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UNIVERSITE OMAR BONGO

FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCES ECONOMIQUES


Département de droit privé
Cours Magistral de droit Pénal Général 2019-2020 Licence 2 Droit
Titulaire : Aimé Roger MOULOUNGUI MAGANGA, Docteur en doit privé et Sciences
criminelles.

INTRODUCTION GENERALE :

Le phénomène criminel est un fait consubstantiel à l’évolution de l’Humanité. La


réalité montre qu’aucun groupe social n’est épargné. C’est donc une vérité que l’on
ne peut discuter. Cependant, le phénomène criminel reste insaisissable, car quelque
soit l’approche adoptée pour y venir a bout, il subsiste une part dissimulée de sa
réalité, c’est exactement la vérité de la criminalité clandestine dont les infractions
commises ne sont pas révélées, ou de la criminalité apparente caractérisée par des
actions de poursuites certes, mais non sanctionnées par des condamnations. C’est
ainsi qu’on Gabon par exemple, l’on observe depuis quelques années, une
augmentation du phénomène criminel sans que parallèlement, la réponse pénale
apportée à la criminalité, ne soit satisfaisante à la sécurité des populations dont les
inquiétudes apparaissent davantage quotidiennement plus visibles. C’est donc dire
que la politique pénale apportée à la lutte contre la criminalité réelle ne suffit pas à
expliquer l’ampleur de la réalité criminelle dans son semble dès lors qu’une part
importante de ce phénomène n’aboutie nécessairement à la répression étatique.
Historiquement, le phénomène criminel a connu une explication biologique. En effet,
pour certains auteurs comme Lombroso, médecin italien, la criminalité est un
phénomène de naissance. Cette prédisposition endogène à la criminalité soutenait
l’idée d’une criminalité génétique. D’ailleurs pour ce médecin, certains traits psycho
physiques suffisaient pour identifier le profil idéal le criminel de naissance. En effet
pour Lombroso, le criminel type, présentait certains traits anatomiques, fortes
mâchoires, arcades sourcilières proéminentes etc. Sur le plan psychologique, le
criminel né est insensible à la douleur. Sur le plan social, il porte des tatouages, argo
etc.
Outre les raisons biologiques, le phénomène criminel a pu également s’expliquer par
les facteurs psychiques. Dans la réalité actuelle de la criminalité, ce facteur constitue
davantage, l’une des causes contemporaine de la propagation de la criminalité au
sein nos sociétés avec en prime, la consommation de plus en plus répandue des
stupéfiants en général et singulièrement de certaines drogues dures comme la
cocaïne.
La nécessité de lutter contre ce phénomène doit être une urgence étatique
constante. Outre les solutions doctrinales, c’est davantage autour d’une réponse
pénale adaptée d’initiative législative et réglementaire que le phénomène criminel
doit être combattu. L’étude du droit pénal général est donc l’occasion d’apprécier
cette réponse en examinant les principes généraux prévus en matière pénale.
En effet, droit de nature mixte c'est-à-dire incorporé à la fois en droit privé et en
droit public, le droit pénal général est une branche du droit criminel dont l’objet est
l’étude de la règle de droit pénal c'est-à-dire des interdictions sociales assorties des
peines que la société impose à ceux qui commettent des infractions et les mesures de
prévention ainsi que les modalités de la répression des faits constitutifs d’infractions.
C’est donc spécifiquement autour de ces principes généraux relatifs aux
incriminations et aux sanctions que le droit pénal général se construit.
Dès lors, il est donc essentiel dans le cadre de la présente étude, d’exposer
premièrement ses fondements, avant d’examiner dans un second mouvement, son
contenu.

Première Partie : Le Fondement de l’infraction

Titre préliminaire : Evolutions et sources du droit pénal

Chapitre 1 : L’évolution du droit pénal

L’évolution du droit pénal gabonais peut s’apprécier sous une double réalité :
premièrement celle issue de l’évolution interne de l’histoire du Gabon et,
deuxièmement, celle héritée de l’histoire du droit français.

Section 1 : l’évolution interne


Historiquement, on distingue trois périodes majeures dans l’évolution du droit
pénal au Gabon, celle antérieure à la colonisation, la période coloniale et la période
post coloniale.

Paragraphe 1 : La période antérieure à la colonisation

D’un point de vue fonctionnel, cette période ne saurait se soustraire des


mécanismes du droit pénal en général qu’a connu l’Humanité dans son ensemble
avec le règne d’une justice pénale caractérisée par la loi du plus fort, ou encore le
triomphe de la justice privée. Néanmoins, il faut préciser que dans la tradition
juridique africaine en général et plus spécifiquement celle du Gabon, la période
précoloniale est caractérisée sans doute par un droit oral. Avant la colonisation, le
droit pénal gabonais comme tous les autres systèmes juridiques africains, se fonde
sur les aspects mystiques et religieux pour assurer son administration au sein du
corps social. Le droit est considéré comme émanant de la volonté ancestrale. La peur
de la sanction ancestrale et des puissances surnaturelles jouaient une fonction
dissuasive forte contre de possibles contrevenants aux règles de la vie commune. La
conviction que le clan constitue une entité infaillible capable de châtier durement
contre les déviances communautaires suffisait pour chacun de se conformer au
contrat social. Outre la sanction religieuse, l’auteur d’un délit encourait le ridicule et
l’exclusion sociale. Dans de nombreux cas tel que l’adultère, l’auteur des faits
délictueux était instamment invité à acquitter une somme d’argent en
dédommagement du tord causé à autrui et conjurer ainsi le mauvais sort, pratique
vérifiable au sein de certains peuples du Sud comme chez les punus et les nzebis.
Durant cette période, la justice pénale s’apparente d’avantage à une fonction
protectrice du groupe social par la dissuasion plutôt qu’à une finalité répressive
tangible.

Paragraphe 2 : La période coloniale

La période coloniale fait naitre au sein des Etats africains sous protectorat français
dont le Gabon, un droit de tradition hexagonale. La tutelle française assure l’irrigation
de la norme pénale par la mise en place d’un dispositif juridique des pays d’Outre
Mer. C’est donc au sein de l’A.E.F, l’Afrique Equatoriale Française que le Gabon est
administré en tant que colonie française.
L’ordre public colonial dont la défense impitoyable, face à des populations que l’on
qualifie sauvage et barbare est une tâche majeure devant laquelle les scrupules
juridiques et la considération n’existent pas. L’indigène n’est pas comparable au
français dont il n’a dit la culture, ni l’intelligence et encore moins la morale. Il est mis
en place un code de l’indigénat adopté le 28 juin 1881 et imposé à l’ensemble des
colonies en 1887. Ce code était assorti de toutes sortes d’interdictions dont les délits
étaient passibles d’emprisonnement ou de déportation. On pouvait y voir
l’interdiction de circuler la nuit, l’obligation d’acquitter un impôt de capitation et
d’autres mesures tout aussi dégradantes. Il s’agissait d’un recueil de mesures
discrétionnaires destiné à faire régner le bon ordre colonial celui-ci étant basé sur
l’institutionnalisation de l’inégalité et de la justice. Ce code fut sans cesse amélioré de
façon à adapter les intérêts des colons aux réalités de chaque colonie.
Paragraphe 3 : La période post coloniale

La période post coloniale voit globalement le Gabon hériter du patrimoine juridique


français. Après l’indépendance du 17 Aout 1960 avec son accession à la souveraineté
internationale, il faut attendre 1963 pour voir le Gabon se doter de son premier code
pénal, c’est la loi n°21/63 du 31 mai 1963. Cependant une question demeure, avant
1963, sur quel fondement juridique, la justice pénale est elle rendue ? Il semble
raisonnable de conclure qu’avant cette date, c'est-à-dire durant les trois premières
années après son indépendance, le Gabon applique tout naturellement le droit pénal
français pour administrer la justice pénale au nom du peuple gabonais. On observe
d’ailleurs que le pays qui malheureusement n’est pas encore doté à cette époque, de
cadres formés en droit, capables d’assurer la relève française, laissera sans doute
dans le cadre de la coopération post coloniale, la gestion de ses institutions
judiciaires aux juges français, qui continueront d’administrer la justice en général et
plus singulièrement, la justice pénale.

Section 2 : L’évolution externe

L’évolution externe du droit pénal émane essentiellement de l’histoire du droit


français d’où le droit positif gabonais tire ses principales sources.
En effet au commencement, pourrait on dire, est la vengeance, une vengeance de
nature privée et qui a pour caractéristique d’être illimitée autrement dit non
proportionnée au mal causé. Mais ce mode d’administration de la justice pénale va
très vite connaitre ses limites. Pour des raisons de survie, la vengeance privée
s’organise. De nouveaux mécanismes régulateurs vont apparaitre pour éviter un
déferlement de la violence ou une vendetta continue. Une distinction est alors faite
entre les atteintes mineures réparables en nature ou en argent et les fautes plus
graves ou la vengeance va s’exercer sur la personne même de l’auteur.
Il faut avouer que cette sommaire évolution reste insatisfaisante à une meilleure
justice pénale même si elle permet néanmoins d’atteindre une certaine
proportionnalité dans la fixation des peines.

Chapitre 2 : Les sources du droit pénal


Deux séries de sources du droit pénal peuvent être énoncées :
Les sources internes et les sources externes.

Section 1 : Les sources internes

Les principales sources internes du droit pénal sont les lois législatives et les
règlements mais aussi la constitution et la coutume. Certaines de ces lois ou de ces
règlements figurent dans de nombreux codes aussi divers que variés, code de la
route, code général des impôts, code des douanes, etc. Mais la plus part des lois et
des règlements créant des peines sont contenus dans le code pénal. La source
principale du droit pénal est donc globalement le code pénal. Pour le cas du Gabon,
un nouveau code pénal est entré en vigueur depuis la loi n°042/2018 du 05 Juillet
2019. A coté du code pénal on peut citer la constitution. Elle fixe les principes
généraux en matière pénale notamment les principes liés à la présomption
d’innocence, au respect des droits de la défense, à l’exigence de l’impartialité
juridictionnelle ou encore à la célérité de la justice c'est-à-dire l’exigence
constitutionnelle faite au juge lorsqu’il est saisi d’une affaire, de se prononcer dans
un délai raisonnable. Tous ces principes sont contenus dans le préambule de la
Constitution.

Sections 2 : Les sources externes

Paragraphe 1 : Les sources communautaires du droit pénal

Il s’agit notamment des règles issues du droit CEMAC avec les enjeux liés à la lutte
contre la criminalité transfrontalière, le trafic de fausse monnaie et la lutte contre le
blanchissement des capitaux. A ces règles, on peut également y adjoindre la Charte
africaine des droits de l’Homme avec l’exigence du respect des principes directeurs
du procès équitable.

Paragraphe 2 : Les sources internationales du droit pénal

Ce sont essentiellement les traités internationaux ratifiés par le Gabon et qui


comportent des dispositions pénales. Il s’agit par exemple des conventions de
coopération judiciaires et les textes liés au respect des droits fondamentaux et des
libertés individuelles.

Titre 1 : Le principe de la légalité criminelle


Pour rendre compte du sens du principe de la légalité criminelle en droit pénal, il est
important de dégager ses finalités (Chapitre1) et de préciser sa signification (Chapitre
2).

Chapitre 1 : Les finalités du principe de la légalité criminelle

Section 1 : La finalité traditionnelle du principe de la légalité criminelle

L’apparition du principe de la légalité remonte au XVIIIème siècle lorsque Cesare


Beccaria énonce dans son œuvre intitulée Des délits et des peines : « que les lois
seules peuvent fixer les peines de chaque délit et que le droit de faire des lois
pénales ne peut résider que dans la personne du législateur, qui représente toute la
société unie par un contrat social »
C’est donc à l’actif des philosophes des Lumières qu’il apparaît légitime de fixer la
détermination de la finalité du principe de la légalité criminelle, dégagée pour lutter
contre l’arbitraire des juges de l’Ancien Régime.

Paragraphe 1 : L’interdiction de tout rôle créateur du droit du juge pénal

Ce principe est inséré à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen 1789. Le


principe de la légalité criminelle signifie qu’aucun individu ne peut être condamné
pénalement que s’il existe préalablement aux faits qui lui sont imputables une
incrimination et une peine légalement prévues par le législateur.
Né pour substituer le pouvoir arbitraire du juge par celui du législateur, le principe de
la légalité criminelle oblige le juge pénal au respect de plusieurs exigences ayant pour
finalité de lui interdire tout rôle créateur du droit donc de revêtir la qualité d’un
législateur bis.

Paragraphe 2 : L’obligation de l’interprétation stricte de la loi pénale par le juge


pénal
En son temps, Portalis soutenait déjà qu’ «En matière criminelle, il faut des Lois et
point de Jurisprudence».
Cette exigence se pérennise de nos jours car elle est reprise dans l’article 4 du
nouveau code pénal de la loi n°042/2018 du 05 Juillet 2019. Il apparaît très
clairement que pour le législateur gabonais, ce qu’il faut éviter, c’est l’interprétation
personnelle du juge. Le principe veut que le juge ne puisse qu’appliquer le texte
pénal tel qu’il a été élaboré par le législateur. Cependant, dans la pratique, toutes les
lois n’ont pas toujours le même degré de clarté espérée en théorie. Dans cette
hypothèse, le juge doit donc interpréter la loi dans un souci d’efficacité de celle-ci.
Pour des motifs d’efficacité de la loi, la jurisprudence autorise un certain nombre
d’interprétation. Il existe traditionnellement deux séries d’exception : les textes
obscurs et les textes clairs.

A/ Le juge pénal face à un texte obscur

Cette hypothèse concerne les textes absurdes c'est-à-dire mal rédigés et qui,
considérés mot par mot se trouvent à l’opposé de la volonté réelle du législateur.
Dans cette réalité, le juge répressif est permis de restaurer le véritable sens du texte,
on parle de recherche téléologique. Si malgré les efforts d’interprétation idoine du
texte, le juge se heurte toujours à un flou persistant, alors dans ce cas, il doit
interpréter le texte in vaforem c'est-à-dire en prenant une décision de relaxe.

B/ Le juge pénal et le texte clair

En principe, le juge pénal n’est pas autorisé à un raisonnement par analogie. Dés
lors, en présence d’un texte clair, on doit privilégier la lettre sur l’esprit. Le juge peut
également interpréter un texte clair lorsque l’interprétation est favorable au
délinquant.

Section 2 : L’émergence d’une finalité opposée au principe de la séparation des


pouvoirs

L’application du principe de la légalité criminelle résultant notamment de l’exigence


faite au législateur de légiférer de manière qualitative a aboutie à une pratique en
totale opposition avec le principe traditionnel de la séparation des pouvoirs. Il est fait
obligation au législateur de rédiger qualitativement les textes répressifs.

Paragraphe 1 : L’obligation de la qualité de la loi imposée au législateur

L’exigence de la qualité de la loi revêt une tradition très ancienne. Les lois doivent
être comprises de tous, comme on en trouve la référence en droit romain « Leges
sacratissimae(…) intellegi ab omnibus debend».
Il est manifeste que pour une bonne administration de la justice pénale, le législateur
a l’obligation de rédiger des textes de loi clairs et accessibles aussi bien pour le juge
qui les applique, que pour le justiciable à qui ils s’imposent et pour qui, la loi doit être
suffisamment précise pour lui permettre de comprendre ses droits et ses obligations.
Dans un environnement parfois marqué par de multiples sources juridiques, il est
primordial que la qualité de la loi soit garantie dans l’intérêt d’une bonne expression
du principe de la légalité criminelle. Ce principe soumet donc le législateur à
l’engagement de veiller à la qualité de la législation à savoir sa clarté, sa simplicité, et
à son efficacité.

Paragraphe 2 : Le contrôle du juge pénal sur la qualité des lois pénales

Notons que parmi les sources du principe de la clarté de la loi pénale, figure en bonne
place, les exigences de la jurisprudence. En effet, si la loi pénale est d’application
stricte, le juge pénal doit alors préalablement à son application, vérifier qu’elle
comporte des dispositions suffisamment précises et des formules dépourvues
d’équivoque ou de complexité excessive. Cette exigence de clarté des lois, nous
l’avons vu plus haut, est mise à la charge du législateur. En doit comparé français par
exemple, le conseil constitutionnel impose actuellement au législateur français,
d’adopter des dispositions largement précises. Cette exigence constitutionnelle de
clarté est une garantie essentielle à la sécurité juridique des justiciables lesquels,
manifestement, courent une insécurité juridique réelle à chaque fois que la loi est
floue ou ambiguë.

Chapitre 2 : La signification juridique du principe de la légalité criminelle

En vertu du principe de la légalité criminelle, il ne peut y avoir d’infraction en dehors


d’un texte légal « nullum crimen, nulla poena sine lege ».
La préexistence de la loi est donc nécessaire pour toute incrimination.

Section 1 : Le contenu juridique du principe de la légalité criminelle

Le contenu juridique du principe de la légalité criminelle pose le principe lui-même et


tire par ailleurs les conséquences de son inobservation.

Paragraphe 1 : La règle nullum crimen, nulla poena sine lege

La règle de légalité criminelle contenue à l’article 5 du code pénal emporte deux


principales exigences : la légalité des incriminations et la légalité des sanctions.

A/ L’exigence de la légalité des incriminations


En vertu de la règle de la légalité criminelle, il ne peut y avoir d’infraction qu’en
présence d’un texte de loi. La loi est donc nécessaire pour toute incrimination. Cette
exigence s’impose au juge qui, n’a pas le droit de créer un délit ou de conclure au
caractère punissable des faits qui lui sont soumis que le législateur ou le pouvoir
exécutif n’a pas incriminé.

B/ L’exigence de la légalité des sanctions pénales

Envisagée en droit pénal comme non seulement la juste rétribution de la faute du


délinquant, ou la juste compensation du dommage qu’il a causé à la société en
troublant l’ordre public, la peine pénale doit cependant pour être infligée à l’auteur
des faits, avoir un fondement juridique. Ainsi, le respect du principe de la légalité
criminelle exige, que la peine prononcée à l’encontre de l’auteur d’une infraction, soit
au préalable prévue par les dispositions législatives ou réglementaires. Il n’appartient
donc pas au juge, de fixer selon son bon vouloir une peine qui ne serait pas la volonté
ni du législateur ni de l’exécutif.

Paragraphe 2 : L’absence d’un texte d’incrimination préexistant le fait fautif

Rappelons qu’une incrimination est une mesure de politique criminelle qui consiste
pour l’autorité compétente à ériger un comportement déterminé en infraction, en
déterminant les éléments constitutifs de celle-ci et la peine applicable, Or, en
l’absence d’un texte d’incrimination préalable à la commission d’une infraction, il y a
lieu de préciser qu’en vertu du principe de la légalité criminelle, celle-ci ne peut pas
être poursuivie et son auteur condamné. Il s’agit ici de la conséquence immédiate de
la mise en œuvre du principe de la légalité des délits et des peines consubstantiel au
principe de la légalité criminelle.

Section 2 : Les effets juridiques du principe de la légalité criminelle

Deux effets essentiels peuvent être retenus parmi les effets du principe de la légalité
criminelle: l’étendue de la loi pénale et la rétroactivité de celle-ci

Paragraphe 1. L’étendue de la loi pénale

L’étendue de la loi pénale touche aussi bien à son interprétation qu’à sa non
rétroactivité.
A/ L’interprétation stricte de la loi pénale

Comme pour tout texte juridique, entre la loi générale, impersonnelle et absolue et la
situation de fait, il est indispensable d’interpréter afin de saisir la meilleure
orientation. Dans l’article 4 alinéa 2 du code pénal, il est dit que la loi pénale est
d’interprétation stricte. Il faut préciser que ce principe n’est que le prolongement
logique du principe de la légalité des délits et des peines. L’intérêt de cette exigence,
est d’éviter d’étendre une infraction à un phénomène qu’elle ne prévoit pas. A ce
propos, un arrêt du 30/11/92 de la cour de cassation française rappelle à juste titre
qu’ « il n’appartient pas aux juridictions correctionnelles de se prononcer par
induction, présomption, analogie ou pour des motifs d’intérêt général ».
Cependant, l’analogie peut être admise lorsqu’elle est favorable à la personne
poursuivie. Alors, l’unique analogie interdite est donc celle qui n’est pas en faveur de
la personne poursuivie.

B/ La non rétroactivité de la loi pénale plus sévère.


En règle générale, la rétroactivité est une notion de droit qui envisage qu’un acte
juridique puisse entrainer des effets sur des situations antérieures à sa date de mise
en application. En matière pénale, elle est un principe contraire au respect des droits
de l’Homme, nul ne pouvant être jugé par une loi entrée en vigueur postérieurement
aux faits commis.
L’article 6 du code pénal précise que sont seuls punissables, les faits constitutifs
d’une infraction à la date à laquelle ils ont été commis. De même, seuls peuvent être
prononcées, les peines applicables à la même date.
Par application de ce principe, la loi qui crée une infraction ou qui aggrave les
sanctions ne pourra pas être applicable au procès en cours.
Cependant, cette règle connait des assouplissements.
D’abord lorsque la nouvelle loi emporte des dispositions plus douces. Exemple : les
lois qui diminuent ou abolissent une peine, une circonstance aggravante ou encore
rétrécissent le champ d’incrimination d’une infraction en rendant les poursuites plus
difficiles etc. Ainsi, le second paragraphe de l’article 6 précité, énonce que les
dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en
vigueur et n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de l’autorité
absolue de la chose jugée lorsqu’elles sont moins sévères que les dispositions
anciennes. C’est la rétroactivité in mitius. En effet, il apparait que pour faire jouer
cette rétroactivité dite de la loi pénale plus douce, le code pénal gabonais pose donc
deux conditions majeures:
Premièrement, il faut que l’affaire pénale soit pendante c'est-à-dire encore en
instance de jugement;
Deuxièmement, il faut que les dispositions nouvelles soient plus clémentes que les
dispositions antérieures contenues dans la loi ancienne.
Ensuite, il ya les lois de forme prévues à l’article 7 du code pénal. Elles sont
d’application immédiate et donc applicables au procès en cours. En réalité, il s’agit
d’une fausse rétroactivité, dès lors que les actes de procédure antérieurs à la loi ne
sont pas remis en cause. Elles concernent au terme de l’article 7 précité, les lois ci
après :
 Les lois de compétence et d’organisation judiciaire qui sont d’applicables
immédiatement, tant qu’un jugement sur le fond n’a pas été rendu en
première instance.
 Les lois de prescription de l’action publique et des peines même si elles
aggravent le sort de la personne poursuivie.
 Les lois fixant les modalités des poursuites et les formes de la procédure
 Les lois relatives au régime d’exécution et d’application des peines sauf
lorsqu’elles emportent des dispositions plus sévères.

Enfin, il ya les lois interprétatives. Ce sont des lois rétroactives par nature. Il s’agit du
cas dans lequel le législateur, va abroger des dispositions pour les remplacer par les
même dispositions c'est-à-dire une opération de codification à droit constant. Cette
évolution vise fondamentalement à rendre le texte plus clair et plus accessible.

Paragraphe 2 : La régularité de la loi pénale

La régularité de la loi pénale impose non seulement la régularité de la volonté


législative mais également celle du règlement

A / La régularité de la loi pénale

Le principe fondamental du droit pénal gabonais est la légalité des délits et des
peines contenu à l’article 5 du nouveau code pénal énonçant que nul ne peut être
puni pour un crime ou pour un délit dont les éléments ne sont pas définis par la loi,
ou pour une contravention dont les éléments ne sont pas définis par la loi ou le
règlement. C’est la loi seule qui détermine ce qui est infraction et les peines qui lui
sont applicables. Et pour être valable, une loi doit respecter les exigences légales de
son entrée en vigueur. Elle doit avoir été votée à l’issue de son examen
parlementaire, ensuite promulguée par le président de la République et publiée au
journal officiel et les décrets d’application permettent sa mise en œuvre.

B/ La régularité du règlement

Le règlement est une source normale du droit pénal. C’est un acte pris par le pouvoir
exécutif en vertu de son pouvoir réglementaire. La loi propose un cadre juridique au
sein duquel le règlement va organiser les modalités de son application. Si la loi n’a
pas prévue de volet pénal, le règlement peut être conduit à définir les incriminations.
Le juge pénal peut opérer un contrôle de la régularité d’un règlement et déclarer
l’acte conforme ou non conforme mais sa décision n’emporte pas l’annulation de
l’acte qui pourra le cas échéant, être le fondement des nouvelles poursuites.

LIVRE PREMIER de la Loi n 042/2018 du 05 juillet 2019 portant nouveau code pénal :
DES INFRACTIONS ; DES PERSONNES PUNISSABLES ET DES PEINES

TITRE 2 : LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS


Un acte est érigé en infraction par la loi au regard de sa gravité. En toute hypothèse,
une infraction correspond à un acte suffisamment grave pour faire mériter une peine
à son auteur mais il ya lieu néanmoins de faire des distinctions en fonction de la
gravité des infractions.
Chapitre 1 : La classification légale des infractions

Au terme de l’article 1er du code pénal, et contrairement à son homologue français,


Le législateur gabonais classe les infractions en fonction de leur gravité décroissante :
crimes, délits et contraventions. C’est ce qu’on appelle le principe de classification
tripartite des infractions.

Section 1 : Le principe de la distinction des crimes, délits et contraventions


La gravité attribuée à une infraction, et donc sa qualification criminelle, délictuelle,
ou contraventionnelle est identifiable d’après la gravité de la peine qui y est attachée
par la loi. Autrement dit, l’auteur d’un comportement répréhensible peut savoir, au
vu de la gravité de la peine qu’il en encourt, à quelle catégorie son acte appartient.
Paragraphe 1 : Les crimes
Les crimes constituent les infractions les plus graves. Ils sont identifiables par la
nature de la peine qu’ils font encourir à leur auteur. Selon l’article 2 du code pénal,
sont des crimes, les infractions que la loi punit d’une peine de réclusion criminelle à
temps ou à perpétuité comme par exemple l’assassinat, infraction prévue à l’article
351 du code pénal, qualification attribuée à l’homicide volontaire commis avec
préméditation.

Paragraphe 2 : Les délits


Les délits sont des infractions de gravité moyenne. En effet, au terme de l’article 3 du
code pénal, sont des délits, les infractions que la loi ou le règlement punit d’une
peine d’emprisonnement d’un mois au moins ou d’une amende de 100. 000 francs
au moins. Par exemple : L’association de malfaiteurs, infractions prévue à l’article 228
du code pénal, punit d’un emprisonnement de dix au plus et d’une amende de
10.00.000 de francs au plus.

Paragraphe 3 : Les contraventions

Les contraventions sont les infractions les moins graves. Aux termes de l’article 4 du
code pénal, constituent les contraventions, les infractions que le règlement punit
d’une peine de prison tout au plus ou d’une peine d’amende de 100 000 francs CFA

Section 2 : L’utilité de la distinction

La classification des infractions par degré de gravité en crimes, délits et


contraventions constitue entièrement l’organisation de notre droit pénal. Et comme
on peut l’observer, le code pénal consacre d’entrée de jeu ses premières dispositions
à cette classification. Le principe de la classification tripartite des infractions
commande d’abord suivant le principe de la séparation des pouvoirs, la
détermination de l’autorité compétente pour créer ou modifier les infractions,
ensuite le principe conditionne d’importantes règles de droit pénal, et enfin, il
permet la détermination de la compétence juridictionnelle en matière répressive.

Paragraphe 1 : L’intérêt inhérent à la détermination de l’autorité compétente


Le principe de la classification tripartite des infractions permet selon l’expression du
code pénal, la détermination de l’autorité compétente désignée pour créer ou
modifier les infractions. En effet, les crimes et les délits relèvent de la compétence
exclusive du pouvoir législatif, c'est-à-dire le parlement qui, dans sa composition
bicamérale, première et deuxième chambre, vote la loi. En première lecture au
niveau de l’Assemblée Nationale et en seconde lecture au Sénat, ensuite, suit sa
promulgation par le président de la République et enfin, sa publication au Journal
Officiel pour être applicable.

Paragraphe 2 : L’intérêt inhérent au droit pénal

Le principe de la classification des infractions conditionne ensuite bon nombre de


règles pénales. Ainsi, pour déterminer la nature de la faute requise pour engager la
responsabilité pénale de l’auteur d’une infraction, la qualification des crimes exige
toujours l’existence un élément intentionnel de leur auteur alors que les délits et les
conventions peuvent ne reposer que sur une négligence, ou une imprudence ou une
faute de mise en danger.

Paragraphe 3 : L’intérêt inhérent à la procédure pénale


La classification des infractions permet davantage la détermination de la
compétence des juridictions pénales dès lors que chacune est compétente pour une
catégorie d’infractions précises :
Les crimes sont jugés à l’occasion des cessions criminelles spéciales, les délits par le
tribunal correctionnel, les contraventions donnant lieu à une peine d’amende sont
verbalisées par des officiers de police judiciaires et les contrevenants sont orientés au
Trésor public pour le paiement des amendes sauf dans les cas ou une peine de prison
est prévue, dans cette hypothèse, c’est le tribunal correctionnel qui est compétent.
Chapitre 2 : Les autres classifications des infractions

Cette classification est essentiellement fondée sur la nature de l’infraction d’une part,
et sur l’élément matériel de l’infraction d’autre part.

Section 1 : Les classifications fondées sur la nature de l’infraction


Il convient d’examiner successivement le contenu et l’intérêt de cette classification.
Paragraphe 1 : Le contenu de la classification : infractions de droit commun et
infractions politique et militaire

A/ Les infraction de droit commun


Les infractions de droit commun sont des violations à la loi pénale. Elles résultent des
actes d’un individu. Ces actes peuvent être positifs mais également négatifs c'est-à-
dire consister en une action ou en une inaction. Ils doivent être imputables à un
individu et être assortis d’une sanction pénale. A différence des infractions militaire
et politique qui troublent l’ordre politique et la sureté de l’Etat, les infractions de
droit commun troublent simplement l’ordre public.

B/ Les infractions politiques


Pour définir les infractions politiques, on retient généralement deux critères: Un
critère objectif et un critère subjectif. Ainsi, selon le critère objectif, est considéré
comme infraction politique, toute infraction qui porte atteinte à l’organisation et au
fonctionnement des pouvoirs publics, alors que pour le critère subjectif né à la faveur
de la doctrine, il s’agit d’une infraction de droit commun dotée d’un mobile politique.
Exemple: l’incitation d’un acteur politique à l’insurrection populaire n’est en principe
qu’une entreprise criminelle pouvant résulter sur plusieurs infractions de droit
commun, homicide, destruction de biens privés, coups et blessures volontaires, mise
en danger de la vie d’autrui etc.
Mais, de ces deux critères, retenons que c’est le critère objectif qui l’emporte.
C / Les infractions militaires
Les infractions militaires sont assimilées à des infractions disciplinaires. Elles sont
essentiellement caractérisées par les manquements aux devoirs et à la discipline
militaire, exemple : mutilations volontaires, désertion etc.
D/ Les infractions de terrorisme
Les infractions de terrorisme sont prévues aux articles 194 et suivants du code
pénal. De façon générale, on considère les infractions de terrorisme comme
l’ensemble des actes commis intentionnellement en lien avec une entreprise
individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public, par
l’intimidation ou la terreur, les infractions suivantes : Toutes les atteintes à la vie, le
vol ou les extorsions de fonds, la fabrication d’engins meurtriers etc.
Paragraphe 2 : L’intérêt de la classification
Il est à préciser que les intérêts de la classification ont connu des mutations variées
au cours du temps. Alors qu’on observe un régime de faveur pour les infractions
politiques dans les Etats libéraux, cette réalité s’inverse au sein des régimes
totalitaires, ou ces mêmes infractions sont plus durement traitées. A l’heure actuelle,
de nombreux intérêts apparaissent :
D’abord, s’agissant des peines appliquées aux crimes. Les crimes politiques sont punis
de détention. La détention est plus souple que la rétention. En matière de délits et de
contraventions, il n’existe aucune différence de traitement dans la sanction pénale
entre les infractions politiques et celles de droit commun. La peine ne varie qu’en
matière criminelle.
Ensuite, il faut dire qu’une condamnation pour infraction politique ne peut pas faire
obstacle au bénéfice d’un sursis lorsqu’une nouvelle infraction est sanctionnée,
contrairement à une condamnation de droit commun. Inversement, un condamné
politique ne peut pas bénéficier d’un sursis avec une mise à l’épreuve. La contrainte
par corps est interdite pour un condamné politique qui n’a pas payé une amende à
laquelle il était obligé à l’issue de sa condamnation. Or, ce qui est possible pour les
infractions de droit commun.
Enfin, les délinquants politiques, ne peuvent pas être extradés contrairement aux
délinquants de droit commun. Exemple : Affaire Hissène HABRE, ancien président
Tchadien déchu pour de nombreux crimes contre ses populations, exilé au Sénégal et
finalement jugé par une juridiction spécialisée de ce pays ou il a été condamné et
purge actuellement sa peine.
Section 2 : Les classifications fondées sur les éléments constitutifs de l’infraction
Outre l’exigence de l’élément légal contenu dans le principe de la légalité criminelle,
les infractions se classent également selon l’élément matériel et l’élément moral

Paragraphe 1 : La classification fondée sur l’élément matériel de l’infraction


Le code pénal prévoit que l’infraction est un acte ou une abstention contraire à la loi
pénale que le législateur réprime. Pour punir une infraction, elle doit avoir été
commise. C’est donc le passage à l’acte c'est-à-dire l’extériorisation du fait criminel
qui est sanctionné
C’est aussi la position de la doctrine qui considère que nul ne peut être puni que
pour l’infraction qu’il a matériellement commise, et non pas en prévision d’une
infraction qu’il risque de commettre. Ceci revient donc à dire qu’on ne punit pas
l’état dangereux d’une personne. Toutefois, le droit pénal prévoit une dimension
préventive dans certains cas comme les menaces de mort, les fabrications de faux
etc.

A/ Les infractions de commission et les infractions d’omission

Les infractions de commission supposent de son auteur l’accomplissement d’un acte


positif
Alors que les infractions d’omission reposent sur absence d’action.
B/ Les infractions simples et les infractions composites
L’infraction simple est l’infraction pour laquelle un seul acte est nécessaire alors que
l’infraction composite va nécessiter la commission de plusieurs actes.

Paragraphe 2 : La classification fondée sur l’élément moral de l’infraction


L’élément moral en droit gabonais est central pour déclencher des poursuites contre
l’auteur d’une infraction. En effet, le code pénal gabonais prévoit qu’il n’y a pas de
crime ou de délit sans intention de le commettre.

Seconde partie : La définition de l’infraction

Livre premier du nouveau code pénal précité

Titre 1 : La source de l’infraction : Le fondement textuel


En droit pénal, pour établir l’existence d’une infraction, le législateur exige la
préexistence d’un texte d’incrimination. Cependant, par le fait du même législateur,
certaines hypothèses infractionnelles entrainent la neutralisation du fondement
textuel essentiel à l’action de poursuites.

Chapitre 1 : L’exigence d’un texte d’incrimination


Rappelons qu’en matière pénale, le texte qui définit le comportement fautif doit
toujours précéder l’action de poursuites. Cette définition doit décrire l’incrimination
à l’effet de sa qualification.
Section 1 : La description de l’incrimination
La description d’une incrimination consiste à l’énumération de ses éléments
caractéristiques et à la réunion de ses éléments constitutifs
.
Paragraphe 1 : L’énumération des éléments constitutifs caractéristiques de
l’incrimination

L’article 5 du code pénal subordonne, l’action de poursuites d’une infraction par la


définition des éléments qui la caractérisent. Autrement dit, le droit pénal gabonais ne
permet pas de punir une personne pour un crime ou un délit alors même que les
éléments qui les définissent, ne sont pas prévus par la loi. Cette exigence s’étend
également aux contraventions ou la encore, les poursuites ne sont possibles qu’en
présence d’un texte d’incrimination prévu par la loi ou le règlement.

Paragraphe 2 : La réunion des éléments constitutifs caractéristiques de


l’incrimination
Outre la définition des éléments caractéristiques de l’incrimination, pour exister, une
infraction doit être constituée. Pour cela, la loi exige la réunion de trois éléments:
 Un élément légal c'est-à-dire le texte qui la prévoit, article 5, paragraphe 2 du
code pénal.
 Un élément matériel c'est-à-dire la preuve physique et palpable de sa
réalisation.
 Un élément intentionnel c'est-à-dire la preuve psychologique de sa
préparation et qui précède sa matérialisation, article 24 du code pénal.

Section 2 : La détermination de la loi pénale applicable.
Il convient de présenter successivement les modalités de la qualification et le choix
de la qualification.

Paragraphe 1 : Les modalités de la qualification


En cas de poursuites pénales, le principe veut que le juge pénal vise expressément
les articles de loi enfreints. Cependant, il peut arriver que cette première
qualification soit temporaire et par la suite évoluer vers une autre qualification.
Les juridictions pénales sont saisies in rem c'est-à-dire des faits et uniquement des
faits et non pas sur une qualification. Ils sont maitres de leurs qualifications.
Exemple : Si au cours d’un jugement, le juge pénal a à connaitre d’un homicide
volontaire et se rend compte à la description des faits en cours d’instance qu’il s’agit
plutôt d’un homicide involontaire, il requalifie le crime en délit.

Paragraphe 2 : Le choix de la qualification


Il est courant qu’en matière pénale, un même fait puisse tomber sous le coup de
nombreuses qualifications pénales : On parle de conflits de qualifications. Dans cette
réalité, plusieurs hypothèses doivent être envisagées :
 Le conflit de qualifications inconciliable
 Le conflit de qualifications successif
 Le conflit de qualification simultané

A/ Le conflit de qualification inconciliable


C’est la situation où l’infraction en cause est la conséquence logique d’une autre
infraction, exemple des infractions de vol et de recel. Si l’auteur du vol est aussi le
receleur, la jurisprudence considère que le recel ne doit pas être caractérisé.
B/ Le conflit de qualifications successif
C’est le cas d’une personne poursuivie par le tribunal correctionnel pour homicide
involontaire condamnée à 2 ans de prison. Si des faits nouveaux conduisent à établir
qu’il s’agit plutôt d’un homicide volontaire, on s’est posé la question si des poursuites
pouvaient être renouvelées sur ce fondement. L’absence de réponse en droit interne
gabonais, nous conduit à la solution de droit français. En effet, pour la jurisprudence
française soutenue par le législateur, admet la possibilité de nouvelles poursuites à
conditions que les faits soient différents, Arrêt Assemblée plénière 3 juin 1994. Pour
justifier cette position, la Haute juridiction s’est référée à la théorie du cumul idéal
d’infractions qui permettent des poursuites simultanées d’infractions.

C/ Le conflit de qualifications simultané


Cette hypothèse concerne le cas où plusieurs infractions sont commises en même
temps, exemple une infraction de terrorisme avec piratage et extorsions de fonds.
Dans ce cas précis, on parle de concours idéal d’infractions qui, pour la jurisprudence
va revêtir plusieurs qualifications dès lors qu’un acte unique enfreint à plusieurs
dispositions pénales. La solution consiste à punir l’infraction la plus grave car en
matière pénale, toute infraction qui fait l’objet d’une poursuite doit être envisagée
sous la plus haute expression pénale dont elle est susceptible. C’est donc le but
poursuivi par le délinquant qui est ici déterminant.

Chapitre 2 : La neutralisation du texte d’incrimination


Deux cas peuvent être examinés: la neutralisation du texte d’incrimination au
moment de l’infraction et la neutralisation de l’incrimination après la commission de
l’infraction.
Section 1 : La neutralisation du texte d’incrimination au moment de la commission
des faits : Les faits justificatifs

Il s’agit essentiellement des causes législatives d’irresponsabilité ou d’atténuation de


responsabilité pénale dont il convient de préciser non seulement le domaine mais
également les effets.

Paragraphe 1 : Le domaine des faits justificatifs


A/ Le trouble mental
L’article 30 du code pénal retient qu’il n’y a pas de responsabilité pénale à
l’encontre d’une personne qui au moment des faits infractionnels, est atteint d’un
trouble psychique ou neuro psyschique ayant aboli son discernement ou le contrôle
de ses actes ou encore à l’égard de toute personne atteinte de la même nature de
troubles ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes
punissables. Mais pour tenir compte de cette disposition, le juge pénal doit s’assurer
que la loi détermine la peine et fixe son régime.
B/ Les circonstances insurmontables
Le code pénal considère également à l’article 32 que la personne qui commet une
infraction n’est pas pénalement responsable si son acte résulte de l’emprise d’une
force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister.

C/ L’erreur de droit
Est exclue aux termes de l’article 32 du code pénal, la responsabilité pénale d’une
personne qui justifie avoir cru par une erreur sur le droit qu’elle n’était pas en
mesure d’éviter, pouvoir légitimement accomplir l’acte.

D/ L’ordre ou l’autorisation de la loi et le commandement de l’autorité légitime


L’article 33 du code pénal ne retient pas non plus de responsabilité pénale pour une
personne dont l’acte est autorisé par la loi ou le commandement de l’autorité
légitime sauf si l’acte est manifestement illégal. En posant cette réserve, le législateur
gabonais attend clairement réserver des poursuites pénales aux dépositaires de
l’autorité légitime lorsqu’il arrive que ces derniers abusent ou sortent du domaine
prescrit par la loi dans l’exercice de leurs missions.

E/ La légitime défense
La légitime défense a toujours figuré comme cause d’irresponsabilité pénale au sein
de notre système judiciaire. Ainsi, aux termes de l’article 34 du code pénal, il est
prévu que n’est pas reconnue pénalement responsable, la personne qui devant une
atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui accompli dans le même temps un acte
exigé par la légitime défense mais à condition qu’il y est un rapport de
proportionnalité entre les moyens utilisés et la gravité de l’attaque.

F/ L’état de nécessité
L’état de nécessité comme cause d’irresponsabilité pénale prévu à l’article 35 du
code pénal, est justifié par le fait qu’une personne soit face à un danger actuel ou
imminent ou une atteinte injustifiée qui menace elle-même, autrui ou un bien.
Cependant, l’acte de nécessité doit être proportionnel dans les moyens utilisés au
niveau de la menace ou de la gravité de l’atteinte.

Paragraphe 2 : Les effets de l’irresponsabilité pénale


L’irresponsabilité pénale entraine la neutralisation de la peine mais n’empêche pas la
réparation du dommage causé sur le fondement de l’article 1382 du code civil ancien
qui prévoit que tout fait qui émane d’une action ou d’une abstention de l’Homme et
qui cause un dommage a autrui doit recevoir réparation de la part de celui qui en est
le responsable ou que la loi désigne comme tel.

Section 2 : La neutralisation du texte d’incrimination consécutivement à la


commission des faits : l’amnistie
Paragraphe 1 : Le fondement juridique de l’amnistie
L’amnistie est prévue aux articles 164 et suivants du code pénal.
Paragraphe 2 : Les effets de l’amnistie
L’amnistie efface les condamnations prononcées à l’encontre de la personne au
profit de laquelle elle est décidée.

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