Vous êtes sur la page 1sur 133

la danse de l’âme

Les écrits de Hazrat Inayat Khan comprennent des prières, des aphorismes,
des poèmes, des dits adressés à ses disciples, et enfin des conférences.
À la fois conforme aux tenants de l’islam et ouvert aux autres confessions
dans leur expression mystique, l’enseignement de Hazrat Inayat Khan a
pour origine et fin la déification de l’âme du chercheur de vérité.
L’identification à Dieu par l’amour comme facteur de connaissance s’y
exprime tour à tour dans les termes les plus ciselés et les plus poétiques.
Mais la voie de la connaissance fait également l’objet de nombreux poèmes
et épigrammes, sans doute parce qu’il faut connaître pour aimer et aimer
pour connaître ; mais surtout parce que, pour Hazrat Inayat Khan, Dieu est
l’unité de l’amour et de la connaissance.

Hazrat Inayat Khan est né le 5 juillet 1882 à Baroda, dans la province du Gujarat en Inde. Dès 1903,
il suit les enseignements de Sayyed Abu Hashim Madani, un maître soufi qui lui confie la tâche
“d’apporter la sagesse du soufisme au monde occidental”. À partir de 1922, Hazrat Inayat Khan vit
en France, à Suresnes, où il continue d’enseigner tout en parcourant le monde. Il meurt en Inde, à
Delhi, le 5 février 1927. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux introducteurs du
soufisme en Occident.

Choix, présentation et traduction par Alain Sainte-Marie.

ACTES SUD
“LE SOUFFLE DE L’ESPRIT”

collection dirigée
par Christian Dumais-Lvowski

La collection “Le Souffle de l’esprit” se veut le reflet d’une ouverture des uns aux autres, à travers la
prière, la réflexion, la méditation. Nous avons demandé à des personnalités religieuses ou laïques,
croyantes, athées ou agnostiques, de nous faire part de leurs “prières”, qu’elles soient une invocation
à Dieu ou une réflexion de sagesse sur l’humain et son devenir.
DU MÊME AUTEUR

LE GRAND CYCLE DE L’ÂME, Le Souffle d’or, 1984.


AU CŒUR DU SOUFISME, Véga, 2005.
LA VIE INTÉRIEURE, Koutoubia, 2009.
GAYAN, NOTES DE LA MUSIQUE SILENCIEUSE, Koutoubia, 2009.
LE MYSTICISME DU SON, Encre d’Orient, 2011.
L’ESPRIT ET LA MATIÈRE, Apopsix, 2012.

Titre original :
The Complete Sayings
Éditeur original :
Omega Publications, Inc., New Lebanon

© ACTES SUD, 2016


pour la présente édition
ISBN 978-2-330-09421-8
HAZRAT INAYAT KHAN
la danse de l’âme
gayan, vadan, nirtan

choix, présentation et traduction


par Alain Sainte-Marie

ACTES SUD
L’éditeur tient à remercier Sandy Lillydahl d’Omega Publications pour son aimable coopération.
Cette traduction est affectueusement dédiée à
Claude Sauret, dite Souppilou.
PRÉSENTATION

L’ISLAM ET LES SOUFIS1

Nous n’essaierons pas de donner ici une description exhaustive de l’islam et


du soufisme, mais seulement d’en esquisser quelques aspects fondamentaux
afin de permettre au lecteur d’entrer plus aisément dans le texte de Hazrat
Inayat Khan.
Islam signifie littéralement consentir à la paix de Dieu en se soumettant
volontairement à sa volonté. En tant que religion constituée, l’islam est un
édifice qui repose sur cinq piliers. L’unité et l’unicité de Dieu (tawhid) est
le premier d’entre eux. “Dieu est un. C’est le Dieu éternel. Il n’a point
enfanté, et n’a point été enfanté. Il n’a point d’égal”, dit le Coran (CXII, 1-4).
Plus précisément, le tawhid est l’attestation qu’“il n’y a pas de divinité, si
ce n’est la Divinité” (la ilaha ill-Allah) et que Mohammed est son envoyé.
Le deuxième pilier est l’accomplissement de la prière, le troisième
l’acquittement de l’impôt légal, le quatrième le pèlerinage à la Maison
d’Allah (Kaaba) et le cinquième le jeûne en Ramadan2.
Le Coran (ou “récitation”), est considéré par les musulmans comme la
Parole de Dieu descendue sur le dernier de ses prophètes, Mohammed.
Ainsi, le Coran est-il respecté par les adeptes de l’islam comme le sceau de
la révélation qui a commencé avec Abraham et Moïse, s’est développée
avec Jésus et s’achève avec Mohammed. Traduction humaine du Coran
céleste, le Coran terrestre aurait été révélé au Prophète par le truchement de
l’archange Gabriel au cours d’une période s’étalant sur vingt-trois années.
Mais ce que le Coran révèle, c’est la parole de Dieu, non Dieu lui-même,
lequel reste enclos dans le mystère de sa Déité.
Le soufisme est la mystique de l’islam, c’est-à-dire la tradition instaurée
par les croyants qui aspirent à pénétrer le mystère de la Déité en vue de la
déification de l’âme, forme éminente de la soumission volontaire à la paix
de Dieu (islam). Le mot soufisme est dérivé de tasawwouf (se vêtir de
laine), étymologie qui rappelle que les premiers ascètes de l’islam portaient
des vêtements tissés dans ce matériau (suf). D’aucuns font du mot
tasawwouf le synonyme numérique d’une expression arabe signifiant
“sagesse divine”.
Dès l’origine de l’islam, les soufis se sont organisés, autour d’un maître,
en confréries appelées turuq (pluriel de tariqa, la bonne voie conforme aux
Prédécesseurs) et ont subi des influences diverses, notamment celles de
l’Inde et des Pères du désert. Hasan Basri (né à Médine en 642) est le
fondateur allégué du soufisme. Il s’inscrit néanmoins dans la lignée dite
traditionniste des Compagnons du Prophète. La première rupture se
produira avec Abdu Yazid al-Bistami (IXe siècle), dont la mystique de
l’unité et surtout l’amoureuse dévotion qu’il porte à Dieu inquiéteront les
théologiens, au prétexte que l’on peut adorer Dieu, mais non l’aimer, car
l’amour suppose l’égalité des amants. Or, Dieu, qui reste caché, ne saurait
devenir l’égal de l’homme en se rendant accessible par l’amour. De fait, si
l’islam est essentiellement soumission à Dieu, le soufisme peut-il prétendre
à la réciprocité, voire à l’unité avec la Déité ?
Les soufis, à l’instar de nombreux mystiques d’autres religions, furent
persécutés et/ou forcés à se rétracter par les autorités religieuses de leur
temps. En réaction, certains choisirent de jouer de prudence et se
réfugièrent dans un ésotérisme clandestin ou allèrent, comme Bakr al-
Shibli, jusqu’à simuler la folie. Dans l’imaginaire occidental et musulman,
le procès le plus emblématique jamais intenté à un soufi est celui du poète
iranien Hallaj (IXe siècle). Hallaj fut condamné à mort pour s’être identifié
publiquement à Dieu et avoir réclamé l’abolition du pèlerinage à La
Mecque (quatrième pilier de l’islam), tandis qu’il n’en demandait, en fait,
que l’intériorisation.
On dénombre dans le soufisme deux tendances complémentaires qui se
sont affirmées au fil des siècles. La première (wahdat al-shuhud) insiste sur
l’inhabitation de l’unicité de Dieu dans le cœur de l’homme. Selon cette
voie de l’immanence, le mystique devient Dieu (unité), non point
substantiellement ni, bien sûr, entitativement, mais intentionnellement, Dieu
devenant “objet” d’amour et de connaissance. Le représentant le plus
illustre de cette tendance n’est autre que le poète Hallaj évoqué plus haut.
La seconde tendance (wahdat al-wujud) est une recherche de l’unité
substantielle de Dieu, à savoir la Déité, au moyen de la négation de toute
connaissance formelle. Ibn ‘Arabî est le plus célèbre représentant de cette
démarche qui, en milieu chrétien, pourrait s’apparenter à la théologie
négative du Pseudo-Denys l’Aréopagite, telle qu’elle a été comprise et
vécue, avec toutes les nuances respectives qui s’imposent, par l’auteur du
Nuage de l’inconnaissance, Maître Eckhart et Jean de La Croix. L’apogée
de la vie mystique y est atteint dans l’extinction (fana), condition de
l’accomplissement de l’unité en la nuée primordiale qui entoure la Déité
(voir Exode XXIV, 12-18). Même si ces deux voies ont leurs spécificités
théoriques propres, dans la pratique, elles ne sont pas dissociables, et
beaucoup de mystiques musulmans sont coutumiers de l’une et de l’autre.
L’une des pratiques les plus importantes de l’ascension mystique en
soufisme est la remémoration constante de Dieu (dikr), notamment au
moyen de la récitation des Noms divins et du tawhid déjà mentionné. Cette
pratique n’est pas sans ressemblance, ni différences notables, avec la
répétition d’un mantra dans l’hindouisme, la prière de Jésus chez les
spirituels de l’Église orthodoxe, le nembutsu de l’amidisme et la “prière
courte” de l’auteur catholique du Nuage de l’inconnaissance. Faisant
pendant à la remémoration de Dieu, la méditation discursive, ou fikr, se
propose d’accomplir la même fin (l’extinction et la réintégration en Dieu)
mais par d’autres moyens.

UN SOUFISME POUR L’OCCIDENT

Traditionnellement, ces pratiques ne sont point solitaires, mais sont


exercées sous la conduite d’un maître, le cheikh, ou Pîr en persan3. Pîro-
Murshid Sayyed Abu Hashim Madani, le maître spirituel d’Inayat,
appartenait à la confrérie Chishti4, du nom de celui qui introduisit le
soufisme au pays de Krishna au XIIIe siècle. Cette confrérie se distingue par
l’utilisation de la musique et du chant.
Né le 5 juillet 1882 à Baroda (l’actuelle Vadodara), dans le Gujarat,
d’une famille musulmane de musiciens renommés5, Inayat entame très tôt
une carrière musicale qui l’amène à devenir professeur à l’académie de
Gayanshala alors qu’il n’est encore qu’un adolescent. À partir de 1903,
devenu adulte, il suit l’enseignement de Sayyed Abu Hashim Madani
jusqu’au décès de celui-ci en 1907. Entre-temps, un rapport intime (sohbat)
s’est développé entre le maître et son disciple, rapport qui conduira Abu
Hashim à donner pour mission à Inayat d’“harmoniser l’Orient et
l’Occident par ses chants” et d’“apporter la sagesse du soufisme au monde
occidental6”.
Déjà célébré en Inde comme musicien de vîna (le luth à sept cordes) et
comme soufi, Khan s’embarque pour New York en 1910 en compagnie de
deux membres de sa famille. Pour vivre, il donne des concerts de musique
indienne et accompagne des danseurs américains en vogue. Simultanément,
il entre en contact avec les représentants d’autres courants religieux et
spirituels tels que la Société théosophique, alors très active, et œuvre au
développement d’une doctrine syncrétique, ou “soufisme universel”, tout en
poursuivant sa carrière de musicien – et désormais de conférencier – à
travers le monde. Il sera même invité en Russie par Raspoutine afin
d’enseigner le soufisme au tsar Nicolas II ! C’est avec sa femme, Ora Ray
Baker, qu’il a épousée en 1913 à Londres, et qui n’est autre que la cousine
de Mary Baker Eddy, la fondatrice du mouvement Christian Science, qu’il
se rend à Moscou. En 1914, naîtra au Kremlin l’aînée de leurs enfants, Noor
Inayat Khan7. Trois autres suivront : Vilayat, en 1916 ; Hidayat en 1917 et
Khair-un-Nisa en 1919, qui est l’auteur d’un livre sur sa famille sous le nom
de plume de Claire Ray Harper.

Lorsque l’islam pénètre en Inde au XIIe siècle par l’intermédiaire des


soufis, c’est une religion déjà influencée par le christianisme et le
néoplatonisme qui arrive sur le Sous-Continent. Et lorsque Hazrat Inayat
Khan enseignera, quelque sept siècles plus tard, l’islam aura subi d’autres
influences encore, notamment celles de l’hindouisme et du bouddhisme. En
Amérique, le jeune soufi se heurta rapidement à la réticence des
Occidentaux à se convertir à l’islam avant d’embrasser sa mystique. Il
dissociera donc très tôt son enseignement de la conversion et s’abstiendra
de tout prosélytisme.

À partir de 1922, Hazrat Inayat Khan vit à Suresnes, en région


parisienne, où il enseigne tout en continuant de parcourir le monde. En
1926, il retourne en Inde pour la première et dernière fois depuis son départ
seize ans plus tôt. Il mourra d’épuisement le 5 février 1927 à Delhi.
Aujourd’hui encore, la Nekbakht Foundation s’emploie à faire connaître
l’enseignement d’Inayat. Avec le cheikh al-‘Alawi, Hazrat Inayat Khan est
l’un des principaux introducteurs du soufisme en Occident.

LA DANSE DE L’ÂME

Les écrits d’Inayat Khan comprennent des aphorismes, des prières, des
poèmes, des dits adressés à ses disciples et des conférences. Les trois
parties qui composent le présent recueil s’intitulent successivement Gayan,
Vadan et Nirtan, trois verbes ourdous signifiant “chanter”, “jouer” et
“danser”. Elles ont été préparées et agencées à la manière de pièces
musicales par Inayat lui-même et publiées pour la première fois
respectivement en 1923, 1926 et 1928. Les sous-titres actuels de chaque
partie sont repris de ces éditions originales. Notre seule innovation a
consisté à nommer l’ensemble de l’ouvrage d’après le sous-titre du
troisième volet du triptyque : “La danse de l’âme”.
La plupart des aphorismes présentés ici sont tirés des archives de la
Nekbakht Foundation de Suresnes. Certains sont issus des carnets du
maître, d’autres ont été dictés par celui-ci et sont de la main de dix-sept de
ses disciples. Les Alankaras (ornementations) du Vadan et du Nirtan sont
extraits des Nature Meditations (Méditations sur la nature) dictées à
Wissous, en 19218.
À la fois conforme aux tenants de l’islam et ouvert aux autres
confessions dans leur expression mystique, l’enseignement de Hazrat Inayat
Khan a pour origine et fin la déification de l’âme du chercheur de vérité.
L’identification à Dieu par l’amour comme facteur de connaissance s’y
exprime tour à tour dans les termes les plus ciselés et les plus poétiques.
Mais la voie de la connaissance fait également l’objet de nombreux poèmes
et épigrammes, sans doute parce qu’il faut connaître pour aimer et aimer
pour connaître ; mais surtout parce que, pour Hazrat Inayat Khan, Dieu est
l’unité de l’amour et de la connaissance.
Les pages qui suivent recoupent un choix effectué à partir
des 1 494 aphorismes, poèmes et prières qui composent l’original. Ces
pièces traitent de tous les sujets en lien avec l’accomplissement spirituel.
Nous avons retenu pour ce livre les textes qui nous semblent exprimer au
plus près l’essence de cet accomplissement. Nous avons également
regroupé plusieurs aphorismes à la suite lorsque leur forme et leur contenu
le suggéraient. Les incises entre crochets sont de nous.

1 Nous nous inspirons largement de Louis Gardet (La Mystique, PUF, “Que sais-je” no 694, 1981,
p. 99-116). Voir également du même auteur : La Mystique musulmane : aspects et tendances,
expériences et techniques, Librairie Vrin, 1961 ; et de Louis Gardet et Olivier Lacombe :
L’Expérience du Soi : étude de mystique comparée, DDB, 1981, p. 212 à 231.
2 Voir An-Nawâwî, Les Quarante Hadiths : les traditions du Prophète, traduit par Mohammed Tahar,
Les Deux Océans, 1980, Hadith 3, p. 16.
3 La langue maternelle de Hazrat Inayat Khan était l’ourdou.
4 L’une des quatre confréries soufies d’Inde. Les trois autres sont les confréries Qadiri, Naqshbandi
et Sohrawardi (voir Hazrat Inayat Khan, La Vie intérieure, Koutoubia, 2009, postface, p. 99).
5 Hazrat Inayat Khan était un prince de haute lignée politique et spirituelle. Par sa grand-mère
paternelle, il était le descendant du sultan Tipu de Mysore (1749-1799), alias Tipu Sahib, alias Tipu
Sultan, alias le Tigre de Mysore. Sultan de Mysore à partir de 1782, cet illustre ancêtre s’opposa à
l’installation des Britanniques en Inde en se faisant l’allié de la France. Jules Verne fait de Tipu
l’oncle du capitaine Nemo dans son roman Vingt mille lieues sous les mers. Enfin, par son grand-père
paternel, Hazrat aurait été le lointain descendant de Juma Shah, un saint soufi qui vécut au XVe
siècle.
6 Voir H. Inayat Khan, La Vie intérieure, op. cit., p. 107.
7 Elle-même poète, musicienne et auteur de contes pour enfants, Noor connaîtra un destin à la fois
singulier et tragique. Envoyée comme agent de liaison dans la France occupée par la Direction des
opérations spéciales (SOE) britannique en vue du débarquement, elle accomplit sa mission contre
l’avis de ses supérieurs qui jugeaient préférable de la rapatrier en Angleterre à la suite d’une rafle qui
avait vu l’arrestation du réseau parisien du SOE. Arrêtée par la Gestapo sur dénonciation, elle fut
déportée en Allemagne après deux vaines tentatives d’évasion. Là, elle fut gardée à l’isolement
pendant près d’une année avant de se voir transférée à Dachau dans le cadre du “programme” Nuit et
brouillard. Après une bastonnade en règle, elle fut exécutée le 13 mars 1944 d’une balle dans la
nuque. Son nom de code était “Madeleine”. Elle a reçu la George Cross, décernée aux civils pour
actes de bravoure, et a été décorée de l’Ordre de l’Empire britannique. La France lui a accordé la
Croix de guerre 1939-1945.
8 Voir The Complete Works : Sayings I, Omega Publications, 1989, préface, p. 7-9.
GAYAN

La musique du silence
ALAPAS

PRÉLUDE – DIEU S’ADRESSE À L’HOMME

Dès lors qu’un reflet de Notre image est enclos en l’homme, dès lors que le
ciel et la terre sont voulus en l’homme, qu’y a-t-il au monde qui ne soit pas
en l’homme ? Si l’on se donne seulement la peine de l’explorer, on trouvera
à satiété.

Si tu t’avances pour Nous trouver, Nous nous manifesterons pour


t’accueillir.

Renonce à tout ce qui est tien, et Nous ferons tien tout ce qui est Nôtre.

Fais de Dieu une réalité, et Dieu fera de toi la Vérité.

Donne tout ce que tu possèdes, et reçois tout ce qui t’est offert.

Qu’importe le chemin que tu choisis – qu’il soit bon ou mauvais – sache


qu’il y a toujours en arrière-fond une main puissante pour t’aider à le
suivre.

Ô pacificateur, avant d’essayer de faire la paix dans le monde, commence


par faire la paix en toi-même !

Si ton prochain ne te rembourse pas ses dettes, prends patience ; un jour,


chaque sou te sera rendu avec les intérêts.

Mets ta confiance en Dieu pour subvenir à tes besoins, et tu reconnaîtras


l’œuvre de sa main invisible dans tous les jaillissements.
ALANKARAS

ORNEMENTATIONS – ALLÉGORIES

L’indifférence ! Mon amie la plus intime, pardonne-moi de devoir toujours


agir contre toi en adversaire.
Ma modestie ! Tu es le voile qui recouvre ma vanité.
Mon humilité ! Tu es l’essence même de ma vanité.
Vanité ! Le saint et le pécheur s’abreuvent tous deux à ta sébile.
Vanité ! Tu es, sur la terre, la fontaine de vin où le Roi du Ciel descend
étancher sa soif.

Mes pieds nus ! Cheminez tout en douceur sur le sentier de la vie, de


peur que les épines qui jonchent le parcours n’aient à se plaindre que vous
les foulez aux pieds.
Mon idéal ! Il m’arrive de penser que toi et moi jouons au tape-cul :
quand je m’élève, tu descends sous mes pieds ; quand je descends, tu
t’élèves au-dessus de ma tête.
Mon indépendance ! Tu es la cause de ma pauvreté, mais aussi de ma
richesse.
Mon idéal chéri ! Tandis que je te cherchais sur terre, ne te moquais-tu
pas de moi dans le ciel ?
Mon cœur sensible ! Bien souvent, je regrette que tu ne sois pas de
pierre.
Ma limitation ! Tu es comme une poussière dans l’œil de mon âme.

Argent ! Tu es à la fois une bénédiction et une malédiction. Tu


transformes les amis en ennemis et les ennemis en amis. Tu soulages de la
peur du lendemain et en même temps la génères.
Les vagues : Nous sommes les Apsarâs de l’océan. Lorsque le vent joue,
nous dansons ; le trésor de la terre n’est pas notre quête ; nous puisons notre
récompense dans un seul regard d’Indra.

Temps ! Je ne t’ai jamais vu, mais j’entends le bruit de tes pas.


Dans mon chagrin, tu te glisses ; dans ma joie, tu accours ; durant mes
heures d’attente patiente, tu suspends ton vol.

Tu es l’océan, et chaque instant de la vie est l’une de tes vagues.

Ciel ! Tu es une mer où vogue la barque de mon imagination.

Mon soi attentionné ! Ne fais de reproche à personne, ne tiens rancune à


personne, ne soit malveillant envers personne ; mais montre-toi prudent,
tolérant, prévenant, poli et aimable avec tous.

Mon indépendance ! À combien de sacrifices n’ai-je pas consenti pour


toi ? Et pourtant, tu n’es jamais satisfaite.
Ma confiance facile ! Combien de fois ne m’as-tu pas déçu ? Et pourtant,
je continue à te suivre les yeux fermés.

Mes humeurs, qu’êtes-vous ? — Nous sommes la houle de ton cœur.


Mes émotions, d’où venez-vous ? — De la source intarissable de ton
cœur.
Mon imagination, qu’es-tu ? — Je suis le torrent qui alimente la fontaine
de ton esprit.
BOULAS

PAROLES DE FEU

Le paradis et l’enfer sont la manifestation matérielle des pensées agréables


et désagréables.

Une conscience immaculée nous donne la force des lions, mais à cause
d’une conscience coupable, même les lions se transforment en lapins.

La vérité est un divin héritage enfoui au tréfonds de chaque cœur humain.

Le Dieu qui est intelligible à l’homme est une fabrication de l’homme


lui-même, mais ce qui est au-delà de l’intelligence humaine est le réel.

Plus l’on s’approche du réel, plus l’on est près de l’unité.

Une seule vie ne suffit pas pour apprendre à vivre en ce monde.

Bien des maux naissent de la richesse, mais plus encore sont engendrés
par la pauvreté.

Ne pleure point avec ceux qui sont tristes, mais console-les ; car, par tes
larmes, tu ne ferais qu’arroser la plante de leur chagrin.

Quand l’homme touche à la vérité ultime, il prend conscience qu’il


n’existe rien qui ne soit en lui.

Aucune action en ce monde ne peut être estampillée comme péché ou


vertu ; c’est sa relation à une âme en particulier qui en détermine la nature.

La réalité elle-même est sa propre évidence.


Il est inutile de s’évertuer à prouver que l’on est ce qu’en réalité l’on
n’est pas.

Le plaisir obstrue la source d’inspiration, mais l’affliction la libère.

Le cœur humain doit d’abord être fondu comme le métal avant de


pouvoir être modelé en un caractère fréquentable.

Le mystique n’attend pas l’au-delà, il fait dès à présent tout son possible
pour progresser.

Le pouvoir exige la sujétion ; toutefois, si vous ne pouvez lui résister en


le conquérant, conquérez-le en capitulant.

La source jaillissante de l’amour s’élève dans l’affection particulière


mais s’épanouit et retombe en amour universel.

Celui qui fait de la place en son cœur pour les autres trouvera pour lui-
même une place en tout lieu.

Chaque personnalité humaine est semblable à une pièce musicale, avec sa


tonalité particulière et un rythme qui lui est propre.

Mieux vaut un pécheur au cœur tendre qu’un saint endurci par la piété.

Le cœur humain est le coquillage où cristallise la perle de la sincérité.

Les écueils s’ouvriront et feront un chemin à celui qui est animé par
l’amour.

L’unité d’intention est garante de la réussite.

L’amour de la forme, en se développant, culmine dans l’amour du sans-


forme.

Quand l’homme dépasse le sens du devoir, alors le devoir devient son


plaisir.
La vie extérieure n’est que l’ombre de la réalité intérieure.

Ceux qui s’efforcent de tirer vertu de leurs fautes tâtonneront de plus en


plus dans l’obscurité.

Une perte matérielle s’avère souvent un gain spirituel.

L’effort soutenu est signe de développement.

L’idéal est le moyen, mais son effondrement est le but.

La valeur du sacrifice réside dans l’empressement que l’on met à y


consentir.

Rien ne peut enlever la joie de l’homme qui a une juste compréhension


des choses.

Ne crains point Dieu, mais considère attentivement son plaisir et son


déplaisir.

Il émane de l’homme sincère un parfum qui ne peut échapper à un cœur


droit.

Si tu n’es pas capable de contrôler ta pensée, comment la contiendras-tu ?

Tout ce qui retarde l’homme sur sa route vers le but désiré s’appelle
tentation.

Le fatalisme constitue un aspect de la vérité, non sa totalité.

Tiens ta bonté à l’écart, afin qu’elle n’entre pas en contact avec ta vanité.

Quand l’homme désavoue sa dette envers toi, elle est alors mise au
compte de Dieu.

Le raffinement ajouté à la sincérité fait l’art vivant.

La soif de vengeance est semblable à la soif de poison.


Les âmes authentiquement nobles se transforment en torrents d’amour.

La sagesse est semblable à l’horizon : plus l’on s’en approche, plus elle
s’éloigne.

Quand l’âme est en harmonie avec Dieu, chaque action devient musique.

C’est le sentiment d’inutilité qui bloque le chemin de l’homme et entrave


sa progression.

L’homme désintéressé tire de la vie davantage de profit que l’égoïste,


dont le bénéfice s’avère, en définitive, une déchéance.

La sincérité est semblable à un bourgeon qui s’épanouit dans le cœur de


l’homme avec la maturité de l’âme.

Vivre dans un milieu hostile est pire que d’être dans la tombe.

La science naquit de la graine de l’intuition formée dans la raison.

La vérité seule est un couronnement, et tout vrai triomphe est vérité.

La clé de toute félicité est d’aimer Dieu.

La mort est l’impôt dont l’âme doit s’acquitter pour avoir reçu un nom et
une forme.

Avant d’essayer de comprendre la justice de Dieu, il faut d’abord soi-


même devenir juste.

Pour accomplir la perfection divine, l’homme doit se dépouiller de son


moi imparfait.

Quand l’appel du disciple a atteint une certaine intensité, le maître vient y


répondre.

La meilleure façon de vivre est de vivre selon la nature.


Ne prends pas l’exemple d’autrui pour excuser ton forfait.

Toutes les situations de l’existence sont des épreuves visant à démêler le


réel du fictif.

Le vrai chercheur [de vérité] ne s’arrête jamais à mi-parcours ; soit il


trouve, soit il se perd sans retour.

Ceux qui vivent dans la présence de Dieu s’en remettent à lui à chaque
pas comme à un guide.

Ce n’est pas par l’épanouissement de soi que l’homme accomplit la


nature divine, mais par l’accomplissement de la nature divine que l’homme
réalise le soi.

Si tu souhaites marcher dans les pas des saints, apprends d’abord le


pardon.

Le jardinier plante des roses dans les massifs et des buissons épineux en
limite de propriété.

L’amour qui revêt les traits de la tolérance, du pardon, est ce même


amour qui guérit les blessures du cœur.

Le plus grand amour est souvent, dans la vie, celui qui couve sous un
voile d’indifférence.

Offenser une personne vile équivaut à jeter une pierre dans la boue et à
en être éclaboussé.

Les politesses hypocrites ressemblent aux bijoux de pacotille, et les


baisers cauteleux aux fleurs artificielles.

La Divinité fonde la perfection humaine, et l’humanité est la borne


imposée par le divin.

Le sage témoigne son admiration par le respect.


C’est la tournure de l’intelligence qui sert d’accroche-cœur au Bien-
Aimé.

Ceux qui sont mis en échec à cause de leur personnalité cherchent refuge
dans le groupe.

Emprunter la voie de la discorde revient à entrer dans la gueule du


dragon.

Satan se présente toujours sous les plus beaux atours afin de cacher à la
vue de l’homme l’idéal le plus noble.

Un seul esprit et une seule vie nous maintiennent tous. Comment, dans
ces conditions, serions-nous heureux quand notre semblable est dans
l’affliction ?

La résignation n’est d’aucune valeur, sauf lorsqu’un acte a été accompli


et qu’il est irréversible.

Le grand drame du monde est l’absence d’évolution commune.

Il n’est rien qui soit accidentel ; toutes les situations de la vie sont
ordonnées à une finalité certaine.

Avant de connaître la vérité, il te faudra apprendre à mener une existence


véridique.

La vie même devient un texte sacré pour l’âme embrasée.

L’auto-apitoiement est la cause de toutes les doléances adressées à la vie.

Ce qui est donné par amour n’a plus de prix.

L’homme reçoit sa première leçon d’amour en aimant un autre être


humain, mais en réalité, l’amour vient de Dieu seul.

Il conquiert la vie, celui qui apprend à maîtriser sa langue.


Le mystique commence par s’émerveiller de la vie, car pour lui, elle est
un miracle de tous les instants.

Nul besoin de te mettre en quête d’un saint ou d’un maître : un sage


suffira pour te guider sur ta propre voie.

Il est une paire de contraires en toutes choses ; en chaque chose subsiste


l’esprit de son opposé.

La rectitude procède de l’essence même de l’âme.

La réserve confère de la dignité au caractère. Faire preuve de sérieux tout


en se montrant affable est le propre du sage.

Alors que notre soi lui-même nous échappe, est-il une seule chose au
monde que nous puissions appeler nôtre ?

Toutes choses dans l’existence peuvent apporter de l’eau au moulin de la


sagesse.

Ferme les yeux sur la plus grande faute d’autrui, mais abstiens-toi d’y
prendre la moindre part.

Il n’est pas de source de félicité autre que le cœur humain.

Il faut d’abord que l’homme s’enivre des plaisirs de la vie, puis qu’une
certaine modération s’installe, pour qu’il commence à s’émerveiller.

Vivre dans la compagnie d’un sot est pire que la mort.

La douleur de vivre est le prix que l’on paie pour la vivification du cœur.

La constance rend les choses précieuses et ennoblit l’homme.

L’accomplissement de toute activité est dans son équilibre.


Le cœur de l’homme est un temple : quand sa porte est fermée à
l’homme, elle est aussi fermée à Dieu.

La spiritualité est le diapason du cœur ; l’accord ne s’obtient ni par


l’étude, ni par la dévotion [mais par la connaissance de la vérité].

Il faut juger de la moralité d’un individu selon sa disposition d’esprit,


plutôt que selon ses actes. Le bien et le mal sont fonction de l’état d’esprit
et de la situation, non de l’acte en soi.

Chaque croyance recèle un bienfait pour celui qui croit, et abolir cette
croyance équivaut à anéantir son Dieu.

Combattre la nature revient à s’élever au-dessus d’elle. La victoire est


atteinte quand le libre arbitre et les circonstances œuvrent de conserve.

Un naturel simple est la marque des saints.

Le cœur est la porte de [la demeure] de Dieu. Il suffit de frapper pour


qu’il ouvre.

Les larrons coupables d’une même faute s’unissent pour faire une vertu
de leur péché commun.

La vie se révèle pleine de bienfaits dès lors que l’on sait les accueillir.

La où le corps va, l’ombre le suit d’un même pas ; ainsi en est-il de la


vérité et du mensonge.

L’existence dans le monde est factice, et ceux qui s’en délectent se


repaissent du mensonge. Rien de mensonger n’aboutira, et même si les
apparences tendent à prouver le contraire, il ne peut s’agir que d’un
bénéfice controuvé.

Tout ce qui suscite la convoitise du cœur prive celui-ci de sa liberté.


Le possible est la nature de Dieu, et l’impossible la limite assignée à
l’homme.

C’est l’allégresse spirituelle qui est créatrice de toute beauté.

Une seule vertu suffit pour lutter contre cent vices.

Peu importent les échecs que l’on rencontre dans la vie, le plus grand
malheur est de rester sur place.

La vie se différencie par couples d’opposés.

Il n’est rien que nous prenions dans ce bazar qu’est la vie qu’il ne nous
faille payer tôt ou tard.

Le diamant doit être taillé avant que son eau ne donne tout son éclat.

Par-delà la bonté se tient la fidélité, laquelle est un attribut divin.

La réponse qui arrache le problème à la racine est authentiquement


inspirée.

Si l’homme connaissait seulement ce qui meut son libre arbitre, il ne


dirait jamais “ma volonté”, mais “ta Volonté” !

Servir Dieu signifie que chacun d’entre nous œuvre pour tous les autres.

La dévotion est avérée par le sacrifice.

Un feu peut cuire la nourriture ou la brûler, il en va de même de la


douleur qui affecte le cœur humain.

Chaque désir accroît la capacité de l’homme à accomplir son aspiration


directrice, laquelle est la finalité de toute âme.

La prévenance est la marque du sage.


Il faut que la confiance en soi aboutisse à la foi en Dieu, car la foi est une
confiance vive.

Le bonheur, seul, est naturel et ne s’atteint qu’au moyen d’une vie vécue
selon la nature.

Il faut que le mental devienne notre serviteur discipliné, car c’est


lorsqu’il règne en maître que la vie devient pénible.

Rien ne sert de prétendre que tu détiens la vérité, car si c’était vrai, tu


garderais le silence.

La confiance de celui qui croit en autrui mais non en lui-même est


inféconde.
Venir au secours de la souffrance humaine doit être notre première
priorité.

La première leçon que doit apprendre le chercheur de vérité est de rester


fidèle à soi-même.

Les gens claquemurent leurs idées de peur que leur esprit ne s’évade
entre les barreaux.

Il est confortable de devenir le maître, mais ardu de devenir le disciple.

L’âme est soit élevée, soit rabaissée, par les effets de ses propres pensées,
paroles et actions.

L’amour s’épanouit sous forme de sentiments et retombe sous forme


d’attachement.

Tout le déroulement de la vie est un cheminement qui va de


l’imperfection à la perfection.
À chaque âme sa propre voie dans la vie. Si tu veux suivre la voie d’un
autre, il te faudra aussi lui emprunter ses yeux pour la reconnaître.
La réponse est dans la question. La question n’a point d’existence
indépendamment de sa réponse.

Celui qui vit au niveau de ses plus nobles sentiments vit dans le Ciel,
mais quand il les exprime avec des mots, il retombe sur terre.

Le caractère d’un homme est le reflet de ses pensées et de ses actes.

La raison s’apprivoise en considération du monde en perpétuel


changement, mais la sagesse procède de l’essence de la vie.

Une vie véridique permet à l’homme d’accomplir la nature de Dieu.

Le mystique est son propre empire ; il y règne en roi.

Dès l’instant où une personne se simplifie, une voie directe s’ouvre


devant elle.

De l’enveloppe du cœur brisé éclôt l’âme nouvelle.

Dans la beauté se cache le secret de la Divinité.

Il n’est pas de meilleur compagnon que la solitude.

Celui qui prend conscience des conséquences de ses actes sur lui-même
commence à élargir sa manière de voir la vie.

La vie est ce qu’elle est. Vous ne la changerez pas, mais vous pouvez
vous changer vous-même.
Être seul avec soi-même est comme être avec un ami dont la compagnie
durera toujours.

Celui qui ne garde aucun secret n’a aucune profondeur ; son cœur est
semblable à un récipient renversé.

La sagesse s’atteint dans la solitude.


Chaque désir, dans la vie, trouve sa satisfaction. S’il n’en était pas ainsi,
la Création n’aurait pu se perpétuer.

Celui qui conçoit clairement la finalité de la vie est déjà sur la Voie.

L’accomplissement de la finalité de la vie réside dans le complet


déploiement de la nature humaine.

Ce que Dieu accomplit, l’homme le gâte ; ce que l’homme réalise, Dieu


le broie.

Toutes choses sont bonnes, mais toutes ne sont pas bonnes pour tous, ni
justes en tout temps.

Si nous ne fondons pas notre espérance sur la vérité, sur quoi la


fonderons-nous ?

La vie est croissance, et cesser de croître, c’est mourir.

La vérité est cachée au cœur de la nature. C’est pourquoi l’homme tend


naturellement à cacher tout ce qui est précieux.

L’ego mensonger est un dieu factice. Une fois que celui-ci est abattu, le
Dieu de fidélité se manifeste.

Celui qui chérit la nature est le véritable adepte de Dieu.

Celui qui adore Dieu et méprise l’homme pratique [sa religion] en vain.

Nous nous laissons aller à la faute par simple passivité.

En son avènement, l’amour vit de la seule réciprocité, mais quand il


atteint à la pleine maturité, il se suffit à lui-même.

La pensée actuelle de l’humanité est assise sur le trône du matérialisme et


porte la couronne du mercantilisme.

Sans humour, la vie humaine devient futile.


Concevoir la vie comme un tout est au-dessus des moyens de la masse.

Toutes les manifestations de la vie se rejoignent dans cet unique pivot


qu’elles ont en commun, et qui est l’Entendement divin.

Se montrer patient dans l’épreuve est la meilleure défense.

Tout ce qui est bon et salutaire est difficile à obtenir.

Plus vous faites étalage de vos dons, plus diminue la valeur de ce qui est
sans prix.

Une carence de compréhension de la nature humaine entraîne tous les


conflits et tous les désaccords.

Plus un homme descendra en lui-même, plus il puisera d’énergie au-


dedans.

Le secret de la vie est l’équilibre, et l’absence d’équilibre est


l’anéantissement de la vie.

Tout ce qui vient de Dieu est destiné à toutes les âmes.

Ce ne sont pas les circonstances de la vie, mais notre attitude envers la


vie qui nous rend heureux ou malheureux.

Le profit engrangé sur la ruine d’autrui n’est pas un gain à long terme.

Parler de la sagesse est bien plus commode que de vivre en sage.

La bienfaisance est l’essaimage du cœur.


CHALAS

THÈME – PAROLES DE LUMIÈRE

Le guide spirituel joue le rôle de Cupidon en ce qu’il aide les âmes qui
cherchent [la vérité] à se rapprocher de Dieu.

Le soufi incline à considérer toute chose selon deux points de vue : le


sien et celui d’autrui.

La vraie religion, pour le soufi, est l’océan de la vérité ; et tous les


différents credo en constituent en quelque sorte les vagues.

La vérité n’est pas accessible à tous dans sa pureté, mais celui qui la voit
n’a plus besoin d’être enseigné.

Le Créateur est enchâssé dans sa propre création.

La religion naturelle est la religion du beau.

La Création participe non seulement de la nature de Dieu, elle est aussi


son art !

C’est présomption de la part de l’homme quand il demande verbalement


une explication à Dieu.

Sur un million de croyants, c’est à peine s’il en est un qui fasse de Dieu
une réalité.

L’idéal de Dieu est la fleur de la Création, et la prise de conscience de la


vérité est son parfum.
Un authentique fidèle reconnaît sa Personne en toutes formes ; de plus,
en respectant l’homme, il honore Dieu.

Le désir caché du Créateur est le secret de toute la Création.

Une âme qui danse manifeste de la grâce dans ses moindres faits et
gestes.

La vie doit être notre principale préoccupation. Quant à la vraie vie, c’est
la vie intérieure, l’accomplissement de la nature de Dieu.

L’Esprit du Christ est la vie de l’Univers.

Dieu s’adresse au prophète dans sa langue divine, et le prophète


l’interprète en langage humain.

La confirmation de la prophétie réside dans la personnalité du prophète.

La véritable épée de Mohammed était le charme de sa personnalité.

La modestie est le voile sur la face des grands. Parce que Dieu lui-même
fait preuve d’une infinie modestie, nul autre que ses intimes ne le voit.

Dieu vit au sein de la nature, mais nous l’enterrons vivant sous nos
constructions artificielles qui lui sont comme un tombeau et le recouvrent.

L’amour est le filet dans lequel les cœurs se laissent attraper comme des
poissons.

Tandis que tout un chacun demande “Pourquoi ?” à son semblable, le


mystique se pose la question à lui-même.

Le riche n’est souvent que le concierge de sa mine d’argent.

L’homme, dans la vie, est tiraillé aux quatre vents que sont la nature, les
circonstances, la loi et son idéal.

L’enfant qui naît sur terre est un exilé du Ciel.


Il ne faut jamais plaisanter avec un sot : si tu lui jettes une fleur, il te
jettera une pierre en retour.

Aucun lien ne peut t’attacher si ton cœur est libre.

La pacification du cœur est la véritable alchimie qui transmute le mercure


en vif-argent.

Quelle que soit la direction où te mènent tes pas, l’idéal sera la boussole
qui t’indiquera le chemin.

Le vrai soi naît sur les cendres du faux moi.

Si, par mégarde, tu marches dans la boue, ne te crois pas pour autant
obligé de continuer à cheminer dans le bourbier.

Tous les trésors du monde seraient encore un trop faible tribut pour une
seule parole capable d’embraser l’âme.

La compassion dissipe l’encombrement du cœur.

La raison est le maître de l’incroyant et la servante du croyant.

Lorsqu’un désir se transforme en constance d’intention, son


accomplissement est certain.

Aucun sacrifice n’est trop grand pour défendre la cause de la liberté.

De quelle utilité est ton intelligence, ô homme sagace, si elle te contraint


à pleurer l’occasion manquée ?

Reste ferme dans la vie, tel un brisant sur les flots qui ne se laisse point
troubler et reste indifférent au flux et au reflux des vagues.

Si tu manques à tes obligations envers toi-même, tout le monde négligera


les siennes envers toi.
L’amour franchit la montagne de la vie pas à pas.

Déceler l’erreur, c’est discerner la lumière.

La vérité, quand elle est dite avec chaleur, ne peut qu’apaiser le cœur de
celui qui l’entend.

Une vie inféconde est une vie inutile.

Dieu est ce qui s’avère réel jusqu’au bout de l’épreuve.

La vérité seule vaincra. Le mensonge est une perte de temps et d’énergie.

L’accomplissement spirituel est la véritable finalité de chaque âme.

Si tu cherches l’apaisement en cette vie, élève-toi au-dessus de la


complexité et des conventions.

Un seul instant d’une vie sincère vaut plus que mille ans d’une vie de
mensonge.

Ses propres dispositions d’esprit s’érigent en obstacle sur le chemin du


pessimiste.

Par manque de patience, la vertu meurt de faim.

La réussite confère une apparence de réalité même aux erreurs.

La mort phénoménale est la véritable naissance de l’âme.

Se préoccuper des fautes d’autrui est un ajout superflu aux tracas que
nous causent nos propres manquements.
Étouffer le désir, c’est réprimer un élan divin.

Quand une personne réservée dit “Oui” ou “Non”, ses paroles ont plus de
poids et d’influence que tous les délayages d’un bavard.

Une vérité qui trouble la paix et l’harmonie est pire qu’un mensonge.
À force de mensonges, on peut établir le bien-fondé d’une assertion
inexacte, mais en dépit de tout cela, la tromperie apparaîtra finalement
comme telle dans les faits.

Lorsque l’on sait à quel point il est malaisé pour le sage de juger des
actions du dernier des pécheurs, qui d’autre qu’un sot s’aviserait de juger un
saint homme ?

Prêcher requiert du savoir-faire. Il ne suffit pas seulement de parler.


Nombreux sont ceux qui martèlent la vérité comme un forgeron son
enclume.

L’initiation consiste à avancer dans une direction inconnue de soi.

C’est un plus grand avantage de disposer des moyens de subvenir aux


besoins ordinaires de la vie quotidienne que de posséder des richesses qui
ajoutent à l’épreuve de la vie.

Aucune religion spécifique n’est en mesure d’engendrer une vie


spirituelle en l’homme. La spiritualité est fonction de l’accord de l’âme
[avec le réel].

Pour atteindre son idéal, il faut que l’homme prenne d’abord conscience
de ses sottises et qu’ensuite il s’efforce de se corriger en se persuadant qu’il
peut changer.

De même que les jeunes pousses sont soignées en serres, toutes choses en
leur commencement se doivent d’être protégées contre les vents violents de
la destruction.

Alors qu’il est difficile, même pour l’homme épris des biens terrestres, de
vivre en ce monde, qu’en sera-t-il pour le spirituel !

La foi du charbonnier, dans sa prétention à la croyance, provoque la


révolte de l’homme doué d’intelligence et le transforme par là même en
incroyant.

L’égoïste ne peut concevoir que l’on puisse être généreux ; aussi


l’homme désintéressé est-il toujours suspect de tromperie à ses yeux.

De même que l’eau est, dans le monde matériel, l’élément qui purifie et
nettoie, c’est à l’amour qu’échoit ce même office dans les plans supérieurs.

Il est très difficile, lorsque l’on évolue soi-même, de rester au diapason


de ceux qui stagnent. C’est un peu comme se retrouver écartelé entre ciel et
terre.

La grandeur de Dieu est visible dans la nature, mais même la plus haute
noblesse humaine ne le manifeste qu’en miniature.

La voie du soufi consiste à faire l’apprentissage de la vie tout en


demeurant en surplomb de celle-ci, à vivre dans le monde sans laisser le
monde faire de lui son esclave.

Quand l’homme est obligé de choisir entre son bénéfice spirituel et son
intérêt matériel, c’est alors qu’il dévoile si son trésor se trouve sur terre ou
dans le ciel.

La vie est une occasion, non seulement d’accomplir ses désirs, mais
encore de satisfaire aux plus profondes aspirations de l’âme.
La noblesse d’âme est aussi innée chez l’homme que le parfum chez la
fleur. Elle ne s’apprend ni ne s’enseigne.

Il ne faut qu’un instant pour tomber du ciel sur la terre, mais pour
s’élever de la terre jusqu’au ciel une longue vie ne suffit pas toujours.

La véritable félicité réside dans la source d’amour qui surgit au cœur de


l’âme. Quiconque permet à cette source de s’écouler continuellement
quelles que soient les circonstances et les situations, si difficiles soient-
elles, connaîtra une félicité qui n’appartient vraiment qu’à lui.
Une personne de bien qui tire orgueil de sa bonté transforme ses perles en
cailloux, tandis qu’une personne malveillante mais pleine de repentir pourra
transformer de vulgaires galets en joyaux.

La seule vérité nue ne suffit pas ; il faut que la vérité se traduise en


sagesse. Et qu’est-ce que la sagesse ? La sagesse est le vêtement de la
vérité.

Cheminer sur la voie de la lumière tout en cherchant l’obscurité revient à


être tiraillé entre les deux pôles de la Terre, l’on est écartelé et ne peut aller
dans aucune direction.

L’amour, dans sa plénitude, est une force ineffable plus éloquente que les
mots. Il n’est rien que l’homme ne puisse accomplir lorsque l’amour
s’épanche de son cœur.

La joie et la tristesse sont chacune une composante l’une de l’autre. Sans


la joie, la tristesse n’existerait pas ; et sans la tristesse, nous ne connaîtrions
pas la joie.

L’homme s’interroge au sujet de son passé et de son avenir… Comme la


vie deviendrait pour lui merveilleuse si seulement il prenait conscience du
moment présent !

Chaque instant de la vie est une occasion, et la plus grande fortune


consiste à connaître la valeur de l’occasion.

C’est l’obscurité de notre propre cœur qui, lorsqu’elle s’abat comme une
ombre sur le cœur d’autrui, se transforme en doute en y pénétrant.

La vérité conçue par l’âme mature s’exprime sous forme de sagesse.

Mieux vaut refuser que d’accepter quoi que ce soit à contrecœur.

Aucun témoignage d’amour n’est plus précieux qu’une parole ou un acte


respectueux, car la plus noble expression de l’amour est le respect.
Il vous faudra trouver votre idéal en vous-même, car aucun idéal en cette
vie ne s’avérera durable et véridique, à l’exception de celui que vous vous
donnerez.

Tout ce qui vit est esprit, et tout ce qui meurt est matière.

Le pouvoir coûte souvent plus cher qu’il ne vaut. Celui qui accède au
pouvoir sans en maîtriser le bon usage finira par le perdre, car tout ce qui
est maintenu par la force se révoltera un jour.

L’homme se révèle grand ou petit en fonction de l’importance qu’il


accorde en cette vie aux réalités supérieures ou inférieures.

Au moyen de la matière, l’âme parvient à l’accomplissement suprême ; il


s’ensuit que le corps physique est indispensable à l’accomplissement de sa
finalité.

L’homme s’enivre de toutes sortes d’idées, et de nombreuses sensations


agissent comme un spiritueux sur l’âme, mais il n’est aucun alcool plus fort
que l’abnégation de soi.

L’absence de générosité signifie que les portes du cœur sont fermées.


Rien de ce qui est au-dedans ne peut en sortir, et rien de ce qui est au-dehors
ne peut y entrer.

Chaque âme en ce monde mène une quête singulière, définie, et qui lui
est propre ; mais c’est en Dieu que chacune atteint au mieux l’objet de sa
recherche.

L’individualité humaine s’affirme par la sagesse et se distingue par la


comparaison. Dieu étant parfait, il est impossible à l’homme de le concevoir
[dans l’entendement].

Si un désir n’est pas comblé, cela signifie que la personne [qui désire] ne
sait pas désirer. L’échec provient du flou de l’intention.
La personne du Prophète est le filet divin dans lequel Dieu prend les
âmes à la dérive dans le monde.

Ne confie point ton secret au diable, car celui-là qui est censé être ton
esclave deviendrait ton maître.

La confiance en soi est la vérité de la foi, et dans celle-ci réside le secret


de l’accomplissement ou du non-accomplissement de chaque désir.

Grâce à la foi en Dieu, à la bonne volonté, à la confiance en soi et à une


posture optimiste à l’égard de la vie, l’homme remportera toujours la
victoire, si difficile soit-elle.

Toutes choses existantes ont leur contraire, à l’exception de Dieu. C’est


pour cette raison que ce dernier ne peut être connu.

Chacun d’entre nous crée son propre Dieu, mais nous imaginons
seulement sa forme, non sa vie, et façonnons ainsi des dieux multiples à
partir de l’Être un et unique.

Dieu seul existe, qu’il soit conçu comme Dieu unique ou sous forme
d’une pluralité de dieux, car toutes les grandeurs numérales ne sont que la
continuation de un.

Lorsque le cœur humain devient sensible à [la présence de] Dieu, il


devient comme l’océan : il déploie ses vagues vers l’ami et l’ennemi.

La spiritualité vraie ne consiste pas en une foi ou une croyance figée,


mais dans l’ennoblissement de l’âme par le dépassement des impedimenta
de la vie matérielle.

La vérité est purificatrice ; elle est infiniment aimable et pacifiante ; mais


qu’est-ce que la vérité ? La vérité est ce qui ne peut être dit.
GAMAKAS

VARIATIONS – LE POÈTE S’EXPRIME SELON SON CŒUR

Je ne me considère comme le second de personne puisque j’ai accompli en


moi-même l’Un unique.

Toutes les choses qui pourront paraître encenser mon statut m’abaissent
en vérité à mes propres yeux. La seule chose qui me fasse éloge est l’oubli
total de moi-même dans la vision parfaite de Dieu.

Il n’est aucune tâche que je considère comme trop humiliante pour moi,
et il n’est aucune situation, si prestigieuse soit-elle, qui puisse me rendre
plus heureux que je ne le suis déjà dans la dignité de mon Seigneur.

L’amour ne me réjouit pas plus que la haine ne m’attriste, car toutes


choses à mes yeux sont naturelles. La vie est pour moi un rêve en constante
métamorphose, et lorsque je désengage mon vrai soi du faux moi, je
connais toutes choses, et pourtant je me tiens à distance. Ainsi, je m’élève
au-dessus de toutes les mutations de la vie.

Il ne fait aucune différence à mes yeux que l’on me porte aux nues ou
que l’on me voue aux gémonies. La vie, pour moi, est une mer en perpétuel
mouvement où la houle de la grâce et de la disgrâce ne cesse de monter et
de descendre.

Chuter ne me brise ni ne me décourage : cela me permet seulement de


m’élever à une sphère de vie encore plus haute.

Je n’aurais pas pu apprécier la beauté de la vertu si je n’avais connu le


péché.
Je considère chaque déception en cette vie comme le dépouillement d’un
vieux vêtement en vue d’en revêtir un neuf, et le nouveau m’a toujours
semblé préférable à l’ancien.

J’ai plus appris par mes fautes que par mes vertus. Si j’avais toujours agi
correctement, je ne serais pas humain.

Mon intuition ne me fait jamais défaut, mais j’échoue chaque fois que je
ne l’écoute pas.

Je ne blâme personne pour ses torts, mais je n’encourage pas non plus
quiconque dans cette voie [du tort].

En apportant le bonheur à autrui, je touche du doigt le plaisir de Dieu ; et


pour mon incurie, je me sens fautif devant lui.

Chaque âme m’apparaît comme un monde, et la lumière de mon esprit,


en s’y déversant, en révèle distinctement tout le contenu.

Rien ne semble ni trop bon ni trop mauvais. Je ne vois plus de différence


entre un saint et un pécheur, puisque je contemple la seule et unique Vie qui
se manifeste en tous.

Je considère mon action envers chacun comme un acte envers Dieu, et


l’action de chacun envers moi comme un acte de Dieu.

Aussi longtemps que j’agis selon ma propre intuition, je parviens à mes


fins, mais chaque fois que je suis le conseil d’un autre, je m’égare.

Je travaille avec simplicité, sans me soucier des résultats. Mon plaisir est
d’accomplir la tâche qui m’est confiée au mieux de mes capacités, et
j’abandonne les effets à la cause.

La vie dans le monde m’intéresse extrêmement, mais la solitude à l’écart


du monde est ce à quoi aspire mon âme.

Je me sens moi-même quand je suis seul avec moi-même.


En respectant chaque personne que je rencontre, je rends un culte à
Dieu ; et en aimant chaque âme de la terre, je ressens la dévotion que j’ai
pour lui.

Je suis prêt à apprendre auprès de ceux qui viennent m’enseigner et suis


disposé à enseigner ceux qui souhaitent apprendre.

Je considère chaque obstacle sur mon chemin comme un encouragement


à réussir.

Je ne cherche pas à instruire mes semblables, mais à leur montrer ce que


je vois.

Je me réjouis de l’exil qui m’a vu passer du jardin d’Éden à la terre ! Car


si je n’avais pas chuté, je n’aurais pas eu l’occasion de sonder les mystères
de la vie.

À l’instant où je quitterai cette terre, ce n’est pas du nombre de mes


disciples dont je serai fier, mais songer que j’aurai délivré son message
auprès de quelques âmes sera pour moi une consolation, et le sentiment que
cela les aura aidées dans la vie m’apportera satisfaction.

Je ne suis pas venu pour réformer l’humanité. Je suis venu pour l’aider à
aller de l’avant.

Si quelqu’un frappe mon cœur, celui-ci ne se brise pas, mais prend feu, et
la flamme qui apparaît devient une torche sur mon chemin.

Ma plainte monte des profondeurs vers les cieux tel un cri de la terre, et
une réponse me parvient du dedans sous forme de message.

Je suis une vague sur l’océan de la vie qui porte vers le rivage tous ceux
qui entrent dans son enveloppement.
GAYATRI

CHANTS SACRÉS

Saum (Le jeûne)


Gloire à toi, Dieu Très-Haut,
Omnipotent, Omniprésent, qui te diffuse à tout, l’Être unique.
Prends-nous dans tes bras protecteurs,
Enlève-nous à la pesanteur de la terre.
Ta Beauté nous adorons,
À toi, nous donnons de bonne grâce notre consentement,
Dieu Tout Miséricordieux et Très Clément,
Seigneur glorifié de toute l’humanité.
Toi seul nous adorons, et à toi seul nous aspirons.
Ouvre nos cœurs à ta Beauté,
Illumine nos âmes de ta divine Lumière,
Ô toi, qui es la perfection de l’amour, de l’harmonie et de la beauté !

Créateur Tout-Puissant, le Préservateur, l’Arbitre, Celui qui pardonne nos


imperfections.
Seigneur Dieu de l’Orient et de l’Occident, des mondes de l’au-delà et de
l’en deçà,
Du visible et de l’invisible,
Épanche sur nous ton Amour et ta Lumière,
Nourris nos corps, nos cœurs et nos âmes.
Fais de nous le moyen des fins assignées par ta Sagesse,
Et sois notre guide dans la voie de ta Propre Bienveillance.
Mène-nous toujours plus près de toi à chaque instant de notre vie,
Jusqu’à ce qu’en nous se reflète ta Grâce, ta Gloire, ta Sagesse, ta Joie et
ta Paix.

Amen

Salât (Prière)
Très Bienveillant Seigneur, Maître, Messie et Sauveur de l’humanité,
Nous te saluons en toute humilité.
Tu es la Cause Première et l’Ultime Effet, la Lumière divine et l’Esprit
qui guide, l’Alpha et l’Oméga.
Ta Lumière est en toutes formes, ton amour en tout être : chez la mère
aimante, le père attentionné, l’enfant innocent, l’ami secourable, le maître
stimulant.
Accorde-nous de te connaître sous tous tes saints noms et toutes tes
formes sacrées, en tant que Rama, Krishna, Shiva, Bouddha.
Permets que nous te reconnaissions en Abraham, Salomon, Zoroastre,
Moïse, Jésus, Mohammed, ainsi que sous bien d’autres noms et formes,
connus et inconnus du monde.
Nous adorons ton passé, ta présence illumine notre être au plus intime, et
nous demandons ta bénédiction pour l’avenir.
Ô messager, ô Christ, Nabi, l’Envoyé de Dieu !
Toi, dont le Cœur tend constamment vers le haut, tu apportes sur terre un
message, telle une colombe du ciel lorsque le Dharma décline, et enseignes
le Verbe qui est mis dans ta bouche, de même que la lumière emplit la lune
montante.
Que l’étoile de la Lumière divine qui brille dans ton cœur se reflète dans
le cœur de tes fidèles.
Puisse le message de Dieu se répandre partout, illuminant et unifiant
l’humanité tout entière en une seule communauté de frères dans la Paternité
de Dieu.

Amen
Khatum (Prière de clôture)
Ô toi, qui es la perfection de l’Amour, de l’Harmonie et de la Beauté,
Le Seigneur du ciel et de la terre,
Ouvre nos cœurs, afin que nous puissions entendre ta Voix qui s’exprime
en permanence du dedans.
Dévoile-nous ta divine Lumière, qui est cachée dans nos âmes, afin que
nous puissions mieux connaître et comprendre la vie.
Dieu Tout Miséricordieux et Très Clément, donne-nous ta grande
Bienveillance,
Enseigne-nous ton tendre Pardon,
Élève-nous au-dessus des distinctions et des différences qui divisent les
hommes,
Envoie-nous la paix de ton Esprit divin ;
Et unis-nous tous dans la Perfection de ton Être.

Amen

Doua (Invocation)
Garde-moi, mon Seigneur, des passions terrestres et des attaches qui
aveuglent le genre humain.
Garde-moi, mon Seigneur, des tentations du pouvoir, de la renommée et
de la richesse, qui tiennent l’homme éloigné de ta vision glorieuse.
Garde-moi, mon Seigneur, des âmes qui passent leur temps à blesser leur
semblable et à lui nuire, et qui prennent plaisir à la souffrance d’autrui.
Garde-moi, mon Seigneur, du mauvais œil de l’envie et de la jalousie qui
tombe sur tes Dons abondants.
Garde-moi, mon Seigneur, des mains des enfants espiègles de la terre, de
crainte qu’ils ne m’utilisent dans leurs jeux, car jouant avec moi, ils
risqueraient de me briser à la fin, comme font les enfants avec leurs jouets.
Garde-moi, mon Seigneur, de toute sorte de torts dus à la rancœur de mes
adversaires et à l’ignorance de mes pieux amis.

Amen
Nayaz (Prière de guérison)
Seigneur Bien-Aimé, Dieu Tout-Puissant !
Par les rayons du soleil,
Par les vagues de la mer,
Par la Vie qui imprègne toute l’étendue,
Purifie-moi et revivifie-moi, et, je t’en prie,
Guéris mon corps, mon cœur et mon âme.

Amen

Nazar (Action de grâce)


Ô toi, qui nourris nos corps, nos cœurs et nos âmes,
Bénis tout ce que nous recevons avec gratitude.

Amen
RAGAS

MODULATIONS – EFFUSIONS DE L’ÂME

Ta lumière est entrée dans les antichambres secrètes de mon mental (mind) ;
ton amour s’est établi au plus intime de mon cœur ; tes yeux sont la lumière
de mon âme ; ton agir conduit mon action. Dans ta paix unique ma vie puise
son repos. Ta volonté préside à chacun de mes élans. Ta voix résonne dans
les paroles que je prononce. Ta propre image irradie mon visage. Mon corps
n’est qu’une enveloppe apposée sur ton âme. Ma vie est ta respiration
même, mon Bien-Aimé, et mon soi est ton être propre.

Tu verses le vin dans ma coupe vide à chacune de nos rencontres, sur les
collines et dans les vallées, au sommet des hautes cimes, dans les forêts
denses et les déserts arides, sur les rivages de la mer en furie et sur les
berges de la rivière en pente douce. Alors s’élève en mon cœur l’amour qui
n’est point de ce monde et la céleste joie.

Tu as des milliers de fois conquis mon cœur. Tu te manifestes sous le


voile d’apparences diverses et variées, mais en chacune, tu es l’Unique. Qui
demeurera indifférent à la splendeur que tu as si habilement créée à la
surface de la terre ? Dans ce gala de beauté, tu rayonnes, paré d’une
myriade d’atours. Tienne est toute beauté ; mais si tu rayonnes, tu n’es point
toi-même attiré par elle. Sur cette scène qu’est la vie, tu joues l’ami et
l’ennemi, et toi seul es témoin de la pièce qui est si prodigieusement
représentée. Je t’ai cherché pendant si longtemps, mon Bien-Aimé, et à
présent, je te trouve enfin, ô Conquérant de mon cœur ; et en te trouvant, je
me suis perdu moi-même.
Puissé-je sentir ton étreinte, mon Bien-Aimé, tandis que j’erre loin de
chez moi. Puisse mon cœur devenir ton luth. Lorsque j’entends ton chant,
mon âme prend vie. Que mon âme virginale danse à ta cour, mon Indra, car
l’amour dont elle est animée est pour toi seul. Ô, laisse-moi poser ma tête
sur ton sein. Blotti dans tes bras, mes pieds abordent au paradis.

Partout où je me tourne, je vois ton visage bien-aimé recouvert de


différents voiles. La clairvoyance de mes yeux aux aguets a levé le voile sur
ta face radieuse, et ton sourire a conquis mon cœur mille et mille fois.
L’éclat de ton regard pénétrant irradie mon âme assombrie, et voici que je
vois briller le soleil en tous lieux.

Dans la vive clarté du jour et à l’obscur de la nuit, que ne m’as-tu pas


enseigné ! Tu m’as appris la signification du mal et ce que l’on appelle le
bien. Tu m’as montré le visage hideux de la vie et as dévoilé devant moi sa
figure de beauté. Tu m’as enseigné la sagesse en partant de l’ignorance la
plus crasse. Tu m’as enseigné à méditer sur mes moments d’étourderie. Tu
joues à cache-cache avec moi, mon Bien-Aimé Seigneur et Maître ! C’est
toi qui me fermes les yeux, et c’est toi qui les dessilles.

Lorsque nous sommes face à face, Seigneur, je ne sais s’il convient de


t’appeler moi ou de m’appeler toi ! Je me vois moi-même quand tu n’es pas
devant moi, et quand je te vois, je perds mon moi de vue. C’est une grâce
lorsque tu es seul avec moi, mais ne point être là du tout est pour moi
suprême bénédiction.

Ton murmure aux oreilles de mon cœur émeut mon âme jusqu’à l’extase.
Les vagues de joie qui montent de mon cœur forment des rets où ta Parole
vivante peut se balancer. Sourd à toute sollicitation du dehors, mon cœur
attend patiemment ton Verbe. Ô toi qui es enclos dans mon cœur, parle-moi
encore ; ta voix soulève mon esprit.

Lorsque tu te tiens devant moi, mon Bien-Aimé, je m’envole à tire-d’aile,


et mon fardeau devient léger ; mais lorsque mon petit moi apparaît devant
mes yeux, je chois sur terre et suis écrasé par son poids.
Mon âme entre dans la danse par la grâce de tes mouvements pleins
d’élégance, et mon cœur bat au rythme de tes pas de danseur. L’empreinte
profonde de ton doux visage, ô conquérant de mon cœur, dérobe toutes
choses visibles à ma vue. Mon cœur répète à l’envi la mélodie que tu joues
sur ta flûte et qui accorde mon âme à l’univers entier.

Je n’ose lever les yeux pour contempler ta vision de gloire, alors je


m’assois en silence près du lac de mon cœur et y contemple le reflet de ton
image.

Tu me donnes ton propre amour et conquiers mon cœur par la grâce de ta


beauté. Lorsque je m’avance vers toi, mon Bien-Aimé, tu me dis : “Ne me
touche point.”

Je me raccroche à toi avec une foi enfantine, portant en mon cœur ton
image très gracieuse. J’ai cherché refuge en ton sein, mon Bien-Aimé, et me
voici en sécurité dans tes bras.

Comment te rendrai-je grâce, mon Roi, pour tes dons abondants ?


Chaque présent que tu me fais, mon généreux Seigneur, a une valeur
inestimable. Sous ton souffle bienveillant, une langue de feu est née de
l’étincelle de mon cœur. Tu entends mes murmures les plus secrets : tu m’as
enseigné ton propre langage et m’as appris à lire le caractère tracé par ta
plume.

Je te nomme “mon Roi”, lorsque je prends conscience de la bulle [de


savon] qu’est mon moi, mais lorsque je suis conscient de toi, mon Bien-
Aimé, je t’appelle “moi”.

Comment te remercierai-je pour ta mansuétude et ta compassion, ô


Souverain de mon âme ? Que ne fis-tu pas pour moi, tandis que je marchais
seul au désert, à l’obscur de la nuit ? Tu vins avec ta torche enflammée pour
éclairer ma route. Glacé par la froideur du cœur endurci de ce monde, je
cherchai refuge en toi, et tu me consolas par ton amour infini. Je frappai
enfin à ton huis lorsque plus aucune réponse ne me parvint de nulle part, et
tu t’es montré prompt à répondre à l’appel de mon cœur brisé.

Je cherchai, mais ne te trouvai point. J’appelai ton nom, debout sur le


minaret, sonnai la cloche du temple au lever et au coucher du soleil, fis en
vain mes ablutions dans le Gange. De la Kaaba, je revins déçu. Je te
cherchai sur terre, je te cherchai dans les cieux, mon Bien-Aimé, mais j’ai
fini par te trouver, celé telle une perle dans le coquillage de mon cœur.

Je mourrais volontiers mille morts si, ce faisant, il m’était donné


d’atteindre ta très noble Présence. Si c’était une coupe de poison que ta
main adorée me tendait, je préférerais ce poison-là à la coupe de nectar. Je
chéris la poussière que tu foules sous tes pas, ô mon Précieux, infiniment
plus que tous les trésors de la terre. Si je pouvais poser le front sur le sol de
ta demeure, je déclinerais avec dédain la couronne de Khusrau. Je
sacrifierais avec joie tous les plaisirs que peut m’offrir la terre, si je pouvais
ne serait-ce que garder ta douleur dans mon cœur sensible.

Un instant de vie avec toi vaut plus qu’une longue vie en ton absence.

Mon chagrin de toujours, je l’oublie dès que tu poses les yeux sur moi.
Le temps n’est pas pour moi : entrevoir ta vision de gloire suffit à me rendre
éternel.

C’est toi qui fais ma fierté, car lorsque je prends conscience de mon moi
limité, je me sens le plus humble des êtres vivants.

Ô toi, graine de la plante qu’est ma vie, tu es restée cachée si longtemps


dans mon âme en bouton, mais à présent, tu t’es épanouie, ô fruit qu’est
devenue ma vie depuis qu’a fleuri mon cœur.

Puissé-je croître en silence dans ton jardin comme une plante coite, afin
qu’un jour mes fleurs et mes fruits puissent chanter la légende de mon
silencieux passé.
Ta musique pousse mon âme à danser. Dans le murmure du vent,
j’entends ta flûte, et les vagues de la mer donnent le rythme à mes pas
cadencés. Au contact de toute la nature, j’entends se jouer ta musique, mon
Bien-Aimé. Mon âme, en dansant, exprime sa joie dans son chant.
Ton sourire a rendu mon défunt cœur à la vie : ma vie et ma mort sont à
la grâce de tes paupières qui s’ouvrent et se ferment.
Donne-moi encore une coupe, ô Échanson ! Je lui accorderai plus de prix
qu’à toute la vie que j’ai vécue.
SOURAS

CONTINUO – DIEU PARLE À L’ÂME TRANSFIGURÉE

Bienheureux celui qui a trouvé dans la vie même la raison d’être de sa


propre vie.
Bienheureux celui qui se repose en la demeure de son âme.
Bienheureux celui qui entend l’appel lancé depuis le minaret de son
cœur.
Bienheureux celui qui contemple l’étoile de son âme comme le phare que
l’on voit depuis la haute mer.
Bienheureux les simples qui ont foi et confiance.
Bienheureux ceux qui œuvrent avec patience pour la cause de la vérité et
ne se lassent pas.
Bienheureux ceux qui se défient de causer le moindre affront à autrui en
pensée, en paroles ou en acte.
Bienheureux les amis désintéressés qui ont la constance pour précepte de
vie.
Bienheureux ceux qui couvrent les cicatrices d’autrui même à leurs
propres yeux.
Bienheureux ceux qui se réjouissent en Dieu, car ils hériteront du
Royaume des Cieux.
Bienheureux ceux qui consentent à des sacrifices par bonté.

En vérité, le cœur qui chérit l’amour de Dieu se verra couronné de gloire


au dernier jour.
En vérité, le cœur qui répète constamment le saint Nom est glorifié.
En vérité, le cœur qui reflète la Lumière divine est embrasé.
En vérité, le cœur qui est responsable envers le Verbe divin est libéré.
En vérité, le cœur qui reçoit la Paix divine est béni.
En vérité, la bénédiction est pour toute âme, car chaque âme, quelle que
soit sa foi ou sa croyance, est de Dieu.
En vérité, est digne d’envie celui qui aime sans rien attendre en retour.
En vérité, c’est la vérité que toute âme recherche.
En vérité, celui qui garde espoir atteindra son but dans la vie.
En vérité, la vie est un perpétuel combat, et seul est victorieux celui qui
s’est conquis lui-même.
En vérité, tout ce qui mène à la félicité est bon.
En vérité, est spirituel l’homme qui prend en considération les sentiments
humains.
En vérité, l’homme qui étreint le monde est plus grand que le monde ;
celui qui est contenu par le monde est plus petit que le monde.

L’accomplissement spirituel consiste à s’accorder à un diapason plus


haut.

Telle l’ombre, le mal est visible bien que sans existence propre.

La foi touche du doigt ce qui échappe à la raison.

Il y a une limite à la prudence dans les affaires humaines, et l’horizon de


cette limite est la confiance en Dieu.

De même que la lentille solaire réfracte le centre du soleil, le cœur


contemplatif reflète les attributs divins.

La durée du développement spirituel est fonction du rythme de notre vie.

Toutes les choses que l’on cherche en Dieu, telles que la lumière, la vie,
la vigueur, la joie et la paix, se peuvent trouver dans la vérité.

La vérité est la manifestation de Dieu, et Dieu témoigne de la vérité.

En vérité, l’âme est sans naissance ni mort, sans commencement ni fin.


Le péché ne saurait l’atteindre, ni la vertu la magnifier. Elle est et sera
toujours de toute éternité, et toute autre réalité l’enveloppe comme un verre
de lampe entoure la flamme.

Lorsque l’homme se tait, Dieu commence à parler.

L’âme, au cours de son cheminement, accède à un niveau [de


développement spirituel] où elle crie haut et fort : “Je suis la Vérité !”
À toutes les richesses acquises en cette vie et à tous les amis que nous
nous serons attachés, il faut préférer ce constat de notre conscience au
moment de quitter cette terre : “Tu es véridique.”

L’accomplissement spirituel consiste à devenir conscient de l’Unique


Parfait qui est conçu dans le cœur.
TALAS

RYTHMES – COMPARAISONS

L’amour venu d’en haut est pardon ; venu d’en bas, il est dévotion.

Qui rend plus de bien qu’il n’en a reçu est un homme bon ; celui qui rend
moins de bien qu’il n’en a reçu est un égoïste ; qui s’efforce de se montrer
impartial dans l’échange de bienfaits est un pragmatique ; mais qui rend le
bien pour le mal est un saint.

Qui rend moins de mal qu’il n’en a reçu est un homme ordinaire ; qui
s’efforce de rendre autant de mal qu’il en a reçu est méchant ; qui rend plus
de mal qu’il n’en a reçu est un démon ; mais celui qui rend le mal pour le
bien n’a pas de nom.

Celui qui se garde de la tromperie d’autrui est malin ; celui qui ne fournit
pas à autrui l’occasion de le tromper est sage ; celui qui se laisse berner par
autrui est un nigaud ; mais celui qui se fait sciemment la dupe d’autrui
manifeste l’étoffe d’un saint.

Si vous désirez que les gens vous obéissent, il vous faudra apprendre à
obéir à vous-même ; si vous souhaitez que les gens vous croient, il vous
faudra apprendre à croire en vous-même ; si vous souhaitez que les gens
vous respectent, il vous faudra apprendre à vous respecter vous-même ; si
vous souhaitez que les gens vous fassent confiance, il vous faudra
apprendre à vous faire confiance à vous-même.

L’homme établit sa légitimité en étant sincère, sa noblesse [d’âme] en


faisant preuve de bonté cordiale, sa sagesse en se montrant tolérant, sa
grandeur en surmontant avec endurance les coups du sort qui l’ébranlent
continuellement.

Brave est celui qui traverse courageusement toutes les épreuves ; lâche
celui qui a peur de faire un pas dans une direction nouvelle ; insensé celui
qui nage avec le courant du caprice et des plaisirs ; sage celui qui traverse
toutes choses sans quitter la voie qui le conduit à destination.

La vie est un échange équitable où tout s’ajuste à son heure. Tout ce que
vous y puisez, vous devrez en payer le prix tôt ou tard. Parfois, l’on peut
payer d’avance, parfois à la livraison, d’autres fois plus tard encore, à
réception de la facture.

Le maître est celui qui se maîtrise lui-même ; l’enseignant, celui qui se


met à sa propre école ; le timonier, celui qui se gouverne lui-même ; le
dirigeant, celui qui se dirige lui-même.

Celui qui craint le vice s’assujettit au vice. Celui qui est dépendant du
vice est son esclave. Celui qui se familiarise avec le vice devient l’élève du
vice. Celui qui tire la leçon du vice, passe au travers et s’élève au-dessus de
lui devient maître et conquérant.

L’ignorant a les yeux plus grands que le ventre, prend une charge
beaucoup trop lourde pour ses épaules, coupe la branche sur laquelle il est
assis et parsème son propre chemin d’épines.

Celui qui dit : “Je ne puis tolérer…” révèle sa petitesse [d’esprit]. Celui
qui dit : “Je ne puis supporter…” exprime sa faiblesse. Celui qui dit : “Je ne
puis m’associer à…” montre ses limites. Celui qui dit : “Je ne puis
pardonner…” manifeste son imperfection.

Celui qui faillit à soi-même faillit à tous. Celui qui se conquiert lui-même
conquiert tout.

Heureux celui qui fait le bien d’autrui, et malheureux celui qui attend le
bien des autres.
L’amour qui évolue est comme l’eau douce de la rivière qui court, mais
l’amour qui n’évolue point est comme l’eau saumâtre de l’océan.

Toute pensée, parole ou action naturelle, sensée et aimante est vertu ;


celle à qui ces trois qualités font défaut est un péché.

La croyance en Dieu est le combustible, l’amour de Dieu est


l’incandescence, et l’accomplissement de la nature de Dieu est la flamme de
la Lumière divine.

La première naissance est la naissance de l’homme. La seconde naissance


est la naissance de Dieu [en l’homme].

Ce que le Brahman met des années à créer, Vishnou en jouit pendant un


jour et Shiva le détruit en un instant.

Il est aisé de nouer un lien d’attachement, mais la difficulté survient


lorsque l’on désire le défaire.

Les serpents couvent sous le trône et les scorpions pullulent sous la


couronne.

Si vous êtes fin et intelligent, c’est un fait de la nature ; mais si vous êtes
simple et sage, cela relève du mystère.

Celui qui ne laisse point passer l’occasion de faire le bien est un homme
bon, et celui qui saisit une telle occasion chaque fois qu’elle se présente est
meilleur encore ; mais celui qui est toujours à l’affût d’une occasion de faire
le bien est béni entre tous les hommes.

Le désir [sexuel] est la fumée du feu de l’amour, et l’émotion son


incandescence ; tandis que le désintéressement est la flamme qui éclaire le
chemin.

Celui qui ignore la vérité est un enfant, celui qui la cherche est un
adolescent, mais celui qui l’a trouvée est une vieille breloque.
Soyez satisfaits de ce que vous possédez, soyez reconnaissants pour ce
qui ne vous appartient pas, car c’est autant de souci en moins ; mais
efforcez-vous d’obtenir ce qui vous est nécessaire et tirez le meilleur parti
de chaque moment de votre vie.

La pierre se laisse tailler et polir, le métal dur se laisse fondre et couler,


mais l’esprit de l’insensé est des plus difficiles à travailler.

Du corps de l’amour survient la réciprocité, de son cœur naît la bonté,


mais c’est de son âme que naquit le renoncement.

Que votre cœur se fasse aussi tendre que la cire afin de compatir avec
autrui, mais qu’il soit dur comme le roc afin de supporter les coups qu’il
reçoit de l’extérieur.

Le chemin de la liberté mène à la servitude : c’est la voie de la discipline


qui mène à la liberté.

Celui qui combat sa nature au nom de son idéal est un saint. Celui qui
soumet son idéal à la prise de conscience de la vérité est le maître.

Celui-ci est vivant dont la compassion est éveillée, et celui-là est mort
dont le cœur est endormi.

L’homme est à lui-même son propre exemple. S’il est fourbe, tout lui
semblera faux ; et s’il est véridique, tout lui semblera vrai.
TANAS

TRILLES – L’ÂME S’ENTRETIENT AVEC LA NATURE

— Droséra, pourquoi chaque insecte meurt-il aussitôt qu’il t’embrasse ?


— Je l’aime tant, que je le dévore.
— Droséra, d’où tiens-tu cette philosophie ?
— Un jour, j’ai entendu une voix qui me disait : “Je suis l’amour et je
suis la vie, et quiconque vient à moi, je l’étreindrai et le transformerai en
mon propre être.”

— Chélidoine, que signifie ton nom ?


— Je suis une petite lumière de la terre.

— Bouton de rose, qu’as-tu fait la nuit durant ?


— Les mains jointes, j’ai prié le ciel d’ouvrir mon cœur.

— Nymphéa, que représentes-tu par tes blancs atours ?


— La pureté qui est au cœur de ce lac.
— Tulipe, pourquoi as-tu entrouvert les lèvres ?
— Pour te dire ce que m’a enseigné le silence.
— Et que t’a-t-il enseigné ?
— À faire de moi-même un calice vide.

— Orchidée, que représentent tes pétales ?


— Les mouvements gracieux de la danse.
— De quoi ta danse est-elle l’expression ?
— De l’hommage que la terre rend au ciel.

— Petites pâquerettes, pourquoi restez-vous à ras de terre ?


— Parce que la terre est la patrie de tous les mortels.
— Petites pâquerettes, quel évangile prêchez-vous ?
— “Heureux les humbles de cœur, car ils hériteront la terre !”
— Petites pâquerettes, pourquoi êtes-vous ici ?
— Pour refléter le ciel sur terre.
— Petites pâquerettes, quel est votre devoir quotidien ?
— Consoler les cœurs qui sont piétinés.
— Petites pâquerettes, que faites-vous ici, dans le cimetière ?
— Nous adorons Dieu en nous inclinant aux pieds de ses créatures.
— Cactus, pourquoi es-tu hérissé d’aiguilles ?
— Je suis la langue du médisant.
— Cactus, pourquoi ta tige est-elle si piquante ?
— Je suis la main du scélérat.
— Cactus, pourquoi tes feuilles ont-elles aussi des piques ?
— Je suis le cœur du méchant qui prend plaisir à blesser autrui.

— Beaux ajoncs, que faites-vous ici ?


— Nous sommes de petites lanternes sur ton chemin.
— Mais d’où vous viennent vos piquantes épines ?
— Les fleurs viennent d’en haut, les épines d’en bas.

— Rosier, qu’es-tu, ami ou ennemi ?


— Je suis les deux, car mes fleurs sont la caresse de l’ami et mes épines
l’aiguillon de l’ennemi.

— Grains de blé, pourquoi poussez-vous si près l’un de l’autre ?


— L’unité est notre force. C’est pourquoi vous cherchez en nous votre
subsistance.

— Palmier, que signifient tes mains tendues ?


— J’élève les mains vers le ciel lorsque je prie, puis je transmets sa
bénédiction à la terre.

— Pins, qu’êtes-vous ?
— Nous sommes le fantôme des sages qui ont préféré veiller dans la
solitude de la forêt plutôt que de vivre dans le monde.
— Pins, que signifient vos branches ?
— Ce sont les mains descendues du ciel pour bénir la terre.
— Pins, à quoi servez-vous ?
— Nous sommes les temples érigés pour les adorateurs de Dieu dans la
nature.
— Pins, confiez-moi le secret de votre vie.
— Nous sommes l’ombre des âmes crucifiées qui attendent patiemment
l’heure de leur libération.

— Bois sec, pourquoi les hommes te font-ils brûler ?


— Parce que je ne puis plus porter de fruits.

— Orage, d’où te vient cet émoi ?


— De ma passion pour la terre.

— Pleine lune, où iras-tu en partant d’ici ?


— Dans la solitude.
— Pourquoi te retirer dans la solitude après la plénitude ?
— Pour faire de moi-même un réceptacle vide, afin d’être emplie à
nouveau.

— Cloche de l’église, que répètes-tu ?


— Le saint Nom de Dieu qui retentit à travers tout mon être.
— Cloche de l’église, qu’annonces-tu ?
— J’annonce que toute tête qui résonne comme la mienne répand au loin
le Message de Dieu.
— Cloche d’église, qu’est-ce qui t’anime ?
— Le Verbe de Dieu.

— Encens, que susurrais-tu durant l’office ?


— Que nulle prière ne peut atteindre Dieu si elle ne s’élève d’un cœur
incandescent.
— Encens, que prêchais-tu à l’église ?
— Que celui qui endure la souffrance pour la cause d’autrui s’élèvera du
monde mortel jusqu’aux sphères de l’immortalité.
— Encens, que signifie ton parfum ?
— Mon parfum est le signe de mon abnégation.
— Encens, dis-moi, quel aspect mortel est-il enveloppé dans le voile de
ta nature ?

— Lorsque mon cœur subit l’épreuve du feu, ma nature cachée devient


manifeste.
— Encens, dis-moi le secret de ton être.
— Je suis le cœur de l’amant de Dieu, dont le soupir profond s’élève et
répand son parfum alentour.

— Argent, quelle est ta raison d’être ?


— Je suis le sceau des cœurs. Un cœur, une fois scellé par moi, n’aimera
nul autre que moi.
— Lorsque tu pars, que devient ton soupirant ?
— Je laisse derrière moi une marque dans son cœur qui demeure à jamais
comme une blessure.
— Argent, que chéris-tu le plus ?
— Circuler de main en main.
— Où est ta maison ?
— Dans le cœur de ceux qui me rendent un culte.
— Où te rassembles-tu ?
— Là où l’on m’accueille chaleureusement.
— Où restes-tu ?
— Là où l’on m’adore.
— Argent, qui cherches-tu ?
— Quiconque me cherche.
— Argent, à qui obéis-tu ?
— À quiconque est au-dessus de moi. Je deviens alors son esclave et gis
comme la poussière à ses pieds.

— Démon, où élis-tu domicile ?


— Dans un regard qui doute, sur une langue acérée, dans une bouche
caqueteuse, dans des oreilles indiscrètes, dans des mains oisives, sous des
pieds qui démangent, dans un corps brutal, dans un esprit tortueux, dans un
cœur aigri, dans une âme assombrie.
— Démon, comment t’exprimes-tu ?
— Dans le front qui se plisse, dans les sourires narquois, dans les paroles
tranchantes et les larmes de crocodile.

— “Pourquoi”, qu’es-tu ?
— Je suis le cri de l’esprit avide.
— “Pourquoi”, quelle est ta raison d’être ?
— Je suis le heurtoir sur une porte fermée.
— “Pourquoi”, que représentes-tu ?
— La chouette qui ne peut voir en plein jour.
— “Pourquoi”, de quelle maladie te plains-tu ?
— D’empoisonnement mental.
— “Pourquoi”, dans quelle situation vis-tu ?
— Je suis enfermé dans une pièce obscure.
— “Pourquoi”, combien de temps durera ta captivité ?
— Tant que durera la nuit.
— “Pourquoi”, qu’attends-tu avec tant d’impatience ?
— Le point du jour.
— “Pourquoi”, tu es toi-même le voile posé sur la réponse que tu
sollicites.

— Allumette, qu’as-tu dit lorsque je t’ai frottée ?


— Pourquoi ?
VADAN

La divine symphonie
ALAPAS

IMPROVISATIONS – DIEU S’ADRESSE À L’HOMME

L’amour est-il le plaisir, l’amour est-il amusement ? Non, l’amour est un


désir constant. L’amour sauvegarde infatigablement, espère résolument,
s’abandonne avec enthousiasme. L’amour est un respect bienveillant des
souhaits et des insatisfactions du bien-aimé, car il est acceptation de la
volonté de celui qui a ravi notre cœur. C’est l’amour qui enseigne à
l’homme : toi, non moi.

L’amour qui finit est l’ombre de l’amour ; le véritable amour est sans
commencement ni fin.

Quand il te porte un coup, il peut le faire de la main même de ton plus


tendre ami ; et quand il te caresse, il peut le faire de la main de ton ennemi
le plus implacable.

Que le courage soit ton épée et la patience ton bouclier, petit soldat.

Immense vastitude, matrice de mon cœur, féconde ma pensée, je te prie,


et enfante mon désir.

L’ardent désir de chaque âme, je le suis. Tous les cœurs entendent mon
appel. Chacun connaît mon signal, mon ami aussi bien que mon ennemi.

Mes pensées, je les ai semées sur le sol de ton mental, et mon amour a
pénétré ton cœur ; ma parole, je l’ai mise dans ta bouche, et ma lumière a
irradié ton être intégral. Mon œuvre, je l’ai remise entre tes mains.

Un jour, j’ai rencontré le Seigneur face à face et, pliant les genoux, j’ai
prié : “Dis-moi, ô Roi de Compassion, est-ce toi qui punis le pécheur et
accordes des récompenses aux vertueux ? – Non, répondit-il en esquissant
un sourire, le pécheur s’attire son propre châtiment, et le vertueux mérite sa
récompense.”
ALANKARAS

ORNEMENTATIONS – ALLÉGORIES

Dévoile ta face, Bien-Aimé, afin que je puisse contempler ta glorieuse


vision.
Dilate mon cœur, Seigneur, jusqu’aux limites du ciel, afin que le cosmos
tout entier se reflète en mon âme.
Où que tu jettes ton Regard, Bien-Aimé, une nouvelle aube se lève.
Élève mon âme, ô brise légère, et porte-la jusqu’à la demeure du Bien-
Aimé.
Puisse mon cœur refléter ta lumière, ô Seigneur, de même que le soleil se
concentre dans un étang.
Quand je contemple ta glorieuse vision, je suis ému jusqu’à l’extase,
Bien-Aimé : des vagues s’élèvent de mon cœur, et celui-ci se transforme en
l’océan.

Ô bouton de rose, ton éclosion me rappelle le visage de mon Bien-Aimé.

Tes assauts dans la tempête, Bien-Aimé, réveillent mon désir le plus


enfoui.
J’entends, Seigneur, ton appel silencieux dans la sublimité de la nature.
La lumière est ton visage et l’ombre ton cœur, Bien-Aimé.

Amour, je ne sais si je dois te considérer comme mon ennemi ou mon


ami. Tu m’élèves jusqu’au plus haut des cieux et me précipites au fond des
abîmes infernaux. Tu m’égares, et c’est toi seul qui me guides sur la bonne
voie. De toi, ô Amour, j’apprends toutes les vertus, et tu es la source de
toutes mes infirmités. Amour, tu es à la fois une malédiction et une
bénédiction.
Mon cœur, recueille-toi, ainsi que la rose en ses pétales.

Ton regard bienveillant fait poindre l’aube en mon cœur, Bien-Aimé ; et


lorsque tu détournes les yeux, le soleil se couche.
Ô enivrant éther qui procède de sa demeure, tu fais entrer mon âme en
extase.

J’ai aimé en cette vie, et fus aimé.


Je bus comme un nectar la coupe de poison que me tendait l’amour, et me
suis vu élevé par-delà les joies et les peines de ce monde.
Mon cœur, embrasé d’amour, embrasa chaque cœur qui vint à son
contact.
Mon cœur fut déchiré, puis il retrouva de nouveau sa plénitude ;
Mon cœur fut brisé puis entièrement reconstruit ;
Mon cœur fut blessé, et il cicatrisa.
Mille morts mon cœur connut, mais, grâces soient rendues à l’amour, il
vit encore.
J’ai passé par l’enfer et j’y ai vu le brasier de l’amour, puis j’ai pénétré au
ciel qu’irradie la lumière de l’amour.
Je pleurai d’amour et fis pleurer tous les autres avec moi ;
Je gémis d’amour et transperçai le cœur des hommes ;
Et quand mon regard de feu tomba sur les rochers, ceux-ci se fendirent
comme des volcans.
Le monde entier fut englouti sous le déluge causé par mon unique larme ;
Par mon profond soupir la terre trembla, et lorsque je criai tout haut le
nom de mon Bien-Aimé, je fis chanceler le trône de Dieu au ciel.
Humblement, j’inclinai bas le front et, à genoux, j’implorai l’amour :
“Révèle-moi, ô amour, je t’en prie, ton secret !”
L’amour me prit tendrement par les bras, me souleva de terre et me
susurra ces paroles à l’oreille :
“Mon ami, tu es toi-même l’amour, l’amant et l’aimé que tu as adoré.”
*

Puissent les cieux se refléter sur la terre, Seigneur, afin que celle-ci se
transforme en paradis.
Que ta parole, mon Dieu, devienne l’expression de ma vie.
Parle-moi depuis le dedans, mon Seigneur : les oreilles de ton serviteur
sont grand ouvertes.

Mon saint pèlerinage, ô Dieu, est la demeure sacrée de ton adorateur.


Tu viens sur terre, Seigneur, pour sauver l’homme sous l’aspect des âmes
mystiques.

Parle-moi, mon Seigneur, par les paroles de ton messager.


Mon cœur ne m’appartient plus depuis que tu y as établi ta demeure, mon
Seigneur.
Tu exauceras mes souhaits, ô Connaisseur de mon cœur.

Ô amour, je renoncerai au trône et à la couronne pour me faire l’esclave


de ta miséricorde.
Puissé-je m’oublier moi-même, Seigneur, de manière à devenir conscient
de ton Être.

*
La nature susurre ta parole à mes oreilles.
C’est ta propre image, Seigneur, que je vois dans ta création.
C’est grâce à ta seule force que je puis supporter le poids de mes
responsabilités en cette vie.

Dans l’image de l’homme, mon Bien-Aimé Seigneur, c’est ton propre


visage que je vois.
Dans les contours de l’homme, je vois le porche de ta demeure.
Le cœur de l’homme est ton sanctuaire.
Ta divine compassion irradie sa plénitude dans le cœur de la mère.
Par le cœur aimant de la femme se manifeste ta grâce divine.
La nature me chante ta chanson.

Ô idéal bien-aimé de mon âme, je t’en prie, montre-toi à moi sous des
traits humains.

Puissé-je connaître ton étreinte, Bien-Aimé, à tous les plans de l’existence.


Mon cœur sensible est attiré vers toi, Seigneur, lorsque tu apparais sous
forme humaine.
C’est ta pureté divine qui se rend manifeste dans l’innocente frimousse
de l’enfant.
Qui que soit celui que je salue, c’est devant ton trône que je m’incline.
En compatissant avec tous, c’est à toi que j’offre mon amour, mon Bien-
Aimé.
Enseigne-moi, ô Seigneur, l’innocence de l’enfant, cet ange sur la terre.

La nature est un pont à franchir pour se rendre jusqu’à ta demeure.


Mon cœur, tel un arbre de la forêt, se tient dans une attente patiente.
Vaste horizon, tu rends mon cœur aussi vaste que toi-même.
Dieu, tu es ma vie et tu es ma substance.
Mes lèvres recèlent la prière comme le bouton de rose renferme le
parfum en son cœur.

Chevauchant le coursier de l’espérance


Avec, entre les mains, les rênes du courage,
Vêtu de l’armure de la patience,
Et coiffé du heaume de l’endurance,
Je me suis mis en route pour le pays de l’amour.

La lance d’une foi austère à la main


Et le glaive d’une inflexible conviction au côté,
Sans oublier le havresac de la sincérité
Et le bouclier de l’enthousiasme,
Je trottai sur le sentier de l’amour.

Les oreilles sourdes au vacarme déroutant du monde,


Les yeux aveugles à tout ce qui me sollicitait en chemin,
Le cœur battant au rythme de mon aspiration toujours plus haute
Et mon âme embrasée me guidant sur la route,
Je me suis frayé un chemin dans le ciel.

Je traversai les forêts touffues du désir incessant,


Franchis les confluents de la nostalgie,
Passai les déserts de la souffrance silencieuse,
Gravis les pentes abruptes du conflit permanent.
Percevant toujours une présence dans la brise, je demandai :
“Es-tu là, mon amour ?”
C’est alors qu’une voix me souffla à l’oreille :
“Non, encore un effort, et tu me trouveras.”

Sublime nature, ton reflet fait naître en mon cœur la glorieuse vision de
Dieu.
Je m’incline vers toi, ô terre mère, en signe d’adoration pour le Père qui
est dans le ciel.
Les fleurs sont l’empreinte de tes pas quand tu danses.
La tête tournée vers le ciel et les mains jointes en prière, je lève les yeux
vers toi comme font les montagnes rocailleuses.
Espace, c’est en toi que je trouve le Dieu sans forme.
Quand je suis absorbé dans ta glorieuse vision, Bien-Aimé, mes larmes
mêmes se transforment en étoiles.
Depuis que mon âme entrevoit ta lumière, mon regard est devenu comète.
Puissé-je ne point être retenu dans les cieux, Seigneur, car je languis
d’impatience de parvenir à ta demeure.

Ta divine étincelle en mon cœur est semblable à la goutte de rosée dans la


rose : puissé-je la conserver précieusement, Seigneur, comme l’huître
protège la perle.

Comme le soleil couchant, j’incline bas mon front à tes pieds dans un
abandon aimant.
Lève, Seigneur, la barrière qui te sépare de moi.
Tu me guideras avec sagesse, Seigneur, car je suis un enfant sur le
chemin de la vie.

Dans la rose qui éclôt, je reconnais l’éclat de ton beau visage.


Que ma foi, Seigneur, soit aussi solide que les montagnes qui restent
impassibles sous le vent et l’orage.

Immensité de l’espace, tu me dévoiles la majesté de sa présence.


Depuis que ton sourire radieux a fait naître une lumière nouvelle dans
mon cœur, je vois partout le soleil briller.

Seigneur, fais que mon moi imparfait s’achemine vers ton Être parfait,
ainsi que la lune montante devient pleine.

Voix silencieuse, dans la quiétude de la nuit, j’entends ton murmure.


La brise légère attise le feu de mon cœur.
Déverse sur l’humanité, Seigneur, l’ondée de ta miséricorde et de ta
compassion.

Mon cœur fond dans ta lumière, Bien-Aimé, comme neige au soleil.

Chaque tige devient ton anche, chaque feuille devient ton doigt, Bien-
Aimé, lorsque tu joues de la flûte au désert.
Mon âme, telle une boussole, reste pointée vers toi, tandis que ma vie
essuie la tempête.

Providence, accorde-moi, je t’en prie, de retenir longtemps les moments


heureux de la vie, car l’instant, une fois enfui, jamais ne revient.

Tu m’enseignes la patience, sublime nature, de par ta patiente espérance.


Dans la lumière, je contemple ta beauté, Bien-Aimé ; par l’obscurité, ton
mystère se révèle à mon cœur.
Que ton serviteur, ô Seigneur, soit mon Maître.

Même si la vie en perpétuel mouvement est ma nature, tu es mon être


propre, ô imperturbabilité !

Ma vie s’achemine à toute allure jusqu’à toi comme le souffle du vent.


Puisse ta divine conscience s’épandre sur mon cœur comme la neige sur
les montagnes.

C’est ta douceur, Bien-Aimé, que je savoure dans le parfum suave de la


rose.

Mon cœur est devenu un océan, Bien-Aimé, depuis que tu y as déversé


ton amour.

La terre attire la terre, l’eau est entraînée par l’eau, et mon âme aspire à
retourner en ton sein, Bien-Aimé, dans l’immense vastitude.

Je t’entends chuchoter tout bas, Bien-Aimé, dans la brise matinale.


Creuse mon cœur, Bien-Aimé, et tu trouveras en son fond la source de
ton amour.
Mon âme est ton Esprit, Maître, dès lors que j’ai cessé d’exister.
C’est toi, Bien-Aimé, que je contemple en tous noms et en toutes formes.
Tu m’es plus intime que moi-même.
Que ta puissance me fortifie ; que ta lumière m’inspire, Seigneur, et que
ton amour meuve mon âme jusqu’à la joie suprême.
Ma vie s’écoule vers toi, ô divin Océan, comme le fleuve va à la mer.

Rose, dans tes pétales, je contemple les joues rouges de mon Bien-Aimé.

Fais, Seigneur, que je me perde dans ta vision.


Puisse chaque instant de vie murmurer ton nom à mes oreilles.
Tu avives le feu de mon cœur, Bien-Aimé, en l’attisant par le
tremblement des feuilles.
La lumière est ton œil, Bien-Aimé, et l’ombre ta pupille.
Tiens-toi devant moi, Seigneur, quand je suis éveillé, et au-dedans de moi
quand je suis endormi.

Je bois le vin de ta divine présence et me perds dans son ivresse.


Encore une coupe, Bien-Aimé, que je puisse me perdre entièrement.

Puisse mon âme, Bien-Aimé, refléter la beauté de ton éclat et de ta


figure.
Puisse mon cœur éclore dans ton amour, telle la rose.

Invisible comme l’espace, inconcevable comme le temps est ton être, ô


Seigneur.

Enseigne-moi, Seigneur, à marcher sur les eaux de la vie.


Nature sublime, puisse mon cœur trouver le repos dans la paix.

Je contemple la beauté du Bien-Aimé en toutes couleurs et en toutes


formes.
Les fleurs me parlent de ta beauté et me disent combien tu es sublime.
Emplis mon cœur de ta beauté divine, de même que tu emplis l’espace de
la splendeur de ta merveilleuse création.

Brise légère, ta caresse est pour moi le toucher du Bien-Aimé.


Fais que je m’élève vers toi sur les ailes du soleil levant.
Aquilon, porte mon message, je te prie, jusqu’à la demeure du divin
Bien-Aimé.
Les vagues de la mer, tout comme moi, s’élèvent vers toi mains tendues,
Seigneur, avant de retomber, extatiques, à tes pieds.
Ô sublime nature, gravide de l’Esprit divin, tu entonnes la prière qui naît
dans mon cœur.

Puisse mon cœur refléter ta divine Lumière, Seigneur, comme la lune


reflète la lumière du soleil.
Que je sois dissous dans ton océan divin comme une perle dans le vin.
Puisse mon cœur devenir la fontaine de ta vie infinie et jaillir
éternellement.

Seul sur les flots, seul sur la terre ferme : dans la foule et dans la solitude,
seul je me tiens. Mon soi bienveillant ne recherche pas le plaisir dans le
malheur d’autrui, la vie dans la mort d’un autre, le profit dans sa défaite, ni
les honneurs dans son humiliation.

Je contemple ton mystère caché, Bien-Aimé, sous les pétales de la fleur.


Mon cœur, serre en ton sein l’huile qui garde la lampe incandescente !
Quand tu ouvres et fermes les yeux, Bien-Aimé, le soleil se lève et se
couche en mon cœur.
La rose odorante m’apporte ton parfum, Bien-Aimé, lequel émeut mon
cœur jusqu’à l’extase.

Hisse-moi jusqu’à toi, Seigneur, ne permets pas que je me noie dans


l’océan de la mortalité.
Parle, Seigneur, dans le calme de la nature : mon cœur est ouvert à ton
appel.

Mon endurance, tu m’as broyé jusqu’à ce que je devienne argile pétrie en


un corps capable de servir de demeure à l’Esprit divin.
Ô sublime nature, dans ton silence j’entends ta plainte mélancolique.

Océan toujours mouvant de la vie, ne suis-je pas qu’une vague qui


s’élève en ton cœur ?
Grâces soient rendues au conquérant de mon cœur : de moi, il ne reste
plus rien.

Mon soi contemplatif,


Supporte tout et n’agis point,
Entends tout et ne dis rien,
Accorde tout et ne prends rien,
Sers-les tous et ne sois rien.

*
Tandis que j’errais par la forêt, une épine piqua mon pied nu et s’écria :
— Eh, tu m’as écrasée !
J’en fus navré et lui demandai pardon.
Puis une guêpe qui passait par là enfonça son dard dans mon bras et
protesta :
— Eh, tu m’as coincée dans ta manche !
J’en fus navré et lui demandai pardon.
C’est alors que je glissai et mis le pied dans une mare d’eau boueuse.
— Eh, tu as troublé ma tranquillité ! rouspéta l’eau.
J’en fus navré et lui demandai pardon.
Enfin, je posai distraitement la main sur un feu ardent, et celui-ci hurla :
— Eh, tu m’as éteint !
J’en fus navré et lui demandai pardon.
Puis je me tournai vers mon soi affable et demandai :
— Et toi, as-tu écopé de quelque mal ?
— Tu peux être reconnaissant, répondit-il, de t’en tirer à si bon compte !

*
Je m’envolerai plus haut que le plus haut des cieux,
Je plongerai plus profondément que les abîmes de l’océan,
J’irai plus loin que le vaste horizon,
Je pénétrerai au plus intime de mon être.
Tu me connais si peu, ô vie inconstante,
Je m’établirai en ce fief où la mort ne parvient pas,
Je redresserai bien haut la tête avant que tu ne me tournes le dos,
Je scellerai mes lèvres avant que tu ne fermes les portes de ton cœur,
Je sécherai mes larmes avant que tu ne dédaignes mes soupirs,
Je m’envolerai jusqu’aux cieux, ô monde illusoire, avant que tu ne me
jettes à bas sur la terre.

Règles d’or
À l’usage de mon soi dévoué
Sois fidèle à tes principes dans l’abondance comme dans l’adversité.
Fais preuve de fermeté dans la foi à travers les épreuves et les
vicissitudes de la vie.
Garde le secret des amis comme ton investissement le plus précieux.
Pratique la fidélité en amour.
Ne manque pas à ta parole d’honneur quoi qu’il puisse advenir.
Accueille le monde avec le sourire dans toutes les circonstances de la vie.
Lorsque tu possèdes une chose, songe à celui à qui elle fait défaut.
Garde ta dignité quoi qu’il en coûte.
Maintiens ton idéal élevé en toutes circonstances.
Ne délaisse pas ceux qui dépendent de toi.

Règles d’argent
À l’usage de mon soi dévoué
Considère le devoir comme étant aussi sacré que la religion.
Aie recours au tact en toute occasion.
Juge chacun à sa juste valeur.
Ne cherche pas à devenir pour quiconque plus que ce que tu es censé
être.
Tiens compte de la sensibilité de chaque âme.
Ne défie point quiconque n’est pas ton égal.
Ne fais point étalage de ta générosité.
Ne demande pas de services à ceux dont tu sais qu’ils te les refuseront.
Combats tes défauts avec l’épée de l’estime de soi.
Ne laisse point ton esprit s’émouvoir dans l’adversité.

Règles de cuivre
À l’usage de mon soi dévoué
Envisage ta responsabilité comme une chose sacrée.
Sois poli envers tous.
Ne fais rien dont tu aies ensuite à rougir.
Accorde ton aide de bon gré à ceux qui sont dans le besoin.
Ne méprise point celui qui t’admire.
Ne juge pas autrui selon ta propre manière.
N’entretiens aucune malveillance à l’encontre de ton pire ennemi.
N’incite personne à faire le mal.
N’aie de préjugés contre personne.
Montre-toi digne de confiance dans toutes tes transactions.

Règles de fer
À l’usage de mon soi diligent
Ne fais pas de fausses déclarations.
Ne médis point des absents.
Ne profite pas de l’ignorance d’autrui.
Ne te vante pas de tes bonnes actions.
Ne revendique pas la propriété d’un autre.
Ne fais point de reproches à autrui, tu le raffermirais dans ses fautes.
Ne ménage point tes efforts dans la tâche qu’il t’incombe d’accomplir.
Accorde fidèlement tes services à tous ceux qui les requièrent.
Ne cherche pas le profit en plaçant quelqu’un dans une mauvaise passe.
Ne fais du tort à personne pour ton propre bénéfice.
SOURAS

CONTINUO – DIEU PARLE À L’ÂME TRANSFIGURÉE

En vérité, l’empire de chaque âme réside en sa propre sphère.


En vérité, celui dans le cœur duquel brille mon étoile est béni !
En vérité, l’homme qui met sa religion en pratique par sa manière de
vivre en ce monde est pieux.
En vérité, chaque atome met en branle tous les atomes de l’univers.
En vérité, en l’homme est induit tout ce qui est sur terre et dans le ciel.
En vérité, la puissance du Verbe peut déplacer les montagnes.
En vérité, celui qui connaît la valeur du temps connaît le secret de la vie.
En vérité, l’homme est ce qu’il pense.
En vérité, l’esprit possède toute la puissance accessible.
Quand il accorde ses dons surabondants, il peut le faire par la main de ton
pire ennemi ; et quand il prend tout ce que tu possèdes, il peut le faire par la
main même de ton meilleur ami.

La mort enlève la lassitude de la vie avant que l’âme ne soit régénérée.


La mort est un sommeil dont l’âme émerge dans l’au-delà.
La mort est la crucifixion qui précède la résurrection.
La mort est la nuit au terme de laquelle pointe le jour.
C’est la mort qui meurt, non la vie.
La vie éternelle est cachée au cœur de la mort.
RAGAS

MODULATIONS – EFFUSIONS DE L’ÂME

Bien-Aimé, tu me rends chaque jour plus complet.


Tu creuses mon cœur plus profondément que les abîmes de la terre
Tu élèves mon âme plus haut que le plus haut des cieux, et me rends
chaque jour plus vide et pourtant plus accompli.
Tu me rends plus vaste que les confins du monde ;
Tu étends mes deux bras au-dessus de la terre ferme et des océans,
offrant à mon étreinte l’Orient et l’Occident.
Tu transformes ma chair en sol fertile ;
Tu changes mon sang en eau torrentielle ;
Tu pétris mon argile pour créer, je le sais, un univers nouveau.

Dans le balancement des branches, dans le vol des oiseaux et dans le


ruissellement de l’eau, Bien-Aimé, je contemple ta main qui me fait au
revoir.
Dans le gémissement du vent, dans le rugissement de la mer et dans le
fracas du tonnerre, Bien-Aimé, je te vois pleurer et j’entends ta complainte.
Dans la promesse de l’aube, dans le point du jour, dans les sourires de la
rose, Bien-Aimé, je reconnais ta joie quand je rentre au foyer.

Que ton souhait devienne mon désir,


Que ta volonté devienne mon agir,
Que ton Verbe devienne ma parole, Bien-Aimé,
Et ton amour ma foi.

Que ma plante engendre tes fleurs,


Que de mes fruits sortent tes graines,
Que mon cœur devienne ton luth, Bien-Aimé,
Et mon corps ta flûte de roseau.

Quand, dans la solitude, je ferme les yeux, je contemple ta vision


glorieuse en mon cœur ; et, ouvrant les yeux au milieu de la foule, je te vois
agir sur la scène qu’est la terre. Toujours je vis en ton éblouissante
présence, mon Bien-Aimé. Tu me conduis au ciel et me ramènes sur terre
en un cillement d’œil.
Ne me laisse pas déchoir après m’avoir fait gagner les hauteurs. Ne me
laisse pas devenir étriqué après m’avoir rendu tolérant. Ne me laisse pas
devenir limité après m’avoir jadis rendu grand. Ne me jette pas à bas, Bien-
Aimé, après m’avoir une fois élevé.

J’eus beau chercher quelqu’un à qui accorder ma confiance, je ne


trouvais personne, jusqu’à ce que je te contemple enfin en mon cœur, tenant
à la main le registre du secret de ma vie.

Plus je me projette dans le monde, mon Roi, plus je montre ainsi ma


limitation ; mais plus je me retire du monde, plus je pénètre en ton
Royaume.

Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand le nœud coulant de la mort semble


aussi inévitable que proche.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand, le cœur lourd, je vois disparaître
ceux que j’aime.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand, de l’amour terrestre, je constate
l’altération et les bornes.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand tout ce que j’appelle mien m’est
arraché des mains.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand mes joyeux compagnons me
tournent le dos dans mon chagrin.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand j’ai les mains pleines des
conflits d’ici-bas.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand le soi supérieur m’élève et que le
soi inférieur me tire vers le bas.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand je m’efforce de faire le bien et
qu’il se transforme en mal.
Je me tourne vers toi, ô Seigneur, quand tout, en cette vie, me semble
néant, et que je ressens la nostalgie de quelque chose qui se trouve au-delà.

La source qui jaillit de mon cœur, c’est toi qui l’alimentes, mon Bien-Aimé,
et mon esprit connaît l’extase de se dissoudre sous ta divine ondée.

Lorsque, une couronne sur la tête, tu t’es assis sur ton trône, je me suis
prosterné face contre terre et t’ai appelé mon Seigneur.
Lorsque tu as étendu tes mains sur moi pour me bénir, je me suis
agenouillé et t’ai appelé mon Maître.
Lorsque tu m’as relevé de terre en me prenant dans tes bras, je me suis
blotti contre toi et t’ai appelé mon Bien-Aimé.
Mais lorsque tes mains affectueuses ont tenu ma tête contre ton cœur
incandescent et que tu m’as donné un baiser, j’ai souri et t’ai appelé moi-
même.

Ce que je puis ne point voir, permets que je ne le voie point.


Ce que je puis ne point entendre, permets que je ne l’entende point.
Ce que je puis ne point savoir, je ne demande point à le savoir.
Bien-Aimé, je suis comblé par ta parole comme par ton silence.

Qu’il ne me voie point, celui qui ne doit point me voir.


Qu’il ne m’entende point, celui qui ne veut pas m’entendre.
Qu’il ne me connaisse point, celui qui n’a pas nécessité à me connaître.
Bien-Aimé, voile-moi et dévoile-moi selon les décrets de ta sagesse.

De tes mains habiles, tu as créé ces fleurs ; par la puissance de ton regard
miraculeux, tu les as si merveilleusement colorées. Puis tu leur as donné vie
et éclat par un souffle de toi, et d’un baiser, tu les as rendues odorantes.

Que ma vision pénétrante soit plus profonde que l’océan. Que ma pensée
(mind) soit plus fertile que les champs. Que mon cœur, Bien-Aimé, soit plus
vaste que l’horizon. Et que mon âme s’envole plus haut que le paradis.

Chaque forme que je contemple est ta propre forme, mon Seigneur,


Et chaque son que j’entends est ta propre voix ;
Dans le parfum des fleurs, je devine la fragrance de ton Esprit,
Dans chaque parole qui m’est dite, j’entends ta voix, mon Seigneur.
Tout contact m’est une touche de toi ;
Dans tout ce que je goûte, je savoure la sapidité de ton Esprit exquis.
En tout lieu, j’ai l’intuition de ta présence, Bien-Aimé ;
Dans chaque parole qui parvient à mes oreilles, j’entends ton message.
Tout ce qui m’émeut me ravit dans la joie de ton baiser.
Où que j’erre, je te retrouve ; où que je parvienne, je t’aperçois, mon
Seigneur ;
Où que je regarde, je contemple ta vision glorieuse ; quoi que je touche,
c’est ta main bienaimée que j’effleure.
Quand je vois quiconque, c’est toi que je contemple en son âme :
Quiconque me fait don de quelque chose, c’est de ta main que je le
reçois ;
Quand je fais un don à quiconque, c’est à toi que je l’offre humblement,
Seigneur.
Quiconque vient à moi, c’est toi qui t’avances vers moi ;
Quel que soit celui à qui je fais appel, c’est vers toi que je me tourne.
Ne te détourne pas de moi, Bien-Aimé, dès lors que tu m’as accordé ta
grâce. Ne me prive pas d’un baiser, maintenant que tu me serres dans tes
bras. Ne m’afflige point, Bien-Aimé, puisque c’est toi qui me donnes le
sourire. Ne détourne pas ton regard, maintenant que tu as versé le vin de ta
vision spirituelle dans la coupe de mon cœur.

Entre sans hésitation, Bien-Aimé, car en cette demeure, il n’est rien que
mon ardent désir pour toi.
T’appellerai-je mon âme ? Mais tu es mon esprit !
Puis-je t’appeler ma vie ? Mais tu vis éternellement !
T’appellerai-je mon Bien-Aimé ? Mais tu es l’Amour même !
Comment, alors, dois-je t’appeler ? Je t’appellerai moi-même !

Pourquoi ne t’ai-je point reconnu lorsque j’ai ouvert les yeux sur ce
monde pour la première fois ?
Pourquoi suis-je resté indifférent à l’appel de ta voix merveilleuse ?
Pourquoi n’ai-je pas senti ta douce caresse lorsque tu as effleuré mon
visage ?
Pourquoi ne t’ai-je pas serré contre moi, Bien-Aimé, lorsque tu as
embrassé tendrement mes lèvres ?
Quand j’ai commencé à te chercher, en un clin d’œil tu as disparu !
Quand je me suis mis en quête de toi, tu t’es éloigné de plus belle !
Quand je t’ai apostrophé tout haut dans mon angoisse, tu n’as pas
entendu l’âpre cri de mon âme.
Assis en tailleur, je me tins coi ; c’est alors que, dans la solitude,
j’entendis ton appel.

Pourquoi m’as-tu donné deux yeux, si ce n’est pas pour contempler ta


vision glorieuse ?
Pourquoi m’as-tu donné deux oreilles, si ce n’est pas pour entendre ton
doux murmure ?
Pourquoi m’as-tu donné l’odorat, si ce n’est pas pour humer l’essence de
ton Esprit ?
Pourquoi m’as-tu donné deux lèvres, Bien-Aimé, si ce n’est pas pour
embrasser ton beau visage ?
Pourquoi m’as-tu donné deux mains, si ce n’est pas pour œuvrer à ta
cause divine ?
Pourquoi m’as-tu donné deux jambes, si ce n’est pas pour marcher dans
ta sainte voie ?
Pourquoi m’as-tu donné une voix, si ce n’est pas pour reprendre ton
chant céleste ?
Pourquoi m’as-tu donné un cœur, Bien-Aimé, si ce n’est pas pour en faire
ton sanctuaire ?
N’ai-je pas renoncé au monde invisible pour te chercher ?
Ne suis-je pas venu dans ce monde de séparation en quête de toi ?
N’ai-je point cherché ta lumière dans les cieux ?
Malgré cela, où t’ai-je enfin trouvé, Bien-Aimé ?
Dans le secret de mon cœur.

Chaque pas dans ta voie me rapproche de toi ; chaque pulsation de ta


pensée enivre mon esprit ; chaque brève apparition de ton sourire est une
inspiration pour mon âme ; chaque larme de ton amour, Bien-Aimé, emplit
mon être de joie.
TANAS

TRILLES – L’ÂME PARLE AVEC LA NATURE

— Petits pissenlits, que faites-vous ici ?


— Nous représentons sur terre les étoiles du ciel.

— Petite mare, pourquoi ton eau est-elle boueuse ?


— C’est à cause de mon esprit étroit et de mon cœur sans profondeur.

— Charbon, qu’est-ce donc qui te rend si noir ?


— Je suis le mal des siècles accumulé dans le sein de la terre.
— Quel est ton châtiment ?
— Je dois connaître l’épreuve du feu.
— Qu’advient-il de toi à la fin ?
— Je me transforme en diamant.

La terre s’adresse aux nuages :


— Pourquoi êtes-vous revenus après m’avoir une fois abandonnée ?
— Les cieux ne voulaient pas de nous tant que nous n’étions pas
réconciliés avec toi.

— Petit bouton de rose, que tiens-tu dans tes mains ?


— Le secret de ma beauté.

— Tournesol, qu’es-tu ?
— Je suis l’œil du chercheur de lumière.

— Mort, qu’es-tu ?
— Je suis l’ombre de la vie.
— Mort, de quoi es-tu née ?
— Je suis née de l’ignorance.
— Mort, où est ta demeure ?
— Ma demeure est dans l’âme de l’illusion.
— Mort, ne meurs-tu jamais ?
— Assurément, quand je suis transpercée par la flèche du regard du
voyant.
— Mort, qui attires-tu près de toi ?
— J’attire celui qui est fasciné par moi.
— Mort, qui aimes-tu ?
— J’aime celui qui se languit de moi.
— Mort, de qui t’occupes-tu ?
— Je m’occupe avec empressement de celui qui fait appel à moi.
— Mort, qui effraies-tu ?
— J’effraie celui qui ne s’est point habitué à moi.
— Mort, qui caresses-tu ?
— Celui qui s’abandonne avec confiance dans mes bras.
— Mort, avec qui te montres-tu sévère ?
— Je me montre sévère avec celui qui ne répond pas prestement à mon
appel.
— Mort, de qui es-tu la servante ?
— Je suis la servante de l’homme déifié : quand il rentre dans sa patrie,
c’est moi qui porte ses bagages.

Le bateau :
— Je te prends dans mon sein et t’emmène sur les flots.

Le chariot :
— Je te porte sur mon dos à travers la plaine.

— Rose épanouie, pourquoi tes lèvres pendent-elles ?


— Parce que je songe à mon glorieux passé.
— Pourquoi te lèves-tu, vague, avec l’arrivée du vent ?
— Pour recueillir le message qu’il apporte.

Le phalène :
— Je t’ai donné ma vie !

La flamme :
— Et moi, je t’ai permis de m’embrasser.

— Mer, pourquoi ta couleur est-elle bleue ?


— Elle est le reflet du ciel dans mon cœur immaculé.

— Terre, révèle-moi ton principe de conduite.


— Je me couche devant ceux qui me foulent, et à ceux qui viennent à
moi, j’ouvre mon cœur.

— Nuit, pourquoi pleures-tu à fendre l’âme ?


— Je pleure sur l’âme des amants que la vie a dispersés aux quatre coins
du monde et sur l’âme de ceux que le destin séparera un jour.
— Nuit, pourquoi es-tu si obscure ?
— Parce que la lumière m’a quittée.
— Nuit, qu’est-ce qui te rend si belle ?
— L’apparition de la lune, qui m’apporte le message de la sagesse.

— Vent, en vertu de quoi la mer t’obéit-elle de si bon cœur ?


— En elle je fais vibrer sa corde la plus intime.
— Vent, quel prodige as-tu accompli pour éveiller une telle passion dans
tout son être ?
— Aucun, je lui ai seulement donné un baiser.

“Donc” donne lieu à débats, “Pourquoi” en est la continuation et “Non”


en est la conclusion.
— Quel sens y a-t-il, ô phalène, à te brûler les ailes en essayant
d’embrasser la lumière ?
— La joie que j’y puise est plus grande que mon sacrifice.

— Vagues, pourquoi le vent vient-il et s’en va-t-il avec vous ?


— Il vient nous réveiller, puis il nous laisse résoudre la question entre
nous.

— Houle, le vent s’en est allé, mais tu es toujours agitée.


— C’est parce que je répète la parole qu’il m’a enseignée : elle émeut
mon cœur jusqu’à l’extase.
— Vaguelettes, pourquoi vous agitez-vous et vous calmez-vous toutes en
même temps ?
— C’est parce qu’un seul et unique élan œuvre à notre agir individuel.
— Déferlantes, quel mobile préside-t-il à votre ardeur ?
— Le désir de toucher le ciel.

— Mer, qu’est-ce donc qui te rend si chaotique ?


— Dès que la brise murmure à mon oreille le message de la sagesse,
alors une terrible perturbation se déclenche en moi.

— Orage, tu nous assailles soudain sans crier gare !


— Au contraire, j’adresse mon ultimatum de la main du vent avant
d’ouvrir le feu.
— Orage, pourquoi les nuages sont-ils dispersés à présent ?
— J’ai donné l’ordre de démobilisation !
— Orage, pourquoi envoies-tu la pluie dans ton sillage ?
— Pour faire la paix avec la terre.

L’homme :
— Démon, veux-tu être mon ami ?

Le démon :
— Je suis à ta disposition !

Les vagues :
— Ne nous couchons-nous pas devant toi dans un complet abandon pour
que tu puisses naviguer sur nous ? Par conséquent, écoute notre requête :
jette à l’eau ceux que tu transportes en ton sein.

Le navire :
— Non, je ne suis point comme vous qui noyez sous vos pieds ceux qui
cherchent refuge dans vos bras. Soit je conduirai sains et saufs à bon port
ceux que je porte en mon cœur, soit je coulerai avec eux !

— Richesses terrestres, exposez-moi votre nature.


— Nous nous envolons de la main de qui nous étreint, nous fuyons celui
qui nous poursuit, nous tombons dans l’escarcelle de celui qui nous amasse,
nous partageons la vie de l’épargnant, nous désertons le gaspilleur et nous
nous tenons à l’écart de qui ne nous possède pas. Ce dernier est pauvre, de
fait, mais celui qui nous possède l’est encore plus.
GAMAKAS

VARIATIONS – LE POÈTE S’EXPRIME SELON SON CŒUR

Je préfère une souffrance qui dure à un plaisir qui passe.

Tout ce que je peux parvenir à faire en cette vie, je le considère de ma


responsabilité, mais tout ce que je ne puis faire, je le délègue à Dieu.

Lorsque j’essaie de faire quelque bien à autrui, je ne m’en estime jamais


satisfait ; mais lorsque je suis le bénéficiaire du moindre bienfait, ce dernier
me paraît plus qu’amplement suffisant.

Quand j’ouvre les yeux sur le monde extérieur, je me fais l’effet d’une
goutte d’eau dans la mer ; mais quand je les ferme et regarde au-dedans,
l’univers entier me semble une bulle à la surface de l’océan qu’est mon
cœur.

Comment ai-je dépassé ma propre étroitesse d’esprit ? Lorsqu’il ne m’a


plus été possible de remuer les coudes à l’intérieur du carcan que je m’étais
construit.

Tout ce qui est accompli et qui est irréversible, je le confie à la destinée ;


mais je me considère comme responsable de tout ce qui reste à accomplir.
Les Écritures l’appellent le Créateur, les francs-maçons le Grand
Architecte. Moi, je le connais comme l’unique Acteur sur cette scène qu’est
la vie.

Je respecte tous ceux dont le renom est grand, mais je recherche


inlassablement le sans-nom.
Le Christ : son effigie est dans l’église, son Esprit est dans mon âme.

Je ne suis pas venu vous enseigner ce que vous ignorez ; je suis venu
pour approfondir en vous la sagesse qui est déjà vôtre.

Rien n’est trop bon ni trop mauvais pour moi, dans la mesure où je suis
conscient de cette réalité cachée, qui pourtant englobe toutes choses.

Je suis ce que je suis : en m’efforçant de devenir quelque chose, je limite


ce soi qui, en réalité, est tout.

J’apprends plus de mes disciples qu’ils n’apprennent de moi.

Je m’efforce de faire le bien qui me semble opportun dans l’instant ; à un


autre moment, le même acte pourra me paraître inapproprié. Par
conséquent, je n’essaie pas d’imposer mon idée du bien à quiconque n’en
perçoit pas le bien-fondé.

Mes paroles ne contiennent rien de nouveau ; je me contente de raviver


en vous le souvenir de réalités qui, avec un peu de chance, n’auront pas été
complètement oubliées.

Quand j’ouvre les yeux et que je considère le vaste monde, je


m’ennoblis ; quand je les ferme et plonge mes regards au-dedans, je
m’ennoblis plus encore.
BOULAS

PAROLES DE FEU

Une vertu poussée à l’extrême pourra devenir un péché.

Les choses sont fonction de l’idée que l’on s’en fait.

Celui qui n’est jamais seul ignore la joie inhérente à la solitude.

Le cœur que n’émeuvent point les charmantes risettes d’un nouveau-né


est toujours en sommeil.

Si aimer est un péché, ne point aimer est un crime.

Rien ne chaut vraiment, même si tout est important.

Ne combattez ni n’embrassez le mal : dépassez-le simplement par le


haut.
Puissent vos vertus être dissoutes dans l’océan de la pureté.

Faites de vos doctrines le combustible de l’intelligence suprême.

Si vous ne prenez pas de la hauteur quant aux réalités de ce monde, ce


sont elles qui vous dépasseront.

Même le plus sage ne peut parfois éviter de s’écarter de la sagesse.

Même avec Dieu l’on peut toujours trouver à redire ! Mais où est la faute,
sinon chez celui qui la décèle ?

La perfection pardonne, et la limitation condamne.


On crée son foyer, et l’on bâtit ensuite sa maison.

Ne permettez pas que votre cœur offre à quiconque une nourriture


susceptible d’accroître son appétit tout en faisant décroître votre réserve de
provisions.

Tous les hommes sont égaux dans la vérité [en droit], non de fait.

Qu’est-ce qui limite Dieu ? Son nom !

La vraie connaissance consiste à désapprendre tout ce que l’on a appris.

Pour juger l’homme, Dieu lui emprunte son sens de la justice.

Sonder le tort de quelqu’un revient à fourrager dans la boue.

La prière est une nécessité profonde de l’âme.

L’homme perçoit le bon côté de son caractère et le mauvais de celui de


son semblable.

Qu’est-ce qui vaut à l’homme une bonne réputation ? La retenue.

Mettez vos théories en pratique avant de les exposer.

Croyez d’abord au Dieu qui exclut toute réalité créée, puis prenez
conscience du Dieu qui les intègre toutes.

La femme est une pierre de gué vers l’autel sacré de Dieu.

S’il est un endroit où il est possible de rencontrer Dieu, c’est bien à ce


niveau terrestre.

La rectitude n’est rien d’autre que le résultat naturel de la pensée juste.

Toute action qui cause la perte de son propre objet est mauvaise.

Nulle créature au monde n’est aussi attirante et aussi repoussante que


l’homme.
La simplicité est la beauté vivante.

Si vous refusez de comprendre, vous ne comprendrez pas.

L’homme qui ne parvient pas à assimiler l’idée d’unité sera lui-même,


quelque jour, assimilé par l’unité.

Il est inutile de se disputer en se demandant : “Est-ce toi, qui as mal agi


ou est-ce moi ?” La seule chose à faire est de réparer les torts.

La vie offre la possibilité, soit de récolter des perles et de rejeter les


cailloux, soit de récolter des cailloux et de rejeter les perles.

Le mystique conserve quelque chose de son enfance tout au long de sa


vie.

La prise de conscience de la vérité est le plus grand luxe qui soit.

La nature ne respecte aucune convention.

On n’est jamais trop sage, mais l’on peut se montrer trop malin.

Ne vous chargez pas d’un poids que vous ne pourriez porter avec aisance.

Si votre cœur est assez grand, il n’est rien qu’il ne puisse contenir.

C’est en appelant le diable par son nom qu’on le fait sortir de sa boîte.

Nous ne pouvons apprécier la bonté du prochain si nous pensons à tout le


bien que nous lui avons fait.

Il n’est de meilleur instructeur pour le scélérat que le mal lui-même.

La piété sans sagesse est pareille à l’eau saumâtre.

La hiérarchie est la voie du soufi, mais l’égalité de tous les hommes est
sa vérité.
L’homme surmonte le péché, mais point les reproches de ceux qui en
sont les témoins.

Les fautes et les mérites servent tous deux d’échelons à ceux qui
s’élèvent comme à ceux qui déchoient.

Il est plus difficile d’apprivoiser un homme que d’apprivoiser un lion.

Ne raisonne point avec ceux qui ne sont pas en mesure de comprendre


ton raisonnement.

Nul ne peut prétendre à la perfection, même si chacun peut s’attacher à y


parvenir.

Le feu brûlant de l’enfer ne dévore pas le pécheur, il dévore seulement


son péché.

La sagesse est la manière par laquelle le sage exprime la vie telle qu’il la
comprend.

L’homme apprend à accomplir la volonté de Dieu par la pratique de


l’abnégation de soi.

L’individu infaillible ne saurait être surhumain, mais il sera sûrement


inhumain.

Indépendamment des mauvaises actions, les intentions malveillantes


entraînent des résultats désastreux.

La connaissance de la pluralité inaugure la vie, mais la conscience de


l’unité est son aboutissement.

La foi porte au-delà des limites de la compréhension humaine.

Le sens moral est une fleur qui s’épanouit sur la plante de l’individualité.

L’authentique piété est sincérité.


Les principes ont pour vocation d’orienter notre vie, non de la
restreindre.

La bonne attitude dans la vie consiste à garder l’équilibre entre justice et


bonté.

Analyser l’amour, c’est le détruire.

Les idées tout en nuances gagnent à être exprimées simplement.

L’amour qui ne dure pas était une illusion du cœur.

Entrer dans la présence d’un homme déifié revient à passer le seuil de


Dieu.

Dans l’union de deux cœurs qui s’aiment réside l’Unité de Dieu.

L’ombre contribue à la lumière, de même que le chiffre zéro augmente la


valeur du nombre.

Le cœur du Dieu Saint est la porte de son sanctuaire.

C’est dans le sens du devoir que réside l’âme de la religion.

L’élément extirpé au cours de la quête de la vérité est l’ignorance


[métaphysique].

L’équilibre est la note tonique de l’accomplissement spirituel.

Les grands ont de grands défauts, et leur grandeur n’est pas le moindre.

Passe sous silence tout ce qui, une fois dit, créerait de la disharmonie.

Beaucoup prétendent dire la vérité, mais peu la connaissent.

Le mystique ne possède pas la connaissance, il est lui-même


connaissance.
Le mystique ne respecte pas la loi, il est lui-même la loi.
Un grand talent sans aucune vertu est comme une fleur sans parfum.

Les plaisirs coûtent plus cher qu’ils ne valent.

La patience dans les épreuves nimbe la vertu de beauté.

Une nature mauvaise est la pire perversion qui soit.

On reconnaît un mystique non à ce qu’il fait, mais à ce qu’il est.

Qui ne connaît pas la honte n’est point vivant.

Les réalités extérieures importent peu, c’est l’accomplissement intérieur


qui est nécessaire.

Le mésusage de toute chose bonne est mal ; le bon usage de toute chose
mauvaise est bien.

Prenez garde que notre remède ne devienne votre maladie.

Qu’est-ce que Dieu ? Dieu est ce qui manque à notre achèvement.

Le raisonnement est une échelle : grâce à cette échelle on peut s’élever, et


de cette échelle on peut choir.

La raison est une faculté essentielle qui contient en elle-même toutes les
malédictions et toutes les bénédictions potentielles.

La dévotion donne tout, ne demande rien.

L’amour est sans bornes. L’amour ne retient rien.

Si vous ne voyez pas Dieu en l’homme, vous ne le verrez nulle part.

L’on ne sait jamais sur quel pied danser dans ce monde de faux-
semblants.

La voie que vous choisissez est à votre usage unique.


La bienfaisance du Verbe Tout-Puissant consiste en son accomplissement
dans la conscience humaine.

Les porteurs de joie ont toujours été les enfants du chagrin.

La vertu du devoir consiste dans le plaisir que l’on prend en


l’accomplissant.

Le devoir accompli à contrecœur est pire que l’esclavage.

Qui d’autre qu’une âme noble est-il capable de tout supporter en silence ?

C’est en allant jusqu’au bout de son chagrin qu’on le surmonte.

L’insensé livre bataille à la sagesse partout où il la rencontre.

En prenant nos aversions en aversion, nous commençons à aimer toutes


choses.

Singulièrement, c’est celui à qui manque un sens aigu de l’observation


qui devient un détracteur.

La tendance à la critique provient de l’agitation mentale.

La meilleure manière d’aimer est de servir.

Les pêcheurs d’hommes œuvrent au moyen du filet de la compassion.

Renonce au monde avant que le monde ne renonce à toi.

Ce monde inique ne permet pas à l’homme de cultiver ses nobles


sentiments.

Lorsqu’un cœur aimant fait preuve de jalousie, il devient pareil à du lait


frais qui tourne à l’aigre.

La sagesse est ce que l’intelligence produit de plus noble.


Tout savoir pâlit dès lors que la connaissance divine commence à
poindre.

Une vie superficielle est vécue comme irréelle.

L’esprit de l’homme est l’œuf où Dieu prend forme.

Le cœur humain est la matrice qui donne naissance au Seigneur.


TALAS

RYTHMES – COMPARAISONS

Il est une Entité unique derrière la pluralité des êtres, et une Personne
unique communique sa lumière à toutes les individualités.

Ce qui est dépourvu d’amour est aussi dénué de vie. Aimer, c’est vivre.

Certains marchent, d’autres rampent, d’autres encore courent et d’autres,


enfin, volent, et pourtant tous les hommes sont réputés semblables !

Une personne noble dilatera votre esprit aux dimensions de son propre
cœur, et une personne mesquine le réduira à l’étroitesse de ses propres
perspectives.

L’esprit est sa propre question, et il est à lui-même sa propre réponse.

Tout le manque qui se rencontre en cette vie se résume en une carence de


volonté, et toute bénédiction qui nous échoit nous advient par le pouvoir de
la volonté.

Le bienfaiteur qui agit par peur est pire qu’un pécheur impénitent.

Il n’est pas de plus grande source de fierté qu’une conscience tranquille,


et il n’est pas de plus formidable moyen d’humiliation qu’une conscience
coupable.

Le sacrifice et le renoncement font deux : le sacrifice est consenti par


amour, le renoncement est un effet de l’indifférence.
L’amateur de richesses ne fait aucun cas du père ou du frère ; l’amateur
de plaisirs n’est sensible ni à la dignité, ni au respect ; l’affligé ne connaît ni
sommeil, ni réconfort ; l’affamé ne fait plus la différence entre le fruit mûr
et le fruit vert.

Est-ce moi qui traverse la vie ? Non, c’est la vie qui me traverse !

En aimant, l’on fond son propre cœur [dans le cœur de l’autre] ; en


possédant, l’on encombre le cœur de l’autre.

Celui qui habille son chagrin d’un sourire est sincère ; celui qui couvre sa
jubilation de chagrin est un hypocrite.

L’amoureux est aveugle aux défauts de son aimé, et le haineux est


aveugle aux qualités de l’objet de sa haine

On peut transformer le désert en sol fertile, la terre en océan – on peut


même transformer l’enfer en paradis – mais le mental, une fois déterminé,
ne peut être changé.

Le jour où vous aurez le sentiment de ne point savoir, ce sera pour vous


le prélude de la connaissance.

Rien ne peut relier deux individus l’un à l’autre, si ce n’est le fil de la


compassion ; et rien ne peut les séparer que la rupture de ce fil.

Un homme manifeste d’autant d’empressement à se libérer d’une


situation qu’il est plus volontiers disposé à s’y laisser prendre.

Rien n’est plus ancien ni plus neuf que la vérité.

Il existe de nombreux péchés petits et grands, mais mettre le péché à


l’honneur est le plus grand de tous.

Faire preuve de bonne volonté, c’est s’avancer sur le chemin de l’amitié ;


faire preuve de mauvaise volonté, c’est y reculer.
Celui qui riposte paie de retour celui qui l’a insulté, mais celui qui
accueille l’insulte en silence surplombe tout affront.

L’homme est exposé au risque de déchoir en deux occasions différentes


de sa vie : au temps de la prospérité et au temps de l’adversité.

Toutes choses deviennent mauvaises lorsqu’elles se produisent au


mauvais moment ou au mauvais endroit.

Pour atteindre l’accomplissement spirituel, deux abîmes doivent être


traversés : la mer de l’attachement et l’océan du détachement.

Rien n’est plus subtil ni plus simple que la vérité.

La nourriture est l’aliment du corps, la pensée la boisson du mental,


l’amour la manne du cœur et la vérité la nourriture de l’âme.

L’idéal d’un homme traduit l’élévation de son cœur, sa pénétration en


révèle la profondeur, ses conceptions en indiquent l’étendue, sa compassion
en exprime la largesse, mais cette quatrième dimension du cœur humain se
reconnaît à tout ce qu’elle contient en son sein.

La sagesse diffère de la justice : tandis que la justice s’exprime dans


l’équité, la sagesse est rendue manifeste par le tact.

Deux types de personnes gardent le silence sur la question de la religion :


les plus sots et les plus sages.

Dans la goutte, l’océan est aussi petit que la goutte ; dans la mer, la
goutte est aussi vaste que l’océan.

Avant que l’un ne devienne tranchant et que l’autre ne s’émousse,


Avant que l’un ne s’échauffe et que l’autre ne se glace,
Avant que l’un ne doute et que l’autre ne soupçonne,
Avant que l’un ne perde son assurance et l’autre sa confiance,
Il est temps de se quitter.

Avant que l’un ne ferme les yeux et l’autre ses oreilles,


Avant que l’un ne tourne la tête et l’autre le dos,
Avant que l’un ne dénonce et que l’autre ne cherche querelle,
Avant que l’un ne se mette en colère et que l’autre n’enrage,
Il est temps de se quitter.

Amitié, accointances, parenté, intimité : toutes ont leur limite. En


outrepassant la limite, vous pénétrez assurément en territoire interdit.

Chez les âmes méritantes, même les fautes s’inscrivent à leur crédit,
tandis que les mérites des gens vicieux se transforment en fautes.

L’on ne peut être soi-même et vivre dans le mensonge, de même que l’on
ne peut être factice et subsister dans le monde réel.

Aimez tout un chacun et ne comptez sur personne ; pardonnez tout, mais


n’oubliez rien. Respectez tout le monde, mais ne rendez de culte à
personne. Telle est l’attitude des sages.

La rose diffuse son parfum, irradie sa couleur et déroule sa magnifique


structure. De même, l’âme, dans son déploiement, manifeste une
personnalité, un climat et une manière d’être raffinée.

Du soleil, un bon climat, de l’eau, de l’espace et un sol fertile sont


indispensables à l’éclosion de la rose. De même, de l’intelligence, de
l’inspiration, de l’amour et un large horizon sont requis pour que l’âme se
développe.

L’art sans beauté, la poésie sans inspiration, la musique sans émotion, la


science sans raison, la philosophie sans logique, la religion sans dévotion, la
mystique sans extase, sont comme un lac asséché.
Un trait d’esprit sans esprit, un discours sans queue ni tête, des larmes
sans idylle, l’érudition sans la sagesse, la fonction sans la dignité, un cœur
sans amour, une tête sans idées, sont comme l’espace sans oxygène.

Un homme sans vaillance virile, une femme sans grâce féminine, un


enfant sans simplicité enfantine, un nourrisson sans l’innocence du
nouveau-né, un amoureux sans esprit de sacrifice, un fidèle sans l’idéal
divin, un donateur sans une grande modestie, sont comme un roi sans
royaume.

Le reproche, l’indifférence et le pessimisme sont les trois attitudes qui


ferment la porte du cœur.

L’amour est le but de la vie du démon et du saint. L’un l’exige, l’autre le


donne.

L’effigie du Christ est dans l’église, le Livre du Christ est entre les mains
des gens d’Église, l’amour du Christ est dans le cœur de ses fidèles, mais sa
lumière irradie les âmes transfigurées.
GAYATRI

CHANTS SACRÉS

Pîr (Le maître)


Inspirateur de mon âme, consolateur de mon cœur, guérisseur de mon
esprit,
Ta présence me hisse de la terre jusqu’au ciel,
Tes paroles s’écoulent tel le fleuve sacré,
Ta pensée jaillit telle une source divine,
Ta tendresse éveille la compassion en mon cœur.
Maître bien-aimé, ton être même est pardon.
Les nuages du doute et de la peur se dissipent sous ton regard perçant,
Toute ignorance disparaît dans ta présence transfigurante.
Une espérance nouvelle s’est fait jour en moi depuis que je respire ton
pacifiant climat.
Ô Guide, source d’inspiration par les chemins déroutants de la vie,
En toi je trouve abondance de bienfaits.

Nabi (Le prophète)


Flambeau dans la nuit, bâton quand je suis faible,
Rocher quand je suis las de vivre,
Toi, mon Maître, tu fais de la terre un paradis.
Ton Esprit cause en moi une joie qui n’est point de ce monde,
Ta lumière éclaire le chemin de ma vie,
Tes paroles inspirent en moi la divine sagesse,
Je marche dans tes pas ; ils me mènent au but éternel.
Consolateur des affligés,
Soutien de ceux qui font appel à toi,
Ami des amis de la vérité,
Maître bienheureux, tu es le prophète de Dieu.

Rassoul (L’envoyé de Dieu)


Héraut des dangers à venir,
Éveilleur qui tire le monde de son sommeil,
Messager de la Parole de Dieu,
Tu es notre Sauveur !
Soleil à l’aube de la Création,
Lumière de tout l’univers,
Accomplissement des desseins de Dieu,
Toi qui es la vie éternelle, nous cherchons refuge en ton amoureuse
étreinte.
Esprit de discernement, Source de toute beauté et Créateur de l’harmonie,
Amour, Amant et Bien-Aimé Seigneur,
Tu es notre idéal divin.
CHALAS

THÈME – PAROLES DE LUMIÈRE

Dès lors que l’homme prend conscience du moment opportun pour parler et
du moment opportun pour garder le silence, il fait ses premiers pas dans la
voie de la sagesse.

Vivre dans le monde sans avoir l’intelligence des lois cachées de la


nature revient à ignorer la langue de son pays natal.

En surface, l’intelligence humaine est l’intellect. Lorsque celle-ci se


tourne de l’extérieur vers l’intérieur, elle devient la source de toute
révélation.

Bien peu de gens en ce monde font, comme il se devrait, la distinction


entre leurs désirs et leurs besoins.

Ou bien vous devrez vous distancier de toutes choses qui suscitent votre
intérêt, ou bien ce sont elles qui s’éloigneront de vous, car la nature de cette
vie mouvante est le changement.

Au travers de chaque état – favorable comme défavorable – l’âme se


fraye un chemin vers le but.

L’amoureux qui s’attache à la réaction de l’aimé aime d’un amour


semblable à la flamme qui dépend de l’huile pour exister ; mais l’amoureux
qui aime de ses propres ailes est comme la lumière du soleil qui n’a pas
besoin d’huile pour briller.

Il n’est pas de profit sans sacrifice ; pour que le moindre profit advienne,
le sacrifice doit s’ensuivre.
Quand vous aurez appris tout ce qui peut s’enseigner, vous vous
apercevrez qu’il n’y avait rien à apprendre.

La puissance d’intention est créatrice et constructive, même si c’est


l’intention qui limite la puissance, laquelle est en elle-même illimitée.

Toute douleur est annonciatrice de changement. Tout ce qui change, pour


le meilleur ou pour le pire, cause nécessairement une certaine mesure de
douleur, car le changement est à la fois naissance et mort.

Celui qui manque d’imagination, et qui est de peu de foi, est inapte à
fouler le sentier spirituel.

La bonté qui n’est pas contrebalancée par la fermeté pourra se révéler


être une faiblesse.

Votre capacité à faire confiance à autrui mise à part, si vous avez appris à
croire en vous-même, vous aurez accompli quelque chose.

Chacun a, dans la vie, une place qui lui revient, et nul ne peut rester
longtemps à une place qui ne lui appartient pas en propre.

Exprimer une impulsion occasionne un soulagement, mais la contrôler


procure de la force.

En cultivant le bonheur, l’on satisfait à la raison d’être de la vie.

Que vous optiez pour le pessimisme ou l’optimisme, vous ne manquerez


pas de raisons pour étayer votre point de vue.

Le voyant distingue le réel de l’irréel, jusqu’à ce qu’il parvienne à ce


point de développement où tout devient la réalité à ses yeux.

Dans l’amitié comme dans l’hostilité des gens attachés aux biens
terrestres, l’on rencontrera la douleur.
“Hier, je ne me suis point montré assez sage, mais aujourd’hui, je suis
lucide, et demain, je ferai mieux !” Ainsi rêve l’homme tandis que la vie
passe.

L’homme qui s’efforce d’établir la supériorité de sa croyance sur la foi


d’autrui ne connaît point la valeur de la religion.

Quand une personne débat d’un problème, cela ne signifie pas toujours
qu’elle le connaît. La plupart du temps, elle en débat parce qu’elle veut
parfaire ses connaissances sans reconnaître son ignorance.

La lumière éclaire le chemin de ceux qui s’en tiennent à distance ; ceux


qui en sont proches sont aveuglés par elle.

L’anéantissement ne rabaisse en aucune façon, il rend seulement infini.

Aussitôt que l’idéal de Dieu prend vie, le croyant se transforme en la


vérité. Dès lors, la vérité n’est plus l’objet de sa quête : la vérité devient son
être ; et dans la lumière de cette vérité absolue, il découvre toute science.

Qu’une personne médiocre vous aime ou vous haïsse, dans les deux cas
elle vous rabaissera à son propre niveau.

Examiner en détail un sujet de peu d’importance est comme soulever la


poussière du sol.

Même une idée claire devient embrouillée dès lors qu’elle pénètre dans le
cerveau d’une personne à l’esprit sinueux.

Quand on sait qu’une personne réfléchie risque de déchoir à chaque pas


qu’elle fait sur le chemin de la vie, qu’en sera-t-il de la personne
irréfléchie ?

Ne désespère point si ton ami a profité de toi, mais réjouis-toi plutôt qu’il
ne fût pas ton ennemi !
Les règles du monde diffèrent de la loi en vigueur sur la voie que foule le
mystique.

Lorsque l’homme parvient à la connaissance de Dieu au moyen de la


connaissance de soi, il réduit Dieu aux dimensions étriquées de son petit
moi ; mais lorsqu’il parvient à la connaissance de soi par la connaissance de
Dieu, il devient aussi incommensurable que Dieu.

L’attribut n’est pas important, c’est son détenteur qui importe.

Si quelqu’un découvre avec quelque autorité la véritable source du


bonheur, ce ne peut être que dans l’épreuve.

La foi est l’aboutissement de la croyance, et c’est dans cette foi que


consiste le mystère de la vie, le secret du salut.

En apprenant à penser, l’on progresse dans sa dignité naturelle. Plus l’on


pense, plus l’on devient digne, car la dignité est fille de la réflexion.

La raison pour laquelle l’homme recherche le bonheur n’est pas que


celui-ci le sustente, mais parce que la félicité est son être propre. Par
conséquent, en recherchant le bonheur, l’homme se cherche lui-même.

La religion ne consiste pas dans l’accomplissement d’une cérémonie ou


d’un rituel. L’authentique religion consiste dans l’esprit, ou sens, du devoir.

Quelle vertu est-ce là, ô Juste, qui ne prodigue aucune félicité ?

Si tu as perdu une chose, cela signifie que tu l’as dépassée ou bien que tu
as déchu de cette chose.

L’homme attend de son semblable qu’il le hisse plus haut, mais il prend
lui-même la place qui est à sa mesure.

Mieux vaut un ennemi devant ta maison que sous ton toit.

Un rituel religieux, pour une personne spirituelle, n’est qu’un stimulant.


La destinée pourra se servir de votre meilleur ami comme instrument de
votre malheur et de votre pire ennemi pour vous prodiguer ses bienfaits.

Si l’on manque d’intelligence, l’on est pauvre, quand bien même l’on
posséderait toutes les richesses du monde. L’intelligence est la seule vraie
richesse.

L’homme qui se plaint de tout a certainement un dommage quelque part


au cerveau.

Sensation et extase font deux : le plaisir dérive de l’une, tandis que la


félicité découle de l’autre.

Celui qui désire passer maître devra d’abord se soumettre à une épreuve
en tant que serviteur.

Les insensés n’ont pas autorité à connaître le mystère dont les sages sont
les gardiens présomptifs.

La connaissance de la vérité ne suffit pas pour la transmettre aux autres ;


il faut, pour cela, connaître la psychologie de la nature humaine.

Le but de la vie est accompli en s’élevant jusqu’aux plus hautes cimes et


en plongeant dans les plus profonds abîmes de la vie.

Toutes choses corrélatives au cheminement spirituel sont suspendues à la


paix.

La plus belle expression de l’amour de Dieu est sa compassion, son divin


pardon.
NIRTAN

La danse de l’âme
ALANKARAS

ORNEMENTATIONS – ALLÉGORIES

Tu changes de lieu mais non de nature, ô Lumière.

Déploie ton secret dans la nature et révèle ton mystère au travers de mon
cœur.

Tu es mon esprit, je suis ton corps, Dieu saint.

Que l’astre de ton Esprit divin monte de mon cœur, afin que l’aube pointe
des ténèbres de la vie.

Je m’enfoncerai au cœur noir des nuées pour arriver jusqu’à toi, mon
Seigneur.

Ma vie est une vague dans l’océan de ta vie éternelle.

Fais que mon âme renaisse à ta vie.

Mon âme, à travers l’obscurité de la nuit, te cherche.

Réveille-moi, Seigneur, par le truchement de ton Héraut, tandis que je


sommeille dans les bras de l’erreur.

C’est l’esprit de ton Message qui est vérité.

Ton propre désir est comblé, ô Dieu, dans la perfection de ton Envoyé.

Je tends l’oreille à l’horizon de ta bénédiction lorsque la tempête se


déchaîne sur l’océan de la vie.
Puissé-je reconnaître ton divin visage dans le portrait de ton Messager.

Mon cœur n’est plus mien : tu l’as fait tien, mon Guide spirituel.

Réconcilie mon âme par la puissance surabondante qui émane du regard


de ton Messie.
Ô, vagues de vive-eau de ta grâce
Et brasier de ton courroux
Qui, sur la rose, sont comme des gouttes de rosée,
Et sur la flamme, guère plus qu’un phalène !

Mon Guide spirituel, tu donnes naissance en toi-même à l’esprit de


l’Envoyé de Dieu.

Les nuées ténébreuses sont la cause d’une idylle entre toi, mon Bien-
Aimé, et moi.

Puisse mon cœur recevoir l’esprit des saints.


Puisse mon soi être transformé en ton Être.

Ma vanité ! Cela m’amuse de te voir sautiller à la vue de mes limites.

L’extase de mon cœur témoigne de l’empreinte de ton baiser.

Que ta perfection soit mienne, et que mon imperfection se dissipe comme


la brume au soleil.

Mon cœur ! Parfois, un instant te semble une année, et une année un


instant.

Je m’exclame et verse des larmes lorsque les nuages s’amoncellent


autour de mon cœur et que la lumière de mon âme se dérobe à ma vue.

Bras maternels, accueillez-moi quand je viens sur terre ;


Bras paternels, soulevez-moi au moment d’en repartir.
Le Cœur
Le cœur tient sa tête dans le creux de sa main,
Sa face est voilée ;
Les mains du cœur sont liées par des chaînes solides,
Les pieds du cœur sont cloués.

Les yeux du cœur ne sont jamais secs,


Car il s’exprime uniquement par les larmes.
Les oreilles du cœur sont si fines
Qu’il entend l’invitation venue de loin.

La voix du cœur ne dit mot,


Mais son cri porte dans le lointain.
Le cœur n’a ni question, ni réponse,
Le cœur se résume en un soupir.

Les voies du cœur sont mystérieuses,


Le cœur a une âme d’enfant.
Le souffle du cœur déborde de tendresse,
Le cœur a la face indulgente.

Du cœur, l’idéal seul est le dieu ;


Une aspiration de chaque instant est sa vie.
Le cœur ne se préoccupe ni de vie, ni de mort,
Le cœur ne faiblit point en toute adversité.

Du cœur, la beauté est l’unique fin,


L’inspiratrice et le tout.
Le cœur représente toute la puissance qui soit,
Les anges sont attentifs à son appel.

Le cœur est à lui-même son propre remède,


Il guérit toutes ses blessures.
Et nul jamais ne pourra se figurer,
La souffrance d’un cœur qui aime !
La voie du cœur est semée d’épines,
Mais elle conduit finalement à la béatitude.
L’espérance est le bâton que le cœur tient en main,
Et toujours il atteint l’objectif1.

La Vérité
Le visage de la vérité est avenant,
Les yeux de la vérité sont enjoués,
Les lèvres de la vérité sont toujours closes,
Elle tient la tête haute.
La vérité est fière,
Son regard est franc ;
La vérité ne connaît ni la peur, ni le doute,
Elle a la patience d’attendre.
Les paroles de la vérité sont émouvantes,
Sa voix est grave ;
Simple est la loi de la vérité :
Tout ce que l’on sème, on le récolte.
L’âme de la vérité est ardente,
Son cœur est chaleureux ;
L’esprit de la vérité est limpide,
Et résiste sous la pluie et l’orage.
Les faits ne sont guère que son ombre,
La vérité se tient au-dessus de tout péché ;
Si grande que soit la lutte en cette vie,
À la fin elle vaincra.
L’emblème de la vérité est le Christ ;
Les avis de la sagesse sont son bâton de pèlerin,
La croix son symbole,
Dieu son âme.
La vie de la vérité est éternelle,
Impérissable est son passé ;
Son empire durera,
La vérité subsistera jusqu’à la fin des temps.

1 Variante : “Et l’unique désir du cœur est un baiser.” (N.d.T.)


SOURAS

CONTINUO – DIEU PARLE À L’ÂME TRANSFIGURÉE

Rien ne justifie que l’homme doive connaître Dieu au prétexte qu’il est né
sur terre ; c’est uniquement l’enfantement de son âme qui l’y autorise.

La vie est la réalité ; la mort est son ombre. Mais de même que l’ombre
est perçue bien qu’elle n’ait point d’existence propre, il en va
semblablement de la mort.

La mort est une traversée silencieuse jusqu’au port de l’éternité.

La mort n’est plus la mort pour ceux qui ont fait une fois l’expérience de
son aiguillon.

La mort n’est qu’une page qui se tourne dans le livre de la destinée. Aux
yeux de ceux qui restent, c’est le trépas ; mais pour ceux qui meurent, c’est
la vie.
TANAS

TRILLES – L’ÂME PARLE AVEC LA NATURE

— Franc soleil, te coucheras-tu ?


— Oui, pour me lever à nouveau.

— Nature sublime, mes oreilles n’ont point entendu ta mélodie.


— Ton cœur l’a entendue, et ton âme a dansé à son rythme.

Les arbres s’adressent aux nuages :


— Les mains levées, nous vous rendons hommage.

Les nuages :
— Dans les larmes, nous répondons à votre sollicitation.

— Nature, d’où tiens-tu ta magnificence ?


— De ton esprit caressant.

— Pluie, pourquoi ne viens-tu pas dans le désert ?


— Je ne m’approche pas des lieux où je ne suis pas invitée.

Un jour que je franchissais un massif, j’avisai des rochers : les uns étaient
en appui sur les genoux, les autres s’inclinaient ; d’autres encore se tenaient
debout. Je leur demandai : “Ô, monstres au cœur ferme, quel est le secret de
votre grâce ?” Par la voix du silence, ils me répondirent : “Nous ne faisons
rien valoir pour nous-mêmes.”

— Montagnes rocailleuses, qu’êtes-vous ?


— Nous sommes le tombeau de la mémoire du monde.
— Cristal, qu’es-tu ?
— Je suis l’ombre du cœur du Christ.
— Quelle vertu est la tienne ?
— Je suis vide de tout moi, de sorte qu’en me regardant, on aperçoit
l’éclat de son cœur.

Le désert s’adresse aux nuages de pluie :


— Plutôt que de me survoler, pourquoi ne seriez-vous pas mes invités ?

Les nuages de pluie :


— Nous n’avons plus confiance en ceux qui ont le cœur endurci.
— Nature magnifique, tableau merveilleux, où te conserverai-je ?
— Dans le cadre de ton cœur.

— Étendue sauvage, pourquoi ton cri m’émeut-il si vivement ?


— Parce qu’il monte du tréfonds de mon cœur.
— Étendue sauvage, qu’y a-t-il de si irrésistible en toi ?
— La vastitude de mon cœur.

— Adieu, intuition de la nature, te reverrai-je un jour ?


— Oui, chaque fois que tu ouvriras l’album de ton cœur.
GAMAKAS

VARIATIONS – LE POÈTE S’EXPRIME SELON SON CŒUR

Pourquoi suis-je né, ô Dieu, si ce n’est pour te trouver ? Et pourquoi


mourrai-je, ô Dieu, si ce n’est pour venir à toi ?

C’est quand l’irréalité de la vie oppresse mon cœur, que les portes de
celui-ci s’entrouvrent sur la réalité.

Je parviens jusqu’à toi avant que mes pieds n’atteignent ta demeure, et je


te contemple avant que mes yeux n’aient accès à tes rayons.

Quiconque peut-il m’accabler ? Non ! Car autant s’aviser d’accabler


Dieu. Ni Dieu, ni moi, ne pouvons être accablés ; mais celui qui s’aviserait
de m’accabler serait accablé.

Une langue de feu s’élève de chaque blessure de mon cœur, éclaire mes
pas à travers la vie et me guide vers le but.

L’imagination ne saurait suivre le mouvement de mon pas [sur le chemin


de la vérité].

On me pose souvent des questions auxquelles il m’est difficile de


répondre par des mots, et cela me peine de songer que mes interlocuteurs
sont incapables d’entendre la voix de mon silence.

Je suis venu tel que l’on m’a envoyé, je vis ainsi que la vie me permet de
vivre, mais je serai ce que bon me semble.

À chaque piqûre d’épingle une goutte de sang perle de mon cœur, et cette
goutte devient le Vin du Sacrement.
Je ne suis pas venu enseigner ceux qui se considèrent comme des
maîtres : je suis venu apprendre des maîtres et enseigner mes disciples.

Lorsque mon cœur se trouble, c’est tout l’univers qui est affecté.
Lorsque mon cœur est indifférent, les deux mondes sombrent dans une
profonde léthargie.
Toute la Création s’éveille lorsque mon cœur s’éveille.

Lorsque la coque de mon cœur se brise, des perles se dispersent alentour.

Mon cœur acquiert l’autosuffisance en se nourrissant de sa propre chair


et en absorbant son propre sang.

Je tremble à la vue de la tâche qui m’a été confiée, et je suis déconcerté


lorsque je mesure mon idéal à l’aune de mes limitations.

Ce que le monde appelle réussite est semblable, à mes yeux, à un mariage


de polichinelles.

Je suis le Vin du saint sacrement, mon être même est ivresse ! Ceux qui
boiront à ma coupe, et néanmoins resteront à jeun, verront sûrement la
lumière ; mais ceux qui ne l’assimilent pas à leur être seront désemparés et
exposés à la dérision du monde.

Mon cœur boit ses propres larmes et les restitue sous forme de perles.

Je préfère l’échec à la victoire obtenue par le mensonge.

Je suis ce que je suis ; vous faites de moi ce que bon vous semble, mais je
deviens ce que je désire devenir.

La véritable allégresse m’est occasionnée par les affronts que je dois


subir en cette vie, plutôt que par l’attitude respectueuse de mes disciples.

Le Message est un appel pour ceux pour qui l’heure de s’éveiller a sonné
et une berceuse pour ceux qui sont encore supposés dormir.
Comment un homme peut-il prétendre professer et être en même temps
sain d’esprit ? Son enseignement doit attester sa maîtrise, non sa prétention
à professer.

En substance, le Message d’aujourd’hui est l’équilibre.

Tu es ma vie, et c’est en toi que je vis,


De toi, je reçois la vie, et c’est toi que je donne ;
Ô mon âme et mon esprit, c’est toi que j’adore,
Je vis en toi, et ainsi je vis à jamais.
Tu es en moi, et en toi je vis,
Malgré cela, tu es mon Roi et tu effaces mes péchés.
Tu es le Présent et l’Avenir et le Passé ;
Je me suis perdu moi-même, mais je t’ai enfin trouvé.

Pourquoi, ô mon cœur sensible,


Vis-tu et meurs-tu ?
Qu’est-ce donc qui t’incite, mon cœur sensible,
À rire et à pleurer ?
La mort est indéniablement ma vie,
Car quand je meurs, je vis.
L’épreuve est mon plaisir,
Car quand je pleure, je ris.

D’aucuns prétendirent que je ne savais rien,


Tandis que quelques-uns continuèrent à penser que je savais tout.
Certains me tournèrent le dos, et
D’autres s’empressèrent de répondre à mon appel.
D’aucuns, en entendant mes paroles, s’écrièrent :
“Rien de ce qu’il a dit n’est nouveau !”
Quelques-uns remarquèrent : “C’est ce que j’ai toujours pensé !
C’est bien mon avis !”
D’aucuns demandèrent : “Quel mystère a-t-il révélé ?
Quel miracle a-t-il accompli ?”
Quelques-uns répondirent : “Nous ne demandons point de miracles ;
Il nous suffit que son cœur soit ardent.”
D’aucuns remarquèrent : “C’est un homme au même titre que nous !
Qu’a-t-il de plus ?”
Quelques-uns rétorquèrent : “La question n’est pas de savoir ;
L’essentiel est d’être !”

Avant que vous ne jugiez mes actes,


Seigneur, de grâce, pardonnez !
Avant que mon cœur n’éclose,
Aiderez-vous mon âme à vivre ?
Avant que mes yeux ne se voilent,
Me laisserez-vous contempler votre face ?
Avant que mes pieds ne se lassent,
Pourrai-je atteindre votre demeure ?
Avant que je ne sorte de ma somnolence,
Vous veillerez sur moi, Seigneur, j’en suis certain.
Avant que je n’abandonne mon manteau,
Me prendrez-vous dans votre giron ?
Avant que mon œuvre ne soit accomplie,
Vous, mon Seigneur, réparez les torts.
Avant que vous ne jouiez votre mélodie,
Me laisserez-vous chanter mon chant ?
BOULAS

PAROLES DE FEU

Les saints sont le pardon même.

Dans l’influx qui commande à une situation on reconnaît la main de


Dieu.

Plus l’on peut endurer, plus il nous est donné à endurer.

Il arrive que la victoire soit une défaite, et la défaite une victoire.

Sans s’en rendre compte, l’homme paie de son bonheur pour se procurer
du plaisir.

Le péché est le péché, que ce soit en pensée, en parole ou en acte.

L’homme perçoit en autrui sa propre faute.

Le silence est un consentement sans approbation et un refus sans


condamnation.

Cheminant sur la roue en giration de la terre, vivant sous le soleil en


perpétuelle rotation, l’homme s’attend à une vie paisible !

Un accord qui succède à un refus est pire qu’une rebuffade.

La découverte du cœur est la plus grande initiation qui soit.

Le mystique s’accomplit lui-même en se désemplissant de lui-même.

Le châtiment du Dieu de Compassion est aussi une récompense.


Le Créateur, par le truchement du cœur humain, fait l’expérience de la
vie au-dedans et au-dehors.

Si vous évitez les actes répréhensibles, les actes répréhensibles vous


éviteront.

La Divinité est l’allégresse de l’âme humaine.

Ce n’est pas l’acte qui est péché, c’est l’intention qui le rend tel.

La réalité se déploie lorsque le cœur éclôt.

La vision de la nature est la présence de Dieu.

Dans le sein de la peine est une semence de joie.

La rectitude fortifie, et l’hypocrisie affaiblit l’esprit.

Nul ne commettrait le mal s’il en connaissait la perniciosité.

L’amour qui donne et qui prend est un négoce. Dans sa pure essence,
l’amour ne vise qu’à sa propre allégresse.

Retirez-vous des affaires du monde autant que la vie vous y autorise.

Soustrayez-vous à toutes inepties.

L’accomplissement est plus précieux que ce qui est accompli.

Le temps et l’espace sont les mains et les pieds du mystique : grâce à


l’espace, il s’élève ; et grâce au temps, il parachève.

Celui qui se met en quête du sentier spirituel est lui-même convoité par
l’Esprit.

L’on parvient à la perfection en cherchant l’Un, en briguant l’Un, en


trouvant l’Un et en accomplissant la nature de l’Un.

Plus l’on s’en remet à Dieu, plus l’on peut compter sur lui.
La récompense de l’amour est l’amour même.

L’essence de la raison est la connaissance de Dieu.


TALAS

RYTHMES – COMPARAISONS

Détrompe-toi, ô nuit, le petit matin viendra ! Prenez garde, ô ténèbres, le


soleil brillera ! Ne t’enorgueillis point, ô brume, il fera de nouveau clair !
Ma douleur, n’oublie pas, la joie renaîtra !

C’est une faiblesse de se soustraire au combat, mais c’est une bêtise que
de s’y engager.

Quelle émotion que de demander le pardon de ceux qui nécessiteraient le


vôtre et de remercier ceux qui vous sont redevables !

La méchanceté dont fait preuve une personne intelligente ressemble à un


fruit empoisonné issu d’un sol fertile.

La connaissance s’achève dans l’inconnaissance, l’apprentissage dans le


désapprentissage.

Plus doux que le miel sont les résultats de notre labeur ; plus parfumées
que les fleurs sont les louanges ; plus exquis que les fruits est un enfant
obéissant ; plus précieux qu’une perle est un partenaire de même sensibilité
que soi.

Quand vous vous préoccupez de ce que pensent les autres, vous vous
subordonnez à eux ; quand vous ne vous préoccupez point d’eux, vous les
surplombez.

C’est le cœur de celui qui aime qui touche à l’intime de la vie ; c’est
l’âme déifiée qui s’envole au plus haut des cieux ; c’est l’œil du voyant qui
traverse le mur de la matière ; et c’est l’esprit de celui qui sait qui assimile
toute l’étendue de la connaissance.
CHALAS

THÈME – PAROLES DE LUMIÈRE

Si un homme de principes enfreint la loi, c’est toujours dans le but


d’accomplir un idéal élevé.

Ne soulevez pas la poussière du sol, car elle risquerait de vous entrer


dans l’œil. Aspergez-la d’eau afin qu’elle se dépose et se couche sous vos
pas.

Un criminel qui se repend de son forfait retire [de sa repentance] un plus


grand profit que quiconque n’a jamais causé de tort à personne.

Il n’y a aucun courage à se montrer hardi et direct, tranchant et grossier ;


il suffit pour cela d’être sans vergogne.

Ne cueille pas de fleurs, car cela te retarderait dans ta progression ; de


plus, chemin faisant, elles se faneront. Par conséquent, contemple-les et
admire leur beauté ; et tandis que tu avanceras dans ton périple, elles
t’accueilleront avec des sourires tout au long de la route.
Ouvrage réalisé
par le Studio Actes Sud

Ce livre numérique a été converti initialement au format EPUB par Isako


www.isako.com à partir de l'édition papier du même ouvrage.

Vous aimerez peut-être aussi