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Droit de la consommation

3 questions avec réponse synthétique. 2 questions de cours + 1 question de réflexion

Introduction

Le droit de la consommation est un droit récent, la protection des consommateurs est en effet une
nouveauté.

Il existe cependant depuis longtemps une protection de l’acquéreur. Cette protection de l’acquéreur
trouve sa source dans le droit romain avec le devoir d’information du vendeur et la garantie des
vices-cachés. Aux Moyen-Age les règles de protection de l’acquéreur sont garantie par les
corporations, ces règles portent notamment sur la qualité des produits vendus. L’Ancien Régime va
être marqué par la pénalisation des atteintes à la protection de l’acquéreur, les tromperies et les
falsifications sur les produits sont considérées comme des infractions.

L’acquéreur est protégé car il est considéré comme étant la partie faible au contrat.

Cette protection de l’acquéreur s’est cependant atténuée au cours des siècles. La Révolution
française vient supprimer cet ensemble de règles protégeant la partie faible au contrat. L’égalité des
citoyens entraine une égalité de fait des contractant et donc une liberté contractuelle totale, aucun
des contractants ne méritent donc une protection plus accrue que l’autre.

L’autonomie de la volonté et l’égalité des contractants influencent grandement la rédaction du


premier Code civil.

Il faut attendre le début du 20 ème siècle pour qu’une protection de l’acquéreur réapparaisse en droit
français. La Loi du 1er aout 1905, qui est toujours en vigueur, est le premier texte permettant à la fois
au pouvoir public de définir par voie règlementaire la composition des différentes produits et de
sanctionner les auteurs de tromperies sur les qualités substantielles du produit.

La réglementation des produits et des services commencent dès lors à s’amplifier dans le but
d’accroitre la sécurité du consommateur.

Cette protection du consommateur est le fruit d’une longue discussion juridique américaine. Les
dangers de la consommation de masse sont théorisés par des philosophe américains tel que Ralph
Nader.

Le 15 mars 1962, John Fitzgerald Kennedy tient un discours en se basant sur le contrat que 2 tiers des
dépenses économiques sont le fruit des consommateurs, les consommateurs restent cependant le
seul groupe de la sphère économique qui n’est pas organisé. Kennedy déclare par conséquent que le
gouvernement fédéral a le devoir de protéger le consommateur en lui accordant le droit à la sécurité,
à l’information, aux choix et à être entendue.
Le consommateur devient un sujet de droit, une catégorie juridique.

Le droit de la consommation repose donc sur le postulat suivant : La relation contractuelle entre un
consommateur et un professionnelle est une relation qui est à la base déséquilibrée. C’est sur ce
postulat que va se fonder le premier Code de la consommation en 1993.

Introduction 1ère Section : La notion de consommateur et le champ


d’application du droit de la consommation.

La définition du consommateur a un impact direct sur l’application du droit de la consommation. Il


existe à la fois une définition extensive et restrictive du consommateur.

1. La définition légale
A. du consommateur

La Loi Hamon introduit une définition légale du consommateur au sein du Code de la consommation
par le biais de son article liminaire qui dispose qu’« au sens du présent code est considéré comme
un consommateur toute personne physique qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de
son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole ».

Il existe cependant au sein de ce même Code de la consommation des dispositions visant l’ensemble
« des personnes » et pas seulement les consommateurs. C’est notamment le cas de l’article L421-3
du Code de la consommation qui instaure une obligation générale de sécurité qui pourrait avoir sa
place dans le Code civil.

B. Du professionnel

Le consommateur est en relation avec un professionnel. La notion de professionnel concerne « toute


personne physique ou morale, publique ou privée, qui agit à des fins entrant dans le cadre de son
activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole. »

La définition du professionnel est une réponse à celle du consommateur, elles sont en quelque sorte
opposées et cela est bien normal.

C. La notion de non-professionnel

L’article liminaire du Code de consommation fait apparaitre une notion de « non-professionnel ». Un


non-professionnel est une « personne morale qui n’agit pas à des fins professionnelles ».

Cette définition vient compléter l’absence de la personne morale dans la définition du


consommateur. Une personne morale peut en effet se retrouver dans la même situation qu’un
consommateur, c’est-à-dire dans une relation déséquilibré avec un professionnel. Il est donc possible
dans certains cas d’étendre la protection du consommateur à un non-professionnel, uniquement si
cette extension de protection est expressément prévue par le Code de la consommation.

2. La définition jurisprudentielle
Pour élargir le champ d’application des textes du Code de la consommation il a été imaginé que ses
dispositions puissent s’appliquer à « des non-consommateur ». Il est donc nécessaire de se
demander si un professionnel peut être protégé par des dispositions du Code de la consommation.
Cela va donc dépendre de la conception qui est faite du droit de la consommation :

- 1ère conception : La finalité du droit de la consommation est la protection d’une personne


agissant nécessairement pour ses besoins personnelles. C’est une conception restrictive du
droit de la consommation, la protection est uniquement réservée au consommateur ;
- 2nd conception : La finalité du droit de la consommation est la protection de la partie faible au
contrat. C’est donc le déséquilibre contractuel qui entraine l’application du droit de la
consommation. Cette conception permet de considérer que toute personne en situation de
faiblesse devrait bénéficier de cette protection.

Les dispositions de l’article liminaire nous laisses penser que nous sommes plutôt dans une
jurisprudence qui est restrictive sur le champ d’application des textes.

1ère Chambre civile, Cour de cassation, 8 juillet 1997, 95-11.500 :

L'application de la loi est déterminée par l'objet du prêt et non par la personnalité de ceux qui s'y
engagent; dès lors qu'un prêt a été consenti à une commerçante pour les besoins exclusifs de son
activité professionnelle, le conjoint de celle-ci, poursuivi en tant que coemprunteur en
remboursement du prêt litigieux, ne peut pas utilement invoquer sa qualité de non-commerçant
pour prétendre que ce prêt est soumis à la réglementation sur le crédit à la consommation.

CJUE, 3 octobre 2019, Jana Petruchová contre FIBO Group Holdings Limited, Affaire C-208/18 :

Une personne physique qui, en vertu d'un contrat tel qu'un contrat financier pour différences conclu
avec une société de courtage, effectue des opérations sur le marché international des changes FOREX
par l'intermédiaire de cette société doit être qualifiée de «consommateur», au sens de cette
disposition, si la conclusion de ce contrat ne relève pas de l'activité professionnelle de cette
personne, ce qu'il appartient à la juridiction de renvoi de vérifier.

Aux fins de cette qualification, d'une part, des facteurs tels que la valeur des opérations effectuées en
vertu de contrats tels que les contrats financiers pour différences, l'importance des risques de pertes
financières liés à la conclusion de tels contrats, les connaissances ou l'expertise éventuelles de ladite
personne dans le domaine des instruments financiers ou son comportement actif dans le cadre de
telles opérations sont, en tant que tels, en principe sans pertinence.

1ère Chambre civil, Cour de cassation, 27 novembre 2019, 18-22.525 :

Un professionnel employant 5 salariés au plus, qui souscrit, hors établissement, un contrat dont
l'objet n'entre pas dans le champ de son activité principale, critère apprécié souverainement par les
juges d'appel, bénéficie des dispositions protectrices du consommateur édictées par le Code de la
consommation.

Le pourvoi est rejeté par la Cour de cassation qui juge que, s'il résulte de l' article L. 221-3 du Code de
la consommation que le professionnel employant cinq salariés au plus, qui souscrit, hors
établissement, un contrat dont l'objet n'entre pas dans le champ de son activité principale, bénéficie
des dispositions protectrices du consommateur édictées par ce code, en l'espèce, c'est dans
l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation que le tribunal d'instance a estimé qu'un contrat
d'insertion publicitaire n'entrait pas dans le champ de l'activité principale. Dès lors les dispositions
protectrices du Code de la consommation trouvent à s'appliquer.
CJCE, 22 novembre 2001, Idealservice Srl, Affaire C-541/99 et C-542-99 :

La Cour de justice des Communautés européennes affirme qu'en matière de clauses abusives, le
consommateur ne peut s'entendre que de la personne physique. Cette solution ne doit pas
surprendre au vu de la définition expressément inscrite dans le texte de la directive n° 93/13 du 5
avril 1993 : « toute personne physique qui, dans les contrats relevant de la présente directive, agit à
des fins qui n'entrent pas dans le cadre de son activité professionnelle ».

Dans l'affaire ayant donné lieu à l'arrêt du 22 novembre, le litige opposait des sociétés ayant conclu
un contrat de fourniture de machines de distribution automatique de boissons. La CJCE n'a donc fait
que rappeler la définition posée par la directive et en a tiré la conséquence logique qu'une société ne
pouvait bénéficier de la protection accordée au consommateur personne physique.

1ère Chambre civile, Cour de cassation, 15 mars 2005, 02-13.285 :

La première chambre civile indique que le non-professionnel, au sens de l'article L. 132-1 du code de
la consommation, peut-être une personne morale.

Certes, dans son travail d'interprétation de la directive n° 93/13 du 5 avril 1993, la Cour de justice des
Communautés européennes (22 nov. 2001) a réservé, on le sait, aux personnes physiques le bénéfice
de la protection contre les clauses abusives. Mais le droit français a fait le choix d'étendre cette
protection au-delà du seul minimal qu'établit la directive européenne, et la Cour de cassation joue
donc ici sur la double référence qu'effectue l'article L. 132-1, d'un côté, au consommateur, et de
l'autre, au non-professionnel, pour exprimer tranquillement cette option sans, au demeurant,
vraiment contrarier une Cour de justice, seulement appelée pour sa part à donner un sens au mot «
consommateur ».

1ère Chambre civile, Cour de cassation, 11 décembre 2008, 07-18.128 :

Une société commerciale n'est ni un consommateur, ni un non-professionnel.

Introduction 2ème Section : Emergence du droit européen de la


consommation

De nos jours de nombreuses dispositions du Code de la consommation sont issues de


transpositions de directives européennes.
1. La base juridiques des textes européens
La base juridique européenne de la protection du consommateur est l’article 169 TFUE.
L’Union européenne a donc compétence pour légiférer en matière de protection du
consommateur. Néanmoins cette compétence s’exerce uniquement dans le cadre de la
réalisation du marché intérieur. Le consommateur est protégé car il est acteur du marché
intérieur européen.
Les directives sont les instruments les plus utilisé en matière de protection du
consommateur. Ces directives vont dicter un résultat, la protection du consommateur dans
notre cas, les Etats ont quant à eux une liberté totale pour atteindre ce résultat.
Thème 1 : L’information du consommateur
Le déséquilibre dans les relations entre un consommateur et un professionnel repose en
grande partie dans l’accès inégal à l’information.
L’information du consommateur est devenu un axe central de sa protection. Le
consommateur mieux informé peut faire un choix plus éclairé et opportun pour lui.
Cette information précontractuelle va se généraliser aux contrats de vente et de prestations
de service mais sera encore renforcée dans certains contrats spécifiques.
L’information peut même se poursuivre jusque dans l’exécution comme en cas de tacite
reconduction. Reste à savoir si le consommateur est efficacement protégé par cette
multiplication d’information ?

Section 1 : Les informations communes aux contrats de vente et de prestation


de services
L’article L111-1 du Code de la consommation dispose qu’ « Avant que le consommateur ne
soit lié par un contrat à titre onéreux, le professionnel communique au consommateur, de
manière lisible et compréhensible, les informations suivantes : ».
Cette obligation d’information incombant au professionnelle à l’égard du consommateur est
apparu par voie légale dans le Code de la consommation en 1992, là où elle n’était encore
que prétorienne en droit des contrats. Désormais l’obligation d’information apparait à la fois
dans le droit commun des contrats (et donc dans le Code civil) et dans le droit de la
consommation (et donc dans le Code de la consommation).
Cependant cette obligation d’information est plus précise en droit de la consommation, elle
ne concerne que les contrats de consommation, alors qu’en droit commun des contrats elle
va concerner l’ensemble des contrats. Un consommateur peut donc se prévaloir du droit
commun des contrats.
Le professionnelle doit donc communiquer 6 séries d’information avant la conclusion du
contrat :
- Les caractéristiques essentielles du bien ou du service ;
- Le prix ;
- La date ou le délai de livraison ;
- L’identité et les coordonnés du professionnel ;
- L’existence et les modalités de mise en œuvre des garanties ;
- La possibilité de recourir à un médiateur de la consommation.

1. Les informations sur les caractéristiques essentielles du bien ou du service


L’information doit être transmisses et cela peu importe le support de communication utilisé.
La nature des informations sur les caractéristiques essentielles du bien ou du service va
dépendre de l’objet du contrat. Les informations ne seront pas les mêmes pour un bien
matériel, immatériel ou encore pour une prestation de service.
Cet article doit être rapproché d’autres dispositions du Code de la consommation qui dérive
de la loi de 1905 sur la fraude et la falsification.
A) Le délit de tromperie ou la conséquence du défaut d’information
L’article L441-1 du Code de la consommation consacre le délit de tromperie.
L’obligation d’information incombant au professionnel n’est pas prise à la légère par le droit
de la consommation. Le professionnel doit en effet donner des informations vérifiables,
objectives et réelles.
Dans le cas contraire, s’il essaye de tromper le consommateur il tombera sous le coup du
délit de tromperie. On entre ici dans le droit pénal de la consommation. Le professionnel
ayant trompé un consommateur peut se voir infliger une peine d’emprisonnement de 7 ans,
notamment lorsque l’utilisation du produit a été dangereuse, et une amende pouvant
atteindre 10% du chiffre d’affaire du professionnel.
La volonté de tromper n’est pas le seul fait caractéristique de ce délit, en effet la simple
omission par un professionnel des informations sur les caractéristiques essentielle d’un bien
peut être considéré comme une tromperie.
B) Les réglementations gouvernementales sur les marchandises
L’article 412-1 du Code de la consommation permet au gouvernement de réglementer, par
décret en Conseil d’Etat, les marchandises qui sont mises sur le marché. Ces réglementations
ont notamment pour objectif d’assurer une plus ample sécurité aux consommateurs.
Ces règlementations gouvernementales touchent essentiellement à la conformité des
produits. Cette conformité entretient un lien étroit avec l’information, en effet très souvent
pour qu’un produit soit conforme il doit être étiqueté d’une certaine manière et comporter
des mises en garde pour le consommateur.
Le non-respect de ces réglementations est sanctionné de manière pénale sur le terrain des
fraudes aux produits.
C) Les sanctions civiles du défaut d’information
S’il n’existe aucune sanction civile légalement posée par le Code de la consommation il est
tout de même nécessaire de se demander si ce type de sanction peuvent-être envisagées.
Pour se faire nous allons nous intéresser aux sanctions civiles posées par la jurisprudence.
Nous allons voir que même si quelques arrêts admettent la nullité du contrat en cas de
manquement à l’obligation d’information cela reste extrêmement rare. En effet la
jurisprudence commune impose la démonstration d’une intention dolosive pour demander
la nullité du contrat. Le plus souvent le simple défaut d’information sans intention dolosive
entraine la responsabilité du professionnel.
Cour d’appel de Paris, 4 octobre 1996 :
Le vendeur professionnel ayant manqué à son obligation d'information prévue à l'article L.
111-1 du code de la consommation et au décret du 14 mars 1986 et qui consiste à porter à
la connaissance du consommateur les caractéristiques du bien, l'acheteur est bien fondé à
demander la nullité du bon de commande et la restitution du prix versé.
Cependant est-ce que cette solution est généralisable ? Le manquement à l’obligation
d’information entraine-t-il constamment la nullité du contrat ? Il apparait que la grande
majorité des arrêts restreignent cette solution.
Cour d’appel de Paris, 13 avril 2012 :
Le manquement à l’obligation d’information requise par l’article L111-1 du Code de la
consommation ne suppose pas l’existence d’un dol. Un professionnel peut en effet être de
parfaite bonne foi, ou simplement commettre une erreur lorsqu’il ne fournis pas les
informations sur les caractéristiques essentielles de la chose vendue.
Si le professionnel avait eu l’intention de tromper l’acheteur alors il y aurait eu dol et donc
possiblement nullité du contrat. Si cette volonté dolosive n’existe pas il est donc impossible
de demander la nullité du contrat, il faut donc chercher du coté de la responsabilité du
professionnel.
La responsabilité du professionnel peut être engagée s’il y’a défaut sur les caractéristiques
essentielles du bien livré. Ce sont les juges du fond qui déterminent quelles caractéristiques
sont essentielles, à l’exception des caractéristiques contractualisées, dans ce cas elles sont
toujours essentielles.
1ère Chambre civile, Cour de cassation, 21 octobre 2020 :
La rentabilité économique est considérée comme une caractéristique essentielle au sens de
l’article L111-1 du Code de la consommation uniquement si le professionnel s’est engagé sur
un rendement particulier ou si les parties l’ont fait entrer dans le champ contractuelle
2ème Chambre civile, Cour de cassation, 3 juin 2004 :
Le banquier qui fait souscrire une assurance-groupe est tenu d’un devoir d’information et de
conseil par le biais, notamment, de la délivrance d’une notice. Si la remise d’une notice suffit
en principe. Lorsque cette dernière n’est pas explicité, le banquier doit exécuter son devoir
d’information et doit préciser à l’emprunteur la portée exacte de l’assurance qu’il se propose
de lui faire souscrire.

D) La possibilité de sanctions administratives


L’article L131-1 du Code de la consommation prévoit des sanctions administratives en cas de
manquements aux obligations d’information précontractuelle. L’administration est donc en
mesure de soumettre ces manquements à des amendes dont le montant ne peut pas
excéder 3 000 euros pour une personne physique et 15 000 euros pour une personne
morale.
2. Les informations sur les prix (article L112-1 à L112-4-1 du Code de la
consommation)

L’information sur les prix trouve son origine dans le libre jeu de la concurrence et permet
également d’assurer une protection supplémentaires des consommateurs. Cette information
est soumis aux règles communes des obligations d’information des consommateurs.
La spécificité de l’information sur les prix réside dans l’affichage du prix des produits et des
services. Le vendeur doit donc informer le consommateur par voie de marquage,
d’étiquetage, d’affichage ou par tout autres procédés. Cette information est donc publique,
ce n’est pas au consommateur d’aller demander le prix au professionnel.
Que faire en cas de prix indéterminé du fait de la nature du bien ou de la nature du service ?
La directive 2011/83/UE permet aux professionnels de se dispenser de préciser un prix
lorsqu’il ne peut être raisonnablement calculé à l’avance. La Loi Hamon a transposé cette
information.
Le consommateur doit aussi être informé sur les conditions particulières de la vente. Cela
concerne les éléments qui sont essentiels pour le consommateur et qui peuvent altérer la
réalité du prix. C’est notamment le cas de la manière dont est exigée le versement des
sommes.
Comment sont sanctionné les manquements à ces obligations ? Nous allons voir que le
manquement aux exigences d’informations sur les prix ne peut être sanctionnées que de
manière administrative.
Depuis la Loi Hamon le professionnel encourt des amendes administratives en cas de
manquement aux modalités d’affichage du prix et de calcul du prix. Ces amendes sont d’un
montant identique à celles assortissant les autres obligations d’information.
Une dépénalisation en matière d’information sur les prix a été opérée par la Loi du 17 mars
2014 relative à la consommation.
Concernant la possibilité de sanctions civiles, un arrêt de la 1 ère Chambre civile de la Cour de
cassation en date du 15 décembre 1998 déclare que des sanctions civiles ne peuvent résulter
du seul manquement aux exigences d’informations sur les prix.
Quid en cas de « solde » ?
La directive « Omnibus » 2019/2161 du 27 novembre 2019 entrée en vigueur le 28 mai 2022
déclare qu’en cas de réduction de prix le professionnel doit indiquer le prix le plus bas
pratiqué au cours d’une période de trente jours précédant la promotion.
3. L’information sur les délais de livraison
Avant la Loi Hamon l’information sur les délais de livraison était uniquement obligatoire
pour les ventes à distance ou pour les biens d’une valeur de plus de 500 euros. Désormais
cette obligation c’est généralisée.
Le professionnel doit donc indiquer la date ou le délai de livraison du bien ou d’exécution du
service. Cependant les dispositions de l’article L216-1 du Code de la consommation
permettant aux « parties d’en convenir autrement » ou déclarant qu’« à défaut d’indication
ou d’accord le professionnel doit livrer au plus tard 30 jours après la conclusion du contrat »
viennent quelque peu réduite le champ d’application de cette obligation.
Comment sanctionner le non-respect de ce délai de livraison ?
L’article L216-6 du Code de la consommation envisage une sanction assez simple à utiliser
pour le consommateur. En effet, lorsque le professionnel ne respecte pas la date ou le délai
prévu de livraison, le consommateur peut l’enjoindre de s’exécuter dans un délai
raisonnable. Le consommateur peut ensuite dénoncer le contrat par lettre recommandée
avec accusé de réception. Le contrat est résolu à la réception de cette lettre par le
professionnel. En cas de résolution les sommes versées sont restituées.
Ces dispositions du Code de la consommation ont été retranscrite en droit commun à travers
l’article 1226 du Code civil.
Ce régime de résolution est tout de même plus favorable en droit de la consommation, ou il
est possible de demander la résolution directement à la date prévue pour la livraison lorsque
cette dernière est une condition essentielle du contrat.
Quand le risque est-il transféré de la tête du professionnel à la tête du consommateur ?
Si en droit commun de la vente le risque est transféré au moment de l’échange des
consentement (article 1196 du Code civil) ce n’est pas le cas en droit de la consommation.
L’article L216-1 du Code de la consommation dispose que le risque est transféré au moment
ou le consommateur prend physiquement possession du bien ou lorsque le transporteur,
expressément demandé par le consommateur, récupère le bien.
4. Les informations sur les garanties
Il existe plusieurs types de garantie :
- Les garanties contre les vices cachés ;
- Les garanties légales de conformité ;
- Les garanties contractuelles ;
- Les garanties concernant le service après-vente.
L’ensemble de ces garanties doivent apparaitre dans les conditions générales de vente. Ces
garanties vont jouer en cas de dysfonctionnement du bien.
Désormais des textes existent pour permettre au professionnel de réparer les produits
défectueux (Loi du 14 février 2020). La réparabilité du produit est même considérée comme
une caractéristique essentielle du bien ou du service (article L441-1 du Code de la
consommation). Toutes techniques rendant impossible la réparation du bien est interdite.

Section 2 : L’information renforcée au sein de certains contrats spécifiques


Certains contrats du fait de leur particularité nécessitent un surplus d’information.
1. Les contrats particuliers en raison de leur objet
Il existe des contrats particuliers de par leur objet, il s’agit notamment des contrats portant
sur les services de communications électroniques, des contrats portant sur l’achat de
métaux précieux ou encore de contrat portant sur le gaz.
2. Les contrats particuliers en raison de leur mode de conclusions
Il existe aussi des contrats particuliers de par leur mode de conclusions, il s’agit des contrats
conclus hors établissement. Le régime juridique applicable à ces contrats conclus hors
établissement a pour objectif de renforcer la protection de la volonté du consommateur
notamment en lui donnant des informations obligatoires avant la conclusion du contrat et
en soumettant le contrat à un formalisme exigeant.
Quels types de contrats sont considérés comme des contrats conclus hors établissement ?
L’article L221-1 du Code de la consommation liste les différents contrats considérés comme
conclus hors établissement :
- Le contrat de vente à distance : C’est un contrat conclu entre un consommateur et un
professionnel, sans présence physique simultanée des deux parties, par le biais d’une
technique de communication à distance ;
- Le contrat de vente hors établissement habituel : C’est un contrat conclu dans un lieu
qui n’est pas celui ou le professionnel exerce son activité de manière habituelle, en
présence physique du consommateur et du professionnel, c’est notamment le cas du
démarchage à domicile. C’est aussi un contrat ou le professionnel sollicite le
consommateur dans un lieu qui n’est pas celui où il exerce son activité de manière
habituelle mais entrainant le consommateur à se rendre dans le lieu habituel de
vente pour conclure le contrat ;
- Le contrat des excusrions organisées par un professionnel afin de promouvoir et de
vendre des biens ou des services.

Depuis la directive du 25 octobre 2011, modifiée par la directive « Omnibus », les règles
relatives à ces contrats ont été unifiées. Depuis ces directives on assimile ces trois contrats à
des contrats onéreux, de ce fait les consommateurs sont débiteurs des obligations
d’information précontractuelle et du droit à la rétractation.
A) Le droit à la rétractation
Une question a souvent fait débat en doctrine, en effet lorsque le consommateur contracte
dans un salon ou une foire, doit-il bénéficier du régime protecteur des contrats conclus hors
établissement et donc être débiteur d’une droit à la rétractation ?
Dans une décision du 17 décembre 2019 le juge européen rappellent l'importance de
l'initiative de la prise de contact avec le consommateur lorsque le contrat est conclu dans le
lieu de l'exercice habituel de l'activité du professionnel. En effet, si le consommateur a
conclu le contrat dans l'établissement commercial du professionnel immédiatement après
que le consommateur a été sollicité personnellement et individuellement dans un lieu qui
n'est pas l'établissement commercial du professionnel, alors le contrat est un contrat hors
établissement et le consommateur bénéficie du droit de rétractation. En revanche, si le
consommateur se rend spontanément sur le stand habituel du professionnel, il peut
s'attendre à être sollicité par le professionnel, de sorte qu'il ne saurait valablement soutenir
par la suite avoir été surpris par l'offre de ce professionnel et il n'a pas besoin d'être
spécifiquement protégé.
En droit français la règle est simple et claire : tout contrat conclu entre un professionnel et
un consommateur à l'occasion d'une foire, d'un salon ou de toute manifestation
commerciale ne confère aucun droit de rétractation au consommateur, à condition que le
consommateur soit informé de cette absence de possibilité de rétractation.
L’article L221-18 du Code de la consommation consacre un droit à la rétractation. Le délai de
rétractation qui était de 7 jours pour les ventes par démarchages est désormais unifier pour
l’ensemble des contrats et porté à 14 jours.
Quand commence à courir le délai de rétractation ?
Le délai de rétractation commence à courir soit à compter du jour de la conclusion du
contrat pour les services et les biens dématérialisés, soit à compter du jour de la réception
du bien par le consommateur pour les biens matériels.
Comment s’exerce le droit de rétractation ?
L’exercice du droit de rétractation se fait, en principe, au moyen d’un formulaire de
rétractation défini en annexe au Code de la consommation. Cependant l’utilisation du
formulaire n’est pas obligatoire, le droit de rétractation peut s’exercer aussi par une
déclaration dénuée de tout ambiguïté manifestant la volonté du consommateur de renoncer
au contrat.
Quels sont les effets du droit de rétractation ?
Le droit de rétractation met fin au contrat passé et à tout les contrats accessoires qui en
découlent. Le droit de rétractation anéanti le contrat pour l’avenir mais aussi pour le passé,
ce qui implique la restitution du bien par le consommateur et du prix par le professionnel. La
rétractation n’a pas à être justifiée, c’est un droit discrétionnaire.
Existe-t-il des sanctions en cas de manquement aux règles du droit de rétractation ?
Les sanctions en cas de manquements aux règles du droit de rétractation sont
administratives. L’article L242-10 du Code de la consommation portent les amendes
administratives à 15 000 euros pour les personnes physiques et à 75 000 euros pour les
personnes morales.

Thème 2 : La sécurité et la conformité des produits


L’article L411-1 du Code de la consommation fusionne les dispositions relatives à la sécurité
et à la conformité des produits. Cet article dispose que « Dès la première mise sur le marché,
les produits et les services doivent répondre aux prescriptions en vigueur relatives à la
sécurité et à la santé des personnes, à la loyauté des transactions commerciales et à la
protection des consommateurs ».

Section 1 : La sécurité des produits


Les nombreuses affaires d’empoissonnement de produit alimentaires ou médicaux ont
entrainées une volonté de plus en plus importante de sécurisation du circuit allant de la
production à la consommation des produits. De ce fait une obligation générale de sécurité
pèse sur le professionnel.
1. Une obligation générale de sécurité (article L421-3 du Code de la consommation)
Les fabricants, importateurs et autres vendeurs professionnels sont responsables envers le
public de la sûreté des produits qu’ils commercialisent, lesquels doivent présenter la sécurité
qu’on peut légitiment en attendre, dès lors qu’ils sont utilisés normalement ou, du
moins, « dans des conditions raisonnablement prévisibles par le professionnel ».
Cette obligation générale de sécurité concerne quel type de produit ?
Cette obligation concerne tous les produits et services. Pour que cette obligation générale
trouve à s’appliquer il est nécessaire que les produits ou le service soit utilisés dans des
conditions normales ou raisonnablement prévisibles. Le professionnel ne saurait être
responsable des agissements de l’utilisateur qui détourne volontairement le produit ou le
service de son utilisation normale.
Qui sont les débiteur de cette obligation générale de sécurité ?
Selon le droit communautaire, le producteur est responsable de la sécurité du produit. Par
producteur il faut entendre : le fabricant, le représentant du fabricant, les autres
professionnels de la chaine de commercialisation, l’importateur et le distributeur.
Qui sont les créanciers de cette obligation générale de sécurité ?
Les créanciers de cette obligation générale de sécurité sont ceux, professionnels ou
consommateurs, qui ont eu à subir les conséquences du danger présenté par le produit.
Quelles sont les obligations incombant au débiteur ?
Le professionnel doit :
- Informer le consommateur de manière à lui permettre d’évaluer le risque en cas
d’utilisation du produit et de lui expliquer de quelle manière se prémunir du risque ;
- Entamer un suivi des produits. Tout incident sur un produit doit être rapporté et
répertorié afin de mettre au point les actions nécessaire pour maitriser le risque ;
- Signaler les risque aux autorités compétentes dans le but qu’elles mettent au point
des mesures coercitives pour suspendre la commercialisation du produit.

A) Le principe de précaution
Le principe de précaution, inscrit dans la Charte de l’environnement, est une référence en ce
qui concerne la santé et la sécurité des consommateurs. Ce principe de précaution est
tempéré par le principe de proportionnalité. En effet, toutes les mesures prises par
l’Administration et plus particulièrement par la DGCCRF ne peuvent pas être maximale, elles
doivent être proportionnées à la probabilité du risque encoures.
Il est aussi possible pour les autorités administratives de prendre des mesures de sécurité
supplémentaires. Ces mesures permettent d’éviter une accentuation des dangers. Ces
mesures de sécurités tombent sous la compétence du juge administratif.
Il existe aussi pour certaines produits particulièrement dangereux des mesures
supplémentaires (interdiction ou encadrement de la publicité, réglementations accrues, …).
Malgré toutes ces mesures il est impossible d’évincer totalement le risque. Lorsqu’un
accident de consommation se produit il faut introduire la responsabilité

Si un dommage est causé à un consommateur et est dû à un défaut de sécurité, il est


nécessaire de réparer le dommage et/ou le réprimer. Il peut avoir deux types de
responsabilité, civile ou pénale.
2. La responsabilité civile des professionnels du fait des produits défectueux.
A) Une directive difficilement transposée
Les articles 1245 à 1245-17 du Code civil établissent, à la suite de la directive du 25 juillet
1985 une responsabilité de plein droit du producteur envers les victimes de dommages dus à
un défaut de sécurité des produits qu’il a mis en circulation.
Ces dispositions mettent en place une responsabilité objective. La faute du producteur n’a
pas à être prouvé, le seul dommage causé par un défaut de sécurité suffit.
B) Les conditions de l’action
I. Un fait générateur
Le fait générateur trouve son origine dans un produit, défini par l’article 1245-3 du Code civil
de la manière suivante : « Est un produit tout bien meuble, même s’il est incorpore dans un
immeuble, y compris les produits du sol, de l’élevage, de la chasse et de la pêche.
L’électricité est considérer comme un produit ».
Le produit doit être défectueux, c’est-à-dire, selon l’article 1245-1 du Code civil, qu’il ne
présente pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre.
Le produit doit aussi être mis en circulation, c’est à partir de la mise sur le marché que la
responsabilité du producteur peut être engagé.
II. Le dommage
Le dommage peut être matériel ou moral, il peut aussi concerner le produit défectueux.
III. Le lien de causalité
Selon l’article 1245-8 du Code civil il appartient à la victime de rapporter la preuve du lien de
causalité entre le dommage qu’elle a subi et le fait du produit. Il n’y a aucune présomption
de causalité entre le fait du produit et le dommage, ce qui obligera la victime à rechercher
l’origine de son dommage.
IV. Le débiteur de l’obligation
Le débiteur est nécessairement un professionnel, qu’il soit producteur ou fournisseur.
Eventuellement, la responsabilité peut être solidaire entre le producteur d’un produit
incorporé et celui qui a réalisé l’incorporation.
V. La prescription
Au terme d’un délai de 10 ans à compter de la date de mise en circulation du produit, la
responsabilité du producteur est éteinte. Le délai de prescription de l’action est de 3 ans à
compter de la date à laquelle le demandeur a eu ou aurait dû avoir connaissance du
dommage, du défaut et de l’identité du producteur.
C) Les conditions d’exonération
La responsabilité civile du producteur joue normalement de plein droit lorsque le défaut de
sécurité et le dommage sont prouvés. Néanmoins sous certaines hypothèses, il est possible
pour le producteur d’être exonéré de cette responsabilité.
En effet, les causes générales d’exonération comme la force majeure ou le fait de la victime
vont s’appliquer.
Des causes spéciales d’exonération peuvent aussi s’appliquer. Le professionnel ne sera pas
responsable chaque fois qu’il pourra démontrer que son produit n’est pas à l’origine du
dommage, par exemple parce que le dommage est le fait de la victime ou d’un tiers. Le
professionnel ne sera pas responsable s’il démontre que le produit n’a pas été mis en
circulation. Le professionnel ne sera pas non plus responsable en cas de « risque de
développement » c’est-à-dire lorsque « l’état des connaissances scientifiques et techniques,
au moment ou il a mis le produit en circulation, n’a pas permis de déceler l’existence du
défaut ».
D) L’étendue de la réparation
La réparation des dommages aux biens, autres que le produit défectueux lui-même, ne
s’applique qu’à partir d’un certain montant, fixé par décret à 500 euros.

3. La responsabilité pénale des professionnels


La responsabilité pénale des professionnels peut être retenue :
- Lorsque le fabricant ou le prestataire de service a commis une maladresse, une
imprudence, une inattention, une négligence ou lorsqu’un manquement à une
obligation de sécurité imposée par la loi ou les règlements n’est pas respectée,
entrainant une atteinte à la santé, à la sécurité ou à la vie des victimes ;
- En cas de délit de mise en danger d’autrui ;
- En cas de délit de tromperie ou de falsification.

Section 2 : La conformité des produits et des services


1. La première directive de 1999 sur les garanties dans la vente
Les dispositions du Code de la consommation sur la garantie légale et la garantie
commerciale de conformité sont issues de la transposition de la directive 1999/44/CE du
25 mai 1999 qui a eu pour objectif la création d'un socle minimal commun de règles sur
les garanties des biens de consommation, valables indépendamment du lieu de vente dans la
Communauté.
2. La garantie de conformité après les directives de 2019
A) L’extension du champ d’application de la garantie légale de conformité
I. Les personnes entrant dans le champ d’application de la garantie de
conformité
Tout comme la directive de 1999, les deux directives de 2019 ont comme champ
d’application les contrats de consommation conclu entre un consommateur et un
professionnel.
Cependant les transpositions des deux directives ont ajouté à leurs champ d’application les
non-professionnel et les « vendeurs professionnels ou toutes personnes se présentant ou se
comportant comme tels ».
Le champ d’application de la garantie légale de conformité s’est donc élargit.
II. Les contrats soumis à l’obligation de conformité
La directive de 1999 ne s’appliquait qu’aux contrats de vente de biens meubles corporels.
Cependant, l’essor des contrats portant sur des éléments numériques immatériels a poussé
les deux directives de 2019 à étendre le champ d’application de la garantie légale de
conformité aux contrats numériques.
L’obligation légale de conformité s’est donc scindée en deux grands ensembles dépendant
de l’objet du contrat mais auxquels on appliquera le même régime :
- Le régime des articles L217-1 à L217-20 du Code de la consommation et concernant
les garanties légales de conformité sur les « biens meubles corporels […] les biens à
fabriquer ou à produire […] l’eau, l’électricité et le gaz […] les biens comportant des
éléments numériques lorsque ces éléments sont fournis avec ces biens » ;
- Le régime des articles L224-25-12 à L224-25-26 du Code de la consommation et
concernant les garanties légales de conformité sur « les supports ou les services
numériques », cela va notamment concerner les contrats portant sur « des biens
servant exclusivement au transport de contenus ou de services numériques » ou sur
« les services numériques autonomes, totalement dématérialisés et accessibles par le
biais d’un contrat indépendant de tout bien physique ».

B) La conformité du bien, service et contenu numérique


Une distinction doit être établie entre les critères objectifs et les critères subjectifs de
conformité.
La conformité subjective est déterminée par rapport aux prévisions contractuelles spéciales.
Dans cette optique le contrat de consommation n’est pas un contrat d’adhésion. Le contrat a
donc été négocié, il est adapté au profil du consommateur. Il est donc nécessaires que
l’objet vendue remplisse toutes les prévisions contractuelles spéciales prévues.
La conformité subjective impose au bien comportant un élément numérique de
correspondre à la description énoncée par le contrat, notamment en ce qui concerne la
fonctionnalité, la compatibilité et l’interopérabilité. Le bien numérique est conforme
uniquement s’il est mis-à-jours conformément aux prévisions spéciales du contrat.
Cependant la majorité des contrats de consommation sont des contrats d’adhésion, dans
lesquels le consommateur ne négocie, le professionnel rédige unilatéralement le contrat. De
ce fait la conformité la plus présente reste la conformité objective. Dans cette optique, la
conformité est acquise si le bien présent les caractéristiques que le « consommateur
moyen » peut légitimement attendre d’un bien du même type.
La conformité objective impose au bien comportant un élément numérique d’être fournis
selon sa version la plus récente au moment de la conclusion du contrat. Les mise-à-jours
doivent aussi être disponibles. Cependant si le consommateur n’installe pas les mise-à-jours
cela exonère le professionnel de sa garantie.
C) Les remèdes au défaut de conformité
Que se passe-t-il lorsqu’un défaut de conformité apparait ?
En cas de défaut de conformité, le consommateur a droit, et cela pendant toute la durée de
la garantie de conformité, à une mise en conformité du bien. Cette mise en conformité se
fait par réparation ou remplacement, ou à défaut pas réduction du prix ou résolution du
contrat. Il existe donc une hiérarchie dans les remèdes au défaut de conformité en droit de
la consommation, hiérarchie qui n’existe pas en droit commun des contrats avec la garantie
des vices cachés.
Cependant les nouvelles directives de 2019 dans une volonté d’accroitre la protection du
consommateur, reconnaissent désormais à ce dernier une double possibilités. Le
consommateur peut donc mettre en œuvre l’exception d’inexécution et l’exécution forcée
en nature. Il peut aussi suspendre le paiement de tout ou partie du prix jusqu’à la mise en
conformité ou mettre en demeure le professionnel pour que son bien soit réparer ou
remplacer.
Désormais, on considère aussi qu’en cas de défaut « grave » de conformité le consommateur
peut obtenir la réduction du prix ou la résolution immédiate du contrat. Si le défaut est
« mineur » la résolution du contrat est exclue.
En cas de résolution du contrat il y’a restitution du bien par le consommateur et restitution
du prix par le professionnel dans les 14 jours suivants la remise du bien.
D) Les délais pour agir
Les directives européennes prévoient un double délai.
Dans un premier temps la responsabilité du vendeur « est engagée lorsque le défaut de
conformité apparait dans un délai de deux ans à compter de la délivrance du bien ». C’est un
premier délai de péremption, un défaut qui se révèle plus de deux ans après la délivrance
n’est donc pas couvert par le disposition. Dans un second temps les directives ajoutent que
si une législation nationale soumet les droits de l’acheteur à un d »lai de prescription, celui-ci
ne peut expirer au cours des 2 ans qui suivent la délivrance.
Les directives ouvrent ensuite la possibilité aux Etats membres de prévoir un délai de
dénonciation du défaut par l’acheteur au vendeur, délai fixé à deux mois à compter de la
date à laquelle le consommateur a constaté le défaut.
La France n’a pas utilisé cette option de double délai. L’article L211-12 du Code de la
consommation se contente de soumettre l’action à un délai de deux ans à compter de la
délivrance. Aucun délai n’est donc prévu pour informer le vendeur, il suffit donc d’agir avant
l’expiration du délai de deux ans.
E) La présomption de l’antériorité du défaut de conformité
Tout comme dans la classique garantie des vices cachés, on retrouve ici la condition dite
d’antériorité du défaut, avec cette fois le choix par les directives de la date de la délivrance
pour apprécier la condition.
En principe, les défauts qui apparaissent dans un certain délai à partir de la délivrance du
bien « sont présumés exister au moment de la délivrance ». Cette présomption vaut pendant
24 mois pour les biens vendus neuf et pour 6 mois pour les biens vendus d’occasion.
Lorsque cette présomption joue, il y’a inversion de la charge de la preuve, le vendeur peut
chercher à y échapper de deux façons.
Il peut apporter « la preuve contraire », c’est-à-dire démontrer que le défaut n’existait pas
lors de la délivrance, dans ce cas la présomption simple a commencé par jouer mais est
ensuite renversée.
Il peut aussi démontrer que la présomption d’antériorité ne doit pas jouer car elle « n’est pas
compatible avec la nature du bien ou du défaut invoqué ».

Thème 3 : Les clauses abusives


Les clauses abusives sont une création du droit de la consommation.
Les contrats de consommation sont, très généralement, des contrats d’adhésion. Ils sont
donc standardisés, rédigée de manière unilatérale par le professionnel. Il est donc normal de
craindre que le professionnel entame la confiance du consommateur, sans que ce dernier ne
s’en rende réellement compte, en imposant des clauses engendrant un déséquilibre
significatif du contrat.
L’article 1171 du Code civil étend à l’ensemble des contrats d’adhésion, et cela quelle que
soit la qualité des parties, le contrôle des clauses abusives par le juge.
L’article L212-1 du Code de la consommation vient quant à lui quelque peut réduire le
champ d’application des clauses abusives en disposant qu’elles ne peuvent porter « ni sur la
définition de l’objet principal du contrat, ni sur l’adéquation du prix ou la rémunération au
bien vendu ou au service offert ».
Les dispositions de l’article L212-1 du Code de la consommation sont constamment
consacrées par la jurisprudence de la Cour de cassation, l’arrêt de la 1 ère chambre civile du 3
juin 2015 déclarant que « La loi limite en effet l’appréciation du caractère abusif aux seules
clauses accessoires du contrat puisqu’elle exclut tout contrôle des clauses portant sur l’objet
principal » en témoigne.

Section I – Domaine d’application


1. Les contrats concernés
Le contrôle des clauses abusives est indépendant de la nature juridique du contrat, de la
manière donc la clause est insérée et du support dans lequel elle est insérée.
Le code de la consommation ne se préoccupe pas de la nature juridique du contrat. Il peut
donc s’agir d’un contrat de vente ou de prestations de services, d’un contrat de mandat ou
de dépôt, …
Le Code de la consommation souhaite éliminer le critère de forme du contrat. Pour ce fait, il
déclare d’abord que la forme dans laquelle le contrat est rédigé importe peu, il précise aussi
que le support du contrat n’est pas un critère.
Quid des clauses abusives dans les contrats de services publics ?
La question de savoir si l’article L212-1 du Code de la consommation est applicable dans les
rapports entre un usager et un service public a été très controversée.
La Cour de cassation dans une décision du 31 mai 1988 a considéré que « les tribunaux de
l’ordre judiciaire ne peuvent, sans méconnaitre le principe de la séparation des pouvoirs,
déclarer que des clauses figurant dans ce décret, ou reprise dans un règlement du service
d’eau, ont un caractère abusif ». En dépit de cette décision, certaines juridictions judiciaires
n’avaient pas hésité à considérer comme abusives des clauses figurant dans des contrats,
conclus entre un usager et un SPIC.
Dans une décision du Conseil d’Etat du 11 juillet 2001 « Sté des eaux du Nord », la Haute
juridiction administrative considère que l’article L212-1 est applicable dans les contrats
conclus entre l’usage et le service public et peut être relevé de manière souveraine
uniquement par le juge administratif. Les services publics n’échappent donc pas au régime
des clauses abusives.
2. Les personnes visées
Le domaine d’application est déterminé par les parties au contrat dans deux textes. L’article
L212-1 du Code de la consommation vise les contrats entre les professionnels et les
consommateurs. L’article L212-2 du Code de la consommation qui précise que l’article L212-
1 s’applique également aux contrats conclus entre des professionnels et des non-
professionnels.
3. Le caractère abusif de la clause
Dans les premiers textes, les critères légaux étaient ceux de dépendance économique et
d’avantage excessif. Aujourd’hui, selon le texte de l’article L212-1 du Code de la
consommation, la clause doit créer « un déséquilibre significatif entre les droits et les
obligations des parties ».
Elle crée un déséquilibre significatif entre les parties. Le caractère abusif peut être dégage
dans trois contextes différents. Il y’a une gradation en tenant compte de la gravité de la
clause.
A) Les clauses les plus graves : les clauses abusives par nature (les clauses noires)
Aux termes de l’article R212-1 du Code de la consommation, sont, de manière irréfragable,
présumées abusives, notamment les clauses d’exonération de responsabilités, les clauses de
modification unilatérale des clauses du contrat, les clauses insérées dans un support non
fournit au consommateur, les clauses d’interdiction de résolution du contrat ou encore les
clauses imposant la charge de la preuve au consommateur.
Selon l’article L212-1 du Code de la consommation, pour les clauses énumérées par l’article
R212-1 du Code de la consommation, il y’a une présomption irréfragable de caractère abusif.
En conséquence, le juge ne peut qu’apprécier si le contenu de la clause contractuelle
correspond à l’une de celles énumérées par l’article R212-1 du Code de la consommation, et
s’il en est ainsi, il devra la déclarer abusive. Le professionnel ne peut pas faire la preuve du
caractère non abusif de la clause.
B) Les clauses simplement présumées abusives (les clauses grises)
L’article R212-2 du Code de la consommation établit une liste de clauses qui sont présumées
abusives, sauf preuve du contraire. La grande majorité de ces clauses sont issues des
recommandations de la commission des clauses abusives.
Selon l’article L212-1 du Code de la consommation, l’inscription sur la liste grise fait
présumer le caractère abusif de la clause mais il ne s’agit-là que d’une présomption simple.
En conséquence le professionnel, auteur du contrat, pourra démontrer le caractère non
abusif de la clause. Le juge devra non seulement dire si le contenu de la clause contractuelle
correspond à celui de l’une des clauses visées dans l’article R212-2 du Code de la
consommation mais encore apprécier le déséquilibre signification de cette clause et enfin se
prononcer sur son caractère abusif.
Par exemple, la Cour de cassation a pu décider que la clause qui contraint le consommateur,
en cas de litige, à recourir obligatoirement à une médiation avant la saisine du juge, est
présumée abusive, sauf au professionnel à rapporter la preuve contraire.
C) Le caractère abusif dégagé par le jugé (les clauses blanches)
Le jupe pourra qualifier une clause d’abusive si elle répond aux critères légaux de définition.
Dans tous les cas où est invoqué le caractère abusif d’une clause, l’intervention judiciaire est
nécessaire.
En effet, les deux parties qui s’opposent sont en présence d’un contrat qui, selon l’article
1103 du Code civil, fait la loi entre les parties. Pour que le contrat tout entier ou qu’une
clause de ce contrat soit déclarée abusive et que la sanction légale prévue s’applique. Il faut
l’intervention d’une juridiction qui tranchera le litige.
Le juge peut-il relever d’office le caractère abusif d’une clause ?
Nous savons que seules les règles d’ordre public peuvent être soulevées d’office par le juge.
Dans une première décision de la CJCE du 27 juin 2000, dans l’affaire « Océano », les juges
européens déclarent que « La protection que la directive offre au consommateur implique
que le juge national puisse apprécier d’office le caractère abusif d’une clause du contrat qui
lui est soumis lorsqu’il examine la recevabilité d’une demande introduite devant les
juridictions nationales ». Cette décision reste cependant bornée à un examen de
recevabilité, le juge européen va cependant étendre cette office du juge.
Dans une seconde décision de la CJCE du 4 juin 2009, dans l’affaire « Pannon GSM », les
juges européens déclarent que « La protection que la directive 93/13/CEE confère aux
consommateurs nécessite que le juge se prononce d’office, même en l’absence de demande
en ce sens, c’est-à-dire sans que le caractère abusif de la clause n’ait été invoqué – et quel
que soit le caractère, contentieux ou gracieux, de la procédure –, sur le caractère abusif
d’une clause contractuelle dont il est saisi ».
Dans cette affaire « Pannon GSM » la Cour transforme la possibilité d(intervention du juge
en une obligation d’intervention. Le juge est désormais tenu d’examiner d’office le caractère
abusif d’une clause contractuelle. Les dispositions concernant les clauses abusives revêtent
donc un caractère d’ordre public.
La CJCE justifie cette obligation du soulevé d’office en déclarant qu’il existe un risque
important que la situation économique ou l’ignorance du consommateur ne lui permette pas
d’invoquer le caractère abusive d’une clause.
Cette solution « Pannon GSM » est désormais codifié dans le Code de la consommation à
travers son article R632-1 disposant que « Le juge peut relever d'office toutes les
dispositions du présent code dans les litiges nés de son application ».

Section II – Les actions des associations de consommateurs


A) L’action préventive des articles L621-7 et L621-8 du Code de la consommation
L’article L621-7 du Code de la consommation fixe l’objectif de l’action engagée par
l’association : il s’agit de faire cesser ou interdire un agissement illicite. Cela suppose donc
que l’illicéité de la clause existe encore et risque de causer un préjudice aux consommateurs
qui potentiellement peuvent être amenés à signer le contrat contenant des clauses abusives.
Lorsque le contrat, tout entier ou seulement la clause litigieuse, a existé mais n’existe plus,
l’action en justice ne serait donc plus justifiée parce qu’il n’y a plus lieu à prévention. La
jurisprudence de la Cour de cassation était constante en ce sens, comme le démontre un
arrêt de la 1ère Chambre civile de la Cour de cassation du 1 er février 2005. La Cour de
cassation conférait ainsi à l’action de l’article L621-7 du Code de la consommation un
caractère préventif qui ne paraissait pas discutable.
Désormais grâce à trois réformes introduites par le législateur, l’article L621-8 du Code de la
consommation dispose que « Lorsqu'il est saisi en application de l'article L. 621-7, le juge
peut ordonner, le cas échéant sous astreinte, la suppression d'une clause illicite ou abusive
dans tout contrat ou type de contrat proposé ou destiné au consommateur ou dans tout
contrat en cours d'exécution ». Le caractère préventive d’une telle action semble donc remis
en question par la possibilité d’agir sous le fondement des articles L621-7 et L621-8 du Code
de la consommation sur des contrats « en cours d’exécution ».
Quelle est la conséquence d’une telle action ?
La jurisprudence européenne par le biais de sa décision « Invitel » se prononce dans le sens
d'une efficacité erga omnes de la décision judiciaire ordonnant la suppression de la clause
abusive, puisque pourront se prévaloir, le cas échéant, de cette suppression outre, bien
entendu, les consommateurs qui n'étaient pas parties à la procédure en cessation, mais
également les consommateurs ayant conclu un contrat d'adhésion renferment la clause
abusive avant la décision judiciaire de suppression, mais également les consommateurs, qui,
dans l'avenir, auront conclu ce contrat.
B) L’action en intervention d’une action déjà engagée par le consommateur de l’article
L621-9 du Code de la consommation
Une association peut donc agir conjointement ou par voie d’intervention, lorsqu’un
consommateur agit en justice. Cette intervention ne peut se faire que devant les juridictions
civiles, et pas devant les juridictions commerciales ou administratives.
Cette intervention est assez restreinte.
Selon le texte, la demande initiale doit avoir pour objet la réparation d’un préjudice subi par
un ou plusieurs consommateurs à l’occasion de faits non constitutifs d’une infraction pénale.
De plus depuis la loi du 6 aout 2015, la réparation ne peut porter que sur un fait portant un
préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif des consommateurs. La clause qui est l’objet
de l’action du consommateur doit non seulement lui porter un préjudice mais elle doit aussi
concerner l’ensemble des consommateurs. Il appartient à l’association de justifier de
l’atteinte à l’intérêt collectif des consommateurs.

Section III – Les sanctions


En prévoyant des sanctions, le législateur a voulu rendre efficace sa volonté d’éradiquer les
clauses abusives des contrats conclus entre professionnels et consommateur.
Dans un arrêt de la CJUE du 15 mars 2012, les juges européen déclare que le caractère abusif
d’une clause n’entraine pas la nullité de l’ensemble du contrat à moins que la loi nationale
n’aille en ce sens.
En droit français, l’article L241-1 du Code de la consommation n’impose pas la nullité mais
bien que « Les clauses sont réputées non écrites ».
La sanction du réputé non écrit diffère de la nullité partielle. L’une des principales
différences entre la clause réputée non écrite et la clause nulle réside notamment dans le
fait que l’action en nullité se prescript par 5 ans alors que la Cour de cassation, dans une
décision du 13 mars 2019, a affirmé l’imprescriptibilité du réputé non écrit.
L’imprescriptibilité du réputé non écrit est confirmée par un arrêt de la CJUE de 2021, repris
dans une décision de la 1ère chambre civile de 2022. Les juges européens ont en effet
rappeler le principe d’effectivité du droit de l’UE. Si la prescription quinquennale en tant que
telle semble acceptable, c’est son point de départ qui rend difficile l’exercice des droits que
le consommateur tire de la directive de 1993.
En principe, la sanction ne porte que sur la clause. Bien souvent le consommateur souhaite
que le contrat subsiste. Cependant le contrat peut être anéanti si la clause abusive est une
clause impulsive et déterminante du contrat ou si le contrat ne peut être exécuté sans la
clause abusive.
Du fait de l'existence de la clause déclarée abusive, le consommateur a pu subir un
préjudice. Sous réserve que ce consommateur en rapporte la preuve et que ce préjudice
réponde aux caractéristiques d'un préjudice indemnisable, le consommateur pourra obtenir
réparation par des dommages-intérêts.
D’autres sanctions peuvent être envisagées. La réparation du préjudice peut être envisagée
lorsque la clause abusive a causé un préjudice. Dans ce cas le consommateur doit rapporter
la preuve de ce préjudice, il faut aussi que le préjudice soit indemnisable. Le consommateur
pourra donc obtenir réparation par des dommages et intérêts.
Lorsque les associations de consommateur débutent une action sur le fondement de
l’éradication d’une clause abusive, elles peuvent agir en suppression pour obtenir à titre
principal la suppression de la clause, elles peuvent aussi obtenir la publication de la décision.
Les associations peuvent également obtenir la réparation du préjudice causé à l’intérêt
collectif des consommateurs.
Cass. 1er civ., 1 février 2005 : UFC Que choisir demande la réparation du préjudice causé à
l’intérêt collectif des consommateurs. Le fondement est l’article L621-7 mais aussi l’article
1240 du Code civil. La Cour d’appel avait admis que les clauses étaient abusives mais refuse
l’indemnisation pour le préjudice à l’intérêt collectif des consommateurs. La Cour de
cassation pose le principe selon lequel « la stipulation de clauses abusives [dans un contrat]
constitue en elle-même une faute [du professionnel] de nature à porter atteinte à l’intérêt
collectif des consommateurs ». Cette faute doit donc être réparée.
Comme chiffrer le préjudice porté à l’intérêt collectif des consommateurs ?
Certains auteurs estiment que lorsqu’il y’a atteinte à l’intérêt collectif des consommateurs il
faut essayer de savoir quel est le profit tiré par le professionnel de l’insertion de la clause
jugée abusive. Cependant dans bien des cas le professionnel est seulement condamné à
l’euro symbolique.
Depuis la Loi Hamon des sanctions administratives sont aussi prévues. Le fait d’insérer une
clause abusive peut entrainer des amendes pouvant aller à 15 000 euros pour des personnes
physiques et 75 000 euros pour des personnes morales.

Thème 4 : Le règlement des litiges de consommation


Section I - Les actions judiciaires
Les associations ont construit de véritables stratégies judiciaires pour faire reconnaitre leurs
intérêts. Bien souvent, les associations ont voulu obtenir par le juge ce qu’elle n’avait pas
réussi à obtenir par la loi, c’est un moyen de peser sur le législateur.
Les associations vont chercher à obtenir soit un revirement de jurisprudence, soit de se voir
consacrer un nouveau droit.
1. Les différents types d’actions en justice des associations
A) L’intérêt à agir et l’action civile des associations de consommateurs
Toutes associations régulièrement constituées peut agir en justice. Cependant comme tout
action en justice, celle des associations est subordonnée à un intérêt à agir. L’intérêt au
cœur de l’action judiciaire des associations de consommateurs est pluriels :
- L’intérêt personnel de l’association ;
- L’intérêt des membres de l’association lorsque des victimes se fédèrent dans une
association pour se défendre d’un dommage subi. Cette action est subordonnée à
deux conditions. L’action de l’association doit avoir pour objet de défendre l’intérêt
de ses membres et non pas l’intérêt collectif des consommateurs. Le préjudice dont
la réparation est demandée doit être commun à tous les membres de l’association ;
- L’intérêt collectif des consommateurs. L’association va ici défendre la catégorie
sociale des consommateurs qu’elle prétend représenter. Si en principe la défense de
l’intérêt collectif appartient au ministère public, certaines associations se voient
reconnaitre par la loi ce droit d’agir dans le cadre d’intérêt collectifs désignés.
B) L’action de groupe du droit de la consommation
I. Une lente émergence en droit français
En droit français, l’action en justice est essentiellement individuelle. En matière de
consommation l’action individuelle va permettre de réparer le préjudice individuel du
consommateur. Cependant, bien souvent, la faible importance du préjudice entrainer
l’abandon de la voie judiciaire par le consommateur. Ces abandons en chaine profite donc au
professionnel.
Existe aussi en droit français, l’action en justice des associations de consommateur.
Cependant, les dommages et intérêts alloués à une telle action reviennent aux associations
et pas aux consommateurs.
Le préjudice des consommateurs peut aussi être réparé par une action en représentation
conjointe. Cette action s’est révélée peu efficace, la loi prévoit l’impossibilité de publicité
autour d’une telle action rendant très difficile la « récolte » de mandat par l’association.
L’action de groupe est donc née de l’absence d’action efficiente pour réparer le préjudice
subit par le consommateur. L’article L623-1 du Code de la consommation met en place
l’action de groupe.
Quels préjudices entrent dans le champ d’application de l’action de groupe ?
Le Code de la consommation a ouvert cette action exclusivement en réparation des
préjudices individuels, patrimoniaux résultant des dommages matériels. Ne peuvent donc
être réparés par cette voie les préjudices corporels, environnementaux ou moraux.
Les préjudices doivent aussi trouver leur source dans un manquement du professionnel à ses
obligations légales ou contractuelles ou lorsque ces préjudices résultent de pratiques
anticoncurrentielles.
Qui peut exercer une action de groupe ?
L’action de groupe est réservée aux associations de défense des consommateurs,
représentatives au niveau national et agréées. Contrairement au modèle américain, les
avocats ne peuvent donc pas porter des actions de groupe devant le juge.
Il existe deux types de procédure en terme d’action de groupe. Une procédure ordinaire et
une procédure accélérée.
La procédure ordinaire se décompose en trois phases :
- Une phase judiciaire dans laquelle l’association introduit l’action devant le tribunal
judiciaire. Le juge statut ici sur la recevabilité de l’action et sur le principe de
responsabilité du professionnel. Il fixe ensuite les conditions d’appartenance au
groupe, puis le montant des réparations. Des mesures de publicité sont aussi prévues
afin que les consommateurs entrant dans le groupe puissent se manifester ;
- Une phase non contentieuse dans laquelle, par une manifestation expresse et
volontaire, des consommateurs adhère au groupe ;
- Une phase de liquidation des préjudices dans laquelle les consommateurs ayant
adhérés au groupe vont être indemnisés individuellement par le professionnel.
La procédure accélérée est la spécificité majeure de l’action de groupe en droit de la
consommation. A quel moment cette procédure accélérée peut-elle être mise en place ?
La procédure accélérée est mise en place lorsque l’identité et le nombre des consommateurs
lésés sont connus et lorsque ces consommateurs ont subi un préjudice d’un même montant.
Dans le jugement sur la responsabilité du professionnel, ce dernier est condamné à
indemniser directement et individuellement les consommateurs concernés, dans un délai et
selon des modalités fixés par le juge.
Dans une telle procédure il n’y a pas d’adhésion à proprement parler. L’information doit
permettre aux consommateurs non pas d’adhérer mais d’accepter d’être indemnisés dans
les termes de la décision.
Quel bilan pour les actions de groupe ?
Entre 2014 et 2020, 14 actions de groupe ont été engagées par des associations de
consommateurs. Aucune de ces actions n’a pour le moment passé la première phase
judiciaire. Trois d’entre elles ont obtenu une issue positive par le biais d’un règlement
amiable ou d’une transaction.
II. Le nouveau mécanisme européen
Neuf Etat membres de l’UE ne disposent d’aucune forme de recours collectifs et la moitié
des Etats membres disposant de ce recours collectifs compensatoires, les limitent à des
secteurs spécifiques, principalement aux réclamations des consommateurs.
La directive européenne du 25 novembre 2020 vient donc garantir que tous les Etats
membres de l’UE adoptent au moins une action représentative pour la protection de
l’intérêt collectif des consommateurs.
2. Les actions judiciaires à l’encontre des associations
Les associations de consommateur peuvent subir des actions judiciaires. Les associations
sont soumises au droit commun de la responsabilité, si leurs actions causent un préjudice les
associations peuvent subir des actions engageants leur responsabilité. C’est notamment le
cas des procédures abusives.
Les associations peuvent aussi répondre de dommages causés en diffusant des informations
portant préjudice à certaines entreprises. Ces entreprises peuvent donc agir en
responsabilité contre les associations « fautives ».
Deux techniques d’actions des associations peuvent poser des problèmes :
- La contre-publicité : C’est la diffusion de critiques sur les produits et les services par
voie de presse, sur internet, … Cette contre-publicité impacte les produits et donc les
professionnels. Généralement la diffusion de l’information est rattachée à la liberté
d’expression, par conséquent les associations de consommateurs sont très peu
condamné concernant la contre-publicité.
- Le boycott des produits : L’association de consommateurs demande aux
consommateurs de se détourner d’un produit, d’une marque, … Cette action est
souvent utilisée lorsqu’un produit présente un danger pour la sécurité des
consommateurs. Cette action impacte les entreprises concernées pouvant entrainer
d’importants préjudices pour ces dernières. Souvent les entreprises visées agissent
en responsabilité civile ou pénale contre l’association. Le fait de lancer un boycott
n’est pas fautif en tant que tel, cependant le boycott peut parfois être considéré
comme abusif.
Pour utiliser ces deux moyens il faut démontrer qu’il s’agit d’une action en défense de
l’intérêt collectif des consommateurs, démontrer qu’il n’existait aucun autre moyen de droit
efficace pour arriver au même objectif enfin les moyens utilisés doivent être proportionnés
au but poursuivi.
Années 80 : Condamnation de l’UFC pour le boycott de l’achat de la viande de veau (Cass.
1ère civ., 14 février 1989). L’association peut dénoncer les abus et les tromperies mais ne
peut excéder la mesure qui impose une information prudente et avisée.

Section II - Les solutions extrajudiciaires


Lorsque les actions judiciaires n’aboutissement pas il est possible d’opter pour des solutions
extrajudiciaires. En 2013 ont été publiés deux textes complémentaires en matière de
règlement extrajudiciaire des litiges de consommation, une directive et un règlement.
La justification de ces textes se trouvent dans la multiplication des transactions
transfrontières. L’augmentation des contrats transfrontières entrainent nécessairement
l’augmentation de litiges transfrontières. Le règlement de ces litiges est encore plus difficile
que le règlement des litiges internes, et constitue donc un obstacle à l’effectivité du marché
intérieur. De ces manquement est né la volonté européenne de simplifier le règlement de
ces litiges de consommation par le biais des MARC.

1. La directive 2013/11 sur le règlement extrajudiciaire des litiges de consommation (RELC)


Directive transposée par une ordonnance de 2015 dans le livre VI du Code de la
consommation. Depuis janvier 2016 tout les professionnels doivent être en conformité avec
cette directive européenne.
Cette directive a pour objet principal de favoriser le règlement extrajudiciaire des litiges de
consommation. Pour atteindre ce but chaque Etat membre doit posséder une règlement
extrajudiciaire pour tout litige de nature contractuelle quelque soit le secteur (à l’exception
de la santé, de l’enseignement supérieur, de tout les SPA). Cette directive s’applique
uniquement être un consommateur et un professionnel et non être deux professionnels ou
entre deux non-professionnels.
Cette directive est une directive d’harmonisation minimale, les Etats ont pu maintenir des
règles allant au-delà de la protection accordée par la directive.
Si le texte européen visait l’ensemble des règlements extrajudiciaire (médiation, conciliation,
arbitrage) le droit français n’a retenu que la médiation. En droit français, il est obligatoire
pour le professionnel de permettre le recours à une procédure de médiation pour le
consommateur (L612-1 du Code de la consommation). La médiation peut être
conventionnelle, d’entreprise ou sectorielle.
La médiation est encadrée :
- Volontaire par le consommateur, le professionnel ne peut pas imposer la médiation,
le consommateur peut en sortir à n’importe quel moment et est libre d’accepter la
solution dégagée par le médiateur ;
- Le recours à la médiation est nécessairement suspensif ;
- La procédure de médiation ne peut pas dépasser 90 jours ;
- La procédure de médiation doit être équitable : Respect du contradictoire
notamment ;
- Obligation de confidentialité.
Critères de qualité pour les médiateurs : compétences, indépendance, transparence,
impartialité.
2. Le règlement 524/2013 sur le règlement en ligne des litiges de consommation (RLLC)
Le 9 janvier 2016 le règlement est quant à lui devenu applicable. Le règlement a un champ
d’application plus restreint que la directive, il ne vise que les contrats de vente de biens et de
prestations de services conclus en ligne entre un consommateur et un professionnel établit
dans l’UE. Le règlement vise donc les contrats à distance en ligne.
Mise en place d’une plateforme en ligne des litiges. En cas de problème suite à un achat en
ligne, il peut aussi introduire sa réclamation en ligne.

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