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Présenté par :
Mouad ACHOUANE
Manal OUSALAH
Tachefine Rayd
Youssef TAJI
Hamadi OUARDAOUI
Introduction
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Durant son histoire le Maroc a connu le passage de plusieurs
dynasties musulmanes. Les Arabes venus de l’orient, porteurs de l’islam,
ont cohabité avec les Amazighs (les berbères). Il a été l’objet, de 1912 à
1956, d’un double protectorat espagnol au nord et au sud et français au
centre.
Cet état de choses a généré le développement d’un système juridique
complexe et difficilement accessible. La complexité que revêt l’ordre
juridique est dû à l’existence de nombreuses interférences entre plusieurs
ordres normatifs différents.
Les bases textuelles du droit pénal du Maroc paraissent très
artificielles et très simplistes sous leurs formes actuelles. L’expérience
colonialiste subie par le Maroc laisse des traces bien nettes dans la forme et
le fond de sa législation pénale bien que l’indépendance politique en ait
éliminées.
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Marocains dans les conflits mixtes et pour des infractions dont la liste
augmentera au cours des années. Elle confirme par ailleurs sa prééminence
sur la justice chérifienne.
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Plan :
Partie I : Aperçu historique sur le système juridico-
judiciaire avant et en temps du protectorat
A - la période précoloniale
B - L’organisation judiciaire du Maroc protectoral
1- La justice rabbinique
2- La justice du chraâ
3- La justice berbère
Conclusion
A – la période précoloniale :
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connaître des litiges mixtes n’est plus nécessairement le juge marocain mais
le plus souvent le juge du défendeur, de sorte qu’un justiciable marocain
peut désormais relever de la compétence d’un juge étranger et être soumis,
dans son propre pays, à une loi autre que la loi islamique.
Enfin, l’affaiblissement du pouvoir central dû aux crises internes et
au renforcement de l’emprise étrangère devait sans doute entraîner une
régression du droit musulman dans les régions de culture berbère et une
expansion corrélative d’un droit coutumier resté en marge de la tradition
juridique islamique.
1- La justice rabbinique
Elle est organisée par un dahir du 22 mai 1918, sa compétence porte
sur les affaires concernant le statut personnel et successoral des juifs. Les
tribunaux mis en place étaient contrô lés par un inspecteur général des
institutions israélites. Un haut tribunal rabbinique a été instauré à Rabat
comme justice de recours pour les affaires importantes. À ce niveau, il n’y
avait ni berbères ni arabes pour la simple raison que l’appartenance
religieuse des concernés suffisait à lui seul à soumettre les habitants des
campagnes à ceux de la ville, prolongeant ainsi le vieux duel des Andalous
et des autochtones parmi les Marocains de confession juive.
2- La justice du chraâ
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Elle est administrée par le cadi qui a compétence pour traiter toutes
les questions relatives au statut personnel et successoral concernant les
musulmans et pour toutes les affaires immobilières, lorsqu’il s’agit
d’immeubles non immatriculés ou en cours d’immatriculation, y compris
pour les Européens. Un agent français, le contrô leur civil ou l’officier des
Affaires indigènes, exerce son autorité de contrô le sur le cadi, tout en
veillant au respect des procédures, des tarifs et du bon fonctionnement de
la justice. Il fait également transiter toutes les correspondances entre le cadi
et son administration de tutelle. Un tribunal d’appel du chraâ a été mis en
place pour juger en second recours certaines affaires importantes, surtout
celles impliquant des ressortissants français ou européens dans des affaires
immobilières relevant des compétences des cadis. Un délégué du
gouvernement chérifien (un agent français) y siège comme assistant. Ce
système est mis en place comme une norme du "bled makhzen", "arabe",
" fortement islamisé " dès 1913 et il a connu des réformes successives, tout
en gardant sa forme et son contenu.
3- La justice berbère
Cette justice a existé dans les faits, sans aucun texte lui donnant force
de droit, jusqu’en 1930, date à laquelle un dahir lui a donné un statut
juridique légal. C’est ce dahir daté du 16 mai 1930 que "le mouvement
national" et les différents textes ayant trait à la période coloniale du Maroc
avait appelé " le dahir berbère ". Dahir qui a procédé à la légalisation d’un
ensemble de mesures administratives, sous forme d’arrêtés viziriels
concernant les tribus dites de coutume ou d’instructions résidentielles aux
officiers en matière de "politique indigène ".
Cette justice, appelée, justice des jmaâ s judiciaires a été administrée
par des conseils de notables choisis et nommés par les autorités de contrô le
dans les tribus cataloguées comme "berbères"par arrêté viziriel. Les textes
avaient fait de ses conseils, des jmaâ s présidées par le caïd et ayant comme
secrétaire et commissaire du gouvernement, les officiers des Affaires
indigènes. Ces " tribunaux coutumiers" avaient compétence en matières
personnelles, successorales, civiles et commerciales. Les affaires de meurtre
étaient du seul ressort du caïd jusqu’en 1930, date à laquelle elles ont été
transférées aux tribunaux français qui jugeaient déjà les mêmes affaires des
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"musulmans " et des "juifs ". Ce système de la " justice berbère " a été
réformé par un dahir du 8 avril 1934 qui a institué un haut tribunal
coutumier d’appel avec compétence dans les affaires pénales relatives aux
crimes attribuées aux tribunaux français, selon l’article 6 du dahir du 16
mai 1930. Jusqu’à cette date, un seul dahir aux contours flous, le dahir du 11
novembre 1914 qui évoque le respect des us et coutumesdes tribus qui
acceptent d’entrer dans la paix française de l’Empire chérifien, a été utilisé
pour produire les arrêtés et les circulaires à chaque fois que les besoins en
textes des administrateurs en tribu se faisaient ressentir.
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Partie II : Le début d’une législation pénale positive
Sous l’action conjuguée de plusieurs facteurs, la tradition juridique
islamique perd sa place dominante en subissant les assauts d’un ordre
juridique concurrent qui se montre plus compétitif et plus agressif.
A-acculturation pénale forcée
Depuis ses premiers jours, le Protectorat a cherché à introduire son
droit pénal et à en imposer l’application aux Marocains. Il a rapidement
compris qu’il ne pouvait le faire d’un seul trait et qu’il lui fallait, pour
préparer le terrain, fragiliser les liens de solidarité noués et renforcés à
travers les â ges entre normativité pénale islamique et coutume.
1- Le recul du rôle de la chariaa en matière pénale
Aux termes du traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars
1912, le Protectorat avait le droit, voire même le devoir, de réformer la
justice en général et la justice pénale en particulier. Ses experts ont eu tort
de considérer qu’il fallait au préalable réduire la place et affaiblir l’autorité
de la tradition juridique islamique en hypertrophiant notamment
l’importance de la coutume. Faisant preuve de machiavélisme, ils se sont
employés à créer des ségrégations au sein de la société marocaine en
soustrayant une partie des citoyens au magistère de la loi religieuse.
Cette réforme qui n’avait trouvé aucun appui local crédible fut non
seulement "un abus juridique incontestable et une violation des principes
du Protectorat au détriment du Sultan […] mais bien davantage une faute
politique " qui allait retarder de plusieurs années l’application aux
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Marocains du droit pénal né en France. Les dahirs qui, dès 1912, ont
introduit progressivement au Maroc le Code pénal, le Code d’instruction
criminelle et les lois pénales particulières ne concernaient que les
ressortissants français. Le Protectorat ne parvint à imposer sa législation
aux nationaux qu’au crépuscule de sa vie et au moyen d’une réforme dite de
la justice makhzen portée par quatre dahirs promulgués en 1953.
3- la réforme de la législation pénale.
D’abord, la réforme bouleversait la nature du rapport entre l’autorité
chargée de créer, légiférer et de distribuer les peines et les individus sur
lesquels pesait la menace de la punition. Jusqu’aux dernières années du
Protectorat, la distribution des peines mettait le détenteur du pouvoir local
en face des individus qui relevaient de son commandement. Le pouvoir
central n’exerçait au mieux qu’une fonction arbitrale qu’il utilisait dans
certaines situations pour tempérer l’hégémonie des chefs locaux. Avec la
réforme de 1953, et au nom du pouvoir central, le Protectorat met l’É tat et
l’individu face à face, exposant ce dernier au despotisme du premier.
Ensuite, la réforme constituait l’acte final de tout un processus
d’acculturation juridique. La technique utilisée consistait à déclarer
impropre à la consommation l’eau des sources coutumières et islamiques
du « système pénal marocain » taxées de s’alimenter dans la théocratie
et/ou d’irriguer le sol de la justice retenue. Lorsque le Code pénal de 1953
annonça que la loi était seule fondée à créer les infractions et à édicter les
peines, il fallait comprendre que les autres normes étaient disqualifiées. La
même conclusion devait d’ailleurs être tirée de la promulgation des textes
de la même époque relatifs à l’organisation judiciaire, au statut de la
magistrature et à la procédure pénale. En unifiant les modalités de
recrutement des juges, d’exercice de la fonction judiciaire, de détermination
de la composition des juridictions, de précision des compétences reconnues
à chacune d’entre elles, d’organisation et de conduite du procès, ces textes
mirent fin tacitement, mais non moins sû rement, à la situation antérieure
caractérisée par l’hétérogénéité des systèmes de distribution des peines et
par la diversité des acteurs.
C’était enfin un véritable coup de force contre la réforme de la justice
makhzen elle-même, dont les textes se révélèrent inadaptés à
« l’oppression » pratiquée contre le Mouvement national. Le Maroc devint
un « pays sans loi » selon les propres termes de l’historien Charles-André
Julien. La France, pays de la Déclaration des droits de l’homme et du
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citoyen, n’essaya même pas de mettre fin à la confiscation du pouvoir
judiciaire par les agents d’autorité (pachas et caïds). Bien au contraire, leur
compétence, initialement cantonnée aux contraventions et aux délits de
simple police, fut prorogée à des délits passibles de plus deux ans
d’emprisonnement « lorsque les circonstances, en raison de leur peu de
gravité, ne justifiaient qu’une peine égale ou inférieure à deux ans ».
Parallèlement, l’autorité des commissaires du gouvernement fut
renforcée dès lors que leur avait été reconnue, pour chaque infraction, une
grande marge d’appréciation dans le choix de la juridiction appelée à en
connaître. Ils pouvaient ainsi en toute légalité proroger la compétence des
juridictions des pachas et caïds à des matières qui, selon la première
version du Code pénal, devaient leur échapper. Plus encore, la liste des
infractions dont les auteurs encouraient la peine de mort, limitée dans la
version initiale du Code pénal aux auteurs d’attentats contre la vie du
souverain et des membres de sa famille, fut allongée sous l’effet d’une
modification apportée à ce code quelques semaines seulement après son
entrée en vigueur. La peine capitale pouvait être prononcée de ce fait contre
l’auteur d’un attentat ayant pour but de changer ou de détruire le
gouvernement ou d’exciter à la révolte ou à la sédition et en cas de
constitution ou de participation à une bande armée ; de tortures,
mutilations ou autres actes de barbarie ; d’assassinat ou d’homicide
précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Protectorat avait pris la
précaution juridiquement superfétatoire de s’assurer de la licéité de sa
démarche auprès des jurisconsultes musulmans qui lui étaient inféodés
avant d’accentuer ainsi la rigueur du Code pénal. Plus étonnante encore
sera l’attitude que le législateur marocain va choisir d’adopter en décidant,
aux immédiats lendemains du retour à l’indépendance, de reconduire le
droit pénal introduit par le Protectorat.
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-Dahir du 4 aoû t 1918 réglementant la juridiction des pachas et caïds, B.O.,
n° 306 du 2 septembre 1918.
-Dahir du 24 octobre 1953 formant code pénal marocain, B.O., n° 2142 bis
du 19 novembre 1953.
Conclusion :
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