Vous êtes sur la page 1sur 3

CM MONDE ISLAMIQUE

Arts du livre et peinture dans le monde arabe médiéval

Les arts du livre et le développement de la calligraphie

Bibliographie :

• Blair, Sheila S., Islamic Calligraphy, Edinburgh : Edinburgh University Press, 2006.

• Georges, The Rise of Islamic Calligraphy.

L’écriture tient une place majeure. L’écriture décore tous types de supports : les monuments,
les objets, les manuscrits et ce depuis le VIIe siècle.
La particularité de cette tradition artistique, dans le monde islamique, est que l’écriture
s’est émancipée de l’image et est devenue l’élément décoratif principal.

L’art de la calligraphie s’est développée en parallèle de l’écriture arabe. Dès les premiers
siècles de l’islam vont cohabiter des formes d’écritures utilitaires, courantes et des formes
d’écritures calligraphiques, artistiques. On sait que l’écriture arabe était utilisée avec la révélation
coranique mais avec l’essor de l’islam, elle a connu un développement majeur.

Cette langue et écriture arabe sont passées de seule langue à la langue o cielle d’un empire très
vaste. Dès la n du VIIe siècle, l’arabe commence, progressivement, a remplacé les langues
locales du bassin méditerranéen comme le grec et le syriaque.

Les besoins croissants de l’administration entraine, progressivement, l’usage de la langue arabe


et sa standardisation.

En moins de trois siècles, l’arabe devient la langue du gouvernement, la langue de la


religion, la langue de la littérature et des sciences.

La langue arabe favorise une façon d’interpénétration entre la calligraphie et l’écriture courante.
Un même mot désigne les deux : « khatt ».

L’arabe est une langue appartenant à la famille des langues sémitiques comme l’hébreu. La
langue s’écrit de droite à gauche. Elle comporte 28 lettres. L’alphabet est consonantique, il
nomme les consonnes. La langue arabe comprend 28 phonèmes distincts, c’est-à-dire, 28 sons ;
mais seulement, 18 graphèmes, c’est-à-dire, 18 formes. Un système de dissociation des
formes a été mise en place. Par l’usage de points, un graphème peut avoir plusieurs sons. Dans
les calligraphies anciennes, les points n’étaient pas notés et donc la lecture est peu
compréhensible.

La mise par écrit du Coran

Le Coran est constitué de l’ensemble des révélations que le prophète aurait reçu. Le Coran n’est
xé par écrit qu’après la mort du prophète. Les étapes de cette canonisation sont encore
incertaines de nos jours.

Selon les récits traditionnels, les versets dictés par Gabriel auraient été mémorisés par le
prophète, puis mémorisés par ses compagnons. Ses compagnons auraient mis par écrit les
versets mémorisés sur divers supports. Après la mort du prophète, des premiers textes sont
mis sous la forme de recueils et commencent à circuler dans l’empire.

Les sources traditionnels apprennent qu’il y a des versions divergentes. L’existence des ces
versions nit par alarmer le troisième calife « bien guidés », ‘Uthman (644-656). Il con sque toutes
les versions qui existaient et les fait détruire. Il en impose une dont il faut faire plusieurs
copies. Il envoie ces copies dans les grandes villes de l’empire. On a de nombreux membres de

1 sur 3
fi
fi
fi
ffi
fi
la communauté qui s’insurge. Ils l’accusent de ne pas avoir donné le message du prophète. Cette
version est corroborée par les manuscrits, eux-mêmes.

Ces Palimpsestes de Sana’a sont découverts en 1974 lors de travaux sur la toiture de la grande
mosquée de Sana’a. Ils découvrent des fragments coraniques. Un grand ensemble de fragments
coraniques anciens a été trouvé et notamment un groupe, les Palimpsestes.

Un palimpseste est un manuscrit qui est constitué d’un parchemin déjà utilisé dont on a fait
disparaitre les inscriptions pour écrire de nouveau.

Ce groupe de manuscrits sont des palimpsestes avec deux couches d’écriture. Ils ont été
analysés et les chercheurs ont pu reconstituer le texte antérieur. Ce qui est fascinant est que les
deux couches du texte coranique ne sont pas semblables. La couche supérieure est un texte
coranique standard. La couche inférieure contient un texte coranique avec des variations par
rapport au texte standard. Dès le milieu du VIIe siècle, on a des versions divergentes du Coran en
circulation.

La naissance de la calligraphie dans le monde arabe

C’est la prédominance et la centralité du texte coranique qui donne la volonté de le rendre


le plus beau possible. Assez fréquemment dans les manuscrits coraniques, il y a de nouvelles
calligraphies.

Les plus anciens manuscrits du Coran conservés sont des manuscrits datant de la seconde
moitié du VIIe siècle. Il y a eu plusieurs datations au Carbone 14. Aucun des premiers corans n’est
complet. Ils sont fragmentaires et l’écriture utilisée est particulière.

Cette écriture est appelée l’écriture hijâzî. Cet adjectif fait référence à la péninsule arabique, où
se trouve La Mecque et Médine. L’identi cation de ce style repose sur la description qu’en fait un
auteur arabe du Xe siècle, Ibn al-Nadim : «  la première écriture arabe provenait de Médine puis
vint celle de la Mecque puis celle de Basra, puis celle de Kufa. »

L’une des grandes caractéristiques de cette écriture est l’inclinaison vers la droite. Cette
première écriture, graphie ne peut pas être assimilée à la calligraphie. Il s’agit d’une graphie
commune dont l’usage se retrouve dans des documents juridiques de la même époque. Ces
premiers Corans re ètent les pratiques dominantes de l’époque : des parchemins de format
vertical au décor inexistant. On ne voit pas l’utilisation des points en dessous ou au dessus des
lettres. Pour pouvoir lire un tel texte, il faut déjà le connaitre. Sans l’annotation des points, la
lecture est quasiment impossible.

La seconde graphie apparaît au début du VIIIe siècle. Cette graphie est nommée les écritures
cou ques. Cou que qui pensait à la ville de Kufa. Ces écritures cou ques peuvent être
considérées comme les premières formes d’écriture calligraphique. Leur étude montre que
chaque lettre était soumise à une forme bien précise. Cette lettre a une taille particulière, précise.
L’écriture calligraphique est une écriture codi ée comme le sont les écriture cou ques. Ces
écritures, au VIIIe siècle, sont exclusivement réservées à l’écriture du Coran. Elles sont en
décalage avec les écritures quotidiennes.

De manière générale, le trait de l’écriture est très épais, très marqué. On a une composante
horizontale très soulignée.

Une autre caractéristique est l’usage des espaces qui viennent rythmer la page. L’une des
particularité est que les espaces ont toujours la même dimension que ce soit les espaces entre
les mots ou les espaces entre les lettres d’un même mot. En arabe, toutes les lettres, au sein
d’un même mot, ne s’attachent pas.
On a pas encore un usage systématique des points, au-dessus ou en-dessous des lettres.

L’inscription au Dôme du Rocher, datant de 692, est une écriture cou que. Cette écriture est
associée à un changement du format.

2 sur 3
fi
fi
fl
fi
fi
fi
fi
fi
De manière étrange, cette écriture est associée à un format horizontal (ou format oblong). On
a deux grandes hypothèses pour ce changement de format : ce format aurait été choisi pour
di érencier le Coran des rouleaux de la Torah et du codex des Evangiles. Le di érencier des
autres textes religieux. La seconde hypothèse explique que c’est pour identi er le Coran des
autres textes en langue arabe de l’époque. Cette di érenciation passe par un nouveau format
et par une nouvelle calligraphie, spéci que aux manuscrits coraniques.

On a l’apparition des premiers décors. Peu à peu, l’enluminure va progressivement apparaitre


dans les manuscrits coraniques et permet de montrer les divisions du texte coranique qui
se compose de 112 sourates. Au fur et à mesure du temps, les enluminures deviennent de plus
en plus monumentales.

Vers la n du IXe siècle

3 sur 3
ff
fi
fi
ff
fi
ff

Vous aimerez peut-être aussi