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Siham Gueddira
Othman Sentissi
En effet c’est par le texte de 2011 que la loi a institué la protection contractuelle du
consommateur. Bien que cette notion ne soit pas définie par le texte en lui-même, il
est possible de conclure de ses dispositions que la protection contractuelle du
consommateur consiste en la limitation de la liberté de contracter en interdisant aux
fournisseurs d’utiliser des conditions spécifiques dans leurs contrats ou, au contraire,
en les obligeant à appliquer d’autres conditions spécifiques.
Lors de sa parution, cette loi avait, entre autres, pour ambition de renforcer la
protection des intérêts économiques du consommateur et de rééquilibrer les relations
consommateur-fournisseur. Pour atteindre les objectifs que cette loi s’était fixé, une
multitude de dispositions ont été prévues. Parmi ces dispositions, certaines exclues
des clauses des contrats liants les fournisseurs au consommateur, d’autres, comme
expliqué plus haut, interviennent dans le cadre de la liberté contractuelle pour imposer
l’inclusion de certaines mentions, et d’autres enfin, prévoient des procédures
spécifiques à suivre par les fournisseurs.
Les contrats de consommation sont soumis à des règles spécifiques qui ont pour objet
la protection des consommateurs dans leurs relations avec les professionnels compte
tenu du déséquilibre dans leurs rapports de force. Ces règles sont regroupées au sein
du droit de la consommation et s’ajoutent aux règles déjà évoquées dans le cadre du
droit général des contrats.
Lorsque l’on parle de contrats de consommation, deux types de contrats feront l’objet
de notre étude :
Du démarchage
Les opérations de démarchage doivent faire l'objet d'un contrat écrit dont un
exemplaire doit être remis au consommateur au moment de la conclusion de ce
contrat, lequel doit comprendre un formulaire détachable destiné à faciliter l’exercice
de la faculté de rétractation. Tous les exemplaires du contrat doivent être signés et
datés de la main même du consommateur.
Du crédit à la consommation
L’article 74 l’a défini comme toute opération de crédit, ainsi que son cautionnement
éventuel, consentie à titre onéreux ou gratuit, par un prêteur à un emprunteur qui est
consommateur.
On entend par :
- Prêteur : toute personne qui consent, à titre habituel, un crédit, dans le cadre de
l'exercice de ses activités commerciales ou professionnelles.
- Par opération de crédit : toute opération par laquelle le prêteur consent à
l’emprunteur un délai pour rembourser le prêt ou payer le prix de la vente ou
de la prestation de services après livraison du bien ou exécution de cette
prestation.
Toute opération de crédit visée à l’article 74 doit être précédée d'une offre préalable
de crédit écrite, de manière à ce que l'emprunteur puisse apprécier la nature et la
portée de l'engagement financier auquel il peut souscrire et les conditions d’exécution
de ce contrat.
Les opérations de crédit visées à l'article 74 doivent être conclues dans les termes de
l’offre préalable, remise gratuitement en double exemplaire à l'emprunteur et,
éventuellement, en un exemplaire à la caution.
La remise de l'offre préalable oblige le prêteur à maintenir les conditions qu'elle
indique pendant une durée minimum de sept jours à compter de sa remise à
l’emprunteur.
Est-ce que tous les consommateurs sont au courant de cette garantie légale ? J’en
doute. La garantie légale est prévue par le Dahir formant code des obligations et
contrats de 1913, reprise et précisée davantage par la loi n° 31-08 de 2011, édictant
des mesures de protection du consommateur.
En effet, l’article 549 du Dahir sus-cité stipule ce qui suit : « Le vendeur garantit les
vices de la chose qui en diminuent sensiblement la valeur, ou la rendent impropre à
l’usage auquel elle est destinée d’après sa nature ou d’après le contrat…Le vendeur
garantit également l’existence des qualités par lui déclarées, ou qui ont été stipulées
par l’acheteur ».
Mais, même avec l’existence de ces dispositions relatives à la garantie légale prévue
par les deux textes suscités, le consommateur se croit désarmer et ne songe pas à
l’invoquer comme il peut le faire, théoriquement.
La conséquence c’est que la garantie légale est pratiquement paralysée pour les objets
dont la valeur ne dépasse pas quelques centaines de dirhams et ce, en raison de la
difficulté de sa mise en œuvre.
Il y a lieu de rappeler que la garantie légale existe dans tous les contrats de vente,
qu’ils portent sur des meubles ou sur des immeubles. A la différence que cette
garantie est d’une durée de deux à compter de la livraison pour les immeubles et
d’une année à compter de la livraison pour les biens meubles. Ces délais sont
maintenus même lorsque des clauses contractuelles viennent les contredire.
La garantie, quand elle est applicable, ouvre un choix à l’acheteur. Il peut soit se faire
rembourser le prix, en rendant la chose (action rédhibitoire), soit garder la chose et se
faire rendre une partie du prix, déterminée par expert (action estimatoire).
Mais, malheureusement, sa mise en œuvre n’est pas une chose facile en raison des
difficultés citées en haut. D’où l’importance de la garantie conventionnelle, qui est
connue par les consommateurs, appelée également garantie commerciale ou
contractuelle qui est proposée par les vendeurs.
Par ailleurs, certains commerces acceptent le retour de toute chose achetée, même
sans vice caché, dans un délai d’un mois avec le remboursement du prix payé, à
condition de retourner le produit avec le ticket de caisse.
Dans le cadre de cette garantie, l’acheteur reçoit un écrit, appelé bon ou certificat de
garantie, par lequel le fabricant ou le vendeur s’engage à remettre en état ou à
remplacer, dans des conditions déterminées, la chose vendue, si un défaut apparait
dans un certain délai après la vente. Ce délai est fixé par le vendeur ou le fabricant,
selon sa volonté.
De ce qui précède, il ressort que malgré l’existence d’un texte qui a mis en place un
modèle de contrat concernant la garantie conventionnelle, certaines entreprises
mettent en place le leur en fonction de l’objectif recherché. Les entreprises qui
cherchent la satisfaction et la fidélisation de leurs clientèles, octroient le maximum de
garantie et plus que ceux proposés par les textes, alors que d’autres limitent au
maximum ces garanties et les soumettent à des conditions.
Il est à rappeler que la garantie conventionnelle, quand elle est proposée, oblige le
vendeur à maintenir la chose achetée en bon état, à des conditions convenues, pendant
un délai déterminé après la vente. C’est du moins ce qui ressort des contrats de
garantie les plus courants.
La mise en place d’une procédure légère qui ne nécessite ni frais ni dérangement pour
le consommateur serait fort souhaitable. D’ailleurs, l’institution de la hisba réinstaurée
en 1982, par Feu Hassan II, a donné des résultats impressionnants en ce qui concerne
le règlement à l’amiable des litiges entre commerçants et artisans d’une part, et les
consommateurs, d’autre part. L’action des Mohtassibs dans le domaine des litiges a
permis l’allégement du fardeau des dossiers traités par les tribunaux.
Malheureusement, cette institution commence à s’éclipser ces dernières années.
Parmi les innovations de la loi 31-08 se trouvent les contrats conclus à distance. Ces
contrats ne doivent par ailleurs aucunement être confondus avec les contrats conclus
par voie électronique prévus par le Dahir formant code des obligations et des contrats.
Dans le cadre de cette section nous allons dans une première partie passer en revue la
notion de contrat conclu à distance avant d’aborder dans une seconde partie les
clauses que doivent contenir ces contrats en vertu de la loi.
En vertu des dispositions de la loi 31-08, les contrats conclus à distance sont les
contrats conclus par un moyen électronique ou au moyen d’une technique de
communication à distance. Les contrats conclus à distance peuvent donc être conclus
par voie électronique mais aussi par appel téléphonique, ou courrier.
Lorsque les contrats conclus à distance sont conclus spécifiquement par voie
électronique, ils sont soumis aux dispositions du Dahir formant code des obligations
et des contrats relatives aux contrats conclus par voie électronique en plus des
dispositions de la loi 31-08 relatives aux contrats conclus à distance.
Le législateur à néanmoins soustrait certains contrats aux dispositions relatives au
contrats conclus à distance. Ces contrats sont les contrats conclus :
Concernant le cybercommerçant :
- s’il est assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée, son numéro d’identité fiscale ;
4- L’existence du droit de rétractation prévu à l’article 36, sauf dans les cas où les
dispositions du présent chapitre excluent l’exercice de ce droit ;
Ces informations, dont le caractère commercial doit apparaître sans équivoque, sont
communiquées au consommateur de manière claire et compréhensible, par tout
moyen adapté à la technique de communication à distance utilisée.
Aussi la réception par écrit ou sur un autre support durable à sa disposition, en temps
utile et au plus tard au moment de la livraison :
3) une information sur les conditions et les modalités d'exercice de son droit de
rétractation.
5) les conditions de résiliation du contrat lorsque celui-ci est d'une durée indéterminée
ou supérieure à un an.
Pour ce qui est des numéros de téléphone destinés à recevoir les appels du
consommateur en vue de suivre la bonne exécution du contrat conclu avec le
fournisseur ou pour l’examen d’une réclamation :
Ils ne peuvent être soumis à des taxes additionnelles. Ces numéros doivent
être indiqués dans les contrats et dans les correspondances.
Le consommateur doit être mis en mesure de suivre sa demande et d’exercer son droit
de rétractation ou de bénéficier de la garantie par n’importe quel moyen de
communication et cela sans avoir à supporter des frais supplémentaires.
Pour ce qui est de la fourniture de produits et de biens ou la prestation de services au
consommateur sans commande préalable de sa part :
Et cela sans avoir à se justifier, ni à payer des pénalités, à l’exception, le cas échéant,
des frais de retour. Lorsque le droit de rétractation est exercé, le fournisseur est tenu
de rembourser sans délai le consommateur et au plus tard dans les 15 jours suivant la
date à laquelle ce droit a été exercé. Au-delà, la somme due est, de plein droit,
productive d’intérêts au taux légal en vigueur.
• Est-ce que les ventes à distance font l’objet d’un contrôle actuellement,
d’autant plus que plusieurs vendeurs ne sont même pas identifiés ?
• Est-ce que les ventes sans facture ne représentent pas un manque à gagner
pour le trésor de l’Etat (TVA et impôts) ?