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ROQUES Jules

PHILOSPHIE
EXPLICATION DE TEXTE

John Locke, dans cet extrait de Essais sur l’entendement humain, De la


raison écrit en 1689, nous développe son point de vue sur la pensée. Plus
précisément il oppose la pensée irraisonnée et la pensée critique. L’auteur se
demande comment et dans quelle mesure nous sommes responsables de la
pensée que nous possédons tous. Il se questionne sur le mode de raisonnement
que les hommes devraient user afin de mener de meilleure manière leurs
décisions, et il exprime son point de vue tranché sans nuancer son propos. Pour
lui, tous les hommes ont « la faculté de discerner les objets », ce qui veut dire
qu’ils ont la faculté de discernement. Il nous explique alors que tomber sur la
vérité grâce à une croyance irréfléchie, est possible mais constitue un bonheur
illusoire. Et que tout homme, s’abandonnant à ses croyances sans apporter de
regard critique sur l’objet du questionnement, commettrait une faute. Au
contraire, il est important pour lui de raisonner de manière rigoureuse,
s’appuyant sur son discernement, pour évaluer une vérité, avec un
raisonnement s’apparentant aux approches scientifiques, épistémiques. John
Locke s’attache dans un premier temps à faire le blâme de la croyance
irraisonnée. Puis, dans un second temps, il se charge de nous décrire comment
la pensée critique est bénéfique, même si elle nous apporte une réponse fausse.
Locke commence son argumentation en dressant le portrait de « celui qui
croit ». En effet, il nous explique qu’une personne « amoureuse de ses
fantaisies », ne cherche pas de vérité, ou du moins ne la cherche pas
consciemment. Il avance ici le fait que les émotions sont ennemies de la raison,
et étant incompatibles, celui qui se laisse aller à celles-ci ne peut pas penser
raisonnablement. L’auteur évoque une « légitimité » à Dieu, qui selon Locke a
donné aux hommes la faculté de discernement. Mais cette légitimité peut
s’élargir et être rendue envers nous-même et les autres. L’auteur annonce : « Et
je ne sais si le bonheur de cet accident excusera l’irrégularité de sa conduite »
(ligne 6). Il parle ici du chanceux tombé accidentellement sur la vérité, et doute
sur le fait que ce résultat, en apparence satisfaisant, lui soit bénéfique en
quelque sorte. Plus précisément, il se pourrait que Locke estime que la vérité
immédiate obtenue sans réflexion est défavorable à son auteur car elle ne
permettrait pas de se forger un esprit critique. La seule chose dont il est certain
est que celui qui a commis une erreur, sans avoir fait appel à son discernement
et l’entièreté de ces capacités à effectuer un choix, est le complet responsable
des fautes dans lesquelles il s’est engagé. Pour lui tous les humains ont été doté
d’une conscience raisonnée, et ne pas s’en servir constituerait une faute. Ce
mode de fonctionnement pourrait se lier à ce qui compromettrait un
résonnement scientifique, par manque de rigueur. L’intuition et les conclusions
hâtives, forment une expérimentation non-scientifique, alors que d’un point de
vue épistémique, c’est-à-dire rationnel, il est préférable de raisonner
‘’scientifiquement’’. C’est ce que Locke développe dans une deuxième partie de
son argumentation.
Après avoir décrit la responsabilité d’une personne ne se servant
uniquement que de ses croyances, Locke va à l’inverse décrire l’avantage d’un
raisonnement rigoureux, même s’il aboutit sur une réponse fausse ou biaisée.
En effet, le résonnement est en soi une démarche pour parvenir à une
conclusion, c’est un exercice de la pensée. La conclusion peut être vraie ou
fausse, mais ne changera en rien l’exercice et la recherche. Ainsi pour Locke le
cheminement prévaut sur le résultat. Locke évoque également une idée de
devoir, à la ligne 10 : « faisant son devoir comme une créature raisonnable » à
propos de « celui qui fait usage de la lumière ». Ce devoir n’en est pas un à
proprement parler, sachant que c’est une notion abstraite, mais plutôt une aide
à la liberté de pensée naissante à cette époque. Enfin une idée de bonheur est
évoquée par l’auteur :« peut avoir cette satisfaction » (ligne 10). La recherche
est pour lui aussi une source de bonheur, une émotion créée par l’exertion de la
raison, mais qui ne lui fait pas entrave. Ces avantages offrent à celui qui pense la
faculté de choisir entre croire et ne pas croire.

Pour conclure, Locke a montré dans cet extrait qu’il était important de ne
pas se laisser aller dans la fantaisie, la croyance, car nos expériences spontanées
et intuitives de permettent pas d’effectuer un raisonnement rigoureux et
scientifique. Il nous a montré ensuite qu’un raisonnement construit, rigoureux
et scientifique nous était utile en bien des aspects, comme la construction de
notre esprit critique, développement de la pensée individuelle (à l’époque), et
même un accès à la satisfaction, au bonheur. Mais il semblerait que John Lock se
contredise. Il fait à plusieurs reprises dans le texte des références à Dieu : ligne
3 : « rende une obéissance légitime à son Maître », ligne 9 : « les facultés que
Dieu lui a données ». Or s’il suit la méthode qu’il indique dans cet ouvrage, il doit
pouvoir avancer cet argument en tant que connaissance et non en tant que
croyance. Mais comment démontrer par la raison un soi-disant dire de Dieu,
alors que son existence même est indémontrable ? On pourrait en venir à la
conclusion que l’auteur utilise un argument d’autorité, primant sur sa propre
logique. Mais il est possible qu’il avance l’argument en ayant utilisé tout de
même son discernement, grâce au principe de parcimonie. En présence de deux
théories irréfutables sur un même phénomène (Dieu existe ou Dieu n’existe pas),
le principe de parcimonie va permettre de déterminer laquelle des deux est la
plus « plausible », c’est-à-dire celle la moins coûteuse en postulats. Or les
mentalités à l’époque de Locke vont plus facilement adhérer à l’idée que Dieu
existe, par conformisme, alors que d’aller contre cette idée serai trop coûteux
en hypothèses (reviendrai à remettre en cause tout le système de l’Eglise, et
donc de l’Etat à cette période). Par l’usage de ce principe, Locke userait alors
l’entièreté de sa raison pour évaluer l’argument, qu’il avancera plus tard dans
son texte, même sans pouvoir le démontrer ou l’expérimenter. Dans ces
mesures, l’argument incluant la religion serait réfléchit, et Locke ne faillirai pas à
sa logique.

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