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Master spécilisé de droit des assurances

Présentation de l’exposé sous le theme :


La protection de l’assuré consommateur

Encadré par : Pr.BASSIM LAMYA


Présenté par : El omari Issam
Marouane Nabil
El Jarouy Abdessamad

Année universitaire :2023/2024


Plan :
Introduction

Première partie : Les obligations de l’assureur sous la lumière de la loi 31-08


A : l’obligation d’information et le devoir de conseil de l’assuré
B : le contrôle de la solvabilité
Deuxième partie :la fourniture à distance des opérations d’assurance
A : le cadre légal d’un contrat d’assurance électronique
B :la protection du consommateur au contrat d’assurance électronique

Conclusion

Depuis longtemps le consommateur est au carrefour de divers intérêt de la part des autorités
publiques et opérateurs privés. Ils constituent à ce titre l’élément déterminant dans toute
politique économique nationale et fait l’objet des diverses approches officielles ou privées
qui ont toute pour but ultime de l’encourager à consommer, la croissance économique étant
intimement liée au rythme de l’évolution de la consommation. La place privilégie du
consommateur dans le processus économique ne lui confère pas pour autant une force et
une autorité équivalentes.
Donc dans une relation marquée par un déséquilibre entre le consommateur et le
professionnelle, le droit de la consommation qui cherche à protéger les droits des
consommateurs est un droit régissant la relation contractuelle marquée par le déséquilibre
entre le consommateur et le professionnel et il rassemble l’ensemble des dispositions
spécifiques qui protègent les premiers faces aux pratiques des seconds.
Au début 20eme siècle l’Etats Unis d’Amérique qu’est partie la première étincelle qui a abouti à
la création du mouvement de protection des consommateurs, Les raisons de cette naissance
dans ce pays et non en Europe ou un autre pays, est due au rôle du système capitaliste qui a
fondé sa croissance sur le profit réalisé au détriment des classes laborieuses qui sont
devenues sa clientèle auprès de laquelle, il écoulait sa production de biens et des services.
C’était le temps du ‘’capitalisme sauvage’’ qui a donné naissance au système consumériste
que le reste du monde ne connaitra qu’après la deuxième guerre mondiale.
En France le droit de consommation a pris l’ampleur a partir des années 1972, il a été créé
non seulement de protéger des individus faibles, mais qui avaient peut-être de ne pas s’être
responsabilisés.
Au Maroc une loi était élaborée en 2000 par le gouvernement d’Abderrahmane el Youssoufi
et après plusieurs tourmentes législatives, cette loi vient d’être adoptée par le parlement et
publiée au dernier bulletin officiel no 5932 du 7 avril 2011.
Il s’agit de la loi 31-08 édictant les mesures de protections de consommateurs. Cette loi
comptant 200 articles a consacrées, 10 titres à différentes questions notamment le droit de
consommateur a l’information, la protection du consommateur contre les clauses abusives
insérés dans les contrats d’adhésion. Ainsi qu’un titre autour de la réglementation de certain
pratique commercial, comme la publicité, le démarchage, et un titre sur les associations
consommateurs et autre sur les sanctions pénales.
Alors dans le domaine d’assurance, le consommateur assuré est protégé par cette loi de 31-
08, bien que la justice cumulative contractuelle qui fonde le contrat synallagmatique tend à
l’équilibre des prestations réciproques entre les parties, le principe indemnitaire qui domine
le droit de la responsabilité civil et des assurances de dommages s’oppose à tout
enrichissement par une réparation qui serait supérieure au préjudice personnellement subi.
L’éthique dans l’assurance manifeste ces tensions entre l’équité et la sécurité juridique dans
le domaine où le consommateur désarme des assurances de masse souscrit un contrat
d’adhésion rédigé et présenté par une compagnie d’assurance dont la puissance économique
le domine. Le rôle de la jurisprudence pouvoir souverain des juges de fond dans
l’appréciation des donnes et le pouvoir unificateur de la cour de cassation dans l’application
des règles de droit est alors de maintenir un juste et impartial équilibre dans l’application
concrète du droit des assurances comme dans tous les autres domaines de droit.

Première partie : l’obligation de l’assureur au moment de souscription du contrat.

Au Maroc La protection des consommateurs d’assurances a été organisée principalement par


le code des assurances et accessoirement par la loi 31-08 relative à la protection du
consommateur.
La nécessité d’accorder une protection particulière aux consommateurs d’assurances et une
surveillance régulière de la part de l’Administration de contrôle se justifie pour des raisons
multiples :
1. Les contrats d’assurance sont des contrats d’adhésion complexes, difficiles à
comprendre au moins pour les particuliers. Il importe de protéger les consommateurs
devant des groupes financiers puissants que sont le plus souvent les compagnies
d’assurances. Le Code des Assurances affirme clairement cet objectif : le contrôle de
l’Etat s’exerce dans l’intérêt des assurés, souscripteurs et bénéficiaires de contrats.
2. Le principe même de l’assurance consiste à faire payer d’avance des cotisations aux
assurés et à payer ensuite les sinistres s’ils surviennent. Il faut empêcher des
assureurs ou des intermédiaires sans scrupules d’encaisser des cotisations puis de
disparaître avant de régler les sinistres.
3. Sans même aucune intention de fraude, un assureur peut se tromper de bonne foi
sur le niveau de sa tarification ou sur le provisionnement des sinistres à payer. Si ces
erreurs ne sont pas décelées à temps, l’assureur finira par ne plus pouvoir honorer
ses engagements et fera faillite, ce qui portera un préjudice grave aux assurés et aux
tiers créanciers de cet assureur. La mauvaise foi de l’assureur peut être, aussi, la cause
de ce genre de désastres pour les victimes
4. Les engagements des assureurs à l’égard de leurs assurés et des tiers bénéficiaires
figurent au passif de leurs bilans et sont équilibrés à l’actif par des placements
immobiliers ou mobiliers. La réalité et la solidité de ces actifs doivent aussi être
contrôlées pour vérifier si la sécurité des contrats d’assurance est garantie. L’Etat
impose aux assureurs des règles précises relatives aux types de placements au moyen
desquels les assureurs peuvent représenter leurs engagements techniques.

Mais à côté de ce contrôle de la solvabilité des assureurs et de leur capacité de faire face à leurs
engagements vis-à-vis des assurés, les documents contractuels peuvent également être contrôlés
(conditions générales des contrats d’assurances, notices d’information afin de vérifier leur
conformité à la réglementation.
Alors le contrat d’assurance c’est un contrat consensuel qui se forme par le seul échange de
consentement. Néanmoins, la loi 17-99 portant code des assurances en son article 11 exige un écrit
sous forme de police ou de note de couverture. Seuls, ces deux documents permettent de constater
les engagements respectifs des parties.

A : l’information préalable et le devoir de conseil de l’assuré.

1-Le droit d’information en droit marocain :

La loi n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur(Bulletin Officiel n° 6192 du 3


octobre 2013, page 2395) a introduit de nouvelle dispositions en disposant notamment dans son
article 3 que « tout fournisseur doit mettre, par tout moyen approprié, le consommateur en mesure
de connaître les caractéristiques essentielles du produit, du bien ou du service ainsi que l’origine du
produit, ou du bien et la date de péremption, le cas échéant, et lui fournir les renseignements
susceptibles de lui permettre de faire un choix rationnel compte tenu de ses besoins et de ses
moyens.

À cet effet, tout fournisseur doit notamment par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par
tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix des produits et biens et tarifs
des services, et lui fournir le mode d’emploi et le manuel d’utilisation, la durée de garantie et ses
conditions ainsi que les conditions particulières de la vente ou de la réalisation de la prestation et, le
cas échéant, les limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle.

Alors Les consommateurs devraient recevoir à l’avance des informations claires sur le statut
de la personne qui leur vend un produit d’assurance et sur sa rémunération. Il était
nécessaire d’instaurer l’obligation de fournir des informations sur le statut des entreprises et
des intermédiaires et d’assurance. Ces informations devraient être fournies au
consommateur au stade précontractuel. Ce qui est imposé par Le législateur marocain dans
l’alinéa 1 er de l’article 10 de la loi 17-99 par la loi n°59-13 du 25 août 2016) comme suit «
préalablement à la souscription du contrat, l'assureur remet à l'assuré un exemplaire du projet de
contrat comportant le prix ou une notice d'information qui décrit notamment les garanties
assorties des exclusions, le prix y afférent et les obligations de l'assuré.

Comme nous avons vu le législateur marocain n’oblige pas l’assureur à remettre à l’assuré un
exemplaire du projet de contrat ou une note d’information puisqu’il utilise le verbe « remettre » au
lieu du verbe « devoir » de même qu’aucune mesure d’application n’est venue préciser les conditions
d’application de l’aliéna 1 er de l’article 10.

Par contre l’instruction publié par l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la prévoyance Sociale
(ACAPS), de l’instruction n°P.IN.02/2019 du 24 juillet 2019 relative à la mise en œuvre des
dispositions de l'article 247 de la loi 17-99 portant code des assurances incite les entreprises
d’assurances et de réassurances à s'assurer à travers des moyens formalisés (check-lists, rapports, . . )
que, lors des phases de conception et d'élaboration de tout produit d'assurance, les vérifications
suivantes ont été effectuées :

-Le spécimen du contrat d'assurance est conforme aux dispositions de la loi n° 17-99 précitée et des
textes pris pour son application ainsi qu'aux dispositions des autres textes législatifs et
réglementaires applicables aux opérations d'assurance, notamment le Dahir formant code des
obligations et des contrats et ceux relatifs à la protection du consommateur et à la protection des
données à caractère personnel.

-Le processus de commercialisation du produit, y compris les méthodes et canaux de distribution, est
adapté aux clients ciblés compte tenu, notamment, de leurs besoins en information. Le processus de
commercialisation doit, en corollaire, prévoir des mesures raisonnables permettant d'éviter la
souscription du produit concerné par des clients qui n'ont pas besoin des couvertures proposées

-le produit d'assurance apporte une valeur ajoutée pour les clients ciblés ; - les documents
contractuels sont rédigés de manière claire et compréhensible ; - les clauses contractuelles sont
conçues et rédigées de façon à assurer l'équilibre entre les droits et obligations des parties au
contrat ; - pour les produits d'assurance Takaful, les clauses du contrat d'assurance sont conformes
aux principes régissant les opérations d'assurances Takaful et aux avis conformes du Conseil
Supérieur des Ouléma.
-La cohérence des clauses prévues dans les différents documents contractuels (conditions générales,
conditions particulières, ...) ; - la rédaction d'une manière compréhensible, claire et précise des
clauses définissant l'étendue des garanties, celles subordonnant leur mise en jeu à la satisfaction de
certaines conditions ainsi que des clauses édictant des exclusions d'assurances, des déchéances ou
des cas de non assurance ;

- Le caractère formel et limité des exclusions d'assurances - l'adéquation du langage utilisé par
rapport au niveau de l'éducation des clients ciblés, notamment leur éducation financière, lorsque le
produit d'assurance fait usage d'instruments financiers L’instruction susvisée emprunte la notion de
l'équilibre entre les droits et obligations des parties, au droit de la consommation À cet effet, il est
précisé que l’équilibre contractuel s'apprécie par l'absence dans le contrat d'assurance concerné de
clauses ayant pour objet ou pour effet de créer, au détriment du souscripteur et/ou de l'assuré, un
déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat.

-De plus, le contrat peut pas comporter de clauses qui réduisent ou suppriment le droit aux
dommages et intérêts de l'assuré en cas de manquement par l'assureur à ses obligations; - prévoient
le droit à l'assureur de modifier unilatéralement les caractéristiques du produit d'assurance, sauf s'il
s'agit d'une amélioration de ces caractéristiques et à condition qu'il n'en résulte ni augmentation des
primes d'assurance, ni altération de la qualité du produit d'assurance; - prévoient un engagement
ferme du souscripteur et/ou de l'assuré, alors que l'exécution de l'engagement de l'assureur est
assujettie à une condition dont la réalisation dépend de sa seule volonté; - reconnaissent le droit
pour l'assureur, en cas de manquement de l'assuré et/ou du souscripteur à ses obligations, à des
dommages et intérêts manifestement disproportionnés par rapport au préjudice résultant de ce
manquement;

Toutefois l’administration peut exiger la communication de tous documents à caractère


contractuel ou publicitaire ayant pour objet une opération d’assurance ou de réassurance.
S’il apparaît qu’un document est contraire aux dispositions de la présente loi ou des textes
pris pour son application, l’administration peut en exiger la modification ou en décider le
retrait.
Si, a priori, ce contrôle parait assez large, la réglementation telle qu’elle découle du code des
assurances actuel comporte des failles en matière de protection du consommateur assuré.
En effet, le contrôle de la conformité des pratiques commerciales portant sur l’ensemble du
processus de commercialisation des produits d’assurances n’est pas abordé par le code, alors
que c’est à ce niveau que les abus sont le plus souvent relevés. Il est vrai qu’au niveau de la
phase contractuelle, ce contrôle existe (respect du droit du contrat), mais il est quasiment
occulté dans la phase précontractuelle particulièrement s’agissant du respect des obligations
d’information et de conseil à l’égard des clients. Ne sont pas prévues, non plus, les conditions
d’entrée en relation avec les clients, notamment les dispositifs d’évaluation des
connaissances du client mis en place préalablement à toute souscription, la clarté de
l’information transmise ainsi que l’adéquation des produits souscrits au profil, aux besoins et
à la situation financière de l’assuré.

1-2 Le devoir de conseil en droit marocain :


Le devoir de conseil, mis à jour par la jurisprudence française suite notamment à l’arrêt précité de La
Cour de Cassation, Chambre civile 1, du 10 novembre 1964, (lequel obligeait le courtier à être « un
guide sûr et un conseiller expérimenté »), est destiné à orienter le choix du cocontractant au mieux
de ses intérêts. Il suppose nécessairement de la part du professionnel de l’assurance qu’il livre une
appréciation quant à l’opportunité ou non de souscrire à tel ou tel type de contrat d’assurance.

Ce devoir concerne toute intermédiaire, et notamment avec le projet de loi modifiant le livre
IV de la loi 17-99 portant code des assurances, relatif à la présentation des opérations d’assurances
va devenir une obligation légale qui doit désormais s’appliquer en assurance vie et en non-
vie. Cela voudrait dire que l’intermédiaire est tenu de motiver tout conseil fourni au client
sur la base des besoins et exigences exprimés par celui-ci, et qui apparait clairement dans
l’article 309 de dite projet qui prévoit que l’intermédiaire d’assurances est tenu d’un devoir de
conseil et d’information envers les souscripteurs des contrats d’assurances selon les conditions et
modalités prévues par circulaire de l’Autorité.

A cette obligation générale, s’ajoute celle de fonder leurs conseils sur une analyse impartiale
d’un nombre suffisant de contrats. D’un point de vue formel, le conseil doit être donné avant
la conclusion du contrat et sur tout support durable accessible au client.
Il n’est pas exclu que l’intermédiaire soit tenu, au-delà d’une obligation de mise en garde, à
un devoir d’abstention lorsque la souscription du contrat, même souhaitée par le
consommateur, lui semble contraire aux intérêts de celui-ci. Par ailleurs, le conseil doit être
donné avec clarté et exactitude et en termes compréhensibles pour le client. Il s’agira ainsi
pour l’intermédiaire d’adapter ses explications au niveau de compétence du client.
Toutefois, l'intermédiaire d'assurances n'est pas tenu de vérifier les déclarations de l'assuré, il ne peut
se substituer à l'appréciation de leurs risques par les entreprises industrielles. C'est à l'assuré qu'il
incombe de choisir en connaissance de cause s'il doit, ou non, être garanti contre certains risques. Il y
a lieu de préciser que les différents échanges entre l’intermédiaire ou la société d’assurances et
l’assuré doivent être consignés par écrit ou sur un support durable, évitant ainsi toute contestation
ultérieure.

2-Le devoir d’information en droit français :


Comme nous avons vu dans l’article 3 de la loi 31-08 l’obligation générale d’information qui
pèse sur tout professionnel, vendeur de biens ou prestataires de services, de même l’article
111-1 du code de la consommation français dispose : tout professionnel vendeur de biens
ou prestataires de services doit avant la conclusion du contrat mettre le consommateur en
mesure de connaitre les caractéristiques essentielles du bien ou du service.
L’information du preneur d’assurance est indispensable dans un domaine juridique aussi
complexe que le droit des assurances, et plus encore en cas de LPS (Libre Prestation de
Service).
Cette information précontractuelle n’est pas nouvelle en droit français ; l’article 122-2 du
code d’assurance en énonce les modalités : depuis la loi du 31 décembre 1989 l’assureur
doit obligatoirement fournir une fiche d'information sur le prix et les garanties avant la
conclusion du contrat, un exemplaire du projet de contrat et de ses pièces annexes ou une notice
détaillée sur les garanties. La loi du 4 janvier 1994 complète ces dispositions : les documents remis
préalablement a la conclusion du contrat doivent préciser :

 La loi applicable au contrat lorsque celle-ci n’est pas la loi française,


 L’adresse du siège social de l’assureur et, le cas échéant de la succursale qui se propose
d’accorder la couverture,
 Les modalités d’examen des réclamations que l’assuré peut formuler au sujet du contrat et
éventuellement l’existence d’une instance chargée de cet examen (médiateur…)
 Notions enfin que l’information du consommateur d’assurance doit être fournie dans la
langue officielle de son Etat de sa résidence (sauf s’il a demande l’utilisation d’une autre
langue)

Le manquement de l’assureur à cette obligation d’information peut entraîner des sanctions (non
prévues par la loi mais fixées par la jurisprudence) allant jusqu’à la nullité du contrat ou la mise en
cause de la responsabilité civile précontractuelle de l’assureur.

N.B : Et comme on peut le constater, contrairement à la loi marocaine 17-99 qui n’a fait qu’énoncer
le principe de l’information préalable, le législateur français, a rendu obligatoire la remise de la fiche
d'information ou la remise à l’assuré, avant la conclusion du contrat, d’un exemplaire du projet de
contrat et de ses pièces annexes.

2-1 : Le devoir du conseil en droit français.


La distinction entre « obligation d’information » et « devoir de conseil » fait l'objet de vastes débats
doctrinaux et jurisprudentiels notamment en France, dans la mesure où la notion de « devoir de
conseil » n’est nulle part mentionnée dans les textes de loi, à l’inverse de la notion « d’obligation
d’information » (mentionnée à l’article L 112-2 du Code des Assurances). Néanmoins, la
jurisprudence a bien fait émerger cette notion (même si elle ne la désigne pas toujours par le biais de
la même formule), notamment depuis l’important arrêt du 10 novembre 1964, qui obligeait le
courtier à être "un guide sûr et un conseiller expérimenté"

Le devoir de conseil, mis à jour par la jurisprudence française suite notamment à l’arrêt précité de La
Cour de Cassation, Chambre civile 1, du 10 novembre 1964, (lequel obligeait le courtier à être « un
guide sûr et un conseiller expérimenté »), est destiné à orienter le choix du cocontractant au mieux
de ses intérêts. Il suppose nécessairement de la part du professionnel de l’assurance qu’il livre une
appréciation quant à l’opportunité ou non de souscrire à tel ou tel type de contrat d’assurance.

Alors comme nous savons tous l’assurance est une activité dont la gestion technique et financière,
obscure pour le public, est exercé, est exercé par des entreprises anonymes et lointaines.

En revanche le consommateur d’assurance est en contact direct et proche avec l’intermédiaire


d’assurance : des lors la qualité d’ « assureur-conseil » dont se parent habituellement les courtiers
d’assurance, voire de manière plus ambiguë , les agents généraux d’assurances pourtant mandataires
des compagnies ( au risque d’une équivoque et impossible défense des intérêts contradictoire de leur
client souscripteur et de compagnie d’assurances mandataire ) ne pouvait que conduire la
jurisprudence à faire de l’obligation de conseil des intermédiaires d’assurances l’une des
caractéristiques de leur activité. Cette obligation a reçu en 2005 une consécration législative par la loi
du 15 décembre, Depuis cette loi le code d’assurance impose expressément a tout intermédiaires,
avant la conclusion de tout contrat, de « préciser les exigences et les besoins du souscripteur
éventuel ainsi que les raisons qui motivent le conseil fourni quant a un produit d’assurance déterminé
» (article 510-1)

Et le texte ajoute que ces précisions, qui reposent en particulier sur les éléments d’information
communiques, sont adaptées à la complexité du contrat d’assurance proposé.

La jurisprudence française offre depuis longtemps des exemples très hétéroclites d’obligation de
conseil : lors de la proposition d’assurance, l’intermédiaire doit expliquer a son client les divers
dispositions du droit des assurances et du contrat afin de lui donner tous les bêlements objectifs de
choix d’une couverture approprié à son risque ; il doit le mettre en garde contre les déclarations
inexactes ou incomplètes , vérifier que la police est conforme a la demande aux risques
présentés ,vérifier que la police conforme à la demande présentée dans la proposition d’assurance ,
adapter le montant des capitaux assurés a la valeur réelle des biens , prendre garde ne pas laisser
l’assuré a découvert par une résiliation intempestive , bref , a toute étape du contrat il doit rendre a
l’assuré le service compètent et éclairé que celui-ci est en droit d’attendre d’un professionnelle : La
cour de cassation sanctionne avec rigueur tous ces manquements par la responsabilité civile de
l’intermédiaire d’assurance .

2-2 : Les limites de l’obligation de conseil :

Il convient cependant de circonscrire cette obligation de conseil et de délimiter les responsabilités


professionnelles encourues de ce chef. Il semble que l’on puisse avancer trois limites :

1. L’intermédiaires d’assurances n’est pas tenu de vérifier les dires de l’assuré. En effet, s’il doit
éclairer en fait et en droit l’assuré pour la souscription de mauvaise foi dont il n’a pas
responsable des mensonges d’un assuré de mauvaise foi dont il n’a pas à vérifier la véracité
des assertions.
2. L’obligation de conseil de l’intermédiaire d’assurance se mesure à l’aune de la propre
compétence du souscripteur assuré : les assurés industriels ou professionnels ont
fréquemment une compétence juridique égale à celle de l’assureur-conseil et
éventuellement une compétence technique supérieure. L’obligation de « conseil » le cède
alors aux obligations traditionnelles des actes d’entremise habituels.
3. Le conseil correctement donné, il appartient à l’assuré dument éclairé de prendre
ses propres décisions : l’assuré n’est pas un incapable. Sauf si l’assuré s’est déchargé
de la gestion de ses assurances entre les mains de son intermédiaire habituel, il est
normal qu’il assume totalement les choix qu’il a lui- même faits en connaissance de
cause.
2-3 : La lutte contre les clauses abusives :
2-3-1 : En droit marocain :
Ouverture de compte bancaire, souscription d’un contrat de crédit, d’une police
d’assurance… les consommateurs sont quotidiennement amenés à signer des contrats
d’adhésion aux clauses complexes et souvent illisibles. En dehors des juristes spécialisés,
rares sont ceux qui sont capables de disséquer scrupuleusement ces conventions rédigées
sur-mesure pour les grands groupes. Pourtant, la jurisprudence, certes encore sporadique et
peu harmonieuse, pointe souvent du doigt les clauses abusives qui pullulent dans ces
contrats d’adhésion et qui sont imposées notamment par les compagnies d’assurance et
autres établissements de crédit.
La loi 31-08 sur la protection du consommateur considère « comme abusive toute clause
relevant d’un contrat d’adhésion qui, en dépit de l’exigence de bonne foi, crée au détriment
du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties ».
Une définition beaucoup trop large pour servir de base pour les magistrats. Cependant, « le
décret d’application publié en 2014 a facilité le travail des juges en listant les typologies des
clauses abusives », explique un juge de la Cour d’appel. Et d’ajouter : « Dans les décisions
qualifiant les clauses d’abusives, il est pris pour référence le fait que ces contrats
permettaient d’exclure ou de limiter de façon inappropriée les droits légaux du
consommateur, ou encore de prévoir un engagement ferme du consommateur, alors que
l’exécution de l’engagement du fournisseur est assujettie à une condition dont la réalisation
dépend de sa seule volonté ».
Les clauses abusives dites noires sont les clauses qui, eu égard à la gravité des atteintes qu’elles
portent à l’équilibre du contrat, doivent être regardées de manière irréfragable comme abusives. En
d’autres termes, le déséquilibre entre les droits et obligations des parties au contrat n’est pas
simplement significatif, il est grave. De ce fait, de telles clauses sont interdites, indépendamment de
leur contexte contractuel. Le juge est privé de son pouvoir d’appréciation de la clause litigieuse
puisque l’abus est identifiable du seul fait de l’interdiction de la clause par décret. « On pourrait alors
être tenté d’en déduire que le juge voit ses pouvoirs fortement diminués. Avant le décret de 2014, le
nombre de clauses noires étant très limité, il était assez rare que le juge soit privé de son pouvoir
d’appréciation de l’abus », explique Mohamed Tchiche, avocat spécialisé dans la protection du
consommateur. En augmentant le nombre de clauses noires, le décret de 2014 limite d’autant le
pouvoir du juge d’apprécier l’abus. En réalité, on assiste à une mutation du rôle du juge. Ce dernier
sera amené plus souvent qu’auparavant à se prononcer sur le point de savoir si la clause litigieuse
appartient ou non à la liste noire visée par le décret, plutôt qu’à définir l’abus.

2-3-2 En Europe :

Le droit de la consommation est, dans tous les pays, attentif au problème posé par les clauses
abusives et le conseil de l’Europe a adopté le 16 novembre 1976 une résolution par laquelle il
recommandait aux Etats membres « de créer des instruments efficaces, juridiques et autres, afin de
protéger les consommateurs contre les clauses abusives.

La directive du 5avril 1993 concernant les clauses abusives a été adoptée .Elle exige des Etats
membres qu’ils veillent « a ce que dans l’intérêt des consommateurs ainsi que des concurrents
professionnels ,des moyens adéquats et efficaces existent afin de faire cesser l’utilisation des clauses
abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs par un professionnel »(art7) .Au surplus il
est précisé que « les Etats membres peuvent adopter au maintenir … des dispositions plus strictes …
pour assurer un niveau de protection plus élevé au consommateur » (art 8)

Ainsi cette directive dans son article 2 a défini les protagonistes : le professionnel est toute personne
physique ou morale qui agit dans le cadre et pour les besoins de son activité professionnelle, qu’elle
soit publique ou privée ;cette définition inclut donc tous les commerçants les PME , les sociétés
civiles professionnelles ;les membres de professions libérales qui souscrivent un contrat dans un
domaine même étranger à leur compétence professionnelle (Ex : un contrat d’assurance pour un
architecte ), si sa finalité est professionnelle .

3-La détermination des clauses abusives :

L’article 3 de la directive précise :


1. Une clause d’un contrat n’ayant pas fait l’objet d’une négociation individuelle est considérée
comme abusive lorsque, en dépit de l’exigence de bonne foi, elle crée au déterminent du
consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties du
contrat.
2. Une clause est toujours considère comme n’ayant pas fait l’objet d’une négociation
individuelle lorsqu’elle a été rédigé préalablement et que le consommateur n’a, de ce fait ,
pas pu avoir d’influence sur son contenu, notamment dans le cadre d’un contrat
d’adhésions »Ainsi les conditions generales des contrats d’assurance conclus par les
consommateurs sont visées par la directive alors que les conditions particulières négociées
avec le souscripteur demeurent soumises à la loi des parties conformément au principe posé
par l’article 1134 de code civil français .

N.B : La détermination des clause abusives caractérise par une « déséquilibre » significatif entre les
droits et les obligations des parties » est illustrée par une annexe qui contient (une liste indicative et
non exhaustive des clauses qui peuvent être déclarer abusives mais que le caractère abusif doit en
être apprécié en fonction des circonstances ce que paraît timide compte tenu de la nature de ces
clauses.

2 : Le contrôle de la solvabilité
Au début des années 2010, la Solvabilité II avait pour objectif de renforcer la stabilité financière du
secteur de l'assurance en Europe, fortement secoué après la crise des subprimes. Cette réforme
a établi des exigences de capital plus strictes pour les assureurs, leur permettant de faire face aux
risques financiers plus efficacement. Cependant, ces exigences ont également eu un impact sur la
possibilité d'investir dans des actifs à haut rendement, entravant ainsi la capacité à générer des
gains pour leurs actionnaire

Alors dans le secteur des assurances au Maroc, l’ACAPS exerce son contrôle, conformément
au code des assurances, sur les compagnies du secteur et les intermédiaires d’assurances.
Elle est essentiellement chargée de l’octroi et du retrait d’agrément de ces entités, du
contrôle de leur solvabilité avec pour enjeux de protéger les droits des assurés et des
bénéficiaires de contrats d’assurance, et d’assurer un contrôle macroprudentiel en
coordination avec les autres autorités du contrôle du secteur financier. Dans ce cadre,
l’ACAPS a entamé depuis quelques années un projet d’envergure : la solvabilité basée sur les
risques (SBR). Il s’agit d’un cadre prudentiel national qui vise le renforcement de la résilience
des entreprises d’assurances et de réassurance face à l’ensemble des risques encourus,
l’amélioration de leur système de gouvernance et le renforcement de la transparence en
termes d’information
Ce projet majeur s’articule autour de trois piliers : (1) les exigences quantitatives liées
au capital de solvabilité requis et aux fonds propres, (2) les exigences qualitatives en termes
de gouvernance et de gestion et de l’évaluation interne des risques et de la solvabilité
(ORSA) ainsi que (3) les exigences sur le volet de l’information, notamment la
communication financière à destination du superviseur et du public.
A ce titre, après étude approfondie de la législation d’assurance au Maroc, il s’avère qu’à
l’instar de son homologue français le consommateur d’assurance marocain bénéficie
concrètement de deux types de protection : économique et juridique.

Une analyse des règles prudentielles et du contrôle de la solvabilité des compagnies


d’assurance, dictés par le Code des assurances, son décret d’application et l’arrêté du
ministre des finances et de la privatisation du 10 octobre 2005 relatif aux entreprises
d’assurance et de réassurance montre l’existence d’un contrôle administratif et d’un
contrôle financier

En matière de contrôle administratif – c’est là un contrôle à priori -, les entreprises


d’assurance et de réassurance doivent, pour exercer leur activité, disposer d’un agrément du
ministère des finances, conformément à l’article 161 du Code des assurances.

En outre, pour être agréée, l’entreprise d’assurance et de réassurance, selon l’article 168
dudit code, doit être constituée sous forme de société d’assurance mutuelle ou de société
anonyme (SA), ce qui est de nature à responsabiliser davantage les dirigeants, soumis à une
réglementation stricte et rigoureuse. D’autres dispositions sont relatives aux règles de
constitution, fonctionnement, gestion et transfert.

Le contrôle est également d’ordre financier. En effet, selon l’article 238 du code, l’assureur,
pour faire face aux indemnités et prestations promises aux assurés et bénéficiaires, est tenu
d’inscrire à tout moment à son passif et représenter à son actif des provisions techniques
suffisantes.

L’assureur doit aussi justifier, à tout moment, de l’existence d’une marge de solvabilité
(équivalent du ratio Mc Donough du secteur bancaire ou ratio Cooke dans Bâle I) destinée
à faire face aux risques de l’exploitation propre au caractère aléatoire des opérations
d’assurance, dont le montant minimum et les éléments constitutifs sont fixés par les articles
52 et 53 de l’arrêté du ministre des finances relatif aux entreprises d’assurance et de
réassurance.

Enfin, l’article 33 du décret d’application accorde au ministre chargé des finances le droit,
après un contrôle sur place ou sur pièces, d’exiger de l’entreprise d’assurance qui n’atteint
pas le montant minimum réglementaire de la marge de solvabilité la présentation d’un plan
de redressement.

En France :

Le contrôle de la solvabilité des entreprises d’assurances est une matière complexe qui
relève des art (310-12) et suivant du code des assurances modifiés a de nombreuses
reprises(notamment par les lois n 89-1014 du 31 décembre 1989 et n 94-5 du 4 janvier 1994
pour se conformer aux directives européennes , et par la loi du 1er aout 2003 ) et en dernier
lieu par l’ordonnance du 21 janvier 2010, qui renvoie très largement à de nouvelles
dispositions du code de monétaire financier ( art L612-1 et suivant).
Le contrôle de la solvabilité d’assurances est effectué sur pièces et sur places. L’autorité de
contrôle qui dispose de la compétence du corps des commissaires Contrôleurs des
assurances (Art L 612-12 Code. Monétaire, fin), en détermine l’organisation et les modalités.

Le contrôle moderne n’est plus guère orienté vers le « produit d’assurance », le contrat, mais
vers la solvabilité de l’entreprise dont l’exigence commence avec le calcul des primes ; or
désormais il n’existe plus de contrôle des prix et donc plus de contrôle a priori de tarifs.

Cependant cette liberté peut se révéler dangereuse : en matière d’assurance existe une
« inversion du cycle de production », car la prime est fixée par l’assureur alors qu’il ne
reconnaitra son prix de revient, les sinistres à payer, qu’en fin de période. Une politique de
sous-tarification telle qu’on en a connu en matière de risque industriels est donc à la fois une
tentation de la concurrence d’insolvabilité.

A cet égard, les règles relatives au régime financier des entreprises d’assurances sont
particulièrement importantes notamment :

 Les engagements réglementés (art. R 331-1 et suivant du code d’assurance) en


particulier les provisions techniques vie (art R. 331-3 a R. 331-5 du code d’assurance)
et non vie (art R. 332 à R 331-35 C.A)
 La règlementation des placements et des autres éléments d’actifs (artR.332-1 a
R.332-64 du code d’assurance)
 La marge de la solvabilité des entreprises d’assurance et de dommages et des
entreprises d’assurance sur la vie (ART .334-11 a R.334-16 C.A)

Deuxième partie : La fourniture à distance des opérations d’assurance

A- Le cadre légal d’un contrat d’assurance électronique

Si le législateur marocain est resté muet quant à la définition du contrat électronique


dans le D.O.C et dans la loi n° 53.05 relatives à l’échange électronique de données
juridique, ce n’est pas le cas d’autres législation. Comme le cas du législateur
jordanien, il l’a défini dans la loi n° 85 de 2001 relative à les transactions
électroniques dans son deuxième article comme : « l’accord qui est conclu par des
moyens électroniques totalement ou partiellement ». La doctrine quant à sa part a
tenté de définir ce contrat, en effet la doctrine égyptienne l’a défini comme : « un
accord entre deux ou plusieurs personnes dans lequel l’offre ou l’acceptation
converge par des techniques de communications à distance dans le but d’établir, de
modifier ou de mettre fin à un lien juridique.

Alors la fourniture à distance des opérations d’assurances est régie au Maroc par la
circulaire de la Direction des Assurances et de la Prévoyance Sociale (DAPS) du
Ministère de l’Economie et des Finance DAPS /EA/12/19 du 9 Mars 2012 (entrée en
vigueur le 16 Avril de la même année). Cette circulaire fait référence pour l’essentiel
dans sa philosophie générale, aux différentes dispositions portant sur les contrats
conclus à distance prévus par la loi 53-05 relative à l’échange électronique de
données juridiques et par la loi 31-08 édictant des mesures de protection des
consommateurs. Il y a lieu de préciser que ces lois ont instauré les conditions
nécessaires pour qu’un contrat conclu sous forme électronique soit valide au Maroc.

Cette circulaire précise que la présentation de ce type d’opérations ne peut être


exercée qu’à partir d’un local autorisé par la DAPS, remplacée par l’Autorité de
Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) et par un salarié ayant
les compétences techniques requises en la matière. La circulaire va plus loin en
ajoutant qu’en cas d’utilisation du téléphone, la personne en contact avec le
souscripteur doit « indiquer au début de la conversation son identité, sa qualité et la
dénomination sociale » de l’assureur, ainsi que l’objet commercial de la
communication.

Et sans oublier aussi la nouvelle instruction relative aux dispositifs électroniques de


vente en ligne de produits d’assurance est entrée en vigueur le 1er juillet 2022. Cette
instruction vise à fluidifier le processus de mise en place des dispositifs de vente en
ligne en fournissant aux acteurs une vision claire sur les exigences de conformité
requises. Elle clarifie en effet les exigences réglementaires relatives à ce dispositif et
énonce les conditions et les modalités que doivent observer les entreprises
d’assurances et de réassurance ainsi que les intermédiaires d’assurances et les autres
entités habilitées à présenter au public des opérations d’assurances, pour la mise en
place d’un dispositif électronique de vente en ligne permettant la conclusion de
contrats d’assurance.

A cet égard, il convient de souligner que la digitalisation des contrats est déjà prévue
par le cadre réglementaire marocain, notamment le Dahir formant code des
obligations et contrats qui stipule que « la voie électronique peut être utilisée pour
mettre à disposition du public des offres contractuelles ou des informations sur des
biens ou services en vue de la conclusion d’un contrat », à condition de mettre en
place un processus fiable et sécurisé d’échange de consentement et de partage des
éléments essentiels au contrat. Quant à la preuve du contrat, elle est
traditionnellement assurée par une police d’assurance écrite et signée par les parties,
processus qui peut également être digitalisé.

Il en découle que la contractualisation à distance existe dans la pratique. Dans ce


cadre, la nouvelle instruction vient détailler et formaliser le processus de mise en
place d’un dispositif de vente à distance de produits d’assurance.

L’article 3 de la loi n°53-05 relative à l’échange électronique de données juridiques


introduit un chapitre au niveau du Dahir formant Code des obligations et des contrats
qui traite des contrats conclus sous forme électronique ou transmis par voie
électronique. L’article 65-3 de ce chapitre stipule ainsi que «la voie électronique peut
être utilisée pour mettre à disposition du public des offres contractuelles ou des
informations sur des biens ou services en vue de la conclusion d’un contrat » tandis
que l’article 65-5 précise que «pour le contrat soit valablement conclu, le destinataire
de l’offre doit avoir eu la possibilité de vérifier le détail de son ordre et son prix total
et de corriger d’éventuelles erreurs, et ce avant de confirmer ledit ordre pour
exprimer son acceptation»
Ainsi la preuve du contrat conclu à distance, l’article 417-1 du DOC précise que «
l’écrit sur support électronique a la même force probante que l’écrit sur papier….
Sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu’il soit
établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité ». La
signature électronique, quant à elle, doit être apposée selon « un procédé fiable
d’identification garantissant son lien avec l’acte auquel elle s’attache » et est
considérée sécurisée du moment qu’elle satisfait les conditions suivantes :

• Être propre au signataire ;

• Être créée par des moyens que le signataire puisse garder sous son contrôle
exclusif ;

• Garantir avec l’acte auquel elle s’attache un lien tel que toute modification
ultérieure dudit acte soit détectable ;

• Être produite par un dispositif de création de signature électronique attesté


par un certificat de conformité.

Le certificat de conformité est délivré par l’autorité nationale d’agrément et de


surveillance de la certification électronique (la Direction Générale de la Sécurité des
Systèmes d’information (DGSSI) a été désignée pour ce rôle), lorsque le dispositif
satisfait aux exigences suivantes :

Garantir par des moyens techniques et des procédures appropriés que les données
de création de la signature :

• Ne peuvent être établies plus d’une fois et que leur confidentialité est assurée
;

• Ne peuvent être trouvées par déduction et que la signature électronique est


protégée contre toute falsification ;

• Peuvent être protégées de manière satisfaisante par le signataire contre


toute utilisation par des tiers.

N’entrainer aucune altération ou modification du contenu de l’acte à signer et ne


pas faire obstacle à ce que le signataire en ait une connaissance exacte avant de le
signer

B- la protection du consommateur au contrat d’assurance électronique

La loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur, venait anéantir


juridiquement le déséquilibre contractuel ressortant de l’inégalité de puissance
économique entre les parties. En instaurant a la charge des professionnels, certains
obligations supplétives du droit commun comme une publicité loyale, une
information précontractuelle suffisante, pour éclairer le consentement ou
l’interdiction de stipuler certaines clauses dites « abusives ».

Ainsi selon cette loi le contrat électronique est également un contrat à distance,
selon l’expression consacrée par son article 25, lorsqu’il est conclu entre un
professionnel et un consommateur. A ce titre, la loi relative à la protection du
consommateur est applicable en plus des dispositions générales de la loi 53-05
relative à l’échange électronique.

La loi relative à la protection du consommateur, comporte des dispositions relatives à


la protection du consentement du cyberconsommateur. C’est ainsi qu’il incombe, au
regard de l’article 29, au professionnel d’informer le cyber consommateur au
moment de la formulation de l’offre. En effet, l’article énonce un ensemble
d’informations qui doivent être mentionnées dans l’offre : Outre l’information
relative aux cordonnées du professionnel, ce dernier doit mentionner les frais de
livraison, les modalités de paiement, de livraison ou d’exécution ainsi que l’existence
éventuelle d’un droit de rétractation, ses limites voire son absence. Il appartient
également au professionnel d’y mentionner outre le prix de l’offre, la durée de
validité de celle-ci.

L’article 32 oblige quant à lui le professionnel à délivrer un certain nombre


d’informations au plus tard au moment de la livraison. Cette nouvelle obligation
d’informations est spécifique en ce que ces informations doivent parvenir à leur
destinataire sur un support écrit ou à tout le moins durable.

Quant aux informations qui doivent être délivrées, elles paraissent redondantes, car
le professionnel doit remettre au destinataire une confirmation de ces informations
contenues déjà dans l’offre. Néanmoins l’article innove en ce qu’il prévoit que les
conditions de résiliation doivent être communiquées à leur destinataire au plus tard
après la conclusion du contrat, au moment de la livraison car, loin d’être accessoires,
les modalités de résiliation peuvent participer au consentement du cyber-
consommateur et devraient pouvoir être mentionnées dans l’offre.

Le contrat d’assurance électronique étant un contrat de prestation de service à


distance, la loi 31-08 dans son article 36 fait bénéficier au consommateur, outre le
droit d’information précontractuelle, un droit de rétractation d’une durée de 7 jours
de l’acceptation de l’offre. Sauf si les parties en sont convenues une disposition
contraire dont le contrat avait déjà commencé à produire ses effets.

Encore plus, ce droit de rétractation est discrétionnaire, de sorte que le cyber-


consommateur pourrait s’en prévaloir sans motif valable et sans être amené à payer
une pénalité. On constate bel et bien, que le cyber-consommateur au contrat
électronique dont notamment le contrat d’assurance bénéficie d’une protection
beaucoup plus étendue, et le souscripteur est mieux informé par rapport au contrat
traditionnel d’assurance tel que régi par le code des assurances.
Alors la transition vers le contrat électronique dans le secteur de l'assurance soulève
des enjeux spécifiques en ce qui concerne la protection de l'assuré. Parmi ceux :

Sécurité des données personnelles : La protection des données personnelles des


assurés est une préoccupation majeure. Les assureurs doivent mettre en place des
mesures de sécurité robustes pour prévenir tout accès non autorisé, vol d'identité ou
piratage de données.

Intégrité des contrats électroniques : Il est crucial de garantir que les contrats
électroniques ne sont pas altérés ou modifiés après la signature. Des mécanismes de
sécurité doivent être en place pour prévenir toute manipulation non autorisée des
documents.

Accessibilité et compréhension : Assurer que les assurés ont un accès facile aux
contrats électroniques et qu'ils comprennent clairement les termes et conditions est
essentiel. Les assureurs doivent veiller à ce que les informations soient présentées de
manière transparente et compréhensible.

Authentification sécurisée : Les mécanismes d'authentification utilisés dans les


contrats électroniques doivent être sûrs pour s'assurer que seules les personnes
autorisées ont accès aux informations sensibles. Cela inclut des méthodes de
vérification d'identité fiables, telles que la signature électronique sécurisée.

Conformité réglementaire : Les assureurs doivent s'assurer que leurs pratiques en


matière de contrats électroniques sont conformes aux réglementations en vigueur.
Cela inclut la conformité aux lois sur la protection des données, les réglementations
en matière de signature électronique et d'autres normes du secteur de l'assurance.

Gestion du consentement : Les assureurs doivent obtenir le consentement éclairé


des assurés pour le traitement de leurs données personnelles et la conclusion de
contrats électroniques. Il est crucial de mettre en place des processus clairs pour la
gestion du consentement tout au long du cycle de vie du contrat.

Éducation des assurés : Les consommateurs doivent être éduqués sur l'utilisation des
contrats électroniques, y compris les mesures de sécurité en place et les avantages
de cette transition. La compréhension des assurés contribue à renforcer la confiance
dans le processus.

Accessibilité aux informations contractuelles : Les assureurs doivent garantir que les
assurés peuvent facilement accéder aux informations contractuelles importantes
tout au long de la durée du contrat. Cela inclut la possibilité de consulter et de
télécharger les contrats électroniques à tout moment.

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