation
de leurs enfants et protéger ceux qui vieillissent. Les programmes de protection sociale
jouent un rôle crucial dans les efforts déployés pour renforcer le capital humain chez
les populations les plus vulnérables du monde. Ils leur donnent les moyens d’être en
bonne santé, de poursuivre des études et de se saisir des opportunités qui pourraient
leur permettre de s’extraire et sortir leurs familles de la pauvreté.

B- Évolution de la protection sociale


1) Les acteurs principaux de la protection sociale
Lorsque l’on étudie les systèmes de protection sociale, leur mode de fonctionnement et
de financement, on constate qu’ils sont structurés autour de deux archétypes  : le
modèle bismarckien (fondé sur les premières assurances sociales mises en œuvre par
le chancelier Bismarck au sein de l’Empire allemand) et le modèle beveridgien
(reposant sur les idées de l’économiste britannique William Beveridge)

a) Le modèle du chancelier BISMARCK

Si, dans l’imaginaire français, le chancelier allemand Otto von Bismarck (1815-1898)
est surtout assimilé au « chancelier de fer » et à « l’ennemi prussien », il est devenu
une figure emblématique de la protection sociale en ayant mis en œuvre en
Allemagne, à la fin du XIXe siècle, un système de protection sociale contre les risques
maladie (1883), accidents de travail (1884), vieillesse et invalidité (1889).
Les motivations qui sont à l’origine du système bismarckien sont éminemment
politiques et résident dans le souci de juguler les mouvements syndicaux et socialistes
en améliorant les conditions de vie du prolétariat ouvrier. Ce système se fonde sur des
logiques que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreux systèmes de protection
sociale.

Plusieurs principes sous tendent ce modèle :


 Une protection fondée uniquement sur le travail et sur la capacité des individus
à s’ouvrir des droits grâce à leur activité professionnelle ;
 Une protection obligatoire ;
 Une protection reposant sur une participation financière des ouvriers et des
employeurs qui prend la forme de cotisations sociales ;
 Des cotisations qui ne sont pas proportionnelles aux risques – comme dans la
logique assurantielle pure – mais aux salaires. On parle ainsi de « socialisation
du risque » ;
 Une protection gérée par les salariés et les employeurs.

a) Le modèle de l’économiste britannique William Beveridge


En 1942, à la demande du Gouvernement britannique, l’économiste William
Beveridge (1879-1963) rédige un rapport sur le système d’assurance maladie.
Partant du constat qu’il s’est développé sans réelle cohérence, il propose de le
refonder sur plusieurs principes qui deviendront autant de caractéristiques du
système dit « beveridgien » (les trois premiers étant connus sous le nom des
« trois U »)  :
 Universalité de la protection sociale par la couverture de toute la
population (ouverture de droits individuels) et de tous les risques ;
 Uniformité des prestations fondée sur les besoins des individus et non
sur leurs pertes de revenus en cas de survenue d’un risque ;
 Unité de gestion étatique, par le biais d’une assurance nationale
financée par l’impôt ;
 Financement reposant sur l’impôt.

2) Les défis de la protection sociale

Au cours du milieu du 19ème siècle et dans la grande période d’industrialisation,


une partie Du patronat s’est montrée favorable à la mise en place de mesures à
caractère social. En Effet, face à une main d’œuvre rurale et instable, il va, dans
son propre intérêt, chercher à la Stabiliser. C’est ainsi que les industriels des mines
et des chemins de fer (Godin, Creusot, Schneider) ont institué des Caisses de
Secours et des Régimes de retraite pour leurs Salariés, mais aussi des dispensaires,
des hôpitaux, des crèches, des écoles Professionnelles, des logements et des jardins
ouvriers. Certains employeurs ont même versé des compléments de salaires à leurs
ouvriers chargés de famille.

C’est également, à cette époque, que les syndicats ouvriers, notamment dans le
secteur des mines et des chemins de fer, commencent à demander l’intervention
des Pouvoirs Publics Pour mettre en place une protection sociale obligatoire. Les
premiers textes législatifs sont Votés :

-1894 Lois sur les retraites des mineurs

-1898 Lois sur les accidents du travail

-1909 Lois sur les retraites des cheminots


La pression des syndicats ouvriers devient de plus en plus forte pour obtenir
l’intervention de L’Etat dans le règlement des conflits qui opposent le patronat et
la classe ouvrière dans le Domaine de la protection sociale.C’est ainsi que fut
votée la Loi du 5 avril 1910 sur les Retraites Ouvrières et Paysannes. Cette Loi a
institué un Régime d’Assurance Vieillesse obligatoire pour les ouvriers de
L’Industrie et de l’Agriculture. Il était basé sur le principe de la capitalisation et
son Financement était assuré par une double cotisation des salariés et des
employeurs et par Une subvention de l’Etat. Malheureusement, ce régime s’est
soldé par un échec : pas assez d’ouvriers concernés et Au lendemain de la
Première Guerre Mondiale, l’inflation a fait fondre l’épargne constituée Il fallut
attendre la première moitié du 20ème siècle pour voir la naissance des Assurances
Sociales et des Allocations Familiales . Avant la Première Guerre Mondiale, la
politique sociale est beaucoup plus avancée en Angleterre et en Allemagne qu’en
France. Dès 1883, l’Allemagne du Chancelier Bismarck S’était dotée d’un système
d’Assurance Maladie et Invalidité ; l’Angleterre avait fait de même En 1911 pour
l’Assurance Maladie (National Insurance Act).Ainsi, après le premier conflit
mondial se pose, en France, le cas de l’Alsace et de la Lorraine qui, pendant
l’occupation Allemande, ont bénéficié d’une meilleure protection Sociale
(Assurances obligatoires gérées à la fois par les employeurs et les salariés).Il
faudra près de 10 ans de débats parlementaires pour parvenir, en France, au vote
des Lois de 1928/1930 instituant les Assurances Sociales. La Loi du 5 avril 1928
crée pour tous Les salariés une Assurance Vieillesse fondée sur le principe de la
capitalisation ainsi qu’une Assurance Maladie. Celle-ci fut complétée par la Loi du
30 avril 1930. Ainsi, l’ensemble des Salariés était désormais couvert contre les
risques Maladie, Invalidité, Vieillesse .C’est aussi à cette époque que sont créées
les Allocations Familiales (Loi du 11 mars 1932). En effet, certaines entreprises
versaient à leurs salariés chargés de famille un sursalaire, Mais le système était très
inégalitaire. Par la Loi de 1932, le Gouvernement a étendu le Bénéfice des
Allocations Familiales à l’ensemble de la population en obligeant tous les
Employeurs de l’Industrie et du Commerce à s’affilier à des Caisses de
compensation Agrées par l’Etat

B- L’apparition de la protection sociale dans le continent Africain


Les politiques de protection sociale sont introduites dans les pays en
développement essentiellement après la Seconde Guerre mondiale. Selon les
termes de la Convention nº 102 de l’OIT datant de 1952, elles comprennent des
politiques de sécurité sociale pour protéger les travailleurs contre les risques
sociaux. La Convention nº 102 définit les neuf domaines dans lesquels doit
intervenir la sécurité sociale : l’accès aux soins de santé, l’assurance maladie, le
chômage, la retraite, les accidents du travail, les allocations familiales, l’assurance
maternité, l’assurance invalidité et les pensions de survivants. Elle définit
également le niveau minimal des prestations qui doivent être fournies.

A- Évolution en Afrique

1) L’installation de la protection sociale en Afrique

En matière de protection sociale, et au-delà des points communs, il est possible


de distinguer plusieurs trajectoires de politiques sociales en Afrique (Bailey,
2004). Les pays d’Afrique du Nord connaissent l’extension la plus grande des
assurances sociales de type bismarckien (pensions de retraite, assurance
maladie, assurance contre les accidents du travail, allocations familiales),
d’abord sous le régime colonial, puis après les indépendances. Ainsi, les pays
qui disposent d’une économie de rente fondée sur les énergies ont mis en place
des systèmes de protection sociale relativement généreux qui visent
essentiellement à créer un lien de clientèle entre le pouvoir et les travailleurs.
Profitant des ressources extractives, ils ont pu développer des services publics
de base généralement gratuits (santé, assistance…). Les assurances sociales
sont également assez développées. Elles découlent strictement de l’intégration
des travailleurs au sein d’un secteur public pléthorique. Ces salariés bénéficient
de soins de santé gratuits – ou partiellement –, d’une assurance contre les
accidents du travail, de pensions de retraite et d’allocations familiales (alors
que les salariés du secteur privé ne bénéficient pas de ces avantages).
Toutefois, la persistance de ces régimes dépend étroitement de la croissance de
l’économie de rente. En Afrique subsaharienne française, le colonisateur
introduit d’abord des programmes d’assurances sociales dans le domaine des
accidents du travail, puis l’assurance maternité et les allocations familiales.
Ces programmes sont maintenus par les pouvoirs issus des indépendances, qui
élargissent la sécurité sociale obligatoire au domaine des pensions de retraite
pour les salariés du secteur moderne entre 1960 et 1965. De manière classique,
la pension de retraite est fixée en fonction du salaire et de la durée des
cotisations. Dans les pays de colonisation britannique, la priorité est accordée
aux accidents du travail. Les assurances sociales, par contre, sont moins
développées et, lorsqu’elles existent, elles versent un minimum vital forfaitaire
(lump sum). Il n’existe pas d’équivalent des politiques familiales mises en
place dans les anciennes colonies françaises. Les agents publics sont
généralement les seuls destinataires des assurances sociales. En revanche, les
services de santé nationaux et les politiques sociales communautaires
connaissent une extension plus grande. Dans quelques pays sont créés des
systèmes de pension nationaux fondés sur l’épargne (provident funds)
(Charlton et McKinnon, 2001). Les pays d’ancienne colonisation portugaise ne
connaissent pour leur part que des formes rudimentaires d’assurances sociales.
En définitive, même si l’écart est grand entre les réalisations africaines et celles
du Nord, il n’en demeure pas moins que la protection sociale dans les sociétés
d’ancienne colonisation française ou britannique s’édifie selon deux schèmes
distinctifs qui reflètent fortement l’empreinte de leurs origines. Ces politiques,
qui ne couvrent effectivement qu’une partie très faible de la population
africaine (moins de 10 %), ne font sens que dans la perspective dominante
d’une industrialisation-salarisation progressive du continent africain. Dans les
décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale, les élites politiques
africaines s’inscrivent largement dans cette perspective. En outre, comme en
Amérique latine, les pouvoirs cherchent à s’attacher les membres du monde
salarié. Quant aux membres des sociétés paysannes, ils continuent de
fonctionner sous le registre des solidarités traditionnelles (Vuarin, 2000) et de
bénéficier de maigres prestations de services publics de santé.

2) L’expression de la protection sociale


L’extension de la sécurité sociale au-delà du secteur formel ne constitue alors
pas un enjeu international. La notion de protection sociale en dehors de toute
contribution est un quasi-tabou, l’assistance faisant l’objet de réflexions
puritaines dès l’origine des politiques de développement. Au niveau micro, le
dicton « Il est préférable d’apprendre à pêcher que de donner un poisson » fait
obstacle aux politiques d’aide aux pauvres. Au niveau macro, la croissance
économique comme impératif primordial fait consensus. On estime que la
croissance produira peu à peu une augmentation du niveau de vie des
populations (trickle-down effect), qui entreront progressivement dans le
secteur moderne.

Ce schéma dual entre un secteur formel protégé et un secteur informel non


protégé s’effondre au cours de la décennie 1980, sous l’influence des crises
économiques et sociales, des plans d’ajustement et des idées « néolibérales ».
La sécurité sociale n’est plus considérée comme un objectif légitime mais
comme un obstacle au développement de l’économie de marché. La rupture est
alors radicale : les politiques de sécurité sociale des travailleurs sont accusées
de favoriser de manière inéquitable les salariés au détriment des pauvres du
secteur informel. Les années 1980 marquent par ailleurs la marginalisation
relative de l’ONU et de ses institutions de Genève, dont notamment l’OIT.

Très rapidement cependant, les organisations financières sont obligées


d’ajouter un volet social au volet purement économique des ajustements. Un
rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) souligne les
effets sociaux désastreux des programmes d’ajustement structurel et pousse à
l’émergence d’une phase d’« ajustement à visage humain » (Cornia et al.,
1987). Durant cette période, les programmes de filets de sécurité à court terme,
réservés aux plus pauvres et visant avant tout à servir d’amortisseurs de crise
en période d’ajustement, deviennent les programmes-clés de protection sociale
(Mkandawire, 2004).

Le Rapport sur le développement dans le monde de 1990 (Banque mondiale,


1990) légitime les programmes de filets de sécurité sociale. Ces programmes
doivent essentiellement servir à protéger les personnes contre deux adversités
économiques : l’incapacité chronique à travailler et à obtenir un revenu, et/ou
la réduction de cette capacité dans des périodes de chocs économiques,
politiques ou environnementaux. De manière générale, les filets de sécurité
sont basés sur des transferts monétaires ou sur la fourniture de denrées
alimentaires (Gentilini, 2005). Lorsque c’est possible, les programmes de filets
de sécurité cherchent à éviter le « piège de la dépendance » en articulant les
filets à des programmes d’activation (par exemple des programmes de travaux
publics). Durant les années 1990, le terme « filets de sécurité sociale » est
souvent utilisé dans le milieu du développement pour définir le concept de
protection sociale. La Banque mondiale défend alors cette conception
minimaliste et pragmatique de la protection au nom du réalisme fiscal et
institutionnel (Devereux et Sabates-Wheeler, 2007).

12La seconde moitié des années 1990 marque une inflexion, dans un contexte
de crise économique et sociale. La crise asiatique de 1997 montre l’urgence de
trouver des solutions nouvelles pour protéger les populations des chocs. Le
Sommet mondial pour le développement social, organisé par l’ONU à
Copenhague en 1995, puis les différents processus conduisant à l’adoption des
stratégies de réduction de la pauvreté par la Banque mondiale et le Fonds
monétaire international (FMI) en 1999 puis à celle des OMD de l’ONU par la
communauté internationale en 2000, construisent un nouveau programme
d’action. La concentration des efforts sur la lutte contre la pauvreté va avoir
pour effet de donner une priorité nouvelle à la protection sociale.

B-La protection sociale au Gabon

1) La mise en place de la protection sociale

Le projet gabonais d’assurance maladie obligatoire et universelle s’inscrivait


dans le cadre de la réforme du système gabonais de protection sociale initiée
par le Gouvernement en 2002. En effet, le risque maladie avait été identifié,
parmi tant d’autres, comme celui qui préoccupait le plus les Gabonais.

Cette conclusion fut confirmée par des experts internationaux, tel que le
Ministre Bernard KOUCHNER qui, à la demande du défunt Chef de l’Etat,
Omar BONGO ONDIMBA, avait aussi réalisé, en 2004, une étude de
faisabilité d’une assurance maladie obligatoire et universelle au Gabon.
Il faut toutefois rappeler qu’au début de la réflexion, il avait été envisagé la
gestion de l’assurance maladie par les organismes existants à cette époque :

 La Caisse Nationale de Sécurité Sociale pour les salariés du secteur


privé ;
 La Caisse Nationale de Garantie Sociale pour les agents de l’Etat et
les personnes économiquement faibles.

Des discussions furent engagées entre le Ministre des Affaires Sociales en


charge du dossier et les autres membres du Gouvernement directement
concernés, ainsi qu’avec les partenaires sociaux. Mais, l’absence de consensus
au sein du Gouvernement ne permit pas l’adoption du projet de loi y relatif.

Ce dossier sera relancé en 2006. Mais là encore, deux courants vont apparaitre
au sein du Gouvernement et de l’opinion nationale.

Un courant soutenait le premier scénario, à savoir la gestion de l’assurance


maladie par les organismes existants, au motif que la pluralité des structures
allait augmenter les coûts de gestion pour la communauté nationale.

L’autre courant, sur la base des rapports de la Conférence Interafricaine de la


Prévoyance Sociale (CIPRES) et des Commissaires aux comptes, préconisait la
création d’un organisme spécifique chargé de la gestion de l’assurance
maladie, en raison de la délicatesse de ce risque. Par rapport à la pluralité des
organismes évoqués par les tenants du premier courant, il proposait la
liquidation de la CNGS qui était devenue quasiment un guichet de paiement du
Trésor Public, ainsi que le transfert de ses compétences à d’autres structures.

Le défunt Président Omar BONGO ONDIMBA, très perspicace et surtout


grand visionnaire, trancha en faveur du deuxième courant, à savoir, la création
d’une structure spécifique dédiée à la gestion du risque maladie qu’il dénomma
la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS).
Aussi par l’ordonnance n° 002/PR/2007 du 04 janvier 2007 instituant un
régime obligatoire d’assurance maladie et de garantie sociale en République
Gabonaise, la CNAMGS fut créée. Une autre ordonnance n°001 de la même
date fixait le régime des prestations familiales des gabonais économiquement
faibles (GEF) et confiait leur gestion à la CNAMGS.
2) Le fonctionnement de la protection sociale

Deux semaines après la signature de ces ordonnances présidentielles, les


premiers cadres dirigeants furent nommés en Conseil des Ministres le 18
janvier 2007. Ils avaient pour mission principale de mettre en place le régime
obligatoire d’assurance maladie, dans des délais très courts.

Aussi, ces derniers furent tout de suite confrontés au problème des moyens
financiers et matériels. En effet, la CNAMGS, à l’époque, ne disposait ni de
budgets, ni de locaux pour mener ses activités. Ces conditions furent satisfaites,
en milieu d’exercice budgétaire, grâce aux interventions personnelles du défunt
Chef de l’Etat.

Par ailleurs, les ordonnances du 04 janvier 2007 n’ayant finalement pas été
ratifiées par l’une des chambres du Parlement, conformément aux procédures
constitutionnelles habituelles, à cause de la transmission tardive de celles-ci,
feu Omar BONGO ONDIMBA a dû signer à nouveau d’autres ordonnances, le
22 août 2007, sous les numéros 0022/PR/2007 et 0023/PR/2007 fixant
respectivement un régime obligatoire d’assurance maladie et un régime des
prestations familiales des Gabonais économiquement faibles. Ces textes
furent, cette fois, ratifiés par le Parlement le 28 décembre 2007, grâce à son
appui personnel et promulgués en janvier 2008.

Sur le plan de la méthode de travail, le Gouvernement décida de la prise en


charge progressive des populations, au regard de l’immensité du travail à faire.
Ainsi, le chronogramme suivant fut adopté :

2009 : prise en charge des GEF ;


2010 : les fonctionnaires ;
2011 : les salariés du privé.
Le 19 décembre 2008, les premières cartes d’assurance maladie aux GEF
seront remises au cours d’une cérémonie solennelle présidée par feu Omar
BONGO ONDIMBA, concrétisant ainsi un rêve qu’il caressait depuis : offrir
aux gabonais un régime obligatoire d’assurance maladie pour tous.
Après son décès en juin 2009, soit six mois après la remise des premières
cartes, la CNAMGS bénéficie de toutes les attentions de son successeur à la
tête du pays, le Président Ali BONGO ONDIMBA qui ne ménage aucun effort
pour préserver et capitaliser ce précieux héritage. On pourra citer :

l’inauguration officielle du siège social de la CNAMGS par le Président lui-


même, le 25 juin 2010 ;
la revalorisation du montant des allocations familiales des gabonais
économiquement faibles de 1000 FCFA par enfant et par mois à 4000 FCFA.
les mesures prises lors du discours à la Nation du 16 août 2011 pour rendre
plus visible l’action de la CNAMGS, notamment une meilleure prise en charge
des malades, etc.
En conclusion, grâce à ces qualités de visionnaire et à sa foi inébranlable en ce
projet, le défunt Président Omar BONGO ONDIMBA a fait du Gabon le
premier pays en Afrique Subsaharienne à disposer d’un régime obligatoire
d’assurance maladie universelle. Cet héritage, qui fait aujourd’hui la fierté de
tous les gabonais, suscite l’admiration d’autres pays africains qui veulent
s’inspirer de l’expérience gabonaise en matière d’assurance maladie sociale, à
en juger par la demande faite au Gabon de faire une présentation de son
système d’assurance maladie, lors de la 16ème session ordinaire du Conseil des
Ministres de la Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale (CIPRES)
de février 2011 à Yaoundé et les différentes missions reçues à Libreville à cet
effet.
CONCLUSION

En somme la protection sociale est un ensemble des mécanismes qui permettent aux individus
de faire face à des situations comme la maladie, les accidents de travail, la maternité, la
vieillesse ou le chômage susceptibles de provoquer une baisse de leur ressources ou une
hausse de leur dépense. Les recherches effectuées sur le passé de la protection sociale nous
ont permis de découvrir les procédés utilisés par différents États , que ce soit sur le continent
africain ou européen pour promouvoir des politiques et de systèmes de protection sociale,
dans le but de réduire les risques que l’on peut rencontrer au quotidien. Cet exposé est axé
uniquement sur la naissance, l'évolution et l'extension de de la protection sociale en Europe,
en Afrique et au Gabon .

Vous aimerez peut-être aussi