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COURS DE DROIT COMMERCIAL

Bachelor 1

Par
Mr Balla Moussa CONDE
Enseignant chercheur

A préciser que ce présent cours a été rédigé conformément au plan


de cours de l’Université Française de Guinée

Introduction générale au cours de droit commercial

1- Les grands principes du droit de la consommation


2- La notion de contrat et les différentes catégories de contrat
3- Les spécificités des différents types de contrat et le cadre juridique inhérent
4- Le contrat électronique et l’offre commerciale
5- Les personnes physiques et morales et la notion de capacité de contracter
6- Le consentement des parties et les obligations réciproques
7- La rupture et les clauses de rupture d’un contrat commercial
Cours de droit commercial (bachelor 1) Mr CONDE 2023

Introduction générale :
Le droit commercial peut être définit comme une branche de droit privé relatif aux
opérations juridiques accomplies par les commerçants soit entre eux, soit avec leurs
clients.
Le droit commercial est l’ensemble des règles juridiques régissant l’exercice de la
profession de commerçant et définissant le régime juridique des actes de commerce.
Les opérations qui se rapportent à l’exercice du commerce, sont qualifiées d’acte de
commerce.
Paragraphe 1 : Objectif du droit commercial
L’objectif du droit commercial est de sécuriser les marchés, mais également de
réglementer les rapports entre différents acteurs économiques.
Le droit commercial garanti l’efficacité, la productivité, et la sécurité du commerce. Il
s’adresse aux commerçants mais aussi par extension aux échanges commerciaux
spécifiques à l’activité des entreprises.
Paragraphe 2 : Les sources du droit commercial
Le droit commercial tout comme le droit civil a pour source la loi et la jurisprudence.
 La loi : est toute disposition normative et abstraite posant une règle juridique
d’application obligatoire.
 La jurisprudence : est l’ensemble des arrêts et jugements rendus par les cours
et tribunaux pour la solution à un problème juridique donné.

Paragraphe 3 : les acteurs du droit commercial


Le droit commercial a pour acteurs les personnes physiques (commerçants) mais aussi
les personnes morales (sociétés), il s’agit de Société à Responsabilité Limitée SARL et
de Société Anonyme SA, tous appelées sous le vocable d’entreprises commerciales.
CHAPITRE I : les grands principes du droit de la consommation
Le droit de la consommation est très diversifié. Il régit les produits alimentaires et non
alimentaires, la responsabilité du fait des produits, les services, le crédit, tous les
contrats de la vie courante, la publicité et les promotions des ventes, l’accession au
logement.
Le droit de la consommation d’application très large : il s’applique à tout achat de
produits ou de services par un professionnel (c’est-à-dire qui contracte hors de ses
besoins professionnels). Au surplus, il rend débiteur tout professionnel. Ce droit
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spécial protège le consommateur, présumé en situation d’infériorité face au


professionnel proposant les biens et services qu’il convoite ou lui sont indispensables.
Le droit de la consommation est constitué par l’ensemble des dispositions légales et
règlementaires destinées à la protection du consommateur. Le droit de la
consommation a pour objectif principal de protéger le client, car celui-ci subit un
déséquilibre contractuel provient de la différence de puissance économique entre le
professionnel et le consommateur.
La différence entre un consommateur et un professionnel : a- Le professionnel est
toute personne qui conclut un contrat en lieu direct avec son activité professionnelle.
b- Le consommateur est une personne qui conclut un contrat sans lieu direct avec son
activité professionnelle.
Exemple : Une personne qui achète un lave-linge pour usage personnel est un
consommateur.
Un distributeur de matériels électro-ménagers qui achète des lave-linges n’est pas un
consommateur, c’est un professionnel.
Donc un contrat de consommation est un accord conclu entre un professionnel et un
consommateur, il est donc soumis au droit de la consommation.
Le contrat de consommation est en principe soumis à l’ensemble des règles
appréciables aux contrats : principe de la liberté contractuelle et principe de l’effet
d’obligation des contrats.
Mais le droit de la consommation prévoit des règles spécifiques pour adapter ces
règles, afin de mieux protéger le consommateur.
1- L’obligation d’information du consommateur
Pour que le consommateur puisse donner son consentement libre et éclairé, le
professionnel a l’obligation d’informer sur les caractéristiques de son offre : prix,
nature du bien ou du service. Cette information doit généralement être donnée par
écrit. La publicité est un outil d’information pour le consommateur, c’est pourquoi il
ne doit contenir d’informations inexactes. A publicité mensongère tout comme la
publicité trompeuse est interdite.
2- Le droit de réflexion ou de rétractation du consommateur
Dans certains contrats de réflexion, le consommateur peut bénéficier d’un délai pour
prendre sa décision ou pour revenir dessus :
- Un délai de réflexion avant de donner son consentement est obligatoirement
prévu dans certains achats à crédit.
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Dans le cadre d’un prêt immobilier, il existe un délai de réflexion de 10 jours obligatoire
à compter la réception de l’offre préalable de crédit. La signature du contrat est
interdite avant ce terme de 10 jours.
- Un délai de rétractation (droit de revenir sur l’accord sonné, ce qui a pour effet
d’annuler le contrat) est prévu dans le contrat de démarche à domicile et le contrat de
vente à distance. Le consommateur bénéficie d’un délai de 7 jours pour se rétracter.
Le consommateur peut dans le cadre de la signature d’un contrat d’assurance-vie,
revenir sur son consentement dans le délai de 30 jours à compter du moment où il est
informé que le contrat est conclu.
3- l’interdiction des pratiques commerciales déloyales : Une pratique commerciale
est déloyale si elle est contraire aux exigences de la diligence professionnelle et sil
elle altère ou susceptible d’altérer de manière substantielle le comportement
économique du consommateur. Qu’il s’agit de pratique commerciale trompeuse ou
agressive, elles sont toutes interdites.
4- La nullité des clauses abusives
Dans les contrats conclus entre un professionnel et un consommateur, toute clause ou
combinaison de clauses entrainant un déséquilibre des droits et obligations au
préjudice du consommateur est abusive et comme telle, réputée nulle et non écrite.
5- La garantie de conformité
La notion de garantie légale de conformité est une garantie contre tous les défauts de
fabrication lors d’un achat ou de la livraison d’un produit. Elle est obligatoire. Tout
professionnel doit fourni une garantie légale de conformité sur chaque produit.
6- La garantie commerciale
La garantie commerciale est l’engagement d’un professionnel à l’égard d’un
consommateur :
- De rembourser le prix payé ;
- De remplacer ou réparer la chose, ou
- De garantir de la conformité de la chose ou du service aux engagements
mentionnés dans la déclaration de garantie ou dans tout document publicitaire
;
- De s’occuper d’une façon quelconque si elle ne correspond pas aux
caractéristiques énoncées dans la déclaration de garantie ou de publicités.
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Chapitre II : La notion de contrat


Paragraphe 1 : Définition
Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer,
modifier, transmettre ou éteindre des obligations.
En vertu du principe de la liberté contractuelle et du principe de l’autonomie de la
volonté, chaque partie à un contrat est libre de contracter ou de ne pas contracter, de
choisir son co-contractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les
limites fixées par la loi (article 1101 du code civil français).
Paragraphe 2 : les différentes catégories de contrat
Pour procéder à la classification des contrats, on peut utiliser les critères du nombre
de parties au contrat (contrat bilatéral ou synallagmatique / contrat unilatéral), les
modalités d’exécution du contrat (contrat à exécution instantanée / contrat à
exécution successive), les avantages que procure le contrat à chacune des parties
(contrat commutatif / contrat aléatoire), les formalités nécessaires à la réalisation du
contrat (contrat solennel / contrat consensuel) et selon les possibilités de négociation
des clauses du contrat (contrat d’adhésion et contrat de gré à gré). a- Contrat
bilatéral ou synallagmatique / contrat unilatéral :
- Un contrat bilatéral met à la charge de chacune des parties ayant des intérêts
opposés, l’exécution des prestations les unes envers les autres.
Pour qu’un contrat soit synallagmatique ou bilatéral, il faut qu’il génère des obligations
réciproques et interdépendantes. Ainsi, chaque partie au contrat est obligée
d’exécuter une prestation envers l’autre partie et réciproquement.
Exemple : le contrat de vente, le contrat de bail
- Un contrat unilatéral : est une convention par laquelle une seule partie
s’engage envers l’autre à exécuter une prestation ou une obligation. Exemple : la
donation b- Un contrat à exécution instantanée et un contrat à exécution successive
: - Contrat à exécution instantanée est rempli en une seule fois. L’exemple par
excellence est le contrat de vente. Une fois que le bien, objet de vente est remis et
que son prix est payé, l’effet du contrat prend fin.
- Contrat à exécution successive : son exécution s’échelonne dans le temps. Les
parties s’engagent dans le temps. Exemple : Un contrat de travail est exemple de
contrat à exécution successive, car l’employé travail en contrepartie d’un salaire
régulièrement versé. c- Contrat à titre onéreux et contrat à titre gratuit :
- Un contrat à titre onéreux est une convention qui comporte une réciprocité
d’avantages, qui stipule une charge pour chacune des parties.
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NB : tous les contrats synallagmatiques sont des contrats onéreux.


- Contrat à titre gratuit : est une convention qui procure volontairement un
avantage gratuit à une des parties. Ce sont des avantages sans contrepartie. Cet
avantage peut consister en un service gratuit. Exemple : la donation. d- Contrat
commutatif / Contrat aléatoire :
Contrat commutatif : est une convention qui comporte des avantages réciproques
pour les parties, qui sont immédiatement connus et appréciés au moment de la
conclusion du contrat. Exemple : la vente, on sait toujours ce que le vendeur vend et
que l’acheteur sait le quelle sera la somme qu’il devra payer. La vente est
commutative, synallagmatique et à titre onéreux.
- Contrat aléatoire : est une convention dont les effets quant aux avantages et
aux pertes sont soumis à un évènement incertain et indépendant de la volonté des
parties. L’étendue d’une des prestations à exécuter est incertaine et dépend du
hasard. Exemple : le pari, le contrat d’assurance.
e- Contrat consensuel / contrat solennel :
- Contrat consensuel : est un contrat conclu par le simple accord des parties sans
qu’aucune formalité particulière ou supplémentaire ne soit requise. Exemple : La
vente dans un magasin alimentaire.
- Contrat solennel : est une convention dont la validité est subordonnée à
l’accomplissement de certaines formes. C’est la condition d’existence du contrat. Il
s’agit des écrits authentiques ou des actes sous-seing privé. Forme exigée pour
protéger les parties ou les tiers. f- Contrat d’adhésion / Contrat de gré à gré :
- Contrat d’adhésion : est une convention où l’une des parties propose un
ensemble de clauses contractuelles non négociables à son co-contractant, que ce
dernier doit accepter ou refuser en bloc. Exemple : contrat de fourniture d’électricité,
d’eau, de service téléphonique etc…
- Contrat de gré à gré : est une convention où les parties contractantes
déterminent librement ensemble, par la discussion les conditions de leur convention.
Il s’agit donc d’un contrat dont les stipulations ou les clauses sont négociables par les
parties.
Exemple : vente d’une voiture d’occasion.
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CHAPITRE III : LE CONTRAT ELECTRONIQUE ET L’OFFRE COMMERCIALE

Paragraphe 1 : l’offre commerciale


Le commerce électronique est l’activité économique par laquelle une personne
propose ou assure à distance et par voie électronique la fourniture de biens ou de
services.
Comme toute activité économique, le commerce électronique exige le support d’un
contrat précédé d’une offre commerciale électronique. Les offres commerciales des
entreprises, effectuées par voie électronique (via Internet), doivent respecter des
obligations imposées tant par le droit national (Code de la consommation) que par le
droit communautaire (directives, règlements).
Qu’est-ce qu’une offre commerciale électronique ?

L’offre de contracter (ou pollicitation) se définit comme une proposition qui


comporte tous les éléments du contrat projeté, de telle sorte que l’acceptation suffit
à former le contrat.
L’offre commerciale électronique présente des particularités : difficulté à établir qui
du consommateur ou du professionnel a eu l’initiative de la relation contractuelle;
difficulté à identifier avec certitude l’offreur, éloigné et parfois installé à l’étranger.
Différentes règles encadrent l’offre électronique. Ces règles s’appliquent à tout
professionnel proposant des produits et des services en ligne.
Les règles de droit commun :
 Proposition ferme de conclure
 Offre contenant les éléments essentiels du contrat et les conditions
d’exécution (caractéristiques du produit, prix…)
 Le délai de validité de l’offre doit être clair et précis.

Les règles spécifiques à l’offre électronique


 L’identification de l’offrant
 Les conditions générales de vente
 Les conditions contractuelles (modalités de paiement et de livraison, droit de
rétractation…)
 Les garanties commerciales et légales
 Les conditions de résiliation du contrat lorsque celui-ci est à durée
indéterminée  Les modalités d’archivage du contrat et les conditions d’accès
au contrat archivé

En France, en cas de non-respect de ces obligations, le cybermarchand encourt une


amende de 1500€. L’offrant reste engagé tant que l’offre reste sur son site.
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Paragraphe 2 : Le contrat électronique


Le contrat électronique peut être défini comme un accord de volontés entre 2 ou
plusieurs personnes concluent par l’intermédiaire d’un réseau de télécommunication
(Exemple un email ou un document joint dans un courriel), en vertu duquel elles
s’obligent envers une ou plusieurs autres à faire, à ne pas faire ou à donner quelque
chose.
Ainsi, les parties au contrat électronique sont :
 Les parties au contrat électronique : le vendeur (cybermarchand ou
 e-marchand) et l’acheteur (cyberacheteur ou cyberconsommateur).
 Les conditions de validité : comme tout contrat, le contrat électronique doit
respecter les quatre conditions de validité : le consentement, la capacité,
l’objet et la cause.
 Le consentement des parties au contrat doit exister et être exempt de vices
(erreur, dol, violence). Lors d’une transaction électronique, le cyberacheteur
exprime son consentement en cliquant sur un bouton qui l’invite à valider
une décision d’achat. Le cybermarchand doit mettre en œuvre une procédure
de validation obligatoire du « oui » par double clic. L’affichage d’un prix
erroné entraîne un vice du consentement et donc la nullité du contrat. Le
consentement se traduit par l’acceptation de l’offre commerciale.
 La capacité : en principe, toute personne majeure peut contracter car elle
dispose d’une pleine capacité. Toutefois, le mineur non émancipé et le
majeur incapable (sous tutelle ou curatelle), doivent être représentés lors de
la conclusion du contrat. Il est cependant difficile pour le cybermarchand de
s’assurer que les personnes connectées satisfont bien aux critères requis
pour pouvoir avoir accès à tel ou tel produit ou service.
 L’objet c’est-à-dire la prestation promise doit être licite et conforme à l’ordre
public. Le cybermarchand est obligé de s’assurer que les produits proposés
sont autorisés par les lois nationales
 La cause c’est-à-dire les raisons qui ont conduit les parties à contracter doit
être licite et conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

Pourquoi et comment la loi protège-elle le consommateur électronique ?


En France, les textes juridiques de référence sont : la loi Informatique et liberté (1978)
et la loi sur la confiance dans l’économie numérique (LCEN) (2004). La loi protège le
consommateur en raison du contexte particulier de la consommation électronique
caractérisé par :
 L’intrusion dans la vie privée du consommateur.
 La nécessité d’un délai entre la commande et la livraison
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 Le consentement donné par le consommateur sur la base de simples images


ou vidéos
 L’éloignement du vendeur.

A) Les principes à respecter par le cybermarchand sont :


 Le respect de l’ordre public et les bonnes mœurs
 Le respect de la vie privée
 La règle de l’opt-in, c’est-à-dire le consentement préalable du
consommateur
 L’obligation de loyauté : le cybermarchand doit s’abstenir de toute pratique
déloyale ou trompeuse. Il doit également s’abstenir d’inclure des clauses
abusives dans son offre commerciale.
 L’obligation de transparence : le cybermarchand doit mettre à la disposition
du cyberconsommateur toutes les informations nécessaires.
B) Les obligations du cyber acheteur :
 L’obligation de retirement : le cyberacheteur doit prendre livraison de la
chose. S’il ne le fait pas, le cybermarchand peut refuser d’exécuter ses
propres obligations, demander l’exécution forcée de la vente ou demander
la résolution (annulation) de la vente.
 L’obligation de payer : le cyberacheteur doit payer le prix au jour et lieu
prévu dans le contrat de vente. Le règlement s’effectue soit
immédiatement, soit de manière différée à la livraison du bien. Le moyen
de paiement le plus utilisé est la carte bancaire, couplée à une solution de
cryptage des données. L’internaute donne son numéro de carte, sa date de
validité et un code inscrit au dos de la carte. La transaction est ensuite
réalisée si la carte existe et si elle n’a pas été déclarée comme volée. Le
paiement par carte bancaire, sauf utilisation frauduleuse, est irrévocable.
 Les garanties : le professionnel doit garantir un produit conforme à la
description initiale et sans défaut. En cas de problème, l’acheteur a le choix
entre la réparation ou le remplacement du bien. L’acheteur non
professionnel peut bénéficier de quatre garanties différentes : la garantie
légale de conformité du bien, la garantie légale des vices cachés, la
garantie d’éviction (le cybermarchand doit indemniser l’acheteur au cas où
la propriété de la chose serait reconnue appartenir à un tiers) et la garantie
contractuelle (garantie supplémentaire, gratuite ou payante, accordée par
le cybervendeur).
Le règlement des litiges : en principe les parties au contrat ont le libre choix de la loi
applicable en cas de litige. A défaut, la loi applicable est celle du pays où se situe la
résidence du consommateur.
Le juge compétent : compétence des tribunaux guinéens dès lors qu’une des parties
au contrat est guinéenne.
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Compétence territoriale : tribunal du domicile du défendeur ou le lieu d’exécution de


l’obligation.
CHAPITRE IV : Les personnes physique et les personnes morales
Paragraphe 1 : Les personnes physiques
Une personne physique est un être vivant doté de la personnalité juridique, qui
bénéficie de droits (vote, accès à un logement, protection sociale, droit de propriété,
droit d’association etc…) et d’obligation (payer ses impôts, respecter la loi, faire preuve
de civisme, porter assistance à une personne en danger, etc.)
Ainsi, une personne physique est un individu en chaire, en os et en sang doté de la
personnalité juridique. Donc sujet de droit, ce qui exclut les animaux.
La personne physique acquiert des droits et des obligations au moment de sa
naissance. En droit guinéen, on dit que la personne physique dispose naturellement
de la personnalité juridique. Vous n’avez aucune démarche particulière à engager.
L’identité de la personne physique se caractérise par son nom, son prénom, son
domicile, sa nationalité et son état civil.
 Un nom de famille : simple ou composé, hérité de ses parents à la naissance,
ou de son conjoint lors d’un mariage,
 Un prénom : permettant d’identifier les différents membres de la famille ;
 Un domicile : une adresse à laquelle la personne réside au moins 6 mois par an
 Une nationalité : lien juridique qui lie une personne à un Etat, en fonction de
celle de ses parents (droit du sang) de son lieu de naissance (droit du sol) ou
d’une naturalisation
 L’état civil : ensemble des actes reçus et rédigés par l’autorité publique pour
constater les évènements les plus marquants de la vie d’une personne
physique.

Paragraphe 2 : Droits et obligation d’une personne physique


Une personne physique a une personnalité juridique, ce qui signifie qu’elle va
bénéficier de droits et se soumettre à des devoirs, ou obligations.
En Guinée, afin de bénéficier pleinement et de façon autonome de sa personnalité
juridique, une personne physique doit avoir atteint la majorité (être émancipé) et ne
pas être placé sous tutelle ou curatelle.
Pour une personne physique, acquérir la capacité juridique signifie avoir :
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• Des droits subjectifs : il s’agit des droits élémentaires qui sont accordés par
l’Etat et dont la personne physique peut jouir et exiger. On peut citer le droit
de propriété ou de créer sa société, le droit de vote, la liberté d’expression,
d’association, le respect de la vie privée, etc
• Des obligations : il s’agit de devoirs que la personne a envers la société et les
individus qui la composent. Le premier de ses devoirs est de respecter les droits
des autres, lui porter assistance si nécessaire. Les devoirs consistent à
respecter l’engagement de la personne par exemple après avoir signé un
contrat de travail.
• Les personnes physiques disposent donc de droit qui ne doivent enfreindre
ceux des autres individus.

Paragraphe 2 : Les personnes morales


Une personne morale est un regroupement de personnes physique ou morales,
œuvrant ensemble vers un but commun et ayant une existence juridique. La personne
morale est créée en même temps que l’entreprise.
Considérée comme une entité indépendante, elle dispose des mêmes droits et
obligations qu’une personne physique. Une personne morale est un groupement doté
d’une personnalité juridique. Généralement une personne morale se compose de
personnes physiques réunies pour accomplir quelque chose en commun. Il peut aussi
être constitué que d’un seul élément. Les personnes morales constituent alors une
société dont l’existence se dissocie des personnes qui la composent.
Exemples :
 Société à Responsabilité Limitée (SARL)
 Société Anonyme (SA)
 Société à Actions Simplifiées (SAS)
 Société en Nom Collectif (SNC
 Société Civile Immobilière (SCI)
 Société Civile Professionnelle (SCP)
La personne morale à un patrimoine (compte bancaire, matériels, immeubles) propre
distinct de celui de ses membres (personne physique) que la composent.
La personne morale dispose de la personnalité juridique dès son immatriculation au
registre du commerce et des sociétés RCS.
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Une personne morale a un statut propre (forme juridique), un nom (raison sociale),
une adresse administrative (siège sociale), un budget de fonctionnement (capital
social), une date d’arrêté de compte (date de clôture), une durée de vie et des
dirigeants.
Paragraphe 3 : les différentes catégories de personnes morales a- les personnes
morales de droit public : l’état des collectivités locales, les établissements publics. b-
les personnes morales de droit privé :
Les plus courantes étant les sociétés privées (SA, SARL), les sociétés civiles, les
groupements d’intérêt économique, les associations.
Paragraphe 4 : Les modalités de création d’une personne morale (Entreprise) Une
société acquiert la personnalité à compter du jour de son immatriculation au registre
du commerce et du crédit mobilier (RCCM). Pour y arriver, il convient d’effectuer un
certain nombre de formalités.
Parmi ces formalités nous avons :
1) la rédaction des statuts de société et faire signer les associés
2) Déposer les apports d’argent auprès d’une banque ou d’un notaire
3) Signer les statuts définitifs et nommer les dirigeants
4) Publier un avis de constitution dans un journal d’annonces légales
5) Remplir un formulaire de déclaration de création
6) Rédiger des attestations (de non condamnation, filiation, domiciliation)
7) Déposer la demande d’immatriculation au centre de formalités des entreprises.

CHAPITRE IV : La capacité de contracter


Paragraphe 1 : Définition :
L’individu dispose du droit (capacité de jouissance) qu’il peut exercer (capacité
d’exercice). S’il s’avère incapable, il est privé d’un droit (capacité de jouissance) dont
il ne peut par conséquent se servir (incapacité d’exercice). C’est par exemple des
majeurs sous tutelle qui sont privés de l’exercice de certains droits. La personne
capable peut effectuer divers types d’actes : actes conservatoires (et donc de la
conservation de son patrimoine), actes de disposition qui consiste en une diminution
du patrimoine (vente d’un bien par exemple).
La capacité juridique est importante pour pouvoir contracter et agir en justice. Pour
une personne physique, c’est l’aptitude à accomplir tous les actes par elle-même. Pour
la personne morale (exemple une société), c’est la capacité d’accomplir certains actes
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rentrant dans l’objet social. La capacité juridique s’exerce alors par les organes de la
personne morale (exemple le représentant de la société)
Ainsi, la capacité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits et d’obligations et à
les exercer.
En principe, toute personne est capable juridiquement, l’incapacité des donc
l’exceptions. Les incapacités consistent dans l’empêchement d’effectuer certains actes
(administration, gestion, disposition du patrimoine) et donc d’une impossibilité de
jouissance ou d’exercice. L’incapacité de jouissance est l’impossibilité de conclure un
contrat. L’incapacité d’exercice consiste dans l’interdiction d’agir seul, c’est le cas
lorsqu’un tiers dispose du patrimoine de la personne incapable et exerce son droit sur
celui-ci.
Paragraphe 2 : Les conditions de capacité
L’incapacité est constituée lorsque la capacité juridique des personnes physiques est
limitée du fait de leur état mental, de leur état physique, de leur âge ou de leur
situation. Les personnes frappées de cette incapacité sont dénommées en droit «
personnes incapables » donc, ces personnes sont considérées incapables de
contracter.
Ainsi, les « mineurs non émancipés » ne peuvent pas conclure de contrats. Ils ne sont
autorisés à contracter que par l’intermédiaire de leur représentant légal (parent ou
tuteur). Cet administrateur légal représentera le mineur dans tous les actes civils, sauf
les cas où l’usage autorise les mineurs à agir eux-mêmes ». Il s’agit d’apprécier la
faculté de décernement du mineur et déterminer les actes qu’il peut effectuer seul.
On peut en revanche noter que pour que les actes de la vie courante, comme les petits
achats, le mineur exerce pleinement ses droits.
Les majeurs peuvent aussi dans certains cas être considérés comme « protégée »
(incapables). On considère que la personne qui contracte doit être saine d’esprit. Ainsi,
lorsqu’une personne contracte alors qu’elle était, au moment de la conclusion du
contrat sous emprise d’un trouble mental, le contrat peut être frappé de nullité. Afin
d’éviter la nullité, on protège les majeurs qui souffrent d’une altération mentale (les
résidents des hôpitaux psychiatriques) ou corporelle en leur octroyant un régime de
protection (tutelle ou la curatelle).
Paragraphe 3 : les incapacités à contracter
Comme nous l’avons susmentionné, les mineurs non émancipés et les majeurs
incapables en tutelle ou curatelle sont représenté et assistés mais incapable de
contraction.
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Il existe des incapacités spéciales de jouissance en matière de contrat translatifs de


propriété. Le tuteur ne peut pas acheter les biens de son protégé ;
Les membres du personnel d’établissement psychiatrique ne peuvent acheter à leur
patients sauf autorisation de justice ;
Le mandataire ne peuvent pas acheter les biens qu’ils administrent (art 1596 C Civ F16)
Les magistrats et auxiliaires de justice ne peuvent seulement dans leur ressort dans
lesquels ils exercent leurs fonctions.
CHAPITRE V : Le consentement des parties
Paragraphe 1 : Définition du consentement des parties
En droit, le consentement peut se définir comme l’acceptation par une partie de
proposition faite à l’autre portée dans la création d’un acte juridique.
L’échange des consentements entre les parties entraine donc un accord de volonté qui
les lie entre elles. Le consentement des parties est leur volonté de s’engager dans les
biens contractuels. Il doit porter sur des éléments essentiels et substantiels du contrat
; les éléments essentiels le sont aux yeux de la loi (ordre public) tandis que les éléments
substantiels le sont aux yeux des parties.
Le consentement des parties doit non seulement être donné, mais il doit encore ne
pas être vicié sous peine de nullité du contrat. Un consentement est vicié lorsqu’il
existe une discordance entre la volonté exprimée et la volonté réelle.
Traditionnellement, on distingue trois (3) vices du consentement: il s’agit de l’erreur,
du dol et de la violence (Art 1128 du C. Civ F16).
Donc, pour être juridiquement valable, le consentement doit être exempt de vices.
Paragraphe 2 : Les vices du consentement a- L’erreur : correspond à une fausse
représentation de la réalité ainsi qu’à un décalage entre les attentes d’un contractant
et ce que le contrat réellement.
Ainsi, il y a erreur lorsqu’une partie s’est trompée sur des éléments essentiels du
contrat (arrêt Fragonard du 24 mars 1987). Elle peut revenir sur son engagement dans
certaines conditions.
 L’erreur porte sur une qualité substantielle de la chose échangée c’est-à-dire
une qualité fondamentale ayant motivé la signature du contrat. Exemple :
l’authenticité d’un tableau d’art.
 L’erreur porte sur la nature du contrat. Par exemple une partie pensait vendre
son local alors l’autre partie souhaiterait louer le local
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 L’erreur porte sur les qualités de l’autre partie qui sont déterminantes pour le
contrat. Par exemple l’erreur sur les qualifications d’un agent de sécurité dans
un contrat de travail.
b- le dol :
Le dol correspond à des manœuvres frauduleuses de l’autre partie en vue d’induire
son contractant en erreur. Il s’agit d’une erreur provoquée. Il s’agit donc de
manœuvres réalisées dans l’intention de tromper.
Ces manœuvres sont diverses : mensonge, usurpation. La jurisprudence admet que le
silence peut être constitutif d’un dol par réticence : il s’agit de la réticence dolosive.
Ainsi, la dissimulation intentionnelle par un contractant d’une information
déterminante pour l’autre constitue un dol. Toutefois, il n’y a pas de dol, lorsqu’une
personne donne des renseignements erronés à son partenaire par négligence ou
ignorance. c- La violence
On parle de violence, dès lors que le consentement a été donné sous la contrainte. La
violence peut prendre trois (3) formes :
• La violence physique lors de la signature du contrat ;
• La violence morale : le chantage, les menaces
• La violence économique : une partie abuse de la situation de précarité de son
cocontractant pour le signer à signer La violence suppose deux (2) aspects
• Un aspect délictuel : qui consiste à une menace illégitime c’est-à-dire interdit
par le droit positif
• Un aspect psychologique : la partie menacée éprouve une crainte déterminante
de son consentement qui sera appréciée in concret par le juge.
A noter que le juge pour annuler un contrat pour violence, est tenu de prendre en
compte l’âge, le sexe et la condition de la personne. Il est ainsi plus facile de considérer
des actes de violence, de harcèlement et de pressions lorsqu’ils sont exercés sur des
personnes fragiles.
3- La nullité du contrat
La partie victime d’un vice du consentement peut demander la nullité du contrat (art
1117 C civ). Il s’agira d’une nullité relative. Ce qui donnera lieu à une restitution des
biens ou des sommes reçues en vertu du contrat. Elle sera effectuée par chaque
contractant. Des dommages et intérêts seront accordés à la partie victime de dol ou
de violence.
Le délai de prescription est ici de 5 ans :
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- En cas d’erreur ou de dol


- En cas de violence : il court à compter du jour où elle a cessé.
CHAPITRE VI : Les obligations réciproques
Afin de mieux cerner le thème de ce présent cours, il convient le définir le terme
obligation, la nature des obligations, la classification et les effets juridiques des
obligations.
a- l’obligation est une notion juridique qui provient du droit romain et qui signifie lien
étroit. L’obligation est un lien juridique entre deux (2) personnes en vertu duquel l’une
d’entre elles (le débiteur) est tenue envers l’autre (le créancier) d’exécuter une
prestation. Donc l’obligation est un lien de droit qui unit deux ou plusieurs personnes
par lequel une personne s’oblige envers une autre à faire (ou a ne pas faire) ou à
donner (au sens de transmettre la propriété d’une chose).
Paragraphe 1 : les parties au rapport d’obligation
• Un créancier, titulaire d’un droit de créancier sur le débiteur, à savoir le
bénéfice d’une prestation
• Un débiteur, titulaire d’une dette envers le créancier, et qui doit répondre de
cette dette sur l’intégralité de son patrimoine.
• L’obligation revêt ainsi le débiteur.
On parle d’une conception dualiste de l’obligation. Autrement dit, la structure de
l’obligation est binaire. Elle se compose de deux (2) éléments indissociables, dont la
nature juridique ne peut être réduite à l’unité. Ce lien est subjectif entre le créancier
et le débiteur revêt plusieurs caractères.
Il s’agit d’un lien patrimoine qui intègre l’actif du créancier et le passif du débiteur, qui
est dévolu par l’effet de sa succession ;
Il s’agit d’un personnel portant, portant sur le patrimoine d’autrui, par oppositions aux
droits réels, portant sur une chose ;
Il est susceptible d’exécution forcée, que l’obligation soit civile ou commerciale.
Lorsqu’il est conclu un contrat synallagmatique, chacune va être délatrice d’un certain
nombre d’obligation. Par exemple : dans un contrat de vente, acheteur sera débiteur
de l’obligation de payer le prix et le créancier de l’obligation de délivrance de la chose
quand le vendeur sera
Paragraphe 2 : La classification des obligations
La loi et la doctrine de la classification des obligations selon leur nature, leur source et
leur objet. Ces distinctions emportent généralement des différences de régime.
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Classification selon leur nature


Une première distinction oppose les obligations selon leur nature et leur sanction.
• Les obligations morales qui ne sont pas des obligations juridiques
• Les obligations naturelles sont moralement contraignantes, mais ne peut être
sanctionnés juridiquement ;
• Les obligations civiles sont juridiquement contraignantes et sont susceptibles
d’exécution forcée.
Classification selon leur source
Les obligations sont classifiées selon leur source, la doctrine oppose :
• Les obligations résultant d’un acte juridique, qui est une manifestation de
volonté destinée à produire des effets de droit ;
• Les obligations résultant d’un fait juridique, qui est un évènement susceptible
de produire des effets de droit, en dehors de la volonté des parties.
Selon la règle du consensualisme, la seule rencontre de volonté suffit à faire naître des
obligations entre les parties.
Paragraphe 3 : Classification selon leur objet
Les obligations peuvent être classifiées selon l’objet de la prestation :
• Les obligations de donner ont pour objet le transfert de la propriété d’une chose
(dare)
• Les obligations de faire imposent au débiteur d’accomplir un acte positif
(facere). Autrement dit, elles ont pour conséquence un engagement du
débiteur à accomplir une prestation pour le créancier.
Exemple : SOGUITRANS s’engage à transporter les personnes en contrepartie du
paiement du billet.
• Les obligations de ne pas faire imposent au débiteur de ne pas accomplir un
acte négatif (non facere) autrement dit le débiteur s’engage à s’abstenir à ne
pas faire quelque chose. Exemple : Clause de non concurrence.
Paragraphe 4 : Classification selon leur finalité
Les obligations de moyens : imposent au débiteur tout en œuvre afin d’exécuter la
prestation promise, ou parvenir au résultat escompté, sans toutefois garantir.
Obligations de résultat imposent au débiteur tout en œuvre afin de parvenir à un
résultat probant, c’est-à-dire le résultat escompté.
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Chapitre VII : La rupture et les clauses de rupture d’un contrat commercial


Paragraphe 1 : La rupture d’un contrat commercial
Le contrat commercial revêt une importance considérable aujourd’hui, c’est pourquoi
sa rupture ne doit pas être prise à la légère. C’est ainsi que le législateur est venu
encadrer les modalités de cette rupture.
La question de la rupture du contrat commercial n’est pas anodine. Pour rappel, le
contrat commercial est un contrat soit conclu par un ou plusieurs commerçants, soit
dont l’objet est commercial. Ces contrats ont pour finalité d’encadrer le plus
précisément possible la relation naissante entre les parties, au regard d’une
potentielle inégalité de statuts.
Ceci étant, les relations commerciales mêmes entre professionnels ne sont pas
toujours idéales et il apparaît parfois nécessaire de mettre fin aux engagements pris,
par la rupture du contrat commercial conclut.
En principe la rupture d’un contrat est possible au titre de la liberté contractuelle.
Cependant tout type de rupture dans le cadre d’un contrat commercial n’est pas
acceptée par le législateur, qui est venu réglementer les modalités de celle-ci. En effet,
l’objet du contrat, la durée, le prix ou encore les méthodes de paiement sont tant
d’éléments à prendre en compte pour s’assurer du caractère « sécurisé » d’un tel
contrat.
Ainsi la rupture d’un contrat commercial sans respect des conditions requises engage
la responsabilité de son auteur.
En outre les possibilités de rupture du contrat commercial sont aujourd’hui plus
restreintes qu’auparavant du fait de la création de nouveaux délits tels que la rupture
brutale des relations commerciales (article L442-6 du code de commerce).
I : Principe de l’interdiction des ruptures brutales des relations commerciales
De nouveaux principes ont été mis en place depuis 2001 avec la promulgation de la loi
NRE du 15 mai 2001 (A) qui est venue délimiter les contours de l’interdiction d’une
rupture abusive (B).
A) L’influence de la loi NRE du 15 mai 2001
Les motifs traditionnels de rupture contractuelle ne posent pas de difficultés.
En effet l’inexécution d’une obligation contractuelle donne droit au cocontractant de
rompre ledit contrat. Vous serez donc fondé à demander la nullité ou la résiliation du
contrat dans ce cas sans risquer d’engager votre responsabilité.
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Mais le régime applicable à ces ruptures peut donner lieu à des difficultés en raison de
son évolution.
En effet la loi NRE a précisé le champ d’application de cette règle et notamment les
critères d’appréciation à respecter avant toute rupture. Elle a notamment fixé les
règles relatives au préavis que vous devez respecter avant toute rupture.
La loi NRE traduit la volonté du législateur de protéger les fournisseurs de la grande
distribution qui avait recours à la pratique du déréférencement.
B) La notion de rupture brutale des relations commerciales établies
En vertu de l’article L442-6 du code de commerce un commerçant peut voir sa
responsabilité engagée s’il rompt brutalement, même partiellement, une relation
commerciale établie, sans préavis écrit tenant compte de la durée de la relation
commerciale et des usages.
En outre, il faut savoir que la rupture peut être considérée comme fautive même au
stade précontractuel de négociation. Ainsi avant d’entamer les négociations il faut être
sûr de vouloir contracter avec tel partenaire (Cour cass, 5 mai 2009).
De plus, le fait de prévoir un contrat à durée déterminée ne fait pas échapper aux
sanctions. Ainsi même si vous souhaitez rompre vos relations dans le cadre d’un CDD
peu de temps avant la fin de celui-ci, vous devez respecter un délai de préavis, sans
quoi la rupture sera quand même considérée comme brutale et donc fautive (Cour
cass, 15 septembre 2009).
La notion de commerçant fait l’objet, dans le cadre de cette règle, d’une appréciation
large. En effet il suffit que l’activité exercée soit une activité commerciale consistant
en la fourniture d’un produit ou d’une prestation de service (Cour cass, 16 décembre
2008). Le champ d’application du texte est donc très large. Il ne faut pas croire que
l’on peut échapper aux sanctions lorsque les produits ou services fournis sont de petite
quantité. Pour s’assurer de la licéité de la rupture, mieux vaut donc toujours respecter
un délai de préavis pour prévenir toute action du cocontractant.
Pour que la responsabilité de l’auteur de la rupture soit fautive il faut réunir deux
conditions cumulatives : la présence d’une relation commerciale établie, et le
caractère brutal de ladite rupture.
La jurisprudence en a précisé ce que l’on doit comprendre par l’utilisation du terme «
relation commerciale établie » en indiquant que des relations ponctuelles et non
suivies ne constituent pas des relations commerciales établies (Cour cass,25 avril
2006).Ainsi pour savoir si la relation est établie ou non, et donc si la rupture est
susceptible d’être sanctionnée, il faudra se référer aux critères de la durée de celle-ci
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et de son intensité (Cour cass, 5 mai 2009). Par conséquent on peut en déduire que la
rupture ne sera pas considérée comme fautive si les relations engagées avec le
cocontractant sont très récentes et prévues pour une courte durée.
De plus pour engager la responsabilité de son auteur, la rupture doit avoir un caractère
brutal, celui-ci constituant un abus.
A contrario en l’absence d’un tel abus il reste possible de résilier unilatéralement le
contrat sans avoir à motiver sa décision (Cour cass, 26 janvier 2010).
La rupture sera considérée comme brutale dès lors que les usages en matière de
préavis n’ont pas été respectés. Il faut donc prendre garde au délai de préavis en
tenant compte du secteur dans lequel se trouvent les cocontractants.
Le préavis doit être formulé par écrit (Cour cass, 17 mars 2004) et la volonté de rupture
doit être explicite. Ainsi le fait d’annoncer à l’avance verbalement à son cocontractant
la volonté de rompre le contrat ne fait pas démarrer le délai de préavis. Même s’il était
au courant de la volonté de rupture le cocontractant sera toujours recevable à agir
lorsqu’elle celle-ci sera mise en œuvre car il n’y aura pas eu d’écrit préalable.
En outre il faut savoir que le délai de préavis fixé dans le contrat ne suffit pas toujours
pour échapper au caractère brutal de la rupture.
En effet en cas de contentieux, le juge peut, compte tenu des usages du secteur en
cause, estimer que le délai fixé dans le contrat est insuffisant (Tribunal commerce
Paris, 2 avril 1999).
Au moment de fixer dans le contrat le délai de préavis requis il faudra donc se référer
par exemple à la nature de l’activité en cause, au volume d’affaires générées, à la
notoriété des produits, etc…
L’appréciation de la durée du préavis par le juge se fait au moment de la signification
de la décision de rupture.
Paragraphe 2 : Les clauses résolutoires
La conclusion d’un contrat commercial fait naître des obligations à la charge des
parties. Lorsque l’une des parties n’exécute pas ses obligations, le contrat pourra être
résilié par la partie lésée. Cette résiliation est facilitée lorsque le contrat contient une
clause de résiliation, toutefois il est nécessaire d’être attentif aux modalités de cette
résiliation.
Qu’est-ce qu’une clause de résiliation ? Comment rédiger une clause de résiliation de
plein droit dans un contrat à durée déterminée ? Peut-on résilier un contrat à durée
déterminée en l’absence de clause la prévoyant ?
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Qu’est-ce qu’une clause de résiliation ?


La clause de résiliation (ou clause résolutoire) peut être prévue dans tous types de
contrats commerciaux. Son objet est de permettre de mettre fin au contrat lors de la
survenance de certains événements, particulièrement lorsque l’une des parties au
contrat n’exécute pas ses obligations au titre du contrat.
En pratique : la résiliation d’un contrat pour non-respect des obligations est très
courante.
Insérer une clause résolutoire permet de mettre fin à votre contrat commercial grâce
à une procédure simplifiée, plus rapide et moins coûteuse puisqu’elle ne nécessite
l’intervention d’un juge qu’en cas de contestation de la résiliation.
Exemple : il est possible de prévoir une clause de résiliation au sein d’un contrat de
prestation de services. La clause devra notamment prévoir de manière précise les
motifs de déclenchement : inexécution du contrat, changements affectant la personne
d'un contractant...
Comment rédiger une clause de résiliation de plein droit dans un contrat à durée
déterminée ?
Le contrat engage les parties qui l’ont signé. En principe, les parties ne peuvent
modifier le contrat ou y mettre fin que par le biais d’un commun accord.
S’agissant d’un contrat à durée déterminée, le principe est celui de l’exécution du
contrat jusqu’à son terme et par conséquent l’interdiction de la résiliation unilatérale
en cours de vie du contrat. Il n’est donc pas possible de mettre fin au contrat à durée
déterminée pour des raisons de simple convenance.

Toutefois, il est possible de prévoir au sein d’un contrat à durée déterminée une clause
de résiliation unilatérale, pouvant être soumis à diverses modalités.
Exemple : un contrat de bail d’habitation pourra prévoir une telle clause de plein droit
du bail en cas de non-paiement du loyer par le locataire, ou encore de dégradations, il
sera alors possible de procéder à la résiliation du bail commercial.
La partie qui souhaite mettre en œuvre cette clause devra généralement au préalable
envoyer une mise en demeure. Il peut par exemple s'agir d'une mise en demeure de
s'exécuter ou d'une mise en demeure de remboursement, en cas de non-livraison. La
mise en demeure permet de prévenir le débiteur qu’en l’absence d’exécution de son
ou ses obligations dans un délai déterminé, le créancier sera en droit de mettre fin au
contrat. Cette lettre de mise en demeure doit mentionner expressément la clause.
La clause pourra également prévoir un délai de préavis dont la durée peut être
variable et sera d’une durée proportionnelle à la durée de la relation contractuelle. En
outre, la clause pourra prévoir le paiement d’une indemnité de résiliation anticipée.
Bon à savoir : la loi prévoit que lorsque le contrat est à durée indéterminée, chaque
partie peut y mettre fin à tout moment, moyennant un délai de préavis raisonnable.
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Il est important de préciser que la faute grave du cocontractant autorise la rupture


unilatérale du contrat par l’autre partie, sans indemnisation, ni préavis, y compris en
cas de contrat à durée déterminée.

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