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L’assurance automobile au Maroc est une assurance destinée aux véhicules à moteur assurés au Maroc et circulant sur le

territoire marocain ou dans la zone carte verte (certains pays européens) ou la zone carte orange (certains pays arabes).

L’article 11 du Dahir du 23 décembre 1937 a rendu l’assurance RC automobile obligatoire, en la limitant aux seuls véhicules
de transport public. Et puis avec l’arrivé de L’arrêté viziriel du 06 septembre 1941 qui a étendu l’obligation de souscrire une
police de RC automobile à tout propriétaire de véhicule. Ce dispositif été complété par le Dahir du 20 octobre 1969 qui a
rendu obligatoire la couverture de la RC automobile au souscripteur et au gardien juridique du véhicule. L’obligation
d’assurance ne concerne que la garantie « responsabilité civile », ou plus simplement les dommages causés aux tiers et aux
passagers. Cette obligation ne concerne pas les nombreuses garanties proposées par les sociétés d’assurance lors de la
souscription d’un contrat d’assurance automobile.

Concernant La garantie personnes transportées en automobile (PTA) a été lancée sur le marché marocain par les compagnies
d’assurances vers les années 70, juste après la publication du dahir du 20 janvier 1969 relatif à l’assurance obligatoire des
véhicules sur route, pour couvrir les personnes exclues de la garantie responsabilité civile et plus précisément les membres de
la famille de l’assuré ou du conducteur1.

Cette assurance est régie par les articles 120 à 132, chapitre 6 du titre II à savoir les assurances automobiles qui est inclus
dans son livre 2 intitulé les assurances obligatoires de la loi n°17-992 portant Code des Assurances, ainsi que le Dahir portant
loi n°1- 84-177 3relatif à l'indemnisation des victimes d'accidents causés par des véhicules terrestres à moteur.

Alors aux termes de l’article 120 du code des assurances, toute personne physique ou morale dont la responsabilité civile peut
être engagée en raison des dommages corporels ou matériels causés à des tiers par un véhicule terrestre à moteur non lié à
une voie ferrée ou par ses remorques ou semi-remorques, doit être couverte par une assurance contractée auprès d'une
entreprise d'assurances et de réassurance4. Cette assurance au Maroc est destinée principalement aux véhicules terrestres. Son
but principal est d'apporter un soutien financier face aux pertes subies par un assuré ou une personne tierce, notamment lors
d'un accident de la route, mais aussi en dehors de la circulation.

C’est depuis 1969 que la garantie responsabilité civile est rendue obligatoire dans les contrats automobiles. Cette garantie
couvre les dommages corporels ou matériels, causés par l’assuré, à la personne ou aux biens des tiers, résultant des accidents,
incendies, ou explosions, causés par le véhicule assuré ou provenant du fait des engins, accessoires et produits servant à son
utilisation, des objets et substance qu’il transporte ainsi que de la chute de ces engins, accessoires, produits, objets ou
substance5. Le concept d’un tiers doit être entendu largement et intègre les “non-conducteurs” constitués des piétons.

L’assurance automobile en France est également est une assurance de responsabilité et d’indemnisation applicable « aux
véhicules terrestres à moteur » et cette notion contrairement à la loi marocaine a été définit par selon l’art L211-1 de code
assurances « tout véhicule automoteur destiné à circuler sur le sol et qui peut être actionné par une force mécanique sans être
lié à une voie ferrée ainsi que toute remorque même non attelée ce qui exclut les bicyclettes les terrains et les tramways.

En France jusqu’à la loi du 5 juillet 1985 (la loi Badinter) le droit français ne comportait aucune législation spécifique de
la responsabilité civile pour les accidents de la circulation : la jurisprudence leur appliquait donc le droit commun des articles
1382 et suivants du code civil.

Alors défendue par le garde des sceaux robert Badinter et votéé a l’unanimité de 5 juillet 1985 est modestement intitulée « loi
tendant a l’amélioration de la situation des victimes d’accidents de la circulation et a l’accélération des procédures
d’indemnisation »elle a un double objet : d’une part instituer pour la première fois en France des règles de responsabilité
civile spécifiques pour les accidents de la circulation et d’autre part améliorer les procédures d’indemnisations des victimes
en facilitant des transactions équitables et en limitant un contentieux long et couteux .

1. Droit à l’Indemnisation Intégrale : La loi Badinter garantit aux piétons victimes d’accidents de la route
le droit à une indemnisation intégrale de leurs préjudices, qu’ils soient moraux, corporels ou matériels.
Cette protection s’étend même si le piéton est jugé responsable de l’accident, à moins d’une faute
inexcusable ou quasi volontaire de sa part.
2. Présomption de Non-Faute pour le Piéton : La loi part du principe que la victime piétonne n’est pas
responsable de l’accident. Il incombe ainsi au conducteur du véhicule ou à son assureur de démontrer une
éventuelle faute du piéton pour réduire ou refuser son indemnisation.

1
https://www.lopinion.ma/Assurance-auto-La-couverture-quirassure_a9737.html

2
la loi 17-99 portant code des assurances, promulguée par Dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 (3 octobre 2002), Bulletin officiel n° 5054 du 2 ramadan 1423 (7
novembre 2002)
3
Dahir portant loi n° 1-84-177 relatif à l'indemnisation des victimes d'accidents causés par des véhicules terrestres à moteur, du 6 moharrem, Bulletin Officiel
n° 3753 du Mercredi 3 Octobre 1984
4
L’article 120 de la loi 17-99 portant code des assurances, promulguée par Dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 (3 octobre 2002), Bulletin officiel n° 5054 du 2
ramadan 1423 (7 novembre 2002)
5
L’article 2 de l’arrêté du ministre des Finances et de la privatisation n 1053-6 fixant les conditions générales type des contrats relatifs à l’assurance
responsabilité civile automobile, du 26 mai 2006, Bulletin officiel n 5436 N 1023
3. Procédure Simplifiée d’Indemnisation : La loi Badinter impose à l’assureur du conducteur impliqué de
faire une offre d’indemnisation au piéton victime dans un délai de trois mois après l’accident, ou la
réception des justificatifs des préjudices subis, accélérant ainsi le processus d’indemnisation.
4. Cas Particuliers et Exceptions : La loi prévoit des situations exceptionnelles où la responsabilité du
piéton peut être invoquée pour limiter son indemnisation, notamment en cas de faute inexcusable ou si le
piéton a volontairement provoqué l’accident. De plus, un conducteur éjecté de son véhicule et heurté
ensuite peut être considéré comme piéton sous certaines conditions.
5. Assistance et Documentation : Les victimes piétonnes sont encouragées à consulter un avocat spécialisé
et à rassembler une documentation complète (rapports médicaux, témoignages, photos) pour soutenir leur
demande d’indemnisation.

La loi Badinter prévoit des nuances importantes dans l’application du droit à indemnisation :

6. Victimes dites “super privilégiées” : Les enfants de moins de 16 ans, les personnes de plus de 70 ans, et les
invalides de plus de 80% bénéficient d’une indemnisation intégrale, peu importe leur responsabilité dans l’accident.
7. Exclusion en cas de faute inexcusable : Si la victime a intentionnellement recherché le dommage (par exemple,
tentative de suicide), le droit à indemnisation peut être exclu.

Si la loi du 5 juillet 1985 devait être résumée en un seul mot, c’est sans aucun doute celui d’implication qu’il conviendrait de
choisir.

La notion d’implication est l’élément central du système d’indemnisation mis en place par la loi Badinter à la faveur des
victimes d’accidents de la circulation.

Sont débiteurs de l’obligation d’indemnisation les conducteurs ou gardiens d’un véhicule terrestre à moteur impliqué dans un
accident de la circulation.

La question qui immédiatement se pose est alors de savoir ce que l’on doit entendre par implication.

1. Notion d’implication

Dans un arrêt du 18 mai 2000, la Cour de cassation considère qu’il y a implication dès lors qu’un véhicule terrestre à moteur
que « est intervenu, à quelque titre que ce soit, dans la survenance de l’accident » (Cass. 2e civ. 18 mai 2000, n°98-10.190).

Deux enseignements peuvent immédiatement être retirés de cette définition :

 L’exigence d’un rapport d’imputation entre le VTM et le dommage


o L’article 1er de la loi du 5 juillet 1985 n’exige pas que le VTM soit impliqué dans le dommage.
o Le VTM doit, en effet, être seulement impliqué dans l’accident
o Il ne s’agit donc pas de savoir si le VTM A a causé un dommage à la victime B, mais uniquement de
constater que :
 Le VTM A est impliqué dans un accident de la circulation
 La victime B souffre d’un dommage résultant de l’accident de la circulation dans lequel est
impliqué le VTM A
o Ainsi, l’accident fait-il écran entre le VTM et le dommage, ce qui signifie qu’il appartiendra à la victime
d’établir que le dommage peut être rattaché à l’accident.

 L’exigence d’un rapport d’éventualité entre le VTM et l’accident de la circulation


o L’examen de la jurisprudence révèle que la notion d’implication est plus large que la notion de causalité,
en ce sens que la loi n’exige pas l’établissement d’un rapport causal entre le VTM et l’accident pour que
la condition d’implication soit remplie.
o Deux théories se sont opposées quant à l’intensité du rattachement que suppose la notion d’implication :
 Rapport de nécessité : il faut que le véhicule ait été nécessaire à la production de l’accident.
 L’exigence d’implication se rapprocherait alors de la théorie de l’équivalent des
conditions.
 Selon cette théorie, tous les faits qui ont concouru à la production du dommage
doivent être retenus, de manière équivalente, comme les causes juridiques dudit
dommage, sans qu’il y ait lieu de les distinguer, ni de les hiérarchiser.
 Rapport d’éventualité : il suffit que le véhicule ait pu jouer un rôle dans la survenance de l’accident.
 L’exigence d’implication se rapprocherait alors d’une causalité hypothétique.
 En d’autres termes, cela reviendrait à admettre que l’on puisse rechercher la
responsabilité de l’auteur d’un dommage, sans que soit établi le rapport causal entre
le VTM et l’accident
 Alors que l’arrêt Desmares avait écarté le caractère partiellement exonératoire de la
faute de la victime, la loi de 1985 retient la faute de la victime et prévoit une gradation
de cette faute à l’image de ce qui existe en matière contractuelle concernant l’attitude
du débiteur responsable.
 ° Il y a d’abord la faute simple de l’article 5 qui exclut ou limite l’indemnisation des
dommages aux biens.
° La faute inexcusable qui exclu l’indemnisation du dommage corporel si elle est la
cause exclusive de l’accident (article 3 al.1).
° La faute commise de façon volontaire qui exclut, elle aussi, toute réparation lorsque
la victime a volontairement recherché le dommage corporel qu’elle a subi (article 3
al.3).
 Ces différentes notions de fautes ont provoqué de nombreuses discussions, notamment
la faute inexcusable et la faute volontaire, qui sont depuis l’entrée en vigueur de la loi
du 5 juillet 1985, les seules causes d’exonération de responsabilité en cas de dommage
corporel.
 → La faute inexcusable de la victime non conductrice
 Dans un arrêt du 20 juillet 1987, la Cour de cassation définit la faute inexcusable au
sens de l’article 3 de la loi du 05 juillet 1985 comme :
 «la faute volontaire d’une exceptionnelle gravité exposant sans raison valable son
auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience.»
 La Cour de Cassation a confirmé à plusieurs reprises que les fautes du conducteur
s’apprécient indépendamment les unes des autres. L’absence ou la réduction de
l’indemnisation de l’accident due à ces fautes ne peut résulter que de la gravité de la
faute commise par la victime.
 → La faute de la victime est très difficilement caractérisée…
 Pour un simple piéton qui est victime d’un accident, la faute inexcusable sera
caractérisée par exemple, par un franchissement des glissières de sécurité pour
traverser une autoroute alors qu’il existait un passage souterrain. Dans les cas soumis,
il faudra vérifier si la victime à recherché à braver les règles de sécurité élémentaires
ou, si elle a recherché à franchir quelques obstacles lui empêchant un accès
dangereux…
 A LIRE : L’INDEMNISATION DU PASSAGER VICTIME ?
 Pour un cycliste victime d’un accident de la route, une faute inexcusable pourrait lui
être rapprochée s’il avait emprunté (cas jurisprudentiel) un sens interdit, brûlé un
feu, et s’était engagé à contresens de la circulation. C’est cette fois, l’accumulation
de fautes graves qui fera que la faute inexcusable sera caractérisée.
 La deuxième chambre civile de la cour de cassation dans son arrêt du 28 mars 2013,
pourvoi n° 12-14.522, nous donne un dernier exemple :
 “Une personne, en s’allongeant volontairement sur une voie de circulation
fréquentée, en état d’ébriété, de nuit et en un lieu dépourvu d’éclairage public,
commet une faute inexcusable, cause exclusive de l’accident dont elle est victime.”
 → La faute de la victime trop jeune ou trop vieille
 Si la faute inexcusable est caractérisée car cause exclusive de l’accident de la
circulation, le droit à indemnisation de la victime auteur de la faute s’éteint.
 Sauf, cas présenté à l’article 3 de la loi Badinter, lorsque les victimes fautives :
 «sont âgées de moins de 16 ans ou de plus de 70 ans, ou lorsque, quel que soit leur
âge, elles sont titulaires, au moment de l’accident, d’un titre leur reconnaissant un
taux d’incapacité permanente ou d’invalidité au moins égal à 80% (établi
antérieurement à l’accident)». Dans ces cas, elles «sont indemnisées des dommages
résultant des atteintes à leur personne qu’elles ont subies.»
 → La faute de la victime passagère, c’est possible
 Dans un arrêt du 19 novembre 2015 la Cour de cassation a reconnu la faute inexcusable de la
victime passagère d’un véhicule entraînant la perte de son droit à l’indemnisation.

 La victime, passagère d’un véhicule qui circulait la nuit sur une voie rapide,
est descendue sur la chaussée. Une voiture qui sortait du virage a percuté alors la
victime passagère de plein fouet, qui a été blessée grièvement.
 Les juges du fond (tribunal et Cour d’appel) ont rejeté la demande d’indemnisation
de la victime au motif que le comportement de la victime constituait une faute
inexcusable qui était la cause exclusive de l’accident. Ils ont retenu en effet que, la
victime, alcoolisée et sous le coup d’une vive émotion (dispute avec le conducteur),
avait commis une faute inexcusable et que cette faute était à l’origine de l’accident.
Les juges ont alors déclaré que l’assurance n’était pas tenue d’indemniser la victime.
 Un pourvoi en cassation a été introduit par la victime dans le but de contester cette
exclusion du droit d’indemnisation.
 La Cour de cassation a rejeté le pourvoi, approuvant ainsi les constatations des juges
d’appel.
 La victime s’est volontairement exposée, sans raison valable, à un danger d’une
exceptionnelle gravité dont elle aurait dû avoir conscience ; qu’en se plaçant sur la
chaussée dans de telles conditions, rendant sa présence totalement imprévisible et
irrésistible pour la conductrice du véhicule qui l’a percuté, son comportement a été la
cause exclusive de l’accident.

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