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COURS DU DROIT DES ASSURANCES

Pr. Bouchra NADIR

Année universitaire 2015 – 2016


Pr. Bouchra NADIR

SOMMAIRE

Introduction
PARTIE I : LE CONTRAT D’ASSURANCE
Chapitre 1 : conclusion du contrat d’assurance
Section 1: les préliminaires à la souscription au contrat d’assurance
Section 2 : les conditions de fond et de forme du contrat sont :
Section 3: la durée du contrat d’assurance
Section 4 : la preuve du contrat d’assurance
Chapitre 2. La modification du contrat d’assurances:
Chapitre 3. L’extinction du contrat d’assurance :
Chapitre 4. Contentieux général du contrat d’assurance:
Section 1: la compétence territoriale
Section 2 : la compétence d’attribution
Section 3 : la prescription
Chapitre 5 : les effets du contrat d’assurance
Section 1 : les obligations et droits de l’assuré
Section 2 : droits et obligations de l’assureur
PARTIE II : LES FORMES D’ASSURANCE
Chapitre 1 ; les assurances de dommages
Section 1 : les assurances de choses :
Section 2 : l’assurance de responsabilité ex. L’assurance auto / Assurance chasse.
Sous section 1 : l’assurance auto
Sous section 2 : l’assurance chasse.
Chapitre 2 : les assurances de personnes :
Section 1 : variété des assurances de personnes
Section 2 : le régime juridique des assurances de personnes :
PARTIE III : LES ACTEURS DU SECTEUR D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Chapitre 1 : les entreprises d’assurance et de réassurance
Section 1 : les conditions devant être remplies par les entreprises considérées pour pouvoir
pratiquer des opérations d’assurance et de réassurance
Sous section 1 : la constitution des entreprises d’assurance et de réassurance sous forme de SA ou
de SMA
Sous section 2 : l’obtention d’un agrément de la part du ministère des finances.

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Section 2 : les règles dont l’observance s’impose aux entreprises d’assurance et de réassurance
Sous section 1 : les règles de gestion s’imposant aux entreprises d’assurance et de réassurance.
Sous section 2 : les règles de gestion s’imposant aux dirigeants des entreprises d’assurance et de
réassurance
Section 3 : les règles comptables et statistiques
Sous section 1 : les règles envisageant des garanties financières
Sous section 2 : les moyens destinés à inciter les entreprises d’assurance et de réassurance à
respecter leurs obligations
Sous section 3 : les sanctions
Chapitre 2 : les intermédiaires d’assurance
Section 1 : la notion d’intermédiaire d’assurance
Sous section 1 : ce qui n’est pas l’intermédiaire d’assurance
Sous section 2 : ce qu’est l’intermédiaire d’assurance
Section 2 : les données permettant d’appréhender l’intermédiaire d’assurance dans sa globalité
Sous section 1 : les conditions d’exercice de la profession d’intermédiaire d’assurance
Sous section 2 : les droits et obligations des intermédiaires d’assurance
Sous section 3 : la régulation de l’activité des intermédiaires d’assurance
Chapitre 3 : l’autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS)
Section 1 : présentation de l’ACAPS :
Section 2 : missions de l’ACAPS :
Section 3 : la gouvernance.
Sous section 1 : composition des organes de l’ACAPS :
Sous section 2 : composition des instances consultatives :
PARTIE IV : LES NOUVELLES ASSURANCES PRÉVUES PAR LA LOI 59-13 :
Section 1 : mise en place d’un cadre légal pour l’assurance Takafoul
Section2 : les dispositions concernant l’assurance tous risques chantiers TRC

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INTRODUCTION :

Le droit des assurances est une discipline dans laquelle il y a une vision plus
concrète que dans les autres matières de droit, elle se distingue aussi par son
caractère pratique.
Son origine est un contrat (sans contrat il n’y a pas d’assurance), c’est un
dérivé d’une discipline ou plusieurs autres parfois, il n’en reste pas moins un contrat.
On a fait de ce contrat une discipline.
Le contrat est une démarche volontaire qui nous met dans une certaine
situation qui génère des obligations et des droits.
Définition : il consiste en la couverture d’un risque : contrat par lequel une
personne (l’assuré) charge l’assureur de lui garantir les conséquences d’un risque
(réparation) au cas où celui-ci se réaliserait moyennant un prix qu’il lui paie.
Cette discipline est un droit récent, une matière récente. Son origine n’est pas
le droit lui-même :
Au 14ème siècle, les notaires à Gènes établissaient des contrats qui rappellent
l’assurance (ça n’est pas de l’assurance), mais ce sont des contrats que l’on peut
assimiler par leur objet à l’assurance. Ex. le prêt à la grosse aventure. Un bateau part
chargé de marchandise il n’y avait pas à l’époque de radars, on ne pouvait pas savoir
s’il allait ou pas arriver à port, s’il était par exemple piraté ou s’il y avait fortune de
mer. On l’appelait comme ça parce que c’était un prêt qui risquait de ne pas être
remboursé. S’il arrivait à bon port, le prêteur était remboursé, sinon il était
consommé.
L’assurance va être une préoccupation d’abord en matière maritime, plus tôt
les codes de transport maritime que terrestre ont en parlé.
A partir de cette époque, l’assurance va être chargée par beaucoup de tabous
et de défiances, en raison de l’église qui voyait en l’assurance, dans l’exercice de ce
droit, de contrecarrer la volonté divine, voudrait-on se prémunir contre la volonté de
dieu ? C’était immoral donc illicite. L’activité de l’assurance sera interdite.

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Sous Louis XIV, même en plein siècle des lumières, en 1681, il prohiba
l’assurance. En 1793, un siècle plus tard, on a interdit les sociétés anonymes, le
personnage de la fiction morale n’était pas moral, portait ainsi un coup à l’assurance.
Ca ne veut pas dire qu’elle n’existait pas, avec l’interdiction de Louis XIV, elle
vivait. En 1666, il y eu l’incendie de Londres qui a ravagé toutes les églises et
maisons, 13 000 maisons et une centaine d’églises. Après l’incendie, on s’est dit que
si on avait accepté l’assurance, tout aurait été dédommagé. C’est là que sont nées les
premières sociétés. 15 ans plus tard, il y eut un nouvel interdit.
Au 18ème, une période frileuse pour toute l’assurance et pour les sociétés de
personnes. Dans le code civil de 1804, il n’y avait pas grand-chose, le contrat
d’assurance classé parmi les contrats aléatoires, car derrière l’assurance, il y avait la
notion d’aléa, les contrats aléatoires étant interdits.
Les premiers sujets de préoccupation étaient les accidents causés par les
voitures à chevaux (fin du 18ème, début du 19ème).
Le machinisme va apporter un autre sujet de préoccupation, les accidents que
subissent les salariés. C’est là qu’on a dit que l’employeur devait réparer les
dommages causés aux salariés.
09 Avril 1898, on va prévoir la réglementation des accidents du travail, on va
accepter l’assurance, non pas parce qu’il s’agit d’une société de personnes, mais que
pour que l’employeur ne puisse pas par son insolvabilité ou sa solvabilité insuffisante
échapper à ses obligations de réparer les dommages causés à l’employé.
Macro-économiquement, l’assureur récolte les primes et détermine ce qu’il va
assurer (il s’engage en cas de sinistre à le « dédommager »), il va placer l’argent (sous
tutelle), cet argent placé, sera injecté dans l’économie nationale. (Placés en bons du
trésor, donc l’Etat en bénéficie aussi. Dans les sociétés, les banques … moyennant
rémunération, celles-ci peuvent le prêter).
Au Maroc, « le modernisme économique » commence en 1912 avec le
protectorat. Avant le protectorat, nous sommes dans une économie agriculturale et
pastorale, économie de subsistance rurale.

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En 1912, les lois mises en place étaient promulguées par le sultan ou par arrêté
Viziriel (qui a cédé le pouvoir exécutif et la représentation internationale à
l’occupant).
Les français et les étrangers (Américains, anglais, belges …) avec lesquels la
France a signé des traités, pour qui elle a garanti des avantages, avec notamment la
clause de la nation la plus favorisée : c'est-à-dire égalité de traitement des
ressortissants de tous les pays, ont amené leurs lois pour permettre aux français qui
venaient s’installer de bénéficier des mêmes conditions qu’en France et les
ressortissants des autres pays par extension.
En 1912, un environnement a été créé et devant refléter le système établi en
France. Les marocains en raison de leur économie (rurale) n’étaient pas concernés
par ces changements.
Tous les codes donc sont objet de Dahirs. En matière d’assurance, quand on a
voulu légiférer, il n’y a pas eu de Dahir, parce que le sultan ne pouvait pas légiférer
sur un contrat aléatoire (Revoir le caractère immoral et contraire à la religion traité
précédemment).
Ca va être promulgué par loi française qui va être un modèle, une perfection
même, transposée dans tous les pays africains et même quelques uns européens.
C’est le grand vizir qui va recevoir du roi délégation pour légiférer sur cette
loi, cette délégation va rester valable jusqu’en 1958, il n’y a eu en matière d’assurance
que des arrêts ministériels.
Le développement économique en général, les sociétés existant au Maroc
étaient des filiales, dont les sociétés mères étaient déjà assurées à l’étranger. Les
filiales au Maroc étaient prises en charge par des délégations des sociétés d’assurance
mères ici au Maroc.
Dans d’autres pays, dans la non émergence de l’assurance, le facteur religieux
d’une part (comme précédemment développé), chez les chrétiens le clergé a du
permettre son exercice.
Aux pays musulmans, on l’attribue à l’islam qui réfute le contrat d’assurance
pour son « dit » caractère aléatoire (ce genre de contrats étant interdit en Islam), et

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ceci d’après les définitions d’auteurs classiques qui y voyaient des jeux de hasard.
(Les classiques adversaires de l’assurance).
On dirait sur un plan juridique, que l’Islam est basé sur un système de contrats
nommés, et celui d’assurance n’entre dans aucune catégorie des contrats nommés.
Les défenseurs comme Cheikh Mohammed Abdou (V. ouvrage M. Kettani),
la tendance est de dire que le contrat d’assurance n’est pas un contrat nommé, mais
le droit des contrats musulman n’interdit pas le mariage de contrats. Donc marier
deux contrats nommés, reste un contrat nommé.
Concernant l’aléa, il suffit de se reporter au verset Coranique (Références
ouvrage M. Kettani). L’un comporte la liste des interdits, on n’y trouve pas les
contrats aléatoires « … ‫» ﺤﺮﻤﺖ ﻋﻠﯿﻜم اﻠﻤﯿﺘﺔ ﻮاﻠﺪم ﻮﻠﺤم اﻠﺧﻨزﯿﺮ‬, la seconde liste comporte
ce qu’on nous recommande d’éviter « ‫» إﻨﻤﺎ اﻠﺧﻤﺮ ﻮاﻠﻤﯿﺳﺮ ﻮاﻷﻨﺼﺎب ﻮاﻷزﻻم‬. Le jeu de
hasard n’était pas interdit, il était seulement recommandé de s’en écarter.
Les plus sévères détracteurs de l’assurance, voient en cette recommandation
de dieu, qui n’est pas une défense totalement, une désobéissance à une
recommandation divine. Il faut distinguer entre l’interdit et ce qui est recommandé
de s’en écarter.
Les défenseurs de l’assurance estiment que l’on soit dans les deux cas,
l’interdit comporte des sanctions, alors qu’il n’y a pas de « ‫ » ﺤﺪ‬pour celui qui s’écarte
des recommandations divines tout comme celui qui consomme la chair de porc.
Cheikh Mohammed Abdou avait été consulté par la « Mutual Times » pour
donner son avis sur une assurance-vie, il donna un avis favorable. En fit de même Al
Abbas Bennani mais aussi Allal Al Fassi.
Il a affirmé que les assurés réunis à travers l’assureur, s’entraident, ce qui est
recommandé par le Coran, c’est comme ça qu’on arrive à justifier l’assurance. Allal
Al Fassi apporte une réserve, étant que n’est acceptable que l’assurance mutuelle (et
non commerciale). Si les dédommagements sont plus importants que les primes, tout
le monde va cotiser pour renflouer les caisses. Inversement, il n’y a pas ristourne, les
cotisations de l’année prochaine seront moindres pour les assurés.
En assurance commerciale, en cas d’insuffisance des fonds, il n’est pas fait
appel aux assurés mais aux actionnaires.
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Le facteur psychosociologique : Au Maroc, l’évolution de l’assurance durant la
période du protectorat, la démarche va être semblable, le Maroc pouvait accueillir
l’assurance, un accueil après avoir vaincu les 3 facteurs. Durant le protectorat, il était
surtout question d’assurance de biens, quand elle concernait les personnes elle se
limitait aux étrangers installés au Maroc. Elle était une petite activité exercée par de
petites délégations. (Nous ne parlons que des assurances terrestres, donc nous ne
traitons pas de l’évolution du droit maritime).
Place de l’assurance parmi les organismes de prévoyance sociale:
Comme la sécurité sociale, elles sont très voisines de l’assurance elles en
différent profondément sur le plan économique, vu les taux impératifs d’équilibre
financier. On tend à substituer des considérations socio-politiques: calcul des
cotisations en fonction du revenu, barème de remboursement souvent forfaitaire.
Par rapport aux organismes spécifiques de protection sociale
complémentaires, comme l’assurance Saada, originellement destinées avant tout à
compléter les prestations de sécurité sociale, plusieurs types d’organismes de droit
privé se sont développés et ont diversifié leur activité, entrant parfois en concurrence
avec les assureurs. Ces dernières années une remise en ordre de ce secteur a été mise
en ordre par le législateur.
Les rôles de l’assurance :
1 / Rôle social de l’assurance
Fonction de réparation de l’assurance : Elle permet d’indemniser les préjudices
résultant de la réalisation des risques. Grace à elle, l’immeuble incendié sera
reconstruit, le véhicule endommagé sera réparé. Les assurances sont de plus en plus
utilisées par le législateur pour garantir aux tiers la réparation du préjudice dont ils
sont victimes: but essentiel des assurances de réparation obligatoires.
Selon le dahir de 1924 sur la réparation du préjudice corporel, le droit des
assurances impose à tout automobiliste ce type d’assurance.
Fonction créatrice de l’assurance : En apportant la sécurité aux Hommes, l’assurance
favorise l’éclosion d’un grand type d’activité qu’on n’oserait pas entreprendre sans
elle, comme par exemple la pratique de sports dangereux, de métiers dangereux,

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l’exploitation de nouvelles formes d’énergie. Toutes ces activités ne seraient
entreprises sans le soutien de l’assurance.
2 /Rôle économique de l’assurance
L’assurance est un moyen de crédit, une méthode d’épargne et un mode
d’investissement.
Moyen de crédit : C’est un aspect moderne de l’assurance: d’abord permet à
l’assureur d’obtenir des crédits, par exemple il assurera contre l’incendie un
immeuble hypothéqué.
Aussi, il permet à l’assureur de consentir des crédits lui même à ses clients;
l’assurance-crédit, qui garantit au créancier le paiement en cas d’insolvabilité du
débiteur et favorise la conclusion de nouveaux marchés.
L’assurance remplit une fonction de crédit au profit de l’économie générale,
car les réserves que les compagnies sont obligées de constituer, contribuent à
soutenir le crédit général du pays.
Méthode d’épargne : L’accumulation des primes de l’assuré permet la constitution de
capitaux importants surtout dans les assurances sur la vie, car les prestations
d’assureurs s’exécutent sur une échéance lointaine. L’assurance apparaît comme une
méthode particulière de formation de l’épargne.
Mode d’investissement : Les sommes considérables que les compagnies d’assurance
prélèvent sous forme de primes doivent être placées pour la sécurité des assurés et
des victimes, soumises à des règles prescrites.
Ces règles sont justifiées par l’intérêt que peut présenter à l’économie ces
masses de capitaux, car ils vont apporter à l’état et aux collectivités territoriales des
ressources considérables et vont permettre de couvrir une part importante des
emprunts publics.
Les fondements juridiques de l’assurance:
Le droit commun est le complément naturel du droit des assurances. C’est
ainsi que le D.O.C pose des conditions générales des relations contractuelles et régit
toutes les matières qui ne sont pas réglementées par le code des assurances entré en
vigueur par la loi 17-99 promulguée par le dahir du 3 octobre 2002.

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Cette loi a été plusieurs fois modifiée et complétée surtout par la loi 39-05 de février
2005.
Par ailleurs, à titre d’exemple et à titre non limitatif autres risques réglementent
le droit des assurances, dont le code de commerce maritime de 1919 et le dahir du 6
février 1963 sur les accidents de travail. Cependant, il convient de souligner que le
code des assurances issu de la loi 17-99 reste le principal outil de travail dans la
matière.

PARTIE I : LE CONTRAT D’ASSURANCE


Définitions :
Hémard dans son ouvrage intitule « théorie et pratique des assurances », tome
1 page 73, l’assurance est définie comme étant: « une opération par laquelle une
partie, l’assuré, se fait promettre moyennant une rémunération, la prime, pour lui ou
pour un tiers, en cas de réalisation d’un risque, une prestation par une autre partie
qu’on appelle l’assureur, qui prenant en charge un ensemble de risques, les compense
conformément aux lois de la statistique. »
C’est l’acte par lequel une personne (assuré) verse à une entité (assureur) une
somme périodique appelée prime (généralement annuelle) en contrepartie de
laquelle, l’assureur s’engage soit à verser une somme déterminée au cas où le risque
défini au contrat se réalise, soit de réparer les conséquences de ce risque en versant
une indemnité à l’assuré ou aux tiers selon la nature du contrat.
C’est un contrat réglementé pour assurer un certain équilibre entre les
compagnies d’assurance et les assurés (avant c’était un contrat d’adhésion : les
assureurs imposaient leurs conditions, et ce suite à l’intervention du législateur).
C’est un contrat d’ordre public, dans la mesure où la plupart de ses
dispositions sont impératives, sauf quelques-unes, celles prévues par la loi, et où les
personnes ont une marge de liberté (art. 3 du code).
C’est un contrat consensuel : l’écrit n’est pas exigé pour la formation du
contrat. Il suffit qu’il y ait un échange de volontés pour que le contrat soit valable.
L’écrit n’est exigé que comme moyen de preuve. L’écrit doit être établi en caractère
apparent. Pour les clauses importantes elles doivent être écrites en gras ou en

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couleur. Si la durée de l’assurance et/ou du contrat d’assurance dépasse une année,
l’assurance doit le préciser à côté de la signature de l’assuré.
C’est un contrat synallagmatique : différent du contrat unilatéral. Il suscite la
présence de deux parties. Les droits de l’une sont les obligations de l’autre.
C’est un contrat à titre onéreux : prime, prestation.
C’est un contrat à exécution successive : il s’échelonne sur un futur inconnu,
ce qui donne lieu à un autre caractère: c’est un contrat aléatoire (soumis à un aléa).
On distingue les éléments suivants : la prime, le risque, l’engagement de
l’assureur. Quels sont ses caractères ? Ils font sa spécificité et définissent son cadre
réglementaire.
-Le souscripteur : c’est le preneur d’assurance. Autrement dit la personne qui signe
le contrat et s’engage à payer la prime. La police d’assurance est en son nom, police
consistant dans l’attestation qui lui est délivrée et où figure au verso la synthèse du
contrat (parties, durée, objet, etc.). Le plus souvent, le souscripteur est lui-même
l’assuré. Mais ce n’est pas général, dès lors que l’on peut bien souscrire une assurance
pour le compte d’autrui. C’est ce qu’on appelle l’assurance pour compte.
L’assuré : c’est la personne sur la tête, ou sur les intérêts de laquelle repose une
assurance. C’est la personne qui est menacée par le risque couvert et qui n’est pas
forcément le souscripteur.
Ex : un dépositaire ayant une assurance sur les biens déposés chez lui
n’encourt pas de risque en cas de sinistre. C’est l’assuré qui s’y trouve exposé, dans la
mesure où il est le propriétaire des biens susvisés.
Ex : Dans l’assurance automobile, le souscripteur est le propriétaire de la
voiture, mais l’assuré peut être le chauffeur ou le gardien de la voiture.
Le tiers bénéficiaire : dans les assurances de personnes, on peut même indiquer un
tiers bénéficiaire, ce qui fait jouer la stipulation pour autrui. Le tiers en question n’est
plus ni moins que la personne qui est désignée par le contrat pour bénéficier de la
prestation d’assurance. On rencontre pareil cas surtout dans l’assurance de
personnes. C’est le droit civil qui réglemente la matière. Ainsi, dans une assurance
vie, on peut envisager dans le contrat le nom de la personne à qui les fonds doivent
être cédés, en utilisant la formule suivante : « les capitaux épargnés doivent être

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versés à x ». La stipulation pour autrui remet en cause la relativité du contrat. Il s’agit
d’une dérogation au principe : le bénéficiaire n’est pas signataire. Parfois, il ne
connaît même pas l’existence du contrat.
La prime s’exprime par une somme d’argent déterminée par l’assureur, elle est
normalement fixée pour la période du contrat qui est généralement annuelle. En
d’autre terme, la prime est le prix de l’assurance, on l’appelle aussi la cotisation
lorsque la société d’assurance est une mutuelle.
Le risque est un élément futur, incertain ce qui signifie qu’il peut se réaliser ou
pas (on ne peut pas envisager d’assurance pour une chose qui s’est déjà produite, car
il n’y pas de risque), on ne peut pas dire que le risque est indépendant de l’assuré, car
il peut y concourir. (Le risque est l’objet du contrat d’assurance – le vol par ex – le
sinistre est la réalisation de ce risque donc le sinistre – vol consommé –).
Par contre, on ne peut pas assurer la faute intentionnelle (il ne doit pas y avoir
de jeu d’intention). Une exception peut survenir, dans les accidents du travail on
trouve des accidents qui ne sont pas intentionnels mais dans lesquels il y a un bout
d’intention. Par ex. un salarié qui monte sur une échelle et tombe, ce n’est pas
intentionnel, c’est une négligence poussée. Celui qui grille un feu rouge et heurte
quelqu’un, ce n’est pas le feu rouge qui en est la cause, il a eu l’intention de griller le
feu rouge. L’assureur va s’assurer alors qu’il y a à la base une attitude fautive
intentionnelle.
Il faut distinguer entre un risque constant et un risque variable. Ex. l’accident
de circulation est un risque constant, tout le temps qu’on circule il y a risque d’avoir
un accident. Le risque variable est celui dont les chances de réalisation augmentent
ou diminuent pendant le cours de l’assurance, de plus en plus on peut craindre qu’il
se réalise (Dans l’assurance auto ce n’est pas le cas) dans l’assurance contre le décès
si, car plus le temps passe plus il y a de risque que la personne meurt, ce risque n’est
pas constant il est progressif.
L’assurance en cas de survie, si la personne vit au-delà de 70 ans, une grosse
somme devra être payée. Plus on avancera vers cette date, plus non aura de chances
d’avoir cet argent. Avec le temps, le risque dégraisse. Plus les années s’écoulent,

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l’événement a moins de chances de se réaliser (la mort).N.B : risque latin : quelque
chose qui peut se réaliser ou ne pas se réaliser.
Dans le risque progressif (le décès par ex.), plus on avance plus le risque
progresse et a des chances de se réaliser. En cas d’assurance de survie, le risque est
dégressif, plus les années passent, moins l’événement a de chances de se réaliser.
Mais il y a des risques qui peuvent être et progressifs et dégressifs par ex. l’assurance
maladie.
Généralement dans les :
Assurances de dommages -------------> risque constant
Assurances de personnes -------------> risque variable.
Autrement dit, le risque est un événement incertain qu’on ne connaît pas et
qui va occasionner le sinistre. On a bel et bien connaissance du risque, mais on ne
sait pas à quel moment précis il peut se réaliser. Mieux encore, on n’est même sûr de
sa survenance un jour. Lorsqu’il se réalise, il donne lieu à un sinistre.
Le risque est l’objet du contrat d’assurance. Celui-ci doit être :

Aléatoire Réel Licite


(inconnu, l’assurance ne (il doit exister, on ne peut (il ne doit pas être illicite :
couvre pas les dommages assurer un bien déjà drogue par exemple)
volontaires) détruit)

En définitive, on peut dire que le risque est le mot clé de l’assurance. Le


calcul de la prime et la réalisation du sinistre, sont envisagés en fonction du risque
assuré. C’est l’élément le plus important du contrat d’assurance. Tout le contrat s’en
trouve imprégné. D’abord au niveau de sa formation, on prend en considération le
risque pour faire le calcul de la prime, qui sera fixée en fonction des probabilités des
réalisations du risque.
Au niveau de la réalisation du contrat : on peut à partir du risque demander le
changement de la prime en hausse ou en baisse. Le dédommagement sera calculé en
fonction du risque réalisé.

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Le sinistre : c’est la réalisation du risque, le dommage. Le sinistre est la réalisation
de l’événement sur lequel l’assurance a porté, c’est la réalisation du risque. Le sinistre
est un moment important dans le contrat d’assurance parce qu’en découle la
prestation de l’assureur.
N.N : l’échéance de la prime est payée à l’avance en contrepartie de
l’engagement de l’assurance. Dans les contrats synallagmatiques, il y a prestation et
contrepartie. Là au contraire, la prestation est la promesse de l’assurance.
N.N : la prestation de l’assureur est réalisée en 2 temps, il y a son engagement
de payer, sa garantie (sous certaines conditions) et puis la seconde peut ou ne peut
pas se réaliser, elle se réalise avec la survenance du sinistre, la garantie est due, la
contre prestation n’est plus une promesse, l’assureur doit réaliser son engagement.
Les caractères du contrat d’assurance :
C’est un contrat d’ordre public, dans la mesure où la plupart de ses
dispositions sont impératives, sauf quelques-unes, celles prévues par la loi, et où les
personnes ont une marge de liberté (art. 3 du code).
C’est un contrat synallagmatique dans lequel il y a une prestation et une contre
prestation, la seule différence avec les autres contrats synallagmatiques est qu’en fin
de parcours, la contre prestation est l’engagement pris par l’assureur si le risque ne se
réalise pas, par contre s’il se réalise, il doit exécuter son engagement.
Il est aléatoire (à l’opposé du contrat commutatif où la prestation est
équivalente, on peut parler d’équilibre) ici le contrat est déséquilibré, la prime payée
n’aura pas en face une contre partie égale, si le risque ne se réalise pas, la prime va
être conservée et il n’y aura pas de contre partie financière, le déséquilibre est
évident. S’il se réalise, la prestation de l’assureur n’est presque jamais inférieure à la
prime, elles sont sans commune mesure. L’aléa est le cheval de bataille de
l’assurance, comparant le contrat d’assurance à celui de jeu et de pari.
On est face à une incertitude quant à l’exécution par l’assureur de sa
prestation, elle est suspendue à un événement qui peut ou non survenir d’où le
caractère aléatoire.
Exemple : le commerçant assureur vend un produit, il ne sait pas non plus
combien ca va lui couter. Contrairement au commerçant normal qui a un produit

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qu’il vend à un prix de revient dont son bénéfice, l’assureur lui est un commerçant
qui vend quelque chose sans en connaître le prix. Alors l’assureur a ses moyens de
calcul, les taux des accidents, les tables de mortalité, des données statistiques qui
vont déterminer le prix du produit, il étudie combien coute un sinistre … l’aléa n’a
plus la même consonance ni le même contenu. Les prix leurs laissent une marge de
gain, le produit va équilibrer et ce même pour les assurances mutuelles.
Le caractère aléatoire ne peut plus être considéré sérieusement aujourd’hui, il
n’est plus considéré comme inhérent au contrat d’assurance. Les assureurs proposent
des moyens de diminuer le risque et donc le degré de sinistralité. Ex. usine avec
salariés, on mettra par ex. les extincteurs en cas d’assurance contre l’incendie. La
prime variera selon ces éléments s’il y a les springlers (petites douches au plafond) le
risque diminue, la prime aussi étant donné qu’il y a moins de chances pour l’assureur
d’avoir à payer. Les dégâts à réparer seront nettement moins inférieurs que s’il n’y
avait pas ces moyens qui diminuent le risque. L’aléa n’est donc pas automatique.
Contrat à titre onéreux : on pense à lui enlever ce caractère lorsqu’il est tourné
vers les tiers, l’ex. Est celui de la stipulation pour autrui (V. cours 2ème année). Il est
onéreux pour le stipulant qui paye la prime au promettant (l’assureur) et puis le
second volet du contrat, le tiers bénéficiaire recueille le bénéfice de la stipulation sans
avoir conclu le contrat d’assurance. Il ne lui coute rien, mais ne lui enlève pas pour
autant son caractère onéreux. Ceci est valable aussi pour les tiers tout court, qui
n’ont pas de contrat, ils recueillent les réparations mais sans avoir conclu de contrat.
Contrat successif : durant toute la durée du contrat on est assuré (comme
pour le bail, il y a des exécutions successives). C’est ainsi le cas par ex. en cas
d’assurance contre l’incendie, on est toujours couvert même en cas d’incendie que
répare l’assureur même plusieurs fois sous réserve des clauses de résiliation pour
sinistralité. Ainsi l’assureur peut prévoir une résiliation en cas de sinistre surtout si
c’est répétitif. C'est-à-dire il s’échelonne sur un futur inconnu, ce qui donne lieu à un
autre caractère: c’est un contrat aléatoire (soumis à un aléa).
Contrat civil, commercial ou mixte : l’assurance maladie relève du domaine
civil. Par contre si on assure une usine, il a un caractère commercial. Le caractère
peut être mixte, par ex. un commerçant qui peut se présenter avec sa casquette civile

16
Pr. Bouchra NADIR
étant donné que le contrat peut porter sur différentes clauses dont quelques unes
peuvent être civiles, c’est là que se présentera l’assuré comme personne civile.
Contrat écrit : il ne peut à peine de nullité être qu’écrit, mais pas forcément
authentique.
Contrat de bonne foi : comme si on supposait que les autres ne le sont pas
alors que ce n’est pas le cas. L’expression est utilisée parce qu’en contractant un
contrat d’assurance, en remplissant le formulaire, l’assureur ne vérifie pas les
informations, même chose en cas de contrat d’assurance incendie, il a une idée du
risque de par les informations mais ne fait pas de vérification. De bonne foi c'est à
dire que l’assureur dans ce contrat est un peu à la merci des informations que lui
donne l’assuré, en cas de gros contrat, il sera procédé à une vérification.
Il faut qu’il y ait bonne foi de l’assuré, à défaut il y a sanction (c’est la règle
proportionnelle) c'est-à-dire les manifestations de la mauvaise foi sont par ex. un
contrat d’assurance en cas de transport clandestin, la prime aurait été plus grande
parce que le risque est plus grand (par ex. pour une personne normale qui va déposer
son véhicule pour travailler dans son magasin) la configuration du risque par
l’assureur est faussée, il y a donc sanction en cas de mauvaise foi non intentionnelle.
Si elle est intentionnelle, l’assureur peut invoquer la nullité du contrat.
Chapitre 1 : Conclusion du contrat d’assurance
Section 1: Les préliminaires à la souscription au contrat d’assurance
La formation du contrat d’assurance est généralement précédée de démarches
et d’échanges entre la personne voulant être assurée et l’assureur. La rencontre entre
l’offre et la demande aboutit à l’établissement d’une proposition d’assurance
souscrite par l’assuré et mise à sa disposition par l’assureur.
1- Proposition d’assurance:
C’est un imprimé ou un questionnaire par lequel un particulier ou une
entreprise demande une couverture d’assurance.
Les renseignements sont destinés à éclairer la compagnie sur la nature de
l’opération et sur les faits et circonstances qui constituent pour elle des éléments
d’appréciation du risque.

17
Pr. Bouchra NADIR
Cette proposition doit contenir toutes les précisions nécessaires a
l’établissement d’un contrat définitif d’assurance (risque assuré, montant de la prime
etc.)
Juridiquement cette proposition n’engage ni l’assureur ni l’assuré car le
deuxième alinéa de l’article 10 du code des assurances prévoit expressément: « la
proposition d’assurance n’engage ni l’assuré ni l’assureur, seul le contrat constate les
engagements réciproques. »
Contrairement au droit commun, l’offre ou la proposition de l’assuré ne
constitue pas en soi un engagement juridique si elle n’est pas complétée par un
contrat définitif d’assurance signé par les deux parties. Toutefois, la seule exception à
la règle est posée par le 3ème alinéa de l’article 10 du code des assurances qui
considère comme acceptée la proposition faite par lettre recommandée de proroger,
modifier ou remettre en vigueur un contrat suspendu, si l’assureur ne notifie pas son
refus de cette proposition dans les 10 jours après qu’elle soit parvenue. À l’issue de
cette durée la proposition devient un contrat qui engage les deux parties.
2- Le moment de la conclusion du contrat d’assurance :
La lecture du code des assurances ne fait aucun doute que le simple
consentement n’est pas une condition suffisante pour la formation du contrat.
Selon l’article 10, seul le contrat constate leurs engagements réciproques. C’est la
signature de la note de couverture définie par le premier article comme étant « un
document concrétisant l’engagement de l’assureur et de l’assuré et prouvant
l’existence d’un accord en attendant l’établissement de la police d’assurance qui
engage juridiquement les parties. »
Il s’agit, donc, d’un document signé unilatéralement par l’assureur permettant
à l’assuré d’être couvert immédiatement mais de façon temporaire jusqu'à ce que le
contrat d’assurance soit établi.
Section 2 : Les conditions de fond et de forme du contrat sont :
Au niveau de la forme : Le contrat d’assurance doit être établi par écrit, mais
la loi n’a pas prévu de sanction de nullité à défaut d’écrit. Là, il faut revenir au droit
commun. Comme on l’a déjà fait savoir l’écrit n’est pas une condition de validité du
contrat d’assurance. C’est juste un moyen de preuve : à défaut d’écrit, les parties ne

18
Pr. Bouchra NADIR
peuvent pas prouver l’existence de leurs droits et obligations et aucune action
judiciaire n’est possible.
Cet écrit doit être en caractère apparent. Avant l’apparition du code des
assurances, cette contrainte n’existait pas puisque les parties aux contrats prévoyaient
des clauses de caractère non apparent. Cela veut dire qu’en cas de sinistre, l’assuré se
trouvait dans l’impossibilité de défendre ses intérêts, ses droits, et était même parfois
victime d’escroquerie.
Normalement, la durée du contrat d’assurance est d’une année; si on prévoit
une durée supérieure à celle-ci, on doit le mentionner clairement au-dessus de la
signature des parties, à défaut, on se trouverait devant un contrat annuel.
Pour certaines clauses importantes, telles que les clauses de déchéance (perte
de certains droits), de nullité (il n’y a pas de nullité sans texte) et d’exclusion (les
risques qui ne sont pas assurés), le législateur a prévu leur transcription soit en
caractère gras, soit l’utilisation d’une autre couleur.
Au niveau du fond : Dans tout contrat d’assurance, on retrouve des
conditions générales et des conditions spéciales. Il peut renfermer des clauses
obligatoires et/ou des clauses facultatives et ou des clauses spécifiques dans le cas de
certains contrats d’assurance (art. 12 et 13).
Par exemple, la loi prévoit que dans tout contrat d’assurance, il doit être fait
place à la clause suivante : « le contrat d’assurance est résilié de plein droit en cas de
retrait d’agrément de la société d’assurance concernée ».
Il y a lieu de faire remarquer, enfin, que le contrat d’assurance peut être
conclu au nom du souscripteur ou à l’ordre d’une autre personne, au nom du
porteur. Lorsque le contrat d’assurance est à ordre, il peut être endossé.
Le contrat d’assurance n’est pas transmissible, il est personnel, sauf en cas de
cession aux héritiers.
Section 3: La durée du contrat d’assurance
Si la durée ne figure pas sur le contrat, il est nul. La durée du contrat doit être
fixée dans la police d’assurance en caractères apparents, la méconnaissance de cette
règle rendait normalement le contrat inopposable à l’assuré et par conséquent nul de
plein droit.

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Pr. Bouchra NADIR
Le nouveau code des assurances exige dans toutes les branches d’assurance la
mention de la durée. De ce fait, tous les contrats sont signés généralement pour une
durée déterminée tacitement.
La liberté contractuelle : Il revient aux parties de fixer le délai du contrat
d’assurance. Le contrat d’assurance peut être conclu pour une durée indéterminée
mais en fait déterminable. On peut souscrire un contrat d’assurance pour un
événement précis sans fixer de durée. Une fois déterminée, le contrat prend fin.
En pratique, les contrats sont conclus pour un an renouvelable par tacite
reconduction. Lorsque les parties se mettent d’accord à insérer dans le contrat une
durée supérieure a 365 jours, il faut maintenir la durée en caractères très apparents.
La clause de tacite reconduction : L’assureur peut prévoir dans la police
d’assurance une clause dite de tacite reconduction. Cette clause permet de reconduire
la durée du contrat à durée limitée pour une nouvelle période mais dans la limite
d’un an maximum conformément aux dispositions de l’article 7 du code des
assurances « Lorsque les parties contreviennent de la provocation du contrat pour
tacite reconduction, elle doit également être spécifiée dans le contrat ». On la
rencontre pratiquement dans tous les domaines d’assurance mais plus fréquemment
dans les assurances automobiles et habitation.
La tacite reconduction stipulée a des effets juridiques automatiques aux
mêmes termes que le contrat initial et aux mêmes conditions originaires.
Il existe une autre obligation d’information en vertu de l’article 7 « lorsque le
contrat d’assurance comporte une clause de tacite reconduction, il doit également
stipuler que l’assureur avise l’assuré ou la personne chargée du paiement des primes
ou cotisations de la date d’échéance et du montant dont il est redevable dans le délai
convenu au contrat et ce avant chaque échéance de prime ou cotisation… »
Section 4 : La preuve du contrat d’assurance
En droit commun, il existe plusieurs catégories de preuves comme le serment,
les présomptions, l’aveu…
Or, en droit des assurances, et en vertu de l’article 11 du chapitre 2 du titre
premier du code des assurances intitulé « la preuve du contrat d’assurance, les formes
et la transmission des contrats ».

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Pr. Bouchra NADIR
Le contrat d’assurance doit être rédigé par écrit. Il en résulte qu’aucune forme
n’est admise, la forme écrite est la seule preuve irréfutable de son existence.
La police d’assurance : Elle est définie par l’art 1er du code des assurances comme
« un document matérialisant le contrat d’assurance en indiquant les conditions
générales et particulières. Tous les termes du contrat doivent être rédigés en
caractères apparents. »
Le modèle du contrat a signer par les parties dépend de la catégorie
d’assurance à contracter. La forme des imprimés choisie par l’assureur engage sa
responsabilité car chaque modèle doit être conforme à la réglementation en vigueur.
La police se compose des conditions générales identiques pour tous les
contrats sans exception, garantissant le même risque et les conditions particulières
qui adaptent le contrat à chaque assuré et aux caractéristiques de chaque assurance.
Il y a des clauses générales et des clauses particulières, ces dernières prévalent.
Les caractères de la police d’assurance : Dans chaque police d’assurance doit
apparaitre :
La liste des dommages qui sont couverts par la dite assurance y compris les
exclusions.
La garantie dont bénéficie l’assuré.
Le montant qui sera payé.
Les délais et les conditions qui garantissent ce paiement.
Les obligations que doit assurer l’assuré tout comme celles qui doivent être
respectées par l’assureur.
Le législateur ne précise pas le nombre d’exemplaires de la police, mais
généralement elle est rédigée en 3 exemplaires: un adressé a la société d’assurance,
l’autre a l’assuré, et le dernier gardé par l’agent.
Les juges de fond ont pour obligation d’appliquer les conventions des parties
sans dénaturer les stipulations des parties. En revanche les juges sont souverains
pour interpréter les clauses ambiguës ou contradictoires du contrat d’assurance.
Chapitre II. La modification du contrat d’assurances:
Au cours du contrat, des modifications peuvent être soit proposées par
l’assureur ou l’assuré qui souhaite changer les termes du contrat initial, soit résultant

21
Pr. Bouchra NADIR
de circonstances nouvelles qui affectent le risque déclaré à l’origine.
Dans tous les cas, les modalités de modification du contrat sont réglementées par le
code des assurances. C’est le cas lorsque l’assureur ou l’assuré envisage de nouvelles
conditions de garantie, la suppression ou l’ajout d’exclusions, ou encore de
changements relatifs au plafond de garantie.
La modification du contrat d’assurance du fait de l’assureur : Lorsque l’assureur
propose de revoir les conditions du contrat initial, il doit dans tous les cas recueillir
l’accord de l’assuré: « cet accord doit être matérialisé par un avenant ( accord
additionnel annexé au contrat initial), ainsi que toute addition ou modification du
contrat d’assurance primitif doit être constatée par un avenant écrit et signé des
parties. »
En l’occurrence, l’assuré peut refuser les modifications proposées, l’assureur
va alors maintenir les conditions de garantie initiales.
La modification du contrat d’assurance du fait de l’assuré : L’assuré peut lui aussi
proposer des modifications par lettre recommandée. Aux termes de l’article 10 alinéa
3 du code des assurances: la demande de modification doit être faite par lettre
recommandée au siège social de l’assureur, l’assureur pourra la considérer comme
acceptée si l’assureur ne la refuse pas dans un délai de 10 jours.
Les modifications liées à l’évolution du risque : L’article 20 paragraphe 4 du code des
assurances oblige les assurés a déclarer au cours du contrat les circonstances
nouvelles qui ont pour conséquence l’aggravation des risques ou la création de
nouveaux, et rendent de ce fait inexactes les réponses faites a l’assureur dans le
formulaire de déclaration du risque lors de la conclusion du contrat.
Il convient en général de distinguer deux cas de figure:
l’aggravation des risques: l’automobiliste qui veut utiliser son véhicule à des
fins personnelles alors qu’il n’est assuré que pour des déplacements privés. Cela
concerne également l’artisan qui possède un local vide au moment de la souscription
mais qui a été transforme en un entrepôt de stockage de produits dangereux.
L’assuré doit déclarer ces circonstances nouvelles à l’assureur dans un délai de 8
jours. De sa part, l’assureur doit exprimer sa réponse dans les 10 jours selon l’article
24 du code des assurances. Passé ce délai, l’assureur est réputé avoir accepté.

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Pr. Bouchra NADIR
La diminution des risques : Dans le cas ou pour le calcul de la cotisation l’assureur a
tenu compte de certaines circonstances mentionnées dans le contrat et que celles ci
viennent à disparaitre le montant de la cotisation doit être réduit. Un refus de
l’assureur de réduire le montant autorise l’assuré a résilier le contrat.
Chapitre III. L’extinction du contrat d’assurance :
Le contrat s’arrête par la nullité, la résolution, ou encore les cas ou le contrat
prend fin de plein droit: fin de l’agrément, liquidation judiciaire, résiliation par la
perte ou réquisition des choses assurées, transmission ou réquisition.
- les cas de résolution initiés par l’assureur:
Le non paiement de prime par l’assuré: il peut lui demander de respecter ses
engagements ou le mettre en demeure 20 jours selon l’article 21, avant de suspendre
la garantie, et attendre ensuite 10 jours avant de résilier le contrat.
Omission ou inexactitude dans la déclaration du risque: si elle est faite avant le
sinistre l’assureur peut soit maintenir le contrat, soit résilier le contrat dans les 10
jours après notification adressée par lettre recommandée. Si elle est faite après le
sinistre, l’indemnité doit être réduite en fonction des conditions d’assurance, l’article
20 prescrit qu’il doit déclarer clairement toutes les circonstances.
Le troisième cas est la résiliation en cas d’aggravation du risque. L’assuré doit
déclarer en 8 jours, l’assureur peut alors choisir de maintenir le contrat en
augmentant les indemnités.
En cas de sinistre, selon l’article 26, l’assureur peut résilier le contrat dans le
délai d’un mois à dater de la réception de la notification par l’assuré.
les cas de résolution initiés par l’assuré: en cas de changement de la nature du
risque déterminé dans le contrat, si l’assureur refuse de réduire la prime, il peut
demander la résolution du contrat dans un délai de 20 jours.
Chapitre IV. Contentieux général du contrat d’assurance:
Section 1: La compétence territoriale
La règle est favorable pour l’assuré, il est assigné devant son tribunal de
résidence, à défaut du tribunal du domicile de l’agent de l’entreprise pour permettre
de relever sur place les constatations relevées.
Section 2 : la compétence d’attribution

23
Pr. Bouchra NADIR
Le contrat pouvant être civil, commercial ou mixte, il y'a une pluralité.
Le litige relève du TPI s’il est civil.
S’il est commercial, il est déposé devant le tribunal de commerce.
S’il est de nature mixte, chaque partie est traitée devant le tribunal compétent.
Voir art 130 du code des assurances.

Section 3 : la prescription
Les délais : 5 ans pour les assurances de personnes et 10 ans dans le contrat
d’assurance vie.
Les modes de calcul posent problème, on se réfère donc au DOC.
Le calcul ne commence pas du jour de concrétisation du risque mais il y'a autres
hypothèses :
Le point de départ en cas d’omission, de déclaration fausse ou inexacte sur le risque
encouru le délai commence à courir du jour ou l’assureur en a eu connaissance.
En cas de non paiement de prime, le délai commence à l’expiration du délai de la
suspension (10 j)
En cas de sinistre, le point de départ est le jour ou les intéressés en ont eu
connaissance.
Le délai pour les assurances de responsabilité civile est généralement 5 ans,
elle court du jour ou le tiers a exerce une action en justice contre l’assuré ou a été
indemnisé par ce dernier.
Les causes de suspension de la prescription :
Selon l’article 379 du DOC: « la prescription ne court point contre les mineurs
non émancipés, et autres incapables s’ils n’ont pas de tuteur, de conseil judiciaire ou
de curateur jusqu'à leur majorité émancipation ou nomination d’expert comptable. »
Elle ne court pas non plus en cas de force majeur.
Les causes d’interruption de la prescription :
La prescription s’arrête de courir si le juge prononce la nomination d’un
expert.
Chapitre V : les effets du contrat d’assurance
Généralités :

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Pr. Bouchra NADIR
Les obligations des parties ne sont pas réparties de la même façon, celle de
l’assuré est de payer la prime, celle de l’assureur est d’assurer le risque (double
détente 1/ engagement 2/ sinistre qui peut ou non survenir)
Le mécanisme est, cependant, reconnu par l’art. 34 du DOC : « néanmoins
on peut stipuler au profit d’un tiers, même indéterminé, lorsque telle est la cause
d’une convention à titre onéreux que l’on fait soit même ou d’une libéralité que l’on
fait au promettant ».
La stipulation pour autrui se trouve à la base de « l’assurance pour la vie »
(l’assuré obtient d’une compagnie d’assurance, qu’à son décès, celle-ci versera une
somme déterminée aux bénéficiaires qu’il aura désignés).
Elle se trouve également à la base de « l’assurance pour le compte de qui il
appartiendra (une marchandise est assurée par son propriétaire au profit des
acquéreurs successifs pour la durée du transport).
Elle peut se trouver aussi à la base de la donation avec charge (le donateur
impose au donataire d’assurer, au profit d’un tiers, les charges de la donation :
versement d’une somme, subvenir aux besoins du tiers bénéficiaire, etc.)
De manière générale, ce procédé peut convenir à différents contrats.
Avant de terminer avec l’aspect abordé, deux remarques s’imposent :
Entre le stipulant et le promettant s’opère un échange du consentement
classique, régi par le droit commun, qui va former le contrat originaire et servir de
support à l’opération triangulaire.
Le tiers bénéficiaire ne concourt pas à la formation du contrat, mais
l’acceptation de celui-ci n’est pas une condition nécessaire pour qu’il puisse en
bénéficier, car les droits s’y trouvant prévus lui sont acquis « avant l’acceptation par
le seul effet de la convention intervenue entre les deux parties » (Carbonnier).
Effets
La stipulation pour autrui fait naître des rapports triangulaires :
Rapport initial entre stipulant et promettant : Il s’agit du contrat conclu entre le
stipulant et le promettant. Le stipulant qui agit au profit du tiers bénéficiaire
conserve la qualité de partie au contrat et les droits qui s’y attachent. Ex : - il peut
donc poursuivre le promettant en exécution de ses obligations même si celles-ci ne

25
Pr. Bouchra NADIR
profitent qu’au tiers bénéficiaire (art. 35 du DOC). Il peut, également, agir en
résolution ou en responsabilité contre le stipulant.
Le rapport dérivé entre promettant et le tiers bénéficiaire : C’est là que réside la
singularité de l’opération : ce procédé fait acquérir au tiers bénéficiaire un droit direct
contre le promettant alors qu’il n’existe entre eux aucun contrat. L’existence de ce
droit direct est attestée par l’art. 34 du DOC : « la stipulation opère directement en
faveur du tiers … »
Il en résulte que le tiers bénéficiaire peut en son propre nom et en sa qualité
de bénéficiaire exiger du promettant l’exécution de la stipulation. Il en résulte, aussi,
que le tiers bénéficiaire sera considéré comme l’ayant cause à titre particulier du
promettant. En conséquence, la créance du bénéficiaire est une créance directe
contre le promettant qui échappe au patrimoine du stipulant et, donc, aux créanciers
de ce dernier.
Rapport entre stipulant et celui bénéficiant de la stipulation : Le créancier peut
toujours révoquer la stipulation tant qu’elle n’a pas été acceptée par le bénéficiaire.
L’acceptation du bénéficiaire rend la stipulation irrévocable et opère rétroactivement.
Les parties dont il est question, ici, s’entendent des parties directes (assurées et
assureurs) et, parfois, des parties indirectes (souscripteurs et bénéficiaires). Cette
précision étant soulignée, il y a lieu de faire remarquer que les obligations qui
naissent du contrat d’assurance se prescrivent par 2 ans, à compter de l’événement
qui leur donne naissance. Mais pour les contrats d’assurance de personnes, la durée
de prescription est de 5 ans. Elle est même de 10 ans pour les assurances vie et les
assurances de capitalisation, à condition que le bénéficiaire ne soit pas le
souscripteur.
Cette durée peut être prolongée à partir du jour où les intéressés ont
connaissance du sinistre.
Section 1 : les obligations et droits de l’assuré
Les obligations :
1/ le paiement de la prime : C’est au souscripteur de payer la prime. S’il
décède se seront ses héritiers. En cas de transfert du contrat, ce sera le nouvel
acquéreur. Les primes et les cotisations doivent être payées aux dates convenues.

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Pr. Bouchra NADIR
Celles-ci sont payées au domicile de l’assureur ou de son mandataire
(généralement elles sont payées aux courtiers ou agents d’assurance, car leurs sièges
sont à Rabat).
En cas de non-paiement, l’assureur envoie une mise en demeure au
souscripteur. Si ce dernier ne réagit pas dans les 20 jours, le contrat est suspendu.
Passé le délai de 10 jours, l’assureur peut résilier le contrat. La résiliation doit être
notifiée à l’assuré.
Cette règle n’est valable que pour les assurances dommages, car pour les
assurances de personnes, le paiement de la prime est facultatif : l’assureur ne peut
pas poursuivre en justice un assuré qui n’a pas réglé sa prime. Dans ce cas, il peut
soit résilier le contrat, soit réduire ses effets. Les conditions de réduction de ceux-ci
doivent être indiquées dans le contrat. Il est à signaler qu’il n’y a pas de réduction
temporaire en cas de décès, ainsi d’ailleurs que dans les assurances de capitalisation.
2/ la déclaration exacte, lors de la conclusion du contrat, des caractéristiques
et circonstances du risque qui sont de nature à faire apprécier le risque par l’assureur.
3/ la déclaration des modifications de circonstance (aggravation ou
allégement)
4/ dans certains cas, la prime ne peut pas être arrêtée de façon définitive pour
toute la durée du contrat, il y a alors déclaration de certains éléments adressés par
l’assuré à l’assureur. Ex. en assurance maladie, la prime est déterminée à travers le
salaire. C’est donc qu’un changement de salaire devrait rétroagir sur le montant de la
prime.
Un employeur qui emploie 50 personnes et qui contracte pour eux, s’il en
licencie (il passe à 20) ou en recrute (passe à 70), ou qui ont fait des heures
supplémentaires, ou ont travaillé moins que ce qu’ils auraient dû, c’est ainsi qu’il y a
une avance (provision) payée, et trimestriellement il y a un réajustement suite à des
déclarations (article 20).
5/ en cas de sinistre, l’obligation de le déclarer à l’assureur dans un délai de 5
jours (ce délai peut être prolongé par contrat, il est aussi tenu compte des
circonstances exceptionnelles de retard).

27
Pr. Bouchra NADIR
La sanction de non déclaration du sinistre n’est pas la nullité (pas erga omnes),
il y a déchéance, c'est-à-dire inopposable aux tiers qui ne souffriront pas de l’absence
de déclaration (sauf circonstances exceptionnelles).
Pourquoi ce délai de 5 jours ?
L’assureur prélève une somme pour la réserve « risque en cours » ce sont des
réserves, s’il n’y a pas eu de sinistre, la réserve est affectée à autre chose, le dossier
est fermé. Par contre, la réserve mise de coté, si le sinistre survient, l’assureur
constitue une réserve pour sinistre à payer, il pioche ailleurs.
Par ex. on est en 2014, on constitue des réserves pour 2014, tout ce qui arrive
comme sinistres est couvert par ces réserves techniques. A la fin de l’année, il est fait
un bilan qui dégage un chiffre négatif ou positif.
Là où se pose le problème, c’est qu’en 2015, le tribunal convoque l’assureur
pour un accident, l’assuré n’ayant pas déclaré le sinistre, les réserves n’ayant pas été
constituées (réserve pour sinistre à payer), il peut déclarer la déchéance mais elle
n’agit pas à l’encontre des victimes.
Il va rembourser sur l’exercice de 2015, ce compte va être amputé de sommes
qui ne concernent pas cet exercice. Si l’assuré avait déclaré le sinistre, les réserves
auraient été constituées, les dividendes partagés s’avèrent alors indus et fictifs et
l’exercice suivant se trouve amputé de ces sommes.
Concernant la prime, il a l’obligation de la payer, ce qui produit des droits à
l’égard de l’assureur.
N.N : la notion d’échéance, le contrat d’assurance est échu (à l’opposé des
traites par exemples) au début du contrat (l’assuré ayant payé à l’avance).
- ex : le contrat reconduit par tacite reconduction, l’assuré est tenu de payer.
- en cas de versement de provisions, il reste des réajustements à payer.
L’article 21 du code des assurances, il y a un système à détente dans lequel le
défaut de paiement d’une prime est plus ou moins toléré pour 10 jours à compter de
l’échéance à partir de laquelle il envoi une mise en demeure, puis il y a suspension
pendant 20 jours de la garantie octroyée et après ce délai de 20 jours, l’assureur a le
droit de résilier le contrat dans les 10 jours suivants, s’il ne le fait pas, il peut
poursuivre l’exécution en justice (règles générales de droit civil) il peut le poursuivre

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Pr. Bouchra NADIR
en exécution s’il ne résout pas le contrat. Toutefois en pratique, s’il n’est pas payé, il
résilie le contrat.
Les droits :
L’assuré bénéficie de deux types de droits :
Le droit de réduction ou de remboursement : Si les circonstances aggravantes du
risque mentionnées dans le contrat viennent à disparaître, l’assuré a le droit de
demander une réduction de la prime.
Si l’assureur refuse, l’assuré a le droit de demander la résiliation du contrat et
le remboursement du montant de la prime afférente à la période pendant laquelle le
risque n’existe plus. En matière d’assurance automobile, l’assuré a le droit au
remboursement d’une partie de la prime, en cas d’aliénation du véhicule. Exemple, si
vous vendez la voiture, il vous appartient de demander le remboursement des
sommes qui restent parce que celui qui l’a achetée doit souscrire sa propre assurance.
Le droit de rachat et d’avance : Dans certains contrats d’assurance de personnes,
l’assuré a droit à des avances dans la limite de la valeur de rachat. L’assureur dispose
d’une provision dans les contrats d’assurance de personnes. Tout se passe comme s’il
avait un compte bancaire. Le fait de disposer d’une provision est considéré comme
une créance. C’est pour cela que l’assureur rachète sa dette en effectuant un
paiement anticipé du capital ou de la rente anticipée.
Il faut respecter certaines conditions, car le rachat n’est pas automatique :
Le rachat ne peut être demandé qu’après 3 primes annuelles.
Ne sont pas concernés par le rachat les types d’assurances suivantes :
• Assurance temporaire en cas de décès
• Assurance de capital de survie et de rente
• Assurance en cas de vie sans contre assurance
• Rente viagère différée sans contre assurance.
Car, ici, le risque qui est couvert par l’assureur est la survie, l’assuré n’obtient
rien s’il décède avant l’échéance. Dans les assurances de groupes, le rachat est
possible par l’adhérent en cas de rupture de son contrat de travail.
Section 2 : droits et obligations de l’Assureur

29
Pr. Bouchra NADIR
Les obligations :
1 - Ce qui est un droit pour l’assureur est une obligation pour l’assuré et vice versa,
donc toutes les obligations de l’assuré déjà traitées sont des droits pour l’assureur.
L’obligation principale de l’assureur est la garantie qui se déploie en
l’engagement de payer la garantie et puis le paiement effectif par le paiement de la
garantie. Article 17.
2 - Dans l’obligation de payer le sinistre, le paiement est la concrétisation de
l’exécution de l’engagement donné par l’assureur, suite à sa promesse consécutive au
paiement de la prime, selon les conditions du contrat.
Le paiement se traduit par le versement d’une somme d’argent, autrement dit
l’assureur ne compense pas la perte en nature. Ex. en cas de vol l’assureur n’achètera
pas pour vous une voiture, il paiera en argent.
Le paiement s’effectue à l’assuré ou aux tiers selon le genre d’assurance
(assurance de dommages ou de personnes). S’il est au profit de l’assuré, ca sera dans
le cadre du maximum prévu par le contrat (le paiement est dans certaines assurances
diminué d’un pourcentage conventionnel du capital assuré qui reste à la charge de
l’assuré, c’est la franchise.). Ex. si une maison assurée ne brule pas entièrement, et
que le dommage est de 5000 dhs, si la franchise est de 6000 dhs, il ne va rien lui
payer puisque la franchise est de 6000 dhs. A partir de 6 000 dhs, il dédommagera les
sommes de plus de 6 000 dhs et qui seront diminuées de 6000 dhs par ex. 15 000 -
6000 = 9000 dhs.
La deuxième façon est l’application de la règle proportionnelle en cas par ex.
de description inexacte du risque, déclaration mensongère « de bonne foi » (étant
donné que si elle est de mauvaise foi, le contrat est annulé par l’assureur). Donc
puisque par exemple seule la moitié de la prime a été payée, c’est seulement la moitié
du dédommagement qui sera payée (donc proportionnelle).
Le paiement a un caractère libératoire, c'est à dire l’assureur est libéré de son
obligation, il a d’abord exécuté sa garantie et ensuite il a peut être aussi libéré son
assureur s’il s’agit par ex. d’une assurance de responsabilité (qui dans ce cas, c’est
l’assuré qui est responsable, l’assurance le couvre seulement, c’est un mécanisme de
paiement).

30
Pr. Bouchra NADIR
L’effet libératoire implique que le paiement se fait de 2 manières soit par
application de ce principe bien connu qui interdit l’enrichissement à l’occasion de
l’assurance : le principe indemnitaire. A l’occasion d’un sinistre, la victime ne peut
prétendre qu’à une juste réparation du dommage sans espérer s’enrichir. Il y a
seulement réparation du dommage subi. Remise en état.
Le paiement a un autre effet, qui est l’effet subrogatoire. Lorsque l’assureur a
payé, dans les assurances de dommages, il a le droit de se substituer à son assuré et
de recourir contre la personne pour la faute de qui il a payé, il la poursuit en justice.
Cet effet subrogatoire dans l’ex. D’une personne ayant assuré sa maison et qui
brûle, il y a deux débiteurs, l’auteur et l’assurance, l’un dans le cadre délictuel ou
quasi délictuel et l’autre dans le cadre contractuel. L’assuré ne peut être indemnisé
par les deux en raison du principe indemnitaire, il sera alors indemnisé par l’assureur
et ce dernier se retourne contre l’auteur.
Dans les assurances de personnes, dans les assurances-vie le paiement sera fait
au tiers bénéficiaire par l’assureur après réalisation du risque. Dans cette assurance, il
n’y a pas de subrogation pour l’assurance, car il s’agit d’une opération de
capitalisation et d’épargne qui est à part, le tiers bénéficiaire récolte l’assurance et
peut poursuivre l’auteur qui a réalisé le risque en tuant l’assuré.
Car si on utilise le principe indemnitaire ici, on est dans une négation des
principes de l’assurance, car la vie n’a pas de prix à l’opposé des dommages qui
nécessitent des dédommagements précis, il n’y a pas de critère d’évaluation.
L’assurance s’élèvera en fonction de ce qu’on paye comme prime, alors que le
dommage lui peut être chiffré.
Les différents tiers auxquels le paiement est fait, il peut s’agir de tiers
déterminés ou indéterminés. Dans les assurances de dommages, ils ne le sont pas.
Alors que dans certaines formes d’assurance, l’assureur est confronté à une
action directe formée par un tiers. Jadis, on pouvait imaginer que l’assureur qui
assurer quelqu’un en responsabilité, on pouvait imaginer qu’il payait à la personne
qui a subi le dommage, le principe voudrait qu’en raison du principe de la relativité
des obligations, l’assureur donne à l’assuré de quoi payer, le risque alors est de ne pas

31
Pr. Bouchra NADIR
payer la victime par l’assuré, le but alors visé par l’assurance n’est pas atteint à savoir
le dédommagement de la victime.
Le second risque est que les créanciers se retournent contre l’assuré et
effectuent des saisies.
C’est pour cela qu’il y a action directe du tiers à l’encontre de l’assureur. Ex. en
assurance auto, il y a action directe contre l’assureur, on bloque l’argent en amont.
Ex. quelqu’un assuré en vie, meurt, les créanciers ne peuvent pas se retourner contre
l’assureur au détriment du tiers bénéficiaire parce que le produit de la stipulation
pour autrui, ici, sort du patrimoine du stipulant. Peu importe le déficit successoral,
l’argent de l’assurance vie sort du patrimoine de l’assurance, le tiers bénéficiaire,
même s’il est héritier ne pourra être poursuivi par les créanciers du de cujus.
3- L’obligation d’information et de conseil : Cette information incombe à la société
d’assurance et aux intermédiaires. Ces derniers doivent expliquer à l’assuré les
dispositions du contrat et même les dispositions de la loi, tout en le mettant en garde
contre les déclarations inexactes et incomplètes. En outre, ils doivent adapter la
garantie au risque encouru.
Enfin, l’assureur doit procéder au paiement, il y a des délais qui doivent être
respectés sous peine de prescription par 2 ans. Article 36 la prescription est d’ordre
public.
Les droits :
La subrogation apparaît comme étant l’opération qui substitue une personne
(l’assureur) à une autre (l’assuré), en vue d’exercer à la place de ce dernier en
contrepartie du versement de l’indemnité due, les droits et actions qu’il détient à
l’encontre des tiers lui ayant causé un préjudice.
L’article 47 du code des assurances déclare, à cet égard, que « l’assureur qui a
payé l’indemnité d’assurance est subrogé jusqu’à concurrence de cette indemnité,
dans les droits et actions de l’assuré contre les tiers qui, par leur fait ont causé le
dommage ayant donné lieu à la garantie de l’assureur ».
Dans le cas où les agissements de l’assuré viennent à s’opposer au maintien de
la subrogation au profit de l’assureur, celui-ci est en droit de remettre en cause son
obligation de garantie, Cela résulte de la lecture de l’alinéa 2 de l’article précité, où il

32
Pr. Bouchra NADIR
est précisé que « l’assureur peut être déchargé en tout ou partie de sa garantie envers
l’assuré, quand la subrogation ne peut plus, par le fait de l’assuré, s’opérer en faveur
de l’assureur. »
Deux remarques s’imposent : la première est relative au fait que la subrogation
reconnue à l’assureur ne joue pas dans certains cas, comme cela résulte encore une
fois de l’article susvisé, et plus précisément de son troisième alinéa. Ce dernier laisse,
en effet apparaître : « par dérogation aux dispositions précédentes, l’assureur n’a
aucun recours contre les conjoints, les ascendants, les descendants, alliés en ligne
directe, préposés, employés, ouvriers ou domestiques, et généralement toute
personne vivant habituellement au foyer de l’assuré, sauf le cas de malveillance
commise par une de ces personnes. » La seconde remarque, elle, a trait au fait que la
subrogation n’intervient que pour ce qui concerne les assurances dommages, à
savoir : les assurances contre l’incendie, l’assurance contre la grêle et la mortalité du
bétail et les assurances de responsabilité, comme on le verra plus loin.

PARTIE II : LES FORMES D’ASSURANCE


Il y a les assurances de dommages et les assurances de personnes
Chapitre 1 ; Les assurances de dommages
Définition : le dommage c’est le préjudice, l’assurance de dommage est une
forme d’assurance qui va réparer le préjudice, cette notion de réparation est
fondamentale car elle nous rappelle le principe indemnitaire.
Dans les assurances de personnes, nous ne parlons pas de dommages mais de
capitaux assurés, on ne parle pas de responsabilité car le fondement de cette forme
d’assurance est différent de celui de celle de dommages : il y a les assurances de
choses et les assurances de responsabilité.
Section 1 : Les assurances de choses :
Lorsqu’on parle d’assurance de choses (biens), nous la distinguons de
l’assurance de responsabilité, car dans l’assurance de choses, il peut y avoir ou pas de
tiers. L’assurance de choses est tournée vers l’assuré lui-même qui est le bénéficiaire
de l’assurance. Ex. assurance vol, incendie, bris de glace, assurances agricoles … elles
sont toutes contractées pour assurer une partie ou tout le patrimoine de l’assuré,

33
Pr. Bouchra NADIR
mais l’on est toujours dans un contrat d’indemnités donc le montant payé par
l’assureur ne doit pas dépasser le montant du préjudice. Dans ce cas, le paiement est
effectué directement à l’assuré.
Dans l’assurance de responsabilité, le paiement est tourné vers le tiers qui est
la victime et qui doit recevoir la juste réparation du dommage qui lui est causé,
toujours avec le principe indemnitaire, ça implique seulement qu’il y ait preuve de
bonne foi.
Le contrat d’assurance sur les biens est un contrat d’indemnité. Toute
personne ayant un intérêt à la conservation d’un bien peut le faire assurer. Précisons,
à cet égard, que l’assurance dommages, ainsi qualifiée par la loi pour parler de
l’assurance des biens est basé sur le principe indemnitaire, en ce sens que l’assureur
ne garantit que le préjudice subi. Autrement dit, l’indemnisation est proportionnelle
au dommage subi. Pourquoi ?
D’abord, en l’absence de ce principe, le souscripteur peut provoquer
volontairement le sinistre pour recevoir un montant supérieur à la valeur réelle de la
chose. Ensuite, il y a risque d’enrichissement sans cause de l’assuré, auquel cas il y a
possibilité d’une modification de la nature même de l’assurance, qui, au lieu de
constituer une sécurité, se transformera en un jeu. L’assureur est tenu, dans ce type
de contrat, à tout le préjudice subi et rien qu’à ce préjudice.
Si l’on doit se limiter à l’indemnisation de la perte subie par la chose ou le bien
comment peut-on déterminer cette perte. Autrement dit, comment l’évaluer ;
Précisons, à cet égard, que les modes d’évaluation de la perte subie sont
normalement spécifiés dans le contrat et se présentent différemment selon que le
sinistre est total ou partiel, étant bien noté que dans tous les cas la preuve du
préjudice subi incombe à l’assuré.
Plusieurs méthodes permettent d’évaluer la perte subie :
On peut se référer à la valeur de la chose assurée au moment du sinistre et, à
moins d’une clause particulière inscrite dans le contrat, il s’agit de la valeur vénale,
c’est –à-dire de la valeur qu’aurait rapportée la chose assurée une fois vendue. Cette
hypothèse n’est, cependant, retenue que dans le cas où l’assuré a l’intention de

34
Pr. Bouchra NADIR
vendre la chose détruite. Elle lui permet ainsi de récupérer la perte subie et le gain
manqué.
On peut se référer, aussi, à la valeur de l’usage, notamment lorsque l’assuré
envisage de garder la chose détruite et de l’utiliser. Dans ce cas, l’assuré n’est pas
intéressé par la valeur de la vente de la chose assurée, mais plutôt par son utilité et
souhaiterait la remplacer. Toutefois, l’application du principe indemnitaire l’empêche
de bénéficier d’une indemnité correspondant à la valeur neuve de la chose détruite.
Ceci veut dire que l’on doit déduire de la valeur neuve ou de la valeur de
remplacement le montant correspondant à la vétusté. Cette règle est, cependant,
contestée, car certains objets ne perdent pas nécessairement leur valeur. D’où
l’existence de clauses spéciales prenant en charge la vétusté.
En fait, c’est la valeur de la chose assurée qui servira de base à la fixation de
l’indemnité, observation faite que cette valeur est fixée par l’assuré lui-même dans le
contrat. Pour éviter toute contestation y relative, les parties au contrat recourent
souvent à la formule dite ‘’valeur agréée’’, fixée par expertise établie à l’amiable. On
peut également prévoir dans le contrat une clause d’indice variable ou d’indexation.
En principe, l’assureur doit indemniser les coûts de réparation, mais seulement dans
la limite de la valeur de remplacement du bien détruit.
De même, l’assureur est non seulement obligé de réparer le dommage subi
mais également le gain manqué, par exemple la perte du loyer en cas d’incendie de
l’immeuble, la perte de la récolte ou encore la perte d’exploitation pour les
industriels.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que la conséquence essentielle du principe
indemnitaire étant d’empêcher l’assuré de recevoir une indemnité supérieure au
préjudice effectivement subi et de bénéficier d’un enrichissement sans cause, le
législateur a introduit pour écarter une telle éventualité un régime spécial
réglementant la sur assurance. Celle-ci résulte soit d’un contrat d’assurance unique,
soit de contrats d’assurance multiples.
Lorsqu’un contrat d’assurance a été consenti pour une somme supérieure à la
valeur de la chose assurée, s’il ya dol ou fraude de l’une des parties, l’autre peut
demander la nullité et réclamer, en outre, des dommages-intérêts. S’il n’y a ni dol, ni

35
Pr. Bouchra NADIR
fraude, le contrat est valable, mais seulement jusqu’à concurrence de la valeur réelle
des objets assurés et l’assureur n’aura pas droit aux primes pour l’excèdent. Seules les
primes échues resteront définitivement acquises, ainsi que la prime de l’assuré
courante quand elle est à terme échue.
La sur assurance résultant de contrats multiples, elle, se présente sous forme
de coassurance, soit d’assurance cumulative.
Comme on l’a déjà signalé, lors de l’introduction, il y a coassurance lorsque
plusieurs assureurs prennent en charge simultanément le même risque, étant bien
noté que chacun des Co assureurs connaît l’existence des autres co assureurs et la
part du risque qu’ils ont accepté de courir.
Les contrats souscrits en coassurance sont constatés par une « police collective
à prime unique ».
L’assurance est dite cumulative lorsqu’il y a des assurances multiples
entraînant une sur assurance. Dans ce cas l’assuré est tenu de déclarer à chaque
assureur l’existence des autres assurances couvrant le même risque. L’indemnité
servie à l’assuré en cas de préjudice ne peut, quant à elle, dépasser le montant
impliqué par ce dernier, même si la valeur assurée par l’ensemble des contrats est
supérieure à ce montant, en raison de l’application du principe indemnitaire. La
charge de l’indemnité se partage entre les divers assureurs proportionnellement aux
sommes assurées.
Sur le plan des sanctions, on fait là aussi la distinction entre fraude et absence
de fraude. Dans le premier cas, il y a nullité du contrat. Dans le second cas, et
lorsque l’ensemble des assureurs couvrent une somme supérieure à la valeur réelle de
la chose, les indemnités allouées doivent être ramenées à la valeur réelle et ne doivent
pas dépasser cette dernière. D’un autre côté, nous devons faire mention des
dommages laissés à la charge de l’assuré.
Une telle hypothèse se présente, d’abord, lorsque l’assuré choisit un contrat
qui ne couvre qu’une partie de la valeur déclarée, auquel cas on parle de sous-
assurance. Celle-ci suppose que les capitaux assurés sont inférieurs à la valeur réelle
ou à la valeur assurable. L’article 39 du nouveau code des assurances précise, à cet
égard, qu’il peut être stipulé que l’assuré restera obligatoirement son propre assureur

36
Pr. Bouchra NADIR
pour une somme ou quotité déterminée ou qu’il supportera une déduction fixée
d’avance sur l’indemnité du sinistre.
Lorsque l’expertise révèle une sous-assurance, l’indemnité va être réduite
proportionnellement au rapport qui existe entre la somme assurée et la valeur
assurable ou réelle.
L’hypothèse susvisée se présente, ensuite, lorsque le législateur déroge au
principe indemnitaire, en autorisant l’assureur à mettre à la charge de l’assuré une
part du sinistre (généralement des prestations très réduites), par le biais de ce que
l’on appelle le découvert obligatoire et la franchise.
Le procédé du découvert a pour objet de moraliser le risque, de prévenir les
sinistres volontaires, d’obliger l’assuré à se comporter en bon père de famille et d’agir
exactement comme s’il n’était pas assuré. Ceci d’autant plus que l’assuré sera amené à
payer une prime dont le taux sera moins élevée.
La franchise, en revanche, vise avant tout à permettre aux assureurs d’écarter
les petits sinistres dont ils sont submergés, et cela en ayant recours à des clauses
conventionnelles.
On distingue la franchise simple par laquelle l’assureur ne garantit que des
sinistres supérieurs à un certain montant et la franchise absolue, qui suppose que la
fraction mise à la charge de l’assuré est dans tous les cas écartée de l’indemnisation.
Il existe des cas où la charge de l’indemnité n’incombe à l’assureur que lorsque
cela est prévu expressément par le contrat (Voir les articles 44, 45 et 46 du code des
assurances).
L’assurance contre les incendies présente certaines particularités, dans la
mesure où l’assureur n’échappe à l’indemnisation, sauf clauses contraires, que
lorsque les dommages sont occasionnés par la seule action de la chaleur ou par le
contact direct et immédiat du feu ou d’une substance incandescente qui ne
provoquent ni incendie, ni commencement d’incendie susceptible de dégénérer en
véritable incendie.

Pour le reste, l’assureur répond des dommages directs ou indirects causés par
l’incendie, comme c’est le cas pour ce qui concerne les frais de sauvetage ou de

37
Pr. Bouchra NADIR
secours. Toutefois, l’assureur n’est pas responsable des objets disparus lors de
l’incendie. Sa responsabilité n’est pas non plus engagée en cas d’irruption volcanique
ou de tremblement de terre (force majeure).
Dans ce contexte, quelles sont les limites de l’assurance de choses et de
responsabilité ?
Elles sont limitées par le contrat, ce sont les exclusions par ex. les dommages
suite aux guerres, les actes terroristes … ce n’est pas toujours le cas car étant
commerçant (l’industrie de l’assurance), il doit vendre son produit, il va fabriquer un
produit même dans les cas précités à condition de payer le prix. Les exclusions
précédentes sont stipulées dans les contrats sous réserve de conventions contraires.
Il y a même l’assurance-vie contre le suicide, normalement on n’assure pas les faits
délictuels, mais c’est tout à fait acceptable à condition d’en payer le prix.
Il y a différentes catégories, ca dépend des biens assurables, appartement, gros
risque industriel, objet mobilier … il est regrettable que ce ne soit pas obligatoire car
vu de la concentration humaine autour des produits inflammables, le risque est de
plus en plus grand qu’il y ait des incendies, mais c’est le cas dans certains domaines
par ex. un exploitant de gaz naturel, mais ce n’est pas généralisé comme c’est le cas
pour les assurances auto.
L’assurance contre l’incendie est une forme d’assurance régie de manière
spéciale dans l’arrêté viziriel du 28.11.1934 (articles 40 à 45), il y est donné lieu un
complément aux conditions générales types de la police générale d’incendie qui sont
semblables aux conditions générales types de la police générale d’assurance auto par
la source de cette réglementation.
Pour définir beaucoup plus largement ce à quoi on a droit quand on s’assure,
le cadre juridique c’est d’abord l’arrêté viziriel de 1934, l’arrêté du ministre des
finances du 02.08.1965 pour les conditions générales types et enfin le code des
assurances (articles 51 à 56 dispositions qui régissent les assurances contre
l’incendie).
Définition : de quoi répond l’assureur
Remarque : on assure (que dans ces articles) il y a eu une reprise mot à mot
des dispositions de l’arrêté viziriel de 1934 donc on ne peut pas dire qu’il y a eu une

38
Pr. Bouchra NADIR
modification quelconque. L’assureur couvre les mêmes choses qu’il couvrait sous
l’arrêté viziriel de 1934 et c’est la difficulté car « il répond des dommages de la
conflagration, d’embrasement ou simple combustion ».
Le problème est un problème de définition.
Conflagration = feu issu d’éclatement, d’explosion (on dit incendie et les explosions).
Embrasement = le feu qui éclate et envahit un espace donné.
Combustion = on n’est pas en présence d’un feu qui se propage mais de quelque
chose qui se consume. Ex. chaudière qui se consume de l’intérieur, on ne voit pas de
flammes mais un dommage peut survenir, il n’empêche que c’est un risque assurable.
Ce qui n’est pas assurable par contre, c’est un feu qui est loin qui brule
seulement par la chaleur qu’il dégage, un article donné qui en brule un autre et le feu
se propage, l’origine de ce dommage est la chaleur (l’article qui a brulé en premier). Il
faut ainsi qu’il y ait contact immédiat. Le but est de ne pas faire payer à l’assureur
tout et n’importe quoi.
Dans l’ex. D’une femme qui fait la cuisine et le torchon brûle et qui brûle un
autre article et ainsi de suite… n’est pas assurable car on n’est pas en présence d’un
début d’incendie susceptible de dégénérer en incendie véritable, l’assureur ne répond
pas du dommage, c’est ce raisonnement qui va expliquer les dispositions de l’article
52 qui traite du dommage direct (seul à la charge de l’assureur).
Donc quand on parle de feu, il y a plusieurs feux et donc plusieurs formes de
ce qui peut être couvert. N.N ce sont des règles générales et pas légales il peut y être
dérogé par convention contraire.
Le dommage direct est l’opposé du dommage indirect. Ex. un incendie qui
cause des dommages à hauteur de 30 000 dhs et empêche par là même la personne
de se rendre à un rendez-vous ce qui lui cause une perte de 100 000 dhs, le second
dommage résulte indirectement du premier, on n’est alors concerné que par le
premier dommage.
Le premier problème qui se pose est un problème de définition : il n’y a pas de
définition de l’incendie lui même, il y a simplement l’énoncé de ce que l’assureur
prend ou ne prend pas en charge. L’appréciation judiciaire de l’incendie : on ne le
cerne pas, l’incendie peut être un feu comme il peut ne pas être un feu.

39
Pr. Bouchra NADIR
La doctrine quant à elle le définit comme le feu anormal dégénérant en
commencement d’incendie et en véritable incendie. Ex. la fumée de la cheminée qui
brule quelque chose : dommage indirect. Par ex. Lasamir qui produit des feux
normaux qui brulent dégagent des substances toxiques, les gens qui en tombent
malades doivent agir par voie de responsabilité civile, ce n’est pas une assurance de
choses.
Devant les tribunaux marocains on ne fait pas de différence entre les
différentes forme du feu : feu = incendie, incendie = feu. Il n’y a pas beaucoup de
contentieux dans ce domaine … même pas beaucoup de conflits, ce n’est pas par
manque d’assurance ou d’incendies, mais parce qu’il n’y a pas de contestation de la
part des sociétés d’assurances.
Contrairement aux autres domaines d’assurance, on a mis une procédure de
réparation dans les textes : ainsi en cas d’incendie, une déclaration doit avoir lieu, on
procède à une remise de l’état des pertes (évaluation) (N.N avant même la remise de
l’état des pertes, l’assureur désigne un expert pour voir comment s’est déclenché
l’incendie, est-il ou non couvert par l’assurance, il établit un rapport, la société
d’assurance « envisage de payer », on ne peut pas aller directement devant le tribunal,
pendant les 3 premiers mois après l’incendie, il y a expertise (délai légal pour
terminer l’expertise) une fois que c’est fait la procédure peut continuer sinon (on ne
peut toujours pas aller devant le tribunal) on fait une sommation à la société
d’assurance pour commencer à compter les intérêts, dans 3 mois encore on peut aller
devant le tribunal (le délai total est donc de 6 mois).
Si l’expertise est terminée à temps, il y aura indemnité ou non selon les
conclusions du rapport. Cela ne veut pas dire que l’assuré n’a pas de droits, il peut
faire nommer un expert judiciaire si l’on craint que l’expert de la société d’assurance
ne soit pas impartial.
Il ne s’agit que d’une mesure conservatoire, ce qui n’est pas envisageable c’est
l’action judiciaire elle-même pour le montant du dommage.
En pratique, après l’expertise, commence la discussion et l’assureur paye (sauf
en cas de provocation du feu) l’assurance ne peut pas vous dire par ex. d’aller voir le

40
Pr. Bouchra NADIR
vendeur de la bonbonne de gaz parce que ce n’est pas une assurance de personnes
mais de choses. (Effet subrogatoire …).
Ce qui peut arriver c’est que l’incendie qui a causé un dommage à l’assuré, en
cause au voisin a-t-il une action contre l’assureur ? La réponse est non. Il n’en a pas
contre l’assureur mais contre le voisin, mais par contre le voisin a dans sa police une
stipulation selon laquelle elle couvre le dommage causé aux tiers, c’est souvent le cas.
L’assurance de choses se place dans un cadre général et devient une assurance de
responsabilité.
Comme on a dit auparavant, il paye directement le voisin pour le dommage
causé, il ne peut payer à autre personne que le tiers lésé ou ses ayants droits (donc
pas l’assuré) Article 62. (Sauf convention contraire, il ne couvre pas les éruptions
volcaniques, tremblements de terre et autres cataclysmes …).
Section 2 : L’assurance de responsabilité ex. l’assurance auto (articles 120 et
suivants.) / Assurance de chasse.
Généralités :
Les assurances de responsabilité civile couvrent les conséquences de la
responsabilité qui incombe à l’assuré à la suite des dommages causés à autrui, et dont
il est juridiquement responsable. Cette dette de responsabilité grève le patrimoine de
l’assuré, c’est pourquoi on la qualifie d’assurance de dettes ou d’assurance de passif.
Cela indique que c’est bien la personne qui est assurée et non un bien.
Les assurances de responsabilité mettent en jeu une troisième personne : le
tiers victime ou bénéficiaire de la prestation d’assurance bien qu’il ne soit pas partie
au contrat. Autre précision intéressante : ces assurances obéissent aux mêmes règles
applicables aux assurances de biens. Toutefois, ces règles présentent des
caractéristiques particulières inhérentes à la nature du sinistre et aux droits des
personnes devant bénéficier de l’indemnité. On s’en rendra compte en analysant la
nature du risque que nous venons d’évoquer et ses conséquences.
1/ La nature du risque
Le principe est annoncé par l’article 61 du nouveau code des assurances.
Celui-ci est ainsi libellé : ‘’Dans les assurances de responsabilité, l’assureur n’est tenu

41
Pr. Bouchra NADIR
que si, à la suite du fait dommageable prévu au contrat, une réclamation amiable ou
judiciaire est faite par le tiers lésé à l’assuré ou à l’assureur.’’
Cet article, qui révèle que l’assurance de responsabilité est une assurance
contre les recours des tiers, peut donner à croire que le risque réalisé n’est pas dû au
fait dommage de l’assuré mais plutôt à la demande amiable ou judiciaire
d’indemnisation faite par les tiers, même si la responsabilité de l’assuré n’est pas
engagée. En fait, il n’en est rien. La réclamation du tiers suppose la survenance d’un
évènement dommageable. C’est donc cette dette qui grève le patrimoine de l’assuré
et qui, en dernier lieu, détermine la garantie de l’assureur. La réclamation du tiers
peut intervenir ultérieurement, dans la limite des délais règlementaires.
Cette analyse est conforme aux règles énoncées par le DOC en matière de
responsabilité civile (articles 77 et suivants). Dans l’assurance de responsabilité civile,
on distingue la responsabilité civile d’exploitation (employeurs, maîtres artisans qui
utilisent du personnel), et la responsabilité civile du chef de famille. Dans cette
dernière la responsabilité contractuelle est exclue. Par contre, dans la responsabilité
d’exploitation, la responsabilité contractuelle est retenue.
En effet, l’auteur du dommage est tenu d’indemniser le tiers dès la naissance
du fait générateur de responsabilité. L’action du tiers n’a pour but que de faire
reconnaître son droit par le responsable (si elle est à l’amiable) ou par le tribunal (si
elle est judiciaire).
De ce fait, le sinistre dans le langage de l’assurance de responsabilité survient
dès la naissance du fait dommageable et les conséquences de l’article 61 sont là pour
le confirmer, conséquences qui apparaissent à travers la lecture des articles 62 et 63
du code précité. Le principe dont il est question produit certains effets juridiques,
notamment quant à l’étendue de la garantie et quant à la durée de cette dernière.
2/L’étendue de la garantie
L’assureur est tenu à payer au tiers lésé ou à ses ayants-droit (la plupart des
contrats d’assurance de responsabilité excluent les proches parents) tout ou partie de
la somme due, dans les limites de la garantie prévue au contrat. En outre, toutes les
dépenses résultant des poursuites en responsabilité dirigées contre l’assuré sont à sa
charge, sauf stipulation contraire.

42
Pr. Bouchra NADIR
Cela dit, aucune déchéance motivée par un manquement de l’assuré à ses
obligations commis postérieurement au sinistre ne peut être opposée aux tiers
bénéficiaires. Dans le cas des accidents de travail, ces déchéances ne jouent pas,
même lorsque le manquement susvisé a été commis antérieurement au sinistre.
L’assurance de responsabilité civile ne couvre que les accidents, c’est-à-dire les
événements soudains et imprévus. Les dommages causés par des processus longs
sont exclus, sauf en ce qui concerne les accidents du travail. Toutefois, les clauses
d’exclusion doivent être formelles et limitées dans la mesure où la jurisprudence
annule les clauses imprécises ou dont le nombre paraît exagéré. Les fautes
intentionnelles de l’assuré, elles, ne sont pas assurées.
3/La durée de la garantie
Ici, tout dépend des termes du contrat. Pour contrecarrer les situations
préjudiciables à leurs intérêts, les assureurs introduisent souvent dans les polices
d’assurance des clauses exigeant, sous peine de déchéance, la déclaration d’accident
durant la période de garantie. On parle, ci, alors de clause ‘’occurrence basis’’.
On rencontre, aussi, parfois des contrats d’assurance où le dommage et la
réclamation peuvent avoir lieu pendant ou après la période de garantie. La clause qui
en est à l’origine s’intitule ‘’Clains made’’. Parfois, l’assureur procède à
l’indemnisation après la période de garantie ou pendant la durée du contrat,
dommage inconnu de la victime. Ce type d’indemnisation intervient en vertu de la
clause de ‘’reprise du passé inconnu’’.
Les contours de cette forme ont toujours été caractérisés par la sinistralité, ce
qui a même causé des liquidations judiciaires. L’évolution a consisté à ce que cette
forme d’assurance ne puisse pas continuer dans ce développement anarchique car on
s’est rendu compte de ce que toutes les autres branches d’assurance réunies étaient
insuffisantes pour combler le déficit de la branche d’assurance auto. Le parc
automobile vétuste en est la cause, l’inobservation du code de la route mais surtout
le système indemnitaire (pas le principe indemnitaire) plus exactement l’exagération
des indemnités.

43
Pr. Bouchra NADIR
Au plan historique, dans l’apanage des formes d’assurance instituées très tôt
au Maroc, en plus de celle des accidents du travail, on trouve les accidents
automobiles dont l’assurance est devenue très tôt obligatoire et l’assurance de chasse.
Sous Section 1 : L’assurance auto
Aujourd’hui, l’assurance auto a changé de physionomie. D’abord le contrat
d’assurance auto a fait l’objet de dispositions de caractère public (pas d’ordre public),
imprégnés par une intervention étatique par le contrôle de l’obligation (25 janvier
1965) et donc par les conditions générales types du contrat d’assurance auto. C’est
comme un contrat de base, qui est l’ensemble des conditions auxquelles doivent
obéir les polices d’assurance (aussi dans les accidents de travail, les explosions, les
incendies).
Il y a donc la définition des parties, l’assureur, l’assuré, les passagers sont-ils
des tiers bénéficiaires ? (N.N seuls les tiers de ce genre d’assurance peuvent en
bénéficier, parce que c’est là le but de l’assurance).
Par contre rien n’empêche de conclure un contrat d’assurance dans lequel il y
a en plus de ce qui est obligatoire, prévoir une couverture pour les personnes qu’on
transporte avec nous et qui ne sont pas des tiers (c’est alors une assurance de
personnes).
Si par ex. une personne sort de garage et sans faire attention heurte la porte ou
qu’on lui brise les glaces, c’est une assurance de choses qu’on conclut en parallèle du
contrat de responsabilité (tous risques).
Au niveau des personnes assurées, dans le contrat type, elles sont définies, les
tiers sont les personnes avec qui on n’a pas de liens de parenté jusqu’au degré décrit
par le texte.
L’assuré n’est pas toujours le conducteur du véhicule, c’est là que l’assurance
s’étend au conducteur qui est autorisé. Si le véhicule est volé, l’assurance n’assure pas
le voleur mais seulement les conducteurs autorisés. Mais en assurance de choses, elle
rembourse le véhicule. (L’article 124 du code pour les exclusions).
A/La mise en œuvre du contrat d’assurance automobile
a- La responsabilité :

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Pr. Bouchra NADIR
La responsabilité en matière auto nous rappelle les cas des règles générales
(article 78 ... et garde des choses) ex. en cas de faute du conducteur, par ex. en cas
d’infraction au code de la route ayant causé des blessures (432, 433 du C.P), il est
poursuivi au pénal, il y a constitution de partie civile, elle va effectuer une requête
d’appel en cause de l’assureur pour être condamné en cas de jugement contre
l’inculpé et là il se transforme en juge civil, s’il n’est pas inculpé, le juge pénal se
déclare incompétent et renvoie au tribunal saisi. La victime peut alors avoir recours à
l’article 88 devant le tribunal civil.

Le déficit de cette branche est que le montant de réparation étant laissé à


l’appréciation du juge à l’égard de la victime ou ses ayants droits.
On se fonde en terme de capacité, obligation d’incapacité, on estime que
lorsqu’on est sain de corps et d’esprit, on est capable à 100%, il y a un barème des
incapacités. (Comme c’était prévu au début pour les accidents du travail, on prend le
salaire annuel et on le multiplie par le taux d’incapacité) ex. salaire * 30 (pourcentage
d’incapacité) * l’estimation de la durée de vie.
S’il y a un second accident et qu’il perd autre chose : 1er : 100 % - 30 % = 70 %
2ème : 70 % - 21 % = 49 %
En 1978, il y a eu une mesure de suggestion de barème de référence, en
partant d’un revenu annuel et celui qui n’en avait pas, on estimait qu’il touchait le
S.M.I.G., en ayant le capital de référence, on multiplie par le taux d’incapacité. Cette
levée de bouclier a suscité le mécontentement des juges (eut égard à leur pouvoir
souverain d’appréciation), les avocats, les victimes …
(N.N un autre problème se posait quant à l’exécution provisoire des
jugements en 1ère instance).
En 1984, le barème est établi (revue marocaine de droit n° 1 et 2) et barème
modifié, le barème des incapacités dans le 2nd numéro.
b- La réparation :
Quelles ont été les modalités de réparation ?
1/ le barème a subi quelques modifications.

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Pr. Bouchra NADIR
2/ la liste des bénéficiaires a été complément révisée, autrement dit, le
préjudice moral est non seulement révisé, mais réduit au père et à la mère (ni les
frères ni les sœurs ne sont compris). Ex. une personne sans parents, pas mariée, pas
d’enfants, victime d’un accident, il n’y aura aucune indemnité à verser à personne,
même pas pour un parent éloigné.
3/ certains préjudices ont été quantifiés : les différents préjudices : le préjudice
d’agreement (jouer au basket, faire de la danse), le préjudice esthétique (soit léger,
important ou très important).
L’idée est que le barème a apporté des garde-fous en matière de réparation.
De plus, des difficultés majeures ont été vaincues ex. une personne n’a pas déclaré
son sinistre que l’année suivante, la réserve n’étant pas constituée.
L’assureur a des éléments pour quantifier le dommage : la victime gagne tant,
la veuve aura par ex. tant, les enfants tant … le P.V constatant tout ça était très
retardé, les réserves n’ayant pas été constituées.
L’apport de la loi est que :
1/ les services de la police doivent envoyer une copie du P.V.
2/ la victime ou ses ayants droits adresse à l’assureur une demande de
tentative de conciliation amiable et avec elle un dossier avec des éléments de leur
propre état civil, les éléments de salaire etc. pour permettre la négociation
Au délai de 60 jours sans réponse, elle peut intenter des recours dans le cas de
déclenchement de l’action publique.
Le grand pas a été de permettre un rééquilibre du marché de l’assurance grâce
au barème parce qu’il y a un plafond qui permet à l’assureur de calculer son risque.
Auparavant, en moyenne s’écoulaient 11 années entre l’ouverture du procès et sa
clôture.
L’appréciation de la responsabilité avant était problématique, de l’article 88
parce que la jurisprudence en restait contestable, il n’y avait pas de levée de bouclier
parce que les assureurs s’en accommodaient assez bien, puisqu’il y a un partage de
responsabilité.
B /Organismes en matière d’assurance automobile

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Pr. Bouchra NADIR
Le cadre institutionnel de l’assurance auto, est intéressant parce qu’assez
souvent on trouve dans le domaine d’assurance auto :
- Le fonds de garantie automobile
- Le bureau central marocain
- Le comité national
Concernant le fonds de garantie automobile, il faut partir de ce que les accidents
de la circulation posent un problème majeur qui peut être celui du défaut d’assurance
ex. une personne qui roule sans assurance, il faut qu’elle paie de ses propres fonds les
indemnités à payer, on va se heurter souvent à l’insolvabilité totale ou partielle.
Sinon, il pourrait y avoir assurance mais qui serait entachée de nullité, ou l’auteur de
l’accident reste inconnu dans ce cas non plus il n’y a pas d’assurance, la compagnie
peut elle-même tomber dans l’insolvabilité, elle est par ex. en liquidation judiciaire.
Le problème qui se pose alors est celui de l’indemnisation des victimes.
Ce n’est qu’en 1955 que le fonds de garantie automobile a été institué, c’est un
organisme avec personnalité juridique, il est chargé de payer les indemnités à
certaines victimes des accidents auto et ceci avec des conditions d’intervention du
fond et d’éligibilité.
- il répare le dommage matériel, sans le préjudice moral
- les accidents de la circulation survenus au Maroc
- les accidents de la circulation d’un des ex. cités plus haut. (S’il y a nullité de
l’assurance…).
- des conditions supplémentaires relatives à la victime : qu’elle ait résidence au
Maroc ou dans un pays ayant une convention de réciprocité avec le Maroc.
La situation a évolué depuis 1955. Alimenté par des contributions des
compagnies d’assurance, elles sont représentées dans ce fonds, créé par une loi.
Cependant, il ne remplissait pas sa fonction parce qu’on s’est fait une idée fausse de
sa mission, on a cru que c’était un fonds du gouvernement, les juges ne voulant pas
lui faire grief, leurs décisions ne condamnaient pas le fonds. Il a toujours joui d’un
certain prestige, privilège dans le cadre des actions judiciaires, puisque d’un coté il
était partie et de l’autre il n’était pas condamné, il exerçait les recours judiciaires mais
n’était jamais condamné.

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Pr. Bouchra NADIR
Cette situation était doublée de limites, de conditions et de délais pour
pouvoir actionner le fonds de garantie automobile, ces délais étaient si courts qu’il
pouvait toujours opposer la forclusion soit on ne tenait pas compte de son
intervention.
Ensuite, les victimes ne sont pas toujours averties de l’existence de ce fonds
de garantie, ni leurs ayants-droits, à sa découverte les délais sont souvent écoulés. Il
faut y ajouter toute la lenteur du traitement des dossiers. On arrivait ainsi à des
transactions largement à la faveur du fonds.
Il est composé du directeur de la C.N.S.S, de la C.D.G et de 7 représentants
des compagnies d’assurance pratiquant les assurances auto. Les prélèvements sont
effectués sur les propriétaires des véhicules en contravention au code des assurances.
Au niveau des recours, les choses ont été simplifiées, on a tenu compte de
l’évolution de 1984, on a beaucoup plus insisté sur la preuve.
Ainsi, en cas d’action judiciaire civile ou pénale avec constitution de partie
civile, et que la compagnie d’assurance est appelée en garantie qui le prend en charge
ou pas. Si elle invoque une nullité d’assurance, on va alors convoquer le fonds de
garantie automobile à la demande de la victime pour le faire intervenir.
S’il n’y a pas d’assurance du tout, et que l’auteur de l’accident est connu, dont
on peut craindre l’insolvabilité, le fonds va quand même intervenir en prévision du
risque d’insolvabilité du responsable (même si le responsable est solvable, le fonds de
garantie automobile est là en prévention).
Il intervient aussi lorsqu’on a un jugement et qu’il doit payer. Le problème est
que l’insolvabilité du débiteur a toujours posé un grave problème.
En 1955, la victime devait apporter la preuve de l’insolvabilité par un P.V de
carence c'est à dire que vous avez exercé toutes les voies d’exécution sans être arrivé
à rien, ce qui prenait un temps considérable par la lenteur de la procédure et qu’assez
souvent on ne trouvait pas le responsable.
Dans le nouveau régime, on a assoupli l’insolvabilité du débiteur, qui va être
établie par une sommation de payer suivie d’un refus ou demeurée sans effet.
Le fonds de garantie automobile a toujours un rôle considérable, ce rôle est
rappelé dans diverses circonstances, il est confronté à deux séries de problèmes :

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Pr. Bouchra NADIR
D’abord à un héritage du passé, les dossiers de dizaines d’années qui n’ont pas
été réglés, car des victimes ne peuvent pas exercer de voies d’exécution forcées à
l’encontre du fonds. De plus, il y a toujours cet aspect de fonctionnariat et
l’ignorance des victimes du réel rôle de ce fonds.
Avec les changements de textes, la jurisprudence antérieure n’a pas de
concordance avec la jurisprudence actuelle, malgré l’esprit nouveau du texte, mais
nous sommes toujours dans la jurisprudence ancienne.
Aujourd’hui on continue à rejeter les règles des nullités d’assurance parce
qu’on a toujours considéré devant les tribunaux que les compagnies d’assurance
étaient des colosses et pouvaient supporter les indemnités du sinistre que de les faire
supporter au fonds.
Le fonds de garantie automobile bénéficie du privilège général sur les
meubles, il exerce des saisies conservatoires … en vue de garantir les sommes qu’il
avance et à l’égard du civilement responsable et le recours subrogatoire se retrouve
beaucoup plus dans les assurances de choses.
L’action directe n’existait pas avant, c’est pour cela qu’on avait recours à la
subrogation pour autrui (S.P.A), la victime disait « je n’ai pas de lien avec l’assurance,
mais l’auteur de l’accident en contractant la police n’a pas entendu se couvrir, mais
couvrir les victimes éventuelles ». Il se pose en tiers bénéficiaire de cette stipulation.
De nos jours cette action est directe parce qu’elle figure dans le texte.
Dans d’autres cas ex. si la personne achète un billet de transport et meurt
durant le trajet, on a supposé que la victime n’est pas morte et va agir en justice, les
héritiers se substituent ainsi à l’action du de cujus. Il était plus aisé de le voir sous
l’angle de la S.P.A.
Suivant ce premier raisonnement, les sommes seront divisées selon l’actif
successoral, si c’est une S.P.A ce ne sera pas le cas car elles sortent de l’actif du
promettant. L’assurance a donc un effet à l’égard des tiers, qui deviennent
créancières de ce système, alors que selon le 1er système selon la personnalité et la
relativité des obligations, n’était qu’un tiers.
Le 2ème volet c’est lorsque l’assurance rend le tiers débiteur. Dans l’assurance
de choses, elle est contractée au profit de l’assuré qui va en tirer profit lui-même. Le

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Pr. Bouchra NADIR
tiers ici est l’auteur de l’incendie qui est débiteur de l’assuré, s’il n’était pas assuré, il
aurait eu un recours contre l’auteur. Du fait qu’il est assuré, il a un débiteur
contractuel qui est l’assurance mais il n’a droit qu’à une seule indemnité en vertu du
principe indemnitaire. Si le débiteur délictuel paye, l’assureur est dégagé ce qui est un
cas d’école. Généralement l’assuré se retourne contre son assureur, ce dernier se
subroge à lui pour exercer l’action de son assuré à l’encontre du responsable de
l’incendie.
Même en assurance de personnes, supposons un véhicule qui heurte un autre
par ex. étant assuré par une assurance tous risques, l’assureur indemnise l’assuré et se
retourne contre le responsable.
Le bureau central marocain d’assurance BCMA : Institution en forme
d’association, on suppose un véhicule étranger qui cause un sinistre mais son
assureur est à l’étranger. On ne va pas le chercher à l’étranger, c’est pour cela qu’une
convention a créée, une convention interbureau. Ex. on voyage à l’étranger, on
achète une carte verte, qui est une extension des pays que couvre l’assurance. Dans
les pays étrangers, on est estimé couverts. C’est le bureau central marocain qui
produit ces cartes vertes, c’est une assurance frontière.
Sa première fonction est la production de cartes vertes, en sens inverse les
assurés des autres pays qui ont une carte verte sont couverts au Maroc. La seconde
fonction est que le bureau central est un bureau gestionnaire, ce qui veut dire que le
conducteur étranger qui heurte un piéton au Maroc, n’a pas à être poursuivi à
l’étranger, le P.V de police est adressé au bureau central qui va gérer cet accident, il
va désigner un gestionnaire, qui est une compagnie d’assurance locale.
1ère situation : par ex. un assuré français auprès d’Axa, le bureau va s’adresser
à Axa Maroc puisqu’elle a des relations avec Axa mère et qui va gérer l’affaire.
2ème situation : par ex. une compagnie hollandaise, qui n’a de relations avec
aucune compagnie d’assurances marocaine. Le bureau adresse le dossier à n’importe
quelle société d’assurance pour prendre en charge le dossier. Elle va être mise en
cause comme si elle était l’assureur étranger, la seule dérive de la jurisprudence est
qu’en réalité, les magistrats ont condamné le bureau central marocain à payer.
Aujourd’hui ce n’est plus le cas.

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Pr. Bouchra NADIR
Sous Section 2 : L’assurance chasse.
En matière de chasse, l’obligation de garantie d’assurance peut être envisagée,
d’une part, comme condition d’obtention du permis de chasse et, d’autre part,
comme donnée proprement dite ou intrinsèque.
L’obligation de garantie d’assurance comme condition d’obtention de permis de
chasse : La chasse est une activité qui comporte des risques non seulement pour le
chasseur lui-même mais aussi, et surtout, pour les tiers. C’est pourquoi le législateur a
pris soin de la réglementer. L’article 115, alinéa 1 du code des assurances déclare,
dans ce sens, « que toute demande de permis de chasse doit être accompagnée d’une
attestation d’assurance délivrée par une entreprise d’assurance et de réassurance
garantissant pendant la validité du permis la responsabilité civile du chasseur pour les
accidents causés par lui involontairement à des tiers. »
Pour plus de sécurité, il est prévu à l’alinéa 2 de l’article précité que « le permis
de chasse cesse d’être valable et il est retiré provisoirement par l’autorité chargée de
sa délivrance, si le contrat d’assurance est résilié ou si la garantie prévue au contrat
est suspendue pour quelque cause que ce soit », observation faite que « la résiliation
ou la suspension de la garantie doit être notifiée par l’entreprise d’assurance et de
réassurance à l’autorité compétente où l’assuré a son domicile », toujours d’après
l’alinéa qui précède.
L’obligation de garantie d’assurance comme donnée intrinsèque : L’examen de
l’obligation de garantie d’assurance chasse en tant que telle permet de constater que
le législateur interdit aux entreprises d’assurance et de réassurance, agréées pour
pratiquer les opérations d’assurance et de réassurance contre les risques de
responsabilité civile, de refuser de garantir les chasseurs assujettis à l’obligation
d’assurance(article 118). Toutefois, les dommages causés aux préposés et salariés
pendant leur service sont exclus de la garantie (article 117).
Cette dernière est accordée sans limitation (art.116). Elle peut cependant, faire
l’objet d’une suspension pour non-paiement de la prime ou de la cotisation (art.115).
Dans ce cas, et lorsque la suspension est jugée régulière, l’article 116, alinéa 2,
accepte qu’une déchéance soit exceptionnellement opposée aux victimes ou à leurs
ayants-droit, en raison des accidents corporels occasionnés par tout acte de chasse.

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Pr. Bouchra NADIR
Enfin, il y a lieu de noter que des sanctions ayant partie liée avec l’obligation
de garantie d’assurance sont envisagées. Outre celles consacrées par la législation
relative à la police de chasse, l’article 119 prévoit que tout chasseur qui n’a pas été en
mesure de justifier par des documents ladite obligation est passible d’une amende de
200 à 400 dh.
Chapitre 2 : Les assurances de personnes :
Ce sont des assurances qui couvrent les risques susceptibles d’affecter la
personne humaine, soit dans son existence soit dans son intégrité physique. Cette
catégorie d’assurance a plusieurs finalités. Elle n’est pas seulement une protection
contre les risques mais également une opération financière de placement ou
d’épargne. C’est pour cela que le code des assurances les appelle assurances de
personnes et de capitalisation.
Les assurances de personnes sont, comme on l’a déjà signalé, caractérisées par
la garantie forfaitaire des sommes assurées. Elles sont connues à l’avance par
l’assureur. C’est pour cela qu’ici on ne peut parler d’assurance excessive. Les contrats
d’assurances de personnes peuvent être libellés en Dirhams ou en unité de comptes,
c’est-à-dire en valeur immobilière, dont la liste est précisée par voie réglementaire.
Mais l’assuré garde le choix, il peut réclamer le paiement en espèces.
Les assurances de personnes sont gérées par capitalisation, sauf les assurances
dommages corporels. Elles se présentent différemment les unes des autres, mais
toutes sont soumises à un régime juridique unique.
Section 1 : Variété des assurances de personnes :
• Les assurances groupes : ce sont des contrats souscrits par unepersonne
morale ou un chef d’entreprise en vue de l’adhésion de ses employés au contrat
d’assurance en cours d’examen (art. 103 du code des assurances). Ce n’est cependant
pas une obligation.
• L’assurance populaire : l’assurance populaire est une assurance sur la vie, à
prime périodique avec un montant limité, et sans examen médical obligatoire. Dans
ce type de contrat, le capital n’est payé que si le décès survient après un délai spécifié
dans le contrat. Le montant maximal est fixé par voie réglementaire.

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Pr. Bouchra NADIR

• Les assurances vie :


C’est un contrat par lequel, en échange d’une prime, l’assureur s’engage à verser une
certaine somme à une date donnée à condition que l’assuré soit encore en vie. Le
risque ici pour l’assureur est la survie de l’assuré après la date fixée.
Trois types d’assurances en cas de vie peuvent être dénombrés. Il s’agit, en l’espèce,
de :
1-L’assurance de capital différé : si l’assuré survit à une date d’échéance, il se verra
attribuer un capital. S’il décède, il perd toutes les primes et les héritiers ne recevront
aucun capital. C’est un contrat à risque, car personne ne peut prévoir sa mort.
2- L’assurance de rente en cas de vie :
Ici, deux hypothèses peuvent être envisagées. Il peut se faire que l’assuré reçoive une
rente immédiatement après la conclusion du contrat, contre une prime unique,
observation faite que toute somme d’argent non consommée de la part de l’intéressé
tombera dans le patrimoine de l’assureur. Il peut se faire aussi que la rente soit
remise à l’assuré après la date fixée dans le contrat, après la retraite, auquel cas on
parle de rente différée.
3-La contre assurance : Dans ce genre de contrat, l’assureur s’oblige à rembourser les
primes perçues aux héritiers, et cela lorsque l’assuré décède avant l’échéance du
contrat, mais uniquement les primes et non les intérêts.
• Les assurances en cas de décès
Ce type d’assurance consiste en un contrat où l’assureur s’engage, en échange d’une
prime unique, à verser une certaine somme, lors du décès de l’assuré, au bénéficiaire
prévu au contrat ou, à défaut, aux héritiers. On rencontre trois variétés de ce genre
d’assurances :
1- L’assurance en cas de décès vie entière : dans ce contrat, l’assureur s’engage à
verser le capital fixé dans le contrat, soit aux héritiers soit à des bénéficiaires quelle
que soit le moment où produit le décès de l’assuré.
2- L’assurance temporaire décès : dans ce genre de contrat, le paiement du capital
n’intervient que si le décès de l’assuré survient avant la date fixée dans le contrat. Si
l’assuré reste vivant après l’échéance, il n’obtiendra ni capital ni rente.

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Pr. Bouchra NADIR
3- L’assurance de survie : dans ce contrat, l’assureur ne s’engage à verser le capital
que si le bénéficiaire désigné survit à l’assuré.
Pour les assurances décès le montant est fixé en fonction de l’âge.Plus l’âge est
avancé plus le montant est élevé.
• Les assurances mixtes :
Il s’agit d’une combinaison des assurances que nous avons passées en revue dans une
seule police. Là encore, on se trouve en présence de plusieurs variétés, ou plus
précisément de quatre variétés :
1- L’assurance mixte ordinaire : c’est une assurance alternative qui garantit le
paiement d’un capital ou d’une rente que l’assuré décède ou reste vivant. C’est une
assurance qui porte sur 2 risques,: la survie et le décès. L’assuré paie une prime plus
importante, ce qui est normal, dès lorsqu’il est couvert contre deux risques. L’aléa du
contrat réside dans la durée, car on ne connaît pas la date de la mort.
2- L’assurance mixte à terme fixe : dans ce contrat, l’assureur ne paiera qu’à la date
prévue par le contrat, que l’assuré soit ou non vivant.
3- L’assurance dotale : c’est une assurance mixte à terme fixe à laquelle on rajoute
une condition de survie du bénéficiaire. Il faut ici que le bénéficiaire reste vivant
après la mort de l’assuré.
4- L’assurance combinée à terme fixe et temporaire de rente en cas de décès : dans
ce contrat, l’assureur s’engage à payer le capital fixé dans le contrat, à la date prévue
par celui-ci. En cas de prédécès de l’assuré, le paiement des primes est suspendu et
l’assureur paie aux bénéficiaires ou aux héritiers une rente viagère jusqu'à la date
d’exigibilité du capital. Une rente viagère est une rente à vie.
Des assurances complémentaires viennent s’ajouter aux autres assurances vie. Il
s’agit, en l’occurrence, de :
- L’assurance contre l’invalidité ;
- L’assurance contre le chômage ;
- L’assurance contre la mort violente ;
- L’assurance contre la mort accidentel.
Section 2 : Le régime juridique des assurances de personnes :

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Pr. Bouchra NADIR
La vie d’une personne peut être assurée lorsqu’il est question de la vie ou du
décès de l’assuré. Celui-ci est à la fois assuré et souscripteur. Mais on peut assurer
également la vie d’une tierce personne et dans ce cas il y a un souscripteur qui paie la
prime et un tiers qui est assuré, même en l’absence de son consentement. (Exemple
d’assurance pour le conjoint).
En la circonstance, le respect de certaines règles s’impose. Ainsi, lorsqu’il
s’agit d’une assurance en cas de vie, on n’aura pas besoin du consentement de
l’assuré, alors que pour les assurances en cas de décès le contrat est nul si l’assuré ne
donne pas son consentement par écrit, avec indication de la somme assurée. De
même est nulle toute assurance en cas d’un décès pour un mineur ou un interdit.
Après 12 ans, il faut une autorisation du tuteur et le consentement du mineur sous
peine de nullité.
Le contrat d’assurance de personnes est plus formaliste que le contrat
d’assurance dommages, car aux mentions obligatoires prévues par les articles 12 et
13du code des assurances, viennent s’ajouter les mentions de l’article 71 dudit code.
En tout état de cause :
- Il faut indiquer l’événement
- Préciser que le terme dépend de l’exigibilité des sommes assurées
- Et surtout les conditions de rachat.
Le contrat d’assurance vie peut être à ordre et, par conséquent, endossable.
Dans les assurances décès, le capital ou la rente, peuvent être payés à un ou plusieurs
bénéficiaires. Il est possible, par exemple,de prévoir dans un contrat que les sommes
seront versées au conjoint, même si celui-ci est célibataire, ou bien aux enfants à
naître, même si ceux-ci ne bénéficient encore d’aucune existence.
En cas d’absence du bénéficiaire, il appartient aux héritiers de prétendre à la
rente ou au capital.
Le souscripteur peut modifier le bénéficiaire soit par testament soit par
avenant. Mais si le bénéficiaire a donné au préalable son acceptation, qui peut
d’ailleurs être tacite, le souscripteur ne peut plus modifier le bénéficiaire sans le
consentement de celui-ci, sauf en cas de tentative de meurtre. Ce contrat d’assurance
peut être donné en gage, mais l’article 77 du même code des assurances ne précise
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Pr. Bouchra NADIR
pas par qui il peut être donné en gage, dans la mesure où celui-ci représente de
l’argent, un capital.
Le bénéficiaire qui a accepté, peut céder le contrat en cas d’absence de clauses
contraires, mais il faut le consentement du cessionnaire. Si le bénéficiaire désigné
est décédé, la rente est versée à la succession, sauf lorsqu’il s’agit d’une assurance
dotale ou de surnit.
Le contrat d’assurance cesse pour le bénéficiaire en cas de meurtre ou de
complicité de meurtre. Le bénéficiaire n’obtiendra rien. Et si les primes ont été
payées pendant au moins 3 ans, elles seront remboursées aux héritiers. Les
conjointes peuvent contracter une assurance réciproque en un seul acte.
En cas de démarchage, le souscripteur, même s’il a signé, dispose d’un délai de
réflexion de 15 jours pendant lequel il peut résilier le contrat (article 97). Les contrats
d’assurance vie font jouer la notion de stipulation pour autrui (article 34 et 38).
Il existe une procédure spéciale en cas de perte, de vol ou de destruction du
contrat d’assurance. L’intéressé doit déclarer à l’assureur le vol, la perte ou la
destruction, et il doit faire opposition au paiement du capital et de tous ses
accessoires.
Il faut aussi qu’il y ait une déclaration auprès de la police pour que celle-ci
puisse fournir une attestation qui sera remise à l’assurance, afin de lui permettre de
faire opposition. En cas de gage, le porteur peut réclamer son droit. En effet, celui-ci
dispose, dans le cas où il se manifeste, d’un délai de 30 jours pour intenter une action
en revendication. Si l’opposant n’agit pas, l’opposition peut être levée par l’assureur.
Car, s’il n’agit pas, cela équivaut à une acceptation tacite.
La demande du duplicata, formulée par l’opposant, est assortie des conditions
suivantes :
• Attendre 2 ans ;
• Faire entre temps une opposition ;
• Il ne faut pas qu’un tiers se manifeste ;
• Il faut demander le duplicata par voie judiciaire. C’est le président du tribunal
qui le fait. Le tribunal compétent est ici le tribunal de 1ère instance.

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Pr. Bouchra NADIR
PARTIE III : Les acteurs du secteur d’assurance et de réassurance

L’activité d’assurance et de réassurance s’entend des opérations portant sur la


couverture du risque concernant une personne, un bien ou une responsabilité.
D’après l’article 289 du code des assurances (CA), ces opérations sont effectuées par
des entités qualifiées d’entreprises d’assurance et de réassurance. Leur présentation
au public est assurée soit directement par lesdites entreprises, soit par l’entremise de
personnes habilités à cet effet et dénommées ‘’Intermédiaires d’assurance’’.
C’est de ces deux catégories d’entités qu’il sera question, successivement, au
cours des développements qui vont suivre.

Chapitre I- Les entreprises d’assurance et de réassurance


A ce sujet trois questions paraissent inévitables : quelles sont les conditions
devant être remplies par les entreprises en cours d’examen pour pouvoir pratiquer
des opérations d’assurance et de réassurance ? Quelles sont les règles dont
l’observance s’impose à elles ? Quels sont les moyens prévus pour les inciter à
respecter leurs obligations ?
Section 1 : Les conditions devant être remplies par les entreprises considérées
pour pouvoir pratiquer des opérations d’assurance et de réassurance

Les conditions en cause peuvent être ramenées essentiellement à deux :


-La constitution des entreprises d’assurance et de réassurance sous forme de sociétés
anonymes (SA) ou de sociétés mutuelles d’assurance (SMA).
et l’obtention d’un agrément de la part du ministère des Finances.
Sous Section 1 : La constitution des entreprises d’assurance et de réassurance
sous forme de SA ou de SMA

Cette première condition résulte de la lecture de l’article 168 du code des


assurances. Les articles 171 et suivants de ce dernier traitent de chacune des deux
formes susvisées. Pour avoir une idée de ce dont il traite, on se penchera sur le cas
des SA avant de tenter de rendre compte de celui relatif au SMA.

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Pr. Bouchra NADIR
Les SA :
Par dérogation aux dispositions de l’article 6 de la loi n° 17-95 relative aux
sociétés anonymes, les entreprises d’assurance et de réassurance doivent justifier d’un
capital social d’au moins 50 millions de DH, étant bien noté qu’un capital supérieur à
celui-ci peut être exigé en cas d’opération d’envergure. A sa souscription, le capital
social susvisé doit être entièrement libéré en numéraire.
Les actions sont obligatoirement nominatives, c’est-à-dire qu’elles doivent
porter le nom du propriétaire. Le ministère des Finances peut à tout moment exiger
que ce nom lui soit communiqué. Autrement dit, les actions ne peuvent se présenter
sous la forme au porteur, et ce pendant toute la durée de la société. Cela paraît
difficilement réalisable lorsque les actions transitent par la bourse.
Il reste à indiquer que les modifications concernant les questions de majorité,
de cession de plus de 10°/° des actions et de prise de contrôle directe ou indirecte
supérieure à 30 °/° du capital social doivent être communiquées à l’administration,
qui doit répondre dans un délai de 30 jours, à compter de la date de réception de la
demande présentée à cet effet.
Les SMA :
Le législateur en a traité de façon très exhaustive, puisqu’il leur a consacré les
articles allant de 173 à 226. On doit donc s’en tenir à l’essentiel. Disons qu’il s’agit là
de sociétés à but non lucratif, dont les membres, personnes physiques ou morales,
sont connus sous le nom non pas d’actionnaires mais de sociétaires, auxquels elles
garantissent le règlement intégral de leurs engagements en cas de réalisation des
risques pris en charge, moyennant le versement d’une cotisation fixe ou variable,
dans le cas où ces sociétés ont un caractère régionale ou professionnel .
Dans les SAM à cotisation fixe, le sociétaire ne peut être tenu au-delà de la
cotisation indiquée dans son contrat, dont le montant doit figurer dans ce dernier
(art.202). Il en est de même pour ce qui concerne le sociétaire appartenant à une
SAM à cotisation variable, sauf en cas d’accroissement d’impôts et taxes (art.193,
al.1).
Les excédents de recettes sont répartis entre les sociétaires, après constitution
des provisions et réserves et remboursement des emprunts (art.173, al.2). Il est

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Pr. Bouchra NADIR
remarquable de constater que le marché d’assurance ne connaît que deux SAM:
il s’agit, en l’occurrence, de la Mutuelle Centrale Marocaine d’Assurance (MCMA),
où les sociétaires sont des enseignants du secteur public et la Mutuelle Agricole
Marocaine d’Assurance MAMDA, qui est formée d’agriculteurs.
D’après l’article 182 du code des assurances, ces sociétés doivent être
immatriculées au registre de commerce, sans que cette immatriculation opère une
présomption de commercialité. Leur gestion est assurée par un conseil
d’administration (CA), dont les membres sont responsables individuellement et
solidairement, selon les cas, envers la société ou envers les tiers (art.194 et 145). En
dehors de jetons de présence, ils ne perçoivent aucune rémunération (art.173).
Les dispositions de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonyme, sont
applicables au commissaire aux comptes mis à leur disposition (art.199). Les SAM
peuvent se grouper en unions, dont la personnalité morale est distincte de la leur,
unions qui exigent la présence en leur sein au moins de deux de ce genre de sociétés.
De telles unions obéissent aux mêmes règles de constitution et de fonctionnement
que les SAM, sauf dispositions contraires prévues par elles.
Ces unions ont pour objet de réassurer les SAM qui y adhèrent, et ce en
prenant en charge l’intégralité des contrats souscrits par elles. Elles tiennent à leur
siège les livres de comptabilité, documents et fichiers exigés des entreprises
d’assurance et de réassurance, et établissent et produisent les comptes et les états
dont la publication et le dépôt auprès de l’administration sont imposés par la
législation en vigueur.
Sous Section 2 : L’obtention d’un agrément de la part du ministère des
Finances.
Qu’elles soient constituées sous forme de SA ou de SAM, les entreprises
d’assurance et de réassurance ne peuvent commencer leurs opérations que si elles
sont agréées par le ministère des Finances (art.161).
L’obligation d’agrément s’impose également aux unions de SAM. Si une
d’entre elles ne parvient plus à réunir en son sein plus de deux SAM, l’agrément qui
lui est accordé cesse de plein droit (art.206), observation faite que l’accord préalable
de l’administration reste requis pour tout retrait de l’union d’une de ses

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Pr. Bouchra NADIR
composantes, dans la mesure où ce retrait risque de compromettre son équilibre
financier (art.208).
L’agrément est attribué, sur demande, uniquement aux entreprises régies par le
droit marocain ayant leur Siege social au Maroc (art.115). Cette attribution intervient
après avis du Comité consultatif des assurances prévu par l’article 185 du CA, et
compte tenu des opérations d’assurance dont traite les articles 159 et 160, qui
s’entendent, respectivement, des opérations d’assurance et de réassurance
proprement dites et des opérations assimilées à ces dernières, comme les opérations
qui font appel à l’épargne ou encore celles ayant pour objet l’acquisition d’immeubles
au moyen de la constitution de rente viagère . L’obtention d’un agrément peut être
subordonnée au dépôt préalable d’un cautionnement à la charge des fondateurs de
l’entreprise (art.166).
L’entreprise qui, dans un délai d’un an à dater de la publication au BO de
l’acte administratif d’agrément, n’aura pas commencé à pratiquer les opérations pour
lesquelles l’agrément a été accordé verra la validité de ce dernier périmée de plein
droit (art.167). Le refus de l’agrément doit être motivé. Comme pour l’octroi dudit
agrément, ce refus s’opère compte tenu d’un certain nombre de considérations,
dont l’honorabilité et la qualification des personnes chargées de la conduite de
l’activité de l’entreprise, les moyens financiers et techniques de celle-ci, la
contribution économique et professionnelle qu’ elle peut apporter, etc. (art.165).
Section 2 : Les règles dont l’observance s’impose aux entreprises d’assurance
et de réassurance
Les règles dont l’étude est abordée s’entendent de celles ayant pour objet la
gestion des entreprises qui nous occupent, la comptabilité et les statistiques y
afférentes et enfin, de celles envisageant des garanties.
Les règles dont il est question, ici, différent selon que l’on se trouve en
présence des entreprises d’assurance et de réassurance ou en présence des dirigeants
de ces dernières.
Sous Section 1 : Les règles de gestion s’imposant aux entreprises d’assurance
et de réassurance.

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Pr. Bouchra NADIR
Aux nombre de celles-ci, on peut citer l’obligation faite aux entreprises en cause de
communiquer à l’administration un document par lequel elle s’engage à ne réassurer
aucun risque concernant une personne, un bien ou une responsabilité situé sur le
territoire marocain auprès d’entreprises déterminées ou appartenant aux pays
étrangers, dont la liste est dressée par l’administration (art.229).
Ensuite, l’obligation faite aux entreprises considérées de ne procéder à des
opérations de fusion de scission ou d’absorption qu’après accord préalable de
l’administration (art.230).
On outre, les entreprises qui procèdent au transfert d’une partie ou de la
totalité de leur portefeuille de contrats à une ou plusieurs autres entreprises agréées
sont conviées non seulement d’en avertir l’administration mais aussi les créanciers, et
cela grâce à un avis publié dans le BO, édition des annonces légales, créanciers qui
disposent d’un délai de trois mois pour faire connaître leurs observations auxdites
entreprises, et dont copie doit être adressée à l’administration (art.231).
Dans le cas où le transfert est approuvé par cette dernière, conformément aux
dispositions de l’article 232, l’entreprise cédante est obligée de transférer à la société
cessionnaire la gestion des sinistres relevant de la ou des catégories concernée (s) par
leur transfert. Enfin, lorsque deux entreprises d’assurance et de réassurance
emploient une même personne, au titre d’administrateur ou de directeur, suite à la
conclusion d’une convention entre elles, celle-ci doit être portée à la connaissance de
l’administration avant le commencement de sa mise en application (art.228). Cette
disposition s’applique également en cas de conventions passées entre les entreprises
susvisées et leurs administrateurs ou directeurs.
Sous Section 2 : Les règles de gestion s’imposant aux dirigeants des
entreprises d’assurance et de réassurance
Les fondateurs des entreprises d’assurance et de réassurance, les dirigeants de celles-
ci, et ceux qui sont investis de mandat de gérant ou de liquidateur ne peuvent pas,
comme le révèle l’article 227 du CA, avoir les qualités dont il est fait mention, ci-
après :
-s’ils font l’objet d’une condamnation irrévocable pour crime ou pour l’un des délits
prévus et réprimés par les articles 334 à 391 et 505 à 514 du code pénal;

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Pr. Bouchra NADIR
-s’ils font l’objet d’une condamnation irrévocable pour une infraction à la législation
des changes ;
-si les entreprises qu’ils dirigeaient ont fait l’objet au Maroc ou à l’étranger d’une
liquidation judiciaire ;
-s’ils ont fait l’objet d’une condamnation irrévocable en vertu des dispositions des
articles 280 à 283, 327, 328 et 330 du code des assurances.
-s’ils ont fait l’objet d’une condamnation prononcée par une juridiction étrangère et
passée en force de chose jugée pour l’un des crimes et délits énumérés ci-dessus ;
-s’ils ont fait l’objet d’une radiation d’une profession réglementée pour cause
disciplinaire
Section 3 : Les règles comptables et statistiques
D’après l’article 233 du code des assurances et réassurance, les entreprises en
cours d’examen sont tenues de respecter les dispositions de la loi n°9-88 relative aux
obligations comptables du commerçant, en dehors de celles auxquelles il est dérogé
explicitement, autrement dit des articles 2,4,14, 20 et 21. Quelle que soit le montant
de leur chiffre d’affaires annuel, elles ont l’obligation d’établir un manuel ayant pour
objet de décrire leur organisation comptable, ainsi que l’état des soldes de gestion, le
tableau de financement et l’état des informations complémentaires (art.235).
Dans le cas où une d’entre elles possède un actif exprimé ou a des
engagements libellés en monnaie étrangère, les comptes concernés doivent être
tenus dans ces monnaies et en Dhs. Toutefois, l’inventaire annuel, les états de
synthèse et les autres documents publiés sont établis en DHS. Les comptes afférents
aux opérations en monnaies étrangères sont convertis en DHs d’après les cours de
change constatés à la date de clôture des comptes ou à la date antérieure la plus
proche (art.236).
Notons, enfin, qu’en cas de cessation partielle d’activités les entreprises
considérées ne peuvent établir leurs états de synthèse selon des méthodes différentes
de celles prescrites par la loi n°9-88 précitée ou par le code des assurances (art.237).
Sous Section 1 : Les règles envisageant des garanties financières

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Pr. Bouchra NADIR
Sous cette rubrique, il sera question, d’une part des règles prudentielles et,
d’autre part, de celles prévoyant des privilèges en faveur des assurés et des
bénéficiaires de contrats.
Les règles prudentielles
Selon l’article 238 du code des assurances, les entreprises sur lesquelles notre
attention est focalisée doivent, à toute époque, inscrire à leur passif et représenter à
leur actif :
Les provisions techniques suffisantes pour le règlement intégral des engagements
contractés à l’égard des assurés, souscripteurs et bénéficiaires de contrats ;
Les postes correspondants aux créances privilégiées et aux dettes exigibles ;
La réserve pour l’amortissement de l’emprunt ;
Le dépôt de garanties des agents, des assurés et des tiers ;
Et une réserve égale à l’ensemble des provisions techniques à la charge du régime de
prévoyance sociale institué par l’entreprise en faveur de son personnel.
En outre, elles sont tenues de justifier, à tout moment, de l’exigence d’une
marge de solvabilité destinée à faire face aux risques de l’exploitation propres au
caractère aléatoire des opérations d’assurance (art.239).
La distribution de dividendes ou la répartition d’excédent de recettes ne peut
intervenir en l’absence du respect des articles 238 et 239 précités et des textes pris
pour leur application (art.240).
A défaut de ce respect, l’administration peut obliger l’entreprise contrevenante
à procéder à une augmentation du capital ou du fonds d’établissement en numéraire
à concurrence du montant distribué ou réparti, et ce dans un délai n’excédant pas
trois mois (art.241).
Les privilèges des assurés et bénéficiaires de contrats
L’article 276 du code des assurances a prévu des privilèges au profit des
assurés et des bénéficiaires de contrats, et ceci en affectant l’actif des entreprises
concernées par la présente étude d’un double privilège : spécial et général. Le
privilège spécial porte sur la part de l’actif constituant les cautionnements et les
provisions techniques afférentes aux opérations visées aux articles 159 et 160 et
exécutées au Maroc, articles déjà évoqués précédemment.

63
Pr. Bouchra NADIR
Ce privilège garantie le règlement des opérations précitées.
Entant que privilège portant sur les meubles, il prend rang après ceux
énumérés à l’article 1250 du DOC, autrement dit après les créances privilégiées dont
fait cas ce dernier.
Le privilège spécial est conservé sur les immeubles par une inscription au titre
foncier de la propriété foncière intéressée, à la requête des entreprises ou à défaut de
l’administration, dont l’accord reste nécessaire pour toute radiation de ladite
inscription, étant bien noté que les frais occasionnés par celle-ci sont à la charge de
l’entreprise.
Le privilège général, quant à lui, porte sur l’ensemble des biens compris dans
l’actif de l’entreprise. Il est affecté à la garantie du règlement des opérations
également prévues aux articles 159 et 160 effectuées en quelque lieu que ce soit.
Il prend rang après les privilèges énumérés à l’article 1248 du DOC, c’est-à-
dire après les créances privilégiées sur la généralité des meubles consacrées par ledit
Dahir.
La créance privilégiée est arrêtée, aussi bien pour l’application du privilège
spécial que pour celle du privilège général, eu égard à certains montants, comme
ceux relatifs à l’indemnité due par suite du sinistre, à la portion de prime payée
d’avance, à la provision de prime correspondant à la période pour laquelle le risque
n’a pas couru, etc.
Sous Section 2 : Les moyens destinés à inciter les entreprises d’assurance et
de réassurance à respecter leurs obligations
Les moyens dont l’examen va suivre s’entendent, d’un côté, du contrôle
effectué par les agents de l’Etat, de l’autre, des sanctions pouvant être prononcées à
l’encontre des entreprises contrevenantes.
Le contrôle effectué par les agents de l’Etat
Ce contrôle a pour objet de préserver les intérêts des souscripteurs, des
assurés, et des bénéficiaires de contrats d’assurance et de réassurance, ainsi que de
faire respecter par les entreprises les dispositions législatives et réglementaires qui
leur sont applicables.

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Pr. Bouchra NADIR
Avant de tenter d’appréhender les modalités de ce contrôle, il convient de
jeter un regard sur son étendue.
L’étendue du contrôle
Le contrôle en question porte sur les documents (états comptable, comptes
rendus, tableaux, spécimens de contrats, écrits, etc.), dont la production est prévue
par le code des assurances, et sur ceux pouvant être demandés par l’administration
(art.242).
Il s’exerce sur place, grâce à l’intervention de fonctionnaires assermentés
délégués à cet effet par le ministère des Finances, fonctionnaires qui procèdent à la
vérification des opérations d’assurance et de réassurance pratiquées par les
entreprises, et qui dressent, à l’issue de cette vérification, un rapport où il est fait
mention de leurs observations. Ce dernier est communiqué, selon les cas, au conseil
d’administration ou au conseil de surveillance de l’entreprise, qui dispose d’un délai
de 15 jours pour faire connaître sa position, ainsi qu’au commissaire aux comptes
(art.246).
Le contrôle sur place s’étend à toute société dans laquelle l’entreprise
d’assurance et de réassurance détient , directement, ou indirectement la moitié du
capital ou des droits de vote, ainsi qu’à tout organisme avec lequel elle se trouve liée
par une convention de gestion, de réassurance ou de tout autre type, susceptible
d’altérer son autonomie de fonctionnement ou de décision concernant un de ses
domaines d’activité.
Les filiales et succursales des entreprises d’assurance et de réassurance en font
également l’objet, le tout afin de se rendre compte de la situation financière réelle
desdites entreprises (art.243).
Il peut même être demandé à ces dernières de faire auditer leur compte, avec
cette précision que toute mission d’audit doit se solder par un rapport devant être
communiqué à l’administration (art.250).
Le contrôle peut aller jusqu’à permettre à l’administration des Finances, après
avis du Comité consultatif des assurances, de déterminer les conditions générales-
type des contrats et/ou l’usage des clauses-type de contrats relatives aux opérations
d’assurance visées aux articles 159 et 160, de fixer les critères de détermination des

65
Pr. Bouchra NADIR
primes concernant les opérations d’assurance autres que l’assurance vie ou la
capitalisation, arrêter les conditions dans lesquelles devront être établies et utilisées
les polices et prospectus destinés au public, etc. (art.248).
Les modalités du contrôle
Une fois effectué, le contrôle peut conduire l’administration à adresser à
l’entreprise une mise en garde pour non-respect d’une disposition de la loi sur les
assurances et réassurances, ou encore une injonction, afin de l’obliger à rétablir ou à
renforcer son équilibre financier ou à corriger ses pratiques (art.251).
De même, il peut se faire que le contrôle accule l’administration à ordonner à
une entreprise de suspendre le paiement des valeurs de rachat ou le versement
d’avances, en raison de la survenance d’une circonstance exceptionnelle
compromettant les intérêts des assurés et des bénéficiaires de contrats (art.252).
par ailleurs, le contrôle peut révéler que la marge de solvabilité destinée à
permettre de faire face aux risques d’exploitation propres au caractère aléatoire des
opérations d’assurance et de réassurance, n’atteint pas le minimum prévu. Dans ce
cas, l’administration invite l’entreprise à présenter un programme de financement
d’une durée de trois ans au maximum, de manière à reconstituer la marge de
solvabilité, programme devant prévoir une augmentation du capital social ou du
fonds d’établissement à un montant au moins égal à celui fixé par ladite
administration lors de son contrôle.
L’administration peut être également amenée, à l’issue de son contrôle relatif
aux documents comptables et financiers, à faire constater à l’entreprise que sa
situation financière risque de ne pas lui permettre de remplir ses engagements. En
conséquence, elle l’invite soit à ne pas souscrire de nouveaux contrats pendant une
période n’excédant pas deux ans, ce qui requiert l’avis du Comité consultatif des
assurances (art.262) et doit être porté à la connaissance du public (art.254), soit à lui
présenter un plan de redressement (art.254), et ce après avoir consulté la
Commission paritaire prévue par l’article 257 comprenant des représentants de l’Etat
et des représentants des entreprises d’assurance et réassurance.
Dans le cas où le plan de redressement est accepté par l’administration, celle-ci
précisera les délais et les modalités de son application, tout en exigeant de

66
Pr. Bouchra NADIR
l’entreprise concernée l’augmentation de son capital social ou de son fonds
d’établissement (art.225), et l’application des mesures de sauvegarde par voie
réglementaire et visant à protéger les intérêts des assurés et bénéficiaires de contrats
(art.256).
Le refus de présentation d’un plan de redressement ou d’une exécution de
celui-ci dans les délais impartis, entraîne de la part de l’administration la nomination
d’un administrateur provisoire, chargé d’établir un rapport d’évaluation de
l’entreprise avec ses conclusions sur les possibilités de son redressement ou de sa
liquidation, ainsi que l’énoncé du transfert d’office à une entreprise agréée, avec
l’accord de celle-ci (art.264), du portefeuille de contrats en cours et des sinistres et le
retrait partiel ou total de l’agrément, retrait qui constitue , comme on va le voir juste
après une véritable sanction.
Sous Section 3 : Les sanctions
Les sanctions auxquelles s’exposent les entreprises contrevenantes résident,
d’une part, dans le retrait total ou partiel de l’agrément, et d’autre part, dans les
sanctions que l’on peut regrouper sous le vocable « autres ».
1- Le retrait total ou partiel de l’agrément
Deux questions se posent à ce niveau : quels sont les motifs justifiant le retrait
total ou partiel de l’agrément ? Quels en sont les effets ?
a- Les motifs justifiant le retrait partiel ou total de l’agrément
En dehors du motif permettant à une entreprise de procéder elle-même au
retrait de l’agrément, et qui consiste dans le transfert de la totalité de son portefeuille
de contrats, avec ses droits et obligations, à une ou plusieurs entreprises agréées
(art.265, al.2), et de celui découlant de l’article 258 que nous venons d’évoquer,
l’article 265 permet de relever l’existence de 4 autres. Il y est en effet précisé que le
retrait total ou partiel, qui ne saurait intervenir qu’après mise en demeure de
l’entreprise concernée et avis du Comité consultatif des assurances, a lieu lorsque :
- L’intérêt général l’exige ;
- l’entreprise ne fonctionne pas conformément à la législation et à la
réglementation en vigueur ;
- l’entreprise refuse la souscription de l’assurance des risques automobile ;
67
Pr. Bouchra NADIR

- l’entreprise ne remplit pas les garanties financières.


b- Les effets du retrait total ou partiel de l’agrément
Le retrait total de l’agrément entraîne la dissolution et la liquidation de
l’entreprise (art.268). Ceci a pour conséquence la nomination de la part de
l’administration d’un liquidateur, qui peut être une personne physique ou morale.
Dans pareilles situations, une subvention, exonérée d’impôts et taxes, peut être
accordée par l’administration à ladite entreprise, afin de combler tout ou partie de
l’insuffisance d’actifs afférents aux catégories d’assurances obligatoires, subvention
qui sera imputée sur le Fonds de solidarité des assurances (art.269).
Le liquidateur doit rendre compte à l’administration de l’exécution de son
mandat, laquelle peut à tout moment lui demander des renseignements et des
justifications sur ses opérations et faire effectuer des vérifications sur place.
Le liquidateur, auquel il est interdit d’acquérir à son profit tout ou partie de l’actif
mobilier ou immobilier, et qui peut à tout moment être remplacé par un autre,
procède à la répartition des actifs en tenant compte des privilèges des créanciers,
répartition qui s’opère au « marc le franc » (proportionnellement), sauf pour les
catégories d’assurances régies par des dispositions spécifiques (art.273).

Enfin, il importe de rappeler que la liquidation de l’entreprise concernée ne


peut entraîner une réduction des engagements contractés par les réassureurs
préalablement à cette liquidation (art.275).
2- Les autres sanctions
Les sanctions autres pouvant être infligées à l’entreprise contrevenante sont de deux
sortes : administratives et pénales.
a- Les sanctions administratives
Celles-ci s’entendent des amendes et des sanctions disciplinaires
• Les amendes
Est passible d’une amende administrative de 500 Dh par jour de retard à partir du
30ème jour de la réception, à son siège social, d’une lettre recommandée de mise en
demeure, toute entreprise d’assurance ou de réassurance qui n’aura procédé dans les

68
Pr. Bouchra NADIR
délais impartis aux productions des pièces ou publications prescrites par la loi sur
l’assurance et les textes pris pour son application (art.278).
• Les sanctions disciplinaires
Ces sanctions sont occasionnées par le non-respect de la part de l’entreprise d’une
disposition prévue par la loi précitée ou par les textes pris pour son application. Elles
portent le nom d’avertissement ; de blâme ; d’interdiction d’effectuer certaines
opérations et toutes autres limitations dans l’exercice de leur activité ; de suspension
temporaire d’un ou plusieurs dirigeants de l’entreprise ; de transfert d’office de tout
ou partie du portefeuille de contrats en cours et de sinistres de l’entreprise et, enfin,
de retrait total ou partiel de l’agrément.
Dans ce dernier cas, comme dans celui du blâme, l’avis du Comité consultatif
des assurances reste requis. L’entreprise contrevenante doit, par ailleurs, être mise en
demeure avec accusé de réception, et ce afin de présenter par écrit ses observations
dans un délai de 15 jours, à compter de la réception de ladite lettre.
b- Les sanctions pénales
Celles-ci résident notamment dans les peines dites de banqueroutes, auxquelles le
législateur consacre les articles du code des assurances allant de 280 à 284. Ces peins
sont de deux sortes : les peines de la banqueroute simple et les peines de la
banqueroute frauduleuse. Les premières s’appliquent aux dirigeants de l’entreprise
qui, par leurs agissements (utilisation de sommes très élevées pour entreprendre des
opérations de pure hasard ou fictives ou pour retarder le retrait de l’agrément,
paiement de créanciers après intervention de ce dernier, etc.), ont contribué à la
dégradation de sa situation financière et,, à l’absence de garanties suffisantes pour
l’exécution de ses engagements, à la suite d’un retrait total de l’agrément.
Ces peines sont également appliquées aux liquidateurs, qui se sont rendus
acquéreurs, pour leur compte, directement ou indirectement, des biens de
l’entreprise en liquidation ou qui se sont livrés à des actes similaires à ceux commis
par les dirigeants susvisés.
Les peines de banqueroute frauduleuse, quant à elles, sont infligées aux
dirigeants qui ont frauduleusement appauvri l’entreprise, en détournant ou en

69
Pr. Bouchra NADIR
dissimulant une partie de son actif ou en la rendant débitrice de sommes purement
fictives.
Les liquidateurs ayant agi de cette même façon, se voient eux aussi exposés à
pareilles peines.
Chapitre 2 : Les intermédiaires d’assurance
Comme on l’a précisé lors des développements qui précédent, la présentation
des opérations d’assurance et de réassurance au public ne relève pas seulement de la
compétence des entreprises concernées par la présente étude mais aussi de celles des
intermédiaires d’assurance. Avant d’aborder l’examen des données permettant de les
aborder dans leur globalité, il apparaît opportun de se pencher d’abord sur la notion
même d’intermédiaire d’assurance.
Section 1 : La notion d’intermédiaire d’assurance
Pour donner une vision relativement complète de cette notion, il conviendrait
de s’interroger sur ce que n’est pas l’intermédiaire d’assurance, et d’autre part, sur ce
qu’il est.
Sous Section 1 : Ce qui n’est pas l’intermédiaire d’assurance
Cette manière de procéder revient, somme toute, à définir la notion
d’intermédiaire d’assurance de façon négative, comme cela résulte de l’article 290 du
code des assurances. D’après cet article, l’intéressé ne peut être considéré comme un
démarcheur. La raison en est que ce dernier, qui est une personne physique, exerce
une mission dont la portée est restreinte. Plus précisément, il se limite à se rendre
habituellement au domicile ou à la résidence des personnes susceptibles de
l’intéresser ou sur les lieux de travail ou dans les lieux publics, en vue de conseiller la
souscription d’un contrat d’assurance, d’exposer oralement ou par écrit à un
souscripteur éventuel les conditions de garantie d’un contrat d’assurance. Les
démarcheurs ne peuvent, toujours selon l’article 290 précité, intervenir que s’ils sont
sollicités par les entreprises d’assurance et de réassurance ou par les intermédiaires
d’assurance eux-mêmes, et ce afin de présenter pour leur compte et sous leur
responsabilité les opérations d’assurance et de réassurance pratiquées par eux.
Sous Section 2 : Ce qu’est l’intermédiaire d’assurance

70
Pr. Bouchra NADIR
D’après la combinaison des articles 291 et 292 du code des assurances,
l’intermédiaire d’assurance peut être soit un agent d’assurance, soit une société de
courtage.
L’agent d’assurance, qui peut être une personne physique ou morale, est la
personne habilitée par une entreprise d’assurance et de réassurance, dont il est
mandataire, à présenter au public des opérations d’assurance prévues aux articles 159
et 160 du code des assurances, opérations examinées antérieurement avec un luxe de
détails. D’après l’article 6 du code marocain de commerce, le courtier d’assurance,
personne physique, est considérée comme étant un commerçant en raison de
l’activité de service d’intermédiation qu’il exerce de façon habituelle ou
professionnelle. Il agit en vertu d’un mandat, ce qui l’empêche d’après l’article 296
d’exercer concurremment à sa profession celle de représentant responsable d’une
agence d’assurance ou d’une société de courtage ou de dirigeant d’une entreprise
d’assurance ou de réassurance.
Si l’on regarde cette fois-ci du côté de la société de courtage, on s’aperçoit
qu’il s’agit là d’un courtier doté de la personnalité morale dont les fonctions se
limitent à procurer des affaires aux entreprises d’assurance et de réassurance.
Le courtier d’assurance personne morale, qui est un commerçant dûment
inscrit au registre de commerce, n’agit pas en qualité de mandataire contrairement au
courtier personne physique. Ceci lui procure une liberté totale.
Section 2 : Les données permettant d’appréhender l’intermédiaire d’assurance
dans sa globalité
Pour pouvoir faire le tour de la question abordée, la réflexion doit se déployer
dans trois directions. La première conduit à mettre l’accent sur les conditions devant
être remplies par l’intermédiaire d’assurance pour exercer sa profession, la seconde
sur ses droits et obligations, la troisième sur la régulation de l’activité à laquelle il se
livre.
Sous Section 1 : Les conditions d’exercice de la profession d’intermédiaire
d’assurance

71
Pr. Bouchra NADIR
Celles-ci sont de deux sortes : les conditions concernant l’ensemble des
intermédiaires d’assurance, sans distinction, et les conditions propres à certains
d’entre eux.
1/Les conditions concernant l’ensemble des intermédiaires d’assurance
Là encore une classification en trois temps s’impose : il y a lieu, en effet, de
distinguer les conditions tenant à l’agrément, les conditions de moralité et les
conditions de solvabilité.
a- Les conditions tenant à l’agrément
Ce type de conditions apparaît à la lecture de l’article 304 du code des
assurances, article qui prend soin de noter, avant de procéder à leur énumération,
que ledit agrément ne peut être accordé par l’administration qu’après avis du Comité
consultatif des assurances. Son deuxième alinéa subordonne cet octroi aux
conditions ci-après :
• Pour les personnes physiques :
- être de nationalité marocaine ;
- être titulaire d’un diplôme délivré par une université nationale ou d’un diplôme
reconnu équivalent par l’administration ;
- avoir accompli un stage de formation ;
- avoir réussi l’examen professionnel.
• Pour les personnes morales :
- être régies par le droit marocain et avoir leur siège au Maroc ;
- Avoir 50°/° du capital détenu par les personnes physiques de nationalité
marocaine ou des personnes morales de droit marocain.
La condition d’agrément s’impose également dans le cas de Barid AL maghrib
et des banques agréées en application du Dahir du 6 juillet 1996, relatif à l’exercice
de l’activité des établissements de crédit et de leur contrôle.
Selon l’article 306 du code des assurances, de telles entreprises ne peuvent
faire connaître au public des opérations d’assurance qu’après obtention de l’agrément
de la part de l’administration, ce qui nécessite la présentation à celle-ci d’une
justification de l’existence de structures au niveau de leurs services destinés à

72
Pr. Bouchra NADIR
présenter au public des opérations d’assurance, opérations devant cependant se
limiter aux assurances de personnes, à l’assistance et l’assurance-crédit.
A titre exceptionnel, et obligatoirement après avis consultatif du conseil des
assurances, des personnes autres que celles visées par le code des assurances (art.289)
peuvent être autorisées par l’administration à présenter au public des opérations
d’assurance, et cela dans les conditions prévues par voie réglementaire.
Un arrêté du ministre des Finances et de la privatisation daté du 27 décembre
2004, pris en application de la loi sur les assurances, viendra préciser les données
précédentes et les rendre opérationnelles, en indiquant notamment les formalités
impliquées par la demande d’agrément et les pièces devant être jointes au dossier y
afférent.
Pour que le tableau soit complet, on doit faire remarquer que l’agrément
accordé à l’intermédiaire d’assurance peut lui être retiré définitivement non
seulement lorsqu’il exerce une activité jugée incompatible avec celle pour laquelle il
s’est engagé mais aussi :
• Lorsqu’il ne remplit plus l’une des conditions nécessaires à l’octroi de
l’agrément ;
• lorsque le contrat le liant à l’entreprise a été dénoncé par celle-ci, après accord
de l’administration ;
• lorsqu’il renonce à son agrément ;
• lorsqu’il n’a pas commencé son activité dans un délai d’une année ou a cessé
cette activité pendant une année, sauf en cas d’incapacité physique provoquée
par une maladie ou un accident ayant entraîné une immobilisation d’une durée
supérieure à 3 mois, étant bien noté que la maladie ou l’incapacité doit être
constatée par un collège de trois médecins, dont une copie du rapport doit
être remise à l’administration, qui doit être informée de toute cessation
d’activité dépassant 1 mois.
L’agrément ne peut évidemment être retiré qu’après avis consultatif du
comité des assurances.
b- Les conditions de moralité

73
Pr. Bouchra NADIR
Etant donné que l’intermédiaire d’assurance est appelé à encaisser des sommes
importantes pour le compte de l’entreprise d’assurance et de réassurance, sommes
pouvant donner lieu à des dilapidations et à des malversations, il est tout à fait
normal que le législateur prenne le maximum me précautions pour éviter de tels
dangers.
L’article 308 du code des assurances écarte, en effet, de la profession
d’intermédiaire d’assurance les personnes ayant fait l’objet d’une condamnation
irrévocable pour crime ou pour délit prévu et réprimé par le code pénal ; d’une
condamnation irrévocable en vertu des dispositions des articles 280 à 283 et 327 à
330 du code des assurances ; d’une condamnation prononcée par une juridiction
étrangère et passée en force de chose jugée pour l’un des crimes et délits ayant
motivé les deux condamnations précédentes ; d’une condamnation pour infraction à
la législation des changes ; d’une liquidation judiciaire intervenue au Maroc ou à
l’étranger, et à l’issue de laquelle elle n’ont pas été réhabilitées ; et enfin d’une
radiation d’une profession règlementée pour cause disciplinaire.
c- Les conditions de solvabilité
Pour mettre à l’abri les entreprises d’assurance et de réassurance ainsi que les
assurés contre d’éventuelles dilapidations ou malversations des capitaux se trouvant
entre les mains des intermédiaires d’assurance, l’article 303 du code des assurances
fait obligation à ce dernier de constituer une garantie financière. Celle-ci consiste en
une police d’assurance garantissant les conséquences pécuniaires de la responsabilité
civile qu’il peut encourir, en raison des activités justifiant l’agrément sollicité. Plus
précisément, la garantie en question s’exprime à travers la souscription d’un contrat
d’assurance pour un montant au moins égal à 500.000 DH pour les agents
d’assurance, et 1 million de DH pour les sociétés de courtage. Pour que la garantie
financière considérée ne soit pas vidée de sa substance, le législateur a interdit aux
entreprises d’assurance et de réassurance, agréées pour pratiquer des opérations
d’assurance contre les risques de responsabilité, de refuser de garantir les
intermédiaires assujettis à l’obligation d’assurance pour responsabilité civile.
2/Les conditions propres à certains intermédiaires

74
Pr. Bouchra NADIR
Pour matérialiser ce type de conditions, on doit se référer à l’article 295 du
code des assurances. La lecture de ce dernier laisse percevoir que lorsque l’agent
d’assurance est une personne morale, il doit se constituer sous forme d’une société
anonyme ou d’une société à responsabilité limitée.
S’il en est ainsi, la société sera tenue de désigner un représentant responsable,
qui est une personne physique, avec cette précision que le statut de cette société doit
prévoir que le représentant susvisé doit être désigné par les gérants ou les
administrateurs dirigeants de ladite société. Cette précision, à laquelle fait place
l’article 300 du code des assurances, s’applique également aux sociétés de courtage.
Cela dit, la personne physique en question doit être de nationalité marocaine,
justifiant d’une licence délivrée par un établissement nationale ou reconnu
équivalent, de l’accomplissement d’un stage de formation et de la réussite à l’examen
professionnel. A ces conditions, évoquées précédemment à l’occasion de l’examen
de l’agrément, viennent s’en ajouter d’autres qui, elles aussi, ont été rappelées
auparavant : il s’agit des conditions de moralité, auxquelles on se contentera de
renvoyer.
Dans pareilles circonstances, l’article 307 du code des assurances prévoit que
les intermédiaires d’assurance constitués sous forme de personne morale sont obligés
d’informer l’administration de tout changement de majorité, de toute cession de
plus de 10°/° des actions ou parts et de toute prise de contrôle, directe ou indirecte,
au-delà de 30°/° de leur capital social.
Le contenu des dispositions de l’article 307 dont nous venons de rendre
compte donne un avant-goût de la question que l’on doit aborder à présent, à
savoir :
Sous Section 2 : Les droits et obligations des intermédiaires d’assurance
L’intitulé de cette rubrique précise l’ordre dans lequel seront analysés les
termes clés s’y trouvant insérés.
1- Les droits
Les droits reconnus à l’intermédiaire d’assurance, afin de le mettre à l’abri des
abus de l’entreprise d’assurance et de réassurance, découlent de la combinaison des
dispositions contenues dans le contrat le liant à cette dernière, contrat connu sous le
75
Pr. Bouchra NADIR
nom de ‘’traité de nomination’’ dans le cas de l’agent d’assurance, et de celles figurant
dans le code des assurances. Ainsi, en spécifiant l’étendue et la nature des opérations
devant être effectuées par l’agent d’assurance pour le compte de l’entreprise
concernée, le « traité de nomination » ne tend pas seulement à protéger celle-ci mais
aussi ledit agent, et cela contre toute demande tendant à exiger de lui la livraison de
prestations de services ne s’y trouvant pas prévues.
Si l’on regarde du côté du code des assurances, on ne manquera pas de
constater que ce code consacre l’existence d’importants droits au profit de
l’intermédiaire d’assurance. Qu’on en juge : l’article 294 (al.1) prévoit son maintien
dans la fonction qui est la sienne en cas de transfert d’un portefeuille de contrats
d’assurance d’une entreprise d’assurance et de réassurance à une autre. Autrement
dit, l’entreprise cessionnaire reprend à son compte les agents d’assurance relevant de
l’entreprise cédante. A défaut, l’entreprise cessionnaire restera solidaire avec cette
dernière pour tout ce qui touche à ses droits acquis et à son droit de se voir attribuer
une indemnité compensatrice.
De même, l’article 309 du code précité consacre le droit des intermédiaires
d’assurance à une rémunération, sous forme de commission fixée de gré à gré et qui
peut aussi être fixée d’autorité par le ministre des Finances, notamment pour ce qui
concerne certaines assurances jugées sensibles, comme celles relatives à l’incendie et
à l’automobile.
Nous pouvons y ajouter les dispositions de l’article 312 qui font place à la
possibilité pour les ayants droit d’un agent d’assurance, personne physique, défaillant
ou décédé, de continuer la gestion du portefeuille de contrats dont il avait la charge,
sous certaines conditions.
Lorsque l’intermédiaire d’assurance est une personne morale, le droit en
question revient, en cas de défaillance ou de décès du représentant responsable, aux
associés ou actionnaires dudit intermédiaire.
2- Les obligations
Celles-ci concernent surtout les règles édictées en matière de gestion
auxquelles les intermédiaires d’assurance sont tenus de se conformer. Ainsi, l’agent
d’assurance est invité, aux termes de l’article 292 (al.2), à ne pas représenter plus de

76
Pr. Bouchra NADIR
deux entreprises d’assurance et de réassurance, et à condition d’obtenir l’accord de
l’entreprise avec laquelle il a souscrit le premier « traité de nomination ».
De même, ledit agent ne peut s’opposer à une mesure de transfert d’un
portefeuille de contrats d’une entreprise mandante à une autre, ou au retrait de
l’agrément par celle-ci (art.294). En outre, l’agent en question ne peut exercer
concurremment sa profession avec celle de représentant responsable d’une agence
d’assurance ou d’une société de courtage ou de dirigeant d’une entreprise d’assurance
et de réassurance. Il en est ainsi également pour ce qui concerne le représentant
responsable d’une société de courtage (art.296).
Ensuite, cette dernière doit éviter de régler des sinistres pour le compte des
entreprises d’assurance et de réassurance, à moins qu’elle fasse preuve de la
détention d’un mandat spécial (l’art.298). Par ailleurs, l’intermédiaire d’assurance ne
saurait utiliser le local où il exerce son activité comme un lieu où il se livrera à des
activités non liées à son profession (art.301).
Lui sont également interdits tout encaissement d’un montant de prime
supérieur à celui fixé par l’entreprise auprès de laquelle le contrat est souscrit, ainsi
que l’octroi aux assurés de ristournes de commission ou escompte sur prime, sans
oublier la délivrance d’attestations émises en son nom personnel.
Comme on l’a déjà signalé, les intermédiaires d’assurance sont tenus de
garantir la responsabilité civile qu’ils risquent d’encourir en raison de leur activité
(art.303).
Sous Section 3 : La régulation de l’activité des intermédiaires d’assurance
La régulation laisse entendre que le législateur sera amené à veiller au
fonctionnement correct de l’activité de l’intermédiaire d’assurance. Pour ce faire, il
préconisera le recours à deux armes dissuasives, le contrôle et les sanctions.
1- Le contrôle
Comme pour les entreprises d’assurance et de réassurance, le contrôle sur les
intermédiaires d’assurance est effectué par les agents de l’Etat assermentés, dont les
pouvoirs sont très larges. Préalablement au contrôle proprement dit, l’article 314
prévoit que « les titres de toute nature, prospectus, affiches, circulaires, plaque
imprimées et tous autres documents destinés à être distribués au public ou publiés
77
Pr. Bouchra NADIR
par l’intermédiaire d’assurance doivent porter toujours à la suite du nom ou de la
dénomination sociale la mention ci-après, en caractères uniformes et apparents :
‘’Intermédiaire d’assurances régi par la loi n° 17-99 portant code des assurances’’,
ainsi que le numéro et la date d’agrément.
Ils ne doivent comporter aucune insertion susceptible d’induire en erreur sur
la nature du contrôle exercé par l’Etat, ni sur la véritable nature de l’activité de
l’intermédiaire d’assurance ou de l’importance réelle de ses engagements. »
Le contrôle proprement dit, quant à lui, exige de la part des intermédiaires
d’assurance la production de tout document réclamé par les contrôleurs, ainsi que
tout renseignement jugé nécessaire par eux, document et renseignement permettant
de procéder à des vérifications sur place.
Les infractions relevées lors du contrôle font l’objet d’un procès-verbal
communiqué à l’intermédiaire d’assurance qui doit faire connaître ses observations
dans les 15 jours qui suivent sa réception. Le contrôle effectué par les agents de
l’Etat ne supprime pas celui pouvant être effectué par les entreprises elles-mêmes.
D’après l’article 317, les intermédiaires ne peuvent s’y opposer. Le contrôle doit,
cependant, pour ce qui concerne les sociétés de courtage se limiter strictement aux
opérations réalisées pour le compte desdites entreprises.
2- Les sanctions
Celles-ci sont de deux sortes, administratives et pénales.
a- Les sanctions administratives
La non communication des documents réclamés par les contrôleurs dans les
délais prévus est passible d’une amende de 500 Dh par jour de retard, à compter du
30ème jour de la réception par l’intermédiaire d’assurance de la lettre recommandée
de mise en demeure. L’intermédiaire d’assurance peut aussi faire l’objet
d’avertissement, de blâme ou de retrait d’agrément à titre définitif ou temporaire,
observation faite que la décision de sanction doit être motivée. Le retrait provisoire
de l’agrément intervient en cas de poursuite pour délit ou crime ayant entraîné une
détention.
Une amende administrative variant de 2000 à 20000 Dh, peut être prononcée
en cas de refus de communiquer les renseignements demandés par les contrôleurs,
78
Pr. Bouchra NADIR
d’un refus de remettre à l’entreprise les imprimés et les documents confiés à
l’intermédiaire d’assurance dans le cadre de l’exercice de sa profession, d’un
dépassement des délais prévus quant au versement des primes encaissées par lui
pour le compte de l’entreprise, de l’exercice d’activités incompatibles avec sa
profession.
Les deux dernières sanctions administratives énoncées ci-dessus ne peuvent
être prononcées qu’après avis du Comité consultatif des assurances.
b- Les sanctions pénales
Est passible d’un emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende
de 2500 à 10000 Dh ou de l’une de ces deux peines seulement, toute personne
exerçant la profession d’intermédiaire d’assurance sans agrément, ainsi que les
entreprises d’assurance et de réassurance et les intermédiaires d’assurance qui
utilisent des personnes non autorisées à présenter des opérations d’assurance, ou
encore quelconque fait souscrire des contrats pour le compte d’entreprises,
d’assurance et de réassurance non agréées pour la catégorie d’opérations faisant
l’objet de ces contrats (art.327).
Par ailleurs, tout intermédiaire d’assurance qui, de mauvaise foi, couvre un
risque sans avoir établi et transmis la proposition d’assurance à l’entreprise est
passible d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende égale à 10 fois le
montant des primes encaissées illégalement, sans que son montant soit inférieur à
5000Dh.
Le fait de disposer de matériels nécessaires à de telles pratiques (faux
imprimés, prospectus, polices, etc.) constitue un commencement d’exécution non
équivoque et se trouve puni des mêmes peines (art.328).
Les juridictions ayant prononcé les peines d’emprisonnement évoquées
précédemment ordonnent obligatoirement la fermeture immédiate des locaux
réputés ou non professionnels, où le condamné exerçait ses activités et la
confiscation du matériel objet de l’infraction.
L’agrément quant à lui peut être retiré à titre temporaire pour toute la période
où aucune décision judiciaire ayant force de chose jugée n’a pu avoir lieu, comme
c’est le cas pour ce qui concerne les condamnations judiciaires intervenues en

79
Pr. Bouchra NADIR
première instance, pour crime ou délit, ou toute autre condamnation supérieure à
trois mois d’emprisonnement pour les faits prévus à l’article 308, dont il a été fait
mention, lors de l’examen des conditions de l’octroi de l’agrément (art.330).
Chapitre 3 : L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance
Sociale (ACAPS),
Section 1 : Présentation de l’ACAPS :
L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS),
créée par la loi n° 64-12 est dotée de la personnalité morale de droit public et jouit de
l’autonomie financière. Elle remplace la Direction des Assurances et de la
Prévoyance Sociale (DAPS) qui relevait du Ministère de l’Economie et des Finances.
L’ACAPS exerce son contrôle sur les personnes, soumises au droit public ou
privé, à l’exception de l’État, qui exercent ou gèrent des opérations d’assurance ou de
réassurance régies par le Code des Assurances, ainsi que les opérations de retraite,
par répartition ou par capitalisation, l’assurance maladie obligatoire et les mutuelles.
Avec la mise en place d’une Autorité de régulation indépendante pour le
marché des assurances et le secteur de la prévoyance sociale, le Maroc poursuit la
modernisation de son encadrement institutionnel, en vue d’une convergence avec les
standards internationaux en matière de régulation et de supervision. L’objectif étant
de renforcer l’efficacité des activités de régulation au niveau national et d’accroître
l’attractivité du marché marocain au niveau international.
Section 2 : Missions de l’ACAPS :
L’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS)
est chargée du contrôle du secteur des assurances, de celui de la retraite et des
sociétés mutualistes régies par le dahir n° 1-57-187 du 24 joumada II 1383 (12
novembre 1963) portant statut de la mutualité. Elle exerce également un contrôle sur
la CNRA ainsi que sur les organismes gestionnaires de l’AMO.
Secteur des assurances :
L’Autorité exerce son contrôle, conformément au code des assurances, sur les
entreprises d’assurances et de réassurance (y compris la SMAEX) et les
intermédiaires d’assurances.

80
Pr. Bouchra NADIR
Elle est chargée de l’octroi et du retrait d’agrément de ces entités, du contrôle
de la solvabilité des entreprises d’assurances et de réassurance, avec le but ultime de
protéger les droits des assurés et des bénéficiaires de contrats d’assurance, et
d’assurer un contrôle macro-prudentiel en coordination avec les autres autorités du
contrôle du secteur financier ( Bank Al-Maghrib et l’Autorité Marocaine du Marché
des Capitaux). L’Autorité fixe, à cet effet, les règles prudentielles et les règles de
contrôle à travers l’élaboration des circulaires qui sont homologuées par arrêté du
Ministre chargé des Finances.
Secteur de la retraite :
Le contrôle technique et prudentiel des régimes de retraite CMR, CNSS et
RCAR est opéré par l’ACAPS conformément aux textes législatifs et réglementaires
en vigueur applicables à ces régimes. La Caisse Nationale de Retraite et d’Assurance
(CNRA) est également soumise au contrôle de l’Autorité.
L’ACAPS assure également le contrôle et la supervision des organismes de
droit privé gérant les opérations de retraite fonctionnant par répartition ou par
répartition et capitalisation (Sociétés Mutuelles de Retraite – SMR) et ce,
conformément au nouveau cadre légal institué par le titre II de la loi n°64-12 portant
création de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale.
Secteur de la mutualité :
Conjointement avec le ministère chargé de l’emploi, l’ACAPS exerce un
contrôle technique et prudentiel des sociétés mutualistes conformément au dahir n°
1-57-187 du 24 joumada II 1383 (12 novembre 1963) portant statut de la mutualité.
Secteur de l’AMO :
Les organismes gestionnaires de l’assurance maladie obligatoire de base sont
soumis au contrôle technique de l’Autorité qui a pour objet de veiller au respect par
ces organismes des dispositions de la loi n° 65-00 portant code de la couverture
médicale de base et des textes pris pour son application
Section 3 : LA GOUVERNANCE.
Sous Section 1 : Composition des organes de l’Acaps :
1 - Le conseil : Le Conseil arrête la politique générale de l’Autorité et délibère sur les
principales orientations stratégiques, organisationnelles et financières de l’ACAPS.

81
Pr. Bouchra NADIR
Parmi les attributions confiées au Conseil, le pouvoir décisionnaire quant à
l’octroi d’agrément des entreprises d’assurances et de réassurance et à l’approbation
des statuts des organismes de retraite.
Le Conseil prend également des décisions de sanction en cas de non-respect
ou de manquement aux dispositions législatives et réglementaires applicables aux
établissements soumis au contrôle de l’ACAPS.
2 - Le Président : Le Président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la
Prévoyance Sociale gère et dirige l’Autorité. A cet effet, Il prépare, organise et dirige
les travaux du Conseil dont il fixe l'ordre du jour. Le Président veille au bon
fonctionnement de l’Autorité et à la bonne exécution des décisions prises par le
Conseil.
Il prend les circulaires nécessaires à l’exercice des missions de l’Autorité après
avis de la commission de régulation et prend toutes les décisions de sanction dans la
limite de ses prérogatives.
Sous Section 2 : Composition Des instances consultatives :
1 – La commission de discipline : Les organes de gouvernance de l’Autorité sont
appuyés par la Commission de discipline, chargée de donner au président de
l’Autorité un avis consultatif sur :
• les sanctions à prendre par l’Autorité en application des dispositions
législatives et réglementaires ;
• les plans de redressement présentés par les entreprises d’assurances et de
réassurance édictant des mesures d’ordre financier ;
• les plans de rétablissement et les plans de redressement présentés par les
organismes de retraite.
Sa composition
La Commission de discipline est composée de :
• Le magistrat de la Cour de Cassation membre du conseil, président ;
• Un membre parmi les personnalités indépendantes du Conseil, vice-président
• Un représentant de l’Autorité désigné parmi son personnel;
• Une personne indépendante ;
• Un membre représentant chaque secteur soumis au contrôle de l’Autorité.
82
Pr. Bouchra NADIR
2 – La commission de régulation :
Au côté de la commission de discipline, la commission de régulation est également
chargée de donner au Président de l’Autorité un avis consultatif sur :
• Les projets de circulaires de l’Autorité;
• Les projets de textes législatifs ou règlementaires en relation avec le champ
d’intervention de l’Autorité;
• Les demandes d’approbation des statuts présentés par les SMR ou par les
sociétés mutualistes ;
• Les demandes d’approbation du transfert total des droits et obligations d’une
SMR à une autre. Les représentants du secteur prennent part aux réunions de la
commission lorsque celles –ci portent sur des projets de textes concernant les
opérations de retraite.
Sa composition
La Commission de régulation est composée de :
• 3 représentants de l’Autorité dont le secrétaire Général, président ;
• 2 représentants de l’administration (Ministère de l’Economie et des Finances);
• Les représentants des secteurs soumis au contrôle de l’Autorité.

PARTIE IV : LES NOUVELLES ASSURANCES PREVUES PAR


LA LOI 59-13 :
La loi 59-13 du 25 août 2006 modifiant et complétant loi 17-99 portant code
des assurances prévoit certaines révisions et certaines modifications, elle s’inscrit
dans le processus de la révision continue de la réglementation régissant le métier de
l’assurance dans notre pays afin de l’adapter aux normes internationales et de
permettre au secteur des assurances de suivre le développement économique et
social connu dans le plan national et international.
Section 1 : Mise en place d’un cadre légal pour l’assurance TAKAFOUL
La finance islamique s’impose de plus en plus dans le paysage de l’industrie
financière mondiale. Le Maroc comme d’autres pays émergent marque une volonté
de s’inscrire dans le développement de cette industrie.

83
Pr. Bouchra NADIR
Pour ce type d’assurance, il importe de signaler que ce type d’assurance
constitue actuellement un élément important de la sphère financière islamique a
connu un développement important dans plusieurs pays musulmans et non
musulman qui ont découvert un grand potentiel pour ce type d’assurance.
Aujourd’hui des centaines de sociétés d’assurance pratiquent l’assurance
TAKAFOUL et RETAKAFOUL dans de grandes sociétés reconnues à l’échelle
mondiale la nouvelle loi.
Au Maroc la nouvelle loi 59-13 envisage de donner des définitions précise
pour certains concepts de l’assurance TAKAFOUL qui est « l’opération d’assurance
qui est définit par la loi dans son article 1er comme l’assurance qui est une opération
réalisée en conformité… des oulémas , ayant pour objet la couverture des risques
prévus au contrat d’assurance TAKAFOUL par un compte d’assurance
TAKAFOUL géré, moyennant une rémunération de gestion par une entreprise
d’assurance et de réassurance agréée pour pratiquer les opérations d’assurance
TAKAFOUL.
Les opérations des assurances TAKAFOUL et l’activité de gestion du compte
d’assurance TAKAFOUL par une assurance ou réassurance ne peuvent en aucun cas
donner lieu à la réception ou versement d’intérêt
Comme elle a aussi donné certaine définition pour tenir compte de la
particularité de l’assurance TAKAFOUL telle que la prime d’assurance qui peut être
appelée participation dans ce type d’assurance et le souscripteur ou contractant qui
peut être le participant dans l’assurance TAKAFOUL.
Par ailleurs certains principes de bases concernant cette assurance ont été
introduits, il s’agit du fonctionnement de l’opération de cette assurance
TAKAFOUL conformément au précepte du Chariaa sur la base du don et sur
l’entraide entre les participants et la couverture des risques par la collectivité
participants. Les autres dispositions portent sur l’amendement de certains article du
code des assurances afin de tenir compte des spécificités de l’assurance
TAKAFOUL, il s’agir notamment :
-l’obligation d’indiquer dans le contrat d’assurance TAKAFOUL les modes de
rémunération de l’entreprise d’assurance et de rassurance au titre de la gestion de

84
Pr. Bouchra NADIR
l’assurance TAKAFOUL et le montant de cette rémunération, des modalités de
répartition des excédents entre les participants ainsi que la politique de placement de
l’entreprise des assurances et réassurance.
-La spécialisation des entreprises agréée pour pratiquer ce type d’assurance
particulière
-Le système de contrôle interne doit porter également sur le risque de non
conformité à la Chariaa, à cet égard la structure du contrôle interne doit établir un
rapport spécifique sur la conformité aux principes de la Chariaa.
-La possibilité donnée à l’administration de fixer les modes de rémunération de
l’entreprise d’assurance et de réassurance au titre de la gestion de l’assurance
TAKAFOUL. Les critères de détermination de cette rémunération ainsi que les
modalités de répartition des excédents entre les participants dans ces opérations
Section2 : les dispositions concernant l’assurance tous risques chantiers TRC
Les assurances qui seront concernées par ces disposition sont « tous risques
chantiers » et la responsabilité civile (art 769 DOC). L’instauration de l’obligation de
ces assurances présente des avantages énormes aussi bien dans les operateurs dans le
secteur BTP et les futurs acquéreurs des constructions ainsi ces 2assurances
permettront de sécuriser les investissements des opérations en matière de
construction dans la mesure où en cas de sinistre les réparations et les
indemnisations sont prises en charge par les assureurs évitant ainsi des situations
financière difficiles qui peut aller jusqu’à la ruine. L’assurance de responsabilité civile
de cenelle apport une protection pérenne de leurs investissements et en cas
d’effondrements ou de danger une rapidité dans l’indemnisation sans chercher le
véritable de responsable, indépendamment de l’existence ou non du responsable et
sa solvabilité au moment du sinistre. De même l’assurance TRC apporte une
protection aux tiers vis-à-vis du dommage corporel qui pourrait être causé à
l’occasion de travaux de chantiers notamment aux dommages causés aux
constructions mitoyennes.
C’est ainsi qu’on a introduit l’obligation d’assurance « dommages à l’ouvrage »
garantissant des dommages affectant la construction pour la personne qui agit en
qualité de propriétaire de l’ouvrage et de l’obligation de l’assurance responsabilité

85
Pr. Bouchra NADIR
civile couvrant la responsabilité civile de cette personne ainsi que celle de toute
personne ayant passé avec elle un contrat de louage d’ouvrage ou de service, pouvant
être engagé de toute dommage causé aux tiers ou au cas des travaux causes dans le
chantier. De même, on a instauré l’obligation d’assurance ‘responsabilité
civile décennale’ pour toutes personnes physiques ou morales d’où la responsabilité
pouvait être engagée selon l’article 769 DOC--> (l’architecte, l’ingénieur ou
l’entrepreneur).
L’obligation d’assurance RCD s’applique à tout ouvrage ayant une structure en
Betton, Betton arme, en acier, en maçonneries avec l’identification des constructions
sur lesquelles s’applique cette obligation et celle qu’en sont exclues. L’obligation
d’assurance s’applique à la réparation de tous les dommages à la construction sous
réserve des exclusions et des déchéances fixées par voie réglementaire.

Bibliographie à titre indicatif


• Hubert Groutel, Fabrice Leduc et Philippe Pierre. Traité du contrat d’assurance terrestre. LexisNexis,
2008.
• Maurice Picard et André Besson. Les assurances terrestres en droit foncier. Librairie générale de droit et
de jurisprudence, 2ème édition, 1964.
• Azzedine Kettani. L’Assurance au Maroc. Université de Nice,1983.
• Bernard Dubuisson et Catherine Paris. Actualités en droit des assurances. Artémis, 2009.
• Marcel Fontaine. Droit des assurances. Précis de la Faculté de Droit de l’Université catholique de
Louvain, 5ème édition, 2016.
• Yvonne Lambert-Faivre, Laurent Leveneur. Droit des Assurances(12ème édition). Dalloz-Précis, 2005.
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• Hicham Elhabbouli. Le contrat d’Assurance vie en droit comparé Franco-Marocain. Thèse pour le
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• Mélodie Leloup-velay. L’assurance face aux droits fondamentaux de la personne humaine. Thèse pout le
doctorat en droit. Université de recherche Paris Dauphine, 2017
• Fédération Marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance. Convention d’indemnisation directe
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• Hicham Rahal. L’éclatement de la distribution des produits d’assurances au Maroc, quel avenir pour la
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