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Introduction

Le Code de l'Indigénat est l'un des symboles les plus forts de la colonisation française en Afrique.
Adopté en 1887, il a régi la vie des populations autochtones de l'empire colonial français pendant
plus de 60 ans. Ce système juridique inégalitaire a créé une distinction entre les citoyens français et
les peuples autochtones, qui étaient soumis à des restrictions strictes de leurs libertés
fondamentales et à un traitement discriminatoire. Cette politique de discrimination a eu des
conséquences durables sur les sociétés coloniales, qui ont été confrontées à des défis persistants
pour surmonter les inégalités et les injustices causées par le Code de l'Indigénat. Dans cette
introduction, nous allons explorer les racines historiques, les fondements et les effets du Code de
l'Indigénat, en mettant l'accent sur la manière dont il a influencé la vie des populations autochtones
dans les colonies françaises d'Afrique. Ainsi on peut en venir à se demander : « Dans quelle mesure
le code de l’indigénat permet-il de mieux comprendre la réalité des inégalités dans les colonies ? »

Nous verrons tout d’abord la justice sous la domination du colonisateur, pour voir ensuite quelle
sont les pouvoirs qu’il confère aux administrateurs et enfin finir par délivrer ses limites.

I.A. le code de l’indigénat à l’instar d’un ordre de discipline

Les inégalités dans les colonies liées à la mise en place du code de l’indigénat sont diverses et variée,
il a été mis en place en France en 1881 et étendu à ses colonies. Ce code autorisait les
administrateurs coloniaux à punir les indigènes, parfois même sans procédure judiciaire, pour toute
violation des règles édictées par les autorités coloniales. Les sanctions pouvaient aller de
l'emprisonnement à l'internement en passant par des amendes ou des travaux forcés. Ce système
disciplinaire a été largement utilisé dans les colonies françaises, notamment en Afrique de l'Ouest,
pour maintenir l'ordre et la domination coloniale. Cette situation a créé une grande insécurité
juridique pour les populations autochtones, qui ne savaient jamais quelles étaient les règles réelles
et comment elles seraient appliquées. De plus, le décret de septembre 1887 a donné aux
administrateurs coloniaux le pouvoir d’infliger des peines disciplinaires aux populations indigènes
sans procès. Ce code avait deux objectifs principaux : réprimer les atteintes à l’ordre public et
promouvoir le progrès social et moral des populations noires. En réalité, il s’agissait d’un outil de
domination colonial, qui a été élaboré dans le but d’affirmer les prérogatives de l’administration
coloniale dans tous les domaines, en particulier en matière de justice. Par ailleurs, la mise en place
du code de l’indigénat a entraîné une inégalité juridique importante entre les colons et les
populations indigènes. En effet, les sujets français soumis à ce code étaient privés de la majeure
partie de leurs libertés et de leurs droits politiques. Ils avaient un statut différent de celui des
citoyens français, ce qui justifiait leur infériorité juridique en tant que moyen d’assurer la sécurité
après les révoltes kabyles en Algérie. Les autorités coloniales avaient réellement peur d’une
insurrection indigène, et les colons étaient uniquement préoccupés par la sécurité, cherchant avant
tout une répression immédiate et efficace. Les administrateurs coloniaux avaient une grande liberté
de pouvoir sur les populations indigènes, et pouvaient appliquer des peines diverses telles que
l'internement, le séquestre ou l'amende collective, sans procès ni jugement. Cette domination était
rendue nécessaire par plusieurs facteurs, notamment l'affaiblissement des prérogatives des chefs
traditionnels, qui était déjà entamé. En fin de compte, le code de l’indigénat est apparu comme
l’aboutissement d’une longue période de domination coloniale, qui avait pour but d’affirmer la
supériorité de l'administration coloniale sur les populations indigènes. Cela met en évidence les
inégalités dans les colonies liées à l’établissement du code de l’indigénat. Ce code, qui a donné aux
administrateurs coloniaux un pouvoir arbitraire sur les populations indigènes, a entraîné une grande
inégalité entre les colons et les sujets indigènes. Cette inégalité était justifiée par les autorités
coloniales comme un moyen de garantir la sécurité, mais elle révélait avant tout une réelle peur de
l’insurrection indigène.

I.B. Origine et consistance du régime de l’indigénat

Il est d’abord question de rappeler que les inégalités dans les colonies n'ont pas été seulement le
résultat d'une attitude individuelle ou d'un comportement discriminatoire de certains
administrateurs coloniaux. Au contraire, certaine inégalités fulgurante ont été codifiées dans les lois
et les décrets, ce qui a permis une application systématique et institutionnalisée de la discrimination.
L'exemple de l'indigénat en Algérie et dans les colonies de l'Afrique occidentale française illustre
clairement cette réalité. En effet, l'indigénat a été introduit en Algérie par une loi en 1881 et étendu
aux colonies d'Afrique occidentale française par un décret en 1887. Ce décret a autorisé les
administrateurs à punir les indigènes non citoyens ayant commis des infractions spéciales, sans pour
autant définir clairement ces infractions. Cette absence de clarté a laissé une large marge
d'interprétation aux administrateurs, qui ont ainsi pu faire preuve de mesure arbitraire dans
l'application de la loi. Afin de limiter cet arbitraire, un arrêté en 1888 a énuméré seize infractions
spéciales. Cependant, ces infractions s'appliquaient uniquement aux indigènes non citoyens, c'est-à-
dire ceux qui ne pouvaient pas voter ou être élus. D'autres exemptions ont également été accordées
aux chefs de cantons et de province, aux agents indigènes faisant partie des cadres de
l'administration, aux membres indigènes des assemblées délibérantes ou consultatives, aux
assesseurs indigènes composant les juridictions indigènes, et aux indigènes titulaires d'un brevet
élémentaire ou d'un diplôme. Malgré ces exemptions, l'indigénat a continué à être appliqué de
manière discriminatoire. Les infractions d'action étaient variées et comprenaient notamment les
actes irrespectueux envers les représentants de l'autorité ou les propos visant à affaiblir l'autorité,
ainsi que l'abattage de bétail hors des lieux consacrés. Dans certaines localités, comme le Dahomey,
le nombre de sanctions infligées a augmenté d'année en année. Il convient également de noter que
les sanctions disciplinaires ne s'appliquaient pas aux populations indigènes ayant participé à la
guerre aux côtés des troupes coloniales et à leur famille, mais que cela ne signifiait pas une impunité
pour les auteurs d'infractions. D’autre part, le régime de l'indigénat a été consolidé par une série de
mesures législatives et réglementaires, ainsi que par des théories justificatives tendant à conforter
son application. L'application de ce régime de discrimination a perduré jusqu'en 1945 dans les
colonies d'Afrique occidentale et d'Afrique équatoriale française. Cette histoire nous rappelle la
nécessité de comprendre les racines institutionnelles de la discrimination et de l'injustice dans les
sociétés coloniales.

I.C. La justification théorique du régime de l’indigénat

Il existe d’autres inégalités existantes dans les colonies françaises d’Afrique au cours de la période
coloniale. Ces inégalités ont été justifiées par l'administration coloniale en utilisant des arguments
tels que la sécurité, le prestige et l'autorité de la France. Le régime de l'indigénat a été l'une des
principales sources d'inégalités dans les colonies, permettant aux administrateurs coloniaux de
disposer de pouvoirs judiciaires et disciplinaires étendus et de traiter les populations autochtones de
manière différente des colons français. L'établissement de l'indigénat en Algérie a suscité de vives
critiques au sein des chambres, mais malgré cela, la loi a été adoptée. Les sénateurs ont exprimé leur
opposition en qualifiant l'indigénat de "monstruosité juridique" et en soulignant le danger de donner
des pouvoirs judiciaires presque illimités aux administrateurs coloniaux. Malgré ces objections,
l'administration coloniale a persisté dans sa politique de maintien de l'indigénat, invoquant la
sécurité et l'autorité de la France comme justifications. Les compétences des gouverneurs étaient
définies en termes de maintien de l'ordre et de la sécurité, permettant ainsi à l'administration
coloniale de justifier les sanctions disciplinaires infligées aux populations autochtones. Dans les
colonies d'Afrique occidentale et équatoriale, le pouvoir de créer des normes était monopolisé par le
pouvoir exécutif et les gouverneurs locaux. Cela a permis à l'administration coloniale de créer
discrètement le régime de l'indigénat dans ces colonies. Le gouverneur général de l'Afrique
occidentale française a insisté sur le caractère exceptionnel de ce régime, affirmant qu'il répondait à
une situation politique particulière résultant de la pénétration française dans un milieu autochtone.
Selon lui, le régime de l'indigénat visait à éviter les lenteurs judiciaires et à empêcher que des
affaires non prévues par la loi soient soumises à la justice. Il a également été présenté comme un
moyen de répression souple, rapide et commode qui évitait de recourir à des procédés plus
rigoureux. Cependant, le texte met en évidence le fait que le régime de l'indigénat était également
justifié par la peur d'éventuelles rébellions de la part des populations autochtones. La circulaire du
10 juillet 1918 rappelle que si les infractions aux règlements de police étaient soumises à la justice,
cela risquait de compromettre le prestige et l'autorité des magistrats français sur les populations
autochtones. Louis Rinn, conseiller du gouvernement, a également affirmé que l'honneur de la
magistrature française était de ne prendre que des arrêts et non des services, ce qui signifie que les
magistrats ne devaient pas être impliqués dans les politiques coloniales. Ainsi, les inégalités dans les
colonies étaient justifiées par l'administration coloniale pour maintenir l'autorité et le prestige de la
France. Par ailleurs, cela démontre également que les inégalités étaient profondément enracinées
dans le système colonial français, et qu'elles ont été justifiées par des arguments tels que la sécurité,
le prestige et l'autorité de la France.

TRANSITION

II.A. Le droit de punir

Le décret du 30 septembre 1887 a été une étape importante dans l'histoire de la colonisation
française. Ce décret a établi un régime d'exception pour les populations indigènes non-citoyennes en
leur accordant un statut particulier, appelé l'indigénat, qui leur retirait de nombreux droits
fondamentaux, tels que le droit de se réunir ou de manifester leur opinion. Cependant, cet état de
fait ne suffisait pas à lui seul à réprimer les populations indigènes. Pour s'assurer de leur obéissance,
les administrateurs coloniaux avaient le pouvoir de punir les populations indigènes non-citoyennes,
ce qui renforçait leur emprise sur les territoires colonisés. En effet, tout européen mandaté par la
métropole et exerçant un service d’intérêt général dans la colonie pour le compte de celle-ci avait
qualité pour punir les sujets indigènes non citoyens français. L'intervention des personnes autres
que les administrateurs dans la politique répressive, en matière d'indigénat, trahit quelque peu le
sens du décret du 30 septembre 1887. Ces administrateurs investis du droit de punir sont des agents
qui sont assignés dans les circonscriptions d'une façon permanente et chargés de la surveillance des
chefs locaux. La fonction de ces administrateurs, déclare le gouverneur Faidherbe, est de maintenir
la tranquillité dans leur commandement afin de permettre le développement des colonies et
d'affermir l'autorité coloniale. Cet objectif d'affermir l'autorité coloniale a eu pour conséquence de
ne nommer que les administrateurs militaires : il s'agit en réalité de la transposition du modèle
algérien sur le Sénégal par le gouverneur Faidherbe. Par la suite, les premières ébauches des
missions des commandants vont voir le jour. En effet, d'après l'arrêté du 22 janvier 1862, ils doivent
s'assurer que les habitants de son territoire font preuve « de fidélité et d'obéissance à la France ».
Lorsqu'en 1863, les commandants de cercle interviennent remplaçant ainsi les chefs locaux, ils
deviennent les principaux interlocuteurs des populations indigènes sous les ordres des
commandants d'arrondissement. Ces premiers commandants sont militaires, mais au fur et à
mesure des exigences et des doléances des gouverneurs, le commandement militaire cède place au
commandement civil jugé plus compétent. Ainsi, vers les années 1880, huit commandants sur dix
sont des civils. Les administrateurs de cercles, les chefs de subdivisions et les gouverneurs ont la
gestion de la colonie. De ce fait, par cette qualité, le décret de 30 septembre 1887 les habilite à punir
les indigènes non-citoyens qu'ils ont en charge d'administrer. Cependant, cette politique répressive
a conduit à de nombreuses inégalités dans les colonies. Les populations indigènes étaient
considérées comme inférieures aux colons, ce qui justifiait leur soumission et leur exploitation. Ainsi,
le décret du 30 septembre 1887, en conférant le pouvoir de punir les sujets indigènes non-citoyens
aux administrateurs et autres Européens mandatés par la métropole, a créé un système inégalitaire
en termes de justice et de droits. Ce système a été renforcé par la nomination d'administrateurs
militaires chargés de maintenir l'autorité coloniale et la tranquillité dans les territoires coloniaux,
puis par la mise en place de missions pour les commandants, qui ont remplacé les chefs locaux en
tant qu'interlocuteurs principaux des populations indigènes. Les administrateurs et autres
Européens mandatés ont ainsi eu le pouvoir de punir les indigènes non-citoyens qu'ils
administraient, tandis que ces derniers étaient exclus du droit à la justice et aux tribunaux indigènes.
Cette inégalité a contribué à la construction d'un système de domination coloniale, fondé sur la
supériorité européenne et la subordination des populations indigènes.

II.B

Les inégalités et les injustices subies par les populations indigènes dans les colonies relève aussi des
sanctions imposées par les administrateurs coloniaux qui étaient souvent disproportionnées par
rapport aux infractions commises. En effet, a titre d’exemple le décret du 30 septembre 1887 fixait
le maximum de la peine à 15 jours de prison et celui de l'amende à 100 francs, des sanctions qui
pouvaient être cumulées ou appliquées séparément par l'administrateur. Le décret du 15 novembre
1924 atténuait la rigueur de ces sanctions en ne réservant l'application du cumul qu'aux récidivistes.
Cependant, la nature de la sanction prononcée, selon l'appréciation du gouverneur général, restait
une punition et non une condamnation, laissant les administrateurs le pouvoir de punir les
infractions sans procédure judiciaire ni véritable recours. Cette absence de procédure judiciaire pour
les indigènes rappelle la logique paternaliste de l'administrateur colonial ayant pour mission
l'éducation et la surveillance de l'indigène. Le gouverneur général Van Vollenhoven indique que les
infractions spéciales sont "essentiellement des fautes" et que leur régime relève de l'administratif et
du politique. L'indigénat ne mêle pas seulement le politique et l'administratif, il tire aussi son
fondement des textes juridiques qui le réglementent. En d'autres termes, bien que cette mesure soit
prise en dehors de toute procédure judiciaire, elle reste légale puisqu'elle tire son existence des
textes juridiques. Cependant, l'usage fréquent de la prison, plutôt que de l'amende, est lié à cette
exigence d'ordre, mais aussi à un besoin de main-d'œuvre dans les différents chantiers engagés par
le colonisateur, tels que la construction des routes, des chemins de fer, des centres de santé, des
écoles, etc. Ainsi, les travailleurs disciplinaires étaient souvent employés pour résoudre la pénurie de
main-d'œuvre rencontrée par l'administration coloniale. De fait, cette pratique montre que les
populations indigènes étaient traitées de manière inéquitable et souvent soumises à des sanctions
disproportionnées par rapport à leurs infractions. Cela montre que les populations indigènes dans
les colonies étaient confrontées à des inégalités et des injustices, notamment en matière de
sanctions et de procédure judiciaire. Les administrateurs coloniaux avaient le pouvoir discrétionnaire
de punir les infractions sans véritable recours pour les indigènes. La prison était souvent utilisée
comme sanction, ce qui révèle une pratique d'exploitation de la main-d'œuvre indigène. En somme,
la situation des populations indigènes dans les colonies était marquée par des pratiques injustes et
inéquitables qui ont eu des conséquences sur leur vie quotidienne et leur bien-être.

II.C

Le texte met en évidence les inégalités dans les peines infligées aux indigènes des colonies
françaises. Les administrateurs disposent d'un pouvoir discrétionnaire pour punir les indigènes non-
citoyens français, en l'absence de preuves, selon leur intime conviction. Ce système aboutit souvent
à des décisions absurdes, comme l'exemple du chef indigène invité au bal du gouverneur par un
administrateur et puni pour s'y être rendu sans autorisation par ce même administrateur qui lui
avait transmis l'invitation. Les peines illégales s'ajoutent aux peines infligées légalement, ce qui
explique le nombre important de sanctions dans certaines localités.

Le décret du 15 novembre 1924 a réduit les peines encourues dans le régime de l'indigénat, mais les
anciennes peines peuvent être maintenues sur proposition du gouverneur selon les localités
choisies. L'arrêté du 20 juin 1925 a également réduit la liste des infractions à 12 catégories.
Cependant, les administrateurs ont continué à utiliser le régime de l'indigénat en énumérant des
infractions spéciales répressibles par voie disciplinaire, pour répondre aux impératifs politiques et
économiques de la domination coloniale.

Dans certaines localités, les administrateurs ont fait largement usage de l'indigénat, tandis que dans
d'autres, l'application de ce système est restée très faible. Cette faiblesse des sanctions s'explique
par le fait que les chefs locaux sont dotés d'une forte autorité et d'une certaine légitimité, ce qui
atténue l'intervention des administrateurs dans la politique d'affermissement de leur propre
autorité. De plus, le faible nombre de sanctions traduit également l'évolution des indigènes, qui ont
intériorisé les valeurs européennes.

Cependant, le régime de l'indigénat subsiste dans les localités où les peines sont relativement fortes,
en raison de l'évolution lente des mentalités et de la faible autorité des chefs, voire de leur absence.
En outre, l'un des problèmes majeurs de l'administration des colonies est le manque de personnel,
ce qui conduit à un appel aux chefs locaux pour combler ce manque.

En somme, le système des peines infligées aux indigènes dans les colonies françaises est inégal, car
les administrateurs disposent d'un pouvoir discrétionnaire pour punir les indigènes non-citoyens
français. Le régime de l'indigénat, bien que réduit par le décret du 15 novembre 1924, persiste dans
certaines localités en raison de l'évolution lente des mentalités et de la faible autorité des chefs.
Enfin, le manque de personnel est un problème majeur dans l'administration des colonies, ce qui
conduit à un appel aux chefs locaux pour combler ce manque.

TRANSITION :
III.A. Les limites à la libertés d’action des administrateurs

Bien que les administrateurs sois soumis à des limites leurs empêchant d’être totalement libre dans
leurs actions observons en quoi ils ont souvent violé les droits des indigènes en appliquant les
mesures de l'indigénat de manière arbitraire. Cependant, pour remédier à cette situation, les
gouverneurs ont commencé à exercer une surveillance étroite sur les administrateurs afin de
garantir le respect des droits des indigènes. Mais malgré ces efforts, les inégalités persistaient, et il
est nécessaire de comprendre les raisons de cette situation. Les mesures de l'indigénat étaient un
ensemble de règles spéciales qui s'appliquaient aux indigène non-citoyens dans les colonies
françaises. Ces mesures ont été mises en place pour maintenir l'ordre et la stabilité dans les
colonies, mais elles ont souvent été utilisées pour réprimer les indigènes. Le gouverneur avait pour
responsabilité de surveiller les administrateurs et de garantir le respect des droits des indigènes. Il
recevait des rapports réguliers des administrateurs et avait le pouvoir d'exiger des explications sur
les sanctions infligées. Le gouverneur pouvait également agir en émettant des circulaires pour
clarifier le sens d'un texte ou pour donner des instructions aux administrateurs sur l'application des
mesures de l'indigénat. Le contrôle exercé par le gouverneur était important car il permettait de
surveiller de près les administrateurs et de garantir le respect des droits des indigènes. Cependant,
malgré ces efforts, les inégalités persistaient. Les indigènes non-citoyens étaient toujours réprimés
plus sévèrement que les citoyens français. Les administrateurs avaient le pouvoir de punir les
indigènes sans procès équitable, tandis que les citoyens français bénéficiaient de toutes les garanties
judiciaires. De plus, l'indigénat était souvent utilisé pour réprimer les mouvements de résistance des
indigènes, qui luttaient pour leurs droits et leur liberté. Pour remédier à cette situation, les
gouverneurs ont commencé à mettre en place des mesures pour améliorer la situation des
indigènes. Ils ont établi des tribunaux indigènes pour juger les indigènes qui commettaient des
infractions mineures, afin de les réintégrer dans la société plutôt que de les incarcérer dans des
prisons surpeuplées. Les tribunaux indigènes ont été conçus pour refléter les coutumes et les
traditions locales, afin que les indigènes se sentent plus à l'aise et plus en confiance lorsqu'ils
comparaissaient devant ces tribunaux. Cependant, l'introduction de tribunaux indigènes a
également posé des problèmes. Les tribunaux indigènes étaient souvent mal équipés et manquaient
de ressources pour assurer une justice équitable. A titre d’exemples on peut citer l'inégalité entre les
colons français et les populations locales en Côte d'Ivoire. Tout d'abord, le lieutenant-gouverneur de
la Côte d'Ivoire a émis une circulaire en 1900 exhortant les administrateurs à ne pas infliger de
châtiments corporels aux prisonniers, mais à les traiter avec sévérité tout en respectant les règles
d'humanité. Cependant, malgré cette directive, il est fréquent que le colonisateur réquisitionne les
récoltes des habitants, ce qui coupe les vivres de la population locale. Cette mesure impopulaire
peut entraîner une opposition frontale entre les représentants des autorités et les paysans. Le
gouverneur, quant à lui, cherche des moyens d'apaiser les tensions et de maintenir une autorité
forte sans réduire les pouvoirs des administrateurs. Il souligne que la réquisition des récoltes est
toujours impopulaire chez les paysans, quelle que soit leur couleur, et que seule une parfaite
compréhension des raisons d'être de cette mesure peut éviter des incidents. Cependant, il est clair
que les administrateurs ont une position de pouvoir sur les populations locales, qui ont peu de
moyens pour se défendre contre les injustices. De plus, le régime de l'indigénat en place en Côte
d'Ivoire est considéré comme source d'erreurs et d'abus. Le ministre des Colonies, Edouard Daladier,
a pris un décret en 1924 soulignant le caractère provisoire de l'indigénat, qui doit être remplacé par
une intervention judiciaire généralisée. Cependant, le régime de l'indigénat continue d'exister
jusqu'en 1946 en A.O.F., coexistant avec d'autres juridictions. Cette survie de l'indigénat pose la
question de la cohabitation du régime de l'indigénat et de la justice indigène. En somme, ces
exemples montrent que les populations locales en Côte d'Ivoire étaient souvent traitées de manière
injuste et inégale par les colons français, qui avaient un pouvoir écrasant sur elles. Les mesures
prises pour apaiser les tensions et garantir les droits des justiciables étaient souvent insuffisantes, et
le régime de l'indigénat a continué d'exister même s'il était considéré comme source d'erreurs et
d'abus. Les populations locales ont été confrontées à des obstacles majeurs pour faire valoir leurs
droits et se défendre contre les injustices, ce qui a contribué à maintenir un système d'inégalité et
d'oppression pendant de nombreuses années.

III.B. L’articulation du régime de l’indigénat avec la justice indigène

Selon les juristes et théoriciens de la colonisation, ce régime disciplinaire spécial était censé être
provisoire et laisser progressivement place aux règles de droit commun. Cependant, la volonté du
colonisateur était de maintenir ce régime, ce qui a suscité l'indignation de certains. Le régime de
l'indigénat a eu pour conséquence d'accroître les pouvoirs des administrateurs. Ces derniers étaient
en mesure d'infliger des peines disciplinaires aux indigènes non citoyens et, dans le même temps,
d'assurer la saisine, l'instruction des affaires et la présidence des juridictions indigènes. De plus, le
décret du 16 août 1912 sur la justice indigène offrait aux administrateurs la possibilité de réprimer
les contraventions, les délits et les crimes. De plus, les tribunaux de cercle pouvaient connaître des
infractions « spéciales » prévues et punies par les règlements de l'autorité publique. Ces infractions
de simple police étaient jugées devant les juridictions indigènes par les administrateurs. Cependant,
ces pouvoirs s'étendaient également aux contraventions de simple police pour les faits de police
prévus par les règlements de police émanant de l'autorité locale, aux infractions, aux arrêtés et
décisions des gouverneurs pour régler les matières d'administration et pour l'exécution des lois,
décrets et règlements promulgués dans la colonie. Ainsi, les actions ou abstentions qualifiées «
d'infractions spéciales », punissables par voie disciplinaire, étaient du ressort des tribunaux de
simple police si elles étaient le fait de citoyens français. Cependant, elles étaient réprimées par voie
disciplinaire dans le cas des indigènes non citoyens, leur faisant perdre ainsi le caractère qu'elles
auraient si elles étaient commises par des citoyens français. Par ailleurs, la frontière entre justice
indigène et régime de l'indigénat reste très ténue et peut prêter à confusion, voire conduire à des
empiètements. Ces confusions et empiètements ont conduit le gouverneur général à demander aux
administrateurs de se servir des critères politiques et administratifs dans la mise en œuvre des
peines de l'indigénat exposant alors que les inégalités étaient flagrantes dans les colonies liées au
code de l'indigénat, et les administrateurs disposaient de pouvoirs considérables pour réprimer les
indigènes non citoyens.

III.C. Des montres juridiques

Les administrateurs ont été en effet considérés pour beaucoup comme des "monstres juridiques" en
dans le sens ou ils ont créé un ordre juridique colonial « monstrueux », caractérisé par des pouvoirs
exorbitants et « arbitraires » conférés au gouverneur général chargé de prononcer les peines
propres aux « indigènes ». Le Code de l’indigénat, l’internement, le séquestre et la responsabilité
collective sont des pratiques qui ont dérogé aux lois fondamentales de la République et qui ont été
mises en place pour assurer la pérennité de la domination française. Les administrateurs coloniaux,
convaincus que les « indigènes » doivent être soumis à un ordre autoritaire constitutif d’un état
d’exception permanent, ont créé des institutions coloniales inégalitaires, discriminatoires et
illibérales en s’appuyant sur des conceptions scientifiques de l’époque. Les administrateurs ont
défendu une législation coloniale qu’ils savaient être « en désaccord avec les principes républicains
», considérant que les dispositions particulières des possessions ultra-marines étaient adéquates aux
mœurs arriérées des populations qui y vivaient. Les sanctions prévues par le Code de l’indigénat
étaient considérées comme une « monstruosité juridique » en raison de leur nature et des modalités
de leur application, puisqu’elles ne sont pas prononcées par un tribunal mais par un agent
administratif, le gouverneur général. De plus, ces sanctions pouvaient être étendues à des tiers
innocents, frappant des groupes entiers – tribus ou douars – plutôt que des individus.

Ainsi, cela permet de mettre en lumière que les pratiques et les justifications inégalitaires des
administrateurs coloniaux français en Algérie au XIXe siècle. Ces derniers ont instauré un régime
disciplinaire exorbitant et « monstrueux », qui s'appuyait sur des mesures arbitraires et des
sanctions collectives pour maintenir leur domination sur les populations autochtones. Cette
situation a été rendue possible par la remise en question des principes républicains universels au
profit d'un relativisme juridique et politique qui a permis de justifier l'inégalité et la discrimination.
De fait, cela dénonce la pratique de l'arbitraire administratif et ses conséquences dévastatrices sur
les populations colonisées.

Conclusion :

En conclusion, le Code de l'indigénat a été une mesure discriminatoire imposée dans les colonies par
les autorités coloniales pour contrôler la population autochtone. Cette politique a créé des inégalités
flagrantes entre les populations indigènes et les Européens, qui bénéficiaient d'une protection
juridique et de droits supérieurs. Les conséquences de cette politique se font encore sentir
aujourd'hui dans certains pays qui ont été autrefois des colonies. Il est donc essentiel de reconnaître
les injustices commises pendant cette période et de travailler pour éliminer les inégalités
persistantes dans les anciennes colonies. Cela peut se faire en éduquant les gens sur l'histoire
coloniale, en mettant en œuvre des politiques de réparation pour les victimes de l'oppression
coloniale et en travaillant à la création de systèmes juridiques justes et équitables pour tous. Il est
important de reconnaître que les droits humains sont universels et inaliénables, et qu'ils doivent
être protégés pour toutes les personnes, indépendamment de leur origine, de leur race ou de leur
statut social.

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