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COURS DE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

INTRODUCTION

Il est des termes difficilement accessibles quasiment insaisissables, l’environnement


en fait partie. Qu’est ce que l’environnement ? La notion d’environnement est un concept
pluridimensionnel mêlant à la fois les espaces, les espèces, la culture, l’économie… Le code
de l’environnement en son article premier s’est essayé à un exercice périlleux en optant pour
une définition globalisante selon laquelle : « L’environnement est l’ensemble des éléments
physiques, chimiques, biologiques, et des facteurs sociaux économiques, moraux et
intellectuels susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur le
développement du milieu des êtres vivants et des activités humaines. ». Cette définition
parait satisfaisante encore faut-il que les termes soient précisés de façon individuelle. Le code
de l’environnement ne manque pas de définir les notions essentielles en matière de
l’environnement. Nous définirons les termes suivants :

- L’environnement humain :
Il concerne le cadre de vie, et l’aménagement du territoire ;
- L’environnement naturel :
Il comprend le sol et sous-sol, les ressources en eaux, l’air, la diversité biologique,
les paysages, les sites naturels, etc ;
- Les ressources en eaux :
Elles comprennent les eaux intérieurs de surface et les eaux souterraines ;
- L’air :
C’est la couche atmosphérique dont la modification physique, chimique ou
autre peut porter atteinte à la santé des être vivants, aux écosystèmes et à
l’environnement en général ;
- Le paysage :
Le paysage est une portion du territoire dont les divers éléments forment un
ensemble pittoresque par la disposition de ses composants ou les contours de ses
forment ou l’effet de ses couleurs ;
- Le monument naturel :

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Le monument naturel est un élément ou groupe d’éléments qui par sa nature,
tels que rochers, arbres, bouleversements du sol, sources, accidents géologiques ou
autres, qui séparément ou ensemble forment un panorama digne d’attention ;
- L’écosystème :
L’écosystème est un ensemble structuré qui englobe en une seule et même
unité fonctionnelle le biotope et la biocénose ;
- Le biotope :
Le biotope est l’aire géographique où l’ensemble des facteurs physiques et
chimiques de l’environnement restent sensiblement constant ;
- La biocénose :
C’est l’ensemble des végétaux et animaux qui vivent dans les mêmes
conditions de milieu et dans un espace donné de dimension variable ;
- La pollution :
C’est la contamination ou la modification directe ou indirecte de
l’environnement provoqué par tout acte susceptible, soit d’altérer le milieu de vie de
l’homme et de d’autres espèces vivantes, soit de nuire à la santé, à la sécurité au bien
être de l’homme, de la flore et de la faune ou aux biens collectifs et individuels ;
- La pollution des eaux :
C’est l’introduction dans le milieu aquatique de toute substance susceptible de
modifier les caractéristiques physiques, chimiques et ou biologiques de l’eau et de
créer des risques pour la santé de l’homme, de nuire à la faune et à la flore terrestre et
aquatique de porter atteinte à l’agrément des sites ou gêner tout autre utilisation
rationnelle des hommes ;
- La pollution atmosphérique :
Egalement appelée pollution de l’air, c’est l’émission volontaire ou
accidentelle dans la couche atmosphérique de gaz, de fumée, ou de substances de
nature à créer des nuisances pour les êtres vivants à compromettre leur santé ou la
sécurité publique ou à nuire à la production agricole, à la conservation des édifices, ou
au caractère des sites et paysages ;
- La nuisance :
C’est toute atteinte à la santé des êtres vivants de leurs faits ou non, par
l’émission de bruits de lumières, d’odeurs ;

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- Les déchets :
Ce sont des produits solides liquides ou gazeux résultant des activités des
ménages, d’un processus de fabrication ou tout bien meuble ou immeuble abandonné
ou qui est menacé de ruine ;
- Les déchets dangereux :
Sont des produits solides, liquides ou gazeux, qui présentent une menace
sérieuse ou des risques particuliers pour la santé, la sécurité des êtres vivants et la
qualité de l’environnement ;
- La pêche :
La pêche consiste en la capture, l’extraction, ou la récolte de poissons, cétacés,
chéloniens, végétaux, planctons, ou d’animaux vertébrés ou invertébrés vivant
partiellement ou complètement dans un milieu aquatique ;
- La chasse :
La chasse consiste en tout acte tendant à blesser ou à tuer pour s’approprier ou non, le
tout ou partie de la dépouille un animal en liberté dans son milieu naturel au sens des textes
législatifs et réglementaires en vigueur ; détruire les œufs des oiseaux et des reptiles.

Le droit va s’intéresser à toutes ces notions environnementales. Le droit de


l’environnement connait depuis quelques années un développement important. Mais qu’est ce
que le droit de l’environnement ?

CHAPITRE 1 : OBJET DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Il convient d’analyser l’émergence du droit de l’environnement en Côte d’Ivoire dans


un premier temps. Cet essor n’est pas sans rien avec les différents mouvements écologiques
partout dans le monde. Les objectifs assignés au droit de l’environnement vont forger le
caractère de celui-ci. Dans un deuxième temps il s’agira de s’attarder sur les sources de ce
droit.

Section 1 : L’émergence du droit de l’environnement

Le droit de l’environnement est un droit qui est en évolution, notamment en ce


qu’il se juridicise, c'est-à-dire que son rapport au droit devient de plus en plus étroit. Pendant
longtemps, le droit de l’environnement était un droit souple, c'est-à-dire qu’il était composé
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de grandes déclarations d’intentions (de beaux discours), qui faisaient l’objet d’affichage
politique mais les aspects contraignants n’étaient pas très développés. Le droit de
l’environnement à son origine dans les pays anglo-saxons et c’est par le biais du droit
international qu’il s’est développé en Côte d’Ivoire. L’émergence du droit de l’environnement
en Côte d’Ivoire est justifiée par la prise de conscience des enjeux environnementaux. Les
acteurs de la scène environnementale vont jouer un rôle particulièrement important voire
décisif pour les causes écologiques.

Paragraphe 1 : Les nécessités d’un droit

A/ définition du droit de l’environnement

On peut définir le droit de l’environnement, de plusieurs façons. Le Professeur Michel


PRIEUR définit le droit de l’environnement dans le cadre de ce qu’on appelle une analyse
systémique. Il considère que ce droit rend compte et encadre les interactions des êtres vivants
entre eux et avec leur milieu. Le Professeur PRIEUR considère que le droit de
l’environnement peut se définir soit par un critère institutionnel, soit par un critère matériel.

Si l’on se place du côté institutionnel, le droit de l’environnement c’est l’ensemble des


règles juridiques relatives à l’environnement qui relève de la compétence du Ministère de
l’environnement.

Du point de vue matériel, le droit de l’environnement recouvre l’ensemble des règles


juridiques qui relèvent des dispositions contenues dans la loi n°96-766 du 3 Octobre 1996
portant code de l’environnement et du décret n°98-43 du 28 Janvier 1998 relative aux
installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

Le Professeur ROMI Raphael (Doyen de la faculté de droit à Nantes) insiste sur le


fait que le droit de l’environnement est un droit carrefour, c'est-à-dire un droit non seulement
au carrefour entre le droit interne et le droit international, mais également au carrefour entre le
droit privé et le droit public et enfin un droit carrefour à la recherche d’une régulation des
rapports entre science et droit.

Pour les besoins de notre cours, nous retiendrons la définition suivante : le droit de
l’environnement est l’ensemble des règles juridiques visant à préserver la nature (faune et
flore), le patrimoine (sites, paysages, monuments historiques), et le voisinage (ce qui

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entoure les individus, l’air, l’eau, le sol, les milieux marins), des atteintes provoquées par
certaines activités humaines ou par la survenance de risques naturels.

Le droit de l’environnement ayant été définit, il convient d’indiquer comment l’être


humain prit conscience de la nécessité d’un droit pour protéger l’environnement.

B/ Les constatations de la nécessité d’un droit de l’environnement

La réduction de la couche d’ozone, le réchauffement climatique, la catastrophe


nucléaire de Tchernobyl (en Ukraine), l’érosion des ressources naturelles en raison de la sur
exploitation à laquelle elle se trouve soumise. Les sites orphelins (sites potentiellement
pollués dont le responsable n’est pas connu ou insolvable), la dissémination des organismes
génétiquement modifiés et l’implantions d’antenne de téléphone constituent quelques faits ou
événements que l’on regroupe sous le vocable de problèmes environnementaux. On estime
que la moitié des fleuves mondiaux sont pollués ou dégradé, que les forêts régressent. La
diversité biologique s’étiole, la couche d’ozone se creuse et peut être surtout que nous avons
considérablement accéléré un processus climatique inquiétant. Au fil du temps, de
nombreuses activités humaines se sont révélées attentatoires au milieu naturel. Déjà dès la
plus haute antiquité les gouvernements ont dicté des normes en vue d’assurer la protection de
la vie sauvage et des milieux naturels. Le droit forestier est né à Babylone en 1900 avant
Jésus-Christ. Autre exemple : Le pharaon Aquénaton a crée la première réserve naturelle en
1370 avant Jésus-Christ. C’est l’empereur Indien Asoka qui a rédigé au IIIème siècle avant
Jésus-Christ le premier texte protégeant plusieurs espèces animales. C’est surtout à la fin des
années 1960 que le droit de l’environnement connait son essor à cause du développement de
la société industriel et de la logique productiviste.

Dans le cadre de la Côte d’Ivoire, on remarque que la protection de l’environnement


s’installe dans la vie des Ivoiriens depuis les années 1970. A cette époque, la préoccupation
s’analysait en une protection de la flore et de la faune. Il s’agit concrètement d’une lutte
contre les feux de brousse. L’économie de la Côte d’Ivoire faut-il le rappeler est basée sur
l’agriculture. En conséquence la protection de la forêt et de la savane a constitué l’essentiel de
la préoccupation environnementale. Depuis le 19 Août 2006 l’attention des Ivoiriens est
focalisée sur la résolution des questions relatives à la réparation des dommages de pollution
causée par le déversement des déchets toxiques par le ‘’Probo koala’’. Ce tragique événement,
a révélé le lien entre la santé et l’environnement. Dès lors la préoccupation environnementale
est devenue aigue. Au delà de cette catastrophe, il existe d’autres formes de dégradation de

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l’environnement dans notre pays. L’érosion de la biodiversité se trouve au premier rang
d’entre eux. On constate en effet une vague d’extinctions massives et extrêmement rapide des
espèces animales et végétales, alors même que les connaissances demeurent insuffisantes sur
ce qui serait le niveau de biodiversité minimal de chaque écosystème nécessaire afin de
maintenir ces avantages directs pour les êtres humains. Par ailleurs, la destruction de la forêt
se poursuit à l’échelle mondiale des tropiques aux zones nordiques selon les analyses
convergentes de la FAO et du World Rain Forest Movement 13 à 16 millions d’hectares de
végétations sont détruites chaque année. De même, très préoccupante sont les menaces dues
au risque de dommages irréversibles. L’irréversibilité des processus environnementaux
s’imposent avec évidence. Par exemple : Une espèce éteinte l’est pour toujours. Les menaces
sur l’environnement s’avèrent complexe à identifier et à traiter, car elles sont liées les unes
aux autres. La crise environnementale revêt de multiples dimensions en interaction
permanente. De plus, une recherche menée à l’université de Torronto indique que le
changement climatique agit sur l’environnement de sortes que les maladies des zones
tropicales sont de plus en plus constatées en hémisphère nord. Les préoccupations
environnementales sont universelles la plupart du temps comme on le remarque. Aussi la
maitrise de ces menaces a abouti à la mise en place des instruments pour résoudre les
problèmes environnementaux. Le droit de l’environnement représente l’un de ces outils pour
la résolution de la crise environnementale actuelle. Nées des turbulences, le droit de
l’environnement, à peine sortie de l’adolescence a réussi avec prouesse si imparfait et achevé
soit il, à être un droit de solidarité et de réconciliation. La mise en place d’un droit
singulièrement affecté aux réponses à ces défis s’avère nécessaires. Le droit de
l’environnement est avant tout un droit pour l’environnement. C'est-à-dire la suppression ou
la limitation, des impactes nocifs des activités humaines sur le milieu naturel et ces éléments.
Quelle est la fonction du droit de l’environnement ?

C/ Les fonctions du droit de l’environnement

Le droit de l’environnement est un droit indissociable de la protection de


l’environnement parce qu’il est étroitement lié à toutes formes de protection. En effet il ne
peut y avoir de protection ou de prévention sans interdiction. Le droit de l’environnement en
général et celui de la Côte d’Ivoire en particulier rempli trois fonctions essentielles en
matières de protection de l’environnement. Il joue à la fois un rôle préventif, dissuasif et
enfin curatif.

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- Fonction préventive d’abord en ce sens que les acteurs sociaux qui créditent
d’autorités, les règles de droit édictée par les instances investies du pouvoir normatif
au sein de la société vont s’efforcer à articuler leur conduite aux normes juridiques
réglementant les rapports avec l’environnement. Ainsi dans le domaine des ressources
en eau par exemple, le droit joue un rôle fondamental dans la gestion rationnelle des
lacs et fleuves internationaux africains. Grâce à diverses conventions les bassins qui
réglementent leur utilisation et préserve-leur équilibre écologique.

- Fonction dissuasive est définie par rapport aux atteintes à l’environnement. Le droit
de l’environnement est dissuasif en ce sens que bon nombre d’acteurs sociaux ne
respectent la loi que par crainte de la sanction dont elle est assortie. Par exemple les
multinationales craignent les lourdes amendes mais aussi les atteintes à leurs images
lorsqu’elles sont impliquées dans les dommages liés à l’environnement. Aussi une loi
punissant d’une lourde amende d’une personne qui se rendrait coupable de
l’introduction et du stockage de déchets dangereux sur le territoire national pourrait
avoir pour effet de dissuader tous ceux qui seraient tentés de commettre un tel forfait.

- La fonction curative, le droit dans l’environnement est curatif. En ce sens qu’il permet
de prescrire les mesures à prendre pour restaurer un site dégradé par l’activité humaine
ou la réparation pécuniaire à verser à la victime d’un préjudice écologique irréparable
au moyen de la Restitutio in integrum (qui signifie remise des choses en état).

Paragraphe 2 : Les acteurs du droit de l’environnement

L’administration et la gestion de l’environnement sont prises en charge par les


différents acteurs, publics et privés. En ce qui concerne les acteurs publics, un Ministère de
l’environnement a été crée et dans le même temps, les compétences environnementales ont été
partagées entre l’Etat, les collectivités locales dans le cadre de décentralisation et également
avec un certain nombre d’établissements publics. A coté des acteurs publics, les acteurs privés
interviennent également dans l’évolution du droit de l’environnement.

A/ Les acteurs privés

D’emblée il convient de rétablir une vérité très souvent occulté. Les organisations non
gouvernementales de défense de l’environnement sont les actrices originaires de la scène
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internationale environnementale. Ces groupements sont les premiers à avoir interpellé les
communautés nationales, internationales et même l’individu à la cause environnementale. Les
organisations non gouvernementales qu’elles soient nationales ou internationales sont en
réalité des lanceurs d’alertes. Elles œuvrent à la prévention des risques environnementaux par
leur action d’éclat. Malheureusement en Côte d’Ivoire, ces groupements n’ont qu’une place
résiduelle dans le code de l’environnement, bien que l’article 1 donne une définition
sommaire de ces groupes et associations, seul l’article 72 du code l’environnement évoque le
rôle de ces associations. L’article 72 dispose que : « L’éducation, la formation, et la
sensibilisation environnementale incombe à l’Etat, aux collectivités locales et aux
associations de défense. »

Nous verrons le rôle donné aux associations de défense de l’environnement dans le


système juridique Français. Dans le système juridique Français, les associations de défense de
l’environnement sont des acteurs incontournables en matière de gestion de l’environnement.
L’Etat reconnait l’importance des associations, cette reconnaissance est le résultat du
développement des principes de transparence administrative et de démocratie participative. En
effet, aujourd’hui en France il y’a presque près de 400 associations intéressées plus ou moins
indirectement par les questions de défense de l’environnement qui par le nombre de leur
adhérent représente 3% des Français. Le droit de l’environnement Français a pris acte de cet
intérêt pour des Français pour les associations liées à l’environnement et il l’encourage à
travers l’attribution d’un agreement. L’agreement vise à sélectionner les associations qui vont
bénéficier de droits spéciaux de participation à la politique de l’environnement. En autres
conditions pour l’obtention de l’agreement, il y’a un certain nombre de condition qui sont
entre autres un minimum d’adhérents, exercer ses activités depuis au moins 3 ans, etc.
L’agreement est délivré pour 5 ans et donne droit à deux éléments. En premier la participation
à la décision environnementale, en second l’accès au prétoire (justice).

Hormis les ONG, il y’a également les individus qui sont les acteurs du droit de
l’environnement. (Atteinte personnelle, dénonciation d’un fait qui met à mal
l’environnement), l’étude d’impact environnemental. Aux termes de l’article 33, « toute
personne a le droit fondamental de vivre dans un environnement sain et équilibré. Tout
citoyen a aussi le devoir de contribuer individuellement ou collectivement à la sauvegarde du
patrimoine naturel.

B/ Les acteurs publiques

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L’Etat joue un rôle majeur dans la protection de l’environnement. « La politique
nationale de protection de l’environnement incombe à l’Etat » précise l’article 34 du Code
de l’environnement. Les dispositions du code de l’environnement portant sur l’engagement de
l’Etat dans la protection de l’environnement sont nombreuses. Conformément à l’article 59 du
Code de l’environnement « L’Etat assure la gestion de l’eau en préservant la qualité de ses
sources, en évitant le gaspillage et en accroissant la disponibilité. » L’article 61 du code de
l’environnement prescrit « L’Etat s’engage à : promouvoir l’utilisation des énergies
renouvelables ou non ; lutter contre toute forme de gaspillage des énergies ; lutter contre le
gaspillage de toutes les formes d’énergies notamment les ressources ligneuses. »
Les collectivités locales jouent un rôle marginale au regard du nombre faible de
dispositions les impliquant (Article 66, 67 du code de l’environnement). De plus elles
partagent des compétences avec l’Etat. Au niveau du gouvernement il existe un ministère en
charge de l’Environnement depuis 1981. Actuellement il existe un ministère dénommé
ministère de la Salubrité de l’Environnement et du Développement Durable. Le nouveau code
de l’environnement institut la mise en place d’institution spécialisée. Ainsi de par l’article 74
du code de l’environnement sont crées (ou devrait être crée) un réseau de réserve biologique
en proportion avec l’intensification de l’exploitation des sols ; un observatoire de la qualité de
l’air (qui n’existe pas), une agence nationale de l’environnement (ANDE), un fond national de
l’environnement (FNDE), une bourse des déchets. Au-delà de ces organes précités, d’autres
organes ont été crées en fonction des besoins. Cependant nous nous attarderons sur deux
organes qui à notre avis sont très important. L’ANDE et le CIAPOL.
L’ANDE est un établissement Public National à caractère administratif, créé par le
décret n° 97-393 du 09 Juillet 1997. Elle a pour mission essentielle de faire prendre en
compte les considérations environnementales dans l’exécution de projets et programmes de
développement notamment par la mise en œuvre de la procédure d’étude d’impacte ainsi que
l’évaluation de l’impact environnemental de la politique macro économique.

Le Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL) qui est un établissement public à


caractère administratif a été crée par le décret n° 91-662 du 09 Octobre 1991. Il est sous la
tutelle administrative et technique du ministère de la Salubrité de l’Environnement et du
Développement Durable.

Le CIAPOL a pour mission principale :

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- La surveillance continue du milieu marin et lagunaire ainsi que des zones côtières par
des patrouilles régulières, à cet effet il doit avoir le soutien de la marine nationale ;
- L’analyse systématique des eaux naturelles, l’évaluation des pollutions et nuisances ;
- Le contrôle de l’application de lois, de décrets et de conventions internationales ;
- La mise en place d’un plan d’urgence d’intervention d’urgence contre les pollutions
accidentelles en mer, en lagune ou des zones côtières, dénommé POLLUMAR ;
- La collecte et la capitalisation des données environnementales ;
- Effectuer des missions de contrôle dans les établissements industriels.

Pour mener à bien sa mission le CIAPOL dispose d’un laboratoire pour les analyses,
d’inspecteurs pour le contrôle des unités industrielles et d’une unité de police pour lutter
contre les infractions au code de l’environnement. Rappelons qu’en ce qui concerne les
opérations en mer, le CIAPOL a le concours de la marine nationale.

Section 2 : Les sources du droit de l’environnement

Paragraphe 1 : Les sources nationales

Suivant la théorie de la pyramidale de HANS KELSEN la constitution de l’Etat de


Côte d’Ivoire, la loi et le règlement et la jurisprudence seront respectivement scrutés.

A/ La constitution

La loi fondamentale de notre pays proclame en son article 27 : « Le droit à un


environnement sain est reconnu à tous sur l’ensemble du territoire national. » Par ailleurs,
la constitution énonce en son article 101 que le parlement a compétence pour voter les lois.
Elle ajoute que la loi fixe les règles concernant la protection de l’environnement. Sur cette
base des règles vont être établies en vue de garantir un environnement sain à tous les ivoiriens
et étrangers vivants sur le territoire ivoirien. En d’autres termes l’assemblée nationale va voter
les lois en vue de la protection de l’environnement

B/ La loi

La loi se présente sous deux formes. Il existe une conception stricte et une conception
large. La loi ‘’stricto sensu’’ représente l’expression de volonté du parlement. En d’autres
termes, la loi décrit une règle édictée par le parlement. En Côte d’ivoire le parlement constitué
de deux chambres, est l’institution qui vote nos lois.

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La loi au sens ‘’lato sensu’’ désigne toutes les règles de droit. Ici nous ne voulions
évoquer que la loi au sens stricte du terme. A cet égard, l’élaboration de la loi n°96-766 du 03
Octobre 1996 portant code de l’environnement a marqué une évolution dans la protection de
l’environnement en Côte d’ivoire, même si dans l’attristement célèbre affaire déchets
toxiques, elle a été soigneusement ignorée par les juges, à cette loi peuvent être jointes, les
différentes législations intéressant les questions de gestion de ressources naturelles et portant
notamment sur l’eau (loi n°98-755 du 23 Décembre 1998 portant code de l’eau), les mines
(loi n°2014 du 24 Mars 2014 portant code minier).

C/ Le règlement

Il désigne une mesure édictée par l’administration en vue de résoudre un problème et


dans notre cas de protéger l’environnement. Il s’agit des décrets et arrêtés pris par l’autorité
administrative pour la protection de l’environnement. Ces mesures prennent le plus souvent la
forme d’interdiction.

Parmi ces textes nous pouvons d’abord citer le décret n°06-894 du 08 Novembre1996,
déterminant les règles et procédures applicables aux études relatives à l’impact
environnemental des projets de développement. L’importance de ce texte, n’est pas à négliger
surtout au moment ou la Côte d’ivoire a repris le chemin des grands chantiers. En effet, ce
texte établit une liste de procédure à suivre pour les projets. Avant la réalisation de tout projet
en zone urbaine ou rurale, les autorités doivent évaluer les effets d’une activité donnée sur
l’environnement et proposer toute action ou mesure en vue de faire disparaitre ou atténuer les
effets néfastes pour l’environnement susceptible d’être engendré par une telle activité.
Evaluer les effets consiste à effectuer une étude d’impact environnemental. Concrètement
toute forme de construction d’infrastructure (ponts, stades, routes, autoroutes, etc), doit
respecter et protéger l’environnement. Une fois que l’EIE (Etude d’Impact
Environnemental) est réalisé une décision de l’autorité ou des autorités compétentes peut
donner droit ou refuser au maitre d’ouvrage ou au pétitionnaire de réaliser le projet.

Comme deuxième texte, nous pouvons citer le décret n°2012-123 du 09 Février 2012
déterminant les procédures de classement des parcs nationaux et des réserves naturelles.
L’importance d’un tel texte dans l’importance de notre pays n’est pas à démontrer. Ces parcs
et réserves sont particulièrement importants. Non seulement pour leur flore mais aussi par la
grande diversité de leur faune. Ce décret est surtout relatif aux procédures de classement des
parcs et réserves (conditions que doivent remplir une zone pour être considérée comme un

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parc ou une réserve). Tout parc ou réserve avant d’être classés doit faire l’objet d’un dossier
technique. (Article 2 et 3 du code de l’environnement).

Ensuite nous pouvons citer le décret n°2013-41 du 30 Janvier 2013 relatif à


l’évaluation environnementale stratégique, de politique, plan et programme. Ce décret
démontre aussi toute la volonté, des autorités Ivoiriennes de faire de la protection de
l’environnement une priorité. Ce décret a instauré l’évaluation environnementale stratégique,
c'est-à-dire la prise en compte de considération environnementale dans l’élaboration des
politiques plan et programme. Il s’agit d’évaluer leur interaction avec les considérations
d’ordre économique et social avant leur mise en œuvre. Ce décret a un apport considérable
car, il prévoit que tous les projets ou plan étatique relatif à l’agriculture, la sylviculture, la
gestion des déchets, les aires protégés, la pêche, l’industrie, le transport, l’éducation, la santé
au plan d’occupation des sols, au plan de développement (en somme tous les aspects
essentiels à la vie des ivoiriens) doivent respecter les considérations environnementales.
Chacun de ces plans ou projets doit faire l’objet d’une notice d’impact environnemental c'est-
à-dire une liste des impactes potentiels à l’environnement. Il est important de signaler que,
l’information est un aspect très important dans le domaine de la protection de
l’environnement. Le code de l’environnement rappel ce principe en son article 35.6.

D’autres textes règlementaires concernent l’environnement et l’eau, il s’agit :

- Le décret n°97-678 du 03 Décembre 1997 portant protection de l’environnement


marin et lagunaire ;
- Le décret n°98-42 du 28 Janvier 1998 relatif à l’organisation du plan d’urgence de
lutte contre les pollutions accidentelles en mer, lagune, et dans les zones côtières.

Au total nous pouvons donc retenir que la question environnementale a été amplement
prise en compte par le législateur, mais aussi par l’exécutif Ivoirien.

D/ La jurisprudence

La jurisprudence est l’ensemble des décisions concordantes des tribunaux sur un


même sujet. Il importe de signaler que le droit de l’environnement a commencé par une
protection de la propriété privée par le juge judiciaire. La protection de l’environnement de
l’environnement en droit relevait pour l’essentiel du juge en l’absence de textes impératifs.
Celui-ci a de ce fait crée un droit spécial pour la réparation du dommage écologique subit par
les personnes privées. Ce droit de source jurisprudentielle s’avère spécial dans la mesure où

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dans certains cas de fondement du droit commun et dans d’autre cas le fondement s’avère
difficile à déterminer. En effet, le juge en utilise de façon relativement confuse un fondement
déterminé alors qu’un autre serait vraisemblablement mieux indiqué.

La jurisprudence a ainsi créé la théorie des troubles de voisinages pour la réparation de


certaines atteintes à l’environnement en l’absence de textes législatifs. La dite théorie tend à la
réparation des « dommages causés par un voisin (bruit, fumée, odeur, ébranlement) qui
lorsqu’ils excèdent les inconvénients ordinaires du voisinage, sont jugés anormaux et
oblige l’auteur du trouble à dédommager la victime quand bien même ce trouble serait lié à
une activité licite et aucune faute ne pourrait être reproché à celui qui la cause)

En outre le juge judiciaire interprète largement certains textes en vue de la réparation


du dommage écologique. Ainsi il a étendu, le contenu de textes de droit commun tel que
l’article 1382 du code civil pour réparer les atteintes aux voisinages.

Paragraphe 2 : Les sources internationales

Les sources internationales sont constituées par les traités, ou conventions que l’on
appelle également Hard Law, en effet il possède une force obligatoire et se révèle
contraignant. Les traités internationaux dans le domaine de l’environnement sont multiples.
Ils peuvent être à vocation universelle, ou régionale. Un traité est universel lorsqu’il est ouvert
à tous les Etats et est régionale ou restreint lorsque certains Etats peuvent y adhérer en
considération de facteurs géographiques, politiques, économiques, etc. Il peut aussi avoir, des
conventions bilatérales c'est-à-dire convention entre deux Etats qui portent sur des aspects
environnementaux, communs à ces Etats. Cependant, nous traiterons ainsi essentiellement les
traités à vocation universelle et quelques traités régionaux.

La convention de Paris du 29 Juillet 1960 relative à la responsabilité civile dans le


domaine de l’énergie nucléaire instaure la canalisation de la responsabilité en vue de
faciliter la détermination du débiteur dans l’obligation de réparation du dommage de masse
que peut causer l’exploitation nucléaire.
La canalisation des responsabilités décrit une technique qui permet de faire peser des
charges de la réparation des dommages écologiques sur une seule personne ou son assurance
ou tout autre garant habilité par la loi.
Il existe deux sortes de canalisation à responsabilité :
La canalisation économique et la canalisation juridique.

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La canalisation économique, technique pratiquée aux Etats-Unis, consiste à obliger
l’exploitant à fournir une garantie financière susceptible de couvrir non seulement sa propre
responsabilité, mais également celle de toute autre personne qui serait condamné à réparer un
dommage résultant de son activité. Cette méthode a semble-t-il influencé les solutions dans le
cadre des sites pollués dit « orphelin » où l’on met à la charge de l’exploitant, une obligation
de fournir des garanties financières, pouvant couvrir sa propre responsabilité et le
prédécesseur dont il reprend l’activité.
Pour la canalisation juridique, cette technique retenue en France, permet de faire
reposer sur la tête d’une seule personne, la responsabilité des dommages environnementaux
causés dans l’exercice à risque. Elle reste le plus souvent institué par le législateur qui interdit
les actions contre tout autre personne que celle désigné par lui. Ainsi selon l’article 3 de la
convention de Paris du 29 Juillet 1960, la responsabilité civile est canalisée sur l’exploitant
des installations nucléaires.
De la même manière, l’article 4 de la même convention énonce qu’en cas de transport
de substance nucléaire, la canalisation s’opère sur la tête de l’exploitant d’où part l’envoi des
substances en question. Elle se prolonge jusqu’au déchargement de la cargaison sur le site
d’un autre exploitant nucléaire installé dans un pays signataire de la convention de Paris, mais
prend fin au point déchargement à Quai dans le port d’arrivé d’un pays non signataire. Il
semble que la responsabilité serait canalisée sur l’exploitant en cas de vol de substance
nucléaire en cours de transport. Cependant, depuis les deux protocoles du 12 Février 2006,
modifiant les conventions de Paris et de Bruxelles, les exploitants expéditeurs et destinataires
peuvent désignés par voie contractuelle le débiteur de l’obligation de réparation du dommage
nucléaire. Par ailleurs, en matière de dommage causé par un navire nucléaire, la responsabilité
est canalisée sur l’exploitant. Celui-ci est selon l’article 1 et 10 de la loi 12 Novembre 1965
obligé de maintenir une assurance ou d’offrir toute garantir financière couvrant sa
responsabilité.
La convention sur le changement climatique : La mise en cause des pays du nord
Le protocole de Kyoto institue l’attribution de quota en vue de réduire les émissions
des gaz à effet de serre.

La convention sur la diversité biologique encourage à conserver la biodiversité pour


une meilleure exploitation de son potentiel économique et industriel.

La convention sur la lutte contre la désertification et la sécheresse. Il s’agit de


traité qui une fois ratifié engage certains Etats dans une certaine mesure.

14
A côté des traités on trouve des déclarations ou Soft Law qui à l’inverse des traités ne
sont pas contraignants pour les Etats. Ces textes représentent des directives qui peuvent servir
de fondement à de futures conventions. Ils servent à palier les difficultés d’accord sur un traité
international. On procède ainsi par déclaration lorsque les Etats ont des difficultés à
s’accorder sur une question précise ou ne sont pas disposés à se donner des obligations dans le
domaine donné. C’est le cas de l’agenda 21 ou connu sous le nom d’Action 21 adoptée au
sommet de Rio de Janeiro de 1992 et qui précise les objectifs à atteindre pour parvenir à un
développement durable pour le XXIème siècle.
Outre les traités et les déclarations, on trouve la jurisprudence internationale, elle est
constituée de décisions de la Cour Internationale de Justice et des sentences arbitrales. Elle
permet de préciser les relations entre les Etats, en posant des règles telles que « Aucun Etat
n’a le droit d’user de son territoire ou d’en permettre l’usage de manière que des fumées
provoquent un préjudice sur le territoire d’un autre Etat ou aux propriétés qui s’y
trouvent. »
Effectivité du droit international de l’environnement
La notion d’effectivité du droit de l’environnement nécessite d’être clarifiée compte
tenue de la nature de ce droit. Une plongée dans la doctrine s’impose. Selon Jean TOUSCOZ
la notion d’effectivité est « La relation qui existe entre un certain Etat de fait, une
certaine réalité et entre une règle ou une situation juridique. L’effectivité c’est la qualité
d’un titre juridique, qui remplit objectivement sa fonction sociale. » L’effectivité apparait
comme la mesure de l’existence d’une norme de droit. Cette notion est essentielle comme le
souligne le Professeur René Jean DUPUY qui souligne : «L’effectivité n’est pas un principe
de droit, elle est antérieure au droit. C’est une règle d’existence, la justification originaire
de la réalité d’une norme ou de celle d’une institution.» Cette notion est très souvent
assimilée à la notion d’efficacité qui est le caractère d’une règle de droit qui produit l’effet
voulu. En droit international, la notion d’effectivité est régulièrement utilisée, car certaines
situations ou titres juridiques ne sont valables et opposables qu’à condition d’exister en fait.
Elle est surtout utiliser parce que l’ordre international n’est pas centralisé. Et la hiérarchie ou
la présence d’institutions n’assure pas complètement l’effectivité du droit international. La
structure essentiellement horizontale de la société internationale induit le fait que le respect du
droit international dépend en pratique de la volonté même des Etats. Pour des raisons
évidentes, la recherche de l’effectivité, est plus que nécessaire dans le domaine du maintien de
la paix, mais aussi en droit de l’environnement et ce compte tenu de l’importance des enjeux
en présence. L’existence de la notion d’effectivité est semble-t-il intimement liée à la

15
présence de mécanisme de contrôle et de sanction en vue de l’exécution du droit international.
Ainsi le Professeur Jean Charpentier suggère que : « Le développement de mécanismes de
contrôle du respect par les Etats de leur obligation internationale constitue par le
renforcement de leur effectivité qu’il favorise, un des progrès les plus sensibles du droit
international contemporain.» La notion d’effectivité est à la fois un dilemme et un talon
d’Achille du droit de l’environnement. Nonobstant l’importance de son objet, le droit de
l’environnement est essentiellement composé de normes dites Soft Law ou de normes
difficilement applicable. En effet, le volet international du droit de l’environnement est
principalement composé d’actes unilatéraux des Etats, d’organisations internationales
(recommandations, déclarations, programmes, décisions) ou de conférences diplomatiques,
d’actes concertés non conventionnels (communiqués, chartes, code de conduite,
mémorandum) qui en général n’ont pas une portée contraignante pour les parties signataires.
En effet, il est fréquent de voir aux sorties de sommets internationaux dédiés à
l’environnement, que les Etats émettent des réserves, vidant le texte de toute sa substance.
L’abondance de Soft Law constitue au final, le symptôme pathologique du droit de
l’environnement.
Le volet interne du droit de l’environnement n’est pas exempt de tout reproche. Car
certaines normes relatives à l’environnement sont difficilement applicables. L’actualité nous
fournie une belle illustration. Le décret interdisant les sachets plastiques en Côte d’ivoire
malgré sa pertinence et les promesses de fermetés dans son application, les autorités
ivoiriennes se heurtent toujours à des difficultés dans sa mise en œuvre effective. C’est
l’occasion de se poser la question de savoir, si l’application du droit de l’environnement est
effective en Côte d’ivoire ? En d’autres termes, est ce que le droit de l’environnement est mis
en œuvre ? Il est difficile de répondre à ces interrogations sans accorder des développements
approfondies des composants du droit de l’environnement dans notre pays. Autrement dit,
quel régime de protection le code de l’environnement ivoirien entend-t-il mettre en œuvre ?

CHAPITRE II : LE REGIME DE PROTECTION DU DROIT DE


L’ENVIRONNEMENT

Le régime de protection de l’environnement dans le droit interne ivoirien est constitué


de principes généraux consacrés et réaffirmés dans un champ d’application plus vaste et avec
des outils plus importants.

16
Section 1 : Les principes généraux

Parmi les principes généraux ont trouve dans la constitution certains principes tels que
le droit à un environnement sain ou le principe d’intégration des exigences environnementales
et de développement durable. Mais au-delà de ces principes cités, le droit de l’environnement
repose sur de grands principes communs à tous les peuples de la planète. On parle de droits
généraux de l’environnement. Ces principes constituent le squelette auxquels vont se
raccorder un certain nombre de notion et de règles relatives au droit de l’environnement. Ces
principes résultent de différentes sources de droit international et de droit national.

Paragraphe 1 : Le principe de précaution

A/ Le contenu du principe de précaution

Le principe de précaution vise à ce que par prudence, certaines mesures soient


prises même en l’absence de certitude scientifique quant à la réalité du risque
environnemental qu’elle souhaite prévenir. L'essence du principe de précaution est que dans
des situations où il existe une raison de croire qu’une activité est susceptible de causer un
dommage sérieux ou potentiellement irréparable à l'environnement, une action préventive
devrait être adoptée immédiatement, même en l'absence de preuves scientifiques
déterminantes qui établiraient qu'il y a un lien causal entre l'activité et le dommage. Il existe
de nombreuses formulations du principe et peu de clarté existe encore quant au seuil qui
devrait être atteint en termes de risque de dommage futur ou du sérieux du dommage
potentiel, avant qu'une obligation d'adopter une action de précaution ne soit activée. Il existe
de nombreuses formulations du principe et peu de clarté existe encore quant au seuil qui
devrait être atteint en termes de risque de dommage futur ou du sérieux du dommage
potentiel, avant qu'une obligation d'adopter une action de précaution ne soit activée. De façon
générale, le seuil semble être ixé au niveau de "dommages graves et irréversibles".

Ce principe est une règle générale de conduite de nature prudentielle. Cela conduit à
un renversement de la charge de la preuve dans le sens où on ne va pas exiger la preuve d’un
risque avéré pour interdire un certain nombre de produits, de cultures, d’activités. L'une des
manières d'appliquer le principe en droit national est de requérir que les promoteurs de projets
aient la charge de convaincre les autorités que le développement qu'ils proposent ne causera
pas un dommage important à l'environnement. Cela signifierait que le projet ne pourrait être
autorisé lorsque son impact sur l'environnement n'est pas certain, alors que la situation est

17
inverse dans beaucoup de pays à l'heure actuelle : une autorisation doit en principe être
accordée sauf si les autorités ont la preuve qu'un dommage résultera de la mise en œuvre du
projet. Ce principe de précaution suscite donc beaucoup de passion car il met en jeu des
intérêts économiques, considérables. Bien souvent la mise en œuvre de ce principe va avoir
des conséquences financières très importantes.

B/ Les fondements en droit international

Le principe de précaution trouve son origine au début des années 80 dans les débats
internationaux sur l’environnement. Il est apparu officiellement pour la première fois dans la
Charte mondiale de la nature adoptée par Les Nations Unies en 1982. Par la suite ce principe
a été consacré par la Conférence de Rio, plus précisément par la déclaration n°15 qui précise
que « pour protéger l’environnement, des mesures de précaution doivent êtres largement
appliquées par les Etats selon leur capacité ». En cas de risque de dommage grave ou
irréversible, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétextes pour
remettre à plus tard l’adoption de mesure effective visant à prévenir la dégradation de
l’environnement. Le principe de précaution se retrouve également dans le préambule de la
Convention de 1992 relative à la diversité biologique et de la Convention de 1992 sur les
cours d'eau transfrontières. Les parties s'accordent pour être guidées par le principe de
précaution : "en vertu duquel elle ne diffère pas la mise en œuvre de mesures destinées à
éviter que le rejet de substances dangereuses puisse avoir un impact transfrontière au motif
que la recherche scientifique n'a pas pleinement démontré l'existence d'un lien de causalité
entre ces substances, d'une part, et un éventuel impact transfrontière," (article 2, 5,a).

Le principe de précaution a été décrit comme "le seul et le plus important étayage de
tout régime destiné à promouvoir un équilibre écologique et l'intégrité de l'écosystème". Le
chapitre 18 de l'Agenda 21 exige qu'une approche de précaution soit adoptée en matière de
gestion de la qualité de l'eau, et il est important que ce principe ait un rôle clé dans la gestion
du lac, particulièrement lorsque l'on considère les caractéristiques uniques de l'écosystème du
lac et le caractère incomplet des connaissances scientifiques concernant la toile complexe des
interconnections des mécanismes biologiques qui peuvent y être trouvés.

C/ Les fondements en droit interne

Le code de l’environnement de Côte d’ivoire qui date pourtant de 1996 contient le


principe de précaution en son article 35.1, en effet, ce texte prévoit que lors de la planification

18
ou de l’exécution de toutes actions, des mesures préliminaires sont prises de manière à éviter
ou à réduire tout risque ou tout danger pour l’environnement. Toutes personnes dont les
activités sont susceptibles d’avoir un impact sur l’environnement doit avant d’agir prendre en
considération les intérêts des tiers ainsi que la nécessité de protéger l’environnement si à la
lumière de l’expérience ou des connaissances scientifique, une action est jugée susceptible de
causer ou un danger pour l’environnement. Cette action n’est entreprise qu’après une
évaluation préalable indiquant qu’elle n’aura pas d’impacts préjudiciables à l’environnement.

Bien que l’article 35.1 ait pour titre « Principe de précaution », la lecture du texte
nous permet de comprendre que le législateur a confondu prévention et précaution.

Le premier c'est-à-dire la prévention est mise en œuvre c'est-à-dire sur la base


d’expérience, tandis que le second, qui est la précaution permet d’agir lorsqu’il y’a un doute.
Pour obtenir une définition du principe de précaution, il convient de se référer à l’article 5 de
la Charte de l’environnement en France. Selon cette disposition lorsque la réalisation d’un
dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourraient affecter de
manière grave et irréversible, l’environnement, les autorités publiques veillent, par application
du principe de précaution et dans leur domaine d’attribution à la mise en œuvre de procédure
des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de prévenir la
réalisation du dommage.

Paragraphe 2 : Le principe de prévention (Risques avérés)

A/ Contenu du principe

Le principe de prévention anticipe la réalisation d’une atteinte à l’environnement et


implique l’établissement des mesures propres à en empêcher la survenance. Le principe de
prévention trouve sa force dans l’hypothèse de dommage irréversible. Exemple : L’extinction
de certaines espèces. La logique préventive suppose la connaissance du risque menaçant tel
ou tel élément de l’environnement.

B/ Les fondements en droit international

Le principe de prévention trouve l’une de ses premières expressions en droit


international avec la sentence du Tribunal arbitral rendue le 11 Mars 1941 sur l’affaire
opposant le Canada aux Etats-Unis dans l’affaire des fonderies de Trail. Dans cette affaire il
s’agissait de dommages causés à des agriculteurs Américains du fait de l’émission de souffre

19
en provenance d’une usine Canadienne de Zinc et de plomb. Par sa décision le Tribunal
arbitral donne tord à l’Etat pollueur (Canada) sur la base d’un principe qu’il a inventé :
Aucun Etat n’a le droit d’user de son territoire ou d’en permettre l’usage de manière
que des fumées provoquent un préjudice sur le territoire d’un autre Etat ou aux
propriétés de personnes qui s’y trouvent, s’il s’agit de conséquence sérieuse.

Cette sentence a été interprétée comme constatant l’existence d’une règle de droit
international qui oblige les Etats à prévenir les pollutions transfrontalières. Au-delà de
l’affirmation d’une responsabilité Etatique, il existe de nombreuses conventions bilatérales ou
multilatérales ayant pour objet de prévenir des atteintes à l’environnement. C’est le cas de la
convention de Bâle du 22 Mars 1993 sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de
déchets dangereux et de leur élimination. Il s’agit particulièrement d’éviter le transfert de
déchets dangereux des pays développés vers les pays en développement.

C/ Les fondements du droit interne

Le code de l’environnement de Côte d’Ivoire n’énonce pas explicitement le principe


de la prévention. Cependant certaines dispositions de l’article 35.1 sont relatives ou induisent
le principe en question. Notamment par le fait que cet article indique que : « Si à la lumière
de l’expérience ou des connaissances scientifiques, une action est jugée susceptible de
causer un risque ou un danger pour l’environnement, cette action n’est entreprise
qu’après une évaluation préalable indiquant qu’elle n’aura pas d’impact préjudiciable
sur l’environnement ». Cette disposition indique clairement d’effectuer une analyse pour
définir les dommages potentiels à l’environnement et par la même prendre des mesures de
prévention. Aussi, le décret n°96-894 du 08 Novembre 1996 déterminant les règles et
procédures applicables aux études relatives à l’impact environnemental des projets de
développement est un fondement du principe de prévention en ce sens qu’il rend obligatoire
l’exécution des EIE (Etude d’Impact Environnemental) pour certains projets afin d’établir
des mesures de prévention. Par ailleurs, toute norme technique intervenant pour exprimer les
problématiques des risques acceptables à la santé publique ou à l’environnement vont
constituer le point d’appui d’une réglementation interdisant les nuisances dépassant un certain
niveau. Ces seuils de nuisances on les retrouve dans tous les domaines de l’environnement et
dans d’autres domaines. Ils sont formulés en terme de pourcentage de matière de pallier, de
concentration de puissance, de distance. Etc.

Paragraphe 3 : Le principe de pollueur payeur

20
Selon l’article 35.5 du code de l’environnement, toutes personnes physiques ou
morales dont les agissements et ou les activités causent ou sont susceptibles de dommages à
l’environnement, est soumise à une taxe et/ou à une redevance. Elle assume en outre toutes les
mesures de remise en état. Le principe du pollueur payeur tel que conçu par les économistes
constitue un instrument d’internalisation des couts de production, cela signifie que le prix de
chaque biens de consommation intègre le cout de l’atteinte que sa fabrication occasionne à
l’environnement, ou de l’épuisement des ressources naturelles qu’il engendre. On parle alors
d’internalisation des externalités par référence à la théorie de PIGOU1 ou encore
d’internalisation forcée.

A/ Contenu du principe et controverses

Ce n’est pas un principe juridique mais un principe inspiré d’une théorie économique
selon laquelle les couts sociaux externes qui accompagnent la production industrielle (au titre
desquels les couts qui résultent de la production) doivent être externalisés c'est-à-dire pris en
compte par les agents économiques dans leurs couts de production. Le principe du pollueur
payeur en principe à un objectif de réparation et d’incitation. Il présente en définitive une
visée préventive, en d’autres termes, l’application du principe devrait permettre la réparation
du dommage écologique causé par l’industriel dans l’exercice de son activité de production.
En outre, le paiement des charges devrait inciter les producteurs à polluer moins dans la
mesure où le prix à payer présente une valeur proportionnelle à la production. De ce fait, plus
on pollue plus on devrait payer. Cependant en pratique, on aboutit malheureusement au
principe selon lequel « Je paie donc je peux polluer ». En effet, les industriels comme les
consommateurs ne modifient pas leurs comportements. Plus ils paient, plus ils produisent des
déchets.
Par ailleurs, en pratique, le producteur pollueur va intégrer la taxe dans le prix de
vente des produits. Cela revient en définitif à imputer l’ensemble des dépenses de prévention
et de lutte contre la pollution à ceux qui les ont rendus nécessaires. Son application aboutit à
l’établissement de multiples taxes dont le payeur reste le contribuable. En d’autres termes, la
charge de dépollution revient aux consommateurs.
Ainsi, par une analyse proche de la théorie de l’équivalence des conditions, arrive-t-on
à transposer la responsabilité de la pollution sur le consommateur qui semble pourtant être un
acteur passif dans la dégradation de l’environnement.

1
Artur Pigou (1877-1959) économiste anglais qui a réfléchi sur l’économie environnementale. Il est le père de
l’économie du bien être (amélioré le bien être d’un individu sans détériorer celui d’un autre individu).

21
Selon Martine Remond Gouilloud (Du droit de détruire), on agit ainsi en
considérant que toute activité polluante s’exerce pour satisfaire tous les besoins du
consommateur. Cela signifie que la production est réalisée en fonction de la demande de ce
dernier. C’est dire que s’il n’avait pas consommé la pollution n’aurait pas existé. Il s’en suit
que la nuisance engendrée par l’activité du producteur reste à la charge du demandeur.
Cependant, l’auteur se montre très critique en affirmant que cette observation pour exacte,
qu’elle paraisse n’en demeure pas moins stérile dans la mesure où le financement par la
collectivité anonyme ne présente aucun mérite dissuasif. En effet personne ne se trouvant
incité à prévenir le dommage écologique, on ne peut attendre une amélioration.
Le principe du pollueur payeur sous sa version originelle peut permettre la réparation
du dommage écologique pur, à l’exclusion du dommage de pollution. En effet sous cet angle
il répond à un besoin d’intérêt général, il ne peut donc servir à la réparation du dommage
causé directement à une personne privée.
L’application du principe pollueur payeur outre qu’elle engendre des impôts indirects
qui s’avèrent inéquitables en ce qu’ils ne tiennent pas compte du revenu du contribuable,
exclut certains pollueurs. C’est le cas de la taxe sur l’eau potable payé par les consommateurs
alors que les pollutions dues aux nitrates sont causés par les agriculteurs.
Dans tous les cas, il semble que cette interprétation conduit à une dénaturation du sens
du principe. On aboutit semble-t-il « à un principe du pollué payeur ».
B/ Les fondements du principe pollueur payeur
Le principe pollueur payeur a été consacré de manière explicite au niveau international
dans toute une série de conventions internationales liées à la lutte contre les pollutions. Nous
avons par exemple la convention de Londres du 30 Novembre 1990 concernant la pollution
par les hydrocarbures fait référence au principe du pollueur payeur. La présence répétée de ce
principe, dans les accords internationaux a abouti à sa consécration mondiale par le principe
16 de la déclaration de Rio sur l’environnement de Juin 1992. Il y’a également la convention
de Lugano sur la responsabilité civile des dommages résultant d’activités dangereuses pour
l’environnement du 21 Juin 1993. Le considérant 6 de cette convention est extrêmement clair
sur ce point : « Considérant l’opportunité d’établir dans ce domaine un régime de
responsabilité objective tenant compte du principe pollueur payeur ». Au plan national,
en droit ivoirien, l’article 35.5 du code de l’environnement stipule que toute personne
physique ou morale dont les agissements et ou activités causent ou sont susceptibles de causer
des dommages à l’environnement est soumise à une taxe et ou à une redevance. Elle assume
en outre toutes ces mesures de remise en état. Il existe également le décret numéro 2012 –

22
1047 du 24 Octobre 2012 fixant les modalités d’applications du principe pollueur payeur telle
que définie par la loi n°96-766 du 03 Octobre 1996 portant code de l’environnement. Ce
décret pris en 2012 n’a pas encore trouvé d’application concrète. Car selon certains auteurs,
beaucoup d’articles de ce décret sont floues et restes à être élucidés.

En droit Français, ce principe a été consacré par la loi du 02 Février 1995 dite loi
Barné qui est désormais codifié à l’article L110-1-11-3 du code de l’environnement
Français. Selon cet article, les faits résultant des mesures de prévention doivent être
supportés par le pollueur.

Paragraphe 4 : Le développement durable

Le concept de développement durable a été défini pour la première fois dans le


Rapport Brundtland en 1987 : "développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs" [Rapport de la
Commission mondiale sur l'environnement et le développement, Notre avenir à tous (Our
common future), p. (43) (1987)].
Ce concept se retrouve maintenant dans de nombreux traités internationaux. Quoique
l'on rencontre des opinions fort différentes quant à la manière dont le développement durable
devrait, ou pourrait, être appliqué en pratique, quatre éléments se retrouvent souvent dans les
conventions internationales, qui semblent contenir les éléments légaux du concept 10. Il s'agit
de :
- l'équité entre les générations: la nécessité de préserver les ressources naturelles au
bénéfice des générations futures;
- l'utilisation durable: l'objectif est d'exploiter les ressources naturelles d'une manière
"durable", ou "prudente", ou "rationnelle", ou "sage", ou "appropriée";
- un usage équitable ou une équité entre les générations: l'usage équitable des ressources
naturelles, impliquant que leur utilisation par un État doit tenir compte des besoins des
autres États;
- intégration: le besoin d'assurer que les considérations en matière d'environnement
soient intégrées dans les plans économiques et autres plans de développement, ainsi
que dans les programmes et les projets et que les besoins du développement soient pris
en compte lors de l'application d'objectifs en matière d'environnement.
Au niveau national, le code de l’environnement de Cote d’ivoire en son article 2 indique que
l’un de ses objectifs est de créer les conditions d'une utilisation rationnelle et durable des

23
ressources naturelles pour les générations présentes et futures. Aussi l’article 35.5 préconise
que pour réaliser un développement durable, il y’a lieu d'éviter de porter atteinte aux
ressources naturelles tels que l'eau, l'air et les sols qui, en tout état de cause, font partie
intégrante du processus de développement et ne doivent pas être prises en considération
isolement. De même, les effets irréversibles sur les terres doivent être évités dans toute la
mesure du possible.

Paragraphe 5 : Les autres principes

Le code de l’environnement contient des principes généraux forts importants comme


celui qui dispose que « Toute personne a le droit fondamental de vivre dans un
environnement sain et équilibré. Il a aussi le devoir de contribuer individuellement ou
collectivement à la sauvegarde du patrimoine national ». (Article 33) Ce principe est
important car il dispose clairement que tous les Ivoiriens ont le droit de vivre dans un
environnement sain. Par la même, cet article rend chaque Ivoirien responsable de la
préservation et de la protection de l’environnement. L’article 38 du Code de l’environnement
vient compléter les obligations individuelles de tous les citoyens Ivoiriens lorsqu’il précise
que : « Les immeubles, établissements agricoles, industriels, commerciaux, ou artisanaux,
véhicules ou autre objet mobilier possédé, exploité ou détenu par toute personne physique ou
morale privée ou publique devront être construits, exploités, ou utilisés de manière à satisfaire
aux normes techniques en vigueur ou édicté en l’application de la présente loi ».

Est également présent un principe tout aussi important qui est le principe de
substitution. L’article 35.5 du Code de l’environnement dispose : « Si une action susceptible
d’avoir un impact préjudiciable à l’environnement peut être substitué par une autre action qui
présente un risque ou un danger moindre cette dernière action est choisie, même si elle
entraine des coûts plus élevés en rapport avec la valeur à protéger ».

L’article 35.3 reprend le principe de la préservation de la diversité biologique.

Quant à l’article 35.4 du même texte, il promeut le principe de non dégradation des
ressources naturelles. L’article indique ainsi : « Pour réaliser un développement durable, il
y’a lieu d’éviter de porter atteinte aux ressources naturelles telles que l’eau, l’air et les sols qui
en tout état de cause font partie intégrante du processus de développement et ne doivent pas
être prise en considération isolement. Les effets irréversibles sur les terres doivent être évités
dans toute la mesure du possible ».

24
L’article 35.6 du Code de l’environnement consacre quant à lui, le principe du droit à
l’information. Ainsi « Toute personne a le droit d’être informée de l’état de l’environnement
et de participer aux procédures préalables à la prise de décision susceptible d’avoir des effets
préjudiciables à l’environnement ».

Enfin, l’article 35.7 du code de l’environnement rappel le principe de coopération,


entre les différents acteurs du monde de protection de l’environnement. Selon cet article « Les
autorités publiques, les institutions internationales, les associations de défense et les
particuliers concours à protéger l’environnement à tous les niveaux possibles ».

Section 2 : Le champ d’application

Paragraphe 1 : Les domaines d’application classique : espace, espèce, énergie…

Le champ d’application du droit de l’environnement Ivoirien est particulièrement


étendu, ainsi selon l’article 3 du code de l’environnement « La présente loi ne fait pas
obstacle à l’application des dispositions législatives et réglementaires concernant
l’urbanisme et les constructions, la santé, l’hygiène, la sécurité et la tranquillité
publique, la protection des écosystèmes et d’une manière générale à l’exercice des
pouvoirs de police ».

L’article 4 renchérit : « La présente loi ne s’applique pas aux activités militaires et


aux situations de guerre. Toutefois les acteurs de telles activités sont tenus de prendre en
compte les préoccupations de protection de l’environnement ».

Conformément à l’article 5, « La présente loi s’applique à toutes les formes de


pollution telles que définies à l’article 1 er du présent code et susceptible de provoquer
une altération de la composition et de la consistance de la couche atmosphérique avec
des conséquences dommageables pour la santé des êtres vivants, la production des biens
et l’équilibre des écosystèmes ».

L’article 6 précise que : « Sont soumis aux dispositions de la présente loi :

- Les installations classées telles que définies dans leur


nomenclature : les usines dépôts, mines, chantiers, carrières, stockages sous
terrains ou en surface, magasins et ateliers ;
- Les installations exploitées ou détenues par toutes personnes
physiques ou morales, publiques ou privées qui peuvent présenter des dangers ou

25
des inconvénients soit pour la commodité, soit la santé, la sécurité et la salubrité
publique ;
- Les déversements, écoulements, rejets et dépôts susceptibles de
provoquer ou d’accroitre la dégradation du milieu récepteur ».

Aussi l’article 7 du code de l’environnement ajoute à la sphère d’influence du droit de


l’environnement Ivoirien, les énergies ou les différents types d’énergie. L’article 7
dispose : « Sont visés au terme de la présente loi les différents types d’énergie suivant :
l’énergie solaire, l’énergie de biomasse, l’énergie éolienne, l’énergie géothermique,
l’énergie hydroélectrique, l’énergie thermique, l’énergie nucléaire ». Enfin selon l’article
8 du code de l’environnement Ivoirien « Au terme de la présente loi, sont visées les
substances ou les combinaisons de substances fabriqué ou à l’état naturel susceptible en
raison de leurs caractères toxiques, radioactifs, corrosifs ou nocifs de causer un danger
pour la santé des personnes, la conservation des sols et sous sols, des eaux, de la faune et
de la flore, de l’environnement en général, lorsqu’elles sont utilisées ou évacuées dans le
milieu naturel ».

Paragraphe 2 : Domaine d’application insoupçonnée

Deux dispositions du code de l’environnement ivoirien suscitent de l’intérêt en ce


qu’elles visent des domaines d’applications insoupçonnés. Le droit de l’environnement
ivoirien innove tranchant avec les matières initialement défendue par le droit de
l’environnement en général. Ainsi par application de l’article 9 du code de l’environnement,
est visé par « La présente loi l’utilisation de techniques publicitaires agressives. Nul ne
peut faire de la publicité sur un immeuble sans l’autorisation du propriétaire ou des
autorités compétentes dans les conditions fixées par décret ».

Pour sa part l’article 58 du code de l’environnement inscrit le droit de l’environnement


ivoirien dans l’optique de l’évolution de l’élargissement de la protection de l’environnement
en générale. L’article 58 dispose en effet : « l’Etat dresse une liste :

- Des espèces animales et végétales qui doivent être particulièrement


ou intégralement protégés en raison de leur rôle dans les écosystèmes de leur
valeur esthétique, de leur rareté, de la menace qui pèse sur leur population et
enfin de l’intérêt touristique, culturel, économique et scientifique qu’elle
représente ;

26
- Les sites et monuments protégés en précisant les mesures à prendre
pour la protection du patrimoine architectural, historique et culturel national ;
- Les établissements édifices et monuments qui bien que non classés
ou inscrits sur lesquels l’affichage est interdit

Cette liste est revue et corrigée tout les 5 ans ».

Le dernier alinéa de l’article 58 du code de l’environnement tout en marquant le


caractère non exhaustif de l’énumération des domaines d’application est une ouverture à
davantage de protection de l’environnement.

Le droit ivoirien a mis également en place un certain nombre d’instruments permettant


de faire aboutir les objectifs qu’il s’est librement assignés.

Section 3 : Les outils de protection

Paragraphe 1 : Les régimes de protection

Trois régimes de protection sont repris par le droit de l’environnement Ivoirien à


travers les mécanismes de contrôle des activités humaines susceptibles d’avoir un impact sur
l’environnement : l’autorisation, la déclaration obligatoire et la délivrance de permis ou
de licence. Ainsi l’article 43 du code de l’environnement prescrit : « Sont soumises à
autorisation, les installations qui présentent des dangers ou inconvénients visés à
l’article 6 du code. Elles ne peuvent être ouvertes sans autorisation préalable délivrée
dans les conditions fixées par décret sur demande de l’exploitant ».

Il s’agit donc ici des installations classées.

A/ La notion d’installation classée

Le développement de l’activité industrielle et le mode de vie moderne sont


générateurs de nuisances plus ou moins grave pour l’homme. De ce fait, le droit s’efforce de
réduire ou prévenir au maximum ces nuisances et notamment à travers la législation sur les
installations classées. Il s’agit ici concrètement du décret n°98-43 du 28 janvier 1998 relatif
aux installations classées. Cependant les installations classées étaient définies à l’article 6 du
code de l’environnement. Cet article prescrit que : « Sont soumis aux dispositions de la
présente loi les installations classées telles que définies dans leur nomenclature : les

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usines, dépôts, mines, chantiers, carrières, stockages sous terrains ou en surfaces,
magasins et ateliers », de manière générale toutes les installations qui peuvent présenter des
dangers ou des inconvénients soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, pour la
sécurité, pour la salubrité publique, pour l’agriculture, soit pour la protection de la nature et de
l’environnement, soit pour l’utilisation rationnelle de l’énergie. Le système Ivoirien prévoit
une nomenclature adoptée par décret qui permet de classer les établissements en fonction de
leur degré de nuisance. Cette nomenclature va distinguer un certain nombre de nuisance
potentiellement dangereuse et également un certain d’activités potentiellement dangereuse ou
susceptible de créer des nuisances.

B/ Installation et contrôle des installations classées

1/ Ouverture des installations classées

Les installations classées sont soumises à autorisation et déclaration. Sont


soumises à autorisation les installations qui présentent des dangers ou inconvénients visés à
l’article 6 du code de l’environnement. Sont soumises à déclaration, les installations qui bien
que ne présentant pas de dangers ou inconvénients prévus à l’article 6 du code de
l’environnement, doivent néanmoins respecter les prescriptions générales édictées par
l’autorité compétente en vue d’assurer la protection des intérêts visés à l’article 6 du code de
l’environnement. Par ailleurs, les installations soumises à autorisation qui occasionnent des
risques majeurs (incendies, explosions, émanation toxique, etc) font l’objet d’une
règlementation spécifique visant à maitriser l’urbanisation dans un environnement immédiat.
Les autorisations d’installation sont délivrées par le ministre en charge de l’Environnement, le
document délivré se nomme ‘’L’arrêté d’autorisation d’ouverture d’une installation
classée’’. Bien entendu ce document est délivré après une enquête. Pour ce qui est de la
déclaration, le ministre chargé de l’Environnement vérifie la conformité du dossier de
déclaration, et délivre dans les 15 jours un récépissé de déclaration, passer ce délai sans
réaction de l’administration, le récépissé est réputé acquis. Mais dans les faits le récépissé est
délivré par le Directeur du CIAPOL qui a reçu un pouvoir en ce sens du ministre en charge de
l’Environnement. D’autre part, conformément à l’article 44 du code de l’environnement, pour
ce qui concerne la pêche industrielle, la chasse et la capture, ces activités sont soumises à
permis ou licence.

2/ Contrôle des installations classées

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Au sein du CIAPOL, il existe la sous direction de l’inspection des installations
classées, qui a pour rôle d’effectuer des missions de contrôle dans les établissements
industrielles, elle s’occupe uniquement de la production industrielle. Les missions et
attributions de la sous direction des installations classées sont entre autre la lutte contre les
pollutions et la prévention des risques et nuisances engendrés par les activités économiques
qu’elles soient industrielles ou agricoles en application de la législation et de la
règlementation des installations classées pour la protection de l’environnement. La sous
direction est appuyée dans ses différentes tâches par l’unité de police anti pollution
(UNIPOL). Les activités de contrôles ou mesures de contrôles menées par le CIAPOL sont
dévolues aux inspecteurs des installations classées qui sont des agents assermentés et qui ont
la qualité d’officier de police judiciaire dans l’exercice de leur fonction. Ils ont accès à tout
moment à toutes les installations relevant de leur compétence aux fins d’y faire les constats
qu’ils jugent nécessaires. Un rapport est rédigé par visite et par établissement, et les
recommandations des inspecteurs sont adressées au responsable par le Directeur du CIAPOL
pour leur mise en œuvre dans un délai précis. Les établissements doivent être contrôlés deux
fois par an. C'est-à-dire une fois par semestre. Ces inspections donnent lieu à des redevances
qui sont supportées par les opérateurs économiques.

Paragraphe 2 : L’unité de police anti pollution (UNIPOL)

A/ Contexte

Le constat actuel dans notre pays est à la forte dégradation de l’environnement.


Cette crise environnementale a été accentuée par le développement de l’activité humaine. Les
matrices environnementales (l’eau, l’air et le sol) sont dans un état de pollution avancée
posant ainsi des problèmes de santé publique et l’épineuse question du développement
durable. Pour prévenir toute sorte de pollution, le ministère en charge de l’Environnement a
pris l’arrêté n°00996 du 28 novembre 2007 modifiant l’arrêté n°556 du 27 février 2002
portant création d’une unité de police pour la constatation et la répression des infractions à la
législation relative à la protection de l’environnement marin, lagunaire et du littoral, et
instituant une unité de police pour la lutte contre la pollution des milieux récepteurs (sols,
eaux, airs), dénommée « UNIPOL ».

B/ Objectif et mission

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L’objectif de la création de l’UNIPOL est principalement de limiter la
pollution des milieux récepteurs (sols, eaux, airs). Par ailleurs, l’UNIPOL a pour mission de :

- Rechercher les infractions ;


- Constater les infractions ;
- Réprimer les infractions relatives à la législation et à la
règlementation en vigueur sur la pollution des milieux récepteurs.

Aussi les principaux textes législatifs et règlementaires sur lesquels s’appuie


l’UNIPOL dans l’exercice de ses fonctions sont :

- Les conventions internationales et sous régionales (MARPOL


73/78 ; BALE ; ROTTERDAM ; ABIDJAN…) ;
- Le code de l’environnement ;
- Le code des hydrocarbures ;
- Le code minier ;
- La règlementation sur la pêche dans les eaux continentales et
côtières
- L’arrêté n°00996 du 28 novembre 2007 instituant UNIPOL.

C/ Domaine d’intervention et méthodologie de l’UNIPOL

1/ Domaine d’intervention

- L’UNIPOL intervient au-titre de la pollution de l’environnement


marin, lagunaire et des zones côtières ;
- Au titre de la pollution des eaux continentales ;
- Au titre de la pollution du sol ;
- Au titre de la pollution atmosphérique.

2/ Méthodologie

L’exercice des missions de l’UNIPOL suggère des dispositions préalables,


notamment un plan d’action et du personnel.

Plan d’action 1 : patrouille de veille environnementale, ou patrouille inopinée

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Il s’agira pour les agents de l’UNIPOL de patrouiller librement à travers les
agglomérations en quête des indices de pollution. Ces patrouilles permettent de marquer la
présence de la police ce qui est un caractère dissuasif, et par ailleurs permet la découverte des
installations classées clandestines et l’interpellation de pollueur en flagrant délit.

Plan d’action 2 : mission de constat des infractions

Il s’agit soit pour l’UNIPOL de se rendre dans un établissement en infraction, ou tout


lieu en vue de constater l’infraction et d’établir des procès verbaux qui permettront de
réprimer conformément à la législation. Il est important de remarquer ici, que la mission de
constatation d’une infraction par l’UNIPOL peut se faire suite à une plainte déposer par un
particulier ou une entreprise. Pour mener à bien ces différentes missions, l’UNIPOL dispose
d’un effectif qui émane des différentes forces de défense et de sécurité à savoir la marine
nationale, la gendarmerie, la police et les eaux et forêts.

Le code de l’environnement prévoit des sanctions en cas de non respect de la


règlementation. Il s’agit par exemple d’omettre de faire l’étude d’impact environnemental ou
d’en falsifier les résultats, ou le fait de l’abattage d’arbre ou d’animaux, la destruction de site
et monument classé, faire obstacle à l’exercice des fonctions des agents chargés de
l’inspection des installations classées ou non le non respect en général des dispositions du
code de l’environnement. La constatation de ces infractions peut donner lieu à un
emprisonnement, et ou une amende, ou également, la fermeture, la suspension, temporaire ou
définitive de l’établissement.

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