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INTRODUCTION GENERALE :
L’évolution du droit pénal gabonais peut s’apprécier sous une double réalité :
premièrement celle issue de l’évolution interne de l’histoire du Gabon et,
deuxièmement, celle héritée de l’histoire du droit français.
La période coloniale fait naitre au sein des Etats africains sous protectorat français
dont le Gabon, un droit de tradition hexagonale. La tutelle française assure l’irrigation
de la norme pénale par la mise en place d’un dispositif juridique des pays d’Outre
Mer. C’est donc au sein de l’A.E.F, l’Afrique Equatoriale Française que le Gabon est
administré en tant que colonie française.
L’ordre public colonial dont la défense impitoyable, face à des populations que l’on
qualifie sauvage et barbare est une tâche majeure devant laquelle les scrupules
juridiques et la considération n’existent pas. L’indigène n’est pas comparable au
français dont il n’a dit la culture, ni l’intelligence et encore moins la morale. Il est mis
en place un code de l’indigénat adopté le 28 juin 1881 et imposé à l’ensemble des
colonies en 1887. Ce code était assorti de toutes sortes d’interdictions dont les délits
étaient passibles d’emprisonnement ou de déportation. On pouvait y voir
l’interdiction de circuler la nuit, l’obligation d’acquitter un impôt de capitation et
d’autres mesures tout aussi dégradantes. Il s’agissait d’un recueil de mesures
discrétionnaires destiné à faire régner le bon ordre colonial celui-ci étant basé sur
l’institutionnalisation de l’inégalité et de la justice. Ce code fut sans cesse amélioré de
façon à adapter les intérêts des colons aux réalités de chaque colonie.
Paragraphe 3 : La période post coloniale
Les principales sources internes du droit pénal sont les lois législatives et les
règlements mais aussi la constitution et la coutume. Certaines de ces lois ou de ces
règlements figurent dans de nombreux codes aussi divers que variés, code de la
route, code général des impôts, code des douanes, etc. Mais la plus part des lois et
des règlements créant des peines sont contenus dans le code pénal. La source
principale du droit pénal est donc globalement le code pénal. Pour le cas du Gabon,
un nouveau code pénal est entré en vigueur depuis la loi n°042/2018 du 05 Juillet
2019. A coté du code pénal on peut citer la constitution. Elle fixe les principes
généraux en matière pénale notamment les principes liés à la présomption
d’innocence, au respect des droits de la défense, à l’exigence de l’impartialité
juridictionnelle ou encore à la célérité de la justice c'est-à-dire l’exigence
constitutionnelle faite au juge lorsqu’il est saisi d’une affaire, de se prononcer dans
un délai raisonnable. Tous ces principes sont contenus dans le préambule de la
Constitution.
Il s’agit notamment des règles issues du droit CEMAC avec les enjeux liés à la lutte
contre la criminalité transfrontalière, le trafic de fausse monnaie et la lutte contre le
blanchissement des capitaux. A ces règles, on peut également y adjoindre la Charte
africaine des droits de l’Homme avec l’exigence du respect des principes directeurs
du procès équitable.
Cette hypothèse concerne les textes absurdes c'est-à-dire mal rédigés et qui,
considérés mot par mot se trouvent à l’opposé de la volonté réelle du législateur.
Dans cette réalité, le juge répressif est permis de restaurer le véritable sens du texte,
on parle de recherche téléologique. Si malgré les efforts d’interprétation idoine du
texte, le juge se heurte toujours à un flou persistant, alors dans ce cas, il doit
interpréter le texte in vaforem c'est-à-dire en prenant une décision de relaxe.
En principe, le juge pénal n’est pas autorisé à un raisonnement par analogie. Dés
lors, en présence d’un texte clair, on doit privilégier la lettre sur l’esprit. Le juge peut
également interpréter un texte clair lorsque l’interprétation est favorable au
délinquant.
L’exigence de la qualité de la loi revêt une tradition très ancienne. Les lois doivent
être comprises de tous, comme on en trouve la référence en droit romain « Leges
sacratissimae(…) intellegi ab omnibus debend».
Il est manifeste que pour une bonne administration de la justice pénale, le législateur
a l’obligation de rédiger des textes de loi clairs et accessibles aussi bien pour le juge
qui les applique, que pour le justiciable à qui ils s’imposent et pour qui, la loi doit être
suffisamment précise pour lui permettre de comprendre ses droits et ses obligations.
Dans un environnement parfois marqué par de multiples sources juridiques, il est
primordial que la qualité de la loi soit garantie dans l’intérêt d’une bonne expression
du principe de la légalité criminelle. Ce principe soumet donc le législateur à
l’engagement de veiller à la qualité de la législation à savoir sa clarté, sa simplicité, et
à son efficacité.
Notons que parmi les sources du principe de la clarté de la loi pénale, figure en bonne
place, les exigences de la jurisprudence. En effet, si la loi pénale est d’application
stricte, le juge pénal doit alors préalablement à son application, vérifier qu’elle
comporte des dispositions suffisamment précises et des formules dépourvues
d’équivoque ou de complexité excessive. Cette exigence de clarté des lois, nous
l’avons vu plus haut, est mise à la charge du législateur. En doit comparé français par
exemple, le conseil constitutionnel impose actuellement au législateur français,
d’adopter des dispositions largement précises. Cette exigence constitutionnelle de
clarté est une garantie essentielle à la sécurité juridique des justiciables lesquels,
manifestement, courent une insécurité juridique réelle à chaque fois que la loi est
floue ou ambiguë.
Rappelons qu’une incrimination est une mesure de politique criminelle qui consiste
pour l’autorité compétente à ériger un comportement déterminé en infraction, en
déterminant les éléments constitutifs de celle-ci et la peine applicable, Or, en
l’absence d’un texte d’incrimination préalable à la commission d’une infraction, il y a
lieu de préciser qu’en vertu du principe de la légalité criminelle, celle-ci ne peut pas
être poursuivie et son auteur condamné. Il s’agit ici de la conséquence immédiate de
la mise en œuvre du principe de la légalité des délits et des peines consubstantiel au
principe de la légalité criminelle.
Deux effets essentiels peuvent être retenus parmi les effets du principe de la légalité
criminelle: l’étendue de la loi pénale et la rétroactivité de celle-ci
L’étendue de la loi pénale touche aussi bien à son interprétation qu’à sa non
rétroactivité.
A/ L’interprétation stricte de la loi pénale
Comme pour tout texte juridique, entre la loi générale, impersonnelle et absolue et la
situation de fait, il est indispensable d’interpréter afin de saisir la meilleure
orientation. Dans l’article 4 alinéa 2 du code pénal, il est dit que la loi pénale est
d’interprétation stricte. Il faut préciser que ce principe n’est que le prolongement
logique du principe de la légalité des délits et des peines. L’intérêt de cette exigence,
est d’éviter d’étendre une infraction à un phénomène qu’elle ne prévoit pas. A ce
propos, un arrêt du 30/11/92 de la cour de cassation française rappelle à juste titre
qu’ « il n’appartient pas aux juridictions correctionnelles de se prononcer par
induction, présomption, analogie ou pour des motifs d’intérêt général ».
Cependant, l’analogie peut être admise lorsqu’elle est favorable à la personne
poursuivie. Alors, l’unique analogie interdite est donc celle qui n’est pas en faveur de
la personne poursuivie.
Enfin, il ya les lois interprétatives. Ce sont des lois rétroactives par nature. Il s’agit du
cas dans lequel le législateur, va abroger des dispositions pour les remplacer par les
même dispositions c'est-à-dire une opération de codification à droit constant. Cette
évolution vise fondamentalement à rendre le texte plus clair et plus accessible.
Le principe fondamental du droit pénal gabonais est la légalité des délits et des
peines contenu à l’article 5 du nouveau code pénal énonçant que nul ne peut être
puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi,
ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par la loi ou le
règlement. C’est la loi seule qui détermine ce qui est infraction et les peines qui lui
sont applicables. Et pour être valable, une loi doit respecter les exigences légales de
son entrée en vigueur. Elle doit avoir été votée à l’issue de son examen
parlementaire, ensuite promulguée par le président de la République et publiée au
journal officiel et les décrets d’application permettent sa mise en œuvre.
B/ La régularité du règlement
Le règlement est une source normale du droit pénal. C’est un acte pris par le pouvoir
exécutif en vertu de son pouvoir réglementaire. La loi propose un cadre juridique au
sein duquel le règlement va organiser les modalités de son application. Si la loi n’a
pas prévue de volet pénal, le règlement peut être conduit à définir les incriminations.
Le juge pénal peut opérer un contrôle de la régularité d’un règlement et déclarer
l’acte conforme ou non conforme mais sa décision n’emporte pas l’annulation de
l’acte qui pourra le cas échéant, être le fondement des nouvelles poursuites.
LIVRE PREMIER de la Loi n 042/2018 du 05 juillet 2019 portant nouveau code pénal :
DES INFRACTIONS ; DES PERSONNES PUNISSABLES ET DES PEINES
Les contraventions sont les infractions les moins graves. Aux termes de l’article 4 du
code pénal, constituent les contraventions, les infractions que le règlement punit
d’une peine de prison tout au plus ou d’une peine d’amende de 100 000 francs CFA
Cette classification est essentiellement fondée sur la nature de l’infraction d’une part,
et sur l’élément matériel de l’infraction d’autre part.
C/ L’erreur de droit
Est exclue aux termes de l’article 32 du code pénal, la responsabilité pénale d’une
personne qui justifie avoir cru par une erreur sur le droit qu’elle n’était pas en
mesure d’éviter, pouvoir légitimement accomplir l’acte.
E/ La légitime défense
La légitime défense a toujours figuré comme cause d’irresponsabilité pénale au sein
de notre système judiciaire. Ainsi, aux termes de l’article 34 du code pénal, il est
prévu que n’est pas reconnue pénalement responsable, la personne qui devant une
atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui accompli dans le même temps un acte
exigé par la légitime défense mais à condition qu’il y est un rapport de
proportionnalité entre les moyens utilisés et la gravité de l’attaque.
F/ L’état de nécessité
L’état de nécessité comme cause d’irresponsabilité pénale prévu à l’article 35 du
code pénal, est justifié par le fait qu’une personne soit face à un danger actuel ou
imminent ou une atteinte injustifiée qui menace elle-même, autrui ou un bien.
Cependant, l’acte de nécessité doit être proportionnel dans les moyens utilisés au
niveau de la menace ou de la gravité de l’atteinte.