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L’assurance-vie appartient à la catégorie des assurances de personnes, c’est-à dire des assurances

relatives à la couverture de risques liés à la vie humaine52. Parce qu’il s’agit d’une assurance de
personnes, l’assurance-vie est forfaitaire. De ce caractère, il résulte un certain nombre de
conséquences. De ce point de vue, l’assurance-vie ne présente aucune particularité par rapport aux
autres assurances de personnes. Par essence, les assurances-vie « placement » ne sont pas
indemnitaires. Sans doute, certains contrats d’assurance de personnes prévoient des garanties
indemnitaires. C’est le cas de certains contrats d’assurances « mixtes » qui garantissent, par exemple,
outre le décès, l’invalidité absolue et définitive, l’arrêt de travail et les frais de santé, Relevant de la
catégorie juridique des contrats d’assurance, l’assurance-vie est par essence un contrat aléatoire. De
ce principe découle un certain nombre de conséquences54 : - ainsi, parce que le contrat est fondé sur
un aléa, la désignation d’un assuré est une condition essentielle et la nomination ou la substitution de
bénéficiaire ne peut être opérée, à peine de nullité, qu’avec l’accord de l’assuré, lorsque celui-ci n’est
pas le contractant.

La prestation de l’assureur, tant que le risque couvert n’est pas réalisé, n’est que conditionnelle. Il en
résulte en particulier que tant que le contrat n’est pas dénoué, le souscripteur est seulement investi,
sauf acceptation du bénéficiaire désigné, du droit personnel de faire racheter le contrat et de
désigner ou de modifier le bénéficiaire de la prestation. Il s’ensuit que nul créancier n’est en droit de
se faire attribuer immédiatement ce que le souscripteur ne peut recevoir. Longtemps, le caractère
aléatoire du contrat n’a soulevé aucune difficulté particulière, parce que les contrats proposés se
résumaient pour l’essentiel à des formules simples, à fonds perdus. Mais, les profondes
transformations dont ont été l’objet, à partir des années 1990, les produits commercialisés par les
compagnies d’assurances, dans le but louable de répondre aux besoins nouveaux, en particulier de
compléments de retraite, ont placé au cœur du débat juridique de la fin du 20ème siècle, le caractère
aléatoire de certains contrats d’assurance-vie dits «de placement ». L'assurance-vie apparaît en effet,
aujourd'hui, comme un mode de gestion du patrimoine et comme un instrument de transmission de
celui-ci, en tout ou partie, non seulement par intérêt fiscal mais aussi en raison d'avantages
spécifiques dérogatoires aux normes du C.civ . D'où de vives controverses doctrinales sur la
qualification de certaines opérations. La question est alors de savoir si l'on est en présence d'un
contrat d'assurance ou de capitalisation, ou plus exactement d'un contrat d'épargne. De la réponse
dépendra l'application ou la mise à l'écart des règles propres à l'assurance sur la vie, comme, par
exemple celles paralysant les normes civiles du rapport à succession ou de la réduction pour atteinte
à la réserve.

Fonctions de l’assurance vie

Sous ses diverses formes traditionnelles (assurances en cas de décès, assurances en cas de vie,
assurances dites mixtes) et modernes (contrats en unité de compte multisupports), les assurances vie
peuvent remplir plusieurs fonctions :

Instrument d’épargne et de placement

La disponibilité de l’épargne en assurance vie acquise constitue un atout majeur. Ainsi, la possibilité
de racheter les primes investies donne à l’assurance vie le caractère d’une épargne disponible. En
effet, si l’assuré peut racheter à tout moment et avant l’échéance du contrat la totalité ou une
fraction des primes qu’il a versées, le sentiment qu’il s’est prémuni contre un risque s’efface devant la
réalité économique de pouvoir utiliser immédiatement les sommes. L’assuré devenu épargnant
dispose ainsi d’une «option de liquidité» à l’égard de l’assureur.
C’est surtout la notion de contrat « rachetable » qui fonde l’opinion que les contrats d’assurance-vie
concernés sont des produits d’épargne. Les très nombreuses formules d’assurance-vie proposées sur
le marché permettent à l’épargnant de profiter d’un très grand choix quant aux modalités de son
investissement65 :

- choix des actifs financiers ou monétaires investis ;

- choix du degré de risque financier ;

- choix de la durée d’investissement ; - choix des rendements garantis ; - choix de gérer ou de


déléguer la gestion (mandat de gestion financière).

Instrument de retraite

. L’assurance-vie offre également aux épargnants de nombreuses possibilités pour « préparer leur
retraite », que ce soit dans le cadre de l’entreprise ou à titre privé, sous la forme de produits dédiés
ou non :

- la conversion d’un capital en rente immédiate au moment du départ à la retraite ;

- l’accumulation d’une épargne pendant la phase d’activité dans un contrat en euros ou en unités de
compte avec une sortie en rente différée ;

- la souscription d’un contrat d’épargne-retraite proprement dit. Dans un pays développé comme la
France, les contrats d’assurance-vie classique et les contrats d’épargne retraite sont utilisés comme
des instruments de base.

Instrument de transmission et de gestion de patrimoine. Les capitaux versés aux bénéficiaires


désignés dans le contrat à la suite du décès de l’assuré permettront la transmission avec une extrême
facilité une partie des actifs composant. Ce vecteur est traditionnellement utilisé comme instrument
de transfert des patrimoines : soit à l'intérieur des familles, soit à l'extérieur au profit de tiers choisis
par le souscripteur. Pour de nombreux détenteurs du contrat d’assurance-vie, la souscription a pour
but principal, la transmission après décès, des actifs aux héritiers en réduisant les droits de
succession important. Les règles dérogatoires du contrat d’assurance-vie par rapport au droit civil et
plus précisément au droit successoral, ainsi que les avantages expliquent les raisons du recours à
l’assurance-vie en matière de transmission et de gestion de patrimoine.

Instrument de prévoyance.

En tant qu'opération de prévoyance, l'assurance sur la vie permet de répondre à des préoccupations
très variées. « Bien spécial régi par un droit spécial », elle est parfois le seul moyen mis à la
disposition du chef de famille pour garantir l'avenir des siens ou pour déroger, en toute légalité .
L'assurance sur la vie peut tout d'abord permettre de garantir un capital ou des revenus à une famille
ou à un de ses membres, fût-ce, dans ce dernier cas, en dépassant la quotité disponible, afin
notamment :

- de sauvegarder les conditions d'existence d'une famille pour le cas où celui qui en assure la
subsistance viendrait à disparaître ;

- de pourvoir aux frais d'éducation des enfants, de compenser les inégalités naturelles existant entre
eux ou d'avantager l'un ou l'autre ;
- de constituer des liquidités immédiatement disponibles au moment du décès pour régler les droits
de succession, ou faciliter les opérations de partage en permettant à l'un des héritiers de
désintéresser les autres.

Instrument de crédit

Le contrat d'assurance-vie donne naissance au profit du souscripteur assuré (étant entendu que le
plus souvent, le souscripteur et l'assuré sont une seule et même personne) ou le cas échéant en
faveur du bénéficiaire acceptant, à une créance à l'encontre de la compagnie d'assurance, qui peut
être affectée en garantie d'un concours bancaire par exemple.

En cas de défaillance de l'emprunteur-consécutive à son décès. Les capitaux assurés servent à payer
les échéances impayées du prêt, consécutives au sinistre.

Le principe de l'utilisation du contrat d'assurance-vie comme assiette de la garantie du


remboursement d'un crédit ne souffre d’aucune contestation d'ordre juridique et présente même
pour le souscripteur, ses ayants droit et la banque, plusieurs avantages, tant sur le plan patrimonial et
fiscal que sur celui de la sécurité

Rachat

Le rachat est défini par l’article premier du CAM comme étant un « versement anticipé à l'assuré d'un
pourcentage de l'épargne constituée au titre d'un contrat d'assurance sur la vie. Le rachat de la
totalité de l'épargne met fin au contrat ».

L'opération ne peut concerner que les contrats disposant d'une provision mathématique. Les articles
L.132-23 du CAF et 90 du CAM précisent que les contrats d'assurance temporaire en cas de décès, les
rentes viagères immédiates ou en cours de service les assurances de capitaux de survie et de rente de
survie, les assurances en cas de vie sans contre-assurance et les rentes viagères différées sans contre-
assurance ne peuvent comporter de rachat.

Ces contrats présentent en effet la caractéristique de prévoir que la rente ou le capital ne seront
versés que si le bénéficiaire ou l'assuré est vivant à une date déterminée. Ces assurances sont dites
"conditionnelles", en ce que l'assuré n'est pas certain que le capital stipulé sera payé, aboutirait à une
anit-sélection dangereuses, les assurés, qui estimerait diminuées les chances de réalisation du risque,
pouvant être poussés à racheter le contrat pour sauver une partie des primes payées, de sorte que
l’assureur ne conserverait en définitive que les mauvais risques.

Les assurances qui peuvent faire l'objet d'un rachat sont dès lors les suivantes : les assurances vie-
entière, les assurances en cas de vie avec contre-assurance, les assurances "mixtes", les assurances à
terme fixe

Concernant les conditions de la mise en œuvre du droit de rachat, et depuis l’entrée en vigueur, en
France, de la loi n° 2007-1775 du 17 décembre 2007, l'assureur ne peut plus refuser le rachat, quelles
que soient, désormais le montant des primes déjà payées. Auparavant à l'assureur, auparavant,
refuser le rachat si 15 % des primes prévues au contrat n’avaient pas été versés ou si deux primes
annuelles au moins n'avaient pas été payées. Au Maroc, les conditions de la mise en œuvre du droit
de rachat sont établies par l’assureur dans un document dénommé « règlement général » et soumis
ensuite au régulateur pour approbation414. Dès son approbation, les parties ne peuvent le modifier
par une convention particulière. 2) L’exercice du rachat 259. Seul le souscripteur peut demander le
rachat du contrat. La faculté de rachat d'un contrat d'assurance-vie est un droit personnel du
souscripteur qui ne peut être exercé par son mandataire qu'en vertu d'un mandat spécial, prévoyant
expressément cette faculté.

Il en résulte que ni le bénéficiaire acceptant, ni les héritiers ou encore les créanciers du souscripteur
ne peuvent, demander le rachat. Il est même admis que tant que le contrat n'est pas dénoué, nul
créancier du souscripteur n'est en droit de se faire attribuer ce que ce dernier ne peut recevoir.
Lorsque le droit de rachat du souscripteur est prévu dans un contrat d'assurance-vie mixte, le
bénéficiaire qui a accepté sa désignation n'est pas fondé à s'opposer à la demande de rachat du
contrat en l'absence de renonciation expresse du souscripteur à son droit. Dès l'instant où les
conditions légales sont remplies, l'assureur ne peut pas refuser la demande de rachat qui lui est faite
par le souscripteur.

L’article L.132-21 du CAF impose à l’assureur le versement de la valeur de rachat au souscripteur et


l’article L.132-23 interdit à l'assureur le refus du rachat.

Au Maroc, l’article 89 du CAM précise que sur la demande du contractant, le rachat du capital ou de
la rente garantie devient obligatoire et l’assureur ne peut s’opposer.

c. Cession du contrat.

La cession du contrat peut prendre la forme de diverses techniques : la cession du contrat en


nantissement ou la cession de la propriété du contrat.

1) Cession en nantissement

Le nantissement est défini comme « l'affectation, en garantie d'une obligation, d'un bien meuble
incorporel ou d'un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs.

Le nantissement de la police est prévu par l'article L.132-10 du CAF qui prescrit que « la police
d'assurance peut être donnée en nantissement soit par avenant, soit par acte soumis aux formalités
des articles 2355 à 2366 du code civil... ». Les formalités constitutives du nantissement du contrat
d’assurance-vie ont été fortement allégées, le législateur renvoyant pour l’essentiel aux règles du
droit commun du nantissement des créances, réformé dans le sens de la souplesse par l’ordonnance
du 23 mars 2006. Le nantissement peut être constitué par un avenant au contrat d’assurance signé
par le créancier, le souscripteur et l’assureur, soit par un acte écrit désignant les créances garanties et
les créances nanties.

En droit marocain.

L'article 77 du CAM précise que la police peut être donnée en gage : - soit par avenant : ce moyen est
suffisant à démontrer que l'assureur est informé de la mise en nantissement ; - soit par endossement
: ce moyen est réservé aux polices à ordre pratiquement inexistantes ; - soit par l'accomplissement,
selon le droit commun, des formalités prévues par l'article 1195 du D.O.C à savoir la rédaction d'un
acte authentique ou signification à l'assureur de l'acte sous seing privé. On observera à ce propos
qu'en absence d'un avenant, l'accomplissement des formalités de l'article du 1195 du D.O.C est
nécessaire. Toutefois, certains consentements peuvent être également requis, soit : - le
consentement du bénéficiaire acceptant : le gage ne peut être valablement formé que si le
bénéficiaire acceptant manifeste son accord, le consentement de l'assuré s'il est différent du
souscripteur : le consentement doit être donné par écrit, lors de la constitution de gage, et ce, à
peine de nullité . Le créancier gagiste a un droit de rétention sur la police et un droit de préférence
sur la somme assurée. Pour perpétuer son droit, il peut, comme toute personne intéressée, payer les
primes à la place du souscripteur
Cession de la propriété du contrat

Lorsque le contrat dispose d'une provision mathématique, il a une valeur patrimoniale. Le


souscripteur peut donc céder le droit de créance qu'il possède à l'égard de l'assureur. La cession
volontaire s'opère soit par voie d'avenant, soit dans les formes prévues par le droit commun439 :
signification faite au débiteur ou acceptation faite par le débiteur dans un acte authentique. Mais si
le contrat est souscrit sur la tête d'un tiers, le consentement de l'assuré doit, à peine de nullité, être
donné par écrit . La cession du contrat confère au créancier au cours du contrat, la possibilité
d’utiliser à son gré les droits de rachat et de l’avance ou de faire valoir ses droits à l’échéance avec
l’accord du bénéficiaire acceptant

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