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Les écrits de Hazrat Inayat Khan comprennent des prières, des aphorismes,
des poèmes, des dits adressés à ses disciples, et enfin des conférences.
À la fois conforme aux tenants de l’islam et ouvert aux autres confessions
dans leur expression mystique, l’enseignement de Hazrat Inayat Khan a
pour origine et fin la déification de l’âme du chercheur de vérité.
L’identification à Dieu par l’amour comme facteur de connaissance s’y
exprime tour à tour dans les termes les plus ciselés et les plus poétiques.
Mais la voie de la connaissance fait également l’objet de nombreux poèmes
et épigrammes, sans doute parce qu’il faut connaître pour aimer et aimer
pour connaître ; mais surtout parce que, pour Hazrat Inayat Khan, Dieu est
l’unité de l’amour et de la connaissance.
Hazrat Inayat Khan est né le 5 juillet 1882 à Baroda, dans la province du Gujarat en Inde. Dès 1903,
il suit les enseignements de Sayyed Abu Hashim Madani, un maître soufi qui lui confie la tâche
“d’apporter la sagesse du soufisme au monde occidental”. À partir de 1922, Hazrat Inayat Khan vit
en France, à Suresnes, où il continue d’enseigner tout en parcourant le monde. Il meurt en Inde, à
Delhi, le 5 février 1927. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux introducteurs du
soufisme en Occident.
ACTES SUD
“LE SOUFFLE DE L’ESPRIT”
collection dirigée
par Christian Dumais-Lvowski
La collection “Le Souffle de l’esprit” se veut le reflet d’une ouverture des uns aux autres, à travers la
prière, la réflexion, la méditation. Nous avons demandé à des personnalités religieuses ou laïques,
croyantes, athées ou agnostiques, de nous faire part de leurs “prières”, qu’elles soient une invocation
à Dieu ou une réflexion de sagesse sur l’humain et son devenir.
DU MÊME AUTEUR
Titre original :
The Complete Sayings
Éditeur original :
Omega Publications, Inc., New Lebanon
ACTES SUD
L’éditeur tient à remercier Sandy Lillydahl d’Omega Publications pour son aimable coopération.
Cette traduction est affectueusement dédiée à
Claude Sauret, dite Souppilou.
PRÉSENTATION
LA DANSE DE L’ÂME
Les écrits d’Inayat Khan comprennent des aphorismes, des prières, des
poèmes, des dits adressés à ses disciples et des conférences. Les trois
parties qui composent le présent recueil s’intitulent successivement Gayan,
Vadan et Nirtan, trois verbes ourdous signifiant “chanter”, “jouer” et
“danser”. Elles ont été préparées et agencées à la manière de pièces
musicales par Inayat lui-même et publiées pour la première fois
respectivement en 1923, 1926 et 1928. Les sous-titres actuels de chaque
partie sont repris de ces éditions originales. Notre seule innovation a
consisté à nommer l’ensemble de l’ouvrage d’après le sous-titre du
troisième volet du triptyque : “La danse de l’âme”.
La plupart des aphorismes présentés ici sont tirés des archives de la
Nekbakht Foundation de Suresnes. Certains sont issus des carnets du
maître, d’autres ont été dictés par celui-ci et sont de la main de dix-sept de
ses disciples. Les Alankaras (ornementations) du Vadan et du Nirtan sont
extraits des Nature Meditations (Méditations sur la nature) dictées à
Wissous, en 19218.
À la fois conforme aux tenants de l’islam et ouvert aux autres
confessions dans leur expression mystique, l’enseignement de Hazrat Inayat
Khan a pour origine et fin la déification de l’âme du chercheur de vérité.
L’identification à Dieu par l’amour comme facteur de connaissance s’y
exprime tour à tour dans les termes les plus ciselés et les plus poétiques.
Mais la voie de la connaissance fait également l’objet de nombreux poèmes
et épigrammes, sans doute parce qu’il faut connaître pour aimer et aimer
pour connaître ; mais surtout parce que, pour Hazrat Inayat Khan, Dieu est
l’unité de l’amour et de la connaissance.
Les pages qui suivent recoupent un choix effectué à partir
des 1 494 aphorismes, poèmes et prières qui composent l’original. Ces
pièces traitent de tous les sujets en lien avec l’accomplissement spirituel.
Nous avons retenu pour ce livre les textes qui nous semblent exprimer au
plus près l’essence de cet accomplissement. Nous avons également
regroupé plusieurs aphorismes à la suite lorsque leur forme et leur contenu
le suggéraient. Les incises entre crochets sont de nous.
1 Nous nous inspirons largement de Louis Gardet (La Mystique, PUF, “Que sais-je” no 694, 1981,
p. 99-116). Voir également du même auteur : La Mystique musulmane : aspects et tendances,
expériences et techniques, Librairie Vrin, 1961 ; et de Louis Gardet et Olivier Lacombe :
L’Expérience du Soi : étude de mystique comparée, DDB, 1981, p. 212 à 231.
2 Voir An-Nawâwî, Les Quarante Hadiths : les traditions du Prophète, traduit par Mohammed Tahar,
Les Deux Océans, 1980, Hadith 3, p. 16.
3 La langue maternelle de Hazrat Inayat Khan était l’ourdou.
4 L’une des quatre confréries soufies d’Inde. Les trois autres sont les confréries Qadiri, Naqshbandi
et Sohrawardi (voir Hazrat Inayat Khan, La Vie intérieure, Koutoubia, 2009, postface, p. 99).
5 Hazrat Inayat Khan était un prince de haute lignée politique et spirituelle. Par sa grand-mère
paternelle, il était le descendant du sultan Tipu de Mysore (1749-1799), alias Tipu Sahib, alias Tipu
Sultan, alias le Tigre de Mysore. Sultan de Mysore à partir de 1782, cet illustre ancêtre s’opposa à
l’installation des Britanniques en Inde en se faisant l’allié de la France. Jules Verne fait de Tipu
l’oncle du capitaine Nemo dans son roman Vingt mille lieues sous les mers. Enfin, par son grand-père
paternel, Hazrat aurait été le lointain descendant de Juma Shah, un saint soufi qui vécut au XVe
siècle.
6 Voir H. Inayat Khan, La Vie intérieure, op. cit., p. 107.
7 Elle-même poète, musicienne et auteur de contes pour enfants, Noor connaîtra un destin à la fois
singulier et tragique. Envoyée comme agent de liaison dans la France occupée par la Direction des
opérations spéciales (SOE) britannique en vue du débarquement, elle accomplit sa mission contre
l’avis de ses supérieurs qui jugeaient préférable de la rapatrier en Angleterre à la suite d’une rafle qui
avait vu l’arrestation du réseau parisien du SOE. Arrêtée par la Gestapo sur dénonciation, elle fut
déportée en Allemagne après deux vaines tentatives d’évasion. Là, elle fut gardée à l’isolement
pendant près d’une année avant de se voir transférée à Dachau dans le cadre du “programme” Nuit et
brouillard. Après une bastonnade en règle, elle fut exécutée le 13 mars 1944 d’une balle dans la
nuque. Son nom de code était “Madeleine”. Elle a reçu la George Cross, décernée aux civils pour
actes de bravoure, et a été décorée de l’Ordre de l’Empire britannique. La France lui a accordé la
Croix de guerre 1939-1945.
8 Voir The Complete Works : Sayings I, Omega Publications, 1989, préface, p. 7-9.
GAYAN
La musique du silence
ALAPAS
Dès lors qu’un reflet de Notre image est enclos en l’homme, dès lors que le
ciel et la terre sont voulus en l’homme, qu’y a-t-il au monde qui ne soit pas
en l’homme ? Si l’on se donne seulement la peine de l’explorer, on trouvera
à satiété.
Renonce à tout ce qui est tien, et Nous ferons tien tout ce qui est Nôtre.
ORNEMENTATIONS – ALLÉGORIES
PAROLES DE FEU
Une conscience immaculée nous donne la force des lions, mais à cause
d’une conscience coupable, même les lions se transforment en lapins.
Bien des maux naissent de la richesse, mais plus encore sont engendrés
par la pauvreté.
Ne pleure point avec ceux qui sont tristes, mais console-les ; car, par tes
larmes, tu ne ferais qu’arroser la plante de leur chagrin.
Le mystique n’attend pas l’au-delà, il fait dès à présent tout son possible
pour progresser.
Celui qui fait de la place en son cœur pour les autres trouvera pour lui-
même une place en tout lieu.
Mieux vaut un pécheur au cœur tendre qu’un saint endurci par la piété.
Les écueils s’ouvriront et feront un chemin à celui qui est animé par
l’amour.
Tout ce qui retarde l’homme sur sa route vers le but désiré s’appelle
tentation.
Tiens ta bonté à l’écart, afin qu’elle n’entre pas en contact avec ta vanité.
Quand l’homme désavoue sa dette envers toi, elle est alors mise au
compte de Dieu.
La sagesse est semblable à l’horizon : plus l’on s’en approche, plus elle
s’éloigne.
Quand l’âme est en harmonie avec Dieu, chaque action devient musique.
Vivre dans un milieu hostile est pire que d’être dans la tombe.
La mort est l’impôt dont l’âme doit s’acquitter pour avoir reçu un nom et
une forme.
Ceux qui vivent dans la présence de Dieu s’en remettent à lui à chaque
pas comme à un guide.
Le jardinier plante des roses dans les massifs et des buissons épineux en
limite de propriété.
Le plus grand amour est souvent, dans la vie, celui qui couve sous un
voile d’indifférence.
Offenser une personne vile équivaut à jeter une pierre dans la boue et à
en être éclaboussé.
Ceux qui sont mis en échec à cause de leur personnalité cherchent refuge
dans le groupe.
Satan se présente toujours sous les plus beaux atours afin de cacher à la
vue de l’homme l’idéal le plus noble.
Un seul esprit et une seule vie nous maintiennent tous. Comment, dans
ces conditions, serions-nous heureux quand notre semblable est dans
l’affliction ?
Il n’est rien qui soit accidentel ; toutes les situations de la vie sont
ordonnées à une finalité certaine.
Alors que notre soi lui-même nous échappe, est-il une seule chose au
monde que nous puissions appeler nôtre ?
Ferme les yeux sur la plus grande faute d’autrui, mais abstiens-toi d’y
prendre la moindre part.
Il faut d’abord que l’homme s’enivre des plaisirs de la vie, puis qu’une
certaine modération s’installe, pour qu’il commence à s’émerveiller.
La douleur de vivre est le prix que l’on paie pour la vivification du cœur.
Chaque croyance recèle un bienfait pour celui qui croit, et abolir cette
croyance équivaut à anéantir son Dieu.
Les larrons coupables d’une même faute s’unissent pour faire une vertu
de leur péché commun.
La vie se révèle pleine de bienfaits dès lors que l’on sait les accueillir.
Peu importent les échecs que l’on rencontre dans la vie, le plus grand
malheur est de rester sur place.
Il n’est rien que nous prenions dans ce bazar qu’est la vie qu’il ne nous
faille payer tôt ou tard.
Le diamant doit être taillé avant que son eau ne donne tout son éclat.
Servir Dieu signifie que chacun d’entre nous œuvre pour tous les autres.
Le bonheur, seul, est naturel et ne s’atteint qu’au moyen d’une vie vécue
selon la nature.
Les gens claquemurent leurs idées de peur que leur esprit ne s’évade
entre les barreaux.
L’âme est soit élevée, soit rabaissée, par les effets de ses propres pensées,
paroles et actions.
Celui qui vit au niveau de ses plus nobles sentiments vit dans le Ciel,
mais quand il les exprime avec des mots, il retombe sur terre.
Celui qui prend conscience des conséquences de ses actes sur lui-même
commence à élargir sa manière de voir la vie.
La vie est ce qu’elle est. Vous ne la changerez pas, mais vous pouvez
vous changer vous-même.
Être seul avec soi-même est comme être avec un ami dont la compagnie
durera toujours.
Celui qui ne garde aucun secret n’a aucune profondeur ; son cœur est
semblable à un récipient renversé.
Celui qui conçoit clairement la finalité de la vie est déjà sur la Voie.
Toutes choses sont bonnes, mais toutes ne sont pas bonnes pour tous, ni
justes en tout temps.
L’ego mensonger est un dieu factice. Une fois que celui-ci est abattu, le
Dieu de fidélité se manifeste.
Celui qui adore Dieu et méprise l’homme pratique [sa religion] en vain.
Plus vous faites étalage de vos dons, plus diminue la valeur de ce qui est
sans prix.
Le profit engrangé sur la ruine d’autrui n’est pas un gain à long terme.
Le guide spirituel joue le rôle de Cupidon en ce qu’il aide les âmes qui
cherchent [la vérité] à se rapprocher de Dieu.
La vérité n’est pas accessible à tous dans sa pureté, mais celui qui la voit
n’a plus besoin d’être enseigné.
Sur un million de croyants, c’est à peine s’il en est un qui fasse de Dieu
une réalité.
Une âme qui danse manifeste de la grâce dans ses moindres faits et
gestes.
La vie doit être notre principale préoccupation. Quant à la vraie vie, c’est
la vie intérieure, l’accomplissement de la nature de Dieu.
La modestie est le voile sur la face des grands. Parce que Dieu lui-même
fait preuve d’une infinie modestie, nul autre que ses intimes ne le voit.
Dieu vit au sein de la nature, mais nous l’enterrons vivant sous nos
constructions artificielles qui lui sont comme un tombeau et le recouvrent.
L’amour est le filet dans lequel les cœurs se laissent attraper comme des
poissons.
L’homme, dans la vie, est tiraillé aux quatre vents que sont la nature, les
circonstances, la loi et son idéal.
Quelle que soit la direction où te mènent tes pas, l’idéal sera la boussole
qui t’indiquera le chemin.
Si, par mégarde, tu marches dans la boue, ne te crois pas pour autant
obligé de continuer à cheminer dans le bourbier.
Tous les trésors du monde seraient encore un trop faible tribut pour une
seule parole capable d’embraser l’âme.
Reste ferme dans la vie, tel un brisant sur les flots qui ne se laisse point
troubler et reste indifférent au flux et au reflux des vagues.
La vérité, quand elle est dite avec chaleur, ne peut qu’apaiser le cœur de
celui qui l’entend.
Un seul instant d’une vie sincère vaut plus que mille ans d’une vie de
mensonge.
Se préoccuper des fautes d’autrui est un ajout superflu aux tracas que
nous causent nos propres manquements.
Étouffer le désir, c’est réprimer un élan divin.
Quand une personne réservée dit “Oui” ou “Non”, ses paroles ont plus de
poids et d’influence que tous les délayages d’un bavard.
Une vérité qui trouble la paix et l’harmonie est pire qu’un mensonge.
À force de mensonges, on peut établir le bien-fondé d’une assertion
inexacte, mais en dépit de tout cela, la tromperie apparaîtra finalement
comme telle dans les faits.
Lorsque l’on sait à quel point il est malaisé pour le sage de juger des
actions du dernier des pécheurs, qui d’autre qu’un sot s’aviserait de juger un
saint homme ?
Pour atteindre son idéal, il faut que l’homme prenne d’abord conscience
de ses sottises et qu’ensuite il s’efforce de se corriger en se persuadant qu’il
peut changer.
De même que les jeunes pousses sont soignées en serres, toutes choses en
leur commencement se doivent d’être protégées contre les vents violents de
la destruction.
Alors qu’il est difficile, même pour l’homme épris des biens terrestres, de
vivre en ce monde, qu’en sera-t-il pour le spirituel !
De même que l’eau est, dans le monde matériel, l’élément qui purifie et
nettoie, c’est à l’amour qu’échoit ce même office dans les plans supérieurs.
La grandeur de Dieu est visible dans la nature, mais même la plus haute
noblesse humaine ne le manifeste qu’en miniature.
Quand l’homme est obligé de choisir entre son bénéfice spirituel et son
intérêt matériel, c’est alors qu’il dévoile si son trésor se trouve sur terre ou
dans le ciel.
La vie est une occasion, non seulement d’accomplir ses désirs, mais
encore de satisfaire aux plus profondes aspirations de l’âme.
La noblesse d’âme est aussi innée chez l’homme que le parfum chez la
fleur. Elle ne s’apprend ni ne s’enseigne.
Il ne faut qu’un instant pour tomber du ciel sur la terre, mais pour
s’élever de la terre jusqu’au ciel une longue vie ne suffit pas toujours.
L’amour, dans sa plénitude, est une force ineffable plus éloquente que les
mots. Il n’est rien que l’homme ne puisse accomplir lorsque l’amour
s’épanche de son cœur.
C’est l’obscurité de notre propre cœur qui, lorsqu’elle s’abat comme une
ombre sur le cœur d’autrui, se transforme en doute en y pénétrant.
Tout ce qui vit est esprit, et tout ce qui meurt est matière.
Le pouvoir coûte souvent plus cher qu’il ne vaut. Celui qui accède au
pouvoir sans en maîtriser le bon usage finira par le perdre, car tout ce qui
est maintenu par la force se révoltera un jour.
Chaque âme en ce monde mène une quête singulière, définie, et qui lui
est propre ; mais c’est en Dieu que chacune atteint au mieux l’objet de sa
recherche.
Si un désir n’est pas comblé, cela signifie que la personne [qui désire] ne
sait pas désirer. L’échec provient du flou de l’intention.
La personne du Prophète est le filet divin dans lequel Dieu prend les
âmes à la dérive dans le monde.
Ne confie point ton secret au diable, car celui-là qui est censé être ton
esclave deviendrait ton maître.
Chacun d’entre nous crée son propre Dieu, mais nous imaginons
seulement sa forme, non sa vie, et façonnons ainsi des dieux multiples à
partir de l’Être un et unique.
Dieu seul existe, qu’il soit conçu comme Dieu unique ou sous forme
d’une pluralité de dieux, car toutes les grandeurs numérales ne sont que la
continuation de un.
Toutes les choses qui pourront paraître encenser mon statut m’abaissent
en vérité à mes propres yeux. La seule chose qui me fasse éloge est l’oubli
total de moi-même dans la vision parfaite de Dieu.
Il n’est aucune tâche que je considère comme trop humiliante pour moi,
et il n’est aucune situation, si prestigieuse soit-elle, qui puisse me rendre
plus heureux que je ne le suis déjà dans la dignité de mon Seigneur.
Il ne fait aucune différence à mes yeux que l’on me porte aux nues ou
que l’on me voue aux gémonies. La vie, pour moi, est une mer en perpétuel
mouvement où la houle de la grâce et de la disgrâce ne cesse de monter et
de descendre.
J’ai plus appris par mes fautes que par mes vertus. Si j’avais toujours agi
correctement, je ne serais pas humain.
Mon intuition ne me fait jamais défaut, mais j’échoue chaque fois que je
ne l’écoute pas.
Je ne blâme personne pour ses torts, mais je n’encourage pas non plus
quiconque dans cette voie [du tort].
Je travaille avec simplicité, sans me soucier des résultats. Mon plaisir est
d’accomplir la tâche qui m’est confiée au mieux de mes capacités, et
j’abandonne les effets à la cause.
Je ne suis pas venu pour réformer l’humanité. Je suis venu pour l’aider à
aller de l’avant.
Si quelqu’un frappe mon cœur, celui-ci ne se brise pas, mais prend feu, et
la flamme qui apparaît devient une torche sur mon chemin.
Ma plainte monte des profondeurs vers les cieux tel un cri de la terre, et
une réponse me parvient du dedans sous forme de message.
Je suis une vague sur l’océan de la vie qui porte vers le rivage tous ceux
qui entrent dans son enveloppement.
GAYATRI
CHANTS SACRÉS
Amen
Salât (Prière)
Très Bienveillant Seigneur, Maître, Messie et Sauveur de l’humanité,
Nous te saluons en toute humilité.
Tu es la Cause Première et l’Ultime Effet, la Lumière divine et l’Esprit
qui guide, l’Alpha et l’Oméga.
Ta Lumière est en toutes formes, ton amour en tout être : chez la mère
aimante, le père attentionné, l’enfant innocent, l’ami secourable, le maître
stimulant.
Accorde-nous de te connaître sous tous tes saints noms et toutes tes
formes sacrées, en tant que Rama, Krishna, Shiva, Bouddha.
Permets que nous te reconnaissions en Abraham, Salomon, Zoroastre,
Moïse, Jésus, Mohammed, ainsi que sous bien d’autres noms et formes,
connus et inconnus du monde.
Nous adorons ton passé, ta présence illumine notre être au plus intime, et
nous demandons ta bénédiction pour l’avenir.
Ô messager, ô Christ, Nabi, l’Envoyé de Dieu !
Toi, dont le Cœur tend constamment vers le haut, tu apportes sur terre un
message, telle une colombe du ciel lorsque le Dharma décline, et enseignes
le Verbe qui est mis dans ta bouche, de même que la lumière emplit la lune
montante.
Que l’étoile de la Lumière divine qui brille dans ton cœur se reflète dans
le cœur de tes fidèles.
Puisse le message de Dieu se répandre partout, illuminant et unifiant
l’humanité tout entière en une seule communauté de frères dans la Paternité
de Dieu.
Amen
Khatum (Prière de clôture)
Ô toi, qui es la perfection de l’Amour, de l’Harmonie et de la Beauté,
Le Seigneur du ciel et de la terre,
Ouvre nos cœurs, afin que nous puissions entendre ta Voix qui s’exprime
en permanence du dedans.
Dévoile-nous ta divine Lumière, qui est cachée dans nos âmes, afin que
nous puissions mieux connaître et comprendre la vie.
Dieu Tout Miséricordieux et Très Clément, donne-nous ta grande
Bienveillance,
Enseigne-nous ton tendre Pardon,
Élève-nous au-dessus des distinctions et des différences qui divisent les
hommes,
Envoie-nous la paix de ton Esprit divin ;
Et unis-nous tous dans la Perfection de ton Être.
Amen
Doua (Invocation)
Garde-moi, mon Seigneur, des passions terrestres et des attaches qui
aveuglent le genre humain.
Garde-moi, mon Seigneur, des tentations du pouvoir, de la renommée et
de la richesse, qui tiennent l’homme éloigné de ta vision glorieuse.
Garde-moi, mon Seigneur, des âmes qui passent leur temps à blesser leur
semblable et à lui nuire, et qui prennent plaisir à la souffrance d’autrui.
Garde-moi, mon Seigneur, du mauvais œil de l’envie et de la jalousie qui
tombe sur tes Dons abondants.
Garde-moi, mon Seigneur, des mains des enfants espiègles de la terre, de
crainte qu’ils ne m’utilisent dans leurs jeux, car jouant avec moi, ils
risqueraient de me briser à la fin, comme font les enfants avec leurs jouets.
Garde-moi, mon Seigneur, de toute sorte de torts dus à la rancœur de mes
adversaires et à l’ignorance de mes pieux amis.
Amen
Nayaz (Prière de guérison)
Seigneur Bien-Aimé, Dieu Tout-Puissant !
Par les rayons du soleil,
Par les vagues de la mer,
Par la Vie qui imprègne toute l’étendue,
Purifie-moi et revivifie-moi, et, je t’en prie,
Guéris mon corps, mon cœur et mon âme.
Amen
Amen
RAGAS
Ta lumière est entrée dans les antichambres secrètes de mon mental (mind) ;
ton amour s’est établi au plus intime de mon cœur ; tes yeux sont la lumière
de mon âme ; ton agir conduit mon action. Dans ta paix unique ma vie puise
son repos. Ta volonté préside à chacun de mes élans. Ta voix résonne dans
les paroles que je prononce. Ta propre image irradie mon visage. Mon corps
n’est qu’une enveloppe apposée sur ton âme. Ma vie est ta respiration
même, mon Bien-Aimé, et mon soi est ton être propre.
Tu verses le vin dans ma coupe vide à chacune de nos rencontres, sur les
collines et dans les vallées, au sommet des hautes cimes, dans les forêts
denses et les déserts arides, sur les rivages de la mer en furie et sur les
berges de la rivière en pente douce. Alors s’élève en mon cœur l’amour qui
n’est point de ce monde et la céleste joie.
Ton murmure aux oreilles de mon cœur émeut mon âme jusqu’à l’extase.
Les vagues de joie qui montent de mon cœur forment des rets où ta Parole
vivante peut se balancer. Sourd à toute sollicitation du dehors, mon cœur
attend patiemment ton Verbe. Ô toi qui es enclos dans mon cœur, parle-moi
encore ; ta voix soulève mon esprit.
Je me raccroche à toi avec une foi enfantine, portant en mon cœur ton
image très gracieuse. J’ai cherché refuge en ton sein, mon Bien-Aimé, et me
voici en sécurité dans tes bras.
Un instant de vie avec toi vaut plus qu’une longue vie en ton absence.
Mon chagrin de toujours, je l’oublie dès que tu poses les yeux sur moi.
Le temps n’est pas pour moi : entrevoir ta vision de gloire suffit à me rendre
éternel.
C’est toi qui fais ma fierté, car lorsque je prends conscience de mon moi
limité, je me sens le plus humble des êtres vivants.
Puissé-je croître en silence dans ton jardin comme une plante coite, afin
qu’un jour mes fleurs et mes fruits puissent chanter la légende de mon
silencieux passé.
Ta musique pousse mon âme à danser. Dans le murmure du vent,
j’entends ta flûte, et les vagues de la mer donnent le rythme à mes pas
cadencés. Au contact de toute la nature, j’entends se jouer ta musique, mon
Bien-Aimé. Mon âme, en dansant, exprime sa joie dans son chant.
Ton sourire a rendu mon défunt cœur à la vie : ma vie et ma mort sont à
la grâce de tes paupières qui s’ouvrent et se ferment.
Donne-moi encore une coupe, ô Échanson ! Je lui accorderai plus de prix
qu’à toute la vie que j’ai vécue.
SOURAS
Telle l’ombre, le mal est visible bien que sans existence propre.
Toutes les choses que l’on cherche en Dieu, telles que la lumière, la vie,
la vigueur, la joie et la paix, se peuvent trouver dans la vérité.
RYTHMES – COMPARAISONS
L’amour venu d’en haut est pardon ; venu d’en bas, il est dévotion.
Qui rend plus de bien qu’il n’en a reçu est un homme bon ; celui qui rend
moins de bien qu’il n’en a reçu est un égoïste ; qui s’efforce de se montrer
impartial dans l’échange de bienfaits est un pragmatique ; mais qui rend le
bien pour le mal est un saint.
Qui rend moins de mal qu’il n’en a reçu est un homme ordinaire ; qui
s’efforce de rendre autant de mal qu’il en a reçu est méchant ; qui rend plus
de mal qu’il n’en a reçu est un démon ; mais celui qui rend le mal pour le
bien n’a pas de nom.
Celui qui se garde de la tromperie d’autrui est malin ; celui qui ne fournit
pas à autrui l’occasion de le tromper est sage ; celui qui se laisse berner par
autrui est un nigaud ; mais celui qui se fait sciemment la dupe d’autrui
manifeste l’étoffe d’un saint.
Si vous désirez que les gens vous obéissent, il vous faudra apprendre à
obéir à vous-même ; si vous souhaitez que les gens vous croient, il vous
faudra apprendre à croire en vous-même ; si vous souhaitez que les gens
vous respectent, il vous faudra apprendre à vous respecter vous-même ; si
vous souhaitez que les gens vous fassent confiance, il vous faudra
apprendre à vous faire confiance à vous-même.
Brave est celui qui traverse courageusement toutes les épreuves ; lâche
celui qui a peur de faire un pas dans une direction nouvelle ; insensé celui
qui nage avec le courant du caprice et des plaisirs ; sage celui qui traverse
toutes choses sans quitter la voie qui le conduit à destination.
La vie est un échange équitable où tout s’ajuste à son heure. Tout ce que
vous y puisez, vous devrez en payer le prix tôt ou tard. Parfois, l’on peut
payer d’avance, parfois à la livraison, d’autres fois plus tard encore, à
réception de la facture.
Celui qui craint le vice s’assujettit au vice. Celui qui est dépendant du
vice est son esclave. Celui qui se familiarise avec le vice devient l’élève du
vice. Celui qui tire la leçon du vice, passe au travers et s’élève au-dessus de
lui devient maître et conquérant.
L’ignorant a les yeux plus grands que le ventre, prend une charge
beaucoup trop lourde pour ses épaules, coupe la branche sur laquelle il est
assis et parsème son propre chemin d’épines.
Celui qui dit : “Je ne puis tolérer…” révèle sa petitesse [d’esprit]. Celui
qui dit : “Je ne puis supporter…” exprime sa faiblesse. Celui qui dit : “Je ne
puis m’associer à…” montre ses limites. Celui qui dit : “Je ne puis
pardonner…” manifeste son imperfection.
Celui qui faillit à soi-même faillit à tous. Celui qui se conquiert lui-même
conquiert tout.
Heureux celui qui fait le bien d’autrui, et malheureux celui qui attend le
bien des autres.
L’amour qui évolue est comme l’eau douce de la rivière qui court, mais
l’amour qui n’évolue point est comme l’eau saumâtre de l’océan.
Si vous êtes fin et intelligent, c’est un fait de la nature ; mais si vous êtes
simple et sage, cela relève du mystère.
Celui qui ne laisse point passer l’occasion de faire le bien est un homme
bon, et celui qui saisit une telle occasion chaque fois qu’elle se présente est
meilleur encore ; mais celui qui est toujours à l’affût d’une occasion de faire
le bien est béni entre tous les hommes.
Celui qui ignore la vérité est un enfant, celui qui la cherche est un
adolescent, mais celui qui l’a trouvée est une vieille breloque.
Soyez satisfaits de ce que vous possédez, soyez reconnaissants pour ce
qui ne vous appartient pas, car c’est autant de souci en moins ; mais
efforcez-vous d’obtenir ce qui vous est nécessaire et tirez le meilleur parti
de chaque moment de votre vie.
Que votre cœur se fasse aussi tendre que la cire afin de compatir avec
autrui, mais qu’il soit dur comme le roc afin de supporter les coups qu’il
reçoit de l’extérieur.
Celui qui combat sa nature au nom de son idéal est un saint. Celui qui
soumet son idéal à la prise de conscience de la vérité est le maître.
Celui-ci est vivant dont la compassion est éveillée, et celui-là est mort
dont le cœur est endormi.
L’homme est à lui-même son propre exemple. S’il est fourbe, tout lui
semblera faux ; et s’il est véridique, tout lui semblera vrai.
TANAS
— Pins, qu’êtes-vous ?
— Nous sommes le fantôme des sages qui ont préféré veiller dans la
solitude de la forêt plutôt que de vivre dans le monde.
— Pins, que signifient vos branches ?
— Ce sont les mains descendues du ciel pour bénir la terre.
— Pins, à quoi servez-vous ?
— Nous sommes les temples érigés pour les adorateurs de Dieu dans la
nature.
— Pins, confiez-moi le secret de votre vie.
— Nous sommes l’ombre des âmes crucifiées qui attendent patiemment
l’heure de leur libération.
— “Pourquoi”, qu’es-tu ?
— Je suis le cri de l’esprit avide.
— “Pourquoi”, quelle est ta raison d’être ?
— Je suis le heurtoir sur une porte fermée.
— “Pourquoi”, que représentes-tu ?
— La chouette qui ne peut voir en plein jour.
— “Pourquoi”, de quelle maladie te plains-tu ?
— D’empoisonnement mental.
— “Pourquoi”, dans quelle situation vis-tu ?
— Je suis enfermé dans une pièce obscure.
— “Pourquoi”, combien de temps durera ta captivité ?
— Tant que durera la nuit.
— “Pourquoi”, qu’attends-tu avec tant d’impatience ?
— Le point du jour.
— “Pourquoi”, tu es toi-même le voile posé sur la réponse que tu
sollicites.
La divine symphonie
ALAPAS
L’amour qui finit est l’ombre de l’amour ; le véritable amour est sans
commencement ni fin.
Que le courage soit ton épée et la patience ton bouclier, petit soldat.
L’ardent désir de chaque âme, je le suis. Tous les cœurs entendent mon
appel. Chacun connaît mon signal, mon ami aussi bien que mon ennemi.
Mes pensées, je les ai semées sur le sol de ton mental, et mon amour a
pénétré ton cœur ; ma parole, je l’ai mise dans ta bouche, et ma lumière a
irradié ton être intégral. Mon œuvre, je l’ai remise entre tes mains.
Un jour, j’ai rencontré le Seigneur face à face et, pliant les genoux, j’ai
prié : “Dis-moi, ô Roi de Compassion, est-ce toi qui punis le pécheur et
accordes des récompenses aux vertueux ? – Non, répondit-il en esquissant
un sourire, le pécheur s’attire son propre châtiment, et le vertueux mérite sa
récompense.”
ALANKARAS
ORNEMENTATIONS – ALLÉGORIES
Puissent les cieux se refléter sur la terre, Seigneur, afin que celle-ci se
transforme en paradis.
Que ta parole, mon Dieu, devienne l’expression de ma vie.
Parle-moi depuis le dedans, mon Seigneur : les oreilles de ton serviteur
sont grand ouvertes.
*
La nature susurre ta parole à mes oreilles.
C’est ta propre image, Seigneur, que je vois dans ta création.
C’est grâce à ta seule force que je puis supporter le poids de mes
responsabilités en cette vie.
Ô idéal bien-aimé de mon âme, je t’en prie, montre-toi à moi sous des
traits humains.
Sublime nature, ton reflet fait naître en mon cœur la glorieuse vision de
Dieu.
Je m’incline vers toi, ô terre mère, en signe d’adoration pour le Père qui
est dans le ciel.
Les fleurs sont l’empreinte de tes pas quand tu danses.
La tête tournée vers le ciel et les mains jointes en prière, je lève les yeux
vers toi comme font les montagnes rocailleuses.
Espace, c’est en toi que je trouve le Dieu sans forme.
Quand je suis absorbé dans ta glorieuse vision, Bien-Aimé, mes larmes
mêmes se transforment en étoiles.
Depuis que mon âme entrevoit ta lumière, mon regard est devenu comète.
Puissé-je ne point être retenu dans les cieux, Seigneur, car je languis
d’impatience de parvenir à ta demeure.
Comme le soleil couchant, j’incline bas mon front à tes pieds dans un
abandon aimant.
Lève, Seigneur, la barrière qui te sépare de moi.
Tu me guideras avec sagesse, Seigneur, car je suis un enfant sur le
chemin de la vie.
Seigneur, fais que mon moi imparfait s’achemine vers ton Être parfait,
ainsi que la lune montante devient pleine.
Chaque tige devient ton anche, chaque feuille devient ton doigt, Bien-
Aimé, lorsque tu joues de la flûte au désert.
Mon âme, telle une boussole, reste pointée vers toi, tandis que ma vie
essuie la tempête.
La terre attire la terre, l’eau est entraînée par l’eau, et mon âme aspire à
retourner en ton sein, Bien-Aimé, dans l’immense vastitude.
Rose, dans tes pétales, je contemple les joues rouges de mon Bien-Aimé.
Seul sur les flots, seul sur la terre ferme : dans la foule et dans la solitude,
seul je me tiens. Mon soi bienveillant ne recherche pas le plaisir dans le
malheur d’autrui, la vie dans la mort d’un autre, le profit dans sa défaite, ni
les honneurs dans son humiliation.
*
Tandis que j’errais par la forêt, une épine piqua mon pied nu et s’écria :
— Eh, tu m’as écrasée !
J’en fus navré et lui demandai pardon.
Puis une guêpe qui passait par là enfonça son dard dans mon bras et
protesta :
— Eh, tu m’as coincée dans ta manche !
J’en fus navré et lui demandai pardon.
C’est alors que je glissai et mis le pied dans une mare d’eau boueuse.
— Eh, tu as troublé ma tranquillité ! rouspéta l’eau.
J’en fus navré et lui demandai pardon.
Enfin, je posai distraitement la main sur un feu ardent, et celui-ci hurla :
— Eh, tu m’as éteint !
J’en fus navré et lui demandai pardon.
Puis je me tournai vers mon soi affable et demandai :
— Et toi, as-tu écopé de quelque mal ?
— Tu peux être reconnaissant, répondit-il, de t’en tirer à si bon compte !
*
Je m’envolerai plus haut que le plus haut des cieux,
Je plongerai plus profondément que les abîmes de l’océan,
J’irai plus loin que le vaste horizon,
Je pénétrerai au plus intime de mon être.
Tu me connais si peu, ô vie inconstante,
Je m’établirai en ce fief où la mort ne parvient pas,
Je redresserai bien haut la tête avant que tu ne me tournes le dos,
Je scellerai mes lèvres avant que tu ne fermes les portes de ton cœur,
Je sécherai mes larmes avant que tu ne dédaignes mes soupirs,
Je m’envolerai jusqu’aux cieux, ô monde illusoire, avant que tu ne me
jettes à bas sur la terre.
Règles d’or
À l’usage de mon soi dévoué
Sois fidèle à tes principes dans l’abondance comme dans l’adversité.
Fais preuve de fermeté dans la foi à travers les épreuves et les
vicissitudes de la vie.
Garde le secret des amis comme ton investissement le plus précieux.
Pratique la fidélité en amour.
Ne manque pas à ta parole d’honneur quoi qu’il puisse advenir.
Accueille le monde avec le sourire dans toutes les circonstances de la vie.
Lorsque tu possèdes une chose, songe à celui à qui elle fait défaut.
Garde ta dignité quoi qu’il en coûte.
Maintiens ton idéal élevé en toutes circonstances.
Ne délaisse pas ceux qui dépendent de toi.
Règles d’argent
À l’usage de mon soi dévoué
Considère le devoir comme étant aussi sacré que la religion.
Aie recours au tact en toute occasion.
Juge chacun à sa juste valeur.
Ne cherche pas à devenir pour quiconque plus que ce que tu es censé
être.
Tiens compte de la sensibilité de chaque âme.
Ne défie point quiconque n’est pas ton égal.
Ne fais point étalage de ta générosité.
Ne demande pas de services à ceux dont tu sais qu’ils te les refuseront.
Combats tes défauts avec l’épée de l’estime de soi.
Ne laisse point ton esprit s’émouvoir dans l’adversité.
Règles de cuivre
À l’usage de mon soi dévoué
Envisage ta responsabilité comme une chose sacrée.
Sois poli envers tous.
Ne fais rien dont tu aies ensuite à rougir.
Accorde ton aide de bon gré à ceux qui sont dans le besoin.
Ne méprise point celui qui t’admire.
Ne juge pas autrui selon ta propre manière.
N’entretiens aucune malveillance à l’encontre de ton pire ennemi.
N’incite personne à faire le mal.
N’aie de préjugés contre personne.
Montre-toi digne de confiance dans toutes tes transactions.
Règles de fer
À l’usage de mon soi diligent
Ne fais pas de fausses déclarations.
Ne médis point des absents.
Ne profite pas de l’ignorance d’autrui.
Ne te vante pas de tes bonnes actions.
Ne revendique pas la propriété d’un autre.
Ne fais point de reproches à autrui, tu le raffermirais dans ses fautes.
Ne ménage point tes efforts dans la tâche qu’il t’incombe d’accomplir.
Accorde fidèlement tes services à tous ceux qui les requièrent.
Ne cherche pas le profit en plaçant quelqu’un dans une mauvaise passe.
Ne fais du tort à personne pour ton propre bénéfice.
SOURAS
La source qui jaillit de mon cœur, c’est toi qui l’alimentes, mon Bien-Aimé,
et mon esprit connaît l’extase de se dissoudre sous ta divine ondée.
Lorsque, une couronne sur la tête, tu t’es assis sur ton trône, je me suis
prosterné face contre terre et t’ai appelé mon Seigneur.
Lorsque tu as étendu tes mains sur moi pour me bénir, je me suis
agenouillé et t’ai appelé mon Maître.
Lorsque tu m’as relevé de terre en me prenant dans tes bras, je me suis
blotti contre toi et t’ai appelé mon Bien-Aimé.
Mais lorsque tes mains affectueuses ont tenu ma tête contre ton cœur
incandescent et que tu m’as donné un baiser, j’ai souri et t’ai appelé moi-
même.
De tes mains habiles, tu as créé ces fleurs ; par la puissance de ton regard
miraculeux, tu les as si merveilleusement colorées. Puis tu leur as donné vie
et éclat par un souffle de toi, et d’un baiser, tu les as rendues odorantes.
Que ma vision pénétrante soit plus profonde que l’océan. Que ma pensée
(mind) soit plus fertile que les champs. Que mon cœur, Bien-Aimé, soit plus
vaste que l’horizon. Et que mon âme s’envole plus haut que le paradis.
Entre sans hésitation, Bien-Aimé, car en cette demeure, il n’est rien que
mon ardent désir pour toi.
T’appellerai-je mon âme ? Mais tu es mon esprit !
Puis-je t’appeler ma vie ? Mais tu vis éternellement !
T’appellerai-je mon Bien-Aimé ? Mais tu es l’Amour même !
Comment, alors, dois-je t’appeler ? Je t’appellerai moi-même !
Pourquoi ne t’ai-je point reconnu lorsque j’ai ouvert les yeux sur ce
monde pour la première fois ?
Pourquoi suis-je resté indifférent à l’appel de ta voix merveilleuse ?
Pourquoi n’ai-je pas senti ta douce caresse lorsque tu as effleuré mon
visage ?
Pourquoi ne t’ai-je pas serré contre moi, Bien-Aimé, lorsque tu as
embrassé tendrement mes lèvres ?
Quand j’ai commencé à te chercher, en un clin d’œil tu as disparu !
Quand je me suis mis en quête de toi, tu t’es éloigné de plus belle !
Quand je t’ai apostrophé tout haut dans mon angoisse, tu n’as pas
entendu l’âpre cri de mon âme.
Assis en tailleur, je me tins coi ; c’est alors que, dans la solitude,
j’entendis ton appel.
— Tournesol, qu’es-tu ?
— Je suis l’œil du chercheur de lumière.
— Mort, qu’es-tu ?
— Je suis l’ombre de la vie.
— Mort, de quoi es-tu née ?
— Je suis née de l’ignorance.
— Mort, où est ta demeure ?
— Ma demeure est dans l’âme de l’illusion.
— Mort, ne meurs-tu jamais ?
— Assurément, quand je suis transpercée par la flèche du regard du
voyant.
— Mort, qui attires-tu près de toi ?
— J’attire celui qui est fasciné par moi.
— Mort, qui aimes-tu ?
— J’aime celui qui se languit de moi.
— Mort, de qui t’occupes-tu ?
— Je m’occupe avec empressement de celui qui fait appel à moi.
— Mort, qui effraies-tu ?
— J’effraie celui qui ne s’est point habitué à moi.
— Mort, qui caresses-tu ?
— Celui qui s’abandonne avec confiance dans mes bras.
— Mort, avec qui te montres-tu sévère ?
— Je me montre sévère avec celui qui ne répond pas prestement à mon
appel.
— Mort, de qui es-tu la servante ?
— Je suis la servante de l’homme déifié : quand il rentre dans sa patrie,
c’est moi qui porte ses bagages.
Le bateau :
— Je te prends dans mon sein et t’emmène sur les flots.
Le chariot :
— Je te porte sur mon dos à travers la plaine.
Le phalène :
— Je t’ai donné ma vie !
La flamme :
— Et moi, je t’ai permis de m’embrasser.
L’homme :
— Démon, veux-tu être mon ami ?
Le démon :
— Je suis à ta disposition !
Les vagues :
— Ne nous couchons-nous pas devant toi dans un complet abandon pour
que tu puisses naviguer sur nous ? Par conséquent, écoute notre requête :
jette à l’eau ceux que tu transportes en ton sein.
Le navire :
— Non, je ne suis point comme vous qui noyez sous vos pieds ceux qui
cherchent refuge dans vos bras. Soit je conduirai sains et saufs à bon port
ceux que je porte en mon cœur, soit je coulerai avec eux !
Quand j’ouvre les yeux sur le monde extérieur, je me fais l’effet d’une
goutte d’eau dans la mer ; mais quand je les ferme et regarde au-dedans,
l’univers entier me semble une bulle à la surface de l’océan qu’est mon
cœur.
Je ne suis pas venu vous enseigner ce que vous ignorez ; je suis venu
pour approfondir en vous la sagesse qui est déjà vôtre.
Rien n’est trop bon ni trop mauvais pour moi, dans la mesure où je suis
conscient de cette réalité cachée, qui pourtant englobe toutes choses.
PAROLES DE FEU
Même avec Dieu l’on peut toujours trouver à redire ! Mais où est la faute,
sinon chez celui qui la décèle ?
Tous les hommes sont égaux dans la vérité [en droit], non de fait.
Croyez d’abord au Dieu qui exclut toute réalité créée, puis prenez
conscience du Dieu qui les intègre toutes.
Toute action qui cause la perte de son propre objet est mauvaise.
On n’est jamais trop sage, mais l’on peut se montrer trop malin.
Ne vous chargez pas d’un poids que vous ne pourriez porter avec aisance.
Si votre cœur est assez grand, il n’est rien qu’il ne puisse contenir.
C’est en appelant le diable par son nom qu’on le fait sortir de sa boîte.
La hiérarchie est la voie du soufi, mais l’égalité de tous les hommes est
sa vérité.
L’homme surmonte le péché, mais point les reproches de ceux qui en
sont les témoins.
Les fautes et les mérites servent tous deux d’échelons à ceux qui
s’élèvent comme à ceux qui déchoient.
La sagesse est la manière par laquelle le sage exprime la vie telle qu’il la
comprend.
Le sens moral est une fleur qui s’épanouit sur la plante de l’individualité.
Les grands ont de grands défauts, et leur grandeur n’est pas le moindre.
Passe sous silence tout ce qui, une fois dit, créerait de la disharmonie.
Le mésusage de toute chose bonne est mal ; le bon usage de toute chose
mauvaise est bien.
La raison est une faculté essentielle qui contient en elle-même toutes les
malédictions et toutes les bénédictions potentielles.
L’on ne sait jamais sur quel pied danser dans ce monde de faux-
semblants.
Qui d’autre qu’une âme noble est-il capable de tout supporter en silence ?
RYTHMES – COMPARAISONS
Il est une Entité unique derrière la pluralité des êtres, et une Personne
unique communique sa lumière à toutes les individualités.
Ce qui est dépourvu d’amour est aussi dénué de vie. Aimer, c’est vivre.
Une personne noble dilatera votre esprit aux dimensions de son propre
cœur, et une personne mesquine le réduira à l’étroitesse de ses propres
perspectives.
Le bienfaiteur qui agit par peur est pire qu’un pécheur impénitent.
Est-ce moi qui traverse la vie ? Non, c’est la vie qui me traverse !
Celui qui habille son chagrin d’un sourire est sincère ; celui qui couvre sa
jubilation de chagrin est un hypocrite.
Dans la goutte, l’océan est aussi petit que la goutte ; dans la mer, la
goutte est aussi vaste que l’océan.
Chez les âmes méritantes, même les fautes s’inscrivent à leur crédit,
tandis que les mérites des gens vicieux se transforment en fautes.
L’on ne peut être soi-même et vivre dans le mensonge, de même que l’on
ne peut être factice et subsister dans le monde réel.
L’effigie du Christ est dans l’église, le Livre du Christ est entre les mains
des gens d’Église, l’amour du Christ est dans le cœur de ses fidèles, mais sa
lumière irradie les âmes transfigurées.
GAYATRI
CHANTS SACRÉS
Dès lors que l’homme prend conscience du moment opportun pour parler et
du moment opportun pour garder le silence, il fait ses premiers pas dans la
voie de la sagesse.
Ou bien vous devrez vous distancier de toutes choses qui suscitent votre
intérêt, ou bien ce sont elles qui s’éloigneront de vous, car la nature de cette
vie mouvante est le changement.
Il n’est pas de profit sans sacrifice ; pour que le moindre profit advienne,
le sacrifice doit s’ensuivre.
Quand vous aurez appris tout ce qui peut s’enseigner, vous vous
apercevrez qu’il n’y avait rien à apprendre.
Celui qui manque d’imagination, et qui est de peu de foi, est inapte à
fouler le sentier spirituel.
Votre capacité à faire confiance à autrui mise à part, si vous avez appris à
croire en vous-même, vous aurez accompli quelque chose.
Chacun a, dans la vie, une place qui lui revient, et nul ne peut rester
longtemps à une place qui ne lui appartient pas en propre.
Dans l’amitié comme dans l’hostilité des gens attachés aux biens
terrestres, l’on rencontrera la douleur.
“Hier, je ne me suis point montré assez sage, mais aujourd’hui, je suis
lucide, et demain, je ferai mieux !” Ainsi rêve l’homme tandis que la vie
passe.
Quand une personne débat d’un problème, cela ne signifie pas toujours
qu’elle le connaît. La plupart du temps, elle en débat parce qu’elle veut
parfaire ses connaissances sans reconnaître son ignorance.
Qu’une personne médiocre vous aime ou vous haïsse, dans les deux cas
elle vous rabaissera à son propre niveau.
Même une idée claire devient embrouillée dès lors qu’elle pénètre dans le
cerveau d’une personne à l’esprit sinueux.
Ne désespère point si ton ami a profité de toi, mais réjouis-toi plutôt qu’il
ne fût pas ton ennemi !
Les règles du monde diffèrent de la loi en vigueur sur la voie que foule le
mystique.
Si tu as perdu une chose, cela signifie que tu l’as dépassée ou bien que tu
as déchu de cette chose.
L’homme attend de son semblable qu’il le hisse plus haut, mais il prend
lui-même la place qui est à sa mesure.
Si l’on manque d’intelligence, l’on est pauvre, quand bien même l’on
posséderait toutes les richesses du monde. L’intelligence est la seule vraie
richesse.
Celui qui désire passer maître devra d’abord se soumettre à une épreuve
en tant que serviteur.
Les insensés n’ont pas autorité à connaître le mystère dont les sages sont
les gardiens présomptifs.
La danse de l’âme
ALANKARAS
ORNEMENTATIONS – ALLÉGORIES
Déploie ton secret dans la nature et révèle ton mystère au travers de mon
cœur.
Que l’astre de ton Esprit divin monte de mon cœur, afin que l’aube pointe
des ténèbres de la vie.
Je m’enfoncerai au cœur noir des nuées pour arriver jusqu’à toi, mon
Seigneur.
Ton propre désir est comblé, ô Dieu, dans la perfection de ton Envoyé.
Mon cœur n’est plus mien : tu l’as fait tien, mon Guide spirituel.
Les nuées ténébreuses sont la cause d’une idylle entre toi, mon Bien-
Aimé, et moi.
La Vérité
Le visage de la vérité est avenant,
Les yeux de la vérité sont enjoués,
Les lèvres de la vérité sont toujours closes,
Elle tient la tête haute.
La vérité est fière,
Son regard est franc ;
La vérité ne connaît ni la peur, ni le doute,
Elle a la patience d’attendre.
Les paroles de la vérité sont émouvantes,
Sa voix est grave ;
Simple est la loi de la vérité :
Tout ce que l’on sème, on le récolte.
L’âme de la vérité est ardente,
Son cœur est chaleureux ;
L’esprit de la vérité est limpide,
Et résiste sous la pluie et l’orage.
Les faits ne sont guère que son ombre,
La vérité se tient au-dessus de tout péché ;
Si grande que soit la lutte en cette vie,
À la fin elle vaincra.
L’emblème de la vérité est le Christ ;
Les avis de la sagesse sont son bâton de pèlerin,
La croix son symbole,
Dieu son âme.
La vie de la vérité est éternelle,
Impérissable est son passé ;
Son empire durera,
La vérité subsistera jusqu’à la fin des temps.
Rien ne justifie que l’homme doive connaître Dieu au prétexte qu’il est né
sur terre ; c’est uniquement l’enfantement de son âme qui l’y autorise.
La vie est la réalité ; la mort est son ombre. Mais de même que l’ombre
est perçue bien qu’elle n’ait point d’existence propre, il en va
semblablement de la mort.
La mort n’est plus la mort pour ceux qui ont fait une fois l’expérience de
son aiguillon.
La mort n’est qu’une page qui se tourne dans le livre de la destinée. Aux
yeux de ceux qui restent, c’est le trépas ; mais pour ceux qui meurent, c’est
la vie.
TANAS
Les nuages :
— Dans les larmes, nous répondons à votre sollicitation.
Un jour que je franchissais un massif, j’avisai des rochers : les uns étaient
en appui sur les genoux, les autres s’inclinaient ; d’autres encore se tenaient
debout. Je leur demandai : “Ô, monstres au cœur ferme, quel est le secret de
votre grâce ?” Par la voix du silence, ils me répondirent : “Nous ne faisons
rien valoir pour nous-mêmes.”
C’est quand l’irréalité de la vie oppresse mon cœur, que les portes de
celui-ci s’entrouvrent sur la réalité.
Une langue de feu s’élève de chaque blessure de mon cœur, éclaire mes
pas à travers la vie et me guide vers le but.
Je suis venu tel que l’on m’a envoyé, je vis ainsi que la vie me permet de
vivre, mais je serai ce que bon me semble.
À chaque piqûre d’épingle une goutte de sang perle de mon cœur, et cette
goutte devient le Vin du Sacrement.
Je ne suis pas venu enseigner ceux qui se considèrent comme des
maîtres : je suis venu apprendre des maîtres et enseigner mes disciples.
Lorsque mon cœur se trouble, c’est tout l’univers qui est affecté.
Lorsque mon cœur est indifférent, les deux mondes sombrent dans une
profonde léthargie.
Toute la Création s’éveille lorsque mon cœur s’éveille.
Je suis le Vin du saint sacrement, mon être même est ivresse ! Ceux qui
boiront à ma coupe, et néanmoins resteront à jeun, verront sûrement la
lumière ; mais ceux qui ne l’assimilent pas à leur être seront désemparés et
exposés à la dérision du monde.
Mon cœur boit ses propres larmes et les restitue sous forme de perles.
Je suis ce que je suis ; vous faites de moi ce que bon vous semble, mais je
deviens ce que je désire devenir.
Le Message est un appel pour ceux pour qui l’heure de s’éveiller a sonné
et une berceuse pour ceux qui sont encore supposés dormir.
Comment un homme peut-il prétendre professer et être en même temps
sain d’esprit ? Son enseignement doit attester sa maîtrise, non sa prétention
à professer.
PAROLES DE FEU
Sans s’en rendre compte, l’homme paie de son bonheur pour se procurer
du plaisir.
Ce n’est pas l’acte qui est péché, c’est l’intention qui le rend tel.
L’amour qui donne et qui prend est un négoce. Dans sa pure essence,
l’amour ne vise qu’à sa propre allégresse.
Celui qui se met en quête du sentier spirituel est lui-même convoité par
l’Esprit.
Plus l’on s’en remet à Dieu, plus l’on peut compter sur lui.
La récompense de l’amour est l’amour même.
RYTHMES – COMPARAISONS
C’est une faiblesse de se soustraire au combat, mais c’est une bêtise que
de s’y engager.
Plus doux que le miel sont les résultats de notre labeur ; plus parfumées
que les fleurs sont les louanges ; plus exquis que les fruits est un enfant
obéissant ; plus précieux qu’une perle est un partenaire de même sensibilité
que soi.
Quand vous vous préoccupez de ce que pensent les autres, vous vous
subordonnez à eux ; quand vous ne vous préoccupez point d’eux, vous les
surplombez.
C’est le cœur de celui qui aime qui touche à l’intime de la vie ; c’est
l’âme déifiée qui s’envole au plus haut des cieux ; c’est l’œil du voyant qui
traverse le mur de la matière ; et c’est l’esprit de celui qui sait qui assimile
toute l’étendue de la connaissance.
CHALAS