Vous êtes sur la page 1sur 28

UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –

Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

CONTRATS D’AFFAIRES

Notes de cours à l’intention des étudiants


en 1ère année de Master

LECON 2 : LES CONTRATS NOMMES DU DROIT OHADA ET


CERTAINS INTERMEDIAIRES DU COMMERCE

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 1


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

CHAPITRE I : LA VENTE COMMERCIALE


CHAPITRE II : LE BAIL
CHAPITRE III : CERTAINS INTERMEDIAIRES DU COMMERCE

CHAPITRE I : LA VENTE COMMERCIALE


(Livre VIII, articles 234 – 302 AUDCG)

Quelles est la vente visée ici ? Quelles sont les obligations des parties et
comment s'opère la rupture du contrat ? Nous répondrons brièvement à
ces trois problématiques.

I – CHAMP D'APPLICATION DE L'ACTE UNIFORME

La première question à laquelle répond le législateur de L'Acte uniforme


portant sur le droit commercial général du 15 décembre 2010 (AUDCG)
concerne le champ d’application de la vente commerciale. La
qualification du CONTRAT DE VENTE est tantôt élargie, tantôt
réduite.

 La notion est d’abord élargie puisque l’acte uniforme s’applique


« aux contrats de vente de marchandises entre commerçants
destinées à des activités de fabrication ou de production ».
L’article 234 de l’AUDCG définit aussi la vente comme la
« fourniture de marchandises destinés à des activités de
fabrication ou de production », ce qui recouvre les actes par
destination intégrés dans les actes de commerce par nature, dans
lesquels la prestation de service n’est pas prépondérante.

Art. 2 AUDCG. « Est commerçant celui qui fait de l’accomplissement


d’actes de commerces par nature sa profession »

Art. 3 AUDCG « L’acte de commerce par nature est celui par lequel
une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle
produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de
CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 2
Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. Ont,


notamment, le caractère d’actes de commerce par nature :
- L’achat de biens, meubles ou immeubles, en vue de leur
revente ;
- Les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage,
d’assurance et de transit ;
- Les contrats entre commerçants pour les besoins de leur
commerce ;
- L’exploitation industrielle des mines carrières et tout gisement de
ressources naturelles ;
- Les opérations de location de meubles ; (……..)

 La notion de vente commerciale est aussi élargie par rapport à


l’espace territorial.

Il suffit qu'une des parties ait le siège de son activité dans l'un des États
membres de l'OHADA pour que le texte trouve application. Mais, du fait
du caractère supplétif de ses règles, les parties, même situées sur ce
territoire, peuvent décider que les dispositions relatives à la vente
commerciale ne seront pas applicables à leur convention (AUDCG, art.
234 al. 2).

Art. 234 AUDCG al. 2 : « Sauf stipulations conventionnelles


contraires, le contrat de vente commerciale est soumis aux
dispositions du présent livre dès lors que les contractants ont le siège
de leur activité dans un des États parties ou lorsque les règles du droit
international privé mènent à l’application de la loi d’un État partie. »

L'AUDCG ne vise que la vente qui intervient entre deux


commerçants pour les besoins de leur commerce. Ainsi, dans le cas
où le commerçant achète des biens pour son usage personnel, il n'y a
pas une vente commerciale au sens de l'AUDCG. Il en résulte
notamment que l’entreprenant, encore moins le non commerçant ne peut
être parties au contrat de vente commerciale.

Dans ce sens, si le commerçant achète ses marchandises pour son


usage personnel, il n’y à pas de vente commerciale aux sens de
l’AUDCG.
CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 3
Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

En outre, il doit s'agir d'une vente de marchandises, c'est-à-dire des


objets mobiliers corporels à l'exclusion des biens incorporels tels que les
valeurs mobilières ou autres types de créance. Sont également exclues
du champ d'application de l'AUDCG les ventes aux enchères et les
ventes sur saisie qui relèvent plutôt des textes sur les voies d'exécution.

II. LA FORMATION DU CONTRAT DE VENTE COMMERCIALE

Art. 241 : «  Le contrat se conclut soit par l’acceptation d’une offre, soit
par un comportement des parties qui indique suffisamment leur accord .
Une offre est suffisamment précise lorsqu’elle désigne les
marchandises et, expressément ou implicitement, fixe la quantité et le
prix ou donne des indications permettant de les déterminer.
Une proposition de conclure un contrat, adressée à une ou plusieurs
personnes déterminées, constitue une offre si elle est suffisamment
précise et si elle indique la volonté de son auteur d’être lié en cas
d’acceptation
Une proposition adressée à des personnes indéterminées est
considérée seulement comme une invitation à l’offre, à moins que la
personne qui à fait le proposition n’ait clairement indiqué le contraire »

Le contrat de vente commerciale se forment par la rencontre des


volontés entre le vendeur et l'acheteur. Le contrat de vente est en effet un
contrat consensuel qui se forme par le seul échange de consentement.
Le consentement des parties suppose que les parties parviennent à
se mettre d'accord sur les éléments essentiels du contrat de vente
commercial, à savoir la chose vendue et le prix.
Ce consentement ne doit pas être vicié sous peine de rendre la
vente commerciale nulle. La formation d'un contrat de vente commercial
suppose nécessairement une offre émanant d'un des contractants et
une acceptation de l'offre par l'autre. L 'effet principal de l'offre réside
dans son aptitude à permettre la formation du contrat de vente en cas
d'acceptation par son destinataire.
L’AUDCG dispose que l'offre produit ses effets lorsqu'elle parvient à
son destinataire. Il s'agit de l'application de la théorie de la réception.
CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 4
Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

C’est dire que l'offre peut être révoquée tant que le destinataire n'a pas
exprimé son acceptation. L' offre n'acquiert donc force obligatoire qu'à
compter de l'émission de l'acceptation.
L'offre peut toutefois être stipulée irrévocable. Dans ce cas, l'offre
doit expressément mentionner qu'elle est irrévocable mais également
fixée un délai déterminé pour son acceptation. Le délai d'acceptation
commencera à courir au moment où l'offre est exprimée.
Outre l'hypothèse d'une révocation de l'offre, il se peut que l'offre
cesse de produire ses effets en l’absence de toute manifestation de
volonté d’acceptation. On parle dans ce cas de caducité.
La caducité peut survenir dans plusieurs hypothèses :
- Premièrement l'offre devient caduque lorsque son refus parvient à
l'offrant et ce même si l'offre était irrévocable ;
- Ensuite, lorsque l'offre est assortie d'un délai déterminé pour son
acceptation, l'expiration de ce délai rend l'offre caduque.
- Enfin l'offre peut devenir caduque à la suite d'un événement
affectant l’offrant lui-même comme le décès l'incapacité la faillite ou
autre.

L'acceptation de l'offre peut être définie comme toute déclaration ou tout


comportement du destinataire de l'offre par lequel celui-ci acquiesce à
l'offre qui lui a été faite.

En ce qui concerne la forme de l'acquiescement l'AUDCG n'impose


aucune forme particulière. L'acceptation peut donc être expresse où tacite.

L'acceptation de l'offre a pour effet principale de former le contrat de vente


commerciale ; le contrat est en effet conclu dès que l'acceptation produit
ses effets. Il en résulte qu'à compter de cette date, aucune des parties n'a
plus le droit de remettre en cause les termes de son engagement et ce
sous peine de sanctions.

L’AUDCG prévoit que l'acceptation d'une offre produit ses effets au


moment où l'expression de l'encaissement parvient à l'auteur de l'offre. il
s'agit de l'application de la théorie de la réception ; laquelle prévoit que
la conclusion du contrat est retardée jusqu'au moment où l'offrant a pu
prendre connaissance de l'acceptation de l'offre.

III- LES OBLIGATIONS DES PARTIES AU CONTRAT DE VENTE


COMMERCIALE

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 5


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Le contrat de vente commerciale est un contrat synallagmatique qui


engendre des obligations dans le chef de chacune des parties.
Le vendeur est tenu par 3 obligations principales :
1. Il doit livrer la chose convenue ;
2. S’assurer de la conformité des marchandises à la commande
et
EXEMPLE D’UNE ACTION EN JUSTICE POUR DEFAUT DE
CONFORMITE DE LA MARCHANDISE
« 

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 6


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Cour d’Appel de commerce d’Abidjan, Arrêt n° 255/2018.


Affaire : La Société BATIPRO BETON, contre la Société SOGEA SATOM
COTE D’IVOIRE
(…)
Sur le bien-fondé́ des appels principal et incident
Sur la recevabilité de l’action de la société́ SOGEA-SATOM CI

Considérant que la société BATIPRO BETON reproche au premier juge


d’avoir violé les dispositions de l’article 259 de l’acte uniforme relatif au
droit commercial général en rejetant le moyen d’irrecevabilité par elle
soulevé tiré de la prescription de l’action en paiement de dommages et
intérêts de la société SOGEA-SATOM Cl fondée sur la non-conformité du
béton à elle livré ;
Qu’elle explique que ladite société ayant eu connaissance de cette
prétendue non- conformité depuis le 02 septembre 2015, celle-ci disposait,
conformément à l’article précité, d’un délai d’un (1) an expirant le 04
septembre 2016 pour initier son action ;
Considérant que la société SOGEA-SATOM CI sollicite quant à elle la
confirmation du jugement querellé sur ce point, motif pris de ce que la
société BATIPRO BETON n’a pas livré le type de béton commandé et
celle-ci a du jour au lendemain, sans l’informer au préalable, fermé son
usine de production de béton installée sur le chantier de la Station,
interrompant ainsi pendant trois semaines ladite livraison ;

Qu’elle soutient que d’une part, lesdites fautes de nature différente


constituent des violations de l’accord conclu entre elles et l’action judiciaire
en vue de la sanction de tels manquements n’est pas soumise à la
prescription d’un an, mais à celle de cinq ans et d’autre part, il y a eu entre
elles des ventes successives de béton qui se sont étalées sur une période
couvrant deux années, à savoir 2015 et 2016 ;

Considérant qu’aux termes de l’article 259 de l’acte uniforme portant droit


commercial général : « L’action de l’acheteur fondées sur un défaut de
conformité caché le jour de la prise de livraison, est prescrite dans le délai
d’un an à compter du jour où ce défaut a été constaté ou aurait dû l’être.
Ce dernier délai ne peut avoir pour effet de réduire la durée de la garantie
contractuelle éventuellement consentie »

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 7


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Qu’il s’en infère qu’est irrecevable toute action fondée sur un défaut de
conformité́ caché au jour de la livraison, lorsque celle-ci est intentée plus
d’une année après le jour où ce défaut a été constaté ou aurait dû l’être ;
Considérant qu’en l’espèce, il constant comme résultant de l’acte
d’assignation produit au dossier initial que la société SOGEA-SATOM CI a
saisi le tribunal de commerce d’Abidjan par exploit d’huissier en date du 06
février 2018 pour entendre dire et juger que la société BATIPRO BETON a
commis des fautes contractuelles en ne respectant pas les termes de l’accord
conclu entre elles et sollicité paiement de dommages et intérêts pour
préjudices matériels et moral par elle subis ;
Considérant qu’il est constant comme résultant des écritures produites par
ladite société tout au long de la procédure que celle-ci a fondé son action sur
la non- conformité du béton à elle livré et sur l’interruption de la livraison dudit
béton pendant trois semaines ;
Considérant cependant qu’il est établi comme découlant du courrier en date
du 02 septembre 2015 adressé par la société SOGEA-SATOM CI à la société
BATIPRO BETON produit au dossier, qu’à cette date, celle-ci a informé sa
cocontractante d’un défaut de conformité du béton livré comme suit :
«
Monsieur le Directeur Général,Suite à de nombreuses remarques et
courriers de notre client la SODECI et de notre maître d’ouvrage le
cabinet Merlin, nous vous alertons sur la qualité de vos BPE livré sur le
chantier de l’AEP de Songon. En effet, nous constatons une maturité
des bétons inférieure aux normes alors que la moyenne doit être à 27
bars et non à 25 bars et chacune supérieure à 21 bars à 28 jours, nous
avons donc un gros problème sur 60 % des bétons fournis par vous.

A ce jour, nous sommes en discussion avec la SODECI et le CABINET


MERLIN pour ne pas démolir les ouvrages concernés, nous vous
demandons de vous conformer aux formulations et convenances
établies en début de chantier, d’interdire vos chauffeurs de mettre de
l’eau dans le béton et de vérifier les quantités chargées et livrées,
d’avoir des bons de livraison lisibles et de faire apparaitre sur ces bons
les quantités d’agrégats. Des menaces de notre client de vous enlever
l’agrément au sein de leur société sont en discussion, nous vous
défendons en tant que partenaire de notre société jusqu’à la limite
de nos compétences, par conséquent veuillez faire le nécessaire
pour améliorer la qualité du BPE. Pour les bétons dont la
résistance n’est pas atteinte, ils seront déclassé et facturés au
béton correspondant.
Dans l’attente d’une collaboration de qualité, nous mettons tout en
œuvre afin de calmer les esprits et de continuer ce chantier dans
les meilleurs conditions.
Veuillez agréer Monsieur, nos sincères salutations. »

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 8


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Qu’en réponse audit courrier, la société SOGEA- SATOM CI lui a adressé le 23


septembre 2015 le courrier suivant :

« Monsieur,
Nous venons par ce mail vous rassurer de la bonne qualité du béton que nous vous
livrons.
En effet, pour le béton CHF dosé à 385 kg/m3 nous vous garantissons une résistance
de 35,7 MPA à 90 jours. Car le CHF est un ciment dont la résistance au jeune âge
n'est pas élevée, (Veuillez trouver les détails joint à ce courrier un rapport avec les
explications de notre fournisseur SOCIMAT).
Toutes les autres réponses à vos différentes préoccupations seront aussi jointes à
notre courrier. Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général,
l’assurance de notre franche collaboration
PJ ; Dès que nous avons le rapport du laboratoire LBTP sur la qualité de notre
béton, nous nous empresserons de vous le tenir. » ;
Considérant que ce prétendu défaut de conformité ayant été constaté le 02 septembre
2015, point de départ de la computation du délai pour intenter l’action fondée sur une
telle cause, la société SOGEA-SATOM CI avait donc, conformément à l’article 259 de
l’acte uniforme susénoncé, jusqu’au 04 septembre 2016 pour saisir le tribunal à cet
effet, les délais prévus par le législateur communautaire étant francs ;
Que faute de l’avoir fait dans ce délai requis, c’est à tort que le premier juge a déclaré
son action fondée sur le défaut de conformité́ recevable ;
Qu’au regard de ce qui précède, il convient d’infirmer le jugement querellé sur ce
point et statuant à nouveau, déclarer irrecevable l’action de la société SOGEA SATOM
CI fondée sur ce défaut de conformité pour cause de prescription ;
Considérant toutefois que son action en paiement de dommages et intérêts fondée sur
l’interruption de la livraison ayant quant à elle été introduite dans le respect des
forme et délai légaux, c’est à juste titre que le premier juge l’a déclarée recevable ;
Qu’il convient de confirmer la décision querellée sur ce point ;
»

QUESTIONS :
1. Que pensez-vous du courrier de l’acheteur adressé au vendeur ?
2. Que pensez-vous de la réponse donnée par le vendeur ?

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 9


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

3. Accorder sa garantie à l'acheteur ;


La livraison doit porter sur les marchandises prévues dans le contrat de vente ainsi que
sur les accessoires et documents nécessaires à leur utilisation, à la preuve de l'achat et
à la prise de livraison.
En principe la marchandise doit être livrée au lieu convenu entre les parties.
Si les parties n'ont pas convenu de lieu de livraison, c'est à l'acheteur qu'il
appartiendra d'aller chercher le bien vendu chez le vendeur.
L'article 251 de l'AUDCG, prévoit que la livraison aura lieu :
- soit à l'endroit où la marchandise a été fabriquée ou stockée, :
- soit au siège de l'activité du vendeur.
-

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 10


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

«  Cour d’Appel de commerce d’Abidjan, Arrêt n° 257/2021, du 27 Mai


2021. Madame O.Y. épouse B contre la Société IVOIRE MOTOR, SA.

Sur la résolution de la vente

Considérant que l’appelante sollicite la résolution de la vente et la restitution


du véhicule, motif pris de ce que ledit véhicule, acquis recelait des vices
cachés ;

Que l’intimée s’y oppose, arguant qu’elle ne peut, sur la base de l’article 1644
du code civil, solliciter de la Cour la résolution de la vente et la restitution du
véhicule, car elle ne se trouve pas dans les cas prévus par les articles 1641 et
1643 dudit code ;

Considérant qu’aux termes de l’article 1641 du code civil, «  Le vendeur est tenu
de la garantie à raison des vices cachés de la chose vendue qui la rendent impropre à
l’usage auquel on la destine, ou qui diminue tellement cet usage, que l’acheteur ne
l’aurait pas acquise, ou n’en aurait donné qu’un moindre prix, s’il les avait connus ».

Que l’article 1643 du même code dispose en sus qu’« il est tenu des vices cachés,
quand même il ne les aurait pas connus, à moins que, dans ce cas, il n'ait stipulé qu'il
ne sera obligé à aucune garantie » ;

Quant à l’article 1644 dudit code, il précise que : « dans le cas des articles 1641 à
1643, l'acheteur a le choix de rendre la chose et de se faire restituer le prix, ou de garder
la chose et de se faire rendre une partie du prix, telle qu'elle sera arbitrée par experts » ;

Qu’il ressort de l’analyse de ces dispositions que lorsqu’une chose recèle un


défaut indécelable à l'acquisition, la rendant impropre à l'usage auquel on la
destine, l'acquéreur peut faire jouer la garantie contre les vices cachés contre le
vendeur pour obtenir soit l'annulation de la vente soit la réduction du prix de
vente, à moins que ce dernier n’ait indiqué n’être tenu à aucune garantie ;

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 11


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Considérant qu’il ressort des pièces du dossier que le tribunal a commis une
expertise à l'effet de :
« -procéder à l'examen du moteur du véhicule LAND ROVER Discovery Sport Pure 2.0
Essence de type 4X4 immatriculé sous le numéro 6604 JL 01 ;

-constater et dire s'il recèle des dommages ou anomalies éventuels ;


-dire si ces dommages ou anomalies existaient au moment de la vente du véhicule litigieux,
intervenue courant décembre 2018 ;

-attester que ledit véhicule est oui ou non en état de fonctionner normalement » ;

Que l’expert indique dans son rapport que : « le moteur avarié a été remplacé avant
notre mission d’expertise ;
-le moteur avarié n'a pas été mis à notre disposition par la société IVOIRE MOTOR SA (ce
moteur selon la procédure LAND ROVER a été rebuté). En lieu et place il nous a été
présenté́ une photo des pistons endommagés provenant du moteur avarié selon M.
NIZETTE, Directeur Technique de IVOIRE MOTOR SA ;

-Nous n'avons pas obtenu de la société IVOIRE MOTOR SA les éléments suivants depuis
l'achat du véhicule :

Tous les Ordres de réparation, documents contractuels entre le client et le garage pour
toute intervention sur son véhicule et signé par les deux parties avant chacune des entrées
et sorties du véhicule en atelier ; seulement les ordres de réparation n02019/2041 du
18/12/2019 et n02019/1804 du 25/10/2019 sont remis (voir annexe n025 et 26) ;

Les fiches de travaux d'atelier répertoriant tous les types de travaux ou interventions
nécessaires à la remise en état du véhicule sur lesquelles sont mentionnés les travaux, les
pièces de rechange utiles, le temps mis pour l'exécution de ces travaux et les noms et
Matricules des différents intervenants, à ne pas confondre avec le listing informatique de
l'historique des interventions qui, lui, nous a été remis ;
Au vu de tout ce qui précède, nous sommes devant un manque de documents importants
qui devaient nous aider plus rapidement dans notre expertise.

Pour autant nous allons travailler sur les quelques documents récoltes, les photographies et
les informations obtenues au téléphone, par courriel et lors des entretiens (voir les annexes)
pour répondre au tribunal » ;

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 12


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Qu’il s’infère ainsi de ce rapport que l’expert commis n’a pu effectuer la mission
principale à lui confiée consistant en l’examen du moteur défectueux, s’étant
contenté d’examiner des photos de pistons supposément provenir de ce moteur ;
de sorte que les conclusions auxquelles il a abouti ne peuvent être pris en compte,
comme l’a fait à tort le tribunal ;

Qu’il convient dès lors d’infirmer la décision entreprise sur ce point et, statuant de
nouveau, rejeter ce rapport d’expertise ;

Considérant qu’il ressort des productions et des déclarations des parties que
l’appelante a acquis en décembre 2018 un véhicule de marque LANDROVER «
DISCOVERY SPORT PURE 2.0 essence de type 4x4 immatriculé 6604 JL 01 d’un
montant de trente millions six cent mille Francs (30.600.000) CFA, mais qu’en
moins d’un an et avant même le délai imparti pour la première révision, prévue
après 100.000 km, celui-ci a connu des pannes liées toutes à son moteur ;

Qu’en effet, il a connu une panne de calculateur en mars 2019 dont l’intimée a pris
en charge les réparations dans ses ateliers ; quelques temps plus tard, suite à une
perte de puissance du moteur, le véhicule est retourné dans lesdits atelier du 06
novembre au 15 novembre 2019, mais la panne persistant, il y est retourné pour
un nouveau séjour du 16 novembre 2019 au 19 décembre 2019 ;

Que, toutefois, dès sa réception, il présentera à nouveau des défaillances au


niveau du moteur, de sorte qu’il a été déposé dans les ateliers de la société IVOIRE
MOTOR depuis le 20 décembre 2019 ;

Considérant qu’il est constant que le véhicule litigieux, achet é́ neuf, a connu en
moins d’un an des pannes successives ayant abouti au changement du moteur ;

Qu’en outre, face à ces pannes récurrentes, la société IVOIREMOTOR a dû


commettre, à ses frais, un expert en automobile et matériels industriels, afin d’en
connaitre les causes; prouvant ainsi qu’il s’agissait d’une panne indécelable dont
l’acquereur, simple profane, ne pouvait se rendre compte lors de l’achat du
véhicule ;

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 13


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Que toutefois, cette expertise, effectuée unilatéralement, qui a conclu à des


problèmes liés à l’utilisation d’un mauvais carburant, alors qu’il ressort des pièces
produites, notamment l’historique de la carte n°211 080 allant du 01/01/1970 au
24/02/2020, que l’appelante est abonnée à la société TOTAL Côte d’Ivoire dans
les stations de laquelle elle prend régulièrement son carburant, ne saurait être
probante ; qu’elle laisse plutôt perplexe quant à l’adaptation du moteur dudit
véhicule au carburant vendu en Côte d’Ivoire et souligne un dysfonctionnement
ou un défaut de fabrication inhérent au moteur, donc nécessairement un vice
antérieur à la vente du véhicule à l’appelante ;

Que, par ailleurs, ce véhicule ayant été acquis par l’appelante pour ses besoins,
notamment pour ses activités de commerciale dans le milieu de l'immobilier
nécessitant des déplacements sur les sites à vendre ou à louer, est devenu
impropre à l’usage pour lequel il a été acquis ;

Qu’au demeurant, il est de jurisprudence constante que les avaries sur moteur
sont des vices cachés ;

Qu’ainsi, le vice caché étant caractérisé, en ce qu’il est antérieur à la vente, non
apparent et suffisamment grave, la garantie légale y associée doit jouer
automatiquement, et ce, contrairement aux allégations de l’intimée qui ne postule
qu’à la mise en œuvre de la garantie-constructeur, de laquelle elle se distingue ;

Considérant qu’en l’espèce, l’appelante a opté pour la résolution de la vente


comme le lui permet l’article 1644 du code civil sus énoncé ;

Qu’il convient de faire droit à sa demande et prononcer la résolution de la vente


portant sur le véhicule de marque LAND ROVER "DISCOVERY SPORT PURE 2.0
essence "de type 4X4 immatriculé 6604 JL 01 intervenue entre les parties;

Sur le remboursement du prix de cession

Considérant que l’appelante sollicite le remboursement de la somme de 30.600.000


FCFA représentant le prix d'achat dudit véhicule ;

Considérant que la résolution de la vente a pour corollaire la restitution des


prestations réciproques consistant pour l’appelante à la restitution du véhicule, ce
qui est déjà fait, celui-ci se trouvant dans les ateliers de l’intimée, et, pour cette
dernière, à la restitution du prix perçu, en l’occurrence la somme de 30.600.000
FCFA ;

Qu’il convient de faire droit à cette demande (…) »

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 14


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Si la vente implique un transport, le vendeur satisfera suffisamment à son


obligation de livraison par le seul fait de la remise des marchandises aux transporteurs.
Le vendeur a également l'obligation de livrer des marchandises conformément au
contrat le bien sera considéré comme conforme lorsque, la qualité, la quantité, la
spécification, le conditionnement, et l'emballage correspondent à ceux prévu au
contrat.
Enfin, le vendeur est tenu par une obligation de garantie envers l'acheteur.
Cette obligation est une des conséquences du transfert de propriété de la marchandise
vendue, puisque le vendeur est en principe tenu de transférer à l'acheteur la propriété
d'une chose utile et une possession paisible de la chose.

CONCERNANT L'ACHETEUR, le contrat de vente commerciale implique 2


obligations dans son chef. Il doit payer le prix et prendre livraison des
marchandises.
L'obligation de payer le prix constitué la contrepartie de la remise de la
marchandise par le vendeur. Le prix doit être versé directement au vendeur ou à la
personne qui a reçu le pouvoir de recevoir le paiement en lieu et place du vendeur.
Sur les modalités pratiques de paiement le législateur OHADA prévoit que le
paiement du prix est fait soit au siège de l'activité du vendeur soit au lieu de la
livraison si le prix est payable comptant ou si la livraison est effectuée contre remise de
documents.
Par ailleurs les parties peuvent prévoir que l'acheteur ne sera tenu de payer le
prix qu’après avoir été mis en mesure d'examiner les marchandises. L'acheteur est
également tenu de prendre livraison des marchandises. L'acheteur est en principe
tenu de prendre possession physiquement des marchandises. Cette prise de
livraison a pour conséquence qu'elle opère un transfert des risques.
Préalablement à la prise de possession, l'acheteur devra examiner les
marchandises ou les faire examiner par 1/3 et décider s'il accepte ou non de retirer les
marchandises en cas de défaut de conformité.
A l'instar de tout contrat, le contrat de vente commerciale est une convention
ayant force obligatoire. Il en résulte que l'inexécution ou la mauvaise exécution par les
parties de leurs obligations doivent être légalement sanctionnés. A cet égard la rupture
du contrat constitue l'ultime sanction. Elle ne peut dès lors survenir qu'en cas de
manquement grave au contrat de vente.

IV- LES EFFETS DE LA VENTE COMMERCIALE

Le contrat de vente commerciale a pour effet juridique principal de transférer la


propriété de la chose vendue à l'acheteur. Aux de l’article 275 AUDCG :
« La prise de livraison opère transfert à l’acheteur de la propriété des
marchandises vendues ». Cette détermination du moment où s'opère le transfert de
propriété était importante notamment pour les créanciers du vendeur, puisque c'est à
partir de cette date que les biens vendus sortent du patrimoine du vendeur.
Les parties ont toutefois la possibilité de différer le transfert de propriété en
insérant dans le contrat une clause de réserve de propriété. La clause de réserve
de propriété peut être définie comme la clause par laquelle le vendeur tout en vendant

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 15


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

la chose stipule qu'il conservera la propriété des marchandises vendues jusqu'au


paiement complet du prix.
Cette clause présente l'avantage qu'en cas de défaut de paiement de la part
de l'acheteur le vendeur pourra revendiquer la propriété de la marchandise, au lieu de
faire valoir une créance qui, en cas de faillite de l'acheteur, risque d'être illusoire. Le
vendeur demeure en effet propriétaire de la chose vendue tant que l'intégralité du prix
de vente n'a pas été payée.
La clause de réserve de propriété a pour conséquence que tant que la
marchandise n'a pas été payée, le vendeur en restera propriétaire et l'acheteur n'en
aura qu'une possession précaire. Étant toujours propriétaire de la marchandise le
vendeur pourra en cas de non-paiement par l'acheteur, saisir les tribunaux afin
d'obtenir la restitution de sa marchandise d'autres aménagements portant sur le
transfert de propriété sont également possibles pour autant qu'ils ne contreviennent
pas aux dispositions légales applicables en la matière.
Ainsi, le législateur OHADA indique que l'acheteur et le vendeur peuvent prévoir
que la prise de livraison des marchandises ait lieu :
- Soit au moment du retrait de la marchandise dans l'acheteur ;
- Soit au moment de la remise des marchandises aux transporteurs ;
- Soit au moment de la mise à disposition des marchandises par le vendeur.
Parallèlement à ce transfert de propriété, la vente réalise également un transfert des
risques du vendeur à l'acheteur.

Cette question est importante puisqu'elle détermine qui du vendeur ou de


l'acheteur devra supporter les conséquences d'une perte fortuite totale ou partielle
des marchandises vendues, entre le moment de la conclusion du contrat et celui de la
prise de possession.
Ainsi, l’AUDCG prévoit que le transfert des risques a lieu au moment du
transfert de propriété, soit en principe au moment de la prise de livraison par
l'acheteur des marchandises. Il ressort de ce principe que la charge des risques en
cas de perte ou de détérioration des marchandises est intimement liée à la
possession matérielle des marchandises. C'est donc en principe lors de la
livraison que la charge des risques passe du vendeur à l'acheteur.
Cette solution s'explique par le fait que le législateur OHADA a estimé qu'il
convenait de faire peser les risques sur le cocontractant qui est le plus à même de
prévenir le risque, et de prendre les mesures conservatoires destinée à sauvegarder
les marchandises.
Toutefois l'AUDCG prévoit des aménagements à ce principe.
Lorsque le contrat de vente commerciale implique un transport de
marchandises, dans ce cas les risques seront transférés à l'acheteur à partir de la
remise des marchandises au premier transporteur. A cet effet, l'autorisation donnée
aux vendeurs de conserver les documents représentatifs des marchandises est sans
incidence sur le transfert des risques.
Il suit de ce qui précède, que sauf stipulation contraire, tous les dommages
causés aux marchandises postérieurement à ce moment devront être supportés par
l'acheteur.

V- AUTRES DISPOSITIONS RELATIVES LA VENTE COMMERCIALE

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 16


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

Le délai de prescription en matière de vente commerciale est de 2


ans (Art. 301 AUDCG), sauf dispositions contraires.

L’interprétation du contrat de vente commerciale. L’AUDCG


détermine les orientations à suivre en matière d'interprétation des contrats
de vente commerciale. Ainsi, aux termes de l’article 238 AUDCG :
« Lorsqu’une clause est ambigüe, la volonté d’une partie doit
être interprétée selon le sens qu’une personne raisonnable, de même
qualité que l’autre partie, placée dans la même situation, aurait déduit
de son comportement.
Pour déterminer la volonté d’une partie, il doit être tenu compte
des circonstances de fait, et notamment des négociations qui ont pu
avoir lieu entre les parties, des pratiques qui se sont établies entre
elles, voire des usages en vigueur dans la profession concernée ».
Par ailleurs, les parties étant tenus de se conformer aux exigences
de la bonne foi il y a lieu d'interpréter le contrat de vente commerciale
conformément aux principes de l'exécution de bonne foi des conventions.
Enfin, au-delà de l'acte uniforme relative au droit commercial général
la vente commerciale est régie par de nombreuses autres règles issues du
code civil, de certaines conventions internationales relatives à la vente,
autant que par des usages et pratiques commerciales divers.

VI - LA RUPTURE DU CONTRAT DE VENTE

Aux termes de l'article 281 de l'AUDCG, la partie lésée par l'inexécution du contrat
peut en demander la résiliation au juge compétent. Il lui est aussi loisible de recourir
à la rupture unilatérale face à une inexécution essentielle.
La gravité exigée est une question de fait que le juge peut apprécier en cas de
saisine. Mais l'auteur d'une rupture unilatérale court le risque d'en supporter les
conséquences dommageables lorsque cette cessation du contrat est intempestive,
abusive ou injustifiée. Il peut, cependant, obtenir des dommages et intérêts en
réparation du préjudice qu'il a subi dans l'hypothèse où son action est bien fondée.

Qu'elle soit unilatérale ou judiciaire, la rupture du contrat de vente est une solution
ultime du fait que le législateur OHADA a prévu plusieurs correctifs en faveur de la
sauvegarde du contrat. Ainsi, chacune des parties peut obtenir du juge l'autorisation
de différer l'exécution de son obligation moyennant la fourniture d'une garantie. En
cas de non-conformité, outre la réparation des marchandises défectueuses, leur
remplacement par des marchandises conformes est possible. L'acheteur peut
également obtenir la réfaction ou la réduction du prix.

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 17


Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 2- Note de Cours – 1 ère Année de Master 18


Dr. Alfred KOUASSI
Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

CHAPITRE II : LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL


Art. 101 à 134.

Bibliographie indicative

 Code vert OHADA, Juriscope, 2018


 Code pratique OHADA, éditions Françis Lefebvre 2014

En dépit de l’ère du numérique, les entreprises aspirent à avoir une domiciliation


relativement à l’exercice de leur activité. Il en résulte l’urgence des locaux, lesquels
peuvent notamment être loués au moyen d’un bail à usage professionnel.
La réforme OHADA a requalifié et spécifié ledit bail, tout en préservant son atout
majeur

I. LA QUALIFICATION DU BAIL A USAGE PROFESSIONNEL


Le bail à usage professionnel se singularise par la destination des locaux loués. Ces
derniers doivent être affectés à une activité professionnelle. Ainsi, sont concernés,
selon l’article 101 de l’Acte Uniforme sur le Droit Commercial Général :

 les locaux ou immeubles à usage commercial, industriel, artisanal ou à


tout autre usage professionnel (par exemple, garage, pressing, cabinet
d’avocats) ;
 les locaux accessoires dépendant d’un local ou d’un immeuble à usage
commercial, industriel, artisanal ou à tout autre usage professionnel ;
 les terrains nus sur lesquels ont été édifiées, avec le consentement du
propriétaire,  avant ou après la conclusion du bail, des constructions à usage
commercial, industriel, artisanal ou à tout autre usage professionnel ;

En ce qui les concerne, les locaux loués (preneur) ou fournis (bailleur) par
les Entreprises Publiques sont soumis à cette même disposition. Il en résulte que la
qualité d’Entreprise Publique n’a pas d’incidence en cette matière.
Il est en revanche exclu de la qualification de bail professionnel, le bail à usage
d’habitation, lequel relève d’une législation nationale spéciale.
Par ailleurs, la jurisprudence OHADA, a exclu de cette qualification :

 un bail souscrit par un parti politique (personne morale) relatif à des locaux


pour usage des bureaux ;
 une convention d’occupation ayant pour objet des biens dépendants du
domaine public même si les parties sont des personnes privées.

Cours de droit des contrats d’affaires 19


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES
 un bail entre une entreprise et un bailleur personne physique, dès lors que le
local était destiné au logement du directeur général d’où un usage
d’habitation ;

II. LES MODALITES DU BAIL A USAGE PROFESSIONNEL


Le bail à usage professionnel peut être verbal ou écrit. Selon sa durée, nous
distinguons deux (2) types de baux à usage professionnel ( Art. 104 AUDCG) :

 le bail à durée déterminée : il se particularise par le terme connu d’avance


par les parties.
 le bail à durée indéterminée : son terme n’est pas fixé.

Retenons par ailleurs que, que le bail verbal est réputé conclu pour une durée


indéterminée.

III. LES OBLIGATIONS DES PARTIES AU BAIL


Le bail met en présence deux (2) parties : le preneur et le bailleur. Leurs qualités
induisent le respect de leurs obligations respectives. 
Ainsi, le bailleur est tenu (Art. 105 AUDCG ) :

 de délivrer les locaux (mise à disposition) ;


 de procéder aux grosses réparations (murs principaux, voutes, poutres,
toitures, murs de soutènement ou de clôture, fosses septiques…) ;
 responsable des troubles de jouissance survenus de son fait ou du fait de
ses ayants-droits.

Pour sa part, le preneur est tenu de ( Art. 112 AUDCG) :

 payer les loyers aux termes convenus (obligation essentielle) ;


 exploiter les locaux en bon père de famille ;
 effectuer les réparations d’entretien du local.
IV. LE RENOUVELLEMENT DU BAIL A USAGE PROFESSIONNEL
La qualification de bail à usage professionnel comporte un atout majeur consistant
dans le droit au renouvellement du bail dont jouit le preneur. Ce droit s’applique
indépendamment de la nature déterminée ou indéterminée du bail.
o CONDITION DE JOUISSANCE DU DROIT AU REVOUVELLEMENT Selon l’Art.
123 AUDCG :
«  Le droit au renouvellement du bail à durée déterminée ou indéterminée est acquis au
preneur qui justifie avoir exploité, conformément aux stipulations du bail, l’activité
prévue à celui-ci, pendant une durée minimale de deux ans.

Aucune stipulation du contrat ne peut faire échec au droit au renouvellement .

Cours de droit des contrats d’affaires 20


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES
En cas de renouvellement exprès ou tacite, le bail est conclu pour une durée minimale
de trois (3) ans.

En cas de renouvellement pour une durée indéterminée les parties doivent prévoir la
durée du préavis de congé qui ne peut être inférieure à six mois ».

Il résulte de cette disposition que :


 le preneur doit avoir exploité les locaux loués au moins pendant deux (2)
ans ;
 le renouvellement, qui peut être exprès ou tacite, doit avoir une durée
minimum de trois (3) ans.
 Un préavis d’au moins six (6) mois est exigé en cas de renouvellement pour
une durée indéterminée.

o EXERCICE DU DROIT AU RENOUVELLEMENT DU BAIL

 Relativement au bail à durée déterminée,  le preneur doit exprimer sa


volonté de renouvellement au bailleur au plus tard trois (3) mois avant
l’expiration dudit bail.
 En ce qui concerne le bail  à durée indéterminée dont la durée du préavis
est d’au moins six (6) mois, le preneur doit s’opposer au congé qui lui
serait signifié par le bailleur.

L’exercice de ce droit par le preneur implique une signification par voie d’huissier ou


une notification par tout moyen permettant d’établir la réception effective par le
destinataire.

Illustration Jurisprudentielle : La loi impose des obligations au preneur pour


jouir du droit au renouvèlement du bail professionnel.

Cours de droit des contrats d’affaires 21


22 Cours de droit des contrats d’affaires
Cour d’Appel de Lomé, Arrêt n° 69/20 du 06 Août 2020. Affaire Madame
D. A. AKOUVI c/ La SARL Galerie Confortium.
«  (…) Attendu qu’il ne revient pas au Tribunal de prendre des initiatives
dans la recherche de la nature des relations des parties qui poursuivent
leur relation à l’expiration d’un contrat à durée déterminée les ayant lié ;
qu’il est fait obligation au preneur de demander le renouvellement de son
bail s’il entend poursuivre ses activités dans les lieux loués ; qu’il s’en
infère qui s’abstient d’accomplir des formalités ne saurait se prévaloir de
sa propre turpitude pour s’opposer à son expulsion soutenir que n’ayant
pas sollicité́ le renouvellement du bail, son contrat à durée déterminée
s’est transformé́ en un contrat à durée indéterminée soumis au préavis ;
Attendu que les parties contractantes ayant clairement exprimé leur
volonté́ commune quant au caractère déterminé́ de leur contrat , aucun
exercice d’interprétation ne se pose au juge qui ne saurait sans violer ledit
contrat ensemble les avec dispositions de l’article 104 précit é́, requalifier
lesdites relations quel qu’en soit leur durée, en un contrat de bail à durée
indéterminée ;
Attendu d’ailleurs que le mécanisme de tacite reconduction dont le
premier a donné́ effet est manifestement incompatible avec ce type de
contrat ; que même si les parties ont inséré́ dans leur contrat cette clause de
la tacite reconduction, aucun effet ne saurait lui être conféré́ , ladite
stipulation étant contraire à la lettre et à l’esprit du législateur OHADA ;
Attendu que du moment où les clauses du contrat sont claires, le juge
premier juge aurait dû constater que le preneur n’ayant pas formulé la
demande de renouvellement dans le délai requis et que de ce fait, elle était
simplement déchue de ce droit au lieu de s’adonner à une interprétation
du contrat, la commune intention des parties comme il l’a fait ;
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES
Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

Attendu qu’il est donc constant que le contrat qui a exist é́ entre les parties est
à durée déterminée et constaté par écrit ;

Attendu en effet qu’aux termes de l’article 92 de l’Acte Uniforme sur le Droit


Commercial Général adopté le 17 avril 1999, abrogé le 15 décembre 2010 et
devenu l’article 124, « Dans le cas du bail à durée déterminée, le preneur qui a
droit au renouvellement de son bail en vertu de l'article 91 ( 123) ci-dessus peut
demander le renouvellement de celui-ci, par acte extrajudiciaire, au plus tard
trois mois avant la date d'expiration du bail. Le preneur qui n'a formé sa
demande de renouvellement dans ce délai est déchu du droit au renouvellement au
bail. Le bailleur qui n'a pas fait connaître sa réponse à la demande de
renouvellement au plus tard un mois avant l'expiration du bail est réputé́ avoir
accepté́ le principe de renouvellement.» ;

Attendu que les dispositions de l’article susvisé́ sont claires et d’ordre public,
le législateur de l’OHADA n’ayant laissé aucune marge à interprétation ;

Attendu qu’après avoir constaté́ que les parties ont continu é́ leurs relations
plus de 09 ans après expiration du bail, le premier juge n’a pas tir é́ toutes les
conséquences de sa propre constatation en soutenant que la commune
intention des cocontractants est celle d’un bail à durée indéterminée ; qu’au
regard de tout ce qui précède, il y a lieu de d’infirmer le jugement entrepris en
toutes ses dispositions sur ce point sans qu’il soit nécessaire de revenir sur
l’autre moyen ;

Attendu qu’il y a donc lieu de constater que le contrat conclu entre les parties
est bel et bien un contrat à durée déterminée ; il y a également lieu de
constater que ledit contrat est expiré le 1er mars 2006 sans que l’intimée ne
formule une demande de renouvellement et par voie de conséquence,
constate que le preneur est déchu de son droit au renouvellement et en
ordonner son expulsion pure et simple des lieux à elle donnés ainsi que de
tous occupants de son chef ;

Attendu que la partie qui succombe au procès est condamnée aux dépens ;
que l’intimée ayant succombé, il y a lieu de la condamner aux entiers
dépens ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement, en matière commerciale et en

Cours de droit des contrats d’affaires 23


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

V. LE DROIT D’OPPOSITION DU BAILLEUR

Le bailleur peut s’opposer au droit au renouvellement du bail professionnel en réglant


au locataire une indemnité d’éviction, aux termes de l’article 126 de l’Acte Uniforme
précité :
Art. 126. «  Le bailleur peut s’opposer au droit au renouvellement du bail à dure
déterminée ou indéterminé en réglant au locataire une indemnité d’éviction.
A défaut d’accord sur le montant de cette indemnité, celle-ci est fixée par la juridiction
compétente en tenant compte notamment du montant du chiffres d’affaires, des
investissements réalisés par le preneur, de la situation géographique du local et des
frais de déménagement imposés par le défaut de renouvellement »
Cette indemnité d’éviction correspond au montant du préjudice subi par le preneur en
raison de son éventuelle délocalisation.
EN PRATIQUE, le bailleur est dispensé de verser l’indemnité d’éviction dans les
cas suivants :

 La justification de motifs graves et légitimes de refus de renouvellement :

- Inexécution par le locataire d’une obligation substantielle du bail ;


- Cessation de l’exploitation du fonds de commerce ;
- Preuve que l’immeuble comprenant les lieux loués est destinés à la démolition
et à la reconstruction tout en justifiant la nature et la description des travaux projetés.

Cours de droit des contrats d’affaires 24


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

Sur les critères d’évaluation de l’indemnité d’éviction

Cour d’appel de commerce d’Abidjan, Arrêt RG n° 768/2019 du


30 /07/2020. La Société Ivoirienne de Promotion de
Supermarchés dite PROSUMA Contre Monsieur M’B. G.

(…) Sur la demande en fixation d’une indemnité


d’éviction

Considérant que la société́ PROSUMA fait grief au jugement


querellé de manquer de base légale pour l’avoir condamnée à
payer cinquante millions (50.000.000) de francs CFA à monsieur
M’B. G sans justifier des critères retenus pour la détermination
d’un tel montant ;

Qu’en réplique, monsieur M’B. G sollicite de la cour de céans


qu’il lui soit alloué, à titre d’indemnité́ d’éviction, la somme
totale de cent cinquante millions quatre cent cinq mille
(150.405.000) francs CFA repartie comme suit : cinquante
millions quatre cent cinq mille (50.405.000) francs CFA au titre
du chiffre d’affaires perdu et cent millions (100.000.000) de francs
CFA pour la perte de sa clientèle et de sa participation à une
opération immobilière qu’il avait souscrite ;

Considérant qu’aux termes de l’article 126 alinéa 2 de l’acte


uniforme portant sur le droit commercial général « A défaut
d’accord sur le montant de cette indemnité́, celle-ci est fixée par
la juridiction compétente en tenant compte notamment du
montant du chiffre d’affaires, des investissements réalisés par le
preneur, de la situation géographique du local et des frais de
déménagement imposés par le défaut de renouvellement. » ;

Cours de droit des contrats d’affaires 25


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

Que de l’analyse de cette disposition, il ressort que la fixation de


l’indemnité́ d’éviction nécessite que soient pris en compte divers
éléments que sont le montant du chiffre d’affaires, des investissements
réalisés par le preneur, de la situation géographique du local et des frais
de déménagement imposés par le défaut de renouvellement ;

Considérant que pour statuer sur cette demande, la Cour, par


arrêt contradictoire avant dire droit RG N° 736 & 767/2019
rendu le 09 juillet 2020, a ordonné́ la production par l’intimé de
ses déclarations fiscales des cinq (05) dernières années visées
par l’administration fiscale, et que celui-ci a satisfait à cette
demande ;

Considérant qu’il résulte des pièces produites que le chiffre


d’affaire de monsieur M’B. G, soumis à l’impôt synthétique, sur
les cinq (05) dernières années, est en moyenne de neuf millions
(9.000.000) de F CFA ;

Qu’il est constant que c’est dans un stand au sein du


supermarché́ qu’il exploitait son commerce ;

Qu’au regard de ce qui précède, il y a lieu de fixer l’indemnité́


d’éviction à laquelle il a droit à la somme de vingt millions
(20.000.000) de F CFA et le débouter du surplus de sa demande,
non justifié par des pièces probantes ;

Somme toute, la perspective de percevoir des loyers est une option reluisante du
bailleur. Toutefois, il en résulte une certaine dépendance envers le preneur, compte
tenu du fait que ce dernier est protégé par une indemnité d’éviction entraînant
une incitation au droit de renouvellement du bail.

Cours de droit des contrats d’affaires 26


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

CHAPITRE III : CERTAINS INTERMEDIAIRES DE COMMERCE

Articles 169 à 233 AUDCG)

L'intermédiaire de commerce est, aux termes de l'article 169 AUDCG, « une personne
physique ou morale qui a le pouvoir d'agir ou entend agir habituellement et
professionnellement pour le compte d'une autre personne, commerçante., afin de
conclure avec un tiers un acte juridique à caractère commercial ».

La doctrine distinguait les intermédiaires salariés, encore appelés VRP («Vendeurs,


représentants et placiers »), qui sont des salariés chargés de démarcher la clientèle et
de prendre des ordres d'achat, les intermédiaires mandataires, encore appelés
agents commerciaux, et les intermédiaires commerçants qui regroupaient les
commissionnaires et les courtiers. Le législateur OHADA a posé les règles applicables
à trois catégories d’intermédiaires, à savoir : LE COMMISSIONNAIRE, LE COURTIER
ET LES AGENTS COMMERCIAUX.

I - LE COMMISSIONNAIRE (Articles 192 à 207 AUDCG)

La commission est une technique de représentation des intérêts d’autrui, mais le


commissionnaire agit en son nom ((exemples : commissionnaire de transport,
commissionnaire agréé en douane). C’est cela qui le distingue du mandataire qui agit
au nom d’autrui.

La commission est un acte de commerce par nature, alors que le contrat de mandat est
un contrat civil. Le commissionnaire est donc un commerçant. Il se distingue du courtier
en ce que ce dernier n’est pas parti au contrat qu’il aide à conclure. Mais, en principe,
le commissionnaire ne peut se porter contrepartie, c’est-à-dire qu’il ne peut pas acheter
ou vendre lui-même la marchandise qu’il est chargé de vendre ou d’acheter à un tiers.
Il y aurait en pareil cas un risque de conflit d’intérêts. Cela n’empêche pas qu’il puisse
être prévu une stipulation contraire.

Certains commissionnaires peuvent consentir une convention de ducroire. Il s’agit


d’une clause du contrat de commission qui oblige le commissionnaire à garantir la
bonne fin de l’opération en couvrant ainsi le commettant en cas d’inexécution.
Concrètement, l’agent garantit le défaut de paiement du client. Quand l’agent accepte
ainsi de supporter le risque d’insolvabilité des clients représentés, sa rémunération est
majorée. Quand rien n’est précisé dans ce sens à son contrat, l’agent ne garantit pas la
solvabilité des clients, et le risque va être assumé par le mandant.

La rémunération du commissionnaire est proportionnelle au montant de l’opération. Il


dispose, pour en garantir le paiement, d’un privilège sur la valeur des marchandises,

Cours de droit des contrats d’affaires 27


Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES
pour lesquelles il est intervenu, et d’un droit de rétention sur les marchandises qui sont
en sa possession dans le cadre de sa mission.

Notons qu’un accord de concession constitue un contrat de commissionnaire lorsque le


concessionnaire agit en son nom personnel pour le compte du fournisseur.

II - LE COURTIER (articles 208 à 215 AUDCG)

Le courtier est un commerçant qui met en rapport des personnes qui désirent
contracter. Il agit pour le compte d’un donneur d’ordres en lui trouvant des contractants.
Il est commerçant dans la mesure où il se livre de manière habituelle à une activité
d’entremise. D’ailleurs l’AUDCG l’a retenu comme tel. Il est tenu de garder son
indépendance vis-à-vis des parties et exerce sa profession à ses risques et périls. Sa
rémunération consiste en un pourcentage du montant de l’opération.

III - LES AGENTS COMMERCIAUX (Articles 216 à 233 AUDCG)

Un « agent commercial est un mandataire professionnel chargé de façon permanente


de négocier et, éventuellement de conclure des contrats de vente, d’achat, de location
ou de prestation de services au nom et pour le compte de producteurs, d’industriels de
commerçants ou d’autres agents commerciaux, sans être lié envers eux par un contrat
de travail ». (Cf. article 216 de l’AUDCG). Il peut s’agir d’une personne physique ou une
personne morale.

Le contrat qui lie l’agent commercial doit indiquer la qualité des deux parties
contractantes. Il peut être conclu pour une durée déterminée ou indéterminée et
comporter, entre autres, une convention d’exclusivité, de ducroire, ou de consignation
de marchandises en vue de leur livraison à la clientèle.

L’agent commercial a, sauf convention écrite contraire, le droit d’accepter la


représentation de nouveaux mandants sans avoir à être autorisé par son premier
mandant. Toutefois, il ne peut accepter la représentation d’une entreprise concurrente
de celle de l’un de ses mandants, sans l’accord de ce dernier. Il peut effectuer des
opérations commerciales pour son propre compte, recruter ou employer sans
autorisation des sous-agents rémunérés par lui.

Cours de droit des contrats d’affaires 28

Vous aimerez peut-être aussi