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UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –

Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques

CONTRATS D’AFFAIRES

Notes de cours à l’intention des étudiants


en 1ère année de Master

Plan du Cours

Leçon 1 : Introduction – notion de contrats d’affaires - généralités


sur le contrat
Leçon 2 : Les contrats nommés du droit OHADA - Quelques
intermédiaires du commerce – La concession et la franchise
Leçon 3 : Le contrat international
Leçon 4 : Les principaux contrats du commerce international
Leçon 5 : Initiation à la technique contractuelle

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 1- Note de Cours – 1 ère Année de Master 1


Dr. Alfred KOUASSI
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LECON 1 : INTRODUCTION – NOTION DE CONTRATS


D’AFFAIRES – GENERALITES SUR LE CONTRAT

L’OHADA n’a pas encore adopté d’Acte Uniforme relatif au régime général du droit
des contrats. Cet Acte Uniforme n’existe pour le moment que sous forme de projet.
Les règles applicables aux contrats sont en principe celles du Code civil en vigueur
en Côte d’ivoire, à moins que le contrat ne relève de l’application d’un Acte Unique
(tel notamment, de la vente commerciale, du contrat de transport de marchandise
par route ou bail commercial)

I – SUR LE COURS DE « CONTRATS D’AFFAIRES »

Le cours de « contrats d'affaires » consiste en l'étude du droit commun des contrats


à la lumière de la vie des affaires et de ses principales particularités, l'étude des
contrats appliqués au monde de l'entreprise. Sont ainsi étudiés non seulement les
contrats liant les commerçants personnes physiques, les sociétés commerciales ou
non, mais aussi ceux intervenant avec les consommateurs, de même que les
contrats de financement, de production et de distribution. La vie des affaires est
truffée de contrats. Elle est immergée dans les relations contractuelles tant internes
qu'internationales. Vente, franchise, distribution, cession d'actions, pactes
d'actionnaires, clause de non-concurrence, clause d'exclusivité, contrat d'agent
commercial, plateforme et contrats numériques etc. : la liste est longue et n'a
d'autres limites que celle de l'imagination et des arrangements des acteurs.

Il ne s'agit donc pas ici d'un cours de contrats spéciaux ou de contrats


commerciaux : l'objet du cours de contrats d'affaire n'est pas d'examiner les
principaux contrats, nommés notamment dans le Code civil ou dans les lois
commerciales (vente, bail, etc.), ou de se concentrer sur les relations contractuelles
entre commerçants.

Cette conception de l'étude des contrats se rapproche de l'esprit des systèmes


juridiques qui ont opté pour l'unification du droit privé et c'est notamment le cas de
l'Angleterre puis du Royaume Uni d'Angleterre et d'Irlande du Nord et des pays qui
ont adopté leur modèle.

En Angleterre, berceau de la Common Law, la law merchant du Moyen Âge a été


absorbée à la fin du XVIIIe siècle par la Common law. Depuis lors, il n'y a plus de
droit commercial anglais autonome. Conclus entre commerçants ou entre particuliers
les contrats sont assujettis aux mêmes règles. En outre, l'Angleterre ignore
l'institution de juridictions consulaires.

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Même si notre sujet n'est pas ici d'évoquer une unicité, d'ailleurs inexistante, des
règles applicables aux contrats pratiqués par les acteurs économiques dans notre
système de droit, il s'agit néanmoins pour nous de saisir ces contrats sans
procéder par une classification en fonction de leur régime juridique civil ou
commercial.

Cela posé, nous aborderons ensemble dans ce cours divers contrats à l’occasion
des leçons suivantes :

- Leçon 2 : Les contrats spéciaux du droit OHADA


- Leçon 3 : La concession et la franchise (non réglementés par l’OHADA)
- Leçon 4 : Le contrat international
- Leçon 5 : Les principaux contrats du commerce international

Notre examen sera précédé d'un rappel général de la la notion de contrat

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II. GENERALITES SUR LE CONTRAT

Elles porteront sur :


La notion de contrat
Les conditions de formation de tout contrat

La classification des contrats

La fonction des contrats

La qualification des contrats

A – LA NOTION DE CONTRAT

Le Code civil, en vigueur dans la plupart des pays francophones africains, distingue,
dans son Livre III, les obligations nées d'un contrat et celles qui se forment sans
convention. Dans nos présents échanges, nous ne considérons que l'acte juridique,
i.e. le contrat, source d'obligation à l'exclusion du fait juridique licite source
d'obligation (les quasi-contrats) et du fait juridique illicite source d'obligation (la
responsabilité civile délictuelle).

A cet égard, rappelons que le contrat est défini par l'article 1101 du Code civil comme
une « convention par laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent, envers
une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose ».

Rappelons aussi la distinction qui se fait, à l'intérieur de la famille des actes juridiques,
entre les actes juridiques unilatéraux et les actes conventionnels (ou conventions).

L’ACTE JURIDIQUE UNILATÉRAL est la manifestation d'une seule volonté dirigée


vers un effet de droit. L'exemple typique en est le testament, i.e. l'acte juridique par
lequel le testateur dispose de tout ou de partie de ses biens (article 895 du Code civil).
On peut citer, en outre, la reconnaissance d'enfant naturel (loi sur la filiation), la
renonciation à un droit ( succession sous bénéfice d’inventaire).

Dans leur grande majorité, les auteurs admettent qu'une obligation puisse naître
d'un acte unilatéral de volonté. Une telle reconnaissance permet d'expliquer
plusieurs solutions classiques telles que le maintien de l'offre de contracter
pendant un délai raisonnable pour l'acceptation, et l'engagement d'exécuter une
obligation naturelle.

En outre le législateur et la jurisprudence l'admettent aujourd'hui plus ou moins


explicitement. (Exemples: l'admission et la réglementation de société anonyme ou à
responsabilité limitée unipersonnelle dans l'acte uniforme de l'Organisation pour
l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires en Afrique (OHADA) portant sur le
droit des sociétés commerciales et du Groupement d'intérêt économique; pour la
jurisprudence, voir, notamment: Aix, 27 avr. 1988, RTD civ. 1988.541, obs. J. Mestre
arrêt intervenu dans une affaire où, avant un divorce, le mari accepte de prendre en
charge l'employée de maison ; la Cour d'appel a jugé que «l'engagement unilatéral
pris … était parfaitement valable et devait être exécuté» ; Civ. 1re, 28 mars 1995, RTD
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civ. 1995.887, obs. J. Mestre où a été retenue la validité de l'engagement unilatéral
d'une société de vente par correspondance de verser un prix).

Mais le modèle d’acte juridique choisi et réglementé par le droit français, qui
est largement le nôtre par héritage, étant le contrat, l’acte unilatéral n’y joue
qu’un rôle subsidiaire. Il s’ensuit qu’en l’absence de règle spécifique, ce sont
les règles du contrat qui régissent l’acte unilatéral

(Exemple : les causes de nullité qui atteignent le consentement à un contrat sont


applicables aux actes unilatéraux. Civ., 24 mai 1948, D 1948.517, note Lenoan : il
s'agissait de la renonciation à une succession viciée par une erreur).

L’ACTE CONVENTIONNEL OU CONVENTION: il s'entend de tout accord de volontés


dirigé vers un effet de droit. Ces actes conventionnels se subdivisent :

1°) d'une part, en actes bilatéraux, plus couramment appelés contrats.


2°) d'autre part, en actes collectifs.

UN CONTRAT est l’accord de volontés dirigé vers un effet de droit et, plus
précisément, la création d’une obligation ou le transfert de droits patrimoniaux
(réels, personnels ou intellectuels) d’une personne à une autre. En comparaison,
les conventions sont des accords de volontés pouvant créer non seulement
des obligations ou transférer des droits, i.e. des contrats, mais également
modifier ou éteindre des obligations préexistantes (Exemples : cession de
contrat, subrogation conventionnelle, résiliation conventionnelle, remise de
dette). Le contrat n’est donc qu’une espèce de convention. D'ailleurs le texte de
l'article 1101 du Code civil, que nous venons de citer, semble bien faire du contrat
une espèce de la catégorie plus large que constitue la convention.

La définition du contrat nous permet de le distinguer d'autres accords qui ne


produisent pas des effets de droit. Exemple: l'entraide familiale ou amicale, les
relations mondaines ne créent aucune obligation juridique.

Par ailleurs, nous devons noter que l'acte juridique collectif ou acte collectif
occupe une place à part en ce que, au-delà de ses signataires, il lie, par la volonté
du législateur, tous les membres d'un groupe. L'exemple type en est la convention
collective de travail. Mais on peut également citer à cet égard le règlement de
copropriété. Les différents actes collectifs font l’objet d’une réglementation
détaillée. Une théorie de l’acte collectif ne serait donc pas d’une grande utilité
en droit positif. Retenons tout simplement que ce qui les caractérise est qu’ils
constituent une dérogation au principe de l’effet relatif des contrats. Bien
évidemment, on doit toujours distinguer l'acte juridique collectif du « contrat
conjonctif » qui est un véritable contrat dans lequel plusieurs personnes ne forment
qu'une partie. Exemple: coacquéreurs, co- assureurs ou encore un groupe de
personnes chargeant l'une d'entre elles de participer à un jeu (Cf. Civ. 1. 5 juillet
1989. Bull. Civ. I n° 275 où la Cour de cassation française a jugé que les gains
doivent être réparties entre tous les membres du groupe).

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B - LES CONDITIONS DE FORMATION DE TOUT CONTRAT

L'article 1108 du Code civil vise quatre conditions de fond : le consentement (§1), la
capacité (§2), l'objet (§3) et la cause (§4).

Remarquons, au passage, que, depuis l'Ordonnance du 10 février 2016, en France


l'objet et la cause ont été supprimés et remplacés par la notion de « contenu du
contrat ». Désormais sont nécessaires à la validité du contrat en France, le
consentement des parties, leur capacité de contracter ainsi que, conformément au
nouvel article 1128, 3°, « un contenu licite et certain ».

1 : LE CONSENTEMENT

Le consentement doit exister et être libre et éclairé.

1.1 - L'EXISTENCE DU CONSENTEMENT


Si la rencontre des volontés se produit quasi-instantanément dans les contrats de la
vie courante, portant sur des prestations de faible valeur économique, il n'en est pas
de même s'agissant de contrats importants. Ceux-ci procèdent, en effet, de
longues négociations qui font appel au facteur temps. Ces négociations
précontractuelles doivent être menées de bonne foi : si chaque partie reste libre
de conclure ou pas le contrat définitif, elle engagera sa responsabilité civile
précontractuelle (qui est une responsabilité délictuelle) au cas où elle rompt sans
raison légitime, brutalement et unilatéralement des pourparlers avancés. En fait, on
peut distinguer à cet égard le contrat formé par étapes successives et celui précédé
d'un avant-contrat.

1.2 - L'INTEGRITE DU CONSENTEMENT


Selon le principe de l'autonomie de la volonté, le consentement ne peut engager
celui qui l'a émis que s'il est libre et éclairé, i.e. s'il est exempt de vices. Découlant
de ce principe, la théorie des vices du consentement n'a pas souffert de son
déclin et donne lieu à une jurisprudence fournie. Le Code civil mentionne trois
vices du consentement : l'erreur), le dol), et la violence. Par ailleurs, même si la
lésion est évoquée dans la même section, elle relève plutôt d'un déséquilibre
objectif dans les prestations formant l'objet du contrat.

2 - LA CAPACITE
La capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droits et à les
exercer. La capacité est le principe puisque, aux termes de l'article 1123 C. civ., «
toute personne peut contracter, si elle n’en est pas déclarée incapable par la
loi ». L'article 1124 du même Code précise de son côté que « sont incapables de
contracter, dans la mesure définie par la loi: les mineurs non émancipés; les
majeurs protégés au sens de l’article 488 du présent code ». Les personnes «
incapables de contracter » sont les mineurs non émancipés et les majeurs protégés.
Le droit des incapacités relève traditionnellement du droit des personnes.

Cependant il est possible d'être représenté à un contrat.

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3 - L'OBJET

L'objet est une condition qui concerne le contenu du contrat. Mais le terme est
difficile à préciser, car l'article 1108 du Code civil se contente d'exiger un « objet
certain qui forme la matière de l’engagement ». Quant à l'article 1126 du même
Code n'est guère plus explicite lorsqu'il affirme que « tout contrat a pour objet une
chose qu’une partie s’oblige à donner, ou qu’une partie s’oblige à faire ou à ne
pas faire ».

En réalité, le mot peut prendre trois significations différentes :

 il peut s'agir de l'objet du contrat: c'est une vente ou un bail et, dans cette
acception, l'objet sera seulement utile à la classification des contrats ;
 il peut concerner directement la chose, objet du contrat : un immeuble, un
véhicule par exemple ;
 enfin, ce peut être l'objet de l'obligation, c'est-à-dire la prestation convenue : payer
le prix, livrer la chose, dans la vente par exemple. C'est ce dernier aspect qui est le
plus important.
Pour que le contrat soit valable, il faut en tous cas que l'objet existe et qu'il ait une
certaine valeur.

4 : LA CAUSE
La cause est annoncée par l'article 1108 et régie par les articles 1131 à 1133 :
 l'art 1108 exige « une cause licite dans l'obligation » ;
 l'art 1131 ajoute que « l'obligation sans cause ou sur une fausse cause, ou sur
une cause illicite, ne peut avoir aucun effet » ;
 l'art 1133 précise que « la cause est illicite, quand elle est prohibée par la loi,
quand elle est contraire aux bonnes mœurs ou à l'ordre public ».

Un contrat n'est donc valable que si les obligations qu'il engendre ont une
cause et si cette cause est licite. La difficulté consiste alors à connaître le sens du
terme puis à mesurer le rôle joué par la cause en droit positif. Sommairement, c'est
le « pourquoi » de l'engagement, la réponse à la question Cur debetur (pourquoi je
dois ?). Autrement dit, c'est le but poursuivi par les parties.

Notons ici que depuis l'intervention de l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016


portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des
obligations il n'est plus fait référence en France à la cause et à l'objet comme
conditions de formation du contrat. Le nouvel article 1128 du Code civil français ne
vise plus que trois conditions : le consentement des parties, la capacité de contracter
et le contenu licite et certain (et non plus l'objet).

Cela dit, il est notable que les anciennes fonctions de la cause, absorbée par le
« contenu certain et licite » du contrat, se retrouvent, sous d'autres
dénominations, dans le Code civil français actuel. D'une part, le nouvel article
1162 du Code civil dispose que « le contrat ne peut déroger à l'ordre public ni par ses
stipulations, ni par son but, que ce dernier ait été connu ou non par toutes les parties
», ce qui rejoint l'ancienne exigence d'absence de cause illicite du contrat.

D'autre part, le nouvel article 1169 du Code civil prévoit qu'« un contrat à titre onéreux
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est nul lorsque, au moment de sa formation, la contrepartie convenue au profit de
celui qui s'engage est illusoire ou dérisoire », ce qui rejoint là aussi l'exigence d'une
cause de l'obligation, autrement dit d'une contrepartie.

En outre, le nouvel article 1135 du Code civil révisé fait référence à l'erreur sur les
motifs, ce qui rejoint l'erreur sur la cause.

Enfin, la clause qui prive de sa substance l'obligation essentielle du débiteur est


réputée non écrite (nouvel article 1170 du Code civil), ce qui rejoint la jurisprudence
qui, depuis 1996, répute non écrites, sur le fondement de la cause, les clauses
limitatives de réparation qui contredisent l'obligation essentielle souscrite par le
débiteur professionnel (D. Mazeaud, Présentation de la réforme du droit des contrats,
Gaz. Pal., 23 février 2016, n°8, p.15 et suiv., spéc. n°19)

À ces conditions classiques de formation du contrat, convient-il d’ adjoindre aujourd’hui,


notamment, LES MESURES PREVENTIVES., telles l’obligation d’information, dans
certains contrats tels les contrats de consommation, ou les LIMITES DE LA LIBERTE
CONTRACTUELLE fixées par l’article 6 du Code civil ainsi que par l’Ordre public.

Il est d’usage de distinguer l’ordre public classique de l’ordre public économique .

o L’ORDRE PUBLIC CLASSIQUE

L’ordre public classique se ramène à la protection de l’intérêt général et de l’intérêt


particulier. Au titre de la protection de l’intérêt général, sont d’ordre public, notamment
:
- Les lois constitutionnelles
- Les règles réputées comme telles par le législateur
- Les règles concernant les offices ministériels et des professions réglementées
- Les règles concernant l’administration de la justice civile, sauf exception (notamment les
règles relatives à l’arbitrage ou à la médiation)
- Les dispositions fiscales dans les rapports entre l’administration et les contribuables.

Au titre de la protection des intérêts particuliers, sont notamment d’ordre public


- Les règles intéressant la famille, notamment celles relatives aux conditions de fond et de
forme du mariage ; celles concernant la filiation, et en général celles qui gouvernent l’état
et la capacité des personnes ;
- Les règles relatives à l’intégrité physiques des personnes et aux libertés individuelles.
Sont ainsi nulles, les conventions portant sur le corps humain ;

o L’ORDRE PUBLIC ÉCONOMIQUE

Il est d’usage de distinguer l’ordre public de direction de l’ordre public de


protection.
L’ordre public de direction recouvre un certain nombre de règles obligatoires ayant
trait à l’organisation du cadre au sein duquel se déroule les relations contractuelles. De
ce fait, il recouvre essentiellement aujourd’hui les règles relatives au droit de la

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concurrence, les prix étant librement déterminés par le jeu de l’offre et de la demande,
sauf dispositions particulières

Quant à l’ordre public économique de protection il concerne les relations entre les
contractants. Il vise à rétablir un équilibre dans les relations contractuelles en accordant
une protection accrue à la partie qui se trouve dans une relation de faiblesse. Pour ce
faire, le législateur réglemente le contenu de certains contrats ( bail) , interdit ou répute
non écrites certaines clauses ( clauses abusives), l’apposition de certaines mentions
( cautionnement).

D’ordinaire, les solutions diffèrent, selon que le contrat contrevient à l’ordre public
économique de direction ou à l’ordre public économique de protection.
Dans le premier cas, le contrat est nul, de nullité absolue. La fonction de l’ordre public
est ici la défense de l’intérêt général. Ainsi, toute personne même un tiers peut
l’invoquer.
Dans la seconde hypothèse, le contrat est nul de nullité relative, l’intérêt particulier des
contractants étant seul en cause, seules les parties au contrat pouvant l’invoquer.
La distinction, simple en théorie, peut donner lieu, à des difficultés lors de sa mise en
pratique, la frontière n’étant pas toujours aisée à tracer.

C- LA CLASSIFICATION DES CONTRATS

Le contenu - l'économie - du contrat permet de le classer, c'est à dire de le faire entrer


dans telle ou telle catégorie; or chaque catégorie est soumise à des règles qui lui sont
propres. On utilise les critères suivants pour la classification des contrats :
- leur réglementation,
- leur mode de formation,
- leur contenu,
- leur mode d'exécution,
- la qualité des parties contractantes.

A l'intérieur d'une même catégorie de contrat existent plusieurs types de


contrats, chaque type de contrat obéissant lui aussi à des règles qui lui sont propres;
par exemple la vente et le bail sont des contrats synallagmatiques - catégorie - qui
obéissent aux règles de tous les contrats synallagmatiques; mais l'un et l'autre
obéissent également à des règles qui sont spécifiques au type de contrat auquel il
appartient car il s'agit de contrat nommé (vente ou bail).

SELON LEUR RÉGLEMENTATION

Contrats nommés - Sont prévus et réglementés par la loi


- Conséquence : leur régime est fixé par un texte
précis ( loi impérative ou supplétive)
- Ex : Vente, bail, assurance, travail

Contrats innommés - Ni prévus, ni réglementés par la loi

- Conséquences : pour déterminer les règles


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applicables, le juge devra rechercher la volonté
des parties
- Exemple : déménagement
-

SELON LEUR MODE DE FORMATION

Principe : - Pour leur validité, le consentement des


Contrats consensuels parties suffit
- Ex : vente

Exception ( nécessité d’un texte) : Pour leur validité, le consentement des parties
Contrats solennels ne suffit pas : une forme particulière , en
général un écrit, est nécessaire.
Conséquences : nullité absolue si forme non
respectée
Ex : Hypothèque, contrat de mariage, contrat
de vente immobilière

Contrats réels Pour leur validité, le consentement des parties


ne suffit pas : la remise de la chose est
nécessaire
Ex : dépôt.

Contrats de gré à gré Les parties discutent librement du contenu du


contrat.

Contrats d’adhésion Une partie accepte le contenu du contrat


préétabli par l’autre.
Conséquence : l’absence de négociation étant
dangereuses dispositions sont intervenues pour
protéger la partie faible.

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SELON LEUR CONTENU

- Créent des obligations réciproques


CONTRATS SYNALLAGMATIQUES - Conséquences : preuve, sanction de
l’inexécution
- Ex : Vente , bail

CONTRATS UNILATERAUX - Créent des obligations à la charge d’une seule


partie
- Conséquences : preuve, sanction de
l’inexécution
- Ex : contrat de restitution (prêt, dépôt),
promesse de contracter

- Un seul contractant procure volontairement un


CONTRATS À TITRE GRATUIT avantage à l’autre partie
- Ex : donation

CONTRATS À TITRE ONEREUX Les deux parties retirent un avantage du contrat

- L’avantage retiré du contrat est connu dès sa


CONTRATS COMMUTATIFS conclusion
- Ex : vente

CONTRATS ALEATOIRES - L’avantage à retirer est incertain et dépend


d’un aléa ; chaque partie assume un risque de
gain ou une perte équivalent
- Ex : assurance , rente viagère.
-

SELON LEUR MODE D’EXECUTION

CONTRATS INSTANTANES - Le contrat s’exécute en une seule fois, même si


l’exécution demande un certain temps, même si
l’exécution est différée par un terme

CONTRATS SUCCESSIFS L’exécution du contrat s’échelonne dans le temps


Ex : Bail, travail, abonnement à une revue…

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SELON LA QUALITE DES PARTIES CONTRACTANTES

CONTRATS CIVILS , - Conséquences : preuve, prescription


COMMERCIAUX , MIXTES

CONTRATS DE - Contrats conclus entre un professionnel et un


CONSOMMATION consommateur. Conséquences : application des
règles protectrices de la loi sur la consommation

CONTRATS INTUITU Contrats conclus en considération de la personne.


PAERSONAE Ex : travail, donation….
Conséquence : il est intransmissible.

NB : Civils : conclus entre 2 particuliers ; commerciaux : conclus entre 2 commerçants ;


mixtes : conclus entre 1 commerçant et 1 particulier..

D- LA FONCTION DES CONTRATS

Les contrats s'ordonnent autour des fonctions suivantes

- Le déplacement d'une valeur, d'un patrimoine dans un autre :


o à titre onéreux : contrat de vente, contrat d'échange,
o à titre gratuit : contrat de donation.
- La mise en jouissance d'un bien appartenant à l'un des contractants :
o Contrat de bail,
o Contrat de prêt :
- à usage ou commodat,
- de consommation, qui porte sur des choses consomptibles
- La fourniture d'une prestation de services : une personne s'engage à exécuter une
tâche déterminée au profit d'une autre :
o Contrat de travail: l'exécutant est subordonné dans l'exécution de la tâche due
au bénéficiaire,
o Contrat d'entreprise (ou louage d'ouvrage) : l'exécutant est libre d'organiser lui-
même les
modalités d'accomplissement de la tâche : il ne reçoit pas d'ordre pour
l'exécution de la tâche demandée.

Le contrat d'entreprise s'applique à toutes sortes de prestations.

Compte tenu de la spécificité des prestations à accomplir, il peut être doté d'un régime
spécial. Ex :
 Prestation de transport = contrat de transport,
 Prestation de conservation d'une chose = contrat de dépôt,
 Prestation d'accomplissement d'actes juridiques = contrat de mandat,
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 Prestation de garantie = contrat de cautionnement, contrat
d'hypothèque.
 Prestation d'assurance = contrat d'assurance.
- La constitution de personnes morales de droit privé : contrat de société, contrat
d'association,

- sans oublier le contrat qui aménage les rapports pécuniaires entre époux, pendant le
mariage et à sa dissolution = le contrat de mariage.

E – LA QUALIFICATION DES CONTRATS

Qualifier un contrat, c'est le rattacher à une catégorie précise afin de connaître le


régime qui lui est applicable.

Remarque : un même contrat peut être qualifié différemment selon sa phase exécution.
Exemple : Un garagiste à qui l'on confie son véhicule à réparer : phase de dépôt et
phase d'entreprise.

Un contrat peut relever a priori de plusieurs catégories : il faut alors rechercher


quelles sont ses caractéristiques "dominantes" pour le ranger dans une seule
catégorie.

Exemple : le contrat de déménagement : transport, dépôt ou entreprise?

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ET SELECTIVE

I - Sur le droit OHADA

- Issa-Sayegh, J., Introduction au droit OHADA, ohadata D – 02 - 17


- Issa-Sayegh J. et J. Lohoues-Oble OHADA, harmonisation du droit des
affaires, (collection Juriscope, 2002)
- Mélanges Pougoué, l'esprit du droit africain, Paris/Cotonou, 2014 ;
- Mélanges Sawadogo, les horizons du droit OHADA, Cotonou, 2018 ;
- OHADA, Traité et Actes Uniformes commentés et annotés, (code vert)
Juriscope, édition 2018 ;
- Pougoué, P.G., sous la direction de) Encyclopédie du droit OHADA,
Lamy, Paris, 2011.

II - Sur le droit du commerce international

1 - Encyclopédies

- Dossiers internationaux, Francis Lefebvre ;


- Encyclopédie juridique Dalloz - Répertoire de droit international ;
- Juris-Classeur, Droit international, Paris, Editions Techniques, 10
volumes mis à jour sur feuillets mobiles ;
- Lesguillons, Henri, Contrats internationaux, Paris, Editions Lamy, 7
volumes mis à jour sur feuillets mobiles.

2- Traités et manuels

-Bernard Audit, Droit international privé, Paris, Economica, Collection


corpus droit privé ;
- Audit, Bernard, La vente internationale de marchandises. Convention
des Nations Unies du 11 avril 1980, Paris, LGDJ ;
- Jacques Béguin, Jacques Dehausy, Jean-Michel Jacquet et Françoise
Monéger, Un siècle du droit international. Choix d'articles parus au
Clunet (1874-2000), Paris, LexisNexis-Litec, 2006
- Jacques Béguin et Michel Menjucq (sous la direction de), Droit du
commerce international, Paris, Litec, Collection Traités, 2005
- Bühler, Michael W. & Thomas Webster, Handbook of ICC Arbitration.
Commentary, Precedents. Materials, Second Edition, Sweet & Maxwell/
ICC Publication N° 968, 2008 Edition.
- D'Arcy, L., C. Murray, B. Cleave, C.M. Schmitthof, Schmitthoff's Export
Trade
: The Law and Practice of International Trade, Sweet & Maxwell, 2000
- Marcel Fontaine et Filip De LY, Droit des contrats internationaux.
Analyse et rédaction des clauses, deuxième édition, Bruxelles
Bruylant, 2003
- Emmanuel Gaillard (ed.), Transnational Rules in International
Commercial Arbitration, Paris, ICC Publ. N° 4804, 1993
- Philippe Fouchard, Ecrits, Paris, Comité Français de l'Arbitrage, 2007
CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 1- Note de Cours – 1 ère Année de Master 14
Dr. Alfred KOUASSI
UNIVERSITE DES LAGUNES – Année Universitaire 2022-2023 –
Faculté des Sciences Juridiques Administratives et Politiques
- Horn, N., C. M. Schmitthoff et J.B. Marcantonio, The Transnational Law
of International Commercial Transactions, Antwerp/ Boston/ Frankfurt/
Deventer, Kluwer, 1982 ;

CONTRATS D’AFFAIRES - Leçon 1- Note de Cours – 1 ère Année de Master 15


Dr. Alfred KOUASSI
Université des Lagunes – Année universitaire 2022-2023- Master 1 droit privé
COURS DE DROIT DES CONTRATS D’AFFAIRES

- Jacquet, Jean-Michel, Philippe Delebecque et Sabine Corneloup,


Droit du commerce international, 1e édition, Paris, Editions Dalloz,
(Collection Précis Dalloz, série droit privé), 2007.
- Barthélemy Mercadal, Contrats et droits de l'entreprise, 11e édition,
Paris, Editions Francis Lefebvre, Collection mémento pratique
Lefebvre – droit des affaire, 2003
- Mousseron, J.-M. et J. Raynard, R. Fabre et J.-L. Pierre, Droit du
commerce international, Paris, Editions LITEC, 1997.
- Nassar Nagla, Sanctity of Contracts Revisited: A Study in the Theory
and Practice of Long-Term International Commercial Transactions,
Dordrecht, Boston, London, Martinus Nijhoff, 1995
- Van Houtte, The Law of International Trade, London, Steven &
Maxwell, 1995.

3 – Périodiques
- American Journal of Comparative Law
- American Journal of international Law.
- Case Western Journal of International Law.
- Columbia Journal of Transnational Law.
- Droit et Pratique du Commerce International.
- Harvard Journal of International Law.
- International Law Reports.
- International Legal materials.
- Journal de droit international (Clunet).
- Journal of World Trade Law.
- Revue camerounaise de l'arbitrage
- Revue critique de droit international privé.
- Revue de l'arbitrage.
- Revue critique de droit international privé.
- Revue du droit des affaires internationales.
- Revue de droit international et de droit comparé
- Revue Internationale de droit économique
- International and Comparative Law Quaterly.
- Vanderbilt Journal of Transnational Law.

Cours de droit des contrats d’affaires 16

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