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Paragraphe deuxième : l’échange des consentements :

Le législateur tunisien précise dans l’article 23 du code des obligations et des contrats
que : « la convention n’est parfaite que par l’accord des parties sur les éléments essentiels de
l’obligation… », l’article 580 confirme le même principe en prévoyant que « la vente est
parfaite entre les parties, dès qu’il y a consentement des contractants… ».

Le consentement nécessite forcément la rencontre de deux volontés caractérisée par l’offre


et l’acceptation. L’échange de consentement en matière de commerce électronique se fait
d’une façon immatérielle. Il se traduit par une offre en ligne qui présente certaines
spécificités et une acceptation en ligne qui s’effectue selon des modalités et des techniques
bien particulières.

A- L’offre électronique :

I_ Définition : l’offre peut être définie comme étant : une manifestation de volonté unilatérale
expresse ou tacite, par laquelle une personne propose à une ou à plusieurs personnes sa
volonté de conclure un contrat selon certaines conditions.

II_ Les conditions de l’offre en ligne :

L’article 25 et suivant de la loi de 2000 a mis à la charge du vendeur une obligation


d’information concernant essentiellement la phase précontractuelle ainsi que les modalités
d’exécution du contrat.

Selon le même article 25, l’offre électronique doit comprendre un certain nombre
d’information qu’on peut classer en 4 catégories :

a- Des informations relatives à l’identité du vendeur tel que son nom, prénom, adresse,
téléphone, fax, etc…
b- Des informations relatives à l’objet de la transaction tel que la nature, les
caractéristiques et le prix du produit ou du service.
La vente d’un équipement, par exemple, pour être valablement consentie doit l’être à un prix
déterminé. Or le développement d’un logiciel spécifique peut être l’objet d’un contrat dans
lequel les parties n’ont pas au départ fixé les prix.

c- Des informations relatives aux conditions contractuelles de la transaction, telles que


les modalités et le délai de livraison du produit, les conditions de confirmation de la
commande, les frais, les coûts et les charges à supporter, les modalités et les
procédures de paiement.
d- Des informations relatives à la résolution des litiges lors de la conclusion de la
transaction.

Toutes ces informations ont pour objectif de protéger le consommateur, et doivent être
mises à la disposition de ce dernier pour consultation à tous les stades de la transaction.

Cependant il arrive que la description du produit sur internet soit accompagnée de


photographie, et l’on peut s’attendre parfois à ce que le produit proposé ne répond pas aux
attentes de l’acheteur. L’internaute, pour qui l’image constitue un repère important
regrettera alors son acquisition faite dans un monde virtuel caractérisé par son
immatérialité.

De plus, le législateur a exigé, dans le § 2 de l’art 25, que ces informations soient fournies par
voie électronique afin que le consommateur puisse les consulter durant toutes les stades de
l’opération de vente.

D’où l’offre en ligne doit répondre à des exigences bien déterminées et doit être ferme, claire,
précise et non équivoque(ambigüe).

Tout manquement à l’obligation d’information préalable sera sanctionné tant sur le plan civil
que pénal.

Sur le plan pénal, c’est l’article 49 de la loi du 9 aout 2000 qui dispose que « toute personne
contrevenant aux dispositions des articles 25, 27, 29,…de la présente loi est punie d’une
amende de 500 à 5000 dinars… ».ainsi, le renforcement des sanctions civiles par des
sanctions pénales constitue un moyen dissuasif limitant les agissements frauduleux de tout
vendeur mal intentionné.

III- Les moyens d’expression de l’offre électronique :


L’offre en ligne peut prendre plusieurs formes. Elle peut être faite au public, ou à une
catégorie bien déterminée de personnes, comme elle peut être adressée à une seule personne.

1- L’offre au public :la page web : dans ce cas l’offre est destinée à tout le monde, le
commerçant ne choisit pas ses partenaires, seulement il est possible d’insérer une
clause dans l’offre précisant les conditions de l’offre. Il appartient, alors, à l‘acheteur
en ligne de faire la démarche et de consulter le site web approprié qui pourrait
satisfaire à ses besoins. Ainsi, le sites web permettent de créer une véritable vitrine
virtuelle présentée dans le monde entier, identifiée par un nom ou un domaine de
référence par des moteurs de recherche. L’offre peut être régionale, nationale ou
même internationale, mais à la seule condition que les limitations qu’elle peut
contenir, soient claires et précises.

(Par exemple conditionner l’offre géographiquement ou par la solvabilité du client, ou


bien une offre à la limite du stock).

A défaut du respect des conditions annoncées, des poursuites judiciaires peuvent être
intentées pour publicité trompeuses ou mensongères.

2- L’offre nominative, ou à une personne déterminée : le mail

Le mailing ou le courrier électronique ou encore le e-mail est un autre moyen d’expression de


l’offre en ligne. Dans ce cas, l’offre peut être faite vis-à-vis d’un destinataire nominatif.

Si le mail n’est pas nominatif, l’offre sera considérée comme publique et l’offrant ne sera lié
qu’à l’égard du 1er acceptant.

IV - La durée de l’offre électronique :

Etant donné la spécificité de la vente effectuée sur réseau, et dans le but d’assurer la
protection et l’information des consommateurs en ligne, l’article 25 de la loi de 2000
prévoit expressément que « avant la conclusion du contrat, le vendeur est tenu, lors des
transactions commerciales électroniques, d’informer le consommateur… sur la durée de
l’offre du produit aux prix fixés… ». Selon l’article 49 de la même loi, toute personne
contrevenant aux dispositions des articles 25,… de la présente loi est puni d’une amende de
500 à 5000dinars.
Ainsi, toutes les fois où l’offre est assortie d’un délai pour son acceptation, l’offrant sera
engagé envers l’autre partie jusqu’à l’expiration du délai fixé. Il sera dégagé, si aucune
réponse ne lui parvient dans le délai fixé.

L’article 25 écarte la possibilité de l’offre sans délai et oblige le vendeur à préciser la durée
de l’offre. Si par contre on se trouve face à une offre sans délai, c’est le COC qui a prévu une
solution valable pour les ventes en ligne d’une manière générale.

En effet, l’article 34 du COC prévoit que « celui qui fait une offre par correspondance sans
fixer un délai est engagé jusqu’au moment où une réponse expédiée dans un délai raisonnable
devrait lui parvenir régulièrement… » ; ce ‘’délai raisonnable’’ s’appréciera en fonction des
circonstances, de la nature du contrat ainsi que des usages. En matières des transactions
électroniques il est certain que « la rapidité des réseaux invitera les juges à mesurer le
caractère raisonnable d’une offre dans la réalité mouvante et éphémère du NET.

L’offrant pourra retirer les produits des rayons après avoir octroyer à l’éventuel acheteur en
ligne dans un délai raisonnable.

B- L’acceptation électronique :

L’acceptation : c’est la manifestation de volonté expresse ou tacite par laquelle une personne
accepte et consolide une offre de contrat qui lui a été faite.

Le consommateur doit manifester sa volonté de contracter, car à défaut de cette acceptation, le


contrat n’est pas formé et n’entraine aucun effet sur le plan juridique.

D’après l’art 580 du COC, la vente est parfaite entre les parties dès qu’il y a consentement des
contractants, l’un pour vendre, l’autre pour acheter, et qu’ils sont d’accord sur la chose, sur le
prix et sur les autres clauses du contrat.

Ainsi, l’expression de l’acceptation en ligne se fait en général par le cliquage sur le bouton
d’acceptation figurant sur la page web.

Mais pour que l’acceptation soit valable, l’acheteur en ligne devra par la suite confirmer son
acceptation.

Selon l‘art 27 de la loi de 2000 « avant la conclusion du contrat, le vendeur doit permettre au
consommateur de récapituler définitivement l’ensemble de ses choix, de confirmer la
commande ou de modifier selon sa volonté et de consulter le certificat électronique relatif à la
signature ».
Toutefois la question qui se pose est : quand est ce que le contrat est définitivement conclu ?

L’article 28 de la loi de 2000 donne la réponse en précisant que : le contrat par


correspondance est parfait au moment et dans le lieu ou celui qui a reçu l’offre répond en
l’acceptant.

L’article 29 ajoute que lorsqu’une réponse d’acceptation « n’est pas exigée par le proposant
ou par l’usage du commerce, le contrat est parfait dès que l’autre partie en a entrepris
l’exécution, l’absence de réponse vaut aussi consentement, lorsque la proposition se rapporte
à des relations d’affaire déjà entamées entre les parties ». Donc la conclusion du contrat est
faite au moment et au lieu de l’acceptation.

Paragraphe troisième : l’objet et la cause :

Aucune disposition spéciale concernant l’objet et la cause des contrats de vente électronique
n’a été prévue par la loi du 9 aout 2000 relative aux échanges et au commerce électronique. Il
en est de même de la loi du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et à la publicité
commerciale. Par contre c’est le droit commun des contrats qui s’applique.

A- L’objet :

Concernant l’objet du contrat de vente électronique, il sera soumis aux mêmes conditions que
n’importe quel autre contrat en général. Ce sont les articles 62 à 66 du COC qui s’appliquent.

Trois conditions essentielles et cumulatives sont à respecter :

* il doit être dans le commerce.

* il doit être déterminé ou déterminable.

* il doit être possible.

Le contrat doit avoir donc comme objet, toute chose, faits, droits qui sont dans le commerce ;
c’est-à-dire que la loi permet de commercialiser. (Par exemple, tout ce qui porte sur le corps
humain, même le sang est nul). L’objet du contrat de vente électronique ne doit pas être
contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs. L’immatérialité du commerce électronique
implique une difficulté de vérification de l’existence réelle de la chose vendue.

Il est alors préférable, et eu égard le caractère international de l’internet que le contrat de


vente électronique indique les exigences ou les normes légales auxquelles les produits doivent
répondre, ce qui permettra à tout consommateur intéressé d vérifier si la législation de son
pays lui permet d’acquérir le bien en question. De même, l’identification claire et précise du
bien proposé à la vente, avec des références précises faites par le vendeur, constitue un
élément important et nécessaire à la validité d’un contrat de vente électronique.

B- La cause :

C’est le pourquoi du contrat. Tout contrat doit être fondé sur une cause licite, c’est à dire, non
contraire à la loi. Si elle est illicite, le contrat est nul. (elle doit être conforme aux articles 62
et 63 du COC).

SECTION DEUXIEME :LA LOCALISATION DU CONTRAT DE VENTE


ELECTRONIQUE :

§1- le moment de la conclusion du contrat :

Il s’agit de déterminer quand et où le contrat est-il conclu.

D’après l’article 28 de la loi du 9 aout 2000, le contrat est conclu à l’adresse du vendeur et à
la date de l’acceptation de la commande par ce dernier par un document électronique signé et
adressé au consommateur dans lequel il lui confirme la réception de sa commande donc de
son acceptation. Ainsi, la loi admet la théorie de la réception de l’acceptation et non pas celle
de l’émission de l’acceptation. De ce fait, le contrat est conclu à l’adresse du vendeur et à la
date de confirmation de la commande du consommateur.

La détermination du moment du où le contrat a été conclu est importante. Elle permet de fixer
le point de départ des délais de livraison et de rétraction ainsi que le point de départ des délais
de garantie et le moment du transfert de la propriété de l’objet.

Le lieu du contrat est aussi important pour déterminer la loi applicable par le juge et le
rattacher à un Etat au cas où les parties n’ont pas désigné la loi applicable.
Bien évidemment cette confirmation de la commande par le vendeur doit se faire à moins que
le client n’ait exercé son droit de rétractation.

§2/ Le droit de rétractation :


Il s’agit d’une possibilité reconnue au consommateur, étant la partie la plus faible, de remettre
en cause unilatéralement son engagement. En effet, cette option de rétractation lui est
reconnue même après la conclusion du contrat. Selon l’article 25 de la loi, il y a deux cas de
figures :

 Les parties se mettent d’accord sur cette possibilité en insérant une clause dans
laquelle le vendeur précise si le client peut bénéficier de ce droit et indiquer son délai
d’exercice.
 à défaut d’indication dans le contrat, les parties appliquent l’article 30 de la même loi
qui reconnait au consommateur un droit de rétractation qui doit être exercé dans un
délai de 10 jours. Ce délai dépend de la nature de l’objet du contrat : s’il s’agit de
marchandises, les 10 jours commencent à partir de la date de leur réception. S’il
s’agit de services, le délai court à partir de la date de conclusion du contrat.

Il résulte de l’exercice de ce droit une obligation pour le client de notifier cela au commerçant
par tout moyen prévu dans le contrat. Dans ce cas le vendeur doit rembourser les sommes
versées au consommateur dans un délai de 10 jours ouvrables à compter de la date de retour
des biens ou de la renonciation au service. C’est le client qui supporte les frais de retour des
biens.

On note dans le même esprit de protection du consommateur, que la loi lui réserve des
exceptions qui lui permettent soit de restituer le produit, soit de se rétracter et ce
indépendamment de tout accord entre les parties.

En effet, selon les dispositions de l’article 31 de la loi de 2000, le client est en mesure de
restituer le bien soit en cas de non-conformité à la commande (vices apparents ou cachés), soit
en cas de non-respect des délais de livraison. Il en découle que le consommateur restitue le
bien en l’état au vendeur, et que le vendeur est dans l’obligation de rembourser les sommes
payées par le consommateur.

Par contre il est à noter que le la rétractation est impossible dans les cas suivants (article 32)
 Lorsque le client demande une livraison avant la date prévue,
 Lorsque le produit est personnalisé ou qu’il risque de périr ou de se détériorer,
 Lorsque le consommateur descelle les logiciels ou des biens semblables,
 En cas d’achat de journaux ou de magazines.

Ces exceptions sont inapplicables en cas de vices apparents ou cachés.

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