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Introduction
Le droit de la consommation est un droit récent, la protection des consommateurs est en effet une
nouveauté.
Il existe cependant depuis longtemps une protection de l’acquéreur. Cette protection de l’acquéreur
trouve sa source dans le droit romain avec le devoir d’information du vendeur et la garantie des
vices-cachés. Aux Moyen-Age les règles de protection de l’acquéreur sont garantie par les
corporations, ces règles portent notamment sur la qualité des produits vendus. L’Ancien Régime va
être marqué par la pénalisation des atteintes à la protection de l’acquéreur, les tromperies et les
falsifications sur les produits sont considérées comme des infractions.
L’acquéreur est protégé car il est considéré comme étant la partie faible au contrat.
Cette protection de l’acquéreur s’est cependant atténuée au cours des siècles. La Révolution
française vient supprimer cet ensemble de règles protégeant la partie faible au contrat. L’égalité des
citoyens entraine une égalité de fait des contractant et donc une liberté contractuelle totale, aucun
des contractants ne méritent donc une protection plus accrue que l’autre.
Il faut attendre le début du 20 ème siècle pour qu’une protection de l’acquéreur réapparaisse en droit
français. La Loi du 1er aout 1905, qui est toujours en vigueur, est le premier texte permettant à la fois
au pouvoir public de définir par voie règlementaire la composition des différentes produits et de
sanctionner les auteurs de tromperies sur les qualités substantielles du produit.
La réglementation des produits et des services commencent dès lors à s’amplifier dans le but
d’accroitre la sécurité du consommateur.
Cette protection du consommateur est le fruit d’une longue discussion juridique américaine. Les
dangers de la consommation de masse sont théorisés par des philosophe américains tel que Ralph
Nader.
Le 15 mars 1962, John Fitzgerald Kennedy tient un discours en se basant sur le contrat que 2 tiers des
dépenses économiques sont le fruit des consommateurs, les consommateurs restent cependant le
seul groupe de la sphère économique qui n’est pas organisé. Kennedy déclare par conséquent que le
gouvernement fédéral a le devoir de protéger le consommateur en lui accordant le droit à la sécurité,
à l’information, aux choix et à être entendue.
Le consommateur devient un sujet de droit, une catégorie juridique.
Le droit de la consommation repose donc sur le postulat suivant : La relation contractuelle entre un
consommateur et un professionnelle est une relation qui est à la base déséquilibrée. C’est sur ce
postulat que va se fonder le premier Code de la consommation en 1993.
1. La définition légale
A. du consommateur
La Loi Hamon introduit une définition légale du consommateur au sein du Code de la consommation
par le biais de son article liminaire qui dispose qu’« au sens du présent code est considéré comme
un consommateur toute personne physique qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de
son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole ».
Il existe cependant au sein de ce même Code de la consommation des dispositions visant l’ensemble
« des personnes » et pas seulement les consommateurs. C’est notamment le cas de l’article L421-3
du Code de la consommation qui instaure une obligation générale de sécurité qui pourrait avoir sa
place dans le Code civil.
B. Du professionnel
La définition du professionnel est une réponse à celle du consommateur, elles sont en quelque sorte
opposées et cela est bien normal.
C. La notion de non-professionnel
2. La définition jurisprudentielle
Pour élargir le champ d’application des textes du Code de la consommation il a été imaginé que ses
dispositions puissent s’appliquer à « des non-consommateur ». Il est donc nécessaire de se
demander si un professionnel peut être protégé par des dispositions du Code de la consommation.
Cela va donc dépendre de la conception qui est faite du droit de la consommation :
Les dispositions de l’article liminaire nous laisses penser que nous sommes plutôt dans une
jurisprudence qui est restrictive sur le champ d’application des textes.
L'application de la loi est déterminée par l'objet du prêt et non par la personnalité de ceux qui s'y
engagent; dès lors qu'un prêt a été consenti à une commerçante pour les besoins exclusifs de son
activité professionnelle, le conjoint de celle-ci, poursuivi en tant que coemprunteur en
remboursement du prêt litigieux, ne peut pas utilement invoquer sa qualité de non-commerçant
pour prétendre que ce prêt est soumis à la réglementation sur le crédit à la consommation.
CJUE, 3 octobre 2019, Jana Petruchová contre FIBO Group Holdings Limited, Affaire C-208/18 :
Une personne physique qui, en vertu d'un contrat tel qu'un contrat financier pour différences conclu
avec une société de courtage, effectue des opérations sur le marché international des changes FOREX
par l'intermédiaire de cette société doit être qualifiée de «consommateur», au sens de cette
disposition, si la conclusion de ce contrat ne relève pas de l'activité professionnelle de cette
personne, ce qu'il appartient à la juridiction de renvoi de vérifier.
Aux fins de cette qualification, d'une part, des facteurs tels que la valeur des opérations effectuées en
vertu de contrats tels que les contrats financiers pour différences, l'importance des risques de pertes
financières liés à la conclusion de tels contrats, les connaissances ou l'expertise éventuelles de ladite
personne dans le domaine des instruments financiers ou son comportement actif dans le cadre de
telles opérations sont, en tant que tels, en principe sans pertinence.
Un professionnel employant 5 salariés au plus, qui souscrit, hors établissement, un contrat dont
l'objet n'entre pas dans le champ de son activité principale, critère apprécié souverainement par les
juges d'appel, bénéficie des dispositions protectrices du consommateur édictées par le Code de la
consommation.
Le pourvoi est rejeté par la Cour de cassation qui juge que, s'il résulte de l' article L. 221-3 du Code de
la consommation que le professionnel employant cinq salariés au plus, qui souscrit, hors
établissement, un contrat dont l'objet n'entre pas dans le champ de son activité principale, bénéficie
des dispositions protectrices du consommateur édictées par ce code, en l'espèce, c'est dans
l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation que le tribunal d'instance a estimé qu'un contrat
d'insertion publicitaire n'entrait pas dans le champ de l'activité principale. Dès lors les dispositions
protectrices du Code de la consommation trouvent à s'appliquer.
CJCE, 22 novembre 2001, Idealservice Srl, Affaire C-541/99 et C-542-99 :
La Cour de justice des Communautés européennes affirme qu'en matière de clauses abusives, le
consommateur ne peut s'entendre que de la personne physique. Cette solution ne doit pas
surprendre au vu de la définition expressément inscrite dans le texte de la directive n° 93/13 du 5
avril 1993 : « toute personne physique qui, dans les contrats relevant de la présente directive, agit à
des fins qui n'entrent pas dans le cadre de son activité professionnelle ».
Dans l'affaire ayant donné lieu à l'arrêt du 22 novembre, le litige opposait des sociétés ayant conclu
un contrat de fourniture de machines de distribution automatique de boissons. La CJCE n'a donc fait
que rappeler la définition posée par la directive et en a tiré la conséquence logique qu'une société ne
pouvait bénéficier de la protection accordée au consommateur personne physique.
La première chambre civile indique que le non-professionnel, au sens de l'article L. 132-1 du code de
la consommation, peut-être une personne morale.
Certes, dans son travail d'interprétation de la directive n° 93/13 du 5 avril 1993, la Cour de justice des
Communautés européennes (22 nov. 2001) a réservé, on le sait, aux personnes physiques le bénéfice
de la protection contre les clauses abusives. Mais le droit français a fait le choix d'étendre cette
protection au-delà du seul minimal qu'établit la directive européenne, et la Cour de cassation joue
donc ici sur la double référence qu'effectue l'article L. 132-1, d'un côté, au consommateur, et de
l'autre, au non-professionnel, pour exprimer tranquillement cette option sans, au demeurant,
vraiment contrarier une Cour de justice, seulement appelée pour sa part à donner un sens au mot «
consommateur ».
L’information sur les prix trouve son origine dans le libre jeu de la concurrence et permet
également d’assurer une protection supplémentaires des consommateurs. Cette information
est soumis aux règles communes des obligations d’information des consommateurs.
La spécificité de l’information sur les prix réside dans l’affichage du prix des produits et des
services. Le vendeur doit donc informer le consommateur par voie de marquage,
d’étiquetage, d’affichage ou par tout autres procédés. Cette information est donc publique,
ce n’est pas au consommateur d’aller demander le prix au professionnel.
Que faire en cas de prix indéterminé du fait de la nature du bien ou de la nature du service ?
La directive 2011/83/UE permet aux professionnels de se dispenser de préciser un prix
lorsqu’il ne peut être raisonnablement calculé à l’avance. La Loi Hamon a transposé cette
information.
Le consommateur doit aussi être informé sur les conditions particulières de la vente. Cela
concerne les éléments qui sont essentiels pour le consommateur et qui peuvent altérer la
réalité du prix. C’est notamment le cas de la manière dont est exigée le versement des
sommes.
Comment sont sanctionné les manquements à ces obligations ? Nous allons voir que le
manquement aux exigences d’informations sur les prix ne peut être sanctionnées que de
manière administrative.
Depuis la Loi Hamon le professionnel encourt des amendes administratives en cas de
manquement aux modalités d’affichage du prix et de calcul du prix. Ces amendes sont d’un
montant identique à celles assortissant les autres obligations d’information.
Une dépénalisation en matière d’information sur les prix a été opérée par la Loi du 17 mars
2014 relative à la consommation.
Concernant la possibilité de sanctions civiles, un arrêt de la 1 ère Chambre civile de la Cour de
cassation en date du 15 décembre 1998 déclare que des sanctions civiles ne peuvent résulter
du seul manquement aux exigences d’informations sur les prix.
Quid en cas de « solde » ?
La directive « Omnibus » 2019/2161 du 27 novembre 2019 entrée en vigueur le 28 mai 2022
déclare qu’en cas de réduction de prix le professionnel doit indiquer le prix le plus bas
pratiqué au cours d’une période de trente jours précédant la promotion.
3. L’information sur les délais de livraison
Avant la Loi Hamon l’information sur les délais de livraison était uniquement obligatoire
pour les ventes à distance ou pour les biens d’une valeur de plus de 500 euros. Désormais
cette obligation c’est généralisée.
Le professionnel doit donc indiquer la date ou le délai de livraison du bien ou d’exécution du
service. Cependant les dispositions de l’article L216-1 du Code de la consommation
permettant aux « parties d’en convenir autrement » ou déclarant qu’« à défaut d’indication
ou d’accord le professionnel doit livrer au plus tard 30 jours après la conclusion du contrat »
viennent quelque peu réduite le champ d’application de cette obligation.
Comment sanctionner le non-respect de ce délai de livraison ?
L’article L216-6 du Code de la consommation envisage une sanction assez simple à utiliser
pour le consommateur. En effet, lorsque le professionnel ne respecte pas la date ou le délai
prévu de livraison, le consommateur peut l’enjoindre de s’exécuter dans un délai
raisonnable. Le consommateur peut ensuite dénoncer le contrat par lettre recommandée
avec accusé de réception. Le contrat est résolu à la réception de cette lettre par le
professionnel. En cas de résolution les sommes versées sont restituées.
Ces dispositions du Code de la consommation ont été retranscrite en droit commun à travers
l’article 1226 du Code civil.
Ce régime de résolution est tout de même plus favorable en droit de la consommation, ou il
est possible de demander la résolution directement à la date prévue pour la livraison lorsque
cette dernière est une condition essentielle du contrat.
Quand le risque est-il transféré de la tête du professionnel à la tête du consommateur ?
Si en droit commun de la vente le risque est transféré au moment de l’échange des
consentement (article 1196 du Code civil) ce n’est pas le cas en droit de la consommation.
L’article L216-1 du Code de la consommation dispose que le risque est transféré au moment
ou le consommateur prend physiquement possession du bien ou lorsque le transporteur,
expressément demandé par le consommateur, récupère le bien.
4. Les informations sur les garanties
Il existe plusieurs types de garantie :
- Les garanties contre les vices cachés ;
- Les garanties légales de conformité ;
- Les garanties contractuelles ;
- Les garanties concernant le service après-vente.
L’ensemble de ces garanties doivent apparaitre dans les conditions générales de vente. Ces
garanties vont jouer en cas de dysfonctionnement du bien.
Désormais des textes existent pour permettre au professionnel de réparer les produits
défectueux (Loi du 14 février 2020). La réparabilité du produit est même considérée comme
une caractéristique essentielle du bien ou du service (article L441-1 du Code de la
consommation). Toutes techniques rendant impossible la réparation du bien est interdite.
Depuis la directive du 25 octobre 2011, modifiée par la directive « Omnibus », les règles
relatives à ces contrats ont été unifiées. Depuis ces directives on assimile ces trois contrats à
des contrats onéreux, de ce fait les consommateurs sont débiteurs des obligations
d’information précontractuelle et du droit à la rétractation.
A) Le droit à la rétractation
Une question a souvent fait débat en doctrine, en effet lorsque le consommateur contracte
dans un salon ou une foire, doit-il bénéficier du régime protecteur des contrats conclus hors
établissement et donc être débiteur d’une droit à la rétractation ?
Dans une décision du 17 décembre 2019 le juge européen rappellent l'importance de
l'initiative de la prise de contact avec le consommateur lorsque le contrat est conclu dans le
lieu de l'exercice habituel de l'activité du professionnel. En effet, si le consommateur a
conclu le contrat dans l'établissement commercial du professionnel immédiatement après
que le consommateur a été sollicité personnellement et individuellement dans un lieu qui
n'est pas l'établissement commercial du professionnel, alors le contrat est un contrat hors
établissement et le consommateur bénéficie du droit de rétractation. En revanche, si le
consommateur se rend spontanément sur le stand habituel du professionnel, il peut
s'attendre à être sollicité par le professionnel, de sorte qu'il ne saurait valablement soutenir
par la suite avoir été surpris par l'offre de ce professionnel et il n'a pas besoin d'être
spécifiquement protégé.
En droit français la règle est simple et claire : tout contrat conclu entre un professionnel et
un consommateur à l'occasion d'une foire, d'un salon ou de toute manifestation
commerciale ne confère aucun droit de rétractation au consommateur, à condition que le
consommateur soit informé de cette absence de possibilité de rétractation.
L’article L221-18 du Code de la consommation consacre un droit à la rétractation. Le délai de
rétractation qui était de 7 jours pour les ventes par démarchages est désormais unifier pour
l’ensemble des contrats et porté à 14 jours.
Quand commence à courir le délai de rétractation ?
Le délai de rétractation commence à courir soit à compter du jour de la conclusion du
contrat pour les services et les biens dématérialisés, soit à compter du jour de la réception
du bien par le consommateur pour les biens matériels.
Comment s’exerce le droit de rétractation ?
L’exercice du droit de rétractation se fait, en principe, au moyen d’un formulaire de
rétractation défini en annexe au Code de la consommation. Cependant l’utilisation du
formulaire n’est pas obligatoire, le droit de rétractation peut s’exercer aussi par une
déclaration dénuée de tout ambiguïté manifestant la volonté du consommateur de renoncer
au contrat.
Quels sont les effets du droit de rétractation ?
Le droit de rétractation met fin au contrat passé et à tout les contrats accessoires qui en
découlent. Le droit de rétractation anéanti le contrat pour l’avenir mais aussi pour le passé,
ce qui implique la restitution du bien par le consommateur et du prix par le professionnel. La
rétractation n’a pas à être justifiée, c’est un droit discrétionnaire.
Existe-t-il des sanctions en cas de manquement aux règles du droit de rétractation ?
Les sanctions en cas de manquements aux règles du droit de rétractation sont
administratives. L’article L242-10 du Code de la consommation portent les amendes
administratives à 15 000 euros pour les personnes physiques et à 75 000 euros pour les
personnes morales.
A) Le principe de précaution
Le principe de précaution, inscrit dans la Charte de l’environnement, est une référence en ce
qui concerne la santé et la sécurité des consommateurs. Ce principe de précaution est
tempéré par le principe de proportionnalité. En effet, toutes les mesures prises par
l’Administration et plus particulièrement par la DGCCRF ne peuvent pas être maximale, elles
doivent être proportionnées à la probabilité du risque encoures.
Il est aussi possible pour les autorités administratives de prendre des mesures de sécurité
supplémentaires. Ces mesures permettent d’éviter une accentuation des dangers. Ces
mesures de sécurités tombent sous la compétence du juge administratif.
Il existe aussi pour certaines produits particulièrement dangereux des mesures
supplémentaires (interdiction ou encadrement de la publicité, réglementations accrues, …).
Malgré toutes ces mesures il est impossible d’évincer totalement le risque. Lorsqu’un
accident de consommation se produit il faut introduire la responsabilité