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L’instrument de la pensée a toujours été un point d’appui pour les peuples de se situer au
cours de l’histoire. Ils développent des philosophies qui leur permettent d’appréhender leurs
univers, de signifier leur existence et s’inscrire dans le mouvement du temps. L’arrivé de
l’Islam dans l’espace négro-africain marque un profond réaménagement dans l’essence
culturel du monde noir, impactant, alors, tout ce qui relève de l’imagination de celui-ci.
L’allégeance du génie créateur, impulse une foulée nouvelle à l’art, du point de vue de
l’éthique que de l’esthétique. Ainsi, ce travail se propose de par une méthode monographie
d’examiner l’aspect philosophique de la poésie wolof de Cheikh Samba Diarra Mbaye dans
« jazboul majzoub »
INTRODUCTION
Cheikh samba Diarra Mbaye est l'un des plus influents poètes de la littérature wolof
(wolofal) qui ont contribué à répandre les enseignements et les valeurs de Muridiyyah parmi
les masses wolof. En tant que l'un des disciples seniors les plus proches de Cheikh Ahmadou
Bamba, le fondateur de Muridiyyah. Cheikh Samba Diarra Mbaye a tiré la majeure partie de
son inspiration de son guide spirituel. Sa grande production littéraire englobe des poésies et
des chansons spirituelles conçues pour éduquer les masses. Il a composé de nombreux
poèmes, parmi lesquels on peut rappeler les vers dédiés à Cheikh Ahmadou Bamba, et une
contribution au Sénégal ainsi que ses miracles ici et à l’étranger, mais aussi d'écrits sur les
qualités de Cheikh Ibrahima Fall, entre autres. Sa particularité était indéniablement la
profondeur philosophique de sa poésie à travers laquelle il a participé activement à
l'expansion du mouridisme et a permis de mieux connaître Cheikh Ahmadou Bamba et
bénéficier des bienfaits de tout cela. Son œuvre a grandement contribué à diffuser les
enseignements du Cheikh ici au Sénégal et ailleurs. Ses œuvres poétiques, notamment
l’exemple dans « Jazbul Majzoob » reste sans conteste la plus populaire. Ce sont les détails
dans chaque cellule qui exposent les grands avantages qui lui ont été attribués, comme nous
pouvons le voir dans ce chef d’œuvre l’auteur saint louisien a usé d’un style philosophique
dans ces vers, ainsi à travers une méthode monographie nous allons dans cette présente article
appréhender cette dimension philosophique dans un premier temps et dans un second la
spiritualité de ces vers.
Dans le contexte de la littérature religieuse, l'ingéniosité est utilisée comme Auxiliaire dans la
transmission du message de la foi. L'expression artistique va se manifester à travers la
virtuosité du langage et conférer une dimension particulière au message Religieuse. Le talent
oratoire se voue à générer de la puissance au verbe religieux Et le génie n’existe que pour
entrainer la pensée. À cet effet, l’esthétique de la Parole, à travers les procédés discursifs et
allusifs, la prosodie (rimes, le rythme)
Et les mouvements de la voix laissent apparaitre ce caractère philosophique dans ces textes du
Saint-louisien. Elle suscite de l’émotion par la chaleur de la voix, insuffle une Force
incantatoire aux psalmodies : l’art se fait, dès lors, un outil de culte Permettant de joindre
l’Être et l’esprit. Dans les textes religieux, l’acte de Création se sacralise et se prête en outil
dévotionnel. Alors, l’art accompagne, de Façon expressive, la mission édificatrice grâce à la
symbiose du génie et de la Ferveur. En effet, dans l’histoire de la révélation, la prophétie s’est
toujours Adossée à la force du discours, et partout attelée au pouvoir évocateur de la Parole
pour s’octroyer une voix et se frayer une voie dans l’esprit des hommes.
1. La culture et la religion
Pour comprendre la relation entre la création et la foi, il faut commencer par
l'homme autour de qui elles s'articulent, et surtout comprendre là
Le sens de l'art selon sa culture et sa philosophie
La particularité des écrits de Cheikh Samba Diarra était indéniablement la profondeur
philosophique de la poésie à travers laquelle il a participé activement à l'expansion du
mouridisme comme nous pouvons le voir à travers cet extrait :
A travers ces vers le poète Mouride informe aux disciples mourides sur comment etre un vrai disciple de
Cheikh Ahmadou Bamba
Tous ces concepts ont servi plus ou moins à la systématisation d’un voyage [8] ou d’une ascension que
doit effectuer le cœur du dévolteur la voie (ṭarîqa) de la réalité essentielle (al-aqîqa Autrement
dit, au point initial, le soufi est animé par cette ferme volonté d’aller vers Dieu (at tawba) et sa
préoccupation essentielle est de se départir des vices de l’âme qui le maintiennent dans
les méandres Del ‘hypocrisie, afin de se hisser vers les cimes de la perfection ou de la
véracité. Dès lors, le voyage s’identifiait à l’éducation de l’âme et il devait se dérouler à
travers des étapes et états spirituels [10] suivant différentes approches « pédagogiques ».Animés par la
même passion et poussés par la même détermination les soufis échangeaient, à travers le
compagnonnage (as-suba) [11], sur les meilleures approches pour la purification du cœur, qui passe
inévitablement par la purification de l’intention [12].Les réponses se trouvaient pourtant dans les
enseignements de la Sunna du Prophète, mais il fallait en percevoir l’esprit et bien les
mettre en pratique (al isân).Entre autres orientations spirituelles, les soufis décident de
mettre l’accent sur quelques principes qui dessinent les contours de la voie ou ṭarîqa
:- combattre les passions terrestres par le détachement (az-zuhd) ou l’ascétisme et l’endurance
(a-abr ) ;- purifier l’intention dans la dévotion par la crainte révérencielle (al-hawf ) ;-
pérenniser la présence de Dieu dans le cœur par la reconnaissance (ash-shukr ) à travers
la dévotion et l’invocation (adh-dhikr ).Ces trois principes sont en réalité des approches de
purification du cœur que notre poète a d’ailleurs mentionnées explicitemen tdans la
troisième strophe qui se termine par le refrain ci-dessous :
Ku daw sant muñ am lol sunuy nawle amti ko
Quiconque se réfugie, pratique la reconnaissance et endure aura ce que nos pairs n’auront
pas
Le dhikr
Ou invocation de Dieu fait partie des règles appliquées unanimement par tous les soufis.
Ils suivent en cela les injonctions coraniques qui l’assimilent à la reconnaissance et
l’opposent souvent à la mécréance :
2) de sa philosophie et de sa culture.
1.1.1 L'art et les gens