Le droit de la consommation est un droit qui régit les rapports contractuels entre le consommateur et le professionnel, car entre les deux il y a déséquilibre contractuel. En dehors d’une protection particulière, le contrat de consommation peut devenir pour certains contractants, le consommateur, une source d’injustice puisque les contrats de consommation sont presque tous des contrats d’adhésion. Le contenu du contrat est prédéterminé par le professionnel ; le consommateur donne une acceptation globale, il n’a généralement pas la possibilité de négocier. A l’inverse du droit des contrats, le droit de la consommation viserait non pas tant à protéger un individu qui en a besoin qu’à renforcer la croyance de la collectivité des consommateurs en une protection forte et indiscutable (automatique). Le code de la consommation protège la catégorie des consommateurs en tant que telle. Peu lui importe que, dans un litige donné, le destinataire concret de la règle protectrice n’ait eu nul besoin de protection. C’est dans ce sens que la Loi-cadre N°2011/012 du 6 mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun en son article 3 dispose que : « La politique nationale de protection des consommateurs s’inspire, dans le cadre des traités, lois et règlements en vigueur notamment des principes suivants : a) Le principe de protection selon lequel les consommateurs ont droit à la protection de la vie, de la santé, de la sécurité et de l’environnement dans la consommation des technologies, biens ou services ; b) Le principe de satisfaction selon lequel les consommateurs ont droit à la satisfaction des besoins élémentaires ou essentiels dans les domaines de la santé, de l’alimentation, de l’eau, de l’habitat, de l’éducation, de l’énergie, du transport, des communications et tout autre domaine des technologies, des biens et services ; c) Le principe d’équité selon lequel les consommateurs ont droit à la réparation complète des torts pour les dommages subis et qui, au terme des dispositions de la présente loi ou d’autres règlements en vigueur, sont imputables aux fournisseurs ou prestataires ; d) Le principe de participation selon lequel les consommateurs ont le droit et la liberté de former des associations ou organisations des consommateurs bénévoles, autonomes et indépendantes afin de réaliser ou participer à la promotion et à la défense des droits visés par la présente loi. » Aussi, le droit de la consommation apporte des remèdes préventifs et collectifs : il cherche à éclairer le consentement des consommateurs contractants. Il le fait en réprimant les tromperies, en obligeant les professionnels à informer les consommateurs et à leur laisser un temps de réflexion. En ce qui concerne la répression des tromperies, deux dispositions du code de la consommation française la répriment. D’une part, les articles 121-1 et suivants punissent la publicité fausse ou de nature à induire en erreur. La loi-cadre quant à elle en son article 14 dispose que toute publicité destinée au consommateur doit se conformer à la législation et à la réglementation en vigueur en matière de publicité des prix et des conditions de vente. D’autre part, les articles L. 213-1 et suivants sanctionnent les fraudes et falsifications. Ainsi la menace de la peine incite les professionnels à ne pas tromper les consommateurs. A l’obligation négative des professionnels (ne pas tromper) s’ajoute une obligation positive (informer). Les obligations d’information posées par le droit de la consommation peuvent être réparties en trois catégories : - Information sur les caractéristiques des biens et des services. Cela est prévu à l’article 13 de la loi-cadre qui dispose : « Chaque fournisseur ou prestataire d’une technologie, d’un bien ou d’un service doit fournir au consommateur, en français et en anglais, une information juste, suffisante, claire et lisible concernant les biens et services offerts afin de lui permettre de faire des choix adéquats et raisonnables avant la conclusion d’un contrat. - Information sur les prix et les conditions de la vente. - Mentions obligatoires de contrats. En certains cas, la loi oblige le professionnel à rédiger par écrit et à y insérer des mentions destinées à informer le consommateur sur les obligations respectives des parties (crédit, assurance) La réflexion est le complément de l’information. Il ne sert à rien d’informer le consommateur si celui-ci ne réfléchit pas, avant de contracter, sur les informations qui lui sont données. La loi ne peut évidemment forcer à réfléchir celui qui ne le veut pas, mais elle peut du moins obliger les professionnels à laisser aux consommateurs le temps de la réflexion. Ainsi ces derniers auront la possibilité de peser le pour et le contre avant de s’engager. Ce particularisme du droit contractuel de la consommation lui fait produire des résultats qu'’un civiliste admettrait peu. Par exemple, en 2006, la cour de cassation jugea que « l’exercice de la faculté de renonciation prorogée, ouverte de plein droit pour sanctionner le défaut de remise à l’assuré des documents et informations énumérés par ce texte (l’article L. 132-5-1 c. cons.) est discrétionnaire pour l’assuré dont la bonne foi n’est pas requise »1. Cette indifférence de la bonne foi du titulaire était incompréhensible dans une logique civiliste. Il contribue à ancrer le droit contractuel de la consommation dans une logique de régulation qui conduit à le rattacher au droit du marché bien plus qu'’au droit civil.
1 Civ. 2é, 7 mars 2006, n° 05-12.338, Bull. civ. II, n° 63 ; D. 2006. 807 ; ibid. 2008. 120, obs. H. Groutel.
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