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COURS DE DROIT DES ASSURANCES

Introduction

L’assurance est un phénomène inconnu dans l’antiquité et le moyen âge. Cependant les
navigateurs et marchands du moyen âge avaient plutôt recours au prêt à la grosse aventure
qui est avant tout une opération de spéculation sur les chances d’arrivée à bon port d’une
marchandise embarquée sur un navire. Même si on y voit l’ancêtre de l’assurance, il s’en
diffère fondamentalement.
En effet, l’opération d’assurance repose au départ sur la volonté partagée par une
collectivité de personnes de mettre en commun les risques qui leur sont propres et dont la
réalisation n’affectera que certaines d’entres elles. L’essor de l’assurance date un peu
moins de deux siècles. Les facteurs d’apparition de l’assurance sont nombreux et divers :
amoindrissement de la solidarité familiale ; besoin accru de sécurité ; recul de certains
préjugés notamment la position de l’église sur les contrats aléatoires. Mais les facteurs
déterminants sont surtout économiques et sociaux.

-Les facteurs économiques


Le passage d’une économie exclusivement agricole à une économie multiforme
(industrie, commerce, services) multiplie les rapports humains et les sources de
dommages. L’importance de l’argent dans les relations économiques favorise l’idée de
réparation pécuniaire du dommage. De plus, le succès des grandes foires et la
multiplication des expéditions outre-mer font prendre conscience de la nécessité de
garantir les marchandises et les navires contre les aléas du transport.

- Les facteurs sociaux


L’urbanisation a naturellement donné lieu une concentration de populations dans les
villes et a par conséquent augmenté les risques d’incendie et d’autres dommages. Au plan
social, les traits spécifiques de l’assurance sont ses fonctions et sa diversification

1- Les fonctions :
L’assurance a d’une part une fonction d’assistance et de solidarité collective et d’autre
part une fonction d’épargne et de prévoyance, ce qui permet de se prémunir spontanément
et par ses propres moyens contre les risques ou contre les conséquences d’évènements
malheureux.

2- La diversification :
L’assurance dont la vocation traditionnelle est le remplacement de biens détruits à la
suite d’incendie, dégâts des eaux…ou subtilisés en cas de vol s’est considérablement
développée en matière de responsabilité individuelle tant dans le cadre de la vie
domestique (responsabilité du chef de famille), que dans le cadre de l’activité
professionnelle (responsabilité des architectes notaires etc.), en matière de circulation
automobile ou loisirs (sport, chasse etc.…) ou encore en matière d’assistance
internationale. De plus, si la vie elle même a été longtemps écartée de l’assurance, en
raison de considérations morales ou religieuses, elle est aujourd’hui, comme la santé ou la
capacité de travailler et autres, au centre d’une intense activité d’assurance. Par ailleurs,
en liaison avec l’évolution générale des activités économiques, les assurances ont adapté
les formules classiques d’assurance à des situations nouvelles, nées du progrès technique
(assurance des lanceurs de satellites ou de matériel électronique) ou du développement du

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droit de la responsabilité (ass.de responsabilité du fait des produits dangereux). Les
opérations commerciales des entreprises peuvent également bénéficier d’assurances
adaptées (ass. crédit caution ou ass. de prospection).
L’assurance de protection juridique, plus répandue dans les entreprises que chez les
particuliers, permet même de se mettre à l’abri du coût parfois élevé des frais de justice.
En conséquence, les assurances drainent une partie de l’épargne nationale et participe par
leur placement ou investissement, à la vie financière économique et sociale au niveau
national et international.

- Les sources du droit des assurances

Les sources du droit des assurances sont aujourd’hui multiples et complexes. Et si le


contrat d’assurance demeure régi en principe par les règles générales du c.o.c.c (théorie
générale des obligations) l’abondance de textes particuliers et des pratiques en la matière
donne au droit des assurances la physionomie d’une véritable branche spécifique, étudiée
dans des instituts spécialisés.
Les assurances terrestres, anciennement régies par le COCC sont régies depuis 1994 par le
code CIMA, code unique valable dans les pays membre de la CIMA (Conférence
Interafricaine des Marchés d’Assurance).
Les assurances maritimes sont, quant à elle, régies par le code de la marine marchande de
1962 ; 4e Partie.

TITRE I : LE CONTRAT D’ASSURANCE ET SON EXECUTION

CHAPITRE PRELIMINAIRE: LE MARCHE SENEGALAIS DES ASSURANCES

Ce marché a quatre composantes : Les professionnels de l’assurance, les


consommateurs d’assurance, les produits d’assurance et les organes de contrôle. Seules les
deux premières composantes que sont les professionnels de l’assurance et les
consommateurs d’assurance seront étudiées dans le cadre de ce cours.

SECTION I : LES PROFESSIONNELS D’ASSURANCE

Il convient de distinguer les sociétés ou entreprises d’assurance appelées assureurs, des


réassureurs qui sont les assureurs des assureurs, et encore des intermédiaires d’assurance
qui assurent la distribution des produits d’assurance

PARAGRAPHEI : LES SOCIETES D’ASSURANCES

L’exercice d’opérations d’assurance est soumis, à certaines conditions. Les deux


principales sont la forme juridique de l’entreprise et l’agrément accordée par les autorités
publiques.

I : La forme juridique de l’entreprise

Selon l’article 301 du code CIMA, les entreprises d’assurances doivent être constituées sous
la forme de société anonyme (ici les assurés sont simplement des clients de la société) ou de
société d’assurance mutuelle (ici tous les assurés ont en même temps le statut de membre de
la société partageant les profits et les pertes de l’entreprise sous forme de réduction ou
augmentation de la cotisation).

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Toutefois une société d'assurance ne peut se constituer sous la forme d'une société anonyme
unipersonnelle.
Une entreprise étrangère ne peut pratiquer sur le territoire d'un État membre l'une des
opérations mentionnées à l'article 300 ou des opérations de réassurance que si elle satisfait
aux dispositions de la législation nationale dudit État.

II : L’agrément

En matière d’assurance l’agrément est l’autorisation accordée par les autorités


administratives notamment le Ministre des Finances à une entreprise pour exercer dans le
pays une ou plusieurs opérations d’assurance et / ou de capitalisation. Pour cela il doit être
constitué un dossier comportant divers éléments. L’acte constitutif avec indication du capital
social qui est de 5 milliards minimum pour une S.A ou du fonds d’établissement de 3
milliards pour les entreprises mutuelles ; des exemplaires de tarifs, de polices, de statut et
autres.
Les entreprises soumises au contrôle par l'article 300 ne peuvent commencer leurs opérations
qu'après avoir obtenu un agrément. Toutefois, en ce qui concerne les opérations d'acceptation
en réassurance, cet agrément n'est pas exigé.
L'agrément est accordé sur demande de l'entreprise, pour les opérations d'une ou plusieurs
branches d'assurance. L'entreprise ne peut pratiquer que les opérations pour lesquelles elle est
agréée.
Toute entreprise réalisant des opérations définies au 1°) de l'article 300 ne peut pratiquer en
même temps les opérations définies au 2°) du même article.
Les sociétés qui à la date d'application du présent Code pratiquent à la fois les opérations
définies aux 1°) et 2°) de l'article 300 ont un délai de trois ans pour se mettre en conformité
avec les prescriptions des deux alinéas ci-dessus.
Deux catégories d’organismes d’assurance sont agréées au Sénégal : la société de droit
national et la société de droit étranger.
Il ya société de droit national lorsque celle-ci a son siége social situé au Sénégal, un conseil
d’administration composé de plus de la moitié de nationaux et lorsque celle-ci est surtout
constituée conformément aux dispositions législatives Sénégalaises. On parle de société
étrangère lorsque cette société a son siége social dans un pays étranger et a été constituée
conformément à la législation de ce pays. L ‘agrément permet de limiter l’accès au marché
Sénégalais; la priorité est, en principe, donnée aux sociétés de la nation.
D’après les dernières statistiques il n’y a plus de société de droit étranger opérant au Sénégal,
du moins sous cette forme.

PARAGRAPHE II : LES INTERMEDIAIRES

Ils ont un statut différent de celui des sociétés d’assurance. Ils entretiennent des rapports
particuliers avec les sociétés d’assurance et les assurés.

I : Le statut juridique des intermédiaires

Les intermédiaires sont définis comme des personnes physiques ou morales qui présentent au
public des opérations d’assurance. Leur rôle consiste à solliciter ou recueillir la souscription
de contrats d’assurance et/ou d’exposer oralement ou par écrit un contrat d’assurance en vue
de sa souscription. En d’autres termes, ils vendent au public des produits d’assurance,
élaborés par des sociétés d’assurance agréés au Sénégal. De manière générale, il faut
distinguer cinq(5) catégories d’intermédiaires : l’agent général, le courtier, les personnes

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physiques salariées, les personnes physiques non salariées et les personnes physiques ou
morales à statut dérogatoire (banque, agence de voyage).

A : L’agent général
Les courtiers d'assurances, les associés ou tiers qui gèrent ou administrent une société de
courtage d'assurances et les agents généraux d'assurances doivent justifier préalablement à
leur entrée en fonction :
a) soit de la possession d'un diplôme mentionné sur une liste fixée par la Commission de
Contrôle après avis des instances professionnelles représentatives des compagnies
d'assurance, ainsi que de l'accomplissement d'un stage professionnel ;
b) soit de l'exercice à temps complet, pendant deux ans au moins, dans les services intérieurs
ou extérieurs d'une entreprise d'assurance, d'un courtier ou d'une société de courtage
d'assurance de fonctions relatives à la production ou à l'application de contrats d'assurance,
ainsi que de l'accomplissement d'un stage professionnel, soit de l'exercice à temps complet
pendant un an au moins d'une activité en qualité de cadre ou de dirigeant dans ces mêmes
entreprises ;
c) soit de l'exercice, pendant deux ans au moins, en qualité de cadre ou de chef d'entreprise, de
fonctions de responsabilité dans une entreprise industrielle ou commerciale, ainsi que de
l'accomplissement d'un stage professionnel ;
d) soit de l'exercice pendant deux ans de fonctions de responsabilités en tant que cadre dans
une administration de contrôle des assurances.
C’est une personne physique mandataire d’une ou de plusieurs sociétés d’assurance en vertu
d’un traité de nomination. Dans l’exécution de ses fonctions, l’agent général met sa
compétence au service de la société en vue de la souscription de contrats d’assurance.

B : Le courtier ou assureur conseil


L'exercice de la profession de courtier est soumis à l'agrément du Ministre en charge du
secteur des assurances de l'État dans lequel l'autorisation est demandée. Le Ministre établit et
met à jour une liste des courtiers et la transmet à la Commission de Contrôle et aux
compagnies agréées sur le territoire de l'État.
Il est interdit aux entreprises d'assurance de souscrire des contrats d'assurance par
l'intermédiaire de courtiers non autorisés sous peine des sanctions prévues à l'article 312.
Les courtiers d'assurances sont des commerçants sans qu'il y ait lieu de distinguer, suivant que
les actes qu'ils accomplissent sont civils ou commerciaux.
Ils sont soumis comme tels à toutes les obligations imposées aux commerçants.

C’est une personne physique ou morale. Il a un statut de commerçant et en tant que tel, doit
s’inscrire au registre du commerce. Le cabinet de courtage peut prendre plusieurs formes
juridiques, il peut s’agir d’une société individuelle ou d’une société S.A.R.L ou S.A.
L’exécution de la profession est soumise à l’agrément du Ministre des finances et du budget.
Le courtier ou la société de courtage doit en plus souscrire un contrat d’assurance couvrant les
conséquences pécuniaires de sa responsabilité civile professionnelle avec une garantie de 10
millions de francs par sinistre et par année. Il est interdit au courtier ou à la société de
courtage, sauf mandat exprès de l’entreprise d’assurance, d’encaisser des primes ou même de
retenir le montant de leurs commissions. Si le courtier ou une société encaisse des primes ou
fraction de primes, il doit les reverser aux sociétés d’assurance dans un délai de 30 jours. Voir
article 541 CIMA

C : Les mandataires salariés ou non salariés


Les intermédiaires mentionnés aux 3°) et 4°) de l'article 501, à l'exception des personnes
physiques salariées qui exercent les fonctions de responsable de bureau de production ou ont

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la charge d'animer un réseau de production, doivent justifier, préalablement à leur entrée en
fonction :
a) soit de la possession d'un diplôme mentionné sur une liste fixée par la Commission de
Contrôle après avis des instances professionnelles représentatives des entreprises d'assurance
ainsi que de l'accomplissement d'un stage professionnel ;
b) soit de l'exercice à temps complet pendant six mois au moins de fonctions relatives à la
production ou à l'application de contrats d'assurances, dans les services intérieurs ou
extérieurs d'une entreprise d'assurance, d'un courtier ou d'une société de courtage
Pour aller plus loin
Les personnes physiques ou morales à statut dérogatoire
Les banques, agences de voyages et autres, dans le cadre de leurs activités, peuvent présenter
à leur public des produits d’assurance (art.503&504 du Code CIMA).
Personnes habilitées pour la présentation
(Modifié par Décision du Conseil des Ministres du 21 Avril 2004)
Les opérations pratiquées par les entreprises mentionnées à l'article 300 ne peuvent être
présentées que par les personnes suivantes :
1°) les personnes physiques et sociétés immatriculées au registre du commerce pour le
courtage d'assurance agréées par le Ministre en charge du secteur des assurances et, dans ces
sociétés, les associés et les tiers qui ont le pouvoir de gérer ou d'administrer ;
2°) les personnes physiques ou morales titulaires d'un mandat d'agent général d'assurance ou
chargées à titre provisoire, pour une période de deux ans au plus non renouvelable, des
fonctions d'agent général d'assurance ;
3°) les personnes physiques salariées commises à cet effet :
a) soit par une entreprise d'assurance ;
b) soit par une personne ou société mentionnée au 1°) ci-dessus.
4°) les personnes physiques non salariées, mandatées et rémunérées à la commission.

II : Les conditions d’accès à la profession

Pour obtenir la carte professionnelle délivrée par le Ministère en charge des assurances,
deux catégories de conditions sont exigées : des conditions d’honorabilité et des conditions de
capacité.

A : Les conditions d’honorabilité


Selon l’art.506 code CIMA ne peuvent exercer une profession d’intermédiaire :

Les personnes ayant fait l’objet de condamnation pour crime et délit ;


 Les personnes ayant fait l’objet d’une mesure de faillite personnelle ou autre mesure
d’interdiction relative au règlement et liquidation judiciaires des entreprises ;
 Les personnes ayant fait l’objet de mesure de destitution de fonction d’officier
ministériel en vertu d’une décision de justice ;
 Les condamnations et mesures visées plus haut entraînent l’interdiction de présenter
des opérations d’assurance au public ;
 Ces interdictions peuvent également être prononcées par les tribunaux à l'encontre de
toute personne condamnée pour infraction à la législation ou à la réglementation des
assurances.

B : Les conditions de capacité (article 508 CIMA)


Les intermédiaires (personnes physiques) doivent remplir les conditions suivantes :
 Avoir la majorité légale dans l’Etat de présentation de l’opération ;
 Etre ressortissant d’un Etat membre de la CIMA ;

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 Remplir les conditions de capacité professionnelle fixées par la commission de
contrôle ;
 Ne pas être frappé des incapacités prévues à l’art.506.
Les conditions de capacités sont étendues aux personnels et la justification par des documents
notamment la carte professionnelle délivrée par le Ministére en charge des assurances.

PARAGRAPHE III : LES SOCIETES DE REASSURANCE

La réassurance est selon Picard et Besson « un contrat entre un réassureur, dit cessionnaire et
un assureur professionnel dit cédant qui répond seul et intégralement vis à vis des risques par
lui assurés. Le réassureur prend en charge, moyennant rémunération, tout ou partie de ces
risques s’engageant à rembourser au cédant, dans les conditions déterminées, tout ou partie
des sommes dues, versées aux assurés au titre de sinistre. »
La réassurance se fait au niveau national et surtout international, car il y va même de la survie
des compagnies d’assurance. La réassurance est la méthode qui consiste à procéder à une
dispersion géographique des différents risques contenus dans le portefeuille des compagnies
d’assurance et d’éviter les conséquences des cumuls catastrophiques. On dit qu’elle permet de
niveler les différents risques lorsqu’elle est judicieusement opérée par une compagnie
d’assurances.
Le marché Sénégalais d’assurance entretient des relations avec les réassureurs par le biais des
cessions légales de réassurance et des traités de réassurance.
Voir aussi la Coassurance : Plusieurs assureurs qui opèrent au sein d'un même État,
peuvent également s'engager par une police unique.
En cas de sinistre, il n'y a pas de solidarité entre les Coassureurs dans leurs rapports
avec l'assuré.

I : Les cessions légales de réassurance

La cession légale est instituée au profit des sociétés africaines et sénégalaises de réassurance
pour les mêmes objectifs.

A : Les institutions bénéficiaires


Il s’agit entre autre de la société africaine de réassurance (AFRICA-RE), de la compagnie
régionale de réassurance (CICARE) et la société Sénégalaise de réassurance (SENRE).

1-AFRICA-RE :
L’accord portant création de la Société Africaine de Réassurance (AFRICA-RE) a été signé le
24 février 1976 à Lagos entre les pays membres de l’OUA et la BAD. Son capital initial était
de 15 millions de dollars US.
Chaque Etat membre devait s’engager à ce que les sociétés d’assurance et de réassurance
exerçant sur son territoire cèdent au moins 5% de leur traité de réassurance présents et futurs à
Africa-RE. Aux mêmes conditions que celles accordées aux réassureurs étrangers les plus
favorisés Art.27 de l’accord.
Après modification, les cessions faites au profit d’Africa-RE sont désormais de 5% des traités
de réassurance pour les sociétés de droit national et 5% des émissions pour les sociétés de
droit étranger. Toutefois, AFRICA-RE est libre d’accepter ou de refuser totalement ou
partiellement les cessions qui lui sont proposées. En clair, cela signifie que la société doit
refuser non seulement les mauvaises affaires, c’est à dire les primes mal tarifées, mais aussi
les affaires dépassant sa capacité de couverture.

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2-CI-CA-RE :
L’accord portant création de la Compagnie Régionale de Réassurance (CICA-RE) a été signé
le 24 septembre 1981 à Paris par les pays membres de la CICA (remplacée par la CIMA). Son
capital initial de 600 millions de francs CFA a été porté, après la dévaluation du franc CFA à
1,500 milliard f CFA.
Dans ce cadre, chaque Etat s’engage à ce que chaque organisme d’assurance exerçant sur son
territoire, à l’exclusion de ceux pratiquant exclusivement des opérations de réassurance cède
15% de tous les traités de réassurance souscrits par les sociétés de droit national et 10% des
primes directes pour les sociétés de droit étranger (art 32 de l’accord). Mais contrairement à
AFRICA-RE, la CICA-RE ne peut refuser les cessions qui lui sont faites.

3-SEN-RE :
La Société sénégalaise de réassurance (SEN-RE) a été créée par décret n° 87-1170 du 22
septembre 1987. La cession légale au profit de la SEN-RE a été instituée par la loi 89-26 du
06 juin 1989. L’assiette de la cession légale obligatoire de réassurance est la suivante. 20%
sur les primes émises pour les sociétés de droit étranger ; 6,5% sur les primes émises et 15%
sur les traités de réassurance en cours pour les sociétés de droit interne

B : Les objectifs poursuivis


Il s’agit :
- D’augmenter la capacité de rétention des primes du marché avec pour conséquence la
réduction des sorties de devises ;
- De réguler le marché en matière de tarification et de réparation des risques.
- De contribuer au développement économique et social des pays africains

II : Les traités de réassurance

Le traité de réassurance est une convention de réassurance entre le réassureur et l’assureur. Il


est conclu pour un ou plusieurs groupes d’affaires. Une fois signé, il se caractérise par la
cession obligatoire et l’acceptation obligatoire de tous les risques relevant du champ
d’application du traité. De manière générale, on distingue les formes de réassurance
proportionnelle et non proportionnelle.

A : Les formes proportionnelles de traités de réassurance


Elles comprennent les traités de réassurance en quote part et traités de réassurance en
excédant de plein.
1 Les traités de quote part ou en participation
Ce sont les formes de réassurance les plus simples. Les primes et les sinistres de l’ensemble
des affaires souscrites par la compagnie cédante dans une branche, ou une section de cette
branche sont répartis proportionnellement entre compagnie et réassureur. Sur chacun des
risques couverts par le traité, un même pourcentage est cédé au réassureur, généralement
jusqu’à une limite donnée. Les réassureurs se partagent donc le sort de la compagnie cédante
jusqu’à concurrence de leurs engagements.
Dans ce type de traité, la compagnie a droit à une commission sur les primes cédées et
parfois à une commission sur les bénéfices réalisés dans le cadre du traité.

2 Le traité de réassurance en excédant de plein


La forme du traité proportionnelle la plus courante est le traité en excédant de plein. Dans ce
type de traité, les primes et les sinistres concernant chaque risque, supérieur à ce que la
compagnie d’assurance cédante peut conserver pour son compte, sont répartis
proportionnellement entre la compagnie cédante et les réassureurs en excédant. La part de la

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cédante est celle qui correspond pour le risque considéré à son plein de conservation, et celle
des réassureurs à l’excédant réassuré, lequel est toujours soumis à la limite d’un nombre
maximal de plein, c’est dire d’un multiple maximal de la conservation pour compte de la
compagnie cédante. Au nombre de plein, qui constitue la capacité du traité, peut s’ajouter une
nouvelle quantité de plein faisant l’objet d’une deuxième, d’un troisième traité en excédant ou
plus.
Les réassureurs se partagent le sort de la cédante pour ce qui est du risque cédé dans sa
proportion convenue. La cédante perçoit une commission sur les primes cédées, et parfois sur
les bénéfices réalisés dans le cadre du traité.

B : Les formes non proportionnelles de réassurance


Elles comprennent les traités en excédant de sinistre et les traités en excédant de perte.
1 -Les traités en excédant de sinistre ou Excess loss :
Parmi les formes de réassurance non proportionnelles celle que l’on rencontre le plus souvent
est le traité en excédant de sinistre. Dans ces types de traités, la protection que constitue
l’assurance ne joue que dans le cas où la perte finale nette au titre d’un seuil ou d’une série de
règlement dû à un seul sinistre dépasse un chiffre déterminé fixé à l’avance. La réassurance ne
prend en charge que la partie du règlement comprise entre ce chiffre et une limite supérieure
convenue. La couverture en excédant peut l’être par une ou plusieurs branches successives de
couverture en excédant de couverture de sinistre qui ne joue que pour la portion dépassant le
plafond de la couverture précédente. Le taux de la prime en excédant de sinistre peut être soit
fixé, soit calculé en fonction de la perte maximale possible pour l’année ou la période
couverture ou une période antérieure, un taux maximum étant imposé.
En règle générale, les traités de réassurance en excédant de sinistre ne donnent lieu à la
prescription d’aucune commission ou participation au bénéfice.
2-Le traité de réassurance en excédant de perte ou Stop loss :
Par le traité en excédant de perte, l’assureur protège la totalité des résultats d’une branche
déterminée contre tout excédant du taux de sinistre par rapport à un taux convenu. Ce taux est
fixé à un niveau qui ne laisserait à l’assureur aucun bénéfice ou marge sur ce qu’il conserve
pour compte dans la branche couverte par le traité. La protection offerte par la couverture
s’élève à un certain plafond lui aussi convenu à l’avance il peut être un pourcentage de
sinistre ou tout simplement en valeur absolue. Il est aussi possible de combiner deux critères,
dans ce cas, c’est le mode de calcul aboutissant à l’indemnité la moins élevée qui sera retenue.
En général, l’assureur doit prendre en charge outre le taux de sinistre au dessus duquel la
garantie ne joue pas, un certain pourcentage de la couverture elle même. Ce type de garantie a
pour objet de limiter la perte commerciale d’une société d’assurance dans une branche
donnée. On dit que c’est une assurance contre la mauvaise gestion d’une entreprise.
A côté de ces traités, les compagnies d’assurance peuvent conclure des réassurances
facultatives pour faire couvrir de manière ponctuelle des risques qui ne le seraient pas dans le
cadre d’un traité.

SECTION II : LES CONSOMMATEURS D’ASSURANCE

L’expression permet de regrouper trois situations juridiques assez distinctes : Celle du


souscripteur, de l’assuré et des tiers bénéficiaires dans les assurances en cas de décès ou
victimes des assurances de responsabilité.

PARAGRAPHE I : LES SOUSCRIPTEURS DU CONTRAT D’ASSURANCE

Le contrat d’assurance est une convention passée entre un assureur et un souscripteur.

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Le souscripteur ou preneur d’assurance est la partie au contrat au nom de laquelle la police
d’assurance est signée et qui s’engage au paiement des primes. C’est souvent l’assuré lui
même qui souscrit pour son propre compte, mais il peut aussi souscrire pour le compte
d’autrui. A ce niveau une différence est à faire entre un souscripteur qui agit dans le cadre
d’un mandat ou d’une gestion d’affaire et un souscripteur qui agit pour lui même et pour une
autre personne par le mécanisme de la stipulation pour autrui. Dans le premier cas c’est le
mandant ou le géré qui est partie au contrat même si la ratification intervient après le sinistre.
En revanche, dans le second cas, c’est le stipulant qui est partie au contrat.

PARAGRAPHE II : L’ASSURE

C’est la personne physique ou morale sur qui reposent les intérêts. Pour une assurance vie,
c’est la personne qui est menacée par le risque couvert soit dans sa personne soit dans son
patrimoine. La qualité d’assuré est donc spécifique et ne peut donc être simplement ramenée à
celle de partie au contrat, ni à celle de bénéficiaire. On distingue ainsi, l’assuré souscripteur
de l’assuré bénéficiaire d’une assurance pour compte.

I : L’assuré souscripteur

C’est celui sur qui pèse le risque garanti et qui souscrit un contrat d’assurance pour son propre
compte. L’hypothèse de l’assureur souscripteur est assez fréquente. D’ailleurs, il arrive que le
langage courant et même le législateur assimile les deux termes.

II : L’assuré bénéficiaire d’une assurance pour compte

Dans le mécanisme de la stipulation pour autrui, on peut donner à un tiers la qualité de


créancier à condition que le stipulant ait un intérêt au contrat. Or, dans l’assurance pour
compte, le preneur d’assurance souscrit un contrat non seulement pour son propre compte
mais aussi pour le compte d’autrui, ce qui lui donne la qualité d’assuré. L’assurance pour
compte est fréquente dans les assurances de dommages et de personnes.

A : L’assurance pour compte dans les assurances de dommages


Selon l’art 05 al. 2 à 04 du Code CIMA « l’assurance peut aussi être contractée pour le
compte de qui il appartiendra».
« La clause vaut tant comme assurance au profit du souscripteur du contrat que comme pour
stipulation pour autrui au profit du bénéficiaire connu ou éventuel de la dite clause. »
« Le souscripteur d’une assurance pour le compte de qui il appartiendra est seul tenu au
paiement de la prime envers l’assureur. Les exceptions que l’assureur pourrait lui opposer
sont également opposable au bénéficiaire du contrat quel qu’il soit. »
L’assurance pour compte est utilisée aussi bien dans les assurances de choses que dans les
assurances de responsabilité.

1-L’assurance pour compte dans les assurances de choses


Elaborée à l’origine en droit maritime, l’assurance pour compte est notamment utilisée dans
les assurances terrestres par les détenteurs ou dépositaires de biens mobiliers appartenant à
autrui. Dans une telle hypothèse, les polices d’assurance incluent en fait la garantie de deux
risques qu’il faut bien distinguer :
- d’une part, le dépositaire souscrit une assurance de responsabilité qui le garantit lui-même au
cas où sa responsabilité serait rétablie à l’égard du propriétaire du bien d’autrui. Il n’y a ici
aucune assurance pour compte mais une simple assurance de responsabilité qui vaut au profit
du souscripteur de la police.

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- d’autre part, le dépositaire souscrit une assurance pour le compte de qui il appartiendra,
assurances de choses pour le compte des propriétaires de biens confiés au cas où les biens
seraient détruits en dehors de toute responsabilité établie de la part du dépositaire. Par
exemple en cas de vol ou d’incendie lorsque toutes les précautions ont été prises. L’assurance
pour compte lui permet de compléter la garantie de ses propres clients au delà de sa propre
responsabilité contractuelle, ceux-ci prenant la qualité d’assurés dans le contrat souscrit.
2-L’assurance pour compte dans les assurances de responsabilité
Le meilleur exemple c’est l’assurance automobile obligatoire. Elle garantit non seulement la
responsabilité du propriétaire de l’automobile souscripteur du contrat mais aussi celle de tout
gardien ou de tout conducteur autorisé ou non qui devient légalement assuré.

B : L’assurance pour compte dans les assurances de personnes


Ce sont les assurances de personnes qui sont son domaine de prédilection.
L’assurance de groupe est un contrat d’assurance souscrit par une personne morale ou chef
d’entreprise en vue de l’adhésion d’un ensemble de personnes répondant à des conditions
définies au contrat, pour la couverture des risques dépendant de la durée de la vie humaine,
des risques portant atteinte à l’intégrité physique de la personne ou liée à la maternité, des
risques d’incapacité de travail ou du risque de chômage. Les adhérents doivent avoir un lien
de même nature avec le souscripteur (art. 75 C.CIMA).
Dans tous les cas d’assurance pour compte, le bénéficiaire de cette stipulation a la qualité
d’assuré et dispose de ce fait d’une action directe contre l’assureur qui peut lui opposer toutes
les exceptions nées du contrat.

PARAGRAPHE III : LES TIERS

En dépit du principe de la relativité des contrats certains tiers bénéficient des prestations de
l’assureur. Ce sont les tiers bénéficiaires dans les assurances décès et les tiers-victimes dans
les assurances de responsabilité.

I : Les tiers bénéficiaires dans les assurances en cas de décès

C’est encore le mécanisme juridique de la stipulation pour autrui qui permet d’expliquer le
régime des assurances en cas de décès dans les assurances sur la vie.
En effet, lorsque le risque garanti est le décès de l’assuré, il est clair que celui ci ne peut pas
bénéficier lui même de la garantie prévue au contrat. C’est donc un tiers bénéficiaire désigné
par l’assuré qui recevra les prestations de l’assureur.

II : Les tiers victimes dans les assurances de responsabilité


Dans un contrat d’assurance de responsabilité, l’assuré est celui sur la tête de qui pèse le
risque de responsabilité et la victime n’est qu’un tiers du reste inconnu au moment de la
souscription du contrat. Cependant, si le responsable est débiteur de la dette de réparation, la
victime est une créancière d’indemnité particulièrement protégée en droit des assurances car
elle dispose d’une action directe contre l’assureur du responsable. Sa situation est plus
favorable que celle d’un assuré bénéficiaire d’une assurance pour compte car l’assureur peut
opposer à la victime la plus part des exceptions opposables à l’assuré responsable, à
l’exception des déchéances.

Ces précisons sur le contexte général ainsi que sur les principaux acteurs du marché
d’assurance faites, nous allons successivement étudier la conclusion et l’exécution du contrat
d’assurance, les éléments du contrat d’assurance et, enfin, le régime juridique des assurances
de personnes et de dommages.

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CHAPITRE I : CONCLUSION DU CONTRAT D’ASSURANCE

Le contrat d’assurance présente un certain nombre de caractères qui doivent être analysés
préalablement, pour mieux comprendre les règles qui régissent la conclusion du contrat et sa
validité

SECTION I : LES CARACTERES DU CONTRAT

L’assurance présente des caractères :


1- C’est un contrat consensuel. En effet, le contrat se forme en principe dés l’échange de
consentements des deux parties. Certes, un écrit constate l’engagement des parties mais il ne
s’agit là que d’une condition d’efficacité et de preuve du contrat. Toutefois l’art. 398 du code
de la marine marchande semble remettre en cause le caractère consensuel du contrat
d’assurance maritime. Ainsi dispose-t-il « l’assurance maritime est un contrat aléatoire,
écrit… », pouvons nous donc dire que le contrat d’assurance terrestre et en principe
consensuel tandis que celui maritime est soumis à la formalité de l’écrit pour être valable.
2- C’est un contrat synallagmatique. Les deux parties doivent s’engager réciproquement,
l’assuré pour faire les déclarations exactes et payer les primes afférentes à la garantie que
l’assureur lui propose, et l’assureur pour couvrir le risque prévu et indemniser en cas de
sinistre. Les obligations étant réciproques, si l’assuré ne respecte pas les siennes il encourt soit
la nullité, soit la déchéance, soit la suspension de la garantie. Et si l’assureur ne respecte pas
ses engagements, l’assuré peut intenter une action contre lui, et le cas échéant mettre fin au
contrat.
3- C’est un contrat aléatoire. Ce caractère est fondamental car il est l’essence même du
contrat d’assurance. Aussi un risque apparaît-il techniquement inassurable lorsque sa
réalisation est très probable, compte tenu des circonstances de fait. C’est pourquoi les
assureurs ne couvrent que des risques dont la réalisation ne dépend nullement de l’assuré.
C’est l’appréciation in concreto du caractère imprévisible de l’événement.
4- C’est un contrat à titre onéreux. L’assuré doit payer des primes ou cotisations, et
l’assureur indemnisé en cas de dommage résultant de la réalisation d’un sinistre. Par
conséquent on ne saurait parler d’intention libérale sauf dans les relations assuré-tiers
bénéficiaire dans les assurances de vie.
5- C’est un contrat à exécution succexive. Le contrat d’assurance est un contrat qui
s’échelonne dans le temps ; et plus précisément dans un futur inconnu qui conforte le
caractère aléatoire. Certes il est possible de souscrire une assurance pour une brève durée, par
exemple le temps d’un voyage aérien, mais cette garantie se prolonge en général après
l’instant de la conclusion ou de la prise d’effet. Le caractère successif du contrat d’assurance
rend compte de l’élément temporel de la garantie et des règles de la résiliation du contrat ou
de la divisibilité des primes au prorata de la période garantie.
6- C’est un contrat d’adhésion ceci ne justifie en rien une remise en cause du caractère
consensuel du contrat d’assurance terrestre. En fait les conditions générales du contrat sont
constatées dans un écrit élaboré par l’assureur : C’est la police d’assurance. L’assuré n’a pas à
discuter ces conditions générales, il les accepte ou non. En revanche il peut discuter les
conditions ou clauses particulières du contrat devant s’adjoindre aux conditions générales.
7- C’est un contrat de bonne foi. L’assuré a l’obligation de déclarer correctement les
risques lors de la conclusion du contrat et les sinistres dés leur survenance. La loyauté est
l’essence même du contrat d’assurance. C’est pourquoi la bonne foi de l’assuré est toujours
présumée et par conséquent la mauvaise foi prouvée de l’assuré est sanctionnée avec une
particulière sévérité par la nullité du contrat s’il y a mauvaise foi dans la déclaration des
risques, ou par la déchéance s’il y a mauvaise foi dans la déclaration du sinistre.

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SECTION II : LE PROCESSUS DE FORMATION DU CONTRAT D’ASSURANCE

Un contrat d’assurance initialement conclu est susceptible de modifications

Paragraphe 1: La conclusion initiale du contrat


Le processus de la conclusion d’un contrat d’assurance pose quelques problèmes notamment
la date de prise d'effet, par rapport à celle ou le contrat est formé, c’est à dire celle de
l’échange de consentement. Une question de preuve de ces dates se pose également.

A : Formation du contrat
Elle peut être décomposée de manière abstraite en deux phases : Une phase d’information et
une phase de consentement. Elles sont suivies de la signature de la police.

1- L’information préalable ; (Phase précontractuelle avec des obligations de conseil) :


Le contrat d’assurance est un contrat consensuel formé dés l’accord des parties sur l’objet de
la garantie et de son prix, mais cet accord est précédé de l’information de l’assuré par
l’assureur et de l’information de l’assureur par l’assuré. C’est la proposition d’assurance.
Dans le premier cas l’art. 06 al. 2 du Code CIMA exige à ce que l’assureur fournisse une fiche
d’information sur le prix, les garanties, et les exclusions ; et dans le second cas l’assuré fait
une demande de garantie d’assurance pour les risques qu’il déclare à travers un imprimé sous
forme de questionnaire remis par l’assureur. La proposition d’assurance ne fournit que des
renseignements. Elle n’engage ni l’assuré, ni l’assureur (art.06 al.1 Code CIMA).
2- L’échange des consentements
La proposition d’assurance n’est qu’une offre de contracter. L’assureur peut accepter ou
refuser. Il y a consentement lorsqu’il accepte de garantir le risque qui lui est proposé et qu’il
le tarifie. Si l’assureur n’approuve pas la proposition, il peut faire une contre proposition
jusqu’à ce qu’un accord intervienne.
3- La clause de la signature de la police par l’assuré
L’apposition de la signature de l’assuré sur la police prouve son acceptation. Mais afin
d’éviter toute contestation sur la date de l’accord, une clause figure presque toujours dans les
polices, aux termes de laquelle, l’assureur subordonne la protection du contrat à la signature
de la police par l’assuré. Il peut arriver même que la conclusion du contrat soit subordonnée
au versement de la première prime. Alors, le contrat devient un contrat réel pour la simple
raison que le paiement de la prime obligatoire du contrat déjà formé devient une condition de
formation du contrat.

B : La prise d’effet
En principe, le contrat prend effet dès qu’il est conclu. Mais, à partir de quand commence à
courir la garantie ? Pour éviter toute contestation, les polices contiennent des clauses qui
retardent la prise d’effet à un moment précis. Par exemple, il peut s’agir d’une clause de prise
d’effet le lendemain à midi du jour de la conclusion. Notons que si le contrat est
définitivement formé dés échange de consentements, l’obligation de garantie est subordonnée
au paiement de la prime par l’assuré. Toutefois, la clause de prise d’effet ne joue pas si
l’assureur a délivré une note de couverture immédiate ou si les clauses particulières du contrat
y dérogent.

C : La preuve du contrat
Selon l’art. 06 du Code CIMA « seule la police ou la note de couverture constate leurs
engagements réciproques » et l’art. 07, ajoute que « le contrat doit être rédigé dans la ou les
langues officielles du pays membre de la CIMA en caractère apparent »

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1- La police d’assurance :
C’est un document signé des parties qui constate l’existence et les conditions du contrat
d’assurance et qui en constitue l’élément de preuve par excellence. La police se présente sous
la forme d’un imprimé établi par l’assureur. Il comprend l’ensemble des clauses communes à
tous les contrats d’une même catégorie et appelées conditions générales. Elles sont
complétées par des conditions particulières. La police comporte des mentions obligatoires et
est soumise à des conditions de forme
-Les mentions obligatoires de la police.
Selon l’art.08 code CIMA « les polices d’assurance doivent indiquer les noms et domicile des
parties, la chose ou la personne assurée, la nature des risques garanties, le moment à partir
duquel le risque est garanti, son montant, les conditions de la tacite reconduction si elle est
stipulée, les cas et conditions de prorogation ou de résiliation du contrat ou de cessation de ces
effets, les obligations de l’assuré à la souscription du contrat et éventuellement en cours de
contrat. En ce qui concerne la déclaration du risque et la déclaration des autres assurances
couvrant les mêmes risques, les conditions et modalités de la déclaration à faire en cas de
sinistre, le délai dans lequel les indemnités sont payées, doivent être clairement mentionnés.
Pour les autres assurances, autres que les assurances contre les risques de responsabilité,
doivent être mentionnés clairement: la procédure, les principes relatifs à l’estimation des
dommages en vue de la détermination du montant de l’indemnité, la prescription des actions
dérivant du contrat d’assurance, les formes de préavis ainsi que les délais.
-Conditions de forme.
L’art 07 exige que les polices soient rédigées dans la ou les langues officielles des Etats
membres de la CIMA en caractères apparents. En revanche les clauses des polices édictant
des modalités des déchéances ou des exclusions ne sont valables que si elles sont mentionnées
en caractères très apparent .Quant aux polices des sociétés d’assurance mutuelle, elles doivent
constater la remise à l’adhérent du texte entier des statuts de la société.

2-La note de couverture :


Appelée encore lettre de garantie, lettre de couverture ou note de garantie, la note de
couverture est le document constatant l’existence d’une garantie provisoire avant
l’établissement d’une police d’assurance. Ce document souvent rédigé pour le compte d’une
entreprise d’assurance par un intermédiaire habilité, courtier ou agent général, permet à
l’assuré d’être immédiatement garanti sans attendre la rédaction définitive de la police
d’assurance. Si la garantie est subordonnée au paiement comptant de la première prime, elle
est alors délivrée avec la mention quittance. La note de couverture n’est qu’un moyen
provisoire de preuve et n’a plus d’effet dès qu’elle est remplacée par la police. La note de
couverture permet également de conférer une garantie provisoire à un assuré pressé faute
d’accord définitif. Elle n’est qu’un moyen de preuve pour la période définie et à l’expiration
de laquelle, la garantie cesse automatiquement.

Paragraphe 2 : La modification du contrat initial.


Le contrat d’assurance peut, en cours d’exécution être modifié en augmentation ou diminution
de garantie. Cette modification peut être le fait de l’assuré ou de l’assureur. Selon l’art 07 al 2
du Code CIMA: « Toute addition ou modification au contrat primitif doit être constatée par
un avenant signé des parties ». Cependant, avant la délivrance de l’avenant, l’assuré et
l’assureur, peuvent être engagés l’un à l’égard de l’autre par une note de couverture.

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CHAPITRE II : EXECUTION DU CONTRAT D’ASSURANCE

Une fois le contrat d’assurance conclu, il doit être exécuté conformément à la volonté des
parties. Mais pour éviter que les parties soient indéfiniment liées, il leur est donné la
possibilité de fixer librement la durée du contrat. Elle est parfois d’une année, parfois de cinq
(05) ou plus; peu importe la durée du contrat car les parties pourraient soit la prolonger par
tacite reconduction, soit l’abréger en résiliant le contrat.

SECTION I : LA TACITE RECONDUCTION

La cessation automatique du contrat à l’expiration du terme prévu peut présenter des


inconvénients aussi bien pour l’assureur qui perd la gestion d’un contrat, que pour l’assuré qui
peut se retrouver à découvert s’il a oublié la date d’expiration de son contrat. Aussi, la tacite
reconduction, utile pour les 2 parties, est-elle devenue une clause de style dans tous les
contrats d’assurance à durée déterminée. Toutefois, l’expression est inexacte car la
reconduction doit nécessairement résulter d’une clause expresse du contrat acceptée par
l’assuré.

Paragraphe 1 : les conditions de la tacite reconduction


Elles sont au nombre de 05:
- L’existence d’un contrat à durée déterminée;
- L’arrivée du terme fixé par les parties;
- L’insertion dans la police d’une clause expresse prévoyant que par accord tacite des
parties, il y aura reconduction du contrat;
- La durée maximale de la tacite reconduction ne doit en aucun cas dépasser un an (art
24 al 1);
- L’accord tacite des parties.

Paragraphe 2 : Effet de la clause

Le contrat est renouvelé pour 1 an et peut être ainsi indéfiniment prolongé d’année en année
par le jeu de cette clause. Tout contrat (modifié) prolongé par le biais de cette clause peut
faire l’objet de modification ou de résiliation.

SECTION II : LA RESILIATION DU CONTRAT D’ASSURANCE

La résiliation d’un contrat d’assurance peut être périodique ou exceptionnelle

Paragraphe 1 : La faculté périodique de résiliation.

Au principe d’une faculté annuelle de résiliation fixé par l’article 21 C.CIMA, certaines
exceptions sont prévues pour des branches d’assurance vie ou des risques professionnels
d’entreprises.

A- Le principe de la faculté annuelle de résiliation pour les assurances de dommage.


Selon l’article 21 : « L’assuré à le droit de résilier le contrat à l’expiration d’un délai d’un an
en envoyant sa lettre recommandée à l’assureur au moins 2 mois avant la date d’échéance ».
Ce droit qui appartient aussi à l’assureur doit être rappelé dans la police.

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B- Les exceptions à la faculté annuelle de résiliation.
Il peut être dérogé à cette règle pour les contrats, individuels d'assurance maladie, pour la
couverture des risques de construction et des risques autres que ceux des particuliers. Le droit
de résilier le contrat tous les ans doit être rappelé dans chaque police. Le délai de résiliation
court à partir de la date figurant sur le cachet de la poste.
C- Effet de la résiliation.
Lorsque l’une des parties a utilisé la faculté de résiliation qui lui était offerte en respectant le
délai de préavis, le contrat prend fin à la date d’anniversaire de sa prise d’effet, et
corrélativement les obligations des parties n’existent plus. Deux remarques doivent être
faites à cet égard :
- La résiliation étant intervenue au terme d’années complètes de garantie, la règle de la
divisibilité de la prime d’assurance ne joue pas et l’assureur n’a pas à restituer un prorata de
prime reçu pour une période non garantie;
- Corrélativement, en exerçant la faculté périodique de résiliation, l’assuré exerce un
droit légal qui n’entraîne aucun préjudice pour l’assureur et aucune indemnité de résiliation ne
saurait être prévue à son encontre dans la police.

Paragraphe 2 : La faculté exceptionnelle de résiliation.

Des conditions de fond et de procédure sont exigées.

A- Les conditions de fond.


Elles concernent les contrats pouvant être résiliés et les événements qui peuvent donner lieu à
cette faculté. S’agissant des contrats, la faculté exceptionnelle peut s’appliquer à toutes les
branches d’assurance. Quant aux événements, la résiliation ne peut intervenir que dans les cas
suivants : changement de domicile, de profession, de situation, ou de régime matrimonial, en
cas de retraite professionnelle ou de cessation définitive d’activité professionnelle.
La survenance de l’un des évènements, n’ouvre une faculté de résiliation, que pour les
contrats d’assurance qui ont pour objet la garantie de risques en relation directe avec la
situation nouvelle (art.25 Code CIMA).

B- Les conditions de procédure.


Elles concernent les conditions de formes, le délai de résiliation et la preuve de l’événement.

1 - Les conditions de formes :


La partie qui entend résilier un contrat sur cette base doit adresser à l’autre une lettre
recommandée avec demande d’accusé de réception indiquant la nature et la date de
l’événement qu’elle invoque et donnant toute précision de nature à établir que la résiliations
en relation directe avec le dit événement (art. 26 C.CIMA).
2 - Le délai :
La résiliation du contrat ne peut intervenir que dans les trois mois suivants la date de
l’événement. Lorsque la résiliation est demandée par l’assuré, le délai de trois mois part de la
date de l’événement donnant naissance à la situation nouvelle (art.27 Code CIMA).
Mais en cas de retraite professionnelle ou de cessation définitive d’activité, le point de départ
est le lendemain de la date à laquelle la situation antérieure prend fin. Lorsqu’un événement
est constitué ou constaté par une décision juridictionnelle, ou lorsqu’il ne peut en être déduit
d’effets juridiques qu’après homologation ou décision d’exequatur, la date retenue est celle à
laquelle cet acte juridique est passé en force de chose jugée (art.27 Code CIMA).
Lorsque la résiliation est demandée par l’assureur, le délai court au jour où il reçoit
notification de l’événement par lettre recommandée avec demande d’avis de réception. Passé
le délai de trois mois, après la notification faite par l’assuré de l’événement, l’assureur sera

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forclos. Mais son droit n’est pas lié à la notification; il prend naissance dés qu’il a eu
connaissance de l’événement.
3-L a preuve de l’événement :
Pour les changements de situation matrimoniale, la lettre recommandée doit être
accompagnée d’acte de l’état civil ou d’une expédition ou d’un extrait de la décision
judiciaire.
En revanche, les changements de profession ou de domicile et cessation d’activités
professionnelles ou de retraite peuvent être prouvés par tous les moyens.

C- Les effets.
La date de prise d’effet est fixée à un mois après que l’autre partie ait reçu notification (art.25
Code CIMA). Ici la résiliation va intervenir à n’importe quel moment dans une année de
garantie alors que l’assuré aura payé sa prime annuelle entière. Aussi le Code CIMA impose
t-il de rembourser à l’assuré la partie de prime ou de cotisation correspondant à la période
pendant laquelle le risque n’aura pas couru. Cette période est calculée à compter de la date
d’effet de la résiliation (art. 25 al. 5). Tout paiement d’indemnité de résiliation à l’assureur est
interdit.
Il convient aussi de relever l’existence d’autres cas de résiliation tels : le non paiement de la
prime, l’aggravation du risque, l’omission ou l’inexactitude dans la déclaration du risque, à la
souscription ou en cours de contrat, en cas de sinistre si une clause du contrat l’a
expressément prévu, en cas de perte totale du bien ou de liquidation des biens ou de règlement
judiciaire de l’assuré.

TITRE II : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU CONTRAT D’ASSURANCE

La définition du contrat d’assurance permet de dégager trois éléments que l’on retrouve dans
tous les contrats : un risque à garantir, une prime qui est le prix de la sécurité, une prestation
de l’assureur en cas de sinistre.

CHAPITRE I : LE RISQUE

Des trois éléments du contrat d’assurance (risque, prime, sinistre) le risque est le plus
fondamental ; il détermine les deux autres. En effet, le calcul des primes et celui de
l’indemnisation en cas de réalisation des sinistres, sont fonction du risque assuré.
Selon Mme Yvonne Lambert FAIVRE, le mot risque est susceptible de plusieurs acceptions
dont les principales sont : le « risque-événement », « le risque-objet » de la garantie et, le
« risque-dommage ».
Le risque est d’abord l’éventualité d’un événement aléatoire par exemple l’incendie, le décès,
la responsabilité civile : c’est l’événement, le fait générateur du sinistre.
Le risque est également l’objet de la garantie, c’est à dire l’élément du patrimoine ; l’activité,
ou la personne menacée par le risque événement, et auxquels s’applique la garantie. Par
exemple : pour le risque assuré contre l’incendie on parlera de risque bien protégé si
l’immeuble est équipé par des moyens efficaces de prévention contre l’incendie. Par
extension, le risque est le dommage lui même causé par la sinistre et que l’on désigne parfois
sous l’expression « exclusion de risque » c’est à dire certains dommages non garantis. Mais
l’expression exclusion de garantie serait plus exacte. Etant l’élément fondamental même du
contrat d’assurance, le risque doit être aléatoire, réel et licite. Il doit surtout être déterminé par
une déclaration de risque et circonscrit par des exclusions de risque

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SECTION I: LA DETERMINATION DES RISQUES ASSURES

La déclaration des risques est l’une des obligations absolument fondamentales de l’assuré et
dont le but est de permettre à l’assureur de former son opinion sur le risque à garantir, de le
classer dans les catégories de risques répertoriés et de déterminer enfin le prix de la garantie.
L’assuré doit déclarer les risques lors de la conclusion du contrat, et en cours de contrat
lorsque des circonstances nouvelles viennent modifier le risque initial. Le non respect de ces
obligations est sanctionné.

Paragraphe 1: La déclaration des risques lors de la conclusion du contrat


Aux termes de l’article 12 2e Code CIMA : « L’assuré est obligé de répondre exactement aux
questions posées par l’assureur notamment dans le formulaire de déclaration de risque par
lequel l’assureur l’interroge lors de la conclusion du contrat sur les circonstances qui sont de
nature à faire apprécier par l’assureur les risques qu’il prend en charge ». Cette disposition
pose concrètement la question de l’objet et de la forme de la déclaration.

A- L’objet de la déclaration
L’assuré doit déclarer les circonstances objectives et subjectives connues de lui.
Les circonstances objectives sont celles qui tiennent à l’objet même du contrat et permettent à
l’assureur de mesurer la probabilité et l’intensité du risque et de tarifer en conséquence ;
exemple : le lieu de situation ou la qualité des matériaux de construction.
Les circonstances subjectives sont celles qui concernent la personne de l’assuré sujet du
contrat. On se posera un certain nombre de questions : est-il assuré ailleurs pour le même
risque ? A-t-il déjà subi des sinistres ? A-t-il été résilié auprès d’une compagnie d’assurance ?
Ces déclarations permettent de tester la moralité, le sérieux de l’assuré et de déterminer
l’acceptation de l’assureur.

B- Forme de la déclaration
L’assuré doit répondre correctement aux questions posées par l’assureur dans le formulaire de
déclaration du risque pour lequel celui-ci l’interroge. Si l’assureur omet une question sur un
aspect important du risque l’assuré ne sera pas en faute. En effet, les termes du questionnaire
doivent être précis et non rédigés en termes généraux.

Paragraphe 2 : La déclaration de circonstances nouvelles en cours de contrat


La finalité de l’assurance qui est la sécurité, commande une adaptation de ce contrat qui est à
exécution successive. Les circonstances nouvelles peuvent, en effet, aggraver ou diminuer le
risque.

A- L’aggravation du risque
L’article 12 3e Code CIMA, oblige l’assuré : « de déclarer, en cours de contrat, les
circonstances nouvelles qui ont pour conséquence soit d’aggraver les risques, soit d’en créer
de nouveaux rendant de ce fait inexactes ou caduques les réponses faites à l’assureur » dans le
questionnaire initial. En revanche, l’aggravation des risques étant le propre de l’assurance vie
la déclaration des circonstances nouvelles ne concerne pas cette catégorie. Si l’assureur
n’aurait pas contracté en ayant connaissance de l’aggravation du risque, l’on parle d’exclusion
de risque. Mais si l’assureur aurait contracté moyennant une prime plus élevée, il y a
aggravation de risque (article 15). Si l’aggravation n’est pas très importante ou pour des
raisons commerciales l’assureur peut même assurer le risque sans surprime, la déclaration
n’est pas nécessaire.

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Les circonstances nouvelles doivent être déclarées par lettre recommandée à l’assureur dans
un délai de 15 jours à partir du moment où l’assuré en a eu connaissance. (Article 12 - 3e –
§2).
Dès la déclaration, l’assureur est tenu de couvrir le risque aggravé jusqu’à sa prise de
décision. Mais si au bout de 15 jours il ne répond pas, son silence vaut acceptation (article 06
al 3). S’il consent au maintien de l’assurance, il ne peut plus se prévaloir de l’aggravation du
risque.

B- La diminution du risque.
En cas de diminution du risque en cours de contrat, l’assuré a le droit à la diminution
de la prime. Et si l’assureur ne rembourse pas la portion de prime ou cotisation à l’assuré, il
peut résilier le contrat. Il en est de même en cas de disparition des circonstances ayant aggravé
le risque. Cependant, il faut observer que l’assureur peut lui aussi résilier le contrat s’il refuse
de tenir compte de la disparition des circonstances aggravantes.

Paragraphe 3 : Les sanctions des obligations de l’assuré en matière de déclaration de


risque.
Dans l’étude, une différence doit être faite entre la bonne ou mauvaise foi de l’assuré. Par
ailleurs, l’article 20 du Code CIMA édicte une déchéance en cas de déclaration tardive.

A – La fausse déclaration intentionnelle : l’assuré est de mauvaise foi


Aux termes de l’article 18 du Code CIMA : « …le contrat d’assurance est nul en cas de
réticence ou de fausse déclaration intentionnelle de la part de l’assuré, quand cette réticence
ou cette fausse déclaration change l’objet du risque ou en diminue l’opinion pour l’assureur,
alors même que le risque omis ou dénaturé par l’assuré a été sans influence sur le sinistre. »
« Les primes payées demeurent alors acquises à l’assureur, qui a droit au paiement de toutes
les primes échues à titre de dommages-intérêts. »
Il appartient cependant à l’assureur de prouver la fausse déclaration intentionnelle ou la
réticence de l’assuré. La mauvaise foi peut être établie par tous les moyens. La conséquence
de la fausse déclaration est la disparition rétroactive de la garantie due par l’assureur et la non
restitution des primes par l’assureur. Les primes échues et non encore versées seront perçues
par l’assureur.

B – La fausse déclaration non intentionnelle : l’assuré est de bonne foi


Selon l’article 19 du Code CIMA : « l’omission ou la déclaration inexacte de la part de
l’assuré dont la mauvaise foi n’est pas établie n’entraîne pas la nullité de l’assurance ».
Cependant il faut distinguer selon que l’irrégularité est découverte avant ou après le sinistre.
a) L’irrégularité est découverte avant le sinistre
Dans ce cas, l’assureur peut opter entre le maintien sans surprime, le maintien avec surprime
et la résiliation du contrat.
b) L’irrégularité est découverte après le sinistre
Ici, on applique « la règle proportionnelle de la prime » ou « la règle proportionnelle de taux
de prime ». La sanction est alors la réduction de l’indemnité en proportion du taux de prime
payé par rapport au taux de prime qui aurait été dû si les risques avaient été complètement et
exactement déclarés.
C’est la sanction de la sous tarification du risque.
Enfin, l’assureur peut également opter pour la résiliation même après la réalisation du sinistre.

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C – La déclaration tardive des aggravations de risques
L’article 20 du Code CIMA institue la déchéance pour déclaration tardive, si celle-ci est
prévue par une clause du contrat et qu’elle a causé un préjudice à l’assureur. Cette sanction est
inappropriée dans la mesure où, au sens strict du terme, la déchéance est la sanction des fautes
de l’assuré après sinistre, ce qui n’est pas le cas ici. De plus, la sanction est inopérante en cas
de force majeure.

D – Les déclarations irrégulières non sanctionnées


a) Du fait de l’assuré
L’assuré peut invoquer la force majeure l’ayant empêché de remplir son obligation.
De même, s’il a ignoré les faits, il n’est pas en faute et il n’encourt aucune sanction.
Enfin, la rétractation, c.à.d. la déclaration spontanée avant tout sinistre, des circonstances
exactes auparavant scellées, rétablit la bonne foi de l’assuré ; elle place l’assureur devant
l’option entre le maintien avec surprime ou la résiliation du contrat.
b) Du fait de l’assureur
Trois exceptions peuvent être invoquées par l’assuré contre l’application de sanctions :
- la connaissance par l’assureur, ou son mandataire de faits omis ou inexactement déclarés ;
- la renonciation par l’assureur aux sanctions devant être encourues par l’assuré ;
- la prescription biennale dont le point de départ du délai est le jour où l’assureur a eu
connaissance de la réticence, de l’omission, de la déclaration fausse ou inexacte. Toutefois,
lorsque l’assureur intente un recours contre l’assuré après avoir réglé la victime, le point de
départ du délai doit être le jour du paiement qui fonde l’action récursoire, contraire à l’acte
subrogatoire.

SECTION II : LES EXCLUSIONS DE RISQUES

Les risques qui demeurent, en principe, en dehors de l’objet du contrat peuvent être exclus
soit par la loi comme les risques de guerre (art. 38 du Code CIMA) ou la faute intentionnelle
de l’assuré ou d’un bénéficiaire, soit par la volonté des contractants manifestée dans une
clause expresse de la police.

Paragraphe 1 : L’exclusion légale des risques de guerre.


L’assureur ne répond pas, sauf convention contraire, des pertes et dommages occasionnés soit
par la guerre étrangère, soit par la guerre civile, soit par des émeutes ou par des mouvements
populaires. Il appartient à l’assuré de prouver que le sinistre résulte d’un fait autre que le fait
de guerre étrangère. En revanche, c’est à l’assureur de prouver que le sinistre résulte de la
guerre civile, d’émeutes ou de mouvements populaires.

Paragraphe 2 : L’exclusion légale de la faute intentionnelle ou dolosive, le sinistre est


volontaire.
En matière d’assurance, il y a « faute intentionnelle ou dolosive » lorsque celui qui agit veut
réaliser le dommage garanti et provoque sciemment et volontairement le sinistre (sinistre aux
conséquences voulues).
En réalité et contrairement à l’expression légale, l’exclusion n’a pas pour objet la faute
volontaire et délibérée, mais le sinistre volontaire aux conséquences voulues. Aux termes de
l’article 11 du Code CIMA : « Les pertes et dommages occasionnés par cas fortuit ou causés
par la faute de l’assuré sont à la charge de l’assureur, sauf exclusion formelle et limitée
contenue dans la police. »
« Toutefois, l’assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d’une faute
intentionnelle ou dolosive de l’assuré. »

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L’aléa n’existant plus, la faute intentionnelle devient une exclusion légale de risque qui
s’applique aussi bien dans les assurances de dommages que dans les assurances de personnes :
suicide conscient, volontaire et lucide de l’assuré dans les assurances en cas de décès survenu
dans les deux ans de la conclusion du contrat (art. 78 du Code CIMA).
Cependant, l’exclusion légale dans les assurances dommages admet une exception édictée à
l’article 32 du Code CIMA : « L’assureur est garant des pertes et dommages causés par des
personnes dont l’assuré est civilement responsable quelles que soient la nature et la gravité
des fautes de ces personnes, ou par des choses qu’il a sous sa garde ».

Paragraphe 3 : Les exclusions conventionnelles de risques.


En dehors des exclusions édictées par le législateur, il appartient aux parties de délimiter
d’une manière précise le contenu de leur contrat.
Les exclusions conventionnelles de risques se font d’abord par la détermination de l’objet du
contrat : ce sont les exclusions externes. En effet, tout ce qui ne fait pas partie du champ
contractuel est exclu tacitement.
Exemple : L’assurance incendie pour une maison n’est pas une assurance automobile. Ainsi,
l’intitulé de la police revêt une grande importance.
Ensuite, dans le cadre du contrat, les assureurs ajustent leur taux de prime en retenant tel ou
tel risque et en excluant tel autre risque. Ce sont les exclusions internes. A ce niveau, il
appartiendra à l’assureur qui invoque une exclusion de risque d’en démontrer l’existence
conventionnelle et l’application aux faits de la cause.
Toutefois, pour être valables ces exclusions internes doivent être formelles et limitées au fond
(article 11 al. 1 Code CIMA). Cela signifie que l’exception doit être claire, précise et non
équivoque. Elle ne doit pas être non plus générale.
La clause d’exclusion a pour effet de délimiter le champ de la garantie contractuelle, hors
duquel il n’y a pas d’assurance. C’est pourquoi l’on assimile l’exclusion de risque au non
assurance.

CHAPITRE II : LA PRIME

Techniquement, la prime représente le coût de la garantie du risque ; le calcul de la prime


relève effectivement d’une évaluation essentiellement technique. Mais juridiquement, elle est
la contrepartie de la sécurité vendue par l’assureur ; l’obligation pour l’assuré au paiement de
la prime est la cause de l’obligation corrélative de garantie de l’assureur en cas de sinistre.
Le terme générique « prime » prend le nom de cotisation dans les entreprises d’assurances à
caractère mutuel.

SECTION I : LE CALCUL DE LA PRIME

Bien qu’étant fixé de commun accord entre les parties, la prime définitive appelée prime
commerciale, comprend la prime pure augmentée des chargements (élément dont
l’appréciation échappe à l’assuré).

Paragraphe 1 : La prime pure ou prime technique


La prime pure ou technique dépend essentiellement du risque. Sa détermination fait intervenir
plusieurs éléments : la probabilité de réalisation de l’événement garanti (fréquence),
l’intensité de ses conséquences (coût moyen) la durée de l’assurance, le taux d’intérêt des
placements financiers.
Donc : 1 - Prime pure = taux de prime x capitaux assurés et
2 – Taux de prime = fréquence x coût moyen des sinistres.

20
Par ailleurs, l’assureur dispose de deux règles proportionnelles dont l’application lui permet
de rétablir l’équilibre du contrat si celui-ci est rompu : c’est la règle proportionnelle de prime
ou la règle proportionnelle de taux de prime et, la règle proportionnelle de capitaux ou règle
proportionnelle d’assiette de prime.
Dans le premier cas, si l’assureur a sous tarifé par suite d’une erreur de l’assuré, il pourra se
rattraper au moment de l’indemnisation par la règle proportionnelle de taux de prime qui est la
sanction de la sous tarification du risque, c’est-à-dire qu’il versera une indemnité réduite :
Indemnité réduite = Dommage X Taux de prime payé
Taux de prime dû
Dans le second cas, s’il apparaît le jour du sinistre que la valeur déclarée est inférieure à la
valeur assurable réelle, on dit qu’il y a sous assurance et l’équilibre peut être rétabli par la
règle proportionnelle de capitaux qui se traduit par une réduction de l’indemnité en cas de
sinistre dans la proportion du rapport entre valeur déclarée et valeur assurable réelle :
Indemnité réduite = Dommage X Valeur déclarée
Valeur réelle

Paragraphe 2 : Les chargements de la prime


Le chargement est la somme qu’il faut ajouter à la prime pure d’une assurance afin de couvrir
un certain nombre de frais inhérents à la gestion toujours complexe d’une entreprise et à la
gestion particulière du contrat souscrit.
La prime pure, coût du risque, augmentée du chargement commercial est la prime nette ou
prime commerciale à laquelle il faut encore ajouter les taxes que l’assureur perçoit pour le
compte de l’Etat pour obtenir la prime totale payée par le souscripteur.
Les chargements commerciaux sont composés d’une part, des frais généraux inhérents à
l’organisation de l’entreprise (loyers, salaires du personnel, prévention, expertises, impôts
propres à l’entreprise, etc.), d’autre part, des frais propres à chaque contrat (frais d’acquisition
des contrats et notamment les commissions versées aux intermédiaires et les frais
d’encaissement des primes).

SECTION II : LE PAIEMENT DE LA PRIME

Conformément à l’article 13 du C.CIMA : la prise d’effet de la garantie est subordonnée au


paiement de la prime. Le paiement de la prime est donc une obligation fondamentale dans le
contrat synallagmatique d’assurance. Mais si la prime n’est pas payée à l’échéance, une
procédure spéciale doit être rigoureusement respectée.

Paragraphe 1 : L’obligation au paiement de la prime


Cette obligation existe pour toutes les formes d’assurances sauf pour l’assurance-vie. En effet,
en raison de la longue durée de celle-ci, les assurés peuvent y mettre fin à tout moment en
fonction de leurs besoins et de leurs possibilités. Le débiteur de l’obligation est le souscripteur
du contrat d’assurance. La prime est payable, en principe, au domicile de l’assureur ou de son
mandataire.

Paragraphe 2 : La procédure en cas de non-paiement


En cas de non paiement de la prime ou d’une fraction de prime dans les dix jours de son
échéance, la garantie ne peut être suspendue que dans un délai de trente jours après mise en
demeure de l’assuré. Mais dès que l’assuré s’acquitte de son obligation, le contrat reprend ses
effets le lendemain à midi.

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Si dans dix jours après le délai de trente jours, la prime n’est pas payée, l’assureur peut résilier
le contrat. Et en application du principe de la divisibilité de la prime, l’assureur conservera la
part de la prime correspondant à la période garantie.

CHAPITRE III : LE SINISTRE.

Il y a sinistre lorsque le risque prévu dans un contrat valable et en cours d’exécution se réalise
en suscitant l’obligation de garantie de l’assureur. La réalisation du sinistre entraîne de la part
de l’assuré et de l’assureur un certain nombre d’obligations. Elle pourrait permettre à
l’assureur de résilier le contrat s’il le veut.

SECTION I : LES OBLIGATIONS DE L’ASSURE


L’assuré est légalement tenu d’une obligation : de déclarer le sinistre à l’assureur. Mais il peut
être conventionnellement soumis à d’autres obligations telles que fournir, en assurance de
choses, un état détaillé et estimatif de ses pertes avec instructions utiles, déposer une plainte
auprès du Procureur de la république en cas de vol, permettre au médecin conseil de faire
toute constatation nécessaire en cas d’assurance contre les accidents corporels, appeler un
vétérinaire dans les assurances contre la mortalité du bétail.
Néanmoins l’obligation légale de déclaration du sinistre, commune à tous les contrats
d’assurances, en est la plus importante.
Le non respect des obligations légales ou même conventionnelles est sanctionné par la
déchéance.

Paragraphe 1 : L’obligation de déclaration du sinistre.


Selon l’article 12 du Code CIMA : « l’assuré est obligé de donner avis à l’assureur, dés qu’il
en a eu connaissance et au plus tard dans le délai fixé par le contrat, de tout sinistre de nature
à entraîner la garantie de l’assureur. Ce délai ne peut être inférieur à 05 jours ouvrés. »
« En cas de vol ou en cas de sinistre mortalité bétail, ce délai est fixé à 48 h. »
« Les délais peuvent être prolongés d’un commun accord entre les parties contractantes. »
Les dispositions mentionnées ci-dessus ne sont pas applicables aux assurances sur la vie en
raison de l’absence de mesures préventives sur une personne déjà morte.
Cependant, les bénéficiaires ont intérêt à fixer la déclaration dans les meilleurs délais. Il
convient donc d’observer d’une part, qu’aucune forme de déclaration n’est exigée à l’assuré
et, d’autre part, que le délai commence à courir le lendemain à 00 h de la connaissance du
sinistre.

Paragraphe 2 : La déchéance
C’est une sanction spécifique des fautes commises par l’assuré après le sinistre.
Pour une meilleure compréhension du concept, nous verrons la définition, l’objet des clauses
de déchéance, les conditions d’application et enfin les effets de la déchéance.

A- Définition.
Une déchéance se définit comme une perte d’un droit. En matière d’assurance, la déchéance
est la perte du droit à la garantie de l’assureur édictée conventionnellement à l’encontre d’un
assuré qui n’a pas exécuté ses obligations en cas de sinistre.

B- Objet des clauses de déchéances.


Sanction conventionnelle, la déchéance n’est cependant pas totalement laissée à la discrétion
de l’assureur.
a) Irrégularités pouvant être sanctionnées par la déchéance

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Il s’agit du retard :
 Dans la déclaration du sinistre à l’assureur.
 Dans la déclaration des aggravations de risque.
 De la surévaluation frauduleuse des pertes.
b) Irrégularités ne pouvant pas être sanctionnées par la déchéance
 Violation de lois et règlements sauf si cette violation constitue un crime ou un délit
intentionnel.
 Simple retard dans la déclaration aux autorités.
 Simple retard apporté à la production des pièces.
 Immixtion de l’assuré dans le procès en responsabilité quand il avait intérêt à le faire.
 Reconnaissance de responsabilité et transaction avec la victime.

C- Conditions d’application des déchéances.


La déchéance est une sanction conventionnelle prévue par une clause expresse du contrat pour
protéger l’assureur contre les abus des assurances. Le législateur a édicté des conditions de
forme et de fond.
Pour les conditions de formes ; la déchéance doit être spéciale, claire précise, et mentionnée
en caractère apparent.
Quant à la condition de fond; un préjudice doit être causé par la faute de l’assuré. Autrement
dit il ne peut invoquer la déchéance que s’il établit que la faute de l’assuré lui a causé un
préjudice.

D- Effets de la déchéance.
a) Dans les rapports assureur-assuré : l’effet spécifique de la déchéance est pour l’assuré : la
perte de la garantie à laquelle le contrat lui donne droit.
Mais ce droit à garantie n’est perdu que pour le sinistre à propos duquel la faute a été
commise.
L’assuré devra prouver qu’il a bien droit à la garantie demandé mais c’est à l’assureur qui
invoque la déchéance de prouver la faute de l’assuré et le dommage que celle-ci lui a causé.
L’assuré peut invoquer la renonciation non équivoque de l’assureur qui désignerait des
experts ou proposerait un règlement à l’amiable ou qui mettrait en œuvre une clause de
direction dans les assurances de responsabilité.
Il peut aussi invoquer la force majeure qui l’aurait empêché de remplir ses obligations.
b) Opposabilité de la déchéance à l’égard des tiers :
Selon l’article 10 du Code CIMA :
« L’assureur peut opposer au porteur de la police ou au tiers qui en invoque le bénéfice, les
exceptions opposables au souscripteur original. »
En revanche, les déchéances sont inopposables aux victimes ou à leur ayant droits qui
disposent d’une action directe contre l’assureur dans les assurances de responsabilité.
Les exceptions personnelles au débiteur ne sont pas, selon l’art.204 COCC, « opposables aux
créanciers qui bénéficient d’un privilège sur la créance de son débiteur ».

SECTION II : LES OBLIGATIONS DE L’ASSUREUR EN CAS DE SINISTRE

L’obligation fondamentale de l’assureur est le paiement de la prestation dans le délai convenu


dans le contrat (article 16 Code CIMA).
Néanmoins celui-ci peut s’être engagé par des clauses de la police à assumer d’autres
obligations notamment celle de diriger la défense de son assuré en responsabilité dans le
procès intenté contre lui par la victime : il s’agit d’une obligation de faire de la part de
l’assureur.

23
Mais pour que l’assureur soit tenu il faut que l’obligation de l’assureur devienne certaine par
la réalisation du sinistre et que la preuve de la créance soit faite par l’assuré ou le bénéficiaire
de l’assurance.
Si l’assureur ne paye pas la prestation due dans les délais il devra verser des intérêts
moratoires au créancier à compter du jour de la sommation de payer sans que l’assuré soit
tenu de justifier d’aucune perte et si le retard dans le versement de l’indemnité est dû à la
mauvaise foi de l’assureur il peut en plus être condamné à des dommages et intérêts

SECT. III : LA FACULTE DE RESILIATION DE L’ASSUREUR APRES SINISTRE

La leçon tirée des circonstances d’un sinistre peut inciter l’assureur à mettre fin au contrat qui
en principe doit être conduit à son terme. Cette faculté qui est d’origine légale connaît
certaines limites dans les assurances obligatoires.

Paragraphe 1 : La licéité de la faculté de résiliation


L’article 23 du Code CIMA dispose : « Dans le cas où une police prévoit pour l’assureur la
faculté de résilier le contrat après sinistre la résiliation ne peut prendre effet qu’à l’expiration
d’un délai d’un mois à dater de la notification à l’assuré.
L’assureur qui, passé le délai d’un mois après qu’il eut connaissance du sinistre, a accepté le
paiement d’une prime ou cotisation ou d’une fraction de primes ou cotisation correspondant à
une période d’assurance débutée postérieurement au sinistre ne peut plus se prévaloir de ce
sinistre pour résilier le contrat. »
On peut donc retenir que :
- La résiliation conventionnelle doit être expressément prévue par une clause de la
police ;
- L’assureur est libre de se prévaloir ou non de cette clause ;
- Le prime est divisible ;
- L’assuré dispose d’un moyen de pression pour faire maintenir la police sinistrée dans
les cas où il a souscrit d’autres contrats importants auprès du même assureur.

Paragraphe 2 : Les limites à la résiliation après sinistre : cas des assurances obligatoires.
En pratique, la faculté de résiliation est presque impossible pour l’assuré en matière
d’assurance obligatoire et notamment en assurance automobile où, l’obligation de s’assurer
est imposée à l’assuré. L’assuré a tout intérêt à rester auprès du même assureur après un
sinistre qui lui est imputable. Car en changeant d’assureur, l’assuré pourrait payer une prime
plus élevée s’il fournit des informations correctes sur son passé en remplissant le
questionnaire. Par ailleurs, le défaut d’assurance automobile étant un délit au Sénégal.

TITRE III : LE REGIME JURIDIQUE DES ASSURANCES

La classification fondamentale en droit des assurances est celle-ci : les assurances de


dommage dont le régime juridique sont dominées par le principe indemnitaire, et les
assurances de personnes dont le régime est lié à la détermination purement contractuelle des
obligations de l’assureur et dominée par le principe forfaitaire.

CHAPITRE I : LES ASSURANCES DE PERSONNES

Les assurances sur la vie, assurance accident corporel et assurance maladie ont en commun un
aspect juridique qui est leur caractère forfaitaire, et un aspect social qui est leur finalité de
protection des risques de la vie, de la vieillesse et de la maladie accidentelle ou non.

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Assurance sur la vie et assurance des dommages corporels sont souvent réunies car elles sont
complémentaires dans leur rôle de protection sociale. Cependant leur technique juridique et
leurs règles de gestions sont sensiblement différentes et conduisent à en faire une étude
séparée.

SECTION I : LES ASSURANCES SUR LA VIE.

Avant d’aborder les spécificités de l’assurance sur la vie à savoir, la provision mathématique
et le règlement de l’assurance, nous allons faire état des différents risques garantis dans les
assurances sur la vie.

Paragraphe 1 : Les risques garantis dans les assurances sur la vie


L’exécution des assurances sur la vie dépendant de la durée de la vie humaine, il est normal
de distinguer les assurances en cas de vie et les assurances en cas de décès dont la
combinaison forme les assurances mixtes. Enfin, les assurances complémentaires permettent
de donner la plus grande efficacité aux assurances sur la vie.

A- Les assurances en cas de vie.

Les assurances en cas de vie constituent le fondement des prestations liées à la retraite on peut
rencontrer les formules suivantes :
- Assurances de capital différé,
- Assurances de rente en cas de vie,
- Et la contre assurance annexée aux assurances en cas de vie.
a) L’assurance de capital différé:
C’est l’assurance qui garantit le paiement d’un capital déterminé si l’assuré est encore en vie à
l’échéance du contrat, celle-ci étant soit une date déterminée, soit tel âge atteint par l’assuré,
soit tant d’année après la souscription du contrat. Cette formule permet au souscripteur de se
constituer un capital pour l’âge de sa retraite, en vue par exemple de l’achat d’une maison.
S’il décède avant l’échéance, l’assureur ne doit rien et les primes n’apportent aucun avantage
ni au bénéficiaire, ni aux héritiers.
b) L’assurance de rente en cas de vie:
Elle permet au souscripteur de se constituer une rente immédiate ou différée.
- L’assurance de rente immédiate versée par l’assureur dès la conclusion du contrat, est
possible contre le paiement d’une prime unique lors de la souscription du contrat : le capital
constitutif de la rente.
- Plus souvent, il y a assurance de rente différée : le souscripteur ne désirant recevoir le
paiement de la rente qu’à l’époque de sa retraite, en contrepartie de primes annuelles
temporaires qu’il payera aussi longtemps qu’il est en activité. S’il décède avant l’échéance
l’assureur ne devra rien.
c) La contre- assurance annexée aux assurances en cas de vie :

Dans l’assurance de capital différé comme dans l’assurance de rente différée, le décès libère
l’assureur de toute obligation. Aussi pour éviter la perte des primes sans contrepartie pour les
héritiers, le contrat peut-il être stipulé avec contre- assurance, c'est-à-dire moyennant le
remboursement des primes si l’assuré décède avant l’échéance. Bien entendu, dans une telle
formule, d’une part l’assureur perçoit la prime correspondante pour la garantie du décès avant
échéance et d’autre part, il conserve les intérêts des placements financiers effectués avec les
primes perçues.

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B- Les assurances en cas de décès.
Ici le risque est le décès. Nous avons les formules suivantes :
a) L’assurance en cas de décès « vie entière ».
C’est l’assurance qui garantit lors du décès de l’assuré à quelque date qu’il survienne le
paiement du capital au bénéficiaire, il y a assurance vie entière à prime viagère lorsque
l’assuré s’engage à verser des primes toute sa vie. Le plus souvent il ne s’engage à verser des
primes que jusqu’à l’âge de sa retraite : l’assurance vie entière est alors à la prime temporaire
dans ce cas. Une modalité particulière est la vie entière avec option pour l’assuré arrivant à
l’âge de 60 ans ou 65 ans de maintenir le contrat en l’état ou de le transformer en rente
viagère.
b) L’assurance temporaire décès.
C’est l’assurance qui ne garantie le paiement du capital prévu que si le décès survient avant
une date déterminée.
Cette combinaison ne constitue pas une épargne car si l’assuré est toujours vivant à
l’échéance, l’assureur est dégagé de toute obligation ; elle constitue en revanche une garantie
de sécurité pour le cas de décès prématuré de l’assuré alors que ses enfants n’ont pas encore
terminé leurs études et ne sont pas encore établis, ou comme accessoire d’un crédit.
Le temporaire décès peut être stipulé à capital décroissant lorsqu’elle est souscrite en garantie
d’une dette amortissable.
c) L’assurance de survie.
Elle l’affecte l’obligation de l’assureur d’une condition. En effet l’assureur ne s’engage ici à
verser le capital déterminé au contrat au bénéficiaire désigné que si celui-ci survit à l’assuré.
S’il lui est prédécédé l’assureur ne doit rien alors que dans l’assurance de décès ordinaire
l’assureur doit payer sa prestation soit à un bénéficiaire désigné en sous ordre, soit aux
héritiers.

C- Les assurances mixtes.


Les principales formules sont les suivantes :

a) L’assurance mixte ordinaire.


C’est l’assurance qui garantie le paiement d’un capital soit au décès de l’assuré si ce décès
survient avant une certaine date (temporaire décès), soit en cas de vie à l’échéance (capital
différé).
Plutôt qu’une assurance mixte, il s’agit d’une assurance alternative. En effet elle porte sur
deux risques contradictoires décès et survie dont un seul se réalisera. Cette combinaison est la
plus pratiquée car les assurés ont l’impression d’être toujours gagnant ; en fait c’est aussi la
plus chère car ils doivent payer des primes calculées pour les deux risques.
b) L’assurance mixte à terme fixe.
C’est l’assurance qui garantie le paiement de la somme prévue au contrat à une date
déterminée que l’assuré soit vivant ou non l’assureur payera sa prestation soit à l’assuré s’il
est encore vivant à l’échéance soit au bénéficiaire désigné s’il est prédécédé. La date du décès
constitue néanmoins l’aléa du contrat car elle met fin au paiement des primes, sans modifier
l’échéance du contrat.
c) L’assurance dotale.
Elle diffère de l’assurance à terme fixe par la condition de survie du bénéficiaire. Utilisée
pour doter un enfant à sa majorité, l’assureur est dégagé de toute obligation s’il est prédécédé.
Une contre assurance permet le remboursement des primes.
d) L’assurance combinée à terme fixe temporaire de rente en cas décès.
Les combinaisons proposées par les assureurs sont très nombreuses. On peut en citer cette
assurance à caractère familial qui garantit le paiement du capital à telle date, mais en outre en

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cas de prédécès de l’assuré, non seulement le paiement des primes est suspendu, mais encore
l’assureur paye une rente viagère jusqu’à l’exigibilité du capital.
Cette énumération peut être complétée par d’autres assurances de personnes comme les
assurances nuptialité ou natalité ou les opérations tontinières.

D- Les assurances complémentaires.


On appelle assurances complémentaires : « Les assurances prises accessoirement au contrat
d’assurance sur la vie en vue d’offrir aux assurés des garanties complémentaires, qui peuvent
varier selon les besoins de sécurité ressentis; soit permettre à l’assuré de maintenir le
processus de sécurité et d’épargne qu’il a engagé, en lui assurant le service de ses primes
d’assurance vie lorsqu’il n’est plus en mesure de les payer pour des raisons indépendantes de
sa volonté (invalidité chômage); soit permettre à l’assuré de toucher le capital décès prévu au
contrat alors même qu’il n’est pas décédé mais qu’il est atteint d’une invalidité telle que la
situation économique de la famille en est affectée de manière sensible; soit doubler le capital
décès lorsque celui-ci survient d’une façon particulièrement brutale, par exemple dans un
accident de circulation ».
Les assurances complémentaires se greffent au contrat d’assurance vie pour lui donner une
pleine efficacité. Elles doivent en principe, être gérées par un assureur risque divers.

Paragraphe 2 : Les spécificités de l’assurance sur la vie.

Deux spécificités seront étudiées : la provision mathématique et le règlement du sinistre

A- La provision mathématique.
Apres avoir définit la provision mathématique, nous préciserons les droits de l’assuré sur cette
provision.
a) Définition
La provision mathématique du contrat d’assurance vie est constituée par les sommes que
l’assureur doit mettre en réserve pour faire face à ses engagements à long terme envers
l’assuré.
Que la provision mathématique soit alimentée par le nivellement des primes, ou par une
épargne accumulée et capitalisée, l’assureur n’en est que le gestionnaire. Certes au niveau de
l’entreprise d’assurance les provisions mathématiques font partie du patrimoine de l’assureur :
elles figurent au passif de son bilan et son représentées à l’actif par des placements
réglementés. Les provisions mathématiques constituent cependant une dette de l’assureur
garantie par un privilège général sur l’actif mobilier de son entreprise (art. 332 Code CIMA).
b) Les droits de l’assuré sur la provision mathématique.
L’assuré peut faire prévaloir son droit de créance sur la provision mathématique de son
contrat par trois modalités : la réduction, le rachat, l’avance sur police
1. La réduction.
C’est la conséquence du défaut de paiement des primes lorsque le contrat comporte une
provision mathématique et que 15% des primes ou cotisations ont été versées (art 74 al 5
Code CIMA).
En cas de non-paiement des primes, et si l’assuré le demande expressément, l’assurance est
donc réduite au montant que l’assuré obtiendrait en souscrivant une assurance de même
nature et ayant une prime unique pure du montant de la provision mathématique de son
contrat
2. Le rachat.
C’est l’opération par laquelle, à la demande de l’assuré souscripteur, l’assureur rachète la
dette conditionnelle ou à terme qu’il a contractée au titre d’un contrat d’assurance sur la vie,
par un remboursement qui met fin au contrat. Les modalités du rachat ou de la réduction sont

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déterminées par un règlement général mentionné dans la police. Le rachat ne peut s’exercer
que si le contrat comporte une provision mathématique. Aux termes de l’art 77 du code Cima
les assurances temporaires en cas de vie ou en cours de service ne peuvent comporter ni
réduction, ni rachat. Les assurances de capitaux de survie et de rente de survie, les assurances
en cas de vie sans contre assurance et les rentes viagères différées sans contre assurance ne
peuvent comporter de rachat.
3. Les avances sur polices.
C’est l ‘opération par laquelle l’assureur consent à remettre au souscripteur une partie de la
provision mathématique de son contrat, l’assurance devenant ainsi un instrument de crédit qui
utilise la provision comme un compte courant. Selon l’art.74 al 3 « l’assureur peut consentir
des avances à l’assuré dans la limite de la valeur de rachat »
Alors que le rachat met définitivement fin au contrat d’assurance, l’avance sur police
présente l’avantage de ne pas arrêter l’opération d’épargne entreprise par le souscripteur

B- Le droit propre du bénéficiaire déterminé sur le capital assuré.

La stipulation pour autrui se caractérise par l’attribution d’un droit personnel, propre et direct
du bénéficiaire acceptant sur le capital assuré. Le capital n’a jamais fait partie du patrimoine
du stipulant, et le bénéficiaire est directement créancier de l’assureur contre lequel il a une
action personnelle. Par conséquent, le capital échappe aussi bien au régime du rapport et de la
réduction des libéralités en matière successorale, qu’au régime de la communauté en matière
matrimoniale.

SECTION II : LES ASSURANCES DE PERSONNES GEREES EN REPARTITION.

Ce sont essentiellement les assurances contre les accidents corporels et contre les maladies.
Ces assurances sont regroupées sous la dénomination commune de branche « dommages
corporels ». Elles sont gérées en répartition par les sociétés IARD, conformément à la
technique de l’assurance qui n’est qu’une répartition de risques, d’ou leur nature hybride. De
plus après les avoir citées dans les dispositions générales sur les assurances sur les personnes,
le législateur n’a réglementé que les seules assurances sur la vie. Est ce à dire qu’elles
obéissent au même régime juridique que les assurances sur la vie ? Il semble que c’est la
position de la jurisprudence française.

Paragraphe 1 : L’assurance contre les accidents corporels.

« L’individuelle accident » garantit à l’assuré, principalement une somme déterminée


forfaitaire en cas d’accident corporel entraînant une conséquence prévue par le contrat et
accessoirement le remboursement des frais. Médicaux pharmaceutiques et chirurgicaux
engagés à la suite de l’accident. Le contrat couvre toute lésion organique, provoquée par
l’action soudaine et violente d’une cause extérieure et indépendante de la volonté de l’assuré
ou du bénéficiaire.
Une telle assurance paraît particulièrement utile lorsque l’assuré subit un dommage dont il est
le propre auteur. Comme il n’existe pas de responsabilité civile envers soi même, le caractère
personnel de la garantie est évident. Les accidents subis par les travailleurs indépendants et ne
relevant pas d’une réparation au titre des accidents du travail peuvent trouver ici une garantie
précieuse. Il en est de même des dommages qui ne sont pas assurés dans le cadre de
l’assurance automobile obligatoire, c’est à dire ceux qui sont subis par les conducteurs de
véhicule.

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Paragraphe 2 : L’assurance maladie complémentaire
L’assurance complémentaire privée est volontaire pour le souscripteur et facultative pour les
assureurs. Cependant dans le cadre des entreprises, certaines assurances de groupe peuvent
être obligatoires. Actuellement les garanties d’assurance maladie sont pour la grande part
souscrites en assurances de groupe, dans le cadre des entreprises (IPM), plus qu’en contrats
individuels.
L’assurance maladie a une double nature : assurance forfaitaire en ce qui concerne les
prestations de sommes prévues au contrat, assurance indemnitaire en ce qui concerne le
remboursement des dépenses de santé.

CHAPITRE II : LES PARTICULARITES DE L’ASSURANCE DE DOMMAGE

La garantie due par l’assurance est limitée tant par le fondement indemnitaire de l’assurance
(du) dommage, que par la volonté des parties qui fixent les termes du contrat. Il faut en outre
observer que les opérations d’assurance dommage sont rarement circonscrites à des simples
relations bilatéraux assureurs-assurés. En effet le tiers se trouve le plus souvent affecté par le
dommage soit parce qu’il a acquis un droit réel sur la chose assurée, soit parce qu’il est le
responsable du sinistre, soit parce qu’il est la victime du dommage.

SECTION I : LES LIMITES DE LA GARANTIE DANS LES ASSURANCES DE DOMMAGE.

La garantie de l’assurance se limite en principe au seul préjudice subi. Mais cette garantie est
aussi fonction des engagements pris par des parties dans la mesure où l’assureur peut devoir
moins que le montant du préjudice subi.

Paragraphe 1 : Le principe indemnitaire.

Le principe est énoncé à l’art 31 au Code CIMA : « L’assurance relative aux biens est un
contrat d’indemnité. L’indemnité due par l’assureur à l’assuré ne peut pas dépasser le montant
de la valeur de la chose assurée au moment du sinistre ».L’indemnisation porte donc en
principe sur le préjudice mais pas au delà. Ce principe est à son tour tempéré et par la
transaction civile obligatoire et par la barémisation ou quantification du préjudice corporel.
L’indemnisation est également limitée au préjudice réellement subi d’où la réglementation des
assurances excessives.

A- L’indemnisation de tout le préjudice.


L’indemnisation prend en compte, conformément aux règles de la responsabilité civile, la
valeur de la perte subie (totale ou partielle) et celle de tout gain manqué.

B- La transaction civile obligatoire.


Aux termes des articles 231 al. 1 et 239 al. 2 du Code CIMA, l’assureur est tenu de faire une
offre d’indemnisation dans un délai d’un an et pendant ce délai la victime ne peut porter le
litige devant le juge’’. La transaction civile a pour but de favoriser le dialogue et de permettre
une indemnisation rationnelle du moins pour l’assureur ce qui remet en cause le principe de
l’indemnisation de tout le préjudice. Cela a pour conséquence d’écarter le juge du processus
d’indemnisation. Pendant un an au moins et même s’il est saisi par la suite il se heurtera au
problème de la barémisation du préjudice corporel.

C- La barémisation ou quantification du préjudice corporel


Avant l’événement du Code CIMA, aucune méthode n’était imposée au juge dans la fixation
des indemnités à allouer aux victimes d’accidents de la circulation. Cela avait pour

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conséquence des écarts d’évaluation très importants dans la pratique judiciaire et ce qui était
perçu comme étant une insécurité juridique était déplorable. Avec le Code CIMA, il a été
institué des plafonds pour la réparation de dommage corporel. Certains disent que le
plafonnement de l’indemnisation apparaît comme la contrepartie du caractère automatique de
la réparation. Par exemple, l’article 258 plafonne le remboursement des frais médicaux à
deux fois le tarif des hôpitaux publics. Ce qui fait que les frais médicaux occasionnés par
l’hospitalisation dans des cliniques privées ne sont pas totalement indemnisés.

D- L’indemnisation est limitée au préjudice réellement subi : les assurances excessives.


Le problème des assurances excessives se pose dans deux hypothèses soit il y a excès
d’assurance parce que la garantie a été souscrite dans le contrat pour une valeur supérieure, on
parle de sur assurance, soit l’excès résulte du cumul de plusieurs contrats d’assurance on parle
d’assurance multiple cumulative.
a) La sur assurance.
Il y a sur assurance lorsque dans un contrat à valeur d’assurance déterminable, la valeur en est
déclarée pour une somme supérieure à la valeur réelle de la chose achetée, la sur assurance est
frauduleuse, l’assureur peut demander la nullité du contrat et des dommages intérêts (art 33 al
1 du Code CIMA). En revanche, lorsqu’elle ne l’est pas l’indemnisation est limitée au
dommage réellement subi, de plus les primes sont diminuées pour l’avenir à leur niveau réel
(art 33 al 2 du Code CIMA).
b) Les assurances multiples cumulatives.
Il y a assurances multiples cumulatives lorsqu’un même objet est garanti simultanément par
deux ou plusieurs assureurs contre les mêmes risques et pour le même intérêt au delà de sa
valeur réelle. Ainsi, l’assuré à l’obligation de déclarer à chaque assureur toutes les autres
assurances prises sur le même objet. Si l’assuré déclarait le sinistre aux différents assureurs en
tentant de cumuler les indemnités, sa mauvaise foi serait alors établie entraînant ainsi la
nullité de tous les contrats cumulatifs. En revanche si l’assuré est de bonne foi, le règlement
du sinistre en cas de cumul est le suivant. Chaque assureur est obligé à la dette dans les
limites des garanties du contrat. Mais la contribution à la dette qui ne concerne que les
rapports des assureurs entre-eux sont effectués selon une répartition proportionnelle à leurs
engagements respectifs.
Ex : dommage multiplié par la garantie des assureurs sur le cumul des garanties.

Paragraphe 2 : La limitation de la garantie par la volonté des parties

Le principe de la liberté contractuelle donne a chacun la faculté de ne pas s’assurer, de


s’assurer totalement ou partiellement ainsi, l’assuré peut s’assurer partiellement en limitant les
capitaux déclarés et l’assureur peut limiter la garantie par des clauses de limitation de
garantie.

A- La limitation des capitaux déclarés par l’assuré : La sous assurance.


Selon l’article 34 du Code CIMA : « S’il résulte des estimations que la valeur de la chose
assurée excède au jour du sinistre la somme garantie l’assuré est considéré comme restant son
propre assureur pour l’excédent et supporte en conséquence une part proportionnelle du
dommage sauf convention contraire ». La sous assurance ne se conçoit que dans un contrat
comprenant une valeur d’assurance déterminée. Elle est appréciée au jour du sinistre.
Lorsqu’il y a sous assurance, on applique la règle proportionnelle de capitaux déjà étudiée
pour palier aux inconvénients de la sous assurance. Les parties peuvent insérer dans le contrat
des clauses comme la clause de report d’excédent, la clause de tolérance ou la clause
d’indexation ou d’indice variable.

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B- Les limitations de garantie édictées par l’assureur
Lorsque l’assurance comporte une valeur d’assurance déterminée. La valeur déclarée
constitue une limite d’indemnisation par la volonté de l’assuré par contre si ce n’est pas le cas
par exemple en assurance responsabilité c’est l’assureur qui fixe le plafond de sa garantie.
Aux termes de l’art 31 al 2 du Code CIMA : « Il peut être stipulé que l’assuré reste
obligatoirement son propre assureur pour une somme ou une quotité déterminée ou qu’il
supporte une déduction fixée d’avance sur l’indemnité du sinistre, il s’agit là de la clause de
découvrement obligatoire et de la franchise d’avarie ». La clause de découvrement obligatoire
oblige l’assuré à rester son propre assureur dans une proportion. Par conséquence, il n’a pas
la possibilité de l’assurer ailleurs. C’est une incitation à la vigilance ; quant à la franchise
d’avarie, elle peut être simple ou absolue.
Si elle est simple, l’assureur ne supporte pas les sinistres d’un montant inférieur à la somme
indiquée pour les petits sinistres pour les sinistres importants, ils restent garantis au 1er franc.
En revanche si la garantie est absolue que les sinistres soient petits ou importants, l’assureur
n’est pas tenu pour la somme arrêtée.

SECTION II : LA SITUATION DES TIERS AYANT UN DROIT REEL SUR LA CHOSE ASSUREE

Deux situations se distinguent : Soit le tiers est un acquéreur de la chose assurée et la loi
édicte la transmission du contrat d’assurance ; Soit le bien est grevé d’une hypothèque ou
d’un privilège et la loi donne aux créanciers un droit propre et direct sur l’indemnité
d’assurance en cas de sinistre.

Paragraphe 1 : La transmission du contrat d’assurance à l’acquéreur de la chose


assurée.

Aux termes de l’art. 40 du Code CIMA : « En cas de décès de l’assuré ou d’aliénation de la


chose assurée, l’assurance continue de plein droit au profit de l’héritier ou de l’acquéreur ; à
charge pour celui-ci d’exécuter toutes les obligations dont l’assuré est tenu vis à vis de
l’assureur en vertu du contrat »
Ce texte édicte une transmission de plein droit et automatique de l’assurance envisagée
comme l’accessoire de la propriété du bien assuré. Aucune formalité n’est requise et ne
saurait être imposée par une clause du contrat. Dés que les conditions de transfert d’un bien
déterminé, sur lequel porte une assurance spécifique, coexistent la transmission est
automatique même si l’acquéreur en ignore l’existence et si l’assuré n’a pas été avisé du
transfert. L ‘acquéreur est de plein droit substitué activement et passivement à l’aliénateur.
Toutefois, l’art. 40 prévoit une faculté de résiliation pour les deux parties dans un délai de
trois mois.
S’agissant de véhicules terrestres à moteur l’assurance est suspendue de plein droit le
cinquième jour de l’aliénation à minuit (art.41 du Code CIMA), et si au bout de six jours
l’assuré n’a pas transféré l’assurance sur un autre véhicule il y a résiliation de plein droit.

Paragraphe 2 : Les droits des créanciers hypothécaires ou privilégiés sur l’indemnité


d’assurance.

Aux termes de l’art.43 du Code CIMA : « Les indemnités dues par suite d’assurance sont
attribuées sans qu’il ait besoin de délégation expresse aux créanciers privilégiés ou
hypothécaires suivant leur rang »
Ce texte vise aussi bien les assurances de chose que les assurances de responsabilité.

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En effet si par exemple un immeuble est détruit par un incendie, le droit du créancier
hypothécaire sera reporté de l’immeuble anéanti sur l’indemnité d’assurance qui le remplace.
Mais si l’incendie est dû par la faute d’un locataire, le créancier hypothécaire du propriétaire
victime de l’incendie exerce son droit sur l’indemnité d’assurance due par l’assureur de
responsabilité du locataire Ce texte pose également les conditions de la subrogation réelle à
savoir : une inscription régulière des sûretés avant tout sinistre et une connaissance par
l’assureur des sûretés gravant la chose Chaque créancier ne pourra recevoir l’indemnité que
dans la limite de sa créance et suivant le rang de l’inscription de la sûreté

SECTION III : LASUBROGATION LEGALE DE L’ASSUREUR DE LA VICTIME ET DES AUTRES


TIERS PAYEURS CONTRE LE RESPONSABLE

Nous aborderons les deux aspects les plus courants en pratique.

Paragraphe 1 : La subrogation de l’assureur contre le tiers responsable en assurance de


dommage.

Lorsqu’il y a dommage matériel et que le propriétaire victime a souscrit une assurance de


chose, il existe une situation très complexe ou se mêle des liens de responsabilité et des liens
d’assurance Selon les règles de la responsabilité civile le tiers responsable doit réparer
l’intégralité du dommage qu’il a causé en vertu du contrat d’assurance. L’assureur doit
garantir le dommage subit par son assuré victime. Enfin l’assuré victime ne doit pas s’enrichir
du fait d’un contrat d’assurance soumis au principe indemnitaire et il ne doit pas d’avantage
s’enrichir par le jeu de la responsabilité civile. Or s’il pouvait cumuler la garantie de
l’assureur et la réparation de l’auteur du dommage, il recouvrerait deux indemnisations. Dés
lors pour éviter un enrichissement condamné par le principe indemnitaire des assurances
dommage la solution envisagée par l’art. 42 du C. CIMA est d’admettre qu’après avoir
indemnisé son assuré victime, l’assureur dommage ait un recours contre le tiers responsable
du sinistre. La victime ne reçoit alors qu’une indemnité. Mais lorsque le tiers est assuré à son
tour, c’est son assureur qui paiera à sa place. La seule limite prévue à cet effet c’est lorsque le
tiers responsable est un descendant, un ascendant, un allié en ligne directe, un préposé ; en
somme toute personne vivant habituellement au foyer de l’assuré victime art.42 al.3 du Code
CIMA.

Paragraphe 2 : La subrogation légale des tiers payeurs en cas de réparation d’un


dommage corporel

Lorsqu’il y a dommage corporel c’est à dire atteinte à l’intégrité physique de la personne, la


victime est généralement indemnisée, voire prise en charge par la sécurité sociale, une
mutuelle ou l’Etat. Ces tiers payeurs sont admis de plein droit à intenter contre l’auteur de
l’accident ou son assureur une action en remboursement des sommes payées par eux. Seule
l’indemnité à la partie non couverte par le tiers payeur sera reversée à la victime. C’est la
règle du recours et de celle de non cumul. Il faut cependant noter que les assurances de
personnes ayant un caractère forfaitaire n’acceptent aucune subrogation. Ainsi le bénéficiaire
de l’assurance vie de la victime d’un accident mortel peut cumuler l’indemnité versée à ce
titre et la réparation.

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