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MASTER DROIT PRIVE ET SCIENCES CRIMINELLES

Elaboré par :
Berrada Louzi Hamza
Chaouni Farouk Encadré par :
El Montaser Lina Pr Maâtouk Salah Eddine
Fahim Imane
Elyaacoubi Aya
Lachkar Aicha année universitaire :2022-2023
Remerciement

Tout d’abord, nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude à Monsieur MAATOUK Salah-Eddine

pour avoir dirigé ce travail

Nous tenons à vous adresser nos sincères remerciements pour votre encadrement tout au long de ce travail.

Votre soutien et vos conseils précieux ont été d'une grande aide pour nous.

Nous tenons également à souligner votre patience et votre encouragement. Votre confiance en nos capacités

nous a permis d'atteindre des résultats dont nous somme fier. Votre présence bienveillante a également

contribué à créer un environnement propice à l'apprentissage et à l'épanouissement .


Plan :

Introduction

Partie I : Le droit pénal au Maroc avant l’arrivée de l’Islam.

Chapitre1 : La régionalisation de la Justice :


Section 1. La place du Droit pénal dans le Droit Coutumier Amazigh Au Maroc
Section 2. Le droit pénal dans les régions rurales du Maroc :

Chapitre 2 : Les ordres de juridictions


Section1 : la procédure coutumière
Section 2 : les tribunaux religieux (la loi religieuse)

Chapitre 3 : Les sanctions pénales


Section 1 : Les peines corporelles, Les peines pécuniaires, Les peines symboliques
Section2 : la sanction dans la coutume

Partie II. Le droit pénal au Maroc avec l’arrivée de l’islam

Chapitre 1 : l’islamisation du droit pénal marocain


Section1 : La place de la charia dans le droit pénal marocain
Section 2 : L'influence des écoles juridiques sur le droit pénal marocain

Chapitre 2 : Les infractions et les sanctions dans le droit pénal musulman

Conclusion

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Introduction :

En dépit de l’insuffisance des informations qu’ils contiennent, les documents écrits qui renseignent sur la nature, les
sources et/ou le contenu des solutions anti criminelles appliquées au Maroc permet de soutenir que, pendant des temps
assez longs, les peines étaient distribuées selon des règles qui affluaient simultanément de sources plurielles.

Avant l’islamisation du pays, la coutume exerçait son pouvoir, sans concurrence aucune, dans le cadre de la jouissance
par les tribus d’une réelle liberté dans la définition des réponses à la délinquance et dans leur application. À cette époque,
seules les normes pénales produites in situ déterminaient les comportements humains prohibés ainsi que la nature et la
forme de la réaction que les entités tribales mettaient en œuvre. Entre les coutumes, la compétition n’était pas toujours
nécessaire, car aucune d’entre elles n’avait d’autorité en dehors du périmètre d’influence de la tribu qui lui donnait
naissance et la développait, et aucune n’ambitionnait de trouver écho dans les immédiats voisinages où le plus souvent
des solutions légèrement différentes étaient à l’œuvre. Avec l’arrivée de l’Islam, sa normativité pénale a cherché à
supplanter le droit de souche. Le prestige incontestable dont il jouissait aux yeux des Marocains a eu pourtant du mal à
dégrader la légitimité sociologique que la coutume avait patiemment acquise. Elle était si fortement enracinée dans les
consciences et les pratiques qu’elle ne risquait point d’être déstabilisée par les assauts d’un système de droit et de justice
venu d’ailleurs et auquel manquait l’indispensable structure de mise en œuvre sur le terrain. Le débat entre les deux
ensembles de solutions ne pouvait se concentrer exclusivement sur ces aspects sans conduire à l’impasse.

Il a fait raisonnablement place au pragmatisme en se concentrant, à l’occasion de chaque affaire pendante, sur la
recherche de la meilleure des solutions offertes par les systèmes de répression en compétition. Avec le temps et à la
lumière des leçons que la casuistique permettait de dégager, l’impossibilité de condamner la coutume à la caducité
devenait de plus en plus évidente. D’un côté, les fervents défenseurs de la charia avaient compris tout le bénéfice que
l’idée de justice pouvait tirer du maintien de la coutume. De l’autre, les tribus s’étaient laissé persuader qu’elles ne
pouvaient opposer ouvertement la spécificité des coutumes aux commandements d’une religion spontanément
embrassée par la population. Les jurisconsultes marocains, particulièrement les originaires des tribus attachées aux
coutumes, se sont alors engagés dans un processus d’harmonisation et d’hybridation des solutions répressives provenant
de sources différentes. Les ingénieuses interprétations doctrinales d’inspiration malékite qu’ils ont pris grand soin de
développer et les subterfuges qu’ils ont tolérés ont beaucoup compté dans l’imagination de méthodes qui ont maintenu
la coutume en activité sans sacrifier le dogme. À l’Islam était reconnu le statut de référent, mais la répression s’organisait
concrètement autour des règles coutumières. Particulièrement celles d’entre elles dont l’orthodoxie échappait à la
suspicion et celles qui, par respect pour les croyances religieuses, étaient blanchies sous couvert de l’exception ou de la
nécessité. La réception de la législation pénale islamique par la coutume s’effectuait donc selon un processus
pragmatique d’échange qui tenait compte de la vivacité des coutumes et permettait d’éviter tout conflit entre la foi des
Marocains et les solutions qu’ils appliquaient. De cet échange, coutumes répressives et droit pénal islamique sortirent
gagnants. L’Islam servait de couverture idéologique à la coutume. Ses principes juridiques et ses valeurs étaient
scrupuleusement protégés : la coutume ne pouvait interdire les comportements que l’Islam ne recommande ni autorise
les actes qu’il couvre d’illicéité. Le Marocain qui appliquait la coutume comme celui qui était jugé selon ses dispositions

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avaient besoin d’être en règle avec leur foi. Il n’était pas question de se comporter comme si les règles de l’Islam ne
régissaient que les rapports des hommes avec leur Créateur. Pour garantir aux coutumes nées au cours de la période
antéislamique de survivre à l’islamisation du pays, il fallait qu’elles s’adaptent à la nouvelle conjoncture. Elles se sont
notamment soumises aux lois de l’écriture en arabe avec pour objectif, non de s’opposer au droit révélé ou de traiter
avec lui sur un pied d’égalité, mais, bien au contraire, d’exposer spontanément et en toute transparence les règles
coutumières au moment de leur formalisation et de leur traduction dans la langue du Coran au test d’adéquation que leur
inscription dans la durée exigeait. Là où les coutumiers furent rédigés, les effets de la négociation implicite avec la
charia sont encore visibles. Ces effets peuvent être également induits des silences d’un coutumier sur des problèmes
auxquels les solutions contenues dans la législation pénale islamique étaient sociologiquement acceptables. En
contrepartie, la coutume avait réussi sans peine à conserver sa spécificité. Pas question qu’elle prenne par exemple à
son compte les peines particulièrement rigoureuses qui avaient, dès le départ, fragilisé l’effectivité de la charia. Cet
échange fait d’ouverture vigilante sur l’autre, lorsque celui-ci fait de son côté preuve de souplesse, a donné naissance à
des solutions qui ont sauvegardé le pluralisme, ordonné son déploiement, cultivé la diversité, évité la tension et
harmonisé les lois de la sociologie avec celles de la théologie, loin de tout positionnement hiérarchique et de toute
velléité hégémonique. Au lieu de s’instruire de cette longue et exemplaire expérience, dont ni les termes ni les bienfaits
n’échappaient à ses experts, le Protectorat a préféré user des moyens à sa disposition pour introduire son droit et en
étendre le régime aux nationaux. Il lui a fallu pas moins de quarante ans pour engager le Royaume surle chemin de la
dépendance juridique. De l’inscription de ce phénomène dans la durée par la suite et de son ampleur, les lois pénales
aujourd’hui en vigueur apportent des preuves concordantes. Malgré cela, l’affirmation doit être nuancée, car le système
pénal marocain n’en a pas moins emprunté des bifurcations qui ont servi à affirmer son autonomie. L’objectif de ce
travail est de tracer l’histoire du droit pénal Marocain avant le protectorat en mettant l’accent sur les sources qui ont
influencé son évolution, afin d’atteindre cet objectif, le présent travail est divisé en deux chapitres :

Chapitre I : Le droit pénal au Maroc avant l’arrivée de l’Islam.


Chapitre II. : Le droit pénal au Maroc avec l’arrivée de l’islam

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Partie I : Le droit pénal au Maroc avant l’arrivée de l’Islam.
Avant l’arrivée de l’Islam au Maroc, les lois pénales se sont largement inspirées de la coutume qui exerçait son pouvoir
sur tous les domaines de la vie sociale.

Avant l’islamisation du pays, la coutume exerçait son pouvoir sur tous les domaines de vie sociale, la gestion des biens
collectifs, le partage de l’eau, le statut personnel…, sans aucune concurrence.

Chapitre1 : La régionalisation de la Justice :


Avant la réforme coloniale, en l’absence d’un pouvoir public qui n’était présent que dans certaines régions du Maroc
(Blad Makhzen), en mesure d’édicter des lois et de les faire respecter, c’est la coutume qui assure un encadrement
juridique. Jusqu’à l’avènement de l’Islam, la justice était rendue au Maroc selon des coutumes locales, appropriées aux
structures socio-économiques de chaque région. Entre les coutumes, la compétition n’était pas toujours nécessaire, car
aucune d’entre elles n’avait d’autorité en dehors du périmètre d’influence de la tribu qui lui donnait naissance et la
développait, et aucune n’ambitionnait de trouver voie dans les immédiats voisinages où le plus souvent des solutions
légèrement différentes étaient à l’œuvre, comme si on était dans deux États différents.

Section 1. La place du Droit pénal dans le Droit Coutumier Amazigh Au Maroc :

Les tribus berbères étaient régies par leurs propres lois et coutumes : Izref, Orf , ou Addat : ‫عادات‬, chaque région ou
tribu donnait un nom à son droit : L’Orf ou la coutume était composée de « L’ensemble de lois et coutumes qui
régissaient la vie intérieure du groupement berbère ».

Le droit coutumier change d’appellation et de contenu d’une région a une autre, ainsi il est appelé Izref au centre et
au sud-Est du Maroc, Alwah dans le haut Atlas et le Souss, Laquidim chez les Ait Atta, ou Orf ou Addat dans les régions.
Le contenu de ce droit varie aussi et la coutume n’est pas un corps uniforme, car obéissant à des considérations historico-
géographiques. Le Serment chez les Berbères avant le protectorat, est une déclaration solennelle faite devant un juge et
les arbitres ne sont pas admis à recevoir un serment.

Section 2. Le droit pénal dans les régions rurales du Maroc :

Avant 1912, le droit coutumier régissait essentiellement les régions rurales du Maroc ; il jouait un rôle plus important
dans les montagnes que dans les plaines et son influence augmentait à mesure que l'on s'éloignait des cités impériales,
centres du pouvoir et lieux d'une culture musulmane florissante qui exerçaient leur influence sur leur environnement
immédiat. Appelé izref au centre et au sud-est du Maroc, alwâh dans le Haut Atlas et le Souss, tiàqqidin chez les Aït
Atta, ou tout simplement curût ou urf ailleurs, il constituait le droit du Maroc profond, secrété par la société ancienne
de l'Afrique du Nord dans les contraintes du milieu environnant. Le terme izref ou azref, désigne « les prescriptions de
la coutume traditionnelle et l'autorité qui en prononçait l’application » chez les populations berbères du centre et du sud-
est du Maroc, était probablement le nom originel porté par ce droit. Les termes alwâh, tiàqqidin, curût et 'urf,
manifestement d'origine arabe, doivent être des dénominations postérieures. Dans le parler des Touareg du Sahara,

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généralement considéré comme celui qui a le mieux conservé la structure et le lexique berbère ancien, nous trouvons le
terme izref, avec le sens de « revêtir intérieurement [un puits] de pierres ou d'un coffrage en bois ». L'idée originelle
était donc celle d'une armature de soutien et le droit coutumier (azerf) incluait probablement ce contenu social. Il s'agit
effectivement de la plus ancienne codification connue dans la société nord-africaine, et tous les indices montrent que
nous sommes en présence d'un corpus résultant d'une accumulation empirique remontant aux époques archaïques et dont
l'influence ne commencera à faiblir qu'avec les bouleversements de la période moderne. Cette accumulation n'était
nullement exclusive d'apports extérieurs : l'apparentement de la coutume nord-africaine au fonds de civilisation
méditerranéen l'atteste. L'histoire ne nous a pas conservés de texte de droit coutumier antérieur au XVIIe siècle. Cela
tient probablement au fait que ce droit n'était pas écrit et que la société comptait essentiellement sur la mémoire des
anciens pour le conserver. De nature très empirique, ce droit était en constante évolution et rien n'obligeait à garder une
règle tombée en désuétude. Par ailleurs, l'écrit n'a véritablement fait son entrée dans les campagnes qu'à partir du XVe
siècle, avec l'islamisation en profondeur.

Chapitre 2 : Les ordres de juridictions :

En droit coutumier il y avait cinq ordres de juridictions : La justice du Chrâa, la justice Makhzen, la justice coutumière,
la justice rabbinique et la justice consulaire.

La justice chraa : Le cadi gardien du droit musulman compétent pour statuer dans toutes les matières. Il applique les
règles de la loi islamique issue du coran et de la Souna. Le cadi exerçait la juridiction grâcieuse, notamment en matière
de partage des successions, de tutelle des incapables, d'administration de leurs biens et d'émancipation. Il recevait aussi
les actes dressés par les Adouls et les authentiquait. La procédure devant le cadi est purement orale et L'instruction de
l'affaire ayant lieu à l 'audience ; Quant aux décisions du cadi, elles n'ont autorité de la chose jugée que si les justiciables
s'engagent à les respecter et les exécuter.

La justice Makhzen : : Était rendue par les représentants locaux du pouvoir exécutif les caïds dans le bled et les pachas
dans les villes. Elle était compétente en matière pénale et dans toutes les affaires civiles et commerciales qui ne
rassortissaient pas de la compétence, du cadi. Il n'y avait pas de lois. Les caïds et les pachas jugeaient en équité. C'était
une justice arbitraire avec confusion totale du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire.

La justice coutumière : Jusqu’à l’avènement de l’islam au Maroc, le pouvoir judiciaire était organisé, selon les
coutumes des partis qui convenaient à la structure socio-économique de chaque région. Dans certains milieux, ces
coutumes sont appelées « azraf » et sont progressivement créées par les membres du groupe et avec leur consentement
pour résoudre leurs problèmes. On peut dire que les membres de la tribu ont été rassurés par Azraf parce qu’il découlait
de la volonté collective et non de la volonté unilatérale de l’autorité centrale au pouvoir. Les coutumes varient d’une
tribu à l’autre et parfois même à l’intérieur d’une même tribu. La plupart d’entre eux étaient oraux et transmis de
génération en génération, tandis que la petite partie a été enregistrée par le juriste de la tribu à qui ces coutumes ont été
dictées.

La justice rabbinique : L’exécution des décisions des juridictions rabbiniques était assurée par le pacha, Instituées par
deux dahirs organiques, l’un instituant dans certaines villes des tribunaux rabbiniques, l’autre le haut tribunal rabbinique.
Ces tribunaux se basent sur un livre principal le premier est le Chou l'Han ‘Aroukh, qui est une compilation de toutes

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les lois énoncées par le Talmud, livre fondamental de la loi juive. Les communautés israélites s’administraient elles-
mêmes, Des tribunaux de rabbins dans les affaires de statut personnel et successoral des israélites marocains.

La justice consulaire : Ces juridictions imposent des solutions mixtes entre le droit musulman et les législations
occidentales, La territorialité de la loi s’appliquait pour des questions pénales et public entre les étrangers au Maroc,
ainsi que Traduire les nationaux et les protégés des puissances capitulaires devant le tribunal de leur consul, et régir les
litiges entre deux étrangers de nationalité différente, chaque consul appliquait à son citoyen sa propre législation, bien
que entre un étranger et un marocain (musulman), la compétence du tribunal était fondée sur la nationalité en privilégiant
les non nationaux.

Section1 : la procédure coutumière

« Il s’agissait d’un serment collectif prêté sur le tombeau d’un Marabout, par des personnes dont le nombre varie en
fonction de l’importance du litige ou de la gravité des faits reprochés. Si par exemple les poursuites

Concernent le meurtre d’un homme, il fallait réunir 50 Co-jureurs. Pour d’autres infractions moins graves, comme le
vol, une dizaine de serments suffisaient. » C’est la procédure coutumière qui donne tout le pouvoir a la Djma’a : ‫جامع‬qui,
au lieu de rendre la justice, essaye à tout prix de concilier les parties surtout dans les affaires familiales. Certaines fois,
cette procédure fait appel à des techniques juridiques étrangères au droit musulman, comme le serment purgatoire. Les
anciens berbères ignorent la Sounna, ils se conforment alors à la coutume, implicitement on parle de la Djama’a : Son
rôle dans la justice berbère est très important, elle s’organise de façon à permettre de choisir les membres
individuellement, dont l’objet est de gérer les conflits, régler les problèmes, punir ou réconcilier. L’équivalent d’un
homme dont les qualités (sagesse, connaissance, textes coraniques, la baraka, grâce divine) font de lui l’intercesseur
désigné auprès de Dieu, le mot vient du terme arabe Mourabit.) Son président s’appelle Amghar qui règle toutes les
affaires qui touche le statut personnel. Il agit comme conseiller, lorsqu‘il ne peut trouver une solution et renvoi les parties
à un arbitre (Anheham). L’arbitre tranche dans les différends et veille à appliquer les décisions, cependant si une des
parties est insatisfaite elle peut recourir à un deuxième et même à un troisième arbitre et jamais à un quatrième, dans ce
cas ce sont les plaideurs qui décident

Les contestations et le contrat : La contestation du terrain, des dettes …, se font soit devant djama‘a ou un arbitre, dans
les deux cas, le différend se règle par l’audition de témoins ou à la prestation du serment, devant les marabouts de la
religion. Les serments sont prêtés selon l’importance de l’affaire par cinq à cinquante Co-jureurs.

L’attentat contre la propriété : En cas de vol, le voleur prête le serment de restituer la chose volée, la somme versée à
l’indicateur, et les frais de l’acte.

Dans le domaine pénal, la définition du crime ou de la sanction se reliait intimement à la coutume. À cette époque,
seules les normes pénales produites sur place déterminaient la définition de la délinquance ainsi que la nature et la forme
de la réaction que les entités tribales mettaient en œuvre. Pour ce qui est de la sanction, selon les récits de certains
historiens et des témoins, à côté de l’emprisonnement, il y avait toute une diversité de peines qu’on appelait « châtiments
», à titre d’exemple la mutilation et l’amputation, l’aveuglement, le bucher, le « bâton » ou Laassa ou même l’isolation
et la jette entre les lépreux. D’autres châtiments existaient et que les juges infligeaient aux criminels surtout les voleurs.

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Il s’agit de la salaison. Elle s’effectue par le fait de blesser les paumes des mains du voleur, les bien saler, et les coller
l’une à l’autre. Avec le temps, les mains restent collées à jamais.

Section 2 : les tribunaux religieux (la loi religieuse)

Le système juridictionnel primitif des Berbères comportait un pouvoir répressif, souvent assez bien organisé, et une
tarification coutumière des peines ; en ce sens, le statut pénal des tribus de la montagne était bien plus satisfaisant que
celui du pays soumis au Sultan où s’appliquait le système que nous venons de décrire. Le problème qui se posa après
1912, au fur et à mesure de la pacification, fut celui de savoir si l’on devait conserver cette réglementation. Certes, elle
était un des symboles de l’originalité berbère, une des raisons de la cohésion de ces tribus ; certes aussi, nous devions
chercher à assurer le maintien de l’ordre et de la sécurité en inspirant confiance. Et cet état d’esprit se manifesta dans le
dahir du 11 septembre 1914, qui proclame le respect de tous les costumes, sans faire de discrimination entre elles. Mais
la coutume pénale berbère présentait des inconvénients majeurs. Elle était très archaïque, fondée uniquement sur le
talion, la solidarité collective et l’économie agraire, pastorale même. Or, l’évolution sociale inévitable de ces populations
aurait posé tôt ou tard la question de la survie de ce droit. Il fallait d’ailleurs, de toute façon, le compléter, même en
portant atteinte à ses grands principes, en introduisant, par exemple, les peines d’emprisonnement que ne prévoyaient
pas ces sociétés souvent nomades. Il parut opportun et rationnel d’unifier le droit et les procédures pénales dans le Maroc
entier, car cette matière est d’ordre public. La circulaire résidentielle du 22 septembre 1915 disposa donc que : « Les
infractions seront poursuivies et réprimées conformément aux dispositions des dahirs et règlements généraux dans tout
le territoire de l’Empire Chérifien » C’est ainsi que disparut, en théorie du moins, une institue autrefois florissante. En
réalité, la coutume a survécu. Officiellement l’ancien système de tarification remanié est resté en vigueur, puisque
application en est faite ou admise par le Haut Tribunal Chérifien, dont la Section Pénale coutumière trouve sa raison
d’être dans « le respect des hiérarchies de valeurs berbères » ; d’autre part, les administrateurs ont pu constater la
survivance secrète, tacite ou consciente, du droit coutumier pénal : il subsiste dans la tradition, dans la psychologie, et
ses grands principes s’imposent au juge local, le plus souvent à son insu, puisqu’il a été élevé dans le milieu. De même
que l’esprit de la coutume pénale subsiste chez les caïds berbères, ceux de la plaine jugent quelquefois en fonction
d’usages anciens, qui réglementent certaines matières de simple police ; la « caïda », ou habitude « assise », qui existe
dans tout le Maroc, variée, orale, prévoit par exemple certaines procédures (serment auprès de tel marabout), certaines
pénalités légères : elle est essentielle dans ce pays traditionnaliste, qui utilisa toujours très peu l’écriture.

Chapitre 3 : Les sanctions pénales :

Section 1 : Les peines corporelles, Les peines pécuniaires, Les peines symboliques

Les peines corporelles : Il est difficile de donner une réponse précise sur les peines corporelles au Maroc avant l'arrivée
de l'Islam, car cela dépendait des pratiques et des traditions des différentes tribus et régions. Cependant, certaines sources
historiques indiquent que des peines corporelles ont été pratiquées dans certaines tribus berbères avant l'arrivée de
l'Islam, telles que la flagellation et l'amputation de membres. Il est important de noter que l'Islam a apporté un système

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judiciaire plus organisé et plus humanitaire au Maroc, en introduisant des peines graduées qui tiennent compte de la
gravité des crimes et des circonstances atténuantes. L'Islam a également instauré des procédures de jugement justes et
impartiales, qui ont remplacé les méthodes arbitraires et violentes utilisées précédemment.

Aujourd'hui, le système juridique marocain est largement inspiré des principes de l'Islam, mais il est également influencé
par le droit romain et le droit français. Les peines corporelles telles que la flagellation et l'amputation sont considérées
comme des pratiques barbares et sont interdites par la loi au Maroc, sauf dans des cas exceptionnels tels que les atteintes
à la sécurité nationale ou les crimes de terrorisme.

Les peines symboliques : Les peines symboliques sont une forme de sanction pénale qui vise à stigmatiser le
comportement répréhensible de l'auteur de l'infraction. Elles ne sont pas infligées dans le but de causer une douleur
physique ou une privation matérielle, mais plutôt pour exprimer la désapprobation sociale envers le comportement
fautif.

Au Maroc avant l'arrivée de l'Islam, les peines symboliques étaient courantes dans les tribus amazighes. Parmi les
exemples de peines symboliques, on peut citer :

La flagellation en public pour les délits mineurs tels que les disputes verbales ou les injures. L'obligation de porter des
vêtements spéciaux pour les personnes coupables de certaines infractions.

L'obligation d'effectuer des tâches humiliantes en public, telles que nettoyer les rues ou ramasser les ordures.

Les peines symboliques ont souvent été critiquées pour leur caractère humiliant et dégradant, mais elles étaient
considérées comme une méthode efficace pour décourager les comportements répréhensibles et renforcer les normes
sociales.

Au fil du temps, les peines symboliques ont perdu de leur importance dans le droit pénal marocain, bien qu'elles puissent
encore être utilisées dans des cas exceptionnels. De nos jours, elles sont souvent remplacées par des peines plus
traditionnelles, telles que les peines d'emprisonnement ou les amendes.

Les peines pécuniaires : Les peines pécuniaires se rapportent peu aux crimes, qui, selon les définitions établies
précédemment, recouvrent des actes gravissimes. Les coutumiers cependant conçoivent cette solution possible pour
certains délits dont la compensation s'évalue en une somme d'argent fixée par la tradition. La somme exigée revient soit
à la victime, soit au prince ou au gouvernement municipal dont l'autorité a été bafouée par l'action délinquante, soit elle
est répartie en fonction de l'intéressement de l'une et de l'autre. La Coutume ajoute aux anciennes clauses sur l'adultère
qui préconisaient des peines physiques et infamantes la possibilité pour l'amant de se libérer de celles-ci « moyennant
soixante-cinq sols de gaige au seigneur et amandes aux parens de la femme »3. Cette même coutume exige également
la combinaison de peines physique et pécuniaire dans les cas de faux témoignages.

Section2 : la sanction dans la coutume :


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La définition de la sanction se reliait intimement à la coutume. À cette époque, seules les normes pénales produites sur
place déterminaient la définition de la délinquance ainsi que la nature et la forme de la réaction que les entités tribales
mettaient en œuvre. Pour ce qui est de la sanction, selon les récits de certains historiens et des témoins, à côté de
l’emprisonnement, il y avait toute une diversité de peines qu’on appelait « châtiments », à titre d’exemple la mutilation
et l’amputation, l’aveuglement, le bucher, le « bâton » ou Laassa ou même l’isolation et la jette entre les lépreux.
D’autres châtiments existaient et que les juges infligeaient aux criminels surtout les voleurs. Il s’agit de la salaison. Elle
s’effectue par le fait de blesser les paumes des mains du voleur, les bien saler, et les coller l’une à l’autre. Avec le temps,
les mains restent collées à jamais.

Partie II. Le droit pénal au Maroc avec l’arrivée de l’islam

Chapitre 1 : l’islamisation du droit pénal marocain

Section1 : La place de la charia dans le droit pénal marocain


La période antérieure à l'avènement de l'islam au Maroc, a été enrichie d'une manière notoire par la Charia musulmane,
compte tenu de l'insuffisance enregistrée.

A l’origine, la charia désigne tout ce qui se rapporte à l’acte de tracer une voie vers une destination donnée. Ibn Al Athir
a défini la charia comme étant « ce que Dieu a tracé comme préceptes à observer ». L’objet de ces préceptes est tout ce
qui se rapporte aux actes individuels du musulman dans ses rapports avec Dieu et avec ses semblables. La première
source du droit musulman est le Coran, qui est la parole de Dieu et La deuxième source est la Sunna, qui regroupe les
dires ou Hadith et les faits du prophète Mohammed.

Avec l'avènement de l'islam en terre marocaine, le droit pénal musulman est devenu la source juridique officiellement
dominante, dans la gestion des crimes et châtiments. Ce droit est basé sur la Chariaa dont la constitution suprême est le
Coran et La Sunna, à partir de ces fondements, les recherches doctrinales ont déterminé les valeurs fondamentales, de
la société qui mérite une protection pénale : religion, vie, raison, descendance et biens. Ainsi, la détermination de
l'infraction repose sur le principe de la légalité ; toutefois, une mention particulière doit être réservée à l'exigence de la
matérialité du fait délictueux, c'est l'acte réalisée qui est visée et qui est susceptible de servir de poursuite pénale. Il
appartient à Dieu, et lui seul de juger les mobiles des actions humaines. La justice terrestre ne doit prendre en
considération que l'intention criminelle de l'auteur de l'infraction, pour y adapter la réaction sociale , dans le respect du
grand principe de la présomption d'innocence et des règles précises édictées en matière de responsabilité .Pour qu'on
parle d'infraction il faut qu'il s'agisse d'une action ou d'une omission, qui porte atteinte à la paix générale de la
communauté musulmane et qui est incompatible avec le comportement requis chez les croyants vertueux.

Concernant les sanctions, elles ramènent à trois catégories, les peines 'houdoud’, les peines

'kassas’, et les peines ' Taazir ' .

Au Maroc, comme partout ailleurs, les sources de droit diffèrent d’une discipline juridique à une autre. Si la loi prend
une grande place dans toutes les disciplines, chaque branche a ses sources spécifiques. Néanmoins, le droit musulman
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continu à été la source de référence du droit pénal marocain bien que ce dernier connait d’autres sources d’inspiration
qui est la coutume et le droit français.

Section 2 : L'influence des écoles juridiques sur le droit pénal marocain

Les écoles juridiques ont en effet eu un effet important sur le droit pénal musulman. Force est de constater, que les
écoles juridiques ont influencé les différentes interprétations et applications du droit pénal dans le monde musulman.

Par exemple, l'école juridique hanafite a souvent été associée à une approche plus tolérante du droit pénal, tandis que
l'école malikite a été caractérisée par une approche plus stricte. De même, l'école chaféite est souvent considérée comme
un compromis entre les interprétations hanafite et malikite. En général, les écoles juridiques ont influencé le
développement du droit pénal musulman en établissant des normes et des principes qui ont été appliqués dans les
tribunaux et dans les sociétés islamiques à travers l'histoire.

Chapitre 2 : Les infractions et les sanctions dans le droit pénal musulman

Le droit pénal musulman est basé sur les enseignements du Coran et de la Sunna, ainsi que sur les décisions des savants
musulmans à travers les siècles. Les infractions et les sanctions dans le droit pénal musulman ont été développées dans
le but de protéger les droits de la société et de garantir la sécurité des individus

Dans le droit pénal musulman, il existe trois types d'infractions : les hudud, les qisas et les tazir.

Les Hudud :

Ce sont les crimes les plus graves, réputés violer les injonctions, les droits de Dieu. Ces transgressions, qui représentent
une menace pour la société, son ordre public, la propriété privée, l’ordre sexuel et l’honneur personnel, sont l’objet de
peines fixes d’une grande sévérité1. Généralement ce sont des infractions criminelles graves qui sont considérées comme
des péchés contre Dieu et pour lesquelles des peines sont fixées par le Coran et la Sunna. Les infractions qui tombent
dans cette catégorie incluent la consommation d'alcool, le vol, la fornication, l'adultère, la fausse accusation d'adultère,
le vol à main armée et le banditisme. Les peines pour les infractions de hudud sont des peines fixes et obligatoires, qui
incluent notamment la flagellation, l'amputation d'une partie du corps, la peine d'emprisonnement et la peine de mort.

Les Qisas :
Le terme "Qisas" signifie en arabe "égalité". Dans le contexte du droit pénal musulman, cela se réfère à la loi de la
réciprocité en matière de crimes impliquant des atteintes à l'intégrité physique ou à la vie d'une personne. Cette loi est
fondée sur le principe selon lequel une personne qui cause un préjudice à autrui doit subir un préjudice similaire.

Les infractions tombant dans la catégorie des Qisas comprennent notamment le meurtre, les coups et blessures graves,
les violences sexuelles et les atteintes à la personne. Si une personne est reconnue coupable d'une telle infraction, la
victime ou sa famille a le droit de demander une compensation équitable (appelée Diya) ou une peine identique à
l'infraction (c'est-à-dire la vengeance). Si la victime décide de demander la vengeance, la peine doit être exécutée en

1Nathalie Bernard-Maugiron. Houdoud [Mots d’Islam]. OrientXXI, 2016, Orient XXI Magazine, N° du 8 avril. ffhal-
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Présence de témoins. Sa caractéristique essentielle est son esprit civiliste, qui fait que la compensation (diya) en faveur
de la victime n’est jamais oubliée2

Cependant, les tribunaux ont le pouvoir de remplacer la peine de vengeance par une peine monétaire ou une peine
d'emprisonnement si les parties en conviennent. Les tribunaux peuvent également déterminer si une personne est
Coupable ou non coupable d'une infraction et décider de la peine appropriée en fonction de la gravité de l'infraction et
des circonstances de l'affaire.

Les Tazir :
Terme de droit islamique signifiant peine discrétionnaire, décidée par le kadi, pour les délits pour lesquels aucune
peine ḥadd n’a été établie. Il semble faire partie des aḍdād, mots ayant des sens opposés puisqu’il signifie à la fois
témoigner du respect (taʿẓīm) et ne pas respecter par le fait de sanctionner (taʾdīb) la personne concernée 3.

Dans le droit pénal musulman, la catégorie des Tazir comprend les infractions qui ne sont pas spécifiquement
mentionnées dans les catégories des Hudud ou des Qisas. Le terme "Tazir" vient du mot arabe "tazira", qui signifie
"punir".

Les infractions tombant dans la catégorie des Tazir comprennent généralement des actes considérés comme nuisibles à
la société ou à l'ordre public, tels que le vol, la diffamation, la consommation de drogues, l'ivresse publique, la
prostitution, la fraude, etc. Les tribunaux ont le pouvoir discrétionnaire de déterminer la peine pour ces infractions, en
tenant compte de facteurs tels que la gravité de l'infraction, les circonstances de l'affaire, la personnalité de l'auteur de
l'infraction et les antécédents criminels.

Les peines pour les infractions de Tazir peuvent varier considérablement en fonction de la gravité de l'infraction et des
circonstances de l'affaire. Elles peuvent aller d'une simple réprimande verbale à une amende, une peine
d'emprisonnement ou même la peine de mort dans les cas les plus graves.

En résumé, la catégorie des Tazir comprend les infractions qui ne sont pas spécifiquement mentionnées dans les
catégories des Hudud ou des Qisas, et les tribunaux ont le pouvoir discrétionnaire de déterminer la peine pour ces
infractions en fonction de la gravité de l'infraction et des circonstances de l'affaire. Les tribunaux sont tenus de respecter
les principes fondamentaux du droit pénal islamique, y compris les droits de l'homme et les procédures légales établies.

2 DROIT MUSULMAN | Hervé Bleuchot Chapitre X. Le droit pénalp. 669-722

3 Dien, M. Y. Izzi, “Taʿzīr”, in: Encyclopédie de l’Islam. Consulted online on 14 May 2023 <http://dx.doi.org/10.1163/9789004206106_eifo_SIM_7475

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Conclusion

Avant le protectorat au Maroc, l'histoire du droit pénal dans le pays était marquée par une évolution et une diversité qui
reflétaient les différentes périodes de l'histoire marocaine. L'ancien système juridique marocain était basé sur des
traditions coutumières et religieuses, avec des pratiques judiciaires propres à chaque région et tribu.

Dans les premiers temps, le droit pénal était principalement régi par les coutumes tribales, avec des sanctions souvent
basées sur la réparation et la vengeance. Les tribus appliquaient leurs propres règles et les conflits étaient souvent résolus
par la médiation ou l'intercession des chefs tribaux.

Avec l'islamisation du Maroc, le droit pénal a été influencé par les enseignements de la religion musulmane. Les
principes juridiques islamiques, tels que la charia, ont commencé à être appliqués dans les tribunaux. Les infractions
pénales étaient classées en différentes catégories, allant des délits mineurs aux crimes les plus graves, et les peines
étaient généralement proportionnelles à la gravité de l'infraction.

Au fil du temps, des codes et des systèmes de justice plus formels ont été mis en place sous les différents sultanats qui
ont régné sur le Maroc. Par exemple, le sultan Mohammed Ben Abdellah a promulgué le Code d'Alaouite en 1913, qui
a jeté les bases d'un système juridique plus centralisé et uniforme.

Cependant, l'arrivée du protectorat français en 1912 a profondément influencé le droit pénal marocain. Les autorités
coloniales ont introduit leurs propres codes et institutions judiciaires, marquant ainsi une rupture avec les traditions
juridiques marocaines préexistantes. Le système pénal français, basé sur le Code Napoléon, a été appliqué dans les
tribunaux coloniaux, avec des peines et des procédures inspirées du modèle français.

Cette période de colonisation a vu l'harmonisation progressive du droit pénal marocain avec le droit français, bien que
des différences et des adaptations aient subsisté pour tenir compte des spécificités culturelles et religieuses marocaines.

En conclusion, l'histoire du droit pénal avant le protectorat au Maroc est caractérisée par une diversité de systèmes
juridiques, allant des coutumes tribales à l'influence de l'islam, en passant par les sultanats. L'arrivée du protectorat
français a entraîné une transformation significative du droit pénal marocain, avec l'introduction du système juridique
français qui a laissé une empreinte durable sur la législation pénale marocaine.

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