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Le texte ci-dessous est une préface, écrite en 2012 pour un ouvrage d'un
calligraphe contemporain, Seyyed Vahid Jazayeri, à paraître prochainement à
Téhéran, en version anglaise et persane.
PREFACE
Le livre de Seyyed Vahid Jazayeri est unique à plus d’un titre. Il l’est d’abord par
l’exposé d’une thèse, la démonstration d’une découverte faite en 1993. En taillant
différemment la pointe du calame de roseau, l’auteur parvint à retrouver une
manière d’écrire les lettres angulaires propres à l’une des premières écritures
dites kufi. Né de cette découverte, son ouvrage est aussi exceptionnel pour sa
volonté de donne une vie nouvelle à un type d’écriture angulaire qui, dans la
pratique manuscrite, a cédé sa place aux écritures cursives depuis plusieurs
siècles. Il constitue enfin, en son genre, une contribution aux études
codicologiques. La calligraphie musulmane en général et le kufi en particulier n’ont
pas fait, jusqu’alors, et malgré les efforts de nombreux savants, l’objet d’études
aussi développées ou d’avancées aussi probantes que pour l’architecture ou la
peinture sur livre.[1]
Ecrire la beauté
La calligraphie revêt une place centrale en islam. [2] Non seulement comme
support de transmission et de mémoire, mais également comme perception de la
réalité, comme science symbolique, et comme approche contemplative des réalités
divines. Fondé sur un livre divinement révélé, l’islam a donné à l’écriture des
corans, et de manière générale à la langue arabe, un prestige et une signification
qui ont rayonné sur tous les arts et tous les aspects majeurs de la foi et de la
culture.[3] Le Coran lui-même évoque à plusieurs reprises le calame,
[4] sacralisant l’acte d’écrire et faisant de l’écriture une vocation spécifique de
l’homme. De nombreux auteurs et courants mystiques ont développé une science
des lettres, cherchant à découvrir dans le Coran et dans les formes et les valeurs
numériques des lettres des réalités ésotériques et métaphysiques. [5]
Dans le monde iranien aussi bien que turc, la spiritualité et la conception
cosmologique et mystique attachées à l’art d’écrire sont bien exprimées par les
traités ou les préfaces d’albums dédiés aux calligraphes et aux peintres. [6] Dieu
est volontiers conçu comme le calligraphe suprême qui a écrit et enluminé
l’univers, si bien que le calligraphe s’inscrit dans le livre du monde et participe à
l’écriture du destin et à l’embellissement du monde. En rattachant leur art à Ali,
quatrième calife des sunnites et premier Imam des chiites, les calligraphes se
rattachent par là même à une filiation spirituelle : Ali, porte d’accès à la
connaissance du Prophète, est le maître de l’ésotérisme, et la figure spirituelle
immuable d’une connaissance mystique, transformante et unifiante.
Les outils du calligraphe, et en particulier le calame et l’encrier, ont fait l’objet de
nombreuses herméneutiques spirituelles et philosophiques. [7] Pour les lettrés et
les mystiques, le calame a symbolisé l’Intellect universel, première émanation de
Dieu rédigeant le destin des mondes sur la Table gardée, alors que l’encrier a été
comparé à la fontaine contenant l’Eau de la Vie, évoquée par Nezâmi dans
son Eskandar-nâma (590/1194). La forme du calame est visuellement et
symboliquement en correspondance avec des notions et des motifs cardinaux dans
la culture musulmane : la lettre alif (symbolisant l’Intellect premier, la stature et
la fonction de l’homme), la droiture de l’homme (signe de sa position centrale et
dominante dans le cosmos : voir Coran 2, 30), le cyprès (métaphore de la beauté
dans la poésie persane), ou encore le minaret (relais de l’appel à Dieu). La mise en
forme de l’écriture dans les codex est un art de la lisibilité et de la clarté, mais
elle exprime plus fondamentalement un ordre de la pensée et une harmonie de
l’âme. Des premiers corans[8] aux manuscrits tardifs,[9] les artistes ont employé
des mesures géométriques pour régler l’écriture et l’ordonner dans la page. Or, la
géométrie et les nombres, à la lumière des doctrines pythagoriciennes et
platoniciennes héritées par l’islam, sont également une manière d’organiser la
réalité et sa compréhension. La géométrie spirituelle de la calligraphie apparaît
comme une musique métaphysique. Les encriers royaux, décorés de motifs
cosmologiques et royaux, témoignent de l’importance également politique de la
calligraphie.[10] C’est non seulement par l’épée – dont la forme ressemble au
calame –, mais aussi et surtout par la plume que le souverain ordonne, instaure la
justice, gère un royaume, écrit sa propre histoire.
Le kufi
[1] François Déroche and al., Islamic Codicology. An Introduction to the Study of Manuscripts in
Arabic Script, translated by Deke Dusinberre and David Radzinowicz, edited by Muhammad Isa
Waley, London, Al-Furqân Islamic Heritage Foundation, 2005.
[2] Sheila S. Blair, Islamic Calligraphy, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2007 and Sheila S.
Blair, Islamic Inscriptions, Edinburgh, Edinburgh University Press, 1998.
[3] Fahmida Suleman (ed.), Word of God, Art of Man. The Qur’an and its Creative Expressions,
Oxford, Oxford University Press, 2007.
[4] Qur’ân 68, 1 et 96, 4.
[5] Pierre Lory, La science des lettres en islam, Paris, Dervy, 2004 ; Jean Canteins, Miroir de la
Shahâda, Paris, Maisonneuve & Larose, 1990.
[6] calligraphers and Painters. A Treatise by Qâdi Ahmad, Son of Mîr-Munshî [Gulistân-i honar],
translated by V. Minorsky, Washington, Freer Gallery of Art, 1959 ; Thackston, W. M., Album
Prefaces and Other Documents on the History of Calligraphers and Painters, Leiden, Brill,
2001 ; Mustafa ‘Âli’s Epic Deeds of Artists, edited, translated and commented by Esra Akın-Kıvanç,
Leiden / Boston, Brill, 2011.
[7] Annemarie Schimmel, Calligraphy and Islamic Culture, London, I. B. Tauris, 1990.
[8] Alain Fouad George, “The Geometry of the Qur’an of Amajur: A Preliminary Study of Proportion
in Early Arabic Calligraphy”, Muqarnas, 20, 2003, pp. 1-15.
[9] Yves Porter, “La réglure (mastar): de la « formule d'atelier » aux jeux de l'esprit”, Studia
Islamica, 96, 2003, pp. 55-74.
[10] A. S. Melikian-Chirvani, “State Inkwells in Islamic Iran”, The Journal of the Walters Art
Gallery, 44, 1986, pp. 70-94.
[11] François Déroche and al., Islamic Codicology, p. 216.
[12] Adam Gacek, Arabic Manuscripts. A Vademecum for Readers, Leiden / Boston, Brill, 2009, p.
138.
[13] David James, The Master Scribes : Qurʾans of the 10th to 14th Centuries, New York / London /
Oxford, The Nour Foundation / Azimuth / Oxford University Press, 1992.
[14] Irene Bierman, Writing Signs. The Fatimid Public Text, Berkeley, University of California Press,
1998.
[15] Lisa Golombek / Donald Wilber, The Timurid Architecture of Iran and Turan, 2 vol., Princeton,
Princeton University Press, 1988.
[16] François Déroche, The Abbasid Tradition : Qur’ans of the 8th to the 10th Centuries AD, New
York / London / Oxford, The Nour Foundation / Azimuth / Oxford University Press, 1992.
[17] Hassan Massoudy, Calligraphie arabe vivante, Paris, Flammarion, 1999 ; Abdel Ghani
Alani, L’écriture de l’écriture. Traité de calligraphie arabo-musulmane, Paris, Dervy, 2002.
[18] Maryam Ekhtiar, “Practice Makes Perfect: The Art of Calligraphy Exercises (Siyāh Mashq) in
Iran”, Muqarnas, 23, 2006, pp. 107-130.
[19] Jean-François Billeter, Essai sur l’art chinois de l’écriture et ses fondements, Paris, Allia,
2010.
[20] Jean During, “Hand made. Pour une anthropologie du geste musical”, Cahiers de musiques
traditionnelles, 14, 2001, pp. 39-60.
[10] A. S. Melikian-Chirvani, “State Inkwells in Islamic Iran”, The Journal of the Walters Art
Gallery, 44, 1986,
LA CALLIGRAPHIE ARABE
INDEX
1. Le rôle de l'écriture dans la culture islamique
2. écriture calligraphique
3. calligramme
4. Outils et support
5. Galerie d'images
6. notes
7. bibliographie
8. Articles connexes
9. D'autres projets
10. liens externes
LE RÔLE DE L'ÉCRITURE DANS LA
CULTURE ISLAMIQUE
Les différents styles de calligraphie arabe peuvent être divisés en deux groupes:
la Écritures coufique, par des caractères angulaires
les Écritures cursive, les personnages les plus arrondis.
Cette distinction, cependant, est générique et discutable: dans la pratique, les
deux systèmes peuvent coexister avec de nombreuses variantes.
La plus simple et la plus ancienne écriture est de Hijazi, cursive, sans signes
diacritiques: les voyelles courtes sont rarement indiquées, avec des tirets courts.
Il remonte à la fin de VII et tout 'huitième siècle, et il se retrouve dans les
premiers exemplaires du Coran et des inscriptions en pierre.
Le premier style pour arriver à une certaine diffusion a été
écrit coufique (neuvième siècle), Angulaire, angulaire, en droits sections
horizontales et courtes, longues traits verticaux et les cercles épais et compacts.
Ce fut pendant trois siècles l'écriture utilisée pour transcrire le Coran. Son aspect
rigide et statique également idéal pour les inscriptions monumentales et
épigraphiques. Au fil du temps, ils ont développé aussi beaucoup de boucles, des
ornements, des petites décorations ajoutées à chaque caractère à ingentilirli.
Plus utilisé, pour l'écriture en cours et tous les jours, a été le écriture
cursive naskh, avec des étirements plus ronde et mince. La spécialisation
croissante de ce style a finalement conduit à préférer coufique pour écrire le
Coran. Aujourd'hui, dans la plupart des cas, les enfants apprennent d'abord
l'écriture naskh, et alors seulement nous sommes introduits à l'écriture riq'a.
Presque tous les documents imprimés en arabe est écrit en naskh, plus clair et
plus facile à déchiffrer.
en XIII siècle, fonction ornementale effectuée précédemment par l'écriture
coufique a été acquitté écrire Thulth, ce qui signifie « troisième » (souvent
appelé à tort thuluth[citation nécessaire]): Le principe sur lequel nous écrivons ces
lignes est que les consonnes qui ne disposent pas d'un développement vertical
sont troisième élevé de ceux-ci. Par conséquent, ce style a un aspect très cursive
et les courbes de balayage.
quand 'Empire perse converti à l'islam (643-650), Les Perses ont adopté la
calligraphie arabe pour leur langue, persan. Ils ont introduit les
Écritures ta'liq et nasta'liq: Ce dernier est nettement cursive, avec des tiges
horizontales particulièrement longues et les tiges verticales qui, contrairement à
l'habitude, ils ont tendance à droite au lieu de la gauche, ce qui rend
l'écriture nasta'liq très lisse et utile pour les auteurs de remplir les trois bandes:
la centrale consonne et la partie supérieure et inférieure, qui est utile pour tenir
compte également des voyelles (Harakat ) Les signes et autres accessoires, afin
d'échapper à la 'horror vacui qui semble affliger calligraphes, comme
généralement les artistes. Les Perses ont également développé un style
appelé shekaste (Cassé, en persan): le Shekasteh nasta'liq Mais il était très
rarement utilisé pour écrire des textes en arabe.
écriture diwani a une cursive né sous le règne du premier Turcs ottomans (XVI-
début XVIIe siècle). Créé par Housam Roumi, il a atteint son apogée sous le
règne de Soliman le Magnifique (1520-1566). Très décoratif et élégant,
l'écriture Diwani Elle se caractérise par la complexité des lignes à l'intérieur des
lettres et la juxtaposition serrée des lettres dans le mot.
Une variante de diwani, écriture diwani al-jali, Elle se caractérise par
l'abondance de diacritiques et ornementale.
Enfin, l'écriture la plus courante et est utilisé riq'a. Facile à dessiner, ses
mouvements sont petits et essentiels: il est considéré comme un développement
de l'écriture naskh, et est le deuxième à enseigner aux enfants dans les écoles.
OUTILS ET SUPPORT
Miroir écrit où vous pouvez lire « Alī Wali ALLAH » (ILA « Ami » de Dieu).
NOTES
1. ^ Bloom (1999), p. 222.
2. ^ galerie
3. ^ à b BNF.
4. ^ L'homme en prière.
5. ^ de Alī Leone.
6. ^ Cheval de Alî.
7. ^ cigogne.
8. ^ hudhud.
9. ^ oiseau.
10.^ D'où vient le mot italien encrier.
11.^ Bloom (1999), p. 218.
12.^ Bloom (1999), pp. 223-225
BIBLIOGRAPHIE
John L. Esposito, Sheila Blair, Jonathan Bloom, L'histoire de l'Islam Oxford, New
York, Oxford University Press, 1999.
Maurizio Costanza, Le Croissant sur le fil - La réforme ottomane Mahmûd II,
Marcianum Press, Venise, 2010 (chap. IV.5)
Wolfgang Kosack: Islamische Schriftkunst des Kufischen. Geometrisches Kufi à
593 Schriftbeispielen. Deutsch - Kufi - Arabisch. Christoph Brunner, Bâle 2014,
ISBN 978-3-906206-10-3.
ARTICLES CONNEXES
La calligraphie arabe est cet art de la belle écriture. Elle n’est pas
seulement une belle écriture mais elle aussi une traduction d’une
grande tradition et surtout le reflet d’une spiritualité. En effet, la
calligraphie arabe porte en elle l’histoire d’une dimension liée à la
religion et à la spiritualité. D’ailleurs, la calligraphie arabe a connu
une formidable évolution avec l’expansion de l’Islam. Ainsi, une
multitude de styles de calligraphies ont vu le jour dans tous les
territoires qui se sont convertis à la religion musulmane. Ce qu’il
faut savoir, à ce propos, c’est que le Calame qui est l’outil d’écriture
dans la calligraphie a une grande symbolique dans la religion
musulmane qui a donné un grand souffle à la calligraphie arabe
durant toute son histoire.